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LoveSick - Tome 1
Le Titre
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Quatre Ans, Mais Veut Déjà Dominer Le Monde
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Le Titre
Mer 24 Juil 2024 - 12:53
LoveSick - Tome 1
Ecrit Par Indrytimes



Carte D'identité

Pays D'origine : Thaïlande

Traduction : Néphély
Correction : Johanne & Oliekl

Nombre De Chapitres : 43 Chapitres

Status : Terminé


Tome 1 - Tome 2

Résumé

Phun a déjà une petite amie mais son père veut qu'il sorte avec la fille d'un de ses amis. La petite sœur de Phun, Pang, est obsédée par les histoires d'amour d'entre garçons. Phun doit donc convaincre Pang qu'il a un petit ami pour qu'elle accepte de l'aider en discutant avec son père afin qu'il renonce à l'idée de le faire sortir avec la fille de son ami.

Noh, le président du club de musique est en grande difficulté lorsqu'il découvre que le budget de son club a été réduit de 20 000 dollars alors qu'il a déjà commandé du matériel pour son club. Cela le force à se rendre à la salle du conseil étudiant pour trouver de l'aide.

C'est là que Phun et Noh, deux amis (pas si proche), se retrouvent. Phun demande à Noh de devenir son faux petit ami en échange de son aide pour recueillir des fonds pour son club.

Cependant, les deux lycéens de 17 ans finissent par tomber amoureux après que l'accord les ait rapprochés.

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Ven 6 Sep 2024 - 23:08



1er Chaos
Le Commencement
— Noh ! Bordel, comment le budget de notre club est devenu si ridicule ?!

La voix tonitruante d'Ohm me frappe au moment où j'entre. Je suis arrivé dans la salle du club il y a à peine une seconde, mais le document problématique me couvre déjà les yeux.

Je fronce les sourcils en commençant à lire tous les détails que Ohm m'a amoureusement enfoncés dans le visage. J'ai mémorisé les chiffres du budget mieux que je n'ai mémorisé les tables de multiplication. J'ai définitivement demandé 25 000 bahts afin de pouvoir les utiliser pour nos nouveaux tambours car ceux que nous avons deviennent trop vieux…

Alors pourquoi ça ne dit que 5 000 ?! Qu'est-il arrivé aux 20 000 restants ?!

— Merde. Tu sais que la facture pour les tambours sera bientôt là. Est-ce qu'on va devoir commencer à mendier dans la rue ?!

Ohm insiste en continuant de crier inlassablement. Pendant ce temps, tous les autres membres du club sont assis, l'air stressé. En tant que président de ce club de musique, qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ?

— Je reviens tout de suite.

Le bruit de mes chaussures en cuir noir résonne alors que je cours vers le bâtiment principal des bureaux. Il se fait tard et j’ai peur qu’il soit déjà fermé. Tout est confus dans ma tête en ce moment. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver. Et en tant que Président, j’ai peur d’avoir fait une erreur. Bon sang ! Quand est-ce que je me suis trompé ? J'étais tellement sûr que nous aurions le budget que nous avions demandé. J'en étais tellement sûr que j'avais déjà passé la commande pour que les tambours soient livrés. Comment peuvent-ils réduire notre budget comme ça ? !

Bingo ! Le bureau du conseil étudiant est toujours ouvert ! J'espère vraiment trouver ceux qui ont le pouvoir de résoudre ce problème...

— Je suis le représentant du club de musique ! Je suis là pour voir si quelqu'un pourrait vérifier les chiffres de notre budget, s'il vous plaît ! Nous pensons qu'une erreur a été faite !

Il semble qu'il n'y avait aucune raison pour moi de crier si fort alors qu'il n'y a qu'une seule personne dans le bureau.

Phun Phumipat, le secrétaire du conseil des élèves depuis deux années consécutives. On est tous les deux de la même année (même si on n’est pas très proches).

C'est mieux comme ça ! Je parie que ce mec peut m'aider !

— Phun ! Tu peux vérifier le budget de mon club pour moi ? S'il te plaît ? S'il te plaît ? S'il vous plaît ? Il y a 20 000 bahts qui manquent ! Je suis sur le point de devenir fou là !

Je décide d'utiliser notre amitié (distante) comme un avantage. On dirait que je l'ai fait sursauter quand il m'a vu au début, mais maintenant il s'approche et fouille gentiment dans des dossiers pour vérifier la paperasse pour moi.

— Une seconde, Noh.

Bien sûr que je peux attendre !

Je reste là à regarder Phun pendant qu'il tourne les pages. Je souhaite désespérément que les premiers mots qu'il prononce soient ‘Oh oui, nous avons commis une erreur.’ ou ‘Le reste de l'argent arrive la semaine prochaine.’ ou quelque chose de ce genre. Cependant, j'ai très peu d'espoir, car le conseil des élèves ne fait pratiquement jamais d’erreur (surtout quand Phun vérifie tout le travail). En plus, ils n'ont jamais envoyé de budget par tranches auparavant.

— Nous n'avons pas fait d'erreur, c'est écrit juste ici. Jette un coup d'œil, Noh.

Phun me dit ce que je voulais le moins entendre. Il me passe le dossier pour que je puisse le voir. Malgré le fait que la taille de la police soit minuscule, le nombre 5 000 écrit dessus m'agresse les yeux au point que je tombe presque à la renverse.

— Comment c’est possible ?!

— Tu n'es pas venu à la réunion pour le budget que nous avons eue, pas vrai ? Tu avais envoyé qui déjà ?

Les mots de Phun me font réfléchir et puis soudain, je me souviens. Chaque année, une réunion budgétaire pour les clubs et autres groupes d'activités scolaires est organisée, sauf que je n'étais pas à Bangkok ce jour-là. Ma grand-mère est tombée très malade et toute ma famille est allée lui rendre visite à Phetchaburi. Par conséquent, la personne qui a assisté à cette réunion budgétaire à ma place était...

Ce bâtard de NGoi !

En fait, il s'appelle Ngaw, mais quand je m'énerve, j'ai tendance à l'appeler Ngoi (1) à la place (A mon avis, les deux noms sont aussi terribles l'un que l'autre). C'est un étudiant de première année dans notre club. Comme personne ne voulait y aller à ma place, apparemment, les gars avaient choisi des nombres et un tirage au sort l’avait désigné pour y aller. Je ne leur en veux pas. Ces réunions ont tendance à durer au moins douze heures. Sans parler du fait qu'elles vous épuisent vraiment. Mais pourquoi diable Ngoi a-t-il fait ça ?!

— J'étais là à la réunion. P'Aun du club de culture thaïlandaise n'arrêtait pas de réduire le budget de votre club parce que sinon il aurait dû réduire le sien. Ngaw avait trop peur de s'opposer à lui alors il est resté assis en silence. À la fin, il ne restait que 5 000 dollars pour votre club. J'étais en fait un peu confus et je me demandais si ça allait vous déranger.

— Bien sûr que ça me dérange. Qu'est-ce que je fais maintenant ?!

Je commence à lui crier dessus parce que je n'ai aucune idée de ce que je pourrais faire d'autre que crier. Pendant ce temps, le bureau est complètement silencieux.

Je jette le dossier sur la table au moment où Phun commence à me dire quelque chose.

— Dis-moi, Phun ! Dis-le-moi tout de suite ! Je ferai n'importe quoi !

C'est une occasion en or, comment je peux la gâcher ?! Je fixe le visage de mon ami pas si proche en attendant la réponse. Je suis tellement concentré que je ne remarque pas l'étrange lueur dans ses yeux.

Si j'avais su ce qui allait se passer, je n'aurais jamais dit que j'étais prête à faire quoi que ce soit !

— Noh, pourrais-tu être mon petit ami... ?

Notes :
1/ Ngoi signifie faible et handicapé. Il est parfois utilisé comme un terme péjoratif similaire à celui d'infirme.

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:09



2ème Chaos
N'est-ce pas ?
— Hé, Noh ! Alors qu'est-ce qui s'est passé ?!

Comme d'habitude, c’est Ohm qui me salue en premier quand je reviens en colère dans la salle du club. Il commence à parler alors que je suis arrivé depuis à peine une demi-seconde.

Honnêtement, je ne sais pas comment lui répondre. Je veux dire, je suis en colère et tout. Mais qu'est-ce qu'il essaie de faire, ce Phun, en s'en prenant à moi comme ça ? Je le connais (bien que de loin) depuis longtemps, mais je ne savais pas qu'il était un tel monstre.

— Je ne suis pas un putain d'homo ! Connard !

C'est ce que je lui ai crié il y a cinq minutes, avant de quitter le bureau en trombe et de retourner directement à la salle du club. Je n’en croyais pas mes oreilles. Jamais, je n’aurais pensé entendre un jour, ces mots sortir de la bouche de Phun Phumipat, l'incarnation même de la perfection. Son apparence. Sa famille. Son comportement. Ses notes. Sa gentillesse. Et il a même une jolie petite amie.

Une jolie petite amie ?

C'est vrai... Il a déjà une petite amie, n'est-ce pas ? C'est aussi une fille très populaire dans son lycée privé !

En plus, je connais Phun depuis très longtemps. (Même si nous ne sommes pas du tout proches, parce que Phun est l'amie de Nant qui est amie avec Rodkeng et Rodkeng est mon camarade de classe. C'était confus ? Eh bien, vous avez compris l'essentiel). Quand on se croise, il m'arrive de lui sourire. Ou si j'ai de la chance et qu'il est devant moi dans la queue pour acheter quelque chose, je lui demande d'acheter des choses pour moi. Parfois, lorsque notre club organise un concert, je vais le voir pour lui vendre des billets.

Je n'ai jamais eu l'impression qu'il pensait à moi de cette façon.

En fait, si vous me demandez quels élèves de mon école sont gays (et il y en a beaucoup), Phun est probablement la dernière personne à laquelle je penserais...

Peut-être que je l'ai mal compris ?



Le temps a commencé à se rafraîchir maintenant. C'est probablement parce que nous serons bientôt en novembre, c'est-à-dire le début de l'hiver. Ne devrais-je pas passer mon temps enfermé dans ma chambre à jouer à des jeux vidéo ? Mais quelque chose m'a poussé à monter sur mon scooter et à me rendre dans ce grand manoir.

Je suis déjà venu une fois, c'était il y a deux ans. Le fils aîné de cette famille avait organisé une fête d'anniversaire pour ses quinze ans. Même si je n'étais pas proche de lui ou autre, j'ai assisté à sa fête. Nous sommes de la même année et nos maisons sont très proches l’une de l'autre. Un de mes amis qui était un peu proche de ce type m'a supplié de venir à cette fête avec lui.

Je n'ai jamais pensé que je reviendrais ici tout seul. Et pour une raison aussi ridicule en plus.

Je gare mon scooter devant l'immense portail et me mets à faire les cent pas. Je vois la sonnette devant moi qui ne demande qu'à être actionnée, mais la raison pour laquelle je suis ici m'empêche de le faire.

Merde, pourquoi est-ce que je suis venu jusqu’ici ? Ce putain de Phun, s'il ne retire pas ce qu'il a dit, je vais lui casser la gueule !

Avant que je puisse me contenter de crier tout seul, je vois l'ombre d'une grande silhouette qui se promène dans le jardin. Elle vole complètement mon attention.

Il n'y a qu'un seul jeune homme dans cette maison !

— Phun ! Phun ! Phun !

Je m’efforce de crier le nom du propriétaire de ladite silhouette. Je ne voulais pas crier trop fort (j'essaye d'être prévenant) mais je voulais vraiment attirer son attention pour qu'il sache que je suis là (Bordel !).

Il semble que mes efforts aient porté leurs fruits ! Ce magnifique crétin se retourne et a l'air surpris. (Bien sûr, il n'aurait jamais pensé que je me présenterais chez lui si tard) Il sort enfin de l'ombre de l'arbre et je remarque qu'il est au téléphone avec quelqu'un.

Oh, désolé pour l'interruption.

Mais on dirait qu’il n’est pas vraiment dérangé par tout ça. Il a juste l'air un peu surpris de me voir. Je vois qu'il met fin à l'appel presque immédiatement.

— Hey ? Quoi de neuf, Noh ?

Il sort par la petite porte qui fait partie du portail. Je n'ai toujours pas trouvé de réponse à lui donner pour l'instant. Pourquoi suis-je ici ?

— Euh…

Que dois-lui dire ?

— Eh bien, je....

Et maintenant ? !

— Je...

— Vous êtes ici pour le début de la journée ?

Banzaï ! Oui ! Merci d'en parler pour moi !



— Ouais, ça !

Je lui dis en lui montrant son visage avant de continuer.

— Il faut qu'on parle. Je suis allé au bureau du conseil des élèves ce soir et je t'ai vu. Je t'ai posé des questions sur le budget du club qui a été réduit. Puis tu m'as dit que c'était parce que Ngoi avait refusé de parler pendant la réunion sur le budget que vous aviez, alors je...

— Je me souviens de ce qui s'est passé, Noh.

Il m'interrompt comme s'il n'avait pas envie d'écouter toute l'histoire. Mais peu importe. Je sais qu'il s'en souvient, mais je ne peux pas lui rappeler le départ de cette conversation ?!

— Eh bien, merci de t'en souvenir. Tu dois donc aussi te souvenir que tu m'as dit que tu aiderais mon club. Mais que tu veux quoi en échange ? Je crois que je n’ai pas bien entendu. Quelque chose à propos d'être ton petit ami. Je t’ai maudit et je suis parti. Désolé, je pense que j'ai peut-être des problèmes d'audition.

— Mais tu m'as bien entendu, Noh.

— Exactement, je m'en doutais, alors je suis venu pour savoir ce que tu demandais vraiment... !

Hein ? ! C'est quoi ça ? ! Qu'est-ce qu'il vient de me dire ? Je ne pensais pas l'avoir entendu correctement. J'ai vraiment besoin de nettoyer mes oreilles quand je rentrerai à la maison plus tard !

— J'ai dit que tu m'as bien entendu. Veux-tu sortir avec moi ?"

Putain Phun ! Alors tu es vraiment gay ?!

Et j'ai fait tout le chemin jusqu'à sa maison ! Il va me faire quelque chose ?!

J'ai soudainement un frisson dans le dos alors que ces pensées traversent mon esprit. Je suis aussi presque sûre que mon visage est actuellement très pâle.

Je me tourne pour regarder son beau visage qui me sourit lentement, avec des intentions clairement cachées. Naturellement, je ne veux pas savoir ce qu'il essaie de me dire. Je suis certain qu'il est temps pour moi de partir !

— Hé, Noh ! Écoute-moi d'abord !"

Il ne me laissera pas partir, les gars ! Je suis déjà à mi-chemin vers mon scooter quand il m'attrape le bras.

Ma réaction normale est de me retourner et de lui faire face, car je pense qu’il n’est pas prudent de lui tourner le dos là tout de suite.

Je garde les yeux fermés tout en agitant frénétiquement les bras et le suppliant. Mon état actuel est complètement pitoyable, trop pitoyable pour même le regarder.

— Je ne suis pas comme ça ! S'il te plaît, ne m'aime pas ! Je suis désolé ! Je ne peux vraiment pas sortir avec toi !

Je le supplie, à ce stade je me mettrais à genoux et je le supplierais si je pouvais. Je veux seulement qu'il me laisse partir pour que je puisse rentrer chez moi. Je ne suis pas prêt pour ça aujourd'hui !

— Hey ! Laisse-moi finir de parler, Noh ! Je ne suis pas comme ça non plus !

Phun secoue tout mon corps, ce qui me fait enfin ouvrir un œil.

Hein... ? Donc il y a quelque chose que je comprends mal ?

— Entre, je vais tout t'expliquer.

Ensuite, il me traîne à l'intérieur de sa maison ! Est-ce que je vais réussir à sortir d'ici


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Ven 6 Sep 2024 - 23:09



3ème Chaos
Deal
Il a fallu un certain temps à Phun pour me traîner à l'intérieur de la maison. (Je jure sur ma vie que j'ai vraiment essayé de résister, mais je n'ai pas pu, car il est plus fort que moi.) Enfin, mes petites fesses inquiètes sont maintenant assises sous les quelques arbres du jardin de son manoir.

Phun me regarde fixement, on dirait qu'il a environ un million et huit cents mille choses à me dire mais qu'il ne sait pas par laquelle commencer...

Personnellement, je ne suis pas vraiment sûr de vouloir l'écouter de toute façon.

— Noh !

Enfin, il prononce mon nom, mais ça m'a fait bondir de mon siège. Alors maintenant, qu’est ce que je dois faire en premier ? Je dois courir ? Creuser un trou ? Appeler la police ou envoyer un Bat-Signal ?

— Noh, écoute-moi attentivement.

Je n'en ai pas vraiment envie.

Phun me fixe, il voit clairement à quel point ça me met mal à l'aise et laisse échapper un soupir.

— Je ne suis pas gay. J'ai déjà une petite amie. Petite amie. Tu la connais. C’est Aim ma copine.

C'est quoi le problème avec ce mec ? Pourquoi il n'arrête pas de répéter les choses ? De toute façon, ce qu'il dit a du sens. Je me sens beaucoup mieux maintenant.

Naturellement, je hoche rapidement la tête en guise de réponse. Parce qu'en fait, je connais Aim qui est la petite amie de Phun. Elle a notre âge, mais elle ne va pas à notre école (comment le pourrait-elle ? Notre école est réservée aux garçons). Aim est très belle, et je veux dire vraiment belle. Elle est jolie même quand elle ne porte pas de maquillage. Elle s'habille à la mode comme le font les filles qui ont de l'argent. En fait, si elle était ta petite amie, il n'y avait aucune chance pour que tu sois embarrassé à cause d'elle. Quand elle vient à l'école, tout le monde la regarde et commence à baver.

Tout le monde dit que Aim et Phun sont faits l'un pour l'autre. Je fais partie de ces gens, ils vont vraiment bien ensemble.

Donc, je ne peux pas m'empêcher d'être curieux à propos de ce que Phun va me dire maintenant.

— Mais... je veux que tu sortes avec moi, Noh.

Putain. J'en ai marre d'entendre ça !

— D’accord, Phun. J'insiste encore sur ce que je t’ai déjà dit. Je crois que je vais y aller, je n’ai plus envie de t’écouter.

Je me lève rapidement, avec l'intention de partir. Je ne plaisante pas. Je ne le comprends pas du tout. Pourquoi il est assis là à essayer de me convaincre qu'il n'est pas gay ? Il a même évoqué Aim pour étayer ses dires. Mais là, il recommence à dire qu’il veut agir bizarrement avec moi.

— Ma famille me force à sortir avec quelqu'un. Je ne peux vraiment pas aller contre la volonté de mes parents et je n'ai que ma petite sœur qui peut m'aider. Elle m'a dit que si j'avais un petit ami, alors elle m'aiderait.

Hein ? Quoi ?! Il a parlé tellement vite et pendant si longtemps que j'ai à peine compris l'essentiel. Je sais seulement que je dois être attentif maintenant.

— De quoi ? Parle lentement et clairement.

— J'ai dit que ma famille me force à sortir avec quelqu'un.

Phun laisse échapper un énorme soupir avant de continuer. Pendant ce temps, je reviens m'asseoir à côté de lui comme auparavant.

— D'accord ?

— Je ne pourrais jamais aller à l'encontre de mes parents. Tu sais déjà qu'ils sont très stricts, Noh.

Il a raison. Je me souviens encore de cette fête d'anniversaire, il y a deux ans. J'ai dû me surveiller de très près. Je devais me forcer à ne pas jurer, c'était pire que d'essayer de retenir un pet. Je veux dire, si tu pètes, les gens ne le sauront peut-être pas (je pense ?) mais si je commence à jurer, je savais que je me ferais virer du luxueux manoir à coup sûr. Après la fête, je suis allé voir Ohm. Il a dû m'écouter me plaindre pendant environ trois heures. Ses oreilles étaient presque totalement engourdies.

— Mais je ne sais pas pourquoi, ils laissent toujours Pang faire ce qu'elle veut.

Phun continue, détournant complètement le cours de mes pensées. Qu'est-ce qu'il vient de dire ? C'est vrai, Pang est sa petite sœur. Je me souviens vaguement d'elle. Nong Pang peut être assez intimidante d'après mes souvenirs. Alors pour que Phun me dise que même ses parents ont peur d'elle, je ne suis pas vraiment surpris.

— Donc si elle m'aide en leur parlant, alors je n'aurai pas besoin de sortir avec la personne qu”ils veulent. Mais…

Je lève les sourcils. Mais ? Mais quoi ?! Lors notre cours de thaï, Mlle Ping m'a dit que ce qui suit le mot "mais" est toujours l'idée principale. Par conséquent, les étudiants doivent faire attention à cela pendant les examens.

Mais... en ce moment, je n'ai pas envie de lui prêter attention. Mon idée principale n’est-elle pas assez claire et concise ?

— Je peux ne pas écouter ça !

— Non, Noh ! Laisse-moi finir.

Il est tellement énergique !

Je m'assieds donc avec un air fatigué sur mon visage en attendant qu'il continue, mais je suis remplie d'appréhension. Que signifie ce frisson dans ma colonne vertébrale ? Est ce que cela veut dire que je vais devoir perdre ma virginité avec Phun ?

— Eh bien, Pang... est un peu comme les filles de nos jours, Noh. Elle aime lire des mangas yaoi. Je ne sais pas ce qui se passe avec elle. Elle en a acheté une tonne, ils sont dans sa chambre.

Cette conversation continue à devenir de plus en plus effrayante.

— Elle m'a dit que si j'avais un petit ami, elle parlerait à nos parents pour moi. Et si mon copain est mignon, elle fera encore plus d'efforts.

Merde. Quelqu'un va-t-il me dire combien de temps s'est écoulé depuis la dernière fois que j'ai cligné des yeux ?

Je commence à prier dans ma tête. Je prie pour que je devienne sourd pendant deux ou trois minutes. En échange, je promets de faire le tour de Sanam Luang(1) pour ramasser les ordures pendant trois mois en retour.

Cependant, aucune sainte divinité ne m'a entendue.

— Et tu es ... mignon.

C’est la phrase suivante que j'entends.

Eh bien, merde ! Je suis désolé d'être né plus petit que toi. (En fait, ce n'est pas que je sois plus petit ou que Phun soit plus grand, mais je reste plus petit que lui de toute façon…) Je suis désolé d'être né dans une famille chinoise, d'avoir la peau claire et de ne jamais avoir pu bronzer. Je suis désolé que, même si j'ai à peine des doubles paupières, mes yeux soient grands et ronds. Mes lèvres sont rouges aussi. Mes amis se moquent souvent de moi en disant que je suis mignon. Mais je n'ai jamais rien pensé de tout ça. Ce n'est que ce soir que j'ai réalisé qu'il m'a officiellement fait me sentir comme...

... si j'étais en enfer !

On dirait qu'il peut lire ce que je pense sans que j'aie à lui dire quoi que ce soit.

— Aw, Noh. Je suis désolé. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais... ce n'est pas comme si je pouvais avoir quelqu'un comme Shane et dire à Pang que c'est mon petit ami, non ?

Il sait vraiment comment se défendre. Il parle de Shane. C’est le meilleur athlète de notre école. Vous pouvez probablement deviner qu'il est gigantesque.

— Pourquoi ne pas demander de l'aide au gang des Anges ?

Je lui demande en faisant référence à un groupe de katoeys (2) tapageurs dont même nous, les gars, nous sentons nerveux en leur présence. C”est certain que si Phun leur demandait de l'aide, ils se battraient entre eux pour lui.

— Pang n'aime pas ça, Noh. Elle préfère les gays, pas les katoeys.

Et depuis quand je suis gay exactement ?! J'ai vraiment envie de lui crier ça à la figure.

"Il y a Oak, Dul ou Vit. Ces gars sont petits et mignons. Ils sont même plus petits que moi. Pourquoi tu ne leur demandes pas de l'aide ?!

J'essaie encore de le faire changer d'avis. On dirait que Phun est à bout de nerfs. Il laisse échapper un autre soupir.

— Ils sont hétéros comme nous. Ils ne seraient pas d'accord avec ça.

— Alors pourquoi moi ? !

— Parce que toi et moi... on peut s'entraider en échange."

Je me fige d'un coup. Est-ce qu'on me menace ?

J'avais presque oublié que j'avais toujours besoin de l'aide de Phun. En fait, je le voyais comme une liasse de billets en ce moment.

— D'accord ? On n'a pas besoin de faire semblant tout le temps, seulement devant Pang. Tu auras l'argent pour ton club, c'est sûr.

Merde ! Est-ce que je suis vraiment prêt à perdre ma dignité pour 20 000 bahts en devenant la femme de Phun (seulement de nom) !

Je fixe son visage souriant pendant que je réfléchis. Mais je n'ai pas eu le temps avant qu’unr voix aiguë ne se fasse entendre.

— P'Phun, qui est-ce ?

Notes :
1/ Sanam Luang - Sanam Luang, anciennement Thung Phra Men, est une place de Bangkok, en Thaïlande. Avec 121 406 mètres carrés, elle est l'une des plus grandes places urbaines. Elle fait face au palais royal.
2/ Kathoey - Ladyboy, Khatoey, Katoey ou encore Katoï (Thaï : กะเทย, phonétique : kàtʰɤːj) est le nom donné à une femme transgenre ou un homme gay efféminé en Thaïlande.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:09



4ème Chaos
?!
— Phi Phun, qui c’est ?

Cette voix me fait froid dans le dos. Bien sûr que je la reconnais. Je sais exactement qui est cette fille, au visage innocent et à la sournoiserie cachée dans ses yeux, qui se tient derrière Phun, l'air confuse.

C’est elle ! La légendaire Nong Pang !

Il est trop tard pour envoyer le Bat-Signal pour de l’aide ?!

Je suis sous le choc de voir cette jolie fille se tenir là, que c’est comme si je voyais un fantôme. (Pour être honnête, un fantôme serait un meilleur choix dans ma situation actuelle.) Pendant ce temps, il semble que Phun ait la situation sous contrôle. (Je crois ?) Il prend simplement une grande inspiration avant de se retourner et de sourire à sa petite sœur.

Hé... mon pote. Tu peux ne pas avoir l’air si joyeux ? J'ai... peur...

— Tu ne m'as pas dit que tu allais te coucher ?

Je fronce les sourcils à la seconde où j'entends la douceur de Phun envers sa sœur. Ce n'est pas étonnant que toutes les filles du lycée privé soient folles de lui. Ces pensées me viennent à l’esprit tandis que je hausse les sourcils lorsqu'il tapote la tête de sa sœur qui à l’âge d’être au collège. C'est un frère tellement gentil. Pour une raison quelconque, cette image me met à l'aise. Je ne peux pas vraiment l'expliquer.

— Je n'arrivais pas à dormir donc je suis venu ici pour voir si papa était rentré. C’est alors que je t'ai vu.

La petite fauteuse de trouble répond tout en continuant à me regarder. Aha, j'ai l'air familier, pas vrai ? (La dernière fois que je l'ai vue, c'était l'année dernière, pendant le tournoi de football. Nong Pang était venu voir Phun, qul travaillait devant les gradins. Moi, je travaillais de l’autre côté avec le groupe. C'est moi qui était allé chercher Phun pour elle).

Je lui fais un large sourire amical, en montrant mes trente-deux dents. (J'ai cru que j'allais m'arracher les gencives) Je vois que Phun se tourne vers moi et sourit aussi. Un autre frisson me parcourt l'échine.

— Oh, eh bien... un ami... est venu me voir.

Il se tourne à nouveau vers Pang. Pourquoi a-t-il mis un accent si bizarre sur le mot ‘ami’ ? (Il a même étiré le mot !)

— Un ami ?

Les choses commencent à devenir louches, je peux le voir dans ses petits yeux de sale gosse. Est-ce que ces deux là sont en train de me faire une blague cruelle ?!

— En fait…, commence à parler Phun tout en se tournant vers Pang, bien qu’il me lance des regards en même temps.

On dirait qu'il ne fait pas attention aux regards de panique que je lui adresse !

— Tu as dit que tu voulais rencontrer Noh, alors je lui ai demandé de venir me voir.

C'était quoi ça ?! Je te défie de me le dire en face sans me donner un coup de pied dans le tibia et me surprendre ! Salaud ! Oh ! Cet abruti ! Il ferait mieux de se méfier !

— Je voulais rencontrer Phi Noh ?

— Tu m'as dit… que tu voulais rencontrer mon petit ami, non ?

Depuis quand je suis d'accord avec ça ?! Est-ce que je suis amnésique ou tu inventes des putains de choses ?!

Je suis sur le point de me lever et de le frapper à la tête, quand il m’attrape la main et la caresse doucement.

Est-ce que c'est ce que ma vie est devenue... ?



Finalement, j'ai été traîné à l'intérieur de la résidence Phumipat. (Cette fois aussi j'ai essayé de résister.) Ces deux-là sont tout aussi agaçants l'un que l'autre. Lorsque Pang a découvert que je suis sur le point de devenir son beau-frère, (je deviens fou là !) elle a insisté pour que son frère m'apporte un verre d'eau. (Elle ne pouvait pas m’en apporter un dehors ?) Quant à Phun, il a décidé de soutenir sa sœur. Il m'a dit que les moustiques allaient nous piquer si on restait dehors. (Ce serait plus simple si tu me laissais rentrer chez moi !)

Bien sûr, je perds toujours quand il s'agit d'argumenter. Il y a un dicton qui dit "ta bouche se noie donc les épinards d'eau dérivent(1)". Maintenant, je comprends enfin ce que ça veut dire. (Quelqu'un vient-il de dire que ce n'est pas ce que dit le proverbe ?)

Je suis donc assis sur le canapé du salon de la résidence Phumipat. Pang est assise sur un canapé à proximité, quant à Phun... il est tellement proche de moi que je pourrais tout aussi bien être assis sur ses genoux.

— Pourquoi tu es si près ?! Il fait chaud !

Je chuchote à Phun pour que Pang, qui regarde une série américaine, ne m'entende pas. Ce bâtard se moque simplement de moi en retour en me regardant.

— Tu as chaud ? Je dois augmenter la clim ?

— Non ! Dégage !

Pourquoi il ne peut pas penser à quelque chose d'aussi simple par lui-même ?

Au lieu de ça, il me fait un sourire narquois.

— Comment je peux faire ça ? On doit être convaincants, Noh.

Bordel, qu'est-ce qu'il raconte à propos d'être convaincant ?! C'est lui qui fait tout ça contre ma volonté !

— De quoi tu parles, bordel ? Putain, Bouge-toi !

Je commence à être vulgaire avec lui. Je refuse d'abandonner, il doit s'éloigner de moi. Il m'écoute et il semble que cette fois, il va aller dans mon sens.

Je pousse un énorme soupir de soulagement car Phun s'éloigne enfin (même si nous sommes toujours assis l'un à côté de l'autre). Ce soulagement ne dure cependant pas longtemps puisque Phun décide de se pencher et de mettre son bras autour de mes épaules !

Sérieusement, mec !

Je remarque que Nong Pang nous regarde maintenant. Ses yeux scintillent mais il y a quelque chose d'étrange dans son regard. Ils semblent être remplis de chaleur et de bonheur, je ne peux pas vraiment l'expliquer. Quoi qu'il en soit, j'ai la chair de poule sur les bras.

S'il te plaît, continue à regarder la télévision, Pang !

— Phi Noh, comment tu va rentrer chez toi ? Il est plutôt tard.

Nong Pang me pose une question. Mais... y a-t-il autre chose derrière cette question ? Non, non, non. Ce n'est pas bon. Je devrais changer de sujet, ce serait plus sûr. Je regarde ma montre et réalise qu'il est en fait assez tard. Il est temps pour moi de m'échapper de ce dix-huitième niveau de l'enfer.

— J'ai conduit jusqu’ici en scooter. Je devrais probablement y aller. Au revoir, Phun.

Je me retourne et salue le fauteur de troubles qui est sur le point de se lever pour me dire au revoir. Cependant, il semble que la jeune trouble-fête ne me laisse pas partir et me réincarner aussi facilement.

— Phi Phun ! Comment tu peux laisser Phi Noh partir comme ça dans la nuit ?! Et si quelque chose lui arrive sur le chemin du retour ?! Qui sera responsable de ça ?!

C'est quoi ce bordel ? J'ai dix-sept ans ! Je peux prendre soin de moi, Pang !

— Euh...

— Phi Noh, passe la nuit ici ? S'il te plait ? Tu peux dormir dans la chambre de Phi Phun. Tu ne peux pas partir ce soir, c'est trop dangereux.

Qu'est-ce que je suis censé faire avec ce chaton actuellement suspendu à mon bras ? Si je le pouvais, j'adorerais la frapper et la regarder rebondir.

Ces petites lèvres continuent de bouger et ne semblent pas vouloir s'arrêter de sitôt.

— Phi Phun, tu ne peux pas juste me dire que tu as un petit ami pour que je parle à papa pour toi. Si tu ne t'occupes pas bien de Phi Noh, alors je ne t'aiderai pas.

Putain de merde ! C'est quoi ce bordel ?! Il y a un point d'exclamation de 17 cm sur mon visage, je risque de tomber.

— Um, Noh. Tu devrais probablement passer la nuit ici. Si tu rentres chez toi maintenant… héhé… ça serait dangereux. Hé… hé.

Regardez-le rire. Il est clairement en train de se moquer de moi. Putain de Phun, si tu ne t'embêtes pas à m'aider alors au moins n'empire pas les choses. Argh, quelle insulte je dois lui balancer en premier à la tête ?!

— Comment je peux faire ça ? On a école demain. Je n'ai pas mon uniforme avec moi.

— Phi Noh, tu peux porter l'uniforme de Phi Phun.

— Je ne peux pas faire ça. Le numéro d'étudiant ne correspondra pas. Rien ne va ici. C'est une bataille pour savoir qui aura le dernier mot.

— C'est bon. Les professeurs vérifient rarement ce genre de détails. Et même s'ils commencent à poser des questions, tu peux juste lui dire que tu as passé la nuit chez moi et que tu m’as emprunté mon uniforme.

Tu n'aides pas du tout, Phun ! Putain de merde ! Je suis tellement touché par ta gentillesse !

Je suis tellement touché !

— ...

Je suis sans voix Je suis devenu muet. Je n'ai plus rien à répliquer.

— Vous devriez monter et prendre une douche, tous les deux. Et j'essaierai de parler à papa de cette histoire plus tard, Phi Phun, dit Pang en nous poussant dans le dos, nous obligeant à sortir du salon pour que nous puissions aller dans la suite nuptiale ( ? ?).

Les yeux de Phun s'illuminent à sa dernière phrase. D'un autre côté, je me sens plutôt déprimé par toute cette histoire.

Que veut-elle dire par ‘essayer’ ? Combien de temps je vais rester coincé dans cette situation ?!

— Ne t'inquiète pas pour le budget de ton club. Je vais aussi m'en charger pour toi, chuchote Phun.

En fait, j'avais presque oublié cette histoire.

Est-ce que ça vaut vraiment le coup ?! Honnêtement !

Notes :
1/ Noh s'est mal souvenu du proverbe. Littéralement, c'est censé être "ta ferme se noie alors l'épinard d'eau dérive". Cela signifie quelqu'un qui parle beaucoup, mais il n'y a pas grand-chose à apprendre de ce qu'il dit. Il les a mélangés avec un autre proverbe, "la bouche pleine d'eau", qui désigne une personne qui, dans une certaine situation, est obligée de se taire.

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Ven 6 Sep 2024 - 23:09



5ème Chaos
Laisse Toi Aller.
Je me suis présenté à l'école en ayant l'air battu et meurtri...

Hum, ne lisez pas ça trop en détail. Je sais ce que vous pensez, puisque techniquement, j'ai à peine dormi la nuit dernière. Mais je vous jure qu'il ne s'est rien passé de bizarre ! Je le jure !

Comment j'aurais pu dormir avec Phun à côté de moi ?! Bien sûr, on se connaît un peu, mais comme je l'ai déjà dit, on n'est pas vraiment proches. (En fait, nous ne sommes pas proches du tout, point final. Nous sommes juste des connaissances qui se croisent de temps en temps dans le couloir).

Par conséquent, comment peut-on s'attendre à ce que je partage un lit avec lui ? Chez lui ? Je n’avais jamais été plus loin que le jardin (il y a plus de deux ans). Alors comment notre statut improvisé à pu en arriver à : “je passe la nuit avec lui” ? C'est trop rapide. En plus, tout ce qui s'est passé jusqu'à présent n’a duré qu’une journée.

Je n'étais tout simplement pas préparé à tout ça.

Mais pour être honnête, c'était bien de passer la nuit là-bas. Je n'étais pas trop inquiet. J'ai pris une douche, je me suis mis en pyjama. (D'habitude, je ne porte qu’un débardeur pour dormir, mais je me suis dit que je devais rester couvert pour ma propre sécurité). On a même discuté un peu. Au début, on a joué à sa Xbox 360 de luxe puisqu'il m'a demandé si j’en avais envie, mais je n'étais pas vraiment d'humeur. À la fin, Phun a éteint les lumières et on est allés se coucher.

Comme sa famille est riche, son lit est gigantesque. On aurait pu s'y rouler autant qu'on voulait. En fait, trois ou quatre personnes pourraient probablement dormir confortablement sur ce lit.

Mais je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça…

Soudain, la nuit dernière, Nong Pang a ouvert la porte !

Phun m'a attrapé. (Il était de l'autre côté du lit, et on avait même un traversin entre nous). J'étais sur le point de m'endormir quand il m'a serrée dans ses bras.

Il m'a serrée dans ses bras ! C'est vraiment arrivé ! Putain de merde !

J'ai fait de mon mieux pour me libérer. J'ai essayé de le repousser, mais je ne pouvais pas rivaliser avec sa force. Ce connard est sacrément fort ! Il a l'air maigre, mais il ne faut pas le sous-estimer. En plus, il était dans une position où il avait l'avantage. Tout ce que je pouvais faire, c'était me débattre dans ses bras.

— Seulement pour une seconde, chuchota-t-il pour me calmer et que j'arrête de me débattre.

Ensuite, il a fait semblant de se réveiller et a levé la tête pour regarder sa petite sœur qui se tenait là, inexpressive. Elle était sous le choc de voir son grand frère enlacer son petit ami dans le lit. (Regarde bien ! J'essaye de lui résister là !)

— Qu'est-ce qu'il y a, Pang ?

Est-ce que ce frère et cette sœur vont arrêter de parler et s'en aller ?

— J'ai... apporté plus de couvertures... car j'avais peur que Phi Noh ait froid…

Elle avait l'air très choquée, mais en même temps, il y a aussi un soupçon de bonheur sur son visage. Oh, non. Nong Pang ! Qu’est ce-qu’il se passe dans ta tête ?!

— C'est bon, Pang, l’a rassuré Phun et je senti qu'il me serrait plus fort dans ses bras.

J'ai fait comme si j'étais mort et que je n'étais plus conscient de ce qui se passait dans ce monde.

— Phi Noh n'aura pas froid.

Je n'avais pas besoin d'ouvrir les yeux pour voir la tête que faisait Phun. Je savais aussi quelle expression Pang avait sur son visage.

Pourquoi ces deux-là insistent-ils pour causer des problèmes aux autres ?!

— C'est vrai... j'ai oublié. Héhé, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Je vais refermer la porte pour vous.

Clac.

Et puis nous avons dormi séparément toute la nuit. Aucun de nous n'a utilisé la couverture (pour être juste, puisqu'il n'y en avait qu'une). Phun a mis l'air conditionné à environ 25 degrés pour qu'il ne fasse pas trop froid. En tout cas, j'ai eu beaucoup de mal à dormir.



Retour au présent. A la seconde où j'ouvre la porte de la classe et entre, tout le monde me regarde.

Quoi ? Vous n'avez jamais vu quelqu'un d'aussi beau avant ?

— Quoi ? Pourquoi vous me fixez ? leur demandé-je tout en jetant mon sac d'école (celui de Phun) sur mon bureau.

J'essaie d'éviter les regards de mes camarades de classe. Je ne veux pas qu'ils commencent à avoir des soupçons. (Mais j'oublie que faire cela me donne l'air suspect).

— Tu portes l'uniforme de qui ?

Merde. Comment Keng a-t-il su ? Il est vraiment capable, tout comme son nom.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Ce Noh ne cédera pas si facilement ! Je me fiche d'avoir raison ou tort, je veux juste me disputer. Bien que j'évite son regard, je me demande s'il va me croire.

— Pourquoi tu essaies de le nier ? C’est clair que ce n'est pas ton uniforme. Ce n'est pas ton numéro d'étudiant. Il est beaucoup trop grand pour toi, à moins que tu n’ais rétréci hier soir.

Il est tellement perspicace !

— En plus, ce n'est pas ton cartable. Le tien a un autocollant minable, pas celui-là.

Regardez-le disséquer chaque petit détail !

— Alors... où tu as dormi la nuit dernière ? Je t'attendais pour jouer à DotA mais tu ne t'es pas connecté.

En gros, tu le savais avant même de me voir ce matin ? Pourquoi ce bâtard continue comme ça ?

Je soupire et jette un regard las à Keng qui essaie de me tirer les vers du nez. Ohm est là avec lui, hochant la tête en guise de soutien.

— Ouais, je n'étais pas chez moi la nuit dernière.

— Wow, wow, wow ! Alors, avec quelle fille tu étais hier soir ?!

Ce putain d'Ohm. Toujours à cracher de la merde. Si j'étais avec une fille, pourquoi j'aurais l'air si misérable ?!

— De quoi tu parles, putain ? J'ai été coincé avec ce Phun de la classe toute la nuit.

C'est tout ce qu'il faut pour qu'Ohm recule soudainement de moi tout en restant assis sur sa chaise. Keng s’approche, soulève mes bras, me tapote le dos et vérifie mon état.

— Alors tu l'as finalement perdu avec un gars. Je le savais. Comment c'était ? Ça t'a fait mal comme c'était ta première fois ? J'ai entendu dire que Phun en avait une grosse aussi.

Il est tellement vif d'esprit quand il s'agit des choses les plus tordues. Est-ce que Phun en a vraiment une grosse ? Attendez, non !

— Va te faire foutre ! Je devais juste lui parler de quelque chose. Mais il se faisait tard alors j'ai dormi chez lui. C'est tout !

Ohm revient enfin s'asseoir à côté de moi. J'en ai assez de cet enfoiré.

— Depuis quand tu es proche de Phun ? Je pensais que vous vous connaissiez à peine tous les deux.

— C'est la faute de ce stupide Ngoi. C'est à cause de lui que je dois être proche de Phun. Ah oui, c'est vrai. Je me suis occupé des 20 000 bahts dont on avait besoin pour le club.

— Ne me dis pas que tu as vendu ton cul à Phun !

CLAC !

Ça m'a vraiment fait mal à la main, mais je devais le faire. J'en ai marre de Ohm !

— Oye ! Pourquoi t'as fait ça ?!

Il a encore le culot de me demander ça.

— J'ai vu que tu n'arrêtais pas de débiter des conneries alors je me suis dis que je devais t'aider. On aurait dit que tu ne pouvais pas respirer avec toute cette merde dans ta bouche. Comment tu fais pour avoir toujours des idées aussi stupides ?

Je continue à l'insulter tout en jetant un coup d'œil à ma montre. Ça m'énerve car il reste encore beaucoup de temps avant que les cours ne commencent vraiment. Combien de temps je dois encore écouter ces types ?!



♪ ...Si le temps passe, pendant si longtemps, m'auras-tu oublié d'ici là ? ♪



Un téléphone sonne, c'est "Do you miss me" de Cocktail qui joue. Ohm utilise cette sonnerie depuis trois mois. (Je commence à en avoir assez) Mais ce coup de fil est comme le son de la cloche à la fin d’un match de boxe. Pfff... Je me sens soulagé de ne plus avoir à écouter ces ânes intelligents. Je lui fais un sourire moqueur et prends mes devoirs pour voir si j'ai tout fini. Mais alors que je me retourne, c'est lui qui m’adresse un sourire moqueur.

— C’est un appel de ta maman.

De quoi ? Ma mère ?

Je fronce les sourcils alors que je regarde curieusement l'écran du téléphone LG. J'ouvre alors grand les yeux.

— Dis-lui que je ne suis pas là.

— Quoi ? Mais c'est ta petite amie. Pourquoi la traiter si durement ? Qu'est-ce qui ne va pas avec Yuri ?

Eh bien, je ne l'aime pas amoureusement, alors qu’est ce que je peux faire ?! En plus, je ne suis pas bon avec les filles, surtout celles qui me poursuivent comme elle le fait.

Ohm ne reçoit aucune réponse de ma part. Il hausse les épaules, montrant qu'il ne s'en soucie pas vraiment avant de répondre au téléphone qui sonne. Je lui tape deux fois sur l'épaule pour confirmer le plan. Il me repousse comme pour me dire qu'il le sait déjà.

— Oui ? Noh... Il n'est pas là. Je ne l'ai pas encore vu.

Bien. Très bien.

— Oh... ha ha ha ha. Tu es tellement intelligente, attends une seconde.

Quoi ?!

— Ta maman a réalisé ce que nous faisions, chuchote-t-il en couvrant le téléphone de sa main.

Je ne suis pas d'humeur à entendre ça. Je ne comprends pas ? Je ne sais pas comment cette fille comprend toujours tout ?

Au final, c'est moi qui laisse échapper un énorme soupir, avant d’accepter le téléphone rectangulaire noir d'Ohm.

— Allo ? Quoi de neuf ?

— Comment ça se fait que je n’arrive pas du tout à te contacter, Noh ?

J'entends des bavardages en arrière-plan se mêler à sa voix joyeuse. Elle est probablement à l'école maintenant. J'y pense avec un sourire ironique sur le visage.

— La batterie de mon téléphone est morte.

— Pourquoi tu n'étais pas en ligne hier soir ?

— J'ai passé la nuit chez un ami. Tu as besoin de quelque chose, Yuri ?

Est-ce qu’elle pourrait en arriver au fait rapidement ?!

— Oh, hé hé hé.

Le son de son rire est totalement surfait. Je transpire même si la climatisation de notre salle de classe fonctionne bien.

— Tu veux aller manger un morceau avec moi plus tard dans la journée ?

Je le savais.

— J'ai une réunion avec le club aujourd'hui, je vais finir très tard

— C’est bon. J'attendrai au Siam Center. Au restaurant Baanying, au deuxième étage comme d'habitude.

Elle décide de tout par elle-même. C’est Yuri. Malheureusement, je suis du genre à ne pas savoir dire non aux gens. Surtout avec Yuri, c'est encore plus difficile. (En parlant de ça, je ne peux pas vraiment dire non à Phun non plus, pas vrai ?)

— Je n'arriverai que très tard.

C'est le mieux que je puisse faire.

— Ça va, je ne suis pas pressée. A plus tard, dit-elle de son ton joyeux avant de raccrocher.

En réalité, Yuri est une fille vraiment sympa. Elle n'est pas pointilleuse. Elle ne devient pas grincheuse. Elle n'a pas besoin de toujours faire les choses comme les autres filles. Son seul problème c’est qu'elle a tendance à être autoritaire et décider de tout toute seule.

En ce moment, je suis son "petit ami" mais je ne me souviens pas de notre accord sur le sujet. Au moment où je me suis rendu compte de quoi il en retournait, j’étais déjà le “petit ami” de Yuri.

En tout cas, ce n'est pas comme si j’avais quelque chose à perdre. Yuri est assez mignonne. Son père est japonais, elle est donc à moitié japonaise. Peau claire, traits brillants avec de grands yeux. (Oh ... ses canines ressortent aussi.) Elle est très bavarde et ne se fatigue jamais. Je me dis qu’elle peut être aussi charmante que gênante… Ha, ha, ha...

Je devrais aller la voir. On ne s’est pas vus depuis une semaine. Je ne voudrais pas que les gens m'accusent de ne pas prendre soin de ma petite amie.


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Ven 6 Sep 2024 - 23:09



6ème Chaos
Rencontre
— Noh ! Alors, on va récupérer notre part ?!

Wow, génial. Ils m'aiment vraiment. La première chose qu'ils demandent quand ils voient mon visage, c'est de l'argent.

— Il ne s'est pas passé grand-chose. Je suis toujours en vie, mais gravement blessé. J'essaie toujours d'échapper aux flics. Je pense que je pourrais me cacher quelque part à Phuket (1).

Clac !

— Abruti. Ce n'est même pas drôle. Je parle de l'argent pour la batterie, pas de la drogue. Tu devrais faire attention. Tous ceux qui vont à Phuket en prennent toujours.

— Non, c'est à Samed, Phi...

À ce stade, je ne suis pas sûr que les jeux de mots soient les plus stupides.

Je me promène en riant et je croise Phi Nont qui vient de me frapper à la tête. Je jette mon cartable (celui de Phun) sur le canapé qui est à côté du piano. Je cherche dans le groupe le fauteur de troubles qui tente d'éviter mon regard.

Oh, alors tu as réalisé ce qu'il a fait.

— Je... je vais aller aux toilettes.

Il essaie de s'enfuir ! Est-ce qu'il pense qu'il peut s'enfuir ?!

— Ne bouge pas, Ngoi ! Tu as causé ce putain de bordel !

Naturellement, ce mec n'est pas aussi rapide que moi. Il est minuscule. Je lui saisis le col avant qu'il ne puisse s'enfuir. Je le traîne pour le condamner publiquement au milieu de notre salle de club.

— Ce connard est resté assis en silence pendant la réunion sur le budget. Il a laissé Phi Aun du club de culture thaïlandaise prendre notre budget. Qu'est-ce qu'on devrait faire de lui ?

Aha, les gens commencent à être énervés contre Ngoi, doucement mais sûrement.

— Enlève-lui son short et dessine sur son zizi avec un marqueur indélébile.

Bordel, c'est bien Per de trouver un truc aussi tordu. C'est un peu trop bizarre. En plus, c'est pas comme si je voulais voir son zizi.

— Fais-lui faire la danse du poulet devant le mât le matin.

Celui-là a l'air un peu trop amusant.

— Fais-lui faire les devoirs de tout le monde pendant un mois !

Qu'est-ce que ça a à voir avec tout ça ?!

— On pourrait l'utiliser comme notre esclave à partir de maintenant jusqu'à la fin de ce semestre. Il doit faire tout ce qu'on lui dit de faire.

Hm...

— C'est une bonne idée, Ohm. Je te connais depuis onze ans et c'est la première fois que tu dis quelque chose avec quoi je suis entièrement d'accord.

Je me retourne pour lui donner une tape dans le dos. Il affiche un large sourire, mais seulement pendant un instant avant qu'il ne s'efface.

— Comment tu m’as considéré ces onze dernières années alors ?

— Comme quelqu'un à qui j'avais vraiment besoin d'acheter une muselière pour qu'il la porte…

Tout le monde commence à rire sauf Ohm parce que je l'ai pratiquement insulté.

— Abruti, tu ferais mieux de faire attention. Je vais draguer Yuri la prochaine fois qu'elle m'appelle.

— Personne ne t'empêche de faire ça. J'espère vraiment que tu vas réussir.

Amen ! Je vais même prier pour lui. Ne le prenez pas mal, Yuri est mignonne et tout. Mais le fait est que je ne l'aime pas de cette façon.

— Ouais, c'est ça, Casanova ! Regarde-toi, tu agis comme un prétentieux alors qu'une jolie fille essaie de sortir avec toi. Tu verras ce que ça fait quand elle te larguera.

— Ha. En fait, je suis Roméo.

— Tu n'es pas censé être en route pour voir Ophélie ? Je n'ai pas entendu dire que tu avais des projets avec elle ?

Cet enfoiré. Depuis quand Roméo va voir Ophélie ? Oh, oui. Ça me rappelle. Je lui ai dit que je serais en retard, mais je n'ai rien à faire au club aujourd'hui. Ils répètent tous ensemble pour la compétition de football. Mais c'est le travail de Film, pas le mien.

— Ouais, je suis sur le point d'y aller. Bref, j'ai parlé avec le conseil étudiant à propos des 20 000 bahts dont on a besoin. Ils s'en occupent, donc on n'a pas à s'inquiéter... je crois.

Alors que je me retourne pour partir, j'entends Ohm qui recommence à aboyer.

— Bien sûr, tu es allé jusqu'à vendre ton cul à Phun.

Putain, qui lui a marché sur la queue ? Pourquoi est-ce qu'il continue à hurler ? Je viens juste de dire que je voulais lui mettre une muselière. Peut-être que je devrais vraiment aller en acheter une. Je regarde à gauche et à droite pour trouver quelque chose à mettre dans la bouche d'Ohm.

— C'est vrai, Phi Noh ?!

— Si tu le crois, alors tu devrais aussi donner naissance à des yaks, Knott. De toute façon, je me suis occupé du problème de l'argent. C'est tout pour aujourd'hui. Vous pouvez attendre Film. Je vais y aller. Ngoi ! Tu restes et tu verrouilles l'endroit ! Si je découvre que quelque chose manque ou est cassé, tu es mort !

Je lui donne un ordre mêlé de menaces. Je ne peux pas m'empêcher de rire quand je vois son visage pâle et en sueur. Je suis en colère contre lui, c'est vrai, mais j'ai un peu envie de l'embêter en premier lieu.

— Ok, bye. À demain les gars.

Je me dirige vers la sortie une fois que j'ai terminé de dire au revoir à tout le monde.



En fait, je n'ai pas quitté l'école aussi tard que ce que j'ai pu dire à Yuri. Mais il m'a fallu une éternité pour me frayer un chemin dans la circulation sur la route de Chareon Krung (j'ai fait une dizaine de petites siestes) et ensuite essayer de rejoindre le cœur de la ville, le Siam Center.

Le ciel commence à devenir orange. Le taxi rouge dans lequel je me trouve se gare gentiment devant le Center Point. Je sors maladroitement les billets qui correspondent à la couleur du taxi et les donne au chauffeur avant de continuer à me traîner dans la foule qui passe devant l'immense écran Shaker.

De toute façon... il n'est même pas vraiment tard. Est-ce que Yuri va faire des suppositions si j'arrive tôt ? Elle pensera que je me suis précipité pour la voir parce que je suis follement amoureux d'elle ?!

Ça n'a pas vraiment d'importance. Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à faire maintenant que je suis arrivé. Je ne suis pas du genre à faire du shopping dans les magasins de toute façon. Je devrais me dépêcher d'aller la rejoindre pour pouvoir partir plus tôt et rentrer chez moi pour jouer aux jeux vidéo.

J'ai pris ma décision et je me précipite au restaurant Baanying.



La voix joyeuse de la serveuse m'accueille quand j'entre. Elle me conduit gentiment à une table libre. Oui, le service ici est aussi bon que d'habitude. Cependant, la personne avec qui j'ai fait des plans aujourd'hui est probablement assise quelque part au deuxième étage en train de rire.

— C'est bon, je retrouve une amie ici, lui dis-je en faisant simplement un petit signe de tête avant de partir explorer l'étage supérieur.

Il n'est bien sûr pas trop difficile de trouver la table de Yuri, étant donné qu'il y a un grand groupe de filles assises autour de la longue table, qui est en fait constituée de plusieurs tables réunies.

Est-ce que tout le lycée privé est présent ?!

— Noh ! Tu es en avance !

Ophélie, je veux dire Yuri, me repère tout de suite. Elle a vraiment des yeux perçants ! Je suis stupéfait pendant un moment, car je me demande si je dois me joindre à ces vingt filles ou non.

— Eh ? Noh ?

Attendez une minute. Cette voix me semble familière. Ce n'est pas non plus la voix d'une fille.

Et si je me souviens bien, cette voix appartient à...

— Oh !

Mais qu'est-ce qu'il fait là lui aussi ?!

— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu venais aussi ? On aurait pu quitter l'école ensemble.

Il a le culot de me parler. Ce n'était déjà pas assez pénible de devoir dormir avec toi à côté de moi toute la nuit ? Maintenant, je dois aussi te croiser après l'école ? Dans quel temple est-on allés faire des mérites ensemble dans nos vies antérieures ? J'aimerais y retourner et tout défaire.

Je continue à fulminer intérieurement tout en regardant le visage de Phun. Je ne sais pas si je dois avoir l'air surpris, énervé ou ennuyé. Comment j'ai pu oublier que Yuri et Aim sont amies ? Et puisque tout le groupe traîne ensemble, il n'est pas surprenant que Phun soit de la partie.

— Noh, viens par ici. J'ai commandé la salade épicée que tu aimes.

La voix de Yuri se propage depuis l'autre bout de la table. Je vois un visage pâle qui me sourit et je lui réponds en retour. Je me dis que si je dois aller là-bas, les choses seront encore plus pourries, alors je décide de m'asseoir sur la même chaise que Phun.

— Hey ?

Il laisse échapper un bruit étrange.

— Allez, laisse-moi m'asseoir ici. C'est effrayant là-bas, chuchoté-je en pointant mon menton vers l'autre bout de la table, où Yuri est assise.

Il y a un tas de filles là-bas. Phun rit, il semble trouver cette situation amusante.

— C'est vrai, c'est vrai. Moi aussi, j'ai eu peur au début. Mais je suis content que tu sois là maintenant, dit-il joyeusement.

Hmph ! Si la situation ne m'obligeait pas à faire ça, je ne serais pas assis ici à côté de toi et je ne me sentirais pas si nerveux !

— Depuis quand vous êtes si proches tous les deux ?

C'est vrai, j'ai presque oublié que Phun est ici avec sa petite amie. Je le réalise après avoir entendu la voix mélodieuse de la fille assise en face de nous. Donc je suis serré contre le petit ami d'une autre. Ça me rend un peu horrible, non ?

— Oh ! J'ai oublié que tu es ici avec ta petite amie. Je devrais bouger. Désolé, mec.

Je n'ai pas l'occasion de répondre à la question d'Aim (principalement parce que je ne sais pas comment lui répondre) et je hoche rapidement la tête vers Phun avant de me lever et de me préparer à aller m'asseoir à côté de Yuri. Elle me fait encore signe de venir vers elle.

J'y serais allé et j'aurais pu manger ma salade épicée avec joie si Phun n'avait pas attrapé ma main.

— Hé, ne t'inquiète pas pour ça. Tu peux juste t'asseoir ici si tu ne veux pas aller là-bas.

Non seulement il m'arrête, mais il me tire aussi pour que je partage la même chaise que celle sur laquelle il est assis, comme moi auparavant. Je suis totalement pris au dépourvu. Yuri fait toujours signe de la main tout en fronçant les sourcils. Elle pourrait être en colère contre moi.

Hé, hé. Je ne vais même pas essayer de me rattraper, juste pour que vous sachiez.

— Alors l'ami qui a passé la nuit chez lui, selon Phun, c'était toi, Noh ?

La douce voix de Aim continue à me poser des questions. Je suis à court de mots. Je ne sais pas quoi dire. C'est comme si je portais la muselière d'Ohm autour de ma bouche.

Alors... comment je dois répondre à ça ? Est-ce que ça va paraître trop bizarre si je lui dis juste la vérité ? Je commence à m'inquiéter.

— Oui, tu vois ? Il porte encore mon uniforme. Regarde, dit Phun qui vole mon moment et répond à ma place.

Non seulement il donne une réponse, mais il passe aussi son doigt sur le numéro d'étudiant présent sur ma poitrine. Tu n'as pas peur que ta petite amie ait des soupçons ?! Et si quelqu'un découvrait la vraie raison pour laquelle j'ai dû passer la nuit chez toi... ? Je ne veux même pas imaginer l'humiliation !

Je suis toujours dans l'incrédulité la plus totale et Phun continue de parler de l'uniforme qui lui appartient. Puis, il y a le bruit fort de quelqu'un qui marche vers moi.

— Tu es vraiment méchant, tu ne veux pas t'asseoir avec moi.

Je dois encore trouver un moyen de faire cesser cette folie. Je me gratte la tête, agacé. Il n'y a donc pas que mon ami qui fait le malin avec moi, il y a aussi Yuri qui se tient là avec un sourire derrière moi. (Qu'est-ce qu'ils veulent de moi ?!) Si je pouvais sauter dans ce verre d'eau et nager jusqu'à l'océan Indien, je le ferais.

— Eh bien... tu as déjà beaucoup d'amies assises avec toi, je ne voulais pas m'imposer.

— Qui a dit que tu t'imposais ? Je veux m'asseoir avec toi, Noh. Je ne t'ai pas vu depuis plus d'une semaine. Je suppose que je pourrais m'installer ici et m'asseoir à côté de toi. Comme ça, tu pourras t'asseoir avec Phun aussi, qu’en penses-tu ?

Qu'en penses-tu ? Elle est assez gentille pour me demander mon avis, mais ne prend pas la peine de l'attendre. Elle court pour prendre une chaise afin de s'asseoir à côté de moi. C'est donc ça, ma vie maintenant...

— Je ne savais pas que vous sortiez ensemble ? chuchote Phun pendant que Yuri cherche une chaise pour pouvoir s'asseoir à côté de moi.

Je ne peux que lui adresser un sourire en coin après avoir entendu cette phrase. Je préfère faire comme si je ne savais rien. Je ne suis pas d'humeur à me lancer dans une longue explication. Le fait est que je ne veux pas dépeindre Yuri sous un mauvais jour.

— Je suis là ! Je suis là ! Pourquoi tu te serres à côté de Phun ? Viens t'asseoir avec moi. Je me sens si mal pour lui. Il doit avoir mal.

Yuri revient en courant avec une chaise et s'assied à côté de moi en me grondant. Elle a même frappé mon épaule. (Aïe, ça fait mal) Mais... est-ce que je dois vraiment partager un siège avec Yuri ?

— C'est bon, je n'ai pas mal ou quoi que ce soit.

Wow, quel gentleman ce Phun. Je le regarde, mes yeux remplis d'une extrême aversion (même s'il a été assez gentil pour me laisser m'asseoir avec lui).

— Pas question, Phun. Allez, viens t'asseoir ici, Noh.

Ne croyez pas que Yuri abandonnera un jour. Pfff. Faites ce que vous voulez, les gars. J'ai l'impression d'être une corde et qu'ils jouent au tir à la corde avec moi. Voilà, j'y vais. Et voilà. Il n'y a pas grand-chose que je puisse faire à part lâcher un soupir de défaite.

Je me déplace et m'assois sur la même chaise que Yuri. Elle semble être vraiment heureuse et sourit largement. (Elle sourit habituellement comme ça de toute façon.) Maintenant, elle me donne tous ces aliments sur une assiette pour que je les mange.

— Argh, j'en ai marre des gens qui sont amoureux. Ils sont si gentils les uns envers les autres tout en étant totalement inconsidérés envers leurs amis célibataires qui sont là, plaisante une de ses amies, ce qui me fait transpirer abondamment.

Mais il semble que Yuri soit très heureuse d'entendre ces mots. Elle sourit encore plus maintenant.

— Tu devrais trouver un petit ami alors.

Pourquoi... faut-il que tu leur dises ça ? Combien de temps je vais rester coincé dans cette situation ?



Il s'écoule un long moment avant que l'immense foule de filles ne finisse enfin de manger et de bavarder à cœur ouvert. Le soleil est couché depuis des heures. Je jette un coup d'œil à la fin d'une civilisation qui s'est déroulée sur la table. Je n'arrive pas à croire qu'elles ont été capables d'accomplir tout cela.

Les estomacs de ces filles sont terrifiants. Le personnel du restaurant est même passé et a déjà emporté certaines des assiettes.

Je quitte le restaurant et marche le long des boutiques qui sont éclairées. J'arrive enfin à l'arrêt de bus en face du cinéma et je vois les filles partir en direction de Phayathai Road.

— Comment tu vas rentrer chez toi, Yuri ? Il est assez tard, demandé poliment comme un bon petit ami ( ?) devrait le faire.

Elle se tourne vers moi avec un énorme sourire sur le visage. Ses yeux scintillent.

— Tu vas me ramener, Noh ?

Oh... c'est ce qu'on est en train de faire ?

Mais comme je l'ai dit, Yuri n'est pas ce genre de fille. Elle rit après avoir terminé sa phrase.

— Je plaisante ! Ne t'inquiète pas, je vais prendre un taxi avec May. On se voit plus tard, d’accord ?

Quel soulagement de l'entendre dire ça. Je ne suis pas soulagé parce que je n'aurai pas à la déposer, mais plutôt parce qu'elle a quelqu'un qui part avec elle.

— Appelle-moi quand tu rentres.

Je ne suis pas un si mauvais petit ami, vous savez.

Puis c'est à mon tour de rentrer chez moi après avoir vu Yuri et tout le monde partir en taxi. (Je n'ai pas oublié de prendre une photo du numéro d'immatriculation sur mon téléphone.) J'ai à peine la chance de me retourner et de faire un pas que je me retrouve face au gars qui ruine ma vie ces derniers temps.

— Ah !

Peu importe s'il est beau, c'est toujours effrayant d'avoir quelqu'un qui se tient silencieusement derrière moi comme ça ! Je pensais que c'était un fantôme ! Que quelqu'un me sauve !

J'ai poussé un grand cri quand je l'ai vu attendre. J'ai l'impression que c'est plus inquiétant de le voir se tenir derrière moi en silence comme ça, alors je me tourne rapidement de tout mon long pour lui faire face.

— Tu es un meilleur petit ami que je ne le pensais, Noh, dit-il en faisant un sourire en coin.

Cependant, j'ai l'impression que c'est une insulte détournée.

— Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?

— Non, ce n'est pas ça ! Je voulais dire que tu t'occupes bien de Yuri. Je pensais que tu pourrais être plus méchant avec elle.

Tu essaies sérieusement de justifier ce que tu as dit en me disant ça ?

— Je suis un mec, je dois m'occuper un peu d'elle. C'est normal. Je pensais que tu allais déposer Aim, dis-je alors que nous prenons l'escalator pour rejoindre l'arrêt de bus devant le Siam Center.

Naturellement, Phun me suit de près puisque nous vivons dans le même quartier.

Tu peux ne pas marcher derrière moi ? Tu ne comprends pas que tu me fais sentir vraiment bizarre ?

— Je le fais d'habitude, mais je dois t'emmener chez moi, d’accord ?

Qu'est-ce que tu viens de dire ?!

— Hein ?! Pour quoi faire ?!

Je suis peut-être ton petit ami (seulement de nom), mais je ne me suis pas marié et je n'ai pas emménagé avec toi ! Est-ce qu'il s'attend à ce que je vive avec lui maintenant ?!

— Tu ne veux pas récupérer ton scooter ? Tu l’as laissé hier.

Oh, c'est vrai. J'ai presque oublié. Je suis un vrai imbécile aujourd'hui.

— Exact ! Oui, je le veux. Pang est à la maison ?

Je dois d'abord me renseigner sur l'endroit où se trouve la fauteuse de troubles.

— Où est-ce qu’elle pourrait être si elle n'est pas à la maison ? Haha.

Il me rit au nez comme si je lui posais une question stupide. Mais c'est vraiment une question stupide.

Donc j'ai dû passer la soirée à être le petit ami de Yuri et maintenant je dois passer du temps à être le petit ami de Phun aussi ?! Y aura-t-il une quelconque liberté dans ma vie ?!

Notes :
1/ Jeu de mots en thaï : les mots pour "argent" et "meurtre" ont une syllabe en commun, d'où la blague de Noh.

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Ven 6 Sep 2024 - 23:09



7ème Chaos
Une Si Belle Journée.
— Bonsoir, khun (1) Phun et khun Noh.

La gouvernante connaît déjà mon nom alors que je ne suis venu ici que deux fois, vous imaginez ça ? Je souris et salue respectueusement la femme, qui est probablement plus âgée que ma mère. Je veux dire, je suis peut-être bruyant et vulgaire, mais j'ai des manières ! S'il-vous-plaît, croyez-moi !

— Tante Noi, tu peux demander à Oncle Nhan où est le scooter de Noh ? demande Phun à propos de mon compagnon de transport de toujours quand la femme s’approche pour prendre son sac d’école.

Elle est sur le point d’aller le ranger quand elle entend la question, alors elle se retourne rapidement et nous fait un gentil sourire.

— Nhan est en train de le laver. Je lui avais dit de le faire cet après-midi, mais il se plaignait de douleurs au dos. Il se sentait enfin un peu mieux alors il le fait maintenant.

Qui sur Terre lui a demandé de le laver, ma tante ?! Oh mon Dieu ! Je me sens comme un putain de fardeau. Regardez-moi, je torture des personnes âgées !

— Il est où maintenant ? demandai-je rapidement et avec impatience.

Je ne veux pas causer plus de problèmes aux personnes qui vivent au manoir Phumipat. Surtout quand je vois le doux sourire de cette tante, je me sens encore plus mal.

— Il est près du garage. Il vient juste de commencer, donc je pense qu’il n’a pas encore fini. Ça ne vous dérange pas d’attendre un peu plus longtemps, Khun Noh ?

C’est bien qu’il vienne juste de commencer ! Je jette mon sac d’école à Phun et me précipite tout de suite au garage.

— Oncle Nhan ! Vous n'avez pas besoin de… !

Splash !

J’arrive trop tard, mon scooter est maintenant trempé grâce au tuyau d’arrosage que tient oncle Nhan. Je n’ai pas pu arriver à temps.

— Je suis désolé, Khun Noh ! Je vais finir ça tout de suite !

— C’est bon, mon oncle. Je devrais le faire moi-même. Vous devriez aller vous reposer. Il est tard, réponds-je en essayant de lui prendre le tuyau des mains, mais Oncle Nhan m’esquive.

Il est déjà vingt heures passées et je ne serais pas un homme si je laissais une personne âgée laver mon scooter de nuit, avec le vent frais qui souffle.

— Je ne peux pas vous laisser faire ça, Khun Noh. C’est mon travail, s’écria Oncle Nhan de l’autre côté du scooter.

— Allez, mon oncle. Je ne dirai rien à personne. Vous devriez aller vous reposer. Je le fais souvent moi-même de toute façon, crié-je en réponse.

— Mais vous êtes un invité…

— Noh et moi allons finir nous-même. Va te reposer, Oncle Nhan, dit une troisième voix qui se fait entendre derrière moi.

Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir à qui elle appartient. Qui d’autre que le fils aîné de cette maison cela pourrait-il être ? Je me retourne et vois Phun qui sourit. C’est un de ces sourires que l’on adresse quand on est certain que l’autre partie ne nous désobéira pas.

— Vous êtes sûr, Khun Phun ?

— Absolument. Laisse juste les affaires ici. Noh et moi allons nous en occuper, lui dit Phun avant de s’avancer pour lui prendre le tuyau des mains.

Il regarde l’oncle s’éloigner, le dos voûté, alors qu’il retourne dans les logements du personnel.

— Allez, on va le faire, dit-il en se retournant avec un sourire chaleureux.

Je hausse les sourcils de façon moqueuse en retour.

— Jeune maître Phun, êtes-vous certain de pouvoir le faire ?

— Je vois ce que tu veux dire, Noh.

Et il m’asperge d’eau. Bordel de merde ! Je suis trempé.

— Putain ! Je suis tout mouillé maintenant !

— Ce sont mes vêtements, pourquoi tu devrais t’en soucier ?

Il se moque de moi, mais il a raison. C’est son uniforme. Je jette un coup d'œil aux vêtements mouillés avant de me retourner pour voir Phun, occupé à enlever sa chemise.

— Woo !

— Pourquoi tu es si effrayé ? Tu t’attends à ce que je lave ton scooter en portant mon uniforme complet, Khun Noh ?

Oh, alors, c’est moi qui suis déraisonnable ici ?

Bien, enlève-le, pensé-je tout en secouant la tête avant d’enlever aussi ma chemise, mais je garde mon maillot de corps.

Je me dis que ce serait trop bizarre de me promener à moitié nu dans le garage de quelqu’un d’autre. Ce n’est pas comme si j’étais le propriétaire des lieux. Maintenant, lui n’a plus que son short bleu sur lui.

— C’est parti ! crie Phun en pulvérisant de l’eau sur le scooter. (J’ai un peu peur qu’il l'abîme.)

Il n’oublie pas de m’asperger aussi au passage. (Je ne suis pas un foutu scooter !) Mais ne pensez pas que je vais céder, parce que je tiens maintenant un autre tuyau entre mes mains. Hahaha.

C’est finalement dans une ambiance amusante qu’on lave le scooter, même s’il fait nuit et que les moustiques nous piquent. (Beaucoup de moustiques.) Phun utilise une de ses vieilles brosses à dents pour frotter les tuyaux pendant que je fais couler du savon sur tout le scooter. (Et aussi un peu sur lui de temps en temps.) Maintenant que j’y pense, je n’avais pas tout à fait tort en pensant que Phun était le riche héritier d’une famille aisée. (Remarquez l’immense manoir et le nombre d’employés. Sans parler de ses parents, qui lui organisent des rendez-vous. On dirait l’intrigue d’un film d’il y a vingt ans.) Mais il n’est pas coincé ou quelque chose comme ça et il travaille dur (comme s’il était un ouvrier du bâtiment) en m’aidant à récurer ces tuyaux. Et il fait du bon travail. Je continue à projeter de l’eau et du savon. J’ai l’impression que ce type est assez fiable.

C’est dommage qu’il s’en prenne autant à moi !

— Hey ! C’est moi que tu laves ou le scooter ?! Bordel de merde !

Ne soyez pas surpris. Plus on parle, plus on se rapproche. Les gros mots continuent de s’échapper entre nous. Et pourquoi je ne l’insulterais pas ? Il semble que 80% du temps, il essaie de me laver moi et pas le scooter. Enfoiré. Je porte un débardeur, mais j’ai l’impression de ne rien porter du tout à ce stade. Je peux sentir le froid jusqu’à mon appendice.

— Ça commence à m’ennuyer que tu portes ce t-shirt.

Je suis censé volontairement donner mon sang aux moustiques ? C’est mon sang !

Je l’asperge avec un peu plus de détergent.

— Tu devrais finir de prendre ton bain, pour que je puisse tailler ta fourrure après.

Son corps entier est maintenant couvert de mousse. Je vois l’expression de son visage et j’éclate de rire.

— Merde ! Je vais avoir des rougeurs maintenant !

— C’est ton problème, dis-je en essayant d’esquiver l’éponge qu’il lance dans ma direction.

Je n’ai pas réussi à me sauver à temps et à ce stade, on est tous les deux recouverts de détergent pour voiture.

Si on tombe, alors on tombera ensemble.

Il semble qu’il ne soit pas près de vouloir abandonner non plus. Il me poursuit et essaie de m’enlever mon débardeur. Je ne savais pas que ce talentueux Phun pouvait être aussi compétitif. Mais c’est drôle. Et puis, comme s’il allait être capable de m’attraper et de me déshabiller ! Pas dans cette décennie ! Je saute hors de sa portée.

On court autour du scooter et la poursuite continue. Il n’arrive toujours pas à m’attraper, mais le sol du garage est glissant, entre l’eau, le savon et on ne sait pas quoi d’autre. En plus de tout cela, je glisse sur l’éponge que Phun m’a jetée plus tôt (celle que je n’ai pas pu esquiver) et je perds l’équilibre.

— AHHHHHHHHHHH ! m’écrié-je fort, m’attendant à être blessé.

Et si je venais à me casser le dos et que je devais passer une autre nuit dans cette maison ?! (C’est encore plus effrayant que de passer une nuit à l’hôpital.)

— Aïe !

Mais celui qui laisse échapper un cri de douleur, ce n’est pas moi. Je garde les yeux bien fermés, mais je remarque que je n’ai pas vraiment mal.

— Hé ! Bordel, pourquoi tu as agi comme un chevalier blanc ?! Est-ce que ça fait mal ?!

Je réalise que la personne qui a amorti ma chute n’est autre que Phun. Je ne peux pas m’empêcher de le gronder pour ça. Il n’a pas besoin d’être mon chevalier en armure étincelante. Je parie que tu souffres beaucoup maintenant, stupide Khun Phun !

— Qui a dit que je te sauvais ?! C’est toi qui m’est tombé dessus, putain !

Oh ! J’ai fait ça ? Oups, désolé. Mon visage révèle à quel point je suis embarrassé alors que j’essaie de me relever. (Je suis actuellement trempé, vous pourriez me tordre et remplir des seaux.) Je ne pense pas qu’il réalise que par instinct, il tient toujours ma taille.

Mais vous savez ce qui est encore plus incroyable ? C’est qu’une certaine personne a vraiment un timing impeccable.

— Phi Phun… ? Phi Noh… ?



Le son de mon vieux scooter (cependant fraîchement lavé) retentit dans la rue sombre avant de s’arrêter juste devant ma maison comme prévu. Quel arrêt en douceur, mon char !

— C’est celle-là ? demande-t-il après avoir garé mon scooter devant la clôture bleue foncée.

C’est la première fois qu’il vient ici. Et bien, ce n’est pas comme si ma maison était aussi grande qu’un palais comme celui de Phun, désolé pour ça.

— Ouais c’est celle-la. Désolé si ce n’est pas très chic, hahaha.

Je décide d’être sarcastique avant de descendre de l’arrière du scooter. Phun est celui qui m’a conduit ici, selon les instructions de Pang. Naturellement, s’il ne l’avait pas fait, Pang ne m'aurait pas permis de partir et j’aurais fini par passer une autre nuit avec lui. Quelle folie ! Si je devais y passer une autre nuit, alors il pourrait tout aussi bien venir demander ma main à mes parents. J’ai aussi une maman et un papa, vous savez ! (Dans mon cas, je les appelle Ma et Pa.)

Vous devez probablement vous demander ce qui s’est passé après que Phun et moi soyons tombés l’un sur l’autre à cause de cette foutue éponge pendant qu’on lavait le scooter. Ce n’est sans doute pas difficile de deviner que Nong Pang, la fangirl yaoi, qui est aussi connue comme la petite sœur de Phun, nous a vus à ce moment-là. (Quel timing !) Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Enfin je suppose que c’est bien pour Phun, mais c’était une putain de chose horrible pour moi, merde ! À la fin, nous avons fini par nous regarder dans les yeux pendant que Pang laissait tomber les serviettes et s’enfuyait en criant (joyeusement).

Mais c’était hilarant. Phun et moi avons ri à gorge déployée sur le sol du garage (après que j’aie réussi à rouler loin de son étreinte !). Nous nous sommes essentiellement offerts comme torchons géants et avons essuyé le garage avec nos dos.

J’ai regardé le ciel nocturne (il n’y avait pas beaucoup d’étoiles) depuis le sol (sale). C’était magnifique et d’une certaine manière, ça m’a vraiment détendu.

— Qu’est ce que tu racontes ? Je trouve que ta maison est très accueillante, répond Phun, qui me distrait de mes rêveries. (J’ai presque oublié de quoi on était en train de parler.) Il m’aide à pousser la moto à l’intérieur de la maison après avoir ouvert le grand portail. Puis, je le referme et lui ouvre la petite porte pour qu’il sorte.

— Ok, rentre bien chez toi. Je ne te raccompagne pas.

Parce que ce serait ridicule si je le faisais. On finirait par se raccompagner à nos domiciles respectifs toute la nuit. Il se moque de moi avant de me faire un signe de la main et de s'éloigner.

— Oh, quant au budget de ton club.

Là, il parle de quelque chose qui retient totalement mon attention.

— Je suis encore en train d’essayer, donc il va falloir attendre encore un peu. Mais je te promets que tu l'auras à coup sûr.

Je suis heureux d’entendre ça.

Je hoche la tête et lui souris en retour. Il me fait à nouveau un signe d’au revoir avant de monter sur la moto-taxi qui passait par là, par hasard. Aujourd’hui, c’était une journée chaotique, mais c’était aussi amusant.

Avoir la chance d’apprendre à connaître Phun comme ça, c’est plutôt sympa…

Notes :
1/ Khun : Terme de respect placé devant le nom d'une personne en thaï.

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:09



8ème Chaos
Faire Confiance.
Je me suis réveillé avec des marques rouges sur le bras.

Je parie que c'est à cause du détergent pour voiture de la nuit dernière. Maudit soit ce gars, il n'arrêtait pas d'en verser sur moi. Stupide Phun. Mes bras à la peau claire sont maintenant couverts de taches rouges. Je ne suis plus beau.

Je rigole ! Ce ne sont que de petites marques. Ce n'est rien pour moi. Elles ne peuvent pas ruiner ma beauté, haha ! Attendez, est-ce que quelqu'un me traite de vaniteux ? Vous feriez mieux de faire gaffe !

En parlant de Phun, ça me rappelle que j'ai laissé ma montre chez lui. (Je l'ai enlevée avant de laver mon scooter. Je ne voulais pas que ma pauvre Diesel se noie). Je ferais mieux de l'appeler et de lui rappeler de l'apporter à l'école. Je suis mort si je la perds, mon grand-père me l'a achetée en Australie.

Je sors mon téléphone et l'appelle immédiatement.

J'ai dû essayer deux fois avant qu'il ne réponde enfin. Je pensais qu'il était déjà arrivé à l'école et qu'il ne pouvait pas entendre son téléphone sonner. Mais finalement, il a répondu !

— Hé, quoi de neuf, Noh ?

Bon sang, il a l'air tellement somnolent, que ça me met en rogne. Ne me dites pas qu'il était encore couché ! Il est déjà plus de sept heures !

— Tu ne viens pas à l'école ? Comment tu peux être encore endormi ? grondé-je au téléphone, mais il a le culot de bâiller en retour.

— Non, je ne viens pas. Tu as besoin de quelque chose ?

Hein ?!

— Oui, j'ai laissé ma montre chez toi.

— Ah, oui. Je l'ai gardée pour toi. Je peux te l'apporter demain ? Je ne pense pas que je vais aller à l'école aujourd'hui.

— Oui, bien sûr. Mais comment ça se fait que tu ne viennes pas à l'école ?

J'ai l'air d'être curieux, mais je n'ai pas pu m'en empêcher et j'ai dû lui demander. C'est le secrétaire du conseil des élèves et aussi un élève brillant, comment est-il possible qu'il ait décidé de sécher les cours sur un coup de tête ? Surtout que nous sommes très proches de cet événement chaotique qu'est la compétition de football. Je trouve ça vraiment difficile à croire.

On dirait qu'il y a une certaine hésitation au bout de l'autre ligne (peut-être que j'imagine des choses ?). À la fin, il trouve enfin les mots.

— Je ne me sens pas très bien. On peut parler plus tard ? J'ai vraiment sommeil.

— Bien sûr, bien sûr.

Je raccroche le téléphone, mais ça me dérange toujours.

Il ne se sent pas bien ?



Mon iPhone m'indique qu'il est huit heures passées. Je suis devant l'immense manoir. C'est le troisième jour consécutif que je m'invite ici. Suis-je devenu un fan inconditionnel de cet endroit ?

Alors qu'est-ce que je dois faire ? Je dois sonner à la porte ? Je n'arrête pas d'y penser tandis que je fais les cent pas devant la porte en acier inoxydable. Que dois-je faire ? Je veux juste savoir ce qui ne va pas chez lui et pourquoi il ne va pas à l'école. Si ce n'est pas ce que je soupçonne, alors j'irai à l'école après m’en être assuré. Mais si c'est ce que je soupçonne...

Argh ! J'ai besoin d'en avoir le cœur net !

— Oh, Khun Noh ! Vous êtes ici pour rendre visite à Khun Phun ?

Ce matin, la chance est de mon côté. Il se trouve que Tante Noi passait tout près. Je me précipite joyeusement vers la porte.

— Oui, qu'est-ce qui ne va pas avec Phun ?

— Il ne se sent pas très bien. Pourquoi vous ne rentrez pas, Khun Noh ?

La vieille femme ouvre la petite porte pour me laisser entrer. Je la salue correctement avant de me diriger vers la maison.

— Alors, qu'est-ce qui ne va pas avec lui, ma tante ?

Ne croyez pas que je vais arrêter de lui poser des questions. Elle me fait simplement un sourire doux au lieu d’y répondre.

Ne me dites pas... que Pang et vous partagez les mêmes idéaux, ma tante.

— Vous pouvez aller à l'étage et vérifier qu'il va bien, Khun Noh. Il dort dans sa chambre.

Et puis merde, ils peuvent tous penser ce qu'ils veulent (j'y suis habitué maintenant). Je lui fais un signe de tête avant d'entrer dans la maison, qui commence à m'être familière.

Les couloirs du deuxième étage sont si brillants d'avoir été astiqués. La porte en bois sculpté que je vois à côté appartient à la chambre de Phun. Je marche droit vers elle, puis je m'arrête juste devant pour réfléchir.

Je devrais juste faire irruption ! Je suis déjà arrivé jusqu'ici. Je tourne la poignée de la porte et j'entre. Vous vous attendiez à ce que je frappe d'abord ? Continuez à rêver.

— Yo, Phun ! dis-je fort, sans aucune considération (et aucune manière).

Mais je me tais quand je vois la personne que je viens d'appeler dormir profondément sur son lit, l'air épuisé.

Ouah, son corps entier est rouge comme celui d'une écrevisse cuite à la vapeur (j'ai faim). Il s'avère donc que j'avais raison après tout.

Je laisse mon sac d'école près de la porte et je m'approche rapidement de lui pour vérifier.

La peau de Phun est normalement très claire avec une nuance de jaune. Mais maintenant, sa peau est rouge, comme quand les gens ont des éruptions cutanées à cause d'allergies. Elles ressemblent à ce que j'avais sur le bras quand je me suis réveillé ce matin. Cependant, elles n'apparaissent pas seulement sur le bras de Phun mais partout. C'est incroyablement effrayant et douloureux.

Il est évident que la faute revient à quelqu'un. J'ai fait le bon choix en passant par ici avant l'école. Parce que si je l'avais découvert plus tard, je me serais probablement détesté.

— Ta peau s'irrite facilement mais tu as insisté pour être stupide et jouer le jeu.

Je me plains tout bas en m'asseyant près de son lit. Je jette un coup d'œil et vois des paquets de médicaments contre les allergies qui ont été ouverts ainsi quune bouteille d'eau. Je suppose qu'il les a déjà pris. C'est mieux que rien.

— C'est toi qui as versé le shampoing sur moi.

Oh, il ne dort pas ?! Cet enfoiré est vraiment un petit malin.

— Tu ne dormais pas ? Pourquoi tu fais semblant d'être mort ?

Je me plains encore tout en levant ma main pour le frapper. Mais j'ai de la peine pour lui, alors je m'arrête. Le patient au teint rouge a encore l'énergie de me faire un sourire en retour.

— C'est gentil de venir me voir.

Hilarant !

— Non... je suis seulement venu chercher ma montre, dis-je, et il rit de ma réponse idiote, peu importe, je vais le laisser s'en tirer pour cette fois. Alors, tu as pris tes médicaments ?

Furtivement, j'essaie de lui demander comment il va.

— Ta montre est là-bas, tu devrais aller à l'école maintenant.

Il est tout malade et pourtant il a le culot de faire le malin avec moi. Putain de Phun.

Il ferme les yeux et moi, je le fixe. Je me convaincs de ne pas blesser une personne déjà malade, puis je vais chercher ma montre sur la coiffeuse. Au lieu de partir, je m'assois sur le long canapé de sa chambre.

— Non, j'en ai pas envie. Je vais juste traîner chez toi à la place.

Je peux entendre ses gloussements. Ça m'énerve. Tu sais, je ne serais pas là si tu n'étais pas comme ça à cause de moi.

— Alors, comment ça va ? Tu as mal quelque part ? demandé-je en arrêtant de tourner autour du pot pour savoir comment il va.

— Ça me démange juste. Et ton bras ? marmonne-t-il en fermant les yeux.

Oh, il a remarqué les marques rouges sur mon bras ? Je jette un coup d'œil puis je hausse les épaules.

— C'est bon, à moins que tu veuilles gratter ma démangeaison.

— Mec, tu ferais mieux de faire attention.

Ce connard.

— Connard.

Je dis toujours ce que je pense quand il s'agit d'insulter quelqu'un.

— Haha, utilise un peu de ça. Ça aide beaucoup.

Il agite ses doigts paresseusement et désigne une zone près de son lit tout en gardant les yeux fermés. Je suis ses doigts et vois un tube de crème contre les allergies, alors je me dirige vers lui pour le prendre et en mettre sur mon bras.

— Tu en as déjà mis ?

— Pas encore. Je suis trop paresseux.

— Alors comment tu es censé aller mieux ?! Mets-en !

Il ordonne toujours aux gens de faire des choses, mais il ne le fait même pas lui-même. Je reste là à le fixer d'un air exaspéré.

Phun s'étire une ou deux fois avant de s'asseoir sur le lit. Son visage était autrefois si beau, avec une expression détendue, mais maintenant il a l'air incroyablement décharné.

— Tu peux le faire pour moi ? Je suis trop fatigué.

Je le savais. Les gens n'ont pas dit que tu étais un étudiant brillant et travailleur ? Je les mets au défi de venir le voir maintenant. Des mensonges, que des mensonges.

— Bien, bien. Enlève ta chemise, dis-je en m'asseyant sur le bord du lit, le tube de crème à la main.

J'attends qu'il enlève sa chemise, qui révèle qu'il y a des taches rouges sur toute sa peau claire.

— Ça en fait beaucoup.

— Oui. Je vais avoir de la fièvre dans l'après-midi.

Tu peux voir le futur ? Je suppose que ça lui arrive très souvent.

Je presse la pâte blanche du tube sur ma paume. Je prends une seconde avant de décider de plonger et de faire pénétrer la crème sur tout son dos. Sous ma main, je peux sentir de petites bosses que je ne peux pas voir avec mes yeux.

— Il va être vide rien que pour ton dos gigantesque, le houspillège, seulement parce que je n'arrive pas à finir de lui en mettre partout sur le dos.

Ce crétin a l'air maigre, mais il a un dos tellement large et viril. Phun rit de mon harcèlement avant de se retourner pour me faire face une fois que j'ai enfin fini avec son dos.

— Fatigué ? demande ce fainéant avec culot.

— Oui ! Je le suis ! Tu peux faire le devant toi-même. Je ne veux pas t'exciter ou quoi que ce soit, dis-je comme une blague, mais Phun me regarde avec des intentions cachées dans les yeux.

— Je suis déjà excité.

— Fais chier, alors fini tout seul.

Argh ! Je lui jette le tube et je peux entendre son rire.

— Je plaisantais ! Termine ça, j'ai froid.

— Alors pourquoi tu as mis la clim aussi fort ? Tu as perdu la tête ou tu es juste stupide ?

J'ai beau me plaindre, je suis déjà en train de mettre à nouveau de la crème blanche sur ma paume, comme cela m'a été demandé.

Il n'y a que le bruit de l'air conditionné qui remplit la pièce.

Je ne sais pas quoi lui dire d'autre. Il ne m'invite pas vraiment à discuter non plus. Ça ne fait que me rendre encore plus étrangement tendu. J'avoue que ma main se met à trembler lorsque je croise son regard juste avant que le bout de mes doigts ne touche sa poitrine.

Bon sang, pourquoi je suis si nerveux ? On est tous les deux des mecs ici. Et il n'a pas de seins comme sur le DVD que Ohm a téléchargé pour moi.

J'essaie de compter lentement jusqu'à dix dans ma tête tandis que j'étale le médicament sur sa large poitrine. Il est indéniable que le physique de Phun est assez tonique. Il est mince, mais pas longiligne. Ses muscles ne sont pas trop gros, mais ils ne sont pas trop petits non plus. Si ce n'est qu'il a des taches rouges sur tout le corps, je parie que toutes les filles voudraient de lui si elles le voyaient comme ça.

Je continue à étaler le médicament sur lui, car j'ai peur que si je n'en mets pas assez, il ne fasse pas effet. Ma paume se déplace de ses épaules à son ventre, puis elle arrive à la gauche de sa poitrine.

Alors que je lui masse la poitrine, je sens que quelque chose bouge fortement en dessous. Son cœur bat très vite, comme si son propriétaire était nerveux.

Cela me fait froncer les sourcils et je pose ma main à l'endroit où se trouve son cœur. Je lève les yeux pour lui faire face, mais il fait semblant de regarder ailleurs.

— Quoi ? Ça fait battre ton cœur à toute vitesse ?

Hahaha.

— Je serais mort s'il ne battait pas.

Écoutez-le, il a les couilles d'argumenter avec moi. Il peut être assez drôle quand il est timide.

Je lui fais un sourire en coin avant de finir. Puis je tords son téton parce que j'ai l'impression que je pourrais le dévorer.

— Ow ! C'est quoi ce bordel ?!

— Je n'ai pas pu m'en empêcher, maintenant rendors-toi. Remets ta chemise aussi pour ne pas attraper froid. J'ai toujours besoin de quelqu'un pour s'occuper du problème de budget de mon club.

Je l'aide à remettre sa chemise et je vois qu'il veut me frapper la tête avec ses doigts. Je ne peux pas m'empêcher de rire.

— Je vais dormir, n'hésite pas à te servir des consoles de jeux. Tu pourras descendre déjeuner plus tard, ça te va ? dit-il avant de s'envelopper dans la couette comme le ferait un petit enfant.

Je m'éloigne de son lit et lui adresse un signe de tête.

— Je vais avoir de la fièvre dans l'après-midi, ça ne te dérange pas de t'occuper de moi à ce moment-là ? marmonne-t-il de sous la lourde couette.

— Ouais.

C'est vraiment agréable d'avoir quelqu'un qui vous fait confiance, n'est-ce pas ?


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9ème Chaos
Hors D'état.
Boum !

Le son puissant provient du système home cinéma de Phun. J'ai l'impression qu'on se moque de moi parce que j'ai perdu, avec les mots "Game Over" qui clignotent sur l'écran. De frustration, je jette la manette après avoir perdu exactement une douzaine de fois.

Stupide Xbox. Ce n'est même pas drôle de jouer avec toi. L'IA du jeu a complétement triché. Je réfléchis (ou j'accuse les autres) pendant que je m'allonge sur le tapis, à court d'idées sur ce que je dois faire ensuite.



♪ Qui peut être gentil à toute heure ? Je suis une personne, pas le personnage d'un drama à la télé. ♪



Mais qui m'appelle, bon sang ? Je jette un coup d'œil pour voir mon téléphone sonner et vibrer près du cartable que j'ai laissé sur le canapé. Une partie de moi est paresseuse et n'a pas envie de répondre, mais l'autre partie de moi a peur que cela ne dérange le propriétaire de cette chambre et qu'il se réveille.

Alors je me précipite et attrape mon téléphone.

C'est Ohm.

— Quoi de neuf, connard ?

— Comment ça se fait que tu n'es pas là aujourd'hui ?! J'ai été puni par le prof et ce soir, je dois sortir les poubelles de leurs bureaux.

La voix inquiétante d'Ohm se fait entendre et je ne peux m'empêcher de rire de sa situation difficile.

— Comment tu t'es mis dans ce pétrin ?

— Je discutais avec Pong, façon message en papier.

— Comment tu t'es fait prendre à passer des notes ?

— Ça prenait trop de temps de faire passer les notes alors je la lui ai jetée, mais le prof s'est retourné et m'a vu.

Abruti. Bien fait pour lui.

— Tu penses que je suis un crétin, pas vrai ? Connard.

C'est quoi ce bordel ? Pourquoi est-ce qu'il m'insulte ?

— Alors, t'es où ? Si tu n'es pas là, qui va m'aider à sortir les poubelles ?

Donc, en gros, il n'est pas inquiet pour moi ou quoi que ce soit. Il veut juste que quelqu'un l'aide. Quel ami merveilleux.

— Je fais juste une petite course...

— Quelle course ? Ou tu es avec Yuri depuis hier ?

Il pense toujours aux choses les plus sales. S'il était là, je le frapperais sur la tête.

— Enfoiré.

C'est le mot le plus poli à utiliser pour quelqu'un comme lui.

Mais avant que je ne puisse entendre la réponse d'Ohm, de faibles bruits proviennent de Phun.

— Froid... froid... froid...

— Qui est avec toi ?

Putain de merde, non seulement il aboie comme un chien, mais comme eux il a une ouie excellente aussi. Je n'ai pas le temps de lui expliquer maintenant.

— Euh, je dois y aller.

— Froid… froid…

La voix de Phun devient progressivement plus tremblante.

— Qui est avec toi ?

— On se voit lundi.

Je lui coupe la parole et je raccroche. Je saute sur le thermostat et le monte jusqu'à trente degrés Celsius. Il va faire sacrément chaud.

Je fixe les chiffres qui viennent d'être changés et je peux déjà sentir que j’ai plus chaud. J'enlève ma chemise et la jette sur le canapé avant d'aller voir le patient qui est recroquevillé sur le lit.

Il semble vraiment être gelé. Il rassemble tout le duvet qu'il peut avoir autour de lui. Ses lèvres et son corps entier tremblent atrocement.

Même si j'ai échoué à mon cours sur la santé, je peux reconnaître qu'il a de la fièvre comme il me l'a dit plus tôt. Je commence à paniquer, car je n'ai jamais eu à m'occuper de quelqu'un comme ça auparavant. La première chose que je décide de faire, c’est de mettre ma main sur son front pour vérifier sa température. Il est aussi chaud qu'un fer à repasser !

Tu es sûr que tu n'as pas besoin d'aller voir un médecin ?!

Je panique encore plus. J'ordonne à mes jambes de faire des allers-retours pendant un long moment avant de trouver l'idée que je devrais probablement aller chercher quelqu'un pour l'examiner. Au moment où je m'apprête à sortir en courant, mon corps tout entier se fait renverser.

— Hé !

Je me débats alors que je suis entouré de bras brûlants, tout en étant complètement effrayé. Ce satané type m'a arrêté et me retient captif. Et de façon très serrée. J'essaie de m'arracher à son emprise, mais cet abruti ne veut pas me lâcher. Il n'est pas censé être malade ? Pourquoi s'enroule-t-il si étroitement autour de moi comme un anaconda ?

— Putain de Phun ! Lâche-moi !

J'essaie de me libérer parce que je n'ai pas l'habitude de ça, et je veux aussi partir pour trouver quelqu'un qui puisse l'aider. Son front se frotte contre mon cou et les bruits qu'il fait sont à peine audibles. Il n'est absolument pas conscient de ce qui se passe et me serre encore plus fort dans ses bras.

— Froid... froid…

Je peux encore entendre sa voix rauque qui résonne sans arrêt. J'arrête enfin de me débattre.

Je lève la tête (avec beaucoup de difficulté) et regarde le visage pâle de Phun. Certaines des marques rouges commencent à disparaître pour révéler son visage pâle. Je regarde ses sourcils qui se froncent et ses paupières qui sont étroitement fermées. Il est clairement à l'agonie. Ses yeux sont habituellement brillants et joyeux, mais pleins de malice. Ses lèvres sont normalement teintées d'orange clair, comme celles des filles qui se maquillent. Mais maintenant, il a l'air très faible et ne ressemble plus du tout à son apparence normale.

Je n'aime pas ça du tout. J'ai besoin qu'il se remette sur pied et qu'il recommence à plaisanter avec moi.

Quand je m'en rends compte, je décide de laisser tout mon corps reposer contre sa large poitrine et de permettre à son propriétaire de me prendre dans ses bras. Il gémit encore parce qu'il a froid. J'espère que cela va l'aider, même juste un peu.

Je ne sais pas si je me fais des idées, mais il semble se calmer. Ses muscles sont moins tendus et sa température corporelle revient à la normale.



♪ Je pourrais être marron, je pourrais être bleu, je pourrais être un ciel violet. ♪



J'entends une sonnerie inconnue qui rompt le silence. C'est la raison pour laquelle je me suis réveillé et que je me suis retrouvé avec Phun, serrés l'un contre l'autre comme si nous n'étions qu'une seule personne. Plus important encore, je suis toujours à plat ventre contre lui. (Je suis sacrément endolori.)

Est-ce que les gens vont généralement aussi loin quand ils s'occupent de quelqu'un qui a de la fièvre ?!



♪ Je pourrais être blessant, je pourrais être violet, je pourrais être tout ce que tu veux. ♪



Mika continue de chanter sur le portable de Phun. Et même si j'aime cette chanson, il faut que je réveille le propriétaire du téléphone. Je lui donne un violent coup de coude pour qu'il se réveille, parce que premièrement, c'est trop fort et ça m'ennuie, et deuxièmement, j'ai besoin qu'il me lâche !
Phun sursaute quand je le frappe. Il se réveille et voit la position dans laquelle on se trouve et il est encore plus effrayé.

— Wao !

— N'y pense même pas. C'est toi qui m'as fait ça.

Il a l'air effrayé, comme si c'était moi qui l'avais forcé. Je lui raconte en jetant un coup d'œil vers lui. Son menton touche à peine mon nez.

— Qu-qu'est-ce que je t'ai fait ?

Sors ton esprit de ce foutu caniveau. Il est très décontenancé par tout ça. Il ne réalise même pas ce qu'il a fait. Moi, je m'en suis complètement remis.

— Rien, rien. Tu as eu de la fièvre et tu n'arrêtais pas de dire que tu avais froid. Je me suis approché pour vérifier ta température, tu m'as apparemment pris pour un chauffage et tu m'as enlacé. C'est comme ça qu'on a fini comme ça.

Je lui explique les choses point par point. Il finit par comprendre et acquiescer. Son visage a repris des couleurs et il n'est plus aussi pâle que cet après-midi. Je suis content pour lui et tout, mais...

— Si tu as compris ce qui s’est passé, alors lâche-moi.

— D'accord, désolé, désolé.

Il me pousse tout de suite loin de lui. Génial. Je me dégage et me redresse sur le lit. J’étire mon cou de gauche à droite car j'ai dormi dans une position bizarre. Sérieusement, tout ton corps souffre quand tu dors sur quelqu'un.



♪ Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Pourquoi tu ne passes pas la porte ? ♪



À ce stade, M. Mika a fini le refrain de sa chanson. Je ne veux pas qu'il se lasse de chanter, alors je regarde le téléphone Nokia noir sur la table, puis je jette un coup d'oeil à Phun.

— Tu vas répondre ?

— Tu peux regarder qui appelle ?

Oh, encore en train de m'ordonner de faire des trucs ? Mais je m'approche et vérifie le téléphone sans protester. Je le laisse faire à sa façon, juste pour aujourd'hui.

Je vois une photo de couple bien éclairée sur l'écran du Nokia N81.

— Aim…

Je ne fais que lire ce qui s'affiche sur l'écran.

— Oh, je vais le prendre, je vais le prendre.

Phun fait un geste agaçant de la main pour prendre le téléphone. Bien sûr, ta petite-amie t'appelle. Je m'approche rapidement et lui passe le téléphone, car je ne veux pas que la personne au bout du fil s'énerve.

— Allô ? Hey. Je suis à la maison. Hein ? Qu'est-ce qu'il y a ? Oh, je suis désolé. On peut faire ça demain ? Je ne me sens pas bien aujourd'hui et j'aimerais me reposer un peu. Je suis désolé.

— Comment ça ? Mais tu m'as déjà promis que tu irais avec moi aujourd'hui !

J'étais curieux de savoir pourquoi Aim avait appelé et je le découvre enfin en entendant sa voix puissante au téléphone. La personne à côté de moi ne prend même pas la peine de porter le téléphone à son oreille. Phun tend le bras et me fait un sourire en coin quand il voit que j'ai un air surpris sur le visage.

— Mais... Oui... Bien sûr. Je vais venir te chercher à l'école ce soir. À tout à l'heure.

— Ne me dis pas que tu vas aller à un rendez-vous.

Ce crétin ne se rend pas compte qu'il est encore malade ?

— Ce n'est pas un rendez-vous, Aim veut aller acheter des chaussures, répond-il avec léthargie en posant son téléphone près de son oreiller.

Je l'attrape rapidement et le remets à sa place puisque j'ai entendu dire que laisser un téléphone près de son oreiller est mauvais pour la santé.

Quitter la maison alors que l'on est encore malade est également mauvais pour la santé.

— C'est la même chose. Tu vas vraiment y aller dans cet état ? demandé-je, me sentant complètement frustré.

Phun pose simplement sa main sur son front et ferme lentement les yeux.

— Je vais beaucoup mieux maintenant. En plus, j'ai promis à Aim que j'irais.

On a beau être proches maintenant, je ne suis pas en mesure de dépasser les limites quand il s'agit de sa vie privée.

Je n'ai rien d'autre à lui dire alors je le laisse dormir.

Ma tête remplie de nombreuses pensées.

Notes :
Sonnerie de Noh :
https://www.youtube.com/watch ?v=gJlKN8ne7tc&t=72s

Sonnerie de Phun :
https://www.youtube.com/watch ?v=EaEPCsQ4608&t=60s

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10ème Chaos
Tout Ce Que Je Peux Faire.
J'ai l'impression que ma vie est un épisode rediffusé d'une série parce que je suis de retour ici, alors que j'y étais déjà hier.

Il y a beaucoup d'étudiants et de travailleurs de toutes sortes qui se promènent sur Siam Square, l'endroit le plus branché et le plus fréquenté de Bangkok. Pour être honnête, la chose que je déteste le plus après les serpents, c'est de marcher sur Siam Square parce que c'est trop agité.

Et vraiment, si ce n'était pas parce que c'est important, je ne serais pas venu ici. Néanmoins, j'ai dit au revoir à Phun il y a environ une demi-heure et depuis, je le suis en secret.

Je me plains dans ma tête tout en gardant un œil sur Phun, qui n'est pas très loin d'où je suis. Je dois sans cesse l'esquiver pour qu'il ne me voie pas. Et comme je suis derrière lui, je peux voir toutes les filles qui passent devant lui se retourner et glousser entre elles. C'est assez drôle. Si je ne l’avais pas suivi, je n'aurais pas su qu'il était un produit si recherché.

Je continue à le suivre jusqu'à ce qu'il arrive à l'endroit où il doit la rencontrer... elle.

Mais il semble qu'Aim ne soit pas encore là. Je regarde Phun entrer dans le Starbucks récemment ouvert à côté du restaurant Pachino. Je peux clairement le voir quand il s'assoit à côté des vitres. (Je décide donc de faire semblant de me promener dans la zone proche du magasin Jousse pour pouvoir garder un œil sur lui. Mais il ne me voit pas, il me tourne le dos.

Je suis de plus en plus en colère en voyant Phun assis là à lire pendant qu'il attend Aim. Cette femme oblige mon ami (qui est malade) à venir la voir, et pourtant elle a le culot d'arriver en retard ? C'est tellement frustrant.

Je fais les cent pas dans cette zone si souvent que l'un des commerçants commence à se méfier, alors je décide de marcher jusqu'à un stand et d'acheter une boisson. Je reviens et Phun est toujours assis là, exactement au même endroit. Il a vraiment un rendez-vous avec sa petite amie ou il cherche juste un nouvel endroit pour lire ?

Une demi-heure plus tard, je vois enfin Aim qui se dirige vers le Starbucks, toujours vêtue de son uniforme scolaire. Heureusement, sa peau est si lumineuse que je la repère juste à temps pour me cacher. Je fais immédiatement semblant d'être un acheteur chez Jousse. (La commerçante est probablement déconcertée car j'ai continué à marcher devant le magasin pendant des lustres avant de réellement entrer). Car je sais que mon short bleu vif se remarque autant qu'elle. Ces filles du lycée privé sont rapides à repérer les shorts bleus que l’on porte.

Je fais semblant de regarder les vêtements du magasin (tous des vêtements féminins) tout en jetant un coup d'œil en arrière de temps en temps pour voir comment ils vont. En apparence, ils semblent plutôt heureux. Mais je me souviens qu'avant que Phun ne quitte sa maison, sa fièvre était déjà revenue.

C'est pourquoi je suis si inquiet.

J'attends patiemment que ces deux-là finissent leurs cafés et leurs gâteaux. Il se passe un long moment avant qu'ils ne partent enfin. Les suivre est plus facile que de les observer au même endroit. Au moins, je n'aurai pas de commerçant qui me regardera bizarrement. Je continue à les suivre sur la rocade. Je me souviens que Aim veut acheter des chaussures.

Mais une fois que je suis sorti de la rocade, je suis surpris par la quantité de personnes qui se promènent ici. Il y a tellement de monde que je commence à craindre que Phun ne tienne pas en place. Il y a tellement de femmes qui s'arrêtent pour faire du shopping avant de rentrer chez elles. Le chemin à parcourir est déjà étroit comme il l'est. Je garde anxieusement un oeil sur Phun. Non seulement il est toujours malade, mais je le vois porter le cartable d'Aim et un autre sac à dos. J'ai vraiment envie de lui donner une claque sur la tête pour sa courtoisie déraisonnable.

Je regarde Aim entrer et sortir de tous les magasins. Mais il ne semble pas qu'elle ait acheté de chaussures, ni rien d'autre d'ailleurs. Quoi ? C'est si difficile d'acheter des chaussures ? Est-ce qu'elle essaie de chercher les pantoufles de vair de Cendrillon ? Pourquoi elle n'a pas pensé au genre de chaussures ou aux magasins à visiter avant ? Pourquoi elle traîne mon ami partout comme ça ?

Je l'admets, à ce stade, je suis incroyablement ennuyé. Je continue à mâcher la paille en les suivant pendant un si long moment que je commence moi-même à avoir mal aux pieds. En plus, le ciel devient maintenant violet foncé.

Enfin, on arrive tous les trois à la zone de Bonanza, qui est encore plus bondée que la zone précédente. Pourquoi tout le monde est là ? Il y a un magasin qui donne des trucs gratuits ? Je vais en ramener à la maison pour maman. Je doute que quelqu'un comme Aim achète quoi que ce soit ici.

Comme je le pensais, ces deux-là marchent sans but. (J'ai failli les perdre plusieurs fois.) Du premier au troisième étage, puis ils sont allés au 29 Plaza. Ils sont partis sans rien acheter du tout. Je ne vois toujours que le sac d'école et un sac fourre-tout dans la main de Phun. (Comment il fait pour tenir aussi longtemps ?)

Aim, Phun est pratiquement en train de mourir, tu ne le vois pas ?!

Je suis de plus en plus frustré à mesure que je suis ces deux-là. On continue à suivre les rues secondaires près de Siam Square pendant un moment avant que Aim ne fasse entrer Phun dans un magasin de vêtements pour femmes.

Je lève les yeux et lis l'enseigne du magasin. C'est aussi l'un des magasins préférés de Yuri. Je secoue la tête, il est hors de question que j'entre dans un magasin aussi petit. Je décide de me rendre à la librairie Dokya et d'y attendre en regardant quelques livres.

Après un long moment, assez long pour que je finisse environ trois bandes dessinées, je vois que ces deux-là quittent enfin le magasin. (Bien sûr, je m'étais déjà réfugié dans la librairie.) Je ne peux m'empêcher de me demander si elle a vraiment tout acheté dans ce magasin car ce que je vois devant moi, c'est un énorme sac dans la main de Phun. Je n'ai aucune idée si ce sont des vêtements ou des chaussures. J'espère juste qu'elle laissera mon ami rentrer chez lui maintenant.

Mais... pourquoi ils se dirigent vers Siam Paragon ?!

Je me traîne à la suite de ce couple d'amoureux sans baisser les bras. Bon sang. Je suis trop fatigué, je ne peux pas imaginer dans quel état est Phun. Il est toujours malade et on lui ordonne de continuer ce marathon. Si je pouvais, je courrais vers lui, je l'attraperais par le col et je le traînerais moi-même à la maison. Mais je ne pense pas que Phun serait d'accord avec ça.

Siam Paragon n'est pas aussi fréquenté que les autres quartiers, mais c'est gigantesque. Je me sens épuisé en pensant à la taille de cet endroit. Ne me dites pas qu'elle a l'intention de faire marcher mon ami partout ici aussi. Il va mourir ! (Si ce n'est pas lui, alors ce sera moi.)

Je continue de les suivre jusqu'à ce qu'ils entrent dans un magasin de marques de luxe. (Ma tante est une habituée ici.) Ok, alors. Il n'y a pas moyen que je les suive là-dedans.

Je tourne autour de la zone en devenant pratiquement fou parce que je suis vraiment inquiet pour Phun. J'ai vu son visage avant qu'il n'entre. Il était presque aussi pâle que cet après-midi.



♪ Qui peut être gentil à toute heure ? Je suis une personne, pas le personnage d'un drama à la télé. ♪



Putain de merde ! Mon téléphone sonne bruyamment dans la poche de mon pantalon. Je réponds rapidement sans même regarder le numéro de l'appelant.

— Allô ?

— Qu'est-ce que tu fais, Noh ?

C'est Yuri !

Je bégaie, mais je réalise ensuite que je ne fais rien de mal.

— Je fais juste une course, qu'est-ce qu'il y a ?

— Pas grand-chose, j'ai entendu dire que tu n'étais pas allé à l'école aujourd'hui alors j'ai appelé pour voir comment tu allais. J'étais inquiète parce que je pensais que tu étais peut-être malade.

Ces mots me font sourire.

— Qui t'a rapporté tout ça ?

— J'ai mes sources, hehe. Mais je suis contente que tu ne sois pas malade. Où tu es en ce moment ? C'est tellement bruyant.

Si je lui dis que je suis à Siam Paragon, elle voudra venir me voir. Elle passe généralement son temps ici après l'école. Les petits engrenages de mon cerveau commencent à tourner.

— Je fais juste une course, je dois y aller. Bye.

Et je raccroche ! Je me moque que quelqu'un m'accuse d'être trop cruel, j'ai juste besoin de me sauver dans la situation actuelle.

Phun et Aim se présentent quelques instants seulement après que j'ai raccroché le téléphone. Je vois un sac rouge vif avec le logo du magasin dessus. Je les regarde se mettre d'accord sur quelque chose avant qu'ils ne se dirigent vers l'entrée du centre commercial.

Ils partent enfin ?! C'est plutôt une bonne idée ! Je lance mon poing en l'air et oublie presque de courir après ces deux-là.



Phun se tient devant le centre commercial en portant tout (un cartable, un sac fourre-tout et deux autres sacs de courses) alors qu'il attend un taxi avec Aim qui tient un smoothie qu'elle a acheté dans le hall de restauration de Siam Paragon. La file d'attente pour attraper le taxi est assez longue, comme si les gens faisaient la queue pour acheter des billets pour le concert de Phi Bird Thongchai. Je remarque que Phun se balance d'avant en arrière.

Je louche sur la grande silhouette de mon ami qui se vacille. Même à cette distance, je peux voir qu'il est blanc comme un linge. Je commence à avoir vraiment peur. Et puis, ce dont j'avais ce que je craignais se produit réellement.

Tous les objets que Phun tenait tombent sur le sol avec son corps. Je refuse de laisser cette scène se poursuivre et je me précipite pour le rattraper avant que la gravité ne prenne le contrôle et que sa tête ne heurte le sol.

Phun est en train de brûler comme s'il était en feu.

— Phun ! Tu vas bien ?! demandé-je même si je n'attends pas de réponse.

Je lance un regard paniqué à l'agent de sécurité tout proche pour qu'il nous trouve un taxi.

— Noh ?!

J'entends la voix perplexe de Aim, mais je ne m’en soucie pas. Je tire Phun de la file d'attente des taxis pour qu'il puisse s'asseoir près de la fontaine. Je détache sa ceinture et attrape tous les sacs d'Aim qui sont sur le sol.

Aim se tient à côté de moi. Mais à partir de maintenant, je ne regarde même pas le visage de cette femme. Je savais que je n'aurais pas dû laisser ça se produire. Pour être honnête, je devrais me détester d'avoir laisser ça arriver à Phun, car c'est moi qui l'ai laissé quitter la maison.

— Phun ne se sentait pas bien aujourd'hui, dis-je sans la regarder, donc je n'ai aucune idée de sa réaction à tout ça.

Je trouve difficile de contrôler mes émotions en ce moment.

— Noh !

Putain de merde ! Je sursaute de toutes mes forces lorsque j'entends une voix aiguë appeler mon nom. Je n'ai pas besoin de regarder pour voir qui c'est. Pourquoi il faut qu'elle se pointe maintenant ?!

— Comment ça se fait que tu ne m'aies pas dit que tu étais dans le coin, Noh ? Oh, Aim ? Phun ? demande-elle en se précipitant vers moi.

Elle est assez intelligente pour comprendre quand elle voit un Phun inconscient assis près de moi et décide d'arrêter de parler.

— Je t'ai dit que j'avais une course à faire. Toi et Aim pouvez rentrer chez vous, d'accord ? Je vais d'abord faire sortir Phun d'ici.

Je ne reste pas à attendre de réponse et balance tous les sacs à Aim avant d'aider avec beaucoup de difficultés, un Phun semi-conscient à monter dans un taxi.

Ce serait mauvais si je le ramenais chez lui. Je suppose que je vais l'emmener chez moi pour le moment.


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Ven 6 Sep 2024 - 23:10



11ème Chaos
Esprit Ouvert !
Ce type n'arrête pas de se réveiller et de se rendormir pendant le trajet en taxi.

A chaque fois que j'ai l'impression qu'il est trop silencieux, je jette un coup d'œil à son visage, qui n'est plus beau maintenant. Je m'accroche à son bras pour essayer de vérifier sa température. Je fais aussi ça pour lui faire savoir que je suis là, avec lui, et que je ne le quitterai pas.

Il est tellement brûlant que je ne peux m'empêcher de lui proposer.

— Allons voir un docteur.

Mais bien sûr, j'ai beau insister, le supplier, l'implorer ou le menacer, il persiste à me dire ce qu'il m'a dit il y a quinze minutes.

— C'est bon, j'irai mieux après m'être reposé.

Est-ce que j'ai l'air d'une putain d'infirmière pour toi ?

Je secoue ma jambe avec impatience tout en indiquant au chauffeur le chemin à prendre. Assez rapidement, le taxi bleu clair se gare devant ma maison.

— Pas aussi chic que chez toi, j'espère que tu pourras dormir ici, dis-je avec sarcasme.

Mais ce que je reçois en retour, c'est un léger rire. Il n'a pas assez de force pour m'insulter en retour, je le sais. Haha.

Je tombe sur Maman et Papa dans le salon quand je porte Phun à l'intérieur. Qu'est-ce que je dois leur dire ? Leur fils a ramené un homme à la maison. Maman et papa ne peuvent pas penser de la même façon que les gens du manoir Phumipat, n'est-ce pas ? Hahaha...

— Salut, Pa ! Ma !

Je suis un bon garçon même si je meurs d'envie de me précipiter dans ma chambre (j'ai peur que Phun meure). Mais je dois présenter mes respects à mes parents pour la sécurité de mes biens (comme mon argent de poche).

— Tu as déjà dîné, Noh ? Hey ? Qu'est-ce qui ne va pas avec ton ami ?

Maman est la première à remarquer que quelque chose ne va pas. Elle demande si fort que Papa se retourne et regarde aussi.

— Qui est-ce que tu portes ?

— Bon-Bonjour...

Phun les salue pitoyablement. Il est vraiment malade et pourtant il se donne la peine d'être aussi poli, franchement. Je me dis ça en le voyant lever faiblement ses mains pour leur rendre hommage.

— C'est mon ami. Il est trop malade pour rentrer chez lui. Il peut passer la nuit ici ?

— Vite, emmène-le en haut pour qu'il puisse s'allonger, je vais apporter des médicaments.

Ma mère n'est-elle pas trop adorable ? En fait, tout le monde dans cette maison est très gentil. Sinon, Ohm, Keng et les autres ne viendraient pas si souvent.

Une fois que j'ai le feu vert, je monte précipitamment Phun à l'étage et me dirige vers ma chambre.



— Dors ici. Désolé, le lit n'est pas aussi grand que le tien.

J'aide Phun, qui à ce stade est presque comateux, à se mettre sur le lit. Il a l'air beaucoup plus à l'aise maintenant qu'il y a un matelas qui soutient son dos.

Il marmonne doucement des remerciements, mais je n'y prête pas vraiment attention. Je suis trop occupée à contrôler le climatiseur pour qu'il aide à stabiliser la température corporelle de Phun. Je garde constamment un œil dessus afin que la pièce ne devienne pas trop froide.

En raison de sa forte fièvre, il s'agrippe à mon édredon comme s'il s'agissait d'un trésor inestimable. Pfff. Il aurait vraiment dû prendre plus soin de lui.

Toc toc.

— Entre.

— J'ai apporté les médicaments pour ton ami. Il a de la fièvre, c'est ça ?

J’ai un grand sourire en voyant la bouteille d'eau et le flacon de médicaments.

— C'est ça. Je lui dirai de te remercier quand il se réveillera.

— C'est bon. Alors, qui c'est ? Je ne l'ai jamais rencontré avant. Tu as prévenu sa famille ?

D'habitude, ma mère ne voit que ce bâtard d'Ohm, ce connard de Keng, et le reste des losers. Quelqu'un avec une bonne réputation comme Phun n'est jamais venu dans cette maison. J'ai de la peine pour elle.

— C'est un ami de l'école, maman. Il s'appelle Phun. Il est malade, alors je l'ai amené ici. J'étais sur le point d'appeler sa famille pour les prévenir, réponds-je tout en regardant la personne qui dort profondément sur le lit.

Je pousse un grand soupir de soulagement.

— Change ses vêtements et passe-lui une serviette humide, chéri. Il ne doit pas être à l'aise pour dormir comme ça, dit-elle avant de quitter ma chambre.

Oh, c'est vrai. J'avais complètement oublié ça. Je ne devrais vraiment pas le laisser dormir avec son jean.

Je jette un coup d'œil au gars assoupi sur le lit avant d’aller attraper une bassine, une petite serviette et un ensemble de vêtements propres.

— Phun. Phun. Phun ! Réveille-toi et prends ton médicament.

Il m'a fallu un certain temps pour arriver à le réveiller en le secouant. Je lui ai donné le médicament avec un peu d'eau, puis je l'ai laissé se rendormir. Il a une mine affreuse. Je suppose que je peux oublier l'idée qu’il se lave tout seul.

— Tu veux te débarbouiller ? Tu ne seras pas à l'aise pour dormir comme ça. Je vais t'aider.

Je le harcèle tout en retirant sa chemise. J'ai eu beaucoup de mal à l'enlever. (Alors tu ne vas vraiment pas le faire toi-même ?) Enfin, il y a un homme torse nu allongé sur mon lit. Sa poitrine bouge de haut en bas. C’est difficile de dire s'il s'est rendormi ou s'il n'a plus assez d'énergie pour bouger.

Je ne dis pas grand-chose, mais j'essore la serviette humide et le nettoie. Je commence par son visage d'une pâleur maladive, mais qui commence pourtant à reprendre des couleurs. Puis, son cou fin qui émet difficilement des bruits.

Je fixe le visage de Phun et passe à ses longs bras. Il n'est plus aussi brûlant que lorsqu'on était dans le taxi. Mais il est encore très chaud. Je fais des allers-retours entre son cou et ses deux bras avant de passer au nettoyage de son torse.

Je trempe la serviette dans l'eau et l'essore une fois de plus avant de recommencer à essuyer méticuleusement sa poitrine car il s'était promené et avait transpiré dans tout Siam. Je veux juste qu'il se sente à l'aise. Il se tend quand j'arrive à son estomac.

— Mmm…

Putain, pourquoi il gémit ?!

— Putain, pourquoi tu gémis ?! Tu rends ça bizarre, crié-je sur lui avant d'appuyer sur son ventre assez fort pour sentir ses muscles et il laisse échapper un léger gloussement.

— Tu me rends nerveux.

Peut-être qu'il n'est pas si malade s'il peut me répondre.

— C'est sur le point d'empirer. Enlève ton pantalon, ordonné-je directement en jetant la serviette dans la bassine d'eau alors que Phun sort de sa torpeur et écarquille les yeux.

— Hein ?!

— Putain, pourquoi tu es si effrayé ? Tu vas dormir en portant ton jean ? Si tu te sens mieux maintenant, tu peux l'enlever toi-même. A moins que tu veuilles que je le fasse pour toi ? le grondé-je avec les mains sur ma taille.

Parfois, j'ai l'air menaçant, haha. Je regarde fixement le gars dont le visage est encore sous le choc. Je secoue la tête avant de m'avancer et de commencer à déboutonner son pantalon et à descendre la fermeture éclair.

— Woo !

— Pourquoi tu es si pudique avec moi ? Je te promets que je ne dirai à personne si tu en as un petit. Enfin, à part les membres du club de musique, les membres du conseil étudiant, le reste des élèves de première et les amis de ta copine au lycée privé.

Est-ce que ça ne sonne pas bien ? Hahaha. Naturellement, Phun s'accroche à son jean comme si c'était le dernier objet précieux qui lui restait.

— On... on n'a pas vraiment besoin de faire ça.

— C'est quoi ce bordel ?! On est tous les deux des mecs ici ! Arrête d'être si ennuyeux et gêné ! Enlève-le ! Enlève-le ! Enlève-le ! Enlève-le !

Ce n'est pas comme si un patient malade pouvait se battre contre un gars en bonne santé comme moi. Je n'ai pas besoin d'utiliser beaucoup de force pour retirer ses mains du jean et enlever son dernier vêtement.

Arrêtez d'avoir l'esprit mal placé ! Je n'ai pas enlevé son boxer ou quoi que ce soit !

— Ne choppe pas la trique pendant que je te lave les jambes, je ne pourrais pas gérer ça. rappelé-je à l'avance avant d'essorer la serviette et de recommencer à le nettoyer.

Je l'entends rire, on dirait qu'il arrive enfin à se détendre. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir exalté parce que j'ai gagné contre lui sur quelque chose aujourd'hui.

Après avoir terminé avec Phun, je pars prendre une douche pour me rafraîchir. J'ai déjà éteint nos deux téléphones pour qu'il puisse dormir sans être dérangé.

Je commence à penser à tout ce qui s'est passé jusqu'à présent tandis que l'eau coule sur moi.

Phun et moi on se connaît depuis longtemps puisque notre école commence au collège et se termine au lycée. Ce n'est donc pas si étrange pour nous de nous croiser depuis que nous sommes petits (Phun n'était pas un bel enfant pourtant, hahaha).

D'après ce que je me rappelle de Phun, c'est quelqu'un de très gentil. Il n'est pas exagéré de dire qu'il est presque parfait. Il est grand, beau, intelligent et vient d'une famille riche. (Cela commence à ressembler à un slogan.) Il est connu pour son bon comportement. Il est doué pour la musique, le sport et les langues. En gros, il a tout. Et surtout, sa petite amie est d'une beauté si éblouissante que les gens ne peuvent s'empêcher de parler d'elle.

Le plus étrange dans tout ça ? Pour quelqu'un qui est d'une perfection irritante, je n'ai jamais entendu personne dire du mal de Phun. Personne ne semble le détester. Personne n’est amèrement jaloux de lui.

J'y pensais souvent, à l'époque où je n'avais pas encore appris à le connaître. Je me demandais pourquoi, puisque nous, les hommes, avons tendance à avoir un énorme ego. C'est dur de voir que d'autres font mieux que nous. Il y a des gens qui détestent les couilles de quelqu'un d'autre et les bagarres éclatent. Mais cela ne s'est jamais produit avec Phun. Tout le monde lui fait confiance et il a tellement de bons amis autour de lui.

J'ai toujours été très curieux à ce sujet. Grâce à ces derniers jours, je connais enfin la réponse.

C'est parce que Phun est plus que quelqu'un de parfait. Pour moi, je peux voir au-delà de toutes les soi-disant compétences parfaites qu'il possède. Au cours de ces trois derniers jours, il m'a prouvé que sa perfection est simplement le fait d'être une bonne personne sans jamais s'en vanter auprès de quiconque.

Phun traite tout le monde autour de lui avec beaucoup d'attention et des intentions pures. Je le vois à la façon dont il traite Aim, dont il me traite et dont il traite ceux qui l'entourent. Il peut parfois être un petit malin, mais c'est quelqu'un qui vaut la peine d'être gardé plutôt que d'être mis sur la touche.

Maintenant que je suis plus proche de Phun, je ne me demande plus pourquoi tout le monde semble l'aimer autant malgré le fait que notre école a un tas de gars qui sont plus cool que lui.

Ces yeux remplis de courage et de sincérité sont la réponse.

Phun est vraiment plus que toutes ces choses.



Quand je sors de la salle de bain, je vois que Phun dort profondément. Il porte les vêtements que je lui ai donnés.

Je pose ma main sur son front et remarque qu'il s'est un peu rafraîchi. Il semble qu'il soit encore gelé, car je l'entends marmonner misérablement.

— Je vais éteindre les lumières maintenant.

Normalement, je ne dors pas si tôt. Mais si je laissais cette personne malade dormir toute seule pendant que je suis parti jouer à DotA, alors cela ne fait-il pas une personne vraiment horrible de moi ?

J'essaie d'écouter sa réponse, mais je ne peux que l'entendre marmonner quelque chose d'inintelligible. Je suppose qu'il me donne la permission d'éteindre, haha. Alors je coupe toutes les lumières de ma chambre, ne laissant que le clair de lune qui brille par les interstices de la grande porte du balcon. Il y a assez de lumière pour que je puisse voir le visage de Phun.

Je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qu'il pense en ce moment car il fronce les sourcils. Un petit sourire se dessine sur mon visage et je me penche pour lui frotter doucement le dos, en espérant que cela puisse l'aider un peu.

— Mmm…

Il laisse échapper un petit bruit lorsque je le touche avant de se recroqueviller encore plus. Je me désole car l'air conditionné est réglé si fort qu'il fonctionne comme un chauffage à ce stade. Maudit soit ce gars.

— Froid…

C'est sa phrase d'accroche du moment. Je glousse doucement avant de m'allonger sur le lit.

Je regarde mon ami qui continue à frissonner. Après quelques instants, une idée me vient à l'esprit.

Je prends son bras et le mets en travers de mon corps. Je m'attendais pas à une réaction de surprise de sa part. Il me regarde avec des questions dans les yeux. Je lui fais un sourire.

— Tu n'as pas froid ? Je suis prêt à être ton chauffage pour une nuit.

Nous sommes amis, ce n'est pas une chose si étrange à faire, n'est-ce pas ? (Bien que, je n'ai jamais fait ça avec Ohm. Les fous ne tombent jamais malades. Ohm n'a même jamais eu un rhume. Parfois, j'aimerais qu'il tombe malade, juste pour qu'il soit un peu plus calme).

Phun semble également surpris par ce que je lui ai dit. Sa main tremble un peu, mais je ne sais pas exactement pourquoi.

— Je... je ne devrais pas. Je ne veux pas être un fardeau pour toi.

Hum, ce n'est pas un peu trop tard pour dire ça, mon pote ?

Je soupire devant son entêtement avant de me pencher et de poser ma tête sur sa poitrine chaude. Ensuite, j'enveloppe son corps avec mes bras.

— Oui, tu es très attentionné. Ta fièvre n'est pas tombée quand tu m'as pris dans tes bras cet après-midi ? Tu pourrais aussi bien faire la même chose ce soir. C'est samedi demain, tu auras tout le temps de te reposer, dis-je en rapprochant ma tête de sa poitrine.

On dirait que Phun ne sait toujours pas s'il doit me traiter comme son chauffage personnel ou pas.

— Je... je ne veux pas que tu tombes malade aussi.

— Je ne suis pas une mauviette, je n'aurais pas de fièvre aussi facilement que toi.

— Ce n'est pas si simple, tu m'as trempé dans ce foutu shampoing.

— Tais-toi et dors.

Pourquoi veut-il se disputer avec moi ? Il a assez d'énergie pour ça ? Je commence moi-même à avoir sommeil, alors je lui donne un coup de coude pour lui rappeler qu'il doit se reposer.

Après un moment, le corps de Phun se détend. Il place lentement et à contrecœur ses bras autour de mon corps.

Je m'allonge contre son corps chaud tout en restant complètement immobile. Mais alors, je sens que quelqu'un décide de me serrer de toutes ses forces.

À ce moment-là, je ne sais pas vraiment ce que nous sommes en train de faire. Je sais seulement que je veux le serrer dans mes bras, quelle qu'en soit la raison.

On écoute le cœur de l'autre battre à l'unisson sous le doux clair de lune.

— Fais de beaux rêves...

— Bonne nuit.


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:10



12ème Chaos
Confusion
C'est samedi matin et je suis le premier à ouvrir les yeux.

J'ai dit qu'il pouvait me prendre dans ses bras et il en a vraiment profité. Merde ! Il est toujours collé à moi comme de la glue ! Je jette un coup d'œil à son bras et je me demande curieusement comment j'ai pu rester immobile assez longtemps pour qu'il me tienne dans ses bras (d'habitude, je bouge tellement que les affaires sur mon lit finissent sur le sol le matin).

Je redresse mon cou pour jeter un coup d'œil à la personne qui me tient comme si j'étais sa femme. Attendez ! Ce n'est pas une bonne analogie ! Deuxième prise ! Je redresse le cou pour regarder la personne qui me tient comme si j'étais quelqu'un qui lui doit de l'argent.

Oh... la première était meilleure ? Peu importe. Vous comprenez ce que je veux dire. En gros, il me serre très fort dans ses bras.

Je veux dire, j'essaie toujours de tordre mon cou pour pouvoir regarder le bout de son menton, mais je n'y arrive pas. (J'ai trop mal.) Je ne peux percevoir que les respirations tremblantes provenant de son nez puisqu'il est encore endormi. Ah, j'ai vraiment chaud maintenant. La climatisation est allumée mais c'est comme si elle ne l'était pas. Je me rapproche de Phun pour pouvoir prendre sa température. (Arrêtez d'avoir des pensées cochonnes.)

Il est beaucoup plus frais qu'hier. Il a encore un peu chaud, mais je peux dire que sa fièvre a baissé grâce aux gouttes de sueur sur sa poitrine.

Bon, je devrais y aller et être un bon hôte. J'essaie de me libérer de ses bras fermes, mais j'ai à peine le temps de bouger que Phun se réveille.

— Hein... ?

— Lâche-moi une seconde, je reviens tout de suite, dis-je en me dégageant de ses bras, mais leur propriétaire ne veut pas me laisser libre.

— Tu vas où ?

Pourquoi est-il un patient si problématique ? Je lui lance un regard agacé.

— Laisse-moi partir...

Il me lâche une fois qu'il a entendu la sévérité de ma voix. Haha, comme si Phun Phumipat pouvait rivaliser avec le Grand Noh ! C'est impossible !

Je roule loin de sa poitrine et reprends un peu mon souffle. C'est tout à fait naturel pour quelqu'un qui a été serré si fort pendant toute une nuit de faire ça. Je règle la température et me mets un peu plus à l'aise avant de trouver assez d'énergie pour me traîner hors de la pièce.

— Repose-toi ! Je serai bientôt de retour !

Il a intérêt à se reposer quand je reviens ou il va en prendre plein la vue.



— Nong Noh, tu t'es levé tôt aujourd'hui, me salue Phi Ann, qui est techniquement ma nounou, d'une voix enjouée ce matin.

Mais, il est vraiment si tôt ?

Je lève les yeux pour regarder l'horloge sur le mur, elle indique dix heures. Je suis debout assez tôt aujourd'hui. D'habitude, je ne suis pas debout avant l'après-midi, hahaha. Je suppose que j'ai eu très chaud et que ça m'a réveillé.

— Qu'est-ce qu'il y a à manger, Phi Ann ?

Je demande de la nourriture avant tout. C'est comme ça qu'elle sait que c'est, en fait, le vrai Noh. J'aurais dû regarder avant de demander, car elle porte un grand panier à linge. Notre famille n'a pas un tas de personnel comme chez Phun. Nous n'avons que Phi Ann et Phi Im qui m'ont élevé depuis que je suis tout petit. Nous sommes si proches que nous nous considérons comme des frères et sœurs. En tout cas, où est passé Phi Im aujourd'hui ?

— Im a acheté du porc mariné au marché plus tôt ce matin. Nous pensions le faire frire et préparer une soupe. Mais je ne sais pas où elle est allée. Elle doit être en train de bavarder avec tante Daeng au restaurant de salades de papaye, dit-elle en ramassant une serviette sale que l'un des membres de la famille a laissé sur le canapé (probablement moi, heh heh).

— Je vais d'abord mettre ça à laver et je reviens te préparer quelque chose, Nong Noh.

— C'est bon, c'est bon. Je vais préparer quelque chose moi-même. Comment tu prépare ce truc ? répond-je rapidement, car je ne veux pas lui donner plus de travail à faire et je pense aussi que le mec malade à l'étage devrait avoir quelque chose de plus léger que du porc mariné frit.

J'attrape le paquet de porridge instantané Knorr, le retournant dans tous les sens tout en prenant un air intéressé.

— Tu le mets juste dans une casserole, verses un peu d'eau et laisses cuire pendant environ quatre minutes jusqu'à ce que le riz gonfle. Ensuite c'est prêt.

Ça semble assez simple. Je vais juste faire ce truc.

— Merci, Phi Ann. Tu devrais aller finir ce que tu allais faire, je peux m'occuper de ça tout seul, dis-je avec un sourire pour qu’elle me croie.

Disons que je vais essayer de ne pas mettre le feu à la cuisine.

J'entends le bruit de la soupe qui bout et le riz qui gonfle, comme Phi Ann me l'a dit. J'utilise une grande cuillère pour remuer tout en réfléchissant à ce que je devrais ajouter à cette soupe.

Je m'approche pour prendre un œuf dans le réfrigérateur. Je le casse avec hésitation, je n'ai jamais fait ça de toute ma vie !

L'œuf a touché ma main, mais il est toujours en un seul morceau. Je m'en sors quand même beaucoup mieux que Ohm. A chaque fois que ce bâtard essaie de montrer qu'il casse des oeufs, ils finissent tous brouillés sans même avoir essayé. Peut-être que j'ai un don caché quand il s'agit de cuisiner ? Je devrais essayer de devenir chef. Est-ce que quelqu'un vient encore de m'insulter ? Parce que je me vante d'avoir cassé un œuf sans faire de dégâts ?

Au moins, je gagne un peu de confiance puisque je n'ai pas merdé. Je roule du porc haché en petites boules et je les mets dans la marmite comme Phi Ann l'a fait dans le passé. Wow, ça a l'air vraiment bon. Peut-être que je devrais le manger moi-même. Attendez, non, non. Ce mec est toujours malade. Il devrait manger ça, je vais juste attendre le porc mariné frit et la soupe à la place. Haha, ce sera beaucoup plus satisfaisant.

Je continue à remuer jusqu'à ce que (je suppose) le porc soit cuit, alors j'éteins la cuisinière et verse ce que j'ai fait dans un bol que j'avais déjà préparé. Je saupoudre un peu de coriandre sur le dessus. Comme c'est joli ! Qui a fait ça ? Même le chef McDang (1) serait impressionné !

Je souris en appréciant mon travail avant de m'approcher de Phi Ann, qui se tient près de la machine à laver, pour lui montrer. (Mais elle n'a pas l'air d'être impressionnée du tout ! Et pourquoi ?! C'est mon meilleur résultat). C'est dommage que Phi Im ne soit pas là pour que je puisse frimer devant elle. Je pourrais marcher jusqu'à l'étalage de salade de papaye, mais il fait tellement chaud dehors. Quant à Maman et Papa, ils sont à l'usine. Je devrais peut-être prendre une photo... ?

Vous savez quoi ? Je devrais juste montrer ça à Phun.



Bang ! Bang ! Bang ! Boom ! Bang ! Bang ! Boom !

C'est quoi ce bordel ?! La première chose que je vois à la seconde où je pousse ma porte, c'est le patient malade qui joue à un jeu vidéo.

— Bâtard, tu n'es plus malade ?

Je ne peux pas m'empêcher de l'insulter. Cet abruti est assis là, toujours concentré sur l'écran de télévision de 29 pouces et ne prend même pas la peine de se retourner pour me regarder.

— Je commençais à m'ennuyer à ne rien faire. Tu m'as traité de prétentieux parce que j'ai une Xbox 360, mais toi tu as une PS3 ? C'est encore mieux que ce que j'ai et tu ne m'as jamais invité à y jouer avec toi non plus, dit-il en abattant des monstres.

A ce stade, j'ai juste envie de lui verser cette bouillie chaude sur la tête.

— Tu n'as jamais demandé. Alors tu veux manger ça ou pas ? J'y ai mis beaucoup d'efforts, je devrais peut-être le jeter.

Il se retourne rapidement sans mettre le jeu en pause. Haha, il a été frappé par ce monstre deux fois. Bien fait pour lui.

Mais il semble qu'il ne se soucie plus vraiment du jeu. Il lâche la manette avant de se précipiter pour vérifier le bol dans ma main. Aha. Ça a l'air appétissant, pas vrai ?

— Tu l'as fait toi-même ?!

— Bien sûr !

Je vante fièrement mon exploit avant de poser le plateau sur la petite table près de la télévision et de la console de jeu.

— Manges. Si ça n'a pas bon goût, tu peux ajouter du Maggi et l'assaisonner toi-même.

Il semble un peu trop étonné par toute cette histoire puisqu'il attrape rapidement la cuillère et enfonce le porridge dans sa bouche. Oh, cet abruti.

— C'est chaud !

Est-ce qu'il pense qu'il mange du Bingsu (2) ? Il est intelligent pour tout le reste mais c'est un crétin quand il s'agit de manger un bol de porridge chaud. J'en ai marre.

Il se plaint, mais il mange une autre cuillère (il est plus malin cette fois-ci et souffle dessus d'abord.) avant de poser la cuillère et de boire l'eau que je lui ai aussi apportée.

— Mince alors, du porridge instantané ? Je pensais que tu avais pris le temps de cuire le riz. J'étais vraiment touché.

— Merde, tu es si gourmand. Ça m'a demandé beaucoup d'efforts, tu sais ! Il y a un œuf et du porc haché. J'ai même saupoudré un peu de coriandre sur le dessus, tu vois ?

C'est évident à quel point je suis fier de mon plat.

— Oui, je vois ça. Merci beaucoup, c'est plutôt bon, dit-il, mais je le vois mettre de la sauce Maggi dans le bol.

Il n'est pas très honnête avec moi ?

Je ne l'ai pas regardé manger trop longtemps (je ne voulais pas avoir faim), je l'ai seulement observé un peu puis je suis allé reprendre le jeu là où Phun s'était arrêté. Bon choix, il jouait à Devil May Cry 4. Je joue à ce jeu depuis plus de deux mois et je ne l'ai toujours pas terminé. Je me demande si c'est par paresse ou parce que je suis nul à ce jeu.

Au moment où j'attrape la manette, j'entends sa voix.

— Tu ne vas pas manger, Noh ?

— Nah.

Je commence à appuyer sur les boutons.

— Tu n'as pas faim ?

— Un peu, mais je peux attendre jusqu'à cet après-midi.

Je ne suis pas au régime ou quoi que ce soit. J'attends juste que Phi Im me fasse à manger, héhéhé.

Phun se tait. Le temps que je m'en rende compte, il est déjà assis à côté de moi avec le bol de porridge.

Je lui lance un petit regard, mais je ne fais pas attention à lui car je suis concentré sur le jeu. Ce n'est que lorsqu'une cuillerée de porridge touche mes lèvres que je réalise ce qui se passe.

— Eh ?! Quoi ?!

— Mangeons ensemble. Il y en a trop pour que je puisse le finir tout seul.

— Il n'y a pas du tout trop.

— Allez, viens.

Il n'arrête pas de me harceler alors je ne peux pas m'empêcher d'ouvrir la bouche pour accepter la cuillerée de porridge. (En fait, j'ai plutôt faim de toute façon.) Wow, mon porridge instantané est plutôt bon.

On passe un long moment à finir le plat et à jouer au jeu (bien que je sois le seul à jouer) en silence. Phun en prend une cuillère, puis il m'en donne une. Finalement, la quantité de porridge dans le bol diminue.

C'est normal que je fasse des dégâts puisque je mange tout en gardant mon attention sur le jeu. Je continue à essayer de lécher le porridge qui reste autour de ma bouche mais je n'y arrive pas.

Phun voit probablement à quel point mes tentatives de nettoyage sont pitoyables et il commence à rire avant d'essuyer le dégât avec le bout de son doigt.

Je me retourne pour le remercier (cette petite distraction ne peut pas gâcher mon jeu, je suis trop bon) mais je me retrouve avec son visage à quelques centimètres du mien. Je laisse échapper un glapissement de surprise avant d'écarter rapidement mon visage.

— Putain de merde ! Tu m'as fait peur !

Mais il ne me crie pas dessus en retour. Je vois Phun poser lentement le bol avant de décider de se rapprocher de moi. Il est si près que je peux voir les petits détails de son visage.

Ma bouche a envie de lui hurler d'autres blasphèmes, mais j'ai l'impression que ses yeux onyx m'hypnotisent et m'empêchent de bouger. Mon cœur bat de plus en plus vite. Ma tête est remplie d'un mélange désordonné de curiosités et du désir intense de comprendre.

Les bruits forts de ma chambre disparaissent soudainement, je bloque tout ce qui se passe autour de moi.

Le visage de Phun se rapproche. Son visage jaunâtre et pâle devient rouge malgré le fait qu'il n'a plus de fièvre.

Je sens ses lèvres orange frôler les miennes. Nos nez se touchent déjà.

Mes paupières sont lourdes et je les laisse lentement tomber.

Mais alors je sors de cette brume.

Qu'est-ce qu'on fait ?

Dans ma confusion, je repousse Phun avec tant de force qu'il tombe en arrière. Il semble qu'il soit tout aussi choqué que moi par ce qui se passe.

On reste là à se fixer l'un l'autre complètement alarmés pendant quelques instants avant que je ne détourne le visage.

— Je vais... chercher tes médicaments. Je ne voudrais pas que tu sois à nouveau malade.

A cet instant, je n'ai plus envie de chercher la réponse à la raison pour laquelle mon cœur bat pratiquement à tout rompre.

Notes :
1/ McDang - Grand chef étoilé en Thaïlande.
2/ Bingsu - dessert coréen qui consiste en de la glace finement pilée recouverte d’un mélange de haricots rouges bouillis.

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:10



13ème Chaos
Je Ne Peux Pas Voir Tes Yeux.
J'arrive à l'école le lundi en ayant l'air mal en point.

J'ai essayé de ne pas penser à ce qui s'était passé samedi, mais mon cerveau me trahit. Parce que peu importe ce que je décide de faire, que ce soit m'asseoir, me lever, dormir, regarder un match de foot, jouer à un jeu vidéo ou même faire le moindre pas dans ma chambre...

...tout ce que je vois dans ma tête, c'est le visage de Phun qui se rapproche du mien. Ses yeux sont captivants. Ce sont les mêmes yeux aimants et pleins de chaleur qu'il montre à tous ceux qui l'entourent et auxquels je me suis habitué. Mais maintenant, je ne peux plus détourner mon regard d'eux.

J'avais l'impression que Phun avait tellement de choses à dire quand je le regardais dans les yeux.

Je ne pouvais pas me débarrasser de ces sentiments. Je suis trop confus pour laisser tomber et aller de l'avant avec ma propre vie.

Après avoir repoussé Phun et couru chercher ses médicaments, je ne peux pas nier que tout mon corps tremblait. Ce que je ressentais était un nouveau type de sentiment qui ne m'était jamais arrivé auparavant. Je n'ai jamais ressenti ça avec personne de toute ma vie. Pas même avec Ohm, qui est mon meilleur ami. Même lorsque nos peaux sont entrées en contact, je n'ai jamais ressenti ça. Pas même avec Yuri, qui s'accroche si souvent à moi. Même elle ne m'a jamais fait ressentir ce que je ressens.

C'est un sentiment étrange, car j’étais à la fois en extase et terrifié.

J'étais curieux et j'avais hâte de savoir ce qui allait se passer. Mais quelque chose en moi me criait que ce n'était pas possible.

À vrai dire, je n'ai jamais permis à quiconque de s'approcher de moi...

Après ce qui s'est passé, la seule chose qui existait entre Phun et moi c'était le silence. C'était comme si nous étions plongés dans nos propres pensées. Phun avait l'air d'avoir beaucoup de choses à réfléchir. Pendant ce temps, j'étais si confus que je ne pouvais même pas discuter avec lui.

Une journée entière est passée et nous nous sommes à peine dit deux mots. À la tombée de la nuit, Phun s'était complètement remis, alors j'ai pris mon scooter et je l'ai déposé chez lui.

Depuis on ne s'est pas parlé et on ne s'est pas revu. C'est étrange à quel point ma poitrine semble légère quand il n'est pas là. Quand je pense que cela fait seulement quatre jours que tout a commencé entre lui et moi.

Ces quatre jours ont été incroyablement longs. C'est étonnant de voir comment nous avons pu créer toutes ces situations en si peu de temps. Nous sommes passés de simples connaissances à des amis très proches. C'est vrai que nous, les gars, nous nous faisons des amis très facilement et nous avons tendance à suivre le courant, mais il n'y a jamais eu personne qui puisse me faire prendre confiance aussi vite et aussi bien que Phun.

Tellement que je...

— Yo ! Bordel, pourquoi tu rêvasses déjà ?!

La voix extrêmement forte et incroyablement proche d'Ohm interrompt mes pensées. Ce bâtard est tellement emmerdant, bon sang.

J'essaie de ne pas faire attention à lui et pose ma tête sur la table pour faire semblant de dormir. Cependant, il est sur moi et m'attrape le cou pour que je relève la tête.

— Ne t'endors pas encore ! Tu étais où vendredi, samedi et dimanche ? Ces trois jours-là ?

Il me pose un tas de questions difficiles. Qu'est-ce que je suis censé lui dire ?!

— P-pourquoi ?

— Ta copine est devenue folle en essayant de te joindre. Putain, tu as éteint ton téléphone pendant trois jours.

Je n'arrive plus à me concentrer sur ce que dit Ohm parce que je suis trop occupé à essayer de trouver une explication qui ne nous causerait pas de problèmes à Phun et moi. Vendredi et samedi, j'ai éteint mon téléphone parce que je ne voulais pas que quelqu'un dérange Phun (car cela aurait pu aggraver son état et je ne voulais vraiment pas continuer à lui faire à manger). Mais dimanche, j'ai éteint mon téléphone parce que...

Honnêtement, je ne sais pas quoi dire.

On dirait qu'Ohm se rend compte qu'il n'obtiendra jamais de réponse de ma part, même s'il continue à me harceler, car il laisse échapper un long soupir.

— Pour de vrai, il y a quelque chose entre toi et Phun ?

— Quoi ?!

Putain ! Je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres s'ils étaient dans ma situation, mais moi, j'ai juste besoin de faire du bruit. J'en fait tellement que mes camarades de classe se retournent et me fixent. Ohm m'attrape et met sa main stupidement salée sur ma bouche.

— Enfoiré ! Putain, pourquoi tu cries ?!

Je me débat plusieurs fois avant qu'il ne me lâche et que nous reprenions notre conversation.

— Je veux dire, il s'est passé quelque chose entre lui et toi ? La petite amie de Phun n'a pas pu le joindre ces trois derniers jours non plus.

— ...

Ohm et moi sommes amis depuis des années. C'est normal qu'il comprenne ce que mon silence signifie vraiment.

— C'est cool, tu n'es pas obligé de me le dire si tu ne veux pas. Réfléchis bien si tu as l'intention de faire quelque chose. Voici tes notes de vendredi. Keng et moi on les a écrites pour toi, dit-il calmement en me passant un cahier fin.

Je réalise qu'Ohm ne me dit pas ça parce qu'il connaît tous les détails, mais en tout cas, je n'ai pas le courage de le regarder dans les yeux.

— Merci, mec, dis-je après avoir accepté le cahier.

Ohm me tapote l'épaule une ou deux fois, comme s'il voulait me soutenir moralement.

Cet ami est gentil. Il est bien.



Aujourd'hui est encore une de ces journées insensées. En fait, je ne mène pas ma vie d'une manière significative en premier lieu. Je suis déjà en Terminale et je me demande si je vais réussir mon examen d'entrée à l'université comme ça.

Malgré cela, je ne prends pas toujours les choses très au sérieux. Si c'était le cas, je ne sécherais pas mes cours de l'après-midi pour traîner derrière le bâtiment de l'école avec Ohm. Mais bon, pourquoi ce type est toujours collé à mon cul comme si c'était un bousier qui essayait de se nourrir ?

Je jette un coup d'œil pour voir le bousier qui utilise un étui d'iPod pour se couvrir les yeux pendant qu'il écoute de la musique. Je ne le pense pas vraiment quand je me plains de lui. Je sais que je serais vraiment triste s'il n'était plus là. En parlant de ça, il fait vraiment beau et frais sur ce carré d'herbe. Je pense que c'est un endroit parfait car il est à l'ombre du bâtiment et je peux y rouler à ma guise.

— Yawn~ Je me sens tellement fatigué. On devrait rester ici jusqu'à la fin de l'école ?

— Ouais, faisons ça.

Cet abruti n'a jamais essayé de me mettre sur le droit chemin.

— Alors ok.

Non pas que j'essaie de le convaincre du contraire de toute façon, ha.

Nous sommes tous les deux allongés en silence derrière le bâtiment administratif. En réalité, si l'un des professeurs ouvrait une fenêtre, il nous surprendrait certainement. (Et papa me gronderait jusqu'à ce que mes oreilles soient engourdies.) Mais je ne peux rien y faire. Si on retourne en classe, on se fera engueuler de toute façon.

Je lève les yeux vers le ciel bleu rempli de nuages qui dérivent dans tous les sens. Ils me font penser à une représentation théâtrale. Au gré de mon imagination, je verrais les nuages s'agglutiner, puis se séparer, et parfois ils se frayent un chemin. Mais je n'ai toujours pas vu un seul oiseau voler. Je suppose qu'il fait trop chaud aujourd'hui pour que même les oiseaux aient envie de bouger. Tout est immobile, à l'unisson. Il n'y a même pas de brise qui fait voler les feuilles dans les arbres.

Je n'ai pas envie de bouger non plus quand je me mets à penser à ce qui se passe depuis ce matin.

Qu'est-ce qui se passe avec Phun ? Cela me tracasse à cause de son silence radio qui dure depuis samedi. Mais je me disais que les choses reviendraient à la normale en arrivant à l'école lundi. J'avais tout faux.

Aujourd'hui, il est évident pour moi que les choses ont changé. Pour être honnête, je n'arrive pas à me rappeler comment nous nous comportions l'un envers l'autre avant de passer du temps ensemble. (Je me souviens vaguement que nous nous sourions, que nous nous disions bonjour par politesse ou pour demander de petites faveurs). Les événements énumérés entre parenthèses se sont produits avant il y a quatre jours. Alors pourquoi... les choses semblent-elles avoir empiré entre nous alors que nous nous sommes rapprochés ces quatre derniers jours ?

Je suis arrivé à l'école complètement étourdi ce matin. (En prime, je suis arrivé en retard.) D'habitude, je tombe sur Phun, car il travaille pour le conseil des élèves. Il traîne normalement là et fait ses affaires autour du bâtiment administratif, qui est près de l'entrée de l'école, donc je le vois toujours le matin.

Souvent, je lui faisais signe pour l'encourager. Ce matin, j'hésitais à le faire, mais je voulais vraiment que tout soit normal.

Mais cet abruti m'a complètement ignoré. Il n'a pas souri ni salué comme il le fait d'habitude. Qu'est-ce que ça veut dire ?

Je dois admettre que ça m'a énervée, mais j'ai essayé de ne pas me fâcher aussi facilement que les filles le feraient. Je me dit qu'il ne m'a probablement pas vu. Mais au fond de moi, je sais pertinemment que nos regards se sont croisés avant qu'il ne se détourne rapidement. Cependant, je me rappelle qu'il n'y a aucune raison pour que Phun agisse de la sorte.

Ceci a duré jusqu'à la troisième période où nous avons dû passer de notre salle de classe au laboratoire de langues. Phun et moi on ne se croise pas souvent entre les cours. Et il n'était pas étrange que nous passions l'un à côté de l'autre sans nous voir. (Lui et moi n'étions pas très proches à l'époque.) C'est juste qu'aujourd'hui... les choses sont bizarres.

Phun est connu pour son amabilité. (Ce n'est absolument pas étrange si vous et lui n'êtes que des connaissances. Je ne serais pas surpris s'il finissait par devenir un politicien après son diplôme). Et comme toujours, je le vois de loin sourire et rire avec ses amis. Il salue plusieurs de mes camarades de classe. Il plaisante aussi avec Rodkeng en lui donnant des claques sur la tête.

Mais ensuite, il me voit. Imaginez ça. Vous voyez un gars heureux et souriant qui se dirige vers vous. Mais quand il vous voit...

Qu'est-ce que je suis pour lui exactement ? Pourquoi son visage est devenu complètement inexpressif ? Avant ça, je m'en fichais et je l'aurais probablement engueulé pour son côté prétentieux. Mais pas aujourd'hui.

Je n'ai aucune idée de ce qui me pousse à me retourner et à lui attraper le bras. Je me suis surpris moi-même, et Phun aussi. Il semble assez étonné alors que j'essais de refouler toute ma rancœur et que je dis finalement quelque chose à voix haute.

— Salut !

Cependant, tout ce que j'ai eu en retour, c'est Phun qui essayait de se libérer de mon emprise. Ses yeux, qui sont habituellement remplis de tendresse, étaient au contraire en train de se baisser lentement vers le sol.

— Salut...

C'est le seul mot que j'ai entendu de Phun aujourd'hui...

Je l'ai vu ici et là pendant notre pause déjeuner. Mais j'ai réalisé qu'il ne voulait pas vraiment me voir, alors j'ai commencé à l'éviter.

Je ne voulais pas qu'il ait une chance de me croiser. Parce que s'il choisissait de m'éviter à nouveau intentionnellement...

… je n'aurais probablement pas été capable de garder ce faux sourire.

Un long soupir s'échappe de ma bouche alors que je repense à tout ce qui est arrivé. Heureusement, il y a une brise fraîche qui souffle maintenant. Elles aident un peu à réduire mon stress.

Mais qu'est-ce qui se passe avec Phun ? Pourquoi agit-il comme ça tout d'un coup ?

S'il est gêné, alors je ne devrais pas être celui qui l'est le plus ? Et si je continue à faire le premier pas et qu'il continue à s'enfuir comme ça ?

Je n'ai vraiment pas envie de penser à tout ça.

Je ferme les yeux et laisse le vent passer sur mon visage. Au moins, j'ai l'impression que la nature est assez gentille pour me consoler. J'aime la sensation de cette brise fraîche qui souffle sur le bout de mon nez. Cela me rappelle la sensation de l'autre jour.

Cette douce sensation de l'haleine de Phun sur mon nez qui est toujours présente en moi...

Je me surprends à sourire de manière incontrôlable quand je pense à ces quatre derniers jours. Même si ces moments merveilleux sont passés et ne reviendront pas, je ressens toujours autant de joie rien qu'en y repensant.

La brise lente et régulière continue tout autour de moi. J'ai l'impression d'avoir un peu plus froid maintenant, mais je suis trop à l'aise ici pour ne pas vouloir bouger.

Splash !

Putain de merde ! Est-ce que j'ai l'air de toilettes ?! Ne déversez pas de l'eau sur moi comme ça !

Je sursaute et reviens à la réalité à cause de l'eau glacée. Ohm s'est déjà échappé sur une autre planète. (Probablement parce qu'il avait peur de mouiller son iPod.) Quel ami adorable. Qui a eu l'audace de gâcher mon moment de détente ?! Mieux vaut ne pas me laisser le découvrir ! Si ce n'est pas un des professeurs, alors tu es vraiment mort !

Je me plains dans ma tête alors que je redresse mon corps trempé pour voir le coupable. Je me retourne avec un regard menaçant pour voir le responsable qui tient toujours le seau dans ses mains. C'est ainsi que je découvre que le coupable n'est pas un professeur mais...

— Noh...

— Phun... ?


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14ème Chaos
??
— Je n'arrive pas à croire que tu aies fait ça, putain. Tu m'en veux encore pour ce que j'ai fait quand on a lavé mon scooter, c'est ça ? grogné-je sur lui en essorant l'eau de ma chemise trempée.

Même s'il fait chaud, j'ai un peu froid maintenant que je suis trempé. Finalement, je n'ai pas eu d'autre choix que d'enlever ma chemise et de la laisser sécher.

— Et qui t'a demandé de dormir là ? Comment j'étais censé savoir qu'un crétin serait là ?

Il n'y a pas de compromis possible avec ce fauteur de troubles. Ses répliques sont interminables. Pourtant, il me tend une serviette du bureau du conseil des élèves.

— C'était de l'eau sale de lavage ?

— Quoi ? Non ! C'était de l'eau distillée. Je changeais l'eau et les toilettes étaient au loin, alors j'ai voulu la jeter.

J'espère vraiment qu'il dit la vérité. J'accepte la petite serviette qu'il m'offre et je m'essuie à la hâte. J'ai l'intention de laisser mon corps torse nu sécher naturellement en laissant le climatiseur du bureau du conseil des élèves faire tout le travail. Pendant ce temps, Ohm est déjà retourné en classe. Mais avant de partir, il m'a fait un long sermon sur le fait que j'avais choisi un mauvais endroit et que j'étais la raison pour laquelle il ne pouvait pas apprécier de sécher les cours. Donc c'est moi qui suis responsable de tout ça en quelque sorte ?

Alors que je continue à me plaindre d'Ohm dans ma tête, je sens qu'on me jette une grande serviette.

— Utilise-la pour te couvrir, dit Phun.

Je la tiens perplexe.

— Je peux juste utiliser celle-ci, elle me suffit.

— Utilise aussi celle-ci. Utilise-la... et couvre-toi.

Mais qu'est-ce qu'il raconte ? Pourquoi est-ce que je dois me couvrir ?

On dirait qu'il peut lire en moi à cause de mon regard confus.

— Tu pourrais avoir froid.

Oh, je vois. J'acquiesce avant de jeter la serviette sur mes épaules et de retourner me sécher les cheveux. Heureusement, mon pantalon n'a pas été mouillé sinon ça aurait été nul.

Au fur et à mesure que le temps passe, il n'y a plus que le bruit de la climatisation qui emplit le bureau. Ça commence à devenir gênant.

— Tu n'es pas censé être en classe ?

Je décide d'être celui qui brise le silence.

— J'attends d'abord que tu sois bien sec.

— Ta fièvre est revenue ?

— Non...

— Pourquoi tu m'as ignoré aujourd'hui ?

— …

Cette question n'était pas quelque chose que j'ai laissé échapper de mes lèvres par accident. J'avais vraiment envie de lui poser. Je le regarde fixement dans les yeux. Je veux qu'il sache que ce n'est pas comme si cette situation ne me tracassait pas.

Phun jette un coup d'œil dans ma direction pendant un moment avant de se retourner pour ramasser un cahier sur un bureau.

— … tu peux fermer à clé quand tu auras fini ? Je dois aller en cours.

C'est sa réponse.

Il me dit qu'il ne veut plus de quelqu'un comme moi comme ami.



En réalité, la plupart des autres lycéens aiment probablement passer leur temps à faire ça après l'école. Mais je ne suis pas l'un d'entre eux. Je deviens paranoïaque à l'idée que quelqu'un m'appelle et m'invite quelque part.

On dit que plus on a peur de quelque chose, plus on a de chances de le rencontrer. Alors, Yuri est-elle une vraie personne ou un fantôme ? Chaque fois que j'ai un frisson dans le dos, c'est le jour où elle m'appelle pour aller quelque part ensemble.

Aujourd'hui, je suis de retour à Siam, avec Yuri qui cette fois me tient le bras. Elle bavarde toujours joyeusement comme si elle était en compétition avec la musique qui passe dans le magasin. Cependant, aucun de ces bruits ne me parvient.

Je pense toujours à ce que Phun a dit et à la façon dont il a agi, ce qui m'a dérangé toute la journée. Je fais cela même si je sais que rien de bon ne peut en résulter.

— Noh, tu ne trouves pas ça mignon ? J'aurais aimé qu'il soit en rose, mais l'orange est quand même joli. Est-ce qu'on devrait acheter ces deux-là ? Tu pourrais prendre le bleu. Noh ? Noh ? Noh ?!

Le dernier cri, qui prononce mon nom, me fait enfin sortir de ma transe. En fait, je n'ai pas entendu une seule chose de ce que Yuri me disait. Je l'ai seulement entendu quand elle a appelé mon nom pour la troisième fois.

— O-Oui ?

Mon manque d'intérêt évident amène la fille qui a appelé mon nom à gonfler ses joues, révélant son mal-être. Mais elle le transforme ensuite en un sourire.

— Je prends l'orange et toi le bleu, d'accord ?

— Oh, bien sûr. Combien ils coûtent ?

J'essaie de sourire à la personne qui ne s'est jamais vraiment énervée contre moi. Je sors mon portefeuille dans l'intention de payer, comme tout bon petit ami le ferait.

— Je vais les payer. Je l'achète pour toi, Noh.

— C'est bon. Tu peux payer quand on achète des trucs plus chers. Je paierai moi-même pour les trucs moins chers, dis-je en plaisantant, mais ces porte-clés idiots du Loft ne sont pas vraiment les moins chers.

Yuri rit,

— D’accord !

Elle me fait un sourire ravi avant de m'emmener payer au comptoir.

Après avoir reçu nos porte-clés, qui ont été placé dans un sac jaune de Loft, Yuri les accroche immédiatement sur nos cartables. Je reste là, stupéfait, à la regarder concentrer toute son énergie à accrocher ces porte-clés. Après un court instant, elle lève les yeux vers moi avec un sourire et me montre son travail.

— Ne le perds pas, d'accord ?

— Ouais.



On se promène bras dessus bras dessous dans le grand magasin pendant un moment avant que Yuri ne se plaigne d'avoir faim. Elle me supplie alors de faire le trajet de Siam Discovery à Siam Center pour que nous puissions trouver quelque chose à manger. Et comme toujours, je ne refuse jamais ses demandes.

On discute en chemin jusqu'à ce qu'on arrive devant une librairie située entre les passerelles. Yuri s'arrête sur sa lancée et fait signe à quelqu'un.

C'est Aim et Phun ?!

Pendant des années et des années, je n'ai jamais croisé ces deux-là par hasard. Je ne sais pas pourquoi ces derniers temps on continue à se croiser.

— Allons leur dire bonjour !

Yuri n'attend pas la réponse et elle commence à me traîner et à me tirer à l'intérieur de la librairie. Elle ignore le fait que j'essaie de ne pas bouger.

— Je ne pense pas que nous devrions les déranger

Elle m'ignore toujours.

— Aw, quelle coïncidence. Je t'ai vu sortir précipitamment de l'école, je me doutait que tu avais des projets avec Noh. dit Aim à son amie en plaisantant au moment où Yuri et moi arrivons.

Phun est debout, fixant un magazine en silence. Je ne sais pas vraiment quoi dire non plus.

— Seulement de temps en temps.

La fille à côté de moi affiche un large sourire avant d'attraper les deux cartables que je tenais pour les montrer à son amie.

— Regarde, regarde, regarde ! Ils ne sont pas mignons ? Noh vient de les acheter.

— Ils sont trop mignons ! Phun, tu en achèteras un pour moi aussi ?

Cette maladie qui pousse les filles à se surpasser les unes les autres est probablement une épidémie. Dès que Aim voit les porte-clés (que je trouve complètement idiots) sur nos sacs d'école, elle tire sur la manche de Phun alors qu'il est encore en train de lire le magazine.

Cela oblige Phun à lever les yeux par curiosité.

— Hm ?

Ces yeux vifs s'arrêtent un instant sur les porte-clés avant qu'il ne lève les yeux une fraction de seconde et se tourne vers Aim avec un sourire.

— Oh, bien sûr.

— Achetons-en deux, comme Yu et Noh ?

— Bien sûr...

— Wah ! Les copieurs ! Alors, qu'est-ce que vous lisez de toute façon ? demande Yuri interrompant la conversation entre Aim et Phun avant de se donner la permission de retourner la couverture du magazine. Eh ?! Qu'est-ce que c'est ?! Le magazine Wedding Plan ?! Vous n'avez même pas encore fini le lycée tous les deux !

Cela me pousse à tourner rapidement la tête et à regarder.

Phun fait semblant de détourner le regard pour ne pas avoir à croiser mes yeux avant de prendre un autre magazine à feuilleter. (Il a maintenant un magazine de Formule 1 dans les mains.) Un léger gloussement émane d'Aim.

— Je les feuilletais juste parce que je trouvais que les robes étaient jolies.

— Bon sang, vous n'êtes pas si pressés tous les deux ? Noh, on devrait en regarder aussi ? me demande Yuri d'une voix aiguë avant de se tourner vers moi, ce qui me fait sursauter.

— Tu... tu es sûr que c'est une bonne idée ?

— Hahahaha.

Aim éclate de rire après avoir entendu ma réponse. Les joues de Yuri se gonflent à nouveau.

— Tu aurais pu suivre la blague, Noh. Je suis si triste maintenant.

Comment j'étais censé savoir qu'elle plaisantait ?! Nous avons peut-être accepté d'être un couple dans le flou, nous avons fait des plans pour aller à un rendez-vous dans le flou, mais il n'y a rien de flou dans le fait de se marier. Je peux aussi penser par moi-même, tu sais. Yuri me frappe deux fois sur le bras en guise de punition.

— On ne va pas vous embêter plus longtemps, on va aller chercher quelque chose à manger. On se voit demain à l'école, d'accord ?

On décide de partir après avoir eu notre discussion. Yuri fait un signe d'au revoir aux deux, qui tiennent toujours des magazines dans leurs mains. Je décide de saluer aussi et de suivre Yuri vers la sortie.

J'y serais arrivé si quelqu'un ne m'avait pas attrapé le bras.

Je sursaute un peu en me retournant pour voir une main que je reconnais très bien. Cette main descend lentement et entrelace ses doigts avec les miens. Qu'est-ce qu'il fait ? Je fixe cette main, puis le visage de Phun. Sa petite amie ne semble pas se rendre compte de ce qui se passe.

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres pendant un court instant. Il serre ma main très fort avant de la lâcher...

Je ne comprends pas ce que Phun essaie de me dire...


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15ème Chaos
Sans Se Retourner
Ma tête est étrangement vide au moment où j'arrive chez moi. Pendant la journée, j'avais tellement de choses à penser. Mais maintenant ? Tout ce qui me tracassait a décidé de se fondre en une boule blanche et ronde qui s'éloigne en un clin d'œil dans ma tête.

Je suis probablement à la limite du stress maintenant. Si je laisse la situation continuer, je finirai certainement par devenir fou. Je me tourne et me retourne sur mon lit avant d'aller chercher un nouveau jeu pour évacuer un peu mon anxiété. C'est dommage que je ne sois pas du tout d'humeur à y jouer.

— Putain de Phun.

Je le maudis malgré le fait qu'il ne soit même pas en face de moi. J'en tire une certaine satisfaction. L'insulter m'aide vraiment.

— Putain de Phun ! Trou du cul ! Taré ! Pervers ! Tu es un séducteur ! Tu es un stupide salopard ! Tu-tu-tu-tu !

Comment décrire autrement cet abruti ?! me dis-je en étant complètement énervé. Je donne un coup de pied à un coussin posé sur le sol. Il s'envole vers l'autre côté de la pièce.

— Putain de merde…

Je ne sais vraiment pas comment je pourrais l'appeler autrement. Je fais les cent pas, en marmonnant pour moi-même, comme si j'étais acculé dans un coin et que je n'avais nulle part où aller. Mais alors, j'ai finalement eut une idée.

Bang ! Bang ! Bang ! Bang !

— Noh ! Où est-ce que tu vas ?! Fais attention en descendant les marches !

— Je vais chez mon ami, je reviens vite ! crié-je en réponse à Maman avant d'enfourcher mon scooter et de partir.



Me voici donc une fois de plus dans cet immense manoir. Je gare mon scooter devant le manoir de Phumipat et je lève les yeux vers le deuxième étage. Je vois que les lumières de la chambre de Phun sont allumées, ce qui signifie qu'il est déjà rentré.

De toute façon, qu'est-ce que je suis venu faire ici ? Qu'est-ce que je vais lui dire ? Comment on va éclaircir cette situation ? Honnêtement, je n'en sais rien. Je sais seulement que nous devons vraiment avoir une bonne conversation à propos de ça.

La rue devant le manoir de Phumipat est devenue ma zone d'entraînement personnelle, car je fais les cent pas dans tous les sens au point d'avoir des vertiges. Je ne sais toujours pas si je dois entrer. Mais une énorme voiture s'approche de la porte et j'entends quelqu'un qui m'appelle depuis la banquette arrière dont la vitre est baissée.

— Phi Noh ?

Nong Pang ?!

— Tu es ici pour voir Phi Phun ?

Tu parles d'une situation embarrassante. Je me sens soudain comme un de ces gays trop attachés à son petit ami.

Mais elle a l'air d'aimer ça.

— Pourquoi tu ne vas pas à l'intérieur ?

Vous voyez ça ? Je lui fais un sourire en coin. La sœur de Phun clique sur la télécommande pour ouvrir le grand portail. Elle me laisse aussi rentrer mon scooter pour le garer à côté de la belle voiture européenne dans le garage.

— Tu as l'habitude de rentrer si tard ?

J'entame une petite conversation pour rester poli alors qu'elle sort de la voiture. Je vois qu'elle porte encore son uniforme scolaire. Moi aussi. Mais je porte une paire de tongs au lieu des chaussures habituelles.

— J'ai eu une séance de tutorat. Phi Phun est à la maison, non ? Pourquoi tu ne montes pas le voir ? dit-elle après avoir levé les yeux pour voir les lumières de la chambre de Phun.

— Phi Noh, est-ce que tu t'es disputé avec Phi Phun ?

Oh ! Elle a touché le jackpot avec cette question ! Comment ton intuition peut-être aussi bonne ?! Je renonce à faire un pas en avant quand j'entends la voix joyeuse qui pose cette question.

Comment je suis censé lui répondre ?

— Euh... pas vraiment. En fait, je ne sais pas trop, hein.

Est-ce que ça ressemble un tant soit peu à une réponse ?

— Qu'est-ce qui te fait penser ça, nong Pang ?

— Eh bien, depuis qu'il est rentré de chez toi samedi, il semble vraiment déprimé et ne mange pas beaucoup. Phi Noh, s'il te plaît, ne sois pas en colère contre lui. Parfois, il peut être si stupide et s'énerver facilement, mais il t'aime vraiment.

(Ecoutez-la dire du mal de son frère.) Qui est en colère contre qui ici ? Et attendez, Phun m'aime ?!

La curiosité doit se lire sur mon visage car Pang continue de parler sans que je pose la moindre question.

— Phi Phun rit beaucoup plus fort depuis que tu es entrée dans sa vie. Bien sûr, je vois un tas de filles qui crient et hurlent pour lui, mais il n'a jamais amené quelqu'un à la maison pour me rencontrer avant. Phi Phun t'aime vraiment, phi Noh. Je peux le dire.

Je lui offre un sourire découragé en guise de réponse, je sais trop bien que ces mots ne sont que des mensonges.

Phun ne pourra jamais aimer quelqu'un comme moi, Pang.



Pang et moi avons pris des chemins différents et je me trouve maintenant devant une grande porte en bois. Je me demande si je dois frapper comme une personne correcte ou défoncer cette foutue porte et commencer à maudire le propriétaire de cette pièce. (Je préfère la seconde solution.) J'ai pensé à beaucoup d'autres moyens, mais il n'y en a qu'un seul.

Je décide de frapper à sa porte, mais je ne crois pas qu'il pourra me voir à travers le judas. Je me suis caché dans son angle mort. Ce n'est pas que j'essaie de le surprendre. J'ai peur qu'il n'ouvre pas la porte s'il me voit debout ici.

Je me glisse à la seconde où la porte s'entrouvre légèrement.

— Noh ?!

Bien. Attaque surprise.

— Tu n'avais pas besoin de jouer au ninja. Qu'est-ce qu'il y a ?

Je suis soudain très ennuyé quand j'entends les mots de Phun. Qui est-ce qui m'a évité et m'a forcé à faire semblant d'être un ninja ? Je fronce les sourcils et le regarde. Il porte toujours l'uniforme de l'école. Je suppose qu'il vient aussi de rentrer chez lui.

— Tu as mangé ? demande-t-il en se dirigeant vers le mini-frigo, il me passe une canette de coca. Oh, mais tu as déjà mangé avec Yuri. J'avais oublié.

— Et tu as déjà mangé avec Aim. T'as de la bière ? Je ne veux pas de ça.

Il me lance un regard perplexe mais ensuite il me jette ce que j'ai demandé.

J'attrape la canette et m’installe paresseusement sur le canapé. Phun s'approche et s'assoit à côté de moi, avec également une canette de bière à la main.

On s'assoit en silence en regardant ce qui est diffusé sur Cartoon Network que Phun a laissé tourner. Aucun de nous ne dit un mot. Je peux dire que Phun ne fait pas vraiment attention à la télé et qu'il est perdu dans ses pensées. Tout comme lui, je ne me concentre pas du tout sur Tom & Jerry.

— Hm…

Je laisse échapper un long soupir en m'appuyant sur le dossier du canapé tout en relevant le cou.

— Qu'est-ce qu'il y a ? dit enfin Phun.

— Qu'est-ce que tu regardes, bordel ? C'est tellement débile.

— Qu'est-ce que... ? Prends la télécommande et change sur ce que tu veux regarder alors.

Il pose la télécommande sur mes genoux. En réalité, je ne suis pas venu ici pour regarder la télé avec lui. Mais je ne pense pas pouvoir me résoudre à entamer la conversation en ce moment.

Je zappe les chaînes avant de la laisser sur la chaîne 55.

— Oh, alors tu me fais des reproches tout à l'heure et maintenant tu regardes Winnie l'Ourson ?

— Peu importe, je veux être Tigrou.

— Le tigre ?

— Ouais, il est cool, non ?

— Mais Tigrou est un tigre attardé.

La protestation de Phun me fait froncer les sourcils.

— Peu importe, bon sang…

Ceci conclut notre conversation sur ce qui est attardé et ce qui ne l'est pas. Je regarde Tigrou sauter dans un étang pour pouvoir jouer à un jeu avec Winnie. Je ne peux m'empêcher de penser à ce qui s'est passé cet après-midi.

— Tu m'as bien mouillé aujourd'hui.

Mes plaintes semblent faire naître un sourire chez Phun. Il rit un peu avant de regarder mon visage.

— Qui t'a demandé de dormir à cet endroit, Noh ?

— Personne, mais... à cause de toi… réponds-je, mais mes yeux sont toujours dirigés vers la télévision, bien que je n'y prête pas du tout attention.

Avec l'aide de l'alcool dans mon organisme, il m'est plus facile de commencer à parler.

— C'était ta faute...

Je répète pour qu'il entende.

— Qu'est-ce que j'ai fait... ?

— Tu m'as ignoré toute la journée. J'étais tellement énervé que j'ai séché les cours pour faire une sieste derrière le bâtiment. Et tu peux arrêter de me parler de manière formelle ?! C'est quoi ton problème ?

Pour moi, c'est comme s'il essayait de cacher quelque chose en étant poli. Ça m'a tellement énervé que j'ai crié et éteint la télé.

— ...

On reste silencieux pendant un long moment. Il n'y a que le bruit de la bière que l'on boit sans arrêt. Je commence à me demander si je ne devrais pas me saouler et m'évanouir à ce stade.

— Je… Tu réalises à quel point j'aimais Aim ? demande soudain Phun sans crier gare.

J'ai l'impression qu'un millier de couteaux se sont plantés au centre de mon cœur.

— Comment je pourrais le savoir ? Ce sont tes affaires.

— Peu importe ce que Aim fait, je lui ai toujours pardonné. Que ce soit quand elle s'est mal comportée, qu'elle voulait que les choses soient faites à sa façon ou quand elle m'a forcé à faire quelque chose que je ne voulais pas faire. J'avais toujours pensé que je céderais à ses exigences pour à peu près tout.

— ...

— Mais mercredi dernier est arrivé, le jour où tu es venu me demander de l'aide... et jusqu'à ce soir...

— ...

— ... les choses sont bizarres pour moi.

J'en ai assez que Phun essaie de tourner autour du pot.

— Qu'est-ce que tu essaies de dire ? Qu'est-ce que tu veux dire par bizarre ? Désolé, je suis nul en français.

Je fixe son visage alors qu'il prend une profonde inspiration. Puis il prononce les phrases suivantes sans me regarder une seule fois.

— Noh… est-ce que tu peux me laisser seul pendant un moment ? Je ne me supporte plus de vouloir te voir. J'étais tellement effronté quand j'ai essayé de t'embrasser. Je veux dire, je ne sais même pas comment ces sentiments sont apparus ou quand ils ont commencé à m'arriver. Au moment où je l'ai réalisé, la seule personne que je voulais à mes côtés, c'était toi. Chaque fois que tu es venu m'aider et que tu as pris soin de moi, j'ai continué à me dire que j'aurais aimé être la putain de personne qui prenait soin de toi à la place. Je suis un putain de connard parce que je ne peux même pas être honnête avec toi. Et même quand on est seuls tous les deux, je dois me forcer à ne pas te toucher. Tu ne te rends pas compte que ça devient de plus en plus difficile avec le temps ? Est-ce qu'on peut rester loin l'un de l'autre pendant un moment ? J'arrive à peine à me contrôler en ce moment.

Phun finit de me dire tout cela. C'est comme s'il avait gardé ça enfoui en lui depuis si longtemps. Il n'y a rien d'autre à faire que de rester assis. Chaque mot est entré dans mon oreille gauche mais n'a pas quitté mon oreille droite. Je dois admettre que c'est au-delà de ce que j'attendais.

Je peux voir, à la façon dont Phun garde les yeux fermés qu'il considère intensément tout ce qui se passe. Il pose ses paumes moites sur son front.

Ma tête est maintenant vide. J'ai l'impression que quelqu'un a soulevé une montagne de ma poitrine. C'est vraiment difficile d'expliquer ce que je ressens en ce moment. Mais il y a des choses dont je ne suis toujours pas sûr.

— Pourquoi tu te forces... à ne pas me toucher ?

Phun secoue la tête, ses yeux sont toujours bien fermés.

— Parce que l'amitié que tu me donnes est trop précieuse pour que je te trahisse. Parce que tu es un mec, et moi aussi. Parce que tu as Yuri, tout comme j'ai Aim. Parce que ce à quoi je pense pourrait te faire me détester au point que tu ne voudrais probablement plus jamais être ami avec moi. Putain, tu comprends qu'il y a toutes ces raisons qui me disent que je ne peux pas faire ça ? Que je fais tout de travers. Et je... je... je ne sais vraiment plus quoi faire.

C'est la première fois que je vois un gars compétent comme Phun dos au mur. Sa voix tremble alors qu'il continue à parler.

— Je... ne veux pas rendre les choses pires qu'elles ne le sont déjà.

Ces mots me dévastent. Le visage de Phun est plein de désespoir. Il me fait savoir à quel point il est faible et fragile. Il souligne le fait que le gars que je vois devant moi n'est pas le Phun Phumipat que tout le monde est censé connaître. Il n'est pas ce super secrétaire du conseil des élèves de notre école.

Ce gars là, c'est Phun. Juste Phun. Un garçon qui essaie de gérer tous ces sentiments. Et on dirait qu'il ne s'en sort pas.

Je ne peux pas m'empêcher de regarder le côté gauche du visage déformé mais séduisant de Phun. Je ne sais pas ce qui me pousse à m'emparer de sa main, dans l'espoir de lui transmettre une partie de mes forces.

— Si on ignore toutes ces raisons, si on arrête de penser à qui on est censé être, ou à ce qui est considéré comme la bonne chose à faire…

J'essaie de chercher la vérité dans ces yeux remplis de questions et de confusions.

— ...qu'est-ce que tu veux faire ?

Phun prend un moment pour me fixer à nouveau dans les yeux avant de tendre la main et de m'attirer à lui. Son visage et ses traits nets se rapprochent du mien. Je commence à ressentir à nouveau ce que j'ai ressenti l'autre jour.

Ses lèvres orange clair se pressent contre les miennes avant qu'il ne me murmure quelque chose.

— … Je te veux, Noh.

Si nous choisissons de laisser ce moment se poursuivre sans avoir à nous soucier des conséquences auxquelles nous pourrions être confrontés à l'avenir, est-ce que ce serait possible ?


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Ven 6 Sep 2024 - 23:11



16ème Chaos
Ce N'est Pas Seulement Nous.
Je laisse Phun faire ce qu'il désire, ce n'est pas seulement ce qu'il veut mais aussi ce que je veux. J'arrête de me soucier de toutes les raisons, et de toutes les conséquences.

Le baiser de Phun est craintif et émotionnel à la fois, tout comme la façon dont il me serre dans ses bras. Tous les deux nous laissons nos corps faire ce que nos cœurs ont envie de faire. Nous en sommes à un point où nous ne pouvons plus garder ces sentiments à l'intérieur. Rien ne peut nous arrêter.

Quand j’ouvre finalement les yeux, je ne suis pas sûr de combien de temps a passé, mais la chambre est plongée noire. Je suis revenu à la raison. Dans son sommeil, Phun me serre étroitement contre lui. Phun, cet ami qui a causé tant de tourments dans ma tête ces derniers jours.

Je peux voir son visage endormi grâce au clair de lune qui brille. Ses longs cils caressant ses joues. Ses paupières cachent ses yeux, qui il y a quelques heures me brûlaient.

Grâce à la respiration régulière et le souffle qui sort son nez, juste au-dessus de ses lèvres naturellement colorées, je peux dire que la personne qui m'enlace est dans un profond sommeil.

Je fixe son visage avec des émotions mélangées. Mais le sentiment qui se démarque le plus est la peur.

La douleur que je peux encore ressentir me rappelle que nous avons fait une erreur impardonnable. Je suis celui qui lui a dit d'ignorer toutes les raisons, d'arrêter de penser à ce qui est ‘bien’, et que nous devrions oublier ce que nous sommes supposés être. Mais après quelques heures, je commence à réaliser que les choses que j'ai mentionnées ne peuvent simplement pas être faites.

Ce qui hantaient Phun me hantent maintenant comme si j'avais lu un mail d'une chaîne. Je suis face à la réalité de ce que m'a dit Phun, une réalité à laquelle je ne peux échapper. Phun et moi sommes tous les deux des mecs. Nous avons chacun notre propre petite amie. Et encore plus important, nous sommes de bons amis et je ne veux pas détruire la relation qu'il y a entre nous.

Personnellement, je ne sais pas quel genre de sentiments j'ai pour Phun. Lui-même ne sait pas non plus quel genre de sentiments il a pour moi. Je n'ose pas penser à la façon dont tout cela a commencé. J'ai peur que ça ne soit arrivé que par désir.

Mais il y a quelque chose qui m'effraie encore plus.

J'ai peur que cela puisse être plus que du désir. Plus qu'un simple attachement que nous avons l'un pour l'autre. Plus qu'une simple erreur que nous avons accidentellement faite. J'ai peur que cela signifie plus que toutes ces choses.

Parce que si mon cœur fait ce pas dans le vide, je ne sais pas comment je serai capable de faire face à ça. Je ne sais franchement pas.

— Oh... Noh ? Tu ne dors pas ?

Heureusement, la voix de Phun interrompt le fil de mes pensées. Il bâille si largement que je dois m'éloigner un peu parce que je commence à avoir vraiment chaud.

Mais Phun me laisse seulement un tout petit peu de place entre ses bras. On dirait qu'il veut continuer de me tenir comme ça.

— Mec, il fait chaud.

— Quoi ? Alors allume la clim.

Quel gros malin. Il tend son bras pour attraper la télécommande et ajuste la température de façon à ce qu'il n'ait pas besoin de me lâcher. Il n'a jamais entendu parler du réchauffement climatique ? Je lui jette un regard agacé, mais la chambre est probablement trop sombre pour qu'il le voie. Phun étire un peu ses bras avant qu'il ne me tire en arrière dans son étreinte.

— Tu veux qu'on passe par chez toi pour que tu prennes ce dont tu as besoin pour l'école demain matin ? marmonne-t-il comme quelqu'un qui est trop paresseux pour ouvrir sa bouche pour parler.

— Bien sûr.

Le changement dans ma voix l’interpelle aussitôt.

— Quelque chose ne va pas ? demande-t-il, maintenant complètement réveillé.

— Hum…

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu penses que ce qu'on fait est mal ?

Je ne suis pas sûr que ce soit une question ou juste une déclaration que j'essaie de me faire à moi-même. A côté du lit, j'aperçois une photo dans un cadre, dans la chambre faiblement éclairée. C'est Phun et Aim ensemble. S’en rendant compte, Phun se tourne et abaisse le cadre avant de revenir m’enlacer.

— Ne pensons pas à ça ce soir. On pourra en parler demain, Ok ?

— Mais...

— Arrête de parler, m’interrompt-il, me faisant taire en utilisant ses lèvres avant de s'éloigner. Il n'y a que nous ce soir.

Je ferme les yeux et accepte ses lèvres. J'enlace le corps de Phun, qui est au-dessus de moi et qui se presse contre le mien. C'est un signal qui me dit que nous sommes sur le point de faire encore une fois ce que l'on a fait plus tôt.

Je me dit de tout laisser derrière cette nuit. Et peu importe ce qui arrive demain matin, peu importe qui Phun et moi redeviendrons.

Nous n'oublierons jamais cette nuit.



Les juniors de l'école qui jouent au basket et au foot sont si bruyants que j'ai presque envie de passer ma tête par la fenêtre et de leur hurler dessus. (Je ne le fais pas car je suis trop paresseux.) Normalement, je ne serais pas si irrité, mais je ne me sens pas très bien et il faudrait calmer ces agitateurs bruyants.

Je m'allonge sur le canapé dans notre salle du club tout en tournant un Rubic's Cube dans mes mains. C'est la faute de ce crétin de Ohm. Il m'a passé ce cube pour jouer cet après-midi. L'école est finie pour aujourd'hui et je n'ai terminé qu'un côté de ce truc. C'est trop fatiguant. Je me demande comment Keng peut être aussi fort à ça. Je ne comprends pas.

Je continue à penser à ça tout en me sentant agacé. Mes hanches me font mal. Je ne sais pas comment résoudre un Rubik's Cube. Il n'y a personne d'autre ici dont la vie est aussi merdique que la mienne ?!

— Mon dieu, tu as l'air super stressé. Tu as prévu de passer toute la journée à jouer avec ce truc, Phi ?

Je n'ai pas besoin de regarder pour savoir que ce commentaire narquois vient de Per. Cependant, je ne suis pas d'humeur à me disputer avec lui (je suis occupé, là), donc je marmonne une réponse qui lui fait savoir qu'il ne faut pas me déranger.

J'avais tort de penser que cet enfoiré me laisserait en paix. Il attrape une guitare électrique et joue juste en face de moi sans se soucier de rien.

— C'est tellement chiant. La batterie de notre club est dans un état horrible, personne ne peut jouer avec. Maintenant, je ne peux plus m’entraîner.

— Et alors ?

Il ne voit pas que que je suis occupé, là ?

— Quand est-ce que la nouvelle batterie arrivera Phi ?

Il insiste en plus ! J'arrête de jouer avec le Rubik's Cube et me tourne pour le regarder.

— J'attends toujours d'avoir l'argent, t'as compris maintenant ?

— Merde, pourtant Phi Phun et toi êtes vraiment proches ces derniers jours.

Je n'aurais jamais cru entendre ces mots venir de ce mec-là.

— Attends, comment tu sais ça ?

— Tout le monde le sait ! Vous êtes plutôt proches. Même vos petites amies sont amies.

Oh, Je vois. Je pense que je vais m'écrouler de rire.

— Et alors ?

— Dis à Phi Phun de vite nous donner l'argent, alors ?

— Quoi ?! Ce n'est pas aussi simple ! Tu attends de moi que j'aille au bureau du conseil des étudiants pour les voler sous la menace d'une arme ?

Je l’aurais fait si j'avais pu.

Per a l'air un peu vexé après que je lui ai dit ça. Je comprends qu'il a vraiment envie de s’entraîner, mais je ne sais vraiment pas comment faire pour que tout ça aille plus vite. Je ne pense pas que harceler Phun à ce sujet si souvent soit une bonne chose. Je continue à y penser alors que je recommence à essayer de résoudre l’énigme qui est dans ma main.

♪ Who can be nice at every hour ? I'm a person, not a character in a drama on TV. ♪

— Là ! Phi Phun t’appelle !

Quoi ?! Comment il le sait ? Je tressaille et attrape vite mon téléphone pour vérifier. Je jette presque le rubik's cube et le téléphone à la tête de Per.

— Phun mon cul. Hey, Yuri.

Je maudis Per et je coupe la sonnerie quand je réponds à l'appel. Je doute de réussir un jour à résoudre le Rubik's cube que j'ai laissé tomber au sol.

— Noh, tu es toujours à l'école ?

— Dans la salle de mon club. Qu'est-ce qu'il se passe Yuri ?

D'habitude, Yuri ne m'appelle jamais à cette heure de la journée. Si elle veut m'inviter quelque part, normalement elle m'appelle avant la fin des cours donc je peux me libérer. Si nous n'allons pas traîner, alors elle m’appelle quand il est tard, avant que nous allions nous coucher.

— Je… suis en face de ton école. Je dois te parler de quelque chose. Tu peux venir me voir une seconde ?

Je saute presque hors du canapé et oublie combien j'ai encore mal quand j'entends ces mots. Il y a une jeune fille toute seule devant une école de garçons ! Comment je suis censé ne pas m'inquiéter pour elle ?!

— Attends, j'arrive de suite. Ne va nulle part Yuri, dis-je à la hâte avant de raccrocher et de me précipiter pour mettre mes chaussures qui sont à l'entrée de la salle.

— C'est ta copine qui a appelé ?

Per me suit, l'air confus. Je hoche la tête avant de lui donner une tape sur l’épaule.

— Prends soin du club. Je reviens dans un moment.



Je marche et cours à moitié avec mes chaussures qui ne sont toujours pas attachées correctement, je traîne mes hanches endolories tout le long du chemin jusqu’au portail de l'école. Yuri est debout en m'attendant comme je lui ai dit. Mais avec sa peau claire et son visage mignon, tous les étudiants mâles ne peuvent s’empêcher de la dévisager.

Je ne suis pas jaloux, je m’inquiète seulement de sa sécurité. Une fille adorable comme Yuri perdue dans un troupeau de jeunes types ? Ce n’est pas bon.

— Pourquoi tu ne m'as pas appelé à l'avance pour me dire que tu allais passer ? Tu ne devrais pas faire des choses comme ça, la grondé-je légèrement alors que j'arrive.

Je propose de prendre son sac de cours puis nous quittons l'école.

— Je suis désolée, j'étais pressée et j'étais au téléphone tout le long du chemin jusqu'à ton école.

Ça semble un peu étrange, non ?

— Il s'est passé quelque chose ?

— Noh... tu sais ce qu'il se passe avec Phun ?

A cette seconde précise, je souhaiterais pouvoir disparaître.

Les grands yeux ronds et noirs de Yuri me fixent comme si elle cherchait la vérité sur quelque chose. En réalité je ne sais pas ce qu'elle cherche ni pourquoi elle est si ambiguë.

— C'est quoi le problème avec lui ?

— Pfff…

Quoi ? Pourquoi est-ce que j’ai un soupir de sa part à la place d'une réponse ? Je suis vraiment confus de la façon secrète dont elle agit. J'ai l'impression qu'elle veut dire quelque chose mais qu'elle est incapable de trouver les mots.

— Quelque chose est arrivé ?

— Hum, Noh... Tu sais où était Phun la nuit dernière ?

J'hésite un peu à répondre car je sais très bien ce qu'il s'est passé la nuit dernière.

— P-pourquoi... ?

— J'ai bien dit à Aim qu'elle n’aurait pas dû me demander de venir te voir. Phun et toi êtes amis. Vous vous couvrez l'un l’autre. Il n'y a pas moyen que tu me dises la vérité.

A ce stade, je suis tellement déconcerté que je ne suis pas sûr de ce que je dois lui dire.

Yuri arrête d'en faire tout un plat avant de me regarder. Elle verrouille son regard, que je suis incapable d'éviter, au mien.

— S'il te plaît, Noh. Aim est vraiment inquiète à ce sujet.

Les lèvres de Yuri bougent si lentement que j'entends et comprends distinctement chaque mot de la phrase qu'elle dit ensuite.

— Tu peux me dire avec qui Phun a couché la nuit dernière ?

Quand j’entends ces mots, c'est comme si j'avais été frappé par la foudre.


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17ème Chaos
S'échapper
— S'il te plaît Noh, Aim est vraiment inquiète à ce sujet. Tu peux me dire avec qui Phun a couché la nuit dernière ?

Ces mots tournent toujours dans ma tête et ils ne s’arrêteront pas de sitôt, même pas alors que je suis finalement rentré à la maison. Je place ma main sur mon front comme j'ai vu les acteurs le faire à la télévision. Cela n'aide pas du tout à enlever ce poids dans ma tête.

— Ces derniers temps, Phun et toi avez souvent disparu de la circulation. Aim est très inquiète à propos de tout ça. Moi ça va, je suis juste inquiète pour mon amie. C'est bon si tu ne veux pas me dire ce qu'il se passe, Noh. Mais tu peux s'il te plaît dire à Phun combien Aim est blessée ? Tu peux lui dire d'arrêter de lui faire ça ? Elle et Phun sont en couple. Pourquoi il ne va pas vers elle à la place ? Pourquoi il va avec d'autres filles ? Pour qui il prend Aim ?

Mes yeux sont fermés comme si j'essayais de m'échapper de cette réalité. Mais comment je le pourrais quand c'est quelque chose que je ne peux même pas voir et fuir ? Ce sont ces mots qui ne cessent de se répéter bruyamment dans ma tête.

— Le préservatif que Phun garde habituellement dans son portefeuille a disparu. Noh... Phun et Aim ne sont pas comme nous. Ils sont ensemble de cette manière. Phun ne peut pas traiter les femmes comme si elles étaient ses jouets. Je ne le laisserai pas faire.

— PUTAIN DE MERDE ! m’insulté-je moi-même avant de balancer le traversin à travers la pièce.

Je souhaite que si je crie assez fort, je n'entendrai plus la voix de Yuri dans ma tête. C'est comme si quelqu'un continuait à rembobiner la scène encore et encore.

Je ne suis pas fâché contre Yuri d’être venue me voir à ce propos. Je ne suis pas fâché contre Aim, qui est assise quelque part en pleurant toutes les larmes de son corps. Je ne suis même pas fâché contre Phun après avoir appris qu'il avait ce genre de relation avec Aim.

Ce que je ressens c'est combien je me hais. Je suis la raison qui a fait que tout a tourné comme ça. Je suis le connard sans aucune conscience.

— Putain…

Je continue de m'insulter tout en errant aveuglément dans ma chambre, saisissant des affaires et les fourrant dans mon sac de cours noir.

Tout ça doit se terminer. Quoi qu'il arrive.



Je me demande si je suis venu à cet endroit plus de huit fois au cours des sept derniers jours. Je tends mon cou pour regarder l'immense maison en face de moi . Ensuite, je prends une grande respiration avant de sonner.

Tante Noi se précipite pour me laisser entrer. Elle me donne un sourire doux tandis qu'elle me demande si elle peut m'aider avec le sac. Je ne me sentirais pas un homme si je permettais à cette vieille dame de porter mon sac, de sorte que je tiens à le garder.

Elle pousse un long soupir quand je refuse son offre. Puis elle me dit :

— Khun Phun est à l'étage dans sa chambre, Khun Noh. Si cela ne vous dérange pas, je ne vous accompagne pas. Je vais faire savoir à Khun Pang que vous êtes ici.

Hein ? Pourquoi Pang a besoin de savoir que je suis là, ma tante ? Bon, je continue à oublier qui je suis censé être à chaque fois que je viens dans cette maison.

Je suis tellement pathétique. Je fous la vie des gens en l'air pour 20,000 bahts.

Je traîne mon sac à dos avec un insigne dessus (je n’ai pas utilisé ce sac depuis la 4éme) sur le beau parquet. Je m'arrête devant la porte qui m'est devenue familière. Un air frais se dégage de la fente en bas de la porte qui me dit que comme je le pensais le propriétaire de la chambre est à l'intérieur avec la clim qui souffle. Cependant, avant que je n'aie une chance de frapper, mon téléphone se met à sonner.

♫ Qui peut être cool à chaque heure ? Je suis une personne, pas un personnage dans un drama à la télé. ♫

Ce connard est probablement médium.

— Pourquoi tu m'appelles ? Je suis devant ta chambre.

Court et facile à comprendre. Phun raccroche rapidement avant que sa porte ne s'ouvre.

— Eh ?!

— Bordel , pourquoi t'es si effrayé ? Tu regardais un porno ?

J'ignore le regard surpris sur le visage de Phun et passe devant lui pour entrer. Je jette mon sac à dos dans un coin de la pièce avant de me diriger vers l'ordinateur qui est toujours allumé.

Je plaisantais seulement avec lui. Il a simplement une page MSN messenger ouverte sur l’écran. Quand je m'assois sur la chaise je peux voir qu'Aim lui a envoyé quelque chose.



Aim : [Yuri, contact moi quand tu te connecte] dit : Phun, est-ce que tu m'aimes toujours ?



Ces lettres roses percent le centre de mon cœur, mais je me force toujours à sourire. Je trouve ça drôle qu'Aim pose une question aussi bizarre. Si Phun ne l'aimait pas, alors qui d'autre cela pourrait-il être... ?

Je dois admettre que ça devient de plus en plus difficile d’esquisser un sourire à chaque fois.

L'image de profil d'Aim est une photo d'eux deux. Il semble qu'ils veulent montrer au monde combien ils s'aiment. Je fixe un certain temps l'image avant de réfléchir à qui je suis vraiment. Puis je tape sur le clavier pour répondre quelque chose à Aim.



SuperPhun dit : Bien sûr.



— Hey, Noh ! C'est quoi ça ? s’écrie Phun depuis un coin de la pièce, ce qui me fait tressaillir et me retourner pour le voir inspecter mon sac à dos.

— Des vêtements que j'ai mis de côté pour les œuvres de charité. Bordel, que tu crois que ce soit ?

Je ne peux pas croire qu'il m'ait posé cette question, c'est pas comme s’il était aveugle. Je me reconcentre sur l'ordinateur. Je le déconnecte pour me connecter à mon propre compte. J'étais supposé demander la permission ? Continuez de rêver.

Clac !

— Owe !

Il m'a frappé sur la tête !

— Je demandais gentiment. Pourquoi tu joues au plus malin avec moi ? Et regarde tu as déjà déconnecté mon compte aussi ? Pourquoi tu as apporté ce sac ici, tu veux t'enfuir avec moi ou un truc dans le genre ?

Personnellement, je pense que c'est un mec plus intelligent que moi. Je frotte l'endroit où il m'a frappé, me sentant un peu contrarié.

— Ouais, emmène-moi quelque part.

— Tu es sérieux ?

Je ne peux pas croire qu'il soit si obéissant, parce qu'à la seconde où je finis de parler, il attrape rapidement les clés de sa voiture qui traînaient sur le bureau à côté de l'ordinateur. Aussitôt, je lui arrache des mains.

— Merde, je ne faisais que plaisanter !

— Si tu veux y aller alors je t’y emmène. Que penses-tu de Bang Saen. C'est assez proche.

Phun médite sur son idée alors que j'ai toujours peur. Je ne pensais pas qu'il serait d'accord si facilement.

— Vraiment très drôle. Monsieur Sakda fait passer un contrôle à ma classe demain.

Cependant, Phun me fait un sourire en retour. Il n'est pas seulement tout sourire, mais il soulève également ses sourcils. Il commence à marcher pour attraper deux vestes dans son armoire.

— Je ferai en sorte que tu arrives à temps pour passer ton test. Allons-y !

Il jette mon sac à dos sur son épaule et me traîne par le bras. Comment je peux ne pas faire une scène quand quelque chose comme ça arrive ?

— Hey ! Éteins l'ordinateur, la clim et les lumières dans ta chambre avant !

Bien sûr , il ne m'écoute même pas.

— Quelqu’un d'autre le fera.

Totalement de bonne humeur, ce mec exigeant ouvre la marche en sifflotant. Son autre main me tire encore par le poignet et il ne semble pas qu'il va me lâcher. Je peux voir Phun sourire largement alors que nous faisons le chemin jusqu'en bas des marches et tombons sur Tante Noi qui passait par là.

— Tante Noi, je sors avec Noh, d'accord ?

Mais avant qu'elle ne puisse répondre, un visage espiègle apparaît derrière elle.

— Phi Phun, vous allez où ?!

C'est Nong Pang. Elle sort d’où ? (J'ai eu peur, j'ai cru qu'elle était un fantôme) Il est tard, pourquoi elle n’est pas au lit ? (Je dois la discipliner) Même si ma relation avec Phun est maintenant exactement ce que Pang avait espéré qu'elle soit, je ne suis toujours pas habitué à ça quand je dois lui faire face.

— Je sors avec Noh ce soir. Je vais acheter des snacks pour toi sur le chemin du retour, dit Phun à sa petite sœur alors qu'il lui décoiffe les cheveux.

Je l'aurais frappé s'il était mon frère. (Arrête de jouer avec la coiffure de quelqu'un déjà). Cependant, Nong Pang sourit largement. J'ai peur en pensant au genre d'idée qu'elle a en tête.

— Ah , prends soin de Phi Noh, d'accord ?

Tu sais, parfois, tu pourrais essayer d'arrêter ton frère parfois ! On à école demain !

Comme il n'y avait personne sur son chemin, Phun continue à me traîner en sifflant joyeusement. Il est dans un meilleur état d'esprit maintenant.

Phun me traîne là où sa voiture de sport deux portes est stationnée Il jette une veste sur mes épaules.

— Au cas où on rencontraient une patrouille d'absentéisme(1), dit-il, parce que je porte toujours mon uniforme d'école, short bleu et tout.

— Putain, tu aurais pu me laisser changer mes vêtements.

Il rit à mes plaintes et essaye d’attraper la poignée de la porte pour l'ouvrir pour moi. Ne pensez pas que Noh laisserait ça se produire. (Hé hé). Je tends la main vers la poignée en premier pour monter à l'intérieur moi-même. Je peux encore entendre Phun rire de moi (Putain, pourquoi il rit ?) puis il s’installe côté conducteur.

— C'est ta faute. Tu aurais dû changer tes maudits vêtements avant de venir me voir.

Je vais essayer de rester calme après avoir entendu cette phrase. Cependant, il a raison. J'étais tellement pressé. Mais moi, je voulais tirer le meilleur parti de chaque minute ce soir.

Phun tourne la clé pour mettre le contact et me regarde d'un air moqueur.

— Je te manquais tant que ça ?

— …

Je ne lui réponds pas et reste tranquille. Même si j'allais dire quelque chose, je n'en aurais pas eu l'opportunité de toute façon. Son bras puissant atteint mes épaules et me tire vers lui.

Phun place ses lèvres sur mon front. Il y a assez de force derrière cette action, c'est comme si, avec ce baiser, il voulait m'aider à comprendre ce qu'il ressent vraiment pour moi.

— Tu m'as manqué. Je n'ai pas pu te voir aujourd'hui. Tu n'étais pas à la salle du club quand je suis passé.

— Tu es passé quand ?

Je tourne légèrement mon visage de lui. Phun se penche encore plus près de moi et m'embrasse la joue.

— Cet après-midi. Je suis tombé sur un troisième année et il m'a dit que tu lui avait ordonné de rester et de prendre soin de la salle.

— Oh, c'est Per…

Je baisse la tête en lui donnant ma réponse. Je sais très bien pourquoi je n'étais pas au club. Je me souviens de la conversation que j'ai eue et avec qui je l'ai eue.

La pointe du nez de Phun continue de me frôler. Ses lèvres finissent par s'arrêter à l'endroit où sont les miennes. Nous restons comme ça pendant un long moment jusqu'à ce que finalement je le repousse.

— Alors on va à Bang Saen ou quoi ?

— Oh, c'est vrai. On y arrivera jamais si on reste dans cette position.

Il rit de lui-même avant qu'il ne me libère et retourne à la place du conducteur.

— Je vois que tu marches normalement, ça ne te fait plus mal ? demande Phun en s’arrêtant à l'intersection de Thong Lor Road.

Je hausse les sourcils en entendant sa question avant de répondre.

— Je vais mieux maintenant. Je finirai par être infirme si je reste au lit toute la journée. Et toi ?

— L'aspirine devrait aider, répond t-il en gloussant doucement et moi je ne peux pas m’empêcher de rire.

Il attrape ma main et la pose sur le levier de vitesse avant qu'il ne commence à en retracer le dos avec son index.

— Alors... ça signifie que nous pouvons encore le faire ce soir ? demande-t-il d'une voix mignonne.

Je ne veux pas me tourner et le regarder pour savoir quel type d'expression perverse il a sur le visage.

Je me tourne vers la fenêtre et regarde les lumières oranges qui bordent la route sur les deux côtés.

— Uh-huh…

Notes :
1/ Patrouille D'absentéisme - Ce sont des genres de policiers qui patrouillent autour des écoles pour ramener en cours les élèves qui tentent de sécher.

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18ème Chaos
Rappelle Toi
C'est vrai que Phun conduit assez vite, mais il est presque 22 heures quand nous arrivons à voir la plage de Bang Saen. Lui et moi décidons de garer la voiture près d'un trottoir pour pouvoir prendre un dîner tardif dans un restaurant. Nous choisissons celui-la en particulier car nous voyons que beaucoup de clients sont des étudiants.

— Il y a beaucoup de monde, je parie que la bouffe est bonne.

C'est ce que mon chauffeur me dit et qui me fait faire un grand sourire. Ça veut dire que je ne suis pas le seul qui pense qu'un restaurant rempli est égal à de la bonne nourriture. Je devrais foutre ça dans la tronche de Ohm quand je serai rentré. (Il dit toujours que je suis bizarre à chaque fois que je lui dis ça. En quoi j’ai tort exactement ?)

Phun coupe le moteur, puis il vérifie que je porte bien ma veste avant d'ouvrir la portière de la voiture.

Pour une raison étrange, j'ai l'impression que nous avons fait une grande impression quand nous avons passé la porte du restaurant. Tous les regards sont sur nous. Ça pourrait être à cause de l'uniforme avec les initiales de l'école dessus, plus le short bleu qui fait que les gens se retournent. Mais si j'y pense attentivement...

Le mec avec qui je suis est trop beau.

Au fond, c'est une combinaison des deux. Un mec est beau et l'autre porte un uniforme d'école donc nous nous faisons remarquer. C'est simplement naturel que je me crispe quand je réalise que tous ces étrangers nous fixent. Cependant, Phun semble plutôt détendu. Je ne sais pas s’il est conscient que tout le monde dans ce restaurant nous regarde.

Je m’en fous. Je vais arrêter de m’inquiéter.

Une serveuse vient finalement nous aider à trouver une table après que Phun et moi avons tourné en rond pendant un long moment puisque nous n'arrivons pas à trouver des places. Je m'assieds mais je suis toujours confus, cet endroit c’est un restaurant ou un bar ? Je remarque que certaines cartes ne contiennent que des boissons et pas de nourriture. (C'est quoi ça ?). Je me demande également si porter mon uniforme scolaire dans ce type de lieu est bien ou non.

Je trouve la réponse à ma question quand je vois que les étudiants de la table d'à côté portent leurs uniformes en demandant des bières.

La voix de quelqu'un qui commande de la nourriture interrompt le fil de mes pensées .

— Nous allons prendre... une salade de porc épicée, une salade de viande hachée épicée, des tendons de poulet frits, des craquelins au piment croustillants, et une bouteille de Heineken.

Putain celui-là. Je pense que ces plats sonnent bizarres. Je tends mon bras et frappe la tête de cet étudiant modèle.

— Commande-moi de la vraie nourriture ! Putain de merde.

— Hein ?! Tu n'as pas encore mangé ?

— Non…

Quand étais-je supposé trouver le temps de manger ? J'étais trop occupé à parler avec Yuri ce soir. J'étais d'humeur à ne rien faire quand je suis rentré à la maison puisque j'étais trop troublé. Alors j'ai fini par emballer des affaires dans un sac et aller chez Phun. Au début, je pensais juste que j'allais passer la nuit là-bas. Mais le propriétaire de cette maison a décidé de m’embarquer jusqu'ici. Tu parles que je suis verni, lorsqu'il s'agit de voyager.

— Commande autre chose alors, dit Phun en me passant le menu malgré le fait qu'il ne l'a jamais ouvert ni regardé à l'avance.

Alors pourquoi il l’a gardé pour lui au départ ? Je ne comprends pas ça non plus. Je me gratte la tête en regardant le menu pendant exactement deux secondes.

— Du riz frit... c'est tout.

— C'est fou à quel point tu es créatif, Noh.

Ce crétin a le courage de dire quelque chose. Bien, à qui la faute ?

— Tu nous as déjà commandé de la bière, bordel qu'est-ce que je suis censé ajouter ? Ça va bien ensemble. C’est tout.

Je rends le menu à la serveuse avec un petit sourire. C'est suffisant pour qu'elle soit séduite. Hé, hé. Parfois, nous les gars avons besoin de mettre notre art de séduction en pratique.

— C'était quoi ce sourire ? Tu étais en train de flirter avec elle ?

Ce crétin veut commencer une autre dispute avec moi.

— Putain, de quoi tu parles ? Je meurs de faim. Tout le monde n'est pas repu et content comme toi.

— Exactement.

Hum. Il ne jouait pas autant au malin quand nous n'étions pas proches, si ? Merde, je ne devrais pas laisser ça se produire. J'ai une expression irritée sur le visage, je tape sur la table avec le bout de mes doigts en rythme avec le groupe qui joue dans le restaurant.

Ce restaurant a un groupe live. Ils jouent de la musique de variété comme tous les autres petits groupes le font. Je compte environ cinq membres en tout. J'ai envie de me lever et de me joindre à eux sur scène. Oh, en parlant de jouer d'un instrument, cela me rappelle quelque chose.

— Je suis allé au bureau du conseil des étudiants pour déposer la proposition pour la fête de Noël, vers midi, mais je ne t'ai pas vu.

— Hein ? C'est pas comme si je travaillais comme garde de sécurité dans ce bureau. Il était midi, je devais être parti chercher un déjeuner !

Oh, donc en gros je viens de poser une question stupide ? Ça me fait chier. Je ne suis pas d'humeur à discuter avec lui, en plus je suis affamé.

Je lui fais un faux sourire pour me moquer de lui et me force à rire.

— Hé, hé. Alors, la nourriture à la cafétéria du lycée privé est bonne, Khun Phun ?

Je voulais seulement dire ça comme un sarcasme inoffensif. Je ne savais pas que cela surprendrait réellement Phun.

— Elle est bonne …

Phun me donne cette réponse courte et se tait. Je fronce les sourcils et commence à réfléchir. Donc Aim a dû découvrir ce que Phun a fait quand ils ont déjeuné ensemble.

— Je suis tombé sur ton junior au lycée privé. Celui qui est en quatrième.

Il continue à me raconter des banalités alors qu'il se retourne pour prendre notre premier plat, la salade de porc épicée, à la serveuse. L'odeur piquante du citron me titille le nez. Je me noie dans ma propre salive et j'ai encore plus faim.

Je lève ma fourchette avec l'intention de la piquer dans un des bouts de porc avant de poursuivre la conversation.

— Oh, Per va généralement là-bas et déjeune avec certaines des filles.

Mais comme j'étais trop occupé à parler, Phun est plus rapide que moi, devant mes yeux, il attrape un morceau de porc et le fourre dans sa bouche.

— Trou du cul.

Je n'ai pas pu m'en empêcher.

— Ouais, je voulais dire que je tombe sur lui à chaque fois que je vais là-bas, haha, dit-il en mâchant le morceau de porc qui était légitimement le mien.

Bientôt, le reste des plats que nous avons commandés commencent à arriver à notre table avec une bouteille de bière.

— C'est naturel pour les membres de mon club d'être séduisants tout comme leur président.

J'ai l'opportunité de le surpasser donc je l'a prend et il ne peut pas s'empêcher de ricaner.

— Probablement pas aussi séduisant que moi.

D'accord, il faut être sans vergogne pour admettre ça. Je lui jette un coup d'œil et il hausse un de ses sourcils d'un air moqueur.

— Je suis d'accord, ce qui explique pourquoi cette vieille dame meurt d'envie de te ramener à la maison.

J'ai remarqué que l’étudiante près de notre table regarde mon ami avec des yeux de braise depuis un long moment maintenant. Je faisais semblant de ne pas le voir car je pensais que ce serait plus sûr de cette façon.

— Il y en a une derrière toi aussi, rétorque Phun avec un sourire.

Je pense que ça aurait été mieux s'il n'avait jamais rien dit. Hé hé. Je hausse les épaules pour lui montrer que je n'ai pas prêté attention à ce qu'il a dit avant de me servir un verre de bière, pour me rincer la bouche.

La mousse atteint rapidement le sommet du verre me forçant à prendre une gorgée à la hâte avant qu'il ne déborde. Je réalise qu'il y a un sombre sentiment qui provient du côté gauche de ma poitrine.

Je n'aime pas quand ça arrive. C'est comme s'il y avait quelque chose qui m'empêchait de rire et de sourire joyeusement. Je peux faire le malin avec Phun en lui jetant quelques insultes ce qui fera qu'il aura l'impression que tout est parfaitement normal. Mais au fond, la vérité c'est que je mets un masque pour cacher ma tristesse. Je la masque même si je sais qu'il n'y a aucun moyen possible d'y échapper. Mais au moins, je suis capable de me tromper en pensant que je vais bien, même si c'est seulement pour un moment.

Notre conversation s'apaise, Phun continue à siroter son verre de bière tranquillement et cesse d'essayer de m'énerver. Je le guette du coin de l’œil et vois que ses yeux semblent être terriblement ternes et vides. Parfois, je ne peux pas m’empêcher de me demander à quoi le propriétaire de ces yeux pense.

Je repense au baiser de Phun dans la voiture. Il paraissait si triste, comme s'il implorait pour que quelque chose se produise. Je ne sais pas si c’est juste mon imagination, mais il semble que Phun a beaucoup de choses en tête, tout autant que moi.

La triste mélodie de la chanson ‘Thank You’ continue de jouer tandis que je continue à serrer mon verre de bière. Si quelqu'un prête attention, je ressemble probablement à un vieil oncle dont le patron a réduit le salaire (ceux que vous pouvez voir en visitant les terrasses des bars). Phun pense probablement la même chose quand il décide d’attraper mon bras pour m'arrêter avant que je finisse mon cinquième verre comme si je buvais sans m’arrêter.

— Yo ! Tu n'as pas encore mangé, tu te souviens ?! Tu es en train d'essayer de tuer ton estomac c’est ça ?

Comme je le pensais, il me gronde et m'arrache le verre de la main. Hé hé. J'ai entendu dire que tu es celui qui a commandé ça ? Maintenant, tu essaies de me faire arrêter de boire ? Hé hé. Connard.

Je hausse les épaules de façon provocante et finis par boire un verre d'eau pour me rincer la gorge avant de commencer le grand plat de riz frit. Pendant ce temps, Phun semble être heureux avec ses tendons de poulet frits.

— Yuri a fait tout le chemin jusqu'à l'école pour me voir, j'étais vraiment inquiet.

Je commence une autre conversation pour briser le silence de notre table (même avec le groupe qui continue de jouer en arrière-plan). Je remarque qu'il tressaille une seconde. Je suppose qu'il lui aussi était perdu dans ses propres pensées.

Il y a un petit flash dans les yeux de Phun, puis il fait lentement son sourire habituel.

— Oh vraiment ? Que c'est-il s'est passé ?

— Tu devrais mettre en place une norme pour les tondus de notre école. Ils étaient tous ébahis devant Yuri. Si j'étais arrivé un peu plus tard, elle se serait sûrement fait enlever.

Je me plains auprès de lui pendant que je mâche la nourriture dans ma bouche tout en entendant la personne assise en face de moi éclater de rire.

— Tu les appelles les tondus, comme si tu n'avais pas la même coupe qu'eux.

Oh, ce connard ! Je m'en fous s'il m'insulte, mais il me fait une tappe sur la tête aussi ? Voilà comment une dispute commence.

Je pousse rapidement sa main.

— Ça s'appelle des skinhead , connard !

— T'es shooté ou quoi ? Ce ne sont pas des putains de skinhead. Pourquoi tu as soudainement amené Yuri de toute façon ?

C'est vrai, pourquoi je l’ai fait ? Je ne veux pas vraiment lui dire que Yuri est venue me parler de lui.

— Je ne sais pas. Alors, comment ça se passe entre toi et Aim ?

Je pense qu'il est plus intelligent de changer rapidement de sujet. Je n'avais pas vraiment l'intention de poser une telle question avec tout ce qu'elle implique, mais ça l'a pris par surprise.

— Couci-couça… répond Phun d'une voix faible avant de faire une pause pendant un moment puis de continuer. Je suis beau et elle est sexy, comme toujours.

Oh, ce putain de trou du cul ! Je commence à te haïr maintenant !

Je ne sais pas quoi dire d'autre (puisqu'il se trouve que c'est la vérité) donc je fais semblant de m'étouffer avec le riz et de boire un peu d'eau. Je lui fais un doigt d'honneur mais il se moque de moi, comme s'il était vraiment heureux de ça. Cela m'irrite encore plus.

Je devrais te crever les yeux.

Je mets mon verre d'eau vide sur la table avant de ramasser mes couverts pour continuer à manger. Cependant, je laisse une phrase glisser hors de ma bouche.

— C'est bien. Je craignais que tu oublies l'avant maintenant que tu as essayé l’arrière. Hahaha.

Je ris. Je ris. Même si ce n'est vraiment pas drôle du tout. A l’intérieur, je ne rigole pas du tout. Il y a des rires qui viennent de moi, mais ils ne sont pas réels. C'est comme s'il y a un millier de couteaux qui poignardent mon cœur.

Plus je ris, plus je me rends compte que je suis vraiment pathétique... voilà tout.

— Hé hé.

Phun s'oblige à rire avant de se pencher pour verser un peu plus de bière dans son verre qui est presque vide. Mais ensuite, il dit les mots suivants, sans émotion dans ses yeux.

— Non, je n'oublierai pas…

Une vive douleur traverse tout mon corps de mes orteils jusqu'à mon cœur quand j'entends ces mots. Je hausse un de mes sourcils, comme quelqu'un qui accepte ce fait.

Vous voyez ? Quand je vous dis que je suis le stupide idiot qui gâche tout ici.


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Ven 6 Sep 2024 - 23:11



19ème Chaos
Il Le Faut
Phun et moi étions déjà complètement bourrés quand on a terminé tous les plats et fini notre bouteille de bière. A quel point ? Eh bien, la dernière heure avant que nous quittions le restaurant, je suis monté sur la scène et ai montré mes compétences en tant que président du club de musique en organisant un mini concert avec le groupe. Nous avons joué douze chansons (oui, douze). Je jouais de la guitare, je chantais, je jouais du clavier, de la batterie, et même de la basse. J'ai joué de tout. Sans me vanter, je peux jouer toutes sortes d'instruments traditionnels thaïlandais, instruments de musique, et instruments d'orchestre. Qui d'autre peut avoir le titre de président du club de musique ? Hahaha. (Mais je n'aurais pas fait toutes ces choses si je n'avais pas été aussi bourré. En y repensant, c'était vraiment embarrassant.)

Nous avons déjà fait un énorme buzz quand nous sommes entrés dans le restaurant, mais nous en avons fait un encore plus grand quand nous en sommes partis. Hahaha. Nous avons quitté le restaurant avec les étudiantes qui criaient et qui étaient à peine capables de se tenir assises. Les chansons que nous avons jouées ont changé le concept de ce restaurant ordinaire en un petit bar en un clin d'œil. Ben quoi, chaque table avait des boissons. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu'on joue de la musique de variété, ou des personnes auraient dormi.

Il était presque minuit au moment où nous avons demandé notre addition et nous avons appris que le propriétaire avait déjà reçu plus de la moitié de notre facture. Heh, je me demande qui est responsable de cela. Entre moi dans mon short bleu donnant un mini concert pour les dames de Bang Saen et Phun, qui est si impressionnant visuellement que toutes les tantes et les étudiantes avaient appelé leurs amies afin qu'elles puissent venir le voir par elles-mêmes.

En tout cas, nous nous dirigeons loin du restaurant avec de grands sourires sur nos visages. Phun prend son temps et conduit sa Honda deux portes le long de la plage avec le toit ouvert donc je suis en mesure d'apprécier pleinement la magnifique lune.

Je me sens tellement heureux que je souhaite que cette nuit ne s’arrête jamais. Même le jeu ‘trouver les différences’ a une option pause. Pourquoi la vraie vie ne peut pas avoir ça aussi ?

Je jette un coup d’œil à Phun dont le visage est tout sourire aussi.

Nous avons roulé près de la plage pendant un moment et avons terminé environ trois ou quatre canettes de bière que nous avions achetées au 7-Eleven avant de finalement arriver dans un hôtel. Malgré le fait qu'il est assez cher par rapport aux normes de Bang Saen, la Carte Gold Visa de Phun n'a pas de problème avec ça.

— Je te rembourserai quand j'aurai l'argent, dis-je en tapotant son épaule deux fois quand nous allons vers la chambre.

Je peux entendre son rire avant qu'il ne me frappe la tête.

Tu te rends compte que si je pisse sur le lit, alors tu seras mouillé aussi, salaud ?

— Ne t’inquiète pas, je vais le prendre sur le budget pour ton club.

Quoi ?! C'est pas cool ! Je fais une grimace à Phun qui sifflote et fait semblant de ne pas me prêter attention, quand il déverrouille la chambre qui porte le numéro 17. Si j'avais pu balancer mon sac à dos et le frapper à la tête, alors je l'aurais fait. Mais le sac à dos est trop lourd et je ne voulais pas me blesser le bras.

— Waaaah C'est tellement agréable !

Au moment où la porte s'ouvre, je jette le sac à dos au sol et me précipite pour ouvrir la baie vitrée du balcon et laisser la brise de la mer me parcourir le corps. Pendant ce temps, Phun est trop occupé à verrouiller la porte correctement. Je ne sais pas s'il a peur que quelqu'un fasse irruption ou plutôt que j'essaye de m'échapper.

Je me tiens sur le balcon et profite de respirer profondément la brise de la mer pendant un court moment avant que je ne sente une paire de bras chauds venant de derrière moi se serrer autour de ma taille. Je peux deviner le visage d’une certaine personne posé sur mon épaule. Je regarde Phun avant que je ne hausse les épaules afin de faire rebondir son visage, juste pour le fun.

— Hey ! On vient juste d'arriver ici et tu veux déjà le faire ? Pas question, pas moyen. Obsédé.

Je ne le pense pas vraiment, je veux juste lui chercher des noises. Hé hé.

— C'est toi, l'obsédé, je n'ai encore rien fait.

Bien sûr, il réplique. Mais sa voix est étouffée parce que son visage est toujours pressé sur mon épaule. Je me moque de sa réponse, je baisse mes mains qui étaient sur la balustrade du balcon pour tenir celles de Phun.

— Alors, quel est le problème ?

Tout allait bien donc il doit y avoir une raison pour qu'il fasse ça.

— On peut juste rester comme ça un moment … ?

La voix de Phun semble si fragile, ça me fait réaliser qu'il est temps d'arrêter de faire le malin avec lui. Je penche ma tête pour me reposer sur la sienne et reste immobile, lui permettant de me tenir aussi longtemps qu'il en a besoin.

— Mais si je commence à avoir une crampe dans les jambes, alors ça sera de ta faute.



♪ Je pourrais être marron, je pourrais être bleu, je pourrais être un ciel violet. ♪

Il se passe beaucoup de temps, où on reste enlacé sur le balcon avant que le téléphone noir de Phun commence à faire du bruit ce qui met fin au silence. Je me retourne pour voir le portable Nokia vibrant sur la table au milieu d'autres objets qu'il a laissés là-bas.

— J’ai oublié de l'éteindre... ? se plaint-il de lui-même à voix basse juste à côté de mon oreille avant qu'il ne lâche ma taille.

Cela me rappelle la conversation avec Yuri plus tôt ce soir.

Je suis des yeux le dos portant une chemise vert kaki alors que Phun marche vers son téléphone. Mais il ne semble pas que Phun ait l'intention d'appuyer sur le bouton pour répondre.

— Hey ! C'est le bouton pour l'éteindre ! Abruti ! crié-je quand je remarque qu'il a le doigt sur le bouton qui éteint le téléphone au lieu du bouton pour répondre.

Je me précipite et le frappe sur la tête pour le secouer. Il me frappe immédiatement sur le front en retour.

— Parce que je l'éteins, bordel.

Mais ne pensez pas que je vais laisser passer ça facilement. En fin de compte, nous nous battons pour le téléphone portable, le tirant d'avant en arrière entre nous (alors qu'il sonne toujours). J'arrive à avoir un aperçu de l'écran. Il affiche une photo de Aim. Je ressens une douleur bizarre tout d'un coup.

— Aim t'appelle, pourquoi tu l'éteins.

Le propriétaire du téléphone évite rapidement mon regard.

♫ Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Pourquoi tu ne dégages pas ? ♫



Le téléphone lâche ces dernières phrases avant qu'il ne s'arrête enfin. Phun saisit cette occasion pour l'éteindre rapidement.



♫ Qui peut être agréable à toute heure ? Je suis une personne, pas un personnage dans un drama à la télévision. ♫



Je regarde mon iPhone qui est à côté de mon sac à dos en train de sonner et je trouve ça drôle.

— Le mari s’enfuit loin de la femme, et tout le monde essaie d'entrer en contact avec lui. Hé hé.

Alors que je me dirige vers mon téléphone pour répondre à l'appel de Yuri, Phun, qui est aussi rapide qu'un singe, l'attrape et l'éteint. Il ignore mes objections et me laisse là avec la bouche ouverte.

— Hey, tu ferais mieux de faire gaffe ! C'est mon téléphone.

Il y a une pointe de colère dans ma voix. Qui donc lui a appris des manières aussi terribles ?

Mais il semble que mes protestations n'aient pas d'incidence sur Phun de quelque façon que ce soit. Son visage est totalement inexpressif, il jette négligemment mon téléphone sur le lit. Je suis sur le point d'ouvrir la bouche pour lui hurler dessus quand il me saisit et me serre très fort.

J'aurais résisté si ses épaules ne tremblaient pas tellement que ça m'alarme.

— Quel est le problème, Phun ?

La voix de l’homme tremblant qui me serre est rauque.

— Ça peut être juste nous ce soir ... ? Ne parlons de personne d'autre…

— ...

Je regarde la tête de Phun, qui me tient si étroitement, avec pleins d'émotions contradictoires. Même si je me sens léger dans ma poitrine, il y a une tonne de pensées qui se déchaînent dans ma tête. J'essaye d'aller de l'avant, mais je sens que je ne peux rien voir d’autre qu'une impasse.

À vrai dire, je suis l'autre personne dans cette situation. Phun et moi ne pouvons même pas utiliser le mot ‘nous’. Il ne se passe rien entre lui et moi. Il ne devrait pas se passer quoi que se soit entre lui et moi. Et il n'y aura jamais rien entre lui et moi. Peu importe ce que Phun ressent pour moi ou ce que j'éprouve pour lui. Peu importe combien ces sentiments existent, tout ce que je peux voir en face de moi c'est Phun et Aim, qui sont censés être plus heureux qu'ils ne le sont à l'heure actuelle.

Je l'enlace fermement, mais ça me blesse tellement que j'ai l’impression d'étreindre un durian. Plus je le serre, plus j'ai mal. Ça me fait si mal que je ne suis pas sûr de combien de temps je peux continuer à le serrer comme ça.

— Tu ne devrais pas avoir des problèmes avec Aim à cause de moi... sérieusement.

Voilà ce que je veux le plus lui dire en ce moment. Phun secoue sa tête qui est toujours enfouie contre ma poitrine.

— Je ne vais pas avoir des problèmes avec Aim à cause de toi. Mais j'en aurai parce que c'est de ma faute.

Sa voix tremble et est remplie de confusion. C'est comme si ça venait de quelqu'un qui ne sait plus quoi faire. Les bras qui sont autour de moi tremblent. Ils me montrent l'état d'esprit actuel de leur propriétaire.

Je sais que je ne devrais pas empirer les choses pour lui.

— Quel... genre de problèmes tu vas... avoir ?

Je veux connaître la réponse. Mais il garde le silence pendant un moment avant qu'il ne commence à parler.

— Je suis un connard, putain. J'ai déjà Aim mais je reviens toujours vers toi.

— Les vrais connards ne se donneraient pas la peine de s'appeler eux-même des connards. Allez, asseyons-nous et parlons, d'accord ? soupiré-je avant de le lâcher et de le pousser à s’installer sur le lit.

Phun serre les lèvres très fort et fixe les draps du lit. Il refuse de lever la tête pour me regarder.

— Hé... Je suis... désolé.

— Pourquoi tu es désolé ? Dis-moi tout.

— Aim et moi... on a couché ensemble…

Ces mots ont fini par sortir. Malgré le fait que je le savais déjà, les entendre de Phun me coupent dix fois plus profondément que lorsque je les ai entendus de Yuri. Ils m'ont frappé comme une brique et je me sens engourdi par une immense douleur. Je détourne les yeux pendant seulement un court instant avant de retourner à son visage.

— Ok... quoi d'autre ?

Phun prend une profonde respiration, mais cette fois, il lève la tête et verrouille ses yeux dans les miens.

— Mais je ne peux pas résister... quand je suis avec toi.

Tout ce que je vois, ce sont ses yeux angoissés. Je ne peux pas m’empêcher de me demander si Phun voit la même chose dans mes propres yeux.

Ces lèvres continuent de bouger, même si je commence à penser que je ne veux plus entendre ce qu'il a à me dire.

— Je ne peux pas laisser Aim. Mais avec toi, je me sens... Je ne sais pas quoi faire.

A ce stade, Phun regarde vers le bas et serre les draps du lit. Je place doucement ma main sur son poing.

Parce que je sais que je dois être celui qui doit le faire.

— Écoute-moi…

C'est le défi le plus difficile auquel j'ai jamais été confronté de toute ma vie.

— Aim est une fille. Tu ne peux pas la quitter après avoir eu ce genre de relation avec elle. Tu dois revenir en arrière et prendre soin d'elle. Je suis un gars. Je n'ai rien à perdre.

Je pensais que ce que je disais était complètement normal et logique, mais Phun secoue sa tête si vite, comme s'il écoutait une histoire de fantôme.

— Noh... arrête de parler…

Il y a un soupçon d'intimidation dans sa voix, mais je me rends compte que je ne peux pas céder. Je continue à faire face à ce défi fatigant en lui faisant un sourire.

— Va trouver un peu de glue et tu pourras coller mes lèvres alors. Laissons juste les choses entre nous se terminer. Ça ne m'inquiète pas, dis-je avec un sourire en regardant son visage.

La bouche de Phun est ouverte comme s'il voulait argumenter, mais il est trop lent pour moi.

— Je vais te le dire à nouveau. Je ne suis pas une nana, salaud.

Il saisit immédiatement mes poignets.

— Noh, tu ne comprends pas que ça n'a rien à voir avec ça ? Ça n'a rien à voir avec qui est qui. Ça a à voir avec ce que j'ai fait. Noh, tu ne comprends pas ça ?!

Ses yeux me fixent si profondément que j'ai peur de regarder ailleurs. Je regarde dans ces yeux noirs et ternes qui sont tout à coup si familiers. Les lèvres de Phun continuent de bouger.

— Après toutes les choses qui se sont produites entre nous... s'il te plaît ne me dis pas que tu vas juste partir…

Je me libère rapidement de sa poigne et me force à rire désespérément.

— Hahaha... toi bordel. N'agis pas comme un gentleman. Tu veux te convertir à l'Islam comme ça tu pourras avoir plusieurs femmes ou un truc dans le genre ?

J'ai l'impression que toute mon énergie a quitté mon corps, mais je dois encore continuer à parler.

— Et n'oublie pas que j'ai une petite amie aussi. Je suis sacrément débordé avec le tournoi de football en ce moment. Même Earn veut que le groupe l'aide pour un tas de trucs. Du coup, je n'ai pas de temps libre pour accepter le poste de ‘ton petit-ami secret’. C'est tellement épuisant et je n'ai même pas eu mes heures supplémentaires rémunérées.

Ce n’est pas hilarant ? Cependant, il ne rigole pas.

Je force un petit rire pour qu'il l'entende même si je suis sur le point de fondre en larmes.

Je peux lire ce qu'il veut me dire dans ses yeux.

Et je sais que Phun peut lire ce que j'essaye de lui dire dans les miens aussi.

Je suppose qu'il n'y a rien d'autre dont on doit discuter à voix haute.

Phun et moi restons immobiles à fixer le visage de l'autre. J'ai atteint mes limites. Je ne peux pas le supporter plus longtemps.

— Phun ! m’écrié-je avant de me jeter sur lui pour l'enlacer fermement.

Il met timidement ses bras autour de moi. En ce moment, je n'ai plus une once de force. Je peux seulement entendre la voix d'une personne égoïste dans mon cœur disant que je ne veux pas laisser Phun partir.

— Noh… ?

— Hmm…

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— S'il te plaît ne me lâche pas... au moins jusqu'à demain matin ?

Ça prend si peu de temps de tomber amoureux, alors pourquoi c'est une telle torture quand il est temps de se dire au revoir ?


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:12



20ème Chaos
La Voie Choisie
Nous avons quitté Bang Saen à cinq heures du matin. (Vous me croyiez si je vous dis que je ne me suis jamais levé avant les coqs de toute ma vie ?) Nous avons eu beaucoup de temps pour prendre le petit-déjeuner ensemble. Heureusement pour nous, il n'y avait pas beaucoup de trafic donc nous sommes arrivés à Bangkok sans encombre.

La Honda Civic noire à deux portes de Phun s'arrête près du trottoir en face de l'école à exactement huit heures. Nous arrivons juste à temps pour voir Mme Wantana et M. Bancha gronder certains élèves de seconde pour ne pas avoir mis leurs chemises correctement à l'intérieur de leurs shorts.

En parlant de ça, je devrais le faire aussi puisque je ne veux pas me faire réprimander si tôt dans la matinée .

— Tu es sûr que c’est bon pour toi d'arriver en retard ?

Phun est assis au volant, dans ses vêtements de tous les jours, pendant que je borde ma chemise. Nous sommes allés directement de Bang Saen à l'école sans s'arrêter chez nous. Phun me fait un petit sourire quand il entend ma question.

— Ça ira, tu ferais mieux de te dépêcher.

— D'accord, sois prudent en rentrant à la maison. Il y a beaucoup de flics qui patrouillent dans la matinée. Tu n'as même pas encore ton permis de conduire, idiot.

— Je fais plus vieux que mon âge, ça ira.

Hé, de l'auto-dérision.

— Oh, si tu t'en rends compte alors, dis-je avec un petit rire avant que je ne me penche pour attraper mon sac à dos noir sur la banquette arrière.

Je me retourne et le visage de Phun se déplace lentement près du mien.

Ses lèvres minces et orange claires m'invitent à prendre contact avec les siennes. Ces lèvres se collent si intensément sur les miennes, c'est comme si elles refusaient de me laisser partir. Je tends ma main et caresse les mèches de cheveux de Phun qui semblent être plus longs que ce qu'un lycéen typique devrait avoir. Pendant ce temps, Phun tient mon visage pour que je ne sois pas en mesure de me libérer.

Nous restons comme ça pendant si longtemps que j'ai à peine de l'air à l'intérieur de mes poumons. Nos langues continuent de s'entrelacer et de se taquiner l'une l’autre. Je devrais faire quelque chose avant que nous soyons incapables de nous arrêter.

— Phun… chuchoté-je même si nos lèvres sont toujours collées ensemble.

J'attends jusqu'à ce qu'il fasse une pause pour regarder mon visage avant de m'éloigner. Je lui fais un sourire. Je voulais lui en offrir un vrai, qui vienne de mon cœur .

— Je ferais mieux d'y aller.

Je ne sais pas ce que les mots qui viennent après essaient de me dire. Parce que la seule chose que je sais, c’est qu'une fois que j’aurais fermé la porte de la voiture noire, l'histoire entre Noh et Phun sera terminée.



— Yo , Noh !

Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui a crié mon nom. Je ralentis pour que Ohm et Rodkeng, qui halètent pour avoir de l'air, puissent me rattraper.

Intéressant, à chaque fois que j'arrive tôt, ces gars-là apparaissent tôt aussi. Et dès que j'arrive en retard, ils se montrent en retard aussi. Tu parles d'avoir un instinct de forte amitié.

— Quoi de neuf, connards ? Comment vous avez évité les profs ?

— En courant pour nos vies comme tu viens de le voir, dit Ohm en sortant sa chemise de son short et ce qui permet aux pans de descendre plus bas que les seins d'une grand-mère de 80 ans.

Je suis son exemple et tire la mienne aussi. Avoir à porter les pans de vos chemises à l'intérieur du short peut être super inconfortable, vous savez !

— Bordel qu'est-ce qui t’est arrivé ? Comment ça se fait que Phun t'as déposé ? Où est-ce qu’il a garé la voiture de toute façon ?

Qu... qu ... quoi ?! J'étais occupé avec ma chemise, mais je tourne la tête pour regarder Rodkeng avec les yeux écarquillés. Comment il sait que je suis arrivé à l'école avec Phun ?!

— Je parie qu'ils ont passé la nuit ensemble. Ce n'est pas comme si ce bâtard apportait souvent un sac à dos comme celui-ci à l'école.

Ohm tape dans le mille. Je trébuche presque et me cogne la tête. Sérieusement, personne ne te le reprochera si tu veux garder tes pensées pour toi ! Va te faire foutre !

— Hé ?! Réellement ?! Tu es aussi proche de Phun maintenant ? Je ne savais pas !

Arrêtez avec vos questions ! Permettez-moi de poser la mienne d'abord !

— Comment vous savez que je suis arrivé avec Phun ?

— J'ai vu sa voiture. La Civic noire à deux portes avec la plaque d'immatriculation 8899 et l’autocollant d'autorisation d'entrée pour la Chambre du Parlement de Thaïlande et un autre pour l'Université de Chulalongkorn.

Mon dieu, écoutez-le décrire tout dans les moindres détails. Même le propriétaire de la voiture trouverait ça troublant. Il connaît son affaire, je pourrais aussi bien me rendre à Rodkeng.

— Très bien, je renonce. Ouais, je suis arrivé à l'école avec Phun.

Heureux maintenant ? Hé hé. Je lui dis tout en étant un peu agacé puisque je me suis fait prendre. Attends ... Je me suis fait prendre ... ?

Putain, qu'est-ce qu'ils ont vu ?!

Je jette un œil à Rodkeng et Ohm qui sont redevenus calme. Ohm est occupé à démêler ses écouteurs d'iPod puisqu’il a couru. Rodkeng regarde simplement son téléphone et semble assez normal. Aucun d'entre eux n'a l'air d'avoir des soupçons. Mais, juste pour être sûr ...

— Vous avez vu Phun dans la voiture ?

Je suis peut-être en train de tourner autour du pot autant que je peux avec cette question. Cependant, Ohm est encore en train d'essayer de démêler ses écouteurs et Rodkeng a toujours ses yeux sur son téléphone. Ils secouent tous les deux la tête en retour.

— Comment on aurait pu ? Les vitres sont tellement teintées, c'est comme si les fenêtres étaient peintes en noir. J'ai réalisé que c'était sa voiture juste parce que j'ai reconnu sa plaque d'immatriculation et les autocollants d'autorisation d'entrée sur la fenêtre.

Oh, quel soulagement. On l'a échappé belle.

— Pourquoi ? Vous baisiez à l’intérieur ?

Comptez sur Ohm pour avoir des idées pareilles. Il vendrait ses amis avant quoi que ce soit d'autre. Je piétine son pied après qu'il a fini de jacasser.

— Aïe !

— La prochaine fois, je vais mettre une chaussure de clown dans ton stupide cul.

Ma menace envers Ohm fait éclater de rire Rodkeng.

Techniquement, il riait déjà quand il a entendu Ohm demander si Phun et moi étions en train de baiser dans la voiture. (Qui ferait ça ?! Cette voiture est trop près du sol ! Euh ! Ce n'est pas ce que je voulais dire !)

— Alors, comment tu as commencé à traîner avec Phun de toute façon ? Il y a deux ans, j'ai pratiquement dû te forcer à aller à sa fête d'anniversaire avec moi parce que tu avais dit que tu ne voulais pas y aller.

Rodkeng continue à m'interroger tout en faisant le chemin à l'intérieur du bâtiment. Il y a une petite pause puisque je ne sais pas comment lui expliquer.

— Nous sommes devenus assez proches à cause des problèmes budgétaires du club. Il m'a aidé avec ça.

— Depuis, que tu l'as laissé te la mettre dans le cul !

Argh ! Ce putain de Ohm ! Donc, tu veux vraiment que je te botte le cul, c'est ça ? Je me tourne à gauche et à droite pour voir s'il y a des juniors autour de nous, qui seraient des participants involontaires puisque je me servirais des chaussures de clown et des ceintures ridicules que le directeur les aurait forcés à porter en punition pour leur retard, mais je n'en vois pas un seul donc je lève ma propre chaussure pour le menacer avec à la place.

Naturellement, il monte les escaliers en vitesse comme si quelqu'un sonnait une cloche qui l'appelait.

— Putain de Ohm, l’insulté-je tandis que Rodkeng rit derrière moi .



A présent, c'est notre pause déjeuner. J’ai fait le sujet d'études sociales du contrôle du professeur Sakda (dans un état second) alors maintenant il est temps pour tout le monde de libérer son énergie refoulée dans la salle de classe.

Nos bureaux ont été déplacés pour faire un énorme espace vide rond au milieu de la salle pour notre champ de bataille temporaire. Nous avions besoin de beaucoup de place pour que chacun de nous puisse se déplacer facilement.

Oh, nous ne nous sommes pas battus. C'est peut-être une école de garçon, mais nous sommes tous un tas de poules mouillées. Voilà ce à quoi nous jouons ...

— Tu as fini, stupide Keng ! crie Pong haut et fort.

Il plaisante avec Keng qui marche autour du bureau pour la cinquième ou sixième fois maintenant. (J'ai le vertige pour lui). Il ne dit pas un mot et ne cesse de tourner autour pour la sixième ou septième fois. Il veut trouver un bloc qu'il peut retirer en étant sûr que la tour ne tombe pas.

Yep, nous jouons au Jenga. Nous sommes environ dix à jouer. Heureusement, je suis arrivé à être le premier à retirer un bloc lorsque nous avons décidé qui allait passer en premier. Mais maintenant, je ne me sens plus aussi chanceux, car après Keng et Khom, ça va être à nouveau mon tour.

Alors bon sang, comment je suis censé m'assurer que la tour ne tombera pas ?! Ça ne peut pas tomber maintenant ? S'il vous plaît ?!

— Tête de nœuds ! Je t'attends depuis si longtemps qu'un éléphant d'Afrique est sur le point de donner naissance à un bébé. J'aurais encore eu le temps de revenir ici, même si j'avais dû la faire accoucher.

Rodkeng fait un énorme tapage parce que Keng prend trop de temps. Bien sûr, il ouvre sa bouche quand c'est au tour des autres. Mais quand c'est à lui ? Il prend tellement de temps qu'au moment où il choisit, notre pause déjeuner est presque terminée.

— Vas-y, bien sûr. Fais du vélo, je vais probablement mettre longtemps.

— Tête à claques, tu vas en choisir une ou je dois donner un coup à cette putain de tour ?

— Bien, bien, très bien ! Je le fais ! dit-il et il tire rapidement un bloc de la tour sans à peine y penser. (Parce qu'il semble que Rodkeng était sérieux au sujet de donner un coup à la tour).

Tout le monde dans la salle retient son souffle en attendant. La tour penche d'avant en arrière très dangereusement. Elle donne l'impression qu'elle peut tomber à tout moment.

— Fff ! Fff ! Fff !

Cet abruti d'Ohm souffle sur la tour pour la faire s'effondrer pendant le tour de Keng en utilisant une tactique que nous connaissons tous. Cependant, Keng est sûr de lui puisque à l'aide d'une chaussure en cuir de taille 43, il frappe l'entrejambe de Ohm.

— Connard !

Cependant, plus le gars est fort, plus nous causons des vibrations au plancher. La tour Jenga penche en arrière encore plus dangereusement maintenant.

— Yo ! Yo ! Yo !

Bordel, pourquoi tu cries comme ça ? Tu es la raison qui fait trembler le sol, stupide Keng.

Je regarde avec anxiété la tour de blocs tanguer vers la gauche, puis vers la droite. La bouche de Keng est grande ouverte. Il est généreux avec environ quatre mouches qui ont maintenant un endroit pour rester à l'intérieur de cette gorge. Il ferme lentement sa bouche maintenant que la tour semble se stabiliser.

— YAAAAAY !

Honnêtement, tu étais aussi excité la première fois que tu as fait du riz pour ta mère ?

Je plisse les yeux vers ce stupide Keng qui est maintenant en train de courir autour de la salle cinq fois comme Superman ou un athlète olympique. (La prochaine fois, essaye de donner tes respects dans les quatre directions aussi, salaud.) Puis il se retourne et hausse un de ses sourcils vers Khom, qui est le prochain sur la ligne.

— Putain... c'est... mort, dis-je à Khom qui me frappe durement sur la tête.

Merde, je ne pensais pas l'avoir demandé.

Alors que Khom est possédé par l'esprit de Jenga et marche autour de la table pour la troisième fois, (vous pourriez aussi bien commencer la cérémonie de crémation à ce point), j'entends la voix d'un autre camarade de classe qui vient de rentrer du déjeuner.

— Noh ! Quelqu'un est là pour te voir !

Qui c'est, bordel ?

— Allez va voir. Je ne peux pas me concentrer en voyant ton stupide visage.

C'est quoi ce bordel, Khom ? Comment ça peut être de ma faute ? Je lui mets un coup de pied au cul avant de courir vers la porte. Je pensais que ce serait peut-être l'un des juniors de la fanfare ayant certains problèmes avec l'entraînement. Je pensais que je serais en mesure d'aider.

Toutefois, ce n'est pas un membre de la fanfare. C'est pire que d'avoir à traiter avec la fanfare entière. Le secrétaire du conseil étudiant est debout ici et m'attend.

Je regarde celui à qui j'ai dit au revoir plus tôt ce matin avec une expression bizarre sur mon visage avant de tenter un sourire qui paraît aussi naturel que j'en suis capable.

— Qu'est-ce que tu veux ? Si tu es ici pour l'argent alors désolé, cette classe est trop pauvre. Nous n'avons rien à donner.

Je décide de le taquiner avec les problèmes auxquels le conseil étudiant est confronté dernièrement. L'école a besoin de beaucoup d'arrangements et d'améliorations, donc les facultés essaie de saigner à blanc les pauvres étudiants. Et cela a fonctionné, parce que Phun me frappe avec ses doigts pour toute récompense.

Aïe, je viens de me faire frapper par Khom aussi.

— Je vais certainement venir ici pour l'argent un jour, mais ce n’est pas aujourd'hui.

Mon dieu, ce n'est pas quelque chose que je voulais entendre.

— Comment s'est passé ton test ?

Ce n'est pas ce que je voulais entendre non plus.

— Bien. Tu es arrivé quand à l'école ?

Je fais de gros efforts pour mener une conversation normale avec lui. (Techniquement, ça n'est même pas normal. C'est pas comme si nous avions jamais eu une conversation en face de ma classe comme ça avant). Je peux voir Phun avoir une expression irritée quand je mentionne son déplacement.

— Je viens juste d'arriver. Je me suis presque fait prendre. Heureusement, il y avait beaucoup de voitures donc j'ai accéléré à travers les barrages.

Ce troll semble si fier de lui. Je ne peux pas m’empêcher de lui faire un regard inquiet. Je lui avait dit de ne pas conduire.

J'ouvre la bouche pour lui crier un peu dessus, mais je verrouille mes yeux aux siens. Soudain, je remarque qu'il me regarde d'un air penaud.

Nous restons là en silence pendant un moment car je ne sais pas quoi dire. J'ai envie de tendre la main pour toucher Phun, mais je ne peux même pas le faire.

— Merde, Noh ! T'es foutu ! Khom a réussi !

Oh, putain ! Je peux entendre la voix de Keng qui vient de l'intérieur de la salle de classe. Il m'a fait sursauter et je me tourne rapidement vers la source de cette voix.

— Ouais, ouais ! J'arrive ! Putain, comment vous pouvez être si bon à ça les gars ? Uhm, Phun ? Y’a autre chose ? hurlé-je dans la direction de Keng avant de retourner mon attention vers Phun.

Tout ce que j'ai comme réponse c'est lui qui secoue la tête comme s'il était pris au dépourvu.

— S’il n'y a rien d'autre, alors je vais retourner jouer... Bye…

Je n'attends pas de réponse et me précipite immédiatement vers le champ de bataille temporaire.

Je suppose que c'est comme ça que les choses vont être maintenant…


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:12



21ème Chaos
L'aide
Ces temps-ci, je suis incroyablement occupé au lycée. Est-ce qu'il y a un autre moyen de signifier ma surcharge d'activités que de répéter “je suis très occupé” encore et encore ? Eh bien, faites-moi signe s'il en existe un, que je puisse l'utiliser. En gros, je suis très occupé.

Sur le fondement des chapitres un à vingt, vous devez sans doute vous demander si je suis vraiment le président du club de musique, hein ? Eh bien, je n'arrive pas à croire moi-même que j'ai eu le temps de me préoccuper de tant de bêtises non plus. Le tournoi de football se rapproche, il ne reste que quelques semaines.

Même si j'ai le titre de président du club de musique, il m'est arrivé de jouer en live en tant que simple membre. Je n'ai jamais participé à une fanfare, même si j'ai quelques notions de ce qu'il faut y faire. Je commence doucement à virer barjot parce qu'on ne peut quand même pas s'attendre à ce que je récupère tous ces projets et me jette joyeusement dans leur préparation alors que je débarque de nulle part. Je n'ai pas d'autre choix que de courir à droite à gauche pour demander conseil à des dernières années ou bien à des anciens étudiants.

Le planning des répétitions est ultra chargé. Elles commencent le matin, à 7h. Puis, tous ces pauvres gars sont obligés d'amener leur déjeuner directement dans la salle de répétition lors de la pause midi et on joue jusqu'à 19h (parfois 20h, voire 21h). Je n'ai pas grand-chose à faire sur le créneau du matin, en dehors de vérifier si tout se déroule bien pour les étudiants des classes inférieures qui joueront l'hymne nationale aux pieds du drapeau. Je n'ai pas grand-chose à faire non plus l'après-midi (j'en étais rendu à jouer au Jenga, l'autre jour) parce que c'est Film qui supervise ce créneau. Mais le soir, il faut que je sois là, car je suis celui qui regonfle tout le monde à bloc, ah ah ah (oui, j'assume).

Notre salle de club a l'air plongée en plein chaos aujourd'hui. Il y a tant de sons différents provenant de divers instruments qui entrent en collision les uns avec les autres. (Est-ce que ça deviendra seulement un véritable morceau ?). Et puis, il y a le son de nos voix qui réprimandent occasionnellement quelques étudiants des classes inférieures qui relâchent leur attention. Je m'en moque si on nous accuse d'être cruels, il faut absolument que ce soit parfait le jour J. Pas moyen qu'on s'humilie devant les trois autres lycées qui seront présents, donc je pense que les membres de notre club comprennent pourquoi on se comporte comme ça (et s'ils ne le comprennent pas, alors il comprendront dans deux ou trois ans).

— Phi Noh ! C’est arrivé ! Qu'est-ce qu'on fait ?!

Mais merde à la fin ! Je suis en plein milieu de mon explication de la situation aux lecteurs, pourquoi faut-il qu'on vienne m'interrompre ? Vous me croyez si je vous dis que je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agit ? C'est forcément Per et Knot, aussi connus comme les Wall Destroyers (1) de l'école, vu qu'ils utilisent leurs voix stridentes et frénétiques comme des armes. Je jette un œil au mur qui commence à se craqueler ici et là.

— Qu'est-ce que vous racontez, tous les deux, bordel ?

Je me dirige vers eux avec un regard sombre sur le visage après avoir dit aux autres membres de continuer à s'entraîner et de ne pas s'occuper d'eux. Je regarde ces deux chiots-pas-si-mignons que ça tirer la langue comme s'ils venaient d'échapper à un raid de police.

— Phi Noh… Les gens de chez Hia (2) Pui...hhhouf...hhhouf...hhhouf…

Je trouve la tentative de Knot pour parler vraiment pitoyable. Il essaie de s'exprimer en relevant la tête mais il finit affalé sur le sol, à reprendre son souffle.

C’est au tour de Per, maintenant.

— Hia Pui est...hhhouf...hhhouf...hhhouf.

Cet abruti réussit l'exploit de me donner encore moins d'informations que Knot. Est-ce que je vais réussir à savoir de quoi il en retourne aujourd'hui ?!

— Quoi ? Vous l'aviez au cul ? Eh bien, je vous ordonne à tous les deux de lui vendre votre cul, pour 20 000 baths dont on a besoin pour la batterie !

Evidemment, je blague. Je ne pensais pas que ça redonnerait la pêche à Per et Knot qui lèvent soudainement tous deux leur doigt vers moi, comme Oncle Panya (3).

— Jus… Justement, Phi ! Hia Pui vient de livrer la nouvelle batterie au Bâtiment 2003.

Putain de putain ! Je suis dans une merde royale, non ?! Je suis sur le point de m'évanouir et de rejoindre Per et Knot sur le sol bien que je ne sorte pas d'un sprint comme eux.

— Qu'est-ce qu'on fait, Phi ? Est-ce qu'on appelle Phi Dew ? Est-ce qu'il nous reste assez d'argent dans la caisse de secours ?

Phi Dew est en terminal. Il est le trésorier qui travaille pour Mademoiselle Pataraporn. Mais...

— Il y a de l'argent, mais on en a besoin pour les uniformes et pour payer la réparation des instruments. Vous les utilisez tellement qu'ils tombent en miettes. Et puis on en a aussi besoin pour financer vos allocations, les mecs. Et il en faut ! Après, il y a le Festival Loi Krathong, le concert live et la Fête pour Noël aussi. Vous savez quoi, vous n'avez qu'à appeler Ngoi pour que je lui botte le cul !

En somme, notre club a besoin de beaucoup d'argent pour beaucoup de raisons. Est-ce qu'il va falloir que je me vende pour avoir de l'argent.

— Je pense que tu devrais juste appeler Phi Phun. Vous n'êtes pas proches, tous les deux ?

— Tu pourrais arrêter de dire qu'on est proches ?

Il touche la corde sensible, là.

— Hein ? Pourquoi ? Vous vous êtes disputés ?

— Nooooooon.

J'envoie paître Per, qui est bien trop curieux. Je me remémore alors ce que Phun m'a dit, qu'il s'occupait du problème du budget mais qu'il avait besoin de temps parce que la répartition avait déjà été finalisée. Il m'a promis qu'il réglerait le problème sans faute (hé, hé, Superman).

— Je ne veux pas l'embêter et puis il est déjà en train de nous aider de toute façon. Per, amène-moi jusqu'à Hia Pui. Je vais lui parler moi-même. Il ne sera sans doute pas trop dur avec moi, dis-je à Per en prenant une longue respiration avant de l'entraîner avec moi.

Il semble confus et murmure quelque chose comme son envie de retourner au soleil. Ça ne m'intéresse pas vraiment, j'ai juste besoin qu'il m'amène là-bas.

Lui et Knot m'escortent jusqu'au Bâtiment 2003, là où il y a les bureaux de l'administration. J'ai à peine le temps de préparer ce que je vais dire car j'aperçois déjà Hia Pui et ses livreurs au loin. Euh...Si je meurs aujourd'hui, est-ce qu'on me recouvrira d'un drapeau dans le cortège qui ramènera mon corps à la maison ?

— Hey, Nong Noh ! Comment ça va ?! me crie Hia Pui.

Je reste planté là, le teint blafard, et me demande s’il peut voir à quel point je suis blanc de là où il est.

Je recommence lentement à marcher vers lui, le sourire le moins foireux de ma collection plaqué sur mon visage.

— Bon-bonjour Hia Pui. Tu… es en forme ?

Ça ressemble à une question débile, non ?

— Bien sûr que je suis en forme ! Comment se déroulent les préparatifs du tournoi ? Est-ce que tu vas enfin avoir cette combinaison que tu voulais tant porter l'année dernière ? Ah ah ah !

Il vient de toucher un point sensible, là. Il étudiait dans ce lycée il y a encore six ou sept ans et il était dans le club de musique.

— Tu parles ! Je suis le président du club, on ne va pas me laisser travailler dans le stade habillé comme un banal membre. Ça me rend triste, rien que d'y penser.

Mais lui, ça le fait rire gras. Donc, ça te met en joie, la souffrance des autres ? Les personnes qui travaillent à la logistique du tournoi portent une combinaison. Des tas de gens, de différents départements, en ont une. Par exemple, les pom-pom boys, ceux qui travaillent aux allocations, au ravitaillement, au design, et tous ceux qui s'occupent de la partie technique. C'est comme un uniforme, ça ressemble à ce que portent les mécaniciens ou les pompiers. Les combinaisons sont crème, légèrement kaki (comment diable est-ce qu'on appelle cette couleur ?). Je trouve qu'elles sont vraiment cool. C'est mon rêve, d'en enfiler une (je suppose que je veux être pompier, plus tard).

— Oui, j'ai vu que ça t'avait rendu vraiment triste, l'année dernière. Tu voulais même aller travailler au ravitaillement mais Oak t'avait ramené de force auprès des musiciens. Si tu avais pu voir ta tête, à ce moment-là ! C'était hilarant ! Ah ah ah !

Phi Oak est l'ancien président du club. Je n'ai jamais su pourquoi il me retenait comme ça, il refusait de me laisser faire quoi que ce soit en dehors du club. Et il me traînait toujours aux événements importants. Après qu'il ait quitté le lycée, il m'a nommé président à sa place. Pauvre Noh !

— Absolument. Il a brisé mes aspirations. Tu sais, c'est un de mes rêves, de porter cette combinaison !

— Oui mais voir ce groupe continuer d'avancer et devenir aussi populaire que ceux des autres écoles est aussi un rêve pour les étudiants de ce lycée, et les membres du groupe, répond Hia Pui avec un sourire qui m'incite à lui en rendre un autre.

C'est la raison pour laquelle j'ai accepté de devenir président

— Ça va être génial, cette année, dis-je.

Il me donne un coup de coude vu que je fanfaronne auprès d'un ancien étudiant. Mais ensuite, il mentionne finalement cette horrible dette.

— Putain, Noh. Arrête de te la péter et paie-moi plutôt. C'est 24 000 bahts.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Qu'est-ce que je fais, maintenant ?

— Euh… eh bien…

— Ne me dis pas que tu n'as pas l'argent…

Si je ne peux pas lui dire ça, alors qu'est-ce que je peux bien dire d'autre ?!

— C'est que… je n'ai pas de liquide.

Est-ce que c'est la même chose ?

— Petit crâneur. Le lycée ne t'a pas encore donné l'argent ?

Ça me soulage un peu de l'entendre parler comme ça. Il comprend… peut-être ? Je me gratte le crâne.

— Quelque chose dans le genre, Hia. Le lycée a fait beaucoup de travaux d'aménagement d'espaces verts, donc il ne leur reste pas des masses d'argent. On a même eu une réunion spéciale sur le budget rien que pour le tournoi. Sans compter qu'on paie aussi des trucs de notre propre poche.

— Merde ! Le lycée est déjà très bien, pourquoi est-ce qu'ils veulent changer des choses ? Vous devriez protester.

— Oui, on pensait justement à organiser une marche de notre lycée jusqu'à celui du lycée privé. Qu'est-ce que t'en penses ?

— Eh ben, je me joindrai à vous. Mais ne change pas de sujet, petit con ! Il n'y a plus de solidarité qui tienne quand on parle d'argent !

Ah… J'ai pourtant failli réussir à m'en tirer.

— Hia, je te paierai, tu peux en être sûr. Le secrétaire au conseil des étudiants m’a promis qu'ils débloqueraient des fonds. Il faut juste attendre un peu. S'il-te-plaît... ? Allez !

Je me cramponne à son bras comme une sangsue. J'espère qu'il trouvera ça mignon et qu'il sera clément. Mais il me dégage brusquement comme si ça le dégoûtait.

— Arrête avec ça, Noh. Si tu étais une fille du lycée privé, ça ne me refilerait pas cette chair de poule, dit-il en faisant trembler son bras pour me donner une illustration visuelle. (Je commence à avoir des frissons, moi aussi).

— Très bien, tu peux prendre la batterie. Mais est-ce que tu pourrais me transférer l'argent dans la semaine ? Je ne veux pas que mon père me crie dessus. Je vous laisse toujours le matériel avant que vous ne l'ayez payé.

Ah ! Je suis si heureux que pour un peu, je lui sauterais dessus et l'embrasserais deux ou trois fois sur le crâne.

— Bien sûr, Hia !

J'ai dit “bien sûr”, mais je ne suis pas sûr du tout que Phun résolve le problème dans la semaine. Hum. Pauvre président du club de musique.



Le soleil décline, et je suis actuellement assis sur les gradins devant le Bâtiment F, la tête basse. La répétition du groupe est déjà terminée (j'ai la gorge endolorie d'avoir tant hurlé, kof kof). Je ne suis pas d'humeur à rentrer chez moi maintenant, vu que le trafic à cette heure est tout bonnement horrible. (Mais en fait, ma maison est près d'Ekamai Road et il y a toujours de la circulation, quelle que soit l'heure). Du coup, je flemmarde devant le Bâtiment F, jouant avec un Rubik's Cube, ne sachant pas quoi faire. Je veux dire, je suis passé par ici pour vérifier les gradins, vu que les réparations du stade ne sont pas finies. Ils les ont juste déplacés ici, sans les retaper. Je ne suis pas bien sûr de ce qu'ils comptent faire, en fait.

— Hé, Noh ! Tous les membres du groupe sont déjà rentrés chez eux ?

Mais qui m'appelle, bordel ? Je fronce les sourcils et cesse de jouer avec le Rubik's Cube, avant de me pencher pour voir les traits affutés, qui appartiennent à Earn. Il s'assied à mes côtés. Earn est le président de l'équipe des pom-pom boys, cette année. Il est vraiment grand et imposant, ce qui est utile pour superviser les étudiants des classes inférieures. J'aime bien ses fossettes, c'est mignon.

— Ouais, la répétition est finie depuis un moment donc j'ai décidé de passer voir les énormes progrès qu'a fait ton équipe, paraît-il, dis-je en me redressant (de ma position affalée) pour pouvoir lui parler correctement.

Je peux entendre son rire vif quand j’ai fini de parler.

— Hein ? T'as du culot, de me dire ça.

— Allez, je te charrie juste un peu, M. le Président.

Je ris en lui donnant un petit coup sur la cuisse, accessible puisqu'il est assis assez près de moi. Non loin de nous, je peux voir l'équipe de pom-pom boys se faire réprimander par un étudiant des classes supérieures. Je suppose que l'entraînement ne se déroule pas si bien que ça.

Earn regarde la même scène quand il reprend.

— C'est vraiment mauvais. Je voulais que tu viennes nous aider. En fait, j'allais te faire vice-président de la troupe.

Non merci ! Est-ce que je ne peux pas être un étudiant normal, pour une fois ?! Je n'ai pas besoin de plus de titres que je n'en ai déjà. Je secoue vivement la tête.

— Comment ça se passe, avec le groupe ? J'ai entendu dire que vous aviez besoin d'une nouvelle batterie, cette année ?

Cet idiot de Earn continue à me poser des questions. Seulement ce sont celles qui m'énervent vu que c'est moi qui ai demandé cette nouvelle batterie !

— Ouais, à qui tu le dis, bâtard. Je suis surchargé de putain de travail en ce moment. Ils viennent juste de livrer la nouvelle batterie et je n'avais pas de quoi les payer. J'en ai vraiment marre.

— Ouah, c'est sûr que c'est un problème ! Ça fait combien ?

— Plus de 20 000 baths, ça te va ? dis-je en fronçant les sourcils dans sa direction de manière moqueuse.

Il affiche une expression de surprise, hé hé. Ouais, je faisais la même tête quand j'ai réalisé qu'il manquait 20 000 bahts à notre budget.

— C'est énorme. Et le lycée ne te donne pas l'argent ?

Parler de ça me fout vraiment les nerfs.

— On a merdé lors de la réunion sur le budget, donc on ne peut pas l'avoir maintenant. Et je ne sais pas quand on pourra l'avoir, dis-je alors que le visage de Phun apparaît dans mon esprit.

— Tu veux m'emprunter la somme, d'ici là ?

Mais… Quoiiiii ?! J'ai mal entendu, ou quoi ? Mes yeux sont aussi gros qu'un œuf, en ce moment.

Je le regarde, l'air choqué, mais Earn se contente de me sourire en retour. Oui, j'ai vraiment mal entendu.

— Qu'est-ce que tu viens de dire ? MamyPoko ? Tu parles de la marque de couche ?

Je regarde Earn rire de bon cœur avant qu'il ne se lève et me prenne le bras pour que je l'imite. Je me redresse, toujours un peu confus, et je le vois qui mime “je reviens tout de suite” à ses amis qui surveillent la troupe. Deux étudiants en sciences lui font signe de la main pour lui signifier qu'ils ont compris.

— Suis-moi.

Mais qu'est-ce que tu as en tête, bordel ?



Je me suis presque agenouillé pour baiser les pieds d'Earn après avoir vu les 24 000 baths être transférés de son compte à celui de Hia Pui, dixit un ATM.

— Eeaaaaaaaaaaarn ! Merciiiiiii ! Merciiiiiii !

C'est probablement la centième fois que je lui dis. Il ne peut que rire en réponse.

— Tu n'as pas besoin de me remercier.

Il s'écarte, en essayant d'esquiver mes mains jointes en prière. Ben quoi ?! Je suis vraiment très touché par ce qu'il a fait

— Hé, je te rembourse dès que j'ai l'argent. Je suis désolé de t'avoir embêté avec ça.

— Non, ça va, dit-il en se débarrassant une nouvelle fois de moi. Mais est-ce que je peux te demander une faveur ?

Hum… Cette phrase sonne étrangement familière.

Pourquoi est-ce que tout le monde me demande quelque chose en retour après m'avoir prêté assistance ?

— Alors ? demande-t-il encore.

J'hésite à lui répondre, vu que j'ai bien retenu la leçon la dernière fois avec Phun.

— Que… Quelle faveur ? Si je peux t'aider, je le ferai.

Mon cœur sombre dans ma poitrine quand je le vois afficher un grand sourire.

— Je voudrais que tu…

— ...

— ...que tu…

— Viens-en au fait, connard !

J'insulte toujours les gens à qui je dois des faveurs.

— Ah ah ah… D'accord, j'arrête de te charrier. Est-ce que tu pourrais apporter quelques boissons de ton club, pendant le tournoi ?

Hein, c'est tout ? Pourquoi est-ce que tu faisais une tronche pareille ? Je lui souris après avoir entendu sa requête.

— Bien sûr ! Mais tu sais qu'on reçoit les nôtres de l'équipe de pom-pom boys, de toute façon ? T'es shooté, ou quoi ?

Vous avez déjà vos propres boissons.

— Non, je voulais dire… Je serai probablement très fatigué pendant le tournoi. Alors, est-ce que tu pourrais… t'occuper de moi… en me donnant à boire, et tout ? Je veux dire… Je ne peux pas ennuyer ceux qui travaillent au ravitaillement à cause de ça.

Donc, en gros tu veux que je sois ton serviteur personnel, que je te donne à manger et m'assure que tu boive assez ? Qu'est-ce qu'il est tordu, ce mec. Est-ce que ça se faisait, les années précédentes ?

Ça me paraît étrange, mais j'accepte quand même, parce que ce n'est pas comme si c'était quelque chose de terrible non plus. En plus, on sera quasiment libres de faire ce qu'on veut une fois la fanfare terminée.

— Ok, je te rejoindrai pendant le tournoi. Mais je n'ai pas de combinaison à mettre, par contre.

La combinaison… Ceux qui travaillent avec les pom-pom boys en ont une. Je suis vraiment un loser, tout ce que je porte, moi, c'est un t-shirt et un jean.

— Ce n'est pas un problème. N'oublie pas de venir, c'est tout !

Bon dieu, c'est bien plus facile que ce que Phun m'avait demandé de faire. Bien sûr que je vais venir.

Notes :
1/ Wall Destroyer - Jeu sur ordinateur qui consiste à démolir des murs de briques pour avancer.
2/ Hia - Même signification que Phi, principalement utilisé par les thailandais ayant des origines chinoises.
3/ Oncle Panya - Présentateur télé thaï qui s'adresse systématiquement aux candidats de son jeu en les désignant vigoureusement du doigt.

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Ven 6 Sep 2024 - 23:12



22ème Chaos
La Chose Que L'on Peut
C'est le matin, ce qui veut dire qu'on est encore plus près du tournoi qu'on ne l'était hier. Je fais les cent pas devant le bureau du conseil des étudiants en regardant mes chaussures. Je devrais peut-être juste ouvrir la porte et entrer. Ce ne serait pas trop bizarre ? Je continue à cogiter en tournant en rond, à un tel point que je commence à avoir des vertiges. Je devrais arrêter, à moins que je ne veuille laisser un petit cadeau devant la porte du bureau. Mais… Pourquoi est-ce que je marche en rond comme ça, de toute façon ?

Je peste après moi un moment avant que je ne décide de sortir mon portable et que je ne regarde l'écran. Bon, il faut que je parle à Phun du problème du budget, sinon je vais avoir des ennuis. Qu'est-ce que je devrais faire ? L'appeler ? Mais…

Secrètement, j'ai un peu envie de le voir…

Attendez ? Qu'est-ce que je viens de penser, là ? C'est vraiment débile ! Je me tape la tête contre mes poings pour avoir des pensées aussi déplacées au sujet du copain de quelqu'un d'autre. Je décide finalement de composer le numéro de Phun et lance l'appel.



♪ C'est déjà merveilleux qu'on soit amis

Même si on ne peut qu'être dans l'entourage l'un de l'autre

Ça ne posera sans doute pas de problème à cette personne

On ne peut pas s'empêcher de tomber amoureux de quelqu'un

Il faut que je continue à cacher ce que je ressens

Pour que tu ne puisses pas le voir dans mes yeux ♪



Mon dieu… Qu'est-ce que c'est que cette putain de sonnerie ? J'éloigne immédiatement mon portable de mon oreille quand j'entends les paroles. (Qui chante ? Je n'ai jamais entendu ce morceau). Je n'ai que très peu de temps à consacrer à cette réflexion avant d'entendre la voix profonde de Phun à l'autre bout.

— Oui, qu'y a-t-il Noh ?

Ne sois pas aussi poli, merde ! Ça me fait me sentir bizarre !

— Où… tu es, bordel ?

— Au bureau du conseil des étudiants. Et toi ? Tu veux que je te rejoigne quelque part ?

Il est tellement conciliant. Je ricane avant de lever la tête pour regarder l'insigne sur la porte du bureau du conseil des étudiants.

— A dans une demi-seconde.

Il ne me faut en effet qu'une demi-seconde pour pousser la porte et entrer dans le bureau après avoir raccroché. Phun est très surpris de me voir. (Il a toujours son portable à l'oreille, hé hé hé). Mais il n'est pas tout seul dans la pièce. J'ai oublié que ce n'était pas son bureau personnel. Il y a Fi (le président du Conseil des étudiants), Bank (je ne sais pas quel titre il a), deux élèves de seconde et… Earn, le président des pom-pom boy. Tout le monde me regarde.

— Hé, Noh ! Qu'est-ce que tu fais ici ? me salue Earn avant les autres.

Je vois un petit sourire sur le visage de Phun avant qu'il ne repose son portable.

— Pourquoi est-ce que tu n'es pas simplement entré ?

Hé hé hé. Je suppose qu'après la question de Phun, Earn sait maintenant ce que je fais là.

Je hausse les épaules de manière moqueuse vers Phun puis me retourne pour sourire à Earn qui semble classer des objets réunis dans un énorme tas. Bon, je suppose que mon gène fouineur est activé.

— Qu'est-ce que c'est que ça, Earn ?! Ce sac est super grand !

— Les souvenirs pour ceux qui travailleront aux stands, répond-il avec un petit sourire en sortant un du sac pour me le montrer.

Cette année, les souvenirs sont des colliers en argent façon plaques militaires avec le nom du lycée dessus. Derrière, il y a “ALL IN ONE” gravé. Putain, ça a trop la classe !

— C'est trooooooop la claaaaasse ! J'en veux un ! Je pourrai en récupérer un s'il en reste ?

J'ai littéralement sauté en direction des plaques une fois que je les ai vues tellement j'en veux une. (Vraiment, putain). Earn éclate de rire, sans doute parce que je m'accroche à son bras comme un chaton.

Pourquoi diable Phun s'éclaircit-il la gorge, d'ailleurs ? Je suppose qu'il est encore malade.

— Ya, tu n'as pas besoin d'attendre qu'il y ait des restes, Noh, dit Earn soudainement.

Comme d'habitude, je ne comprends pas bien ce qu'il veut dire. Je lâche son bras quand je remarque qu'il fouille dans le sac.

— Je t'en donne un maintenant.

Non seulement il me le dit, mais il me tend une plaque aussi. Mes yeux sont presque aussi grands ouverts que quand il m'a proposé de me prêter l'argent pour la batterie. Mais même si je suis super excité, il me reste un peu de conscience quelque part.

— Quoi ? Je ne peux pas accepter !

J'esquive rapidement les mains du président des pom pom boy qui sont sur le point de mettre le collier autour de mon cou. Mon refus provoque un sacré boucan dans le bureau.

— Hé, ces plaques sont pour les étudiants des classes inférieures qui travaillent aux stands. Je devrais attendre et voir s'il en reste et si c'est le cas, j'en prendrai une. Ça va faire tache, sinon, mec.

Je pense ce que je viens de dire. C'est vrai que chaque année, je récupère un souvenir destiné au pom pom boy mais c'est uniquement parce qu'il en reste une fois que tout le monde a reçu le sien. Ce sont des cadeaux pour les lycéens de première année qui ont pris sur leur temps libre pour travailler avec ceux des classes supérieures. (Sans compter qu'ils se font constamment houspiller). Ils ne sont pas faits pour que les étudiants de dernière année se les distribuent comme ça.

Mais on dirait que Earn s'en fiche vu qu'il hausse les épaules.

— Peu importe, il y en aura en trop, de toute façon. Je t'en donne un maintenant comme ça personne ne pourra l'avoir à ta place.

Il essaie encore de mettre la plaque autour de mon cou. Bon dieu ! Quelle que soit la force que je mets à essayer de l'éviter, je n'arrive pas à échapper à Earn qui est fort comme un bœuf.

— Je n'en veuuuuux paaaaas

— Non, c'est un cadeau, je ne le reprendrai pas.

Il finit par me mettre le collier autour du cou avec un grand sourire aux lèvres. Je sens le contact de la plaque sur ma peau comme si j'étais dans un rêve, j'ai l'impression d'être forcé à faire quelque chose une fois de plus.

— Je reviens, Fi.

Oh ! C'est la voix de Phun. J'avais presque oublié la raison pour laquelle je suis venu ici. Je me retourne rapidement pour faire face à Phun mais il évite mon regard, ce con. Il se dépêche de sortir du bureau. Purée, purée, purée !

— Je te retiens, Earn, mais ce sera pour une prochaine fois ! Je reviens !



— Phun ! Phun ! Phun ! Putain, Phun ! Merde, je suis crevé !

Il trace devant moi. C'est déjà assez difficile comme ça de le suivre vu qu'il a de longues jambes mais en plus il se dépêche. On dirait que je poursuis un bison. Ça ne te dérange pas vis-à-vis de la personne qui te court après ?! Ce n'est pas comme si je faisais beaucoup de sport ! Tu ne sais pas à quel point c'est fatiguant ?

— Hé, j'étais venu te parler du budget du club ! hurlé-je puisque je n'arrive pas à le rattraper.

Alors que je crie sur le chemin menant aux bâtiments, je réalise qu'il est étrangement désert. Ça marche. Phun s'arrête et me donne l'occasion d’arriver jusqu'à lui. En revanche, il ne veut toujours pas me faire face.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu es bizarre. T'es malade ?

Je tends le bras pour prendre sa température en posant le dos de ma main contre son cou. (Mais en fait, je ne sais pas s’il est censé être plutôt chaud ou plutôt froid en temps normal. Je fais ça uniquement parce que c'est ce que les gens font dans cette situation). Mais Phun esquive ma main en s'avançant rapidement avant de finalement se retourner.

— Qu'est-ce que tu as à dire sur le budget ? J'essaie toujours de l'avoir. Désolé.

Phun a l'air de se sentir si coupable que j'ai besoin de le tapoter un peu sur l'épaule pour le réconforter. En tout cas, je me sens mieux maintenant que je l'ai entendu dire ça. Je sais qu'il est le genre de personne qui me viendra en aide, quel qu'en soit le prix. Je ne regrette pas de lui faire confiance. Je suis juste venu le voir pour être sûr, c'est tout.

— C'est urgent ? demande-t-il.

Je commence à me sentir bizarre. C'est comme si mes lèvres ne bougeaient pas comme je le voulais. Alors, comment je devrais lui répondre ?

— Eh bien… ça l'était. Hia Pui a livré la batterie hier et il voulait avoir l'argent avant la fin de la semaine. Mais maintenant… eh bien… c'est toujours pressé, mais plus autant.

Ça ne veut strictement rien dire, hein ? C'est juste que je suis aussi confus que ma phrase.

— Comment ça ? Tu as besoin de l'argent avant la fin de la semaine, ou pas ? Si oui, prends le mien.

Bordel. Notre lycée est rempli de gosses de riches, hein ?

— Non, c'est bon, c'est bon. Je suis tombé sur Earn hier et il m'a transféré l'argent. Il faut juste que… je le rembourse. Je ne veux pas lui devoir de l'argent pendant trop longtemps, ça me gêne.

Ma voix faiblit au fur et à mesure que j'explique la situation à Phun. Je remarque que son expression a changé.

— Tu… as parlé de ça à Earn... ?

— Oui… on s'est rencontré hier soir.

— Et tu lui as parlé de tes problèmes de budget ?

— Oui… Je lui ai juste demandé son avis.

— Son avis ?

À ce moment de la discussion, toutes ces questions commencent à m'agacer.

— C’est quoi ton problème ? Pourquoi tu m'interroges comme ça ?

Comme d'habitude, je me mets à lui crier dessus. Mais cette fois, il se retourne brusquement et me dévisage. Je sens mon corps entier se rétrécir jusqu'à avoir la taille d'une balle de tennis.

Pourquoi a-t-il l'air aussi effrayant ?

Je recule un peu devant l'expression méchante qui se dessine sur son visage mais à chaque pas que je fais en arrière, Phun en fait un en avant. Je finis par sentir un mur derrière moi.

Euh… Je ne peux plus fuir. Est-ce qu'il a l'intention de me tuer et de m'enterrer sous le béton pour se débarrasser des preuves ?

Un son enroué s'échappe de sa gorge. Comme s'il venait de quelqu'un qui fait de gros efforts pour ne pas élever la voix.

— Tu…

Moi ? Quoi moi ?

Nos regards se verrouillent l'un à l'autre, mais après un moment, il détourne le sien. Je ne peux retenir un soupir de soulagement. Je n'ai jamais vu Phun avec un regard aussi intense avant. J'en déduis qu'il s'est finalement calmé mais ensuite...

BANG !

Putain de merde ! Mais pourquoi a-t-il frappé le mur ? S'il est fissuré, le proviseur nous fera payer les réparations, tu sais ! J'essaie d'en rire à l'intérieur de ma tête même si je ne trouve pas ça drôle du tout. Je n'arrive pas à voir le visage de Phun, mais je sais qu'il bout. Il prend une longue respiration avant de commencer à dire quelque chose :

— Pourquoi tu ne m'as pas… dit que tu avais besoin de quelque chose... ? demande-t-il sans me regarder.

Comme d'habitude, je ne saisis pas bien ce qu'il raconte.

— C'est quoi le problème, Phun ?

— Tu… Tu ne me fais pas confiance, hein ? dit-il avant de baisser son poing, qui était toujours contre le mur.

Je ne peux toujours pas voir son visage, donc je ne sais pas ce qui s'y lit maintenant. Il finit par s'en aller.

Je ne te fais pas confiance ?



Aujourd'hui a été un jour très fatiguant. Même si ce n'était pas à moi de superviser les répétitions de la fanfare, j'ai quand même des responsabilités et je dois m'occuper de la logistique du club. En plus, il faut que je répare quasiment la moitié des instruments que les membres utilisent. Je passe tellement de temps à les retaper que je crois que je pourrai ouvrir un commerce de réparation d'instruments de musique une fois sorti du lycée.

Ma montre m'indique qu'il est 22h passées quand je rentre à la maison. Je jette mon sac sur le lit avant de m'affaler dessus et de pousser un long soupir.

Ce qu'il s'est passé cet après-midi avec Phun me travaille toujours. Il m'a dit que je ne lui faisais pas confiance… Je sais très bien ce qu'il a voulu dire par là.

Je reconnais que j'ai complètement merdé en ne l'appelant pas en premier. Je savais très bien au fond de moi qui serait le plus disposé à m'aider. J’avoue que j’ai fait une erreur. J’ai blessé Phun en permettant à quelqu’un d’autre de m’aider quand ça aurait dû être lui.

En réalité, je ne veux pas être un fardeau pour lui parce que je sais très bien que c’est la personne qui m’aidera le plus. Je sais très bien que la personne qui se précipiterait volontiers pour me donner l’argent une fois qu’il sera disponible serait Phun. Je lui fais confiance à 100 %. Je lui fais tellement confiance que je n’ai jamais essayé de le presser et je ne l’ai même pas harcelé pour l’argent. Je savais qu’il ne négligerait jamais les problèmes auxquels je fais face.

Je n'ai pas voulu demander son aide à Earn, même pas un petit instant. La manière dont je lui ai parlé pourrait difficilement être qualifiée d'appel au secours. Je ne pensais pas qu'il m'aiderait à ce point non plus (vu qu'il a son propre budget à gérer avec les pom-pom boys).

Je n'ai jamais voulu que quelqu'un se mette entre Phun et moi.

— Merde, merde, merde.

Ça ne sert à rien de rester là, à ressasser tout ça. Il est sûrement super remonté contre moi en ce moment. (Je le serais à sa place). Penser à cela me fait balancer mes chaussettes au loin et aller chercher mes clefs de scooter dans la seconde.

— M'man, je reviens bientôt.

Je titube en descendant l'escalier et je vois mes parents regarder un film. Ils me font un signe comme quoi ils ont entendu, alors je prends mon fidèle scooter pour qu'on aille tous les deux affronter le monde une nouvelle fois.

Mais je n'ai même pas l'occasion d'allumer le contact car j'aperçois un visage pâle appartenant à un certain connard. Il est assis à côté des pots de fleurs près du portail et me coupe de court.

— Putain, la trouille ! Qu'est-ce que tu fais assis là en silence ?!

— Oh, qu'est-ce que tu fais ?

Phun remarque que je m'apprêtais à partir avec mon scooter alors il s'est rapidement avancé vers moi pour me poser cette question. Qu'est-ce que je suis supposé lui répondre ?

— Et toi ? Comment ça se fait que tu ne sois pas encore rentré chez toi ?

Je l'observe de la tête aux pieds, il porte toujours son uniforme, y compris les chaussettes blanches, les chaussures en cuir et le sac de cours. Il est clair qu'il n'est pas rentré chez lui.

— Je… commence-t-il à dire.

Mais ensuite, il reste silencieux. J'essaie de lire dans ses yeux vifs mais il persiste à détourner le regard. Il place son sac sur mon scooter comme s'il tentait de m'empêcher de partir.

— Et toi ? Tu allais où ?

En gros, des questions continuent d'être posées, mais aucun de nous deux n'y répond.

Je jette un œil à son visage, qui affiche toujours une expression déplaisante. (Pourquoi diable tu es là si tu es toujours en colère contre moi ?). J'attrape son sac et lui redonne avant de brusquement tirer Phun vers le scooter.

— T'as faim ? demandé-je, il fait « non » de la tête. Ouais, ben moi si.

Peu importe ce qu'il dit, je le fais s'asseoir derrière moi et démarre. Je roule loin de la maison, avec le bruit des pétarades du scooter comme accompagnement.



On quitte les rues désertes d'Ekamai Road (où je vis) pour Thong Lo Road (où Phun vit). Est-ce qu'on n'a pas la classe ? On ne porte même pas de casques et on est toujours en uniforme (ce qui indique qu'il n'y a aucun moyen qu'on ait notre permis) mais pas de problème, mon père a des relations (ou pas, en fait ?). Ah ah ah, je plaisante. Je m'arrête dès que j'aperçois un flic avec son casque blanc qui me fait penser à une balle de ping pong.

On réussit finalement à échapper à la prison et on arrive à l'intersection entre Thong Lo Road et Sukhumvit Road. Je décide de m'arrêter devant un restaurant de congee. J'imagine que ça ne va pas faire du bien au physique de faire un aussi gros repas à 22h passées.

— Si tu veux manger dans le coin, on pourrait aussi bien aller à Oishi Buffet, se plaint Phun en souriant après avoir lu l'enseigne « Thong Lor Congee ».

Je m'en fiche d'où on va vu que je suis pété de tunes, ah ah ah. Enfin, pas vraiment. Le truc, c'est que la fille du propriétaire est vraiment mignonne. Je viens souvent manger ici vu que j'aime bien la regarder, hé hé hé.



On mange nos bols en silence une fois la commande arrivée. Je jette un œil au bâtard qui disait qu'il n'avait pas faim mais a tout de même commandé un second bol de soupe. C'est le même bâtard qui s'est aussi plaint du prix, mais en a tout de même redemandé. Je ricane pour moi en le voyant manger. Il le remarque et me donne un coup de pied sous la table.

— Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?

— Je pense qu'il faut que j'aille me faire examiner les oreilles. J'ai cru que j'avais entendu quelqu'un dire qu'il n'avait pas faim tout à l'heure, dis-je, moqueur, en buvant mon Pepsi.

J'ai déjà fini mon bol de soupe mais Phun est toujours avec son deuxième.

— Oui, je me demande comment tu peux être le président du club de musique alors que tu as des problèmes d'audition.

Oh tu me tombes dessus alors que j'ai juste fait une petite blague ?

— Connard.

Je lui donne moi aussi un coup de pied sous la table. Il sursaute et manque de se brûler avec le congee. Je ne peux m'empêcher de rire.

— Putain, t'es pas sortable. Regarde-toi, tu manges comme un gosse de maternelle. Prends ça, prends ça.

Je sors un mouchoir et le tends à Phun. Je n'ai même pas essayé d'étouffer mon ricanement quand je l'ai vu tenter de se nettoyer avec le dos de sa main. Il prend le mouchoir, l'air légèrement ennuyé.

— Et à qui la faute ?

Hé hé hé.

On continue de manger nos congee (enfin, il mange et je bois mon Pepsi à la paille) et de se chercher mutuellement. Phun fourre finalement la dernière cuillère de sa soupe dans sa bouche.

— C'était bon. Je ne suis jamais venu ici avant. Pourtant, je passe souvent dans le coin, dit-il.

— J'ai entendu dire que cet endroit était sur la même route que ta maison, dis-je avec sarcasmes avant de rapidement ramener mes jambes vers moi vu que j'ai le sentiment qu'il pourrait me donner un nouveau coup de pied.

— Oh, je ne pensais pas que tu irais assez vite.

Non mais, ce bâtard continue de m'insulter.

Je le regarde avaler son ultime bouchée de congee avant de prendre une grande lampée de boisson. Je peux voir son sourire à travers le verre.

— Tu t'apprêtais à venir me voir, hein ?

Humph, connard. Pourquoi remet-il ça sur le tapis, tout à coup ?

Je hausse les sourcils d'un air moqueur et sifflote au lieu de lui répondre. J'entends un petit rire qui ne fait qu'accroître mon agacement. J'ai vraiment envie de lui mettre un nouveau coup dans le tibia.

On reste assis en silence. Pendant un long moment, je ne le regarde pas vraiment.

— Je suis désolé.

Et la personne qui brise le silence n'est pas moi. Je me redresse de suite et le regarde. Pourquoi Phun s'excuse-t-il ?!

— Pourquoi est-ce que tu t'excuses ?

Les mots sortent de ma bouche aussi rapidement que je les penses. Je vois Phun serrer fortement ses lèvres comme s'il était sur le point de faire un long discours.

— Eh bien, je… je me suis énervé cet après-midi. Je suis désolé. Ça a dû beaucoup te surprendre.

— Qu'est-ce qui t'est arrivé, alors ?

À ce stade, il pousse un grand soupir.

— C'est parce que tu… Pourquoi tu ne m'as pas simplement dit que tu avais besoin d'aide, merde ? Et tu as été voir Earn à la place ? C'est qui, pour toi ? Ça ne m'aurait pas dérangé que quelqu'un de ton club te vienne en aide. Mais Earn ? Qui c'est, Earn, bordel ? Pourquoi est-ce qu'il a fallu que tu ailles le voir pour demander de l'aide ? Et moi, alors ? Est-ce que je ne te suis d'aucune utilité ? Est-ce que j'ai la moindre importance pour toi ?

Argh...Ce mec ! On dirait qu'il a retenu tout ça jusqu'à présent. Comme il continue, je lui tends un verre d'eau, sa gorge doit devenir sèche.

— Putain, ne fais pas le malin avec moi. Réponds-moi juste.

Bon dieu, je me montre gentil et il dit que je fais le malin avec lui ? C'est quoi son problème, bordel ?

— Je n'avais pas l'intention de parler de ça à Earn, ce jour-là. Il m'a juste demandé comment ça se passait au club et j'ai commencé à râler sans réfléchir. Qui aurait pu penser qu'il allait me traîner à un distributeur pour tirer de l'argent à 20h ? Même moi, j'étais très surpris.

— Alors pourquoi tu n'es pas venu me voir directement quand Hia Pui a livré la batterie ?

Bon sang. Son ton commence à sonner vraiment agressif, les gens.

— Parce que je savais que tu faisais déjà tout ce que tu pouvais. J'ai confiance en toi quand tu me dis que tu m'auras l'argent alors je ne voulais pas t'embêter avec ça. Je sais que tu me le donneras dès que tu l'auras.

Je le vois sourire, apparemment content de ma réponse. Mais immédiatement, son expression redevient sombre.

— Et pourtant tu te comportes comme un mendiant avec Earn ?

— Putain, quoi ? Pas du tout !

Il faut vraiment que je lui fiche un autre coup dans le tibia. Je le fais.

Il rit en essayant d’esquiver (mais échoue) avant de se lever et de sortir son portefeuille.

— C'est pour moi. Excusez-moi, l'addition s'il-vous-plaît

Il murmure doucement la première partie avant de lever un doigt pour attirer l’attention du propriétaire. Je me lève aussi, puis je le suis dehors.

Voir son large dos devant moi me donne envie de dire quelque chose aussi.

— Je suis...aussi désolé. Je ne voulais pas te blesser.

Le grand sourire que fait Phun est ce que je voulais le plus voir. Je le lui rends avant qu'il ne mette ses bras sur mes épaules pour qu'on puisse marcher ensemble.



On roule sur le scooter dans la nuit, se faufilant entre de nombreuses voitures sans doute remplies de personnes allant en boîte, avant d'arriver finalement devant le portail d'une énorme maison. (Il a fallu qu'on s'arrête pour éviter la police une ou deux fois). Je vois de la lumière dans quelques-unes des pièces, même s'il est près de minuit.

— Tu as dit à quelqu'un que tu arriverais tard à la maison ?

Je pose la question à Phun tout en garant le scooter.

— Oui, j'ai dit à Pang que je sortais avec toi. Hé hé.

— Tu ne fais que me poser des problèmes !

Ce bâtard. Je lance ma jambe en avant pour lui mettre un coup de pied au cul alors qu'il descend du scoot, mais il arrive à l'esquiver et rit.

— A bientôt.

Bon, peu importe, je suppose. Je lui fais un signe de la main avant de me préparer à partir. Je me serais déjà dirigé vers la rue principale maintenant s'il n'avait pas appelé mon nom.

— Noh…

— Qu’est ce qu’il y a ?

Je me stoppe et me retourne vers lui. Je n’entends pas de réponse venant de lui. Phun marche plus près de moi. Je fixe ses mains alors qu’il les tend autour de mon cou avec l’intention de faire quelque chose.

— Qu’est-ce que tu fous ?

— Ne bouge pas.

Ses mains se déplacent autour de mon cou pendant un certain temps. Je réalise enfin ce qui se passe lorsque la plaque est retirée de mon cou.

— Tu n'as pas honte de porter quelque chose qui appartient aux pom-pom boys ? me dit-il et je suis d'accord avec lui, en fait.

— Si. J'ai oublié de l’enlever, j'étais trop occupé. Merci de me l'avoir rappelé.

Je tends le bras pour reprendre les plaques que Earn m'a données cet après-midi mais Phun les flanque dans la poche de sa chemise. Ce connard se croit tellement malin.

— Je les redonnerai moi-même à Earn.

Mais ça le fichera mal ! Ma bouche est grande ouverte, dans l'incompréhension totale.

— Je lui retournerai moi-même.

C'est ainsi que la Guerre des Plaques a commencé. Je me penche vers lui pour attraper le collier mais il se rebiffe brusquement et me repousse en posant sa main sur ma tête. Ce con ! Est-ce qu'il croit qu'il peut faire tout ce qu'il veut parce qu'il est plus grand que moi ?!

— Tu n'arrives pas à dire non aux gens. Tu continueras à le porter s'il insiste. C'est moi qui les lui rendrai, dit-il en tapotant sa poche pour me faire savoir que les plaques resteront là.

Il a raison, cela dit, maintenant que j'y pense. Je ne suis pas du genre à trop batailler. Quand quelqu'un me force quasiment à faire quelque chose, généralement je le fais. Je veux dire, prenez Phun, par exemple. C'est pour cette raison que je me suis retrouvé dans cette situation à l'origine.

— D'accord, je te laisse t'en occuper, alors.

— Et n'accepte pas n'importe quoi de n'importe qui. Surtout venant d'Earn.

Ce que Phun me dit me fait me sentir étrange. C'est comme si… il était plus mécontent du fait que j'ai accepté des plaques de la part d'Earn que de savoir qu'elles étaient légitimement destinées à la team d’encouragement.

— Phun…

Je l'ai appelé avec douceur. Il se retourne pour me regarder.

— Qu’est ce qu’il y a ? répond-il si gentiment que j'en éprouve des difficultés à parler.

— Je ne suis pas à toi et tu n'es pas à moi, tu sais…

Même si c'est moi qui ai prononcé ces mots, je sens ma poitrine se serrer. Et Phun, alors ? Ça l'affecte sans doute plus que moi.

Néanmoins, il faut que je continue à dire ces choses. On a tous les deux besoin de s'en rappeler aussi souvent que possible. En vérité… c'est ce que je me dis à moi-même, juste pour accepter le fait qu'il n'y a pas de « nous ».

Un sourire solitaire se dessine sur les lèvres de Phun avant qu'il ne s'approche de moi. Il me regarde en tendant la main et me caresse gentiment la joue.

— Ce n'est pas parce que nous avons déjà parlé de ça que… je suis capable de t'oublier du jour au lendemain.

Il me regarde intensément tout en me souriant. Je ne peux pas m'empêcher de m'interroger, est-ce que ce serait trop demander que l'on reste amis, simplement comme ça ?

Avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, le visage familier de Phun se rapproche du mien. Je peux sentir sa respiration. Je me tends soudainement et clos mes yeux avec fermeté. Je sens une chose douce et rebondie, pleine de chaleur, sur mon front. Cela dure un moment avant qu'il ne s'éloigne.

Je hausse un sourcil de manière moqueuse pour cacher mon embarras.

— C'est probablement tout ce qu'on pourra faire, maintenant, hé hé.

— C'est toujours mieux que rien, répond Phun avant de me faire un signe de la main m'indiquant qu'il retourne chez lui. Fais attention sur la route, d'accord ?

— Ouais. A bientôt.

Je ne sais pas ce que signifie cette douleur acérée qui est en train de me gagner.

Honnêtement, je ne sais pas.


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:12



23ème Chaos
Le Meilleur Des Jours
Finalement, le jour du tournoi de football est enfin arrivé. Vous pensiez que toutes ces répétitions étaient fatigantes ? Le jour J est bien pire. Je n'ai pas pu dormir la nuit dernière parce que j'étais trop occupé avec les uniformes, les instruments et une tonne d'autres choses. J'ai juste fait une sieste vers 2h du matin mais Ohm m'a réveillé en me donnant un coup de pied à 2h25 exactement parce qu'il y avait un problème avec un cor. Non mais bordel ! J'avais déjà réparé cette merde l'autre jour. Peut-être qu'il est temps d'en acheter un nouveau. Donc, en gros, je n'ai pu profiter que de 25 minutes de sommeil avant que je n'aie à traîner mon corps éreinté et à peine fonctionnel jusqu'au stade Suphachalasai, alors que les poules elles-même n'étaient pas encore levées.

Le soleil matinal nous réchauffe sans la moindre pitié et plusieurs des membres de la fanfare se sont déjà évanouis. J'ai dû me précipiter jusqu'au kit de premiers soins qu’heureusement on a emmené avec nous. Finalement, je me suis retrouvé à tenir un talkie-walkie dans une main et le kit dans l'autre. En plus, il faut constamment que je rafistole des instruments qui ne fonctionnent plus. Et parfois, quand on a un besoin urgent de quelque chose, il faut que je demande à des cadets qui n'ont rien à faire de courir jusqu'à Siam pour nous le rapporter. Jusqu'à présent, ça a donc été une journée très agitée.

— Hé ! Ne t'évanouis pas ! Ne t'évanouis pas !

Et voilà. Je me retourne rapidement pour retenir Nong Ae, le joueur de clarinette, dont le visage est complètement dépourvu de la moindre goutte de sang. J'attrape une serviette et le lui tapote. Non seulement je dois m'assurer que ces mecs restent en vie, mais en plus il faut que je sois à l'affût des messages sur le talkie-walkie qui peuvent arriver à tout moment. Je commence à avoir des vertiges moi-même.

— Bank à Noh. Est-ce que le groupe est prêt ?

Je sursaute quand j'entends mon nom sortir de cet appareil. Je me dépêche de répondre :

— Noh à Bank. On est prêts.

— Alors mettez-vous en position.

Nous y voilà. Courage. Je fais une petite tape dans le dos aux membres de la fanfare pour les faire se lever avant d'essayer de joindre Film via le talkie-walkie. Il semble avoir disparu.

— Noh à Film. S'il-te-plaît, positionne-toi. Je suis sur le point d'envoyer la fanfare sur place, terminé.

— Film à Noh. Oui, oui, je suis sur le chemin.

Je suis sûr qu'il était en train de reluquer les filles. Je remue la tête avant de me mettre en tête du groupe pour mener les juniors à l'endroit où ils sont censés aller. Mais à ce moment-là, j'entends une voix appeler mon nom dans le talkie-walkie.

— Earn à Noh. N'oublie pas ce qu'on a prévu de faire, okay ?

Ah, ce bâtard. Mais d'où il sort, bordel ? Je fixe le talkie-walkie avec un regard interloqué avant de répondre :

— Noh à Earn. Ouais, laisse-moi juste finir avec ça d'abord.

Le talkie-walkie plonge dans le silence quelques instants avant que quelqu'un d'autre ne dise.

— S'il-vous-plaît, ne faites pas les imbéciles avec les talkies walkies.

Je ne peux pas m'empêcher de laisser échapper un rire. Les juniors se retournent vers moi, l'air confus.

C’était la voix de Phun.



La fanfare commence à entrer dans le stade, ce qui signifie que mon travail ici est fini. Je n'ai plus besoin de rester dans le coin (Film et Ohm s'occupent déjà du reste). Mon nouveau travail, toutefois, est de me précipiter jusqu'au bureau sous des tribunes pour contrôler les écrans, m'assurer que tout se déroule sans incident et s'il y a le moindre problème, prévenir Film.

Je cours à moitié jusqu'à ma destination. Je remarque plusieurs membres de divers départements tels que l'équipe de pom-pom boy, l'équipe technique, celle de la conception, tous vêtus d'une combinaison et s'agitant dans tous les sens. Je salue Mark, qui fait partie de l'équipe de conception, de la main. Il a un regard anxieux alors qu'il essaie de faire des changements dans la répartition des tribunes. Il trouve quand même le temps de me saluer en retour. (Sérieusement ?). Près de lui, je vois Mo, qui travaille au département technique aujourd'hui et semble avoir une discussion angoissée avec ceux qui bossent à l'approvisionnement. Ils ont une sorte de plan dans les mains. Tout le monde semble très occupé à faire ses propres choses.

Je suis à la recherche d'un écran en mesure de m'aider. Je n'ai pas besoin d'errer trop longtemps vu qu'un élève de seconde me fait signe.

— Celui-là, Phi.

Je lui souris et cours m'asseoir à ses côtés. Je regarde la fanfare et les troupes avant elle défiler à l'intérieur du stade. Pour être franc, je ne suis pas si attentif que ça à l'écran vu que je suis trop occupé à parler de Pang Ya avec Paeng (Film et Ohm ne doivent jamais l'apprendre).

Comme on pouvait s'y attendre, je repère quand même le dos de Phun, que je vois un court moment. Il porte une combinaison et travaille dans les parages. (Il travaille au département technique. Je viens tout juste de le découvrir, en voyant sa tenue). Cependant, je ne lui prête pas réellement attention, toujours dans ma conversation avec Nong Paeng. Enfin, je l'étais en tout cas, jusqu'à ce qu'il se taise.

— Qu'y a-t-il, Phi Phun ?

Quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Je tourne la tête dès que j'entends la voix de Paeng. Phun Phumipat se penche sur moi de manière très impolie, alors qu'il porte toujours son casque audio.

— Je peux m'asseoir ici ? Changeons nos places, dit-il à Nong Paeng.

Je voulais vraiment le frapper à la tête. Paeng abandonne évidemment son siège puisque Phun abuse de son autorité de Senior. Heh heh heh. Il a encore l’affront de faire un grand sourire avant qu’il enlève son casque et le passe au junior.

— Prends-ça. Earn donne des directives sur le canal 2.

Là d'où je viens, on appelle ça refiler ses responsabilités à quelqu'un d'autre.

— Il va être capable de le faire ? murmuré-je à Phun.

Mais il me fait un sourire détendu et met le casque en mode « on ». Maintenant, il est branché sur le canal 11, comme moi.

— Bien sûr, ne le sous-estime pas, dit Phun alors qu'il appuie sur quelques touches du clavier pour changer l'angle de la caméra afin d'obtenir une meilleure vue de la fanfare. Je te connais mieux que lui, de toute façon.

— Arrête de raconter n'importe quoi…

Je le reprends mais je ne peux pas m'empêcher de sourire pour moi-même vu que l'angle de vue est bien meilleur maintenant. Je préviens Film via talkie-walkie dès que je remarque un problème ou une erreur.

Rapidement, les troupes et les derniers membres de la fanfare quittent le stade. Je pousse un gros soupir de soulagement car tout s'est passé sans incident. Enfin, en dehors de Ngoi qui s'est trompé de clef deux fois en jouant de la flûte. Je lui botterai le cul plus tard.

Soupir

— Alors, t'as fini pour aujourd'hui, non ? demande Phun tout en changeant l'affichage de la caméra pour revenir aux tribunes des pom pom boy comme c'était avant.

Je ne sais pas quoi lui répondre étant donné que techniquement, j'ai terminé, mais que d'un autre côté, ce n'est pas vraiment le cas.

— Il faut encore que j'aille voir Earn.

— Ah oui, qu'est-ce qu'il a voulu dire tout à l'heure ?

Phun saisit l'opportunité pour me le demander. Je m'étire avant de lui répondre.

— Il m'a aidé avec le budget du club, tu te souviens ? Donc, il m'a demandé si je pouvais lui apporter quelques boissons de notre club vu qu'il n'a personne pour lui en donner.

J’ai fini et je suis sur le point de me lever pour faire ce que j’ai dit à Phun, mais il me tire en arrière pour me faire rasseoir.

— Alors, tu n'as pas besoin d'y aller.

— Et pourquoi ça, bordel ?

Je fronce les sourcils en regardant Phun qui sourit devant l'écran alors que les pom pom boy scande quelque chose de particulièrement agaçant. Néanmoins, j'ai le sentiment que Phun est beaucoup plus irritant encore à ce moment précis.

— Eh bien, je… je l'ai déjà remboursé. Et je lui ai rendu les plaques, aussi, répond-il rapidement avant de parler dans le talkie-walkie. Écrans à la Team d’encouragement. S-30 est incorrect, s'il-vous-plaît rectifiez le tir.

— Minute ! On a pas encore fini de parler, là !

Je tire sa manche pour l'empêcher de taper sur le clavier.

— Si, rit-il avant de continuer à ajuster l'angle des caméras.

— Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Tu l'as déjà remboursé ? L'école a débloqué les fonds pour notre club, ça y'est ?

— Pas encore.

— Comment tu l'as remboursé, alors ?

— Je ne te le dirai pas. Écrans à l’équipe d’encouragement. Vérifier E-14, s'il-vous-plaît.

Ce con continue d'éviter le sujet. Je plisse le nez dans sa direction (même s'il ne me regarde pas) avant de lever mes miches de là.

— Il faut quand même que j'y aille. Je le lui ai promis.

Pour la deuxième fois, il me tire en arrière pour me faire rasseoir. Ah bien sûr, pour faire ce genre de truc, t'es un rapide.

— Tu sais comment on se sert des écrans, non ? demande-t-il.

J'acquiesce même si je ne vois pas bien où il veut en venir.

— Tu veux avoir une combinaison ?

Mais maintenant je ne sais pas si je devrais acquiescer même si, intérieurement, je meurs d’envie d’en porter une. Je le fixe avec les sourcils froncés.

— N'aie pas l'air si méfiant. Je sais que tu veux en avoir une. Suis-moi. Tle, tu peux t'occuper de ça un petit moment ? Je reviens tout de suite, dit-il en m'entraînant après lui.

Qu'est-ce qu'il a en tête, bon sang ?



On s'arrête dans les vestiaires de l’équipe d’encouragement. La zone est complètement vide car ses membres sont déjà partis attendre leur tour devant l'entrée du stade. Je reste là, debout, un regard confus sur le visage, alors que Phun baisse la fermeture éclair de sa combinaison

— Wo ! Wo ! Wo ! Wo ! Wo ! Qu'est-ce que tu fous là ?!

Est-ce qu'il a l'intention de me violer ici et maintenant ?! Pas moyen ! Le sol est trop dur ! Attendez ! Je veux dire, je ne vais pas le laisser faire !

Il ignore mes protestations et continue de se déshabiller. Je ferme les yeux et les serre fortement pour ne rien voir d'obscène. Je peux entendre le son d'un vêtement qu'on enlève.

Après un petit moment, je sens qu'on jette quelque chose sur mon épaule. J'ouvre un de mes yeux pour voir Phun devant moi, vêtu d'un tee-shirt blanc et d'un boxer. Il sourit et remue la tête comme pour rire de moi.

— Faisons un échange. Donne-moi tes habits.

Bon dieu… facile à dire, pour toi. Tu avais une combinaison, donc tu portes toute une autre tenue en-dessous. Mais tout ce que je porte, moi, c'est un tee-shirt et un jean, rien d'autre !

— Va te faire foutre. J'ai plus envie d'en avoir une, de toute façon.

— Mais je l'ai déjà retirée. Allez ! On ne devrait pas laisser Tle seul trop longtemps, avec tout ce qu'il y a à faire.

J'hésite une seconde avant de pointer mon doigt dans sa direction.

— Alors, retourne-toi !

Qu'est-ce que j'ai dit de drôle ? Pourquoi il se marre comme ça ?

— Pourquoi est-ce que tu joues les timides ? On est… tous les deux des mecs.

Je suis sûr qu'il pensait à quelque chose d'autre durant cette longue pause avant « tous les deux des mecs ». Ce connard ! D'accord, normalement, je cède rapidement aux gens, mais pas cette fois ! Je continue de le pointer du doigt et lui redis de se tourner.

Il ricane.

— Tu as l'intention d'enlever tous tes vêtements ou quoi ? Donne-moi juste ton jean, ça ira. J'ai déjà un tee-shirt. Et puis tu devrais garder le tien sous la combinaison, sinon ça va gratter, tu sais.

Ah, c'était ça, alors. Pourquoi suis-je aussi stupide ? Je fixe la combinaison avec une certaine confusion avant de décider de retirer mon jean (j'ai un boxer dessous) et de le balancer à Phun. Donc maintenant, on porte des vêtements qui ne nous appartiennent pas..

Je regarde la combinaison kaki que j’ai, je me sens complètement exaltée. Malgré le fait que ça dise 'Techque' au lieu de 'Swasdikarn' comme je le rêvais, je pense toujours que ça a l’air incroyablement cool.

— Je ne te la rendrai pas.

Je le menace.

— Non, bien sûr, si tu es assez courageux pour faire tout le chemin jusqu'à chez toi dans cette tenue, garde-la, répond-il avant de me guider hors du vestiaire.

Je retourne au bureau des écrans de surveillance et sourit à Nheng, qui semble un peu surpris vu qu'il attendait Phun et que c'est moi qui me pointe à sa place. Hé hé. Je peux m'occuper de ça, tu sais. Gérer les écrans et tout le toutim, fais-moi confiance.

Je m'étire un peu le cou pour me soulager la tête avant de récupérer le casque audio laissé par terre à gauche et de le mettre sur mes oreilles. J'appuie sur un bouton et voit Earn sourire alors qu'il donne des instructions à des cadets. Et le voilà. Phun marche vers lui avec une boisson dans les mains

Je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire quand je vois l'expression choquée d'Earn au moment où il réalise que c'est Phun qui lui donne à boire et non moi. Il peste rapidement sur la canal 11 comme quoi je lui ai fait un sale coup. Je peux entendre Phun rire en fond. Je trouve ça très drôle moi-même (ah ah) mais je me retiens de rigoler car je me ferais crier dessus. Je m'excuse simplement auprès de Earn puis reporte mon attention sur les écrans pour afficher les tribunes de l'équipe de conception.

Le temps passe vraiment vite. Il y a un véritable brouhaha sur la pelouse du stade et aussi dans les tribunes avec divers mots qui sont scandés tout au long du match. Il y a aussi eu plusieurs tentatives de buts infructueuses dans un court intervalle, ce qui échauffe encore l'atmosphère. Tous les anciens étudiants sont aussi bruyants que les élèves actuels. Je ne peux m'empêcher de me laisser gagner par cette excitation alors que je regarde toujours les écrans. (Je vois tout ce qu'il se passe).

J'ai récupéré la mission de Phun, qui était de s'occuper de la surveillance vidéo et des autres équipements. Il y a eu un tas de problèmes et j'ai fini par aller directement voir des membres du staff dans leurs tribunes respectives pour leur en parler, vu qu'il y avait trop de personnes qui utilisaient les talkies walkies. Parfois, c'était même difficile de savoir qui était au bout de la ligne. C'était plus simple d'aller voir les gens. A chaque fois que je me pointais près des tribunes, Earn me fusillait du regard. Des amis autour se moquaient même de lui. Pendant ce temps, Phun continuait à se montrer odieux, en le faisant manger et en l'obligeant à boire des trucs. Ça donnait l'impression de lui rendre service mais il semblait que ça énervait Earn plus qu'autre chose. Ça a fini par devenir un sketch pour les personnes qui travaillaient aux tribunes. (Ah ah). J'ai ri avec eux dans cette atmosphère relaxante qui s'était instaurée. Même si c'était crevant, avoir beaucoup d'amis travaillant ensemble pour atteindre un but comme celui-ci m'incitait à faire encore plus d'efforts.

Phun a continué à se porter volontaire pour être l'assistant personnel d'Earn pendant toute la durée du match. Cependant, il avait toujours le temps de vérifier ce que je faisais de temps à autre. Chaque fois qu'il venait me voir, il apportait une boisson et quelques friandises avec lui. Je me demande s'il ne forçait pas quelqu'un à aller les acheter à Siam parce que je doute fortement qu'on avait prévu des petits pains de chez Beard Papa, une délicieuse boulangerie de Paragon, pour les membres de l'équipe. (Et si c'était le cas, alors Earn avait sans doute dépensé trop d'argent pour ça). J'ai souvent remué la tête devant la réserve de Phun vu qu'il niait les avoir achetés pour moi chaque fois que je lui demandais. Il insistait pour dire qu'ils venaient des stands d'approvisionnement. Il doit penser que je suis naïf. Enfin bref, je n'ai pas cherché à me disputer avec lui. Les petits pains étaient succulents.

En plus des boissons et des petits pains, Phun me demandait sans arrêt comment ça se passait, ou si j'étais pas fatigué. Il m'a même demandé si je voulais qu'on reprenne nos vêtements d'origine mais j'avais trop la flemme pour accepter. Donc en gros, je lui ai dit que tout se déroulait normalement et que j'allais très bien à chaque fois qu'il m'a posé la question. Finalement, le ciel a viré au noir et un vacarme assourdissant a retenti dans le stade. Notre équipe a marqué un but. Et ils ont été capables de conserver le score de 1-0 pour le reste du match. Le chiffre brillait sur le tableau d'affichage, comme une preuve de notre victoire longuement désirée !

Tous mes amis et moi avons retiré les casques et sauté partout pour fêter ce moment. Nous avons couru dans tous les sens et causé un vrai bazar dans nos tribunes avant de nous précipiter vers les autres étudiants pour faire la fête avec eux. On a chanté à tue-tête, que ce soit les slogans des pom pom boy ou l'hymne de l'école, en se prenant par le cou ou par les épaules. C'était tellement énorme que je ne pourrais pas le décrire. Ma fatigue s'est évaporée à l'instant où j'ai vu ce que nos efforts conjugués avaient permis d'accomplir. J'ai vu que beaucoup de mes amis pleuraient. J'ai même remarqué que le visage de Phun Phumipat avait des traces de larmes récemment essuyées.

Maître Buncha nous a dit de nous rassembler et de faire un hourra. On s'est pris par les épaules et on a poussé un grondement tonitruant. Je me suis promis de ne jamais oublier ce jour, le meilleur des jours.



Après la fin du match, les étudiants de notre école continuent de traîner dans le stade pendant un long moment pour féliciter tout le monde pour son travail. (Sans compter que nous avons gagné). En toute franchise, j'aurais de toute façon profité de cet instant que nous ayons gagné ou non, parce que ça me permet de me faire beaucoup de nouveaux amis. J'ai dit au revoir à un groupe de ces amis qui sont encore assis dans les tribunes. (Ils portent des shorts noirs, hé hé). Ils sont tous venus nous féliciter quand le match s'est terminé. On a raison de parler de l'esprit du sport, peu importe qui gagne ou perd, on a noué de nouvelles amitiés durant ce tournoi. Aucune couleur de short ou de barrières entre nos écoles ne peut nous séparer.

Alors que je parle à un ancien étudiant qui a couru jusqu'à moi pour m'adresser ses félicitations (hey, je ne suis même pas un joueur de foot. Pourquoi est-ce que tout le monde me félicite ?), j'entends derrière moi une voix terriblement familière.

— Noh ! Ça fait une vie entière que je te cherche !

Ah ! Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir qui c'est. Je commence à me demander si Yuri n'a pas installé une puce sur mon portable ou quelque chose dans le genre. Comment a-t-elle seulement pu me trouver dans cette foule énorme ?

— Bon dieu, Noh. Quand est-ce que tu t'es trouvé une copine aussi mignonne ? Bref, on se voit plus tard. J'ai prévu de passer au lycée la semaine prochaine.

Phi Mote, l'ancien étudiant, abrège la conversation en me souriant de manière entendue. Qu'est-ce que je fais, maintenant ? Je n'ai pas d'autre choix que de lui rendre son sourire en lui faisant un signe de la main.

— A bientôt, Phi.

Maintenant que Phi Mote est parti, il est temps de s'occuper du petit bout de femme qui se tient à côté de moi.

— Tu me cherchais ? Tu as quelque chose à me dire ?

— Bien sûr, mais je ne savais pas que tu faisais partie de l'équipe logistique !

J'étais sûr qu'elle le remarquerait car Yuri sait que je travaille avec la fanfare (et que mon uniforme consiste en un tee-shirt et un jean) et pas à la logistique. Je n'étais pas supposé porter cette combinaison trop grande. Même si je pressentais que la question allait être posée, ça me fait tout de même bizarre d'y répondre.

— C'est à Phun. On a échangé.

Yuri me fait un large sourire qui m'envoie des frissons sur la colonne vertébrale.

J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?!

Son adorable sourire dure un bref instant avant qu'elle ne s'agrippe à mon bras.

— Allons manger un morceau.

Nous y revoilà. Je jette un œil à son pâle visage qui arbore une expression suppliante. Je me sens soudain plein d'appréhension quant à cette perspective.

Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? Je regarde Yuri tout en entendant mes amis faire des projets pour fêter la victoire ce soir...

Notes :
1/ Jeu de golf multi-joueur sur Internet.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:12



24ème Chaos
Enquête
Donc... nous nous retrouvons à cet endroit de toute façon. Je m'installe sur une chaise avant d'examiner le restaurant chic où nous sommes. Cet endroit est près d'Ekamai Road, là où se trouve ma maison. Yuri m'a souvent dit qu'elle voulait venir manger ici, mais on a jamais eu l'occasion d'y aller ensemble (vu que le restaurant n'est ouvert que le soir). Elle a finalement eu ce qu'elle voulait cette fois, puisque c'est elle qui a choisi. Elle a même commandé la nourriture toute seule. Mais je reste circonspect, non à cause du lieu (comme je vis près d'ici), mais parce que je ne me rappelle pas à quel moment j'ai accepté de venir ici avec elle, exactement.

Je fronce les sourcils en observant l'intérieur du restaurant, où il y a des aquariums partout. Ils s'accordent très bien avec le thème et le nom du restaurant, qui se veut un aquarium géant. Cet endroit est réputé pour sa décoration et sa nourriture fabuleuse. J'y suis souvent venu avec mes amis (quand j'avais assez d'argent) et parfois, c'est mon père qui m'y amenait. Néanmoins, aujourd'hui, en plus des énormes poissons qui nagent autour de moi, il y a Yuri et...

Phun et Aim qui sont assis en face de nous.

— Je suis trop contente que Phun et Noh soient proches. Si je l'avais su plus tôt, on se serait fait une sortie tous les quatre depuis longtemps. Pas vrai, Aim ?

La voix joyeuse de Yuri me fait sursauter. Aim lui sourit en réponse. Je me sens vraiment gêné d'avoir à écouter ce qu'elle dit. Je ne sais pas ce que Phun en pense, mais moi j'ai d'étranges difficultés à déglutir.

De toute façon, beaucoup d'entre vous se demandent sûrement comment j'ai pu me retrouver ici avec Yuri, Aim et Phun. En fait, je n'ai rien fait du tout. Yuri a continué à insister pour que je dîne avec elle et peu importe combien j'ai essayé de décliner l'invitation, elle m'a traîné derrière elle pour que je vienne avec elle. Elle a décidé qu'en réalité, je voulais qu'on mange ensemble (vraiment ?!). Les choses ont donc fini comme elles en ont l'habitude quand cela concerne Yuri. Je suis toujours la victime de ses envies. Toujours !

Au début, j'imaginais qu'il n'y aurait que nous deux. On allait passer une bonne soirée, puis rentrer chacun chez soi. Mais ça n'a pas tourné comme je le pensais car après avoir unilatéralement décidé que je viendrais avec elle, Yuri (soyez bien attentif au bon sens de ce qui arrive) a immédiatement appelé Aim, ce qui signifiait que ma vie était finie… étant donné que Phun viendrait aussi.

On a tous les deux abandonné la partie et laissé le destin choisir ce qui allait advenir de nos vies quand on a compris qu'on avait été les victimes de ces deux filles. On est retournés se changer au vestiaire de l’équipe d’encouragement mais c'était bien différent de la première fois, car il y avait des tas de personnes, vu que le match était fini. J'ai cru que le vestiaire allait s'effondrer à cause des hurlements du Angels Gang quand Phun et moi avons trouvé assez de courage pour retirer nos pantalons. Ça n'a pas vraiment aidé à nuancer la vision que j'ai de moi-même. J'ai cru qu'on n'allait pas sortir d'ici vivants (surtout Phun)

Sans compter que Phun a été un vrai connard avec moi. D'abord, j'étais déconcerté parce que je pensais qu'il allait porter la combinaison au dîner (vu que j'avais besoin de mon jean). Cependant, cela ne s’est pas avéré être le cas parce qu’il avait un jeans avec lui dès le début. Ce putain de salaud !

Il a porté mon pantalon toute la journée. Ça pue la transpiration. Qu'il aille au diable.

Mais, c'est bon. Vous, les lecteurs, vous n'avez pas besoin de vous inquiéter parce que j'ai été trompé. J'ai pris ma revanche en piétinant son jean sur tout son long. Ahahahahahahah !



Bref, retour au présent. J'étais perdu dans mes pensées depuis un petit moment, quand les deux filles ont fini de passer la commande. Ni Phun, ni moi n'avons perdu de temps à donner notre avis. A bien y réfléchir, le choix n'a pas été mauvais. On est du genre à pouvoir manger tout et n'importe quoi, de toute manière, du moment que c'est de la nourriture destinée à la consommation humaine.

— J'ai commandé du porc à la bavaroise, comme c'est ton plat préféré, Noh, dit Yuri en se tournant vers moi avec un sourire.

Je le lui rends, même si je suis un peu interloqué. Hum, depuis quand est-ce que c'est mon plat préféré ?

— Merci.

Bon, je suppose que ça l'est, maintenant. Je veux dire, c'est pas que je n'aime pas ça, hé hé.

— Bien, j'ai aussi commandé ton poulet frit préféré, Phun. Je te connais bien, n'est-ce pas ?

Nous y revoilà. Pourquoi est-ce que ces filles essaient d'entrer en compétition l'une avec l'autre ? Ça ne provoque que des sourires ironiques sur nos visages, à Phun et moi, vous savez.

Je jette un œil à Phun qui a justement un sourire sarcastique (le même que le mien) avant qu'il ne me regarde également puis réponde à Aim.

— Parfait, merci beaucoup.

Mes sourcils sont carrément noués, maintenant. Pourquoi diable as-tu l'air si timide, franchement ? Je n'ai rien à voir avec ce bordel. Alors que j'étais perdu dans mes propres pensées (du style, pourquoi s'occupe-t-il seulement de moi, celui-là ?), les premiers plats arrivent à notre table, ce qui signifie que mon attention est désormais retenue ailleurs.

Ils ont l'air tellement délicieux ! J'ai oublié tout le reste !

— Celui-là, celui-là, Noh !

Yuri se saisit rapidement de couverts pour couper un morceau du jarret de porc et me le donner. Aim refuse d'abandonner la bataille et met un bout de saumon en sauce dans l'assiette de Phun.

Hey, j'aimerais bien avoir un peu de saumon aussi, tu sais !

Je décide de placer ma gloutonnerie sous contrôle et d'agir en gentleman.

— Voilà pour toi.

Tout ce que j'ai fait, c'est placer un peu de calamar frit dans l'assiette de Yuri. Cela la plonge dans un état extatique et elle lève rapidement son plat pour l'exhiber sous le nez d'Aim. Rien n'arrête ces deux-là. Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un petit ricanement.

Aim garde la tête basse un petit moment vu que Phun est trop occupé à servir de l'eau à tout le monde pour lui mettre quoi que ce soit dans son assiette. Je remarque qu'elle tire sur sa manche plutôt brusquement.

— Hem, Phun...Tu ne me sers pas de nourriture ?

Bonne chance, mon gars ! Hé hé.

Phun se retourne vers elle avec un regard confus, ce qui me fait de nouveau ricaner un peu. Il lui donne des beignets au fromage.

— Voilà. Je suis désolé, j’étais occupé à donner un verre d’eau à tout le monde.

Elle n'a pas l'air satisfaite du tout.

Je fronce les sourcils car il semble qu'elle soit encore plus agacée maintenant. Mais Phun ne paraît pas s'en rendre compte vu qu'il met maintenant dans mon assiette un peu de son saumon.

— Et ça, c'est pour toi. Tu me donnes un peu de jarret ? On échange.

Ce con commence à prendre ses aises comme Yuri.

— Très drôle. Et quand est-ce que j'ai accepté ce marché, exactement ? Mais merci pour le saumon, j'en voulais un peu, justement, dis-je alors que j'en enfourne une fourchette dans ma bouche.

Je ne laisserai pas Phun prendre mon jarret de porc. Hé hé. Idiot.

— Si tu manges tout ça à toi tout seul, le saumon et le porc vont se faire un putain de duel dans ton œsophage. Et puis après, boom !

— Ils vont se transformer en Chocapic ou quelque chose dans le genre ? T'es vraiment pas net. Mon œsophage n'est pas un putain de champ de blé. Tiens, prends ça si tu le veux tant que ça, crétin.

Je ne peux pas m'empêcher de pester après lui après la blague vraiment stupide qu'il a faite (et que j'entends tous les samedi et dimanche matin dans l'émission de cartoon sur la 9) mais je finis par lui donner un peu de mon jarret, même si on est loin de la moitié de saumon qu'il m'a donnée. Ah ah, je n'abuse pas trop de sa gentillesse, là, hein ?

Finalement, ça tourne à la guerre : c'est à qui pourra manger ce qu'il attrapera. Nos couverts deviennent des armes lorsque nous essayons d'arracher de la nourriture à l'assiette de l'autre. On fait un vrai boucan jusqu'à ce qu'un de nous deux remarque que quelque chose cloche.

Phun remarque l’atmosphère maladroite avant moi. Il cesse immédiatement de se battre avec moi et tourne son attention vers Aim tout de suite.

— Est-ce que tout va bien, Aim ? Tu es très silencieuse, hein ?

Je vois Aim froncer les sourcils, donc je modère le tapage que je fais. Je n'ai pas oublié de regarder si Yuri était mécontente également (juste au cas où ce serait une maladie contagieuse) mais elle continue de faire un grand sourire. On dirait qu'elle a trouvé notre guéguerre amusante.

— Pourquoi m'as-tu donné ces beignets au fromage... ? Tu as oublié que j'étais au régime ?

Bon dieu, les gens. Ça devient une affaire de famille, maintenant, je ne veux pas prendre part à ça. Je saisis rapidement mon verre d'eau pour faire comme si je n'entendais pas leur conversation.

— Oh...désolé.

Phun essaie de se rattraper. Il décide de servir autre chose à Aim et je le vois soulever un plat de salade coloré.

— Écoute, prends la roquette. Je me rappelle, tu vois ?

Oh, il se débrouille très bien. Je n'ai pour ma part aucune idée de ce que Yuri a commandé, mais je la vois prendre du bacon et des spaghetti aux crevettes. Je suis content qu'elle ne prenne pas la mouche facilement. J'aime bien ça.

Après avoir regardé Phun tenter de se rabibocher avec Aim pendant un bon moment (ça a pris un bail vu qu'elle était vraiment en colère contre lui), elle a finalement fait un sourire quand Phun lui a resservi de la salade de nouilles aux fruits de mer pour lui faire plaisir.



Je ne peux que regarder ce qu'il se passe devant moi, incapable d'expliquer ce sentiment que je ressens.

Les couverts dans mes mains semblent très lourds, tellement lourds que je ne fais plus que bouger la nourriture dans mon assiette, sans jamais la porter à ma bouche.

— Noh...Noh...Noh… Noh !

Hein ?! Je sursaute brusquement quand Yuri se met à me secouer. Mais où est-ce que mon esprit est allé s'égarer, bordel ? Je tiens toujours une cuillère et une fourchette dans les mains. C'est embarrassant. Je remue la tête pour me débarrasser de ces pensées bizarres avant de reporter mon attention sur la personne qui appelle mon nom.

— Oui, qu'y a-t-il ?

— A quoi tu penses ? Tu es triste à cause du jarret ? Je peux t'en commander plus.

— Non, non, ce n'est pas à cause de ça. Je ne suis pas si glouton que ça quand même.

Je corrige alors qu'elle continue à glousser. Puis, elle pose ses couverts et tend la main pour attirer l'attention d'Aim.

— Hey, hey. Tu en parles, alors ? J'attends.

Phun et moi adressons un regard confus aux deux filles après avoir entendu Yuri prononcer cette étrange phrase. Nous n'avons aucune idée de ce dont elles parlent. Aim hésite un peu avant de tapoter l'épaule de Phun même s'il est déjà en train de la scruter.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Phun, tu es libre la semaine prochaine ?

Phun semble un peu déconcerté mais il sort son portable et consulte son agenda dessus.

Yuri renchérit.

— Noh, regarde le tien aussi ! Regarde-le ! supplie-t-elle en me souriant.

Mais franchement, ai-je l'air de quelqu'un qui tient à jour un agenda, qui plus est sur mon portable ? (J'utilise une appli appelée Reminder via Memory...et c'est pourquoi j'oublie souvent des trucs). Mais de ce dont je me souviens, je crois pas être pris.

Phun continue ses coquetteries avec son portable pendant deux bonnes minutes avant de finalement lever la tête et répondre.

— Je suis libre. Où veux-tu aller ?

Aim fait un grand sourire quand elle l'entend. Yuri me donne un petit coup d'épaule.

— Et toi, Noh ?

— Je pense que je suis libre aussi. Pourquoi ?

Pourquoi est-ce qu'elles gardent le silence ? Je meurs d'envie de savoir !

Mais même si j'ai posé la question, je ne suis plus si sûr de vouloir connaître la réponse quand je vois Yuri et Aim partager un sourire étrange. Je déglutis car je sens que ces deux-là ont quelque chose en tête, et ça ne sent pas bon du tout. Elles nous regardent bizarrement, aussi. Bon qu'est-ce qu'il se passe, bordel ?!

— Aim a gagné un truc.

Yuri est la première à briser le silence avant de tapoter la main d'Aim pour qu'elle montre le « truc ». Et c'est quoi, ce « truc » ? Les mecs ont l'esprit mal placé, vous savez !

Avant que mon esprit ne puisse imaginer des choses sales, j'obtiens ma réponse quand je vois une petite carte être posée devant moi.

Il s’agit d’un bon-cadeau. Cependant, j’essaie encore de comprendre de quel genre de bon-cadeau il s’agit. Yuri a probablement remarqué que je suis vraiment lent alors elle continue à parler.

— Aim a eu ce bon-cadeau de Serenade. C'est un séjour dans un hôtel de Hua Hin. C'est pour deux chambres. S'il-te-plaît ? S'il-te-plaît ? S'il-te-plaît ?

A ce stade, mon bras est un bambou, et il y a un koala qui s'agrippe dessus.

Alors qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? Je jette un regard en biais à Phun qui m'en renvoie un étrange. C'est sans doute le même que le mien, d'ailleurs, parce que je pense que ce serait bizarre pour nous quatre de partir en week-end ensemble comme ça.

— Qu'en dis-tu, Noh ? Allons-y !

Yuri recommence. Le virus qu'elle a devient incontrôlable. Pendant ce temps, Aim fait un sourire doux à Phun.

— Allons-y ensemble, Phun ?

Aucun mec dans ce monde ne pourrait dire non à une telle invitation.



Après avoir été proprement gavés (les filles, de nos jours, adorent entrer en compétition pour savoir laquelle prendra le plus soin de son copain) et avoir payé l'addition qui a dépassé les 1000 baths, on a accompagné les filles pour trouver un taxi. Je me rappelais qu'il fallait choisir ceux à la lumière bleue vu qu'ils ont un GPS (d'après ce que la pub dit). J'ai aussi pris une photo du numéro de licence (il vaut mieux prévenir que guérir, il commençait à se faire très tard).

Pourquoi ne les a-t-on pas ramenées nous-mêmes... ? Eh bien, parce qu'il faut encore qu'on aille quelque part.



♫ U-Wo-U-Wo-Oh.

Je ne pouvais plus penser à rien

Tu étais tellement mignonne qu'il fallait que je vienne me présenter ♫



Mon iPhone sonne fortement (j'ai justement changé la sonnerie quand on travaillait au stade. Nong Paeng me l'a envoyée via bluetooth) alors que je vois la lumière bleue du taxi s'éloigner. Je l'attrape rapidement et regarde l'écran pour voir s'afficher la putain de tronche d'Ohm.

— Quoi ?

— ÇA Y'EST, T'A BAZARDÉ TA MAMAN ?

Mais pourquoi est-ce qu'il gueule, putain ?! Je sursaute tellement brusquement que ça fait rire Phun. (c'est embarrassant, merde). Ne pensez pas que je vais lui répondre gentiment, il faut d'abord que je hurle sur ce stupide con.

— Qu'est-ce qui te prend de gueuler comme ça, bordel ?! T'es où ? Y'a un putain de bruit derrière toi ! !

— Au restaurant ! Tout le monde est déjà là, sauf toi et ton papa !

Mais qu'est-ce qui cloche chez ce bâtard ? D'abord, une maman, maintenant un papa.

— Ouais, ouais. Papa et moi, on arrive. Je viens juste d'envoyer maman à la maison. Assure-toi d'être à l'entrée du restaurant pour venir nous cirer les pompes quand on arrivera. On y sera d'ici vingt minutes. A tout à l'heure !

Je raccroche illico car il y a vraiment trop de bruit. Il y avait de la musique (ce n'est pas un club mais un restaurant avec des groupes qui jouent en live) et aussi nos amis qui faisaient un boucan pas permis. Je suis à un million pour cent sûr qu'à nous tous, on va faire s'effondrer ce restaurant.

— Alors, où on va ? demande Phun en hélant un taxi pour nous.

J'ouvre la porte et entre dans la voiture avant de dire au chauffeur.

— Lumphini Park, s'il-vous-plaît.

Ça ne prend pas très longtemps pour arriver là où on a prévu de se retrouver. En fait, je n'avais pas vraiment besoin qu'on me dise où c'était car on vient souvent ici pour décompresser. Je ne sais pas pourquoi on choisit cet endroit, exactement mais je sais que n'importe quel lieu fait l'affaire tant que mes amis y sont.

Phun et moi sortons du taxi et entrons dans le restaurant. J'entends de bruyants saluts provenant de nos amis qui sont tous ensemble autour d'une table. C'est un peu comme quand un chien commence à hurler et que le reste de la meute suit. (Oh, merde). Bon dieu, est-ce que l'école toute entière s'est ramenée ici ? La zone est remplie d'étudiants, il y a entre 40 et 50 personnes.

— Hé, notre nouveau couple est arrivé ! Woo !

Ce putain d'Ohm nous siffle comme s'il était bourré (ce qu'il est, probablement), puis entraîne tout le monde à sa suite. J’ai envie de prendre ma tête et de rentrer chez moi.. Toutefois, Phun se contente de sourire avant de mettre son bras sur mon épaule.

A quel putain de jeu il s'amuse ?! Lumphini Park va exploser si ces mecs continuent de faire un vacarme pareil.

— Yo, Phun ! Arrête de faire l'imbécile ! Noh, viens prendre une chaise !

Merci mon dieu, pour avoir fait dire à Earn quelque chose qui m'a sauvé la vie. Il vient de formuler une invitation à venir s'asseoir près de lui. Les propres amis de Phun l'appellent également, et il les rejoint à une table différente.

Je m'assieds sur le siège qui a été gardé pour moi. Il y a une tonne de juniors assis autour de nous. Ceux qui ont aidé durant le tournoi de foot, l’équipe d’encouragement, les troupes, les membres de la parade, ceux de la fanfare et d'autres. Même ceux qui n'ont pas participé sont là pour célébrer l'événement. Ça ne me dérange pas vraiment, cela dit, ce sont tous des amis.

Mais le truc le plus surprenant, c'est que...

Golf !

Golf est là aussi !

Golf est l'un de mes meilleurs amis. (Il a été un membre du club de musique aussi, mais juste pendant une courte période. Il était trop paresseux pour se pointer aux répétitions, donc il a quitté le groupe. Quel connard). C'est vraiment un mec génial. Il aime s'amuser, et il aime ses amis (et ses amis l'aiment aussi). Il prend souvent les choses comme elles viennent. Le point négatif, c'est qu'il est très impulsif et imprudent. En plus, il a mauvaise réputation et est souvent pris à partie par les seniors et les étudiants d'autres lycées, et ils en viennent aux mains. (Et il m'a entraîné avec lui et causé des problèmes un tas de fois). L'année dernière justement, il s'est battu avec quelqu'un qui s'est révélé être le neveu du proviseur et malheureusement, s'est fait renvoyer pour ça. (On a vraiment haï le directeur après cette histoire. Je le hais toujours, en fait).

Mais même s'il a changé d'école, on a gardé le contact. On traîne ensemble dehors et parfois, il vient chez moi. On se parle souvent au téléphone, aussi. Cependant, on ne s'est pas beaucoup vus ces derniers temps (depuis que j'ai commencé à m'occuper du tournoi, en fait).

— Comment ça va, mec ?! T'as disparu de la circulation !

Je lui mets une grosse tape dans le dos en guise de salutation.

— Ça va. Dans mon nouveau lycée, il y a un tas de filles de toutes origines, donc je suis très content, fanfaronne-t-il d'entrée.

Bien sûr, dans le nôtre, tu n'avais affaire qu'à des mecs. Je suis jaloux. Golf a été transféré dans un établissement international, près de Sukhumvit.

— J'en veux une. Tu ne peux pas en trouver une pour moi ?

Cette requête lubrique n'est pas venue de moi mais de quelqu'un qui ne peut être qu'Ohm. Il penche sa tête vers nous pour parler et je peux sentir qu'il pue l'alcool.

— Il y en a quelques-unes, mais les filles ont des standards, tu sais.

— Enculé !

Bah, Golf n'a pas tout à fait tort là-dessus. Je trouve l'expression d'Ohm vraiment marrante. Il est plus ou moins rouge ou violet, complètement beurré. (Son teint naturel est plus foncé que le mien. Il n'a pas vraiment la peau mate, mais juste un peu hâlée).

Ohm n'est pas le seul mâle en rut dans les parages, il y en a quelques autres.

— Mais moi je ne veux pas d'une occidentale. Je pourrais avoir une Japonaise ? Comme la nong Yuri de Noh ? Tu peux m'en trouver une ?

Putain de Film. T'as dépassé les bornes. Je lui mets une tape sur la tête.

— Hé, qu'est-ce que tu me fais, bordel ?! Tu sais, tu devrais me refiler nong Yuri. Il y a des rumeurs comme quoi tu ne veux pas vraiment être avec elle, de toute façon. Tu devrais juste garder Phun, vu que c'est ton nouveau mari.

Ces putains de connards, je vous jure. Dire des conneries est soit un virus qui circule dans l'air, soit une maladie sexuellement transmissible. Est-ce que le ministère chargé de la santé publique ne devrait pas s'occuper de ce problème ?



♫ U-Wo-U-Wo-Oh

Je ne pouvais plus penser à rien

Tu étais tellement mignonne qu'il fallait que je vienne me présenter ♫

Je n'ai pas l'occasion de crier sur qui que ce soit car Yuri m'appelle. Je suppose qu'elle veut me faire savoir qu'elle est bien rentrée chez elle. Je réponds à l'appel tout en pointant Film du doigt dans un geste de menace. Il me renvoie une expression moqueuse ce qui me donne juste envie de lui botter le cul encore plus.

Je quitte la table pour pouvoir parler à Yuri dehors, je ne veux pas que le bruit la dérange. Yuri me dit qu'elle est bien rentrée et qu'il ne faut pas que je boive trop. Elle me demande aussi de lui envoyer un texto quand je serai rentré à la maison. Bon, c'est d'accord. Il vaut mieux avoir quelqu'un qui s'inquiète pour vous que personne, c'est ce que je choisis de me dire.

Je suis au téléphone depuis un moment quand je remarque que Golf m'a suivi à l'extérieur. Il me regarde bizarrement, comme s'il voulait me dire quelque chose.

Mon intuition me murmure qu'il n'est pas juste sorti pour fumer une clope, alors je décide d'abréger ma conversation avec Yuri.

— Il faut que j'y aille, d'accord ? Je t'envoie un message quand j'arrive chez moi. Oui, oui. Salut.

Golf me tend une cigarette aussitôt mon portable éteint. Mais je ne fume pas, j'ai peur que mes lèvres ne restent pas roses, si je le fais. C'est une blague. S'il-vous-plaît, ne croyez pas un mot de ce que je viens de dire. La vérité, c'est que je ne sais pas comment on fait pour fumer, et que mes parents me hurleraient dessus jusqu'à ce que mes oreilles soient engourdies s'ils le découvraient.

— Non, merci. Il y a un truc qui ne va pas, Golf ?

Je sais que je ne l’ai jamais vu aussi inquiet.

— Alors comme ça, tu traînes avec Phun, ces derniers temps ?

Argh...Je déteste vraiment cette question. Je me serais mis à l'insulter s'il s'était agi de quelqu'un d'autre mais Golf a une expression tellement solennelle sur le visage...

— Oui, un peu. Sérieusement, ça va ?

Ma curiosité ne fait qu'augmenter quand je remarque qu'il hésite. Il ne me répond toujours pas, ce qui me donne encore plus envie de savoir.

— Mec, dis-le moi, s'il y a quelque chose qui ne va pas, et puis c'est tout.

Allez !

— Est-il… Je veux dire, Phun. Est-il toujours avec sa copine ?


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:12



25ème Chaos
Je ne pouvais pas
— Est-il… Je veux dire, Phun. Est-il toujours avec sa copine ?

La question de Golf me laisse un peu perplexe, pour diverses raisons. Pourquoi me parle-t-il de ça subitement ? Et surtout, est-ce qu'il ne devrait pas demander directement à Phun ? Pourquoi passer par son ami plutôt ?

— Avec Aim ? Ben, oui. On a mangé ensemble, un peu plus tôt dans la soirée.

Tout à coup, comme je réponds à Golf, je sens un étrange accès de douleur dans ma poitrine. Il faut que je continue de me répéter encore et encore que c'est une bonne chose, qu'ils n'aient pas rompu.

Je prends une profonde respiration, tout en avisant l'expression confuse sur le visage de Golf. On dirait que ça ne le ravit pas, que son ami ait une vie amoureuse florissante. Qu'est-ce qu'il a, ce mec ?

— Il y a un problème ?

Golf ne répond toujours pas, même après que j'ai répété ma question. Il remue la tête et prend une nouvelle bouffée de sa cigarette avant de me tendre son XDA O2. Mais qu'est-ce qu'il a ?

— Hé, tu me montres ça pour te la péter ou quoi ? Peu importe, je commence à en avoir marre de traîner avec des mecs pétés de thunes.

Je fais une blague pour l’insulter et il me frappe à la tête. Je suppose que j’avais tort ?

— Abruti, je ne te le montre pas pour me la péter. Regarde les vidéos.

Bon dieu, je ne sais pas pourquoi il est si sérieux, tout à coup. Je jette un coup d’œil à son visage, qui a maintenant une expression solennelle puis je saisis le téléphone dernier cri pour regarder. Et d'ailleurs, comment ça s'utilise, ce truc, au fait ? Sur quel bouton je suis censé appuyer

— Comment ça marche ?

Je pose la question à haute voix tout en sélectionnant des applications au hasard avec le stylet mais Golf ne me prête même pas attention. (Ne te plains pas si je bousille ta merde). Il s'éloigne pour continuer à fumer dans le coin. Je suppose qu'il craint que la fumée ne me dérange.

Finalement, j'arrive maladroitement à accéder aux vidéos. Puuuuuuuutain ! Il y a plein de porno là-dessus !

— Purée, t'es un peu pervers, quand même. Envoie-moi quelques vidéos plus tard, hé hé hé, lui crié-je pour le faire rire mais il revient vers moi en courant dès qu'il m'entend.

Son expression inquiétante me trouble. Il utilise une de ses paumes pour couvrir l’écran et me fixe.

— Jette un œil à ça. Et dis-moi ce que t'as vu, dit-il avant de retourner fumer plus loin.

Et donc, il va juste laisser le pauvre Noh dans le flou artistique, comme ça ?

La seule façon de savoir ce qui se passe est de regarder la vidéo.

Je regarde la vidéo qu’il avait choisie et je la lance. Il semble que ce soit une sorte de vidéo amateur puisque je vois le visage d’un gars couvrant tout l’écran entier alors qu’il ajuste la caméra avant de se diriger vers le lit. Je me sens un peu mal à l’aise puisque je ne suis pas sûr si ce que je regarde en ce moment est du porno ou non.

Et j'avais raison. Le téléphone diffuse un clip porno. Maintenant, je vois un mec et une fille s‘embrasser sur le lit, complètement nus. (Je pense qu'ils sont dans une chambre d'hôtel). La caméra est placée un peu trop bas, je n'arrive pas à voir clairement le visage de la fille. (J'ai déjà vu celui du mec quand il l'installait).

Purée, cette fille a vraiment un joli corps. Sa peau est claire et lisse. Ses seins sont pile de la bonne taille, ni trop petits, ni trop gros. Je commence à m’inquiéter pour moi-même parce que je ne sais pas si je devrais continuer à regarder. Et si j'ai une réaction là maintenant ? Ça ne le ferait pas. Qu'est-ce qu'il essaie de faire avec ça, Golf, putain ? Est-ce qu'il s'amuse avec moi ?

Juste au moment où je m'apprête à tourner la tête pour engueuler le propriétaire du portable, je perds toute capacité à parler quand je réalise ce qu'il se passe à l'écran. À ce stade, je suis plus que certain que je ne serai jamais excité par ce clip.

J'ouvre grand mes yeux pour voir plus clairement, juste pour être sûr. Le couple s'écroule sur le lit et je peux voir le visage de la fille.

C'est un visage parfait, magnifique, qui m'est très familier. Je reconnais ces yeux, que je vois souvent. Elle les plisse, comme si elle était envahie par le désir. Je vois un grand nez et des lèvres rouges. Elle se les mord lorsque l'excitation la gagne un peu plus.

Je n'ai jamais vu ce visage dans un tel moment, avant. Mais basé sur ce que je vois, tous mes sens me disent que cette fille est...

… Aim, la copine de Phun. C'est définitivement la copine de mon ami.

Beaucoup de pensées défilent dans ma tête alors que je fixe l'écran, témoin de tout ce qu'il s'y passe. Je ne peux pas regarder ça plus longtemps. J'appuie sur « pause » et détourne les yeux même si le clip continue encore longtemps après ça.

On dirait que Golf a réalisé que j'avais enfin compris ce qu'il voulait me dire. Il revient vers moi et me tapote gentiment la tête, tout en reprenant son portable.

— Je n'ai pas pu le finir non plus. Je me sentais vraiment mal, putain.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

Je lui demande en m’asseyant sur le trottoir, me sentant complètement abattu. Jamais je n'aurais imaginé que j'allais devoir faire face à un truc comme ça.

Golf s'accroupit à mes côtés.

— Le mec, dans le clip, est un ami. Euh, dans mon lycée… commence-t-il.

— Aim est très connue. Presque tous mes amis ont déjà couché avec elle.

— Comment c'est possible... ?

— Et ils n'ont pas besoin de dépenser un kopeck, poursuit-il en tirant une bouffée de sa cigarette.

Je ne sais pas ce que Golf veut dire par là, mais je déteste ce qu'il raconte.

— Peut-être que c'est un malentendu. Tu détruis sa réputation, là.

— J'ai...eu affaire à elle personnellement, Noh.

Je tourne rapidement la tête vers lui.

— Comment ça, ‘affaire à elle’ ?

— J'étais au Jet l'autre jour. Je suis tombé sur Aim, elle traînait avec certains de mes amis.

— Et alors ?

— Elle était un peu bourrée et elle s'est quasiment jetée sur moi. Je suppose qu'elle ne savait pas dans quel lycée j'étais, avant. J'ai pensé qu'elle avait rompu avec Phun.

— …

— On a même fait tout le chemin jusqu’à l’hôtel, mais je n’ai pas pu le faire. Peu importe à quel point elle était chaude, j'étais habitué à la voir dans d'autres contextes. Je ne pouvais pas le faire. J'ai même pas bandé, mec. Merde, j’ai gaspillé mon argent pour payer cette chambre d’hôtel. Hé hé.

Je me force à rire avec Golf comme il plaisantait probablement avec son histoire d'argent jeté par les fenêtres. Je sais qu'un type qui aime ses amis comme Golf aime les siens ne pourrait jamais faire un truc comme ça, même si lui et Phun ne sont pas très proches.

Je ne sais pas quoi ajouter. Tout est confus dans ma tête. La preuve est là, sous la forme d’une vidéo. Golf m'a même raconté son expérience personnelle. Mais je suis trop effrayé, trop effrayé pour le croire. Mon cerveau me dit qu'il doit y avoir une erreur quelque part. Je souhaite désespérément que ce soit juste un malentendu.

Golf remarque que j'ai du mal à accepter les faits et tend la main pour me presser légèrement l'épaule.

— Juste dis-le à Phun. Je me sens vraiment mal pour lui, mec.

— Comment... ? Je ne sais même pas comment je pourrais lui annoncer un truc pareil.

Je lui réponds alors que je garde les mains serrées. Je vois que Golf me fait un signe de tête compréhensif.

Nous nous asseyons là en silence pendant un long moment avant que Golf me tape sur l’épaule et m’invite à retourner à l’intérieur. Je suis complètement perdu en ce moment.



Une fois que je suis revenu à la table, l’alcool est la première chose que je demande.

— Yo, qu’est-ce que t’as fait à Noh ! Pourquoi il se transforme en vieil ivrogne.

Le bruit des cris de Earn pour Golf atteint mes oreilles. Je suppose que ça a à voir avec le fait que depuis que je suis rentré avec lui, mon verre n’est jamais vide. Qui dit que je suis ivre de toute façon ! Je ne suis pas ivre du tout !

J'ai juste l'impression que la gravité s'exerce avec plus de force depuis quelque temps. Pourquoi ma tête est-elle tellement attirée par le plancher.

— Un auuuuuuuuutre.

Même si Earn continue de me harceler, j'ai toujours Ohm qui me couvre. Il continue de me servir des cocktails au point où j’ai perdu le nombre de fois que j’en ai bu. Ohm semble bien beurré lui aussi, car chaque verre est un peu plus fort que le précédent.

Je soulève mes lourdes paupières pour constater que mes amis ont commandé une autre bouteille de Black Label. Les choses deviennent un peu floues pour moi, je suppose que c'est parce que je commence à y voir flou. Je distingue les contours de la silhouette de Keng qui me tape sur la tête et dit à tout le monde.

— Ce bâtard est complètement cuit.

Quoi ?! Je ne suis pas cuit ! Je commence à m'énerver mais en fait je m'en fous de savoir qui dit quoi. La seule chose que je sais, c'est que ma tête est en train de me tuer. Je ne suis pas d'humeur à me disputer avec qui que ce soit. Je garde la tête baissée et je sens que le jarret de porc et le saumon sont sur le point de remonter dans ma gorge. Je décide qu'il serait peut-être mieux de relever la tête, finalement.

Je fixe le plafond et me bats contre les lumières du restaurant. J’ai l’impression que mes sourcils sont tellement froncés, c’est comme si des aimants les tiraient ensemble. Peu importe à quel point j’essaie de les séparer, je suis incapable de le faire.

Toutes les pensées qui sont dans ma tête entrent en conflit. Je suis tellement perdu. Je ne sais pas quoi faire du tout.

Je n’ai vu ces images du clip vidéo que pendant un court moment, mais la réalité est si claire dans ma tête. Mes pensées disent à tous mes sens quel genre de femme cette personne est. Toutes ces choses, en plus de la voix de Golf qui se répète lourdement dans mon crâne, ressassent encore et encore ce qu'il s'est passé. Des choses dont Phun n'a pas idée qu’elles se soient produites.

Je pense à son sourire. Le sourire qu'il me fait, qu'il fait à Aim, qu'il fait à tout le monde. Ce sourire éternellement beau qu'il a. Je ne pardonnerai jamais la personne qui détruira ce sourire. Je ne pardonnerai jamais la personne qui n'est pas capable de voir quel trésor Phun est vraiment. Surtout pas celle qui a clairement établi que tout l'amour et les bonnes intentions de Phun ne servaient à rien.

Ça me fait tellement plus mal que la nuit où nous avons dû nous dire adieu.

Mes mains se serrent en poings. Mes ongles rentrent dans ma chair. Je ne peux que penser à quel point Phun sera dévasté.. Mes entrailles se compressent tellement que ça me fait mal. Je n'aurais jamais dû l'apprendre.

Parce que je ne sais pas si je peux faire quoi que ce soit pour Phun. Ou est-ce qu'il faut juste que je laisse les choses comme elles sont ?

Il n'y a qu'un mot dans ma tête : pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Mes amis continuent de rire et de faire la fête sans se lasser. Je n'ai pas assez d'énergie pour me joindre à eux. Ce n'est pas parce que je suis saoul mais plutôt parce que mes propres pensées m'épuisent. J’admets que je ne peux pas laisser cette grave erreur continuer. J’ai trop peur pour savoir si ce que j’ai vécu ce soir est la vérité, ou si ce n’est qu’un rêve. Peut-être que ce n'est pas tout ce qu'il y a à savoir dans cette histoire. Peut-être Aim a-t-elle une raison d'agir comme elle le fait (mais je ne peux penser à aucune). Ou peut-être que ce n'était pas Aim du tout.

Je me crie intérieurement dessus, me disant de ne pas croire complètement en quoi que ce soit. Parce que, à la fin, Aim sera celle qui aura le plus perdu, et mon ami celui qui aura le plus souffert.

Je...ne veux pas y croire…

— Noh, qu'est-ce qu'il se passe ?

Une voix profonde et familière interrompt le fil de mes pensées. J'ouvre les yeux pour regarder la personne qui se tient à mes côtés, avec un sourire idiot.

— Qui l'a laissé boire comme ça, merde ! Il est tout rouge.

Phun se retourne pour demander à mes amis.

— Ouais, ouais. Tu n'as qu'à t'en occuper. Ton petit ami ne tient vraiment pas l'alcool, répond Rodkeng en ricanant.

Ces bâtards. S'il me restait la moindre force, je vous botterais le cul à tous. Mais je n'en ai plus. Pas ce soir.

Je reste immobile et regarde Phun assis sur l’accoudoir de ma chaise.

Il passe une bonne soirée à discuter avec nos amis. De temps en temps, je l’entendais rire. Néanmoins, il se tournait occasionnellement vers moi pour vérifier si j’étais toujours vivant.

— Noh ! Un autre, un autre !

Quoi qu'il en soit, Ohm continue à me servir des shooters et je ne les décline pas du tout. Je tends la main pour prendre le verre mais quelqu'un la bloque.

— Il est vraiment mort, Ohm. Je pense qu'il en a eu assez.

Il n'y a qu'une personne pour s'opposer à ma volonté.

— Pas moyen, Phun ! On a commandé cette bouteille donc Noh a besoin de prendre ses responsabilités vis-à-vis d'elle !

Le ton d'Ohm signifie qu'il ne cédera pas facilement. Je ne vois pas vraiment quel genre de tête Phun fait mais je vois l'ombre de sa main prendre le verre pour lui-même.

— Tu n'as qu'à me les donner, alors. C'est moi qui les boirai.

Je lui attrape instinctivement le bras quand j’entends ces mots.

— Non, Phun. Laisse-moi me soûler tout seul.

— Je ne serai pas bourré. Je ne suis pas une mauviette, me répond-il avec un soupçon de malice dans la voix qui me donne envie de le frapper.

Cependant, je ne peux pas exactement faire ça maintenant. Il pousse mon front avec son doigt ce qui me fait tomber en arrière parce que je n’ai aucune force pour résister.

— T'es trop ivre, pas moyen de te laisser continuer à boire.

Il me caresse gentiment le front avec sa main. Je ne peux m'empêcher de sourire.

J'agrippe sa main avec des sentiments confus.

— Phun…

— Oui, qu’est-ce qu’il y a ?

— Peu importe ce qui arrive… Je serai toujours là pour toi, d'accord ?


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:12



26ème Chaos
Bonté
Ma putain de tête est en train de me tuer...

C'est la seule pensée qui anime mon esprit. Ma migraine s’aggrave, j'ai l'impression que je vais m’évanouir. Je préférerais m'allonger ici si je pouvais, mais bordel qui me traîne de toute façon ?

— Laisse...moi...j'ai envie de dormiiiiiir.

— Tu dormiras bientôt.

Je reconnais cette voix illico.

— Phun...où...est-ce...que...tu m'emmèèèèènes ?

Ça prend tellement d'énergie de cracher chaque mot, putain !

— Je t’emmène au lit, pour que tu puisses dormir. Arrête de te débattre, s'il-te-plaît, t'es lourd putain, me répond Phun faisant passer mon bras sur ses propres épaules.

J'ai des vertiges et je me sens un peu nauséeux, comme si quelque chose était sur le point de remonter dans ma gorge.

— On y est presque, dit-il.

Je me sens un peu mieux en entendant ça de sa part. Nous trébuchons et montons les escaliers, ma tête bat toujours la chamade alors que Phun essaie d’ouvrir une porte. J'ouvre mes yeux pour constater que… c’est sa chambre. Je referme rapidement les yeux.

Pourquoi m'a-t-il amené ici, bordel ?! Je veux rentrer chez moi !

— Chez moi ! Ramène-moi à la maison ! A la maison ! Je veux rentrer à la maisooooon !

J'utilise toute la force qu'il me reste pour me dégager de sa poigne quand je réalise où nous sommes. Bien que je ne sois pas tout à fait sûr de la raison pour laquelle j'en fais tout un plat.

Phun renforce sa prise sur mon bras.

— Ne sois pas si têtu. Tu es complètement pété. Tu veux retourner là-bas pour que ton père t'en mette une, idiot ?

Il me suis avec un peu plus de plantes à propos de je-ne-sais-quoi. Quand je reviens à moi, je me retrouve le dos contre un matelas confortable. On dirait le paradis. Mais je n'ai toujours pas l'énergie de me repositionner correctement pour bien dormir.

J'essaie de me déplacer sur le lit, car je ne me sens pas à l’aise. Phun finit par m'aider en me poussant le dos pour que je puisse m'allonger dans une meilleure position. Ma tête me fait tellement mal que je suis obligé de pousser son épaule pour l'arrêter.

— Ça va aller, Noh ?

Qu'est-ce que je suis censé lui dire ? Ma tête peut exploser à tout moment. Je n'ai même pas la force de prononcer un mot en réponse.

La migraine s’aggrave de plus en plus, alors je me force à ouvrir les yeux. La première chose que je vois, c'est le visage de Phun Phumipat, assez proche du mien pour que je puisse sentir son souffle.

A la seconde où j'aperçois ses yeux noirs paniqués en train de me fixer, j'oublie complètement ma migraine. Il y a dans les yeux de Phun une lueur si intense que vous ne pouvez pas vous en détourner. C'est comme s'ils vous suppliaient de ne pas partir.

Je fixe profondément ces yeux brillants qui se rapprochent de plus en plus. Nos visages sont si proches que nous nous voyons très clairement. Je sens la main de Phun caresser tendrement ma tête alors que nos lèvres se touchent lentement.

Cependant...

— Eurk ! Blouah !

Urgence ! Urgence ! Quittez les lieux immédiatement ! Je pousse Phun et me précipite dans la salle de bain pour pouvoir faire un câlin aux toilettes.

— Blouah !

— Hé Hé, tu vomis ? T'es vraiment une mauviette.

J’entends la voix moqueuse de Phun pas très loin de moi mais je ne suis pas d'humeur à me battre avec lui car je sens bien que gerber est ma priorité en ce moment. Je l'entends ricaner avant de sentir une main ferme dans mon dos.

— Vomis tout ce que t'as avalé, tu te sentiras mieux.

Ouais, facile à dire pour toi ! C’est beaucoup plus difficile en pratique ! J'ai vraiment envie de me retourner et de l'insulter mais je me sens trop nauséeux. J'essaie de me forcer à tout faire ressortir de mon corps, mais il n’y a pas grand-chose qui sort de moi.

Phun me masse patiemment le dos pendant un long moment.

— Bon, tu vomis ou quoi ?

Je suppose qu'il remarque que j'étreins les toilettes depuis un moment et que rien ne se passe.

— J’ai envie...mais...il n'y a rieeeeeeen.

Au final, je suis contraint d'accepter l'horrible situation dans laquelle je suis, même si je me sens toujours aussi mal. J'ai conscience que je peux difficilement rester ici, à faire ami-ami avec les toilettes et être un fardeau pour Phun qui continue de me frotter le dos. Je décide de me laisser aller et de demander à Phun de m'aider à me relever pour que je puisse retourner au lit. Alors que ma tête continue de jouer les orchestres, je pense subitement que j'ai atteint mes limites.

— Blouaaaaaaaaaaah.

Il y a du vomi partout sur nous deux. Mes jambes abandonnent le combat à la minute où le premier jet est lancé. Je me retrouve sur le carrelage de la salle de bain au milieu de ma gerbe, exténué.

— Ça va, Noh ?!

C’est bizarre que Phun ne m'engueule pas pour ce que je viens de faire. A la place, il s'assoit et aide à soutenir mon corps presque comateux. J'ai l'intention de lui répondre que je vais bien mais au moment où j'ouvre ma bouche...

— Blouaaaaaaaaaaah.

Et voilà le deuxième round, les gens. J'ai totalement perdu tout contrôle. Ce n'est pas une blague ! Là maintenant, je me dis juste que puisque je suis déjà en train de dégobiller, autant aller jusqu'au bout. Je m'en tape, si je vomis sur quelqu'un. Disons juste que je profite de la bonne volonté de Phun puisqu'il ne m'insulte même pas.

— Blouaaaaaaah.

— Tout est sorti, c'est bon ?

Il continue de frotter mon dos alors que je vomis encore une paire de fois. Finalement, je sens que mon estomac est désormais vide.

— Tout est sortiiiiiiii.

— T'es sûr ? me demande Phun encore une fois avant de m'entraîner dans la baignoire pour me laver.

On pue la gerbe tous les deux. Si je vomissais encore, ce serait d'ailleurs uniquement à cause de l'odeur.

Je suis assis sur le rebord de la baignoire, éreinté. Je suis à présent dans le rôle du docile Noh, qui laisse Phun lui ôter son jean et son t-shirt, qui sont tous deux des haillons puants. Je m’installe vers l’arrière et laisse l'eau de la douche s'écouler dans mes cheveux. Pendant ce temps, Phun enlève ses propres vêtements, ce qui fait que nous nous retrouvons tous les deux en boxer.

— Qu'est-ce que tu faiiiiiis ?

On a tendance à virer parano quand on est soûl, je suppose.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?! J'essaie de me laver ! répond-il en se moquant de moi puis il tire la pomme de douche et me rince le corps.

Je me couvre quand je remarque que Phun tente de me savonner.

— Qu'est-ce que vas me faiiiiiiire ?

— Si tu ne prends pas de bain, alors je traîne ton cul jusqu'au garage et tu pourras y dormir, me menace-t-il avant de soulever mes bras et mes jambes pour les couvrir de mousse.

Je ne peux pas réellement débattre là-dessus avec lui vu que je suis d'accord pour dire que je suis vraiment dégueulasse ce soir.

Je reste assis et laisse Phun me laver. Je commence à me sentir un peu plus sobre peu à peu. Enfin, je saisis pleinement ce qui se passe et je me rends compte que Phun me donne un bain.

Je pense alors que c'est étrange de prendre un bain en gardant son boxer, comme on est en train de le faire.

— Phun…

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es sobre ? me demande-t-il tout en mettant du shampooing dans ses propres cheveux.

— Ça va mieux maintenant. Tu ne te sens pas mal à l’aise ?

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? me demande-t-il en se retournant pour se rincer les cheveux.

— Porter un boxer sous la douche…

Même si je réalise que ma question est un peu douteuse, voire tendancieuse, mais je suppose que je suis encore dans le brouillard, alors j'ai eu le courage de poser cette question. Phun arrête immédiatement de se rincer les cheveux.

Il tourne son beau visage vers moi et hausse les sourcils d'un air moqueur.

— Et ? Tu veux que je l'enlève, ou quoi ?

— 'Tu as l’habitude de porter ça quand vous prenez une douche avec des amis pendant un voyage de camping ?

Je réponds par une question en refusant de me rendre.

— Non. Je me mets nu, dit-il en riant.

Je ne veux pas de cette image dans ma tête.

— Ouais et on est chez toi, là. Est-ce que tu devrais pas faire ce qui est le plus confortable pour toi ?

Mais pourquoi est-ce que j'ai dit ça, bon sang ? Putain j’en ai marre de ma bouche. Je vais te gifler, idiot, une fois que j'aurai retrouvé mes forces. Je remarque que Phun reste immobile un instant après avoir entendu ce que j'ai dit, puis, il recommence à rincer ses cheveux. Une fois qu'il a enfin fini, il attrape une serviette pour nous sécher tous les deux.

— Hé

Il commence.

— Je ne suis pas gentleman à ce point-là… et je ne tiens pas à être un encore plus gros connard que je ne le suis déjà.

De voir son sourire triste fait se serrer ma poitrine. Je ne peux pas réellement l'expliquer. Phun me sourit brièvement puis je sens ses lèvres douces sur mon front.

— C’est suffisant pour me rendre heureux… on devrait dormir un peu. Et ne vomis pas sur mon lit, me dit-il avant de me traîner pour aller chercher des vêtements de rechange afin que nous puissions aller au lit.

On dort l'un à côté de l'autre, un traversin entre nous. Mais pourtant, je me sens curieusement en sécurité rien qu'en tenant sa main dans la mienne comme ça.

Si c'est la gentillesse que Phun donne à Aim...

… alors je ne veux pas que tout cela soit en vain.



Ohm s'est royalement payé ma tête quand je me suis pointé au lycée le lundi matin. Il n'arrêtait pas de dire que j'étais tellement bourrée que Phun m'a ramenée à la maison, alors qu'apparemment, j'ai fait beaucoup de conneries. Je suis tellement humilié !

— Il agissait comme une merde quand il était bourré. Genre qu'il allait botter le cul de quiconque viendrait l'emmerder.

Et il continue de parler de ça. C'est, je pense, la troisième fois ce matin qu'il essaie de s'assurer que je vais bien mourir de honte après qu'il en aura parlé à tout le monde.

— Sérieux ? Tu parles de notre Noh ?! demande Palm d'une voix aiguë.

Et pourquoi pas ?! Quelqu'un comme moi n'a pas le droit de se comporter en parfait connard ou quoi ?!

— Oui, ce Noh-là. On savait déjà que c'était un mec bizarre mais alors quand il est soûl, c'est un vrai voyou. Phun a été assez sympa pour finir la dernière bouteille mais ce salaud a frappé Phun à la tête. Le mec était tellement abasourdi, tout le monde s'est payé une barre. C'était la honte, putain ! Ah ah ah !

Putain de merde, j'ai vraiment fait ça ?!

— Attends, il en a mis une à Phun Phumipat ? Le secrétaire du Conseil des étudiants ?!

— Ouaiiiiiis ! Je n'arrivais pas à y croire. Tu parles d'une relation abusive. Phun a bien trop peur de sa femme.

Connard ! Je suppose que je ne peux plus rester silencieux, là, c'est ça ? J'ouvre la bouche pour insulter Ohm quand je remarque le regard paniqué de Palm.

— Depuis quand toi et Phun avez ce genre de relation ?

Clac !

Je finis par frapper la tête de ce connard pour ne pas avoir bien écouté. Putain de merde.

Ohm part dans un grand rire (il y a échappé, lui) avant d'attirer l'attention de Palm pour continuer à raconter l'histoire. Même si Palm a mal, il n'a toujours pas retenu la leçon. Il s'intéresse bien trop aux choses merdiques que j'aurais soi-disant faites samedi.

Pour être honnête, je suis un peu curieux de savoir ce que j'ai fait exactement. (Ohm dit-il la vérité ou l'empire-t-il ?). Mais plus je l'écoute, plus je réalise que je ne suis pas aussi curieux que ça non plus. J'étais vraiment un connard. J'étais bruyant et j'ai fait une scène énorme. J'étais un connard pour les serveurs. J'ai renversé de l'alcool partout. Je m'en suis physiquement pris à mes amis. Je me rappelle aussi avoir fait tomber mon portable environ trois fois. C'est devenu si grave que mes amis ont décidé que ce serait mieux si je rentrais chez moi, mais je refusais de partir. Ohm dit qu'il a fallu au moins une dizaine de mecs pour me mettre dans le taxi et pour que Phun (malheureusement pour lui) puisse couper court à ce bordel.

Mais alors pourquoi Phun ne m'a-t-il pas dit que j'avais été odieux ?! Il faut vraiment qu'il arrête de jouer les grands seigneurs ! Argh !

— Merde, y'a eu ça, aussi. Noh était tellement saoul qu'il se comportait comme un gros dur, non ? A un moment, il a voulu amener ses miches quelque part mais Phun ne l'a pas laissé faire, et le tirait en arrière. Noh n'était pas d'accord et a voulu envoyer Phun dans le décor, mais il a perdu l'équilibre. Heureusement, Phun a été rapide pour le rattraper. Putain, c'était comme une scène de ces romans où le mec porte la fille dans ses bras parce qu'elle était sur le point de tomber !

— Que c'est romantique ! !

Peut-être que tu devrais juste écouter en silence plutôt que donner ton opinion, Palm.

— Ouais, putain de romantique. Dans notre version à nous, la fille a fini par en foutre une au mec et ils se sont tous les deux retrouvés par terre. On était pétés de rire !

Aaaaaaaaaaaah ! J'aimerais pouvoir disparaître, juste là maintenant !

Ohm et Palm rigolent avant de poursuivre leurs commentaires.

— Si je ne savais pas qu'ils ont tous les deux des petites amies, j'aurais été persuadé que j'étais en train de contempler un couple marié en train de se chamailler.

Okay, au moins il se souvient que j'ai une petite amie...

J'ai cessé de les écouter après cela. (Ça devenait long). Maintenant, je me demande comment va Phun. Je n'ai pas pris la peine de regarder s'il avait des bleus quand je l'ai vu. Je suppose que j'étais définitivement trop bourré.

— Et alors, est-ce que Phun va bien ? On t'a regardé le battre. Il n'a pas trop de bleus, n’est ce pas ?

Ohm prend une seconde pour me demander, juste au moment où j'y pensais.

— Je sais pas.

— Tu n'as rien vu du tout sous la douche ?

— J'étais ivre. Tout était flou, je n'ai pas vu clair.

— …

Attends. Est-ce que j'ai juste été piégé pour admettre quelque chose ?

— PUTAIN DE MERDE, NOH ET PHUN ONT PRIS UNE DOUCHE ENSEMBLE !

Oh puuutain ! Ohm gueule. C’était si fort que tout le monde dans la classe s'amène vers nous. Putain ! Je n’ai pas fait ça !

— Eh, connard ! On avait tous les deux nos boxers !

Je sors cette excuse pour sauver mon cul mais Rodkeng (qui a couru nous rejoindre) me pointe du doigt comme s'il m'accusait de quelque chose.

— S'il n'y avait rien de bizarre entre vous, vous auriez pris cette douche nus comme deux mecs normaux. Mais il fallait que vous gardiez vos boxers, comme si vous aviez besoin qu'il y ait un truc pour vous retenir de faire quelque chose !

— Whoooooo !

Je déteste vraiment ces cons. Pourquoi ont-ils toujours besoin d'agir comme une chorale ? (Connards !) Pourquoi est-ce qu'ils s'enflamment dès qu'il s'agit de moi ? Je n'ai plus la force de me battre avec eux, de toute façon.

Pendant que tout le monde s'amuse à se foutre de moi...

— Qu'est-ce qu'il se passe, les mecs ? Vous faites beaucoup de bruit.

Putain. Avec toutes les occasions de se pointer, pourquoi il faut que ce soit maintenant ?! Je me retourne pour tomber sur Phun, l'autre partie dans cette querelle. Il est juste là, l'air désemparé. Personnellement, j'ai l'impression de voir un fantôme.

— Whoooooooooooo !

Et les voilà qui recommencent. Vous savez quoi ? Allez trouver quelques colombes à relâcher et n'oubliez pas de jeter du riz pendant que vous y êtes.

— Souhaitons leur beaucoup de plaisir pour leur lune de mieeeeeeeeel.

Rodkeng et Keng me poussent vers Phun. (Où sont mes putains de colombe ?! Et le riz ?! Vous m'envoyez déjà en lune de miel ? Putain !) On dirait que Phun ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe, mais il y a ce sourire sur son visage. La bizarrerie de mes amis l'amuse beaucoup. Ça ne fait que rendre les choses plus difficiles pour moi. Tu pourrais arrêter d'être à côté de la plaque comme ça ?

— Puis-je vous emprunter la mariée pour un moment ? Je le ramènerai bientôt.

Bon sang, est-ce que tu réalises seulement ce que tu dis ?! Mes amis beuglent pendant qu'on m'entraîne dehors. Oh, ma vie.

— Qu'est-ce que tes amis faisaient ? Ça avait l'air amusant, me demande Phun avec excitation une fois sortis.

Je ne sais pas quoi lui répondre.

— Hum…

J'ai commencé tout de suite à lui poser des questions sur ce qui m'intéressait.

— Est-ce que je t'ai vraiment frappé ? Cette nuit à Lumphini Park ?

Il semble qu'il ne s'attendait pas à ce que je lui pose une telle question car il est stupéfait pendant un instant.

— Pourquoi ?

— Ohm m’a dit que je me suis comporté comme un con quand j'étais bourré. Que je t'ai frappé et tout. Merde, je suis vraiment désolééé ! J'étais soûuuuul ! Je ne voulais pas faire tout çaaa !

Je m'excuse beaucoup auprès de lui car je me sens vraiment coupable. Pourquoi a-t-il été tellement sympa après ça, d'ailleurs ? Pourquoi a-t-il enduré tout ça ? Il ne s'est même pas plaint une fois.

Je l'entends glousser, même s'il y a un soupçon de malice.

— Oui, ça m'a vraiment fait mal. Tu étais très violent. Je me demandais justement comment te le faire payer.

— Putain, je suis désolé ! Frappe-moi ! Vas-y ! Frappe-moi aussi ! Je te laisserai faire tout ce que tu veux aujourd'hui !

— Baisse la tête et ferme les yeux.”

Merde, Il se prend pour un senior ou quoi ? En tout cas, je ne peux pas aller contre lui puisque je lui ai déjà dit que je le laisserai faire ce qu'il veut aujourd'hui. Mais j'espère qu'il ne me frappera pas trop fort.

Je garde la tête baissée et mes yeux sont bien fermés alors que je me demande ce que Phun va faire. Est-ce qu'il va me frapper à la tête ? M'attraper l'oreille ? Me donner un coup de coude ? Me mettre un coup de genoux dans le ventre ? Quelque chose ? Lequel fait le plus mal, d'ailleurs ? Serai-je capable d'encaisser ce qu'il s'apprête à faire ? Je me pose sans cesse des questions. Finalement, je sens quelque chose de froid autour de mon cou.

— Tu peux les ouvrir maintenant.

J'ouvre les yeux pour voir la plaque argentée, le souvenir du tournoi de football qui pend à mon cou.

— Oh ! J'avais presque oublié ! Il en restait, alors ?!

Phun sourit en secouant la tête.

— Nan, il y avait une tonne d'étudiants qui bossaient, cette année. Les anciens ont aussi participé. J'ai juste pu en avoir un pendant que je nourrissais Earn et tout ça.

— Juste un ?

— Ouais.

— Et le tien ?

— Ne t'inquiète pas pour ça. Celui-là est à toi.

Est-ce qu'il va arrêter de jouer les gentlemen ? Ça me stresse littéralement.

— Très drôle. Tu as eu celui-là, tu devrais le garder !

Je le gronde pendant que j'essaie d'enlever la plaque Phun attrape immédiatement mes mains et les tient fermement. Il me lance un regard étrange, comme s'il était très gêné par ce que je fais.

— Je… te le donne. Pourquoi es-tu comme ça... ?

C'est vrai, j'ai oublié que je ne devrais pas me comporter comme ça. Phun a probablement remarqué que j'ai arrêté d'essayer de l'enlever donc il me lâche la main.

— Tu as travaillé dur, toi aussi, tu en voulais sans doute une. En plus, les mecs le donnent généralement à leur petite amie.

Je ne sais pas pourquoi j'ai dit cette dernière partie. Mais c'est vrai quand même. Les souvenirs de grands événements comme celui-ci sont assez importants. Donc si vous deviez le donner, c'est généralement à quelqu'un que vous fréquentez.

Phun pousse un long soupir, tellement long que je peux sentir son souffle.

— Aim a déjà reçu un tas de trucs de moi… alors laisse-moi te donner quelque chose, pour une fois. Ne refuse pas.

Qu'est-ce que je suis supposé répondre à ça ?

Nous sommes là, à nous regarder en silence. Malgré tout, j'ai plein de pensées qui me passent par la tête. Je sais que Phun aussi. Ses yeux essaient de me dire quelque chose.

— Hé Noh ! Oh, Phun ? Tu t'es perdu ?

On sursaute tous les deux en entendant la voix d'Earn nous saluer et taquiner Phun. Ce dernier se retourne pour sourire à l'ami qui se trouve être le capitaine de l'équipe de pom-pom girls qui venait de terminer son dernier projet samedi dernier.

— Tu t'es perdu aussi ?

Phun le taquine à son tour. Il gagne des rires en retour.

— Tes bleus guérissent bien ?

Qu'il soit maudit ! Est-ce que ces gens arrêteront un jour de parler de la merde que j'ai faite au parc Lumphini ?! Phun rit et me jette un œil moqueur.

— Je songeais à en parler à mon père.

Fais ce que tu veux, pleurnichard. Si je ne l'avais pas déjà cogné plusieurs fois samedi, je le ferais là maintenant.

— Oui, tu devrais faire ça. Alors, tu as fini de lui parler ? Je dois lui parler de quelque chose.

Donc, ces bâtards pensent que je suis un employé de Rotiboy si je comprends bien ? Est-ce que j'ai besoin de commencer à distribuer des numéros pour les gens qui font la queue ?

Phun me sourit.

— Oui, on a fini. Au fait, n'oublie pas pour vendredi, Noh, répond-il en me rappelant le week-end à Hua Hin.

En fait, j'avais quasiment oublié, à vrai dire. Ean semble confus, en regardant Phun s'éloigner.

— Qu'est-ce qui se passe vendredi ?

— Ce n'est rien. Qu'est-ce qu'il y a ?

Je change rapidement de sujet car on dirait qu'il veut discuter avec moi.

— Ah oui. Je suis venu te donner ça. Comme promis.

Earn fait un grand sourire et me montre la plaque d'identité en argent. Mais...qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!

— Oh, j'en porte une en ce moment !

Je montre mon cou. Alors il n'a même pas regardé, c'est ça ? Earn a l'air tellement décontenancé, on dirait qu'il a vu un fantôme.

— Où as-tu trouvé ça ?! Je me suis dit qu'aucun technicien n'en avait eu un !

Mais il semble que je sois le seul membre qui en aura deux ? Hahaha.

— Phun vient juste de me le donner. Désolé, mec. Je suppose que tu vas avoir le cœur brisé, mon frère.

Je plaisante en lui tapotant légèrement l'épaule. Je n'étais pas sérieux, mais je remarque que son expression est devenue sinistre.

— Ouais... Je suppose que c'est vrai.

Qu'est-ce qu'il marmonne ? Je n'ai pas entendu.

— Hein ?

— Rien, rien. Je ferais mieux d'aller en classe. Au fait, mon groupe participe au Live contest. Je passerai déposer notre formulaire de candidature plus tard.

Earn change de sujet pour parler du Live contest que mon club organise juste avant Noël. C'est un concours où le gagnant a le droit de jouer pendant l’évènement de Noël et aussi gagne une opportunité de participer au concours RAD à l'école Wat Ratchabophit. Je fais à Earn un sourire amical.

— Ouais, bien sûr. Dépose-le à la salle du club, okay ? Mais si tu es trop occupé, tu peux aussi le déposer ici, dans ma classe, lui dis-je, mais il me répond simplement par un bref sourire ironique avant de me dire au revoir et de retourner en cours.

Qu'est-ce qu'il lui prend ? Pourquoi a-t-il l'air aussi déprimé à cause de cette histoire ?

Peu importe.

Je vais à Hua Hin ce vendredi ?

Notes :
1/ A l'époque de la publication du roman, Rotiby était une chaîne de pâtisseries malaisienne implantée en Thaïlande. Elle était très populaire et les gens faisaient la queue pour y acheter des gâteaux. Depuis, le succès s'est tari et elle a quitté la Thaïlande.
2/ Il s'agit d'une compétition musicale destinée à réunir des fonds pour la lutte contre le trafic de drogue.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:13



27ème Chaos
Comment Oserais-je
Cette semaine a été une semaine incroyable pour nous tous. Le tournoi de foot s'est achevé en apothéose, ce qui a mis tout le monde de bonne humeur. Même M. Fiem, qui habituellement se tient avec un air menaçant au portail, n'a pas traîné cette semaine. Je ne l'ai pas vu du tout, je suppose que c'est sa manière de célébrer l'événement. J'ai l'impression que c'est mieux comme ça. En fait, je préfère ça puisque je n'aurai pas à rentrer ma chemise.

Malgré cela, Dieu n'est jamais de mon côté. Tout le monde sera complètement ravi ce week-end, sauf moi. Ce week-end sera un véritable enfer.

En fait, je commence à oublier ce que ça fait d'être heureux et de profiter de la vie. Parce que depuis que j'ai récupéré le titre de Président du club de musique d'Oak (contre ma volonté), je n'y ai toujours pas trouvé satisfaction. Chaque fois que tout le monde semblait être heureux, ce président pitoyable devait encore courir comme un poulet sans tête pour essayer de faire avancer les choses.

Qu'est-ce que je veux dire par là ? Je parle du Live Contest qui aura lieu dans quelques semaines. Notre club organise cet événement chaque année. Nous profitons de l'occasion pour dénicher les meilleurs groupes afin de promouvoir l'excellente réputation de notre école. C'est une compétition ouverte, ce qui signifie que ceux qui ne font pas partie du club de musique peuvent s'y joindre. Ce n'est pas parce que vous êtes membre du club de musique que vous êtes le meilleur. Regardez Ohm, il est vraiment stupide. (Je plaisante, il est bon à quelque chose quand même… probablement ?).

Même Earn s’est inscrit (et il est dans l’équipe d’encouragement). Ce mec est en fait un assez bon chanteur. J'ai essayé de le soudoyer pour qu'il rejoigne notre club à de nombreuses reprises.Il m'a parfois aidé et parfois refusé. Tout dépend s'il a du temps libre. Cette fois-ci, Earn et ses pom pom boy participeront à l’évènement en tant que groupe. Je suis sûr qu'il va bien s'amuser.

Le nom de Phun est aussi sur la liste, en tant que membre d'un autre groupe. (De toute façon, quand a-t-il commencé un groupe ?). Si je me souviens bien, il joue de la guitare. En fait, il est assez doué pour de nombreux instruments de musique. (Il a fait un récital de piano à Noël il y a 3 ou 4 ans, je crois). Il a failli rejoindre le club de musique aussi mais ce type est bien trop intelligent et capable. Les profs l'ont incité à entrer au Conseil des étudiants à la place, sinon, nous aurions été dans le même club. (ou peut-être qu'il aurait été dans celui de Basket-ball ? Maintenant que j'y pense, il aurait tout aussi bien pu rejoindre celui de Sudoku. Ou alors de Math ? En gros, il est doué pour une tonne de choses. Je suppose qu'il est mieux de travailler dans le conseil des étudiants).

A part ces types, il y a environ un million huit cent mille personnes qui font la queue pour déposer leur candidature. Je ne peux m'empêcher de penser qu’ils essaient simplement de me donner plus de boulot. Merci beaucoup. (Sérieusement, vous n'avez pas besoin d'être aussi enthousiastes à ce sujet.). La semaine prochaine aura lieu le tour préliminaire où nous déciderons quel groupe montera sur scène pendant le concours en direct. Je parie que je vais bosser jusqu'à 3 heures du matin, c’est sûr. (Vous n'avez pas entendu parler du réchauffement climatique ? Ce n'est pas une bonne chose.) (En fait, je n'ai tout simplement pas l'argent pour aider l'école à payer les factures d'électricité).

— Qu'est-ce qu'il se passe, Noh ? Tu es vraiment silencieux.

Avant que je ne sombre dans la folie pure, la voix de Phun me sort de ma transe (angoissée). Je sursaute avant de jeter un œil par la fenêtre. Le paysage est maintenant rempli de rizières à perte de vue. Nous sommes arrivés à Ratchaburi alors que nous nous dirigeons vers Hua Hin.

— Arrête d'être si bruyant... j'essaie d'entendre l'océan.

Je lui donne une excuse bidon. Je l'entend ricaner pendant qu'il marmonne que je suis bizarre.

Hé, hé, vous devez tous être curieux de savoir comment j'ai atterri là avec lui. Eh bien, on a séché les cours aujourd'hui ! Je prends une pause avec mes devoirs de président du club de musique juste pour quelques jours. (Je suis terriblement populaire ces derniers temps, tout le monde me disait qu'ils avaient vraiment besoin de me parler). Je suis assis dans la voiture noire de Phun vu que nous avons plus ou moins accepté de partir en week-end à Hua Hin avec les filles la semaine dernière.

À vrai dire, je pense que c'est une bonne idée. Je profite de cette occasion pour échapper à ces idiots qui ont des problèmes sans fin. (“Phi, c'est pas grave si le formulaire est froissé ?”, “Est-ce qu'on a le droit de plier le formulaire ?”, “J'aimerais changer le nom de notre groupe”, "Doit-on jouer des chansons thaïlandaises ou anglaises ?", "Nous n'avons pas assez de membres, pouvons-nous emprunter à un autre groupe ?", "Est-ce que ma copine peut venir me voir jouer ?", "Mon chat ne veut pas manger le thon, que dois-je faire ?" Vous savez quoi ? Allez vous faire foutre). Alors maintenant, je suis assis à l'arrière, derrière le conducteur. Naturellement, Aim est assise sur le siège du passager avant à côté de Phun, tandis que Yuri et moi sommes assis à l'arrière.

— Noh, mange ça, mange ça.

Yuri pousse un sachet de Doritos rouge vers moi. Elle a préparé un tas d'en-cas depuis hier soir. Bien sûr, je ne refuserais jamais de la nourriture. J'apprécie les snacks en demandant si Phun en veut.

— Yo, tu en veux ?

— Bâtard, tu demandes comme si tu avais acheté ça toi-même.

Il me gronde à la place ? J'étais gentil, pourquoi tu fais le con ?!

Yuri glousse devant notre dispute infantile avant de tendre elle-même le sac à Phun.

— Tu devrais en avoir, c'est un sac énorme. Ce n'est pas comme si j'allais pouvoir finir tout ça toute seule de toute façon.

Je jette un coup d'œil à son visage stupidement beau. Il se montre d'abord courtois pendant un moment avant d'en prendre enfin pour lui. Parfois, j'ai envie de lui botter le cul quand il devient si odieux à propos de certaines choses.

— Tu en veux, Aim ?

Phun se retourne pour demander à sa petite amie après avoir réalisé qu'il l'a laissée assise en silence pendant un long moment. Je jette un coup d'œil à la fille qui a un regard légèrement agaçant dans son expression avant qu'elle ne se retourne pour regarder par la fenêtre.

— Je suis au régime.

Je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit une réponse ou juste une déclaration qu'elle veut partager. Peu importe, je vais juste me remettre à apprécier mes collations.

— On peut devenir un couple de petits gros ensemble, pas vrai, Noh ? dit Yuri avec un grand sourire, qui révèle ses adorables canines.

Je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour.

— Ouais ! Pas besoin de s'inquiéter de se noyer dans l'océan quand tu as ta propre bouée intégrée, continué-je avec la blague. Yuri éclate de rire.

— Nos enfants ne pourront pas avoir une brioche comme nous. Nous devrons nous assurer qu'ils sont en bonne santé.

Kof, kof, kof. Je m'étouffe avec les collations ! Je n'ai aucune idée de comment faire à partir de là. Il n'y a rien d'autre que je puisse faire à part gérer les conséquences douloureuses où des morceaux de Doritos sont sortis de mon nez. Yuri rit à gorge déployée

— Noh, je plaisantais ! Pourquoi es-tu si effrayé ?! Ah ah ah ! Bois un peu d'eau !

Elle continue de rire en me tendant un verre qu'elle a rempli à l'aide d'une bouteille. Les filles et leurs blagues de nos jours. Vous trouvez ça drôle de donner une crise de panique à quelqu'un ?

J'accepte la tasse d'eau en regardant Phun qui me jette un coup d'œil à travers le miroir.

Qu'est-ce qui est si drôle, espèce de salaud ?

Phun continue à conduire pendant que Aim, Yuri et moi discutons tout au long du trajet. On fait plusieurs arrêts à des stations essence et nous repartons avec quelques snacks à chaque fois. (Yuri dit qu'il est moins cher de faire des provisions maintenant que de les acheter à l'hôtel, vous pouvez le croire ?). A un moment, Yuri et moi avons essayé des lunettes de soleil marrantes, et avons joué avec bruyamment. Pendant ce temps, Phun et Aim semblent être plus discrets. Peu importe le nombre de fois où je regarde dans leur direction, c'est toujours Phun qui marche derrière Aim.

On arrive finalement au complexe hôtelier dans l'après-midi. Yay ! Je consulte ma montre et elle me dit qu'il est actuellement 15h passées. Phun et Aim vont nous enregistrer.

— L'hôtel est vraiment sympa, hein ? me dit Yuri en se jetant joyeusement sur l'un des canapés de style moderne du hall.

Elle rebondit un peu dessus, je suppose qu'elle s'amuse beaucoup.

— Ce canapé est en poil d'écureuil !

— Sérieusement ?!

Vous ne me croiriez pas si je vous disais à quelle vitesse je me suis levé. Les gens, il faut que vous compreniez quelque chose. Yuri est une grande amazone de la cause animale, surtout des petites bestioles. Elle les adore tellement que je pense qu'elle pourrait très bien travailler pour Greenpeace après le lycée. Cela signifie que l'idée de faire du mal à ces petites créatures est un sujet à ne pas aborder quand elle est dans les parages. (Une fois, elle m'a fait arrêter de jouer à un jeu vidéo Tic et Tac parce qu'elle se sentait mal pour eux vu qu'ils sont attaqués par des pommes dedans).

— Pas vraiment.

Elle me dit et me jette un oreiller au visage. (Je l'ai vraiment cherché, celui-là). Nous nous mettons à rire tous les deux en plaisantant l'un avec l'autre. Cela dure un long moment avant que Aim et Phun ne reviennent avec les clés à la main.

— Qu'est-ce que vous faites ? demande Aim en souriant, car elle remarque que Yuri et moi sommes encore un peu trop bruyants.

Yuri en profite pour me dénoncer.

— Noh est une vraie brute ! Je n'en peux plus ! Est-ce que tous les garçons de ton lycée sont des brutes comme lui, Phun ?

Hé ! Ne mets pas les gars de mon école dans le même panier comme ça ! Phun sourit en me jetant un regard. Il a l'air de trouver ça drôle.

— Juste lui, Yuri.

Ce bâtard n'aide pas du tout, là. Je lorgne dans sa direction avant de recommencer à embêter Yuri.

— Toi aussi, tu es une brute. Je me demande si toutes les filles de ton école sont comme ça. Le sont-elles, Aim ?

Yuri me tape plusieurs fois sur le bras après avoir entendu ma question. (Aïe, ça fait mal).

Aim ricane devant nos excentricités.

— C'est bien que vous soyez proches tous les deux. Vous n'aurez donc pas de problème pour dormir dans la même chambre ?

Elle me tend une des clés. Cependant, je suis stupéfait. Je passe sans cesse de la clé au visage de Phun, plein d'hésitations.

Phun lui-même a une expression troublée sur son visage aussi.

— Aim, je croyais qu'on en avait parlé ?

— Non, tu as fait toute la conversation et tu as supposé que j'étais d'accord avec toi.

Oh merde. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre ces deux-là ? Yuri et moi restons silencieux à nous regarder, pleins de confusion. Phun et Aim continuent de se disputer.

— Franchement ! Si j'avais su que nous passerions la nuit dans des chambres séparées, je n'aurais pas pris la peine de venir avec vous !

Aim hausse la voix au point que le personnel de la réception commencent à nous regarder. Phun remue la tête avec agacement avant d'entraîner Aim dans un coin plus discret.

— On revient tout de suite, Noh, Yuri.

Il se retourne pour nous le dire. Nous nous tenons à notre place, complètement désorientés. Yuri se jette à nouveau sur le canapé.

— Je suppose qu'Aim veut partager sa chambre avec Phun.

Je la rejoins sur le sofa, en pensant que je ne comprends pas vraiment comment les femmes fonctionnent de nos jours.

— Ce n'est pas vraiment approprié.

C'est ce que je pense.

— Pourquoi ? Ils l'ont déjà fait. Ce n'est pas si bizarre pour eux de dormir dans la même chambre, Noh.

Yuri continue de soutenir son amie et oublie tout ce qui ne s'y réfère pas.

— Et nous alors ?

J'espère que ma question va déclencher quelque chose dans sa tête. Yuri se tait, alors je décide de dire quelque chose.

— Ce n'est pas une bonne idée qu'un garçon et une fille dorment dans la même chambre d'hôtel comme ça. Nous, les mecs, n'avons rien à perdre mais vous, si. Et si quelqu'un qui connaît vos parents voyait ça ? Alors quoi ? Je n'ai pas l'argent pour aller demander ta main en mariage, tu sais.

Je me suis dit que finir avec une blague détendrait l'atmosphère. Je caresse gentiment les cheveux de Yuri, toujours assise en silence. Je ne veux vraiment pas qu'elle soit stressée par ce que je viens de lui dire. Cependant, je suis déconcerté par ce qu'elle me demande.

— Tu me trouves dégoûtante ?

— Pourquoi tu dis ça ?

Ses yeux ronds commencent à devenir rouges au point de m'inquiéter.

— Parce que tu...ne m'as jamais touchée.

Hé, ne commence pas à pleurer, maintenant ! Les larmes d'une fille sont une de mes grandes faiblesses. J'aimerais ne pas me sentir comme ça.

— Hé, ce n'est pas une mauvaise chose. J'essaie seulement d'être respectueux.

— Tu me trouves vulgaire.

— Non.

— Si.

— Non.

— Noh…

Elle fait la moue comme les petits enfants quand elle réalise qu'elle ne gagnera pas. Je ne peux m'empêcher de rire devant la manière dont elle agit.

— Tu es assez grande pour comprendre ce que je veux dire.

Je lui dis tout en lui tapotant doucement la tête. (Au lieu de lui frapper la tête comme je le ferais avec Ohm.)

— Mais je suis jalouse quand mes amis... parlent de ces trucs. Je veux dire... on dirait qu'ils sont tellement amoureux l'une de l'autre.

— …

Je ne sais pas comment lui répondre après avoir entendu ce qu'elle avait à dire. Je suppose que c'est parce que je sais avec certitude que je ne peux pas donner à Yuri ce qu'elle veut vraiment. Ses yeux sont rouges maintenant. Je ne peux que serrer ses petites mains pour lui remonter le moral. Yuri reste assise en silence un instant avant de reprendre.

— Je sais que tu ne m'as jamais aimée, Noh. Peu importe à quel point j'ai essayé. Tu ne m'as jamais aimée.

Une larme tombe sur le dos de ma main et je suis perdu. Au moment où je suis sorti de mes pensées, Yuri pleure à chaudes larmes. Je ne sais pas quoi faire maintenant. Je ne suis pas doué pour réconforter une fille. Tout ce que je peux faire, c'est serrer ma main sur la sienne.

— Qu'est-ce qui ne va pas, Yu ?!

La voix retentissante de Aim surgit derrière moi. Je lève les yeux avec une expression suppliante sur mon visage car j'ai désespérément besoin d'aide. Phun et Aim ont l'air stupéfaits par ce qui se passe. Au bout d'un moment, Yuri se lève de son siège.

— Aim, j'ai besoin de repos. Je vais dans la chambre, dit-elle avant de prendre ses bagages et ses autres sacs, elle nous montre le chemin.

Aim lui court après pour déverrouiller la porte. Phun me regarde avec une expression perplexe comme s'il voulait me demander quelque chose. Mais il ne pose aucune question. C'est probablement parce que je secoue la tête incrédule qu'il m'emmène aussi dans notre chambre.

On se traîne dans le couloir qui est décoré de façon élégante et moderne. Je viens juste de remarquer qu'il doit s'agir d'un hôtel chic. Ça aurait été très cher s'il avait fallu qu'on paie ce séjour de notre poche. La réception nous a dit que notre chambre était appelée Studio Piers et je ne savais pas pourquoi. J’ai compris la raison de son nom une fois que Phun a déverrouillé la porte. Il y a une piscine privée au fond de la chambre (C'est une piscine qui relie entre elles les chambres.) Mes yeux scintillent quand j'aperçois la vue qu'on a du balcon. Je parie que les filles doivent crier d'excitation aussi.

Je balance rapidement les bagages sur le lit et inspecte la chambre. Elle est magnifiquement décorée. Il y a une télévision LCD encastrée dans le mur, un lit king-size et même un jacuzzi dans la salle de bains. C'est assez luxueux !

Je ne remarque pas que Phun range lentement ses affaires, car je suis tellement étonné par la chambre dans laquelle nous avons la chance de séjourner.

— Alors, tu ne vas pas ranger tes affaires ? me demande-t-il.

— Pour quoi faire ? Je prendrai tout ce dont j'ai besoin le moment venu. On ne reste ici que deux jours de toute façon.

Nous sommes juste des gens très différents. Phun se moque de mon insouciance alors qu'il continue à mettre ses vêtements sur des cintres et à les ranger dans le placard. J'entends les filles qui poussent des cris d'enthousiasme dans la chambre voisine.

— Je suppose qu'elles sont de meilleure humeur, maintenant, me dit Phun avec un sourire.

Je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour. Rapidement, nous nous changeons pour pouvoir inviter les filles à jouer sur la plage, car le soleil n'est pas trop fort maintenant.

Alors que je mets mes tongs, je suis soudain curieux et je décide de poser une question à Phun.

— Hé…

Je commence. Il cesse de faire ses lacets pour me regarder.

— Quoi ?

— Pourquoi est-ce que tu ne partages pas ta chambre avec Aim ?

Je veux juste savoir ce qu'il a en tête. Il n'hésite même pas avant de me donner une réponse.

— Ce n'est pas correct. J'ai fait assez de mauvaises choses comme ça, dit-il en me tendant des serviettes pour tous les deux.

Je me sens mieux après avoir entendu sa réponse. Je tape sur l'épaule de Phun avec un large sourire sur le visage.

— Personnellement, tu n'es pas un mauvais gars, tu sais.

Parce que je me suis dit que si Phun avait dit que c'était parce qu'il voulait coucher avec moi, alors je l'aurais frappé au visage et je serais reparti à Bangkok en stop.



Nous quittons notre chambre et allons à côté pour inviter les filles à descendre à la plage. On dirait qu'elles nous attendent déjà. Je l'avoue, j'ai eu du mal à déglutir quand je les ai vues dans leurs bikinis. C'est ce qu'ils veulent dire quand ils disent que les meilleures années de votre vie, je suppose.

Il semble que Phun sache exactement ce que je pense puisqu'il me marche sur le pied. Ça fait mal, putain ! Quoi, je ne peux même pas regarder ta copine ?

— Prenons ces trucs avec nous ! s'écrie Yuri avec excitation en attrapant un ballon de plage et un gros dauphin gonflable.

Je me précipite rapidement pour l'aider à les porter. Je ne sais pas si je suis en train d'imaginer tout ça, mais j'ai l'impression qu'elle ne me regarde même pas.

Nous marchons tous les quatre, un peu plus vite que d'habitude, jusqu'à la plage en face de l'hôtel. L'endroit où nous nous trouvons n'est pas très fréquenté. La plupart des gens ici sont des touristes étrangers. (hé hé, exactement mon style). A côté de ça, les pauvres locaux comme nous nous ruons dans la mer aussitôt qu'elle est en vue. Enfin, trois d'entre nous l'ont fait. Il faut un certain temps pour convaincre Aim de nous rejoindre.

— Allez, Aim ! Ce week-end était ton idée ! crie Yuri de loin, la moitié de son corps est déjà sous l'eau.

Phun et moi y sommes aussi, et on l'attend également.

— Pas question...Je ne sais pas nager.

Elle nous le dit timidement et nous ne pouvons pas nous empêcher d'éclater de rire. A quelle école primaire as-tu été, Aim ? Comment c'est possible que tu ne saches pas nager ? J'entends Phun rire en même temps que nous, alors qu'on est toujours pliés en deux.

— Où est le problème ?! Ce n'est même pas profond ! Et on ne nage même pas dedans ! Tu vas juste t'asseoir là et nous regarder ?!

Yuri continue d'essayer de persuader son amie de venir nous rejoindre. Je regarde Aim secouer la tête depuis le rivage. Yuri piétine sur place comme un enfant faisant un caprice avant d'attraper le bras de Phun.

— Phun, s'il te plaît, va lui parler ! S'il te plaît ? S'il te plaît ? Allez ! S'il te plaît ? S'il te plaît ?

— Comment exactement... ?

Phun rit de la façon dont Yuri agit puisqu'elle s'accroche à son bras très fort alors qu'elle continue à le supplier.

— Fais juste ce que tu peux. S'il te plaîîîîîîît ?

Hé hé. Comment tu es censé dire non dans cette situation ? (Je sais que j'en suis un bon exemple.) Même quelqu'un comme Phun ne peut pas gérer tout ça et se rend à Yuri. Il cède et retourne à la plage, où se trouve Aim.

Nous regardons ces deux-là discuter. Il semble qu'ils soient en train de passer un accord. (Nous jouons dans l'océan, nous n'achetons pas des actions. Vous n'avez pas besoin de faire tout ça). Finalement, Phun fait un sourire et un signe de tête avant de porter Aim dans ses bras et de courir vers nous.

— On arrive ! La princesse est là ! crie-t-il avant de jeter sa petite amie à l'eau.

Yuri et moi rions à gorge déployée quand Aim refait surface et se met à crier.

— Phun ! Ce n'est pas ce qu'on avait décidé !

Elle proteste en frappant la poitrine de Phun. Phun rit si fort que ses yeux sont presque fermés.

— Eh bien, tu ne m'as pas dit comment tu voulais aller à l'eau.

Nous étions tous trempés, car personne ne voulait avoir froid tout seul. Je me souviens que Aim a poussé Phun sous l'eau en guise de représailles, sauf qu'il a refusé de plonger seul. Il a utilisé ses bras fins, mais pleins de force, pour me faire plonger avec lui. (J'étais sous le choc !) C'est ainsi que les multiples tentatives de meurtre en mer ont commencé.

On s’est amusé bruyamment dans l'eau pendant un bon moment avant de retourner sur la plage et de jouer avec le ballon qu'on avait ramené. C'était crevant d'avoir à courir après lui, surtout compte tenu du fait que tout le monde refusait de le faire à part moi. Ils s'amusaient beaucoup à lancer le ballon et à faire en sorte que je ne puisse pas l'attraper.

Même si en apparence, on passait un super moment tous ensemble, j'avais remarqué que Yuri m'avait à peine dit deux mots. Elle ne me regardait même pas. Chaque fois que nos regards se croisaient, elle était toujours la première à détourner le regard. Je ne suis pas tout à fait sûr que nous ayons un malentendu sur quelque chose, alors j'ai essayé d'agir aussi normalement que possible.

— Tu as froid ?

Je me suis dit que je devrais essayer d'engager une conversation avec elle (même si je ne suis pas sûr de la raison de notre dispute). J'ai pataugé dans l'eau et je me suis dirigé vers elle. Elle est juchée sur ce dauphin gonflable depuis qu'on a arrêté de jouer sur la plage. Le vent souffle beaucoup, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.

— Hum...non.

C'est à peine une réponse. Je trouve ça vraiment bizarre vu que Yuri est normalement une pipelette. Il est très difficile de l'empêcher de parler. Mais maintenant ? J'ai quasiment besoin de la supplier pour qu'elle dise quelque chose. Qu'est-ce qu'elle a, à la fin ?

— Quelque chose ne va pas ? Tu as été très silencieuse.

— Aïe !

Avant que Yuri et moi puissions avoir notre conversation, Aim laisse échapper un glapissement douloureux. Je me retourne pour voir ce qui est arrivé au couple sur la plage. Je vois qu'Aim est maintenant assise par terre.

Phun inspecte la cheville de sa copine avant de me faire un signe de la main pour m'indiquer qu'elle est foulée. Je hoche la tête en guise de réponse et je regarde Phun porter Aim sur son dos avant de retourner vers l'hôtel.

Yuri fixe Aim, qui est sur le dos de Phun, pendant un long moment avant qu'elle ne retourne son attention en donnant des coups de pied dans l'eau. Plus je vois son expression nonchalante, plus je commence à m'énerver.

— Yuri, nous sommes en vacances ensemble. Tu ne devrais pas t'énerver comme si tu étais un petit enfant comme ça.

Je dois avoir l'air très froid en la grondant car elle se retourne rapidement et me regarde avec un regard aigri.

— Je ne suis pas un petit enfant ! me crie-t-elle dessus.

Je n'ai jamais vu ses yeux s'embraser comme ça avant. Pour être honnête, je n'ai jamais vu Yuri aussi contrariée non plus. Mais aujourd'hui, elle est très contrariée comme si elle était incroyablement en colère contre moi à cause de quelque chose.

Je fronce les sourcils en la regardant descendre du dauphin géant. Je commence à être intrigué, alors qu'elle se tient là dans l'eau, les yeux remplis de colère. Mais en même temps, on dirait qu'elle cherche à me provoquer.

— Es-tu vraiment hétéro, Noh ?

Ses lèvres bougent et ces mots sortent de celles-ci. Elle saisit ma main et la pose sur ses seins


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Ven 6 Sep 2024 - 23:13



28ème Chaos
Restons juste comme ça
Je retire rapidement ma main à la seconde où je réalise ce qui vient de se passer. Puis, je commence à m'énerver.

— Qu'est-ce que tu fais, Yuri ?!

— Tu es vraiment hétéro, Noh ?

Au lieu de me répondre, elle répète sa question. Elle attrape ma main et me fait caresser sa poitrine une fois de plus. Cette fois-ci, elle enfonce ses doigts profondément et me force à la presser. Je tremble de colère.

— Pour quel genre de mec tu me prends ?

— Un pervers ! me crie-t-elle au visage en s'approchant audacieusement.

Je n'avais aucune idée que Yuri était ce genre de personne.

— Tu me déçois beaucoup, Yu.

Je n'ai rien d'autre à lui dire. J'utilise ma main libre pour la repousser avant de m'excuser et de me lever pour retourner près du rivage. Je suis tellement sur les nerfs que mon corps entier tremble.

Je prends une serviette en marchant sur la plage pour me couvrir, car je ne veux pas que l'on voit l'expression de colère sur mon visage. Cependant, j'entends un bruit de pas rapide derrière moi juste avant de sentir une masse de 45 kilos s'abattre sur mon dos.

— Qu'est-ce que tu fais, Yu ?!

Apparemment, Yu a décidé de sauter sur mon dos malgré le fait que nous venons de nous disputer.

— Je t'aime tellemeeeeeeeeeeeeeeeeent ! s’exclame-t-elle en me passant les bras autour du cou.

Je suis complètement déconcerté par ce qui se passe.

— Quoi ?!

— En fait, je me demandais comment je pourrais crier à l'aide si tu voulais vraiment me faire quelque chose puisque la plage est pleine d'étrangers.

Elle ignore ma question alors qu'elle continue de bavarder avec joie. Entre ses ricanements et son ton enjoué, je me rends compte que je ne suis plus en colère.

— Tu me testais ?!

Je sautille un peu, ce qui fait voler Yuri avant de retomber sur mon dos. Elle crie de joie.

— Juste un peu…

Ses petits bras s’enroulent autour de mon cou plus fortement maintenant. Je suppose qu'elle a peur de tomber. Même si j'étais énervé un peu plus tôt, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un ricanement.

— Tu aurais eu des problèmes si tu avais fait ça à quelqu'un d'autre, tu t’en rends compte ? Ne teste jamais quelqu'un comme ça à l'avenir, compris ?

Néanmoins, je pense que je dois lui rappeler ces choses. C'était vraiment une chose stupide à faire. Yuri continue à glousser, sans vouloir s'arrêter de sitôt.

— Je suis tellement heureuse que ce soit toi mon petit ami, me dit-elle en appuyant sa tête contre la mienne.

Hein ? Alors je suis vraiment le copain de Yuri ?

— Hé, Noh !

— Hum ?

J'avais presque oublié qu'on était sur le point de regagner l'hôtel.

— Pourquoi n'as-tu jamais dit aux autres que tu n'étais pas vraiment mon petit ami ?

Ah, donc elle s'en rappelle encore. C'est incroyable.

— Parce que tu as dit à tout le monde que je l'étais, comment j'étais censé tout nier ?

— Je suis une vraie tricheuse, n'est-ce pas ?

— Ouep !

Aussitôt, Yuri me frappe dans le dos. Quoi ?! Je n'ai rien dit de mal !

— Tu aurais pu être plus gentil. Tu sais, tu n'as pas peur que la fille qui t'aime bien puisse mal comprendre quand tu refuses de dire le contraire ?

Oh, donc elle s'en rend compte aussi. Je suis un peu fier d'elle.

— Nan, oublie ça.

Je lui réponds en pensant à la raison pour laquelle j'ai laissé faire. Je ne l'ai pas rejetée parce que je ne voulais pas l'embarrasser. Mais à part ça, je pensais qu'avoir une petite amie m'aiderait à rendre ma vie plus paisible. A l’époque, je jouais avec le groupe, on avait un concert de prévu à l'auditorium du lycée privé et c’était complètement fou. J'étais content que les filles nous aiment bien. Mais une fois le concert terminé, je recevais des appels bizarres tous les jours et je n'étais pas très à l'aise vis-à-vis de ça.

— Je savais que tu étais un gentleman. Tu ne m'humilierais jamais. Heureusement que j'ai été la première fille à dire ça. Tu ne l'aurais pas nié si une autre fille avait prétendu que tu étais son petit ami. Ugh, j'aurais été si triste.

En gros, je suis comme un objet en solde ? Celui qui met la main sur moi le plus rapidement gagne ?

Je trouve tout cela assez drôle. Pour être honnête, je n'ai pas dit la vérité aux gens simplement parce que Yuri est vraiment une fille géniale. C'est loin d'être terrible de l'avoir pour amie. Si c'était quelqu'un de vraiment chiant, je lui aurais dit dès le premier jour où elle a fait savoir qu'elle m'avait comme petit ami.

Nous arrivons enfin à l'endroit où nous pouvons nous rincer les jambes et les pieds. J'ai laissé Yuri descendre de mon dos pour qu'elle puisse se débarrasser du sable.

— Noh…

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Fais-moi savoir quand tu as enfin trouvé quelqu'un qui te plaît vraiment. Je t'aiderai, me dit-elle à l'improviste.

Mais elle ne me regarde pas. Je fixe Yuri, qui se lave les jambes, avant de lui faire un petit sourire.

— Oui, d'accord…

— Je suis sérieuse. Au début, je pensais que si je continuais à faire semblant d'être ta copine, tu finirais par tomber amoureux de moi.

Oh, Seigneur. C'est quoi cette logique, Yuri ? Je ne peux m'empêcher de rire en entendant son raisonnement ridicule.

— Ne ris pas. Au bout d'un long moment, je me suis rendue compte que tu n'as aucun sentiment pour moi. Finalement, je me suis libérée de toi et j'ai accepté le fait que cela n'arrivera jamais, me dit-elle en m'aidant à laver le sable de mes jambes avant de fermer le robinet.

Le sourire de Yuri est toujours aussi éclatant.

— J'ai hâte de rencontrer cette personne, quelle qu'elle soit. Je veux être la première à rencontrer la personne que tu aimes.

Je regarde le doux sourire de Yuri, empli de chaleur. Je sens un tiraillement dans ma poitrine. Pourquoi je ne peux pas aimer Yuri ? Elle est si gentille avec moi.

Quant à la personne que j'aime vraiment ? Eh bien...

Le visage de Phun est la première chose qui me vient à l'esprit, bien que je ne sache pas exactement quels sont mes sentiments pour lui.

Je ne suis pas sûr que ce sentiment soit de l'amour. Mais je sais que je tiens beaucoup à lui. Tant qu'il est à mes côtés, il n'y a rien d'autre au monde que je puisse désirer.

— Noh...

Yuri appelle mon nom quand elle a fini de fermer le robinet. Nous sommes toujours là où se trouve la zone des douches.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne vas pas rentrer à l'intérieur ? Il commence à faire froid.

— Tu veux m'embrasser ?

— …

Ses yeux noirs scintillants me regardent, comme s'ils me suppliaient de faire quelque chose. Mais...

— Ça n'arrangera pas les choses, Yu. Ce serait même bien pire, crois-moi.

Yu éclate d’un petit rire après avoir entendu ma réponse.

— Je m'en doutais bien. Que dirais-tu d'un câlin ? Juste un petit ?

Je souris gentiment devant ses tentatives de négociation avant de tendre mes bras vers elle pour l'enlacer.

— C'est probablement mieux pour toi d'aller trouver un bon gars dont tu vas tomber amoureuse.

— Mais tu es le meilleur garçon qui soit, dit-elle d'une voix étouffée avant de me serrer un peu plus fort.

Dans des moments comme ça, je me déteste de ne pas être capable de tomber amoureux de Yuri.





La journée se termine enfin et je me sens complètement épuisé. Aim a pu marcher à nouveau, nous avons donc décidé de nous rendre en ville en voiture pour aller au restaurant et nous sommes gavés pendant le dîner. Quand on est revenus à l'hôtel, j'avais à peine assez d'énergie pour prendre une douche avant de me jeter sur le lit, me sentant mort de fatigue.

— Je suis telleeeeeeeeeement épuisé.

Honnêtement, je ne sais pas quoi dire d'autre. Phun est en train de ranger quelques affaires. Il se retourne en riant.

— Je ne savais pas que tu conduisais.

— Peu importe ! Bien, tu es plus épuisé. Tu es content maintenant ?

Il n'a même pas besoin de le préciser. Je veux dire, je suis fatigué rien qu'en respirant. Je lui ai répondu avec sarcasme en me replaçant sur le lit avant de regarder dehors. J'entends ses pas s'approcher de moi.

— Tu vas déjà dormir ?

— Ouais.

— Alors j'éteins la lumière.

Il n'attend pas de réponse avant d'éteindre la lumière dans notre chambre. Les seules raisons pour lesquelles je peux dire que Phun est sur le lit à côté de moi sont le clair de lune et le matelas qui s'affaisse.

— N'oublie pas de prier avant de dormir, lui rappellé-je, bien que je ne me sois pas retourné pour voir s'il le ferait ou non.

Je vois ses ombres s'asseoir et prier sur son oreiller, comme je le lui ai dit. Il présente ses respects trois fois avant de s'allonger à côté de moi. Je l'aperçois au clair de lune, le bras au-dessus du front.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Quelque chose ne va pas ?

Tous ceux qui ont un problème prennent toujours cette pose.

— Je ne sais pas…

Il me répond avec son bras toujours sur le front. Le silence s'installe entre nous dans l'obscurité.

— …

— Quelque chose m'a dérangé aujourd'hui…

Phun commence à parler après être resté silencieux assez longtemps pour que je commence à m'endormir. Je sursaute et cligne rapidement des yeux pour chasser ma somnolence.

— Quoi ? Le fait que ton bazar pue comme l'enfer ?

Comme prévu, une main atterrie en plein milieu de ma tête.

— Tu veux la renifler et le découvrir par toi-même, connard ? Je parle de... quand je vous ai vus Yuri et toi... vous enlacer... aujourd'hui.

Phun prend son temps pour débiter chaque mot sur ce qui s'est passé plus tôt dans la journée. Il est assez observateur, n'est-ce pas ? Comment je suis censé lui répondre ?

— Jaloux ?

Je décide de le taquiner, et pourtant, c'est moi qui ressens une étrange douleur dans la poitrine. Vous savez ce sentiment, quand vous essayez de faire la lumière sur une situation vraiment déprimante ? C'est ce genre de douleur. Phun soupire assez fort pour que je l'entende.

— Pathétique, n'est-ce pas ? dit-il avant de se taire un instant puis de reprendre. Je n'ai même pas le droit de me sentir comme ça.

Je ne peux que me taire en entendant ses mots. Je ne veux vraiment pas admettre que j'ai eu mal au ventre quand je l'ai vu porter Aim comme ça aussi.

On écoute tous les deux le bruit léger des vagues qui s'écrasent sur le rivage. C'est exactement ce que je ressens à l'intérieur de moi à cet instant. C'est comme s'il y avait un poing qui n'arrêtait pas de frapper mon cœur encore et encore...

— Est-ce que tu aimes Aim ?

Soudain, je lui pose la question. Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de le faire. Je regarde Phun, qui a une expression troublée sur le visage.

— Je ne sais même pas ce qu'est l'amour. Je me soucie d'elle. Et je... je suis prêt à m'occuper d'elle.

— Alors c'est probablement de l'amour.

La réponse de Phun est très claire. Mon cerveau est maintenant complètement vide. Je ferme les yeux même si je suis déjà dans une pièce sombre.

— Noh...

— …

Phun sait très bien que je l'écoute toujours, même si je ne réponds pas. Il continue à parler de sa voix grave.

— Ces choses que j'ai dites sur Aim... Je ressens la même chose pour toi, tu sais.

Pourquoi a-t-il dit ça... ?

— Pourquoi tu dis ça ?

Je lui pose directement la question alors que mes propres émotions me submergent. Il y a tant de choses qui demandent à être dites au fond de moi. Mais je ne peux pas les dire. Je ne peux pas les autoriser à franchir la barrière de mes lèvres. Pas quand je passe mon temps à me répéter de ne pas dire des trucs qui mettraient Phun dans une situation compliquée.

On reste tous les deux silencieux et immobiles. Puis, Phun décide de m'attirer et me serre contre lui. J'accepte son étreinte en enroulant mes bras autour de lui. Parce que c'est la seule chose qu’il nous reste maintenant. C'est l'unique truc qui nous rappelle que nous sommes là l'un pour l'autre. Et peu importe le genre de relation que nous finirons par avoir, je me sens tellement à mon aise chaque fois que nous nous serrons l'un contre l'autre comme cela.

— Noh...je suis désolé, dit-il en me serrant fermement pendant qu'il embrasse ma tempe. J'aimerais pouvoir me contrôler mieux que ça, mais je...

Le son de sa voix se fait plus discret, il est remplacé par le tremblement de ses bras. Il tremble tellement que je dois me libérer pour pouvoir lever la tête et regarder son visage. Grâce au clair de lune, je peux voir ses traits habituels.

Nous nous regardons dans les yeux comme si nous essayons de les utiliser pour exprimer ce que nous ressentons vraiment.

— … Je n'y arrive pas non plus.

Je lui dis avant de laisser mes lèvres se poser doucement sur les siennes.

Personnellement, je ne pense pas que nous ayons besoin d'une quelconque étiquette pour nous deux.

Je veux juste qu'il reste à mes côtés aussi longtemps que possible.

C'est tout ce que j'ai toujours voulu.


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Ven 6 Sep 2024 - 23:13



29ème Chaos
La vérité se dérobe
Le soleil du matin a du mal à passer à travers les rideaux puisque je me suis réveillé vers six heures du matin et que je les ai fermés. Pourquoi est-ce que je parle de cela de toute façon ? Eh bien, je me suis réveillé un peu plus tôt, puis je me suis endormi pour me réveiller à nouveau à l'instant même. Je vérifie ma montre et je me rends compte qu'il est bien plus de neuf heures du matin, et pourtant personne d'autre n'est réveillé.

Je lève la main avec la montre pour me frotter les yeux avant de la laisser tomber à l'endroit où elle se trouvait à l'origine. Phun dort encore sur mon bras et je ressens le besoin de le retirer car il est un peu endolori. Je ne peux pas m'empêcher de sourire quand je vois le visage endormi de Phun, qui est toujours collé contre moi. Il semble être très à l'aise.

Je ne peux pas m'en empêcher.

Clac !

— Ahhh...pourquoi tu me frappes ?! me crie-t-il dessus même si son visage est encore enfoui contre mon torse avant de reculer et de se frotter la tête, je trouve ça vraiment hilarant. Il est déjà 9h, tu vas dormir jusqu'au jour de notre départ ou quoi ?

Phun a l'air d'être vraiment endormi. Ses yeux sont fermés alors qu'il écoute ce que j'ai à dire. Sa main essaie de trouver son téléphone près du lit, mais il n'y parvient pas. Je lui prête mon poignet pour qu'il puisse vérifier l'heure par lui-même.

— Il est... déjà. Neuf heures, répèté-je, juste au cas où les crottes de ses yeux lui bloqueraient la vue.

Il fronce les sourcils et fixe la montre Diesel avant de saisir ma main et de l'utiliser comme oreiller en la plaçant contre sa joue.

— Réveille-moi à 10 heures.

— Très bien, dors autant que tu veux, mais, je vais aller chercher quelque chose à manger.

Peu importe, je ne vais pas le supplier. J'essaye de me lever et de lui retirer la main de sous sa joue, mais pour quelqu'un qui a sommeil, il est ridiculement fort.

Il arrive à me ramener là où j'étais.

— Nooon. Tu restes ici. On peut y aller à 10 heures.

La voix étouffée de Phun me parle de derrière l'oreiller et de ma main.

— T'es drôle, toi. J'ai faim.

— Dormons.

— Mangeons.

— Dormons.

— Je veux manger.

— Dormir…

Pourquoi ce connard est toujours aussi autoritaire ?! (et est-ce que je vais réussir à m'imposer dans une discussion un beau jour ?!) Je fronce les sourcils mais il a déjà refermé les yeux. En plus, il se moque aussi de moi en frottant son front contre moi. Donc en gros, tu es parfaitement réveillé, hein ? Je devrais vraiment te virer de ce lit !

Je murmure des insultes pendant que j'utilise ma main libre pour saisir la télécommande de la télévision. Je me dis que je peux regarder quelque chose pour tuer le temps, mais alors mon pauvre estomac se met à grogner.

Groar

C'est tout simplement parfait. Cet estomac proteste plus que son propriétaire. Phun ouvre immédiatement les yeux.

— Tu es affamé ?

— Ouais.

Il lance un grand éclat de rire (je suis vraiment gêné) quand il m'entend répondre. (Je te le ferai payer une prochaine fois.) Il se lève enfin et s'étire.

— Bien, allons manger. Laisse-moi prendre une douche rapide.

Phun n'attend pas ma réponse. Il prend une serviette et se dirige vers la salle de bain. Mais qu'est-ce qui se passe bordel ? Enfoiré, tu t'es réveillé après moi mais tu vas juste te laver avant moi ?

Je secoue la tête en signe de défaite face à son comportement odieux avant de passer d'un film hollywoodien aux dessins animés du matin sur la chaîne 9.

— Hey, Noh ?

Hein ? Quoi ? Pourquoi il sort la tête comme ça ? Je me retourne pour regarder le beau visage de Phun, bien qu'il y ait une expression sournoise dessus.

— Putain, qu'est-ce que tu veux ?

Il est clair que notre politesse est au même niveau. Ne faites pas attention à moi. Je suis constant quand il s'agit d'être grossier.

Ce que je vois ensuite, c'est Phun qui me fait un doux sourire en faisant un geste de la main pour que je vienne dans la salle de bain. Comme d'habitude, je ne suis pas du tout d'humeur à me lever. Mais il insiste et il ne semble pas vouloir abandonner non plus, alors je décide de me lever et d'aller le voir avant qu'il n'ait la main endolorie.

— T'as trouvé une sirène dans la baignoire ou quoi ?

Je me plains à lui en traînant les pieds vers l'endroit où il se trouve. Je suis surpris quand il me tire vers lui et m'embrasse sur le nez. Putain de merde ! Il ne s'est même pas encore brossé les dents !

— Bisou du matin, me dit-il avant de fermer la porte en la claquant.

Espèce de fils de... hum hum. Mais je n'arrête pas de sourire. Hé hé hé.

— Noh ! Phun ! Réveillez-vouuuuuus ! Allons manger ! Allons-y ! crient les filles dehors avant que je puisse m'éloigner de la porte de la salle de bain.

Elles ont un timing parfait, n'est-ce pas ? Je ne peux pas m'empêcher de ricaner quand j'entends la voix pétillante de Yuri si tôt le matin.

— Comment ça va, les filles ? Pourquoi vous n'avez pas appelé pour nous réveiller si vous vous êtes levées tôt ?

J'ouvre la porte pour voir Yuri et Aim toutes maquillées, alors que je suis encore en pyjama. (Un short de foot.) Yuri regarde mon visage avant de me sourire.

— Tu es si adorable quand tu viens de te réveiller ! Tes paupières sont toutes lourdes et tes lèvres sont si pulpeuses et rouges !

Attends, ce sont vraiment des compliments que tu fais à un mec ?

Je secoue rapidement la tête pour ne plus avoir l'air si endormi. Mais je ne sais pas comment je peux arranger la situation de mes lèvres. J'entends le bruit de Phun qui prend sa douche pendant un moment, puis il ouvre la porte et me tend une brosse à dents avec du dentifrice dessus.

— Tu parles vraiment aux gens alors que tu ne t'es même pas encore brossé les dents ?

Quoi ? J'étais censé utiliser le langage des signes ? Je me dis, mais j'accepte quand même la brosse à dents sans faire d'histoires.

Les filles se distraient en regardant des dessins animés à la télé en attendant que Phun et moi soyons prêts pour aller prendre le petit déjeuner. Je suppose qu'il n'est pas vraiment approprié d'appeler ça un petit-déjeuner à cette heure-ci. Ma montre indique qu'il est presque 11 heures.

— Peut-être qu'on devrait attendre jusqu'à midi et juste aller déjeuner ? dis-je cela sans m'adresser à qui que ce soit en particulier.

Phun tourne immédiatement la tête vers moi.

— Oh, tais-toi. C'est les grognements de ton estomac qui m'ont réveillé.

— C'est vrai, Noh ?!

Eh bien, celle-là elle est rapide pour comprendre. On parle d'être un duo Core 2. Vraiment, ces deux-là. Je ne vois pas non plus pourquoi il a dû m'humilier publiquement en mentionnant cela devant les filles.



On mange tous les quatre au restaurant ridiculement cher de l'hôtel car on n’était pas d'humeur à embêter Phun pour qu'il nous conduise quelque part en voiture, le temps étant particulièrement chaud dehors. Je parie qu'Ohm me frapperait à la tête s'il avait lu cette partie. Il sait très bien que je ne suis pas du genre à être prévenant quand il s'agit de ce genre de choses. (Ouep, il m'aime beaucoup.) En tout cas, c'est Yuri qu'il faut battre sur ce point.

— Phun… je veux un snack…

Et la voilà. Je regarde la fille qui fait des petits bruits devant Phun alors qu'elle vient de terminer un énorme petit-déjeuner. Vous voyez ça ? Je vous ai dit qu'elle n'est pas gênée quand il s'agit de ce genre de choses. Haha.

— Où tu vas exactement mettre ces snacks, Yu ? Tu n'en as pas acheté une tonne avant qu'on arrive ? lui demandé-je à la place de Phun parce que j'essaie d'être prévenant envers lui.

(En fait, je sais comment être attentionné.) Le soleil tape vraiment fort et la chaleur est insupportable. Cependant, Yuri me fait la tête avec ses joues gonflées.

— Tout est fini…

Elle me dit avant de saisir le bras de Phun pour pouvoir continuer à le supplier. (Hein ? C'est la petite amie de qui exactement ?)

— S'il te plaît... Phun, j'ai vu un grand magasin en arrivant. Allons acheter des snacks ? Ce n'est pas comme si nous avions quelque chose à faire à l'hôtel cet après-midi de toute façon. S'il te plaît ?

C'est drôle d'être le témoin de cette situation au lieu d'en être la victime. Tu vois ce que ça fait maintenant ? Hé hé.

— On peut y aller. Aim, tu pourras marcher ?

C'est vrai, j'oublie que Phun est un vrai gentleman. Il est beaucoup trop gentil pour son propre bien. Yuri se retourne pour se moquer de moi en affichant un sourire de victoire après avoir entendu sa réponse.

— Je ne sais pas. J'ai envie de me reposer.

Le sourire de Yuri s'efface après avoir entendu la réponse de la fille qui se tient à côté de Phun.

— Oh…

C'est à mon tour de me moquer d'elle en levant un sourcil. Haha, pas de snacks pour toi.

— Mais c'est bon. Tu devrais y aller Yu. Je t'attends ici.

Hum. Ça semble un peu étrange. Yu hoche rapidement la tête.

— Alors je vais aller avec Phun ! Tu peux rester ici avec Noh. Noh, je sais que tu es trop paresseux pour y aller de toute façon, non ?

Hein ? Euh...

— Ok, c'est réglé ! L'addition s'il vous plaît !

Yuri fait à nouveau sa Yuri, les gars.



Après ça, ces deux-là se rendent en ville, laissant Aim et moi dans la chambre. Je suis dans la chambre des filles pour lui tenir compagnie. Nous n'avons pas de conversion réelle, ce sont surtout des petites conversations. De toute façon, on regarde surtout la télévision. Je suis assis au bord du lit, la télécommande à la main, en train de zapper. En revanche, Aim est adossée à la tête du lit. À vrai dire, j'essaie délibérément de mettre un peu de distance entre nous deux.

— Alors, ça fait combien de temps que tu sors avec Yuri ?

Elle me pose soudain cette question et je suis pris au dépourvu. Ça fait combien de temps, au fait ?

— Je ne suis... pas sûr.

— Combien de mois ? Ça fait déjà un an ?

J'essaie de me souvenir de notre première rencontre. Le concert au lycée était en juin. Quand Yuri a-t-elle commencé à dire aux gens que je suis son petit ami ? Honnêtement, je ne m'en souviens pas.

— Ce n'est pas le cas, mais je me souviens pas exactement depuis combien de temps. Hé hé, réponds-je avec un rire gêné.

Je ne me suis toujours pas retourné pour lui faire face, donc je n'ai aucune idée du genre d'expression qu'elle fait.

— Tu es vraiment adorable. Yuri a tellement de chance.

Hein ? Ça me fait bizarre de l'entendre. Néanmoins, j'ai encore besoin d'être fort et de tenir bon.

— Mon ami n'est pas assez beau pour toi ? Hahaha.

A ce moment, je sens des mouvements sur le lit. C'est la même impression lorsque quelqu'un se dirige vers vous.

— C'est un autre genre de beauté. Toi, tu es du genre mignon.

C'est un compliment ? Je n'en suis pas tout à fait sûr. Mais quand je me retourne, je vois qu'Aim se rapproche lentement de moi. Mon corps est figé. Je fais semblant de ne pas la remarquer en gardant mon attention sur la télévision. Un tas de pensées me traverse l'esprit. Les paroles de Golf sur la façon dont elle fait le premier pas me reviennent en tête, malgré la difficulté que j'ai eue à les oublier.

Cependant, Aim ne se rapproche pas de moi. Elle se déplace simplement ici pour se lever du lit avant d'attraper un chouchou afin d'attacher ses longs cheveux. Elle se retourne et me fait un sourire.

— Tu savais que toutes les filles criaient à pleins poumons quand tu jouais dans notre école ? J'aimais ça aussi.

Je pousse un soupir et lui fais un signe de tête en souriant. Franchement, si je vois le bon côté des choses, alors elle essaie simplement d'avoir une conversation avec moi. Ce n'est pas juste de ma part d'être aussi paranoïaque et d'avoir des préjugés contre elle. Son beau sourire me met en transe.

— Si j'avais su que Phun était proche de toi, je t'aurais invité plus souvent.

— Je ne pense pas que ça aurait été une bonne idée de toute façon, sinon j'aurais été la troisième roue du carrosse.

— Certainement pas, tu es bien trop adorable. Hé, tu peux m'aider à mettre ce collier ? Je ne vois pas.

Personnellement, je pense qu'elle va un peu trop loin en me disant à quel point je suis adorable. (Après tout, on préfère qu'on nous dise qu'on est beau.) Je me dis en m'approchant pour aider Aim à mettre son collier. Il ne me faut qu'une seconde pour le mettre. Mais ensuite, Aim se retourne rapidement quand j'ai fini sans me laisser une chance de reculer.

— Merci.

Maintenant, nos visages ne sont plus séparés que de quelques centimètres. Je suis surpris car je ne me suis pas préparé à cela. Sans compter que la femme devant moi sourit si tendrement, comme si tout cela ne la dérangeait pas du tout. Je ne sais pas si c'est moi qui dois reculer ou non.

— Tes lèvres sont si rouges... je peux les toucher ?

Aim sourit alors qu'elle se penche pour toucher mes lèvres du bout du doigt. Je fixe ses yeux audacieux. En tout cas, je ne veux pas de ça.

— Tu veux aller te promener sur la plage ?

Je détourne mon visage avant de l'inviter à aller ailleurs. Je pense que ce ne serait pas une bonne idée de continuer à être seuls ensemble comme ça. Malheureusement, elle est plus maligne que moi en répondant.

— Je ne pense pas. J'ai encore mal à la cheville.

Le sourire sur son visage semble appartenir à quelqu'un qui a toutes les cartes en main. Les lèvres pulpeuses et roses de Aim continuent d'avancer.

— Yuri prend sans doute son temps pour choisir les collations. Ils ne reviendront pas avant un moment.

— Oui…

J'ai la tête qui tourne. Les images de la vidéo continuent de défiler dans ma tête encore et encore. Je commence à avoir des vertiges.



Jusqu'à ce que je vois Aim enlever son t-shirt blanc. Je reviens à la réalité, qui est beaucoup plus nette que la vidéo de Golf. Je suis stupéfait. Je n'arrive pas à croire que cela se passe réellement.

Ce que je vois devant moi, c'est la petite amie de mon ami qui ne porte rien d'autre qu'une lingerie en dentelle blanche et un collier.

— Aim, qu'est-ce que tu fais... ?

Ce n'est pas une question. C'est moi qui essaie de rappeler à la femme devant moi qu'elle ne devrait pas faire quelque chose comme ça. Cependant, tout ce qu'elle me donne en retour, c'est un sourire railleur.

— Si ça ne te gêne pas, j'aimerais que nous nous retrouvions tous les deux plus souvent seuls.

Son corps mince se rapproche tellement du mien que nous nous touchons. Elle me prend la main et la place sur son dos, là où son soutien-gorge s'accroche.

— Est-ce qu'on peut... ?

Je sais pertinemment que ce n'est pas un test comme avec Yuri. Je suis un mec. Je ne peux pas nier que cette expérience risquée et excitante me met en appétit. Son merveilleux parfum envahit mes sens alors qu'elle presse son corps léger et lisse contre le mien. Tout me fait savoir ce qu'elle a à offrir. Toutes ces choses sont au-delà de la capacité d'une personne à contrôler sa faim et son désir.

Aim effleure ses lèvres contre mon cou puis jusqu'à mon oreille. En même temps, elle passe ses mains sous mon tee-shirt et les fait courir sauvagement sur ma poitrine.

Mon corps cesse de répondre à mes ordres. Je ne peux qu'entendre Aim murmurer à mon oreille à quel point elle me veut, encore et encore, comme si elle me lançait un sort. Un sort qui semble aussi faire son effet, puisque je commence à faire glisser mes paumes chaudes sur son dos. Finalement, j'arrive aux crochets du soutien-gorge...

C'est la copine de mon ami !

Cet ami est Phun !

Et Phun est quelqu'un qui est plus qu'un ami pour moi !

— Aim !

Je refuse de laisser quoi que ce soit d'autre affecter ma conscience. Mon cri fort la fait un peu tressaillir, mais elle n'arrête pas son rentre dedans pour autant.

— Mais tu es déjà dans l'ambiance.

— Aim, s'il te plaît !

Je la repousse brusquement aussi loin que mon bras me le permet. Je ne voulais pas faire ça parce que je vois à son expression que je lui fais mal. Mais c'est la seule façon pour moi de m'arrêter.

Je prends une grande respiration avant de saisir une serviette et de l'enrouler autour d'elle.

— Je serai dans la chambre d'à côté. Si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas à venir toquer. Tu devrais te reposer, lui dis-je, parce que je ne veux pas crier ou l'engueuler.

Je m'assure que je suis bien habillé avant de quitter la pièce.

Pour être honnête, je n'avais rien à lui dire.

La seule personne à laquelle je pense, c'est Phun.

Parce que ce que Golf m'a dit était vrai.

Notes :
1/ Il s’agit d’un processeur de la marque Intel

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Ven 6 Sep 2024 - 23:13



30ème Chaos
Parce que je sais
Golf est la personne que j'ai décidé d'appeler juste après être rentré (vivant) de mon voyage à Hua Hin.

En fait, je voulais déjà le joindre de là-bas, mais je n'ai pas eu l'occasion. Toute la journée, Yuri était collé à moi comme de la glue. La nuit, j'étais dans la même chambre que Phun. Je ne savais pas quand j'aurais l'occasion d'appeler Golf et de lui demander conseil, alors ce plan a été abandonné.

Quant à Golf ? La première chose qu'il a faite a été de hurler après avoir entendu l'histoire.

— Putain de merde ! Elle a eu les tripes de tenter de t'avoir ?!

Oui, c'est exactement ce que je pensais. Je ne comprends pas non plus comment Aim a pu être si audacieuse à ce sujet.

— Je parie qu'elle était tellement sûre que tu jouerais le jeu. Elle n'a probablement jamais pensé que ça se passerait comme ça.

Golf continue d'analyser la situation depuis l'autre bout de la ligne. Je me fiche de ce que pense Aim ou de ce qu'elle aurait pu ressentir à ce moment-là. La seule personne qui m'inquiète, c'est Phun. Comment dois-je gérer un problème sur lequel je ne peux plus fermer les yeux ?

Plus j'y pense, plus tout cela me semble absurde. Et quand Phun et moi avons pleuré cette nuit-là ? C'était pour quoi ?

Pour que Phun y retourne et soit avec quelqu'un comme elle ?

Rien à foutre de ces conneries.

Golf s'est plaint de quelque chose pendant un certain temps (je ne peux pas le savoir car je ne faisais pas vraiment attention) avant de raccrocher. Il m'a dit qu'il viendrait à mon école le lundi après les cours, car de toute façon, je travaillerai tard avec le tour préliminaire du Live Contest.



Je suis presque complètement déshydraté en arrivant au lycée le lundi matin. Phun m'a déposé chez moi très tard la nuit dernière. Après cela, j'étais au téléphone avec Golf jusqu'à environ trois heures du matin. (Mais plus de la moitié de notre conversation était complètement absurde).



— Yo ! C'est quoi cette tête de zombie ? On dirait que tu n'as rien bu depuis des siècles. Tu es allé à Hua Hin pendant trois jours, est-ce que quelqu'un t'a bu jusqu'à la dernière goutte ?!

Il est sérieux ? Putain, je déteste Ohm et sa grande gueule. Alors je me suis pointé en classe juste pour l'écouter raconter des saloperies sur moi ? Est-ce qu'il y aura un jour où je ne voudrai pas maudire son stupide cul ? Au moins, je ne le ferai pas aujourd'hui, même si je le voulais. Je n'ai pas l'énergie pour me battre avec lui. À la place, je lui jette au visage un sac de trucs que j'ai achetés à Hua Hin en guise de souvenirs.

Ohm passe immédiatement du statut de connard agaçant à celui de connard un peu moins agaçant.

— Oh, merde ! Tu as acheté de la bouffe ?! Oh, j'adore ça ! Keng, ramène ton cul par ici et viens goûter ça !

Bon sang. Tu sais comment on lance un os ou quelque chose pour qu'un chien aille le chercher ? C'est exactement ça. Si Ohm avait une queue, il la remuerait d'excitation en ce moment. En plus de cela, il appelle Keng (qui se vante de quelque chose devant la classe) à se dépêcher. Il se précipite, la tête haute, vers mon bureau.

— Merde, j'aime vraiment ces seiches. Elles sont délicieuses, me dit Ohm en ouvrant un sac de seiches sucrées.

Je ne peux que me moquer de lui quand je le regarde.

— Il ne s'est rien passé vendredi ? Le jour où je n'étais pas là ? lui demandé-je pendant que je sors des papiers de mon sac d'école.

— Pas vraiment. Miss Patcharee a demandé de tes nouvelles. Je t'ai fait une faveur en lui disant que tu avais séché l'école et que tu étais allé à Hua Hin.

Quoi ? Ce salaud ! Il m'a entubé !

Je me retourne et je fixe le visage d'Ohm, mais il continue à faire le malin.

— Tu devrais probablement lui donner de ces douces seiches, peut-être qu'elle serait moins contrariée. Pas besoin de nous remercier, au fait !

Je n'en avais pas l'intention, bon sang.

— Je vois ce que tu veux dire. Alors tout ça, c'est pour Miss Patcharee. Tu peux aller te faire foutre, dis-je en lui arrachant le paquet des mains.

Je pense que ce serait mieux de les donner aux juniors de mon club. Cependant, Ohm commence à faire des sons comme un petit chiot triste quand je retire les snacks.

— Je plaisantaiiiiiis. Je lui ai dit que tu étais malaaaade.

Quel connard. Ne fais pas semblant d'être mignon et tout, ça me fout les jetons. Je plisse le nez vers ces types avant de lâcher le paquet pour qu'ils puissent recommencer à manger.

— Yo, yo, yo. Comment s'est passé le voyage à Hua Hin au fait ? C'était votre premier voyage depuis que vous avez commencé à sortir ensemble ?

Keng aborde un nouveau sujet au moment où je m'assois. Ohm fait un signe de tête, en se montrant très coopératif avec la seiche qui pend à sa bouche. (Les deux, en fait.)

— Alors, vous l'avez fait ?

Il ne lâche pas, n'est-ce pas ? Je regarde les gars qui sont encore en train de mâcher leur snack, curieux.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Faire la chose ! crie Ohm à pleins poumons en se levant.

Il tape ses mains ensemble de façon obscène. Je suis tellement gêné que je le rassoie rapidement en appuyant sur ses épaules.

— Arrête ça. Nous n'avons rien fait. Tu sais déjà que je ne ressens pas ça pour Yuri.

— Mais vous avez passé deux nuits ensemble dans la même chambre ! Tu ne peux pas me dire que rien ne s'est passé ! On t'a coupé les couilles ?! Genre, t'es un eunuque ou quoi ?!

Pourquoi tu cries, putain ?! Je le frappe à la tête une fois pour qu'il reprenne ses esprits.

— On dormait dans des chambres séparées, les filles avaient la leur !

Ohm semble mécontent de ce qu'il entend. Qu'est-ce qui lui arrive ?

— Merde, je pensais que vous alliez en faire quelque chose. Au lieu de ça, tu as dormi dans la même chambre que Phun et tu l'as laissé faire ce qu'il voulait avec toi.

Putain, Ohm. Calme-toi avec ce truc, connard.

— Très drôle. C'est quoi votre problème, les gars ? Pourquoi vous continuez à dire ces trucs sur Phun et moi ?

Je leur gueule dessus pendant que je prends un morceau de seiche pour moi. Les gars ont une expression sérieuse sur le visage pendant un long moment.

— Parce que... soudain, vous êtes devenus très proches assez rapidement. C'est... étrange.

— Ouais, j'insiste sur "soudain". Il n'y avait pas de signes ou de traces d'une lente montée en puissance. Avant, vous aviez l'habitude de vous sourire amicalement et c'était tout. Mais maintenant ? Tu sautes pratiquement dans ses bras dès que tu le vois.

Jésus Christ, c'est une façon de tout amplifier. Les gars, vous avez vraiment besoin de faire marche arrière. Quand est-ce que je lui ai fait ça exactement ?!

— Vous avez vraiment tendance à tout exagérer. Je lui parle comme avant. N'oubliez pas qu'il m'a aidé avec le club.

— Pourtant, il semble qu'il y ait plus que ça. C'était son boulot d'aider avec le problème de budget de toute façon. Mais ensuite, vous avez disparu ensemble et même vos copines n'ont pas pu vous joindre ? C'est juste bizarre, mec.

Ohm continue à analyser scène par scène au point où j'ai envie d'abandonner. Sérieusement, est-ce que tu fais ça aussi bien quand on te donne un problème de maths ?

J'ouvre la bouche pour le contredire, mais ensuite Khom crie mon nom et m'interrompt.

— Noh ! Phun veut te voir !

Putain de merde, en parlant du diable. Ça ne peut pas arriver. Maintenant, Ohm et Keng se marrent comme des fous.

— Tu vois ?! Je te l'avais dit ! Vous êtes inséparables ! Vous êtes comme un bousier et son tas de merde ! Mec, je suis obligé de le reconnaître. Il est arrivé en retard mais il a réussi à me voler mon ami. T'es vraiment quelqu'un, Phun.

Ohm se moque, bien qu'il semble un peu triste par rapport à ça. Cependant, il ne semble pas s'en soucier beaucoup puisque son attention se porte sur la seiche. Eh bien, tu n'es pas si sincère ? Attends, est-ce qu'il vient de nous comparer, Phun et moi, à un tas de merde ou quoi ? Beurk, fait chier.



Je secoue la tête en sortant de ma classe où Phun est toujours debout et me fait signe. Il essaie de me presser pour que j'arrive plus vite. Mais, tu peux arrêter un peu ? Mes amis me fixent et tout.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je en arrivant dehors.

— Alors, mon groupe il pourra jouer dans les éliminatoires ou pas ?

Hum, donc il est ici à cause du Live Contest auquel il s'est inscrit. Je lui fais un signe de tête. Mais attendez, je viens d'appeler et d'en parler à Fi. (C'est le président du conseil des étudiants et le chanteur de leur groupe.)

— J'en ai déjà parlé à Fi. Vous ne vous parlez pas ? Vous êtes dans le même groupe.

— Tu l'as appelé quand il dormait, il t'a dit okay, mais il n'avait aucune idée de ce dont tu parlais.

Génial, peut-être que je devrais disqualifier son groupe. Je laisse échapper un petit rire.

— Aujourd'hui, après les cours. La salle du club dans le bâtiment F, dis-je et Phun écarquille les yeux.

— Quoi ?! Si tôt ?! Nous n'avons rien apporté !

Qu'est-ce qui se passe ? Votre leader ne faisait pas attention, en quoi tout ça est de ma faute ?

Il a l'air surpris, comme si j'étais quelqu'un qui avait toutes les cartes en main.

— C'est votre problème. Si vous ne vous montrez pas, alors on vous supprime.

Il faut avoir du cran, non ? Le président du club de musique menace le groupe du président du conseil des élèves. Hé hé hé. Amène-toi. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais le secrétaire du conseil des étudiants a l'air totalement défait.

— Tu vas vraiment me faire ça, Noh ?

Cet abruti. Tu crois que je vais me sentir mal parce que tu balances la tête comme ça ? Pourquoi je ne serais pas capable de te faire ça de toute façon ?

Phun lève la tête et me regarde. Ses yeux brillent, il doit penser qu'il est vraiment mignon.

— À quelqu'un que tu aimes... ?

C’est dégueulasse ! A vomir ! Je vais vomir. Quand diable ai-je dit ça ?!

— Tu es défoncé en ce moment ?

— Bien. À quelqu'un qui t'aime alors ? Oh, une seconde.

Il se contente de changer sa réplique avant de prendre son portable qui sonne dans sa poche. Je m'appuie sur le mur et je l'attends.

♫ I could be brown, I could be blue, I could be violet sky ♫

Bip.

— Salut, Aim.

Eh bien... Voilà la personne que tu aimes, et celle qui t'aime... Je me dis, comme je le fais d'habitude. Mais attendez...

Aim est au téléphone ?!

Mon expression s'aigrit vite. Rien qu'à entendre son nom, ça me fout déjà en rogne. Je réalise que je suis presque en train de bouillir parce que je me soucie de ce que pourrait ressentir ce beau gosse qui se tient devant moi.

Je suppose que je suis trop transparent parce que Phun me regarde avec ses sourcils levés. Il regarde mon visage renfrogné avec surprise. Je suppose que c'est parce que je ne suis pas doué pour contrôler mes émotions. Chaque fois que je pense ou ressens quelque chose, cela se voit sur mon visage. En ce moment, j'ai l'impression que le mot "mécontent" est écrit sur mon front alors que Phun a écrit "perplexe" sur le sien.

— Oui, Aim. Je ne pense pas que je puisse faire ça aujourd'hui. Je dois rester et jouer pour les éliminatoires du club de musique. C'est très soudain.

Je regarde Phun pendant qu'il poursuit son appel. Il me regarde toujours avec les sourcils froncés comme s'il voulait me demander si quelque chose ne va pas.

— Oui. Celui dont je t'ai parlé. Hein ? Noh ?

Il continue avec l'appel et je me rends compte que Aim pose maintenant des questions sur moi. Qu'est-ce qu'elle demande ? Et pour quoi faire ? Je fronce les sourcils en regardant Phun qui a une expression confuse sur le visage, à la fois pour moi et pour son interlocuteur.

— Bien sûr qu'il sera là. C'est le président du club. Hahaha. Hein ? dit-il avant de froncer les sourcils. Pourquoi veux-tu venir ? Ce ne sera pas amusant. Seuls mes amis seront là.

Maintenant, je réalise ce que veut la personne au bout de la ligne. Je connais même la raison pour laquelle elle fait ça.

— Oui. Hum, alors fais-moi savoir quand tu seras là. Je viendrai te chercher à la porte.

On reste là un moment pendant que Phun dit au revoir à sa copine avant de finalement raccrocher. Je le vois mettre son téléphone dans sa poche. Il me regarde comme s'il voulait se racheter parce qu'il se sent coupable.

— Tu es en colère... parce que Aim vient ?

Sa question me laisse perplexe, car ce que Phun se demande est incorrect.

Si Phun pense que je suis en colère parce que je suis jaloux ou possessif envers lui, alors je suis assez assuré pour dire qu'il se trompe lourdement. Je n'ai jamais pensé qu'il devait être ou qu'il est à moi. Pas même un petit peu. C'est parce que je suis assez adulte pour savoir ce dont il s'agit. Je suis assez serein pour dire que je suis satisfait de ma relation actuelle avec Phun. Je suis satisfait que nous ayons ces merveilleux sentiments l'un pour l'autre sans avoir besoin de définir ce que nous sommes ou d'avoir à gérer les choses qui se passent dans une chambre.

J'aime ce que nous avons maintenant, mais je déteste ce qui va se passer ensuite.

Je ne supporterai pas que quelqu'un blesse la personne qui est essentielle à mes yeux.

— Non, je ne suis pas en colère ou quoi que ce soit. Tu en fais trop.

Cette réponse peut donner l'impression que j'évite le sujet, mais je fais de mon mieux pour ne pas inquiéter Phun.

— Tu es sûr que tu es d'accord avec ça ? Je suis désolé.

Phun me presse légèrement l'épaule, ce qui m'amène rapidement à lui faire un signe de tête.

— Hé, ça va vraiment bien. Je dois aller copier les devoirs de quelqu'un d'autre. J'ai beaucoup de rattrapage à faire puisque je n'étais pas là vendredi.

Finalement, j'ai besoin de me servir d'un énorme mensonge (vu qu'Ohm m'a déjà dit qu'il n'y avait rien à faire du tout ce vendredi) comme excuse. Je me suis dit que c'était mieux d’y aller plutôt que de rester là avec un regard irrité. Je ne veux pas que Phun se méprenne et pense que je suis en colère contre lui.

— C'est vrai. Désolé, Noh…

Il se répète. Je hoche la tête en hâte en lui tapotant doucement le dos.

— Ne t'inquiète pas pour ça, lui dis-je avant de retourner dans la classe.

Et bien sûr, je connais la vraie raison pour laquelle Aim veut venir jusqu'ici et surveiller Phun.


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Ven 6 Sep 2024 - 23:13



31ème Chaos
Face à Face
Madame Mettha congédie notre classe juste au moment où mon téléphone vibre sur mon bureau. Heureusement, tout le monde est plutôt bruyant alors elle n'est pas consciente que l'iPhone provoque un grand tremblement contre la surface dure.

Je regarde l'écran et je me demande comment Golf a un timing aussi parfait.

— Où es-tu ?

— Presque là, viens me chercher.

Et puis quoi encore ? Ne fais pas comme si tu n'étais jamais venu dans cette école.

— Hilarant. Retrouve-moi au club dans le bâtiment F. Je dois préparer les préliminaires, donc je t'attends là-bas, ok ?

— Pas d'accord ! J'ai donné mon temps précieux pour toi alors que je pourrais draguer des nanas. Tu ferais mieux de bouger ton cul jusqu'à la grille et de venir me chercher. J'y suis presque, à tout de suite !

Et ce connard est une autre personne dans ma vie qui fait des suppositions sur les choses et force les gens à être d'accord avec elles. (Qu'est-ce qui se passe avec ces gens dans la vie de ce pauvre Noh ? Est-ce qu'il arrivera un jour à faire ce qu'il veut ?!) Golf raccroche et je range mon téléphone, vaincu, avant d'aller le rejoindre au portail.

— Ohm, tu veux bien organiser les choses pour moi ? Je vous rejoins bientôt.

Comme d'habitude, ce connard a un problème avec ça.

— C'est quoi ce bordel, mec ?! Où tu vas ?! On va bientôt commencer !

— Je sais. Ça ne prendra qu'une seconde. Je dois aller chercher Golf, il arrive.

Ohm s'excite à la mention du nom de Golf.

— Pour de vrai ?! Ok, tu vas le chercher pour que je lui botte le cul. Il a fait un cocktail avec de la sauce de poisson pour que je la boive l'autre soir au Lumphini Park. C'était putain de salé. Je ne vais pas le laisser s'en tirer comme ça.

Hahaha, vous deux vous pouvez régler ça tout seul !

Je me précipite vers la grille de l'école car ma montre indique qu'il est presque l'heure de commencer le tour préliminaire. Cependant, je ne vois même pas l'ombre de Golf.

— Ce connard, il ne m'a pas dit qu'il était presque là ?

Je me plains à moi-même. Pendant que je l'attends, au loin, une fille à la peau claire qui porte l'uniforme du lycée privé me vole mon attention. Qui est cette fille ? Je peux dire qu'elle est assez sexy même à cette distance. Si j'arrive à la voir de près ? Whoa, je ne veux même pas l'imaginer. Je continue à la fixer avec excitation, alors que la silhouette se rapproche de plus en plus, comme le ferait n'importe quel autre adolescent.

Mais...

Bordel de merde. Pourquoi je n'ai pas réalisé ça plus tôt ? Je regarde Aim qui se dirige vers la porte de l'école et je suis obligé de faire comme si je ne la voyais pas, simplement parce que je n'ai rien à lui dire. Je peux dire qu'elle regarde aussi dans ma direction.

Et bien sûr, à part le gardien, M. Suchart et les autres élèves qui quittent l'école, je ne vois personne qui ressemble à Phun. Cela signifie que Aim et moi devons rester ici à attendre la personne que nous sommes censés rencontrer. Honnêtement, je me fiche qu'elle soit là. Je ne me soucie plus d'aucune forme de politesse puisque j'ai perdu tout respect pour cette femme en raison de mon expérience personnelle avec elle.

Je m'appuie sur la grille et je siffle, en ayant l'air complètement satisfait de moi. Je ne lui dis même pas bonjour, en espérant que ça la fasse chier. Je la regarde et il me semble que cela l'agace beaucoup. Je regarde son visage apparemment magnifique et je sais tout de suite qu'elle est venue jusqu'ici pour pouvoir éloigner Phun de moi. Je parie qu'elle a peur que je la dénonce.

Elle ne sait pas que je ne ferais jamais ça. (Je ne suis pas ce genre de personne.) Si j'avais voulu la dénoncer, je l'aurais fait à Hua Hin. Si j'étais aussi coriace, je n'aurais pas appelé Golf pour qu'il m'aide à réfléchir à ce sujet. En parlant de ça, quand est-ce qu'il va arriver ?

Bientôt, un taxi violet se gare près du trottoir. Je vois la grande silhouette de Golf qui est en train de payer le chauffeur pour la course en taxi. Il sort de la voiture avec un large sourire, toujours vêtu de ses vêtements puisque son école autorise ce genre de choses.

— Désolé, mec. Le trafic était terrible devant le Mandarin Oriental. Je ne sais pas ce qui se passait.

Il s'empresse de donner son excuse, probablement parce qu'il a peur que je lui saute dessus (ce que j'étais sur le point de faire). Cependant, avant que Golf et moi ne puissions entrer dans l'école, nos yeux accrochent ceux de Aim qui semble très surprise.

Oui, bien sûr qu'elle est surprise. Je viens de me rendre compte que lorsque Aim a rencontré Golf, elle ne savait pas qu'il fréquentait cette école. Heh heh, ça va être amusant aujourd'hui. Mais il manque encore une personne.

En parlant de ça, je vous dis que ce type doit être médium. Il apparaîtra à la simple mention de son nom ou si vous pensez à lui. Donnez-lui juste quelques instants.

— Oh, Noh. Te voilà. Ohm se plaignait de toi.

Vous voyez ? Livraison de Phun. Pensez à lui et il se montre tout de suite. Que la fête commence. Je me retourne pour lui sourire pendant qu'il court jusqu'à nous. Je vois qu'il est essoufflé. Il se dépêchait probablement de venir chercher Aim.

Phun prend une pause avant de remarquer la personne à côté de moi.

— Golf ! Tu es aussi venu pour regarder ?

Et voilà. Je parie que Aim est comme un personnage de film d'horreur en ce moment (où elle voit un fantôme). Golf aussi semble apprécier ça.

— Ouais, Noh m'a demandé si je voulais venir, alors j'ai décidé de passer. Qu'est-ce que tu fais ici, d'ailleurs ? Tu n'es pas censé te préparer ?

— Oh, je suis venu chercher Aim. Aim, c'est Golf. Il allait à cette école. Il est très proche de Noh. Lui et moi avions l'habitude de traîner ensemble aussi.

À ce stade, je sais juste que Golf et moi devons nous demander quel genre de réponse Aim va donner à Phun.

— Je vois. Je suis ravi de te rencontrer.

Wow, quel culot !

— Tu m'es familière, Aim.

Golf donne le premier coup de poing. Haha ! Je veux lui donner un Award, tellement c'est satisfaisant.

Aim est stupéfaite, mais je peux dire d'après son regard qu'elle ne se rendra pas si facilement.

— Phun m'a déjà amené ici, je suppose qu'on s'est déjà croisés.

Oh, un nouvel Award du mensonge. Je suppose que je vais devoir distribuer deux trophées. Mais avant que nous puissions aller plus loin, mon téléphone se met à sonner et signale la fin du premier round de la bataille.



♫ U -Wo - U -Wo - Oh .

Je ne pensais à rien.

Tu es si mignonne alors je suis venu me présenter ♫



L'écran LCD s'allume avec la photo du majeur d'Ohm.

— Quoi ?

Pas besoin d'être poli quand je réponds à son appel, c'est un gaspillage d'énergie.

— QUAND EST-CE QUE TU VAS ARRIVER BORDEL ?! C'EST PRESQUE L'HEURE DE COMMENCER, TÊTE DE NOEUD !

Ohm est assez bruyant pour que même Golf puisse l'entendre. Je lui réponds aussitôt que je suis en route alors que Golf me pousse dans le dos.

— Mieux vaut se dépêcher. Tu es le président du club, tu ne devrais pas être en retard.

Oh, c'est quoi ce bordel ?

— C'est ta putain de faute !

Je me précipite vers la salle du club et je suis accueilli par Ohm, qui a un regard menaçant. Ha, ne pense pas que quelqu'un comme Noh aura peur de ça.

— Quoi ? Je ne suis parti qu'une seconde. Il fallait vraiment que tu m'appelles ?

Il est évident pour moi que je ne fais qu'empirer les choses en faisant le malin avec lui, mais je le fais quand même. Le résultat est un poing qui atterrit carrément sur ma tête.

— Bâtard, ne fais pas le malin avec moi. Ramène ton cul là-bas. Il y a un problème avec l'amplificateur.

Hmph ! Je vais te laisser tranquille cette fois. J'emmène en hâte Golf s'asseoir et attendre derrière la table des juges avant de me diriger vers l'ampli dont Ohm m'a parlé.

Nous n'avons pas mis trop longtemps à tout installer avant de commencer. Ce tour préliminaire est un événement privé puisque nous choisissons les groupes qui participeront plus tard à la compétition en direct sur scène. J'avais dit aux 35 groupes de se retrouver dans cette salle de club exiguë. Et qu'ils ne pouvaient pas apporter leurs propres instruments, ce qui signifie qu'ils sont obligés d'utiliser ceux que notre club leur a fournis. (Il n'y aurait pas eu assez de place et nous aurions perdu du temps si chaque groupe devait faire sa balance). J'ai peur de passer la nuit ici avant que le dernier groupe ne puisse jouer.

— Bordel... on les laisse vraiment jouer deux chansons ? Ils ne peuvent pas en faire qu'une ?

Je commence à faire des histoires à partir de la table des juges quand je calcule le temps que prendra cet événement. Ohm me gronde rapidement.

— C'est toi qui leur a dit de jouer deux chansons ! Je t'avais dit qu'une seule suffirait ! On va passer la nuit ici, putain !

Bien sûr, frappe-moi pendant que je suis à terre. A l'époque, je pensais que ce ne serait pas très juste de juger un groupe après une seule chanson. Mais maintenant, je commence à sentir que je voudrais changer d'avis à ce sujet.

Le temps passe vraiment très lentement, du moins c'est ce que je ressens. Même si tous les groupes sont géniaux, devoir rester assis ici et les noter pour chaque chanson est vraiment épuisant. Je commence à comprendre ce que Phi Oak (l'ancien président du club de musique) a vécu. Heureusement, j'ai fermé les inscriptions tôt. Sinon, nous aurions affaire à cinquante groupes comme Phi Oak l'a fait l'année dernière et nous serions obligés de juger ces groupes littéralement jusqu'à la mort. (Sérieusement, ça a pris deux jours l'année dernière, nous vivions sous Red Bull).

Je m'étire pour chasser la somnolence tout en jetant un coup d'œil à l'endroit où se trouvent Phun et les membres de son groupe. En plus d'une tonne d'étudiants masculins au look branché, il y a aussi une belle étudiante du lycée privé nommée Aim assise parmi eux. Elle est assise juste à côté de la porte et je remarque qu'elle demande souvent à Phun de quitter la pièce avec elle. Lorsqu'ils reviennent, ils ramènent un tas de boissons et de snacks avec eux. Je ne peux pas m'empêcher d'être curieux. Est-ce qu'elle ne suit pas son régime ou est-ce qu'elle essaie simplement d'éloigner Phun pour qu'il ne puisse pas rester assis là à me regarder.

Parce qu'à chaque fois que je regarde dans cette direction, mes yeux rencontrent les yeux de chiot de Phun, comme s'il essayait de se rattraper. Combien de fois dois-je lui dire que je ne suis pas fâché, que je ne suis pas en colère, que je ne suis pas jaloux ou quoi que ce soit d'autre ? Je suis juste fâché quand je vois cette femme qui te ment, assise ici. Tu comprends ça maintenant ?

Soupir... Je ne sais pas quoi dire d'autre. Alors disons juste que j'essaie d'être aussi normal que possible.

— Je pense que Phun croit que tu lui en veut depuis qu'il a amené quelqu'un à un événement privé. Il continue à te regarder en faisant un visage triste.

Regardez-moi ça. Même Golf, qui est assis derrière moi, le remarque. Heureusement qu'il n'est pas méchant comme Ohm. Golf me regarde quand je secoue la tête avant qu'il ne grince des dents.

— Je meurs d'envie d'aller là-bas et de tout raconter à Phun, tout de suite. Qu'est-ce que je dois faire ?

— Yo ! Calme-toi.

Il agit comme s'il voulait ramper jusqu'à Phun. Ce putain de mec ! Je le retiens rapidement parce que je sais très bien que ce type a le sang chaud.

Peu de temps après, un groupe d'élèves de 9e année finit de jouer leurs morceaux (ils étaient plutôt bons, en fait), alors je dois lâcher le col de chemise de Golf et annoncer le prochain groupe qui jouera.

— Le prochain est le groupe numéro quinze... Phi Queer's Band. C'est quoi ce nom, Earn.

Le groupe de Earn va jouer après. Un groupe de spectateurs (surtout les juniors) se moquent du choix du nom mais ils ont l'air de l'aimer. Le groupe est composé de l'équipe de supporters de l'événement de football. Les élèves de première année les appellent généralement "Phi Cheer", mais le terme "Phi Queer" est utilisé dans leur dos (parce que le personnel peut être assez méchant et strict). Earn a entendu ce terme de ses propres oreilles, mais il n'est pas fâché parce qu'il a l'habitude d'appeler les membres de l'équipe Phi Queer aussi. Hahaha. (D'où je viens, cela s'appelle le karma).

Ils ont fait un petit test de son (pas grand-chose à faire puisque notre club avait déjà tout préparé) avant de commencer leur première chanson, qui est "Change" de Deftones. J'ai entendu dire qu'Ohm a souvent écouté cette chanson. Je suppose qu'ils vont obtenir un très bon score rien qu'avec Ohm. À ce propos, ne le sous-estimez pas (même si je le fais encore et encore) parce que son père joue dans un grand orchestre symphonique. Il est également professeur de musique à l'université Mahidol. Au fond, Ohm n'est pas exactement sans talent, son seul problème est qu'il a tendance à agir comme s'il était stupide, ce qui fait que les gens le comprennent mal. (Ou peut-être qu'il est vraiment stupide, je n'en suis pas sûr.) Je jette un coup d'œil à sa fiche de score et je lui fais un sourire en coin.

— C'est de la triche.

— Ils sont vraiment bons ! s'exclame bruyamment Ohm alors qu'il essaie de cacher sa fiche de score.

Je ne peux que me moquer de lui. Mais c'est vrai, le groupe de Earn joue très bien. Earn est très bon en tant que chanteur principal. C'est dommage que cette chanson soit un peu trop lente et émotive, je suis sur le point de m'endormir à tout instant.

Alors que je suis presque décidé à m'endormir ou non, j'entends mon nom dans les haut-parleurs.

— Noh, ne t'endors pas tout de suite, s'il te plaît. Il y a une autre chanson.

Merde, Earn. Tu me fais vraiment ça ? Je suis tellement gêné ! Je sursaute et me gratte la tête en regardant son visage. Pendant ce temps, tout le monde se met à rire (je te ferai payer pour ça). Je prends une gorgée d'eau pour cacher ma gêne (et chasser la léthargie).

Earn sourit largement, montrant ses fossettes avant de continuer avec la chanson suivante.

— Écoute ça très attentivement, Noh.

Je suppose qu'il a peur que je m'assoupisse à nouveau. Hack, le batteur, tape rythmiquement avec ses baguettes avant que la guitare ne commence à jouer les premières notes de la deuxième chanson.



♫ Trop près, je ne veux pas être trop près.

Je ne veux pas encore y aller.

Il est sans doute possible de rester à cet endroit.

Trop clair, si c'est trop clair.

Il ne sera peut-être pas aussi touché.

Ce n'est probablement pas trop, n'est-ce pas ?

Je préfère me rapprocher lentement de toi.

Petit à petit, je vais m'infiltrer jusqu'à ce que je trouve ton amour.

Il n'est pas encore temps pour toi de savoir ce que je ressens vraiment.

Permets-moi de rêver et de vivre ce rêve encore un peu.

C'est suffisant, même si les choses sont incertaines.

Ce n'est peut-être qu'un petit rêve pour moi.

Mais je vais continuer à attendre.

Si l'on se rapproche un peu plus.

Alors j'ai peur que tu recules.

Et ne reviennes jamais.

Je préfère me rapprocher lentement de toi.

Petit à petit, je vais m'infiltrer jusqu'à ce que je trouve ton amour.

La... La... La.

Il n'est pas encore temps pour toi de savoir ce que je ressens vraiment.

Permets-moi de rêver et de vivre ce rêve encore un peu.

C'est suffisant, même si les choses sont incertaines.

Ce n'est peut-être qu'un petit rêve pour moi.

Mais je vais continuer à attendre.

Si l'on se rapproche un peu plus.

Alors j'ai peur que tu recules.

Et ne reviennes jamais.

Oh, tu partirais et ne reviendrais jamais.

Je ne suis pas encore prêt à m'approcher de trop près… ♫



Hein ?!

Je veux dire, j'aime bien le groupe Friday. (Je rêve d'avoir une voix douce et rêveuse comme Phi Boy Thrai).

Mais...

Pourquoi Earn me fixe pendant qu'il chante ? Je suis tellement gêné que j'ai besoin de détourner son regard !

Il semble que je ne sois pas le seul à le remarquer.

— Putain de merde, Earn ! Tu flirtes avec notre patron en chantant une chanson d'amour devant tout ce monde ?!

Le voilà reparti. Ohm crie fort une fois la chanson terminée. Trou du cul, c'est tellement humiliant ! Tu n'aurais pas pu attendre que tout le monde soit parti pour faire un tel tapage ! Je suis tellement gêné !

Je me frappe le front en regardant Earn, qui est toujours là en souriant, acceptant les taquineries d'Ohm. Quoi ?! Toi aussi ! Nier ne tuera personne ! Je vous en serais totalement reconnaissant ! Ne reste pas planté là à être la cible d'Ohm !

Comme Earn ne dit rien, la bouche d'Ohm décide de faire des heures supplémentaires.

— Mais c'est dommage, Earn ! Le vrai mec de mon patron se dirige déjà vers toi ! Phun va te botter le cul.

Bâtard ! Tu entraînes d'autres personnes dans cette histoire ?! Cependant, Ohm a raison. Je regarde Phun arriver derrière Earn, mais il y a une raison logique à cela. Son groupe est le numéro seize et il est censé jouer après celui de Earn, donc ils mettent tout en place. Je regarde Phun, qui a un sourire sur le visage, mais il ne dit rien. Il passe devant Earn pour prendre la guitare et se met à sa place.

Clac !

— Tu dois vraiment faire attention, ne te contente pas de parler comme ça. Tu ne vois pas que Phun a amené sa copine pour le surveiller ?!

Merci, Phi Dew ! Tu lui dis. Je me retourne pour rire quand Phi Dew ferme la bouche de merde d'Ohm en lui tapant sur la tête avec la tasse de café. Ohm est maintenant pathétiquement en train de lécher ses propres blessures en frottant l'endroit où il a été frappé.

— Désolé ! J'ai oublié.

Tout le monde se met à rire une fois de plus pendant qu'Ohm s'excuse auprès de Phun. Le secrétaire du conseil des étudiants accepte rapidement les excuses d'Ohm avant de lui faire signe, lui faisant comprendre que cela ne le dérangeait pas. Bien que Phun ne regarde plus dans ma direction.

— Merde, maintenant comment je suis censé juger ce groupe ? Si je ne les laisse pas passer, je pourrais être viré de l'école ou ils vont certainement réduire les budgets de notre club l'année prochaine.

Merde, tu n'étais pas en train de t'excuser auprès de lui il y a une seconde ? Maintenant tu parles d'eux en te chuchotant à toi-même ? Et quand Ohm chuchote ? Tu peux toujours l'entendre même si tu te tiens à la porte de l'école. Une autre série de rires éclate dans la salle.

Cette fois, c'est Fi ( le président du conseil des élèves et le chanteur du groupe) qui se tourne vers le micro.

— Je ne te ferai pas de mal si tu ne laisses pas passer mon groupe. Mais si tu fais le malin avec moi, je vais garder tes 20 000.

Oh, quel connard. Il utilise la faiblesse de notre club pour nous menacer. En fait, je me recroqueville un moment, mais Ohm laisse échapper un gloussement de victoire.

— Je n'ai pas peur ! Phun nous a déjà donné l'argent ! Hahaha !

Imbécile, pourquoi tu lui as dit ça ?

— Pour de vrai ?!

Il semble que Fi ignore ce que son membre du conseil des étudiants a fait. Il a une expression choquée sur le visage quand Phun lui fait un signe de tête, lui faisant savoir que c'est vrai.

Fi se murmure quelque chose au micro, ce que tout le monde peut entendre grâce aux haut-parleurs.

— Putain, Phun. Tu essaies vraiment d'être avec Noh après tout ?

Et c'est reparti pour nous ! Vous avez besoin de nouveaux thèmes, bande de connards ! Regardez-moi ça. Même les juniors et les seniors qui ne savent même pas qui je suis rigolent aussi. Qu'est-ce que ça veut dire ? Voilà mon image qui s'en va. Tout ce que j'ai jamais construit est parti en fumée grâce à ces salauds.

Je fais un doigt d'honneur à ces types, sans savoir quels noms je peux leur donner à ce moment-là. Phun semble être assez détendu à propos de tout ça. Il vérifie les cordes de sa guitare avant de se retourner pour faire savoir au batteur ( c'est qui, celui-là ?) qu'ils sont prêts à commencer.

En tout cas, c'est assez clair maintenant que Phun ne me regarde plus du tout.


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:13



32ème Chaos
...
En fait, il était bien plus de 22 heures lorsque nous avons terminé. J'ai cru que j'allais devenir fou. Le garde de sécurité de l'école n'arrêtait pas de venir et nous dire de partir. Sérieusement, ce n'est pas comme si nous voulions rester. On serait rentrés chez nous si on n'avait pas eu tous ces groupes ! Plus ça durait, plus on dormait. Ohm et moi avons continué à nous relayer en hochant la tête tout le temps.

Je baisse les yeux pour vérifier ma montre Diesel. Elle me dit qu'il est un peu plus de 22h30 maintenant et nous sommes encore en train de nettoyer la salle de club. Golf et quelques élèves de seconde, qui ont été le dernier groupe à se produire, restent sur place pour aider. Les autres groupes sont partis après avoir joué leurs morceaux. Je veux dire, qui serait assez fou pour rester jusqu'à la fin (à part nous, les juges) ?

Oh, mais il y a un fou qui est resté derrière, et c'est Earn. Il aide Ohm à nettoyer un autre coin de la salle. Il a choisi de rester parce qu'il veut aider, du moins c'est ce qu'il dit. Ce n'est pas comme si j'avais un problème avec ça. C'est une bonne chose. Cela signifie que nous pourrons finir plus vite et rentrer chez nous plus tôt.

Vous êtes curieux de savoir où se trouve Phun ? Eh bien, il s'est déjà enfui chez lui après que son groupe ait fini de jouer. ( Je vois ce que c'est. ) Il a cependant demandé à un élève de 9ème qui était dans le coin de me faire savoir qu'il reviendrait me chercher. Je suppose qu'il est parti pour ramener Aim chez elle. Hé hé, je voulais vraiment lui dire qu'il n'a pas besoin de revenir (je suis attentionné) mais je n'en ai pas eu l'occasion puisqu'il est parti avant que je puisse dire quoi que ce soit.

— Hey, Noh ! Ce canapé juste là est un peu déchiré ! Tu veux le réparer maintenant ou attendre demain matin ?! me crie Ohm de l'autre bout de la pièce.

Nous avions déplacé le long canapé plus tôt car nous avions peur qu'il soit abîmé, mais il l'a apparemment été de toute façon. Ça craint vraiment.

— Ouais, je vais le faire maintenant. Donne-moi une seconde !

Pendant que je crie ma réponse à Ohm, je sens que quelqu'un tire sur ma manche avec force. Oh ! C'est juste Golf ! Putain, je croyais que c'était un fantôme. (Bien que ce ne soit pas si différent.) Il me donne une bonne tape sur le bras et rapproche sa tête.

— Hé, je dois filer ou mon père va me hurler dessus. Tu devrais prendre ça avant que je parte.

C'est vrai, j'ai presque oublié la raison pour laquelle il est venu. Ce n'était pas juste une visite ordinaire comme on le disait à tout le monde.

Golf et moi quittons la salle du club et descendons. Tout est noir comme du charbon. Heureusement, le gentil gardien de sécurité a laissé une lumière allumée pour nous, alors lui et moi discutons en dessous.

— Je comprends parfaitement maintenant. C'est vraiment difficile de lui en parler, dit Golf.

Je pousse un soupir avec le cœur lourd car je me sens aussi mal que lui.

— Exactement. Je ne sais même pas quoi dire. Je ne veux même pas en parler parce qu'on aura l'impression que j'essaie délibérément de les faire rompre.

— Je parie que Aim est venu ici aujourd'hui pour que tu ne puisses pas parler à Phun. J'ai vu qu'il venait vers toi, mais Aim n'arrêtait pas de détourner son attention.

Je ne l'ai pas remarqué car j'étais occupé avec le concours. (Enfin, je faisais une sieste en douce ici et là.) Mais je pense que tout le monde ferait la même chose. Toutefois, elle ne se rend pas compte que je suis à l'école avec Phun toute la journée ? Je peux aller le voir quand je veux. Est-ce qu'il n'est pas évident pour elle que puisque Phun n'est toujours pas au courant, cela signifie que je ne suis pas une commère ?

— Je ne peux pas lui dire. Honnêtement, je ne sais pas comment je peux lui dire.

— Oui, mais tu vas faire quoi ? Tu vas juste laisser tomber ? me demande Golf avec une expression de fatigue sur son visage.

Je peux dire qu'il est inquiet pour Phun, tout comme moi. C'est une des raisons pour lesquelles je respecte beaucoup Golf. Pour les professeurs, il est peut-être un mauvais élève à leurs yeux. Pour nous, c'est toujours un grand ami. Lui et Phun ne sont même pas proches, mais il se soucie toujours autant de lui.

— Je ne veux pas laisser passer ça. J'essaierai d'en parler au bon moment.

Je rassure Golf en lui tapotant le dos. Il me fait un signe de tête avant de sortir un CD de la poche de son pantalon.

— Tiens, prends ça. Au cas où il faudrait des preuves. J'ai demandé à mes potes et j'ai mis la main sur quatre fichiers.

— Putain de merde, quatre fichiers ?!

J'étais tellement énervé de n'en regarder qu'un, mais il y en a trois autres ? J'ai l'impression que je dois m'attacher un moment, sinon je pourrais blesser physiquement Aim.

— Ouais, quatre vidéos. Tu peux croire ça ? En fait, il y en a d'autres, mais je ne veux pas que Phun soit en état de choc. Alors prends ça pour l'instant.

— Il va certainement avoir un choc. Je pense que je vais lui en montrer une seule, marmonné-je doucement en acceptant le CD de Golf.

Golf laisse échapper un long soupir.

— Ça dépend de toi. Prends ça pour l'instant, dit-il en me regardant avant de me taper dans le dos plusieurs fois pour me donner un soutien moral. Courage. Mais je dois vraiment y aller. Je parie que mon père se plaint déjà.

— Tu veux que je te raccompagne ?

— C'est bon. Va réparer le canapé. Tu ne vas probablement pas pouvoir rentrer chez toi ce soir, hé hé.

Ce salaud. Merci pour tes encouragements. Je lui fais un doigt d'honneur quand il quitte l'immeuble. Je mets le CD dans la poche de mon pantalon pendant que je retourne à la salle du club.

Maintenant, c'est Ohm et les juniors qui se préparent à partir.

— Quoi ? Vous avez déjà fini ?! protesté-je rapidement.

— Ouais, on se magne le cul. Si on reste ici plus tard, on va finir par passer la nuit ici. se plaint Ohm, les mains sur la taille, en regardant les juniors comme s'il voulait les presser pour finir encore plus vite.

Je leur lance un regard triste.

— Tu pars vraiment ? Bon sang, tu ne peux pas au moins rester et me tenir compagnie ?

— Ouais. Désolé, mec. Ma mère va me gronder jusqu'à ce que mes oreilles s'engourdissent. Je dois ramener Mum à la maison aussi. Je ne veux pas que sa grand-mère me crie encore dessus en chinois. Non pas que je puisse comprendre ce qu'elle dit de toute façon, me dit Ohm, puis il se retourne pour tapoter la tête d'un garçon potelé qui se trouve être son voisin.

Mum me fait un grand sourire. Et bien, je suppose qu'on ne peut rien y faire.

— D'accord, d'accord. Assure-toi que les autres enfants rentrent chez eux. Prends soin d'eux, ok ?

Je laisse Ohm avec ces mots avant qu'il ne se transforme en guide touristique en conduisant un groupe d'enfants dehors. Ohm est peut-être complètement fou, mais ces enfants l'aiment à mort. Je ne sais pas pourquoi. Je suppose qu'il peut être charmant même quand il énerve les gens.

En fin de compte, c'est juste moi, seul dans la salle du club avec l'horloge au mur, indiquant qu'il est presque 23 heures, qui me tient compagnie. Je commence à me demander si je dois passer la nuit ici ou pas. Je n'ai toujours pas réparé le coussin pour le canapé. Je soupire, ma vie est pitoyable.

— Noh ! Finissons-en avec le canapé pour pouvoir rentrer à la maison !

Ah, un fantôme ! A qui est cette voix ?!

Je me retourne pour voir que Earn est toujours là. Il a le kit de couture dans ses mains.

— Tu es encore là ?! demandé-je, surpris.

— Comment je pourrais partir ? Tu serais ici tout seul alors, dit-t-il avec un sourire.

Je suis si content d'avoir quelqu'un pour me tenir compagnie.

— Merci, mec !

Un certain temps s'est écoulé et je suis encore en train de tâtonner avec l'aiguille et le fil, en essayant de réparer le coussin bleu clair. Je suis si proche de la fin, et pourtant j'ai l'impression que ce n'est pas le cas. Je suppose que je continue à tout rater parce que j'ai tellement sommeil. Tout est flou.

Earn attend toujours à côté. J'entends le bruit qu'il fait en feuilletant le manga. Au début, il a dit qu'il allait m'aider avec ça. Mais après avoir constaté son manque de compétences en couture, alors qu'il était sur le point de se coudre lui-même sur le coussin, on s'est dit que ce serait mieux s'il s'asseyait là et me tenait plutôt compagnie.

— Tu es vraiment génial. Tu sais vraiment comment réparer ces trucs. Je peux t'engager pour réparer ceux de chez moi aussi ?

Quoi ? La lecture le fatigue ? Pourquoi il fait le malin avec moi ? Je me force à rire, mais je ne le regarde pas.

— Bien sûr, mais je suis une superstar, donc mes tarifs sont assez élevés.

— Si c'est pour toi, je suis prêt à payer n'importe quoi.

Hein ?! Je tourne rapidement la tête pour lui faire face quand j'entends ce qu'il a dit. Il me regarde avec un sourire. J'ai envie de vomir parce que ça donne l'impression que je suis une sorte de prostituée.

— Tu peux pas me faire chier comme ça ? C'est gênant. Sinon on en parle quand tu chantais.

C'est vrai. Je voulais faire savoir à cet idiot que je ne suis pas si innocent et que mon esprit est parfois dans le caniveau. En tout cas, je ne veux pas m'en mêler.

J'entends le rire de Earn. Il pose son coude sur le coussin et repose son menton sur sa main en continuant à me regarder travailler. Alors tu ne vas pas lire ? Tu vas juste me fixer comme ça pour que je me sente mal à l'aise ?

— Putain, qu'est-ce que tu regardes ? Retourne lire ton manga. Tu me stresses.

Earn répond en riant mais ne dit rien d'autre. Il continue à me regarder coudre le coussin lorsque je me pique le doigt avec l'aiguille. Aïe ! Bon sang, je lui ai dit de ne pas me regarder comme ça ! Ça fait un mal de chien !

— Owww.

— Oh ! Désolé ! Tu es vraiment stressé ?

Tu me le demandes sérieusement ? Si tu essayais de coudre quelque chose pendant que quelqu'un te dévisage, qu'est-ce que tu dirais de ça ? Putain, Earn. Avant que je ne puisse le maudire, Earn prend ma main qui saigne et la serre avec ses deux mains. Il se penche pour jeter un coup d'œil.

— Merde, sois doux. Ça fait mal.

Je me plains car ça fait plus mal maintenant que je peux voir le sang. Je ne sais pas si c'est la douleur ou ma propre peur qui me touche. Ah ! Vous croyez que mes intestins peuvent sortir par ce trou ?!

Pendant que je continue à faire des histoires (personnellement, se faire piquer par une aiguille et se faire poignarder par un couteau est le même niveau de douleur), Earn couvre la blessure avec son mouchoir.

— Ce n'est qu'une aiguille. Tu cries comme si tu étais en train d'accoucher. Reprends-toi.

Il me gronde en exerçant une pression sur le doigt. Il souffle dessus comme on le ferait quand on essaie de calmer un petit enfant.

— Là, là. Ça va aller maintenant.

— Ne commence pas avec cette merde. Je ne suis pas un gamin stupide, connard.

— Eh bien, tu faisais une putain de crise de colère comme un gamin idiot.

Ce connard ! Peut-être que je devrais disqualifier ton groupe maintenant pour m'avoir accusé d'être un idiot. Je le regarde et on dirait qu'il s'en rend compte.

— Hé, hé ! Tu ferais mieux de ne pas disqualifier mon groupe juste parce que je t'ai insulté.

— J'y pensais.

Hé hé hé.

— Quel connard ! Là, là ! Ne faites pas attention à moi, Khun Noh ! Vous êtes si intelligent ! Vous êtes parfait dans tous les sens du terme ! Dans la richesse, physiquement, émotionnellement et mentalement aussi !

Pfft ! Je préfère qu'il me traite de tous les noms plutôt que de devoir écouter ses remarques sarcastiques sur moi. Je me concentre à nouveau sur la réparation du coussin, mais une idée me vient à l'esprit. Je ne me suis toujours pas rendu compte de ce que ce sincère (notez le sarcasme) Earn a fait pour moi. Je me retourne avec une arme à la main (l'aiguille) afin de l'exécuter. Haha ! Tu vas quitter cet endroit plein de trous !

Je ne suis pas un sadique, mais je dois juste me débarrasser de ça. Ce Noh fera en sorte que Earn verse du sang ce soir ! Tu es mort, Earn.

Je lui pique rapidement le bras avec l'aiguille à plusieurs reprises pendant qu'il esquive mes attaques. Il rit et crie fort en même temps. Je saisis sa chance pour lui renvoyer une insulte.

— Bon sang, ce n'est qu'une aiguille. Tu cries comme si tu étais en train d'accoucher ! Reprends-toi !

Ça ne te rappelle rien ? Hé hé. Maintenant, il comprend combien il peut être douloureux de se faire piquer par une aiguille !

Earn continue à se battre, mais il se dispute toujours avec moi.

— Ce n'est pas la même chose ! Haha ! Ow ! Arrête ! Je n'en peux plus ! Noh ! Noh ! Je suis désolé ! Je ne dirai plus rien ! Laisse-moi tranquille maintenant ! Ow ! Hahaha !

Il fait des histoires tout en riant entre les deux. Les bruits que nous faisons remplissent la salle vide. Je commence à m'amuser et à oublier de réparer le coussin. Earn met la main sur une aiguille de réserve et commence à se venger. On est dans le pétrin, c'est chaotique.

Mais Earn est un putain de sadique ! Aïe ! Peut être qu'il devrait me piquer dans le ventre et laisser sortir un peu d'air pour que je puisse avoir des tablettes de chocolat ! Ha ha !

Alors que nous continuons à nous piquer le ventre, la porte s'ouvre tout à coup, sans avertissement.

Earn et moi sursautons (en pensant que c'est peut-être un fantôme). Nous tournons la tête en direction de la porte.

Il y a une haute silhouette qui se tient là. C'est Phun Phumipat, qui finit par se montrer à 23h30. Il a une étrange expression renfrognée sur le visage.


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:13



33ème Chaos
Juste Une Erreur
— Toujours pas fini ? Je vais... aller attendre dehors alors.

C'est ce que Phun m'a dit il y a cinq minutes avant de partir sans même entrer dans la salle du club.

Earn et moi clignons des yeux, on se rend compte qu'il est temps d'arrêter de faire les cons et de finir de réparer le coussin avant qu'il ne soit trop tard.

— Qu'est-ce qu'il fait ici ? me demande Earn de sa voix grave pendant que je me concentre toujours sur la couture.

Eh bien... je ne pensais pas que Phun reviendrait me chercher comme il l'avait dit.

— Je ne sais pas. Il m'a dit qu'il allait revenir. Mais je ne pensais pas qu'il était sérieux.

Je me plains pendant que je continue à faire les points de couture. Je ne lève pas les yeux, donc je ne sais pas quel genre d'expression Earn a.

— Bon, je vais aller le chercher. Il devrait entrer. Il y a probablement une tonne de moustiques dehors.

C'est une bonne idée. Je suis silencieusement d'accord avec lui. Je n'ai pas eu l'occasion de dire quoi que ce soit car j’entends le bruit de la porte s'ouvrir et il est sorti.

Tu vas juste me laisser tout seul ici comme ça ?! C'est vraiment trop cruel !

J'augmente ma vitesse de couture puisque je suis confronté à cette situation. Maintenant que Earn n'est plus dans la pièce, c'est étrangement calme. Je continue à jeter des regards craintifs. Bordel, je n'ai jamais détesté ce piano jusqu'à maintenant. Le voir là, dans une pièce silencieuse et sombre, ne m'aide pas du tout. J'ai l'impression d'être dans le décor d'un film d'horreur hollywoodien.

Il vaudrait mieux que je termine ça le plus vite possible ! Je me réconforte en me rendant compte que j'ai presque terminé. Je plisse les yeux et je fixe un petit trou. Je recouds rapidement le coussin. Oubliant de le rendre joli (comme si c'était ma préoccupation), je veux juste rentrer chez moi !

Alors que je suis assis ici, je commence à me demander pourquoi Earn est si long. N'a-t-il pas dit qu'il allait juste inviter Phun à l'intérieur ? J'espère qu'ils ne m'ont pas laissé tomber ! Je me rends compte que plus je me pose des questions, plus je perds du temps, alors je décide de me concentrer sur la tâche qui m'attend. Je m'inquiéterai plus tard de la disparition de ces deux-là.

Très vite, j'ai fini de réparer le coussin. Ce n'est peut-être pas très professionnel (je veux dire, je ne me souciais que de refermer ce trou), mais c'est quand même mieux que d'engager quelqu'un pour le faire. Nous devons consacrer notre budget à un tas d'autres choses.

Je regarde attentivement mon ouvrage, qui me semble satisfaisant, avant de commencer à ranger les aiguilles et les fils. Je jette un coup d'œil dans la pièce et je me retrouve seul au milieu des instruments, des partitions et de la nourriture que les élèves de première année ont laissée derrière eux.

Alors, où est Earn ?! Il a dit qu'il allait chercher Phun ! Tu m'as menti !

Je me dis, en me sentant trahi et effrayé en même temps pendant que je nettoie tout. Je prends mon cartable et je me précipite hors de la salle du club.

Alors que je mets mes chaussures, mon cœur s'arrête presque lorsque je repère une ombre étrange dans le couloir du bâtiment F. Il est plus de minuit, il est impossible que quelqu'un se promène dans le couloir maintenant. Je remarque que l'ombre se rapproche.

Putain de merde !

Maman ! Papa ! Aidez-moi ! Je suis désolé de ne pas vous avoir écouté ! Je suis désolé de m'être mal comporté ! Je suis désolé d'être toujours rentré si tard et de faire du scooter la nuit ! Je suis désolé de ne pas vous appeler quand je passe la nuit chez un ami ! Je vous promets que je serai sage à partir de maintenant ! Je ne ferai plus rien qui puisse vous contrarier ! Aidez-moi, s'il vous plaît !

Pendant que je perds la tête et que je me la cogne contre le mur, je peux sentir une main chaude se poser sur mon épaule. Je tremble encore plus maintenant. Je suis mort. Je suis tellement mort !

— C'est quoi ce bordel, Noh ?! Qu'est-ce que tu fais là, à trembler comme une feuille ? Tu ne veux pas rentrer chez toi ?!

Attendez une seconde. Cette voix me semble familière. Je tourne lentement la tête pour voir la source de la voix. Earn et Phun sont morts de rire.

— Putain de merde ! Je croyais que vous étiez partis ! C'est tellement effrayant, putain !

— Tu as peur des fantômes. Les gars vont bien s'amuser à se foutre de toi demain.

Earn me taquine en me montrant du doigt et en riant. Peu importe ! Tu n'aurais pas peur toi aussi ?!

— C'est ta putain de faute, Earn ! Tu ne m'avais pas dit que tu allais chercher Phun ? Mais comme tu avais disparu, j'ai supposé que tu étais rentré chez toi.

Je continue à parler et lui tape sur la main. Je me concentre à nouveau sur mes chaussures, j'entends les rires profonds de Phun.

— Nous parlions et on a perdu la notion du temps. Pas vrai ?

Le beau secrétaire du conseil des élèves fait un signe de tête au président de l'équipe des supporters. Je vois Earn faire un large sourire, montrant ses jolies fossettes alors que nous nous dirigeons vers la porte de l'école.

Une fois que nous arrivons à la grille, Earn se retourne pour nous poser une question.

— Oh, alors comment rentrez-vous chez vous ? Phun, tu déposes Noh, c'est ça ?

— Ouais.

Je fixe le visage de Earn pendant que je réfléchis, puis je me souviens que sa maison est complètement à l'opposé de la nôtre.

— Comment tu rentres chez toi, Earn ?

— Je vais prendre un taxi. Prenez soin de vous, dit-il en hélant un taxi qui passe juste à ce moment-là.

Je lui fais un signe d'au revoir quand le taxi s'en va. Maintenant, c'est juste Phun et moi qui attendons notre propre taxi. Je jette un coup d'œil à son visage, remarquant ses traits tirés avec un soupçon d'épuisement et je m'inquiète.

— Tu n'es pas fatigué ? De devoir faire des allers-retours comme ça ?

Je peux voir la fatigue sur son visage. Je ne voudrais pas que ce jeune maître retombe malade, ses parents vont commencer à m'accuser de le torturer.

— Je vais bien. Comment je peux te laisser rentrer chez toi tout seul ?

Merde, il redevient si galant. Regardez ça, il me fait de nouveau ces regards doux. Je pousse un énorme soupir.

— Je rentre toujours seul à la maison, alors pas besoin de dramatiser.

Je ne peux pas faire grand-chose d'autre que d'exprimer mes plaintes. Phun rit doucement au moment où un taxi passe.

— A Ekkamai, s'il vous plaît, dit Phun au chauffeur de taxi.

Cela signifie qu'il me dépose en premier puisqu'il vit à Thong Lo. J'entends le chauffeur murmurer une réponse, puis Phun ouvre la porte en grand pour me laisser entrer avant lui. C'est une façon de me traiter comme une dame. J'ai trop sommeil et je suis trop fatigué pour y penser, alors je grimpe à l'intérieur.

Le compteur tourne alors que la radio joue doucement. J'écoute la ballade, ça ne fait que me rendre plus somnolent.

Je vais faire une sieste en douce. Phun connaît le chemin pour aller chez moi de toute façon, je ne pense pas avoir besoin de rester éveillé. Une fois que mon cerveau a traité ces pensées, mes yeux se ferment immédiatement.

Juste au moment où je suis sur le point de m'endormir, j'entends la voix profonde, mais joyeuse, venant de Phun.

— Longue journée, hein ?

— Mmm…

C'est tout ce que cette personne endormie peut rassembler. Phun continue avec les questions.

— Comment était mon groupe ? On était assez bons ?

— Mmm…

Je n'ai assez d'énergie que pour une réponse d’un seul mot.

— Tu as faim ? On devrait s'arrêter quelque part et manger quelque chose ?

Argh, c'est quoi ces questions ? Je ne fais que secouer la tête en guise de réponse pour le moment. J'ai trop sommeil. Cependant, Phun ne comprend pas.

— Et le congee à Thong Lo ?

— Non…

J'ai sommeil, tu ne comprends pas ?

Phun se tait un moment avant de reprendre la parole.

— Noh... tu es en colère contre moi ?

Quoi ?! Ça me réveille un peu. Je me demande pourquoi, bordel, je lui en voudrais. Je n'en ai pas la moindre idée. Quel tas de conneries. En plus, je suis bien trop endormi pour penser à quoi que ce soit d'autre.

— Nooon.

— Hé, je suis désolé... pour Aim.

Pardon ? Pourquoi s'excuse-t-il ? A propos de Aim ? Quoi à propos d'elle ?

Je fronce les sourcils mais ne lui donne pas de réponse car je me dis que ce n'est pas si important. Mais il semble que Phun ne comprenne pas cela. Il me donne plutôt des excuses trop longues.

— Elle est du genre que si elle veut aller quelque part, elle y arrivera quoi qu'il arrive. Même si je lui avais dit non, elle serait venue de toute façon. Tu vois ce que je veux dire, Noh ?

— Mmm..

Oh, c'est de ça qu'il parle. Je ne pense rien de tout ça et je le comprends.

— Noh. S'il te plaît, ne sois pas comme ça…

Si je n'étais pas en colère avant, alors je suis sur le point de l'être.

— Quoi ?

Il y a un soupçon d'agacement dans ma voix.

— J'ai déposé Aim parce qu'il le fallait. Mais avec toi ? Je suis venu te chercher parce que je le voulais, Noh. Ne sois pas en colère contre moi comme ça.

Ce secrétaire du conseil des étudiants est loin du compte. J'ai déjà dit que je n'étais pas fâché, alors je n'étais pas fâché ! À ce stade, ma patience est à bout. J'ouvre soudain les yeux en grand et je fixe son visage.

Mes lèvres bougent plus vite que je ne le pense.

— Ecoute, je m'en fiche. J'en ai rien à foutre. Tu peux l'amener ou l'emmener où tu veux. C'est à toi de décider. Tu comprends maintenant ? J'en ai rien à branler de ce que tu fais !

Voilà ! J'espère qu'il comprendra et me laissera dormir maintenant. Après lui avoir dit, je pense (ou je suppose) que tout est clair maintenant, alors je ferme les yeux, en espérant me reposer.

Avant que je ne puisse m'endormir, j'entends une voix monotone venant de Phun.

— Bien. C'était stupide de ma part de penser que tu t'en souciais. J'ai oublié pendant un instant que je ne représente rien pour toi. Je ne peux même pas être comparé à Earn.

Hein ? Ça n'a rien à voir avec ça. Je me réveille avec un froncement de sourcils et je regarde son expression bizarre quand j'entends la dernière phrase.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

Mais avant que je puisse avoir ma réponse, le taxi s'arrête devant chez moi. Phun prend mon cartable et me le tend, puis il me dit.

— Fais de beaux rêves, Noh.

Cependant, son regard est tout le contraire de ce qu'il me dit.

J'ai tellement sommeil. Je suis si confus.

J'ai fait quelque chose de mal ?

Mais peu importe. J'ai terriblement sommeil. Je veux juste aller dans mon lit. Zzzz.



Après avoir dormi pendant six heures, mon corps se sent revigoré et plein d'énergie comme avant. Comment je suis rentré chez moi hier soir ? Je ne m'en souviens pas. Je me souviens que Phun était dans le taxi avec moi. Une fois rentré chez moi, j'ai jeté mes chaussures et mes chaussettes et je suis monté à l'étage. Je n'ai même pas pris de douche, c'était tout à fait dégueulasse.

Mais le fait de dormir m'aide à me sentir mieux. Je suis aussi très content que les éliminatoires se soient bien passées. C'est un grand soulagement.

Ce matin, j'entre dans l'école avec un grand sourire sur le visage. En sifflant un air joyeux, j'aperçois Phun avec des dossiers à la main, qui se dirige vers le bureau principal. Et comme d'habitude, je lui fait immédiatement signe de la main.

Mais... il ne me salue pas en retour. Il s'arrête pour me fixer pendant un court instant avant de disparaître dans le bureau principal.

Qu'est-ce qui lui prend ?

Je reste là, stupéfait, quand Nong Mawin (le meilleur ami de Per du club) me salue respectueusement. Hein, peut-être que Phun ne m'a pas vu ou que quelque chose s'est passé à nouveau avec lui ? Peu importe. Je me retourne pour accepter le salut de Nong Win et nous nous dirigeons ensemble à l'intérieur, bien que je sois toujours curieux.

Après cela, la journée s'est écoulée d'une manière étrangement familière. J'ai remarqué que Phun me mettait de côté. Je pensais que quelque chose n'allait pas ce matin quand il n'a pas fait signe de la main comme il le fait d'habitude. Il m'a même complètement snobé quand il est allé en classe. Il n'a même pas eu un regard. Qu'est-ce qui se passe avec toi ? Tu as soudainement besoin de lunettes ?! Peu importe. Je me suis rendu compte qu'il me fait la tête, mais je ne suis pas aussi triste cette fois-ci, car je suis toujours aussi perplexe. Qu'est-ce que je lui ai fait exactement ?!

J'ai décidé de prouver que quelque chose ne va pas en soumettant une proposition de projet en personne au bureau du conseil des étudiants (je fais généralement faire ce genre de choses par un junior) parce que je veux vraiment savoir s'il m'ignore vraiment ou non. (J'ai même amené Ohm avec moi, au cas où.) Lorsque nous arrivons tous les deux, il tape sur son clavier. Son attention est restée sur l'écran, il ne m'a même pas regardé. Puis il me dit froidement.

— Tu peux laisser ces papiers sur le bureau.

C'est quoi ce bordel, mec ?!

Humph ! Ne pense pas que je vais essayer d'arranger les choses avec toi !

Je quitte le bureau très irrité parce que je me rends compte que Phun me repousse. Même Ohm a quelque chose à dire à ce sujet.

— Putain, ces couples mariés se disputent maintenant ? Tu peux aller arranger les choses avec ton mari ou ta femme ou autre chose ? C'est tellement chiant.

Quoi ?! Pourquoi c'est moi qui devrais faire ça ?! Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?!

La journée a été pourrie jusqu'à présent parce que cet enfoiré n'a pas cessé de me faire des remarques. Chaque fois que nous nous sommes vus, il continuait de baisser le regard tout en ayant l'air contrarié. (Sérieusement, c'est quoi ce bordel ?) Je n'ai aucune idée de quand j'ai marché sur sa queue. Comme il se comportait de la sorte, j'ai décidé de faire la même chose en retour. Le problème, c'est que je ne pouvais pas faire ça à cette personne en particulier, alors j'ai fini par adopter cette attitude avec tous ceux qui se trouvaient autour de moi. Je piquais une crise dès que quelqu'un faisait quelque chose qui me déplaisait. J'étais de mauvaise humeur et je n'avais aucune idée de la façon dont cela avait pu mal tourner.

— Réfléchis bien. Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Finalement, Ohm ne peut plus supporter tout ça (comme il est le plus proche, c'est lui qui a subi le plus.) et décide de me poser la question pendant la pause déjeuner. Il est probablement très contrarié car je fais la gueule depuis ce matin. Eh bien, si je savais ce que j'avais fait à Phun, je ne ferais pas cette tête !

— Je ne sais pas ! Je n'ai rien fait. Argh, je veux en finir avec ça.

— Alors, il est vraiment revenu te chercher hier soir ?

— Oui, il l'a fait.

— Vous êtes vraiment comme un couple marié. Alors tu as fait quelque chose qui l'a vexé pendant que vous le faisiez tous les deux ?

— Va te faire foutre. On est monté dans un taxi et il m'a déposé chez moi. J'avais sommeil, je ne me souviens pas de grand-chose. C'est vrai, j'avais tellement sommeil, mais il a continué à essayer de me parler sur le chemin, mais je ne me souviens pas de quoi il parlait exactement.

— Et puis quoi ? Continue à réfléchir, connard.

On dirait qu'Ohm est très attentif à tout ça, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas le cas. Il dit juste des choses en soulevant le bol pour déguster sa soupe, me laissant devenir fou seul avec mes pensées.

Bref, que s'est-il passé dans le taxi, déjà ?

— Alors, que s'est-il passé... ? Eh bien, il a continué à essayer de me parler et je me suis vraiment énervé alors je...je...



"Ecoute, je m'en fiche. J'en ai rien à foutre. Tu peux l'amener ou l'emmener où tu veux. C'est à toi de décider. Tu comprends maintenant ? J'en ai rien à branler de ce que tu fais !"



Oh. Putain. Maintenant, je comprends tout. Ces mots se répètent dans ma tête comme si quelqu'un était en train de rembobiner. Je suis baisé. Je viens juste de réaliser à quel point j'ai été dur avec lui.

— Hé…

J'attire tranquillement l'attention d'Ohm une fois que j'ai compris ce que j'avais fait.

— Quoi ?

— Je me souviens de ce que j'ai fait...

— Et ? Tu as fait quelque chose de mal ?

— Ouais…

Ohm laisse échapper un soupir. Il secoue la tête avec lassitude. Il pose les baguettes.

— Alors va te rattraper auprès de ton mari ou ta femme. J'en ai jusque-là de toi. Tu n'arrêtes pas de crier sur les gens et puis tu te retournes et tu as ce regard de chiot triste sur ton visage. Tu es dans un sale état, un peu comme quand ma mère a ses règles. Dépêche-toi et va arranger les choses avec lui, mec.

Ce bâtard. Non seulement il me chasse, mais en plus il donne un coup de pied dans mon siège sous la table. Putain de merde ! Tu te crois si fort ?! C'est un long banc, pourtant deux élèves de première année assis à l'autre bout tressaillent parce qu'Ohm donne un coup de pied assez fort.

— Yo, t'as fait peur à ces mecs.

— Ouais, ouais. Dégage de là. Je vais aller à la salle du club. Je vais apprendre à Nong Mick comment jouer du cor.

— C'est quoi ce bordel, mec ? La rumeur dit que Film est vraiment protecteur envers celui-là.

— Eh bien, Film ne sait pas jouer du cor, alors il m'a demandé de l'aider à la place. Tu ne vas pas commencé à me faire chier ? Va arranger les choses avec ton papa, me dit Ohm en me faisant signe de partir.

Il se lève et rassemble les bols, alors je lui tapote l'épaule deux fois.

— D'accord, on se voit dans l'après-midi.

— Ouais, ouais.

Il repousse mon geste avant qu'on se sépare pour s'occuper de nos propres affaires.

Je quitte la cafétéria perplexe car je ne sais pas où je peux trouver la personne qu'Ohm appelle affectueusement mon "papa". Est-ce que cet abruti mange au moins à la cafétéria ? Je ne l'ai pas vu. Il n'aurait pas été difficile de repérer quelqu'un comme Phun Phumipat s'il avait été là. Peut-être qu'il déjeune encore au lycée privé ? Et maintenant quoi ? Je dois l'appeler d'abord ? Mais...si quelqu'un avait été aussi dur avec moi, j'aurais bloqué et effacé son numéro la seconde après qu'il ait dit ces choses.

De toute façon, pourquoi est-ce que j'ouvre la bouche quand je suis fatigué ?! Je suis sur le point de devenir dingue !

Je me pose des questions en me frappant la tête en guise de punition pour avoir dit ces choses horribles. Alors que je me promène sans but, j'aperçois le dos du président du conseil des étudiants, pas très loin de là où je suis.

Je cours vers lui en toute hâte.

— Fi !

— Yo ! Tu m'as fait peur ! Qu'est-ce qu'il y a, Noh ? Oh ! Mon groupe est passé pour le prochain tour ?!

Bordel, ne fais pas ton psychopathe avec moi. Je fronce les sourcils et je fixe la personne qui a un large sourire sur le visage, révélant son appareil dentaire dans toute sa gloire.

— Tu es marrant ! Les résultats ne sont pas encore publiés ! Où est Phun ? Où est-il ?

C'est ce que je voulais lui demander. Fi me regarde d'un air perplexe comme si j'avais dit quelque chose que je n'aurais pas dû dire.

— Il a beaucoup traîné avec toi ces derniers temps. Donc si tu ne sais pas où il est, je ne sais certainement pas.

— Eh bien, il s'est fâché et m'a laissé tomber. Je ne sais pas où il est. Peux-tu l'appeler et le découvrir pour moi ? Allez, allez, allez ?

Je commence à agir comme un gosse de trois ans qui s'accroche à un adulte parce qu'il veut un jouet. Heureusement, Fi est plus gentil que la plupart des gens. Quand je fais ce truc, les gens me repoussent généralement.

— Qu'est-ce qui se passe avec vous deux ? Vous vous disputez vraiment ? Euh, donne-moi une seconde alors.

Vous voyez ? Ce président du conseil des étudiants mérite qu'on soit amis avec lui. Je me tiens debout et j'attends Fi pendant qu'il appelle le secrétaire du conseil des étudiants. Ça ne prend pas longtemps pour qu'il réponde à l'appel.

— Ouais, Phun. T'es où ? Ouais, ouais, où es-tu ? Au gymnase ? Ok, alors. Tu vas y rester un moment ? Oh, ce n'est rien. Quelqu'un est en route pour te voir. Ouais, ouais. Reste ici. Hé hé. Ouais, ok.

— Merci beaucoup, Fi !

Je l'attrape par le cou et je le secoue vigoureusement lorsqu'il raccroche le téléphone pour lui montrer ma gratitude. (C'est vraiment la meilleure façon de faire ça ?) Après ça, je me précipite au gymnase comme je l'ai entendu dire.

Une fois arrivé dans le gymnase, je vois que Phun est vraiment là. On dirait qu'il se prépare pour le cours d'éducation physique puisqu'il a changé de pantalon. Je sais qu'il m'a vu parce qu'il m'a regardé, mais il a eu le culot de détourner le regard. Combien de temps vas-tu continuer comme ça ?!

Je reste là, gêné, pendant un moment, jusqu'à ce que quelqu'un crie mon nom.

— Oh ! Noh !

Mais ce n'est pas Phun. C'est Thum, un camarade de classe de Phun. Il était dans notre club, mais il a dû arrêter le semestre dernier parce que son père pensait qu'il devait se concentrer sur ses études. Mon père est comme ça aussi, mais... je ne l'écoute pas. Hahaha. (Désolé, papa !)

— Comment ça va, Thum ? Tu n'es pas du tout passé au club, mec.

Je le salue au moment où il s'approche de moi. Je remarque que Phun s'enfuit pour jouer au basket avec ses amis sans même me regarder. Thum me pousse légèrement l'épaule.

— Conneries, j'y suis passé. C'est toi qui n'y es pas allé ces derniers temps. Quel genre de président de club tu es ?

Oh, vraiment ? Hahaha. C'est vrai que j'ai fait des allées et venues ces derniers temps. Heureusement, j'ai Ohm qui reste derrière comme un esprit qui hante l'endroit. Il me tient au courant des dernières nouvelles, sinon je me serais fait engueuler par les seniors. Je laisse échapper un petit rire sec et il continue à me poser des questions.

— Alors, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es là pour voir quelqu'un ?

— Oui, je suis venu pour trouver Phun. Tu peux aller le chercher ? Il fait le con en ce moment.

Laissez-moi glisser une insulte ici et là. Mais c'est vraiment un connard. Il n'est pas du tout disposé à m'écouter.

— Qu'est-ce qui vous arrive les gars ? demande Thum l'air confus, mais il se retourne pour appeler Phun pour moi quand même. Phun ! Phun ! Phun ! Phun ! Phun, putain de tête de nœud !

Vous voyez ? Il se conduit comme un con même envers son propre camarade de classe. Je plains Thum d'avoir dû crier si fort pour attirer l'attention de Phun au point qu'il est presque enroué.

— Ok, c'est vraiment un connard. Je vais m'occuper de ça.

Cette fois-ci, c'est Thum qui est en colère. Je peux le dire car il court vers Phun au milieu du terrain de basket dans le gymnase. C'est assez satisfaisant à regarder. Ces deux-là échangent quelques mots animés avant que Phun ne s'approche de moi avec une expression lasse sur son visage. Qu'est-ce que je fais maintenant ? Que dois-je lui dire ?

— Comment puis-je t'aider, Noh ?

Merde, et il se pointe en me parlant formellement comme ça ? Ça va prendre une éternité pour arranger les choses avec lui. Je commence par être moi-même.

— Alors... qu'est-ce que tu fous ?

Cependant, la réponse de Phun est moins bienveillante.

— Nager, peut-être ?

Bordel, il ne peut pas prendre ça au sérieux ?!

— Pu… commencé-je, en manquant de l’insulter, mais je m'arrête puisque je suis ici pour me réconcilier avec lui, donc je dois être gentil. Phu...n ? Tu t'amuses bien ?

Je passe à autre chose. Phun semble s'en étonner, probablement parce qu'il ne sait pas comment répondre. D'habitude, il dirait quelque chose de désagréable en retour. Mais cette fois, il reste très calme. Il ne joue pas le jeu. Je commence à me sentir découragé. Je décide de me gratter la tête et d'aller droit au but.

— Hey...pourquoi tu es si fâché ? Je ne pensais pas ce que j'ai dit. La nuit dernière... j'avais vraiment sommeil. Allez, ne sois pas comme ça.

— …

Silence. Le numéro que vous avez composé n'est pas disponible pour le moment, veuillez réessayer ultérieurement. On dirait qu'il n'écoute même pas ce que j'essaie de lui expliquer. Il se retourne et fait un signe de tête à son ami sur le terrain avant de se retourner pour me faire face avec une expression froide.

— As-tu besoin d'autre chose ? Je dois y aller.

Menteur. La pause déjeuner ne sera pas terminée avant longtemps. Quoi ? C'est si pénible de rester et de me parler ? En tout cas, je ne veux pas continuer à le harceler, car il pourrait s'énerver.

— Non. Vas-y…

Même si je lui dis qu'il peut partir, je ne peux pas m'empêcher de me sentir profondément blessé intérieurement. Au moment où Phun tourne le dos dans l'intention de s'en aller, je me sens soudain effrayé et perdu.

Ma main bouge plus vite que mon cerveau ne peut le faire et je saisis son bras.

— Hé...

— Quoi ? me demande-t-il, avec un ton plutôt hostile.

Me sentant un peu déprimé, je cherche dans ma poche un bonbon que j'emporte souvent avec moi et je le partage avec lui.

— Tiens... au cas où tu serais fatigué plus tard dans l'après-midi. Ça t'aidera.

Hé, c'est un trésor inestimable, vous savez ! Je lui tends le bonbon. Je ne sais pas si j'imagine des choses, mais je jure que Phun a esquissé un petit sourire avant de reprendre son visage impassible.

— Ouais...merci, dit-il simplement avant d'accepter le bonbon et il s'éloigne de moi.

Argh, il se fâche trop facilement !

Je suis même venu jusqu'ici pour essayer de me réconcilier avec toi. Si tu insistes pour rester en colère, alors je ne vais plus prendre la peine d'essayer ! Blah !


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34ème Chaos
Notre Jour
— Eh bien ? Tu t'es réconcilié avec ton papa ? demande immédiatement Ohm quand j'entre dans la pièce.

Comment est-il arrivé dans la classe avant moi ? Il ne m'a pas dit qu'il allait apprendre à nong Mick comment jouer du cor ?

— Peu importe. Comment ça se fait que tu sois revenu ici plus tôt ?

— Je l'ai viré. Je lui ai dit d'aller apprendre à jouer du khlui(1) d'abord, ensuite on parlera.

C'est si mauvais que ça ? Hé hé. Je trouve l'expression lasse de Ohm drôle. Bien sûr, il est complètement idiot quand il traîne avec ses amis, mais il est super strict quand il s'agit des juniors. Parfois, il est beaucoup plus concentré que moi. Je ne peux pas m'empêcher de rire quand j'apprends l'existence de ce malheureux junior, avant de m'asseoir sur ma chaise et de chercher le manuel dont j'aurai besoin pour le prochain cours.

— Je suppose qu'ils ne se sont pas réconciliés s'il a ce regard, marmonne Ohm pour lui-même en se retournant et en regardant dans son sac d'école.

Je tourne rapidement la tête dans sa direction.

— Pourquoi ?! Qu'est-ce qui ne va pas avec mon visage ?!

— Tu as l'air tellement déprimé putain, va te regarder dans un miroir.

Il me pousse le front avec son doigt. Hé, je ne suis pas un petit enfant !

— Je suis toujours sacrément sexy, peu importe combien de fois je me regarde dans un miroir.

— Quelle bite. Soit tu as regardé dans un miroir truqué, soit tu as des critères très bas en matière de beauté.

Ce salaud. Il est très grossier ?

— Sérieusement. Qu'est-ce qui se passe vraiment entre toi et Phun ? demanda soudainement Ohm sur un sujet dont je ne veux pas parler.

Si je buvais un verre, j'aurais recraché. Heureusement, la pause déjeuner est terminée, alors je ne fais que le regarder avec des yeux écarquillés, en totale incrédulité.

— Que...que veux-tu dire par... "se passe vraiment" ?

Ohm secoue la tête d'une manière irritée pendant qu'il pointe mon visage avec son index.

— Regarde-toi. Tu peux agir de manière plus suspecte que maintenant ? Tu es probablement la personne la plus facile à cerner du monde entier. Alors ? Qu'est-ce qui se passe entre toi et lui ? Je remarque des choses bizarres entre vous depuis un moment maintenant.

Donc cet abruti a collecté des informations. Je regarde Ohm, qui me dévisage. Il me met au pied du mur, c'est quelque chose que je n'ai jamais eu à subir de sa part. Je sais que je ne peux pas me sortir de cette situation même si je détourne son regard.

— Nous sommes amis, bien sûr...

— Pour de vrai ?

— Ouaiiiiis.

— Alors si je m'énervais contre toi, tu ferais tout pour te réconcilier avec moi comme tu le fais maintenant ?

— Eh bien... oui, je le ferai.

Peut-être ? Je ne suis pas sûr. Une partie de moi me crie de lui botter le cul à la place.

Ohm regarde la façon dont je me comporte avant de continuer.

— Je ne m'énerverais pas contre toi comme ça, cependant. Ce n'est pas quelque chose que font les amis.

Euh...

J'évite encore une fois les regards d'Ohm et je répète ce que j'ai dit plus tôt.

— On est juste amis...

Ohm pousse alors un soupir très fort. Il secoue la tête et tourne son attention vers le manuel.

— Ce sont tes affaires. Alors si tu ne veux pas me le dire, c'est toi qui décide.

— Aw, allez !

Je n'ai pas besoin qu'une autre personne soit en colère contre moi ! Zut !

Je suis assis avec une expression maussade sur le visage alors que je commence à réfléchir à ma relation avec Phun. Mais nous sommes vraiment amis ! Nous avons peut-être fait des choses qui dépassent le cadre de l'amitié, mais nous sommes toujours amis quand on y réfléchit. Pfffff. Penser à tout ça me fatigue vraiment.

Avant que je ne puisse finir de réfléchir, une main rugueuse me tapote la tête plusieurs fois.

— Tu pourras me le dire quand tu seras prêt, je t'écouterai, dit Ohm.

Même s'il ne me regarde pas, je sais qu'il est toujours un bon ami.



Le jury a décidé de se réunir dans la salle du club après la fin des cours afin que nous puissions compter les points et décider quels groupes pourront participer au concours live. C'est un gros casse-tête car il y a beaucoup de bons groupes, mais si nous permettons aux trente-cinq groupes de se produire, tout le monde, des juges aux spectateurs, va vomir au son de la musique. (J'ai failli m'évanouir hier).

— Je pense toujours que le groupe de Phi Oak est celui à battre cette année, mec. Ils étaient vraiment géniaux pendant les éliminatoires, dit Art en regardant les scores totaux du groupe All Star.

Phi Oak, l'ancien président du club de musique, fait partie de ce groupe. Je pense personnellement qu'ils ont fait un travail formidable.

— Ne sous-estime pas encore les autres groupes. Peut-être qu'ils gardent le meilleur pour le concours, dis-je pendant que je continue à additionner les scores.

Cependant, c'est Per qui s'y met maintenant en hurlant.

— Heh, tu aimes le groupe de Phi Earn, n'est-ce pas ?

Oh, ce salaud. A quoi tu fais allusion ? Qu'est-ce que tu essaies de dire ? Je me retourne pour le fixer avec une expression confuse sur mon visage.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Eh bien, Phi Earn a chanté cette chanson pour toi, héhéhéhé.

Putain de merde ! C'est une façon de me causer des ennuis ! Je remarque que les seniors qui n'étaient pas là hier se retournent tous et me regardent.

— Pour de vrai ?! Earn, le capitaine de l'équipe de l’équipe d’encouragement ?!

Oh, merde. Je donne rapidement une excuse.

— Per dit n'importe quoi. Si vous le croyez, vous devriez aussi donner naissance à des yaks(2).

— Mais je le crois ! Que s'est-il passé, Per ? Je serais resté là si j'avais su !

Je suis très touché par ta considération, Phi Pong. Tu voulais être là pour pouvoir le vivre par toi-même. C'est vraiment touchant.

— Eh bien, c'est comme ça. Phi Earn a chanté cette chanson anglaise et Phi Noh s'est endormi. Après cela, Phi Earn a réveillé Phi Noh et lui a dit d'être très attentif. Il a commencé à chanter "Too Close" et a eu un regard rêveur. On pouvait voir qu'ils étaient remplis d'amour. Ugh ! Ooooh ! Ahhh !

Ce bâtard a besoin d'être contrôlé, il est complètement délirant. Je dois le faire taire maintenant avant que les choses n'empirent.

— Quel tas de conneries, Per. Je t'ai demandé de venir ici pour aider à compter les scores, pas pour inventer des histoires. Tu prends cette pile et tu t'y mets ! Et n'utilise pas de calculatrice afin de garder ton esprit occupé par ça au lieu de partir dans des délires.

Même si je lui ai assigné une charge de travail, il a encore le temps d'envoyer des signaux à Phi Pong en utilisant son visage. Ce satané gamin.

Nous n'avons pas mis beaucoup de temps à terminer le calcul des scores de tous les groupes. Nous sommes passés de trente-cinq groupes à quinze, et je tiens à présenter mes sincères condoléances aux vingt autres groupes. J'espère qu'ils pourront participer l'année prochaine.

Je donne la liste des groupes à Ngaw (l'esclave du club) pour qu'il puisse les saisir pendant que nous discutons et rions entre nous (c'est un processus très important). Une fois la liste imprimée, nous l'affichons sur la porte de la salle du club pour que chacun puisse facilement vérifier les résultats par lui-même.

Je regarde le groupe appelé Mafia sur la liste (Oui, c'est le nom qu'ils ont choisi. C'est bien qu'ils soient conscients de leur propre existence) pendant que je pense au guitariste avec l'expression aigre sur son visage. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir...

Non... Je ne vais pas là-bas pour être gentil avec lui.

J'y vais seulement pour lui faire savoir que son groupe a passé le cap... c'est tout. Ouais.



J'ai dit aux gars de la salle du club que je partais utiliser les toilettes et que je reviendrais bientôt même si je compte aller bien plus loin que ça. Je me suis empressé de mettre mes chaussures et j'ai couru hors du bâtiment F, en direction du nouveau bâtiment principal. Cependant... ce crétin allongé dans les gradins me semble terriblement familier.

Je me dirige vers les gradins pour voir le jeune maître Phun allongé là, sans craindre que son uniforme ne soit sali. C'est le genre de choses que font les enfants non cultivés, vous savez. (Moi y compris.) Je m'arrête devant lui et je vois que ses yeux sont fermés. Alors que je m'apprête à le réveiller, il ouvre soudain les yeux.

— Yo !

Pourtant, c'est moi qui ai une peur bleue. Bon sang ! Phun semble être aussi surpris que moi de me voir ici. Il se lève lentement et se dépoussière. Je remarque qu'il n'arrive pas à enlever toute la saleté, alors j'interviens pour l'aider, mais il se penche loin de moi. Ugh, tu es toujours en colère ?!

— Qu'est-ce qu'il y a, Noh ? demande-t-il froidement.

Je ne peux pas m'empêcher de lui jeter un regard contrarié avant de m'asseoir impoliment à côté de lui puisqu'il ne m'a pas invité à le faire.

— Pourquoi tu dors ici ? Tu ne préfères pas la salle climatisée du bureau du conseil des étudiants ? demandé-je, en utilisant un ton normal et désinvolte, comme si rien ne s'était passé entre nous, mais Phun est inexpressif.

— Mmm.

Bon sang, il ne se dispute même pas avec moi. C'est mauvais.

Je regarde Phun, qui ne me regarde toujours pas. Je commence à me demander ce qu'il y a de si génial chez ces élèves de 7e qui jouent au foot en attendant que leur mère vienne les chercher parce que Phun se concentre sur eux. Sur le profil de son visage, je peux voir qu'il a toujours une expression vide et je ne sais pas comment réagir à cela. Tout ce que je peux faire, c'est regarder mes propres chaussures au lieu du visage impassible de Phun (bien que mes chaussures et ses expressions soient en quelque sorte similaires maintenant que je les regarde).

— Alors, quand est-ce que tu rentres chez toi ? demandé-je, juste au cas où je toucherais le jackpot et qu'il accepte de partir ensemble.

— Je sais pas.

— Tu veux qu'on rentre à la maison ensemble ?

— …

Il est silencieux. Qu'est-ce que ça veut dire ?

Je n'abandonne pas et je continue à avancer.

— Tu as eu l'occasion de goûter au bonbon ?

— …

Je n'entends que le bruit du vent qui souffle et des enfants qui jouent au foot.

Argh, honnêtement, je ne sais plus quoi faire ! Je commence à m'énerver, alors je lève les yeux et je fixe son visage, juste à temps pour voir un sourire s'effacer rapidement. Attends. Quoi ? Peut-être qu'il n'est plus en colère contre moi ?

Je le prends comme un bon signe, alors je me rapproche de lui et je touche le dos de sa main avec mon petit doigt. (Ne me demandez pas où j'ai appris ça, je n'en ai pas la moindre idée non plus.)

— Hé... je suis désolé. Ne sois pas fâché contre moi. Je ne pensais vraiment pas ce que j'ai dit. J'avais juste sommeil. Allez, allez, allez.

Pendant que je continue à lui donner de petits coups avec mon petit doigt, je vois que le propriétaire de ladite main essaie d'étouffer son rire en détournant la tête. Heh heh, t'es vraiment un connard prétentieux !

Je décide de sauter d'où j'étais assis et de me mettre debout au niveau inférieur des gradins. Même si j'essaie de me mettre dans son champ de vision, Phun continue à m'esquiver en se détournant. Putain, tu dois te trouver si adorable ou quelque chose comme ça. Tu as appris ça de ta petite sœur ?

— Faisons la paix, M. le beau gosse. Je vais t'offrir des desserts. S'il te plaît ? Allez, allez, allez…

J'essaie de le convaincre en évoquant la nourriture (puisque ça marche généralement avec moi) mais Phun joue toujours les difficiles. Il laisse échapper un soupir et fait la grimace. Je commence à m'énerver. Cette opération spéciale est terminée !

— Très bien, peu importe ! Fais ce que tu veux, je me tire. Je suis seulement venu te prévenir que ton groupe a réussi. Félicitations.

Hmph ! Il a de la chance que j'aie pris la peine de faire tout ça. Je ne fais même pas ce genre de choses normalement. Argh, je vais juste retourner à la salle du club. Je lui souffle dessus avant de me retourner pour repartir vers le bâtiment F, mais Phun tend la main et me saisit le bras pour m'arrêter.

— Ah, allez. Tu aurais pu continuer à essayer un peu plus longtemps. Tu étais si mignon.

Ce connard a le culot de me dire ça ? Eh bien, c'est mon tour maintenant. Je ne vais pas lui parler et je ne vais pas non plus lui faire face.

Phun continue à me tirer le bras plusieurs fois et me demande de me retourner. Ne crois pas que je vais céder aussi facilement, hé hé.

— Hé, je ne suis plus en colère. Je ne suis plus fâché contre toi. Ne sois pas comme ça, Noh. Je pensais que ça allait maintenant ? Allez ! Retourne-toi ? Allez, allez.

Il continue de secouer mon bras sans signe d'arrêt. C'est hilarant. Hé hé hé. Mais là, c'est à mon tour de me venger.

— Et si je t'offrais une glace ? Le magasin près de notre école ?

Proposition intéressante, mais pas encore très attrayante.

— Un buffet Oishi.

Je lui fais une contre-proposition. Naturellement, il me donne une tape sur la tête.

— Ouais, parce que ces deux-là sont définitivement dans la même gamme de prix.

Attendez, il n'est pas censé se faire pardonner en ce moment ? De toute façon, je suis fatigué de rester debout comme ça, alors je cède et je m'assieds à côté de lui sans faire d'histoires. Phun se retourne et sourit.

— Rapproche-toi, comme tu étais avant. J'ai aimé ça.

Très drôle. Je lui lance un regard ignorant.

— Comment exactement ? Je ne m'en souviens pas.

— Je t'aurai la prochaine fois.

Il marmonne quelques plaintes et je commence à rire. Puis on s'assoit tranquillement et on regarde les élèves de 7ème jouer au foot ensemble.

Cette fois-ci, c'est moi qui lui pose des questions.

— Hé. Tu n'es pas dérangé par le truc d'hier soir, n'est-ce pas ? demandé-je parce que j'ai l'impression qu'il y a eu beaucoup de malentendus.

Phun me fait simplement un sourire.

— Quel truc exactement ?

C'est vrai, il y en a eu beaucoup.

— Tous...

A ce stade, Phun laisse échapper un léger rire.

— Si tu me parles du moment où tu m'as crié dessus dans le taxi, je ne suis pas en colère pour ça. Hahaha. Je suis désolé, je t'ai vraiment harcelé. J'aurais dû me rendre compte que tu étais fatigué et que tu voulais dormir.

Oh, c'est quoi ce bordel ? Alors pourquoi a-t-il agi comme s'il était contrarié tout ce temps ? Je lui donne un coup de pied dans la jambe en guise de punition, mais il l'évite.

— Tu ne pensais pas ce que tu as dit, n'est-ce pas ? demande-t-il en fronçant les sourcils. Je hausse le mien en retour.

— Ouais. Le truc avec Aim ne m'a pas dérangé, honnêtement. C'est ton droit.

Parce que je sais très bien que ma relation avec Phun n'est pas comme ça. Je suis juste heureux que nous puissions avoir le type de relation que nous avons maintenant. Cependant, il est très silencieux.

Phun laisse échapper un long soupir avant de commencer à parler.

— J'étais vraiment en colère... à propos de Earn.

Hein ? Il amène quelqu'un d'autre à l'improviste ? Je suis stupéfait.

— Est-ce que son groupe a réussi aussi ?

Qu'est-ce que ça a à voir avec tout ça ?!

— Ouais. Pourquoi t'étais en colère pour ça ? Ne me dis pas que c'était pour quelque chose d'aussi stupide. Il n'y a rien entre lui et moi, tu sais.

Je dissipe rapidement tout malentendu (j'ai déjà dû m'occuper de ce genre de choses dans la salle du club) mais Phun a toujours un air sérieux.

— Non... j'étais en colère contre moi-même.

Hein ? Qu'est-ce qu'il raconte ?

Je fronce les sourcils et je regarde son visage pensif. Puis Phun se retourne et nos regards se croisent.

— J'étais... énervé de ne pas pouvoir te chanter une chanson. Je n'aurais pas dû jouer de cette guitare. J'étais aussi en colère parce que... je n'ai pas pu rester pour te tenir compagnie hier soir. Je suis... désolé.

Ses yeux ont l'air si sincères et authentiques que je ne peux pas détourner le regard.

— Hé, ne t'inquiète pas pour ça ! dis-je en lui tapotant l'épaule deux fois. Ça ne m'a pas du tout dérangé. Tu as même pris la peine de venir me chercher, tu te souviens ?

Ses regards intenses s'attardent encore.

— Ce n'est pas quelque chose que j'ai pris la peine de faire. C'était quelque chose que je voulais faire.

Oh...maintenant je ne sais pas quoi faire.

Phun laisse échapper un autre long soupir avant de continuer.

— Noh... si Earn venait et te disait qu'il t'aime bien... alors que dirais-tu ?

Où veut-il en venir en me demandant ça ? Ma réponse est une paume qui lui tombe sur la tête, pour avoir demandé une telle chose.

— Je ne suis pas gay... alors ne me regarde pas de haut en supposant que j'irais juste avec n'importe quel mec qui s'intéresse à moi.

— Je suis désolé... marmonne Phun comme quelqu'un qui se sent coupable.

Il a l'air si triste et a trop peur de me regarder dans les yeux pour pouvoir remarquer que je souris. Je me lève, lui tournant le dos, et je retiens mon souffle avant de lui dire ce que je veux dire.

— Il n'y a qu'un seul gars que j'aime... et c'est toi. Alors mets-toi ça dans le crâne.

Je m'enfuis dès que j'ai fini et je me réfugie au bâtiment F (qui n'est pas trop loin de l'endroit où se trouvent les gradins, donc on peut toujours se voir). Je me retourne et je vois Phun qui se tient là, l'air stupéfait, puis il sourit largement et me crie quelque chose.

— Je t'aime aussi !

Bon sang, pourquoi tu cries ?! C'est tellement gênant !

Je lui fais un doigt d’honneur et je m'échappe vers la salle du club.

Notes :
1/ Flûte Thaïlandaise
2/ Expression Thailandaise qui s'apparente à notre Prendre des vessies pour des lanternes.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:14



35ème Chaos
Nous Sommes Les Mêmes
Vendredi arrive, c'est le dernier jour de la semaine, alors je me dépêche de faire mes devoirs (en copiant sur Keng) avec Ohm (qui copie sur Palm). Nous sommes tellement concentrés que nous ne prêtons quasiment pas attention à ce qui se passe autour de nous. Nous avions tant de devoirs à rattraper que nous sommes arrivés à l'école à sept heures du matin (j'ai appelé et réveillé Keng aussi) afin de terminer ce devoir d'anglais. Ce devoir de synthèse est terriblement difficile et je ne me suis pas vraiment concentré sur mes études la semaine dernière. Je me moque de ma propre situation puisque je me suis fait ça moi-même.

— Merde, Palm. Je pense que tu as mal écrit cette phrase. Tu peux me montrer ce que Keng a écrit ?

Ohm se plaint en tournant les pages dans tous les sens. Puis il regarde le carnet de Keng, qui est à côté de moi, pendant un moment avant que mon téléphone ne sonne.

♫ Je salue notre hôte ! Je vous souhaite beaucoup d'argent. Je vous souhaite beaucoup d'or. Gloire à notre hôte ! ♫

Changer de sonnerie est un de mes passe-temps (parce que j'ai beaucoup de temps libre, apparemment). Ohm me regarde pendant que sa main copie encore les devoirs.

— Voilà une façon de rendre ton iPhone nul en utilisant cette sonnerie.

Va te faire foutre, j'aime ça.

Je hausse les épaules, sans prêter attention à ses moqueries. Je vérifie qui m'appelle. Oh, je ferais mieux de le mettre en sourdine.

— Ta mère appelle, je parie.

Mon ami connaît trop bien ma situation. Je n'ai pas besoin de lui donner une réponse puisqu'il le sait déjà.

— Tu ferais mieux de répondre tout de suite ou je serai obligé de m'occuper de tes conneries, me crie Ohm, mais mon téléphone est déjà silencieux.

Un instant plus tard, on entend une autre sonnerie.

♫ Arrête de te vanteeeeeer, arrête de te vanteeeeeer, arrête de te vanteeeeeer Ohhh, ohhh, ohhh. ♫

Tu m'as critiqué sur ma sonnerie, mais celle-ci fait croire que ton LG Secret est aussi très bon marché !

Ohm me toise quand son téléphone se met à sonner. Il me le tend sans vérifier qui appelle.

— Tu le prends. C'est ta mère. Je ne suis pas ta secrétaire.

— Oh, allez. Je vais juste le mettre en silencieux alors, dis-je en cherchant le bouton pour ignorer l'appel (comment utiliser ce truc ?) mais alors Ohm me lance un regard dur.

— Réponds juste au téléphone. C'est ta petite amie. Et j'ai une règle selon laquelle si une nana appelle, il faut répondre. Donc non, tu n'enfreins pas ma règle.

Espèce de fils de pute, tu utilises sérieusement ta stupide règle de merde pour me forcer à prendre cet appel ?! J'affiche une expression amère en regardant l'écran LG qui dit "Maman de Noh". Eh bien, tu es malin, non ?

Très bien, je vais répondre.

— Oui, Yuri ?

Je décide de prendre son appel même si je dois vraiment finir mes devoirs avant la reprise des cours. J'écoute la voix pétillante de Yuri et je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il n'y a rien qui pourrait la stresser.

— Tu es libre cet après-midi ?

Je le savais. Je laisse échapper un rire silencieux.

— Cet après-midi ? Je n'ai rien de prévu.

Je suppose qu'Ohm va rester et s'occuper du club. Je perds presque l'équilibre quand Ohm me frappe à la tête. Yuri continue de parler.

— Allons quelque part ensemble. Je veux chercher le cadeau d'anniversaire de Tou-san(1). Tu peux m'aider à choisir ?

Eh bien, voilà la raison pour laquelle je devrais y aller avec elle. Je sais que si je la laisse choisir un cadeau toute seule, il y a de fortes chances que To-san reçoive un presse-papier Hello Kitty pour son anniversaire.

— Bien sûr, où devrions-nous aller ?

— Retrouvons-nous à Siam après l'école, Noh. Je vais me promener et t'attendre, me dit-elle avant de raccrocher.

Je rends le téléphone à Ohm et il siffle pour me taquiner.

— Eh bien, tu es populaire, non ?

Qu'est-ce qu'il raconte ? Je commence à me demander ce qu'il sait vraiment.



Je me rends rapidement à Siam pour rencontrer Yuri après la fin de l'école. Dès que je descends du taxi, je sors mon téléphone pour pouvoir l'appeler, mais je remarque alors une fille à la peau claire qui choisit des pâtisseries à "Au Bon Pain"(2).

On va la surprendre, hé hé.

Je trouve une blague amusante où je me faufile dans le magasin et je l'effraie pour qu'elle crie fort. Alors que je me rapproche lentement d'elle...

Yuri se retourne et me crie

— BOUH !

— AAAAHH !

Ça ne s'est pas passé comme prévu, car c'est moi qui pousse un grand cri. C'est tellement embarrassant. Le personnel et les autres clients du café s'efforcent vraiment de retenir leurs rires.

— Tu m'as fait peur, Yuri !crié-je en me tapotant la poitrine pour me calmer.

Elle rit et pointe mon visage à la place. C'est tellement humiliant !

— Hahaha, si tu penses que tu peux m'avoir, alors tu t’es trompé. Hahaha ! Alors, tu es d'humeur à manger quelque chose ? Je suis sur le point de payer.

Comme si je voulais rester ! Dépêche-toi de payer pour qu'on puisse partir. Je veux creuser un trou et m'y cacher !

Yuri me voit secouer la tête, l'air désespéré, alors elle laisse échapper d'autres rires pétillants avant de se retourner pour payer. Nous quittons le café ensemble, avec un de ses bras qui s'accroche au mien tout en portant le sac.

— Alors, où devons-nous aller ? Aide-moi à réfléchir.

— Bien sûr, tu as une idée de ce qu'on va offrir à Tou-san ?

— Quelque chose qu'il peut utiliser au travail. Que penses-tu des fournitures de bureau ?

L'image d'un presse-papier Hello Kitty me vient tout de suite à l'esprit.

— Quel genre de cadeaux les hommes préfèrent, Noh ?

— Certainement pas un presse-papier Hello Kitty.

Je lui fait rapidement savoir. A ce moment, Yuri lâche mon bras et me regarde fixement, l'air stupéfait.

— Comment tu as su ?! Je pensais justement à ça !

Vous voyez ? Je le savais. J'ai eu raison de venir ici avec elle.

— Hé hé hé, gloussé-je quand Yuri me frappe le bras.

— Noh, dis-moi comment tu as su ! Peux-tu lire dans mes pensées ?!

— Hé hé hé hé.

— Noh, comment tu l'as su ?!

— Hé hé hé hé.

— Noh !

Et bien, je pense juste que Yuri est très facile à cerner, hé hé hé.

Après que nous ayons décidé de ne pas acheter de presse-papiers Hello Kitty, Yuri m'a fait faire le tour de Siam pendant lequel mes jambes ont failli lâcher. Mais nous semblons nous éloigner du but, car elle choisit maintenant une jupe. Je doute que Tou-san porte des jupes.

— Noh, tu trouves celle-ci mignonne ? me demande-t-elle en drapant une jupe sur elle.

— Ouais, plutôt mignonne.

Mais je ne sais pas vraiment parce que pour moi, elles se ressemblent toutes.

— Ce n'est pas trop court ? continue-t-elle.

— Un peu.

A ce moment, Yuri gonfle les joues. Elle me regarde avec une expression contrariée.

Elle commence à utiliser sa petite voix. On dirait qu'elle est un peu énervée par ma réponse.

— Je devrais vraiment porter quelque chose comme ça ? Tu n'es pas un peu inquiet ?

A quoi elle joue cette fois-ci ? Je fais un petit rire.

— Tu peux porter ce que tu veux, Yuri. Qui je suis pour t'en empêcher ?

— Tu n'es vraiment pas inquiet, marmonne-t-elle pour elle-même en se voûtant.

Elle est vraiment adorable comme ça, alors je continue à parler.

— Tu peux la porter, mais tu ne peux pas rentrer tard avec. C'est dangereux, compris ?

Les yeux de Yuri s'écarquillent quand j'ai fini de parler.

— Alors tu es inquiet ?!

Hein ? Bien sûr. Une femme qui porte une jupe courte en rentrant seule chez elle tard dans la nuit ? Je suis un mec. Je sais quels sont les risques.

Mais je n'ai aucune idée de ce que pense Yuri. Elle me fait un grand sourire avant de remettre la jupe sur le présentoir puis elle me tient le bras (très) fort.

— Noh, tu es le meilleur !

Je reste immobile parce que je ne sais pas ce qui se passe.

Je vois. En gros, tu voulais juste savoir si je m'inquiétais pour toi ? Hum, comme c'est bizarre.

Une fois que nous avons quitté ce magasin avec les jupes, nous avons marché près de Siam Square et traversé au Siam Center avant d'arriver à Siam Discovery parce que Yuri a dit qu'elle voulait vérifier certaines choses au Loft. Je ne sais pas si elle cherchait des affaires pour elle ou un cadeau pour Tou-san. En tout cas, elle a obtenu un nouveau sac en tissu, une boîte à crayons, un tapis de souris et un repose-poignet. Alors...où est le cadeau pour Tou-san ?

Pendant qu'elle paie toutes ses affaires, elle se retourne pour me regarder d'un air penaud.

— Il n'y a que mes affaires. Qu'est-ce que je fais maintenant ?

Je ne peux pas m'empêcher de rire.

— Je t'avais prévenu de ne pas venir ici.

Yuri me fait un signe de tête désespéré puis elle accepte le sac jaune vif remis par la caissière.

— Où allons-nous alors ?

Elle se plaint à elle-même pendant que je mets le sac jaune dans un fourre-tout que j'ai proposé de porter pour Yuri, en plus de son cartable. Son visage lumineux a une expression très concentrée et elle sourit alors largement.

— Allons au Central. Je ne pense pas que les trucs là-bas me feraient beaucoup d'effet.

C'est logique. Je savais dès le départ que venir à Siam était une mauvaise idée. Je vérifie ma montre. Elle m’indique qu'il est un peu plus de 17 heures. Il se fait tard, mais il y a encore du temps. Je lui fais un signe de tête et nous prenons le métro aérien(3) pour Central Chidlom.

Il me semble que c'est un meilleur choix car il n'y a que des trucs pour les adultes à cet endroit. Une adolescente comme Yuri est un peu déçue, mais on ne peut rien y faire. Si elle veut trouver quelque chose pour Tou-san, alors c'est l'endroit idéal pour le faire. Je souris à Yuri qui semble prendre cela très au sérieux lorsqu'elle décide d'acheter une pince à cravate ou une montre pour son père japonais.

— Noh, que penses-tu de celle-là ?

Elle me montre une pince à cravate de bonne qualité.

— Plutôt sympa.

— Et pour cette montre ?

Elle prend la montre pour comparer. À ce moment-là, je commence à me sentir hésitant

— C'est difficile de choisir.

Honnêtement, je ne sais pas quoi lui dire. Bien que la montre soit plus chère, c'est une très belle montre. Yuri expire bruyamment.

— Lequelle tu préférerais si c'était ton cadeau d'anniversaire ? demande-t-elle en levant les yeux, me suppliant et je lui souris.

— Si c'était Noh. Alors Noh voudrait une montre. Mais puisqu'on parle de ton père, ce Noh ne sait pas vraiment non plus.

— Alors je vais acheter la pince à cravate pour Tou-san et cette montre pour toi.

Quoi ?! Elle décide instantanément des choses par elle-même. Naturellement, je ne peux pas accepter que ça arrive. Je l'arrête tout de suite.

— Ne fais pas ça, Yuri. Je n'en veux pas. C'est trop cher.

Yuri a une expression triste.

— Mais je veux aussi t'acheter quelque chose.

Je change de tactique, je ne la gronde pas, mais je l'apaise.

— S'il te plaît, ne le fais pas. Nous sommes ici pour acheter un cadeau à Tou-san, tu te souviens ?

Yuri cède. Elle me fait un signe de tête, puis elle donne la pince à cravate à l'employée pour la payer. Très vite, on voit une pince à cravate dans une belle boîte. Yuri rayonne comme un petit enfant.

— J'ai faim, allons chercher quelque chose à manger, dit-elle tout en acceptant le cadeau emballé par l'employé et me le montre ensuite.

Ouais, je commence à avoir faim moi aussi. Mon estomac fait des bruits de protestation.

Comme d'habitude, nous nous retrouvons au MOS Burger situé au sous-sol. Yuri est accro à cet endroit. Je me demande s'ils mettent de la drogue dans leur nourriture ou autre chose parce qu'à chaque fois qu'elle et moi venons à Siam, elle me demande d'aller à Paragon(4) pour que nous puissions manger ici. Avant qu'ils n'ouvrent une chaîne à Paragon, Yuri me traînait jusqu'à Central World(5) juste pour que nous puissions y manger. J'ai entendu dire que Tou-san les aimait également. En fait, je les aime aussi. Ils vous donnent beaucoup de viande et le pain est sucré. L'inconvénient, c'est qu'ils sont un peu trop gros. Yuri fait du gâchis à chaque fois qu'elle en mange un.

— Regarde, tu en as partout sur toi, hé hé. dis-je tout en donnant des serviettes à la personne assise en face de moi.

Yuri fait une tête indifférente au début, puis elle les accepte mais elle ne peut pas enlever toute la saleté de son visage. Alors, je décide de l'aider.

— Un peu plus à droite. Monte un peu. Non, non. Descends. À droite, un peu plus. Pfff. Attends, je vais le faire.

Je commence à m'épuiser, alors je me dis que je vais le faire moi-même. Je prends une autre serviette et j'essuie doucement (je crois ?).

— Aïe, vas-y doucement. Noh, c'est mon visage, pas un ticket à gratter.

Oh ? Je suppose que j'utilise trop de force. Maintenant, j'essaie d'être encore plus doux. Mais attends… Ce gars là-bas qui me regarde a l'air terriblement familier.

— Phun…

Je laisse doucement son nom m'échapper, puis je retire ma main. Yuri se tourne pour regarder ce qui a attiré mon attention.

— Oh, Phun ! Viens nous rejoindre !

Oh, mon Dieu ! Ne l'appelle pas ! Mais c'est trop tard, Yuri fait des signes à Phun qui est bien trop obéissant puisqu'il s'approche de nous maintenant. Il me dévisage bizarrement et je ne peux pas le regarder trop longtemps avant de détourner le regard. Pourquoi est-ce que je tremble ? Je ne sais même pas. J'ai juste peur. J'ai peur que Phun soit blessé à cause de ça. Pourtant, je suis encore en train de me disputer avec moi-même sur le fait que lui et moi ne sommes techniquement même pas ensemble.

Phun s'approche de moi et me serre doucement l'épaule une fois. Je ne sais pas ce que cela signifie.

— Tu as rendez-vous avec Aim ici, Phun ? demande gaiement Yuri pour avoir des nouvelles de son amie, mais Phun semble un peu réticent à répondre.

— Oh...non. Je n'ai rien prévu avec Aim.

Il s'assied à côté de moi, en regardant toujours mon visage.

— Hein ? Qu'est-ce que tu fais ici alors ? continue Yuri avec ses questions alors que je reste très silencieux.

Il m'arrive encore de jeter un coup d'œil à Phun. C'est bizarre que son expression soit aussi enjouée que d'habitude.

— Je suis ici pour retrouver ma petite sœur, nous avons fait des projets ensemble.

— Ah, Nong Pang ? demandé-je.

Il hoche la tête en souriant. Oh, merde. J'avais oublié que l'école de nong Pang est juste en face de Central Chidlom.

— Quand ? Et où ? continué-je à demander faiblement en pensant à ce que je ferais si Nong Pang nous voyait.

Ce sera mauvais, mais Phun ne semble pas du tout inquiet.

— Dix-huit heures, devant la grille de l'école - oh, merci.

Un employé remet à Phun sa commande à emporter qu'il avait faite plus tôt en plein milieu de sa phrase. Je regarde le grand sac en plastique et je suppose que Phun a probablement commandé de la nourriture supplémentaire pour Nong Pang aussi.

Il vérifie les articles dans son sac avant de lever les yeux avec un sourire.

— Je vais aller la rejoindre. A bientôt.

Il dirige cette dernière phrase vers moi en se levant et fait signe d'au revoir. Yuri lui fait signe en retour, mais elle affiche une expression gênée une fois que Phun est parti.

— Il ment… dis Yuri sans prévenir et je suis stupéfait.

— Hein ? Pourquoi tu dis ça ?

Elle fronce les sourcils, puis elle prend une gorgée de son punch tout en parlant.

— Parce que Phun a dit à Aim qu'il ne pouvait pas aller voir un film avec elle aujourd'hui parce qu'il avait une importante course à faire. Mais en fait, il drague des filles à Chidlom à la place.

Je donne rapidement une excuse en son nom.

— Attends, sa sœur fréquente vraiment une école près d'ici.

Mais il semble que Yuri refuse de m'écouter. Son visage lumineux continue de froncer les sourcils.

— Il agit souvent comme ça ces derniers temps... depuis l'incident.

Je sais très bien à quel incident elle fait référence. Je pense aussi savoir ce qui se passe avec Phun. Je suis sur le point de me sentir coupable, mais ensuite ce qui s'est passé avec Aim à Hua Hin me revient en tête.

— Je suis désolée pour Aim. Elle n'aurait pas dû le laisser s'en tirer comme ça. poursuit Yuri.

Je continue cependant à manger le hamburger dans mes mains, malgré mon envie de rire.

— Parfois, on ne peut pas rejeter toute la faute sur le mec, Yuri.

À ce moment-là, la fille au visage clair me fixe du regard comme si elle voulait se disputer. Je secoue la tête devant elle parce que je ne veux pas en parler plus longtemps.

Nous aimons tous nos amis.

Je suppose donc que Yuri aime son amie.

Et bien, j'aime aussi Phun.

Notes :
1/ Diminutif « d'otosan », « papa » en japonais. (Yuri appelle son père "Tou-san" car il est japonais.)
2/ En français dans le texte.
3/ Le Sky-train de Bangkok est un métro à deux lignes séparées du réseau souterrain. Il est opérationnel depuis 1999
4/ Grand centre commercial de Bangkok. Haut de 38 mètres il a une superficie de 500 000 m2.
5/ Plus grand centre commercial de Thaïlande avec une surface de 830 000m2 . Il comprend 7 étages, 495 boutiques et 7000 places de parking

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:14



36.1ème Chaos
Tel le lâche, que je suis
Je prends conscience que le destin est inévitable dès que je rentre chez moi, après avoir vu une dizaine de paires de chaussures en cuir dehors. Il n'y a qu'une seule raison pour laquelle il y a une foire aux chaussures ici et c'est...

— Bâtards, vous ne deviez pas au moins avertir le propriétaire de la maison avant ?

Je gueule sur les gens qui sont à l'intérieur pendant que j'enlève mes chaussures et que je les rajoute au tas. J'entends ces connards qui rient fort après un long silence car ils voulaient me surprendre. Keng frappe Palm à la tête.

— Je t'avais dit de mettre les chaussures à l'intérieur, non ? Noh a dû comprendre ce qui se passait quand il les a vues !

Le type qui a été frappé fait une tête d'enterrement.

— Connard, n'essaie même pas avec moi ! C'est moi qui t'ai dit de le faire et tu ne l'as pas fait !

Keng est ensuite frappé par Palm deux fois, donc maintenant ils sont à égalité. C'est vraiment génial. Ma maison va être détruite une fois de plus.

Je secoue la tête et je me fous d'eux. J'estime qu'il y a plus de dix mecs ici. Certains sont assis autour de la marmite de sukiyaki, c'est-à-dire Keng, Palm, Khom, Phong et Em. D'autres encore jouent à un jeu vidéo et sont assis devant la télévision. Ce sont Ohm, Per et Knott. J'entends Dong, Rodkeng et Ken depuis la cuisine, ils parlent de préparer une salade de nouilles épicées. Maintenant que j'ai l'occasion de compter... ils sont onze ici. Mais ce n'est pas un record. (Le plus grand nombre de personnes que j'ai reçues a été de dix-sept pendant le Nouvel An. La maison a failli exploser).

— Alors qui vous a dit que mes parents étaient absents aujourd'hui ?

Je sais pertinemment qu'ils n'ont pas découvert ça tout seuls. Bien que je demande seulement pour être poli puisque je connais déjà la réponse.

— Ma chère Phi Immm~ .

Je le savais. Phi Im aime beaucoup Ohm. Je ne sais pas si c'est le destin ou s'ils ont commis un péché ensemble dans leurs vies antérieures et qu'ils le payent maintenant ou quoi. Chaque fois que le Nong Ohm de Phi Im vient nous rendre visite, il semble qu'il y ait une tonne de nourriture qui nous attende dans la maison. (Je veux dire, si ce n'était pas pour Ohm, je ne sais même pas si je pourrais un jour manger ces trucs). Et quand papa et maman ne sont pas à la maison (parfois, ils quittent la ville pour vérifier l'usine et ils doivent donc y rester plusieurs nuits), alors c'est Phi Im qui appelle Ohm et lui fait savoir. Elle lui suggère de faire venir tout le monde et de détruire la maison.

Je n'oublierai jamais cela, Phi Immm !

Je secoue la tête et je jette mon cartable par terre (puisque le canapé est actuellement occupé). Je remarque qu'un connard a descendu ma PS3 de ma chambre. Pendant ce temps, un autre abruti avait apporté la marmite depuis la cuisine jusqu'ici, remplissant la maison d'un délicieux parfum.

Eh bien, super ! Même si j'avais déjà mangé, j'ai de nouveau faim maintenant que je sens toutes ces choses. J'enlève mes chaussettes et je rejoins le cercle autour de la marmite, juste à côté de Phong.

— Peut-on déjà manger cette merde ? J'ai faim.

— Relax, mec ! Le porc n'est pas encore cuit. Ohm m'a dit que tu étais en rendez-vous, alors j'ai pensé que tu rentrerais plus tard, me dit Phong alors qu'il joue avec le couvercle, le soulevant légèrement, laissant la vapeur s'échapper.

Au même moment, Palm se retourne pour me donner un bol et une paire de baguettes. Je remarque qu'ils y ont aussi ajouté des nouilles instantanées. Bien joué, les gars.

— Ce n'était pas un putain de rendez-vous. J'y suis allé avec Yuri seulement pour lui tenir compagnie.

— Oui, c'est ce que les gens appellent un rendez-vous. Et tu es rentré très tôt, elle n'a pas réussi à te mettre dans l'ambiance ou quoi ?

Je frappe Em de toutes mes forces. Il le mérite pour avoir débité des conneries. Je le pointe du doigt avec mes baguettes pour l'empêcher de parler, puis je soulève le couvercle pour vérifier les sukiyaki même si je sais qu'ils ne sont pas encore prêts.

A présent, j'entends Ohm aboyer au loin.

— Yuri est tellement mignonne. Comment peux-tu dire qu'elle n'est pas assez sexy ? Notre ami est un mec ordinaire, mec !

Sa voix est tellement irritante. Je jette un sale regard sur le gars qui n'est pas très loin de là où je suis. Il est juste devant la télé. J'ai envie de retirer les disjoncteurs quand je le vois ricaner juste pour l'énerver.

— Attends un peu. Je vais m'assurer que tu finisses avec Nong Carp.

Je lui donne le coup de grâce. Ohm lâche immédiatement la manette de ses mains.

— Espèce de connaaaaard ! Je préfère que tu me portes la poisse en disant que je vais échouer à tous mes cours !

Il se lève et fait une scène. Il est si bruyant que les autres gars sont confus à cause de ça. Dong, Rodkeng et Ken sont de retour avec la salade épicée et ils ont l'air perplexe eux aussi.

— Attends, quoi ? Pourquoi il veut échouer à tous ses cours ? demande Dong alors qu'il place le premier plat près de la marmite.

— Il n'a pas besoin d'une malédiction. Il a déjà échoué de toute façon , non ? continue Rodkeng en plaçant le deuxième plat de salade de l'autre côté de la fondue.

— Cette nong Carpe est ta femme, non ? Je l'ai vue, conclut Ken en posant le dernier plat.

Naturellement, Ohm est très vexé. Il laisse échapper quelques bruits qui montrent son agacement, et prétend qu'il ne nous écoute pas.

Je ne sais pas si c'est parce qu'il perd contre Per sur une course de voiture ou parce que nous avons touché un point sensible. La nong Carpe dont nous parlons va à l'école en face de la nôtre. Je ne sais pas par quel genre de miracle cela est possible mais elle est vraiment sur Ohm. (Elle doit être aveugle, parce que je suis beaucoup plus beau, évidemment). Elle court après Ohm depuis 3 ou 4 mois maintenant et elle n’a pas l’air prête d’arrêter. Son vrai nom est en fait Nongnan mais nous utilisons 'Nong Carpe' comme un code secret. Ne me demandez pas pourquoi, je ne peux pas vous le dire, sinon ça ne serait pas un secret. Hé hé hé.

Nous discutons de Nong Carp pendant un petit moment avant que Per ne nous interrompe.

— Phi Ohm ne s'intéresse pas à une carpe parce qu'il préfère une souris…

Nous nous retournons tous rapidement. Je remarque que Ohm fixe Per d'un regard meurtrier.

— Quelle souris, Per ? Tu ferais mieux de continuer à parler ! Ce putain d'Ohm taquine toujours les autres. Je vais chercher toute la saleté qu'il y a sur lui aujourd'hui ou je mourrai en essayant ! déclare Rodkeng avec passion.

Ohm menace aussitôt Per.

— Si tu dis quoi que ce soit, je jure devant Dieu, Per…

À ce stade, je ne sais pas si Per est inconscient ou s'il fait semblant de l'être parce qu'il se tourne immédiatement vers Ohm et lui pose une question.

— Oh, je ne suis pas censé parler de Nong Mickey Mouse ?

Putain de merde, Ohm ! Nong Mick a rejoint notre club au début de ce semestre. Il est en 9ème. Il est mignon et je veux dire très mignon. Genre putain de mignon. Il est si mignon que même Film a proclamé que personne ne doit poser la main sur ce gamin. Film a fait confiance à Ohm pour apprendre à Mick à jouer du cor, mais apparemment quelque chose dans le lait n'est pas clair entre ces gars !

— Merde, Ohm ! Qu'est-ce que tu as fait à Nong Mick ?! crié-je à pleins poumons car je suis très inquiet pour le bien-être des juniors.

Le suspect secoue immédiatement la tête. On dirait qu'il cache clairement quelque chose.

— Je n'ai rien fait !

— Il aime Phi Ohm, Phi Noh !

Per, tu es une vraie perle aujourd'hui, n'est-ce pas ?! Je pense lui donner la possibilité de sécher l'entraînement deux fois par semaine, comme il l'avait demandé, parce qu'il est vraiment adorable aujourd'hui. Hé hé hé.

— Ohm, tu as drogué le gamin ? crie Ken et Ohm lui fait un doigt d'honneur.

— Sérieusement. Est-ce qu'il t'aime vraiment ? Je sais qu'il est pourchassé par une bande de gars. Je ne suis même pas gay et je l'aime bien. Il est putain d'adorable, dit Khom tout en ayant l'air un peu décontenancé. À ce stade, personne ne fait attention à la marmite.

On regarde le dos d'Ohm, car il refuse de nous regarder.

— Je ne sais pas, mec !

Cet abruti est toujours si bruyant. Per continue son travail de révélation des secrets d'Ohm.

— J'ai aussi vu Phi Ohm enlacer Nong Mick. Attends, je vais en parler à Phi Film.

Quoi ?! C'est énorme ! Per ! Continue de parler !

— Putain de Per ! Tu nous espionnes ?!

Et maintenant Ohm révèle peu à peu ses agissements douteux. Per agite rapidement ses mains et nie tout cela.

— Je ne l'ai pas fait, Phi ! J'ai oublié mes partitions ce jour-là. J'y suis retourné pour les prendre mais j'ai vu ce qui se passait alors je les ai laissées là. C'est pourquoi je n'ai pas pu jouer le lendemain matin. Et Phi Noh m'a crié dessus à propos de la chanson de la marche ce matin-là.

Oh, je m'en souviens. J'avais clairement dit à Per de répéter plus souvent, mais il ne l'avait pas fait du tout. Voilà ce qui s'était passé.

Mais attendez ! C'était il y a seulement deux jours !

— Per, c'est toi qui parles. Et à propos de toi et Nong Mawin ? Je vous ai vus tous les deux.

Maintenant qu'Ohm est coincé, il commence à changer de sujet en créant des problèmes à Per à la place. Aujourd'hui, c'est le moment où toutes les vérités sortent, c'est parti.

— Moi et Win ? Allez, on est seulement amis.

Il nie l'accusation. Mais je connais bien Mawin. Per dit qu'ils sont amis depuis qu'ils sont petits. Nong Win est gentil et bien élevé, et Per n'est pas comme ça. J'ai entendu dire que son père occupait un poste élevé dans l'armée, donc il est très strict. Je me demande comment il a pu permettre à Win d'être le meilleur ami d'un clochard comme Per, ha ha ha ha.

— Même pas. Nong Mawin est venu me voir en pleurant l'autre jour. J'ai dû le calmer. Tu as été trop cruel avec lui.

— C'est vrai, Phi ! Per est vraiment méchant avec lui. Lorsque Win traîne autour de lui, il dit que Win est agaçant. Puis quand Win disparaît, il court chez lui pour essayer de se réconcilier avec lui.

Knott finit par parler de son ami après être resté longtemps silencieux. Les oreilles sombres de Per ( en fait, il a la peau claire mais son visage n'est pas dans les mêmes tons, haha) sont maintenant rouges comme par magie. Je décide de les rejoindre.

— Attends, Per. Phun m'a dit qu'il n'arrêtait pas de te croiser au lycée privé. Alors, qu'est-ce qui te branche vraiment ?

Cependant, j'ai mentionné "Celui qui ne doit pas être nommé" par accident. Oh, merde. C'est moi qui ai provoqué ça. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de finir de parler de Per et maintenant Ohm me jette un regard sournois.

— Ouais, je suppose que c'est comme Phun. Il déjeune au lycée privé, mais il passe ses journées et ses nuits avec toi. Au fait, je sais ce qui s'est passé devant le bâtiment F.

Putain ! Je savais qu'Ohm le découvrirait ! Pourquoi diable avait-il besoin de crier ?! Maintenant, mes amis s'intéressent plutôt à ce qui se passe entre Phun et moi.

— Attendez, attendez. Qu'est-ce qui s'est passé ? demande Keng en frappant le sol avec la louche.

Trou du cul, ça va laisser une marque ! Je lui prends rapidement la louche et je lui frappe la tête avec avant de soulever une caisse de bière du sol et de me diriger tout de suite vers la cuisine.

— Je vais mettre ça au frigo. Elles ne seront pas fraîches si vous les laissez ici.

— Mec, tu t'enfuis !

— Je vais juste les mettre au frigo, putain ! J'ignore ce qu'ils ont à dire et je me retire dans la cuisine à la place.



J'ai pris un peu de temps et j'ai attendu dans la cuisine (jusqu'à ce qu'ils oublient). J'ai mis les bières dans le réfrigérateur, puis je les ai sorties pour les remettre à l'intérieur et les sortir à nouveau. Se lever et recommencer. (Pourquoi diable ?) Puis j'ai fait semblant d'organiser les bouteilles d'eau, les bouteilles de bière et les bouteilles de lait (même si Phi Ann les avait déjà organisées). Pffff. Alors, ils ont déjà fini d'en parler ?

Je fais des allers et retours, puis une idée me vient à l'esprit. Je vais couper les citrons verts en tranches et préparer le sel pour les gars puisque j'ai vu qu'ils avaient apporté une bouteille de vodka avec eux. Hmmm. Ce n'est pas une mauvaise idée. Ça me donnera une excuse pour rester ici un peu plus longtemps. ( hé hé). Tout de suite, je commence par prendre un couteau, la planche à découper et les citrons verts dans le réfrigérateur.

Cependant, je n'ai jamais fait cela auparavant. Comment est-on censé couper les citrons verts ? Verticalement ou horizontalement ? Est-ce qu'on les coupe le long de la ligne ou en travers ? (Mais ils sont tous ronds...) C'est trop compliqué. Je tourne le citron vert dans tous les sens et je suis perplexe. Quand j'en coupe enfin un, le jus jaillit. Ah ! Dans mes yeux ! Ça pique !

Pendant que j'essaie de m'essuyer les yeux avec ma manche, j'entends quelque chose de bizarre. En plus du bordel que font les gars dans la pièce d'à côté, je peux entendre une voiture se garer. Qui d'autre est là maintenant ? Comme s'il n'y avait pas assez de monde dans cette maison.

Je suis curieux, mais je n'y fais pas attention (car mes yeux me brûlent). Au moment où je réalise que je ne peux pas effacer la sensation de picotement et que je devrais plutôt aller me rincer les yeux dans la salle de bains, je remarque une silhouette floue qui se tient tout près. Je sursaute comme si je venais de voir un fantôme.

— Tes yeux vont devenir rouges si tu les frottes comme ça.

J'entends une voix familière et la silhouette se dépêche de m'aider à aller dans la salle de bains. Au moment où je commence à me demander comment il est arrivé là, je sens de l'eau fraîche m'éclabousser le visage.

— Tu dois être doux comme ça. Allez, enlève ta main, dit la voix (et je suis ses instructions, pourquoi ?) avant qu'il ne m'aide en me frottant doucement les yeux. La sensation de picotement me quitte enfin. Je cligne rapidement des yeux pour les rincer à l'eau, puis il essuie délicatement les gouttes avec son mouchoir.

— Tu ne sais même pas comment couper des citrons verts, tu vas certainement mourir de faim.

Salaud, inutile de me rappeler ça. Je ne suis pas une femme au foyer, comment je suis censé savoir comment faire ces trucs ? Je me gratte le cou et je fixe Phun Phumipat qui est soudainement apparu.

— Comment tu es arrivé ici ?

— J'ai pris un taxi.

— Crétin. Je voulais dire…

A ce stade, je ne sais pas comment formuler la question sans avoir l'air grossier.

— Tu veux dire, pourquoi je suis là, pas vrai ? Bien, je peux partir.

Oh, allez. Je savais qu'il allait faire ce coup-là avec moi. Je me gratte la tête en regardant Phun me tourner le dos, avec l'intention de partir. Tout se passe plus vite que mes propres pensées. Je tends la main pour l'arrêter.

C'est tout ce qu'il fallait pour arrêter la personne qui disait qu'il allait partir. Il n'essaie même pas de se libérer. Peu importe ! Tu attendais juste que je fasse ça, n'est-ce pas ?!

— Quoi... ?

Il a encore le culot de demander. J’ai une expression de méfiance parce que j'ai l'impression de perdre cette bataille.

— N'oublie pas ton mouchoir.

Ahahahaha ! Prends ça !

Une fois qu'il a entendu ça, il se retourne avec une expression irritée sur le visage, alors je hausse les sourcils en me moquant de lui. Puis il change d'expression et affiche un large sourire, ressemblant à quelqu'un qui a des intentions cachées.

— Je ne partirai pas même si tu me mets dehors. Hé hé hé. Je suis déjà là alors autant rester jusqu'à la fin, dit-il avant de me ramener dans la cuisine pour m'aider avec les citrons verts.

Je découvre juste que ce jeune maître est très doué pour ce genre de choses puisqu'il coupe rapidement les citrons verts sans aucun problème. Cela me déconcerte.

— Où t'as appris à faire ça ?

— Bâtard, tout le monde peut faire ça. Je devrais plutôt te poser une question. Comment se fait-il que tu ne saches pas comment couper un putain de citron vert ?

Oh, encore une humiliation. Je veux me cacher sous une casserole après avoir entendu ce que ce jeune maître Phun avait à dire. Et pendant que je cherche une casserole, j'entends son profond rire.

— Je plaisante. J'aide souvent Pang à la cuisine. Je dois manipuler les couteaux, sinon elle se retrouverait avec des coupures sur elle.

Il révèle la vérité avec un doux sourire. Il a généralement ce sourire chaque fois qu'il parle de Nong Pang. Je n'ai pas besoin qu'on me dise à quel point il aime sa petite sœur. Je lui fais un signe de tête.

— Tu devrais partager certaines des choses qu'elle fait avec moi. Je veux les essayer, dis-je puis je monte et je m'assois sur le comptoir (où se trouvent habituellement Phi Ann et Phi Im) avec un croissant que j'ai pris dans le panier.

Je commence à grignoter car parler de nourriture me donne faim. (Je suppose que mon système digestif fonctionne trop bien).

Phun s'approche pour aller chercher plus de citrons verts en souriant, car il semble qu'il n'y en ait pas assez pour les gars qui attendent à côté.

— Tu ne ferais que chier dans ton pantalon. Je tombe malade en mangeant ce qu'on fait.

Hé, tu parles ainsi de ta propre sœur maintenant ?

Je ris pendant que je mets le dernier morceau de croissant dans ma bouche. Mais je suppose qu'il est un peu trop gros (probablement pas qu'un peu), alors j'ai du mal à le mâcher.

— Regarde-toi. Tu as peur que je te vole ta nourriture ? Mange lentement. Ce n'est pas comme s'il n'y avait qu'un seul morceau de croissant dans le monde entier.

Phun se retourne et me regarde, alors qu’il me taquine à nouveau, comme toujours. J'ai vraiment envie de me disputer avec lui mais...

— Ut-uh-uck-up.

J'ai la bouche pleine de croissant, alors je ne peux pas vraiment le maudire.

Je continue d'essayer de mâcher avec beaucoup de difficulté. Je dois avoir l'air vraiment drôle car je vois que Phun rit avec un sourire avant de s'approcher pour essuyer les morceaux de croissant qui sont collés autour de mes lèvres.

Ses yeux aiguisés brillent bizarrement.

— Cela me semble familier. Je pense avoir été témoin d'une scène comme celle-ci plus tôt dans la journée, raconte-t-il et le croissant non mâché glisse aussitôt dans ma gorge.

— Hé... ! Kof, Kof, Kof.

Je m'étouffe maintenant ! Phun se précipite pour me verser un verre d'eau.

— Mâche d'abord et avale ensuite ! Je t'ai dit de ne pas manger si vite.

Maintenant, je me fais gronder comme un petit enfant, mais je ne m'en soucie plus car il y a autre chose que je veux lui faire savoir.

— Hé, il n'y a rien entre Yuri et moi, tu sais.

— Hein ?

— Je veux dire... Yuri mangeait et elle faisait un énorme bazar ! Alors tout ce que j'ai fait, c'est l'aider à nettoyer. Je n'étais pas... je veux dire... Argh ! Je ne sais pas comment expliquer ça !

On dirait que je ne donne que des excuses stupides. Je me gratte vigoureusement la tête, et pourtant Phun se contente de rire.

— Oh, oublie ça. Je comprends, dit-il en riant comme on le ferait en parlant à un petit enfant, mais je ne le crois pas vraiment.

— Hé, je suis sérieux. Ne sois pas comme ça.

Je lui tire le bras avant qu'il ne recommence à couper les citrons verts. Phun me regarde avec une expression confuse et puis il rit à nouveau.

— Ça ne m'a pas du tout dérangé, vraiment !

Comme si j'allais le croire. Je regarde la personne qui se tient encore là en riant un peu.

— Qu'est-ce qui est si drôle de toute façon ?

— Toi.

— Quoi, moi ?

Je ne comprends toujours pas où il veut en venir quand Phun secoue la tête et attrape d'autres citrons. Il les coupe pendant qu'il parle.

— Tu es exactement comme moi cette nuit-là.

— Quelle nuit ?

— Dans le taxi, tu te souviens ? Hé, hé, hé, répond-il en riant à nouveau.

Tu n'es pas d'humeur si joyeuse ? Fais attention, sinon tu vas te couper la main avec ce couteau.

Je suis lentement le train de ses pensées et je laisse échapper un petit "oh". Je ne peux pas m'empêcher de rire de moi-même. Phun se tourne vers moi et lève un sourcil car il sait ce qui se passe dans ma tête. Je suis exactement comme Phun ce soir-là, quand il n'a pas cessé de me présenter ses excuses dans le taxi.

Je pense que je le comprends mieux maintenant et je suis sûr qu'il me comprend beaucoup mieux aussi.

Pour nous deux... peu importe avec qui l'autre doit rester dans le monde réel, nous nous contentons de passer notre vie dans un petit monde qui n'appartient qu'à Phun et moi... tant que nous sommes l'un à côté de l'autre.

Je souris à moi-même avant de tressaillir parce que je me souviens de quelque chose.

J'ai presque complètement oublié quelque chose d'important. L'autre jour, j'avais décidé de parler de Aim à Phun, alors j'ai téléchargé le clip sur mon téléphone, mais je n'ai pas eu le courage de le lui dire. J'ai presque oublié. Le téléphone que j'ai dans ma poche me rappelle les souvenirs que je souhaite désespérément oublier.

Comment puis-je dire à Phun quelque chose qui va le dévaster au plus haut point ? Ou peut-être que je ne devrais pas le lui dire ? Mais je ne pense pas que je puisse supporter de le voir se faire ridiculiser encore et encore.

— Phun…

Mes lèvres bougent plus vite que mes pensées. Le simple fait de me rappeler que la personne qui se tient devant moi se fait berner par cette femme me donne soudain envie de lui révéler la vérité. Phun se retourne pour me regarder avec curiosité. Mais pour l'instant, je ne trouve pas les mots. Je n'ai jamais été comme ça avant.

— Euh...

— Y a-t-il un problème ?

Ces yeux perçants et les sourires qu'il m'a toujours offerts ne font que renforcer ma peur. Comment je peux être celui qui lui fera du mal ?

Je reste immobile un instant avant de commencer à dire quelque chose.

— ... Je pense que nous avons assez de citrons verts. Apportons-les avant que les gars commencent à se plaindre.

Au final, j'ai coupé court à notre conversation. Je me laisse glisser du comptoir et je me dirige vers la sortie de la cuisine. Je laisse les choses continuer comme elles étaient. Et bien que je sache ce qui se passe, je ne suis pas assez courageux pour l'arrêter.

Je ne suis pas assez fort pour détruire les sourires de Phun...


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:14



36.2ème Chaos
Le problème arrive
— Putain, les gars ! Vous êtes partis depuis longtemps. Je croyais que vous étiez déjà partis en douce au Santika Pub, s’exclame bruyamment Ohm au moment où nous revenons avec un énorme tas de citrons verts.

Il est assis près de la marmite, il attend. Il semble qu'il ait échangé sa place avec Khom, Ken et Rodkheng, qui jouent maintenant avec la console. C'est une façon d'être sensible aux factures de services publics. Et putain, qui a allumé la climatisation ?! Avez-vous au moins demandé la permission ?!

— Bon sang, si vous allumez la climatisation, vous feriez mieux de fumer dehors ou ma mère va râler.

— Ouais, on sait déjà ça. Dong et Per sont déjà dehors pour une pause cigarette, répond Palm en faisant de la place pour que Phun et moi puissions nous asseoir.

Keng s'éloigne pour nous faire de la place aussi, puis il commence à parler.

— Alors, comment es-tu arrivé ici, Phun ? Est-ce que Noh t'a appelé et t'a dit de venir ?

Putain Keng. Qu'est-ce que ça veut dire ?! Phun rit avant de me passer un bol et la louche.

— Nan, ma famille m'a chassé et m'a dit que je ne pouvais pas dormir chez eux cette nuit.

La réponse de Phun est assez ambiguë et je suis confus.

— Pourquoi ? Tu t'es disputé avec ton père ? demandé-je, bien que je doute que ce soit la raison.

Phun secoue rapidement la tête.

— Non, non. Je n'ai eu de dispute avec personne.

— Hein ? Alors qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Je ne le comprends toujours pas. S'il ne s'est pas disputé avec un membre de sa famille alors pourquoi a-t-il été chassé ? Mon visage porte sans doute un énorme point d'interrogation, mes amis finissent par m'aider à mettre les légumes et la viande dans mon bol juste pour que je me taise.

— Phun ne veut pas nous le dire, alors pourquoi tu continues à demander ? Remplis-toi la bouche et arrête d'être aussi curieux. Phun ! Pas besoin d'être timide ! Mange tout ce que tu veux ! Fais comme chez toi !

Ce satané Phong ! C'est ma maison ! Je lui jette un regard énervé avant de regarder Phun qui rit de bon cœur et qui me regarde en souriant.

C'est booooooon. Peu importe. Fais comme chez toi !

Je suis assis là, l'air aigri avec une des baguettes dans la bouche. J'utilise l'autre pour chercher des aliments bien précis dans la marmite. Très vite, on me passe un verre rempli de liquide ambré. Je ne prends qu'une seule gorgée et je dois engueuler la personne qui a mélangé la boisson.

— Putain, mec ! C'est trop fort ! Quel gaspillage d'alcool !

C'est forcément Dong qui a fait ça. Je me retourne pour lui crier dessus mais il continue à manger et ne fait attention à personne.

— Ne sois pas si radin. On a une tonne d'alcool. On a de la bière et la vodka que Khom a apportée aussi. J'ai juste peur que vous ne les finissiez pas. En plus, je suis trop paresseux pour les ramener chez moi.

C'est merveilleux. Tu peux nettoyer le vomi, Dong. Imbécile.

Je me résigne à son raisonnement et je pense que je devrais me concentrer sur la casserole avant de rater la nourriture. C'est un vrai bordel. Il y a à peu près tout ce qu'une personne peut vouloir. Beaucoup de viande, très peu de légumes. Tout à l'heure, Ohm a essayé de mettre de la viande de porc là-dedans parce qu'il disait qu'il voulait en manger. C'est vrai ? Heureusement, Knott a pu l'arrêter à temps, car il s'inquiétait du bien-être des autres. Tu es un héros, Knott.

Peu après, le reste des gars est revenu nous rejoindre. Ceux qui ont disparu pour jouer aux jeux vidéo et ceux qui sont sortis fumer. Le cercle s'est agrandi par rapport à la petite marmite, alors on a fini par se battre pour la nourriture. Mais c'était assez amusant. Heureusement, j'ai un incroyable secrétaire du conseil des étudiants qui s'est avéré habile dans presque tous les domaines pour m'aider. Quand je lui disais que je voulais manger quelque chose en particulier, il était capable de le trouver dans la marmite à chaque fois. Comment se fait-il que je ne les trouve pas quand je les cherche, je me le demande. Peut-être que ça a un rapport avec la magie noire, qui sait ?

On était très bruyants, on parlait et riait ensemble. Même Phun, qui n'est pas vraiment proche de mes amis, avait laissé tomber les honoraires et s'était mis à parler de manière informelle à ses nouveaux compagnons de beuverie. Je suppose que c'est vrai ce qu'on dit sur le fait que l'alcool crée des amitiés partout dans le monde. Je ris aux éclats en voyant Knott et Per être forcés de boire puisqu'ils ont eu le culot de se joindre aux seniors et de boire avec nous. Pauvres enfants, vous êtes vraiment morts. Per est d'habitude assez jaune et pâle, mais maintenant il est encore plus pâle. (À quel point est-il ivre ? Bon sang.) Quant à Knott, son visage devient de plus en plus rouge. Ouais, ces deux-là ne vont pas s'en sortir vivants. Hahaha.

Pendant que tout le monde s'amuse, je remarque que Phun continue à me servir sans arrêt du tofu de poisson de la marmite dans mon bol. Il y en a tellement que je dois lui dire de ralentir.

— Hé, ça suffit. Tu vas me faire sortir ma merde en forme de rectangle.

C'est une raison sensée, n'est-ce pas ? Phun rit avant de se concentrer sur le fait de manger dans son propre bol. Il était temps. Tu as passé bien trop de temps à mettre tout ça dans mon bol.

— De toute façon, qui t'a viré de chez toi ?

Je ne peux pas m'empêcher de lui demander car je suis très curieux. Je me dis que c'est le moment idéal pour lui demander puisque l'attention de tout le monde est ailleurs. Je me dis que Phun s'était peut-être vraiment disputé avec sa famille et qu'il était trop gêné pour en parler plus tôt.

Cependant, il me lance quelques ricanements avant de continuer à manger, l'air assez détendu.

— Pang t'a vu avec Yuri hier.

Oh, meeerde.

— Putain de merde ! Et maintenant ? Alors elle sait ?

— Elle sait quoi ? demande Phun en levant les sourcils comme s'il avait oublié ce que nous avons fait à Nong Pang.

J'ai du mal à trouver mes mots.

— Elle sait qu'il n'y a rien entre toi et... moi.

C'est étrange de dire ça. C'est encore pire maintenant que Phun me regarde. Ses yeux scintillent comme s'il voulait se moquer de moi à propos de quelque chose.

— Oh ? Il n'y a rien ?

Et voilà. Je le savais. J'adopte une expression nerveuse.

— Enculé, ne joue pas au plus malin avec moi. Alors, qu'est-ce qu'elle a dit ?

Allez, prends ça au sérieux ! Phun secoue la tête et sourit. Il continue à manger comme s'il n'était pas vraiment concerné par tout ça.

— Pas grand-chose. Elle a supposé que nous nous étions disputés, alors elle m'a chassé de la maison et m'a dit de me réconcilier avec toi. Sinon, je n'ai pas le droit de revenir à la maison. Au début, j'avais peur que tu me chasses aussi. Mais je me suis senti mieux quand je suis arrivé ici. Merci de m'avoir prévenu pour la fête.

— Personne ne m'en a parlé non plus, mec. Et même s'il n'y avait pas eu de fête, je ne t'aurais pas chassé. Pourquoi tu étais si inquiet alors que tu ne m'as jamais chassé ? demandé-je en lui tapotant le dos plusieurs fois.

Je vois Phun afficher un sourire satisfait pendant un moment. Mais avant que nous puissions poursuivre notre conversation, nous sommes interrompus par la voix retentissante d'Ohm.

— Yo, yo, yo ! Jouons au Jeu de la Vérité ! dit-il en agitant une bouteille de soda en l'air.

Nous jouons habituellement à ce jeu quand nous buvons. Cependant, je sais très bien quelles sont les véritables intentions d'Ohm pour en parler ce soir. Alors maintenant, je commence à réfléchir à un moyen de m'en sortir.

— Ouais, ouais ! Venez vous asseoir en cercle !

Le reste des gars accepte de se joindre à lui en se rapprochant. Même Phun, qui ne sait pas vraiment ce qui se passe, se joint à tout le monde. Je vois qu'Ohm a l'air très content de lui.

— Ok, nous devons d'abord expliquer les règles puisque de nouveaux membres nous ont rejoints, et c'est Phun, Per, et Nong Knott.

Les trois types dont les noms ont été mentionnés hochent la tête. Pendant ce temps, je fixe Ohm intensément car je sais ce qu'il prépare.

— On va faire tourner cette bouteille de soda juste ici au milieu du cercle. On posera une question à celui qu'elle désignera quand elle s'arrêtera et il devra y répondre, d'accord ?

— Bon sang, Phi ! C'est tout et n'importe quoi ?

Per en fait tout un plat. Il n'a rien appris ? Tu seras encore plus une cible. Tu es stupide ou tu es stupide ? Ohm a toujours l'air content de lui.

— C'est cool, tu peux rentrer chez toi si tu ne veux pas jouer.

— Pas question. D'accord, je jouerai s'il le faut.

Le gamin accepte de se joindre à eux après de petites protestations. Je peux déjà dire qui sera la première victime. On penserait qu'Ohm place innocemment la bouteille pour désigner quelqu'un à la façon dont il la fait tourner. Comment se fait-il qu'il soit si doué pour ce genre de choses mais pas pour d'autres ?

Sans surprise, la bouteille tourne et s'arrête à Per.

— C'est toi. C'est ce qui arrive quand on fait des histoires.

Je lui mets la pression dès que j'en vois l'occasion. Ses petits yeux s'ouvrent en grand, (aussi grand qu'il peut les forcer à l'être) ce que je trouve hilarant. Hahaha.

Ohm prend une seconde pour réfléchir à une question. Il propose une question piège pour Per, par laquelle il commence le tour.

— Avec combien de filles du lycée privé as-tu déjà couché ? Tu ne peux pas dire que tu ne l'as pas fait parce que je sais que tu l'as fait.

Whoa ! Je sais que Per est un sacré tombeur, mais je ne savais pas qu'il était si doué. Per est pris par surprise et son visage le montre.

— Quoi ?! Jamais !

— Tu verras si tu mens.

Oh-oh. Je ne sais pas ce que c'est, mais personne ne peut mentir à Ohm quand il profère une telle menace. Je regarde Per déglutir et se tourner pour regarder Knott comme s'il implorait de l'aide. Mais personne ne peut plus t'aider maintenant. Désolé, mec.

Lorsqu'il réalise qu'il n'y a pas d'issue, il secoue la tête et accepte son sort. Puis il commence à compter en utilisant ses doigts. Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Ce putain de gamin !

— Seulement les filles du lycée privé, c'est ça ?

— Oui, seulement les filles du lycée privé.

— Tous les lycées privés ?

— Tu es encore plus salaud que je ne le pensais, l’insulte Ohm. Ouais, tous les lycées privés ! Merde !

Per hoche la tête et continue de compter avec ses doigts.

— ...quatre. Attends, cinq ! Cinq filles, Phi…, répondit-il, mais alors Knott lui donne des coups de coude à plusieurs reprises.

— Six. J'ai compté.

Yo ! Pour de vrai, mec ?!

Per fixe le visage de Knott avec un peu de confusion avant qu'il ne commence à discuter.

— J'en ai compté cinq.

Cependant, Knott ne lâche pas prise.

— Vous voulez compter ensemble alors ? Alors ils commencent à nommer lentement les noms, un par un.

— Bow, Phi Ammy, Mimi, Pink, Nong Dem... et qui d'autre ?

— Je savais que tu oublierais Phi Ning.

— Oh oui ! Ning aussi ! Ok, donc ça fait six. Six filles, Phi.

Les deux gars se mettent d'accord avant de se confesser faiblement. Tout le monde les frappe par irritation.

— Il vaut mieux que tu utilises des protections !

Ces gamins me donnent mal à la tête.

Après avoir forcé Per à me donner sa parole, il est temps de faire une nouvelle victime. Je n'ai même pas vu Ohm la tourner avant qu'elle n'atterrisse devant Phun... qui est assis à côté de moi.

— Phun…

J'appelle son nom et il sursaute. Il me fixe pendant un moment et puis il rend le regard de Ohm.

— Alors ?

Vous savez ce qu'on dit, la meilleure défense c'est une bonne attaque !

Ohm fait un signe de tête au sourire de Phun. Il a un regard malicieux sur son visage, puis il enchaîne avec la question.

— Ce que tu as crié ce jour-là... tu étais sérieux ?

Ce connard ! Putain de merde !

Je panique et fixe immédiatement Phun. Je suis incapable de contrôler mes expressions. Mais il semble que Phun ne comprenne pas la question.

— Crier quoi ? demande-t-il.

— Devant le bâtiment F, l'autre jour. Tu ferais mieux de ne pas dire que tu ne te souviens pas ou tu vas voir.

À en juger par son expression, il semble que Phun ne se souvenait pas au début, mais une fois qu'il a croisé le regard d'Ohm, il se souvient de tout. Il se retourne même pour me regarder. (Je n'ai rien à voir avec ça !) Naturellement, je fais semblant d'être ignorant et je mange dans mon bol comme si je n'avais absolument aucune idée de ce qui se passe. Désolé, mais je dois quitter le navire.

— Eh bien ? Tu étais sérieux ?

Ohm répète sa question. Je ne regarde pas le visage de Phun, donc je ne sais pas quel genre d'expression il fait. Phun répond à la question de Ohm très clairement avec sa voix grave.

— Je l'étais.

— Yo, yo, yo ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Vous ne pouvez pas garder ça entre vous ! crie Palm alors que tous les autres sont encore perplexes.

Je pousse un soupir de soulagement car il semble que personne d'autre ne soit au courant. Je suppose qu'Om peut en fait garder les choses pour lui.

Ohm ne répond pas aux questions des gars. Il sourit simplement et tapote légèrement l'épaule de Phun.

— Super. Et tu es prêt à l'admettre en plus. Tu as mon soutien. Fighting(1), mec.

Bon, ce n'est probablement pas le moment de ressentir un quelconque soulagement. Je doute fort que je serais épargné à cause des regards bizarres qu'Ohm me lance maintenant.. Je peux deviner qui sera la prochaine victime.

Et juste au moment où il va commencer à faire tourner la bouteille...

— Oh ! Je dois aller chier ! Je reviens tout de suite ! m’écrié-je en sautant de mon siège, sans laisser à Ohm la chance de faire tourner la bouteille.

Heh heh heh. J'utilise souvent cette excuse alors ce n'est pas trop étrange pour lui de me rattraper.

— Tu ne peux pas y aller ! Reste pour ce tour d'abord !

— Je ne peux pas me retenir ! Je vais me chier dessus ! Je dois y aller !

Je provoque du bruit et je pars à toute vitesse, en direction des toilettes. Ah, bien ! Je serai en sécurité pendant au moins quinze minutes. Je peux faire semblant d'avoir la diarrhée ou je devrais peut-être faire une sieste ?

Une fois arrivé dans le bunker sécurisé, je pousse la porte avant de fermer le couvercle des toilettes et de m'asseoir pour faire une sieste. Lorsque ma tête touche le mur, je ressens immédiatement une étrange somnolence qui me submerge. Je suppose que c'est lié à la quantité d'alcool que j'ai consommée auparavant.

Je peux encore entendre les gars faire beaucoup de bruit de temps en temps. Ma curiosité prend le dessus. Je ressens un soupçon de regret, car je ne peux plus apprendre les secrets des autres. (Cela semble terrible, n'est-ce pas ? Haha) La règle de ce jeu est que vous ne pouvez jamais parler de ce que vous apprenez en dehors du cercle. Donc la chance pour moi de les découvrir est à peu près nulle. Cela m'ennuie un peu, mais je suppose que c'est mieux que d'être là et de permettre à Ohm de m'interroger.

C'est ce que je me dis en appuyant ma tête contre le mur, me sentant de plus en plus endormi. Pendant que je suis à ce moment entre l'éveil et le sommeil, je laisse échapper un grand sourire quand je pense à la réponse de Phun. C'est le genre de sourire que l'on ne peut pas effacer de son visage, même si l'on s'efforce de le faire. Heh heh. Même si je n'ai pas pu voir son visage - et je ne veux pas avoir une trop haute opinion de moi-même - je peux deviner quel genre d'expression il avait. Phun est toujours comme ça. Quoi qu'il arrive, il est fidèle à ses propres sentiments. Contrairement à moi. Parfois, je m'enfuis comme un idiot. Comme ce que je suis en train de faire en ce moment, par exemple.

Un certain temps s'est écoulé depuis que je suis entré dans la salle de bains (j'ai même fait une sieste complète). Je vérifie ma montre et j'apprends que cela fait plus de quarante-cinq minutes (et je commence à avoir du mal à respirer ici). Je me dis donc que c'est assez de temps pour qu'ils aient terminé ce jeu stupide et je fais ma sortie.

Grincement.

— Merde, ce salaud sort enfin de là ! Je t'aurai la prochaine fois !

Je me fais crier dessus au moment où je sors la tête. Hahaha. C'est ce que je pensais. J'entre, détendu, pendant que les gars prennent des shots de vodka.

— Tu ne m'auras jamais. Alors qu'est-ce qui s'est passé ? Je veux savoir.

Clac !

C'est le prix à payer pour quelqu'un qui veut être curieux mais qui refuse de prendre des risques. Aïe, ça fait mal. Keng frappe trop fort. Je me frotte tout de suite la tête.

— Tu t'es enfui et tu oses demander ? Personne ne lui dit rien.

On dirait que c'est lui qui a révélé des secrets. Heh heh heh. C'est bien. Je vais piéger Nong Knott pour qu'il me raconte ça une autre fois. Ce gamin est tellement naïf. Je le sais très bien. Heh heh heh.

J'accepte un verre de Dong et je remarque que nous sommes moins nombreux maintenant. Je regarde autour de moi et je découvre que Phun n'est pas là.

— Où est parti Phun ?

Je me renseigne rapidement sur le mec qui a disparu.

— Il s'est énervé contre toi et est rentré chez lui.

Putain, Rodkeng, je demandais gentiment, pas besoin de faire le malin avec moi. Je l'insulte en retour.

— Connard ! Il est monté pour aller aux toilettes ?

Comme je dormais dans la salle de bain du bas, je suppose qu'il est peut-être en haut. Les gars haussent les épaules à la place.

— Non, pour de vrai. Il est rentré chez lui. Il s'est excusé tout à coup et est parti.

Dong, qui est assis derrière une bouteille de vodka, me donne une réponse . Bien sûr, cela me laisse perplexe.

— Mais putain, qu'est-ce qui se passe ? Il aurait pu dire au revoir au propriétaire de la maison d'abord.

Je me plains avant de prendre un shot. Merde, c'est beaucoup trop salé. C'est le sel ou les sales mains de quelqu'un ?

Khom me tend la main pour prendre le verre vide avant de le passer à Phong, qui est le barman de la soirée. Le siège à côté de moi, où Phun était assis, est maintenant occupé par Nong Knott qui a l'air d'avoir bu beaucoup trop d'alcool à cause des seniors qui le font boire. Je regarde son visage rouge et je trouve cela assez drôle. Puis, je remarque que mon téléphone portable est tombé derrière lui.

— Oh, c'est mon téléphone.

Pas étonnant que je ne l'ai pas trouvé quand j'étais aux toilettes. Je ne pouvais jouer à aucun jeu et il ne me restait plus que la possibilité de faire une sieste.

Knott jette un coup d'œil à mon iPhone et me fait quelques signes de tête.

— Oh, d'accord. Phi Ohm a montré une vidéo du moment où vous remplissiez la Mercedez du directeur avec du riz collant à Phi Phun.

— C'est un peu trop risqué, non ? C'est le secrétaire du conseil des étudiants, tu sais. S'il en parle au directeur, je vais me faire virer comme l'a fait Golf.

Je me retourne pour engueuler Ohm avant de réaliser quelque chose.

— Hé, comment tu lui as montré ? Tu as regardé dans le téléphone pour lui ?!

Ohm lève les yeux du citron vert pressé dans sa main pour répondre à ma question.

— Nan, je lui ai dit de la trouver lui-même. Je ne sais pas comment utiliser ton téléphone.

Mes mains se refroidissent instantanément, même si le climatiseur refroidit à peine la pièce.

— Il a dit quelque chose ?

Ohm prend une seconde pour réfléchir avant de répondre.

— Je suppose que j'ai mal jugé son sens de l'humour. Je pensais qu'il trouverait ça drôle mais il avait une expression vide sur le visage, puis il s'est excusé.

— Je parie qu'il est parti pour prévenir le directeur, ajoute Khom et il rit avec les autres.

Je commence lentement à réaliser ce qui s'est passé.

— Oh, merde... murmuré-je pour moi-même très doucement et seul Nong Knott peut entendre.

— Qu'est-ce qui se passe, Phi Noh ?

Je n'ai plus la force de faire quoi que ce soit, encore moins de lui donner une réponse. Je me lève rapidement de mon siège et j'ignore tous mes amis surpris.

— Je reviens tout de suite !

Mon esprit est déjà devant la porte d'entrée de Phun avant même que je puisse démarrer mon scooter.

Notes :
1/ Courage en coréen

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:14



37ème Chaos
Laissez-les au hasard
Il est un peu plus de minuit quand j'arrive au manoir des Phumipat. Je gare mon scooter devant le portail en aluminium qui est fermé et je n'ai aucune idée de la façon dont je vais pouvoir entrer. Devant moi se trouve une immense maison couverte par l'obscurité. Il n'y a qu'une seule fenêtre encore éclairée. Je la trouve et je la connais très bien.

Je reste debout sur place à fixer la fenêtre de Phun. Puis je laisse échapper un long soupir car je ne sais même pas ce que le propriétaire de cette fenêtre ressent en ce moment. Est-il en état de choc après ce qu'il a vu ? Ou est-il furieux contre moi pour l'avoir laissé découvrir la vérité de la pire façon possible ?

— Putain d'idiot…

Je me maudis en tapant sur le guidon de mon scooter, en me sentant énervé. Je n'aurais pas dû laisser les choses se passer comme ça. Si seulement j'avais eu le courage de le dire à Phun moi-même, il ne se serait probablement pas senti aussi malheureux. Au moins, il aurait su que je serais là pour lui.

Au lieu de cela, je l'ai laissé découvrir tout seul et il a été forcé de fuir comme s'il n'avait personne près de lui.

Je regarde la fenêtre qui est encore éclairée. Je me sens en conflit parce que je veux désespérément entrer et tout lui expliquer. Mais en même temps, j'ai trop peur de sonner à la porte. Je prie pour que Phun me voit debout ici, l'air anxieux, mais il semble qu'il n'ait pas du tout l'intention de s'approcher de la fenêtre.

Cet iPhone dérangeant pèse une tonne dans la poche de mon pantalon, comme s'il me suppliait de l'utiliser pour se racheter. J'hésite un instant avant de le saisir et de passer l'appel.



♫ C'est déjà merveilleux que l'on soit amis

Même si on ne peut qu'être à proximité

Cette personne ne s'en plaindra sûrement pas

C'est impossible que tu sois tombé amoureux d'elle en premier

Je continue à devoir tout cacher

Pour que tu ne puisses pas le voir dans mes yeux ♫



Phun utilise toujours la même sonnerie d'appel qu'avant. (Sauf que maintenant je sais de quelle chanson il s'agit grâce à Ngoi qui l'écoutait dans la salle de club l'autre jour). Contrairement à la dernière fois, j'écoute cette chanson qui se répète encore et encore à plusieurs reprises. À ce stade, il semble peu probable qu'il réponde à l'appel.

Je continue d'appeler encore et encore sans m'en rendre compte. Je sais combien ça peut être chiant d'avoir des gens qui vous appellent sans arrêt quand vous n'êtes pas d'humeur à parler. Mais je ne veux vraiment pas que Phun se trompe toute la nuit sur cette situation.

La sonnerie continue de retentir dans mon oreille jusqu'à ce que je lance un coup d'œil pour voir l'ombre du propriétaire de la chambre près de la fenêtre. Phun se tient là et me regarde, puis mon téléphone me signale que j'ai reçu un SMS.



S'il te plaît, laisse-moi seul un moment. Je t'appellerai plus tard.

Expéditeur : Phun, Conseil des étudiants.



Alors, il n'y a rien d'autre que je puisse faire... à part lui donner l'espace qu'il demande ?



C'est samedi et je me réveille avec une énorme gueule de bois car je me suis vraiment saoulé en rentrant à la maison la nuit dernière. Je ne me suis même pas soucié de savoir à quel point j'étais épuisé. Mes fichus amis m'adorent parce qu'ils n'ont pas arrêté de me resservir constamment. Et même après que nous ayons vidé une bouteille de vodka et une caisse de bière, ils ont décidé qu'ils n'en avaient pas assez et ont pris le scooter pour acheter une bouteille de whisky pour la mélanger avec des Red Bulls, du sirop sucré et du soda pour créer un cocktail d'enfer. Au final, Knott et Per n'ont pas pu suivre le rythme. Ils ont vomi et se sont évanouis sur le sol. Keng, Dong, Khom et Rodkeng ont dormi sur le canapé qui se trouve devant la télévision. Palm, Phong, Em, Ken et moi étions tous emmêlés et avons dormi sur le tapis devant le canapé. Quant à Ohm ?

Il avait encore assez d'énergie pour monter à l'étage et dormir confortablement dans ma chambre. Ce salaud !

Je me réveille en sursaut quand j'entends le tintement des bouteilles d'alcool pendant que Phi Im et Phi Ann font le ménage. (Ni l'une ni l'autre ne dorment à la maison. Elles viennent ici le matin et repartent le soir). Je me lève et gratte mon dos nu puisque j'ai enlevé ma chemise la nuit dernière après avoir eu l'impression de brûler. Je me suis pratiquement évanoui en ne portant rien d'autre qu'un boxer, comme tous les autres gars ici.

— Alors où est Nong Ohm, Nong Noh ? murmure Phi Im en allant droit au but.

Heh heh heh. Tu veux juste voir le torse couleur miel de Ohm, n'est-ce pas ? Continue de rêver, Phi Im ! Ohm savait probablement que ça pourrait arriver puisqu'il a monté son cul jusqu'à ma chambre la nuit dernière.

Je cligne rapidement des yeux pour chasser ma somnolence. J'ai finalement l'impression de retrouver mes forces. La première chose que je cherche, c'est mon téléphone portable.

L'iPhone n'est pas trop loin de ma portée et je le prends. Tout a l'air normal. Il n'y a rien de différent du tout. Pas même un seul appel manqué de Phun.

C'est comme si je n'allais plus jamais retrouver le sourire.

— Tu aurais pu me réveiller aussi, salaud, marmonne Em, à moitié endormi. Je suppose que je bougeais trop et que je l'ai réveillé.

Il s'étire un peu et sa main frappe la jambe de Khom qui se réveille aussi. Khom frotte ses yeux et son coude heurte Rodkeng qui émerge à son tour. Cela se transforme en un effet domino et tout le monde est maintenant réveillé, sauf une personne qui a dormi toute seule à l'étage.

— Je vais aller réveiller Ohm.

Je me porte volontaire puis je me lève lentement. Je monte les escaliers en me grattant la tête. Je traîne les pieds dans un état second avant d'arriver enfin devant ma chambre. La porte est fermée et je sens aussi l'air frais du climatiseur.

Ce n'était pas suffisant de dormir dans un lit confortable, tu as aussi allumé la climatisation, connard !

Je fronce les sourcils avant de pousser la porte avec force.

— Putain, Ohm ! Lève-toi tout de suite, putain ! Tu pue l'alcool et tu as le culot de dormir dans mon lit ?! Lève-toi et enlève le drap de lit aussi ! Espèce de connard ! Réveille-toi, putain !

Il doit être sourd s'il est incapable d'entendre tous les cris. Je ne sais pas s'il a vraiment des problèmes d'audition ou s'il fait juste le malin avec moi puisque plus je suis bruyant, plus il se couvre la tête avec l'oreiller.

Je me précipite et je retire l'oreiller.

— Réveille-toi ! Ou je dois faire venir Nong Mick pour te réveiller ?

Oh, ça a marché. La dernière phrase était à peine audible mais il m'a entendu. Il me fait un doigt d'honneur en guise de réponse.

— Crétin.

Pas autant que toi !

Ohm se gratte la poitrine et le bras pendant un certain temps avant de finalement accepter de s'asseoir sur le lit. Je secoue la tête devant le type apparemment pas encore vraiment réveillé, puis je m'approche pour prendre quelques serviettes dans le placard.

— Tiens. Prends une douche. Tu veux la prendre dans ma chambre ? Je pense que les gars vont utiliser la salle de bain du bas, demandé-je en entrant dans la salle de bain et en laissant la porte ouverte.

J'enlève mon caleçon, puis j'allume la douche de façon à ce que l'eau coule dans la baignoire. J'entends du bruit derrière moi, ce qui me fait savoir qu'Ohm suit le mouvement.

— Bonne idée. Je me sens sale.

Il se plaint pendant qu'il se déshabille. Puis il m'arrache la pomme de douche et s'asperge le dos avant de me donner un ordre.

— Tu peux me frotter le dos ? C'est tout croûté et tout ça.

C'est quoi ce bordel ?! Je n'ai pas l'énergie pour ça ! Je refuse rapidement.

— J'ai trop une putain de flemme.

Cependant, il ne m'écoute pas. Il me tire pour s'asseoir dans la baignoire avant de se retourner comme s'il me disait que je dois la frotter quand même. Salaud.

— Je ferai le tien après, propose-t-il.

Peu importe, on s'en fout. Je suis tout collant et un gommage, ça sonne bien. Je secoue la tête puis je verse de l'eau sur son dos. Je vais lui frotter le dos lentement, en utilisant beaucoup de force.

Ohm et moi sommes amis depuis notre enfance. Lui et moi étions dans la même classe en CE1 et, malheureusement, nous avons dû nous asseoir l'un à côté de l'autre. Notre malchance ne s'est pas arrêtée là car le père d'Ohm était le professeur de mon professeur de piano et il a fini par prendre des leçons avec moi. (Pourquoi n'as-tu pas demandé à ton père de te donner des cours ?!) C'est pour cette raison que lui et moi sommes devenus proches depuis. Nos familles sont proches aussi. Chaque fois que papa et maman voyagent quelque part, ils ramènent toujours quelque chose pour le Dr Whaen. (Le père d'Ohm.)

Ce n'est vraiment pas inhabituel pour nous de prendre des douches ensemble. En fait, je peux prendre une douche avec n'importe qui parce que je ne suis vraiment pas timide, (En fait, je suis assez confiant. Heh heh heh) surtout avec Ohm. Nous avons grandi en prenant ensemble des douches à poil depuis que nous sommes enfants (parfois, la leçon se terminait tard, alors il passait la nuit chez moi quand le Dr Whaen n'était pas là). Prendre un bain avec lui, c'est un peu comme prendre un bain avec un canard en caoutchouc. Cela ne me dérange pas et lui non plus.

On est très proches, si proches que je pensais qu'il n'y avait rien que je ne savais pas à son sujet. Pourtant...

— Tu sors avec Nong Mick ?

Je l'ai appris par hasard et ça m'a totalement pris au dépourvu. Je n'ai pas été surpris qu'Ohm le fréquente, mais plutôt que je ne sois pas au courant. Ohm laisse échapper un long soupir.

— Non, il ne se passe rien.

Mais je ne le crois pas vraiment.

— Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? Ça me blesse, tu sais.

Je suis franc avec lui parce que c'est vraiment ce que je ressens. Ohm se retourne pour me regarder pendant un moment, puis il pousse un autre soupir et me tourne le dos.

— Il n'y a vraiment rien entre lui et moi. Et entre Phun et toi ? Tu crois vraiment que je ne suis pas au courant de ce qui se passe ?

Comment ça se fait que les projecteurs soient soudainement braqués sur moi ?

Je pousse un soupir encore plus fort qu'Ohm.

— Phun et moi... sommes amis.

En ce moment, il semble être un peu irrité par cette situation.

— Tu ne veux pas l'admettre, hein ? Tourne-toi. C'est ton tour, mon dos commence à me faire mal.

Naturellement, je respecte volontiers son ordre.

Nous échangeons nos places et un certain temps s'écoule avant qu'Ohm ne se remette à parler.

— Tu ne me vois plus comme un ami, n'est-ce pas ?

Merde, s'il pense comme ça, alors je dois demander un temps mort pour pouvoir le frapper à la tête.

— Connard, si tu redis ça, je te frappe au visage.

Il utilise davantage de force pour me frotter le dos et ça commence à piquer.

— Moi aussi, je veux te casser la gueule. J'ai eu la politesse de ne pas te le demander. J'attendais que tu me le dises de toi-même, mais tu ne l'as jamais fait. Tu sais, je ne peux pas m'empêcher de penser que tu ne me fais plus confiance.

Je le remets rapidement à sa place.

— Hé, ce n'est pas comme ça ! Je ne sais pas quoi te dire. Notre relation est... compliquée. Je ne sais pas comment m'y prendre.

Je fais de mon mieux pour lui expliquer, mais je ne trouve pas les mots. Je commence à tapoter l'eau qui atteint ma taille avec mes mains. Ohm secoue la tête.

— Oublie ça. Mais vous vous en sortez bien, non ? demande-t-il et je souris, parce qu'Ohm est toujours comme ça.

Il dit peut-être de la merde par moments (pas vraiment par moments, plutôt tout le temps), mais il tient beaucoup à moi, au point que si on me demandait mis à part mes parents, qui est la personne qui tient le plus à moi, je n'hésiterais même pas avant de donner ma réponse.

— Je suppose...

Ohm continue de parler.

— Alors, pourquoi Phun était-il en colère contre toi hier soir ? J'ai remarqué qu'il agissait bizarrement. Tu as baisé quelqu'un et filmé avec ton téléphone ?

Ce salaud doit être un médium. Il a presque raison, même si ce n'est qu'une supposition.

Je prends de l'eau dans ma main et la verse sur mes genoux avec précaution.

— Je ne peux pas vraiment te parler de ça, mec. Ce n'est pas à propos de moi. Désolé.

Je tends la main pour lui tapoter plusieurs fois le bras qui me frotte encore le dos. Ohm me tapote l'épaule en retour.

— Bon, prends soin de toi. Tu peux me parler de tout. Je ne peux probablement pas beaucoup t'aider puisque je n'ai jamais vécu ce genre de choses auparavant. Mais quand il s'agit d'être curieux - je veux dire, de prêter attention à une ou deux choses, je peux toujours le faire.

Ha, il révèle son vrai lui. Je veux me retourner et le frapper, mais je n'en ai pas eu envie.

Je devrais plutôt revenir à ce que je lui demandais. Heh heh heh.

— Et toi et Nong Mick ? Alors ? Tu vas me le dire ou pas ?

Ne crois pas que j'oublierai juste parce que tu as arrêté d'en parler ! Ohm se moque de moi.

— Laisse-moi prendre quelques notes de vous deux d'abord, puis on en parlera après, dit-il avant de prendre la pomme de douche et de me rincer le dos au lieu de me laisser une autre occasion de l'interroger.

J'aurais dû savoir que ce connard en profiterait comme ça. Toujours !



Le temps que nous prenions tous les douze une douche, que nous nous habillons et que nous nous battions pour le petit déjeuner que Phi Im et Phi Ann nous avaient préparé, l'après-midi était déjà bien avancé. Les gars sont habillés avec leur uniforme, un short bleu avec des chaussures en cuir et tout, ils sortent de la maison tout en faisant leurs adieux à Phi Im et Phi Ann. Ils promettent également de revenir et de détruire la maison chaque fois que papa et maman ne seront pas là. (Vous êtes tous une bande de salauds !)

Je vais avec eux jusqu'à la rue principale pour les raccompagner et m'assurer qu'ils prennent chacun un taxi. Finalement, Ohm est le dernier à partir. Avant de partir, il se retourne et me tapote le dos plusieurs fois pour me soutenir. En retour, je lui fais un grand sourire.

Le taxi d'Ohm a quitté mon champ de vision depuis longtemps, mais je suis toujours là, me sentant soudain trop flemmard pour rentrer chez moi. Je regarde ma montre et découvre qu'il est maintenant plus de 15 heures. Je décide donc de héler un taxi et de me rendre à la Villa pour faire quelques courses et remplacer tous les en-cas que ces types ont mis dans leur estomac sans aucune pitié.

C'est samedi, donc les routes sont pratiquement vides. Il n'a fallu que peu de temps au taxi pour arriver à l'avenue J depuis chez moi. (Le compteur n'est même pas arrivé à 40 bahts(1). Après avoir payé le chauffeur, je me dirige vers l'intérieur du supermarché pour m'éloigner du soleil. Je viens souvent ici pour acheter toutes sortes de snacks. Je suis à peine entré que mon téléphone portable sonne de façon assourdissante.

♫ Je salue notre hôte ! Je vous souhaite beaucoup d'argent. Je vous souhaite beaucoup d'or. Gloire à notre hôte ! ♫

Phun ?!

C'est le prénom qui me vient à l'esprit quand j'entends mon téléphone sonner fort dans la poche de mon pantalon. Je m'empresse de le saisir pour découvrir que la photo et le numéro à l'écran appartiennent à...

Yuri.

Je soupire en appuyant faiblement sur la touche de réponse comme quelqu'un qui n'a pas d'énergie.

— Quoi de neuf ?

— Tu viens de te réveiller, Noh ? Pourquoi tu as l'air si fatigué ?

Je suppose que je rends trop évident que je ne suis pas d'humeur à parler avec elle. Je secoue rapidement la tête pour m'empêcher de déplacer mon agacement sur Yuri.

— Non, non. Je suis debout depuis longtemps maintenant. Je suis à la Villa, répond-je pendant que je pousse un caddie, en regardant divers snacks.

La voix de Yuri continue à résonner joyeusement de l'autre côté de la ligne.

— Tu as des projets pour demain ? Allons voir un film ensemble ? S'il te plaît ? S'il te plaît ?

Nous y revoilà. Yuri recommence avec toutes ses demandes. On ne vient pas d'aller faire du shopping ensemble, de toute façon ? Je souris avec lassitude au téléphone qui émet une aura implorante. Mais cette fois-ci, je n'ai vraiment pas envie de faire quoi que ce soit.

— Je suis un peu fatigué. J’aimerais bien rester à la maison et rattraper mon retard de sommeil. Pourquoi pas un autre jour ?

Mon refus à ses demandes semble probablement assez sérieux pour qu'elle arrête de me supplier.

Elle marmonne une réponse pour me remercier, comme si elle en savait assez pour ne pas continuer à me harceler.

— Je vois… c'est bon. Tu devrais te reposer. Alors, tu faisais quoi ? Pourquoi tu es fatigué ?

Je ne pense pas que lui dire que je me suis saoulé soit une bonne idée.

Alors que j'essaie de trouver une excuse, j'entends la voix joyeuse d'une fille tout près.

— Phi Noh !

Je manque de laisser le téléphone me glisser des mains quand je remarque la petite silhouette de Nong Pang qui se tient juste devant moi.

Notes :
1/ 40 Bath ≈ 1,05€

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:15



38ème Chaos
Je souhaite
— Phi Noh !

Je tressaille de toutes mes forces quand j'entends Nong Pang, qui est en train de choisir des snacks, crier mon nom. Je ne me souviens plus depuis combien de temps nous ne nous sommes pas vus. Mais ce n'est vraiment pas le bon moment pour se croiser comme ça.

— Yuri, je dois y aller, d'accord ? Bye.

Je raccroche rapidement. Mes lèvres essaient de bouger pour dire quelque chose à Nong Pang. Elle se tient là avec un large sourire sur le visage. Mais avant que je ne puisse commencer une conversation amicale, la voix d'une tierce personne se fait entendre.

— Pang ? Les sodas sont là-bas. Quel genre tu préfères ? Je ne sais pas lequel choisir.

Je ne sais pas si je dois me sentir heureux ou pas quand je vois que Phun est maintenant devant moi.

Nous nous dévisageons pendant un moment. Je remarque que ses yeux sont écarquillés car il est un peu surpris, mais ensuite il se force à me sourire.

— Oh...Noh.

— Oh… salut. Qu'est-ce que vous faites ici ?

Voilà une question vraiment stupide à poser. Ils sont dans un supermarché, donc ce n'est pas comme s'ils faisaient de l'agriculture ou autre chose. Je me maudis dans ma tête.

Cependant, Nong Pang n'est pas du genre à être désagréable, je le sais. Elle me fait un grand sourire avant de se mettre à côté de moi.

— On achète des ingrédients pour faire des cookies. Phi Noh, tu devrais venir les goûter ! S'il te plaît ? S'il te plaît ?

Apparemment, l'esprit de Yuri a pris possession de son corps et elle commence à me supplier.

Je ne sais pas quoi lui dire. Je continue à regarder la jeune fille à côté de moi, puis je passe à Phun et je reviens vers elle. Je ne sais pas trop comment lui répondre.

Au final, Phun écourte notre conversation.

— Pang, Phi Noh est probablement occupé. Ne le dérangeons pas.

Il gronde sa sœur et me regarde avec un soupir. Je sais que Phun ne comprend pas encore la situation. Je sais aussi qu'il ne veut pas non plus que je vienne chez lui en ce moment. Mais si c'est le cas, comment allons-nous résoudre ce malentendu ?

— Je suis libre. Je t'aiderai pour la dégustation, d'accord ?

Je le devance et j'accepte l'invitation aussitôt. Nong Pang saute de joie mais je ne sais pas comment Phun réagi car je ne suis pas assez courageux pour lever les yeux et lui faire face.

Je suis resté silencieux pendant tout le trajet en taxi. La voix vive de Nong Pang fait de temps en temps de petites conversations avec Phun et moi. Néanmoins, aucun de nous deux ne dit un mot. Une fois arrivé à la grande porte, Phun rentre rapidement dans la maison avec tous les sacs de courses et ne remarque pas ce que fait sa jeune sœur. Elle se retourne pour me regarder en me faisant un clin d'œil.

— Vous vous êtes disputées, hein ?

Je suppose que nous avons été si silencieux que c'est évident pour Nong Pang. Je lui fais un sourire sec.

— N-Non, on ne se dispute pas.

— Mensonges ! Vous devriez parler tous les deux et je vais vous faire quelque chose de délicieux, dit-elle avant de s'enfuir dans la cuisine en me laissant là, confus.

Peu après, Phun revient.

— Euh ? Où est Pang ?

— Elle a dit qu'elle allait nous faire quelque chose de délicieux.

— Je vois. Tu veux regarder la télé ? demande-t-il en me conduisant dans le salon. Quelqu'un d'autre regardait probablement l'énorme télévision puisqu'elle est déjà allumée et réglée sur HBO. Je regarde l'expression vide de Phun alors qu'il zappe les chaînes sans même me regarder. Je soupire, puis je commence à parler.

— Phun…

— Qu'est-ce qu'il y a... ?

Cela peut sembler être une réponse normale, mais je sais qu'il se sent mal au fond de lui.

— Je suis désolé... que tu l'aie découvert de cette façon.

— …

Seuls les sons de Cartoon Network rompent le silence entre nous deux. Je retiens presque mon souffle en attendant d'entendre sa réponse parce que j'ai l'impression d'avoir déjà dit ce que je voulais lui dire. Le reste dépend de lui maintenant.

Son visage pointu a maintenant l'air un peu sombre. Les deux lèvres orange clair de Phun sont serrées l'une contre l'autre comme s'il réfléchissait à quelque chose.

— Tu... ne savais pas comment me le dire, n'est-ce pas... ? demande Phun doucement comme s'il était complètement épuisé.

Je prends note de son attitude et ça me déchire de l'intérieur. Je voulais tout faire pour lui pour qu'il soit heureux, mais c'est moi qui suis responsable de son état actuel.

Les yeux de Phun sont fermés. C'est comme s'il ne voulait plus rien savoir d'autre.

— Tu... ne m'as pas caché ça intentionnellement, n'est-ce pas... ?

La façon dont il dit cela ressemble plus à un vœu qu'à une question. Je me rapproche de son corps figé. Il semble si fragile. Je place doucement ma main sur le dos de la sienne.

— Phun... Je suis désolé. Honnêtement, je ne savais pas comment te le dire... parce que je ne voulais pas te voir comme ça…

Je lui serre la main un peu plus fort. Je le regarde utiliser son autre main pour tenir sa tête tout en expirant faiblement.

Je le sens dans sa main tremblante et dans ses yeux qui sont encore fermés. Malgré le fait que je ne puisse pas les voir, je comprends la bataille féroce qui se déroule en lui.

— Quelqu'un d'autre à part toi est au courant ? murmure Phun et je secoue la tête même si je sais qu'il ne regarde même pas.

— Je l'ai appris par Golf. Je n'en ai jamais parlé à quiconque.

— Je ne veux pas que les gens la regardent mal.

Malgré la souffrance qu'elle lui a infligé, Phun tient toujours à cette femme. Je me rends compte que c'est le genre de personne qu'est Phun. Une fois qu'il commence à s'occuper d'une personne, il s'en soucie toujours. Son visage se déforme un peu avant qu'il ne se force à parler.

— Et je ne veux pas non plus que tu sois triste de me voir comme ça… dit-il alors qu'il retire sa main de ma prise afin de pouvoir tenir la mienne à la place en continuant à parler de sa voix grave. … est-ce-que tu es en colère que je sois triste de ce qui se passe avec Aim ?

Je me doutais qu'il penserait cela. Je savais que Phun aurait peur de ma peine en apprenant à quel point il tient à Aim. Il se trompe, car ce n'est pas le moment d'être jaloux ou de s'énerver pour quelque chose de futile. Au contraire, il me décevrait s'il ne ressentait rien du tout à propos de ce qui s'est passé.

J'aime Phun parce qu'il est toujours sincère avec tout le monde et parce qu'il se soucie toujours du bien-être des autres. Si Phun était une personne égoïste qui n'apprécie que son propre bonheur, alors je ne voudrais pas avoir affaire à lui.

J'utilise ma main libre pour serrer celle qui tient déjà la mienne.

— Écoute-moi, Phun...

Il tourne son beau visage pour me regarder dans les yeux, et je continue à parler.

— Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ? Si tu devais faire face à quelque chose comme ça et ne rien ressentir, je me sentirais très mal. Je suis heureux d'avoir rencontré une bonne personne comme toi. Et je suis encore une fois désolé de ne pas t'en avoir parlé au départ et de t'avoir laissé tout découvrir comme ça par toi-même…

Plus je parle, plus je me sens mal. Je me déteste tellement que je n'ai même pas le courage de regarder Phun dans les yeux. Je me rends à peine compte que Phun secoue la tête.

— Je comprends... merci de t'inquiéter pour moi. Depuis combien de temps as-tu découvert ça ?

— Depuis le... tournoi de football.

— Il y a un certain temps alors... dit-il avec un petit rire mais je sais bien qu'il n'est pas d'humeur à plaisanter.

Je jette un coup d'œil à son visage tourmenté, plein de tristesse. Puis Phun me dit autre chose.

— J'ai juste besoin de temps, Noh. Je te ferai savoir quand je serai prêt…

Voir les larmes de Phun couler sur son visage me tue.



C'est lundi et je suis à l'école. J'ai rapidement laissé mon cartable à mon bureau, j'ai dit bonjour à Ohm et au reste des gars comme d'habitude, puis je me suis faufilé dehors pour passer un coup de fil.

J'appelle Golf parce qu'il y a quelque chose d'important que je dois lui faire savoir. Si vous me demandez pourquoi je ne l'ai pas appelé depuis dimanche, c'est parce que le dimanche est un jour de famille pour Golf. Je sais, ça semble vraiment étrange, n'est-ce pas ? Mais c'est vrai. Il a l'air d'être une personne terrible, mais il est très attaché à sa famille. Si quelqu'un devait l'appeler et l'inviter quelque part un dimanche, il le maudirait. De plus, il prend rarement un appel le dimanche de toute façon. Tout le monde sait qu'on ne peut que lui envoyer des SMS le dimanche.

Mais c'est important et cela ne peut pas se faire par SMS, alors j'ai attendu jusqu'au lundi pour le lui dire.



♫ Donne moi quelque chose en quoi croire.

Car je ne crois plus en toi, en toi

Je me demande même si ça ferait une différence d'essayer

Ouais, c'est donc un "au revoir”. ♫



— Quoi de neuf, mon pooooote ? Où est-ce qu'on va boire ? Allons-y.

La sonnerie de Golf est presque passée au nouveau couplet quand il répond à l'appel. Je voulais me plaindre du temps qu'il met à décrocher, mais je pense que j'ai une autre raison de lui crier dessus.

— Très drôle. Tout le monde était là vendredi et tu étais où, bordel ? crié-je sur lui en me disant que s'il avait été là, les choses n'auraient pas aussi mal tourné.

Il me répond sur un ton désagréable.

— J'étais trop occupé à baiser - je veux dire à traîner avec une nana. Je veux dire que j'étais trop occupé à baiser avec une fille. Ai-je manqué quelque chose de génial ?

— Ouais... complètement génial, dis-je en expirant fort.

Golf capte ça.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Phun a découvert pour Aim.

— Yooo ! Tu lui as dit ?! Tu aurais pu me dire que tu allais lui en parler !

Naturellement, Golf fait beaucoup de bruit de l'autre côté de la ligne. Je n'ai pas le temps d'être agacé par ses propos car je suis trop préoccupé par ce que j'ai à faire en ce moment.

— Je ne lui ai pas dit...

— Alors comment il l'a découvert ?

— Il a vu la vidéo sur mon téléphone... par accident...

— …

A ce stade, nous sommes tous les deux silencieux. Je peux dire ce qu'il a en tête.

— C'était la pire des façons possible. Mais je ne dis pas que c'est de ta faute, tu ne voulais probablement pas que ça arrive.

Ah non ? Tu es sûr ? Je regarde mon téléphone en me sentant un peu agacé avant de pousser un long soupir.

— Bien sûr que non. J'étais mort de trouille quand il l'a découvert, mais on a déjà parlé. Il a dit qu'il avait besoin d'un peu de temps.

Tout comme moi, Golf laisse échapper un gros soupir.

— D'accord. Fais-moi savoir quand il est prêt, je t'aiderai de toutes les façons possibles.

— Merci, mec. Et merci au nom de Phun aussi.

— C'est bon, c'est bon. On se connaît. Et si c'est ton ami, alors c'est mon ami aussi.

Je suis profondément touché par sa réponse. Je me mets à sourire même s'il ne me voit pas. Je me sens très chanceux d'être entouré de tant de bons amis comme lui.

— Je t'aime, mec.



C'est l'heure du déjeuner et la cafétéria est bondée. En fait, je n'ai pas beaucoup de temps libre aujourd'hui car j'ai un tas de courses à faire. Je prends contact avec différents départements car j'ai besoin de leur aide pour organiser le concours qui aura lieu dans quelques jours.

Je cours jusqu'à l'endroit où les boissons sont vendues, car je me suis dit que je n'aurais pas le temps de manger étant donné ma situation actuelle. J'ai encore une tonne de personnes à qui je dois parler. Nous organisons l'événement dans le gymnase cette année, donc les choses sont un peu mouvementées. La personne qui s'occupe du gymnase est (vraiment) mauvaise.

— Ma tante, je vais... prendre une bouteille de Splash.

Je vais juste faire semblant d'être Nichkhun(1) pour la journée. Je commande mon habituel et tragique repas pendant que je jette un coup d'œil à la cafétéria. La gentille dame essaie d'ouvrir la bouteille pour moi.

Je repère une grande silhouette qui se promène pas très loin de là où je suis, bien que son beau visage n'ait pas le moindre soupçon de sourire. J'ouvre la bouche pour crier son nom, mais je pense à mieux que ça. (Ça me ferait mal à la gorge.)

— Ma tante, je vais aussi prendre une brique d'Ovomaltine.

J'ajoute autre chose à ma commande et je suis un fardeau pour la pauvre dame qui retourne lentement ouvrir le réfrigérateur.

Je me propulse vers Nong Mick (le petit ami d'Ohm) une fois que j'ai reçu tout ce que j'avais commandé. Il est assis avec ses amis et déjeune à proximité.

— Hé, Mick !

— O-oui...Phi Noh ?

Nong Mick est comme un garçon qui est constamment en état de panique. Je l'ai remarqué à plusieurs reprises maintenant. Chaque fois que quelqu'un crie son nom très fort, il sursaute violemment. Parfois, nous aimons bien l'embêter en faisant ça. (Film nous crie car Mick est son gamin préféré).

— Je peux t'emprunter un stylo et un post-it ?

— Bien sûr, répond-il en fouillant dans son sac, le matériel qu'il a sur lui. (Je suppose qu'il vient de changer de salle de classe.)

Je n'ai qu'à attendre un court instant avant qu'il me tende un stylo bleu et un Post-it rose fluo.

Est-ce une bonne idée ?

— Tu n'as pas une couleur différente, Miiiick ?gémis-je.

Si Film était dans le coin, il m'aurait engueulé parce que Nong Mick est déjà gentil de faire ça, mais je suis grincheux. (Mince, je ne peux pas le toucher du tout, n'est-ce pas ?)

Cependant, Nong Mick secoue rapidement la tête.

— Je n'en ai pas, Phi Noh. En fait, j'ai volé ça à ma grande sœur.

C'est vrai, s'il les avait achetés lui-même, ça aurait été trop mignon (d'une manière bizarre) de sa part. En tout cas, la couleur n'a pas d'importance au final. J'accepte les Post-it et j'en arrache un. Ensuite, je griffonne rapidement quelque chose dessus.

— Merci beaucoup, Mick ! Je vais faire en sorte que tu passes plus de temps seul avec Ohm ! Heh heh !

Je n'attends pas d'entendre ses explications (ils le nient toujours tous les deux) et je me dépêche de sortir avant que ma cible ne disparaisse.

Phun et un groupe de ses camarades de classe se promènent devant la cafétéria, non loin de l'endroit où je me trouve. Je suppose qu'ils ont déjà fini de manger et sont sur le point de se rendre dans leur classe. En réalisant cela, j'accélère le pas pour passer devant le secrétaire du conseil des étudiants tout en lui enfonçant la brique d'Ovomaltine dans les mains. (Une scène qui ressemble à un trafic de drogue).



Smile Où est ton sourire, mec ? Smile



C'est ce que j'ai écrit sur le post-it et que j'ai collé sur la brique d'Ovomaltine. Mais je ne me suis pas retourné pour voir si Phun avait souri juste comme le disait le post-it parce que je suis trop gêné. Je ne sais pas si ses amis m'ont vu ou non. Je me suis trop concentré pour retourner au bâtiment F et me diriger vers la salle du club.

Bip bip.

Mon téléphone me dit que j'ai reçu un SMS, alors j'y jette un coup d'œil.



Merci.

Je souris maintenant. =]

Expéditeur : Phun Cons. Etudiant.



Son émoticône souriant me fait faire un large sourire, comme celui d'un malade mental.

Je n'espère pas que Phun puisse se remettre rapidement de toutes les choses horribles qui sont arrivées.

Je souhaite seulement que Phun puisse sourire... et être heureux avec les choses qui lui restent. C'est tout.

— Je suis là pour toi.

Notes :
1/ Acteur, chanteur, mannequin sino-thaï.

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:15



39ème Chaos
Avec ces deux bras
Depuis ce jour, j'essaie de retrouver le sourire de Phun malgré mon emploi du temps chargé. Je le vois généralement le matin près du bureau principal, l'air occupé et avec un air morose. Mais quel que soit mon empressement (dû au retard), je n'ai jamais oublié de lui faire un sourire et de saluer le secrétaire du conseil des étudiants avec son air maussade. Ces derniers temps, on peut le voir porter en permanence un tas de dossiers et de documents avec lui. Et chaque fois qu'il me remarque, son expression se transforme en un sourire éclatant. Je crois que faire un sourire sincère à quelqu'un est contagieux. Quand vous souriez à quelqu'un, je crois vraiment que l'autre partie se sentira mieux et sourira immédiatement avec vous.

Je n'ai pas évoqué ce qui s'est passé après que Phun et moi avons eu notre conversation ce jour-là chez lui. Je me suis dit qu'il n'y avait aucune raison de lui rappeler ces sentiments atroces. Je ne sais même pas s'il a fait quelque chose pour y remédier ou pas du tout. Je respecte toujours les décisions qu'il prend. S'il préfère tout oublier et faire comme si rien ne s'était passé, je suis prêt à le faire aussi. Ou, s'il y a un jour où Phun est prêt à affronter la vérité, alors je suis aussi prêt... à le soutenir. Tout ce qu'il a à faire, c'est de demander.

Un après midi, j'ai été obligé de courir à plusieurs reprises pour soumettre des formulaires officiels pour mon club au bureau de la direction. Ma montre m'indiquait qu'il était près de 17 heures, mais je faisais toujours des allers et retours entre le bâtiment F et le bâtiment administratif car les formulaires de demande que j'avais tapés et imprimés étaient apparemment tous incorrects. Bon sang ! J'étais tellement sûr que j'avais soigneusement examiné tout cela !

Alors maintenant, je traîne des pieds pour retourner au bâtiment d'administration depuis le bâtiment F pour la cinquième fois. Je suis de très mauvaise humeur et je n'arrête pas de penser que si celui-ci ne passe pas, je vais l'envoyer au diable. (Cependant, j'ai Art qui continue de me calmer et qui me rappelle que si je ne m'occupe pas de ça aujourd'hui, alors nous n'aurons pas le temps de soumettre les formulaires de demande des sponsors). Peu importe, je vais continuer à tolérer cette situation jusqu'à ce que tout soit terminé. De toute façon, le professeur reste déjà tard pour m'aider à faire ce travail.

Je marche en marmonnant tout seul car je n'arrête pas de merder avec ce formulaire et ça me met de mauvaise humeur. Je suis trop distrait pour remarquer une grande silhouette qui court vers moi. Nous sommes si proches que nos épaules se touchent.

— Qu'est-ce qui se passe ? Quelqu'un a pissé dans tes céréales ou quelque chose comme ça ?

La grande silhouette s'avère être Phun qui me pose ces questions avec un sourire. Je me tourne pour le regarder et je soupire avant de lui montrer le formulaire en le soulevant au niveau de ses yeux.

— Bordel, qu'est-ce que c'est que ça ? demande-t-il en fronçant les sourcils avant de lire les mots à haute voix.. Demande d'assistance pour l'événement LIVE CONTEST par le club de musique... ? Il n'est pas trop tard pour soumettre une demande de sponsors maintenant ?

Donc il ne fait que mettre du sel sur mes plaies parce que nous savons déjà combien on est en retard sur ce sujet. J'expire avant de répondre à sa question.

— Si ça passe avant la fin de la journée, alors on sera dans les temps. Mais si je ne termine pas ça bientôt, alors on sera baisés. Oh, c'est vrai. Est-ce que l'école a débloqué les 20k pour mon club ? Est-ce que tes économies ont subi un gros coup ? demandé-je car je suis inquiet puisque je me souviens qui a aidé à payer les factures de mon club à la fin (même si c'est Earn qui m'a aidé au début).

Phun me fait un sourire, l'air détendu.

— Je pense qu'ils me donneront l'argent après-demain. Et mes économies se portent très bien. J'ai un peu d'argent de côté.

C'est vrai, j'avais oublié que tu es sacrément riche. Dès que j'en vois l'occasion, je lui fais un sourire malicieux.

— Oh, si tu as autant d'argent, alors peut-être que tu devrais être sponsor pour l'événement. Je pourrais utiliser environ 30k ou 40k, heh heh. Aïe !

Je n'aurais rien dû dire. Pourquoi ai-je invité Phun à me frapper la tête en disant ça ?!

Je me frotte la tête et lui fais un doigt d'honneur tout en ayant l'air ennuyé.

— Tu ne me donnes pas l'argent et tu m'agresses physiquement aussi ? Quel connard. Bref, tu ne dois pas aller quelque part ?

Après avoir simulé une blessure, je me mets à siffler en marchant. Je suis soudain de meilleure humeur après avoir vu le visage de Phun. Je ne sais pas non plus pourquoi j'étais d'humeur si amère, mais maintenant je me sens bien, juste comme ça. Phun sourit en marchant à côté de moi.

— Non, j'ai fini mon travail plus tôt que je ne le pensais, dit-il en haussant les sourcils comme s'il voulait se moquer de moi.

Bien sûr, mon club fonctionne vraiment au ralenti. Tout le monde ne peut pas être aussi compétent que vous, M. le secrétaire du conseil des étudiants !

Juste au moment où je suis sur le point de l’insulter, nous arrivons au bureau de l'administrateur. (Il a de la chance.) Je pointe son visage du doigt pour lui faire savoir qu'il n'est pas encore tiré d'affaires avant de pousser la porte et d'entrer à l'intérieur. Mlle Pornratt est assise là et m'attend toujours pour m'aider à traiter le formulaire.

Phun me suit à l'intérieur et attend avec moi. Mon cœur bat la chamade. Je me demande s'il va passer cette fois-ci. Je transpire à grosses gouttes même si la climatisation fonctionne à plein régime dans le bureau. Je regarde le visage de Mlle Pornratt. Je ne suis pas d'humeur à refaire ça pour la sixième fois.

— Oh...Napat.

Miss Pornratt avait appelé mon prénom cinq fois maintenant et à chaque fois de mauvaises nouvelles suivaient.

— Oui ? répond-je avec mon cœur qui palpite dans ma poitrine.

J'espère que je n'aurai pas à faire face à d'autres mauvaises nouvelles. Mlle Pornratt retourne le formulaire puis le plie en deux.

— La date n'est pas centrée quand on la plie, Napat. Je préfèrerais ne pas dire ces mots, mais... Pouvez-vous soumettre un nouveau formulaire ?

— Arghhh, Misss ! Je suis tellement fatigué…

Je commence à pleurnicher comme un petit enfant mais elle secoue simplement la tête avec lassitude.

— Eh bien... je me sens mal pour vous. Mais même si je laisse passer cela, ce formulaire sera inévitablement retourné. Vous devrez donc revenir et réparer cette erreur. Où est Paramet, d'ailleurs ? Comment se fait-il qu'il ne le fasse pas comme d'habitude ?

Elle pose des questions sur Met, qui est le rédacteur en chef de mon club. Malheureusement, il est à l'hôpital avec la dengue en ce moment. (Nous sommes allés le voir hier.) Je suis donc coincé avec toute la paperasse et je ne suis pas très au fait de ce genre de choses.

Mais peu importe, je le corrigerai au besoin ! J'ai fait tout ce chemin, je dois aller jusqu'au bout ! J'accepte le formulaire que Miss Pornratt me rend en vain.

— Oh, il est malade. Alors, y a-t-il autre chose que je dois arranger ? Je vais m'occuper de tout en même temps.

Elle a un sourire sur le visage. Elle commence à dire quelque chose à Phun, qui se tient toujours derrière moi.

— Phun, vous voulez bien aider Napat ? Il semble avoir de vrais problèmes pour ça. Vous êtes doué dans ce domaine, alors si ça ne vous dérange pas, vous pouvez aider votre ami ?

Hein ? Je me tourne pour regarder le beau gosse qui a une expression perplexe sur le visage. Il lui fait un signe de tête.

— Oui, m'dame.

Nous quittons le bureau tous les deux et je commence à taquiner Phun avec un sourire.

— Ohhh, j'avais déjà quelqu'un qui aurait pu m'aider, pourquoi je me rendais fou à essayer de faire ça tout seul ? Zut.

Phun se met tout de suite à rire.



— Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu n'avais personne pour t'aider ? Si je l'avais su, je t'aurais aidé. Sérieusement, même si elle ne l'avait pas demandé, je l'aurais fait quand même.

Eh bien, n'es-tu pas un gars tellement gentil ? Je fronce les sourcils et fais comme si je n'avais pas besoin de son aide (même si en fait j'en ai désespérément besoin), alors il me frappe deux fois la tête.

Vu que le secrétaire du conseil des étudiants m'a aidé cette fois-ci, tout me semble beaucoup plus simple, en une fraction de seconde ! Il se trouve que j'avais beaucoup de choses à corriger, au point que Phun a décidé de repartir de zéro. Il a sorti ses lunettes de la poche de sa chemise et a tapé sur le clavier pendant que je jouais avec le Rubik's Cube. (D'autres membres s'exerçaient dans l'autre pièce.) Finalement, j'ai entendu le son de l'imprimante qui fonctionnait et Phun qui disait quelque chose.

— Je te laisserai me botter le cul si tu dois revenir ici et le refaire.

Hmph, parfois il me tape sur les nerfs. Ça ne me dérangerait pas de revenir ici une fois de plus, juste pour pouvoir frapper ce Monsieur Je-sais-tout.

Mais en fin de compte, je n'ai pas eu l'occasion de lui botter le cul puisque tout s'est passé exactement comme il l'a dit. Le formulaire est parfait. Mlle Pornratt me fait un sourire comme si elle voulait me féliciter d'avoir une si grande aide. Cependant, le responsable de cette situation m'ennuie encore, alors je lui donne discrètement un coup de pied au tibia. Hé hé.

Après avoir surmonté la difficulté de soumettre ledit formulaire, on a continué à traîner dans le nouveau bâtiment jusqu'à la tombée de la nuit parce que je devais faxer d'autres documents et finir un tas de choses. Comme notre club avait déjà contacté la plupart des entreprises, il ne me restait plus qu'à soumettre le document. Il est presque 20 heures, alors j'ai transmis les documents à toutes les entreprises qui étaient en mesure de le recevoir, au lieu de perdre du temps et d'attendre le lendemain matin. Certaines de ces entreprises appartiennent à la famille des membres du club, je leur ai donc demandé de transmettre le document nécessaire à leurs parents au lieu de devoir payer les frais de fax.

Finalement, ma montre m'indique qu'il est maintenant 21 heures passées et je me dis qu'il est temps d'arrêter de travailler et de quitter l'école. Je me tourne vers Phun, qui m'attend toujours alors que j'ai passé plusieurs appels à différents endroits, en lisant un des livres que nous avons dans la salle du club (ils sont tous liés à la musique cependant). Il ne m'a pas pressé une seule fois.

— Tu as faim, Phun ? Je suis désolé, j'ai perdu la notion du temps.

Je dépose les papiers que j'ai en main et je lui demande. Après tout, nous n'avons pas encore eu l'occasion de manger et il est déjà passé 21 heures. Phun ferme un énorme livre avant de me regarder avec un sourire.

— Et moi qui pensais que tu allais me laisser mourir de faim.

Ahhh, je suis désolééééééééé

Je m'excuse rapidement avant de tout ranger et je me dis que je vais enfin pouvoir rentrer chez moi !

Phun a insisté pour me raccompagner chez moi, même si je lui ai dit qu'il devrait rentrer directement chez lui au lieu de perdre du temps. (Il commençait à se faire tard.) Mais il a fait pression et n'a pas cessé de me dire "non". Il m'a même dit que nous ne vivons pas très loin l'un de l'autre et qu'il n'y aurait donc aucun problème. Bien. Continue à être un tel gentleman. Je n'en pouvais plus. À la fin, j'étais trop fatigué pour me disputer avec lui, alors je l'ai laissé faire ce qu'il voulait et je lui ai permis de me raccompagner.

Lorsque nous arrivons dans ma rue, je pense soudain à comment le remercier en lui offrant un repas, puisqu'il m'a aidé à remplir le formulaire, m'a tenu compagnie jusqu'à très tard et sans parler du fait qu'il m'a accompagné jusqu'à chez moi.

— Allons chercher quelque chose à manger.

Je l'invite après avoir dit au chauffeur de taxi de nous déposer au carrefour plutôt que chez moi. Phun a une expression de soulagement sur le visage avant de parler.

— Je pensais que tu ne le proposerais jamais.

Hein ? Tu attendais que je propose ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit alors ?!

Je marche avec lui jusqu'à Ekamai Road et nous nous rendons dans un restaurant de poulet grillé bondé. En fait, je n'ai jamais essayé cet endroit auparavant. C'est juste à côté de la rue et manger en respirant les gaz d'échappement des voitures peut être marrant, alors je décide d'essayer.

Nous nous faufilons tous les deux à l'intérieur du restaurant avant que Phun ne commence à commander une longue liste de plats.

— Nous prendrons... une salade de papaye thaïlandaise avec des œufs de canard salés, une portion de poulet grillé, le saumon en sauce de poisson, une soupe chaude et épicée avec des côtes de porc, une portion de bœuf grillé, une portion de foie gras, le bar au citron et deux portions de riz collant, s'il vous plaît. Oh, et une tournée de Pepsi aussi.

Bon Dieu, tu essaies de me détruire ?! Je le regarde avec les yeux écarquillés en vérifiant à la hâte mon portefeuille.

— Est-ce que je vais pouvoir payer pour tout ça ?! Tu as commandé comme si on avait 3000 bahts de bons cadeaux !

— Hein ? C'est toi qui offre ? Je n'en avais aucune idée, alors laisse-moi en commander plus, dit-il en souriant tout en agitant la main comme s'il voulait commander plus.

Je l'attrape rapidement et le frappe à la tête.

— Ça suffit. Après ça, je vais finir sur la paille.

Je me plains juste au moment où le serveur revient avec nos boissons pour étancher notre soif. J'entends le rire profond de Phun et il me fait un sourire en coin.

— Je peux payer pour ça, bon sang. Tu veux autre chose ?

Il a le culot de demander alors qu'il a déjà commandé tant de plats que je doute qu'on puisse les finir tous. Je secoue la tête. J'ai hâte que tout ce qu'il avait commandé arrive. (Moi aussi, je suis affamé.)

On peut entendre la musique venant d'un pub voisin pendant que nous attendons tous les deux la nourriture. Cela rend l'atmosphère plus détendue. Très vite, les différents plats que Phun a commandés commencent à arriver à notre table, à commencer par la salade de papaye aux œufs de canard salés, le poulet grillé et le saumon en sauce.

— Tiens, essaie celui-là. C'est délicieux. Pang et moi l'avons déjà essayé auparavant.

Le secrétaire du conseil des étudiants me le dit pendant qu'il met un poulet grillé dans mon assiette. Je vois, donc il est déjà venu ici. Pas étonnant qu'il m'ait surpris en commandant tous ces plats sans même faire une petite pause. En fait, au lieu de l'emmener dîner, c'est lui qui m'a emmené.

— Hé, hé. Ça suffit. Prends-en un peu pour toi.

Il ne faut pas longtemps pour que mon assiette se remplisse de nourriture, surtout quand le bar arrive à notre table et que Phun est occupé à s'assurer que j'en ai dans mon assiette. Bonjour, c'est Noh ! Pas nong Pang !

— Oh, d'accord. Mange. J'ai remarqué que tu as été très occupé ces derniers temps, alors tu dois garder ton énergie, dit-il en ajoutant un autre morceau de bœuf dans mon assiette avant de commencer à manger dans sa propre assiette.

Je ne peux pas m'empêcher de lui secouer la tête.

— Et toi ? Comment se passe la répétition du groupe ? Je ne vous ai pas du tout vu répéter en fait, avez-vous même des entraînements de groupe ?

Phun laisse échapper un rire narquois.

— Attends juste et tu verras. Tu vas avoir une grosse surprise.

Quel genre de surprise ? Mais je n'ai pas l'occasion de lui demander puisqu'il met un œuf de canard salé dans mon assiette. Tu essaies de me faire grossir pour pouvoir me vendre plus tard ?!

On n'a pas mis très longtemps à finir toute la nourriture. Il est difficile de croire que cette table était auparavant remplie de nombreux plats assortis au point que nous pensions ne pas pouvoir tous les finir. Je place mes couverts ensemble, puis je prends un verre pour finir la dernière gorgée de soupe chaude et épicée. Je suis plein et j'ai l'impression que je peux à peine me lever.

— Tu es rassasié ? Tu veux commander autre chose ?

Phun continue à retirer les arêtes du poisson en toute tranquillité. Il me propose même d'en commander plus. Tu peux continuer à manger si tu veux, mais je n'en peux plus ! Au revoir !

— Je ne peux plus manger, je suis plein à craquer.

— Tu manges si peu.

Ce mec. Je regarde son beau visage et il fait une expression moqueuse, alors je lui fais un doigt d'honneur.

Quelques instants plus tard, Phun se charge du reste de la nourriture devant nous. Il commande même des châtaignes à la crème de noix de coco pour le dessert. Je le regarde avec étonnement car Phun est tellement mince que je me demande où il met toute cette nourriture. C'est probablement un des secrets de l'univers, car peu importe à quel point je le regarde, cet abruti est en forme dans chaque centimètre de son corps.

— On rentre à pied ? Considère ça comme un moyen de digérer le repas, dit Phun après qu'on se soit disputé pour savoir qui allait payer le dîner, ce dont je suis sorti victorieux.

(Il voulait vraiment payer, mais j'ai insisté pour le faire parce qu'il m'a beaucoup aidé aujourd'hui). On est d'accord pour rentrer à pied tous les deux puisque de toute façon, on n'est pas trop loin de chez moi. C'est un bon moyen de brûler ces calories. Je fais un signe de tête à Phun avant de quitter le restaurant avec lui tout en me tapotant le ventre.

Mais alors, mon regard s'arrête sur ce qui se passe de l'autre côté de la rue.

J'aurais dû savoir qu'il ne fallait pas amener Phun à se promener sur Ekamai Road alors qu'il est presque 23 heures.

— Hé, Noh. Il y a une tonne de pubs par ici. Et qu'est-ce que c'est là-bas ?

C'est le moment où jamais de s'intéresser à quelque chose ! Je tressaille immédiatement avant de me précipiter pour lui couper la route afin qu'il ne puisse pas regarder de ce côté.

— Où ? Oh, si tu continues dans cette direction, tu verras le Curve. Mais c'est sacrément cher. Mais si tu continues à marcher, il y a un endroit où tu peux essayer de fumer du narguilé. Tu veux essayer ?

J'essaie de le distraire pour qu'il ne fasse attention qu'à ce côté de la rue. Phun semble être d'accord avec mon idée et on finit par tourner au coin de la rue et se diriger vers le bas de la rue.

Et nous y serions arrivés si cette foutue voiture n'avait pas fait exploser la musique si fort que tout le monde dans la rue s'est retourné pour la regarder.

Au milieu d'une musique inintelligible jouée sans aucune considération, Phun se retourne et fixe quelque chose, et ce n'est pas la voiture. Il est immobile car il est témoin de ce que je ne voulais pas qu'il voit.

Aim porte une robe à bretelles spaghetti et montre sa peau lisse et lumineuse. Elle se tient devant le JET, situé sur la rue en face de nous, avec un type. Je suis les yeux de Phun et je remarque que le type a son bras autour d'elle.

À ce moment précis, je cesse de me soucier de ce que fait Aim, de ce qu'elle fait ou même du danger que cela pourrait représenter pour elle lorsque je vois ce que cela provoque chez la personne qui se trouve à côté de moi. Il n'y a même plus un soupçon de sourire sur son visage, alors que j'ai passé tellement de temps à essayer de faire en sorte que ses sourires reviennent. Je ne peux plus rester sans rien faire.

J'utilise mes deux bras pour tirer Phun afin qu'il ne regarde que moi.

Son corps semble léger et je peux le tourner avec facilité, même si je n'utilise presque pas de force. Je regarde son visage effilé, incapable de deviner ce qu'il peut ressentir à l'intérieur. Je le tire et le serre très fort, en ignorant les gens autour de moi qui pourraient nous regarder tous les deux. Je sais seulement que je dois empêcher Phun de voir ces images, l'empêcher de penser à ces choses et le débarrasser de la douleur. Je veux qu'il ouvre les yeux et qu'il ne regarde que moi, la personne qui se soucie de lui et qui sera toujours à ses côtés.

— Phun... ne regarde pas là-bas…

C'est étrange que ce soit moi qui pleure. Je ne sais pas quand mes larmes ont commencé à couler. Je ne réalise même pas que je pleure. Tout ce que je sais, c'est que c'est moi qui ai détruit la vie de Phun. C'est moi qui lui ai fait prendre conscience de la terrible nouvelle. C'est moi qui l'ai fait venir ici pour assister à cette scène troublante. Tout était de ma faute. Tout cela est de ma faute. Tout est de ma faute. C'est moi qui ai fait ça.

— Phun... juste regarde-moi. Ne te retourne pas et regarde par là. S'il te plaît... regarde-moi... répèté-je encore et encore.

Je le tiens encore plus fort maintenant, malgré la faiblesse de mes bras. Son uniforme est trempé par mes larmes.

Je me mets à trembler au moment où Phun me tient lentement en retour.

— Je suis désolé, Phun. Je suis vraiment désolé...

— Non, Noh. Merci. Je...merci.

Les mains de Phun sont froides comme de la glace alors qu'il me serre dans ses bras comme si j'étais la dernière chose sur laquelle il pouvait compter.

Si tu regardes autour de toi et que tu découvres qu'il ne te reste plus personne, alors fais demi-tour et regarde où je suis.

Je suis toujours là.


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Ven 6 Sep 2024 - 23:15



40ème Chaos
: )
Depuis cette nuit-là, Phun est reparti à zéro une fois de plus. C'est la même chose pour moi aussi. C'était une période difficile pour nous deux. Il devait se concentrer sur les répétitions avec son groupe alors que je me focalisais sur la mise en place de l'événement. J'ai continué à lui raconter des blagues pour le faire sourire un peu. Pff, je pourrais aussi bien lui acheter des bandes dessinées comiques tous les jours. (Mais comme elles sont publiées chaque semaine, je n'aurais pas pu faire ça.) Phun semblait déprimé les premiers jours, mais il a fini par retrouver un petit sourire de temps à autre les jours suivants, surtout quand il entendait mes jeux de mots stupides. (Par exemple, pourquoi le phoque rit-il de cette blague ? Parce que c'est la... chose la plus choquante qu'il ait jamais entendue. N'est-ce pas hilarant ? Ne me répondez pas, riez simplement. Je vous oblige à rire). Il était clair que Phun commençait à retrouver un peu le moral, probablement parce qu'il avait encore beaucoup de travail et qu'il ne voulait pas qu'on s'inquiète pour lui. (Ses amis avaient commencé à remarquer que quelque chose n'allait pas, alors ils étaient venus me voir et avaient demandé. Mais ce n'était pas à moi de dire quoi que ce soit, du coup je leur avais dit que je ne savais pas non plus). C'en était au point où j'ai commencé à me demander si les sourires de Phun étaient authentiques ou s'il faisait semblant. Avant, ses yeux étaient pleins de confiance, mais maintenant ils ont l'air ternes et fragiles, contrairement à avant.

C'est la veille du concours live et j'en ai plein les bras. Il y a des problèmes avec plusieurs des amplificateurs que nous devons utiliser, j'ai donc dû appeler le réparateur pour qu'il les examine. (Je ne sais pas comment réparer le matériel électrique moi-même.) Et comme nous organisons l'événement dans le gymnase cette année, nous devons y déplacer tout le matériel et les autres équipements nécessaires. C'est un énorme problème puisque nous faisons ça tout seuls, car nous n'avons plus de fonds pour engager quelqu'un d'autre.

Alors que je transporte un ampli de basse du bâtiment F et que je me dirige vers le gymnase, une voix crie mon nom.

— Noh... pourquoi tu fais tout ça tout seul ?! Laisse-moi t'aider !

Il se trouve que Earn passait par là. Dieu merci ! Je fais un grand sourire et lui tends l'ampli sans aucune hésitation. Je lui demande s'il peut attendre un peu ici, puis je cours chercher deux pieds de micro et les porte à la place de l'amplificateur.

— Merde, il y a beaucoup de choses à transporter. Tu n'as personne pour t'aider ? me demande Earn alors que nous nous dirigeons du bâtiment F vers le gymnase avec le soleil qui tape fort sur nous.

J'utilise mon bras pour essuyer la sueur de mon front avant de lui donner une réponse.

— Il y en a, mais les plus jeunes sont coincés en classe en ce moment. Seuls les juniors sont disponibles pour aider.

— Est-ce qu'il en reste beaucoup ? Mlle Pannee nous donne une heure d'étude en salle pour utiliser la bibliothèque cet après-midi. Je peux rester et t'aider.

Oh ! Est-ce que c'est une voix venue du ciel ?! Je me tourne rapidement vers lui et fais un grand sourire.

— Super, il reste une tonne de trucs à faire si tu peux m'aider.

Earn a fini par m'aider pour de vrai dans l'après-midi. Nous avons fait l'aller-retour entre les deux bâtiments probablement plus de dix fois. Alors que nous en étions à notre neuvième voyage et demi, mon téléphone s'est mis à sonner et nous a interrompus.

♫ Je salue notre hôte ! Je vous souhaite beaucoup d'argent. Je vous souhaite beaucoup d'or. Gloire à notre hôte ! ♫

C'est ce salaud de Ohm .

— Qu'est-ce que tu veux ?

Je parle dans le téléphone que je tiens entre ma joue et mon épaule. Je suis trop préoccupé par le fait de transporter une boîte pleine de tambourins, de saxophones et de micros sans fil que le club doit fournir aux groupes.

— La batterie a besoin d'être accordée, donc j'ai besoin des clés de la batterie immédiatement !

Ce con me donne toujours des ordres ! Je fronce les sourcils et je réponds.

— Au prochain tour, on a déjà quitté le club.

— Non, mec ! On fait le premier tour de balance en ce moment même !

Eh bien, tu ne peux pas être un peu patient ?! Je commence à m'énerver (à cause de la chaleur) mais je ne suis pas d'humeur à me disputer avec lui alors je me tourne vers Earn à la place.

— Earn, tu peux y aller. Je reviens tout de suite. Ouais, ouais. Je vais chercher la clé de la batterie mais tu dois attendre un peu. Je raccroche maintenant.

Je dis la deuxième partie à Ohm avant de remettre mon portable dans la poche de mon short et de retourner tout de suite au club dans le bâtiment F.

— Je t’attends, Noh ?! crie Earn, mais je secoue rapidement la tête.

— Vas-y, je te rattraperai.

Je ramène la boîte (qui n'est pas trop lourde) à la salle de club et je déverrouille la porte pour pouvoir prendre les clés de la batterie et les autres outils dont nous pourrions avoir besoin (parce que je sais que ces gars finiront par les demander). Ensuite, je ferme la salle comme elle était avant, sauf qu'il y a quelque chose de différent cette fois-ci, puisque Phun passe tout près.

— Euh ? C'est quoi tous ces trucs, Noh ?

— On appelle ça des instruments de musique.

Cette réponse me vaut une claque sur la tête de la part de Phun. (Je l'ai complètement provoqué tout seul).

— Gros malin. Alors pourquoi tu les trimballes partout ?

— On prépare des affaires pour votre événement de demain,

Je lui fais porter le chapeau puisque ce sont eux qui participent au concours demain et pas moi. Heh, j'ai l'air bête maintenant. Ce n'est pas moi qui organise cet événement ?

— Tu m'accuses ? Alors, tu as besoin d'aide ? Y a-t-il beaucoup de choses à transporter ?

Tu arrives un peu tard.

— On a presque fini, c'est bon.

Son expression est un peu sombre, comme quelqu'un qui se sent coupable. En voyant cela, j'ai un énorme sourire et je lui donne un coup de coude.

— Ne t'inquiète pas pour ça ! Tu n'es pas censé être en classe ?

Il me fait un petit sourire en retour. Cela me réjouit car pour moi, le plus important, c'est de voir Phun sourire.

— Oui, mais je suis venu chercher quelque chose pour Mlle Supang. Tu es sûr que tu peux porter ça ?

— Oui, oui. Je te verrai demain, dis-je encore une fois et je vois que Phun sourit un peu plus cette fois-ci.

— Ça ne devra pas attendre demain. Je passerai plus tard dans la journée. Tu seras au gymnase, n'est-ce pas ?

— Oui.

Je fais un signe de tête au grand et mince type. Il part avec un signe de la main pour aller chercher ce qu'il faut pour son professeur. Je suis content de voir que Phun semble aller mieux. Ses yeux ont l'air plus brillants et plus vifs. C'est un soulagement.



Nous avons enfin fini de déplacer le reste de l'équipement nécessaire et d'autres choses. J'aimerais pouvoir m'allonger au milieu du gymnase. (En fait, je l'avais déjà fait, mais ensuite, Phi Nont m'a crié dessus et m'a dit que ce n'était pas correct, alors il m'a tiré pour que je m'assoie correctement). Donc tout ce que je peux faire, c'est me faufiler pour m'allonger sur les gradins tout en écoutant Ohm, Art et mes autres amis travailler sur le contrôle du son. En même temps, j'écrase une mouche qui se trouve à proximité. (Hé, j'ai déjà pris une douche.) Peu de temps après, quelqu'un s'assoit à côté de moi.

— Tu es fatigué, Noh ?

C'est la voix d'Earn.

— Bien sûr que je suis fatigué. Tu l'es pas ? Merci beaucoup, au fait.

Je lève les mains pour le remercier tout en restant allongé, les yeux fermés, donc je ne peux pas dire quel genre d'expression il a sur le visage. Cependant, je peux entendre son rire léger.

— Ce n'est pas un problème. Je ferais n'importe quoi pour toi, hé hé.

Hein ?!

J'ouvre les yeux et je fronce les sourcils. Je le regarde, mais pas lui. Ce qu'il vient de dire me dérange.

— Qu... ?

Alors que je m'apprête à lui poser une question, Earn me coupe la parole.

— Je n'ai même pas la moindre chance, n'est-ce pas ?

De quoi il parle ?

— Une chance ? Pour faire quoi ?

Ma question peut paraître naïve, mais je suis ce genre de personne, même si je peux deviner ce que mon ami ressent secrètement.

— Aw, allez. Tu fais juste semblant d'être ignorant.

Il m'a grillé. Il est très intelligent. Quand on apprend une chose mais qu'on ne peut rien y faire, j'ai l'impression que faire semblant de ne pas savoir est une meilleure solution. C'est à mon tour de rire, gêné.

— Et ? Tu préfères que j'agisse comme si je savais ?

Je le taquine en me levant et en m'asseyant correctement pour lui parler. Je regarde devant moi et on observe la scène où l'événement Live auquel Earn participera demain se construit lentement grâce aux membres du club de musique.

Earn laisse échapper un long soupir avant de me tapoter doucement l'épaule.

— Je te mets dans une position difficile... Désolé.

— Hé ! Pas du tout ! Ne t'inquiète pas pour ça !

J'agite rapidement les mains et je nie. Earn laisse échapper un petit sourire avant de continuer à parler.

— Je... Je ne sais pas comment l'expliquer. Je ne pense pas que je suis gay mais... tu es vraiment adorable. Hey, ne me regarde pas avec ton regard meurtrier. Je veux dire... tu es malin et ça fait du bien... d'être près de toi. Et ton visage me rappelle ces masques souriants chinois. Tu vois, tu as les cheveux courts et un front large et brillant avec des yeux minuscules. Je... J'aime ça.

Hein ?! Putain, Earn ! Tu essaies de confesser tes sentiments ou tu m'insultes discrètement ? Je ne suis pas sûr de ce que c'est, alors j'ai l'intention de riposter par des insultes. Mais je remarque que Earn a l'air sérieux, alors je décide de passer à mon mode sérieux aussi.

Je me gratte maladroitement la tête plusieurs fois parce que personne n'a jamais été aussi direct avec moi auparavant.

— Eh bien...tu es...un bon ami à moi. Et je suis heureux que tu m'aimes bien mais... je ne pense pas à toi de cette façon. Si je t'ai fait sentir mal, alors je suis désolé. Je... te vois vraiment comme un ami.

Je décide de le lui faire savoir, car il n'y a aucune raison de continuer à lui faire espérer. Earn est un bon ami pour moi, mais je n'ai jamais pensé à lui d'une autre manière. J'en suis certain. Même si Phun ne faisait pas partie du tableau, je ne penserais toujours pas à Earn de cette façon.

Earn me fait un petit signe de tête pour montrer qu'il comprend et il me fait un sourire.

— Merci de me le faire savoir. Et merci de ne jamais m'avoir donné d'espoir aussi.

Ce connard ! C'était un compliment ou une insulte ?!

— Est-ce que tu viens de m'insulter ?!

Je le frappe à la tête et il rit joyeusement.

— Non ! C'est une bonne chose. Maintenant, je n'aurai plus la grosse tête. Quoi qu'il en soit, tu peux toujours me faire savoir si je peux t'aider pour quoi que ce soit. Je serai toujours le même.

Il finit par un sourire qui me fait sourire en retour. Je lui tends la main et lui tapote l'épaule comme il l'a fait avec la mienne.

— Merci.

Mais avant de pouvoir passer à un autre sujet, on peut entendre la voix retentissante d'Ohm dans les haut-parleurs. Il utilise un micro pour faire un contrôle sonore.

— Oh, Phun ! Entre ! Noh est assis là-bas en train de flirter avec Earn. Tu ferais mieux de t'occuper de lui.

Ce putain de connaaaaaard !

Earn perd ses moyens tout de suite.

— Je vais y aller alors. Courage. On se voit demain.

Je lui fais signe pour lui dire au revoir. Je remarque que Phun tapote Earn sur l'épaule quand ils se croisent, puis il se dirige vers moi.

— Alors vous flirtiez en plein milieu du gymnase, hein ? dit-il sarcastiquement.

Son visage souriant me dit qu'il ne prend rien de tout cela au sérieux, alors je lui donne un coup de pied au tibia pour avoir ouvert sa bouche.

— Pourquoi es-tu là ? Tout le monde a déjà fini d'installer les équipements. Rentre juste chez toi.

Il a clairement la peau dure puisqu'il me ricane dessus. Puis, il s'assied à côté de moi, apparemment pas affecté du tout.

— Je reste ici pour pouvoir ramener le président du club chez lui. Que comptes-tu faire ?

— Deux heures du matin, menacé-je.

— Alors je vais partir et faire une sieste en douce d'abord. Je reviendrai te chercher plus tard.

Cet abruti se révèle enfin ! Tu ne viens pas de dire que tu allais attendre ?! Je lui tape légèrement (je crois ?) la tête une fois de plus.

— Eh bien, n'es-tu pas super attentionné ?

— Que puis-je faire d'autre ? Je dois être sur cette scène demain donc j'ai intérêt à être au mieux de ma forme. Les gens vont prendre une tonne de photos. J'ai besoin de faire bonne impression, dit-il en faisant un air odieusement beau avec son visage.

Je fais semblant de vomir, mais je suis secrètement ravi que Phun soit enfin de nouveau joyeux. Il siffle doucement des mélodies que je ne peux pas reconnaître.

Il n'y a rien de mieux que de voir Phun redevenir comme avant.

— Patron, monsieur ? Pouvez-vous vous arrêter de partager des moments trop mignons avec ce type et venir vérifier cet ampli ? Il a encore grillé.

C'est encore la voix de ce salaud d'Ohm qui vient des haut-parleurs. Quel connard désagréable. Je me dis que je devrais m'approcher de lui et retirer le micro avant qu'il ne puisse l'infecter avec sa maladie incontrôlable du besoin de-dire-de-la-merde.

Phun rit joyeusement de ces mots acerbes. Pas seulement cela, il me prend par l'épaule et me tire vers lui juste pour montrer à Ohm. (Et Ohm fait de gros bruits de vomissement dans le micro.) Yo ! Pourquoi tu es toujours de mèche avec ses blagues ?! Je lutte pour me libérer de Phun, puis je me place au sommet des gradins, le doigt pointé vers son visage.

— Tu dois penser que tu es hilarant ! Je reviens tout de suite. Donc tu vas rester et attendre, d'accord ?

Je suppose que je n'ai pas l'air très menaçant vu que Phun rigole encore un peu.

— Hé hé hé. Ouais.

— Je t'aurai pour ça la prochaine fois.

Je le préviens avant d'aller dans la zone de transit pour que je puisse commencer mon offensive sur l'amplificateur qui persiste à tomber en panne toutes les cinq minutes.



Le ciel est complètement noir maintenant et le taxi qui nous transporte, Phun et moi, se gare juste devant ma maison. Ma montre m'indique qu'il est 20 heures passées. Donc, bien que l'heure ne soit pas aussi tardive que ce que je l'avais menacé, il est quand même assez tard. (Et ceci même après avoir demandé à prendre toute l'après-midi pour travailler là-dessus).

Je prends mon cartable et m'assure que je ne laisse rien derrière moi avant de lui dire au revoir.

— Au revoir, mec ! Quant à demain, courage.

— Est-ce que j'ai droit à des traitements spéciaux ? supplie-t-il, espiègle, et je glousse.

— Je suis très juste et impartial, désolé.

Je lui colle au nez et il rit en retour.

— Très bien, très bien. Hé hé.

— On se voit demain, d'accord ?

Je coupe rapidement notre conversation car je me sens mal pour le chauffeur de taxi qui risque de s'énerver de devoir attendre si longtemps. Cependant, Phun m'attrape le bras avant que je puisse sortir du taxi.

— Hm ?

Je me retourne pour le regarder et je laisse échapper un son curieux.

— Noh…

La personne assise à côté de moi appelle mon nom. Je lève les sourcils en le fixant et il sourit lentement avant de continuer à parler.

— Sois très attentif demain... il y a quelque chose que je veux te faire savoir.

La portière du taxi se ferme et il s'en va, me laissant ici sans bouger.

Je ne sais pas ce que Phun a l'intention de faire demain.

Mais ses yeux étaient remplis de force, comme avant.

Ils m'ont aidé à réaliser... que l'ancien Phun m'est finalement revenu.


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41ème Chaos
Déterminé
Tous les membres du club de musique étaient encore en train de courir partout pour essayer de faire avancer les choses le matin du concours live. Ohm et moi étions particulièrement occupés, car M. Sakda avait empiré les choses en donnant à notre classe un quiz pop. Nous n'avons pas pu nous défiler pour aider à préparer l'événement. Lorsque nous sommes sortis de la classe, il était déjà plus de 11 heures. Nous avons fini par nous presser, en sueur.

Les amplificateurs n'ont pas arrêté de tomber en panne jusqu'à aujourd'hui, sans raison apparente. Je suis maintenant devenu le réparateur du club ( hé hé). Quand quelque chose tombe en panne, ils m'appellent pour le réparer. Au début, je ne savais pas comment réparer l'ampli moi-même (car j'avais peur de m'électrocuter), mais ensuite j'ai tout démonté et examiné tous les fils sans aucune crainte pour découvrir ce qui n'allait pas. Je ne pouvais rien y faire.

Finalement, le tournevis et la clé sont devenus mes meilleurs amis. Allez-y. Je vous défie de tomber en panne à nouveau. Je vais tous vous réparer ! Amenez-vous ! Même Ohm a été particulièrement gentil avec moi parce qu'il a remarqué comment je réparais beaucoup de matériel au point de dire qu'il se sentait épuisé rien qu'en me regardant.

— Les groupes monteront sur scène dans une demi-heure. L'événement débutera dans 15 minutes. Le premier et le deuxième groupe sont priés de se rendre en coulisses et de se tenir prêts.

Je marche (avec le tournevis et la clé toujours dans mes mains) jusqu'à la salle pleine des participants du concours. Ici, je pensais que nous avions suffisamment de place pour tout le monde. La salle semble tout à coup exiguë. Je suppose que c'est dû au fait que chaque groupe a apporté ses propres instruments aussi.

Je termine de prévenir les groupes avant de me tourner et je colle la liste des participants sur la porte pour ceux qui ne se souviennent pas de l'ordre dans lequel ils vont jouer. Mais comme je suis tellement pressé, je n'ai pas l'occasion de regarder autour de moi et de voir s'il y a des visages familiers dans la salle. Je dois encore me rendre à la table de mixage où Nong Knott est l'ingénieur du son pour l'événement d'aujourd'hui. Il a encore du mal à en assumer la responsabilité et je crains qu'il ne casse la table si je mets plus de temps pour m'y rendre.

— Noh !

Une voix que je reconnais m'appelle derrière moi alors que je suis encore en train d'afficher la liste des groupes. Je lui réponds sans avoir à regarder son visage.

— Quoi de neuf, Earn ?

— Tu es fatigué ? demande-t-uk, alors que je tape sur la porte, pour être sûr que le papier colle bien dessus.

Je le frappe encore une fois ou deux avant de lui répondre.

— Putain de fatigué. Mais je dois y aller. L'ingénieur du son est dans tous ses états.

Hm… est-ce que j'ai l'impression d'avoir brutalement écourté notre conversation ? En réalisant ça, je me retourne et je regarde Earn qui semble avoir un air légèrement déçu.

Que dois-je faire ? Je tends la main et lui tapote le dos deux fois pour lui montrer mon soutien.

— Courage, mec. J'ai hâte de te voir sur scène.

C'est suffisant pour le faire sourire.

Je souris tout seul et j'ai l'intention de partir pour aller voir Knott (qui a probablement perdu la tête maintenant), mais j'ai l'impression que quelqu'un me regarde. Je me retourne pour regarder dans toute la salle.

Le groupe de Phi Oak (l'ancien président du club de musique) me fait un grand sourire. Je hoche rapidement la tête pour les saluer. Son groupe porte bien son nom, All Star car chaque membre a un talent incroyable. Le groupe est composé de certains des meilleurs musiciens du club, alors comment suis-je censé leur donner des scores élevés ? Son groupe est définitivement celui qu'il faut battre.

Je salue le groupe de Phi Oak avant de faire le tour de la salle. Les membres du groupe Mafia sont assis tout près. Phun est en train de discuter avec ses amis. Il semble être vraiment absorbé dans la conversation puisqu'il n'a même pas remarqué que je suis entré dans la pièce. Mes yeux rencontrent ceux de Fi à la place.

J'utilise mes mains et je demande si Fi peut attirer l'attention de Phun pour moi et il le fait rapidement. Il faut plusieurs coups de coude avant que Phun ne se tourne enfin pour regarder dans ma direction. Il a l'air surpris de me voir ici. C'est drôle, je suis là depuis longtemps.

Il rayonne, je lève mon sourcil et lui fait discrètement le signe de la victoire (Je ne peux pas lever les mains trop haut, les gens pourraient m'accuser d'être partial envers lui). Ah... Je ne peux pas m'attarder plus longtemps ici ou Knott va péter les plombs. Je forme les mots "bonne chance" et je quitte la pièce en un clin d'œil.



Knott est capable de gérer la table de mixage tout seul après que nous ayons terminé la dernière vérification du son. (En fait, Art est là avec lui aussi. C'est juste une précaution car ces équipements sont chers). Maintenant, il est temps que je retourne à ma place sur la table des juges. J'ai toujours le talkie-walkie, la clé et le tournevis sur moi au cas où l'un des amplificateurs casserait encore. (Tu dois juste supporter tout ça quand tu es le président du club.) L'événement commence par un discours du directeur ( qui l'a invité bordel ?), suivi par les professeurs qui sont les conseillers de notre club. Puis je dis quelques mots en guise de conclusion (très brièvement) avant que l'événement ne commence officiellement.

Comme il n'y a que quinze groupes, j'ai l'impression qu'il n'y en a ni trop ni pas assez. Je consulte la liste et je constate que plusieurs juniors que je connais participent aussi. Per est l'un d'entre eux. Je vois que Nong Mawin est assis à une certaine distance sur les gradins. Je suppose qu'ils ont eu une autre dispute. Je tourne les pages et je remarque aussi que nong Mick est également présent. Il est avec les autres élèves de seconde. Je ne peux pas m'empêcher de taquiner Ohm à ce sujet.

— Oh...j'ai bien l'impression que ce groupe va obtenir des scores excessivement bons.

Je pointe le nom du groupe de Nong Mick. Naturellement, Ohm ne le reconnaîtra jamais.

— Film n'est pas un des juges.

Oh, bien sûr ! Continue comme ça ! Ce type me tape sur les nerfs. Je secoue la tête avec lassitude, sans me rendre compte que c'est moi qui serai sur la sellette dans quelques secondes.

— Et toi ? Tu soutiens Phi Queer ou Mafia ? Après tout, tu es M. Populaire

Et voilà. Je me retourne et je le regarde d'un mauvais œil.

— T'es drôle ! Mafia, bien sûr ! Hahaha !

Je joue le jeu de la blague et Ohm me frappe en plein sur la tête.

— Je le savais. Toute cette compétition est truquée !

Maintenant, Ohm me tient par le cou. Aaahhh ! Je ne peux plus respirer, bon sang !

— Je... je... je... je plaisante ! Laisse-moi tranquiiiiille !

Je lutte contre l'emprise d'Ohm et j'entends son rire amusé. Je t'aurai la prochaine fois ! Si les groupes n'avaient pas bientôt commencé à jouer, je ne me serais pas permis d'être la seule victime. Les animateurs de cet événement (Nong Kim et Ken ont proposé leur aide) présentent maintenant le premier groupe, nous devons donc nous ressaisir et nous concentrer sur la scène immédiatement.



Longtemps après, il est temps que le quatrième groupe se produise. Le troisième groupe a rencontré des difficultés techniques, car le son de la guitare résonnait dans tout le gymnase (j'étais sur le point de m'endormir et j'ai été réveillé par ce son. Je suppose que cela a été fait exprès). Et à qui revient la tâche de régler ce problème ? Ce n'est rien d'autre que cet Incroya-Noh. Est-ce que je vais recevoir un prix spécial pour avoir fait tout cela ? Finalement, ce n'était pas un problème électrique, mais le guitariste avait mal accordé le séquenceur. (Vous pouvez le régler et ajuster les notes plus aiguës ou plus graves. Mais lorsque vous faites une erreur d'accord, vous obtenez un retour comme lorsque vous placez un microphone devant un haut-parleur. C'était tellement fort et ennuyeux). J'ai dû essayer de réparer ça pour rien ! Je devrais enlever des points pour ça !

J'ai été dans le brouillard jusqu'au cinquième groupe, qui est celui de Earn. Je suis un peu plus éveillé maintenant, pas à cause de ça, mais plutôt parce qu'Ohm me piétine le pied encore et encore. Salaud. Tu m'achètes une nouvelle paire de chaussures si tu as laissé des marques. Je fais la tête à Ohm avant de tourner la page pour pouvoir noter les scores de Phi Queer.

Pour les finales, chaque groupe est censé jouer trois chansons différentes avec une limite de quinze minutes. Ils ne sont pas autorisés à dépasser cette limite. Si leur équipement tombe en panne, ils doivent le réparer au plus vite (à moins que l'équipement fourni par le club ne tombe en panne, alors nous arrêterons le temps). Le groupe de Earn a rapidement tout mis en place sans perdre de temps au milieu des acclamations du public. La plupart d'entre eux sont des juniors qui occupent les tribunes et sont donc particulièrement bruyants.

Phi Queer essaie à nouveau de se mettre du bon côté des juges. Ils commencent avec "7 Words" de Deftones, le groupe préféré d'Ohm. (Très courageux de leur part.) Quand Earn commence à chanter la partie "suck, suck, suck", je me tourne immédiatement vers notre professeur qui a une expression sévère sur le visage. (Et il me poursuit en criant le mot "fuck" dans le micro. Une façon de me stresser, bon sang !) En tout cas, tout se passe bien parce que c'est tout simplement le moment pour les enfants de se défouler, ha ha ha ha.

En toute honnêteté, j'aime cette chanson en raison de leurs différents beats et rythmes. J'aime écouter des chansons avec une basse lourde (cela a probablement quelque chose à voir avec le fait que je joue du violoncelle), c'est donc l'une de mes préférées. Je suppose que je peux leur donner quelques points bonus pour la sélection de la chanson. (Ne le dites à personne.) La prochaine chanson est "Zero" de The Smashing Pumpkins. Combien de temps ce groupe va-t-il continuer à faire de la lèche à Ohm ? Le gars en question se balance dans son siège sans arrêt. Il se retourne même et me murmure quelque chose.

— Earn est bon aussi, tu sais. Il n'est pas aussi sexy que Phun mais il a de bons goûts.

Ce trou du cul est trop facile à influencer !

Je secoue la tête d'un air maussade, ne voulant pas discuter avec lui. Mais je me balance toujours dans mon fauteuil pour écouter le chant d'Earn. Le batteur a un bon timing. Tout se passe bien et sans accroc. Je n'ai pas de préjugés, mais ils marquent des points assez élevés. C'est dommage que la voix de Earn ne soit pas aussi désagréable que celle de Billy Corgan (1), le chanteur du groupe. Je suppose que sa voix est trop propre et trop suave, il est donc plus adapté aux chansons de Bakery Music. (Ha...) (2)

En parlant de ça...bien que ce ne soit pas quelque chose de Bakery Music, c'est assez proche.

Je lève les yeux quand j'entends des accords familiers venant de la guitare sur la scène. C'est une ambiance complètement différente de celle des chansons rock qu'ils jouaient juste avant. Earn me fait un large sourire sournois. Il introduit la dernière chanson en utilisant sa voix grave.

— Je répète cette chanson depuis que j'ai su que j'allais avoir le cœur brisé.

Bon, alors. Tout le monde rit joyeusement, mais tout ce que je peux faire, c'est glousser sèchement pendant qu'Ohm me donne un coup de pied dans le tibia. (Tu sais que ça fait mal, n'est-ce pas ?)

Earn me fixe et exhibe ses fossettes emblématiques.

— J'espère toujours que tu y penseras à nouveau.



♪ Ce n'est peut-être qu'un rêve

Le jour où nous tomberons amoureux tous les deux arrivera-t-il ?

Alors, je demande

Que penses-tu vraiment de ce que j'ai fait pour toi ?

Sais-tu ?

Que je suis triste

Avec ce que tu m'as dit

Quand tu m'as dit que tu ne pouvais pas me donner plus que ça

Je te demande seulement de me donner une chance

S'il te plaît, ne te replie pas tout de suite

Penses-y

Les choses que j'ai faites

N'aies pas peur de ton coeur

Et je ne suis peut-être pas le bon

Essaie de garder l'esprit ouvert et d'accepter mon cœur

Serait-ce possible ? ♪



Hum... Ce salaud d'Ohm me donne des coups de pieds à répétition. Humm... Alors quand est-ce que Earn va arrêter de me fixer ? (Et il se trouve que je suis aussi du genre à fixer en retour). Humm... Et maintenant ? Je ne sais même pas comment je devrais les noter.

Enfin, la dernière mélodie est jouée. Je fais un sourire maladroit au chanteur qui continue à me sourire. Puis, il quitte la scène et Om est le premier à crier quelque chose de très fort.

— En plein milieu de la salle de gym, mec ! Les couilles d'acier !

Très drôle. Le type n'a même pas mentionné mon nom. Personne n'est aussi indiscret que toi.

Je secoue la tête pendant que je note les musiques du groupe de Earn. Voyons voir... ils ont bien joué. Les deux premières chansons ne vont pas vraiment bien avec la troisième. (Vous voyez, je vous avais dit que la voix de Earn correspond aux chansons pour faire la cour aux filles.) La compilation était un peu en désordre, malheureusement. Ils auraient dû s'en tenir à un concept au lieu de jouer du punk, du rock et ensuite du soft rock. C'était difficile de suivre le rythme. Je dois enlever quelques points pour cela, j'espère qu'il comprendra.

Le prochain groupe après celui de Earn s'appelle les Sept Nains. Je ris quand je lis leur nom sur la liste. Il s'agit du groupe de Nong Mick.

Cependant, Ohm fait preuve de nonchalance à ce sujet. Il joue avec le stylo dans la main tout en gardant les yeux sur la feuille de papier sur la table. Il refuse de regarder Nong Mick malgré le fait que le gamin cherche à regarder de ce côté comme s'il voulait des encouragements.

C'est à mon tour de m'occuper du cas d'Ohm. Je lui donne un coup de pied dans le tibia.

— C'est le tour de ton mec. Il a l'air nerveux, c'est pas mignon ?

— Tu ferais mieux de faire attention ou Film va te botter le cul.

Il fait la sourde oreille. L'intro commence et on s'arrête pour regarder leur performance.

Le groupe de Nong Mick est un groupe de Ska puisqu'ils jouent tous des instruments à vent. Nong Mick joue du cor français (Ohm est étonnamment un bon professeur, il a appris au gamin comment en jouer après tout) et chaque fois qu'il joue quelque chose, il y a un énorme bruit qui vient du public. (Il est sacrément adorable, sérieusement.) Ils gagnent des points supplémentaires grâce à moi car j'écoute ce genre de musique normalement.

Je secoue ma jambe en rythme et Ohm finit par me donner des coups de pied. Je suppose qu'il pense que je suis de trop.

— Eh bien, tu n'es pas vraiment intéressé par ça ?

Bordel ? Ce type est du genre jaloux, n'est-ce pas ?

Je n'y fais pas attention et laisse tomber. Je me concentre plutôt sur l'écriture des scores. Je remarque que de temps en temps, Ohm sourit au gamin sur la scène. A chaque fois que leurs regards se croisent, Mick est tellement gêné qu'il joue presque la mauvaise note. Comme c'est mignon ! (Mais qu'est-ce qu'il a de si génial, mon ami ?)

Après le groupe de nong Mick (qui a quitté la scène alors qu'Ohm semblait malheureux. Tu as encore le culot de le nier après ça ?!), d'autres groupes se sont produits sur scène. Per a joué de la guitare pour son groupe (et a même chanté une chanson), mais ils étaient totalement indés car je n'ai pas la moindre idée des chansons qu'ils jouaient, je n'en ai jamais entendu parler. Quand Per chantait, il n'arrêtait pas de regarder Mawin et le pauvre enfant s'est mis à pleurer. (Je ne sais pas s'il était si touché ou gêné que Per ait mal chanté la première note). Cela pourrait faire jaser toute la ville d'ici demain. Hé hé hé, ma scène n'est pas faite pour confesser vos sentiments, vous savez !

Quant aux All Star, ce sont eux qu'il faut battre. Phi Oak a échangé les membres pour chaque chanson (où a-t-il trouvé ces gars ?). Chaque chanson avait aussi un nouvel arrangement qu'ils ont fait eux-mêmes. Ma scène n'est pas le Hot Wave Music Award (3), bon sang ! Chaque catégorie a un maximum de 30 points seulement. Je voulais leur donner 80 dans chaque catégorie mais je n'ai pas trouvé le moyen de le faire, alors je leur ai donné des scores parfaits.

Finalement, on arrive à l'avant dernier groupe. Je suis encore hébété, alors je prends une pause et je sirote un peu d'eau avec une paille que Ngoi m'avait rempli plus tôt. Mais quand je lève les yeux, je vois que Phun est en train d'installer les instruments sur la scène.

Il me fait un petit sourire (en passant) avant de vérifier sa guitare et ne regarde plus vers moi à nouveau.

La première chanson qu'ils ont choisi d'interpréter est "Because We Are Humans" des Street Funk Rollers. Voici un autre groupe qui essaie de me faire de la lèche. Je suis un peu surpris que son groupe ait choisi une chanson avec des instruments à vent. Mais je comprends quand je lève les yeux et que je remarque qu'ils ont emprunté nong Mum et ses amis de mon club de musique pour jouer avec eux. (Quand ont-ils donné leur accord pour cela ?) J'aime la façon dont Phun joue de la guitare parce qu'elle va bien avec les basses. La batterie est un peu trop forte mais elle fonctionne quand même. Ils donnent une sensation différente à la chanson. Oh, merde. Est-ce que les gens vont commencer à m'accuser d'être partial si je donne un score élevé à ce groupe ?!



La prochaine est... c'est quelle chanson ? Ah, "Tuk Tuk Breakdown" des Kaoi-Jo Brothers. Quand ce groupe est-il devenu un groupe de reggae ? (Ils ont joué du rock pendant les éliminatoires.) Alors c'est la surprise dont il parlait ? C'est hilarant. Tout le monde danse maintenant, même Ohm se lève et danse aussi. Il essaie de me tirer vers lui et de me faire danser avec lui, mais il n'y a pas moyen que je fasse ça ! J'ai vraiment honte !

Phun rit de bon cœur devant les spectateurs aux mouvements de danse bizarres (qui ne sont autres que ceux du Angels Gang) et je commence à penser qu'il est particulièrement beau aujourd'hui. Je me demande ce qu'il a fait. Peut-être était-il sérieux quand il a dit hier qu'il devait être beau aujourd'hui ? Est-ce qu'il a utilisé un masque facial ? Est-ce qu'il porte du maquillage ? Il a l'air très élégant aujourd'hui. Ou peut-être que je m'intéresse trop à ça. Peut-être que ce sont les lumières oranges de la scène. Le plus drôle doit être quand Fi sort le khene (4). Ahahaha ! Il sait vraiment comment en jouer ?! C'est l'image de votre président du conseil des élèves qui disparaît ! Tu aurais dû nous dire que tu es secrètement un joueur de mor Lam. (Hahaha !) (5)

Deux chansons plus tard, le public est épuisé. Je commence à penser qu'ils jouent juste pour le fun et non pour gagner le titre. Leurs choix de chansons sont étranges. Ils sont désordonnés mais amusants. Leurs techniques laissent à désirer, mais leur score de performance est bien supérieur à trente ! Ohm est à bout de souffle, donc ils sont plutôt impressionnants pour avoir réussi à atteindre ce résultat. (Hahaha !)

J'ai hâte de voir ce qu'ils vont jouer après "Tuk Tuk Breakdown". Mais ensuite, les jeunes qui jouent des instruments à vent quittent la scène en rang. Maintenant, il ne reste plus que les quatre membres du groupe sur la scène. Fi s'approche pour dire quelque chose dans le micro.

— On met fin à la fête juste ici, car le gars le plus moche de notre groupe veut soudainement chanter.

Tout le monde se met à crier et à rire car quelqu'un dans le public crie

— C'est pas toi ?!

Je remarque que Fi est sur le point de tendre son majeur mais s'arrête juste à temps. Il se retourne et fait un sourire gêné au professeur.

— Vous vous trompez tous, il faut que vous trouviez des lunettes. Alors Phun, tu ferais mieux de bien chanter. Si on perd des points à cause de ça, je vais te tuer, répond Fi à la foule avant de parler au guitariste.

Phun passe à une guitare acoustique qu'il avait apportée avec lui, puis il traîne un grand tabouret et s'assoit dessus. Il sourit brièvement sans rien dire d'autre.

— La scène lui appartient maintenant ! finit par dire Fi avant de quitter la scène.

Phun est assis au milieu de la scène, littéralement au centre de l'attention de tous. Le public bruyant se calme à présent dans un silence complet. Il semble que Phun se concentre aussi très fort.

De douces mélodies sont jouées par cette guitare acoustique, à tel point que je ne peux pas détourner le regard malgré les coups de pied constants d'Ohm sur ma jambe.

Phun lève les yeux et me fait un sourire gêné pendant un moment avant de retourner jouer de la guitare et de commencer à chanter.



♪ Dans un monde qui est un labyrinthe

Dans un monde où tout le monde doit lutter

C'est déroutant, fatiguant et épuisant

Dans un monde où règne l'agonie

Et rentre constamment dans ma vie

Parfois, je ne sais pas comment les surmonter

Mais plus la vie avance et plus je fais l'expérience

Cela me fait réaliser

Je suis heureux de t'avoir dans ma vie

Je suis heureux de t'avoir rencontré

Tu es le seul encouragement que j'ai

À chaque minute

Je suis heureux de t'avoir dans ma vie

Peu importe ce que je vais affronter

Je suis rassuré.

Sachant que tu seras là

Parmi ces nombreux obstacles

Parmi les doutes et le chaos

Parmi mon avenir, mon présent et mon passé

Parmi ces souffrances que je dois affronter

Auxquelles je ne pourrai jamais échapper

Je ne sais pas ce que je devrai encore endurer demain

Mais plus la vie avance et plus je fais l'expérience

Cela me fait réaliser

Je suis heureux de t'avoir dans ma vie

Je suis heureux de t'avoir rencontré

Tu es le seul encouragement que j'ai

À chaque minute

Je suis heureux de t'avoir dans ma vie

Peu importe ce que je vais affronter

Je suis rassuré.

Sachant que tu seras là

Je suis rassuré.

Sachant que tu seras... avec moi… ♪



Une fois la dernière mélodie terminée, un tonnerre d'applaudissements remplit le gymnase. Même tous les juges ovationnent Phun. Je remarque qu'il essuie ses larmes, tout comme beaucoup d'autres personnes présentes, dont moi.

Phun n'a pas une grande voix (il a même fait plusieurs fausses notes). Il ne chante pas bien ou n'est pas capable de tirer des sons doux comme Earn peut le faire. Phun ne sait pas jouer de la guitare de façon fantaisiste comme les seniors ou ses amis. Mais sa détermination et sa sincérité sont apparues au cours de la chanson. Ce sont ces choses qui m'ont fait réaliser... que la personne à qui il a chanté cette chanson est la plus chanceuse du monde entier.

— Phun a gagné, mec, dit Ohm alors qu'il est encore en train de taper des mains.

Je lui fais un petit rire avec des larmes qui me restent dans mes yeux. Il me donne un petit coup de coude comme si j'étais un pleurnichard.

Earn applaudit à l'autre bout du gymnase. Il me fait un sourire comme s'il voulait me dire quelque chose. Mais quoi qu'il veuille me faire savoir, je lui souris en retour.

Il n'y a eu ni rebondissement ni surprise dans les résultats du concours Live. Comme prévu, la première place est allée au groupe de Phi Oak, All Star. La deuxième place est allée à un autre groupe de seniors. La troisième place a été attribuée au groupe de Earn (je suis sûr qu'ils ont obtenu une tonne de points grâce à Ohm). Personne n'a contesté le résultat, car les spectateurs semblaient satisfaits. J'ai félicité avec joie les groupes sur la scène.

Le groupe de Phun ne s'est pas placé dans le top trois mais il a gagné le cœur de la foule. Leurs chansons rythmées étaient tellement amusantes alors que la ballade était incroyablement touchante. Personne ne s'est opposé à leur titre de favori du public. Bien qu'il n'y ait pas eu de trophée spécial ou de prix en argent (ils ont reçu une boîte de crackers, juste pour le fun, haha), le sourire éclatant et éblouissant de Phun sur la scène était tout de même quelque chose qui valait la peine d'être vu.



Après cela, une partie des membres du club de musique, ceux qui ont participé au concours et ceux qui ne l'ont pas fait, ont tous aidé à dégager le matériel de la scène (et pourtant, il n'y avait pas autant de monde quand nous les avons installés, hmph !) Il n'a pas fallu longtemps pour que tout soit rangé et que l'endroit soit nettoyé.

— Merci à tous. Merci beaucoup, dis-je à tous les seniors, à mes amis et aux juniors pour les remercier d'avoir organisé un autre grand événement.

Tout le monde a participé à cet événement. S'il y avait eu une absence, nous n'aurions pas pu faire tout cela. Je remarque que Nong Mawin est assis tout près, attendant Per pour qu'ils puissent rentrer chez eux ensemble. (C'était évident puisque Per ne cessait de regarder les gradins, je suppose qu'il était inquiet). Ohm et Nong Mick aident aussi à porter des affaires et ils sont très mignons ensemble. Mais j'ai été obligé d'écouter les plaintes de Film sur le fait qu'il n'aurait pas dû laisser un poisson grillé avec un chat. (Ohm n'est pas un chat, c'est plutôt un lion vicieux. Hé hé).

Quant à Phun, il aide mes autres amis avec les tables de mixage. Nong Knott semble être assez fier de lui puisqu'il a pu tout gérer tout seul sans avoir besoin de l'aide d'Art. (Art lisait des mangas pendant tout ce temps, ce salaud.) Je suis heureux pour lui mais aussi pour moi car j'ai enfin trouvé un nouvel ingénieur du son. Très vite, on s'est dit au revoir et on s'est séparés.

Je dis au revoir à tous mes amis avant de me séparer d'eux et de quitter l'école avec Phun. Le ciel est sombre et il fait un peu froid. Mais avec Phun à mes côtés, il ne fait pas aussi froid que lorsque je marche seul.

— Alors, tu as bien chanté. Hé hé.

Je commence à le taquiner et son visage devient rouge. J'imagine que les gens le taquinent depuis qu'il a quitté la scène.

— Tu ne peux pas en rajouter une couche ? Je sais déjà que je suis nul pour chanteeeeeeer !

Il fait des histoires comme un petit enfant. Hahaha, c'est drôle. Je n'ai même pas encore dit de mal. Je ris encore plus maintenant que je peux voir comment il n'avait pas vraiment confiance en lui. Je suppose qu'on s'est beaucoup moqué de lui.

— Je n'ai encore rien dit de mal. C'était génial et j'ai adoré... dis-je, mais c'est moi qui me sens bizarre.

Est-ce que c'est comme si j'essayais de dire quelque chose à Phun ? Je ne sais pas trop. Je sais juste que je ne peux pas lui faire face maintenant que j'ai dit ça.

— Vraiment ? Tu as aimé ?

— Ouais...

— Tu es sûr... ?

— Ouaiiiis !

Arrête de me poser des questions sur ça ! Je pouvais à peine me retenir de sourire en te regardant sur la scène.

Nous restons silencieux et laissons le bruit des voitures qui passent remplir le vide. Je traîne les pieds dans la rue tout en gardant la tête baissée. Tout à coup, ma main semble chaude.

Je me retourne pour voir que Phun me sourit brièvement avant de reporter son attention sur la route principale. On se tient la main en silence. C'est la première fois que l'on fait quelque chose comme ça.

— Noh…

Phun appelle mon nom et je sors de ma rêverie. Il s'arrête de marcher et me fait face.

Il me regarde fixement. C'est comme si ce qu'il allait me dire était de la plus haute importance.

Je vois Phun prendre une grande respiration et je sens qu'il resserre sa prise sur ma main. Il semble que ses lèvres bougent très lentement lorsqu'il parle.

— Je suis prêt maintenant... à apprendre la vérité... sur chacun d'entre eux.

Phun me rappelle quelque chose que j'avais presque oublié. Ses yeux semblent sérieux, mais doux en même temps.

— Noh, tu seras là quand le moment sera venu ? Pas vrai ?

Je serai toujours aux côtés de Phun, peu importe les circonstances.

— Je serai là pour toi.

Notes :
Chansons Phi Queer
https://www.youtube.com/watch ?v=mEVik1nJb68
https://www.youtube.com/watch ?v=3wk7C64kaP4

Chansons Mafia
https://www.youtube.com/watch ?v=icRPLP1ZhTo
https://www.youtube.com/watch ?v=swueveClAtQ

1/ Billy Corgan : Leader et chanteur des Smashing Pumpkins.
2/ Bakery Music : Grand label thaï, qui a lancé beaucoup d'artistes thaïs contemporains.
3/ Hot wave music awards : cérémonie qui récompense les meilleurs chanteurs populaires thaïs de l’année.
4/ Khene : grande flûte en bois originaire du Laos.
5/ Mor Lam : Style de musique traditionnelle originaire du Laos, plutôt lent et sirupeux.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:15



42ème Chaos
Le problème arrive
Quelques jours après la tenue du concours Live, Phun et moi avons prévu de rencontrer Golf. Le samedi, à 23h30, nous sirotons un café en attendant Golf dans un McDonald's de Ratchaprasong(1).

Les rues principales à l'extérieur sont très animées, même s'il est assez tard maintenant. Il y a encore beaucoup de gens qui se croisent sans s'arrêter. Pourtant, la personne assise en face de moi est tellement silencieuse, comme s'il n'y avait personne d'autre autour et qu'elle était la seule personne assise ici.

Je bois une gorgée de mon café chaud en essayant encore de déchiffrer son expression qui est bien trop difficile à lire. Depuis que nous sommes entrés ici, je ne l'ai pas vu sourire une seule fois. J'ai essayé de plaisanter avec lui et j'ai même essayé de lui faire des jeux de mots minables. J'ai aussi essayé de lui raconter comment certains de mes amis se sont mis dans l'embarras. Néanmoins, tout ce que j'ai obtenu de lui, c'est un sourire forcé et un rire indistinct. J'avais l'impression qu'il ne le faisait que dans le but d'en finir avec ça.

Je suppose que dans un moment comme celui-ci, il veut qu'on le laisse seul avec ses propres pensées.

Voyant cela, je décide plutôt de lui tenir compagnie en silence et de laisser les douces mélodies des haut-parleurs accompagner sa transe. Il est presque minuit et Golf arrive enfin.

— Désolé d'être en retard ! On a mis trop de temps à tout planifier. Salut, Phun.

On peut entendre la voix de Golf avant de le voir. Je lui fais un petit signe de la main alors que je suis encore en train de boire mon café. Le nouveau venu s'assied à côté de moi et vérifie sa propre montre.

— On y va ? Le rendez-vous est à Ari(2). On peut prendre le tram. Ce sera probablement le dernier, dit-il en se levant de son siège et nous invite à le rejoindre.

Je lève la main et demande une petite seconde pour finir les dernières gouttes de mon café avant de les rattraper rapidement.

— Ari ? Il y a un bar là-bas ? demandé-je parce que je ne savais pas qu'il y avait des bars par là.

(Je ne vais pas en boîte après tout, héhé.) Mais alors Golf secoue la tête.

— Non, c'est une copropriété... répond-il avant de se retourner pour regarder Phun.

— Tu es sûr d'être prêt pour ça ?

Je perçois quelques hésitations dans ses yeux, mais ensuite il affiche lentement un sourire confiant. C'est le même sourire que j'ai vu l'autre jour.

— Oui... si ce n'est pas trop gênant pour toi de faire ça.



Le dernier Tram nous amène à la station Ari. Golf regarde la montre qui lui indique qu'il est un peu plus de minuit, puis il se retourne et nous parle.

— Nous devrions probablement attendre jusqu'à une heure du matin avant de monter.

Phun et moi décidons d'attendre dans un bar à bière tout proche pendant que Golf s'excuse pour passer un coup de fil plus loin. Phun est encore complètement silencieux.

— Tu veux une bière ?

Puisque nous sommes déjà là, autant en prendre une. Phun me fait un petit sourire forcé sans me donner de réponse concrète.

— Un pichet, s'il vous plaît.

Je suppose qu'il est d'accord (hum) donc je commence par quelque chose de léger puisque je n'ai pas envie de me saouler ce soir. Je passe la commande à la barman qui n'est pas très jolie (comment a-t-elle obtenu ce travail ?) mais elle a une énorme paire de seins (c'est probablement pour ça) et elle s'éloigne pour donner suite à la commande.

Je détourne le regard du derrière de la femme en bleu avant de me retourner pour voir que Phun réfléchit encore à quelque chose. Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter. Ses lèvres bougent encore et encore, car son état d'esprit actuel est éprouvant et très stressant. Je commence à me sentir déprimé en même temps que lui. Si Phun souffre, alors je souffre encore plus.

— Phun…

J'appelle son nom pour qu'il me regarde avant de lui prendre sa main froide.

— Ne t'inquiète pas... je suis là.

C'est la première fois que je vois son vrai sourire aujourd'hui, un sourire qui est né dans ses yeux perçants. Il me tend l'autre main et saisit fermement la mienne.

— Merci.

Nous sirotons notre bière jusqu'à ce qu'il soit plus d'une heure du matin. Golf revient et nous dit qu'il est temps. Phun semble être aussi inquiet que moi.

— Tu es arrivé jusqu'ici... ne recule pas maintenant, mec, dit Golf à la personne dont le sang avait quitté son visage.

Phun sursaute au milieu de ses pas hésitants, puis il se retourne pour regarder Golf qui lui tapote le dos à plusieurs reprises.

— Il y a plein de filles géniales dehors, dit Golf et il nous emmène tous les deux dans une rue secondaire non loin de l'endroit où nous étions.

Il s'agit d'une immense résidence dont la sécurité est très stricte, c'est pourquoi le gardien nous observe depuis que nous avons franchi l'entrée principale.

— Je peux vous aider ?

— Aek a-t-il appelé et mentionné que ses amis allaient venir ? demande Golf sans crainte au gardien.

Je suis un peu inquiet car je n'ai aucune idée de qui est Aek.

— Ah, les amis de Khun Aek. Entrez, je vous en prie.

Ça a marché. Le garde de sécurité passe d'un regard sévère à un regard gentil et respectueux. Il se précipite vers l'ascenseur et appuie sur le bouton pour nous.

Golf appuie sur le chiffre 17 du panneau une fois que nous sommes tous entrés dans l'ascenseur. Le silence règne.

— Nous ferions mieux de nous dépêcher avant qu'Aek ne change d'avis. Sinon, on est foutus, marmonne Golf en appuyant plusieurs fois sur le bouton de l'étage 17 comme si ça nous aidait à arriver plus vite.

Mais ce n'est pas comme si ça allait marcher, ne sois pas bête. Je glousse en regardant Phun qui semble ne pas être présent dans cet ascenseur.

Ses yeux vifs sont remplis d'incertitude et d'hésitation. Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour lui, car je ne l'ai jamais vu comme ça auparavant.

Je décide de saisir sa main glacée et de la tenir doucement. Le propriétaire de la main tressaille un peu avant de se retourner pour me regarder. La seule chose qu'il verra, c'est mon sourire.

Je lui fais un clin d'œil. Je veux le rassurer en lui disant qu'il a tout mon soutien. Phun réagit en me faisant un sourire. La porte de l'ascenseur s'ouvre et nous sortons tous les trois.

Le son de trois paires de pieds résonne dans le couloir avant de s'arrêter une fois arrivés à la porte que Golf prétend appartenir à un de ses amis. Nous nous arrêtons tous un instant.

Golf regarde Phun, se sentant mal à l'aise.

— Tu ne peux pas battre en retraite maintenant. Tu es absolument sûr d'être prêt, n'est-ce pas ?

Cela a probablement un rapport avec le sérieux de Golf, car c'est Phun qui semble manquer de confiance en lui.

Je tapote le dos de Phun plusieurs fois. Je crains que la situation ne soit trop difficile pour lui et qu'il ne soit soumis à une pression énorme.

— On peut faire ça un autre jour si tu n'es toujours pas prêt.

Cependant, Phun me caresse simplement la main.

— Ça doit se terminer ce soir. Je suis prêt, Golf.

Golf hoche lentement la tête avant de laisser échapper une grande inspiration. Il cherche son téléphone portable et bientôt, on entend l'autre partie répondre à l'appel.

— Je suis juste à la porte. Tu ferais mieux d'arrêter maintenant, mec.

Golf parle dans son téléphone de façon assez acerbe. Je ne sais pas si je m'imagine des choses mais j'entends du grabuge venant de derrière la porte. Au bout de quelques instants, un type de notre âge ouvre la porte et sort de la pièce.

— Il était temps, mec ! J'étais sur le point de céder !

Ce doit être Aek ? Aek râle après Golf alors qu'il ne porte qu'une serviette autour de la taille.

— Tu ferais mieux d'aller dans la chambre tout de suite. J'ai vraiment besoin d'aller dans la salle de bain, je ne peux plus tenir longtemps.

La personne nommée Aek le dit à Phun avant qu'il ne s'enfuie vers la salle de bain et ferme la porte derrière lui, nous laissant tous les trois perplexes. Et pourtant, Golf ricane.

— Eh bien, au moins il a décidé d'attendre. Je pensais qu'il allait abandonner le plan. Bon, on ne va pas entrer là-dedans tous les deux, alors sois cool.

La main de Golf sort de sa veste à manches longues et tapote l'épaule de Phun pour montrer son soutien moral. Pendant ce temps, je reste immobile et le fixe.

J'ai une idée de ce qui se trouve derrière la porte de la chambre et qui attend Phun. J'ai une idée de ce qu'il doit ressentir en ce moment. Mais je ne sais pas si Phun aura assez de force pour faire face à cette situation.

Phun se force à sourire une dernière fois. Ses yeux sont vides.

— Je reviens bientôt. A tout de suite.

La porte se ferme après que ces mots aient été prononcés. Je ne suis pas au courant de ce qui va se passer dans cette pièce. En entendant le faible cri de surprise de Aim, mes genoux s'affaiblissent.

Bien... ce n'est plus très long maintenant.

… ce sera bientôt fini.



Golf et moi retournons en bas dans le hall. Nous nous asseyons et attendons sur les canapés mis à notre disposition. Aucun de nous ne veut entamer une conversation. Il semble qu'il soit tout aussi inquiet pour Phun. Être son ami signifie qu'il incitera tous les autres à vous remonter le moral quand vous vous sentirez mal. Il voudra toujours détendre l'atmosphère. Il m'embête beaucoup quand je me sens tendu. Néanmoins, les choses ne sont pas comme ça ce soir. Golf laisse échapper plusieurs soupirs bruyants pendant que nous sommes assis sur des canapés séparés, à attendre.

Le temps passe de plus en plus lentement. Une seconde, c'est comme une heure. Une minute, c'est comme une journée entière. Golf ne peut pas rester tranquille. Il se déplace sans cesse sur son siège et vérifie l'ascenseur. À la fin, il me dit qu'il va dans un 7-Eleven tout proche et me demande si je veux quelque chose.

Je secoue la tête, surtout parce que je ne suis pas d'humeur à penser à manger quoi que ce soit en ce moment. Je sais très bien que Golf n'a probablement pas faim non plus. Il veut simplement sortir pour tuer un peu le temps. Je ferais bien la même chose, mais je me sens trop faible pour le faire. Je dis à Golf que je vais attendre Phun ici. Au cas où il redescendrait, il verra que je suis toujours là.

Le temps passe et je suis trop démoralisé pour vérifier ma montre afin de déterminer depuis combien de temps nous sommes descendus et depuis combien de temps nous attendons. Golf est revenu avec un sac en plastique blanc rempli de deux canettes de café et de quelques chips que nous aimons manger.

— C'est... ça leur prend probablement beaucoup de temps car ils ont besoin de parler, je suppose, dit Golf en m'offrant une canette de café.

Je n'ai pas envie de le boire mais j'en prends quand même une gorgée puisque je n'ai rien de mieux à faire. Il y a une légère odeur de cigarette qui vient de cet ami à moi, donc je sais qu'il en a profité pour fumer. Je regarde le sac en plastique et je remarque qu'il y a des chocolats, des chewing-gums et quelques autres sachets de chips. La personne qui a acheté tout ça m'a dit que ça aide à réduire le stress.

Golf et moi avons fini notre café et le reste des snacks il y a longtemps. On a commencé à feuilleter l'énorme pile de magazines disponible dans le hall. Golf a même commencé à discuter avec le gardien. Mais peu importe comment on choisit de tuer le temps, on n'a pas l'impression que Phun Phumipat va bientôt faire son apparition dans cet ascenseur. Finalement, je décide de vérifier ma montre. À ma grande surprise, il est maintenant plus de deux heures du matin. Je ne peux pas m'empêcher de me demander si cela ne prend pas trop de temps.

— Golf, ça fait déjà deux heures. Il n'est toujours pas revenu.

Je me retourne pour le dire à Golf avec impatience. Il semble être aussi anxieux que moi.

— Devrions-nous aller le voir ? demandé-je une fois de plus, mais Golf pousse un grand soupir.

Ne le faisons pas. Ils sont ensemble depuis longtemps. Ce n'est pas comme s'il pouvait simplement aller la voir, puis rompre et partir, n'est-ce pas ?

Ce que dit Golf est raisonnable, mais...

Il se rend probablement compte que je suis très stressé, alors il me serre l'épaule avec une certaine force.

— Aie un peu confiance en lui, mec. C'est un gars intelligent.

— Ouais...

Ding.

L'ascenseur sonne derrière nous. Golf et moi nous retournons immédiatement. Mon cœur bat dans ma poitrine alors que je regarde la grande silhouette de Phun en sortir lentement. Nous nous dirigeons vers l'endroit où se trouve Phun, comme si des fusées étaient attachées à nous.

— Quelqu'un a pris son temps, le taquine Golf comme quelqu'un qui se sent détendu, mais je sais qu'il a trop peur de demander comment ça s'est passé.

Je n'ai pas les nerfs pour lui demander non plus. Les yeux de Phun sont rouges comme s'il avait pleuré pendant des heures. En voyant cela, je n'ai pas le courage de lui demander.

Ces deux lèvres orange clair essaient de se transformer en un sourire avec beaucoup de difficulté. Phun semble avoir encore plus de mal à faire semblant de sourire maintenant qu'avant d'entrer dans cette pièce.

— Oui... désolé pour ça.

— Tu as faim, Phun ? demandé-je alors que nous quittons le bâtiment.

J'espère que l'idée d'une nourriture délicieuse pourrait aider mon ami à se sentir mieux, ne serait-ce qu'un peu. Mais...

— Non... Je devrais rentrer chez moi.

Il semble qu'inviter Phun quelque part ou entamer une conversation avec lui ne soit pas une si bonne idée en ce moment.

Golf et moi, nous regardons le visage morose de l'autre.

— Je vais y aller dans ce cas. Prends soin de toi, mon pote.

Golf tapote le dos de Phun plusieurs fois avant qu'il aille prendre un taxi tout seul. Phun se retourne et lève la main pour répondre.

— Merci...mon pote.

Golf fixe les traits aigus de Phun, lui envoyant son soutien moral à travers ses yeux. Il inspire et presse la large épaule de Phun comme s'il voulait lui transmettre toute l'énergie qu'il lui reste avant de monter dans le taxi.

Phun regarde d'abord le taxi s'éloigner, puis il se retourne pour me faire un sourire forcé après que le taxi de Golf ait disparu de notre vue. Il est temps pour nous de trouver notre propre taxi. J'appelle un taxi bleu (3) avant d'ouvrir la portière et je laisse Phun entrer le premier.

— A Thong Lo, Phi. Je vais te déposer en premier, d'accord ?

Phun hoche la tête doucement, ses yeux sont toujours fixés sur la route. Il est trois heures du matin et la route de Phahonyothin est très calme, tout comme Phun, dont les yeux ne captent rien malgré son regard sur les choses qui passent.

Seuls les bruits du moteur et de la radio que le chauffeur de taxi a allumés remplissent la voiture. De temps en temps, je jette un coup d'œil à Phun. A chaque fois, Phun est perdu dans ses propres pensées et je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elles sont.

La seule chose que je peux faire, c'est lui tenir la main et la serrer doucement. Mais ensuite, je sens qu'il me la serre à son tour.

Le taxi bleu se gare en douceur devant la porte du manoir de Phumipat. Il fait tout noir puisqu'il est déjà 3 heures du matin. Il n'y a qu'une lampe à la porte qui brille encore près de la petite porte que j'ai l'habitude de franchir.

— Tu as les clés, n'est-ce pas ? demandé-je et Phun me fait lentement signe de la tête.

— D'accord, alors je te verrai…

Mais avant que je ne puisse finir ma phrase, les bras robustes de Phun s'enroulent rapidement autour de moi et tirent tout mon corps vers lui. Je me réveille de ma torpeur parce qu'il me serre si fort dans ses bras comme si j'étais son dernier recours.

Phun me serre dans ses bras pendant un long moment. Je lui frotte doucement le dos pour le consoler pendant que je regarde le conducteur car j'ai l'impression que nous sommes impolis. Cependant, il nous sourit à travers le miroir. Nous avons de la chance d'avoir trouvé une personne aimable. Il semble que cela ne le dérange pas, donc je ne pense pas non plus que je devrais presser Phun.

— Tu vas bien ? Tu veux dormir chez moi ?

Je décide de lui demander après qu'il soit resté longtemps immobile. Je me rends compte de ce qui se passe quand j'entends son reniflement et que je sens que mon épaule est humide.

— Noh…

Phun prononce mon nom. Je lui tapote légèrement le dos pour lui faire savoir que je l'écoute.

— J'ai rompu avec Aim…

Ces mots me font sursauter. Bien que je sache que Aim n'est pas une bonne personne et que les choses se termineraient inévitablement de cette manière, je suis toujours en apesanteur à l'intérieur parce que Phun a essayé de maintenir sa relation à flot pendant des années.

La nuit où Phun m'a dit combien il l'aimait... Je m'en souviens très bien.

La nuit où Phun m'a dit à quel point il voulait la rendre heureuse... ces mots restent encore dans ma tête.

Je n'aurais jamais pensé que nous aurions une nuit pareille à l'époque. La nuit où il a appris que tout n'est qu'un mensonge. La nuit où les bonnes intentions de mon ami pour cette femme se sont transformées en un coup de vent.

— Hey. Ça va aller, mec. Tu es riche et beau. Tu peux recommencer avec quelqu'un d'autre qui est encore mieux !

Je me force à faire une blague pour le consoler alors que ma tête est complètement vide. Je ne peux qu'espérer que Phun puisse se consoler un peu. Au lieu de cela, il me serre si fort que j'ai du mal à respirer.

— Je... ne peux pas recommencer avec quelqu'un d'autre…

Voilà ce que dit Phun.

Je fronce les sourcils à ces mots avant qu'il ne continue à parler.

— Il est trop tôt pour moi... pour que quelqu'un remplace Aim. Je ne peux pas le faire tout de suite…

Sa voix grave tremble et est à peine audible, pourtant j'ai entendu chaque mot. Je sais exactement ce qu'il veut dire.

— Hé... ça va aller. C'est tout à fait normal. J'ai compris.

— Je suis désolé, Noh…

Phun me serre les épaules encore plus fort maintenant. Je lui tapote doucement la tête.

— Oui, je comprends.

Parce que si Phun parle de lui et moi... je n'y avais même pas pensé. Je n'ai pas eu d'espoir non plus. Juste être ami avec lui, juste voir ses sourires, juste savoir que mon ami est heureux, ces choses-là me suffisent. On dirait que je fais semblant d'être une sorte de héros, n'est-ce pas ? Mais en réalité, je suis juste un type normal. Un type normal qui ne veut voir que celui qu'il aime être heureux. C'est tout.

— Attends-moi, Noh...

Phun me quitte avec ces mots avant de sourire et de sortir du taxi. J'attends que son large dos soit hors de vue avant de dire au chauffeur (qui ne peut pas s'empêcher de sourire) de me ramener chez moi.

Je crois que Phun va pouvoir s'en sortir.

Je crois que mes deux bras l'aideront à y arriver.

Je n'attends pas Phun, mais je serai toujours à ses côtés.

Notes :
1/ Ratchaprasong : Quartier commercial de Bangkok situé près de Siam.
2/ Ari : Quartier principalement résidentiel de Bangkok, organisé autour d’une station de tramway.
3/ Taxi bleu : Les taxis en Thaïlande sont connus pour être très colorés (une ou plusieurs couleurs sur les carrosseries) mais en fait, cela indique si le taxi est privé ou s’il appartient à une entreprise et le cas échéant, la couleur représente l’entreprise.

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Tome 2

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