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LoveSick - Tome 2
Le Titre
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Quatre Ans, Mais Veut Déjà Dominer Le Monde
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Le Titre
Mer 24 Juil 2024 - 12:53
LoveSick - Tome 2
Ecrit Par Indrytimes



Carte D'identité

Pays D'origine : Thaïlande

Traduction : Néphély
Correction : Johanne & Oliekl

Nombre De Chapitres : 30 Chapitres

Status : Terminé


Tome 1 - Tome 2

Résumé

Phun a déjà une petite amie mais son père veut qu'il sorte avec la fille d'un de ses amis. La petite sœur de Phun, Pang, est obsédée par les histoires d'amour d'entre garçons. Phun doit donc convaincre Pang qu'il a un petit ami pour qu'elle accepte de l'aider en discutant avec son père afin qu'il renonce à l'idée de le faire sortir avec la fille de son ami.

Noh, le président du club de musique est en grande difficulté lorsqu'il découvre que le budget de son club a été réduit de 20 000 dollars alors qu'il a déjà commandé du matériel pour son club. Cela le force à se rendre à la salle du conseil étudiant pour trouver de l'aide.

C'est là que Phun et Noh, deux amis (pas si proche), se retrouvent. Phun demande à Noh de devenir son faux petit ami en échange de son aide pour recueillir des fonds pour son club.

Cependant, les deux lycéens de 17 ans finissent par tomber amoureux après que l'accord les ait rapprochés.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:16



43ème Chaos
Retour aux sources
Tout est rentré dans l'ordre après cette nuit-là. Je me suis précipité à l'école le lundi matin car je voulais voir comment Phun gérait son chagrin d'amour. Mais ensuite, je l'ai vu devant le bureau du conseil étudiant. Il se tenait là avec un grand sourire sur le visage. C'était comme s'il était redevenu tout à fait normal. J'étais trop inquiet pour lui, plus que nécessaire.

On a donc recommencé à mener une vie normale. Phun et moi avions beaucoup de projets à gérer. L'un de ces projets était la foire de Noël et cela me rendait presque fou. L'ampli mourant a finalement rendu son dernier souffle le jour de la foire (on parle de timing parfait). Ohm et moi avons fini par héler un taxi, on est allé chez le professeur Whaen et on a ramené son ampli à l'école (il était sacrément lourd, nous étions trempés de notre propre sueur au moment où nous sommes rentrés). Phun se tenait aussi occupé depuis que certains élèves de première année s’étaient battus à coups de poing (sérieusement, les gars ?). C'est lui qui a mis fin à la bagarre, les a conduits à l'infirmerie, puis les a traînés jusqu'au bureau de l'administration pour qu'ils puissent écrire des lettres à leurs parents et il a même dû attendre ces enfants pendant qu'on leur faisait la leçon. Tout cela a pris plus d'une demi-journée. Quelle galère pour lui. Heureusement, nous avons enfin eu du temps libre et nous avons pu profiter ensemble de la foire (qui allait bientôt fermer).

L'Angels gang était hilarant. Ils ont décidé de tenir un stand de plongeurs sur un tremplin. Phun et moi avons lancé des balles sur les cibles pendant un long moment. (Un tas d'entre eux sont tombés dans l'eau. C'était tellement satisfaisant aussi. C'est ce qui arrive quand on me pince le cul). Mais ensuite, ces anges nous ont traînés là-haut à la place. Ils m'ont attaché à la cible et je suis devenu la victime. (Yo ! Tu aurais pu au moins me demander si je voulais faire ça ou pas !) Je jure que j'ai essayé de m'enfuir mais ils ont refusé d'écouter. Mais qu'est-ce que c'était que ces mauviettes ? ! Comment se fait-il qu'ils soient si forts ? (C'était tellement effrayant. Comme si, s'ils voulaient me forcer, je perdrais totalement). Quant à Phun, ça ne le dérangeait pas vraiment. Il riait et a permis à ces gars de le traîner là aussi. Peu de temps après, on a vu la silhouette robuste de Earn attachée à une autre cible.

La foire est devenue encore plus amusante après cela. Tout le monde s'est précipité dans cette zone et a joué aux jeux. (Je vous aurai tous la prochaine fois.) Les gars qui ont été harcelés par le conseil des étudiants, que ce soit en étant obligés d'écrire des lettres après avoir enfreint une règle ou en subissant des pressions pour faire des dons, se sont tous alignés devant le bassin de Phun à perte de vue. (Ils auraient probablement préféré Fi, mais il était introuvable. Je suppose qu'il savait qu'il était en danger). Puis les élèves de première année qui travaillaient dans les gradins de l'équipe de pom-pom girls de Earn sont venus se venger sur le président de l'équipe de pom-pom girls. Quant à moi ? Ce connard d'Ohm a amené un groupe de membres du club de musique à mon bassin. Quel connard !

Dans l'ensemble, c'était très amusant. J'étais tellement trempé que j'ai fini par acheter un nouveau t-shirt de sport à mettre. J'ai eu raison de dire à Yuri de ne pas venir parce que je savais que je n'aurais pas eu le temps de m'occuper d'elle. Et il s'est avéré, comme je l'avais pensé, que j'étais incroyablement occupé ce jour-là. Heureusement que Yuri n'est pas venue.

Si vous deviez me poser des questions sur Phun et Aim, je devrais être honnête et dire que je ne sais toujours pas de quoi ils ont parlé dans l'appartement ce soir-là. Cependant, je sais qu'elle sort avec quelqu'un d'autre maintenant (c'était vraiment rapide putain.) et qu'il va dans les mêmes cours du soir que moi mais qu'il fréquente une autre école. Je ne le connais pas personnellement ni quoi que ce soit d'autre. Je suis tombé sur Aim et ce type qui se tenaient la main à Siam à plusieurs reprises. Et je ne dis pas ça parce que je suis du côté de Phun ou autre, mais je pense que mon ami est beaucoup plus beau. (Haha.) Au début, Yuri n'arrêtait pas de se plaindre à moi, de la nuit jusqu'au matin, de la façon dont Phun a brisé le cœur de son amie. Je ne l'ai jamais contredite car je ne savais pas quoi lui dire. Finalement, elle a vu qu'Aim sortait avec quelqu'un de nouveau tout de suite, alors elle a arrêté d'en parler. Je suppose qu'elle commence un peu à comprendre ce qui se passe.

Phun ne semblait pas aussi blessé que lorsqu'ils se sont séparés. Il a essayé d'agir normalement. J'ai dit essayer parce que même quand il souriait ou riait, il y avait encore des moments où il se dérobait et s'asseyait tout seul en ayant l'air mélancolique. Parfois, il était déprimé et perdu dans ses propres pensées. Il ignorait ce qui se passait autour de lui. Mais il était très déterminé. Une semaine plus tard, j'ai entendu son rire rugissant et il se comportait de manière odieuse comme avant. Ces comportements bizarres ont disparu depuis.

Quant à moi, j'ai été très occupé à nettoyer tous les instruments que possède notre club. Il y en a une tonne et ils sont tous sales. Ils ont vraiment besoin de mieux prendre soin de ces choses. Pffff.

— Merde, Ngoi ! Ajuste bien les cordes du violoncelle ou elles vont péter ! crie fort Ohm à l'esclave du club.

Ngoi est en train de nettoyer le violoncelle sans avoir desserré les cordes au préalable. Si elles cassent, je vais te vendre dans un bar gay juste pour qu'on ait l'argent pour les remplacer. Mais là encore, on n'aurait probablement pas beaucoup d'argent.

La salle de club est bondée en ce moment. C'est notre tradition d'avoir une grande séance de nettoyage au début de la nouvelle année. C'est pourquoi les membres du club sont tous là pour nettoyer les instruments qu'ils utilisent personnellement. Je suis plutôt un nettoyeur général, ce qui est mauvais pour moi car cela signifie que je vais finir par aider tout le monde et tout nettoyer.



♪ Je n'ai pas peur des matins.

J'ai seulement peur qu'ils ne viennent pas.

Peu importe l'heure qu'il est

Je peux le faire. ♪



Ne paniquez pas tout de suite. J'ai encore changé de sonnerie, hé hé hé. La voix de Leo Putt se fait entendre depuis mon téléphone. Je le prends rapidement sans vérifier qui appelle. (Parce que je l'ai laissé par terre et il a vibré si fort qu'il m'a fait sursauter.) Malgré cela, je sais exactement qui est la personne sur l'autre ligne.

— Où est-ce que tu es ?

C'est le secrétaire solitaire du conseil des étudiants. Il me colle comme un chewing-gum depuis qu'il a rompu avec sa petite amie.

— La salle du club. Et toi ? réponds-je le téléphone coincé entre ma joue et mon épaule puisque je suis en train de huiler les flûtes en ce moment.

Je peux entendre le bruit de papiers mélangés sur l'autre ligne.

— Au bureau. Tu n'as pas encore quitté l'école ? Viens traîner avec moi ?

Vous voyez ce que je veux dire ? Un de mes amis est devenu un type si solitaire. Dernièrement, Phun m'a invité à venir dans ses locaux, à tel point que je suis maintenant membre honoraire du conseil des étudiants. Cependant, je ne peux vraiment pas aller le voir aujourd'hui, car j'ai des choses à faire jusqu'au cou.

— Je ne peux pas. Je nettoie les instruments.

— Apporte-les ici alors.

Tu es sérieux ? Tu veux que je traîne une contrebasse, un trombone et un electone (1) jusqu'au bureau du conseil des étudiants ? !

— Hilarant. Qu'est-ce que tu fais de toute façon ? demandé-je en retour car j’entends encore les pages se tourner.

— Je regarde les budgets du premier trimestre. Ma tête martèle en ce moment.

Je t’ai demandé ce que tu faisais, pas si tu avais mal à la tête. Quel demandeur d'attention. Ne pense pas que ce Noh se sentira mal pour toi.

— Amène-les ici alors. Dépêche-toi avant de voir des fantômes. dis-je lui dis avant de raccrocher.

Moins de dix minutes plus tard, la porte du club s'ouvre. La grande figure de Phun Phumipat se tient là, le sourire aux lèvres. Tu étais prêt à venir ici avant même d'appeler, n'est-ce pas ?

— Phi Phun ! Salut ! le salue un groupe de juniors.

La vérité c'est que Phun vient tellement par ici qu'il est presque membre du club. Je me retourne pour le voir faire un signe de tête aux garçons. Il porte trois grands classeurs avec lui et se déplace ensuite pour s'asseoir à côté de moi.

— C'est vraiment animé ici, dit Phun en feuilletant un des classeurs.

Il aurait eu la chance de retourner au travail si quelqu'un n'avait pas commencé à jacasser.

— C'est quoi ce bordel, Phun ? Je pense que ton bureau est beaucoup plus confortable pour bosser. Pourquoi t'es-tu traîné jusqu'ici, je me demande…

Je n'ai pas besoin de vous dire qui dit tout cela, n'est-ce pas ? Il est toujours comme ça. Vraiment, il n'est pas fatigué ? Toujours avec ce genre de commentaires.

— Ne dis pas ça Phi Ohm. Phi Phun est à l'aise ici... émotionnellement.

— Wooooo !

Putain, Per ! Quand est-ce que tu as commencé à prendre la suite de ce diable ?! En plus de ça, tout le monde dans la pièce arrête de nettoyer et commence à siffler. Tout est fini. Ma vie est foutue.

Je fais un doigt d'honneur tout autour de la pièce pendant que Phun glousse tout seul.

— Il a raison pourtant...

— Wooo ! Wooo !

Vraiment ? Tu joues le jeu avec ces gars ? Les woo sont encore plus forts maintenant. Si je n'avais pas nettoyé cette flûte, je l'aurais frappé à la tête avec.

Nous avons continué pendant un certain temps jusqu'à ce qu'Ohm se mette dans le pétrin (puisque Nong Mick est aussi dans la pièce). Finalement, on se remet à nettoyer les instruments et à faire nos affaires.

Phun porte maintenant une paire de lunettes alors qu'il est allongé à côté de moi avec une calculatrice. Il semble se concentrer sur son travail de calcul du budget. Je le vois rarement porter ces lunettes (il m'a dit qu'il ne les porte que lorsqu'il a besoin de beaucoup lire) mais je pense vraiment qu'il a l'air très cool avec des lunettes.

— Qu'est-ce que tu regardes ? Je suis canon, pas vrai ?

Mon dieu, ce connard a des couilles pour dire un truc pareil. Je me cogne le front en le regardant pendant qu'il fait une expression moqueuse. J'ai envie d'attraper quelque chose et de le lui jeter à la figure.

— Ouais, tu es aussi canon que l'ongle accroché à mon orteil.

Hé hé. À ce stade, je pense que j'ai les couilles de dire ce genre de choses aussi. Phun hausse les épaules comme s'il choisissait d'ignorer ce que je dis avant de retourner appuyer sur les boutons de sa calculatrice.



♪ Je n'ai pas peur des matins.

J'ai seulement peur qu'ils ne viennent pas.

Peu importe l'heure qu'il est

Je peux le faire. ♪



Leo Putt est de retour alors qu'il chante fort depuis mon téléphone. Je sursaute encore une fois, mais Phun est plus rapide que moi. Il regarde l'écran avant que j'aie le temps de le faire.

Le nom et la photo de Yuri apparaissent clairement. Ses yeux sont fixés sur moi pendant que je prends l'appel.

— Oui. Quel jour on est ? Oh, demain ? Oui, bien sûr.

Je peux sentir Phun me fixer pendant que je parle au téléphone. Pourquoi me fixe-t-il si intensément ?

— On peut se retrouver à Siam alors. Mais je risque d'être un peu en retard. Bien sûr, à plus tard.

— Alors, tu es occupé demain ? demande immédiatement Phun quand je termine l'appel.

Je me retourne pour lui lancer un regard perplexe.

— Eh bien, oui. Je viens de faire des plans. Pourquoi ?

— Rien… répond Phun avant de se retourner pour se concentrer sur son travail et ne plus faire attention à moi.

Qu'est-ce qu'il y a avec lui ?



Après avoir dû assister aux requêtes et aux supplications de Yuri hier, j'ai rapidement traité les demandes du lycée privé. Ils ont envoyé une demande pour que notre club joue pour leur cérémonie de fin d'année. Nous y étions au milieu de l'année dernière, mais il semble que nous y jouerons à nouveau très bientôt. Je suppose qu'ils ont vraiment aimé ce que nous avons fait, alors ils ont envoyé une autre demande. C'était un peu mouvementé pour moi, mais ce n'était pas si mal puisque les autres professeurs ont signé. Il ne nous reste plus qu'à décider qui va y aller entre nous.

Je quitte le BTS Siam Station et il est presque 17 heures. Je me précipite vers le Starbucks où Yuri m'a dit qu'elle m'attendrait. Elle m'a appelé hier en disant qu'elle ne m'avait pas vu depuis le Nouvel An, alors j'ai décidé de la retrouver.

— Désolé d'avoir été trop long.

Je m'excuse rapidement à l'avance car je crains qu'elle n'attende depuis un moment déjà, mais elle me fait un doux sourire à la place.

— Ça n'a pas été si long. En fait, je pensais que tu arriverais bien plus tard, répond Yuri en souriant et en mettant le livre qu'elle était en train de lire dans son fourre-tout.

Puis, elle se lève et joint son bras au mien avant que nous quittions le café ensemble.

— Allons trouver quelque chose à manger ? Tu es pressé de rentrer chez toi aujourd'hui ?

— Je ne suis jamais pressé de rentrer, mais ce n'est pas bon pour toi de rentrer tard, tu sais.

Je lui rappelle mes préoccupations pour son bien-être. Mais il est clair, d'après son visage lumineux, qu'elle ne m'écoute pas.



On a marché et on s'est retrouvés au Hong Kong Noodle place puisque Yuri a mentionné qu'elle voulait avoir ces grosses boulettes de crevettes et que moi aussi j'en voulais. C'est ainsi la raison pour laquelle on a décidé de venir tous les deux ici. Le serveur pose un verre de thé glacé pour Yuri sur la table.

— Hé, j'ai entendu dire que votre club va bientôt organiser un concert dans mon école ? demande-t-elle à tout hasard ce dont j'avais récemment fini de m'occuper et je lui fais un signe de tête.

— Ouais, le Directeur vient de signer. Quel genre d'événement votre école organise-t-elle ?

— Juste une journée portes ouvertes normale. Je suis si contente de te revoir chanter, dit Yuri avec un large sourire et je lui rends rapidement son sourire.

— Mais ce ne sera peut-être pas moi. Il faudra d'abord décider des choses. Si un autre groupe est prêt à jouer, alors je ne le ferai pas.

— Awwwwwwww…

La fille en face de moi laisse échapper un soupir de déception. Je ne peux pas m'empêcher de lui décoiffer les cheveux avec affection.

Très vite, d'énormes bols de soupe de nouilles arrivent à notre table avec une portion de riz au crabe frit et de canard rôti que nous avons commandés. Yuri mange pendant qu'elle se plaint que les boulettes sont bien trop grosses pour être mangées. Mais je me souviens que c'est elle qui voulait manger ces boulettes (alors pourquoi se plaint-elle ?). Mais c'est mignon comme elle a du mal à les manger. Finalement, elle me donne une des boulettes pour que je puisse les finir.

Alors que nous sommes sur le point de terminer notre dîner, j'entends un groupe de filles qui font du bruit. Je ne fais pas attention à elles (car je suis trop concentré sur le repas), jusqu'à ce que Yuri leur sourit et les salue.

— Oh, Yuri. Tu as un rencard ?

Une fille avec des tresses s'approche de nous en premier et les autres filles la suivent et encerclent notre table. Hum, c'est un peu effrayant.

— Ouais, et je ne vous laisserai pas nous interrompre. Héhé ! dit Yuri en rayonnant.

Je souris et je hoche la tête pour dire bonjour à tout le monde. J'ai l'impression qu'elles me dévisagent, mais je ne sais pas si c'est mon imagination.

— Ce doit être Noh. Tu es vraiment quelque chose, Yuri. Nous criions pour Noh quand il a donné un concert à notre école l'année dernière. Finalement, elle l'a récupéré pour elle.

— Ouais, ouais. Elle t'a jeté un sort ou quoi ?

Les filles s'amusent à taquiner Yuri mais je remarque qu'elle ne s'amuse pas avec elles.

— Hilarant, tu ferais mieux de faire attention.

— Ce n'est pas comme ça.

J'aide Yuri en disant ça avec un sourire. Elles s'arrêtent et poursuivent leur conversation avant de retourner à leur table. C'est à ce moment que je vois clairement que Yuri est visiblement contrariée.

— Quelque chose ne va pas, Yu ? demandé-je, mais elle secoue la tête.

— Non... finissons et partons, Noh.

C'était mon intention initiale (puisque je voulais vérifier quelques livres en Kinokuniya(2)) mais maintenant que je l'ai entendue dire cela, je me dépêche encore plus.

Au moment où nous terminons les dernières bouchées, le bruit d'une chaise qu'on traîne nous interrompt.

— Salut.

Je lève les yeux et c'est une des filles de tout à l'heure. Elle prend une chaise pour nous rejoindre. Elle me sourit, ce qui donne à Yuri une expression amère sur le visage.

— Sa...salut.

Je n'ai pas d'autre choix que de la saluer en retour, même si je sais que Yuri ne veut pas que je le fasse.

— Tu es le président du club de musique cette année, n'est-ce pas ? Je suis aussi membre du club de musique de mon école.

Elle poursuit la conversation. C'est bizarre et je commence à me demander si c'est vraiment l'amie de Yuri ou la mienne. Mais je ne peux pas être impoli et lui dire de partir.

— Ouais... ?

— J'ai entendu dire que tu es vraiment doué pour jouer des instruments. Je ne suis pas très douée pour ça. Je peux avoir ton numéro pour pouvoir t'appeler au cas où j'aurais besoin de conseils ?

Euh... elle est trop agressive maintenant. Ça me prend au dépourvu, mais si elle utilise la musique comme excuse, alors je ne peux pas lui refuser, en tant que président du club de musique de mon école.

— Hum, c'est 089... Aïe !

Yuri me donne un coup de pied au tibia juste au moment où je vais donner mon numéro. Elle m'attaque littéralement !

Mon agresseur se retourne et fait un sourire mielleux à la fille qui vient de nous rejoindre.

— Tu peux me demander si tu as des questions. Je peux les transmettre à Noh. L'addition s'il vous plaît ! répond Yuri en mon nom puis elle appelle un serveur pour le paiement.

Je suis encore assez confus sur ce qui se passe, mais je remets tout de suite un billet violet (3) au serveur.

— C'est moi qui offre.

Yuri se retourne et sourit beaucoup à la fille une fois que je lui ai dit ça. Elle semble être ravie.

— On va y aller, à plus tard, dit-elle avant de lier son bras au mien et nous quittons rapidement le restaurant ensemble.

Hum... Je crois que je commence à mieux comprendre les choses maintenant.

Notes :
1/Electone : instrument de musique créé par Yamaha. Il s'agit d’un orgue électronique très populaire.
2/ Kinokuniya : chaîne japonaise de grandes librairies
3/ Il y a cinq types de billets en Thaïlande :
- 20 bahts (Environ 0,55 €) en vert et marron
- 50 bahts (Environ 1,37 €) en bleu
- 100 bahts (Environ 2,73 €) en mauve/rose
- 500 bahts (Environ 13,65 €) en violet
- 1000 bahts (Environ 27,30 €) en jaune et marron

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:16



44ème Chaos
En Attente
Mais comme Yuri me suppliait de voir un film avec elle, nous n'avons quitté le Siam qu'assez tard. J’avais proposé de monter dans le taxi avec elle et de la raccompagner chez elle avant de rentrer chez moi. Il est maintenant vingt-deux heures passées, je suppose que papa et maman dorment déjà.

Je suis incroyablement épuisé une fois que j'ai quitté le taxi et déverrouillé la porte. Je me tapote le cou en entrant. Je pense que le cours de gym d'aujourd'hui m'a vraiment fatigué. Ça me fait très mal quand je me penche pour enlever mes chaussures. En plus de ma taille qui est douloureuse, je remarque une paire de pieds inconnue devant moi.

Je lève immédiatement les yeux.

— Comment es-tu arrivé ici ?!

C'est Phun ! Qu'est-ce qu'il fait dans ma maison ?!

— Sur un tapis magique, répond-il d'un ton moqueur avant de m'aider avec mon cartable. Entre vite ! Tu laisses les moustiques entrer à l'intérieur.

Attendez une seconde. Je me suis trompé de maison ?

Je le suis et je rentre dans ma propre maison en étant très confus. Phun me conduit jusqu'au dîner où mon plat préféré, du poulet panang curry, m'attend. En plus de cela, il y a aussi des haricots longs et des boulettes de porc frits avec du maïs.

— Ta mère a préparé ça. Tout est délicieux, je te le promets.

Oh, ça veut dire que cet imbécile est là depuis le dîner et qu'il est déjà devenu ami avec ma famille.

— Alors tu te mêles à ma famille maintenant ? Où sont papa et maman de toute façon ?

— Ils sont montés pour dormir. Je leur ai dit que je t'attendrais à leur place, hé hé.

C'est gentil de proposer de les aider. Je me dis à moi-même en allant chercher une assiette de riz pour pouvoir manger tous ces plats. Même si j'ai eu ce bol de nouilles, j'ai encore faim après le cinéma.

— Alors, tu rentres tard. Qu'est-ce que vous faisiez ? demande-t-il.

J'essaie de répondre, mais je dois d'abord avaler la nourriture.

— On a vu ce nouveau film de Jackie Chan. Le doublage était putain d'hilarant, dis-je pendant que je vais chercher plus de curry.

J'entends Phun glousser doucement en me versant un verre d'eau.

— D'accord. Mange plus lentement ou tu vas t'étouffer.

Nous avons dîné tard, regardé la télévision et discuté longuement avant de nous décider à monter. C'est ainsi que j'ai appris que Phun était passé plus tôt dans la soirée mais que je n'étais pas encore rentré, alors il est resté pour discuter avec mes parents. Puis ma mère l'a invité à dîner, et c'est ainsi que Phun est devenu son nouveau fils préféré.

— Ta mère flirtait totalement avec moi, mec. Elle n'arrêtait pas de dire que j'étais beau, j'étais tellement gêné.

C'est ça qui te gêne ? Je regarde le gars qui semble être fier plus que tout alors que nous montons les marches. J'ai soudain envie de lui donner un coup de pied pour qu'il dévale les escaliers et qu'il perde sa belle apparence.

— Peu importe, tu n'es même pas à moitié aussi beau que mon père.

Je suis un bon fils, je dois prendre le parti de mon père. Hé hé. Je peux l'entendre rire quand j'ouvre la porte de ma chambre.



Une fois que j'ai allumé la lumière, je me dirige directement vers mon bureau et je dépose mon cartable à côté de lui avant d'enlever rapidement mes chaussettes. Quant à Phun, il est occupé à allumer la télévision. Nous nous occupons de nos propres affaires pendant un petit moment, puis je lui pose enfin une question.

— Alors, que fais-tu ici ? Tu as prévenu tes parents ?

Phun est confortablement assis, les jambes croisées. Ses yeux sont posés sur la télévision qui est actuellement réglée sur Disney Channel.

— Je l'ai fait. Des membres de notre famille sont chez nous et tiennent compagnie à Pang, ce qui fait que ce grand frère n'est plus nécessaire. Je me suis dit que je pouvais passer la nuit chez toi et te tenir compagnie.

— Bon sang, et tu as quel âge déjà ? marmonné-je pour moi-même en allant chercher une bouteille d'eau dans le petit frigo et j'en verse un verre à Phun.

Il secoue la tête, alors je le bois à sa place.

— Tu es triste et énervé contre ta petite sœur, alors tu es venu pour panser tes blessures.

— Non... tu m'as manqué. On ne s'est pas fait de câlins depuis une éternité.

Kof Kof. Je m'étouffe dans l'eau après avoir entendu ce que le secrétaire du conseil des étudiants vient de dire avec un visage impassible.

— Qu'est-ce que tu viens de dire ? !

Kof kof. Je m'étouffe avec l'eau. J'ai l'air si pitoyable, et pourtant mon visiteur me regarde avec un sourire en tapotant l'espace vide à côté de lui.

— Allez, viens t'asseoir ici.

Qu'est-ce qu'il a, ce type ? Pourquoi dit-il ces trucs bizarres ? Et il a le culot de donner des ordres au propriétaire de la maison. Je fixe son sourire idiot tout en ressentant une grande appréhension.

— Pourquoiiiiiiii ?

— Allez !

Il continue à taper le sol à côté de lui et je cède. Bien, je ferais mieux d'y aller avant qu'il ne laisse une marque dans ma chambre.

Mais avant que je puisse m'asseoir comme il me l'a demandé, cet abruti me tire dans ses bras et me serre fort. Yooooooo ! Je me débats dans ses bras musclés. En gros, je suis assis sur les genoux de Phun, ses bras bien serrés autour de moi.

— Yo ! Lâche-moi !

— Rêve. Je meurs d'envie de te tenir comme ça depuis des jours. Il n'y a pas moyen que je te laisse partir ce soir, dit-il en enfouissant son nez dans ma joue.

Je me débats encore une fois contre son emprise alors que le grand nez de Phun profite de la situation. Il m'embrasse ici, là et partout. Non pas que je vais le laisser continuer comme ça.

— Hé ! Qu'est-ce que tu as ?!

Sauf qu'il est très fort et que je commence à être fatigué.

— Je ne peux pas... ? demande Phun d’un ton un peu déprimé après que l’on se soit bagarré.

Vraiment, tu me fais ce coup-là ? Je le regarde et j'arrête de me débattre.

— Laisse-moi m'asseoir correctement d'abord.

C'est ça, le truc. Je le dis à Phun et il me laisse m'asseoir par terre. Maintenant qu'il se comporte bien, c'est moi qui le prends dans mes bras et le tiens cette fois-ci.

— Tu vois ? C'est pas mieux ?

— Peu importe la manière, c'est génial, dit-il d'une voix étouffée en me serrant fort.

Nous restons comme ça pendant un long moment jusqu'à ce que Phun soit le premier à lâcher prise.

Son visage est à quelques centimètres du mien.

— Je peux t'embrasser... ?

On entend une voix grave mais douce qui provient de la paire de lèvres qui se trouve non loin de la mienne.

Je fixe ses yeux perçants avant de fermer les miens au moment où nos lèvres s'entremêlent et où nous nous offrons mutuellement un doux nectar.

Phun et moi, on s'embrasse si longtemps que j'ai l'esprit vide. On ne s'est pas embrassés comme ça depuis notre voyage à Bang Saen. (En fait, Phun m'a embrassé le jour de Noël mais ne comptons pas celui-là puisque nos lèvres se sont simplement touchées très brièvement). Les baisers de Phun sont toujours aussi agréables. Il ne précipite pas les choses. Il sait peu à peu exprimer le désir et l'envie à partir du bout de ma langue. Phun utilise la sienne pour réveiller tous ces beaux souvenirs. Nous exprimons chacun nos sentiments grâce à nos langues pendant un long moment avant qu'il ne mordille doucement mes lèvres à plusieurs reprises en utilisant ses propres lèvres.

Phun s'éloigne et sourit largement, l'air satisfait.

— Tu embrasses toujours très bien. Je suis tellement content. dit-il en me tirant dans son étreinte serrée une fois de plus. Aujourd'hui, ça en valait vraiment la peine.

— Bien sûr... bien sûr !

Je peux à peine cracher une réponse. Il relâche lentement mon corps, mais il embrasse toujours mon front. Et puis, il me donne un autre gros baiser sur la joue.

— Je vais prendre une douche ! dit Phun et il se lève.

Il se retourne pour me sourire avant de me laisser assis ici, tout confus. Mon visage est indéniablement rouge. Ce salaud ! Tu m'as excité et tu vas partir comme ça ? !

Je lui fais un doigt d'honneur avant de lui faire signe de partir. Je tourne mon attention vers la console de jeu pour me calmer de mon énervement. Puis, j'entends sa voix grave et douce.

— Attends-moi…

Et il disparaît dans la salle de bains.

Alors tu te souviens que je t'attends toujours après tout...



Le lendemain matin, Phun et moi sommes allés à l'école ensemble. Comme prévu, nous avons croisé Ohm et sa grande gueule.. (Sérieusement ? Pourquoi est-ce qu'on le croise toujours quand ce genre de choses arrive ?) Mais il n'a pas dit grand chose cette fois puisqu'il est arrivé à l'école avec Mick lui-même. On est quitte. Aucun de nous n'a mentionné quoi que ce soit.

Les cours se sont déroulés normalement, comme tout le reste aussi. Mais pas Ohm, il ne semble pas être lui-même. Je pense que lui et nong Mick sont devenus très proches maintenant. Il était au téléphone tout le temps. J'ai essayé de l'écouter et Ohm a continué à vérifier où se trouvait Mick et ce qu'il faisait. Honnêtement, il dit des conneries quand il est avec ses amis, mais il est assez protecteur avec son petit ami.

Je suis allé au club comme je l'ai toujours fait après la fin des cours. C'est bizarre qu'il n'y ait pas beaucoup de monde aujourd'hui. Je suppose que c'est à cause des examens de mi-session qui approchent, donc tout le monde est parti étudier. (Et moi, alors ?) Je suis un génie. J'ai tout ce dont j'ai besoin dans mon cerveau, ha ha ha.



♪ Je n'ai pas peur des matins.

J'ai seulement peur qu'ils ne viennent pas.

Peu importe l'heure qu'il est

Je peux le faire. ♪



Hein ? Qui diable m'appelle ? Je prends mon téléphone et je le fixe en me sentant perplexe. Je ne reconnais pas ce numéro.

— Allô ?

— Noh ! C'est Jeed !

Qui diable est Jeed ? Hm, c'est une fille aussi. Je fronce les sourcils curieusement pendant un moment.

— Je suis désolé mais...Jeed qui ?

— Jeed, la fille des nouilles de Hong Kong que tu as rencontrée hier à Siam ? Celle qui est dans le club de musique du lycée privé

Ah, je me souviens bien d'elle quand elle a parlé des nouilles de Hong Kong. Mais où a-t-elle trouvé mon numéro ? Je ris sèchement à mon téléphone.

— Ah, d'accord. Je m'en souviens. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je suis juste devant ton école, tu peux venir me rejoindre ?

Et puis quoi encore ? ! Qu'est-ce qui se passe avec ces filles de cette école ? ! Elles viennent toujours ici à l'improviste. Je donne rapidement ma réponse et je mets mes chaussures avant de me précipiter pour la voir.

Ce que je préfère le moins (après les araignées), c'est d'avoir une fille qui attend devant mon école comme ça. Ce n'est pas que je trouve ça ennuyeux ou que j'aime jouer les inaccessibles, mais j'ai l'impression que c'est trop dangereux pour elles. Il y a tellement de mecs par ici. On ne sait jamais ce qu'ils peuvent penser. Et si quelque chose de terrible arrivait ? Ces gars ont aussi une sacrée envie. Pfffff.

Je halète pour prendre de l'air en courant vers la porte de l'école. J'aperçois Jeed, qui porte le même uniforme que Yuri, et qui est là, souriante, en train de m'attendre. À vrai dire, je ne me souviens pas à quoi ressemble Jeed, mais d'après tout le reste, je suis sûr que c'est elle.

— Il y a un problème, Jeed ? demandé-je, haletant.

— Tu n'avais pas besoin de courir jusqu'ici, Noh ! J'aurais pu attendre !

Écoute-toi, tu ne réalises toujours pas que c'est quelque chose que tu ne devrais pas faire ?

— Alors, qu'est-ce qui se passe ?

Je vais droit au but. Jeed hésite un peu avant de me donner une réponse.

— Tu es dans le club de musique, non ? Je peux emprunter les partitions de Barbarian Horde ? Celles que nous avons sonnent bizarres.

Attends, quoi ? Je lève les sourcils en ayant l'air perplexe. Est-ce que les gens vont vraiment dans d'autres écoles juste pour emprunter des partitions ? Si c'était si important, elle aurait pu demander à son école d'envoyer une demande par fax et nous leur aurions simplement renvoyé par fax tout ce dont ils avaient besoin. Il n'y a aucune raison de perdre du temps en se déplaçant jusqu'ici. En tout cas, ce n'est pas très important.

Je lui fais un signe de tête et je la conduis à l'intérieur de l'école. Nous nous dirigeons vers le bâtiment F et plusieurs élèves nous regardent avec curiosité. Je suppose qu'ils pensent que j'ai amené une fille ici pour frimer. Je dois leur faire signe de tête pour qu'ils arrêtent tout cela parce que je ne veux pas qu'il y ait de malentendu. Au contraire, Jeed a plus à perdre que moi.

Une fois que nous sommes arrivés au club, je la fais attendre dehors pendant que je lui propose d'aller moi-même chercher ces partitions. Cependant, je ne sais pas comment Film a rangé ces choses. Elle a probablement attendu pendant si longtemps qu'elle a enlevé ses chaussures et est entrée pour demander.

— Je devrais aider ?

— C'est bon, dis-je rapidement en feuilletant les classeurs.

(Nous en avons tellement, je ne sais pas pourquoi nous avons imprimé tout ça.) Finalement, je les trouve cachés dans un des tiroirs au lieu des classeurs où elles étaient censées être.

— Est-ce que c'est ce que tu cherches ?

Je donne une pile de papiers à Jeed. Elle s'approche et me fait un signe de tête.

— Oui, c'est ça.

— Tu peux les prendre, on a des tonnes de copies.

Comme c'est généreux de ma part.

— Merci.

Juste au moment où Jeed accepte les papiers de ma part, la porte s'ouvre.

Je me retourne pour regarder et je ne peux pas m'empêcher de penser au timing impeccable de ce Phun Phumipat.

— Oh, Noh. Tu as une invitée ? demande-t-il une fois qu'il me voit avec une fille inconnue dans la salle.

C'est intéressant de voir comment il arrive à cette conclusion puisqu'il n'est pas trop loin.

— Oui, le lycée privé voulait emprunter des partitions, répond-je avant de me retourner vers Jeed. Tu as besoin d'autres partitions ?

— Non, je n'en ai pas besoin. Ça te dérange si... ?

— Je vais aller quelque part près de la porte de l'école. Et si je t'accompagnais là-bas ?

Phun lui coupe immédiatement la parole. Bien qu'on aurait plutôt dit qu'il me demandait à moi et pas à elle. Quel cinglé. Tu ne viens pas d'arriver ? Je fixe son visage vif, puis je retourne vers Jeed avant de hocher la tête en silence.

— Je te la laisse alors. Désolé de ne pas pouvoir t'y accompagner moi-même, Jeed.

— Ce n'est pas grave. Je te verrai plus tard.

Euh...il y aura une prochaine fois... ?

Ces deux-là s'éloignent en me laissant un tas de questions dans la tête. Mais peu importe, est-ce que j'ai vraiment des copies en plus de cette partition ? ! Je n'en vois aucune !


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:16



45ème Chaos
Pourrais-tu me faire confiance ?
Le temps passe et vendredi arrive. Aujourd'hui est le jour où le groupe de notre école jouera au lycée privé pour sa journée portes ouvertes. Après une longue et épuisante réunion, ils ont décidé d'y envoyer mon groupe.

Cela n'a rien à voir avec le fait que mon groupe est le meilleur qui existe ou quoi que ce soit en tant que tel (nous répétons rarement ensemble), mais c'est parce que personne ne voulait y aller. Tout le monde a donné un tas d'excuses, comme le fait d'avoir trop de devoirs à faire, d'avoir tant de rapports à écrire ou tout ce qu'ils auraient pu trouver d'autre. C'était plutôt étrange que personne ne veuille aller au lycée privé. Finalement, j'ai découvert que Pao (le batteur de mon groupe) avait fait pression auprès des autres membres du club pour qu'il refuse que quiconque se mette en travers de sa vie amoureuse. Il a dit qu'il reviendrait ici avec une nouvelle petite amie du lycée privé. Eh bien, alors.

Phun était là le jour où j'ai remis les demandes officielles d'absence pour que nous puissions jouer au lycée privé. (Pour être honnête, je voulais y aller quand il travaillait en espérant que les choses auraient été plus simples avec son aide) Mais quand il a réalisé que c'était mon groupe qui jouerait, il est devenu très agaçant. Il n'arrêtait pas de dire que s'il ne pouvait pas venir avec le groupe, il ne signerait pas. Le conseil des étudiants traite ces demandes chaque fois que les élèves demandent la permission de s'absenter de l'école. Ce sont eux qui vérifient si les demandes sont valables ou non. Très amusant. La dernière fois, Fi s'en foutait complètement quand il a signé. On pourrait être en train de mourir dans un fossé pour tout ce que ça l'intéresse. Il n'a pas du tout fait d'histoires comme Phun. (Alors est-ce que j'ai fait une erreur en venant voir Phun pour ça ?)

Nous avons eu une longue dispute à ce sujet. Phun avait cette expression odieuse sur le visage qui me donnait envie de lui botter le cul. Il a refusé de céder. Je lui ai obéi et l'ai laissé me suivre. Comme tu veux. Ce sera bien d'avoir des mains supplémentaires pour aider à porter les affaires.



On a quitté l'école en fin d'après-midi le vendredi afin de pouvoir apporter nos propres instruments au lycée privé. J'ai été surpris par ce que j'ai vu à la grille une fois arrivé. Il y avait une bannière fantaisiste accrochée à la porte. Elle disait :

"Bienvenue aux musiciens de XX."

Est-ce qu'ils ont fait ça l'année dernière ? Je ne m'en souviens pas.

Certains d'entre nous sont entrés et nous étions tous confus. Des élèves de première année nous ont accompagnés pour nous aider à porter les affaires que nous avions apportées. C'était étonnant de voir à quel point les membres de leur club de musique semblaient accueillants et reconnaissants. (Jeed est le premier visage que j'ai vu.) Les filles nous ont conduits à la loge qui contenait tout ce que nous pouvions demander. J'ai continué à regarder dans le miroir pour voir si j'étais toujours le même Noh ou si je m'étais transformé en p'Toon (1) de Bodyslam (Elles ont peut-être fait une erreur puisque nous sommes pareil en termes de beauté). Mais c'est quoi ce bordel ? L'année dernière, tout ce que nous avions, c'était une tente montée ouvrant sur l'herbe.

On a tous remercié les étudiantes présentes avant de transporter les instruments sur la scène pour les installer. Elle est actuellement vide puisque le reste de l'événement se déroule en plein air. Il y a des lycéennes qui nous regardent tout installer et faire le contrôle du son.

— Tu es fatigué, Noh ?

Pendant que je branche l'amplificateur, Jeed s'approche et me tend de l'eau. C'est plutôt partial de sa part, vu que je travaille à l'ombre et que c'est assez confortable alors que Art et Nong Knott travaillent sous le soleil brûlant. Ce sont d'eux qu'il faut s'occuper, du coup je refuse.

— Je ne suis pas fatigué. Tu pourrais apporter de l'eau à mes amis là-bas, près de la table de mixage ? Ils sont probablement en train de mourir sous la chaleur.

Ce que j'ai dit a dû toucher une corde sensible chez elle, car elle semble un peu troublée.

— Oh...mes amis vont faire ça de toute façon, dit-elle et elle poursuit la conversation. As-tu déjà mangé quelque chose ?

— Noh, mange ça. C'est foutrement bon.

Avant que je puisse lui donner une réponse, la voix de Phun nous interrompt. En plus de ça, il me met un énorme takoyaki (2) dans la bouche. Connard ! C'est brûlant !

— Co-ard ! 'est-aud !

Je me retourne pour maudire le gars qui se tient là en riant tout seul. Mais c'est vraiment délicieux, je lui accorde ça. Je me demande où il a acheté ça. Une fois la sensation de brûlure passée, j'en profite pour lui demander et découvre qu'il y a des stands de nourriture installés là-bas. Phun était en train de tout finaliser avec les professeurs et ils ont eu la gentillesse de donner quelques échantillons gratuits. En plus du takoyaki, j'ai remarqué qu'il a beaucoup d'autres choses comme des petits pains à la crème, des œufs de caille et une salade de nouilles épicées. Chaque fois qu'il s'agit de nourriture, Phun et moi avons généralement une longue discussion. Je ne sais même pas quand Jeed a quitté la scène.

— Noh ! Pourquoi tu ne m'as pas appelé pour me dire que tu étais déjà là ? !

C'est alors que l'on peut entendre la voix aiguë de Yuri. Je me retourne pour la regarder au milieu de ma conversation avec Phun tout en tenant encore quelques vis avec ma bouche. Elle me fait signe de la main depuis le devant de la scène.

— On vient d'arriver. Tu viens nous regarder ? crié-je en retour et elle me fait un sourire.

— Bien sûr ! Mais je dois d'abord aller faire du khanom khrok (3) ! Héhéhé !

Je suppose qu'elle tient un stand de desserts. Comme c'est mignon ! Je lui fais un signe de tête avant que Yuri ne s'en aille en portant son tablier apparemment sale.

— Quelqu'un est vraiment populaire.

Hein ? Le ton sarcastique de Phun me fait me retourner pour le regarder. Il affiche une expression indifférente sur son visage avant de se déplacer pour partager la nourriture avec les autres.



Ma montre indique qu'il est 15h30, et c'est à nous de jouer. Une magnifique présentatrice (qui est-elle ? Elle est vraiment canon) donne le coup d'envoi de l'émission et nous présente au public qui est entièrement composé de filles. On a d'abord joué à quelques jeux. J'ai compris qu'ils font partie du spectacle, mais je ne comprends pas pourquoi c'est nous qui devons distribuer les prix ? Je ne suis pas directeur d'école.

En tout cas, disons que tout était assez amusant. Pao semblait satisfait puisqu'il a eu l'occasion de mater les filles. Il discutait avec les deux présentatrices en coulisses. Jeed essayait aussi d'entamer une conversation avec moi. (J'ai remarqué qu'elle essayait plusieurs fois.) Mais c'était difficile car apparemment, j'appartenais aux gens aujourd'hui. Quelqu'un m'appelait pour aller quelque part, puis quelqu'un d'autre essayait de discuter avec moi. (Phun était l'une de ces personnes).

Nous avons aidé les deux présentatrices à distribuer des prix et à jouer à divers jeux pendant un long moment avant que le groupe ne commence le spectacle. Aujourd'hui, je serai à la fois le guitariste et le chanteur principal. Je fais un petit coucou aux filles et je suis accueilli par de grands cris.

Elles sont bien plus bruyantes que la dernière fois que nous étions ici.

On est un peu surpris, mais il y a cette phrase anglaise "The Show Must Go On" (quoi que cela signifie, ça sonne bien, alors je l'utilise) et Pao commence les intros à la batterie de "That Thing You Do" de The Wonders. Nous l'avons également joué comme chanson d'ouverture l'année dernière. Les hurlements sont déments. Alors si elles sont tellement à fond dedans, comment pouvons-nous, en tant que musiciens, ne pas nous amuser avec elles ?

Je chante et je ris quand je vois Yuri faire des mouvements de danse traditionnelle thaïlandaise de très loin (devant un bâtiment). Je trouve ça hilarant. La chanson que je chante est plutôt mignonne, ne pouvait-elle pas choisir des mouvements différents qui iraient avec ? J'ai éclaté de rire sur scène. Yuri le remarque et elle continue. C'est elle qui devrait être la plus embarrassée.

Phun se cache près de la table de mixage avec Nong Knott. Il n'est qu'à quelques mètres de la scène. Mais je pense qu'il a perdu la tête, car il ne semble pas pouvoir s'arrêter de sourire comme un malade mental. Il continue à me sourire et je commence à me sentir timide. Mais peu importe ! Nous pouvons tous les deux être malades mentaux car nous continuons à nous sourire comme ça tout le temps.

Après "That Thing You Do", nous poursuivons avec "Can I Hug You ?" de Skykick Ranger. C'est Ohm qui a choisi cette chanson. (Je me demande qui tu veux enlacer, hum !) Je plaisante, on joue normalement ces chansons enjouées pour des événements joyeux comme celui-ci (pour que les clients s'amusent encore plus). Et c'est pour cela que nous avons dû traîner Nong Mum et ses amis sur la scène. Nous avons besoin d'eux pour jouer des instruments à vent. (Ils sont trois. Nong Mum, Nong Heng et Nong Loy. Mais pourquoi Nong Mick n'est pas là ? C'est mieux comme ça, je suppose. S'il était ici sur la même scène qu'Ohm, il ne serait probablement pas capable de se concentrer et jouerais les mauvaises notes de toute façon). Pendant que je chante la phrase "Je veux te serrer dans mes bras, je peux faire ça ?" je me penche et je tends les mains vers tous les spectateurs à l'avant de la scène et les filles crient de joie (suivies par leurs bras qui tendent la main vers moi). Putain, c'est la première fois que je me sens aussi beau. C'est vraiment drôle hahaha. Ensuite, on passe à une chanson de rock, ce que fait normalement un groupe exclusivement masculin. On ne peut pas continuer à jouer ces jolies chansons, sinon les gens vont commencer à dire que nous ne sommes pas assez virils. (Eh bien, je pense que je le suis pourtant !) Cette chanson est notre signature et tous les membres du club de musique la connaissent. C'est "Not So Handsome" de Modern Dog, hé hé. Même si je suis très beau (ne vomissez pas, vous ne devriez pas gaspiller de la nourriture), j'aime bien chanter cette chanson parce qu'elle est facile à chanter. (Quoi ? Qui vient de dire que je suis flemmard ? !) Le rythme est agréable et cool aussi. J'aime ce genre de chansons où il y a des mouvements de va-et-vient entre un rythme rapide et un rythme plus lent. C'est amusant quand je les joue. C'est assez satisfaisant, comme si vous aviez l'occasion de libérer de la pression (comment exactement ?). Disons que j'aime ce genre de chanson. Pao reprend les parties de rap de Fucking Hero. Il est génial, n'est-ce pas ? Il peut aussi rapper et jouer de la batterie en même temps. Mon ami est génial !

Après avoir terminé avec "Not So Handsome" (chanté par quelqu'un de beau), on prend une courte pause et on boit de l'eau. Ensuite, on continue avec "This Song Has To Do With Love" de Silly Fools. C'est presque une chanson lente, mais pas vraiment lente. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. Si vous vous attendez à ce que l'on joue sept chansons rapides d'affilée, on finirait par mourir. (Ce qui n'est pas impossible puisque nous ne faisons que manger et dormir pour avoir l'énergie nécessaire) On décide de ralentir la cadence avec cette chanson et de se donner un peu de répit tout en laissant le public se balancer au rythme de la musique. J'admets que ma voix n'est pas comparable à celle de p'Toe (4). (Comment chante-t-on les dernières syllabes comme lui ? Où apprend-on à faire ce genre de choses ?) On a un peu baissé la tonalité, mais c'est toujours agréable. Je veux dire que je ne suis pas un grand chanteur ou quoi que ce soit d'autre au départ. (Je n'ai jamais eu de leçons. Tout ce que j'ai fait, c'est de chanter au karaoké avec ce salaud d'Ohm). En gros, si ça passe, alors ça me va. (Ça ressemble à une excuse.) Phun commence à rire quand la note baisse de façon inattendue. Espèce de crétin, tu aurais rendu cette chanson encore pire que moi ! (Par exemple le récent concours Live.)

Comme on a déjà pris notre pause, on ne peut pas faire une autre chanson lente, alors on va faire monter un peu l'ambiance. C'est incroyable comme il suffit qu'Ohm joue deux accords, Mi et La, pour que les filles crient à pleins poumons comme si elles savaient exactement de quelle chanson il s'agit.

Vous pouvez peut-être deviner que nous sommes sur le point de jouer "Wavering" de Bodyslam. Je suis aussi chaud que P'Toon aujourd'hui de toute façon, je ferais mieux de suivre le mouvement. Hé hé hé. Les chansons de Bodyslam sont difficiles à chanter mais elles sont tellement amusantes à jouer. Pao aime jouer de la batterie sur ce groupe. Ohm et moi aimons aussi jouer la guitare de ce groupe. Poom est le seul à se plaindre car il n'y a pas grand-chose à faire en tant que claviériste. (Hé, c'est une chanson de rock, tu peux te la couler douce pour une chanson.) Cette chanson est un bon moyen d'évaluer si le public a encore de l'énergie, surtout au milieu de la chanson. Je laisse plus de cinq cents filles devant la scène pour prendre ma place en tant que chanteur principal. Tout le monde chante de son mieux. Je suis très heureux au nom de P'Toon car sa chanson est très populaire. Il y a cependant un raté : New (le bassiste) se trompe de tonalité pendant le refrain (Oh oh oh, non non), alors qu'il chante avec Ohm, Poom et Pao. Mais pour une raison inconnue, il continue à chanter plus haut que le reste des gars.

Mais ce n'est pas grave, je ne suis pas trop inquiet. (Parce que je l'ai tellement harcelé que j'en ai marre de faire ça, ha...)

Après avoir mesuré l'énergie du public (et appris qu'il leur en reste encore beaucoup), on entame tout de suite la chanson suivante. Mais plus de rock, hé hé hé. Je vous ai dit que je suis vraiment à fond dans le ska ces derniers temps. Après m'être battu très fort contre les gars, j'ai pu ajouter cette chanson à la liste de chansons. Il s'agit de "What Ska Is ?" de Skalaxy. Cette chanson est extrêmement amusante à jouer en live, je vous le dis. Essayez-la une fois et vous serez accro.

Nong Mum, Nong Heng et Nong Loy sont de retour sur scène après s'être reposés pendant trois chansons. Je remarque qu'ils font aussi des chorégraphies, quand ont-ils répété ça ? En tout cas, ils sont plutôt adorables. Et honnêtement, on ne peut pas sous-estimer Nong Mum même s'il est potelé. Une bande de lycéennes crient pour lui. (Je pouvais le sentir quand il a joué du trombone en solo.) Yuri est là maintenant aussi, je me demande pour qui elle crie. Ça doit être moi, non ? Ça ne peut pas être pour nong Mum, haha. (Est-ce que quelqu'un vient de me traiter de prétentieux ?) Nous n'avons presque plus d'énergie à la fin de la chanson et il nous reste encore une chanson à jouer. Je leur avais dit que nous devions jouer cette chanson en dernier mais personne ne m'a écouté. (Cette chanson utilise une tonne d'énergie pour le chanteur, les joueurs, les danseurs et même le public). À vrai dire, il est préférable de terminer le spectacle avec cette chanson…

Je prends d'énormes gorgées d'eau (je finis presque toute la bouteille en une fois) avant de poser la guitare car je n'aurai pas besoin de jouer moi-même pour cette chanson. Mes yeux sont fixés sur la liste de chansons devant moi, puis je lève la tête et je vois Phun qui me sourit. (En fait, il sourit et n'a pas arrêté depuis la première chanson jusqu'à maintenant, je me demande même si ses gencives ne sont pas sèches).

Je fais un grand sourire à Phun avant de parler dans le micro et d'annoncer le titre de la dernière chanson sur un ton à peine audible.

— S'il te plaît, aie confiance en moi.

Malgré les cris des filles qui surpassent l'intro à la caisse claire de Pao, je peux encore voir très clairement Phun au milieu de la foule. Il me sourit encore, comme j'espérais le voir tout ce temps.

Quand nous nous sommes entraînés, je n'ai pas choisi cette chanson pour lui en particulier. Mais s'il l'entend et se rend compte que c'est à propos de lui, alors ce serait génial, n'est-ce pas ?

Je lui souris une fois de plus avant de prendre le micro et de chanter la première ligne de la chanson.



♪ Je veux que tu sois avec moi

Chaque jour, serait-ce possible ?

Je veux t'aimer, toujours

T'avoir dans mon cœur

Je veux être cette personne

Dont tu as toujours rêvé

Je veux veiller sur ton cœur

Pour toi. ♪



Je lève les bras et j'applaudis au rythme de la caisse claire, en invitant tout le monde à applaudir avec moi. Phun sourit en applaudissant quand le refrain arrive.

Je suis conscient que je ne peux tout simplement pas m'arrêter de sourire.



♪ Aie foi en moi et sois certain

Je ne te décevrai jamais

Je te tiendrai, quoi qu'il arrive

Je ne te demanderai qu'une seule fois de me faire confiance

Je veux que tu saches que je suis là.

Je veillerai sur toi, sans jamais te quitter

Je ferai tout cela pour toi de tout mon cœur

Laisse-moi t'aimer

Oh, yeah'. ♪



Les filles hurlent quelque chose d’inintelligible mais mes yeux sont fixés sur Phun qui se tient là et donne un coup de main depuis la table de mixage. Malheureusement, comme il a gardé son attention sur moi, il ne remarque pas que Nong Knott conspire contre lui.

Phun est choqué lorsque Nong Knott décide de lui retirer son casque, en le laissant sur la table de mixage, pour le pousser vers la scène. Même Ohm, New, qui joue son solo, et le reste des gars sur scène sont confus quant à ce qui se passe au moment où Phun se tient si près de moi que nos corps se touchent.

Je regarde Knott, perplexe car je n'étais pas prêt pour ça. Il est le seul à sourire tout seul avant de me murmurer quelque chose à l'oreille.

— Chantez ensemble, p'. Hé hé.

Ce morveux ! Je ne peux pas lui botter le cul puisque je suis sur scène, mais je me fais une note mentale pour le faire une fois que nous aurons fini ici.

Ohm me regarde d'un air moqueur pendant qu'un membre du personnel traîne un micro pour Phun. Il rit timidement mais accepte de chanter avec le groupe. En attendant la fin du solo, je calcule rapidement comment je devrais chanter pour que nous puissions nous en sortir sans nous embarrasser au cas où Phun dérape et chante à nouveau trop bas. (Hahaha.)

Ensuite, Ohm joue de la guitare et regarde Phun un instant comme un signal qu'il va bientôt devoir chanter. Phun hoche la tête avec un sourire avant de s'harmoniser parfaitement avec moi.



♪ Aie foi en moi et sois certain

Je ne te décevrai jamais

Je te tiendrai, quoi qu'il arrive

Je ne te demanderai qu'une seule fois de me faire confiance

Je veux que tu saches que je suis là.

Je veillerai sur toi, sans jamais te quitter

Je ferai tout cela pour toi de tout mon cœur

Laisse-moi t'aimer

Je veux que tu saches que je suis là.

Je veillerai sur toi, sans jamais te quitter

Je ferai tout cela pour toi de tout mon cœur

Laisse-moi t'aimer

Oh, yeah'. ♪



Nous avons sauté ensemble, les bras autour de nos cous, et nous avons chanté le reste de la chanson. (C'était épuisant.) Yuri sautait tout en criant plus fort que les autres aussi. J'ai remarqué qu'elle disait à ses amies.

— C'est mon petit ami ! C'est mon petit ami !

Je sais lire sur les lèvres ! Quand tout a été fini, j'étais trempé de sueur et je n'avais presque plus de forces.

Phun halète et transpire aussi. (Et tu n'as chanté qu'une demi-chanson.) Je suppose que c'est à cause des projecteurs qui brillent sur nous. Malgré tout, il semble être heureux. Nous nous sourions avant de nous prendre la main et de nous incliner devant le public. On dit au revoir avec les flashs des appareils photo qui se déversent sur nous. Alors que nous remercions tout le monde, quelque chose me revient à l'esprit.

Qu'en est-il de Aim ?

Je ne l'ai pas vue du tout depuis que je suis arrivé ici !

Est-ce que Phun l'a vue ? ! A-t-il demandé à venir parce qu'il est déjà passé à autre chose ou parce qu'il voulait la voir ? ! Je ne peux pas m'empêcher de laisser libre cours à mon imagination.

Cependant, je ne sais pas si Phun peut lire ce qui se passe dans ma tête ou quoi, mais il lâche mon poignet et prend une serviette mouillée sur le grand amplificateur. Il la jette par-dessus ma tête avant de dire quelque chose d'inaudible.

— J’ai confiance.

Si c'est le cas, alors je devrais aussi avoir confiance en Phun.



Après avoir fini de jouer, on avait l'impression de se transformer en TVXQ (j'ai le culot de faire une telle comparaison) parce que toutes les filles se bousculaient tout autour de nous. Pour dire les choses simplement, on ne pouvait pas descendre de scène tout seul et les membres de l'équipe du club de musique du lycée privé ont dû nous aider.

On s'est frayé un chemin avec beaucoup de difficulté à travers les flashs de nombreux appareils photo. (Je comprends tout à fait ce que l'on ressent lorsqu'on est une superstar aujourd'hui.) Nous pouvons enfin prendre une pause une fois de retour dans notre refuge, que nous appelons la loge.

— Knott, quel genre de coup pensais-tu avoir fait ?

Une fois de retour dans la salle, je m'occupe rapidement du cas de cet élève de 10e année. Son cul est probablement meurtri par tous les coups de pied, mais il rit toujours joyeusement.

— Hein ? Mais j'ai vu que tu n'arrêtais pas de fixer Phi Phun alors j'ai pensé que tu voulais qu'il chante avec toi.

Écoutez son excuse ! Il ferait mieux de faire attention à ce qu'il dit !

— Sérieusement, tu as presque tout gâché en faisant chanter Phun, marmonné-je me plaignant et taquinant Phun à ce sujet en même temps.

Le type en question arrête immédiatement de boire l'eau et me regarde fixement.

— Quoiiiii ?

Tout le monde se met à rire en applaudissant joyeusement et même New joue du tambourin.

— Oui, et j'ai dû baisser le ton.

Poom, le claviériste, plaisante et tout le monde rit à nouveau. Phun se gratte la tête.

— J'étais si mauvais que ça ? Désolé, les gars ! s'excuse-t-il auprès de tout le monde dans la salle.

Chacun de nous se moque des autres sans aucun signe de lassitude.

Peu de temps après, la porte s'ouvre et deux filles entrent dans la pièce. (Nous nous taisons immédiatement.) L'une de ces filles s'appelle Jeed et elles sont là pour nous donner des porte-clés personnalisés en forme de poupée. En raison des différentes couleurs disponibles, nous décidons de fermer les yeux et d'en choisir un au hasard au lieu d'être compliqués comme nous le sommes habituellement.

Je regarde mes amis faire la fête quand ils ont de la chance et choisissent celui qu'ils veulent. Certains crient leur déception lorsqu'ils n'ont pas eu celui qu'ils souhaitaient, ce que je trouve amusant. Jeed se faufile à côté de moi et me montre tous les porte-clés.

— Lequel tu veux, Noh ? Je te laisse choisir.

Hein ? Je peux choisir ?

Je la regarde, perplexe, pendant que je décide si je dois en choisir un ou non. Mais ensuite, Phun en prend un et me le donne.

— J'en ai choisi un pour toi. Prends celui-là.

Quelle façon de me gâcher les choses, imbécile. En fait, je voulais l'autre. Mais peu importe.

— Merci, mais c'est bon.

Je me retourne pour sourire à Jeed et j'accepte le porte-clés de Phun à la place. Elle semble mécontente, mais Ohm me distrait quand il crie fort parce qu'il a choisi la poupée en uniforme de scout. Hahaha, c'est bien fait pour toi !

Après cela, nous traînons et bavardons un peu car il y a encore beaucoup de monde dehors, il serait difficile de transporter les instruments. Pendant la conversation, j'entends un son venant de mon téléphone. Il me dit que j'ai reçu un message.

Yuri : Je ne peux pas entrer à cause de ces filles du club de musique, sérieusement !

Hein ? Pourquoi pas ? Je fronce les sourcils confus après avoir lu le message. Je cherche dans la pièce quelqu'un qui pourrait m'aider, mais seule Jeed est encore là. Je n'ai pas d'autre choix que d'attirer son attention. (Je m'abstiens de lui parler parce que j'ai l'impression que Phun agit bizarrement chaque fois que Jeed traîne autour de moi). Elle s'approche avec un grand sourire sur le visage.

— Quoi de neuf, Noh ?

— Il est possible que Yuri vienne ici ? Elle m'a envoyé un texto disant qu'elle ne pouvait pas entrer.

Son sourire s'efface et un long soupir le remplace.

— J'ai bien peur que non. Seuls les musiciens et les membres du club de musique sont autorisés à entrer dans cette pièce.

C'est quoi ce bordel ? ! C'est quoi ces mesures de sécurité absurdes ? Je ne suis pas une sorte de sultan. Merde ! Je suis ennuyé par tout ça mais je choisis de laisser tomber. C'est pas grave si Yuri ne peut pas venir ici, je l'appellerai quand je serai rentré.

L'horloge nous indique qu'il est plus de 17 heures maintenant, il est donc temps pour nous de retirer le matériel de la scène. Il y a beaucoup de lycéennes qui me demandent des photos pendant que nous nettoyons. Au début, j'étais déconcerté et je ne savais pas quel genre de pose je devais faire. Lorsque je prends des photos avec mes amis, nous nous disputons généralement pour savoir qui peut faire les visages les plus gênants. Mais ces filles demandaient gentiment, elles ne veulent probablement rien de gênant en photo. Alors comment je suis censé faire un beau visage ? Personne ne m'a jamais appris ça. J'allais demander l'avis de Phun (puisque faire un beau visage est son hobby), mais un groupe de seniors prenait aussi des photos avec lui. Je suppose que je n'avais pas besoin de lui demander, mon visage est toujours beau, peu importe l'expression de toute façon. Hé hé.

Nous avons continué à ranger nos affaires et à prendre des photos avec les étudiantes pendant un moment avant que le club de musique du lycée privé ne fasse une annonce par le biais des haut-parleurs pour demander aux élèves de ne plus gêner notre travail. (Sinon, on serait là jusqu'à 21h si on continue comme ça) Les choses sont devenues un peu plus faciles à gérer après ça. On a pu remballer nos affaires sans aucune autre interruption.

J'étais en train d'enrouler les câbles en appelant Per et le reste des gars pour qu'ils viennent nous aider à tout porter. Ils n'ont pas mis longtemps à arriver (toutes les excuses sont bonnes pour venir au lycée privé). Nous avons progressivement quitté le lycée privé tout en portant le tout avec quelques difficultés. Les lycéennes nous ont submergés au moment où on descendait de la scène. (Bon sang !) Elles étaient assez fortes aussi. On n'osait pas trop se déplacer car on avait peur de les blesser accidentellement. Tout ce que je pouvais faire, c'était me balancer d'avant en arrière tout en portant une guitare électrique sur le dos, deux pupitres à partitions et une boîte de fils. C'était vraiment une situation d'urgence.

J'ai été ballotté au milieu d'une foule pendant un certain temps avec des flashs d'appareils photo qui venaient de partout autour de moi. J'ai commencé à avoir des vertiges et tout ce que je voyais, c'était des taches violettes. Je savais que j'étais en difficulté, mais ensuite, Jeed a réussi à traverser la foule et m'a attrapé le bras.

— Excusez-nous ! dit-elle en grondant d'abord les élèves de première année avant de se tourner vers moi. Noh, tu devrais peut-être venir avec moi à la place.

Sa main est encore bien serrée autour de mon bras. Hum, c'est une bonne idée ? Je ne suis pas vraiment sûr mais je choisis de ne pas me battre car j'ai remarqué qu'une fois que Jeed est venue me prendre le bras, les lycéennes ont commencé à se calmer.

Je n'ai pas l'occasion de la suivre très longtemps avant qu'une autre petite main ne s'empare de mon autre bras.

— Je peux me charger de lui. C'est mon petit ami, je vais m'occuper de lui moi-même.

C'est Yuri ! D'où tu viens ? Je croyais que tu étais déjà rentrée chez toi ! Je reste bouche bée en regardant Yuri. Je la regarde, puis de nouveau Jeed qui ne semble pas vouloir lâcher prise. Aucune des deux n'est prête à céder.

— C'est le problème du club de musique, Yu.

— Le temps de travail est terminé, maintenant il est temps pour un couple d'être ensemble.

Les deux commencent à se disputer, ce qui me laisse complètement perplexe au début, mais ensuite je suis capable de reconstituer les choses petit à petit.

— Euh…

Je devrais probablement dire quelque chose. Mais... qu'est-ce que je dois dire ? !

Avant que les deux filles ne puissent décider de la gagnante et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, une tierce personne arrive et me saisit. Il prend aussi les deux pupitres et m'aide.

— Laisse-moi t'aider avec ça. Merci beaucoup, les filles. Je ramènerai Noh à l'école moi-même.

Fin. Phun Phumipat fait un sourire à Yuri et à Jeed avant de me traîner à moitié par le cou et de quitter le lycée privé avec lui.

Je me retourne rapidement pour dire au revoir à Yuri qui fait de même. Puis, je tourne à nouveau mon attention vers cet abruti de secrétaire du conseil des étudiants qui sourit encore et qui s'accroche à moi fermement.

— Tu es vraiment un petit malin.

Notes :
Chanson du concert :
https://www.youtube.com/watch?v=wPMLG8mnCRM
https://www.youtube.com/watch?v=LnnIW_EijQI
https://www.youtube.com/watch?v=_miAQrRpX_c
https://www.youtube.com/watch?v=ce_KPVqfp0E
J’ai beaucoup cherché, mais je n’ai pas trouvé Wavering de Bodyslam, je pense qu’il y a eu une erreur dans la traduction anglaise du titre.
https://www.youtube.com/watch?v=47zOtNOUmqY

1/ P’ Toon : Athiwara Khongmalai, dit “Toon” est le leader des BodySlam.
2/ Takoyaki : Boulettes de pâte japonaise farcies à la viande, au poisson ou aux crustacés.
3/ Khanom khrok : Sorte de pancakes thaï, à base de lait de coco.
4/ P’Toe : Ancien leader des Silly Fools, aujourd'hui retiré de la musique.
5/ TVXQ : Duo coréen très populaire, Dong Ban et Shin Kin

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:16



46ème Chaos
On est faits pour être ensemble
Après avoir terminé au lycée privé, on a décidé de squatter le restaurant de porc grillé qui appartient à la famille de Nong Knott, près de Kaset-Nawamin Road. On y va si souvent que son père n'est plus dérangé par tout le bruit que nous nous efforçons de faire. Il nous a même dit qu'il préférait avoir beaucoup de jeunes au restaurant, car nous le gardons vivant.

— Heyyyy ! Putain, qui a mis du boeuf sur ce grill ? ! Viens ici et laisse-moi te gifler !

Poom, qui est silencieux depuis une heure, intervient lorsqu'il remarque un morceau de viande rouge posé sur le grill dans toute sa gloire. Ceci après avoir décidé de ne pas manger de bœuf. Il est tellement bruyant que je sursaute. Et bien sûr, quand il s'agit de faire ce genre de choses horribles, ça ne peut être personne d'autre que...

— Quoi ? Ce n'est pas du bœuf.

Et voilà, l'homme derrière ce bordel se dévoile. Je regarde Ohm en tenant mes baguettes avec ma bouche. Il soulève lentement le morceau que Poom appelle "bœuf" et le balance devant le plaignant.

— Regarde ça. C'est clairement... des épinards.

Ce connard ! Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi insolent que ce type ! La tête d'Ohm se transforme en poubelle quand les gars lui jettent des mouchoirs usagés. Tu le mérites, je te le dis du fond du cœur.

Poom et Ohm se disputent un peu plus pour savoir s'il s'agit d'un morceau de bœuf ou d'épinards (il a les couilles de contester ça ?). Poom en sort victorieux car il demande à grands cris un serveur et que le grill soit immédiatement remplacé comme s'il s'agissait de la plus grande urgence de tous les temps.

On rit tous ensemble en retirant du grill le porc, le poulet, le bacon et un tas d'autres choses pour qu'ils puissent le remplacer. Pendant ce temps, on se sert de la nourriture des autres grills. De nombreux membres du club de musique sont ici aujourd'hui, alors on a fini par rassembler trois tables séparées avec trois grils. On peut à peine bouger et manger toute la nourriture.

— Tiens, encore du porc.

J'ai sans doute oublié de mentionner le fait que je n'ai pas quitté mon assiette des yeux depuis que nous nous sommes assis. Je n'ai même pas fait griller quoi que ce soit non plus. La personne qui s'est occupée de la cuisine, qui a vérifié quels plats étaient prêts et qui les a récupérés de sur le grill pour moi, c'est Phun Phumipat, également connu comme étant le secrétaire du conseil des étudiants, qui nous a suivi au restaurant sans y être invité (Comme il a suivi le groupe, sans y être invité, plus tôt dans la journée). Je suppose que maintenant, il est le secrétaire du président du club de musique vu qu'il m'a suivi tout ce temps.

S'il avait pu mâcher et avaler la nourriture pour moi, il l'aurait fait.

— Hé, tu devrais manger aussi. Tu n'as pas faim ?

Je remets rapidement le porc et le poulet dans son assiette vide alors que la mienne est une montagne de produits comme du porc, des champignons, du canard et du poulet. (En fait, il n'y a pas de canard. Je voulais juste que les choses riment, haha.) (1)

Cependant, Phun sourit simplement et continue à me faire griller du porc. Argh, tu te moques de moi maintenant ?!

En tout cas, il peut faire ce qu'il veut. C'est mieux comme ça, je ne ferai rien et je deviendrai un incapable. Mais j'ai de la chance que mon assiette soit pleine de la nourriture que Phun m'a donnée puisque New a commencé peu de temps après à déconner avec ses recettes bizarres. (Je ne peux vraiment pas expliquer ce qu'elles impliquent car elles sont tellement compliquées et c'est quelque chose que les jeunes ne devraient pas prendre comme exemple). Heng évite de justesse ce terrible destin lorsque le personnel remplace le grill que Poom avait demandé plus tôt. Sinon, Heng aurait été obligé de manger l'horreur que préparait New. Je suis assis juste à côté du réchaud, alors je me penche pour faire de la place (en plus, je ne voulais pas être blessé). Mais il semble que quelqu'un veuille se faire mal.

— Je serais heureux d'avoir une grande sœur comme toiiiiiii. Es-tu intéressé par l'adoption d'un lycéen ?

Hé hé. Je n'ai pas besoin de vous dire que la personne qui dit ça est complètement bourrée, n'est-ce pas ? Aucune personne saine d'esprit ou lucide dirait une chose pareille à quelqu'un qui porte un objet brûlant dans ses mains.

La nouvelle grande sœur de Per sourit un peu en déplaçant le réchaud de façon effrayante, presque comme si elle voulait lui frapper le visage avec. Heureusement pour lui, elle croit au dicton "ne fais pas attention aux fous et aux ivrognes", alors il s'en sort en un seul morceau et retourne savourer le porc grillé en sirotant une bière. (Pour être franc, presque tous mes amis sont de toute façon une bande de fous et d'ivrognes).

C'est vrai, on a pu commander une tonne de bière grâce à Film. Il a dit que la barman du restaurant de Knott était jolie (et Knott a saisi l'occasion et s'est vanté de la façon dont il l'avait choisie lui-même). Et comme cette jolie barman a rempli les verres de bière de mes amis au fur et à mesure (je ne bois pas ce soir car je ne suis pas d'humeur et Phun a décidé de le faire avec moi), chacun d'eux est saoul. Ils ont aussi fait la queue pour chanter des chansons folkloriques sur la scène. Mais au lieu de chansons folkloriques, la scène s'est transformée en...



♪ La lune ne regarde plus, la lune ne regarde pas

Même si la lune ne regarde pas, je ne le permettrai pas ♪



Hum... quelqu'un, n'importe qui, peut-il expliquer cette situation tragique et terrible qui se déroule devant moi ?

Il est impossible qu'Ohm et Film chantent "A Daring Kiss Under the Moon", n'est-ce pas ?! (2)

Phun et moi, qui sommes les seuls encore cent pour cent sobres, ne pouvons rien faire d'autre que de nous voiler la face en répétant que cela doit être un rêve et que j'oublierai que ceci s'est produit. J'espère bien pouvoir y arriver. Que quelqu'un me fasse sortir de là !



♪ Je n'ai pas peur des matins.

J'ai seulement peur qu'ils ne viennent pas.

Peu importe l'heure qu'il est

Je peux le faire ♪



Dieu merci ! Mon téléphone sonne dans la poche de mon pantalon ! Je l'attrape à la hâte, et un peu trop dramatiquement. Phun me regarde avec des baguettes à la main.

Bingo ! C'est Yuri !

Son appel me sauve la vie. Je ne veux pas assister plus longtemps à la scène grotesque qui se déroule ici. Nong Mum photographie Film embrassant Ohm sur la joue avec son appareil photo pendant la chanson. (Arf !) Quand ces deux-là verront les photos lorsqu'ils seront à nouveau sobres...

Je pourrais, comme excuse, juste dire que je n'ai rien vu parce que j'étais au téléphone avec Yuri. Hé hé hé.

— Allo ?

— Noh, où es-tu ? C'est si bruyant. crie Yuri de sa voix enjouée comme si elle voulait rivaliser avec le vacarme autour de moi.

Je me déplace dans le jardin pour m'éloigner le plus possible de la nuisance sonore (parce que maintenant Per chante un duo avec le père de Knott et c'est terrifiant).

— Au restaurant de porc grillé. Tu es déjà rentrée ?

— Je suis rentrée il y a longtemps. J'ai dîné, fait la vaisselle, pris une douche, mis mon pyjama, passé sur MSN et maintenant je suis sur le point de dormir.

Wow, quelle réponse détaillée. Je ris silencieusement avant de l'embêter un peu.

— Oh, tu vas dormir ? Pourquoi tu m'as appelé alors ?

Même si je savais qu'elle me ferait une petite crise.

— Parce que ! Tu étais à mon école aujourd'hui mais on s'est à peine dit 10 mots ! Alors si tu penses que tu peux me chasser et me dire d'aller me coucher, tu peux toujours rêver !

Elle a l'air sérieuse, hé hé hé. Je ris de la détermination de Yuri. Je m'assois sur un énorme rocher tout près pour pouvoir discuter tranquillement avec elle. Je suppose que je peux considérer ça comme un moyen de m'aider à digérer la nourriture puisque je me sens plutôt plein en ce moment.

Nous avons continué avec de petites discussions, puis nous avons parlé de l'événement qui s'est produit plus tôt dans la journée. Yuri m'avait raconté comment chaque membre du club de musique avait eu un énorme béguin pour mon groupe après notre concert l'année dernière. C'est la raison pour laquelle elles se sont battues pour que nous jouions à nouveau là-bas cette année. C'est drôle quand on pense à la merde dans laquelle nous étions l'année dernière. Ce n'était pas professionnel et on ne jouait que pour rigoler. Je n'arrive pas à croire que les membres du club de musique du lycée privé n'avaient pas remarqué qu'Ohm et New jouaient de la basse et de la guitare dans des tonalités totalement différentes. Je pouvais à peine chanter avec eux.

En tout cas, nous n'avons pas merdé cette fois. (je crois).

J'écoute Yuri raconter ses histoires tout en riant. Alors que je suis en train de perdre la notion du temps, une lourde main se pose sur mon épaule par derrière.

— Phun ? m'exclamé-je en utilisant le nom de celui qui se tient devant moi.

Le propriétaire de ce nom s'assoit sur le rocher avec une assiette de nourriture à la main.

— Tu en veux ? demande Phun, mais pas trop fort (surtout quand on compare avec Per qui hurle dans le micro), mais il semble que Yuri l'entende.

— Phun est là aussi... ? demande-t-elle doucement à l'autre bout de la ligne.

Je m'en doutais bien. Je savais que Yuri était encore réticente quand il s'agit de Phun, car c'est lui qui a rompu avec Aim. (Le premier jour où ces deux-là ont rompu, j'ai dû écouter Yuri se plaindre de lui jusqu'à ce que mes oreilles en tombent presque. Elle croyait de tout cœur que Phun était fautif puisque c'était lui qui avait rompu avec Aim en premier). À peine deux jours plus tard, Aim a commencé à sortir avec un nouveau mec, ce qui fait que Yuri a cessé de faire des commentaires à ce sujet. Je ne suis pas sûr de ce qu'elle sait réellement, mais je pense qu'elle ne blâmera plus Phun comme elle l'a fait dans le passé. Cependant, elle pourrait trouver un peu gênant de lui parler et je la comprendrais car il pourrait y avoir quelques doutes.

— Oui, tous ceux qui ont aidé sont là, réponds-je pendant que je fronce les sourcils vers Phun quand il me passe une assiette de porc, des crackers de riz et des nouilles vertes. Yuri répond alors avec un peu d'hésitation dans sa voix.

— Salue-le de ma part, alors.

— Yuri te dit bonjour.

Je joue le rôle d'intermédiaire et je transmet le message à Phun, comme on me l'a demandé. Phun est un peu surpris, mais il me fait un sourire satisfait.

— Salut. Tu es toujours réveillée, Yuri ?

Hein, tu commences une conversation avec elle maintenant ? Je regarde ma montre qui m'indique qu'il est actuellement plus de 23 heures tout en attendant une réponse de l'autre bout de la ligne.

— J'avais prévu de parler à Noh jusqu'à ce que je m'endorme ! Héhé !

C'est tout simplement génial.

Je me retourne pour raconter à Phun ce que Yuri a dit et il rit avant de l'avertir que si elle se couche tard, elle se transformera en panda aux yeux sombres. Il ajoute aussi que sa peau va vieillir et se rider encore plus vite. Il mentionne toutes les choses qu'il ne faut pas dire aux femmes ! Comme prévu, il y a une grande agitation venant de Yuri (car aucune femme ne voudrait écouter leurs mauvais sorts). Elle affirme qu'il existe des lotions et des crèmes qui peuvent aider pour ça. Mais Phun ne se laisse pas abattre et lui dit que ces crèmes sont faites à partir de vessies de baleines mortes. Yuri poursuit son tapage sur l'autre ligne. Finalement, je passe le téléphone à Phun pour qu'ils puissent régler ça entre eux (au lieu de compter sur moi comme messager). Malgré tout, je peux toujours entendre Yuri couiner chaque fois que Phun la taquine à propos de telle ou telle chose. Le type responsable est heureux, probablement parce qu'il est capable de la taquiner. Mais Yuri n'est pas ta petite sœur, qui es-tu pour la provoquer et l'embêter sans cesse ?

C'est un certain soulagement de voir ces deux-là plaisanter et glousser l'un avec l'autre. J'espère que Yuri ne pense plus trop de mal de Phun. Je les aime tous les deux et s'ils sont en mauvais termes à cause de cette chose terrible qui s'est produite, je me sentirai très mal.

Phun rit et discute avec Yuri pendant un long moment avant de me rendre le téléphone. Ensuite, j'ai dû écouter Yuri qui n'arrêtait pas de me dire qu'elle n'avait aucune idée qu'il pouvait être aussi insupportable (maintenant tu sais, c'est le pire de tous). Yuri semblait beaucoup plus gaie et enjouée lorsqu'elle parlait de Phun, ce à quoi je ne peux pas m'empêcher de sourire avec elle, alors qu'il est assis juste à côté de moi.

Nous avons parlé pendant un bon moment (Phun ajoutant de temps en temps son grain de sel) jusqu'à ce que les gars sortent pour nous dire qu'ils avaient l'intention de partir. (Ils nous ont même taquinés, Phun et moi, à voix haute aussi ! Heureusement que Yuri ne les a pas entendus.) Avant que je ne raccroche, Yuri demande si elle peut d'abord parler à Phun. Je n'ai aucune idée de ce dont ils ont parlé, j'ai seulement entendu sa réponse, qui était

— Je vais même m'occuper de lui jusqu'à ce qu'il s'endorme.

Euh...qu'est-ce qu'il veut dire par là ?



J'apprends la réponse une fois que nous rentrons à la maison. Le père de Nong Knott a été super gentil comme d'habitude. Un employé du restaurant nous a tous reconduits à la maison. Mais je n'ai pas compris pourquoi ils devaient me déposer en premier (et ma maison n'était pas exactement la plus proche du restaurant). Les gars dans la voiture se sont mis à beugler quand Phun et moi sommes descendus ensemble. Maudits soient ces connards désagréables !

C'est donc ça. C'est ce que Phun voulait dire quand il a discuté avec Yuri. Il s'en sert comme excuse pour passer la nuit chez moi. Il prétend que le club de musique l'a épuisé en lui faisant porter du matériel, en installant le son et même en le traînant pour qu'il chante, ce qui l'a embarrassé sur scène. Selon lui, le président du club, donc moi, devait assumer la responsabilité de ce qui s'était passé en s'occupant très bien de lui pendant une nuit. Il a eu les nerfs solides d'avoir dit une telle chose. La rumeur dit que c'est lui qui a supplié de venir avec nous ? Pourquoi se plaint-il maintenant ?

Mais peu importe. S'il veut rester chez moi, il peut le faire. Je lui fais un signe de tête fatigué et lui donne ma permission en disant au revoir aux gars dans la voiture qui nous taquinent encore, Phun et moi. (mais qu'est-ce qui ne va pas chez ces gars ? ! Tout le monde s'en fout que Per ai demandé à Nong Knott s'il pouvait passer la nuit chez lui !) Au final, je cesse d'agiter la main et je fais plutôt un doigt d'honneur. Même quand le van s'en va, ils baissent les vitres et sortent leur tête pour se foutre de nous. Vous feriez bien de faire attention ! Il est presque minuit, les gens essaient de dormir !

Phun et moi, on rit tous seuls quand la camionnette quitte la rue. On se dirige vers l'intérieur de la maison qui est complètement plongée dans le noir. Phun n'arrête pas de me dire qu'il est rassasié parce qu'il a mangé tout ce porc grillé et ces fruits de mer. Je suis trop épuisé, alors je n'ai pas mangé autant que lui. J'ai surtout rempli mon estomac de crevettes avec des nouilles chinoises à la place.

On met la clim en marche dès qu'on entre dans la chambre. C'est le début de l'année, et pourtant il fait horriblement chaud. Je vais ranger ma guitare électrique bien-aimée à l'endroit où je la garde habituellement. Je l'emporte rarement ailleurs, à moins qu'un événement ne m'y oblige. J'ai demandé à mon oncle de m'aider à l'acheter lors d'une vente aux enchères au Japon, et elle était sacrément chère. Mais c'était quand même moins cher que d'en acheter une toute neuve. Malgré tout, je mourrais s'il y avait une seule égratignure dessus.

Alors que l'on range nos propres affaires en silence, une seule idée me vient soudainement à l'esprit.

— Phun ?

— Qu'est-ce qu'il y a ? répond-il alors qu'il est en train d'enlever la chemise de son uniforme.

Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas le courage de le regarder. Mes lèvres sont sèches comme une pierre alors que je continue à parler.

— As-tu... rencontré Aim aujourd'hui... ?

C'est probablement à cause de ça que je ressens une tension dans ma poitrine depuis ce matin. C'est probablement dû à cette question.

Phun reste silencieux après que j'ai posé ma question. Il ne me répond pas tout de suite comme il le fait d'habitude. Pourtant, il finit par me donner une réponse.

— Oui... quand je suis allé au bureau administratif.

— Je vois…

C'est tout ce que je peux répondre. Honnêtement, je ne sais pas quoi dire d'autre.

On reste silencieux pendant un moment alors que je fais semblant de nettoyer la guitare, puis Phun commence à parler.

— J'ai essayé de sourire et de lui dire bonjour, mais elle a fait comme si elle ne me voyait pas. Je ne sais pas qui devrait être en colère contre qui exactement, hé hé.

Franchement, je ne crois pas vraiment que son rire à la fin soit authentique. Tout ce que je peux faire, c'est rester assis et m'inquiéter de la façon dont Phun souffre encore de ce qui s'est passé.

— Es-tu... jaloux ?

Soudain, la voix profonde de Phun se fait entendre si près de moi. Je me retourne pour regarder son beau visage alors qu’il est derrière moi. Il me sourit et il essaie même de m'attirer en enroulant ses mains autour de ma taille.

— Hé ! Qu'est-ce que tu fais ? J'essaie de nettoyer ma guitare, tu vas me faire laisser des traces !

Je me plains parce que j'ai peur d'abîmer la guitare. Si ça devait arriver, je pleurerais jusqu'à la mort. Mais attendez, qu'a dit Phun ? Jaloux ? Quoi ?

— Alors dis que tu es jaloux d'abord. Hé hé hé. Je ne suis plus attaché à elle, tu sais. C'est fini entre nous. Mais tu dois juste m'avouer que tu es jaloux... hé hé hé.

Ce connard est tellement odieux. Je ne sais même pas de quoi il parle ! Mon visage est très chaud. C'est bizarre qu'il soit assis derrière moi comme ça, alors j'essaie de me libérer de ses bras puissants qui me serrent de plus en plus fort.

— Lâche-moi ! Et je ne vois pas ce que tu veux dire non plus ! Lâche-moi !

Et voilà, rien ne va plus ! C'est une lutte acharnée maintenant ! Voyons lequel d'entre nous est le plus fort !

Mais après avoir passé dix minutes entières à lutter, pousser, bousculer et se tortiller, il est clair que Phun est bien plus fort que moi, bien qu'il soit plus maigre. Où range-t-il toute son énergie ?! Je me le demande rageusement tandis que Phun rit de bon cœur derrière moi.

— Tu ne pourrais même pas être un peu jaloux... ? J'étais en train de crever de jalousie aujourd'hui.

Et pourquoi je devrais être jaloux de toi ?! Attends, qu'est-ce qu'il vient de dire ? !

Phun s'étonne.

— J'y crois vraiment maintenant. Sortir avec toi, c'est être jaloux et se méfier des filles plus que des garçons. Peux-tu ne pas te comporter comme un mec aussi cool ? Tu vas donner aux filles une mauvaise impression.

Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit en ce moment. Se méfier ? Jaloux ? Il est jaloux... envers... moi... ? Mais pourquoi... ? Et attends, qu'est-ce que ça veut dire quand les gens disent qu'ils sont jaloux de toute façon ?

Je le regarde d'un air perplexe et il me sourit en retour.

— Noh…

Et maintenant il m'appelle par mon nom ? !

— Qu-quoi ? !

Néanmoins, je fais preuve de courage et j'agit comme un dur. Je lui demande bravement et il me lâche avant de me faire tourner pour que je puisse regarder son visage. Ses yeux perçants et familiers me regardent avec un sourire et je ne sais pas quoi faire.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Donc tout ce que je peux faire, c'est de faire des histoires en retour. Phun me sourit encore.

— Hé...puisque tu es déjà amoureux de moi de la même façon que je suis amoureux de toi...pourquoi ne pas simplement être ensemble ?

C'était une question, tu le jures ? ! Ça ne ressemble pas à une question ! On dirait que tu as déjà tout réglé !

Je lui renvoie immédiatement la balle.

— Qu'est-ce qui te fait croire que je suis amoureux de toi ?

Il hausse les sourcils.

— Je peux le dire rien qu'en te regardant dans les yeux.

C'est tellement digne d'une grimace !

Alors je reste assis et je le fixe très longtemps en réfléchissant à tout ça. (Alors, me demande-t-il de sortir avec lui ou me force-t-il à sortir avec lui ?) Je suppose que je prends trop de temps car Phun m'attire rapidement contre lui et me serre dans ses bras.

— Hé ! Mais qu'est-ce que tu fous ? !

Quand quelqu'un pense à quelque chose puis que quelqu'un d'autre l'attrape comme ça, c'est normal qu'il soit surpris par ça !

Phun se blottit contre moi, le visage enfoncé dans mon épaule. Il me serre si fort que je le sens trembler. Cependant, je ne suis pas sûr de la raison de ses tremblements.

— Je suis... gêné, d'accord ? Alors, réponds-moi vite ! Je suis en train de mourir d'embarras là !

Oh, donc il tremble parce qu'il est timide. Hahahaha, comme c'est mignon ! En réalisant ça, je fais semblant de réfléchir un peu plus longtemps.

— Il faut bien réfléchir quand il s'agit de ce genre de choses. Hm... que dois-je faire ?

Même s'il semble qu'il ne s'amuse pas avec moi.

— Tu dois prendre autant de temps pour y réfléchir... ? D'accord... désolé de t'avoir mis dans une situation difficile.

La voix joyeuse de Phun est maintenant mélancolique. A présent, je me sens mal pour lui. Il est en train de me lâcher mais cela n'arrive pas parce que maintenant c'est moi qui le tire et le serre dans mes bras.

— Bien, on peut faire çaaaaaaa.

J'ai fermé les yeux et j'ai lancé les mots.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? !

Qu'est-ce que tu demandes ? ! C'est moi qui me sens le plus embarrassé maintenant ! Je lui donne une légère claque sur la tête.

— Eh bien, qu'est-ce que tu m'as demandé ? Enfoiré.

Phun ressemble à quelqu'un dont l'ampoule vient de s'allumer dans sa tête une fois que je lui ai rappelé. Il me frotte rapidement le dos et me pose une question avec excitation.

— Oh, tu... tu parles de ça ? !

Pourquoi diable es-tu excité maintenant ? Ce n'est pas toi qui as dit que j'étais amoureux de toi tout à l'heure ?

Je ne lui réponds pas et je ne l'insulte pas. Tout ce que je peux faire, c'est un léger signe de tête contre son épaule.

— Allez ! Sois précis. Yes or no ?

Et maintenant, ce type me demande odieusement en anglais. Qu'est-ce que ça veut dire ? Je me tais un instant avant d'afficher un sourire et de chuchoter doucement.

— Yes... alors arrête de m'interroger, enfoiré ! On a fini de parler de ça !

Je suis tellement gêné, bon sang !

Phun semble plus qu'extatique et dit quelque chose d'incohérent. Il crie de joie et me serre dans ses bras, je suis sûr que je vais avoir des bleus. Mais je suis tellement heureux et je suis certain qu'il l'est aussi.

Je le laisse me serrer comme ça tout en ayant l'impression que mon cœur déborde de joie. Phun se met ensuite à toucher ma joue avec son nez. Il passe doucement ses mains brûlantes sur mon dos, sous ma chemise. Je sursaute un peu avant qu'il ne s'approche de mon visage.

— Maintenant que nous sommes ensemble... il n'y a plus de raison de se retenir, n'est-ce pas ?

Hum... comment je dois répondre à ça ?

Mais il semble que Phun n'attende pas de réponse. Ses fines lèvres se recourbent en un sourire avant d'embrasser les miennes. Il me donne des baisers jusqu'à l'oreille. Puis, il me murmure la chose que je voulais le plus entendre.

Une unique larme coule sur ma joue quand j'entends ces mots. Ces mots que je voulais désespérément entendre. Ces mots que j'ai voulu dire tout ce temps. Ce soir, ces mots sont les miens. Et de même, tout ce que j'ai ressenti à l'intérieur est maintenant à lui. Phun m'embrasse et me dit combien il m'aime encore et encore, comme s'il voulait que nous soyons tous les deux certains que nous ne lâcherons plus jamais la main de l'autre à partir de maintenant.

Je permets à Phun de me toucher comme il le désire. Et je laisse aussi mon corps se blottir contre le sien, pour me rappeler ces sentiments que je retenais autrefois. Comme ils émergent lentement, je n'ai plus besoin de réprimer mon envie de Phun. Je n'ai plus besoin de garder ces sentiments pour moi tout seul.

Et pour la première fois, avec Phun dans mes bras, il est vraiment à moi.

Notes :
1/ Du porc, des champignons, du canard et du poulet : Effectivement en français ça ne rime pas, mais en Thaïlandais ça se dit : “Moo, Hed, Ped, Kai.” et là ça rime.
2/ A Daring Kiss Under the Moon : Sûrement une chanson d’amour populaire en Thaïlande. J’ai essayé de la trouver, mais n’ayant pas le nom du chanteur, je n’ai rien trouvé désolée.

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47ème Chaos
Nouvel Amoureux !
Je me réveille hébété car je ne sais pas à qui appartiennent les jambes et les bras emmêlés aux miens. Je cligne des yeux rapidement pour chasser ma somnolence et j’éclate de rire quand je vois le visage endormi de Phun. Ses cheveux sont en désordre comme ceux d’un petit enfant. C'est logique qu'il se soit évanoui comme ça après la nuit dernière. Il était vraiment chahuteur alors je lui avait rendu la pareille. Mais même si on fait les comptes, techniquement, je suis encore perdant. Disons juste que Phun s'en est tiré sans avoir à faire ce qu'il voulait de moi. Hé hé hé.

Je vérifie ma propre montre, elle indique qu'il est presque midi maintenant, alors je secoue légèrement Phun pour le réveiller.

— Lève-toi, il est presque midi.

Il faut plusieurs tentatives avant qu'il commence enfin à bouger. Phun s’étire un peu avant de me serrer dans ses bras.

— Ah, tu étais vraiment quelque chose la nuit dernière… renverser les choses comme ça.

Hé hé hé, il ne s'est toujours pas remis de ça…

Je hausse les sourcils d'un air moqueur même si son visage toujours enfoui dans l'oreiller.

— Si tu restes aussi mince que ça, alors je vais continuer à te retourner. On n'est pas encore à égalité, alors tu ferais mieux de faire attention.

Je le mets juste en garde car je suis bien trop épuisé par la nuit dernière pour continuer. Phun rit de bon cœur une fois qu'il a entendu ce que j'avais à dire.

— Et maintenant ?

Sa main est aussi rapide que ses lèvres. Je l'attrape immédiatement quand je le sens me caresser à un endroit précis.

J'utilise mon autre main pour le frapper à la tête.

— Tu as l’esprit mal placé, connard ! Il est temps de se lever et de faire quelque chose de productif. Je meurs de faim.

Je lui dis en me levant pour aller dans la salle de bain, mais Phun se frotte les yeux et me suit. Qu’est ce qu’il veut ?

— Pourquoi tu me suis ?

— Quoi? Je pensais que nous allions prendre une douche ?

— Non, je prends une douche en premier.

C'est ma chambre, mec !

— Prenons-la ensemble, dit-il tout en se grattant le bras, comme s'il discutait simplement de la météo.

En attendant, je dois avoir l'air d'avoir vu un fantôme.

— Très marrant ! Sors d'ici, je vais prendre ma douche.

Mais peu importe à quel point je le repousse, ce grand type refuse de bouger. Et maintenant, il me nargue avec un sourire.

— Mais tu prends bien un bain avec Om. Ne pense pas que je ne suis pas au courant.

Quand diable ces deux-là ont parlé de ça ?! Peu importe ! C'est différent !

— Arrête tes conneries, Ohm est mon ami.

— Hein ? Et moi alors ?

Et maintenant, il est mignon, mais toujours odieux. Il est odieusement mignon. Je ne lui cède pas, mais il se faufile dans la salle de bain. Il ouvre le robinet et utilise la pomme de douche pour se mouiller les cheveux. Maintenant, il m'appelle et m'invite à le rejoindre.

— Allez, on gaspille de l'eau.

Pffffffff. Si c'est ce qu'il veut !



On a passé un peu de temps à se préparer avant que je conduise Phun chez lui avec mon scooter, pour qu’il puisse se changer. Il m’a dit qu’il voulait aller voir un film. C’est génial. Tu as encore de l’énergie pour sortir ? Je suis vraiment fatigué.

J'ai discuté avec Nong Pang dans le salon en attendant qu'il se change pour tuer le temps. Sa petite sœur a continué d'être ambiguë et de me taquiner à propos de ma relation avec Phun. Mais cette fois-ci, c'était étrange. Je suppose que c'est parce que les choses que nous avons dit pour tromper Nong Pang sont maintenant réelles. Hé hé.

Phun n'a pas mis trop longtemps à changer. Il redescend avec des habits neufs. Ce traître ! Pendant ce temps, me voilà en short (d'école) avec une paire de tongs. Et toi, tu portes un jean chic ?! Naturellement, je le regarde d'un mauvais œil quand il descend les marches.

— Est-ce que j'ai l'air bien ?

Il a les couilles de demander.

— Tu as toujours l'air bien, P’Phun, le complimente Nong Pang.

De mon côté, je lui souris sèchement.

— Ramène ton cul à l'étage et mets toi en short maintenant

Il est temps de passer à l'amour vache avec ce type !

Pas que quelqu'un comme Phun Phumipat m'écoute. Il me sourit et ébouriffe avec amour les cheveux de Nong Pang.

— Phi Phun est si beau que tout le monde voudrait sortir avec lui, non ? Il n’y a que Phi Noh qui veut le garder miteux.

Crétin arrogant !

Après avoir eu son lot d'éloges pour son choix de pantalons, il se retourne et me traîne avec lui.

— Allons-y maintenant ou nous n’aurons pas de billet pour les bons films.

Bon sang, ce connard. Tu es sourd ou tu ne comprends rien ?! Je t'ai dit d'aller changer ton pantalon !



En fin de compte... Maître Phun m'a traîné à Siam. Je porte un vieux t-shirt avec mon short scolaire (bleu) et une paire de tongs. Eh bien, alors. Ça ne peut pas être pire que ça. Je pensais que nous allions regarder un film au Major Cineplex près d'Ekkamai. (1) Mais ce crétin m'a trahi en disant au chauffeur de taxi de nous emmener là. Nous voici donc à Siam, avec moi ressemblant au serviteur de Maître Phun.

— Ne t’en fais pas, mec. tu es sexy, tu as l’air bien quoi que tu porte.

Écoutez-le essayer de me réconforter... sans aucun soupçon de sincérité.

— C'est bien que tu t’en rende compte.

Ne pensez pas que quelqu'un comme Noh sera humble un jour Je marche vers le cinéma avec Phun derrière moi. Heureusement, Phun et moi voulions aller voir le même film. C'est un film indépendant donc il n'est projeté qu'au Lido et à Scala (2). Nous arrivons à Scala vers 14h mais la seule séance de la journée est à 16h. Pour tuer le temps, nous décidons d’aller manger un morceau bien que nous ayons déjà déjeuné chez Phun.

— Coca Suki ? Je veux y manger.

Il jure que ce n'est qu'un endroit pour tuer le temps ? Je suis stupéfait par son choix d’aller dans un restaurant. Mais il semble qu'il veuille vraiment y manger et je ne veux pas aller contre lui. Je suppose que je peux le laisser décider aujourd'hui. En secret, je pense à la façon dont Phun préfère manger la nourriture d’adulte tout comme Ohm.

On marche tous les deux jusqu'à Siam Discovery depuis Siam Square. Coca Suki n'est pas très fréquenté comme toujours. Il n'y a pas besoin d'attendre deux heures comme le Sizzlers situé en face. Phun et moi discutons pendant que la serveuse nous guide jusqu’à notre table. Mais avant que je puisse regarder autour de moi et m'asseoir, j'entends que l’on m'appelle.

— Phi Noh ?!

C’était qui, ça ? La voix n'était pas très forte mais je l'ai clairement entendu. Je regarde autour de moi pour en trouver sa source. Il s'avère que c’est Nong Mick, avec Ohm qui essaie de lui couvrir la bouche pour le faire taire. Hé hé. Tu crois que tu peux te cacher de moi ? Je ne pense pas !

Phun semble assez surpris d'avoir rencontré Om comme ça. J’ai un sourire glacial quand je m'avance vers ces deux-là.

— Pas de gueule de bois, mec? Je vois que tu as amené non Mick à Siam un samedi pour la leçon de cor.

Hé hé hé. Voyons quel genre d'excuses minables il va donner cette fois.

— Oh, ce n'est pas ça, Phi. Il m'a demandé de venir chercher des livres avec lui.

Oh, Nong Mick. Tu es si adorablement naïf. J'éclate de rire en regardant Ohm échouer à couvrir la bouche de Nong Mick pour la deuxième fois.

Mon ami sournois laisse échapper un lourd soupir.

— Tu n’as pas besoin de tout lui dire, Mick ! dit-il grondant l’élève de première année qui est avec lui avant de me lancer un regard noir pour l'avoir attrapé. Et toi alors ? Rendez-vous avec Phun ?

Et voilà. L'attention se porte sur moi à la fin.

Comme prévu, Phun sort de derrière moi avec un sourire dès que son nom est prononcé.

— Salut, Ohm. Il est vraiment adorable, au fait.

Hé hé. C'est très bien. Continue de m'aider pendant que je trouve une excuse pour moi.

Phun et Ohm discutent un long moment avant que mon ami ne pose à nouveau la question.

— Alors, c’est quoi l’histoire entre Noh et toi ? Je meurs d'envie de le découvrir.

Bordel de merde ! Ne demande pas ça à Phun sinon il va…

— Noh et moi, on est...

— Quoi ? Pourquoi je ne peux pas être ici avec lui aujourd'hui ? Il a passé la nuit chez moi après tout.

La seule façon de s'en sortir est d'interrompre Phun. (Je sais ce que tu allais dire !) Je remarque que le gars dont le projecteur a été volé a l'air un peu déçu. Ohm lève ses baguettes et les pointe vers moi.

— Ta bite tombera si tu mens !

Putain, c'est dur.

Je couvre automatiquement mon entrejambe avant de pointer un doigt vers lui.

— Et toi? C’est quoi l’histoire entre Nong Mick et toi ?! Ta bite tombera si tu mens !

Allez, amène-toi ! Je peux faire le même coup que toi. Voyons ce qu'il va trouver comme réponse.

Ohm panique et regarde Nong Mick pendant une fraction de seconde. Je remarque que le junior de mon club évite de nous regarder alors qu’il reste assis là avec les joues rouges. Hm, c'est adorable.

Comme je m’y attendais Ohm crie une réponse.

— Phi Nong !

Il a les nerfs solides pour dire ça ! Je ne sais pas si j'imagine quelque chose, mais Nong Mick semble plutôt abattu. Mais je n'ai pas le temps de remarquer quoi que ce soit d'autre car Ohm me renvoie la balle.

— Et toi ? Juste amis ? Pour de vrai ?

Et nous y revoilà encore ! Je me tourne vers Phun qui me regarde comme s'il avait hâte d'entendre lui aussi la réponse.

Et maintenant…?

— Ouais ! Amis !

Je repousse la question, bien que je ne le ressente pas du tout comme ça.

— C’est une perte de temps, je vais aller manger, bâtard. Je m’en vais !

Assez ! J'ai fini de parler de ça. Je ramène Phun à notre table. On peut entendre Ohm rire de derrière.



Tout le temps que nous avons mangé du sukiyaki (3), Phun n'a pas dit un mot.

Je suis un peu perplexe devant son étrange comportement, mais je ne l'ai pas embêté pour autant. Je me suis dit que Phun était affamé et qu’il voulait s’empifrer au lieu de parler (ce qui ne me dérangeait pas). Les choses sont devenues encore plus étranges quand nous avons regardé le film. Phun était toujours silencieux.

Je regarde son visage dans la salle obscure. Il porte ses lunettes tout en ayant l'air sérieux à côté de moi, alors que le film est une comédie.

Je lui donne un léger coup de coude.

— C’est pas drôle? Je croyais que tu voulais voir ce film.

— Ouais...

On dirait qu'il me donne une réponse juste pour se débarrasser de moi. Je garde la bouche fermée et reporte mon attention sur le film devant moi. Je me tais et j'essaie de faire attention au film qui est devant moi. Mais je n'ai même pas pu tenir dix minutes avant de devoir regarder à nouveau Phun.

Il fronce toujours les sourcils.

— Phun ... qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien.

Qu'est-ce qui se passe avec lui ? On est ensemble depuis seulement un jour et il y a déjà des problèmes ? Je fronce les sourcils et regarde fixement le gars têtu à côté de moi, je suis confus. Je suppose que la seule façon de guérir cette maladie est de la laisser suivre son cours.

Mais est-ce que c'est…?

Je regarde de nouveau le visage de Phun et son expression est toujours sévère. Je décide de le laisser faire.



Le film continue et il est hilarant. C'est tellement drôle que je ris encore et encore, à tel point que j'ai failli tomber de mon siège. Phun, lui, reste immobile et silencieux comme si tout son côté gauche était paralysé. Je ne sais pas s’il trouve que le film n’est pas drôle ou bien s’il a juste besoin de chier avec ce froncement de sourcils sur le visage.

Finalement, le film se termine et on quitte le cinéma. J'ai un grand sourire sur le visage. Le ciel nous fait savoir qu’il se fait tard. Je regarde ma montre en me demandant si Phun se tait parce qu'il a encore faim.

— Tu veux que l’on mange un morceau ensemble ? demandé-je de bonne humeur.

La personne qui est venue avec moi enlève ses lunettes et la met dans la poche de son pantalon avant de secouer la tête. Oh… alors il n'a pas faim ?

— Tu veux faire du shopping ?

Je me dis que comme on est déjà au Siam de toute façon. En fait, je voulais vérifier les livres à Kinokuniya. J'ai passé une commande pour le magazine Music Express l'autre jour et je veux vraiment écouter le CD qui l'accompagne. Mais... Phun a l'air d'en avoir fini avec ça.

— Non… et toi ? répond-il doucement.

Mais, au moins, il me le demande en retour. Mais… ce n'est pas comme si je pouvais lui dire que je voudrais aller quelque part alors qu’il a cette expression sur le visage.

— Nan …

Je reviendrai tout seul une autre fois.

Phun me fait un signe de tête et vérifie sa montre avant d'appeler un taxi pour nous.

— Je te dépose à la maison alors.

C'est aussi simple que ça ? Je suis perplexe mais je le suis et monte dans le taxi. Je suppose que Phun est fatigué. Il se sentira probablement mieux une fois qu'il se sera reposé.

Notes :
1/ Ekkamai : Quartier branché de Bangkok.
2/ Cinéma multiplex de Bangkok.
3/ Sukiyaki : plat japonais, parfois appelé fondue japonaise. C'est une sorte de fondue ou ragoût. On fait cuire du bœuf et des légumes crus, arrosés d'une sauce warishita, composée de mirin, de saké, de shoyu et de sucre.

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48ème Chaos
Je n’ai pas de … !?
J'ai fait une grave erreur en pensant que Phun finirait par revenir à la normale tout seul. On est lundi maintenant et je n’ai pas eu un seul signe de sa part depuis samedi.

Dimanche, j'étais un peu confus, parce que ce comportement étrange ne me convenait pas. Je voulais l'appeler pour voir comment il allait, mais ensuite j'ai pensé à quelque chose de mieux, parce que je ne voulais pas le déranger. À la place, je me suis connecté à MSN et toute la journée j'ai attendu Phun. C’est dans l’après-midi que j’ai vu une petite fenêtre s'ouvrir sur le côté de l'écran, indiquant que Phun s'était connecté. Je lui ai envoyé un message, mais il est resté silencieux et a fini par se déconnecter. Je n'avais aucune idée de ce qui n'allait pas avec ce type. Sans surprise, je ne l'ai pas revu en ligne depuis ce moment-là. En gros, j'essaie d'expliquer pourquoi je suis en retard à l'école ce matin. J'ai passé toute la nuit à attendre.

— Napat! Tu n'es plus un enfant maintenant ! Tu devrais être un bon exemple pour tes juniors!

Oh, merde. La voix de Monsieur Fiem se fait entendre derrière moi au moment où je m'apprête à me faufiler par la porte de l'école. Merde, j'ai oublié de rentrer ma chemise !

Je m'arrête immédiatement pour rentrer ma chemise, mais c'est trop tard. Une canne en bois frappe l'arrière de mes jambes avant que je puisse finir. Owwwww, combien d'années se sont écoulées depuis la dernière fois où j'ai été puni comme ça ?

— Vous savez quoi faire, allez-y.

Non seulement j'ai été frappé avec une canne, mais je suis aussi sanctionné pour mon retard. C’est trop cruel ! Mon visage pâlit et je pose mon cartable par terre. Je le suis pour faire des pompes devant la statue du Saint-Père. Comme c'est humiliant ! Je suis un adulte !

— Vous êtes un élève de 10e année (1), cela signifie cent pompes !

Bordel, qui a établi cette règle?! Mes yeux s'écarquillent alors que je regarde la personne qui me donne un ordre. Je n'ai pas fait ça depuis des lustres. Je sais que si j'essaie de négocier avec lui, je finirai par en faire trois cents à la place, c'est sûr. Et c’est parti ! Ohm m'a harcelé sur le fait que je devenais gros ces derniers temps de toute façon. Considérez ceci comme un moyen de me mettre en forme.

Je me laisse tomber au sol et je commence à faire des pompes avec obéissance (Heh heh heh…)

— Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix…

Je jette un coup d'œil pour voir le professeur parler au concierge de l’école plutôt que de me prêter attention. Si c'est comme ça, alors… heh heh heh.

— Dix, vingt, trente, quarante…

Je dois tricher pour m'en sortir ! Mes bras sont sur le point de se casser!

— Napat ! Recommencez ! Et c'est deux cent cette fois-ci !

Merde ! Je n'aurais pas dû faire ça ! Je me suis presque évanoui en entendant ces mots. J'essaie de lui faire des yeux de cocker et de lui faire comprendre que j'ai appris la leçon mais il s'en fiche. Il me lance même un regard noir. Aaaaah !

— Un, deux, trois, quatre…

Je n'ai pas d'autre choix que de faire ce qu'il me dit (sinon je ferais cinq cents pompes). Je recommence depuis le début avec beaucoup de difficulté car je n'ai pas fait d’exercice depuis longtemps. Mon corps n'est pas préparé pour cet exercice extrême.

— Cinquante-cinq, cinquante-six, cinquante-sept…

Est-ce que je vais tomber raide mort ici ? ? J'aurais dû faire un régime. Ça commence à me faire chier que je sois si lourd. Cela demande tellement d’efforts rien que pour me soulever à chaque fois. Mes bras sont incroyablement douloureux.

— Monsieur Fiem ? Voulez-vous signer ces papiers pour moi ?

Hein ? Cette voix me semble familière. Je jette un coup d'œil pour en voir la source. C’est la personne qui m’a fait perdre le sommeil, la personne qui m’a fait rester debout toute la nuit en espérant la voir en ligne. Quel timing impeccable. Je regarde Phun, qui porte plusieurs gros classeurs, obligeant M. Fiem à signer des documents pour lui.

Comme son attention est requise, il se retourne et, pour signer les papiers entre les mains de Phun, laisse celui qui en est à sa soixantième pompe tout seul.

— Celui-là aussi. Et celui-ci aussi, s'il vous plaît. Et celui-ci.

Je n'imagine pas ça, n'est-ce pas ? Phun Phumipat est là pour me sauver ? Je lève les sourcils et le regarde entre chaque pompe. Il me fait des signes avec ses sourcils comme s'il voulait que je parte.

— Sérieusement? dis-je à voix basse.

Phun hausse les sourcils plusieurs fois en réponse pendant un moment avant de demander au professeur de signer plus de choses. Putain de merde, je t'aime ! Je me relève rapidement, attrape mon cartable et fuis la scène.

— Hey ! Napat ! Revenez ici !

— M. Fiem, vous devez également signer celui-ci ici.

Ahahahahaha ! Merci Phun !



Je me précipite dans les escaliers et arrive dans ma classe. La première période a commencé, c'est la physique avec Mlle Wanida.

— Vous êtes en retard, dit-elle et mes camarades de classe rigolent entre eux.

Je m'excuse rapidement et me dirige vers mon bureau. Alors que je m'assois, Ohm me tend une pile de feuilles de calcul.

— Tiens, elle les a distribuées au début du cours. Je t’en ai gardé un exemplaire.

Merci, mec ! Je lui fais un signe de tête vigoureux car je n'ai pas la force de dire un mot. (Entre les pompes et la fuite, laquelle est la plus épuisante ?)

Remarquant cela, Ohm m’évente avec la pile de feuilles épaisses.

— Relax, mec. Tu as été puni, n’est-ce pas ? Tu es tout rouge, murmure-t-il en m'éventant.

Je me sens beaucoup mieux. Soupir. Ohm peut être vraiment très gentil parfois.

— Des pompes ou des squats ?

Il veut toujours savoir.

— Des pompes... réponds-je brièvement en essuyant la sueur de mon visage.

Je peux l'entendre rire de moi. Bâtard, tu ne rirais pas si ça t'arrivait.

— Combien ?

— Deux cents, mais je me suis enfui.

— Putain mec. Comment t'en es-tu sorti ? Je dois essayer ça la prochaine fois.

— Ce serait difficile pour toi de faire la même chose, vu que j'ai eu l'aide du secrétaire du conseil étudiant.

Je hausse les sourcils et lui frotte le visage. Ohm fronce les sourcils et pose les feuilles de calcul sur le bureau.

— Pfft, peu importe.

Tout le monde ne peut pas être aussi chanceux, mec. Hahaha.

— Alors tu vas me dire ce qui se passe entre vous deux maintenant ?

Pourquoi veut-il toujours en parler ?! Je fronce les sourcils et le fixe. Il a une expression moqueuse sur le visage comme s'il me provoquait pour révéler la vérité. Alors tu veux savoir ? Hé hé.

— Et toi et Nong Mick ? Tu vas me le dire ?

J'ai besoin d'obtenir quelque chose en retour si je dois faire ça. Hé hé. Je hausse les sourcils et le regarde. Il fait de même.

— Et si on le disait en même temps ?

Un défi ! Vas y ! Si c'est ce que tu veux faire.

— Bien sûr.

— Un, deux, trois…

— Napat ! Tatchakorn ! Assez bavardé ! Venez vous tenir devant la classe !

Pas encore !



Fondamentalement, j'ai la chance la plus merdique aujourd'hui. Non seulement j'ai été discipliné par M. Fiem et j'ai dû faire des pompes (même si je me suis enfui) mais ensuite, Mlle Wanida m'a aussi ordonné de me tenir devant la classe avec Ohm (dans des coins différents). Pouah, cette journée peut-elle être pire ? C’est du passé. Je ne peux même pas reprendre là où je me suis arrêté avec Ohm. Je meurs d'envie de savoir ce qui se passe vraiment entre lui et Nong Mick.

Bien que, maintenant que j'y pense, il vaut mieux que je ne sache pas. Parce que si Ohm me parle de sa relation avec Nong Mick, il faudra que je lui parle de Phun en échange, comme nous l'avons convenu.

Mais ce n'est pas comme si je voulais lui cacher ça. C'est juste que ça me gêne un peu... mais je ne sais pas pourquoi je suis gêné.

Mais est-ce que j'oublie quelque chose ? C'est vrai ! Phun est tout boudeur avec moi et je ne sais pas pourquoi. Il est resté silencieux avec moi sur MSN le samedi. Puis il a disparu tout le dimanche aussi. Maintenant on est lundi et il… m’a aidé comme il le fait d’habitude ?

Tout était dans ma tête ? Peut-être qu'il n'est pas en colère contre moi ou quoi que ce soit ? Ou peut-être qu'il était fâché mais que maintenant il s'en est remis ? Ou… ah, je ne veux plus y penser. Je vais juste aller le voir.

— Hé, je reviens tout de suite !

Réalisant tout cela, je me lève immédiatement de mon siège à la cafétéria et je pars à la recherche de cette personne si difficile à comprendre. (J'ai entendu Ohm, Keng, Rodkeng, Palm, Khom et Pong faire quelques commentaires à ce sujet. Quoi qu'il en soit, je me vengerai d’eux la prochaine fois.)

Je cours, pas tout à fait sûr de ma destination. C'est l'heure du déjeuner, où pourrait-il être de toute façon ? Il a rompu avec Aim, donc je doute qu'il irait au lycée privé. Il est probablement à l'école, mais je ne sais pas exactement dans quelle partie. Je tourne la tête et le cherche un moment jusqu'à ce que…

J'espionne le beau mec mince qui se promène avec ses amis près du bâtiment K.

— Phun ! crié-je rapidement.

Il hausse les sourcils et me regarde avec une expression perplexe. Il se met à rire de ses amis qui l'ont probablement taquiné à propos de quelque chose.

Phun dit au revoir à ses amis et s'approche de moi. Bien que je ne sache pas pourquoi il était en colère contre moi, il semble que ce soit fini maintenant. Je ne pense pas que je devrais ressasser ce qui s'est passé. Je vais juste évoquer autre chose à la place.

— Merci pour ce matin.

— Bien sûr, pas de problème, répond-il avec un sourire, les mains dans ses poches alors qu'il continue. Tu semblais prêt à mourir d’une seconde à l’autre là-bas. Si je ne t’avais pas aidé, tu te serais évanoui devant la statue.

Au moins, il pensait à moi. Je ris et nous discutons comme si nous ne nous étions pas vus depuis des mois.

Pendant que nous entamons notre conversation (Phun me racontait la façon dont le professeur était énervé mais avait accepté de tous signer comme demandé, hahaha), mon bras commence à me démanger et je ne sais pas pourquoi. Je pense cependant avoir vu une fourmi du coin de l'œil.

— Oh, putain ! Qu'est-ce qui m'a mordu ?!

Je fais tout un plat quand je remarque que mon bras est rouge. Ça me démange aussi énormément.

— Ça me gratte tellement !

J'utilise mon autre main et je me gratte immédiatement avec force. Phun est pris au dépourvu parce que je panique. Je gratte la zone, la bosse grossit encore plus et il ne sait pas comment aider. Il attrape rapidement ma main et la retire.

— Ne gratte pas ça ! C'est tout rouge maintenant, tu vois ?!

Phun me gronde et il frotte doucement la zone. Ça pique quand même. Whoa ! Nong Knott passe à côté en sirotant son café.

— ... Salut... les gars…

Il y a une lueur étrange dans son regard alors je me suis instinctivement éloigné de Phun en me secouant le bras, comme si je m'étais renversé de l'eau bouillante sur moi.

— Oh ! Euh ! Hey ! Salut ! Hey ! C'est quoi le café ? Il est encore tôt.

Je ferais mieux de changer rapidement de sujet. Mais j'ai oublié que ce gamin est intelligent. Il regarde Phun et moi avec un sourire en coin.

— J'ai un peu sommeil. Hum, je vais y aller... désolé pour l'interruption. Hé hé, dit-il en haussant les sourcils moqueusement avant de s'éloigner, donc je n'ai pas eu la chance de l'attraper par le cou.

Pouah ! Je parie qu'il fait toutes ces hypothèses dans sa tête maintenant !

Je me gratte la tête de frustration mais je recommence à me gratter le bras. Ça me démange toujours. Je n'en peux plus. Je dois me chercher une lotion à la calamine au bureau de l'infirmière. Mais ensuite, je me souviens qu'il y a aussi une trousse de premiers soins dans le bureau du conseil étudiant.

— Phun…

Je décide d’attirer l’attention de la personne qui se tient à côté de moi en lui donnant un coup de coude. Phun s'éloigne immédiatement de moi et je regarde son visage, perplexe.

— Quel est le problème? Hé, je peux emprunter de la lotion à la calamine ? Ça me démange vraiment.

Voici sa réponse :

— Tu devrais aller en chercher au bureau de l'infirmière.

— Pourquoi ?

— Parce que les gens pourraient commencer à se faire une mauvaise impression de nous si tu continues à traîner près de moi, dit-il avant de s'éloigner.

Et cette fois, je comprends quel est le problème avec lui.

Ahhh, qu'est-ce que je fais maintenant ?!


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49ème Chaos
Deux petits mots
J'ai passé le reste de la journée à être obsédé par le type de punition que je mérite et ce que je devrais faire pour obtenir le pardon de Phun. J'avoue que c'était terrible de ma part de l'avoir blessé comme ça. J'ai repensé à ce qui s'est passé samedi, quand j'ai dit à Ohm - juste devant Phun - que nous n'étions que des amis. Et c'était après que Phun ait rassemblé son courage pour me demander d'être son… petit-ami. Oui, c’est ça. (Je ne suis toujours pas habitué à ce mot. C'est tellement délicat.) Phun a surmonté ça et a été gentil avec moi, mais ensuite, j’ai encore blessé ses sentiments quand, dans l’après-midi devant Nong Knott, j’ai agi comme si je ne voulais pas être avec lui.

Sérieusement, combien de temps vais-je être égoïste comme ça ?! Phun n'a pas honte de sortir avec moi. J'ai vu ses amis le taquiner à ce sujet, mais il leur a simplement souri en retour. Il n'a pas l’air d’être gêné par ça, contrairement à moi. Je suis donc celui qui ne veut pas l'accepter dans ma vie, c'est ça ? C'est tout le contraire de ce que je ressens vraiment ! Argh, qu'est-ce que je fais maintenant ?!

Je m'allonge dans la salle du club après l’école avec un froncement de sourcils, tout en expirant bruyamment encore et encore. Il y a des élèves de première année qui traînent, car ils ont un entraînement pour la fanfare. Ils se préparent pour le concours qui aura lieu la semaine prochaine. Mais toute cette agitation ruine ma concentration !

J'imagine que c’est un peu trop évident que je suis de mauvaise humeur avec tous les bruits de soupir que je fais parce que Film se dirige vers moi et me frappe à la tête.

— Si tu veux être tranquille, alors pourquoi diable es-tu dans cette salle, connard ?! Nous essayons de répéter, arrête de faire du bruit ! Tu es vraiment distrayant.

Oh... Je me suis encore trompé. Il a raison sur ce point. Je m’excuse rapidement auprès des personnes présentes dans la salle. (Puisque j’ai montré bruyamment mon agacement et que j’ai interrompu leur entraînement.) Les juniors sont un peu décontenancés, mais ils acceptent mes excuses avant de se concentrer à nouveau. En attendant, je n’ai toujours pas trouvé de solution à mon problème.

— Putain, qu’est-ce qui ne va pas chez toi de toute façon ? Tu as tes règles ? C’est une bonne chose, parce que ça veut dire que tu n’es pas en cloque.

Putain de Film et sa bouche de merde ! N’ai-je pas au moins un ami qui ne dira rien ? Je ferai de cette personne mon ami pour la vie.

Je lui claque la tête en retour.

— Vachement ! Je suis assez bon en utilisant la méthode de comptage. Sept jours avant et sept jours après. Hé hé hé

Je joue avec sa blague et il se met à rire. Il se détourne pour gronder un batteur qui a manqué les mesures, avant de revenir pour continuer à discuter avec moi.

— Pourquoi cet air triste, mec ? Regarde ton copain là-bas. Il ne pourrait pas être plus heureux. De toute ma vie, je ne l’ai jamais vu être aussi bêtement joyeux que ça, me dit Film en me montrant d’un mouvement de main l’endroit où se trouve Ohm.

Il est assis au milieu avec tous les joueurs d'instruments à vent. Hé hé hé. Je souris, car il est vrai que je ne l’ai jamais vu aussi heureux avant.

Le fait est que Ohm est peut-être un ami bizarre pour moi, mais les juniors sont tous d’accord pour dire qu’il est très strict. Presque tous ses camarades de classe et les aînés peuvent plaisanter avec lui sans qu'il y ait de problème. Mais quand il s’agit des juniors, il est complètement concentré sur les tâches à accomplir et personne n’oserait déconner avec lui (surtout pas les juniors du collège). Ils ont une peur bleue rien qu'en voyant le visage d'Ohm. Quand il ne plaisante pas avec des amis, il a ce regard grimaçant. Un peu comme tout le monde, vraiment. Parfois, Ohm est meilleur que moi pour gérer ces enfants et les garder dans le rang.

Je regarde Ohm alors qu'il sourit. Il regarde Nong Mick jouer du cor français et lui apprend quoi faire. C'est vraiment surprenant pour moi. Tu as de la peine pour ce gamin, n’est-ce pas ? (Au début, j'ai regardé Ohm gronder assez durement Mick, et le gamin a failli fondre en larmes.) Il a l’air tellement heureux et j’ai envie de lui jeter quelque chose à la tête par jalousie. Chaque fois qu'Ohm se rapproche, le visage de Nong Mick devient tout rouge. Il me fait vouloir… hmm… séparer les deux par amertume. Pouah !

Film sourit largement avec ce qui se passe devant lui.

— Au début, j’allais l’insulter, mais maintenant je pense qu’ils sont mignons ensemble. Je vais lui laisser Nong Mick. Maudit soit cet Ohm pour l’avoir volé sous mon nez, dit-il, les yeux toujours fixés sur ces deux-là.

J'acquiesce avec un sourire.

— Ouais, il n'a pas l'habitude d'être comme ça. Laisse le gars avoir ça.

Tout le monde sait que Film est surprotecteur avec Nong Mick. Si tu déconnes avec lui, alors Film va te botter le cul. Mais je suppose que ce travail appartient à Ohm maintenant.

— Il t’a dit ce qui se passait vraiment entre lui et Nong Mick ? demande Film et je me fige un instant avant de secouer la tête.

— Non. Ses lèvres sont scellées comme si elles avaient été cousues. Ce bâtard.

— C’est toi qui dis ça. Vous êtes tous les deux pareils. Mais au moins, Ohm se rattrape en le montrant même s’il ne dit rien.

Eh... qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ? Je me tourne pour regarder le visage de Film. Il sourit en levant les sourcils vers moi.

— Et puis il y a ceux qui ne veulent pas le dire. Ils insistent pour être discrets. Ils sont trop prudents au point de blesser les sentiments de l’autre, tu vois. Ces gens devraient se faire botter le cul. Je me sens mal pour les malchanceux qui tombent amoureux de gens comme ça.

À ce stade, mon visage est chaud. J'ai l'impression d'être insulté sans être directement critiqué. Film rit de ma réaction avant de me donner un petit coup sur la tête.

— Ce n’est pas comme si tes amis t’insultaient parce que tu as choisi d’être avec la personne que tu aimes. Donc tu ferais mieux de faire attention, parce que si tu continues d’être si passif et de ne rien dire, à la fin, tu vas le regretter. Et ça va faire mal.

Il me laisse avec ces mots avant de se lever et d'applaudir les juniors si fort qu'il remplit toute la salle de club.

— Assez ! Assez ! Nous pouvons nous rendre sur le terrain maintenant ! Le soleil n'est plus si fort !

Je souris et le remercie silencieusement alors qu'il conduit les gars à l'extérieur. Ils ont bientôt une compétition en Europe, donc des entraînements supplémentaires sont nécessaires. J'ai aussi des choses dont je suis responsable, mais la plupart du travail retombe sur Film.

Je me laisse retomber sur le canapé et soupire bruyamment après que tous mes amis et les membres du club aient quitté la pièce. Je me demande ce que Phun a ressenti quand j'ai fait ces choses. Je ferme les yeux et reviens au moment où il m'a sauvé du professeur. Il était tellement inquiet quand j'ai été mordu par un insecte aussi. Soupir. Il a fait tout cela malgré l'horrible douleur que je lui ai infligée.

Bon sang... J'en ai fini avec ça. J’en ai assez et j’en ai marre de ma façon d’agir. Je cherche mes écouteurs dans la poche de ma chemise et les connecte à mon iPhone. J'ai besoin de musique avant de déprimer davantage et de mourir. La guitare de P’May-T commence à jouer les premiers accords de « Vetan » de Modern Dog venant de l’album de leur tournée, The Very Common of Modern Dog, et les notes remplissent mes oreilles.

Je bouge mon corps et je suis le rythme tout en fredonnant doucement. Je joue même du ‘air guitar’ (le divertissement personnel est une chose). Trois chansons plus tard, quelqu'un retire mes écouteurs au moment même où Phi Pod crie “Faites cette guirlandeeeeeee !” Dans mes oreilles.

— Hey ! Je t’ai appelé ! Tu ne m'as pas entendu ?!

Hein ? Phi Pod s'est transformé en Phun. Je cligne des yeux et fixe son visage, confus. Ensuite, j'éteins la musique et me lève pour lui parler correctement.

— Quand es-tu arrivé ici ?

— Il y a longtemps. Je t’ai appelé plusieurs fois. Alors, où sont les formulaires de demande d'absence ? grogne-t-il avant de se diriger vers la table où nous gardons les documents du club.

Cependant, je suis toujours confus.

— Quels formulaires ?

A ce moment, Phun hausse les sourcils.

— Hein ? J'ai rencontré Film sur le terrain. Il m’a dit de venir chercher les formulaires de demande d'absence. Il a dit que vous demandiez une semaine de congé pour un concours de fanfare ?

Oh, ça. C’est vrai, mais... quand avons-nous fini de rédiger ces formulaires de toute façon ? Je n'ai même pas encore dit à Ngoi de les faire. (J’ai procrastiné)

Alors maintenant, je trébuche sur mes mots.

— Oh, euh... nous... n'avons pas encore tapé ça. Pardon. Je te les apporterai une fois que nous aurons terminé.

Hé hé. Je lui fais un sourire maladroit et Phun expire assez fort pour que j'entende.

— Bien. Alors amène-les-moi et je m'en occuperai… dit-il en se tournant pour me regarder. Il y a autre chose ?

Il semble que Phun ait l'intention de partir maintenant. J'hésite un instant, mais quand je vois son dos commencer à s'éloigner, je m'approche pour lui saisir le col.

— Hey ! Attends !

Phun fait un pas en arrière.

— Yo, ne me tire pas comme ça ! Tu m'as fait peur ! Kof, kof

Il se retourne pour me gronder tout en ajustant son col de chemise. Apparemment, j'ai utilisé trop de force tout à l'heure. Oh, pardon.

— Désolé... alors tu dois être quelque part ?

Phun laisse échapper un petit soupir,

— Non...

Je décide de profiter de cette occasion.

— Pourquoi tu ne restes pas…? L'air conditionné est bien ici…

Je ne sais pas si cela va le persuader.

— Non... la clim dans le bureau du conseil étudiant est bien aussi.

— Nous... avons pris des snacks.

Je montre un tas de pain que Per a acheté plus tôt dans la journée. Phun les regarde et hausse les épaules.

— Je n'ai pas faim.

— On pourrait écouter de la musique…

Je continue de le harceler et il laisse échapper un long soupir.

— Je ne suis pas vraiment d'humeur pour la musique. Noh, tu n'as pas besoin de faire ça. Si quelqu'un nous voyait, il pourrait mal comprendre.

Soupir... Je savais que ce serait comme ça.

Voyant qu'il est toujours bouleversé, j'attrape son bras avec espièglerie, un sourire sur mon visage. Phun le secoue pour s'éloigner, mais il n'essaye manifestement pas vraiment de le faire, puisque je suis toujours capable de le tenir.

— Mal comprendre quoiiiiiii ?

Je fais semblant de demander. Son expression est plutôt sévère maintenant.

— Que toi et moi sommes un couple.

— Hein ? Et nous ne le sommes pas...?

Je continue avec ma taquinerie. Je remarque qu’il laisse échapper un petit sourire avant de reprendre un visage sérieux. Aha, tu n’es pas si résistant, n’est-ce pas ?

— Quelqu'un ne veut pas l'être. Je suppose que sortir avec moi est un peu gênant.

Il en profite pour faire un commentaire, mais il ne semble plus aussi froid, alors je continue.

— Mais tu es si sexy et beau, qui serait gêné d’être vu avec toi ?

— Exactement.

Bon sang, ce crétin. il n’a jamais entendu parler d’une chose appelée modestie?

Nous avons tous deux éclaté de rire. Je suis content qu'il ne soit plus aussi fâché contre moi.

— Hé... je suis désolé. Je n'ai pas honte ou quoi que ce soit. J’y suis tout simplement pas habitué. Tu comprends ?

Je décide simplement de lui en parler. Phun secoue la tête et soupire comme un homme qui a tout abandonné.

— Je le fais, mais je ne le fais pas non plus.

C’est quoi cette connerie ?!

Phun me regarde avant de continuer à parler.

— Je n'ai pas l'habitude d'être comme ça non plus. Mais je… t'aime… Et je veux le crier et faire savoir au monde entier que je suis ton petit-ami. Mais quand je vois que tu agis comme si tu étais gêné d’être mon petit-ami… je… je te mets la pression pour que tu fasses ça ? Pourquoi tu agis de cette façon ? Si je te force à le faire, tu peux simplement refuser. Je ne veux vraiment pas te mettre dans une situation difficile comme celle-ci.

Il me dit tout ce qu’il avait gardé à l’intérieur. Je tressaille à sa dernière phrase.

— Ce n'est pas du tout ce que je pense ! Ce n'est pas ça. Je n’y suis tout simplement pas habitué. Tu ne me mets pas dans une situation difficile. Je... je... j'ai juste peur d'être taquiné par mes amis. dis-je timidement.

C'est gênant, non ? Pourquoi est-ce que je pense de cette façon ? Phun a été clair à propos de ce qu'il ressent pour moi, sans aucune crainte pendant tout ce temps. Alors pourquoi je me comporte comme ça ? Phun sourit avant de me serrer dans ses bras...

— Ouais... Avec tes amis et la façon dont ils parlent, je serais probablement tendu aussi. Hé hé

Es-tu en train de dire de la merde sur mes amis maintenant, enfoiré ? Donc il me comprend maintenant, non ?

En retour, je l'entoure de mes bras, débordant de joie.

— Je vais essayer de faire mieux à partir de maintenant…

Je peux sembler un peu réticent, mais honnêtement, j'essaierai plus fort que ce que j'ai fait dans le passé. Après tout, il comprend ce que je vis maintenant. Phun glousse profondément pour lui-même.

— Mais pas besoin de te forcer, ça va. Je suis déjà heureux comme ça… dit Phun en levant mon visage pour que je le regarde dans les yeux et il me fait le plus beau sourire que j'ai jamais vu. Ça peut rester entre nous.

Je lui souris en retour. L'idée qui me traverse l'esprit est... que je voudrais le crier et faire savoir au monde entier que ce mec ici est mon petit ami aussi. Phun est vraiment le meilleur.

— Attends une seconde, d'accord ? Il y a quelque chose que je veux que tu entendes. Hé hé.

Cette chanson me vient soudainement à l'esprit. Je l’ai déjà répétée avec Ohm quand l’album est sorti. Phun a l'air confus, mais il me laisse partir sans aucune protestation. Je me dirige vers le piano et m'assois.

Cela fait des mois que je n'ai pas joué de ce piano, et je me demande depuis combien de temps. Je réfléchis pendant que je joue encore et encore les mêmes notes. Ensuite, mes doigts commencent à chatouiller les ivoires. Je me souviens de regarder le gars confus, qui se tient au milieu de la salle de club, avec un sourire.

Il suffit d'entendre l'intro et Phun fait un large sourire. Je me suis dis que... heh heh heh… jouez ça à une fille et elle fondrait aussi. Un gars comme lui pense probablement de la même façon, heh heh heh.



♪ As-tu déjà eu ce sentiment lorsque tu veux dire quelque chose ?

As-tu parfois ce sentiment lorsque tes mots ne reflètent pas ce que tu ressens ?

Malgré tous mes efforts et peu importe combien je me suis préparé.

C'est comme si j'essayais de me préparer à la réalité.

Et même si je fais de mon mieux pour tout dire

Tout comme j'ai l'intention de

Mais comme toujours

Peu importe ce que je révèle

Une fois que j'ai besoin de dire ces mots, ma voix disparaît

Lis sur mes lèvres, s'il te plaît, je...

Je tiens à répéter que je...

Et je le ferai toujours, peu importe le temps qui passe

Inutile de craindre que j'aime quelqu'un d'autre

Inutile de s'inquiéter que je change d'avis

Je serai toujours comme ça, je vais - pour toujours

Je sais que ça peut parfois être ennuyeux

Et j'essaie de dire chaque chose

C'est dans mon coeur

Mais comme toujours

Peu importe combien je révèle

Une fois que j'ai besoin de dire ces mots, ma voix disparaît

Lis sur mes lèvres, s'il te plaît, je...

Je veux répéter que je…

Et je le ferai toujours, peu importe le temps qui passe

Inutile de craindre que j'aime quelqu'un d'autre

Inutile de s'inquiéter d'avoir un changement d'avis

Je serai toujours comme ça, je vais - pour toujours ♪



Alors que je suis sur le point de jouer les lignes suivantes, Phun s’assoit à côté de moi au piano.

Je regarde son beau visage, perplexe, mais je continue de chanter.



♪ Mais comme toujours... peu importe combien je révèle... une fois que j'ai besoin de dire ces mots, ma voix disparaît… ♪



Phun place ses doigts sur les touches pour m'aider à jouer. Il me regarde avec un sourire,

— Je peux me joindre à toi ? demande-t-il, je ris, puis nous continuons la chanson.

♪ Lis sur mes lèvres, s'il te plaît, je…

Je veux répéter que je…

Et je le ferai toujours, peu importe le temps qui passe

Inutile de craindre que j'aime quelqu'un d'autre

Inutile de s'inquiéter d'avoir un changement d'avis

Je serai toujours comme ça, je vais - pour toujours

Je répéterai toujours ces mots, que je… ♪



Je me tais quand Phun me bat au poteau et finit de chanter la dernière ligne de la chanson à côté de mon oreille. On rit entre nous une fois la dernière note jouée. Hé hé, je suis tellement gêné. Je ne sais pas quoi faire d'autre alors je passe ma main autour de ses épaules et le rapproche de moi.

— Pareil pour moi…

Je me sentirais bizarre si je disais ces mots, je ne suis pas aussi imperturbable que lui. Heh heh.

Phun rit alors qu'il se penche et me frappe doucement la tête. Cela me donne une chance de continuer à parler.

— Mais... je ne peux pas promettre que ce sera pour toujours. Heh heh. Tu peux avoir aujourd'hui cependant, juste pour l'instant.

J'appuie le bout de mon nez sur sa joue. Je peux sentir sa merveilleuse eau de Cologne. Phun se retourne et m'embrasse. Hmph, c'est de la triche. Mais je le laisse faire sans faire d'histoires.

Nous nous embrassons un long moment comme si aucun de nous ne voulait être le premier à s’éloigner. Phun mord mes lèvres en utilisant les siennes plusieurs fois jusqu'à ce que je m’éloigne enfin de lui. Je souris à son visage vif et décide de dire quelque chose.

— Phun...

— Qu’est ce qu’il y a ?

— Demain, je vais...

Je prends une profonde inspiration et regarde dans les yeux de Phun, qui sont pleins de curiosité.

— Je vais rompre avec Yuri.

Notes :
1/ La chanson chanté par Noh : https://www.youtube.com/watch?v=K66Vbb6yznI

Les deux mots manquant de la chanson sont “t’” et “aime”.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:17



50ème Chaos
Larmes
Nous sommes mercredi soir et j'attends Yuri à Siam bien plus tôt que prévu. Le mot "angoissé" n'est pas assez fort pour décrire ce que je ressens en ce moment.

En fait, je l'ai appelée lundi soir pour que nous puissions nous rencontrer mardi, mais elle était occupée, car elle avait déjà fait des plans avec ses amies. Yuri pensait que c’était dommage et elle n’arrêtait pas d’en parler parce que je l’ai rarement appelée et invitée quelque part en premier. Elle l'a reporté à mercredi à la place et a promis qu'elle se précipiterait tout de suite.

J'ai eu un pincement au cœur quand j'ai entendu sa voix ravie.

Qu’est-ce que je vais faire ici...?

Phun m’a tenu compagnie jusqu'à il y a dix minutes. Il a essayé de me réconforter, probablement parce qu'il était évident que je subissais une tonne de stress. Il m'a dit qu'il pouvait attendre si je n'étais pas prêt et qu'il était d'accord avec notre statut actuel. J'ai refusé de reculer quoi qu'il dise. Je ne voulais plus blesser indirectement Yuri. Quand j’ai décidé de le faire, je me suis rendu compte que c’était une des raisons pour lesquelles je ne pouvais pas dire aux gens que je suis avec Phun. Je ne voulais pas blesser Yuri en rendant publique ma relation avec Phun alors que j'étais encore dans une relation avec elle.

Phun m’a légèrement serré l'épaule avant de partir alors qu'il était presque l’heure pour Yuri et moi de nous rencontrer. Il m'a dit qu'il allait vérifier certains livres en attendant. Il veut que je l'appelle une fois que j'aurai fini. J'ai acquiescé à ses paroles sans le regarder puisque mon esprit s'emballait sur ce qui allait se passer.

Je n'ai pas eu à attendre longtemps avant que quelqu'un avec une petite silhouette aux expressions lumineuses arrive. Yuri arrive normalement à nos rendez-vous plus tôt que prévu. Cette fois n'est pas différente. Elle semble surprise de me voir l'attendre.

— Noh ! Tu es là si tôt ! crie-t-elle avec une voix joyeuse, sautant sur une chaise près de moi avec un grand sourire, montrant ses jolies canines.

Je me force à sourire pour elle. Il y a une douleur lancinante dans mon cœur. C'est ce sourire que je suis sur le point de détruire, n'est-ce pas ?

— Je n'avais pas vraiment grand-chose à faire aujourd'hui, c'est pour ça.

— Alors, y a-t-il un endroit où tu veux aller ? Ou tu cherches à acheter quelque chose ? Je peux t’aider à faire tes achats. Ah, je suis tellement contente ! C'est la première fois que tu m'appelles et me demandes d'aller quelque part avec toi, tu sais ! Cette Yu est prête à tout si tu as besoin de son aide, n’importe quoi ! dit-elle en levant le poing en guise d'encouragement.

Je me déteste tellement en ce moment.

— Y a-t-il un endroit où tu veux aller, Yu ?

Je n'ai pas la force de répondre correctement, alors je lui pose la même question. Yuri secoue la tête et me fait savoir qu'elle ne veut rien.

— Je suis allée faire du shopping avec mes amies hier. Je n’ai pas l’argent pour faire plus de courses, haha, dit-elle en regardant à l’extérieur du magasin. Mais je veux quand même manger des crêpes chez Aino ! Allons en chercher !

Son ton vif fait naître un sourire sur mon visage. Nous partons acheter les crêpes sans que je ne proteste.

Nous n'avons pas eu à attendre longtemps. Yuri a maintenant une crêpe au lait dans sa main comme elle le voulait. Je l'ai payée puis je l'ai emmenée faire une promenade.

— Tu veux autre chose ?

Mais il semble que Yuri n'arrive toujours pas à se remettre de sa surprise puisque je suis si gentil avec elle aujourd'hui.

— Pas vraiment. Mais tu ne veux pas quelque chose, non ? C'est toi qui a appelé.

Je bégaye un peu.

— Oh… eh bien… non, pas vraiment. J'ai appelé parce que j'avais envie d'appeler.

Yuri sourit encore plus à mon énorme mensonge.

— Vraiment ?! Promenons-nous ensemble alors. Je ne suis pas pressée de rentrer à la maison aujourd'hui, dit-elle joyeusement.

Elle me prend le bras comme si elle était une petite enfant.

Cela me fait mal de voir la joie sur son visage. Je ne sais pas par où commencer, ni comment en parler. Plus je la vois sourire, moins je trouve le courage de lui faire du mal. Je ne peux même pas évaluer dans quelle mesure ce que je vais faire va l’affecter.

Nous avons marché autour de Siam, apparemment comme tous les autres couples de lycéens. Yuri m'a emmené de magasin en magasin. Elle m'a demandé de l'aider à choisir des vêtements et m'a dit que c’étaient des choses qu’elle voulait. Parfois, elle choisissait une belle chemise et la posait contre moi. Nous avons regardé une tonne de choses mais nous n'avons rien acheté. Yuri m'a dit qu'elle en avait déjà acheté un tas hier. Et personnellement, je n'étais pas d'humeur à acheter quoi que ce soit pour moi de toute façon.

Nous avons tourné autour de Siam pendant très longtemps. Nous sommes entrés dans tous les magasins de Paragon, puis nous nous sommes dirigés vers Siam Center et avons continué vers Discovery. Après cela, nous sommes allés au MBK Center puis sommes descendus à Bonanza. Yuri s'est arrêtée pour acheter une paire de boucles d'oreilles et un bracelet avant de retourner à Siam. Si c'était un autre jour, je me plaindrais sans arrêt, mais aujourd'hui, je ne peux que me promener silencieusement alors que mon esprit est occupé, pendant que Yuri s'amuse beaucoup.

— Noh ! Tu n'as pas mal aux jambes aujourd'hui ?! Noh. Noh ? Noh !

— Hein ?! Qu'est-ce qu’il y a ?

Je suppose que je suis tellement perdu dans mes propres pensées que je n'ai pas entendu Yuri. Elle fait la moue comme une enfant pendant un moment, mais je finis par sourire.

— Je t'ai demandé si tu avais mal aux jambes aujourd'hui ? Nous avons marché des kilomètres maintenant.

Je force un petit rire et un autre sourire, probablement parce que je vois un grand sourire et un rire éclatant venant d'elle.

— Non… je peux continuer. Mais est-ce que tu as faim ? On va au Milk Plus ?

Nous sommes passés devant la boutique et je me souviens que Yuri aime s’y détendre et observer les gens passer. La jeune fille me fait rapidement un signe de tête et joint son bras au mien, ouvrant la voie vers le café bondé.

Un membre du personnel nous crie des mots de bienvenue. Je jette un coup d'œil et je vois Phun assis dans un coin en train de lire un livre. Yuri le repère également.

— Oh, Phun !

Aussitôt, Yuri le salue avec entrain. Phun lève les yeux de son livre et nous voit tous les deux. Une légère lueur de panique clignote un instant dans ses yeux avant qu'il ne me regarde. Il se force à sourire et fait signe à Yuri.

— Salut…

— Eh ? Tu attends qui ?

La jeune fille rejoint la table de mon ami. C'est incroyablement gênant pour moi. Phun me regarde pour que je l'aide.

— P-personne... Je lisais juste, dit-il quand je ne réussis pas à croiser son regard.

Seule la fille à notre table répond de manière énergique.

— Tu veux manger quelque chose avec nous, Phun ? Tu restes ? demande-t-elle, Phun réagit en fermant lentement son livre.

— Ça va. J'étais sur le point de partir… dit-il avant que ses yeux perçants me regardent un instant. As-tu déjà mangé…?

Je ne sais pas s'il le demande à moi, à Yuri ou à nous deux. En tout cas, c’est la même chose, non ?

— Nous sommes ici pour manger un morceau ensemble, répond Yuri pour nous avec un grand sourire que Phun lui rend.

Je regarde ce gars ranger son livre et sa trousse dans son sac avec un petit sourire.

— Je vais y aller alors... Prenez soin de vous, nous dit Phun et il me tapote légèrement le dos.

Il me regarde comme s’il voulait me demander si j’allais y arriver. Je lui fais un sourire et un hochement de tête.

Bien sûr que je peux le faire. Je dois le faire. Quoi qu'il arrive.

Phun a maintenant un doux sourire sur son visage. Avec ses lèvres, il forme silencieusement les mots ‘N’oublie-pas-de-m’appeler.’ avant qu'il ne quitte le café. Je regarde son dos alors qu'il s’éloigne, je voudrais qu'il puisse rester. Dans un moment comme celui-ci, j'aimerais qu'il soit à mes côtés pour me soutenir. Cependant, je sais très bien que je dois le faire seul.

Yuri regarde Phun partir et elle a une expression étrange sur son visage.

— Noh... tu crois qu'il attendait ici sa nouvelle petite amie ?

Qu'est-ce qui te fait penser ça ?!

Je proteste rapidement. Yuri incline la tête d'avant en arrière comme si elle réfléchissait à quelque chose.

— Je parie que Phun a rompu avec mon amie parce qu'il a trouvé quelqu'un de nouveau. J'adorerais voir à quoi elle ressemble, il n'y a aucun moyen qu'elle soit plus jolie que Aim. Hmph !

Ses paroles me font réaliser qu'elle ne connaît toujours pas toute l'histoire. Mon estomac se tord.

— Hé, peut-être que tu réfléchis trop à ça. Il est possible qu'ils avaient des problèmes.

— Alors tu sais ce qui s'est passé ?!

Ah, maintenant je suis sur la sellette. J’ai soudainement très chaud malgré le fait que le climatiseur soit en route ici.

— Euh, comment je suis censé savoir ce qui s'est passé entre eux ? Tu ne vas pas commander ?

Elle attend et je pense qu'il serait préférable de couper court à notre conversation. Yuri regarde mon visage et il semble qu'elle ne me croit pas. Néanmoins, elle se retourne et commande du pain et du lait sans rien dire d'autre.



Nous sommes restés à l'intérieur de Milk Plus jusqu'à ce qu'il fasse nuit dehors. Yuri m'a joyeusement raconté son voyage au Japon pour rendre visite à ses proches. (Sérieusement ? Elle est montée sur cette statue de chien à Shibuya ?) J'étais tellement captivé par ses histoires, ses expressions brillantes et sa drôle de façon de bouger quand elle les mettait en scène pour me montrer, que j'avais presque oublié la raison pour laquelle je l'avais invitée aujourd'hui.

Elle a continué avec plus d'histoires qui m'ont fait rire très fort. J'ai craqué pendant ses poses étranges au point où mon estomac me faisait mal. Je riais si fort que j'ai commencé à pleurer jusqu'à ce qu'elle arrête enfin de me torturer avec toutes les histoires drôles.

— Noh, tu te rends compte de quelque chose ? demande soudain Yuri après que nous ayons partagé quelques rires à propos de ce que son frère de sept ans a fait.

Je lève les sourcils et attends d'entendre ce qu'elle a à dire ensuite. Yuri se tait un instant avant de me sourire.

— Tu as vraiment été adorable aujourd'hui.

Ah... recevoir un compliment comme ça à l'improviste me met dans l'embarras.

— Pourquoi ? J’ai l’air beau aujourd'hui ?

Je dois juste dire quelque chose pour couvrir mon embarras. Yuri secoue la tête. Hein ? Donc je ne suis pas beau ?

— Pas comme ça. Mon Noh est beau tous les jours de toute façon.

Hm, c'est mieux comme ça. Haha. Je souris et Yuri continue.

— Mais tu es particulièrement mignon aujourd'hui. Comme… tu es super gentil.

— Je ne suis pas gentil avec toi normalement ?

— Nooooon. C'est juste... tu es... particulièrement gentil aujourd'hui.

Ha, tu essayes de te rattraper maintenant, n'est-ce pas ? Je regarde son visage souriant et je souris avec elle, même si j'ai l'impression que mon cœur est serré parce que je sais pourquoi je suis gentil avec elle aujourd'hui.

— Yu...

— Allons prendre des photos ensemble ! Tu es si gentil, j'ai besoin de quelque chose pour me souvenir de ce moment ! S'il te plaît ? S'il te plaît ? S'il te plaît ? La cabine est au deuxième étage près du café. S'il te plaît ? S'il te plaît ? S'il te plaît ?

Elle ne me donne même pas la possibilité de refuser. Elle me serre le bras avec ses deux petites mains. Elle me rend vraiment les choses difficiles, mais je ne veux pas la contrarier aujourd'hui.

— Bien sûr…

Cette simple réponse fait sourire joyeusement Yuri. Elle me tire immédiatement au deuxième étage de Milk Plus. Je la suis volontiers.



Ce dont Yuri parlait, c’est un stand d'autocollants. Nous montons les escaliers pour trouver le stand importé du Japon. Les filles appellent ces choses purikura. C'est mignon. Yuri dit qu’on peut y écrire des messages personnels. Il y a aussi des personnages de dessins animés que l’on peut utiliser pour décorer les photos. Ah, je vais juste laisser Yuri gérer ça. Je ne suis pas doué pour ces choses-là.

La cabine nous parle japonais et ça me prend par surprise. Je n'ai aucune idée de ce qu'il dit. Il y a quelques lignes et un bruit d'obturateur. Quoi ?! Je n'étais même pas prêt ! J'ai l'air si idiot.

Yuri rit fort avant de me faire un signe pour reprendre les photos. Je comprends comment cette chose fonctionne maintenant, alors on s'amuse beaucoup avec les poses. Il a fallu quatre essais avant d'en obtenir une sur laquelle nous avions l’air bien, c’était le dernier. (Nous étions en compétition pour savoir qui pouvait faire l'expression la plus bizarre.) Yuri rit joyeusement lorsque le photomaton nous montre toutes les photos que nous avons prises.

— Wow, je n'arrive pas à croire que tu aies fait ça, Noh.

Ce n’est pas suffisant qu’elle rit, maintenant, elle fait des commentaires à leur sujet. Je regarde Yuri sur les photos, qui n'a pas l'air beaucoup mieux.

— Les tiennes sont tout aussi mauvaises.

Elle rit et écrit quelque chose à l'écran auquel je ne fais pas très attention. Ma montre me dit qu'il est de plus en plus tard, alors pourquoi je continue à faire traîner les choses ?

Yuri glousse toujours à proximité pendant que je reste immobile. Elle imprime les autocollants et s'amuse à les découper.

— Celui-ci est le tien ! Et celui-là est à moi.

Yuri me tend une petite enveloppe. Je lève les sourcils et ris quand je regarde les photos et vois qu’elles sont décorées de pattes de chiot et de pattes de chaton sur tout mon visage.

— Hey ! Tu m'as fait paraître si moche !

Je la gronde gentiment et je la regarde prendre une expression sournoise.

— Ce n'est pas différent de comment tu es normalement...

Hein ?! Fais attention ! Tu n'as pas dit que j'étais beau quand on était à Milk Plus ?!

Je l'attire rapidement vers moi en enroulant mon bras autour de son cou et frappe légèrement sa petite tête avec l'enveloppe. Elle se tortille en riant avant de me montrer une photo différente.

— Tu es super beau sur celle-ci ! Je l’adore !

Je m'arrête et regarde la photo. C'est la dernière que nous avons prise, quand Yuri a dit de faire une tête normale. Elle a été décorée avec deux couronnes, une de prince et une de princesse. Il y a des cœurs partout.

Une douleur aiguë me traverse lorsque je lis ce qui a été écrit sur notre photo.

NOH ♥ YU

— Yuri... appellé-je, ma gorge est complètement sèche alors que Yuri sourit toujours en montrant plus de photos.

— Celle-ci a l'air drôle, mais tu es toujours adorable !

— Yu…

Je l'appelle une fois de plus. Yuri choisit une autre photo pour me la montrer.

— Gardons celle-ci dans nos portefeuilles. Comme ça, tu penseras à moi quand tu la verras !

— Yu !

Ma voix s’élève un peu plus fort et elle se calme. Elle me regarde avec des yeux ronds curieux.

— Qu'est-ce qu’il y a, Noh ?

— Je suis... désolé.

— ...

Yuri me regarde comme si elle ne comprenait pas ce que j’avais dit. Elle mordille sa lèvre et me pose une question.

— Tu es désolé ? Pourquoi, Noh ?

Je l’admets, je ne peux pas prononcer un autre mot.

Nous sommes tous les deux silencieux, perdus dans nos propres pensées. Yuri remarque à quel point je me comporte bizarrement.

— Noh... tu as finalement trouvé cette personne, n'est-ce pas ?

Sa voix brillante tremble. Je n’ai pas besoin de me tourner vers elle pour savoir dans quel état émotionnel elle se trouve.

J'acquiesce lentement avant de finalement décider de regarder son visage clair. Je vois Yuri éclater en sanglots, tenant toujours entre ses mains les deux enveloppes.

— ... C’est Jeed...?

— Non… ce n'est pas Jeed, réponds-je et je fais un pas vers elle.

Elle semble prête à s'effondrer d'une minute à l'autre. Ses épaules tremblent alors je l'attire contre moi et la serre doucement.

— Nous pouvons toujours être amis, n'est-ce pas...?

Mon uniforme scolaire est trempé des larmes de la fille dans mes bras.

— Noh… tu peux me dire…? Tu peux me dire qui elle est ? Qui est cette fille chanceuse…? bégaie-t-elle et je resserre mon étreinte. J'ai l'impression d'être trop cruel envers elle.

— … Je suis désolé…

Les sanglots de Yuri deviennent de plus en plus forts et mon cœur est presque en morceaux. Elle pleure comme si c'était la dernière fois que nous allions nous voir. Personnellement, je considère toujours Yuri comme une très bonne amie et je suis prêt à la revoir et à sortir quand elle veut.

Ses petites mains agrippent ma chemise et je tapote gentiment ses tresses.

— Nous pouvons toujours être amis, non...? demandé-je encore une fois même si je me rends compte que c'est une demande très égoïste.

Yuri arrête de pleurer et me lâche. Ses yeux sont toujours rouges. Ses lèvres tremblent encore. Et pourtant, elle fait de son mieux pour me sourire. Elle rapproche son visage du mien.

Ses lèvres rouges touchent presque les miennes. Elle bouge et colle son nez contre ma joue pendant un moment.

Je la laisse rester et s'imprégner de tous les sentiments bien intentionnés que j'ai pour elle. Un peu plus tard, je me rends compte que mes propres larmes coulent sur ma joue. Yuri s'éloigne enfin.

— Je sais que tu la rendras heureuse… tout comme tu me rends heureuse, dit-elle avec un sourire à travers ses larmes. Je t'aime beaucoup, Noh.

Elle parle d’une petite voix qui semble s'affaiblir de minute en minute. Je la regarde me faire un dernier sourire et prendre son sac, avec l'intention de partir. Cette image est tellement saisissante que j’attrape rapidement son poignet pour qu'elle se retourne.

— Nous nous verrons toujours, n'est-ce pas ?

Son adorable sourire est toujours sur son visage.

— Bien sûr ! Je suis ta meilleure amie, n'est-ce pas ?! dit-elle en baissant son poignet pour que je lâche prise.

Elle s'éloigne, empruntant un chemin qui la rendra probablement plus heureuse.

Elle a dû vivre tellement de choses avec moi.

J'ai l'impression que le téléphone dans ma poche pèse une tonne. Je le prends et je passe un appel à la personne qui m'attend. Je me sens si faible.

— Phun... je... ne peux pas gérer ça. Merci de m'avoir attendu, mais… je peux être seul ce soir ? Ouais… ça va. Merci… On se voit bientôt…

Je n'avais aucune idée que j'étais capable de blesser quelqu'un d'autre de façon aussi horrible.


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:18



51ème Chaos
Bang !
Je jette mon cartable, puis j'allume mon ordinateur une fois arrivé à la maison. Je suis complètement épuisé.

Le coin de mon œil s'accroche au porte-clés que Yuri et moi avons acheté au Loft et qui est accroché à mon cartable. Quand elle a vu ces porte-clés, elle était si excitée, comme une petite enfant. Elle n'arrivait pas à décider si elle devait acheter le porte-clés orange ou bleu. Finalement, elle avait décidé d'en acheter un pour moi et un pour elle. Je les ai payés parce que j'étais content de la voir sourire comme ça.

Le sourire que je viens de détruire.

Un sentiment de dégoût envers moi-même s'empare de chaque centimètre de mon corps. Je peux le sentir au bout de mes doigts. Je m'assieds faiblement sur la chaise devant mon ordinateur. Je veux juste dormir et m'éloigner de tous ces sentiments que j'éprouve, mais j'ai donné ma parole à Keng que je l'aiderais avec ses ébauches de biologie et que je lui enverrais le fichier par MSN. Sans cela, je me serais déjà isolé de tous et je serais parti vivre dans un monde de rêve à la place.



You may start worshipping here : Envoie-moi les fichiers maintenant. C'est un hold-up.



En parlant du diable, Keng m'envoie un message à la seconde où je me connecte. Je secoue la tête avec lassitude avant de cliquer sur le bouton "envoyer le fichier" au lieu de taper une réponse.



You may start worshipping here : J'ai vu ta petite-amie à Siam aujourd'hui.



Mais Keng veut continuer à bavarder. Son message me rend curieux. Je fronce les sourcils et je fixe ces lettres avant de taper une réponse.



Noh : Qui ?

You may start worshipping here : Ta petite amie japonaise ?



Il a vu Yuri ?! Quand ?! C'était après qu'elle m'ait quitté ?! Je commence à paniquer et je veux vraiment savoir comment allait Yuri après qu'elle soit partie. Comment se sentait-elle ? Est-elle rentrée chez elle en toute sécurité ? Est-ce qu'elle pleurait beaucoup ? Mais il semble que Keng ne pourra pas me fournir les réponses que je cherche.



You may start worshipping here : Ce soir. Elle gardait la tête baissée. J'allais lui dire bonjour, mais elle a pris un taxi et est partie avant que je ne puisse.

Noh : Je vois.

You may start worshipping here : Qu'est-ce qu'il y a ?
Tu te sens mal ?



Je sais que je l'ai déjà mentionné, mais je dois le redire. Keng est vraiment doué, tout comme son nom. Y a-t-il une caméra cachée dans cette pièce ou quelque chose comme ça ?



Noh : Non, tu es cinglé. Je suis mort de rire
en regardant une comédie en ce moment.

You may start worshipping here : Connard.



Pourquoi il m’a insulté ? Hehheh. Je glousse en remarquant qu'il est en train de taper quelque chose, mais le fichier est déjà transféré, alors je profite de l'occasion pour me déconnecter immédiatement. Ah, laisse-moi tranquille juste pour ce soir, mec.

Toc, toc, toc.

— Noh… Noh… Noh...

Maman frappe à ma porte au moment où mon ordinateur s'éteint. Je me tourne pour regarder la source du coup, je me sens un peu perplexe pendant un moment, puis je me lève pour lui ouvrir la porte. Maman se tient de l'autre côté de la porte, un sac en plastique à la main.

— Nong Phun vient juste de passer. Il a dit que tu lui avais laissé quelque chose, alors il est venu te le déposer.

Je fronce les sourcils, confus. Je n'ai rien oublié avec lui. Je suis encore plus confus quand Maman me donne le sac en plastique blanc, mais je ne m'inquiète pas trop de ce qui pourrait se trouver à l'intérieur du sac. Je suis quand même curieux de savoir où se trouve le propriétaire de ce sac en plastique.

— Et il est où, maman ?

— Il est déjà parti.

— Oh, je vois…

Je suis un peu perplexe, mais je lui fais un signe de tête et je la remercie de l'avoir fait. Je suppose qu'elle remarque que quelque chose ne va pas puisqu'elle me regarde de la tête aux pieds.

— N'oublie pas de prendre une douche avant de te coucher, Noh. Et ne te couche pas trop tard.

— Oui.

Ma mère est toujours comme ça. Elle ne pose pas beaucoup de questions, mais elle s'inquiète toujours pour moi. Je lui réponds rapidement et lui fais un grand sourire pour qu'elle soit rassurée. Elle s'éloigne et me laisse avec le mystérieux sac en plastique blanc de Phun.

Je retourne dans ma chambre et ferme la porte derrière moi. Maintenant que je peux regarder, je remarque que c'est un sac de Beard Papa's, la délicieuse boulangerie de Paragon. Hum, quand a-t-il eu l'occasion de m'acheter ce sac ? Mes yeux rencontrent l'oncle barbu sur la boîte et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Mon sourire s'élargit quand je réalise ce qu'il y a dans la boîte. Elle est remplie de plusieurs de mes choux à la crème préférés. Phun est vraiment quelque chose, comment a-t-il su que ce sont mes préférés ? Je veux dire, normalement je ne mange pas ces choses à la crème. Ils sont trop sucrés pour moi, mais les morceaux de cookies dans le chou à la crème sont vraiment délicieux. J'en mange toujours au moins cinq à chaque fois. (Et c'est de là que vient mon ventre...)

Je me dis que je vais finir toute la boîte à cause de la tristesse. Je vois quelque chose du coin de l'œil. Il y a une petite note orange collée à l'intérieur de la boîte. Je fronce les sourcils et je jette un coup d'œil au Post-it. Il y a quelque chose d'écrit à l'encre bleue dessus et je le lis avec enthousiasme.



Ce sont des choux à la crème magique. Mange-les et tu feras de beaux rêves. : )
Tu as fait de ton mieux. Souris demain, d'accord ? Smile



Il n'est pas nécessaire d'attendre jusqu'à demain. Je souris rien qu'en lisant cette écriture familière. Hé hé. Le chou à la crème a aussi beaucoup plus de goût maintenant. La magie est réelle, les choux à la crème me donnent de merveilleux rêves.



Mais je pense que je prêtais trop attention aux histoires de ma mère quand j'étais petit. C'est le monde réel. Il n'y a pas de choux à la crème magiques dans le monde réel.

Bien sûr, ces choux à la crème m'ont fait sourire quand j'ai commencé à les manger. Cela a duré environ vingt minutes. Une fois que je les ai mangés et que je me suis allongé sur mon lit, le visage de Yuri m'est revenu à l'esprit. Les images d'elle dans ma tête ne veulent pas disparaître.

Je me retourne toute la nuit. Chaque fois que je ferme les yeux, je vois Yuri faire de son mieux pour me faire un sourire larmoyant. Plus je me retourne et plus je me souviens du moment où elle pleurait sur mon torse en fin de journée.

Je n'arrive pas du tout à dormir. Je ne peux que me lever et m'asperger le visage d'eau. J'ai envie de jeter quelque chose contre le miroir quand je vois mon reflet. Ne suis-je pas la raison pour laquelle une gentille fille comme Yuri souffre ? Ne pleure-t-elle pas à cause de moi ? Je suis un loser. Je ne suis pas un véritable homme.

Je suis la raison pour laquelle tout a fini comme ça.



Le matin, j'ai l'air à peine présentable quand je me rends à l'école. Voilà donc à quel point je suis mal en point. Je m'arrête à un 7-Eleven avant de prendre le métro aérien et je croise des élèves en shorts bleus dans les environs d'Asoke. Ils veulent ma broche de l'école (pourquoi diable ?). Ils sont trois, je l'enlève et la leur donne sans même faire de vagues. Bien sûr, prenez-la. Embrassez-la ou faites-lui l'amour si vous voulez. Je ne suis pas d'humeur à me battre. Je peux toujours en acheter une nouvelle. Ça ne coûte même pas cent bahts de toute façon. Les choses vont tellement mal que je commence à réfléchir à la façon dont je devrais probablement en acheter un paquet et les garder avec moi, juste au cas où. Je veux dire, ils semblent tellement vouloir la broche de mon école que je me pose des questions. Si l'emblème de mon école était un Hello Kitty, voudraient-ils toujours mettre la main sur ces broches ?

Une fois que j'ai fini de me faire voler, je monte dans le train, ce qui me donne l'impression d'être dans une boîte de sardines. Enfin, j'arrive à mon école. Je rentre avec un visage impassible et je me demande si je vais avoir des ennuis parce que je ne porte pas de broche sur ma chemise. Je salue le professeur comme il se doit et je cache le fait qu'elle a disparu en me servant de mon bras. Je réussis à passer et je traîne mes jambes jusqu'au bâtiment administratif où Phun se trouve habituellement tous les matins. Normalement, je lui dis bonjour, mais aujourd'hui...

Je ne me sens pas bien de lui dire bonjour. Je me sens toujours coupable... d'une certaine manière.

Je jette un coup d'œil et voit Phun avec un énorme classeur dans les mains. Il parle à un élève du secondaire. Il doit être occupé parce qu'il porte ses lunettes ce matin. C'est le début de l'année, je suppose qu'ils vont bientôt tenir une élection pour le nouveau président du conseil des étudiants. Je devrais passer sans rien dire ce matin. J'espère que ça ne le dérangera pas. Du moins, c'est ce que j'avais prévu de faire jusqu'à ce que Phun tourne la tête et me remarque.

— Noh !

Ah… donc je dois lui parler de toute façon. Mais cette fois, c'est différent. C'est Phun qui me fait signe et m'appelle depuis l'immeuble. On dirait qu'il est surpris de me voir si tôt au lycée. (Pourquoi est-ce surprenant ?) Il laisse rapidement le classeur à l'élève avec qui il parlait et se précipite vers moi. Mais alors...

— Merde, Noh ! Tu es là tôt ! Tu t'es levé tôt ou tu n'as pas pu dormir ?

Rodkeng nous interrompt en me frappant dans le dos avec son cartable. Aïe, c'est comme ça que les amis disent bonjour ? Et ça ne fait pas mal de se montrer positif quand j'arrive tôt à l'école, tu sais !

Phun s'arrête dans sa course quand il me voit avec quelqu'un à sa place. J'ai compris, il ne veut pas me déranger. Je lui fais signe pour lui dire que c'est bon et qu'on pourra en parler plus tard.

— Oh, je vous ai interrompus les gars ?

Rodkeng a probablement remarqué que quelque chose n'allait pas, alors il pose la question malgré le fait qu'il me bloque toujours le cou avec son bras. Je veux dire oui, mais peu importe. Je ne sais pas quoi dire à Phun pour l'instant de toute façon. Et s'il me pose une question à propos d’hier... je ne sais pas comment lui répondre.

— As-tu acheté les Star Soccer ?

Je dois juste changer de sujet. Je me tourne vers lui et lui demande de me parler du match de foot d'hier soir que j'ai oublié de regarder parce que j'étais trop occupé à être en colère contre moi-même. Je n'ai aucune idée de ce qu'ont fait mes chers 'The Gunners' (1). Sont-ils dans un état comateux maintenant ? Rodkeng sourit énormément et je connais déjà les résultats.

— Tu ne devrais pas regarder, ça va juste te faire du mal.

Ce putain de trou du cuuuuuuuuuuul. Mon équipe se la coule douce ! C'est la seule raison pour laquelle tu peux même jubiler en ce moment ! Regarde juste, on va te ramener à Old Trafford (2). J'en suis sûr.

Tandis que j'en ai marre de Rodkeng, qui est bien trop excité (depuis que les Red Devils (3) ont anéanti The Gunners hier soir), Palm débarque derrière nous.

— Yo ! Tu as regardé hier soir ?! 2-0 ! Ce dernier but était de la merde !

Argh... Qu'est-ce qu'ils ont, ces mecs ?!



En fait, rien de bon n'est arrivé depuis ce matin.

À commencer par le début, où une école rivale a volé mon badge. Pour aggraver la blessure, mon équipe de foot préférée a été nulle hier soir. En entrant dans ma classe, je découvre que tout le monde est occupé à étudier, car la rumeur court que M. Niwat va donner un test surprise aujourd'hui. Putain de merde ! Je suis à peine attentif en classe, alors ne parlons même pas de mon manque de révision. Je me dis que je vais juste écrire des notes sur mes cuisses !

Ces notes n'aident pas. Le professeur décide de changer nos places. Argh, pourquoi la dernière question est-elle si difficile de toute façon ?! C'est tellement frustrant puisque mon nouveau siège est... juste à côté du professeur.

Génial. Je ne peux même pas lâcher un pet, encore moins jeter un coup d'œil à mes notes. Ma vie est tellement pitoyable.



C'est ainsi que ma matinée s'est déroulée. Je quitte ma classe en ressemblant à un zombie. Non seulement je n'ai pas pu dormir la nuit dernière, mais j'ai dû passer ce test terriblement difficile. Ohm est vraiment odieux en plus. Il se vante de la façon dont il a réussi à copier sur Keng. Il a eu de la chance et a pu s'asseoir à l'endroit où le professeur ne prête normalement pas attention. Super, c'est super. Allez-y, continuez à mettre du sel sur mes plaies. Pourquoi vous ne le faites pas ?

Finalement, je me rends à la cafétéria de mauvaise humeur. Et pour une raison étrange, j'ai l'impression que la climatisation est plus froide que la normale. Ce qui est étrange, c'est que personne n'en parle. Peut-être que tout cela est le fruit de mon imagination ? Même Ken, qui se plaint généralement d'avoir froid pour un rien, ne dit rien du tout. Je suppose que tout est dans ma tête. Je me dis que je devrais simplement aller à mon stand habituel et prendre de la nourriture pour me réchauffer.

Alors que je me traîne jusqu'au stand de curry où je me rends habituellement lorsque je ne sais pas quoi manger, je lève les yeux et je découvre qu'il est... fermé... aujourd'hui.

Oh, mon Dieu ! Merci d'avoir égayé ma journée, ma tante ! Merci beaucoup !

J'ai l'impression que je vais devenir fou ici. Que suis-je censé faire de ma vie ?! Je l'admets, ça me met dans une situation délicate. Je me dirige vers l'endroit où se trouve Ohm. Il se tient devant le stand de nouilles, c'est là qu'il prend habituellement son déjeuner. Je vais juste manger ce qu'il mange, je suppose.

— Yo, commande une autre portion pour moi. Je prendrai la même chose que toi.

— Hein ? Tu n'as pas dit que tu voulais du riz ?

Ce salaud peut-il ne pas poser autant de questions ? Je ne suis pas d'humeur à me disputer avec qui que ce soit.

— C'est fermé, arrête de me poser des questions. Je vais juste manger avec toi.

— Bien, bien. Qu'est-ce que tu veux manger ?

N'ai-je pas dit que je prendrai ce que tu prends ? Nettoie tes putains d'oreilles de temps en temps.

— Je prendrai ce que tu prends, quoi que ce soit. Je vais aller attendre là-bas, d'accord ? réponds-je en me sentant maussade. Je lui fourre ma carte de débit dans la main avant de quitter la file et d'attendre ailleurs. Les gens qui font la queue me lancent des regards parce que j’ai coupé la file et demandé à un ami de me commander quelque chose. Passez-moi ça aujourd'hui, tout le monde. Je suis vraiment à bout.

Très vite, Ohm revient avec un sourire béat sur le visage. Il a deux bols identiques dans ses mains. Les gens amoureux sont si irritants à regarder. Je ne sais pas si je m'en fais une idée, mais il a l'air beaucoup plus agaçant ces derniers temps.

— Voici ta carte. Au fait, tu es à court. Remplis-la, connard.

Oh, vraiment ? Encore un truc de merde qui m'arrive aujourd'hui, hein ? Ma carte de métro n'avait plus d'argent ce matin non plus. Maintenant, je dois recharger ma carte de débit de la cafétéria. Ouais, je suis fauché.

J'accepte un bol de nouilles de Ohm et je soulève mon torse vers lui pour qu'il puisse remettre ma carte dans la poche de ma chemise. C'est là qu'il remarque que je ne porte pas l'insigne de l'école.

— Yo, où est passé ton badge ?!

— On me l'a volé ce matin, dis-je simplement comme si je m'en fichais.

Et c'est vrai, je m'en fous vraiment que ce soit arrivé. Mais ensuite, je me rends compte que ça veut dire que je vais devoir cracher de l'argent pour un nouveau badge. Merde, une autre raison pour laquelle je dois dépenser de l'argent que je n'ai pas !

— Quelle école te l'a pris ?! demande encore Ohm pendant qu'on se dirige vers la table. Dong, Keng, Palm, Khom et d'autres supporters des Red Devils (pourquoi sont-ils si nombreux ?!) regardent le coup franc d'hier soir sur l'ordinateur portable qui est connecté à la wi-fi de l'école.

Pourquoi êtes-vous si excités ? Vous agissez comme si votre équipe n'avait jamais gagné auparavant. Les supporters des Red Devils sont toujours comme ça. Ils vont avoir peur quand mon équipe jouera pour de vrai.

Mais il semble que l'attention se déplace du coup franc vers ma broche manquante lorsque Dong entend la question d'Ohm.

— De quoi vous parlez ? Ne me dites pas que c'est à propos du badge.

— Ouais, mec. Noh est tellement nul qu'il l'a juste donné à d'autres élèves.

Je regarde Ohm d'un mauvais œil puisqu'il me balance. C'est ça, comme si ça ne t'était jamais arrivé. Je me souviens de la fois où il s'est fait attaquer au port de Pra Atit. Il n'était même pas dans l'état d'esprit où il venait de briser le cœur d'une fille ou quoi que ce soit d'autre. La seule différence, c'est qu'il y avait une dizaine d'élèves autour de lui, c'est tout.

— Aw, putain. Je le savais. Je ne l'ai pas vu porter la broche et j'ai pensé qu'il était en état de choc parce qu'Arsenal avait perdu et qu'il avait oublié d'en porter une. Au lieu de ça, c'était juste…

Dong s'arrête et j'en profite pour le taper gentiment sur la tête. Ça t'est arrivé aussi, je m'en souviens ! C'est juste que je suis le seul qui ai vécu ça en étant en première.

— Oh ? On t'a encore volé ton badge ? Tiens, tiens. Prends mon insigne de secours. J'en ai une de plus sur moi. Ces types sont des tarés, ils les vendent au détail ou quoi ?

Laissons à Pong le soin d'être le plus gentil de notre groupe. Non seulement il ne se moque pas de moi en apprenant que j'ai été victime de ce crime effrayant, mais en plus il me donne son insigne de secours qu'il transporte dans son portefeuille. Je l'accepte et je la mets pendant que je fais la fête à l'intérieur, car je n'aurai plus à dépenser 70 bahts (4) pour la remplacer maintenant.

— Est-ce que tu fais encore la fête ? Parce que tes nouilles sont trempées et gonflées comme un cadavre maintenant, bâtard.

Oh, c'est vrai. Je regarde ma soupe de nouilles chaude et acide et je prends immédiatement une paire de baguettes. Je remercie mentalement Ohm de me l'avoir rappelé, mais une fois que je mange la première bouchée, je retire tout et je lui crie dessus à la place.

— Espèce de connard ! Tu veux me tuer ?!

J'avale rapidement un peu d'eau, car ma langue est brûlante à cause du piment. L'abruti applaudit gaiement, l'air très content de lui.

— Ahaha ! Tu m'as dit de prendre ce que je commandais ! Alors j'ai dit à la tante d'en faire un double.

Quel idiot ! Il l'a fait exprès, putain ! Il sait qu'il mange tout bien plus épicé que les autres ! C'était si difficile d'utiliser le peu de cellules grises que tu as dans ton crâne ?! Ce connard ! C'est... Je ne sais même pas quels noms je devrais donner à ce soi-disant ami qui déguste sa soupe de nouilles épicée venant de l'enfer devant moi.

— Putain, prends ça ! Putain de connard, je ne vais pas manger cette merde.

Hmph...! Bien, je ne mangerai pas ! Je pousse le bol de nouilles vers Ohm. Il est extatique à la vue d'un repas gratuit. Je parie que c'était son plan pour avoir une portion supplémentaire de nourriture depuis le début. Tu es méprisable !

Je regarde ce connard, je suis encore plus irrité maintenant. Plus je le vois profiter des nouilles de mon bol, plus j'ai envie de donner un coup de pied dans son stupide visage. Tu ferais mieux de faire attention. Je vais te faire payer pour ça.

Alors que je lance des regards noirs à Ohm, la personne qui consomme sa nouvelle relation avec mon ancien bol de nouilles, je sens soudain une main lourde qui appuie sur le haut de ma tête.

— Tu ne déjeunes pas aujourd'hui, Noh ?

Phun ? Je me retourne pour voir le secrétaire du conseil des étudiants qui se tient au-dessus de ma tête avec son expression habituelle comme s'il allait me gronder à tout moment (pour ne pas avoir mangé).

— Je ne sais pas ce que ce salaud d'Ohm a commandé pour moi, c'était sacrément épicé. J'étais putain de…

Mais plus je parle, plus il y a de blasphèmes qui sortent de ma bouche. Je devrais arrêter. Voyant cela, Ohm prend rapidement une des boulettes de poisson, la rince dans la soupe de poulet de Pong pour se débarrasser du piquant et me la donne.

— Merde, tu es une vraie balance. Tiens, prends ça et mange-le. Prends-le, prends-le.

Il se plaint et me fourre la boule de poisson dans la bouche. Tu aurais dû faire ça dès le début. C'est encore un peu épicé, mais c'est bien meilleur que ce que j'ai goûté tout à l'heure.

Phun sourit et me fait bouger la tête plusieurs fois de façon espiègle.

— Je vais aller déjeuner alors. Profite de ton repas et mange beaucoup, d'accord ?

— Ouais, ouais.

J'agite la main pour lui donner ma parole avant que Phun ne parte rejoindre ses amis. Mon cœur s'arrête de battre pendant un moment alors que je regarde autour de la table et me prépare aux réactions de mes amis.

Mais tout le monde est tout à fait normal. Les gars se disputent toujours leur triple titre de champion (continuez à rêver). Pong, Keng et Ken jouent encore à leur PSP tout en mangeant leur déjeuner. Ohm se concentre sur le deuxième bol de soupe de nouilles devant lui. Personne ne dit un mot. Personne ne me demande rien. Je suppose qu'ils ont tout compris par eux-mêmes.

Je suppose que c'est mieux comme ça. Si quelqu'un me demandait quelque chose maintenant, je ne suis pas sûr d'être prêt à dire la vérité tout de suite.



L'après-midi est passé, et vous vous souvenez que j'ai dit que ma matinée était nulle ? Eh bien, je ne sais pas trop comment décrire ce qui s'est passé cet après-midi, alors. C'était pire encore. Non, c'était le pire.

Ça a commencé quand Fi est entré dans ma classe et m'a dit qu'il avait besoin des formulaires de demande d'absence pour les membres du groupe qui s'envoleront pour l'Europe à 15 heures aujourd'hui.

Oh, Fi. Les élèves de première année (ainsi que certains de mes amis et mes seniors) y vont tous. Ils sont au moins une cinquantaine au total et il veut que tout soit fait dans les deux heures ! Si j'étais une fille, j'aurais crié, mais comme je n'en suis pas une, tout ce que j'ai fait, c'est de fixer le visage d'Ohm. On se traîne le cul pour pouvoir sécher la classe et aller au club. Cependant...

Miss Pornphit entre dans la classe avec un test surprise. (C'est alors que j'ai envie de crier) Oh, Mademoiselle ! Aujourd'hui de tous les autres jours ?!

Ma tête martèle et je suis très près de la perdre. Je compose un numéro et j'appelle tous les membres du club pour leur demander de l'aide. Met, qui s'occupe habituellement de ce genre de choses, est coincé à faire un test dans sa classe. (Sérieusement, qu'est-ce qui s'est passé avec les professeurs aujourd'hui ?) Beaucoup de jeunes ne peuvent pas aider, ce qui est compréhensible puisque la semaine des examens approche. Ils doivent se préoccuper de leurs propres contrôles et examens. Sauf une personne que je connais avec certitude et qui n'en a rien à foutre de ces choses.

C'est nul autre que Per. Cet abruti s'en fout complètement des séances de tutorat ou des résultats des contrôles. (Cela n'a rien à voir avec son intelligence, c'est juste qu'il s'en fout.) J'ai eu raison de l'appeler parce que je n'ai besoin que de quelques mots et il accepte de m'aider. Et ce n'est pas tout, Nong Knott propose également de m'aider. (Celui-ci est tout le contraire de Per, c'est un enfant intelligent.) J'aurais aimé pouvoir les serrer dans mes bras par téléphone.

Maintenant, j'ai des gens qui me sauvent la vie (musique dramatique) et je leur dépose rapidement tout ce qui, je pense, peut les aider, comme de vieux documents et autres. Ils m'ont donné leur parole qu'ils feraient de leur mieux. Ils me tapotent le dos à tour de rôle et me disent d'avoir confiance en eux. J'ai confiance en Knott. Per, d'un autre côté, a intérêt à ne pas tout foutre en l'air de son côté.

Je jette un regard menaçant à Per avant de partir pour mon interro de chimie. C'est un soulagement de le voir prendre ça au sérieux. Je suppose que c'est bien d'avoir un peu confiance en lui. Puis, à 15 heures, ils m'envoient un texto.

Per : C'est fait, Phi.

Ce mec est incroyable, hein ?

Ouiiiiii ! Ils l'ont fait ! Ohm et moi on a failli sauter en l'air et nous embrasser au milieu de notre cours d'anglais quand on a reçu le texto du toujours vaniteux Per (qui a choisi ce nom lui-même, il l'a enregistré sur mon téléphone.) Ah, ils sont si intelligents ! La dernière fois que j'ai eu à faire face à la soumission de papiers, ça a failli me tuer. Je serais mort sans l'aide de Phun. Comment ces gars ont-ils réussi à s'en sortir si facilement ? Je suis juste trop bête ? (Plus j'y pense, plus c'est déprimant).



L'école est enfin terminée et les professeurs libèrent leurs classes. Ohm et moi nous précipitons vers la salle de club aussi vite que possible. Nous sommes impatients de couvrir ces deux enfants d'éloges, car ils se sont noyés dans le travail. Mais connaissant Per, ce n'est pas comme s'il devait attendre que cela arrive. Il peut le faire lui-même.

— Le plus dur, c'est quand il faut que les lettres soient parfaitement alignées quand on plie le document et tout le reste !

Tu vois ça ? Je savais qu'il se vanterait de ce qui a été fait. Ohm et moi entrons dans la pièce et voyons le dos de Per. Il se vante devant Phi Dew.

Phi Dew comprend ce qui est sur le point d'arriver. Il fait semblant de ne pas nous voir entrer dans la pièce et fait semblant de prêter attention à l'histoire de Per. Ohm et moi nous mettons à plat ventre et rampons vers Per.

— C'est vrai, j'ai dû faire tellement de changements ! Même Knott était totalement confus. Heureusement, j'étais là pour l-outch !

— Ahahahahahaha !

C'est hilarant ! Je pleure ! Ohm et moi, on se roule littéralement par terre en riant. On se fait un high-five. Chacun de nous deux tient une touffe de poils de jambe de Per. Ahahahaha !

Per crie de douleur en regardant les endroits chauves sur ses jambes.

— C'était quoi tout ça ?! Ça fait mal !

— La façon dont tu te vantais nous a vraiment énervés. Prends ça !

Je le frappe sur la tête une fois, puis Ohm fait de même. On fait des allers-retours pendant un moment. P'Dew rit avec nous.

— Qu'est-ce qu'il t'a dit, Phi Dew ? Ne le crois pas, il ne fait que parler.

— Ha, je n'écoutais même pas. Je le laissais continuer encore et encore.

Hahahaha ! Et juste comme ça, Per devient grognon.

— Je n'oublierai jamais ça ! Je suis en colère contre vous maintenant.

Oh, merde. Maintenant, je ne pourrai plus faire appel à lui quand il y aura des choses urgentes.

— Là, là, là. On plaisante ! Tu es génial ! Tu es le meilleur ! Ne sois pas fâché ! Là, là.

Ne pensez pas une seconde qu'un geste aussi idiot vienne de moi. Ohm est celui qui essaie de remonter le moral de Per en agitant les mains devant lui. (Tu es tellement plus doué pour ce genre de choses maintenant, je suppose que ça a quelque chose à voir avec le fait d'avoir un petit ami plus jeune). Per se met à rire et pousse les mains d'Ohm d'avant en arrière. Oui, vous êtes tous les deux des idiots.

— Alors, où est Knott ? Je vous offre quelques snacks quand j'aurai du temps libre.



— Il aide Phi Film avec la fanfare à l'extérieur. Je vais le dire à Knott pour toi. répond Per à ma question.

Je lui fais un signe de tête mais quelque chose ne va pas.

— Alors Knott aide Phi Film dehors...? Et toi ?! Bâtard, va les aider tout de suite ! dis-je, la main en l'air, avec l'intention de le frapper une fois de plus.

er comprend vite. Il me fait un sourire gêné et s'élance hors du club.

— Tu vas aussi aller aider la fanfare, Noh ? demande Phi Dew qui porte une glacière remplie d'eau.

— Ouais, laisse-moi t'aider avec ça.

Mais, avant que je puisse aider Phi Dew, Ohm m'attrape par le col de ma chemise. Il me jette sur le canapé.

— N'y pense même pas. Tu restes ici et tu attends l'appel de l'association de la fanfare. Ils ont dit qu'ils appelleraient avant 17 heures pour discuter du concours des fanfares. Mais s'ils n'appellent pas, alors tu n'as pas besoin de les appeler. Compris ?

Eh bien, super ! Je dois me détendre et attendre un appel ? Pourquoi ne le fait-il pas lui-même ? C'est totalement contre la nature d'Ohm.

Je fronce les sourcils et je regarde le visage d'Ohm, confus. Mais une fois que je comprends ce qui se passe, je me mets à rire.

— Très bien alors. Je vais traîner ici, dans cette belle pièce fraîche et climatisée. Tu peux y aller et souffrir dans la chaleur pour pouvoir nourrir un certain membre de la fanfare autant que ton cœur le désire. Heh heh heh.

Ohm se retourne rapidement et me fixe du regard.

— Peut-être que je devrais changer d'avis !

Oh, une vraie menace. Je lève rapidement les mains en l'air et le supplie.

— S'il te plaît, va-t'en, Phi Ohm. Nong Noh va rester et répondre au téléphone qui sonne, avec beaucoup d'enthousiasme.

Ce serait mauvais s'il changeait d'avis. Il n'y a rien d'autre que je préfèrerais faire que de rester dans une pièce fraîche.

Ohm me montre du doigt, l'air énervé et gêné, avant d'aider P'Dew à porter la glacière dehors. Maintenant, je peux me balader dans la pièce et je me sens complètement ennuyé. Comment se fait-il que lorsque je dois faire certaines choses, elles arrivent toutes en même temps ? Et quand je suis libre, je n'ai rien à faire du tout, qu'est-ce que c'est que ça ?

Je m'assois par terre au milieu de la pièce. Je prends une guitare acoustique que quelqu'un a laissée traîner et je commence à jouer quelques notes. Hum, qu'est-ce que je devrais jouer ? Je feuillette les partitions devant moi, en espérant trouver un moyen de tuer le temps.



♪ Je n'ai pas peur des matins

J'ai seulement peur qu'ils ne viennent pas

Peu importe l'heure qu'il est

Je peux le faire ♪



Non, pas cette chanson. Mon téléphone sonne. Je lève un peu mes fesses et je sors mon portable de ma poche. Je réponds à l'appel sans regarder l'écran.

— Où es-tu, Noh ?

Je n'ai pas regardé parce que je n'avais pas besoin de vérifier qui appelait.

— La salle du club et toi ?

Phun se tait un instant avant de me poser une question au lieu de me répondre. Sa voix est douce et grave.

— Je peux venir te voir...?

Pourquoi utilise-t-il ce ton de voix ?

— Oui, viens ici.

J'accepte de le laisser venir et on raccroche. Peu de temps après, la porte du club s'ouvre.

— Oh, tu es encore seul ici ?

— Ouais, tout le monde s'entraîne dehors. J'attends un appel.

Phun me fait un signe de tête pour me saluer avant de s'asseoir juste devant moi.

— J'ai cru les entendre jouer. Alors, qu'est-ce que tu fais ?

— Je me fais nettoyer les dents, qu'est-ce que tu en penses ?

N'est-il pas évident que j'ai une guitare sur les genoux ? Mais Phun me frappe une fois à la tête quand il entend ma réponse.

— Petit malin. Alors, tu as pu manger les desserts hier soir ?

Comment ces choses sont-elles liées ? Je lève les sourcils et je regarde son visage, puis je lui réponds avec un sourire.

— Bien sûr. Ils étaient délicieux. Merci, mec.

Phun sourit encore plus que moi.

— Tu as fait de beaux rêves ?

— Regarde mes yeux.

Je suis Racoon city et il demande encore ? Phun rit et je glousse doucement. Je commence à jouer quelques notes au hasard sur la guitare.

Nous nous taisons tous les deux pendant un moment et les mélodies de la guitare emplissent la pièce. Je commence à me sentir étrangement oppressé quand je remarque que Phun me regarde depuis cinq minutes et que je n'ai pas une seule fois rencontré ses yeux.

Je ne sais pas... Je suppose que c'est parce que je sais pourquoi il est venu jusqu'ici.

— Quand tu m'as appelé hier, j'étais mort d'inquiétude... tu le sais, n'est-ce pas ?

… et voilà. Je le savais. Je savais que je le faisais s'inquiéter. Mais je ne pouvais pas l'accabler avec tous mes problèmes. J'ai fait pleurer Yuri. Je l'ai laissée partir toute seule. Je ne méritais pas qu'on me console, surtout alors que Yuri était toute seule.

J'ai choisi de ne pas répondre à sa question, alors maintenant nous sommes juste tous les deux assis dans une petite pièce rectangulaire, en silence. Finalement, les mélodies que je joue avec mes doigts s'estompent. Je peux sentir que toute mon énergie est évacuée et se dissipe aussi.

Nous pouvons entendre les sons de l'air frais soufflé par le climatiseur. Je serre les lèvres et Phun dit autre chose.

— Y a-t-il quelque chose que je dois savoir...?

Je relève la tête et je regarde dans ses yeux perçants plutôt troublants. Je n'ai jamais vu Phun comme ça. Il a l'air de supplier pour quelque chose, mais je ne comprends pas bien.

Je ne peux plus ignorer ses questions une fois que nos regards se sont croisés. Mais il est si difficile de commencer à parler.

— Je... suis allé voir Yuri... pour rompre avec elle. Je lui ai dit qu'on ne pouvait plus se voir et elle... elle a pleuré…

Lentement, je commence à lui dire tout, en détournant mon regard de lui. Le sol semble vide et froid.

— Je… ne sais pas. Je ne veux pas la voir pleurer. Ça me fait... ça me fait me détester.

— Noh, tu es sûr d'avoir pris la bonne décision ?

Et à cause de ces mots, je le regarde avec précipitation. Maintenant, c'est lui qui regarde ailleurs.

— Es-tu sûr d'avoir bien réfléchi ?

— Phun, pourquoi tu dis ça ? demandé-je lourdement à la personne en face de moi et qui semble avoir tellement de choses à l'intérieur de lui que je ne peux même pas imaginer ce que c'est.

— …

Phun ne me donne pas de réponse, mais je vois qu'il a une expression tellement triste sur le visage, tellement triste que j'ai envie de lui toucher les épaules pour qu'il me regarde.

— Phun…

Je l'appelle à nouveau à voix basse. Il me fait un sourire forcé.

— Je ne sais pas... peut-être que je réfléchis trop, haha.

Pourtant, son rire est plutôt sombre. Je regarde son visage lugubre et il ne veut toujours pas me regarder. Phun fait semblant de regarder dans le livre de musique au lieu de me regarder.

Je secoue la tête devant son comportement étrange avant de commencer à jouer quelques notes familières dont je me souviens bien à la guitare.

‘Je suis heureux de t'avoir dans ma vie…’ (6)

Phun est surpris et me regarde fixement dès qu'il entend les notes. Je souris à sa réaction, puis je parle tout en jouant la chanson.

— J'ai bien réfléchi. Parce que même si je continuais à la voir... je ne pourrais jamais tomber amoureux d'elle...

— Comment peux-tu en être certain...? Tu es complètement dévasté, alors peut-être que tu es vraiment amoureux d'elle.

Il répond d'une manière désinvolte, mais en utilisant toujours son ton de voix grave qui me fait glousser. Alors, je me fie à lui.

— Parce que je suis déjà amoureux de toi.

Hum... c'était difficile à dire à haute voix. Je suppose qu'il a fallu du cran à Phun pour dire ces mots aussi.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

Jésus, pourquoi il crie si fort ? Je regarde ce beau mec qui a une expression choquée sur le visage. Je fais semblant de continuer à jouer de la guitare et j'ignore sa question.

— Noh... qu'est-ce que tu viens de dire ? S'il te plaît, je peux l'entendre à nouveau ? S'il te plaît, Noh ! S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ?!

Attendez, qu'est-il arrivé au mec émotif qui était là à l'instant ? Ma tête oscille d'avant en arrière alors que mes doigts jouent encore de la guitare. Phun me fait trembler à la magnitude de 8.0 sur l'échelle de Richter, ou quelque chose comme ça.

— Qu'est-ce que j'ai dit ? Je n'ai rien dit, hé hé hé.

Je nie tout et Phun me secoue encore. J'essaie de jouer de la guitare là ! C'est très grossier ?! Maintenant, je suis passé à jouer "Nong Ple is Cute" de Paradox puisque les partitions se trouvent justement sur cette page par chance.

— Noh ! Réponds à ma question tout de suite ! Si tu ne le fais pas, je…

Il fera quoi ? Il va me tuer ? Je viens de lire dans les journaux l'horrible meurtre qui a eu lieu ce matin. Un mari a tué sa femme par jalousie. C'était si tragiquement horrible qu'il a fait la une du Thai Rath News. Mais attendez, lequel de nous deux est le mari et lequel est la femme ? Peu importe, ce n'est pas comme si Phun allait faire ça. Je crois.

Je m'arrête et je le regarde. Il y a un soupçon de peur dans mes yeux, car j'ai peur qu'il se mette à nouveau en colère contre moi. Cependant, Phun a un large sourire et me serre dans ses bras, si fort que je peux à peine respirer.

— Je vais te serrer aussi fort que je peux !

Ouf, quel soulagement. Je laisse échapper quelques rires avant de lâcher la guitare pour pouvoir lui tapoter légèrement le dos.

Phun resserre son étreinte alors qu'il continue de parler.

— Tu n'as pas idée, je n'ai même pas pu dormir la nuit dernière. J'ai perdu la tête. J'étais terrifié en pensant que tu t'étais soudainement rendu compte que la personne dont tu étais réellement amoureux était Yuri et pas moi. J'étais terrifié à l'idée que tu aies fait une grosse erreur. J'étais terrifié parce que je pensais que tu viendrais me voir ce matin pour me dire que tu l'avais choisie. J'avais tellement peur que je ne savais pas quoi faire. Parce que pour moi... pour moi, je sais que j'ai bien réfléchi. Tu es la seule personne que j'aime. Tu es la seule personne que j'aimerai jamais... Noh, tu m'entends ? Je ne peux pas aimer quelqu'un d'autre. Ça doit être toi.

Phun laisse échapper tout ce qu'il avait mis en bouteille à l'intérieur. Il me tient si fort que j'ai besoin de le serrer dans mes bras pour lui montrer que je ne suis pas différent de lui. On se cogne légèrement le front avant de lâcher prise.

— Phun… écoute bien, ok ?

Je regarde fixement dans ses yeux perçants. Je veux qu'il ressente ma sincérité. Et pourtant, je vois une paire d'yeux qui me supplient et qui m'implorent pour quelque chose. Ce n'est pas nécessaire car je ne blesserai jamais intentionnellement la personne en face de moi.

— Entendre cela... me rend un peu triste. Je n'ai jamais été capable de te faire comprendre ce que je ressens pour toi, ouais…

À ce stade, le beau gosse ouvre la bouche pour discuter mais il devra attendre. Je dois d'abord finir de parler.

— Entre toi et Yuri, j'ai bien réfléchi. Oui, j'aime beaucoup Yuri, mais tu dois savoir que la façon dont je l'aime n'est pas la même que celle dont je t'aime. Yuri est une très bonne amie pour moi. Elle m'a supporté avec tout ce qui s'est passé, mais je l'ai blessée…

Je m'arrête un instant quand l'image de Yuri en pleurs clignote dans ma tête.

— Je... Je déteste être la raison pour laquelle quelqu'un est blessé. Je ne sais pas... c'est juste qu'elle a fait beaucoup pour moi mais je... Non seulement je n'ai pas pu lui rendre la pareille, mais je...

À ce moment, les lèvres de Phun se rapprochent et touchent les miennes au milieu de ma phrase comme s'il ne voulait pas entendre ce que j'ai d'autre à dire. J'autorise Phun à voler le reste de mes mots. La personne devant moi me met à l'aise.

— Ne dis rien d'autre, d'accord ? Tu as fait de ton mieux, tu comprends ça ? murmure Phun pour m’encourager avant de me faire un sourire qui me réchauffe le cœur.

— Noh, tu n'as pas idée à quel point tu es extraordinaire. Tu es la personne la plus extraordinaire de ma vie.

Tu me flattes ! J'accepte ses compliments avec un sourire et ses fines lèvres se pressent contre les miennes une fois de plus. Cette fois, je le laisse faire ce qu'il veut. C'est étrange comme un simple toucher de Phun m'a redonné toutes mes forces et mon énergie. Ce baiser est la preuve que j'ai pris la bonne décision.

Phun est aussi la personne la plus incroyable de ma vie.

Nous échangeons des baisers, chacun désirant ardemment l'amour de l'autre. C'est comme si Phun voulait exprimer tous les sentiments qu'il a pour moi par le bout de sa langue, auxquels je réponds par les miens. Je veux qu'il sache que tous ces sentiments que j'ai contenus en moi ne sont pas différents des siens.

Nos baisers deviennent de plus en plus chauds, car aucun de nous n'est prêt à être le premier à se retirer. Les lèvres de Phun continuent de s'appuyer sur les miennes, encore et encore, ainsi que le bout de sa langue chaude qui est espiègle et se comporte mal, tout comme son propriétaire et ses mains. Je frappe la main de Phun au milieu de notre baiser dès que je sens qu'il explore mon corps sous ma chemise sans permission. Phun glousse doucement dans sa gorge avant d'utiliser la même main pour caresser ma joue et incliner ma tête sur le côté pour que je puisse accepter ses baisers profonds et passionnés.

Nous rapprochons nos corps, même avec la guitare entre nous. Je perds tout l'air contenu dans mes poumons. Je peux à peine respirer. Le gars devant moi est implacable. Il n'y a aucun signe qu'il va s'arrêter de sitôt. Il me séduit par ses actions et je suis sous son charme. Je sais que si nous continuons ainsi, il sera de plus en plus difficile de nous arrêter. Je lève calmement une de mes mains pour l'éloigner de mes lèvres. Mais avant que je ne puisse le faire, la porte du club s'ouvre et j'entends une petite voix familière.

— Noh...? Phun...?

Yuri ?!

Notes :
1/ 1- The Gunners : Surnom du Arsenal Football Club
2/ Old Trafford : Old Trafford est un stade de football situé dans le comté du Grand Manchester, en Angleterre, il a été construit en 1909,
3/ Red Devils : Surnoms des Manchester United
4/ 70 Bahts égale environ 2€
5/ Pinklao : Ce n’est pas le prénom de Per. En cherchant un peu ce que ça pouvait vouloir dire (puisque Noh le traite de pompeux.) J’ai trouvé qu’il s’agissait donc d’un membre de la famille royale. Pinklao (4 septembre 1808 - 7 janvier 1866) est vice-roi de Thaïlande, il est le fils du roi Buddha Loetla Nabhalai (Rama II) et de la reine Sri Suriyendra.
6/ Il s’agit du titre d’une chanson Thailandaise. https://www.youtube.com/watch?v=r7Yl3AxoEYk

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:18



52ème Chaos
Sans Défense
— Je suis tellement désoléééééééééééééé !

Ohm s'excuse et demande pardon depuis dix minutes. Oui, cela fait dix minutes que Yuri est passée ici et a obtenu les réponses à toutes ses questions. Cela fait dix minutes depuis qu'elle s'est enfuie sans poser d'autre question.

— Hé, c'est bon. Ce n'est absolument pas de ta faute.

Je prends les mains d'Ohm, qui sont encore en l'air, alors qu'il refuse de les baisser. Je ne veux pas qu'Ohm stresse à cause de ça. Il n'est pas responsable de ce qui s'est passé juste parce que c'est lui qui a amené Yuri dans la salle du club, où elle a été témoin de cette situation inattendue. C'est ce que signifie "inattendu dans une situation inattendue", donc je ne laisserai pas Ohm se blâmer pour cela.

— Putain de merde, mec. Je n'aurais vraiment pas dû l'amener ici. Je suis vraiment désolé… je...

— Arrête, ce n'est pas ta faute. C'est nous qui avons été négligents, Ohm. Nous avons été... imprudents.

Je force chaque mot avec beaucoup de difficulté. Ce n'est pas facile d'admettre que tout cela est arrivé parce que nous étions tous les deux happés par le moment. Non, ce n'était pas non plus la faute de Yuri. Elle voulait me remettre les photos autocollantes d'hier. Elle essayait d'être une bonne amie. Ce n'était pas la faute d'Ohm. Il avait amené Yuri ici pour qu'elle n'ait pas à affronter seule la foule de garçons. Il voulait qu'elle soit en sécurité. C'était de ma faute. J'étais tellement captivé et déterminé à obtenir ce que je voulais, que je n'ai pas pensé aux conséquences de mes actes. Pas même un instant.

Je serre légèrement les mains d'Ohm. Il semble qu'il ne peut toujours pas l'accepter, mais il cède quand même. Il me regarde comme s'il voulait s'excuser une centaine de fois de plus. Je ne pense pas du tout qu'il ait besoin de faire quelque chose comme ça.

— Argh...! J'étais tellement... aahhhh !

À la fin, il se met à crier, mais aussi à se frapper la poitrine et la tête avant de partir. Il se rappelle de fermer la porte pour nous (avec un claquement). Soupir. Ohm est toujours comme ça. Bien sûr, on dirait qu'il ne prend pas les choses trop au sérieux, mais il assume la responsabilité de tous ses actes (quand il ne cherche pas à être odieux). Mais cette fois-ci, je ne vois vraiment pas en quoi Ohm est responsable pour ça.

Le vacarme d'il y a quelques minutes dans la salle du club s'estompe. Il n'y a que le son de mes expirations qui remplit la salle. J'ai mal à la tête. Je ne sais pas comment gérer ce gros bordel qui vient de se produire. Je me jette sur le long canapé et rejoint l’autre personne qui s'est assise dessus.

C'est bien cela. Phun est toujours là. Il a l'air très inquiet et je le sens. Je regarde son visage acéré, plein de préoccupations. Ses mains moites se serrent en poings.

— Phun... tu vas bien ?

Même si je n'ai presque plus de force, je ne peux pas m'empêcher de demander au gars à côté de moi parce que je suis inquiet pour lui. Je sais très bien qu'il ne se sent pas si différent d'Ohm.

— Je suis... désolé.

Juste comme je le pensais. Je le regarde quand il me répond faiblement. Ses yeux sont évidemment troublés. Que suis-je censé faire d'autre que de lui faire un sourire encourageant ?

J'utilise toute l'énergie qu'il me reste pour lui sourire.

— Pourquoi es-tu désolé ? Ne t'inquiète pas ! Si nous cherchons qui est à blâmer, alors nous sommes tous les deux fautifs.

Je lui tapote doucement le dos. Je ne crois qu'à la moitié de ce que je dis. Honnêtement, je ne blâme pas du tout Phun.

Pourtant, son expression sombre persiste.

— Mais c'est moi qui... ai commencé...

Eh bien... si c'est le cas. Mes lèvres se courbent en un sourire lorsque le type qui semble porter le poids du monde sur ses épaules me regarde dans les yeux. Lentement, je me rapproche pour pouvoir toucher ces lèvres oranges avec les miennes. Phun est un peu inquiet au début, mais il me laisse ensuite prendre l'initiative. Je souris face à son obéissance avant de me rassasier de son goût. Ses lèvres sont douces et je l'embrasse jusqu'à ce que je sois satisfait.

— Maintenant, sommes-nous tous les deux fautifs ?

Je m'éloigne enfin et je demande à la personne qui est devant moi. Il rit doucement au lieu de me donner la réponse que je cherche.

— Alors... tu es sûr de ne pas vouloir la rejoindre ?

C'est sa prochaine question.

Ah... Je me sens soudain lourd quand j'entends cette question. J'avoue que j'hésite, parce que je ne connais pas la réponse. Même si mes jambes voulaient lui courir après il y a dix minutes, mon cerveau se demandait pourquoi je devrais lui courir après.

Pas quand je ne peux rien faire pour qu'elle se sente mieux, que ce soit en admettant ce qui s'est passé ou en le niant. Je ne peux pas lui cacher ça alors qu'elle a tout vu. Elle a vu la vérité de ses propres yeux. Malgré tout, je n'ai pas le courage d'aller la voir et de tout lui avouer. Plus je vais lui en dire, plus je lui infligerai de la peine.

Qu'est-ce que je peux faire d'autre...?

Tout me semble lourd, au point que je dois prendre une seconde et fermer les yeux de fatigue.

— Noh…

Une voix profonde et familière me fait sortir de ma transe. Une main chaude est là pour me rappeler que je ne suis pas seul. J'ai toujours quelqu'un à mes côtés. J'ouvre les yeux et vois Phun sourire. C'est un sourire dont je ne peux pas me détourner. Un sourire qui, je l'espère, ne disparaîtra jamais.

— Merci.

Je prononce un simple mot pour la personne devant moi. Il y a un sentiment que je ne peux pas expliquer. Je ne sais pas comment tout va se dérouler à la fin, mais je suis à l'aise chaque fois que j'ouvre les yeux et que je vois Phun à côté de moi.

Je sens que je suis toujours en sécurité quand il est là.



Depuis ce jour, il semble que ma relation avec Yuri soit terminée. Elle ne m'a pas appelé et ne m'a pas supplié d'aller voir un film, de dîner ou de faire à nouveau du shopping avec elle. Chaque fois que je décide de prendre le taureau par les cornes et de l'appeler, je ne suis accueilli que par des tonalités.

Environ une semaine après l'incident, je l'ai croisée dans le train aérien alors que je rentrais chez moi. J'avoue que j'ai un peu hésité à lui faire face après l'horrible chose que j'ai faite. Je n'ai rien pu faire d'autre que de lui offrir un sourire amical comme je l'ai toujours fait, même si je sais qu'elle ne veut pas me voir et qu'elle ne veut plus rien avoir à faire avec quelqu'un comme moi.

Je me souviendrai toujours des conséquences. Son expression était froide comme si j'étais un étranger. Elle regardait à travers moi comme si je n'existais pas. Je ne peux pas la blâmer pour ça. Si un connard comme moi n'était jamais entré dans sa vie, tout aurait été tellement mieux pour elle.

Plus j'ai l'occasion de réfléchir à ce qui s'est passé, plus je me rends compte à quel point j'ai blessé Yuri. Tout ça, c'est à cause de moi. J'avais rompu avec elle vingt-quatre heures auparavant, puis elle a été témoin de la raison pour laquelle j'avais rompu. C'est à cause de moi. J'ai choisi d'être avec Phun, le gars qui sortait avec sa meilleure amie. Ce que Yuri a vu est la dernière chose sur terre qu'elle voulait voir.

Je ne suis pas en colère contre Yuri et je ne pense pas que je le serai un jour, car je n'ai pas le droit de l'être quand c'est moi qui l'ai blessée. Par conséquent, je n'ai pas le droit de décider comment elle doit réagir à cela. Donc si Yuri décide qu'elle ne veut pas être amie avec quelqu'un comme moi, qui suis-je pour protester contre cela ?

Je suis prêt à accepter sa décision et je ne la contesterai pas.

Je le mérite.



Soupir. On dit que l'on perd sept secondes de sa vie chaque fois que l'on soupire (est-ce que c'est vraiment vrai ?) et si c'est vrai, alors il ne me reste probablement plus que quelques minutes à vivre.

Bam !

Qui diable a frappé ma tête ? ! Qu'est-ce que c'est que ça ? Putain, je réfléchis là ! Je me retourne pour voir le suspect qui se tient au-dessus de ma tête et je sursaute. Je me suis allongé sur le sol du club et maintenant le pied d'Ohm n'est plus qu'à quelques centimètres de mon visage.

— Argh, bâtard ! Dégage de là !

Comme si quelqu'un allait prendre ça à la légère ! Quel connard ! Je pousse le pied d'Ohm avant de me relever et de me gratter la tête de frustration.

Pourtant, Ohm a le culot de se moquer de moi.

— Tu étais dans ton propre petit monde. Je t'ai appelé et tu ne répondais pas, alors j'ai pensé que quelque chose avec un merveilleux parfum pourrait te réveiller. Comment c'était ? N'était-ce pas rafraîchissant ?

Va te faire foutre ! Je me retourne et je fais un doigt d'honneur à lui et à ses soi-disant pieds merveilleusement parfumés.

Soupir. Aujourd'hui est le jour où nous deux (Ohm et moi) gardons un œil sur les choses dans la salle de club le matin, le midi et jusqu'au soir puisque personne d'autre n'est là. Film, les membres de la fanfare et certains des seniors sont en compétition à l'étranger. Ils ne seront pas de retour avant plusieurs jours. En gros, ils nous ont tous quittés, Ohm et moi, pour nous laisser souffrir dans un pays qui est (affreusement) chaud. Ça craint vraiment.

Je regarde Ohm, qui vient juste de finir de m'ennuyer, s'approcher du tableau et retirer un morceau de papier. Il me le tend. Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Kinokuniya a appelé. Ils ont dit que tu peux aller chercher les encyclopédies que tu as commandées plus tard dans la journée, trou du cul. Ce téléphone a sonné pendant des lustres, comment tu n'as pas réalisé ça ?!

Oh, vraiment ? Quand est-ce qu'il a sonné ? Mais attends, si le téléphone a sonné pendant un moment avant qu'Ohm ne le décroche, ça doit vouloir dire qu'Ohm s'est faufilé dehors pendant que je ne faisais pas attention pour jouer au foot ! Salaud. Je veux l'insulter, mais le papier de Kinokuniya est collé à mon visage.

— Prends ça avec toi !

Pourquoi tu te répètes ?! Il parle comme s'il n'allait pas venir avec moi.

— Tu ne viens pas ?

— Je suis occupé !

Hein ? C'est quoi ce bordel ? Je le regarde avec un énorme point d'interrogation écrit sur mon front.

Il semble qu'Ohm puisse lire mon expression puisqu'il me l'explique.

— Aun rentre en avion aujourd'hui. Toute ma famille se rend à l'aéroport pour l'accueillir à la maison. Ils m'ont dit de rentrer aussi vite que possible quand l'école sera finie.

Oh, pour de vrai ?! Boss Aun va revenir ?! Maintenant, je suis aussi excité qu'un petit enfant. Boss Aun est le grand frère d'Ohm. Il est beau, gentil et intelligent comme un diable. Il est complètement différent d'Ohm. Je veux dire, il a étudié à l'étranger et tout. Il a une maîtrise en ingénierie d'Angleterre. Comment peut-on le comparer à quelqu'un comme Ohm ? Soyons réalistes, même le Dr Whaen se demande si Ohm aura son diplôme de fin d'études secondaires.

— Hé, tu crois qu'il m'a acheté des souvenirs ? Merde, c'est plutôt excitant.

Je rêve d'avoir une énorme boîte de chocolats. Enfin, peut-être trois ou quatre énormes boîtes de chocolats. Je salive déjà !

Bam !

Merde ! Pourquoi ce type se met-il entre un homme et sa nourriture ?! Je regarde Ohm qui vient juste de me frapper la tête avec ses doigts. Il poursuit avec une claque sur l'arrière de ma tête. (Attention, connard !)

— Mon frère n'est même pas encore revenu et tu me demandes déjà tes cadeaux ?

Tu agis comme si tu n'avais jamais fait la même chose ! Je lui murmure des insultes incompréhensibles. Non seulement il ne m'aidera pas à porter les livres, mais il me harcèle aussi à propos de mes cadeaux de l'étranger ? À propos, comment suis-je censé porter tous ces livres tout seul ?!

— Merde, Ohm. Tu ne vas vraiment pas venir avec moi et m'aider ? Il y a quatorze encyclopédies, mec !

Et ce sont toutes des couvertures rigides. Je fronce les sourcils et je fixe Ohm. Il réfléchit à tout ça, puis il secoue la tête.

— Non, non. Je ne peux vraiment pas. Ma famille m'a spécifiquement dit de rentrer chez moi aussi vite que possible.

— Aw ! Et tu t'attends à ce que je porte tout ça tout seul ?

C'est déjà épuisant rien que de penser à cette tâche. Chaque livre est de la taille d'un petit enfant. Argh...

Je me gratte la tête et je fixe le papier de Kinokuniya, réalisant que je n'ai pas d'autre solution. Mais assez vite, le ton rusé dans la voix d'Ohm fait son retour.

— Pourquoi tu te rends la vie difficile ? Il suffit d'un coup de fil à Phun pour qu'il laisse tomber tout ce qu'il fait, qu'il court vers toi en remuant joyeusement la queue en l'air et qu'il t'aide à porter les livres.

Oh, oui ! Comment j'ai pu oublier ça ?! Mais attends, qu'est-ce qu'Ohm vient de dire sur Phun ? La queue qui remue...? Cet abruti ferait mieux de faire attention, je lui ferai payer plus tard. Je dois d'abord appeler Phun. Je donne un coup de pouce à Ohm pour son plan (plutôt méprisable) avant de commencer à chercher le numéro de téléphone du secrétaire du conseil des étudiants.



♪ N'oublie pas quand le mot amour a été prononcé

N'oublie pas ce que tu as ressenti

Ce mot important n'a pas de prix

Il faut en prendre grand soin

N'oublie pas quand le mot amour a été prononcé

Quand on se le dit mutuellement

Au fil des jours et des nuits

Ne laisse rien s'interposer entre nous. ♪



Hey... Et cette sonnerie d'attente est la raison pour laquelle Fi s'arrêtait pour me montrer du doigt et dire ensuite "n'oublie pas" à chaque fois qu'il me voyait. Qu'est-ce qui t'arrive ? Je n'ai toujours pas réprimandé la personne responsable de ça. Mais bientôt...

Après avoir dû écouter Phi Bee chanter pendant un moment, je commence à penser que l'appel ne va pas aboutir. Mais alors, le propriétaire du téléphone portable répond à l'appel.

— Oui, Noh ? Argh, Mac ! Il y a une faute de frappe juste ici !

Euh... ce n'est pas une bonne manière de commencer notre conversation, il me semble. Je me gratte la tête en écoutant Phun donner des instructions à un élève de première année sur la façon de rédiger correctement un document.

— Hey, Noh ? Désolé pour ça. Je suis au bureau du conseil des étudiants.

Hum... J'appelle à un mauvais moment ?

— Tu devrais retourner travailler alors, je te rappelle plus tard.

— Oh, c'est bon ! Je peux parler. Il y a une raison pour laquelle tu as appelé ?

Il a vraiment le temps de parler ? Je fronce les sourcils quand j'entends une voix qui ressemble à Fi crier en arrière-plan comme s'il était en pleine bataille avec quelqu'un.

En tout cas...

— Es-tu... libre ce soir ?

Autant lui demander puisque j'utilise déjà mes minutes (sinon je bouderais de devoir encore dépenser de l'argent). J'entends Phun tourner quelques pages avant de me répondre.

— Pourquoi ? Tu as besoin de faire une course ou autre chose ?

Eh... ça ne sonne pas très bien.

— Eh bien... je dois aller chercher des livres chez Paragon.

— Il y en a beaucoup ?

— Il y en a... quat... orze au total.

C'est beaucoup ? Hé hé hé.

— Fi ! Je ne vais pas rester après les cours aujourd'hui !

Et voilà. Phun crie rapidement juste après avoir entendu ma réponse. Mais... Fi le laissera t-il partir ?

— Pas question, tu dois être là !

Vous avez vu ça ? Je le savais. Cependant, Phun me devance au moment où je m'apprête à lui dire que ce n'est pas grave s'il ne peut pas m'accompagner (je suppose que je peux toujours demander à un employé du magasin de m'aider à les porter jusqu'à un taxi ou autre chose ?) en criant en retour à Fi.

— Et tu t'attends à ce que je sois assez cruel pour laisser mon petit ami y aller et porter tous ces livres tout seul ?!

Yo ! C'est sa bouche ! Maudit soit le secrétaire du conseil des étudiants ! Je vais le tuer !

— Ouais !

Mais je n'ai pas l'occasion de lui souffler un mot puisque Fi crie fort en retour à Phun. Ces deux-là vont se disputer pendant un long moment si je ne fais rien.

— Phun ! C'est pas grave si tu es occupé. Je peux y aller tout seul. J'ai pensé que je pouvais appeler et te demander au cas où. D'accord ?

J'essaie de le convaincre de faire ce qu'il doit faire en priorité. J'aurais vraiment dû mentionner qu'il n'a pas besoin d'annoncer publiquement que je suis son petit ami non plus. C'est tellement gênant pour moi !

— Non, c'est bon. Je peux y aller. Je te verrai ce soir.

— Mais...

— À ce soir.

Clic. Euh... il a déjà raccroché. Mais qu'est-ce qu'il y a ? Alors qu'est-ce qu'il veut dire par "je peux y aller" ? Je regarde mon iPhone, perplexe. Finalement, je dis à Ohm que Phun est occupé, mais que je peux gérer ça tout seul.

Kinokuniya propose des services qui vous aident à porter les livres que vous achetez, n'est-ce pas ?

Ohm se précipite hors de la classe à la seconde où la cloche de l'école sonne. Si je n'avais pas su que son frère était rentré en Thaïlande, j'aurais pensé qu'il y avait un concours FHM en direct. C'est la seule chose qui expliquerait son comportement autrement.

Mais je suis sûr qu'il est vraiment impatient de voir ce que son frère lui a acheté à l'étranger. Je me demande ce que c'est. Le dernier numéro de Playboy ? Ou quelque chose qu'il veut donner à Mick ? Quoi que ce soit, il ferait mieux de ne pas me laisser le découvrir. Hé, hé, hé.

Je pense à moi en sifflant et en rangeant mes affaires sur mon bureau. Après avoir fait mes adieux à Keng, Rodkeng, Pong, Palm, Dong et au reste des gars, je pars remplir mon devoir d'esclave du club de musique (malheureusement, Ngoi est parti rejoindre la compétition avec tous les autres, sinon je lui aurais imposé de le faire). Ah, c'est frustrant. Je porte mon cartable entre mon bras et ma taille pour pouvoir dire au revoir à mes amis.

Bref… et pour Phun ? Il n'a pas encore appelé non plus. Je veux dire, il semble être assez occupé ces derniers temps avec les affaires du conseil étudiant. Je ne devrais vraiment pas le déranger autant. C'est ce que j'ai choisi de me dire avant de remettre mon iPhone dans la poche de mon pantalon et de me diriger vers la sortie de l'école.

Les choses auraient été beaucoup plus faciles si Phun n'était pas sorti de nulle part et ne m'avait pas attrapé par le bras. Je suis obligé de m'échapper de l'école avec lui. Qu'est-ce qui se passe, bon sang ?!

— Viens, Noh ! On doit bouger ou on n'y arrivera pas ! me dit-il alors que nous courons ensemble vers la porte de l'école.

Hé ! Qu'est-ce qui se passe ?

— Qu'est-ce que tu racontes ?! Ça ne ferme pas avant 21 heures !

Qu'est-ce qu'il y a avec ce type ? Mais je n'ai pas besoin d'attendre la réponse de Phun pour comprendre ce qui se passe vraiment.

— Putain de Phun ! Reviens ici !

Attends ! Tu t'es enfui ?! Je tourne la tête vers l'arrière et j'aperçois Fi hurlant à pleins poumons avant que Phun ne me pousse dans un taxi.

— Je suis parti ! Tu peux demander à Nong Mac de t'aider si tu as besoin de quelque chose ! Bye, mec ! crie Phun en retour au président du conseil des étudiants, il ferme rapidement la porte. Pour Paragon, s'il vous plaît !

— Yo ! Pourquoi as-tu fui comme ça ? !

Il va encore m'accuser d'avoir volé le secrétaire du conseil des élèves ! Je lui crie immédiatement dessus dès que le taxi commence à bouger.

— Ce n'est pas comme si je pouvais te laisser y aller seul. Il y a une tonne de livres.

Phun se retourne pour me regarder avec un sourire idiot. Son front est trempé de perles de sueur. Je suis content que tu ne m'abandonnes pas comme Ohm le fait, mais quand même...

— Et ton travail au bureau du conseil des étudiants ? Tu peux vraiment les laisser tomber comme ça ?

C'est un peu déconcertant vu comment Fi nous courait après. Et pourtant, Phun rit fort.

— Il n'y a rien à faire ! Fi fait juste le malin. Il est vraiment aigri parce qu'il n'a été nulle part avec sa copine ces deux dernières semaines. C'est pour ça qu'il ne voulait pas que je vienne avec toi. Un vrai salaud, n'est-ce pas ?

Oh, c'est ce qui s'est passé ? Maudit soit ce Fi ! Si j'avais su, je lui aurais botté le cul une ou deux fois.

Je grogne et jure sur le président du conseil des étudiants à en perdre le souffle. Phun demande au chauffeur de taxi de monter un peu la climatisation avant de se concentrer sur moi.

— D'un autre côté, la personne avec qui je sors n'est pas aussi cruelle que celle avec qui Fi sort. Alors comment peut-on s'attendre à ce que je sois cruel envers mon petit ami ?

Hum...! Il a vraiment la langue bien pendue aujourd'hui. Phun a un large sourire et je le fixe. Je ne peux pas m'empêcher de rire.

— Tu es mal en point, pas vrai ? Hé, hé, hé.

— Et c'est de ta faute, tu dois en assumer la responsabilité.

Hé, comment ça se passe pour moi tout d'un coup ? Je secoue la tête devant sa bizarrerie (qui devient chaque jour plus étrange) avant de taper du doigt au rythme de la musique country que le chauffeur écoute.

Très vite, nous arrivons tous les deux (plus l'oncle qui conduit) à Siam en un seul morceau. Comme d'habitude, Phun paie la course en taxi. Argh, combien de temps a-t-il l'intention de vivre comme une sorte de papa-gâteau ! (Ok, j'ai compris. Ta famille est riche.) Je le regarde alors qu'il accepte la monnaie du chauffeur. Il les met sans compter dans sa poche, de façon détestable.

— Tu es toujours comme ça. Je ne prendrai plus de taxi avec toi à partir de maintenant.

— Quoi ?! Eh bien, tu paies notre dîner. Je suis affamé, que devrions-nous manger ?

Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Je t'ai demandé de venir chercher des livres avec moi. Ce type est toujours si sournois. Je regarde Phun, il se frotte le ventre en regardant autour de lui. Je ne peux pas m'empêcher de lui donner un coup de coude une fois.

— Récupère les livres avec moi d'abord.

— Eh ?! Tu as dit toi-même qu'ils ne ferment pas avant 21 heures. On devrait d'abord trouver quelque chose à manger. Comment on va faire pour trimballer ces livres avec nous ?

Oh… c'est logique. Cependant, Phun n'attend pas ma réponse et me traîne à l'intérieur du Siam Center à la recherche d'un repas.

— Que devrait-on manger ?

Maintenant, il utilise même un joli timbre de voix. Peu importe ce qui fait flotter ton bateau, mec.

On fait le tour des lieux pendant un long moment. Phun a son bras sur mes épaules et autour de mon cou tout le temps. Je comprends que c'est normal pour les mecs de se balader comme ça mais... il devrait vraiment lâcher prise maintenant.

Je commence à me tortiller, mais il ne me lâche pas.

— Argh, c'est tellement inconfortable ! Laisse-moi tranquille !

Phun siffle et agit comme si tout était normal. Je le regarde encore une fois.

— Lâche-moi déjà…

Les filles qui passent devant nous nous regardent maintenant.

— Quoi ? Est-ce si pénible pour moi de reposer mon bras sur toi comme ça ?

Phun fait semblant de se plaindre de son manque de force, mais il finit par relâcher son emprise sur moi. Je suppose qu'il a compris que je suis sérieux, alors il place simplement son bras sur mon épaule à la place.

Nous faisons encore deux fois le tour du Siam Center avant que Phun ne décide (pour nous deux) que nous allons dîner au Sizzler. Sérieusement, il ne me demande même pas si je veux y manger. Pour être honnête, je veux bien y manger, mais les files d'attente sont toujours longues, comme si l'endroit était gratuit. Je suis déjà en train d'abandonner juste en y pensant.

Il s'avère qu'être patient est payant. L'hôtesse appelle mon nom (et regardez comme c'est lui qui veut manger ici alors qu'il a utilisé mon nom pour la réservation) et nous conduit à une table vide. C'est aussi la meilleure table de l'endroit. Il n'y a rien de mieux que de s'asseoir tout près du bar à salades. C'est le paradis de Noh. La soupe au thon de Noh. Les pâtes de Noh. La purée de pommes de terre de Noh. Ah... Je suis heureux rien qu'à y penser.

J'ai un sourire éclatant sur mon visage quand je réalise où nous allons nous asseoir. Phun me tapote l'arrière de la tête pour m'éviter d'être gêné. Mais avant que je ne puisse lui rendre la pareille, mes yeux captent une petite silhouette lumineuse que je reconnais instantanément.

— Yu… ri…

J'appelle doucement son nom, mais c’est encore assez fort pour que Phun l'entende, car il se tourne et regarde dans la même direction que moi. C'est vrai, pas très loin de nous se trouve Yu et trois ou quatre de ses amis. J'ai l'impression qu'elle nous a déjà vus, mais qu'elle a fait comme si de rien n'était. Peu importe à quel point ses amis essaient d'attirer son attention, elle refuse de regarder dans ma direction.

Nous restons à peine cinq minutes dans la même pièce, que Yuri suggère à ses amis d'aller payer leur note au comptoir près de la sortie. Je peux dire, d'après les assiettes vides sur leur table, qu'ils étaient là bien avant Phun et moi. À en juger par son expression, je sais qu'elle aurait trouvé son dîner beaucoup plus agréable si je n'avais pas été là.

Je regarde Yuri partir en portant son cartable. Le porte-clés orange y est toujours suspendu. Pendant une fraction de seconde, j'ai l'impression que mon cœur est serré, même si je me rends compte que les choses sont mieux ainsi.

La main chaude de Phun saisit la mienne de telle manière qu'il veut exprimer du bout des doigts combien il se soucie de moi.

Je ne peux qu'espérer qu'un jour, nous pourrons à nouveau échanger des sourires.

Même si je sais que ce n'est qu'une chimère.


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:19



53ème Chaos
Il y a quelque chose à partir d’ici
Enfin, les membres de la fanfare reviennent aujourd'hui ! En fait, la compétition s'est terminée il y a quelques jours, mais Film a dit que puisqu'ils étaient déjà là-bas, ils pourraient aussi bien considérer ça comme des vacances et s'amuser. Argh ! Je suis tellement jaloux ! Les photos qu'ils nous ont envoyées par e-mail n'ont pas aidé non plus. Ohm et moi avons failli faire une crise de jalousie devant les ordinateurs. Waaah. Bien sûr, je suis déjà allé en Europe avant, mais quand j'ai vu un groupe de mes amis y être ensemble, ça avait l'air beaucoup plus amusant. En plus, Film a décidé d'embêter Ohm en lui envoyant une série de photos de Nong Mick. Il avait l'air tellement mignon, sérieusement ! Ce doit être le temps froid (qui était presque dans les négatifs) qui fait que Nong Mick a les joues rouges en permanence sur toutes ses photos. Il avait l'air adorable et tout à fait précieux ! Je n'arrêtais pas d'observer Ohm pendant que nous regardions les photos ensemble. Il ne réagissait pas de façon visible. Hmph ! J'ai remarqué que la photo de Nong Mick prenant une bouchée d'un burger de taille XXL (il est énorme, il fait presque la taille de la tête de Nong Mick) a fait sourire Ohm. Aha ! Il y a eu une réaction ! Hé hé hé. (Enfin, pourquoi je me préoccupe autant de sa vie personnelle ?)

Quant au résultat du concours ? Eh bien... comment dire... Le jour où la compétition s'est terminée, j'ai tout de suite fait un appel à l'international à Film. J'étais incroyablement nerveux, mais j'étais certain que mes amis allaient gagner une sorte de trophée quoi qu'il arrive. J'ai été stupéfait d'apprendre la réponse. Film avait l'air sombre quand il m'a dit qu'ils n'avaient rien gagné pour notre pays et notre école. J'avoue que j'étais immobile et que mes mains étaient vraiment glacées. J'étais sans voix. Mais ce n'était pas par colère, par déception ou autre. Tout ce que je ressentais, c'était de la pitié et de la sympathie pour mes amis. J'étais là, je savais combien ils avaient travaillé dur et combien d'efforts ils avaient mis dans leurs entraînements continus. Ils ne mangeaient pas ou ne dormaient pas bien. Chaque respiration qu'ils prenaient était une note de musique. Même la nuit, Film était très occupé sur MSN car il était préoccupé par l'ajustement du placement des membres du groupe pendant leur marche. Je n'étais pas très impliqué dans cette tâche (à part les nourrir, rédiger leurs formulaires de demande d'absence, modifier les notes et proposer quelques idées pour leur marche ici et là), et pourtant j'étais épuisé rien qu'en les regardant faire.

Mais comme c'était le résultat du concours, je n'ai pas pu faire grand-chose d'autre que de lui présenter ma sympathie et discuter avec lui pour lui remonter le moral. Mais je ne pense pas que Film se soit senti mieux. Il voulait probablement se reposer après avoir travaillé si dur pendant des mois. J'ai raccroché et je ne pouvais qu'espérer qu'il puisse accepter ce qui s'était passé. Ohm et moi avons fini par réfléchir à la façon d'atténuer le choc de la défaite une fois que tout le monde serait rentré au pays.

De toute façon, ils reviennent aujourd'hui. Ohm, une poignée de seniors et moi sommes à l'aéroport pour les accueillir à leur retour. (Ohm n'arrête pas de se plaindre de devoir revenir ici alors qu'il était venu chercher Boss Aun il y a quelques jours). Avant que l'avion atterrisse, nous avons passé des heures à réfléchir à ce qu'il fallait dire pour les consoler. Nous voulions quelque chose qui sonne bien pour montrer à quel point nous nous soucions d'eux et les apprécions. Nous voulions les aider à se sentir mieux, même pour un temps. Il s'avère que ces salauds...

… marchent depuis la porte avec un trophée dans les mains !

Ces fils de pute ! Mes lèvres tremblent de colère, mon doigt désignant chacun d'entre eux alors qu'ils font la fête en jouant de tous leurs instruments. Ils défilent à la porte en proclamant joyeusement leur victoire.

Argh ! Quel mot de malédiction devrais-je leur lancer en premier ?! Les salauds ! J'ai tellement réfléchi à la façon de consoler ces gars. J'allais devenir un bon ami et un élève de terminale. Mais ils m'ont joué un tour ?! Il s'avère qu'ils sont les deuxièmes de ce concours. Bon sang, je n'aurais pas dû passer tout ce temps à me sentir désolé pour ces connards. Putain, putain !

Je grogne contre Film qui a un sourire odieux sur son visage stupide. Je te revaudrai ça ! Il se vante de la qualité de leur travail pendant la compétition et de leur place dans le top trois d'un événement international. (Il ne se sent même pas mal de m'avoir piégé.) Le reste des membres du club s'excuse de m'avoir caché cela et j'apprends que Film les a obligés à le faire. Salaud. Donc non seulement tu es mauvais, mais tu as décidé d'entraîner tous les autres dans ta chute ? Mais peu importe. Comme tous les autres se sentaient coupables de m'avoir fait cette farce, ils ont décidé de m'acheter un tas de cadeaux en guise de souvenirs. Ha ha ha. C'est bon, je suppose. J'aime les trucs gratuits. Mais comment suis-je censé les ramener chez moi ?



Au milieu du chaos, mes yeux d'aigle repèrent Mick et Ohm qui se séparent du groupe pour être seuls. Hé hé hé. Je n'ai pas remarqué ça au début. J'étais trop occupé à plaisanter avec Knott et Per. (Je n'ai pas pu leur taper sur la tête pendant des jours, ma main se sentait seule.) Mais comme Film est un fouineur, il tape sur mon épaule et me le fait remarquer. Même si je ne suis pas plus curieux que ça, je me retourne quand même pour voir ce qui se passe. (Je jure que je ne suis pas du tout un fouineur !)

Oh, et ne me laissez pas me lancer (mais je le ferai quand même). Nong Mick m'a donné cette figurine (un souvenir venant de ce pays) il y a environ cinq minutes et maintenant, il offre une énorme boîte de cadeau à Ohm. (Totalement partial !) Mais attendez ! Il y a plus ! Ohm a aussi quelque chose pour Nong Mick. Je le vois lui remettre une petite boîte en échange. (Attendez une seconde, lequel d'entre vous vient de rentrer exactement...?) En tout cas, je suis très curieux de savoir ce que sont ces cadeaux. Je veux vraiment savoir ! Je fais de mon mieux pour arracher la réponse à Ohm, mais il refuse de me le dire. Il n'en dit pas un mot. Pas un seul indice n'est donné sur ce qu'il a donné à Nong Mick. Peu importe !

Ce n'est pas comme si je voulais savoir ! (Vraiment ?) (Pas vraiment. Je pense qu'il serait plus facile de piéger Nong Mick pour qu'il me le dise quand Ohm ne sera pas là. Heh heh.) Je décide d'arrêter de le harceler car j'ai d'autres chats à fouetter. L'école veut distribuer des certificats et une plaque pour les membres de la fanfare puisqu'ils sont arrivés en deuxième position. C'est merveilleux, maintenant ils auront quelque chose pour montrer leur succès et ils pourront l'utiliser pour leur portfolio. Le seul problème que j'ai avec ça, c'est que... l'école veut que je me rende sur place et que j'accepte la plaque puisque je suis le président du club.

Pensez-vous vraiment que je sois assez effronté pour faire ce genre de chose ? (Eh bien... je le suis peut-être par moments puisque c'est comme ça que je mène ma vie, mais il y a un temps et un lieu pour tout.) Film mérite vraiment de se rendre sur place et d'accepter la plaque après tout le travail qu'il a fourni. C'est lui qui a réussi à s'inscrire et à se faire accepter. C'est lui qui a emmené les élèves de première année au concours. C'est lui qui les a coachés pendant l'entraînement, qui a choisi les chansons, qui a modifié les notes et les accords. Il a aussi fait beaucoup d'autres choses pour notre club. C'est à tel point que je peux dire honnêtement que sans lui, nous n'aurions pas gagné ce trophée. Dans ce cas, comment puis-je être aussi arrogant et accepter la plaque moi-même ?

Je dois admettre que c'est un lourd fardeau que de devoir faire cela. Et bien que Film me le dise et insiste sur le fait qu'il ne m'en veut pas d'aller là-bas et d'accepter la plaque comme cela a toujours été le cas, je ne peux toujours pas me résoudre à le faire. Je finis par faire semblant d'être en retard à l'école et je dois faire cinquante squats en guise de punition de la part de mon professeur. C'est une bonne décision pour que ce soit Film qui reçoive le prix. Bien sûr, j'ai un petit regret de ne pas pouvoir être avec tout le monde devant le drapeau, mais je suis content de voir la photo de Film souriant en tenant la plaque qu'il mérite.



C'est l'heure de faire la fête ! Je jette un coup d'œil autour de la salle et je vois tous les membres du club qui se sont réunis ici pendant la pause déjeuner. Une vingtaine d'entre eux sont dans la salle du club. Il me semble que je peux encore me permettre de les nourrir. Mais qu'est-ce que je devrais prendre ? Du canard rôti ou une pizza ? Je ne devrais pas réfléchir à voix haute puisque Per compose déjà un numéro de téléphone juste derrière moi.

— Bonjour ! C'est le club de musique du lycée XXX, nous aimerions commander une grande Hawaïenne, une grande au poulet, une grande aux fruits de mer et une grande végétarienne. La croûte au fromage pour toutes les commandes, s'il vous plaît. Que devrions-nous commander d'autre ? Oh, cinq portions d'ailes de poulet, deux portions de gressins. Non, nous ne voulons pas de Pepsi, nous avons ça ici. Hein ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Oh, Mum veut des spaghettis ? Bien sûr. Et une portion de spaghettis au jambon, s'il vous plaît. Oh ! J'ai presque oublié le préféré de Knott, les épinards au fromage. Quelqu'un veut commander autre chose ? Des lasagnes aussi ? D'accord.

Ça suffit ! Tu veux t'assurer que je sois fauché pour le reste du mois ?! Je prends rapidement le portable de Per et je mets fin à l'appel.

— Ce sera tout, Phi. Veuillez le livrer à l'endroit habituel, la salle de musique du bâtiment F. Merci.

— Bon sang, Phi Noh. Qu'est-ce qui presse ? Je n'ai même pas eu l'occasion de demander au livreur d'acheter les nouilles du magasin au coin de la rue, aïe !

Bon sang, Per ! Va à la cafétéria si tu veux des nouilles ! Tête de gland !

Je lui renvoie son téléphone portable tout en faisant des calculs dans ma tête. Je me demande si j'ai assez d'argent. Je suppose que oui, mais je vais peut-être devoir vivre en mangeant du foin pour le reste du mois. De toute façon, pourquoi est-ce que j'achète des pizzas pour ces abrutis qui m'ont piégé en premier lieu ?!

Au milieu des discussions amusantes et de la musique, et alors que nous attendons que notre nourriture soit livrée, Per se met soudainement à parler.

— P' ! Alors quand nous étions tous partis, tu t'es senti seeeeeeul ?

Il a le culot de le demander. Je regarde fixement le gars aux yeux minuscules qui pense qu'il est mignon, mais il ne l'est vraiment pas.

— Ouais, en effet ! Tu n'étais pas là pour que je te maudisse ! dis-je en le frappant à la tête une fois.

Per frotte la zone avec sa main à la peau claire et murmure quelques plaintes.

— Bon sang, et moi qui me sentais inquiet pour toi. Tu étais seul avec P'Ohm, je me demandais si vous faisiez des trucs bizarres ensemble.

Est-ce que tu as vraiment un cerveau là-dedans ?! Je le regarde avec la bouche ouverte. Phi Ohm s'étouffe quand il entend ce que dit Per.

Clac !

— Yo. Alors ça ne suffisait pas que Noh te tape ? T'avais besoin que je le fasse aussi, connard ? Laisse-moi te dire quelque chose. Peu importe à quel point je suis désespéré, je ne ferais jamais rien avec ce connard. Je préfère faire un trou dans un oreiller et le baiser à la place.

Ouais, ouais, ouais ! Je hoche rapidement la tête et je suis d'accord avec Ohm. Mais deux secondes plus tard, je me rends compte que ça me paraît un peu étrange. Est-ce que cet abruti m'insultait à l'instant ?

— Ne viens plus me supplier de te frotter ton stupide dos alors.

Je lui montre un visage irrité. Les gars dans la pièce hurlent de rire. Ohm n'est pas en phase avec ça, alors Per continue avec une nouvelle attaque.

— Mince, P'Noh. Il n'a plus besoin de toi pour ça depuis qu'il a...

— Ferme ta putain de gueule, Per...!

— Oops !

La pièce entière rit encore plus fort maintenant. Ils applaudissent tous joyeusement. (Bien sûr, je suis une de ces personnes. Hahaha.) Le visage de Ohm est rouge. Il montre Per du doigt comme s'il voulait le battre. D'un autre côté, Nong Mick est tellement gêné qu'il est sur le point de déchirer le canapé en tirant dessus. (S'il te plaît, ne l'abîme pas, je ne veux pas le coudre à nouveau).

Je glousse en regardant Per se mettre à genoux et s'excuser auprès d'Ohm. Je me dis que cette guerre des mots est enfin terminée, mais Film dit quelque chose de façon inattendue.

— Aw, Per. Tu n'as aucune idée de ce dont tu parles. Mon ami ici présent est tellement surprotecteur. Dieu m'en garde si le gamin se fait piquer par un moustique. Quand je l'ai emmené à l'étranger, Ohm n'arrêtait pas de m'envoyer des e-mails sans arrêt, me demandant si une personne était malade, si une personne avait des allergies, s'il faisait trop froid, si on pouvait manger la nourriture là-bas, et me rappelait de ne rien manger de trop épicé. Quel con. C'était comme s'il pensait que je n'avais aucune idée de qui il parlait vraiment ! S'il était si inquiet, alors peut-être qu'il aurait dû prendre l'avion aussi !

Ha ha ha ha ha ! C'est hilarant ! C'est vraiment arrivé ?! Je n'en avais aucune idée ! Chaque fois que nous avons vérifié les e-mails de Film, Ohm avait l'air tout à fait normal (il semblait même qu'il ne s'en souciait pas vraiment), mais il s'avérait qu'ils communiquaient en privé tout le temps !

Je craque tellement que j'ai mal au ventre. Ohm a été complètement anéanti. C'est tellement satisfaisant ! Il montre le visage de Film comme pour lui rappeler de surveiller ses arrières. Je regarde Nong Mick pour voir comment il réagit à tout ça.

À ce stade, pourquoi se donner la peine de faire semblant ?!

Je rejoins les gars et taquine Ohm. Son visage change de couleur. Mais ce n'est pas seulement lui, parce que plus Ohm réagit à tout ça, plus c'est mauvais pour Nong Mick. Ha ! Je vais le faire admettre à ce brave ami aujourd'hui, quoi qu'il arrive !

— Noh, qui es-tu pour t'occuper de son cas ? Et toi ? Tu as traité le secrétaire du conseil des étudiants comme un esclave quand on n'était pas là.

Comment se fait-il que les projecteurs soient braqués sur moi maintenant ?! Je sursaute et je regarde le visage de Phi Dew, perplexe.

— Quoi ?!

— Fi m'a tout dit ce matin. Tu as demandé à Phun de rédiger le document, de changer le filtre à eau, de réparer les ampoules et tu l'as même traîné pour t'aider à porter les livres de Kinokuniya aussi !

Maudit soit ce Fi ! Je dois toujours faire attention à lui, n'est-ce pas ? (Ou alors il en parlait partout.) Mais qu'est-ce que je suis censé faire ? Ngoi n'était pas là et ce n'est pas comme si je pouvais compter sur Ohm. Puisque j'avais quelqu'un qui était prêt à m'aider, était-ce si terrible d'accepter son offre ? Et qu'est-ce que c'est ? Pourquoi ces imbéciles rient ?!

Je regarde Knott rire sur le sol, les yeux fermés. Il ajoute quelque chose à la discussion.

— Ouais, ouais. J'ai remarqué ça il y a longtemps. Phi Noh est le seul à pouvoir embêter le secrétaire du conseil des étudiants. Il coupe les files d'attente et demande à P'Phun de lui acheter des choses au magasin de fournitures. Et quand nous avons eu un concert, Phi Noh était le seul à avoir le courage d'aller voir Phi Phun et de lui faire acheter dix ou vingt billets ! Ha ha ha !

Mon Dieu... ce type. Pourquoi tu fouilles dans mon passé ? Alors que je suis sur le point de jurer sur Knott, qui a été contaminé par Per, ce satané Poom m'interrompt.

— Noh se balade et essaie sans vergogne de faire acheter les billets par tout le monde.

Exactement ! Il n'y avait pas que Phun, d'accord ? J'aurais remercié le claviériste de m'avoir défendu s'il n'avait pas terminé ses réflexions.

— C'est juste que Phun est le seul qui est prêt à lui acheter les billets. Ha Ha ha ha ha.

Quoi ?! Enfoiré ! Quelle trahison ! Je me tourne vers lui et il rit. Dois-je le tuer maintenant ou le torturer d'abord ? Mais avant que je puisse me décider, la porte du club s'ouvre.

Clac

— Vous faites une fête ? Vous avez commandé tellement de pizzas.

— Woooooooooooooooooo !

Bon sang ! Tu es vraiment médium, n'est-ce pas ?! Pourquoi tu arrives toujours au bon moment ?! Je fixe le secrétaire du conseil des étudiants avec une grimace de colère. Phun est ici avec le livreur. Tout le monde dans la pièce se déchaîne en huant et en criant. Certains tapent aussi sur les tambours. Arrêtez-vous ! Si vous n'arrêtez pas, je ne paierai pas la nourriture ! Je suis sérieux maintenant !

Je me gratte la tête en marchant au milieu de tous les singes dans la pièce pour pouvoir payer la livraison et vérifier que tout est là. Au moins, je peux faire une pause avec toutes ces taquineries, je suppose. Je fixe le gars qui vient d'arriver.

— Mais qu'est-ce que tu fous ici ?!

Le secrétaire du conseil des étudiants, comme je m’y attendais, est déconcerté par ma question.

— Hein ? Le livreur ne savait pas où se trouvait le bâtiment F. Je l'ai vu se tenir à la grille, l'air confus, alors je l'ai amené ici. En plus, il transportait un tas de trucs.

Eh bien... ça a du sens. Je prends l'argent de ma poche pour payer le livreur, plus le pourboire, en écoutant ce que Phun a à dire. (Ouais, je suis fauché.)

— Mais je peux partir.

Hé ! Voilà qu'il est énervé après m'avoir causé des ennuis ! Je regarde le secrétaire du conseil des étudiants qui commence à montrer des signes de mécontentement. Avec précipitation, je le traîne par le bras à l'intérieur du club avant qu'il ne puisse faire des histoires.

Naturellement, mon action suscite une réaction rugissante de la part de toutes les personnes présentes dans la salle. Ils continuent à siffler, mais une fois qu'ils voient mon expression, ils s'arrêtent tous. Ils savent que s'ils continuent ainsi, ils ne pourront pas manger. (Haha.) Après tout, j'ai toutes les cartes en main.



Phun et moi amenons lentement les plats au milieu de la pièce pour que tout le monde puisse avoir plus facilement accès à la nourriture. Mais avant même que les boîtes ne touchent le sol, toute la pizza a disparu lorsque ces vautours ont commencé leur descente. Vous étiez affamés ou quoi ? Je me gratte la tête en regardant le chaos se dérouler devant moi. Phun s'est déjà installé dans un coin de la pièce. C'est de la folie ici. Les gars crient pour la garniture qu'ils préfèrent. Knott a le tournis puisqu'il est assis le plus près des pizzas. C'est ton jour de malchance, je suppose. Je me tire d'ici.

Je ris de ce que Knott traverse avant d'arriver à lui arracher deux tranches (hehe). L'une est au poulet et l'autre est aux fruits de mer pour Phun.

— Oh, ça va. Laisse les gars en profiter.

C'est vraiment le moment d'être prévenant envers les autres ?

Je secoue la tête et je lui fourre la part dans la main. J'ai l'impression que Phun la refuse sans conviction (probablement moins de la moitié, pour être honnête). Il suffit d'attendre.

— Mange ça. Je l'ai payée quand même. Sans compter que nous avons commandé une tonne de nourriture. Il y en a assez pour tout le monde.

Et tu vois ça ? Je l'avais dit qu'il n'était pas sérieux. Maintenant qu'il entend ce que j'ai dit, il bondit presque et m'arrache la part de pizza. Quel glouton. Je sais que celle aux fruits de mer est ta préférée.

Phun croque la pizza et me donne un coup de coude dans les côtes.

— Tu es donc tellement riche que tu traites tous les membres de ton club comme ça ? Tu devrais payer nos repas plus souvent alors. Ce n'est pas comme si je mangeais beaucoup de toute façon.

Peux-tu ne pas parler de ça maintenant ? Ça me stresse beaucoup, tu sais. Je fronce les sourcils quand je pense à toutes les coupes que je devrai faire ce mois-ci pour survivre. Bon sang, je n'aurais pas dû être aussi généreux.

— Comme l'enfer, mec. Je suis fauché maintenant.

— Hahaha, c'est ce qui arrive quand on essaie d'agir comme si on était le sugar daddy de tout le monde.

Donc non seulement tu ne te sens pas mal pour moi, mais tu as décidé de mettre du sel dans mes blessures ? Je le regarde, mais il est trop occupé à regarder Mum essayer de diviser les spaghettis en cinq portions égales. (Pourquoi diable faire ?) Je suppose qu'il a trop de temps libre.

L'ambiance actuelle dans la pièce ? On s'amuse beaucoup. Il y a toutes sortes de sons et de musiques joués par différents instruments. Par exemple, quelqu'un souffle dans sa trompette chaque fois qu'Ohm prend une bouchée de sa pizza. (Hahaha.) C'est parce qu'Ohm a volé la part de pizza d'Art.(Vraiment méprisable.) Nous devons donc tous supporter les bruits de trompette d'Art chaque fois que Monsieur “je préfère perdre un ami qu'une pizza" en prend une bouchée. (New a inventé ce nom car il correspond aux terribles actions d'Ohm.) À part ça, Nong Heng est en train de jouer du krap (1). Attends une seconde, où as-tu trouvé ça ? Quand l'as-tu volé dans la salle de musique traditionnelle thaïlandaise ? (N'oublie pas de le rendre, je ne veux pas écouter les remarques de Pan, c'est un Sepha(2)). Je jette un coup d'œil à l'endroit où se trouvent Nong Heng et Per, qui fait semblant d'être Chin Chinawut (3) à l'aide de boîtes à pizza vides comme accessoires. (Peu importe ce qui fait flotter ton bateau, mec.) Ça me fait mal, il faut que quelqu'un lui dise d'arrêter.

Alors que je transpire à grosses gouttes, Phun rit soudain très fort. Il regarde ce qui était autrefois cinq portions de spaghettis (que Mum avait minutieusement divisées auparavant) se faire dévorer par Ohm (qui a fini sa pizza "Perdre un ami"). Ahahaha ! Je le savais ! Si vous êtes trop lents, vous allez certainement passer à côté de la nourriture. Art joue de la trompette en signe de protestation. Mum se précipite pour attraper un trombone et rejoint Art en jouant dans les oreilles d'Ohm. Hahaha. Je suppose qu'Ohm sera le seul à être plein à la fin de cette fête.

Comme tout le monde sort son instrument, nous décidons de jouer de la vraie musique. Les élèves de première année sortent leurs instruments à vent et jouent la version originale de "Disco" des Groove Riders (4). Je prends le micro pour pouvoir être P'Burin (j'ai le look). Normalement, je ne peux pas chanter ça, sauf si je suis bourré. Faisons comme si j'étais ivre de soda pour aujourd'hui, hahaha. Les mots que nous chantons n'ont presque aucun sens, les gens seraient surpris d'apprendre que nous avons réellement gagné un prix lors d'un concours international. Enfin... C'est bien de se lâcher de temps en temps (même si nous nous lâchons tous les jours).

Phun nous regarde jouer de manière désordonnée et désorganisée. (Les amplificateurs ne sont pas connectés. Il n'y a que les sons des instruments à vent, des guitares acoustiques et des tambourins). Il applaudit également en suivant les rythmes et profite de la fête avec nous tous.

Et maintenant, il est l'invité idéal. Pendant que tout le monde chante et danse (moi y compris), il est parti nettoyer les restes avec Ngoi. Et je veux dire qu'il nettoie tout, la nourriture, les ustensiles utilisés et tout le reste. Pourquoi est-il si gentil ? Argh, c'est exactement pour ça que Fi a raconté à tout le monde toutes les choses pour lesquelles Phun m'a aidé la semaine dernière. J'allais changer le filtre à eau moi-même, mais Phun était là et m'a proposé de m'aider. Puis il m'a proposé de m'aider à changer l'ampoule aussi. Je jure sur tout ce que j'ai, que je n'ai pas commencé à lui demander de m'aider !

Mais c'est bien. C’est mignon de voir qu'il est vraiment obéissant et serviable. Je le laisse juste aider Ngoi à nettoyer la pièce pendant que nous autres, on se met à chanter "Everything" de Scrubb (5).



♪ Peu importe si vous avez quelqu'un d'autreeeeee du moment que tu regardes dans ma directiooooooooon... Je suis heureux à l'intérieuuuuuuuuuuuuuuur. Je me fiche que tu ais quelqu'un d'autreeeeeeee, je me fiche de la réalitéeeeeeeeeee ! ♪



Crash !

Crack !



— Merde !

On entend trois bruits étranges (respectivement) et Ohm s'arrête de hurler tout de suite. Ces bruits venaient de sous ses pieds. Tout le monde se fige. Tous les yeux se concentrent sur la source de ces bruits.

Putain de merde !

La poussière retombe et nous voyons tous qu'Ohm a réussi à entrer dans une boîte en carton à proximité. Et si je me souviens bien, cette boîte contient...

Merde, merde, merde, merde, merde.

Film fait tomber sa guitare et tombe par terre. C'est la boîte du trophée qu'ils ont gagné de l'étranger. C'est le résultat de leur travail acharné qui a pris plus de six mois.

— Putaiiiiiiiiiiiiiin ! Putain, qu'est-ce que je viens de faire ?!

Ohm, naturellement, flippe en sautant hors du carton. Toute la salle est calme. Tout s'est passé tellement vite. Cette situation est insupportable.

Je cligne rapidement des yeux en regardant Ohm sauter au loin. Mon cœur bat la chamade. Je ne veux pas accepter cette réalité. Ce ne peut pas être la boîte qui contient le trophée. Ce n'est tout simplement pas possible. Je refuse d'accepter le fait que j'ai entendu un bruit fracassant quand Ohm a marché sur cette boîte. Mais ça ne sert à rien de faire ça...

— Pourquoi tout le monde est si calme ? La fête est déjà finie ?

Merde, Phun ! Ce n'est pas le moment de demander ça !

Tout le monde dans la pièce se retourne pour regarder Phun comme s'ils voulaient qu'il arrange ça. Je suis le seul à détourner le regard parce que je sais que même le secrétaire du conseil des élèves de l'école ne peut pas nous aider maintenant.

— Phun...peux-tu me dire que je n'ai pas marché sur la boîte contenant notre trophée ?

Ohm, ne sois pas idiot et ne vis pas dans le déni maintenant. Je secoue la tête à mon ami qui supplie le secrétaire du conseil des étudiants. Phun reste immobile avec un sac poubelle à la main tout en clignant des yeux.

— Hum ? Non, tu n'as pas marché sur le trophée.

Pourquoi tu te moques de lui ? Je regarde Phun comme si je voulais me battre avec lui, mais il a toujours une expression joyeuse sur le visage.

— Tu n'as vraiment pas marché sur le trophée.

Écoutez ce connard, comment pourrait-il savoir mieux que nous ?

Je secoue la tête, sans voix. Finalement, je décide de m'approcher pour évaluer les dégâts moi-même, car Film est toujours sans vie au milieu de la pièce. Autant l'ouvrir et vérifier à quel point il est cassé. Nous aurons peut-être la chance qu'il ne soit pas trop endommagé et qu'il puisse être réparé, ce que je serais plus qu'heureux de faire (et de récupérer l'argent auprès d'Ohm par la suite, heh).

J'inspire puis je retiens mon souffle en ouvrant la boîte en carton les yeux fermés. Honnêtement, je ne veux pas voir le trophée en morceaux. Cependant...

Le trophée n'est pas à l'intérieur de la boîte ?!

Quoi ?!

— Où est passé le trophée, Film ?!

C'est encore pire qu'un trophée cassé ! Je crie en panique en direction de Film qui est assis au milieu de la pièce. Il me renvoie une expression de panique.

— Je ne sais pas ! Il n'est pas là-dedans ?! me répond Film.

Il semble qu'il va entrer en état de choc d'une minute à l'autre. Un inexplicable sentiment d'horreur me submerge.

— Il n'est pas... il n'est pas là.

— Vous cherchez le trophée ? Il est par là.

La voix de Phun nous interrompt et nous regardons où il montre du doigt.

Phun montre du doigt le placard où nous conservons les autres trophées que mon club a gagnés. L'un de ces trophées est le trophée supposé manquant ! Qu'est-ce qu'il fait là ?! Je n'ai pas mis ça là ! J'étais trop occupé à faire la fête. (À moins qu'il ne lui ait poussé une paire de jambes et qu'il se soit mis à marcher par là ?)

Phun poursuit à contrecœur l'explication comme s'il avait peur que tout le monde soit en colère contre lui.

— J'avais peur que vous ne le cassiez, alors je l'ai mis là-bas. Désolé si je vous ai fait peur, explique-t-il doucement comme s'il se sentait coupable.

Il hésite encore, craignant que je ne le mette dehors.

— Yaaaaaaay !

Ah ! Phun ! Je ne t'ai jamais autant aimé que maintenant ! Tout le monde se met à sauter et à faire la fête. Ils crient à tue-tête et se rassemblent autour du secrétaire du conseil des étudiants. Phun est déconcerté, hahaha. Nous sommes tellement heureux que nous pleurons. Film, Ohm et moi essuyons discrètement nos larmes de soulagement. Ce trophée est très important pour nous et nous avons été stupides d'être si négligents. Si Phun n’avait pas fait ça, je n'ai aucune idée de ce qui se serait passé. Il est notre héros aujourd'hui.

Je souris à Phun, qui se tient au milieu de ce groupe qui le remercie, tout en ayant l'air confus. Tout ce qu'il peut faire, c'est hocher la tête encore et encore. Il semble qu'il ne se rende toujours pas compte de la chose incroyable qu'il a faite. Cela peut sembler exagéré, mais mon cœur s'est vraiment enfoncé dans le sol lorsque j'ai entendu ce bruit fracassant. Je suis certain que tous les autres ont ressenti la même chose. Donc, quand on apprend que ce que l'on craignait ne s'est pas produit, on ne peut pas s'empêcher de montrer à quel point on est vraiment reconnaissants. (Au fait, ce bruit fracassant provenait de verre brisé. Ohm a eu une coupure au pied et il ne s'en est pas rendu compte parce qu'il était en état de choc).

— On aurait été foutus si Phi Phun n'avait pas été là !

Mum mène la foule avec des louanges. Phi Phun se gratte la tête de gêne, car tout le monde est d'accord avec Mum.

— Celle qui sort avec Phi Phun doit avoir beaucoup de chance ! Il est beau, intelligent et très attentif aussi. Et si sa petite amie ne l'aime pas, elle doit être vraiment stupi...!

C'est trop tard. Ils peuvent essayer de le faire taire, mais j'ai tout entendu. Je fixe le visage des gars. Ils ont des sourires nerveux sur leurs visages comme s'ils voulaient s'excuser au nom de leur ami. Mais ils n'ont pas besoin de s'inquiéter, ce n'est pas comme si j'étais contrarié !

— Je ne suis pas si génial, Mum.

Et Phun vole immédiatement l'attention de tout le monde dès qu'il parle, y compris la mienne. Je hausse les sourcils devant le beau gosse qui a un petit sourire sur le visage. Il se retourne vers moi avant de continuer à parler.

— Je veux juste faire tout ce qu'il faut pour apporter un sourire au président de votre club, c'est tout.

— Woooooooooooooooo !

Peux-tu ne pas être un tel cliché, Phun ? Je ne peux pas m'empêcher de glousser pendant que tout le monde hurle. Hahaha, je ne sais pas s'il l'a dit pour rire ou s'il était sérieux, mais ça m'a fait du bien.

— Merci, mec... chuchoté-je à Phun pendant que tout le monde aide à nettoyer la pièce avant le début des prochains cours.

Parfois, quand vous apprenez que votre sourire vaut quelque chose pour quelqu'un, vous avez une raison de sourire.

Et je sais pour qui je sourirai à partir de maintenant.

Notes :
1/ Le Krap : instrument de musique à percussion idiophone, qui consiste en une paire de baguettes de bambou ou de bois dur. Il est très répandu en Thaïlande et au Cambodge.
2/ Sepha : Ce style s’est développé grâce à des troubadours qui récitaient des épopées destinées au public du pays et qui transmettaient des histoires par le bouche à oreille. Au XVIIIe siècle, ces représentations sont devenues la forme de divertissement la plus populaire au Siam. Les troubadours racontaient l'histoire en utilisant deux petits bâtons de bois (Le krap) pour donner le rythme et l'accent. Les représentations duraient généralement une nuit entière.
3/ Chin Chinawut : Il s’agit d’un acteur, chanteur et mannequin Thailandais
4/ https://www.youtube.com/watch?v=U6ucYjk5Bcc
5/ https://www.youtube.com/watch?v=hxH1vC8ICeM


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:19



54ème Chaos
Effets
Cela fait trois heures que l'incident s'est produit (et que l'esprit du "sugar daddy" qui me possédait est enfin parti) et je me rends compte maintenant que j'ai utilisé une grande partie de mon argent du mois. Wah ! Les salauds. Où est-ce que je vais trouver de l'argent à dépenser ce mois-ci ! Je suis stressé parce que je sais que si je vais voir mon père et que je lui demande plus, il va me taper sur la tête avec ses articulations, c'est certain. Au moins, il me reste un peu d'argent dans ma carte de débit de la cafétéria. Le vrai problème, c'est que je ne pourrai pas sortir et m'amuser quelque part de tout le mois. La vie de Noh est tellement triste et déprimante.

Je ne suis pas d'humeur à faire quoi que ce soit. La sieste et les jeux de tic-tac-toe (1) sont quelques-unes des choses qui se passent pendant le dernier cours avec Miss Patchree. Honnêtement, je n'ai aucune idée de ce qu'elle dit en classe. Les bruits parasites entrent dans mon oreille gauche et sortent facilement de mon oreille droite. Je ne capte rien. Aucune nouvelle connaissance n'est acquise pendant cette heure. Pffff. Combien de temps avant que je puisse rentrer chez moi ? Je suis sur ma chaise et je regarde l'horloge alors que l'aiguille des minutes se déplace très lentement vers le chiffre huit.

Dings.

Oui ! Enfin ! Ma somnolence disparaît à la seconde où la cloche sonne, juste après que Miss Patchree nous ait remis une montagne de devoirs.

— Yo, quelqu'un est partant pour un foot ?! crie Palm dans la classe et tout le monde se précipite pour le rejoindre, y compris Ohm. (Ce bâtard était le premier, en fait.) Noh ! Tu viens ?!

Il se retourne pour me demander. Je n'ai jamais refusé, évidemment, mais donnez-moi une seconde pour faire mon sac.

Moins de dix minutes plus tard, la classe cinq et moi, on descend en courant vers le terrain de football avec nos chemises en désordre et débraillées pour rejoindre plus de dix groupes d'autres élèves qui jouent déjà des matchs eux-mêmes. Je me demande comment ils font pour y arriver. Ce doit être une spécialité de notre école qui ne peut pas être imitée.

Mais c'est mon jour de malchance, car cette fois-ci, je me retrouve dans une équipe différente de celle de ce salaud d'Ohm. La façon dont il joue ne m'a jamais vraiment dérangé, mais c'est surtout parce que nous avons toujours été dans la même équipe. Maintenant, je peux vraiment comprendre à quel point il est méprisable.

— Trou du cul ! Tu es un vrai tricheur !

Je l'ai probablement dit plus d'une centaine de fois. Voilà l'idée qu'a Ohm pour voler le ballon. Il charge par derrière, me couvre les yeux et permet à Ken de me voler facilement la balle. Quel enfoiré ! Je suis à court de noms pour t'appeler !

Ohm me rit au nez après que je l'aie maudit. Il court et fait aussi un high-five à Dong. Peu importe ! Je te revaudrai ça ! Mais quand j'essaie de me salir les mains (par exemple, en marchant sur leurs chaussures pour les salir ou en leur arrachant leurs shorts), ça ne marche pas du tout parce qu'Ohm capte tout de suite. Il est le maître de toutes les choses maléfiques. Personne ne peut le battre à son propre jeu. Mais il a intérêt à ne pas être négligent !

On a joué au foot tout en se maudissant les uns les autres pendant un long moment avant de décider de rejoindre les élèves du collège. C'est ainsi que nous avons commencé un bizutage inoffensif (haha) où, chaque fois qu'un enfant essayait de voler le ballon, Rodkeng le prenait et le soulevait en l'air. À ce stade, nous les harcelons plutôt que de jouer au football (hahaha). Je m'assieds sur le terrain et je regarde Rodkeng porter un élève de première année sur ses épaules. Il court autour du terrain comme s'il honorait un athlète olympique. Tout le monde craque à sa vue.

Mais ne pensez pas qu'Ohm permettra à Rodkeng de le dépasser, car il court et ramasse un autre élève du secondaire, puis se précipite là où se trouve Rodkeng. Une guerre éclate (vous vous prenez pour des éléphants ?) entre les jeunes. Chaque fois que l'un des enfants tente de frapper l'autre, Ohm s'éloigne en jouant pour qu'il soit hors de portée. Tout cela est hilarant. Ça va et ça vient pendant un moment et je me demande s'ils se rendent compte que ça devient ridicule.

Finalement, tout le monde s'arrête et regarde Ohm se faire frapper par le collégien au lieu de frapper son camarade de classe. Il semble que les manières odieuses d'Ohm atteignent le pauvre enfant. Hahaha, c'est bien fait. Ça ne suffit pas que tu aies irrité tes amis, maintenant tu tapes aussi sur les nerfs d'innocents collégiens. Continuez à le frapper ! C'est tellement satisfaisant à regarder.

— Qu'est-ce que tu fais, Noh ? Pourquoi tu es assis là ?

Hein ? C'est une voix familière que je connais très bien. Le secrétaire du conseil des élèves se dirige vers moi. Il me pose quelques questions et s'accroupit tandis que je le regarde. Je lui montre la bataille qui se déroule là-bas (où Ohm et Rodkeng se comportent comme des éléphants de guerre).

— Regarde ce salaud d'Ohm qui s'en prend à un pauvre gamin. C'est hilarant.

Les enfants attaquent leurs montures au lieu de s'attaquer les uns les autres maintenant qu'ils en ont probablement marre. Hahaha.

— Ohm s'en prend à des enfants ? Je pensais qu'il avait changé et qu'il aimait les enfants maintenant ?

Oho, bien joué. Dommage qu'Ohm ne soit même pas là pour entendre ça. Je glousse au commentaire de Phun avant d'ajouter autre chose.

— Nan, il s'en prend même au seul enfant qu'il aime.

Parce qu'il est juste diabolique.

Phun rit de bon cœur avant de s'asseoir par terre à côté de moi. Hm… il est assis sur le trottoir, il n'a pas peur de salir son short ? Je suis sur le point de le taquiner à ce sujet quand il me frappe et parle en premier.

— Alors, quand est-ce que tu rentres chez toi ?

Je hausse les sourcils devant lui, me sentant un peu confus.

— Quand tu veux, je n'ai rien à faire aujourd'hui. Mon emploi du temps est plutôt tranquille.

— Tu veux qu'on mange ensemble alors ? Je suis libre aussi aujourd'hui. Tu devrais passer voir Pang, elle n'arrête pas de me dire à quel point tu lui manques.

Hah, quel renard rusé. Il se sert de sa petite sœur comme excuse, je vois où il veut en venir. Je hausse les sourcils en me moquant de lui. Mais… bien sûr ! Je suis à terre. De toute façon, je suis crevé d'avoir joué au foot, je n'ai plus d'énergie pour jouer.

— Yo, j'y vais !

Je me lève, j'enlève la poussière de mon short et je crie à mes amis sur le terrain. Soudain, tout le monde me regarde.

— Bon sang ! Maudit sois-tu, Phun ! Tu me voles encore mon ami ?!

Alors, avoir ce collégien sur les épaules ne t'a pas encore fatigué ? Tu as encore de l'énergie pour me casser les pieds ? Je lève les poings en l'air en le regardant, pendant que Phun glousse. Il remue la main comme pour montrer qu'il est innocent.

Nous communiquons grâce au langage corporel pendant un moment avant que je ne m'approche pour prendre mon sac d'école. Je dis au revoir aux autres gars, et j'ai l'impression que ça prend une éternité. Je donne ma parole à Keng que je jouerai à DotA avec lui ce soir et qu'il a intérêt à monter une équipe. Je lui fais encore un signe de la main avant de suivre Phun pour aller chercher son sac au bureau du conseil des étudiants. Enfin, nous nous rendons à la station du Skytrain.

Mais avant même que nous ayons franchi la porte de l'école, mon voisin a déjà décidé du menu du jour.

— Allons à notre endroit habituel pour le barbecue ? Nous n'y sommes pas allés depuis des lustres et j'en ai vraiment envie.

Pendant ce temps, le type fauché ne peut qu'afficher une expression aigrie sur son visage comme s'il n'avait pas fait caca depuis des semaines.

— Mais cet endroit est si cher. Allons manger au restaurant de riz et de porc de cette rue.

— Mec, j'en ai marre de manger ça. Le dîner est pour moi, c'est moi qui régale. Tu pourras payer le repas le mois prochain.

En quoi est-ce que ça me fait plaisir de manger quand je dois à peu près le rembourser plus tard ? Je le regarde et il a un large sourire sur le visage. Je n'ai pas vraiment d'autre choix que de lui faire un signe de tête vaincu. Eh... Je suppose que c'est là que nous allons.

On se traîne tous les deux jusqu'à la gare du train aérien. L'avertissement de fermeture de la porte se fait entendre pendant que nous sommes dans l'escalator.

Nous sommes tous les deux fous, semble-t-il, puisque nous avons la même réaction bizarre face à ces bruits de fermeture des portes. Ce n'est pas que nous nous mettons à convulser sur le sol ou quoi que ce soit d'autre (ce serait exagéré), mais les bips activent quelque chose en nous. C'est comme si on nous forçait à nous dépêcher et à monter dans le train aussi vite que possible.

Comme prévu, Phun et moi sursautons quand nous entendons les bips. J'attrape son bras et nous arrivons de justesse à monter dans le dernier wagon. Yay ! Pourquoi j'étais si pressé de toute façon ? Nous aurions pu attendre le prochain, ce qui n'aurait pas pris plus de trois minutes. C'est plus rapide que de préparer des nouilles instantanées.

Essoufflé, essoufflé, essoufflé

— ... pourquoi se presser ?!

Maintenant que je me suis ressaisi et que je me suis rendu compte de la stupidité de notre geste, je vais sans doute causer beaucoup de soucis à Phun. Nous sommes toujours tous les deux à bout de souffle.

— C'est toi qui m'as pressé !

Yo, yo, yo, yo. Alors, qui a commencé ? J'éclate de rire en essuyant la sueur de mon front.

Enfin, je respire mieux, les signes de ma fatigue s'estompent. Maintenant, je peux regarder un peu autour de moi dans le wagon, et alors que je ne cherche rien de particulier, je remarque que...

… plus de quatre-vingt pour cent des passagers sont des femmes.

Pourquoi y a-t-il tant de filles dans ce pays ? Je jette un coup d'œil et vois des étudiantes, certaines portent des jupes rouges et d'autres, des bleues. L'école vient de se terminer, donc elles fréquentent probablement les écoles près de la mienne. De plus, il y a aussi des femmes qui travaillent dans les bureaux ici.

Je fronce les sourcils lorsque je remarque que toutes ces femmes fixent - certaines s'efforcent de ne pas le faire ou font semblant de ne pas le faire - le beau gosse qui se tient près du climatiseur. Il est complètement inconscient de ce qui se passe autour de lui. Je veux dire, j'ai toujours su (depuis que nous sommes devenus amis, en réalité) qu'il est vraiment beau. Je n'ai jamais pensé qu'il avait ce genre d'effet sur les femmes.

Voyant cela, je décide de les rejoindre et de jeter discrètement un regard sur la personne dont l'épaule se heurte également à la mienne. Je ne peux pas nier qu'il est séduisant et qu'il se démarque nettement par rapport aux autres. Même s'il n'était pas devenu fou et qu'il ne s'était pas précipité à l'intérieur au moment de la fermeture des portes , son visage, son corps grand et élancé suffisent à voler l'attention de tous. Soyons réalistes, personne ne peut s'empêcher de le fixer.

— Pourquoi es-tu si calme, Noh ? Toujours à bout de souffle ?

Je sursaute quand il se retourne soudainement et me pose des questions. Il sait que je le regardais en cachette.

Comme prévu, son visage vif a maintenant une expression sournoise. Je sais qu'il va me taquiner à ce sujet.

— Pourquoi tu me fixais discrètement ? Dans ton cas, tu peux me regarder autant que tu veux. Heh heh.

Petit malin. Je jure silencieusement contre lui avant de détourner le regard. Je peux encore entendre ses doux rires joyeux.

— Prochaine station, Thong-Lor

Mais avant que nous puissions poursuivre nos commentaires enjoués et sarcastiques, la voix féminine de l'interphone nous interrompt pour nous faire savoir que nous sommes arrivés à destination. Phun me sourit avant de me pousser doucement l'épaule pour que nous puissions attendre ensemble que les portes s'ouvrent.

Parfois, j'ai l'impression d'être dans un endroit où je n'ai pas ma place.



Nous nous dirigeons tous les deux vers le minibus rouge près de l'intersection afin de nous rendre sur l'avenue J. Vous n'allez pas le croire, mais même les dames âgées du minibus fixent Phun. Heh heh. Il est vraiment bien, je suppose. Même le gars qui ramasse l'argent se crispe quand il prend l'argent du jeune maître Phun.

Phun brise le cœur de tous les passagers du minibus quand nous appuyons sur le bouton pour faire savoir au chauffeur que nous voulons descendre à la 13ème rue. Nous sommes de nouveau à l'avenue J. J'en ai marre de venir ici. Pourquoi suis-je toujours ici ? Je suppose qu'on ne peut pas s'en empêcher puisque c'est près de chez moi.

— Bon, rappelle-moi d'acheter des collations pour Pang quand nous partirons, sinon elle sera encore en colère contre moi.

Hé, c'est ta petite sœur ! Pourquoi tu me fais te le rappeler ?! Je fais semblant de l'ignorer en sifflant, juste pour l'embêter un peu. Il me frappe la tête une fois en guise de punition. Merde, c'était cruel.

Nous bavardons et plaisantons jusqu'à ce que nous arrivions enfin au restaurant de barbecue que nous fréquentons souvent. Leur nourriture est divine.

— Deux, s'il vous plaît, dit Phun à la serveuse et elle nous conduit à une table près des vitres.

C'est mon endroit préféré parce que je peux regarder les jolies filles passer quand je mange. Hehe.

— Que devrions-nous commander ? Tu payes, n'est-ce pas ? Alors je prends tout le menu, s'il te plaît.

Je fais tourner mon doigt sur le menu en plaisantant et Phun me frappe à la tête. La serveuse, qui attend pour prendre notre commande, rit doucement. Bon sang, ça fait deux fois maintenant. Si je fais pipi dans mon sommeil ce soir, tu vas laver mon drap de lit pour moi ? (2)

— Deux portions de riz à l'ail, une portion de porc mariné, une entrecôte, un faux-filet et un filet de bœuf, s'il vous plaît.

Phun poursuit la lecture du menu, tandis que j'interviens de temps en temps.

— Des filets de porc marinés !

— Bien, on va prendre ce qu'il a dit. Des filets marinés. Que veux-tu d'autre, Noh ?

— Des champignons, des calamars... et de la tempura aussi.

Je suis affamé rien qu'en pensant à ça, alors je ferme rapidement le menu. Je suppose que ce que nous avons commandé est suffisant pour deux personnes, mais Phun continue de commander.

— Une portion d'agneau aussi, s'il vous plaît. Et du thé chinois pour les boissons, merci.

Après cela, nous entendons la jolie serveuse réciter toute notre commande - ce qui nous prend un moment - et l'attente commence. C'est long et tortueux, surtout quand je vois les gens aux tables voisines qui font griller toutes sortes de viandes. Elles ont toutes l'air si appétissantes !

— Noh, tu passes chez moi plus tard ?

Comment en sommes-nous arrivés à ce sujet tout d'un coup ?! Je sursaute et lui lance un regard perplexe.

— Quoi ? Pourquoi ?

Maintenant que j'ai l'occasion de l'embêter un peu, je décide de la saisir. Hé hé. Je lui demande en ayant l'air vraiment odieux volontairement. Cependant, Phun me fait plutôt un sourire. Il semble que cela ne le dérange pas du tout.

— Pour voir Nong Pang, bien sûr. Tu ne l'as pas vue depuis plusieurs jours.

Toujours à utiliser sa sœur comme excuse ! J'ai le sourcil froncé, je ne le crois pas vraiment. Phun lève les sourcils, l'air plutôt détendu, puis il me prend la main sur la table.



— Hé !

Pourquoi tu fais ça en public ?! C'est tellement gênant ! Naturellement, j'utilise toutes mes forces pour essayer d'arracher ma main.

— Merde, lâche-moi !

— Dis-moi que tu vas venir d'abord, puis je te lâcherai.

Bâtard. Où as-tu appris des méthodes aussi viles pour que les choses se passent comme tu le souhaites ? Mes yeux s'élargissent dans un élan de colère. Ne pense pas une seconde que ce Noh va céder si facilement !

— Plus tu continues comme ça, moins je veux y aller. Continue comme ça !

Je le menace, mais il a l'air plutôt détendu et n'a pas peur.

— Dis-moi juste que tu vas venir. Allez, allez.

Et maintenant, il me force à faire ça ? J'ouvre la bouche pour l'insulter, mais ensuite...

— Excusez-moi, voici les boissons que vous avez commandées.

Oh ! Je me dépêche de donner un coup de pied à Phun sous la table avec ma chaussure en cuir à cause de la serveuse. Pas un coup fort... je crois. Je ne suis pas trop sûr, mais c'est suffisant pour qu'il me lâche rapidement la main. (Si tu avais fait ça dès le début, tu n'aurais pas été blessé !)

— Merci.

Je me tourne vers elle pour accepter les verres de thé glacé. J'en place un pour Phun, puis l'autre pour moi, avant qu'elle ne nous quitte. Phun a une expression amère sur le visage.

— Tu m'as attaqué !

Et il a encore les nerfs pour se plaindre de ça ?

— C'est toi qui as commencé.

Je me trompe ? Hé hé.

Nous discutons un peu plus avant que les différents plats de viande n'arrivent à notre table comme une parade. Je salive déjà. Ahh, c'est comme le paradis pour un amateur de viande comme moi. Je demande impatiemment à Phun de les mettre sur le grill en portant un tempura de crevettes dans ma bouche pour ne pas perdre de temps. Hé hé.

Mais pourquoi Phun est-il toujours aussi concentré à me servir ? Depuis que la nourriture est arrivée à notre table, toutes les viandes grillées à la perfection ont atterri dans mon assiette. Je n'ai même plus de place ! Tout ce que je peux faire, c'est me gratter la tête en signe de mécontentement. Chaque fois que nous manquons de sauce ou de thé, Phun les remplit lui-même au lieu de faire appel à un serveur. Il est vraiment mal. Je suppose que c'est comme s'il avait ces émotions réprimées quand il est chez lui, puisque tout le monde fait tout pour lui là-bas. Maintenant qu'il est dehors, il préfère être celui qui fait des choses pour les gens. (Mais a-t-il oublié qu'il y a 7% de frais de service ici de toute façon ?)

— Putain, je ne peux pas manger tout ça maintenant ! Manges-en un peu aussi !

Comment je peux ne pas me plaindre quand les choses sont comme ça ?! Je fais une crise pour la millionième fois, et pourtant Phun n'est pas dupe. Il continue à mettre de la viande et d'autres choses dans mon assiette sans s'arrêter. Mon estomac est sur le point d'exploser ici. Je suis à ma limite.

— Non, il faut que tu manges. Ce sont toutes de bonnes choses saines.

D'autres grillades atterrissent dans mon assiette, il ne m'écoute même pas. Sérieusement, tu essaies de me faire grossir pour pouvoir me vendre plus tard, n'est-ce pas ? Je fixe Phun, qui se concentre toujours sur les grillades pendant qu'il parle.

— J'ai entendu dire que tu n'avais pas assez d'argent pour manger autre chose que des nouilles au déjeuner. Tu as la possibilité de manger de la bonne nourriture, alors tu dois juste manger, d'accord ?

Il ne fait que mettre du sel dans ma blessure.

En entendant cela, je prends immédiatement un champignon sur le grill et je le lui fourre dans la bouche.

— Tais-toi et mange.

Ha ha ha. Peut-être que je lui ai donné un champignon empoisonné puisqu'il crie quelque chose qui ne ressemble pas à un langage humain et qu'il crache le champignon. Ahahaha !

— Putain, c'est chaud !

— Hahaha ! Tu t'es carrément brûlé la langue. Prends un peu d'eau. Je reviens tout de suite, je dois aller chier, dis-je et je pousse un verre d'eau dans sa direction sans ressentir la moindre culpabilité.

(Bahahah !) Je me lève et me dirige vers les toilettes. En passant devant la zone derrière le bar où les serveuses traînent habituellement, j'entends quelque chose qui me fait m'arrêter dans ma course.

— Meuf, tu as vu ce type assis à la table près de la vitre ?! Il est magnifique !

Même si j'ai besoin de me soulager, je ne peux pas m'empêcher de m'arrêter et de les écouter. Je manque de trébucher tout seul quand je réalise que le seul gars assis à une table près de la vitre, c'est Phun.

— Argh, je l'ai remarqué dès qu'il est entré ici ! Il vient ici assez souvent et je l'ai surveillé !

Une autre serveuse prend la parole et je ne peux pas m'empêcher de faire un petit rire.

— Sérieusement ?! Je ne l'avais jamais vu ici avant. Quand est-ce qu'il vient ici d'habitude ? Quels jours ? Je veux savoir pour pouvoir demander au manager de changer mes horaires. Hehehe.

— Ok, tu as besoin d'aide.

— De quoi vous parlez ? Comment ça se fait qu'il n'y ait personne près du bar ?

Après avoir écouté ces deux-là discuter un moment, une troisième voix les interrompt. Si je me souviens bien, c'est la jolie serveuse de notre table.

— Le gars au E-2. Le très beau qui est assis tout seul ? Tu le vois ?

— Oh, oui. C'est ma table. Hé, jalouse ?

Donc je me suis bien souvenu. Je suis assez fier de moi, mais ensuite je commence à me sentir bizarre. Écouter la conversation des autres n'est pas du tout poli. Maintenant que je m'en rends compte, je décide de m'éclipser et d'aller aux toilettes comme je voulais le faire au départ. Et ce, jusqu'à ce que j'entende la phrase suivante.

— Il est là avec un autre gars et il est plutôt mignon aussi. Je pense qu'il est parti pour aller aux toilettes.

— Est-ce qu'ils sont en couple ?!

— Pas possible ! Mais... je les ai vus se tenir la main quand je leur ai servi leurs verres tout à l'heure !

Oh, merde. Au lieu que mes jambes se déplacent, elles sont coincées comme si quelqu'un avait cloué mes chaussures avec un millier d'aiguilles.

— Sérieusement ?! C'est pas possible ! Il est si beau pourtant, c'est pas possible qu'il soit comme ça.

— Je suppose, mais si c'était le cas ? Pouah, quel gâchis de la part d'un vrai canon !

— ...

— Vas-y, vas-y. Il est temps de se remettre au travail, le manager se dirige par ici !

Les serveuses font un peu de bruit avant que tout ne se calme. Je suis la seule personne qui reste ici, debout, et qui expire longuement.

C'est ce qui arrive quand on écoute les conversations des autres.

Et cette horrible sensation que tu as dans l'estomac en ce moment ? Tu le mérites.

Après cela, je reviens à notre table. Phun et moi passons un long moment à manger notre dîner, principalement parce que la personne qui m'accompagne continue à manger et à manger. Il a l'air mince, mais ne le sous-estimez pas, car il peut manger une tonne de nourriture. Il continue à commander plus de viande et d'autres choses. Je suppose que cela est dû au fait qu'il s'est assuré que je mangeais plus tôt et qu'il doit maintenant manger beaucoup pour rattraper son retard. Mais je suis plus que rassasié. Je ne peux pas manger une autre bouchée, sans parler du fait que je suis très fatigué. Mais attendez. C'était son plan depuis le début ? M'épuiser pour que je ne puisse pas me battre plus tard ? (C'est un peu tard pour s'en rendre compte maintenant, non ?)

En tout cas, on parle de nourriture gratuite ici. ( Héhé.) Phun paie la facture de notre dîner, qui se monte à un nombre élevé à quatre chiffres. (C'est tellement cher, c'est une bonne chose que quelqu'un d'autre paye ça). Maintenant, il est temps de faire une promenade pour digérer notre repas. L'une des raisons pour lesquelles j'aime ce restaurant est qu'il y a une hotte juste à côté du grill, ce qui fait que nous sentons toujours bon et propre, comme lorsque nous sommes entrés dans le restaurant pour la première fois. (Enfin, un peu moins propre et agréable depuis que j'ai joué au foot tout à l'heure.) Dans les autres restaurants, il faut se dépêcher de rentrer et de prendre une douche, sinon tout le monde saura qu'on était dans un restaurant de barbecue. L'odeur a tendance à se coller à vos vêtements comme de la colle.

Phun et moi quittons le restaurant et nous décidons de nous promener aux alentours de la Villa (3) afin d'acheter des snacks pour Nong Pang. C'est là que j'apprends qu'elle a des examens à passer, mais qu'elle refuse d'étudier. Alors, étant un bon grand frère, Phun utilise différents moyens pour l'inciter à étudier. Il a découvert que le meilleur moyen était de l'attirer avec de la nourriture. (Hé, c'est ta sœur, pas un dauphin).

Ainsi, nous voici en train de faire des courses pour Nong Pang ensemble. (Et aussi pour moi. Quand je vois un tas de snacks, je ne peux pas m'empêcher d'avoir à nouveau faim, alors que je me sentais absolument rassasié juste avant). Je me tiens à proximité et je suis le soutien moral de Phun lorsqu'il décide quel est le meilleur appât pour sa mignonne petite sœur, des gâteaux ou des biscuits. Cela prend d'autant plus de temps que Phun est en plein débat avec lui-même, et c'est alors que nous entendons tous les deux une voix douce derrière nous.

— Nong Phun !

Hum ? Ce n'est pas mon nom, je le sais bien, mais je me retourne quand même pour regarder aussi. Qui diable est-ce ?

Je me retourne pour regarder derrière moi avec une expression confuse sur le visage. Pendant ce temps, Phun fait un grand sourire.

— Oh ! Bonjour, tante Miew. Attends, ou c'est tante Meow ?

Euh… alors tu connais vraiment cette personne ? Je jette un coup d'œil à Phun et je suis toujours aussi perplexe. Par la suite, j'apprendrais que le père de Phun a des sœurs jumelles plus jeunes qui s'appellent Miew et Meow. Et peu importe le temps qui passe, Phun ne parvient jamais à les distinguer et on se moque souvent de lui à ce sujet. (En fait, c'est drôle, je le taquinerai aussi. Haha.)

Je lève les sourcils quand j'entends Phun l'appeler tante. Je la salue avec un wai, en suivant les coutumes thaïlandaises.

— Bonjour.

— Bonjour, toi. C'est tante Miew. Quand vas-tu pouvoir nous différencier, Nong Phun ?!

La jolie tante de Phun accepte mon salut avant qu'elle ne frappe affectueusement le bras de son neveu. Haha, tu devrais frapper plus fort ! C'est vraiment satisfaisant à regarder. Je glousse aux petites conversations que les deux ont, puis son attention se porte sur moi.

— Alors, c'est ton ami ?

Je sais qu'il ne faut pas le laisser répondre à ce genre de questions.

— Oui, c'est ça. Je m'appelle Noh. Heh heh.

Pourquoi y a-t-il quelqu'un qui désapprouve bruyamment à côté ? Hmph, je devrais m'occuper de ça plus tard.

Je me tourne pour grogner une seconde contre Phun avant de me détourner et de faire le plus grand sourire à tante Miew, en montrant mes trente-deux dents (je ne sais pas si j'en ai trente-deux, je n'ai jamais compté) et elle me sourit gentiment.

— Alors, vous n'êtes que tous les deux ici aujourd'hui ? Vous devez vous sentir seuls. Où est ta petite amie du lycée privé, Phun ?

Hein ? Elle sait pour Aim aussi ?! Je sursaute et je regarde Phun qui me regarde quand il entend les questions. Ses yeux montrent clairement à quel point il est hésitant, ce que même sa tante peut voir.

— Vous avez rompu ?

— Euh… oui.

Elle me surprend en éclatant de rire.

— Les jeunes sont toujours comme ça ! Vous êtes beaux tous les deux, vous avez tellement de choix. Pourquoi ne sortir qu'avec une seule personne alors que vous êtes encore jeunes, hein ?

Euh... c'est vraiment ce qu'elle croit ? Une goutte de transpiration coule sur mon visage quand je regarde la femme en face de moi. Elle rit joyeusement. Elle tapote l'épaule de son neveu après lui avoir fait un compliment sur son apparence. Je ne peux pas m'empêcher de rire en même temps qu'elle agit de manière insouciante.

— Tu as retrouvé quelqu'un ?

Et elle touche le jackpot avec cette question. Je jette un regard à Phun qui est devenu muet sur le coup.

— Euh...

— Ne reste pas célibataire trop longtemps, sinon cette fille va penser que tu es toujours attaché à elle, tu sais. Mon beau petit, que dirais-tu si je te présentais à quelques filles de l'agence de mannequins ? Elles sont toutes si mignonnes et elles vont aussi dans de grandes écoles.

Oh ? Des filles mignonnes qui vont dans de grandes écoles ? Ça semble prometteur. Même moi, je ne peux pas m'empêcher de me sentir intéressé. Je fais un petit rire. La seule chose que je sais, c'est que je fixe le sol blanc du supermarché.

Phun prend discrètement ma main et la serre. Il se sert de son corps pour cacher nos mains afin que l'adulte devant nous ne puisse pas les voir.

— Non, merci. J'ai déjà quelqu'un.

Qu'est-ce que tu racontes maintenant ? Je lève immédiatement les yeux et je fixe son visage. Son beau visage ne me regarde pas en retour. Au lieu de cela, il fait un sourire fier à sa tante.

— Ah, je vois, je vois. Je savais que tu ne serais pas célibataire très longtemps. J'espère que ta nouvelle copine est à la hauteur, voire plus, de la précédente. Tu te souviens que tous les gars étaient très jaloux de toi quand tu te promenais avec elle à Siam ?

Hé hé... bon... je souris tout seul après avoir entendu ce qu'elle dit. Soudain, il fait froid ici. Peut-être que je me fais des idées. Peut-être qu'ils ont mis en marche la climatisation. Cette sensation de froid ne dure pas longtemps lorsque sa main chaude resserre sa prise autour de ma main froide, comme si son but était de chasser cette impression.

En retour, la chaleur a remplacé la sensation de froid, et maintenant, je me sens en sécurité.

— Je ne suis pas sûr de savoir si elle est géniale, mais pour moi, cette personne est follement mignonne. Je te présenterai quand on sera prêts, tante Miew.

La voix grave et familière vante les qualités de la personne avec qui il sort. Elle lui sourit.

— Bien sûr. J'attendrai. Je devrais y aller maintenant puisque je dois encore passer à mon bureau. Byebye, Nong Noh, Nong Phun.

— Byebye !

Phun et moi disons au revoir à tante Miew en sortant de la villa. On se tient toujours la main. Phun se retourne pour me sourire.

— Fais-moi savoir quand tu seras prêt, d'accord ?

Je me force à sourire en guise de réponse. J'ai des sentiments mitigés sur tant de choses.

Parce que je n'ai aucune idée si ce moment arrivera un jour pour nous deux.

Notes :
1/ Tic-Tac-Toe : Jeu du morpion
2/ Faire pipi au lit : En Thaïlande, on croit que si vous êtes frappé à la tête, vous mouillerez votre lit.
3/ La Villa : Il s’agit d’un supermarché qui se trouve à proximité du train aérien.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:19



55ème Chaos
Suis-je… ?
La montre Diesel que j'ai au poignet m'indique qu'il est presque 18 heures lorsque nous arrivons à la porte, sur laquelle il y a un panneau avec ‘Résidence Phumipat’ écrit dessus. Maintenant que j'y pense, je ne suis pas venu ici depuis un bon moment. Je me souviens que vers la fin de l'année dernière, je venais presque tous les jours. Penser à cette époque me donne la chair de poule. Je regarde toutes les fleurs de jasmin orange qui fleurissent autour de la porte du manoir. Elles sentent merveilleusement bon. D'un autre côté, Phun essaie toujours de déverrouiller la petite porte en s'agitant avec les clés. Il a un tas de sacs en plastique dans ses mains. Ils contiennent toutes les choses que nous avons achetées au supermarché. (Je porte déjà la moitié des choses que nous avons achetées. Je me demande s'il a acheté tout ça pour Nong Pang ou pour lui-même. Il y a une tonne de choses ici.)

— Phi Phun !

En parlant de ça, la voilà. (Être médium doit être une affaire de famille.) Je suis pris au dépourvu et je dois faire un pas en arrière quand j'entends la voix enjouée qui crie pour son frère aîné venant d'un buisson. Nong Pang surgit et elle voit que Phun n'est pas rentré seul à la maison.

— Phi Noh !

Ceci est un message pour les résidents de Thong-Lor. Si vous ressentez un tremblement de terre, ne paniquez pas. C'est juste Nong Pang qui hurle à tue-tête comme si elle avait trouvé un trésor caché. (Je veux dire, je suis un trésor. Hehe. Hein ? Quelles ordures ? J'ai dit un trésor, pas des ordures !) Non seulement elle est bruyante, mais elle se projette pour s'accrocher à moi comme si elle était un koala en plus !

— Alors j'ai entendu dire que tu ne révisais pas pour tes examens ?

Je décide de gronder le mignon koala maintenant que j'ai la chance de la voir. La petite sœur de Phun gonfle ses joues et regarde son frère.

— Tu m'as dénoncée ?!

C'est lui qui se fait gronder à la place maintenant. Ha ha ha.

— Je ne t'ai pas dénoncée, je lui ai juste fait savoir... que tu es une tête de noeud. Alors, est-ce que tu vas réviser pour tes examens ce soir ?

— Mais American Dad passe sur TrueVisions ce soir et je veux vraiment le regarder.

Ah, c'est pourquoi Phun a passé des heures à chercher le parfait dessert à la Villa aujourd'hui.

En réalisant cela, j'ai un énorme sourire sur mon visage sachant que nous avons toutes les cartes en main. Je regarde Phun alors qu'il sort notre arme secrète.

— Ça veut dire que tu ne veux pas de ça alors ?

Ta-da ! C'est un gâteau à la mousse au chocolat ! C'est un gâteau doux et crémeux de chez Mousses & Meringues. Phun affirme qu'à chaque fois que Nong Pang passe devant cette boulangerie, elle ne peut s'empêcher de s'y arrêter et de ramener au moins deux morceaux de gâteau à la maison. Tout ce qu'elle a à faire, c'est de rester à la maison et de lire (des manuels), puis elle pourra déguster le délicieux gâteau sans avoir à quitter la maison !

En échange, elle doit renoncer à regarder la série télévisée (TrueVisions les rediffuse au moins 3 ou 4 fois par semaine de toute façon) et étudier pour ses examens. C'est aussi simple que cela. (Mais si j'étais elle, je volerais les gâteaux et les mangerais en regardant la télévision. C'est simple également)

— Phi Phun, Phi Noh. Vous me faites vraiment ça… ?

Hé, hé. Ne me mets pas dans le même sac que lui ! Ton frère est le responsable de ce plan méprisable. Il a aussi payé lui-même. Je n'ai rien à voir avec tout ça. (Parce que je n'ai même pas assez d'argent pour acheter des Clorets (1) à mâcher après avoir dîné.)

J'ai un sourire éclatant et j'abîme avec tendresse les tresses de la jeune fille qui se tient devant moi.

— Va étudier. On pourra jouer à quelques jeux ensemble après.

— Vraiment ?! Alors si je finis de lire 6 chapitres, tu joueras avec moi ?!

— Oui, mais je ne reste que jusqu'à huit heures alors tu ferais mieux de t'y mettre.

Je lui donne une heure limite et la petite sœur de Phun rayonne de joie avant qu'elle ne court chercher la PSP sur laquelle elle jouait tout à l'heure et entre dans la maison. (Hey, elle est un peu comme moi.) Et Phun la rappelle à l'ordre.

— Et fais aussi l'examen pratique à la fin de chaque chapitre, Pang ! Je vais les corriger pour toi !

— Oui !

Elle est tellement pressée qu'elle se précipite contre la porte de sa propre maison. Je ris de la bizarrerie de la petite sœur de Phun. Puis, le fils aîné du manoir murmure quelque chose.

— Pourquoi ai-je pris la peine d'acheter un gâteau alors que tu fais un meilleur appât ?

Eh bien, bien sûr. Je suis incroyablement séduisant. Hahaha.

Maintenant que Nong Pang a accepté de partir pour étudier, nous restons tous les deux pour discuter un moment avec l'oncle Nhun, qui arrose le jardin. Mais simplement bavarder ne suffit pas pour un adolescent énergique comme moi. Puisque nous sommes déjà ici avec l'oncle Nhun, je lui propose de l'aider à arroser le jardin. Hé, hé, hé. Et ce qui se passe ensuite ne me surprend pas. Le tuyau d'arrosage est aussi odieux que le fils de son manoir. Je le dis juste comme ça. Je le tape pour projeter de l'eau en m'attendant à ce qu'il fonctionne comme il le devrait. Mais non, ce satané tuyau m'asperge d'eau à la place ! (Putain de... tuyau. Je ne sais pas comment je devrais l'appeler.) Phun me dit que je suis nul en physique. (Ça a un rapport avec ça ?) Ne croyez pas que quelqu'un comme Noh va se rendre. Plus on me reproche d'être stupide en physique (ça a donc un rapport avec ça, après tout ?), plus je me sens... stupide. (Alors pourquoi en parler ?) Quel tuyau d'arrosage indiscipliné ! Je ne peux pas contrôler ce tas de ferraille. Ensuite, il s'attaque au beau gosse (qui râle beaucoup). Pendant tout ce temps, il me donnait une conférence sur la pression et la friction de l'eau ou quelque chose du genre juste à côté de moi. Ha ha ha, maintenant ton short est tout mouillé !

Mais je crois que j'en fais assez. Je suis trempé maintenant. Je veux dire que si le tuyau d'arrosage est capable de trahir son propriétaire, rien ne l'empêche d'attaquer un visiteur comme moi. De plus, la dernière chose que je veux, c'est d'avoir une démangeaison à l'entre-jambe. Je décide d'agiter un drapeau blanc et de rendre le tuyau d'arrosage à l'oncle, également connu sous le nom de "Le tueur (de tuyaux)". Phun et moi partons en argumentant pour savoir à qui incombe la faute. (Je pense que c'était sa faute. S'il est si doué en physique, pourquoi n'a-t-il pas calculé que la zone où il se tenait était un mauvais endroit) ?

Nous nous disputons pendant un moment jusqu'à ce que nous arrivions dans le hall principal du manoir. De là, on peut voir le salon. Phun s'arrête immédiatement. De l'eau s'écoule de nos shorts et de nos chaussettes.

— Papa...

— Qu'est-ce que tu racontes maintenant ? Tout ce que je dis, c'est que personne ne t'a dit de rester là. Je t'ai déjà dit que je ne savais pas comment utiliser ce tuyau, alors pourquoi as-tu insisté... Attends, quoi ?!

Je sursaute au milieu de mon discours quand je réalise enfin ce qui se passe autour de moi.

— Phun, tu es rentré ?

La voix de cet homme valide ma stupidité. Je lève rapidement les mains pour le saluer. Ah… c'est mauvais.

— B-bonjour.

— Bonjour, Noh. Tu n'es pas passé depuis des lustres.

Son père accepte mon salut avec un sourire bienveillant. J'ai déjà rencontré le père de Phun plusieurs fois depuis que je viens si souvent chez lui. C'est juste que je ne l'ai jamais rencontré si tôt dans la journée. Ses parents ne rentrent généralement que très tard chez eux et ils ne respectent pas non plus un horaire précis.

— Et que faisiez-vous tous les deux ? Vous êtes trempés.

La mère de Phun demande après avoir accepté mon salut. Je lui fais un sourire gêné. Je sais que nous avons l'air d'avoir roulé sur une moto pendant le festival de Songkran. En fait, nous ne sommes pas trempés d'eau ou quoi que ce soit. C'est plutôt... assez mouillé pour que mes couilles soient froides. (Cette explication ne semble pas trop cotée M, n'est-ce pas ?)

— Noh arrosait le jardin, mais il m'en a mis partout, maman. Regarde ça.

Quelle commère ! Sérieusement ?! Pourquoi tu es un tel bébé ?!

Alors comment je peux ne rien dire et lui permettre de m'attaquer sans me défendre ?

— Ce n'est pas vrai, mère (2). C'est Phun qui se mettait en travers de mon chemin quand j'essayais d'arroser les plantes.

Je ne sais pas pourquoi tout ça est drôle pour eux. Les deux parents ricanent, puis la femme d'âge moyen nous fait signe de partir.

— Je pense que vous devriez aller mettre des vêtements secs maintenant. Noh, tu peux accrocher ton uniforme sur le balcon de la chambre de Phun. Attends qu'ils soient tous secs avant de rentrer chez toi. À moins que tu ne veuilles passer la nuit ici, mon chéri ?

— Oh… je ne pense pas que je le ferai. Je partirai une fois que mes vêtements seront secs.

— Noh et moi, on monte à l'étage alors, si vous voulez bien nous excuser.

Phun interrompt rapidement la conversation et me pousse le dos pour que je monte les escaliers. Son père prend la parole avant que nous puissions bouger nos pieds.

— Reviens en bas une fois que tu auras changé de vêtements, Phun. J'aimerais discuter de quelque chose avec toi.

— Oui...

Pourquoi son père a-t-il l'air si sérieux, je me le demande.

Nous fermons la porte en bois sculpté derrière nous et nous jetons nos cartables sur le sol en moquette une fois que nous sommes entrés dans sa chambre. Le propriétaire de cette chambre est visiblement préoccupé par quelque chose.

Je jette un coup d'œil à Phun qui prend son temps pour se déshabiller comme s'il essayait d'en gagner. Je n'ai pas le courage de lui demander pourquoi il agit ainsi. Je me demande pourquoi il semble si anxieux après avoir appris que son père veut lui parler.

— Noh. Attends ici, d'accord ? Je vais aller lui parler et je reviens bientôt. N'hésite pas à utiliser l'ordinateur ou à te servir des consoles de jeux.

Les consoles de jeux, sans aucun doute. Je lui fais un signe de tête et un sourire, en espérant que je puisse le mettre un peu à l'aise. Pourtant, c'est moi qui ne suis pas à l'aise. Comment puis-je l'être alors que le sourire de Phun semble étrange ? Il y a quelque chose qui cloche.

— Je... t'attendrai ici, d'accord ?

Je me répète. Je veux qu'il sache que quoi que ce soit qui puisse le troubler, je serai toujours là pour le réconforter. Phun sourit largement avant de me prendre dans ses bras.

— Ouais… dit-il en m'embrassant doucement avec ses lèvres oranges. Je t'aime... Je reviens tout de suite.

Malgré tout, je ne peux pas nier que le fait de voir son dos disparaître me met mal à l'aise.

Est-il possible que je m'inquiète pour rien en ce moment ?



BOOOOOOM !

Tss, quelle bande de noobs ! Je m'appuie sur la chaise de l'ordinateur après que notre équipe ait réussi à détruire l'Ancien de l'ennemi pour la troisième fois de suite. L'équipe ennemie est composée de joueurs d'une autre école pour garçons près de Silom. Nous sommes de bons copains, vous voyez. Ils adorent tabasser les élèves de mon école chaque fois qu'ils se croisent au Siam. (Sérieusement, ils ont des problèmes !) C'est pourquoi nous avons décidé de leur botter le cul en ligne en guise de représailles. Hahaha. Nous ne sommes pas des poules mouillées, nous préférons la paix et l'amour.



BEATdaRULEZ : Une autre partie ?



Où diable ce satané Keng trouve-t-il son énergie ? Je ne veux plus jouer ! Je préfère faire autre chose maintenant, bon sang ! Alors que je m'apprête à le maudire, Dong me bat à plate couture.



Ollo : Mes yeux me font maaaaaaal, je m'en vais.

nowayout : ok, on s'parle sur msn.



Je coupe rapidement la conversation et quitte le jeu. Au même moment, une fenêtre MSN s'ouvre avec un message de Keng.



Oh my congee and shabu shabu dit : Ils ont parlé d'un grand jeu mais ils étaient des putains de noobs.

Oh my congee and shabu shabu dit : Repose-toi, ils sont à moi.



Apparemment, il est toujours dans le jeu auquel nous venons de jouer. Ha ha ha. Je glousse en tapant une réponse dans la case rectangulaire.



Noh dit : La partie est terminée, mais tu n'es pas encore passé à autre chose.

Oh my congee and shabu shabu dit : Yeah !

Oh my congee and shabu shabu dit : Attends, laisse-moi inviter Dong dans la convo.



Moins d'une minute plus tard, Dong est invité à participer à la conversation.



++[ •Thailand Diseases National Association• ]++ dit : Bordel de merde ? Pourquoi tu m'as traîné ici ?

++[ •Thailand Diseases National Association• ]++ dit : J'étais sur le point d'aller prendre une douche mec.

Oh my congee and shabu shabu dit : Attends, ne pars pas encore.

Oh my congee and shabu shabu dit : Pourquoi te soucies-tu d'être propre maintenant ? Tu ne l'as jamais fait.

++[ •Thailand Diseases National Association• ]++ dit : Va te faire foutre ! Je suis toujours propre, tous les jours.

Noh dit : Lol

Oh my congee and shabu shabu dit : Merde, Noh. Ne reste pas assis là à te prélasser.

Oh my congee and shabu shabu dit : Tu es où ?



Euh... comment il le sait ? Il est vraiment capable tout comme son nom.

Je reste stupéfait un instant, puis je décide de répondre par une question plutôt que d'avouer.



Noh dit : Pourquoi ?

Oh my congee and shabu shabu dit : Je peux le sentir.

Oh my congee and shabu shabu dit : Tu es chez Phun ?



Merde, tu as été bien entraîné, n'est-ce pas ? Tu devrais aller travailler à l'aéroport et renifler de la drogue après avoir terminé tes études. C'est un meilleur avenir pour toi que d'aller à l'université.



Noh dit : Ouais

++[ •Thailand Diseases National Association• ]++ dit : Eh ? Je croyais que tu rentrais chez toi aujourd'hui.



C'est déjà bien assez que Keng m'ait attrapé, maintenant Dong ajoute une nouvelle blessure. Eh bien... J'avais prévu de le faire, mais... Je me tourne pour regarder la porte en bois sculpté pour la centième fois. Phun n'est toujours pas revenu.



Noh dit : Je suppose que je vais rentrer un peu tard...

Oh my congee and shabu shabu dit : wooooooooooooo !

Oh my congee and shabu shabu dit : wooooooooooooo ! Tu ne peux pas rester loin de ton petit ami, mon petit pote ?

Noh dit : Va te faire foutre !



Tu es aussi horrible qu’Ohm quand il s'agit de dire des conneries. Je glousse et je secoue la tête devant le long "looooooooooooool" de •Thailand Diseases National Association• et il se déconnecte pour aller prendre une douche. (C'est une douche, pourquoi diable faut-il être déconnecté pour ça ?) Maintenant, il n'y a plus que Keng et moi.



Oh my congee and shabu shabu dit : Ah oui, Noh

Noh dit : Quoi ?

Oh my congee and shabu shabu dit : Il y a quelque chose que je voulais te demander depuis un moment

Noh dit : Qu'est-ce que c'est ?

Oh my congee and shabu shabu dit : à propos de toi et de Phun.

Oh my congee and shabu shabu dit : qu'est-ce qui se passe vraiment entre vous deux ?



Hein...? Je reste complètement immobile après avoir lu le dernier message de Keng. Je cligne rapidement des yeux en relisant sa question pour la deuxième fois.

Techniquement, je n'ai jamais expliqué ou été clair envers quiconque en ce qui concerne la nature de ma relation avec Phun. J'ai laissé les gars me taquiner jusqu'au bout. Parfois, je leur lançais des insultes, mais seulement parce que je n'étais pas encore habitué à l'idée d'être avec Phun. Mais dernièrement, je les ai laissés s'en tirer avec leurs commentaires. Je n'ai jamais vraiment avoué ou dit la vérité, pas même une fois. Parfois, j'oublie que les choses que mes amis disent ne sont que des taquineries. Elles viennent de personnes qui n'ont aucune idée de ce qui se passe vraiment.

Oh my congee and shabu shabu dit : si tu ne peux pas m'en parler

Oh my congee and shabu shabu dit : c'est bon, mec



Je suis sûr que Keng est gêné par le fait que je ne lui en ai jamais parlé, d'autant plus que nous sommes des amis assez proches. Je dois admettre que ça doit être étrange de devoir apprendre la vie de son propre ami par quelqu'un d'autre. Et pourtant, vous n'entendez même pas la vérité de la bouche de votre propre ami.

Je place mes doigts sur les touches, avec l'intention de taper une réponse. Et je l'aurais fait si je n'avais pas entendu le bruit de coups sur la porte.

Toc, toc, toc.

Phun ?! Je sursaute et je me retourne immédiatement pour regarder la porte comme si j'étais électrocuté. Il me suffit d'un bond pour atteindre la poignée de la porte et je la tourne rapidement.

— Comment ça s'est passé ?! Hein...? Nong Pang ?

La personne qui se tient à la porte n'est pas le propriétaire de cette chambre, mais plutôt sa jeune sœur. Je suis stupéfait de ce que je vois. Des larmes coulent sur ses deux joues. Je la fixe, ne sachant pas quoi faire.

— Nong Pang, qu'est-ce qui ne va pas ?

— Sniff… sniff… sniff…

Cependant, elle ne me répond pas. Elle essuie ses larmes avec ses petits poignets comme si sa vie en dépendait. Voyant cela, je la fais entrer dans la pièce.

— Pang, n'essuie pas si fort comme ça. Tu vas laisser une marque.

Je cherche une boîte de mouchoirs dans la pièce et la repère près de la télé. Je l'attrape et la donne à la fille devant moi immédiatement.

— Là, là. Ne pleure pas.

Nong Pang prend un mouchoir dans la boîte et essuie ses larmes avant qu'elle ne s'assoie. Ses épaules tremblent encore.

— Sniff… sniff… sniff… P'Phun… P'Phun...

— Quoi à propos de lui ?

Tout est flou maintenant. Mon cerveau peut à peine reconstituer toutes les informations.

Pang renifle et elle fait de son mieux pour débiter les mots.

— Phi Phun... se dispute avec papa...

— Ok, Phi Phun se dispute avec papa. Pourquoi tu pleures ?

— Parce que je... c'est moi qui ai dit à Phi Phun que... hic... que je... hic... je parlerais à papa pour lui... hic... mais je... hic... je ne peux même pas... hic... l'aider...

À ce stade, je commence à comprendre de quoi elle parle maintenant. Mon esprit est vide. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je dois ressentir en ce moment.

!!!!!!!

Qui diable essaie d'attirer mon attention en ce moment ?! Tu parles d'un mauvais timing ! Je regarde l'ordinateur. Il y a une fenêtre MSN qui clignote, car quelqu'un vient de m'envoyer un message. Je m'approche pour le vérifier avec lassitude.



OHM..............ohm........ dit : Tu peux m'envoyer le clip de nong pupae d'hier soir ?

OHM..............ohm........ dit : Aun a effacé ma copie par accident

OHM..............ohm........ dit : Putain de merde



Demande à quelqu'un d'autre. Je lui dis en silence avant de me déconnecter rapidement et d'éteindre l'ordinateur.

Nong Pang commence à se calmer un peu maintenant. Elle n'est plus hystérique comme tout à l'heure. Mais ses reniflements ne s'arrêtent pas tout de suite. Je m'approche pour m'asseoir à côté d'elle et je tapote doucement le dos de sa petite main pour la calmer.

— Ça va aller, Pang. Il y a toujours un moyen de s'en sortir.

— Mais si papa apprend pour vous deux ?! crie-t-elle de sa petite voix remplie d'anxiété.

Je laisse échapper un long soupir de soulagement. Cela doit signifier que les parents de Phun ne savent toujours pas pour nous.

— Nous traverserons ce pont quand nous y arriverons, d'accord ? réponds-je en souriant, en espérant qu'elle se calme enfin. Ton Phi Phun est génial, alors on doit avoir confiance en lui, d'accord ?

— Mais j'ai peur... Je t'aime bien, Phi Noh... Je ne veux pas qu'il sorte avec quelqu'un d'autre...

— Si Phi Phun m'aime bien, alors il ne sortira pas avec quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ? Tu crois que Phi Phun m'aime bien ?

La question est suffisante pour faire bondir la fille de son siège. Elle me donne une réponse claire et nette.

— Phi Phun t'aime plus que tout le monde entier !

— Si c'est le cas, alors pourquoi devrions-nous avoir peur, pas vrai ?

Je lui fais un grand sourire malgré le fait que je ressens tout le contraire à l'intérieur. Mais ça ne sert à rien que Pang s'inquiète de cela aussi.

— Et si on allait manger ce gâteau ensemble ?

— Allons-y !

Heh. Apparemment, elle est aussi obéissante qu'un dauphin après tout. Utiliser la nourriture comme appât l'aide à se changer les idées.

Je ris de son innocence. Puis, je me lève et lui prends la main. Notre destination est la boîte de gâteaux que nous avons demandé à tante Noi de mettre au frigo tout à l'heure. Cependant, Phun monte les marches quand nous ouvrons la porte.

— Phi Phun ! crie Pang fort le nom de son frère alors qu'elle court le serrer très fort dans ses bras.

Je le regarde et il semble être épuisé. Néanmoins, il rend l'accolade à sa petite sœur.

— Est-ce que tu emmènes Phi Noh pour causer des ennuis quelque part ?

— Non... on descendait pour prendre du gâteau. Ça va, Phi Phun ?

Ses yeux perçants sont troubles, mais ses lèvres peuvent encore se recourber en un sourire.

— Bien sûr que ça va. Mais ça te dérange de prendre le gâteau toute seule ? J'ai besoin de parler à Phi Noh de quelque chose.

Je n'aime pas quand Phun se force à sourire comme ça. Nong Pang se retourne pour me regarder pendant un moment puis elle hoche lentement la tête.

— Bien sûr... Je vais y aller. Bonne nuit.

— Bonne nuit à toi aussi.

Phun salue sa petite sœur avant de s'approcher de l'endroit où je me trouve une fois qu'elle a descendu les escaliers.

Il me pousse à l'intérieur de la pièce, puis ferme la porte à clé.

— Tu vas bien ? demandé-je une fois que je réalise comment il se sent vraiment maintenant que je le vois de près.

Phun pince ses lèvres, puis il jette tout son corps dans mes bras pour me serrer dans ses bras.

— Noh...

— Qu'est-ce... qu'est-ce qui se passe ?

Je suis un peu étonné, mais je le serre quand même dans mes bras. C'est là que je remarque que ses épaules tremblent terriblement.

De sa voix grave et affaiblie, il commence à parler.

— Reste avec moi cette nuit... J'ai vraiment besoin de toi.

Il est impossible de le laisser dans cet état et de ne pas être affecté. Je ne serai jamais heureux si je ne suis pas aux côtés de Phun.



Une demi-heure plus tard, Phun s'est endormi d'épuisement. Les gars, il faut que vous arrêtiez immédiatement d’avoir l’esprit mal placé. Il était épuisé après tout ce qui s'est passé aujourd'hui, sans parler du fait que son esprit s'emballe et qu'il se fait des idées. J'ai dû le calmer lentement pour qu'il s'endorme. (Non, je ne l'ai pas frappé et assommé.) Il était tellement stressé qu'il avait mal à la tête. Je me suis dit qu'un peu de repos serait la meilleure solution.

Malgré cela, Phun a toujours l'air très stressé dans son sommeil. Je fronce les sourcils et décide de lui masser la tempe.

Phun et son père ont eu une grosse dispute plus tôt dans la soirée. J'ai appris de Phun ce qui s'était passé après qu'il soit revenu. C'est là que nous avons réalisé que nous avons tous les deux oublié comment notre relation a commencé.

C'est vrai, je parle du prétendu mariage arrangé de Phun. Pour être juste, ce n'est probablement pas le terme correct à utiliser puisque ses parents n'ont pas encore de fille qu'ils veulent associer à leur fils de dix-sept ans. Récemment, cependant, le fils d'un ami de son père, membre d'un parti politique, s'est retrouvé dans un scandale avec une fille et ils ont fini dans une chronique à potins d'un journal très important. C'était le sujet de conversation de la ville. Le fils a fini par être envoyé étudier à l'étranger, car il ne pouvait plus supporter de vivre dans ce pays. Naturellement, le père de Phun ne peut pas s'empêcher de penser à son propre fils après qu'une telle chose se soit produite si près de chez lui.

Aucun parent ne serait prêt à exposer ses enfants à une humiliation publique. Certainement pas les Phumipats, une famille qui a toujours montré combien elle s'aime et se soucie des autres. Par conséquent, il n'est guère étrange que son père soit curieux de savoir qui son fils peut fréquenter sur le plan romantique et si cette personne peut faire du mal à Phun. Ce dernier est entre le marteau et l'enclume. Ce n'est pas si facile pour lui de dire la vérité, mais en même temps il ne peut pas revenir en arrière maintenant que Nong Pang a laissé échapper le fait que "P'Phun sort déjà avec quelqu'un".

Plus il essaie de dissimuler les choses, plus celles-ci semblent suspectes. Je ne le sais que trop bien. Parce que tant que Phun continuera à être têtu et refusera de le dire à son père, cela ne fera qu'aggraver les tensions dans leur relation. Les deux hommes ont eu une horrible dispute, chaque partie s'opposant à l'autre. Alors que le père de Phun voulait savoir avec qui son fils sortait, Phun insistait sur le fait que l'amour était une affaire personnelle.

La situation a empiré lorsque la querelle s'est transformée en désir de gagner. Le père de Phun a mis les pieds dans le plat. Si Phun ne dit pas à son père avec qui il sort, son père va supposer qu'il n'y a personne et il dira à sa secrétaire de trouver une gentille fille avec qui Phun sortira. Phun a finalement fait quelque chose qu'il n'avait jamais fait de toute sa vie. Par frustration, il a crié contre son père.

— Si c'est ce que tu as l'intention de faire, alors autant que tu arrêtes de me considérer comme ton propre fils, tout de suite et maintenant !

Phun a regretté ces mots par la suite. Le Phun que je connais n'a jamais été mis au pied du mur et choisi de faire une telle chose. Je sais très bien qu'il est très déçu de lui-même.

Je n'étais pas là. Je n'ai pas le droit de reprocher à Phun d'être allé trop loin ou non. La seule chose que je peux faire, c'est essayer d'être là pour lui. Bien qu'il ait eu le dernier mot, il est revenu en perdant. Je sais ce que Phun ressentait quand il a quitté ce couloir. Il ne s'agissait pas de surmonter le dilemme de savoir avec qui il sortait. Ce n'était pas la colère d'avoir été interrogé par son père. C'était de la honte. La honte d'avoir dit quelque chose de cruel à une personne qu'il aime.

— Pendant tout ce temps, je ne lui ai jamais fait de mal. J'ai été obéissant. Je n'ai jamais joué la comédie. Je n'ai jamais rien fait pour l'inquiéter. Je sais que tout ce qu'il fait dans sa vie, il le fait pour Pang et moi. C'est pour ça que j'ai toujours fait de mon mieux pour le mettre à l'aise. Je veux qu'il me fasse confiance. Avoir foi en moi. Mais aujourd'hui... j'ai merdé et j'ai choisi de le blesser. Il y avait de la déception dans ses yeux quand il me regardait, et j'en étais responsable. Je suis déçu de moi-même aussi. Noh... Je n'aime pas du tout la personne que je suis devenue. J'aimerais pouvoir revenir en arrière et jeter celui qui était là, quel qu'il soit. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas arranger ça.

Il y a deux choses qu'on ne peut pas reprendre, les mots et le temps. Ces deux choses sont ce que Phun souhaite désespérément pouvoir récupérer. Mais quelles que soient ses capacités, c'est un exploit qu'il ne peut tout simplement pas réaliser. C'est particulièrement vrai pour une personne aussi nulle que moi.

Je console Phun jusqu'à ce qu'il s'endorme enfin. Des traces de larmes sont encore visibles sur ses joues. Elles me rappellent constamment qu'il souffre autant que moi.

Le clair de lune brille à travers les grandes fenêtres. La pièce est complètement silencieuse. Elle est vide et déprimante, contrairement à d'autres jours. Je prends doucement la main de Phun et je fixe la lune. J'ai la gorge sèche.

— On dit que manger quelque chose de sucré peut éclairer l'humeur.

Je repense à ce que Yuri m'a dit un jour et je ne peux pas m'empêcher de faire un petit sourire. Bien qu'on ne se soit presque jamais croisés depuis tout ce temps, Yuri est toujours capable de m'aider.

Je décide de lâcher la main de Phun. Après avoir fermé la porte derrière moi, je descends au rez-de-chaussée, où tout est calme.

Maintenant que j'y pense, ai-je pris une mauvaise décision en venant ici ? C'est silencieux. C'est tellement calme que je peux entendre l'horloge faire tic tac. Je regarde l'horloge du grand-père près des escaliers. Elle me dit qu'il est presque une heure du matin. Soudain, j'en ai la chair de poule. Bien sûr, il y a des esprits de la maison qui protègent les gens qui vivent ici, mais je ne vis pas vraiment ici. Les esprits me protégeront-ils quand même ?

Mon esprit est en train de s'emballer. Je commence à chanter des prières en traînant mes pieds vers la cuisine. Bon sang, pourquoi je n'ai pas mis ces foutus gâteaux dans le frigo de Phun dès le départ ?! C'est ce que je récolte pour avoir essayé d'être mignon avec Tante Noi.

J'ouvre le congélateur et j'en tire trois boîtes de chocolat. Mon plan est de fuir cet endroit aussi vite que possible, mais c'est alors que mes yeux aperçoivent une ombre venant du salon, juste au moment où je m'apprête à remonter les escaliers.

Uhhhhhhhhh ? Quelle est cette ombre ?!

Mes pieds s’arrêtent automatiquement de bouger. Mon esprit débat entre la curiosité et la peur. Cependant, il semble que la curiosité soit en tête puisque je m'approche malgré le fait que l'autre moitié de mon cerveau me traite d'idiot et que je devrais simplement arrêter de prêter attention à ce qui se trouve dans cette pièce.

Mais il est trop tard. Je suis juste devant le salon maintenant. Mes yeux commencent à s'adapter à l'obscurité et je vois...

— ... tu es toujours éveillée, mère ?

C'est la mère de Phun. Qu'est-ce qu'elle fait assise seule dans le noir, comme ça ?

Elle semble tout aussi surprise de me voir, à en juger par la force avec laquelle elle sursaute. (Elle a donc eu peur elle aussi, haha.) Elle pousse un grand soupir de soulagement quand elle réalise que ce n'est que moi.

— Et toi, Nong Noh ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Ah… tu prends un en-cas de fin de soirée, je vois.

Elle sourit quand elle obtient la réponse après avoir remarqué ce que j'ai dans les mains. Elle tapote le siège à côté d'elle et m'invite à m'asseoir.

— Pourquoi tu ne viens pas t'asseoir, Noh ?

— Oui... réponds-je en souriant, puis je m'approche pour la rejoindre.

Nous restons assis en silence pendant un moment avant que la femme à côté de moi ne commence à dire quelque chose. Il y a une profonde inquiétude dans le ton de sa voix.

— Nong Phun... est-il déjà au lit, mon cher ?

Je peux sentir comme mes lèvres sont sèches quand je lui réponds.

— Oui, il dort.

— C'est un enfant très sensible.

— ... il l'est.

— Est-ce qu'il t'a dit quelque chose, Noh ?

Il n'y a que de la gentillesse dans ses yeux quand elle me regarde. C'est de là que Phun tient la sienne. Je ne peux jamais dire de mensonges quand ces deux yeux me fixent.

— ... il l'a fait.

Ma voix est basse, presque un chuchotement.

Ses lèvres se recourbent en un sourire avant qu'elle ne tourne la tête vers l'obscurité. Mais il semble qu'elle regarde bien au-delà.

— Je ne les ai jamais vus se battre comme ça avant. C'était assez surprenant.

— ...

— Phun est un bon garçon. Il fait toujours ce qu'on lui dit de faire. Toujours prêt à faire tout ce qu'on lui demande, celui-là. Il est gentil avec tout le monde. Son père et moi l'aimons beaucoup. Chaque soir, je remercie les puissances, quelles qu'elles soient, d'avoir envoyé Phun pour être mon fils.

— Je ne veux vraiment pas qu'il soit en colère contre son père. Son père l'aime beaucoup. Phun est un bon garçon. Il est bien élevé. Il n'a jamais causé de problèmes. C'est pourquoi son père et moi ne voulons que le meilleur pour lui. Je ne veux jamais qu'il fasse une erreur et qu'il soit confronté à quelque chose de terrible. Je sais que Phun a un bel avenir devant lui. Il pourra être fier au sein de la société. Et avant qu'il n'en arrive là, son père et moi voulons nous occuper de lui du mieux que nous pouvons.

Mon esprit se vide quand j'écoute ses paroles. On dirait qu'elle veut enfin dire ce qu'elle pense. Je sens que mon amour pour Phun est minuscule comparé à l'amour que cette femme a pour lui. Il y a un sentiment inexplicable en moi. Je ne peux pas le nommer. Je ne sais pas ce que c'est exactement.

— Nong Noh... tu ne peux pas me dire avec qui il sort, n'est-ce pas ?

Je sursaute quand j'entends ces mots. Je peux le voir dans ses yeux. Elle me supplie et je suis à deux doigts de céder à sa demande. Cependant, je ne suis pas en mesure de parler en son nom.

— Si… Phun ne veut pas en discuter, alors je ne pense pas que je le devrais non plus...

Elle pousse un nouveau soupir.

— Quand même... je suis content qu'il t'ait comme ami.

La belle femme me fait le sourire affectueux qu'elle me donne souvent.

— Je crois que tu vas pouvoir l'aider à traverser cette épreuve. Je vais devoir le laisser entre tes mains cette fois-ci.

Elle bouge sa main chaude pour saisir la mienne. Je sens qu'elle me fait confiance sans aucun doute dans son esprit.

— Veille sur lui pour qu'il ne connaisse que l'amour qu'il mérite pour être une bonne personne.

— ... oui, mère, réponds-je doucement en lui donnant ma parole.

Au fond de moi, je sais que je suis probablement trop jeune pour comprendre tout cela.

Qu'est-ce qu'un bon amour exactement, mère ?

Et s'il y a quelqu'un qui aime sincèrement votre fils de tout son cœur, mais que son amour n'est pas considéré comme la norme ?

Et si son amour pour votre fils est quelque chose qui n'est pas acceptable selon les normes sociales ?

Est-il toujours considéré comme un bon amour ?

Notes :
1/ Clorets : Marque de chewing-gum.
2/ Mère : En Thaïlande il n’est pas rare d’appeler les parents de ses amis en tant que mère/père.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:19



56ème Chaos
Il n'y a rien que je puisse faire
Le lendemain matin, Phun se réveille avec une légère nausée. D'après ce que j'ai compris, c'est dû au fait qu'il est très stressé. Mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Il avait l'air assez bien pour aller à l'école après avoir vomi toute la viande qu'il avait mangée hier. (J'ai cru que j'allais vomir avec lui).

— Tu es sûr que ça va aller ? répété-je au bel abruti qui quitte le train aérien avec le sourire.

En voyant son sourire trop désinvolte, je me trompe de chemin, juste un tout petit peu.

— Yep !

Hum. Bon, alors. Je m'excuse d'être inquiet. Est-ce vraiment le même gars qui s'est endormi en pleurant la nuit dernière ? Le même gars qui s'est réveillé si pâle et qui a vomi ses tripes ce matin ? Vraiment ?

On descend tous les deux les escaliers en courant depuis le quai. Mais avant d'arriver à la gare centrale, on entend quelqu'un nous crier dessus.

— Hé, connard !

Bordel, qui essaie d'attirer mon attention si tôt le matin ? Quoique, je le sais déjà sans avoir besoin de me retourner pour voir. Il n'y a qu'un seul gars avec ce ton de voix.

J'attends que ces salauds d'Ohm, Keng et Rodkeng me rattrapent. Comme prévu, Ohm me salue de la manière la plus barbare possible.

Clac !

— Prends ça ! Je t'ai appelé tout du long ! On était dans le wagon à côté du tien, espèce de sourd !

Alors pourquoi il n'a pas changé de wagon ?

Je frotte l'endroit où on m'a frappé sur la tête, légèrement irrité. Phun se contente de glousser à côté de moi. (Vraiment, il ne va même pas m'aider ?) Tous les cinq, nous passons nos cartes et nous sortons de la gare en descendant les escaliers ensemble.

— Pourquoi tu as fait l'idiot en continuant à m'appeler au lieu de venir me chercher ?

— J'étais trop paresseux pour faire ça…

C'est bien fait pour toi. Je lui donne deux coups en retour après avoir entendu cette réponse odieuse. Rodkeng rit dans le fond.

Alors que nous nous dirigeons tous les cinq vers l'école, nous continuons à nous insulter les uns les autres, à nous arrêter en chemin pour acheter des snacks et à nous frapper les uns les autres (c'est ce que nous faisons le plus souvent). Au moment où nous nous apprêtons à franchir le portail de l'école, les yeux d'aigle d'Ohm remarquent que j'ai quelque chose de bizarre.

— Arrête-toi !

Non seulement il m'ordonne de m'arrêter, mais il me saisit aussi par le col. Kof, kof, kof. Je m'étouffe parce qu'il ne me lâche pas tant que je ne m'arrête pas comme il me l'a ordonné.

— C'est quoi ce bordel, mec ?!

Ne m'attrape pas par surprise comme ça ! Tu m'as fait peur ! Je regarde Ohm m'inspecter.

— C'est la chemise de Phun, n'est-ce pas ? Tu as dormi chez lui ?

Euh... comment je dois répondre à ça ? Je reste immobile (puisque je suis pris au dépourvu) pendant que Phun rit joyeusement.

— Très attentif de ta part.

Phun le remarque avec un compliment et donne son feu vert à Ohm. Ohm gonfle le torse, visiblement fier de lui. Pourquoi ce type est-il d'accord avec ça ? Tu n'as pas besoin de révéler tous les détails, tu sais !

Je frappe une fois la tête de M. Populaire (pour avoir tout balancé) avant que nous entrions dans l'école. Néanmoins, Rodkeng ne laisse pas le sujet s'éteindre.

— Qu'est-ce qu'il y a de si bien chez mon ami, Phun ? Pourquoi tu es toujours sur lui comme s'il allait éclore ?

Merde... Tu fais comme s’il était une mère poule. Bien que… La personne en question se tourne vers Rodkeng. Il a un grand sourire sur le visage et un frisson me parcourt l'échine.

— Je n'y peux rien, ton ami est trop mignon.

Et le revoilà ! Tu dois toujours dire ce que tu penses ? Je ne sais même plus comment faire face à ça ! Mais peu importe. Il peut dire ce qu'il veut, je vais arrêter de faire attention à lui. Je me gratte la tête avec force par frustration pendant que mes amis éclatent de rire.

Nous nous dirigeons vers notre bâtiment. On nous taquine sans arrêt. (Mais c'est surtout moi qui suis la cible.) Phun s'excuse et se rend au bureau administratif, car Fi est là, debout, à crier le nom de Phun avec une expression furieuse sur le visage. Ce type peut être vraiment dérangeant par moments. Surtout depuis qu'il va bientôt démissionner de son poste, il fait des crises de colère à Phun beaucoup plus souvent. À ce propos, j'aimerais savoir comment ça s'est passé entre lui et sa petite amie. Je me demande comment ils s'en sortent.

Mais peu importe. Ce ne sont pas mes affaires. (Vraiment...?) (Pas vraiment, je me dis que je pourrai en parler à Phun plus tard. Hé hé.) Lentement, je me rends compte que j'ai raté quelque chose de très important.

Je n'ai pas encore fait mes devoirs de biologie !

Oh, merde ! Miss Ladda va me prendre la tête pour ça !

— Merde ! Le devoir de biologie de Ladda !

— Oh ! Merde !

Les deux autres personnes présentes crient à l'unisson. De toute évidence, Rodkeng et Ohm aussi ont oublié ça. (Salauds, pourquoi avoir oublié aussi ?) Nous nous précipitons vers l'ascenseur et trouvons un endroit pour copier le devoir. Heureusement, Keng mentionne qu'il l'a déjà terminé. Je suis quelque peu soulagé. Bien que j'aie presque oublié que Keng nous accompagne depuis la gare du Skytrain.

Pourquoi est-il étrangement silencieux ?

Peut-être que je ne fais qu'imaginer des choses ?

Peu à peu, ce que je soupçonnais ce matin se précise. Keng est terriblement silencieux, mais seulement avec moi. Il plaisante et rit au sein de notre groupe d'amis comme il le fait habituellement. Cependant, il ne fait aucun commentaire à mon égard. Il fait généralement des blagues à mes dépens ou se moque de moi à propos de telle ou telle chose, mais pas aujourd'hui. (Je veux dire, il est presque aussi mauvais qu'Ohm quand il s'agit de ce genre de choses aussi).

En dépit de son silence, il me laisse quand même copier ses devoirs de biologie ? Il partage même les snacks qu'il a apportés avec moi ? En plus, il me murmure la bonne réponse quand un professeur m'interroge ? En gros, il est toujours un bon ami à moi. C'est juste qu'il semble... calme ?

Je regarde Keng pendant que nous travaillons sur le test rapide de notre cours d'anglais. Il se trouve qu'il me regarde et nos yeux se croisent. Il suppose que je veux copier sur lui et me montre ses réponses.

Eh bien... même si je veux copier les réponses, ce n'est pas la raison pour laquelle je le regarde. Je secoue la tête et je finis d'écrire moi-même la réponse à la dernière question.

— Le temps est écoulé. Veuillez laisser la feuille de réponse sur mon bureau. Le cours est terminé, dit le professeur quand l'horloge nous indique qu'il est l'heure de notre pause déjeuner. Mes camarades de classe se lèvent pour remettre leur travail et il se trouve que j'y vais avec Keng.

— C'était facile pour toi ? chuchote-je en faisant la queue.

Il me fait un lent signe de tête sans me regarder. Hm... quelque chose ne va pas ?



— Que devrions-nous manger ? Noh, t'as de l'argent au moins, connard ?!

Et pourquoi tu gueules ?! Je frappe la tête d'Ohm une fois après qu'il ait annoncé ma situation actuelle dans toute la cafétéria.

— J'ai encore de l'argent sur ma carte !

Trou du cul ! Tu fais peur à la dame du restaurant. Elle essaie de me faire mes nouilles ! Je regarde Ohm qui frotte l'endroit où il a été frappé avant de crier sa commande - un bol de nouilles tom yum - à la tante.

— Alors, comment as-tu fini par passer la nuit chez Phun ? Tu ne m'as pas dit que tu rentrais chez toi ? demande Ohm après que nous ayons récupéré nos bols de nouilles.

— Il y a eu un petit problème que j'ai dû régler, mais peu importe.

— Aha, aha, aha. C'était un problème physique, mon petit pote ? Ah, bien. Les adolescents et leurs hormones déchaînées.

Quelle tête de gland ! Sérieusement ?! Je me retourne pour le poignarder dans l'oreille avec une paire de baguettes.

— Ow ! Mon cérumen !

Oh, c'est vrai ! C'est dégueulasse ! Maintenant mes baguettes sont sales ! Je les essuie sur son visage par dépit (puisqu'il les a salies) avant de me déplacer pour en prendre une nouvelle paire.

— Noh ! Combien d'argent il te reste de toute façon ? J'ai entendu dire que tu te comportais comme un grand patron et que tu avais organisé une fête pour les membres de ton club. Tu as payé pour tout également, n'est-ce pas ?

On me pose ces questions au moment où je m'assois à la table où le reste de mes amis m'attendent. Ce n'est pas vraiment une surprise que Ken soit au courant de ça puisqu'il l'a probablement entendu de...

— Toi et ta grande gueule, Ohm !

Je lui donne un coup de coude sur la tête. Tout le monde glousse à la vue de ce spectacle.

— Yo, je demande seulement parce que je suis inquiet. Tu veux m'emprunter de l'argent ? Tu pourras me rembourser quand tu auras l'argent.

Ken continue et je deviens très sentimental. C'est comme ça que les amis doivent être. Ken est tout le contraire de Ohm. C'est comme le paradis et l'enfer.

Et j'aurais répondu s'il n'avait pas continué à parler.

— Mon taux d'intérêt est de cinquante bahts pour cent bahts empruntés par jour. Ha ha ha.

Espèce de salaud ! J'aurais dû m'en douter !

Je pointe mon majeur vers lui et tout le monde se met à rire, surtout Ken dont le riz s'envole presque de son propre nez.

— Je plaisantais ! Mais pour de vrai, tu en as besoin ? Combien te reste-t-il dans ta carte de débit ?

— Presque trois cents, mais ça ira. Garde ton argent pour pouvoir rembourser ta mère pour ton MacBook. J'ai entendu dire que tu as encore des mois avant qu'il soit remboursé ?

Ken a acheté un MacBook le mois dernier, il lui a coûté presque 100 000 $. Il a utilisé la carte Visa de sa mère pour le payer avec l'intention de la rembourser plus tard. (Mais je ne sais pas pourquoi il l'a acheté. Il ne fait que jouer à des jeux et télécharger du porno. Cela ne vaut pas vraiment le prix). Pourtant, il propose toujours de m'aider. C'est de la charité.

— Ou tu peux m'emprunter à moi. Ma famille est sacrément riche. Nous gardons de l'argent à la maison comme décoration.

— Boooooo !

Tout le monde à table chahute Palm pour ce qu'il vient de dire. Haha, pfft. Nous lui jetons tous des serviettes, neuves ou usagées, sans nous arrêter.

Pendant que tout le monde s'amuse à attaquer Palm avec des serviettes en papier, Ohm frappe sur son bol de nouilles en utilisant ses baguettes et vole l'attention de tout le monde.

— Hé, hé, hé. Vous n'avez pas besoin d'aider ce salaud de Noh parce qu'il a déjà…

Quoi ? Qu'est-ce que j'ai ? Qu'est-ce que tu vas dire maintenant, putain ?! Mon oeil droit tremble quand j'écoute Ohm commencer à annoncer quelque chose qui sera mauvais pour moi, j'en suis certain. Il me fait un clin d'œil avant de continuer.

— Parce qu'il a déjà le secrétaire du conseil des étudiants qui s'occupe de lui. Woooooo !

Putain ! Je le savais ! Je me gratte la tête, m'arrachant presque les cheveux, alors que tout le monde à la table fait du bruit avec Ohm, comme si nous faisions la fête, malgré le fait que tout cela semble être mon enterrement. Tu ferais mieux de faire attention. Nous sommes dans une cafétéria, pas dans un amphithéâtre. Bon sang !

Au milieu de ce chaos causé par mes soi-disant amis, (où j'aimerais creuser un trou au milieu de cette cafétéria et me cacher, ou simplement crier à tue-tête que je ne connais aucune de ces personnes), je remarque que Keng mange en silence son déjeuner.

J'ai peut-être une idée de ce qui se passe avec lui.

— Est-ce que tout va bien, Keng...?

Je décide de lui demander pendant notre cours de commerce. Le professeur nous a conduits à la bibliothèque pour que nous puissions travailler sur le mémoire qui doit être remis à la fin du cours.

Keng détourne son regard des rangées de livres pour me regarder un court instant, puis il se tourne à nouveau vers les livres.

— Euh… ouais.

Menteur. Je soupire brusquement et décide d'arrêter de tourner autour du pot.

— Je veux dire... si c'est à propos de ce que tu m'as demandé hier soir. Je ne te cache pas intentionnellement des choses. Il s'est passé quelque chose et j'ai dû m'en occuper, alors j'ai dû éteindre l'ordinateur. Je suis désolé, dis-je en levant les mains en l'air pour m'excuser.

Keng me prend rapidement la main pour m'arrêter en panique.

— Mec, pourquoi tu fais ça ?! s'écrie alors Keng. Au moins, il est disposé à me regarder maintenant.

Nous restons tous les deux silencieux pendant un moment avant que Keng ne prenne la parole en premier.

— Pour être honnête... Je n'ai pas le droit de t'en vouloir de toute façon. C'est moi qui t'ai dit que c'était pas grave si tu ne voulais pas m'en parler.

— ...

Je peux sentir la longue expiration de Keng sur mon bras pendant juste une seconde. Cela me fait savoir que ses sentiments sont assez confus en ce moment.

— Mais quand même... je ne sais pas. Je ne sais pas. Je suis désolé aussi.

Il me fait un petit signe de tête avant d'attraper un livre et de se diriger vers la table où sont assis nos amis. J'attrape rapidement son bras.

— Attends !

Bon sang, il ne peut pas m'écouter d'abord ? Nos regards se croisent et je veux qu'il sache que je suis tout à fait sincère.

— Redemande-moi, je te donnerai la réponse.

— Tu es sûr ?

— Oui.

— Alors viens avec moi…

H... hein ? Keng a soudain le sourire aux lèvres et il me traîne de l'endroit où se trouvent les étagères vers la table où sont assis nos amis. Il frappe légèrement sur la table en chuchotant, tout en essayant d'étouffer son rire, à tous ceux qui sont là.

— Alors ce salaud est prêt à parler maintenant, les gars.

Fils de pute ! Vous étiez tous dans le coup ?!

La vérité est finalement révélée. Tous mes amis se sont regroupés et ont élaboré ce plan. Ils ont envoyé Keng, qui mérite un prix pour son jeu d'acteur, (je te ferai payer pour ça plus tard.) pour me faire parler. Tout le monde s'empresse de ranger ses affaires sur la table et se dirige vers le hall vide de la bibliothèque. Ils s'assoient tous en cercle dans un petit espace où les gens ne passent pas d'habitude car ils ne trouvent pas les livres particulièrement intéressants.

Je m'assois en état de défaite et je fixe chacun de mes soi-disant amis. Keng, Palm, Khom, Pong, Em, Dong, Rodkeng, Ken, et ce bâtard d'Ohm sont tous autour de moi, attendant d'entendre la vérité de mes lèvres.

— Il a fallu une éternité pour que Noh remarque ce qui se passait. Je le jure, j'ai failli perdre la tête et j'ai voulu rire tellement de fois.

Ce salaud de Ken ouvre la discussion et Dong rit en même temps de sa remarque.

— Ouais, au début je lui avais suggéré de faire la sourde oreille à Noh. Genre, l'ignorer complètement, pas vrai ? Mais ce bâtard n'a pas fait ses devoirs de bio. Je suis passé à autre chose. Et Keng étant trop gentil, il a bien sûr laissé Noh copier ses devoirs. Je pensais que notre plan était terminé à ce moment-là et voilà.

Keng étend ses jambes comme s'il était le héros de cette histoire.

— Je suis peut-être trop gentil, mais j'ai quand même réussi sans problème. Ha ha ha !

— Booooo !

Le commentaire de Keng suffit à faire chahuter tout le cercle. Tout le monde lui donne des coups de poing. Mais ils se rendent compte qu'ils sont trop bruyants, alors chacun se couvre rapidement la bouche avec ses mains.

— Chuuuuut !

Je suis presque sûr que le gardien de l'école à la grille a entendu ce "chut".

Je ris avec eux et j'aurais oublié la vraie raison pour laquelle je suis assis ici si Palm n'avait pas fait un rappel.

— D'accord, d'accord, ça suffit. Il faut qu'on en parle avant la fin du cours.

Euh... on peut continuer à parler d'autres choses. J'adore parler d'autres choses. On fait ça ?

J'ai du mal à avaler ma salive quand Em ajoute sa contribution.

— Ouais, Noh. On va juste y aller et demander, ok ?

Mince, il a l'air si sérieux. Je suis ton ami, pas un prisonnier. Je lui fais les yeux de cocker et je le supplie de me faire grâce, mais il ne veut rien savoir de tout ça. Pire, il désigne Rodkeng pour poursuivre la discussion.

— Qu'est-ce qui se passe vraiment... entre toi et Phun ?

D'accord. C'est une façon d'en venir au fait.

— …

Le silence s'abat sur nous. Tous les yeux sont braqués sur moi. Ne faites pas ça, s'il vous plaît, vous me rendez tous nerveux.

Je bouge lentement mes lèvres, n'ayant pas entièrement confiance en moi.

— Que... que veux-tu dire exactement...?

Rodkeng a un air de "je suis sérieux en affaires" sur son visage et il se rapproche comme s'il voulait me prendre en flagrant délit de mensonge.

— Mec, ne nous raconte même pas ces conneries. J'ai déjà piégé Phun pour qu'il me le dise... alors maintenant c'est ton tour ! Tu vas le dire ou pas ?!

Putain, c'est quoi ce bordel ? Si tu le sais déjà alors pourquoi me le demander ?! (De toute façon, qu'est-ce qui se passe avec Phun ? Pourquoi il n'a pas mis des flyers dans toute l'école pour que tout le monde sache que je suis son petit ami ? Putain de merde).

Soudain, j'ai l'impression que la climatisation ne fonctionne pas même s'il faisait froid quand je cherchais des livres tout à l'heure.

— Si vous... l'avez déjà entendu de Phun, alors pourquoi me demandez-vous ?

— Parce que nous voulons l'entendre de toi !

C'est au tour de Palm d'intervenir. Tous les membres du cercle hochent la tête en signe d'accord. Merde, vous devez tous être fous si vous voulez entendre les mêmes choses encore et encore. À quoi ça sert de faire ça ?

— Ok, ok, voilà ce qu'on va faire... interrompt Keng avec une phrase qu'il utilise souvent quand il essaie d'amener quelqu'un à faire un compromis. Noh…

Et il semble que je sois la victime cette fois-ci.

Je lève un de mes sourcils vers le gars qui m'a embêté toute la journée d'aujourd'hui. Je ressens une certaine appréhension.

— Qu…quoi ?

— Je vais être franc avec toi, d'accord ? Tu…

C'est quoi cette pause pour le suspens ?! Pose juste la question tout de suite ! Je retiens mon souffle en attendant d'entendre ce que Keng a à dire.

— ... sors avec Phun, n'est-ce pas ?

— ...y...yeah.

— Alors vous êtes un couple ?

— Ouais.

Je décide de fermer les yeux et de tout avouer. Argh ! Si tu le sais déjà, alors pourquoi tu essaies de me faire parler ?! Ils rient et gloussent tous entre eux quand ils entendent ma réponse. Pendant ce temps, j'ai envie de m'enfoncer la tête dans le sol et de creuser le chemin pour rentrer chez moi. Je le ferais si je pouvais y arriver.

— Qui a demandé à qui en premier ?!

Et en quoi ça te regarde, Pong ?! Je veux l'insulter, mais tous les regards curieux sont tournés vers moi.

— Eh bien… Phun l'a fait… je suppose.

Il n'y a rien que je puisse faire à part donner à contrecœur une réponse floue. C'est surtout parce que tout commence à se brouiller maintenant. Mon cerveau commence à s'éteindre. J'entends ces crétins qui crient et sifflent pour me taquiner. On dirait qu'ils aiment un peu trop ça. (Une façon de prendre plaisir à la douleur de quelqu'un d'autre !)

— Alors tu as un petit ami et tu as gardé le silence à ce sujet, hein ? plaisante Dong en me donnant des coups de coude dans le dos après que les rires se soient calmés.

Regardez-vous, chacun de vous ? Comme si j'allais dire quelque chose à l'une de vos grandes gueules.

— Eh bien, c'est parce que vous me donnez toujours du fil à retordre...

— Mec, qu'est-ce que tu dis ? On t'a seulement fait passer un mauvais quart d'heure parce qu'on ne savait pas. Si on avait su, on n'aurait pas dit ces choses.

Je regarde Rodkeng qui, apparemment, essaie de dire les bonnes choses.

— Pour de vrai ?

— Non ! Ha ha ha ha !

Alors putain, pourquoi t'as dit ça ?! Tu vois, je ne me trompe jamais sur ces gars ! Je me gratte la tête, me sentant exaspéré par toute cette histoire. Je parie qu'ils vont me taquiner à ce sujet tous les jours pour le reste de ma vie. Et avant que je ne puisse m'en remettre, Em me dit quelque chose d'assez surprenant.

— Toi et Ohm avez bien gardé vos lèvres fermées. J'ai étranglé son cou en essayant de le faire parler un million de fois, mais il a refusé de me le dire. Il a dit que c'est quelque chose que je devais te demander moi-même.

Putain de merde sur un bâton ! Ohm est capable de ce genre de choses ?! Je me retourne pour regarder ce bâtard d'Ohm et je suis stupéfait. Malgré tout, il agit comme s'il était au-dessus de moi. Pfft, peu importe.

— Tu n'as pas besoin de te laisser toucher par ses actions, c'est lui qui a élaboré ce plan pour nous. Ha ha ha ha.

Trou du cul ! Mon estime pour toi n'a même pas duré une minute. Ton vrai toi fait à nouveau surface.

Je secoue la tête. Je suis au bout du rouleau. Tout ce que je peux faire, c'est écouter les gars rire entre eux. Mais ensuite, Pong soulève un point important.

— Attends... et la petite amie de Phun ?

Il touche le jackpot avec cette question. Je dois admettre que je ne peux même pas bouger d'un pouce. Je lui donne une réponse qui est à peine audible.

— Eh bien... ils ont déjà rompu.

— À cause de toi ? continue Dong avec une autre question.

Je secoue lentement la tête.

— Non... ils avaient des problèmes.

— Mais il essayait déjà d'être avec toi avant qu'ils ne rompent, non ?

Cette question est suffisante pour qu'Ohm tape sur la bouche de Palm avec le dos de sa main comme s'il voulait que le gars arrête de parler. Merci, mec. Mais je ne peux pas nier que c'est vrai.

Je me sens mal en y pensant...

Nous restons tous silencieux pendant un long moment, puis Khom pose une question.

— Et toi et Yuri ?

— Eh bien…

Je ne sais pas comment lui répondre. Ma relation avec Yuri était plutôt confuse depuis le début. Même maintenant, je ne sais toujours pas comment appeler notre relation.

Ohm fait sonner une cloche imaginaire pour signaler la fin du tour en coupant court à la conversation.

— Vous posez trop de questions. On a fini, on a fini. L'heure de cours est presque terminée. Si nous retournons en classe sans avoir un compte-rendu en main, nous sommes morts, dit-il à tout le monde et il est le premier à se lever.

Tout le monde marmonne quelques plaintes mais se sépare volontiers pour travailler sur leur devoir sans aucune protestation.

Je me retourne pour sourire à mon ami qui me connaît trop bien.

— Merci, mec.

— Ouais, ouais. Trouve-moi un livre, je vais faire une sieste et attendre. Ah ah ah.

Tête de nœud !



L'école est enfin terminée. Ohm et moi sommes de corvée de nettoyage aujourd'hui. (Il s'agit de jouer à l'épée avec un balai et un bac à poussière.) Une fois que nous avons terminé, nous nous rendons immédiatement au bureau administratif. Nous avons appris que le comité qui a envoyé notre fanfare en Europe pour le concours nous a envoyé un fax. (Nous avons un fax dans notre salle de club, pourquoi ne l'ont-ils pas envoyé là-bas ? Bon sang.) Nous courons au bureau tout en nous assurant que nous sommes à notre avantage car la plupart des professeurs sont là maintenant.

— Le club de musique... est... là pour prendre le fax envoyé pour nous.

J'hésite à rentrer la tête dans le bureau. L'école est terminée pour la journée, ce qui signifie que tous les membres de la faculté sont là.

— C'est juste là, mon cher.

Une enseignante que je ne connais pas intervient du fond de la salle. Ohm et moi passons lentement d'un bureau à l'autre en direction de notre destination. Nous sommes tellement concentrés que nous ne réalisons pas que quelqu'un d'autre que nous connaissons est ici aussi.

Je tends la main pour prendre le fax du professeur qui semble très gentil. Mon plan est de partir d'ici le plus vite possible, mais cela ne se fait pas car on nous appelle par nos noms.

— Noh ! Ohm !

— Oh… c'est ton mari.

Connard, utilise juste son nom ! Il s'appelle Phun ! Je marche sur le pied de Ohm une fois avant de regarder la personne qui nous a appelés. Il a quelque chose dans sa main.

— Vous êtes ici pour déposer votre autorisation de séjour pour le voyage au camping ? demande Phun lorsqu'il remarque que j'ai aussi un document en main.

Mais... quel voyage au camping ?

— Non, je suis venu chercher un fax.

Je le lève en l'air pour le lui montrer. Il comprend et me fait un signe de tête avant de passer à une autre question.

— Alors, toi et Ohm, vous allez faire du camping ?

— Quel voyage au camping ?

Ohm se met à réfléchir à la question avant que je ne puisse le faire. (Il est aussi curieux que moi.) Exactement, quel voyage ? J'aimerais bien le savoir aussi.

Phun semble surpris d'apprendre que nous ne sommes pas au courant de ce voyage.

— Le Camp-Pharma ? Votre professeur principal ne vous en a pas parlé ?

Oh... Je ne sais pas si elle ne nous en a pas parlé ou si je n'ai pas fait attention à elle. La dernière fois, il y avait un camp d'ingénieurs auquel je ne suis pas allé parce que je faisais une sieste quand ils ont fait l'annonce.

Phun hausse les sourcils, l'air confus. Il retourne le papier dans sa main pour nous le montrer.

— Beaucoup de vos camarades de classe sont venus et se sont inscrits. Palm y va. Pong y va. Dong y va…

Les salauds. Pourquoi ils ne m'ont pas demandé si je voulais y aller aussi ? Je suppose qu'ils pensent que je ne suis pas intéressé par le Camp-Pharma et ils ne se trompent pas du tout.

— Je vais y aller ! Ajoute mon nom pour moi !

Depuis quand Ohm s'intéresse-t-il aux produits pharmaceutiques ? Je me retourne pour regarder Ohm avec une expression perplexe sur mon visage.

— Tu t'intéresses sérieusement à la pharmaceutique ?

— Non... mais je parie qu'il y aura plein de filles là-bas ! J'en suis sûr ! Je veux y aller !

Putain, connard. Qu'est-ce que c'est que cette logique tordue ? Ça m'intéresse quand même. ( Hé hé.) Phun récite doucement les noms qu'il a écrits pendant que je suis encore au milieu de mes pensées.

— Ok. Donc Tatchakorn et Napat de la classe 5 vont aussi…

Attends ! C'est mon nom !

— Très drôle, quand est-ce que j'ai dit que j'y allais ? chuchoté-je et je le frappe légèrement à la tête (puisque nous sommes encore au bureau et que je serai réprimandé si je me conduis un peu trop mal).

Pendant ce temps, Phun se contente de rire joyeusement.

— Vas-y, c'est tout. J'y vais aussi.

— Attends... tu t'intéresses aux produits pharmaceutiques maintenant ?

Je sais que les devises étrangères et la macroéconomie internationale sont plus son truc et c'est ce qui l'intéresse. Je veux dire, c'est pourquoi je présume qu'il veut travailler comme économiste à l'avenir. Attendez une minute, à moins qu'il ne partage la raison pour laquelle Ohm y va ?

— Non, j'y vais juste pour le plaisir d'y aller. Joke et Nant voulaient y aller.

Oh... d'accord alors. Je suppose que je vais y aller aussi. Je le regarde écrire le nom d'Ohm et le mien sur la feuille d'inscription avec mes mains sur les hanches.

— Je vais donner ça au professeur alors. Si d'autres de vos camarades veulent y aller, ils peuvent aller la voir et elle pourra ajouter leurs noms à la liste.

Je lui fais signe de la tête et de la main. Alors que je me retourne pour m'échapper de ce bureau, Phun m'appelle.

— Noh...

— Hum ?

Je me retourne vers lui et je remarque qu'il voulait dire quelque chose mais qu'il a décidé de ne pas le faire. Au lieu de cela, ses lèvres se recourbent en un sourire.

— Rien. Bye.

— Ok… bye.

Qu'est-ce que c'était ?


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:19



57ème Chaos
Ne retiens pas tes sentiments
Il s'avère que le fax envoyé par le comité est une invitation à une fête célébrant notre deuxième titre de champion. La fête aura lieu dans un hôtel 5 étoiles situé à une vingtaine de mètres de mon école. (Ou peut-être même à moins de vingt mètres de mon école.)

Alors pourquoi diable ai-je payé une fête de ma poche l'autre jour...? Pourquoi le comité n'a-t-il pas envoyé ce fax plus tôt ?! (Rendez-moi maintenant la totalité de mon mois d'argent de poche !) J'ai failli me retourner pour attraper Ngoi par les cheveux après l'avoir lu. (Quelle que soit la situation, il faut toujours blâmer Ngoi en premier lieu.) Peut-être que Per se sent mal pour son ami, (ou qu'il a un peu trop brutalisé Ngoi) et il me suggère quelque chose.

— Tu peux te goinfrer pendant que tu es là-bas, Phi Noh. Tu sais, en guise de représailles ? Apporte des sacs avec toi et tu pourras emporter de la nourriture à la maison aussi.

Oh… un plan si méprisable. Comment t'as trouvé ça ? Je l'adore. Hé hé hé. Pendant que j'essaie de calculer combien de sacs je dois apporter avec moi pour avoir assez de nourriture pour un mois entier, Nong Knott lit le reste de l'invitation puis me rappelle quelque chose.

— C'est le même jour que le Camp-Pharma. J'ai lu l'annonce qu'ils ont affichée dans le bureau du conseiller d'orientation. Ça veut dire que si tu t'es inscrit au camp, tu ne peux pas aller à la fête.

Hein ?! Quoi ?! Ohm et moi, on saute de là où on est et on prend le fax pour vérifier nous-mêmes pour la deuxième fois. Oh, merde. C'est vraiment le même jour. Adieu ma nourriture…

— Quel camp ? Bordel, vous allez où ?

J'ai à peine fini de lire l'invitation pour la deuxième fois que Film passe curieusement sa tête entre Ohm et moi. J'ai oublié qu'il est aussi du genre à ne pas faire très attention à ce qui se passe autour de lui. Je suppose qu'il n'en a pas entendu parler non plus.

Je me porte volontaire pour être le gentil messager et le mettre au courant.

— Le Camp-Pharma. C'est le même jour que cette fête. On s'est déjà inscrits au camp, donc on ne peut pas venir. Désolé, mec.

Malgré tout, je me sens un peu soulagé de lui dire ça. Je n'ai pas eu grand-chose à voir avec leur victoire de toute façon. J'ai rédigé quelques papiers, porté la glacière et préparé des boissons pour les élèves de première année. C'étaient des tâches insignifiantes. Je n'étais responsable de rien. Film et Art se sont chargés de toutes les choses importantes. Par conséquent, je ne pense pas que je serais assez éhonté pour assister à cette fête. Il vaut mieux que j'assiste à ce voyage au camping.

Les yeux de Film, par contre, brillent plus fort que des diamants une fois qu'il apprend l'existence de ce voyage.

— J'y vais aussi !

Cet imbécile...

— Eh bien, tu ne peux pas ! Tu es le chef de la fanfare ! Va à la fête !

Il a dû perdre la tête. Ils organisent une fête en son nom et il veut y échapper ? Je frappe la tête de Film deux fois pour le faire sortir de là. Il veut quand même aller camper. Quelque chose dans le lait n'est pas clair. Il doit y avoir autre chose.

J'obtiens ma réponse sans avoir à demander quand Nong Mum révèle la vérité.

— Phi Film, tu as peur de cette tante qui est la présidente du comité, n'est-ce pas ? Hahaha.

Quelle tante ?! Je me tourne vers la direction de Nong Mum. Il est assis avec un groupe de joueurs d'instruments à vent. Ils se sont entraînés pas très loin d'où nous sommes. Je meurs d'envie de savoir ce qu'il veut dire par là. C'est une toute nouvelle découverte pour moi.

— Quelle tante ? demande Ohm à Mum.

Le gamin potelé sourit, les yeux presque fermés, avant de répondre à la question.

— La présidente du comité a un faible pour Phi Film. Cette dame l'appelait presque tous les jours quand on était à l'étranger. J'ai le sentiment qu'il finira par épouser une cougar un jour ou l'autre. Ha ha ha.

Ahahahaha ! Pour de vrai ?! Je regarde Film. Il s'empare de ses tempes comme si son âme était aspirée hors de lui. Il montre du doigt Mum pour faire comprendre au gamin qu'il lui fera payer plus tard. Heh heh heh. Pourquoi faire une telle chose alors qu'il a simplement répondu à la question d'Ohm ?

— Peu importe. Je vais dans ce camp. Où est-ce que je m'inscris ?

— Au bureau principal.

— Les gars, vous pouvez aller vous empiffrer. Je ne serai pas là.

Putain, alors il les abandonne vraiment ? Je cligne des yeux devant le gars qui vient de trouver une carte pour une oasis. Je le regarde pousser la porte et sortir de la salle du club. En revanche, Art a l'air assez déconcerté par tout ça.

— Alors il s'inscrit vraiment pour ce voyage, hein ?

— Attendez. Donc... ça veut dire... que je dois être là en son nom alors...?

Exact ! Tu es le chef adjoint de la fanfare !

— Ce connard... je lui rendrai la pareille pour ça !

Hahaha, c'est entre vous deux maintenant.

Après avoir écouté Art se plaindre de Film, (pour l'avoir envoyé être l'agneau sacrificiel de cette tante) nous nous sommes entraînés jusqu'au coucher du soleil. L'horloge de notre club nous indique qu'il est plus de vingt heures, il est temps de fermer boutique.

On essaie de chasser les jeunes des classes inférieures pour les ramener chez eux. Ils se sont entraînés comme des fous et je veux juste rentrer chez moi. Je ne sais pas d'où ces enfants tirent leur énergie parce qu'ils refusent de bouger et de ranger leurs affaires. Ils continuent à s'entraîner à fond. Il est déjà vingt heures, pouvez-vous ne pas travailler si dur ?

Je fais irruption et j'essaie de séparer le groupe plusieurs fois, mais ils refusent de rentrer chez eux. (J'espère sérieusement que vous pourrez continuer. J'étais comme ça aussi avant et regardez-moi maintenant). Je n'ai pas d'autre choix que de me rabattre sur mon dernier recours, qui est d'éteindre toutes les lumières. Heh heh heh. Celui qui veut traîner avec un fantôme peut rester. Les mains sur les hanches, je regarde les enfants remballer lentement leurs affaires pour pouvoir rentrer chez eux. Je laisse échapper une longue expiration. Il était temps. Ne vous entraînez pas autant. Pour être honnête, ces travailleurs assidus pourraient partager un peu de leur enthousiasme avec moi. J'en aurais bien besoin. J'accepte leurs au revoir alors qu'ils sortent de la salle du club, et que Nong Loy est le dernier à partir. Enfin, je prends mes affaires et j'éteins les lumières pour de bon cette fois-ci. La porte verrouillée signale la fin d'une autre journée.

En tout cas, je suis affamé. J'ai tellement faim que j'ai l'impression de pouvoir avaler quelqu'un en entier. Je regarde le visage de Film, en me disant que je n'ai pas vraiment envie de le manger. C'est un grand type et je serais rassasié pendant tout un mois. Je me dis que nous devrions tous aller dîner dans un bon restaurant puisque tout le monde est plus que prêt pour un repas. Ainsi, les autres membres du club qui ne sont pas encore rentrés chez eux partent ensemble en groupe à la recherche d'un restaurant.

Le groupe actuel est composé de Film, Art, Poom, Ngoi, Nong Knott, Per et Nong Mawin. (Au fait, il est très gentil. Il est venu ici pour attendre Per afin qu'ils puissent rentrer chez eux ensemble. C'est très touchant. Je jure que j'ai presque versé une larme). Nous quittons l'école et nous nous disputons pendant un moment sur l'endroit où nous devrions aller. Nous nous installons dans un restaurant de nouilles près de Winning Street. C'est le restaurant préféré de Poom. Personne ne se demande pourquoi Ohm n'est pas avec nous ? Heh heh. Je n'ai pas besoin de vous dire où il est, n'est-ce pas ? Il est assez tard, donc Ohm dépose Nong Mick chez lui. (Bien sûr, il n'y a rien entre vous deux. J'ai vu comment tu poussais Nong Mick à rentrer chez lui au point de m'énerver). Naturellement, nous leur avons fait passer un mauvais quart d'heure et nous les avons taquinés quand ils partaient. J'étais tellement surpris qu'Ohm ne soit pas du tout atteint par cela. Il a juste remué ses sourcils vers nous à plusieurs reprises (alors que Mick était très gêné, je pense qu'il allait se cacher sous les bras d'Ohm pour s'échapper). En plus de ça, Ohm a porté le cartable de Nong Mick et ils se sont éloignés ensemble sans se soucier du reste du monde. Hmph, c'était tellement ennuyeux à regarder. Je l'aurai bientôt, c'est certain. Tu es le prochain sur la liste des interrogatoires !

Vous ne pouvez pas espérer que l'on ne parle pas d'un sujet aussi brûlant alors que nous sommes en train de manger nos bols de nouilles, n'est-ce pas ? J'écoute l'histoire de Poom qui raconte comment il a rencontré Ohm au cinéma dans Central World. Apparemment, Ohm était là avec Mick ! Il ne savait pas non plus qu'il était suivi par Poom. Je n'arrive pas à croire que ce dernier ne nous en ait pas parlé plus tôt. (Pour être franc, il n'essaie pas d'être gentil ou quoi que ce soit, mais il avoue qu'il a juste oublié). En plus, Poom a dit qu'il avait vu Ohm faire quelque chose de bizarre juste à côté de la joue de Mick ! Qu'est-ce qu'il faisait ? On a essayé d'étrangler Poom, mais il a dit que le cinéma était trop sombre et qu'il ne pouvait rien voir de plus. Ohm faisait quelque chose près du visage de Mick, c'est tout ce que Poom sait. (En passant, comment peut-on oublier quelque chose comme ça ? J'aurais envoyé un texto au monde entier immédiatement). Tout le monde meurt d'envie de savoir ce qui se passe vraiment avec Ohm.

Alors que nous sommes en train de déballer des ragots sur Ohm (c'est ce qu'il obtient pour ne pas avoir traîné avec nous ce soir) et que Per glousse en arrière-plan, Knott ajoute quelque chose à la conversation qui amène le type en question à s'étouffer dans l'eau.

— C'est toi qui rigoles alors que le tien est assis juste là.

Wooooooo ! On taquine Per, qui a Nong Win assis juste à côté de lui. C'est assez satisfaisant de voir Per, faire jaillir des gouttes d'eau de sa paille sur le visage de Nong Knott pour cacher son embarras. (Je pense ?)

Mais vous savez, Per et Nong Win sont mignons ensemble. Je me souviens que Per a été très méchant avec ce pauvre enfant le mois dernier. (Une fois, Nong Win était assis à l'extérieur du club et l'attendait. Per a été très agressif et lui a dit de rentrer chez lui.) Cependant, Per est maintenant prêt à passer plus de temps avec Nong Win. Aujourd'hui, par exemple, Nong Win dîne avec nous. (Si c'était il y a un mois, Per l'aurait chassé.) Et tout à l'heure, j'ai vu comment il l’a aidé en mangeant les gésiers de porc puisque Nong Win ne les aime pas. (En retour, Per a donné des œufs de son propre bol à Win. Comme c'est chevaleresque de sa part). Je suppose que même Per peut être gentil aussi.

— Oh ! Est-ce que vous venez de terminer au club ?

Phi Diew ! Phi Nont ! On se tourne vers l'endroit d'où vient la voix. Phi Diew et Phi Nont nous disent bonjour en arrivant de la rue à côté du restaurant. Nous crions joyeusement et les invitons à nous rejoindre. La nuit va être longue !

Argh... Je n'aurais pas dû être aussi glouton. Je suis sur le point d'exploser d'une seconde à l'autre. Je chancelle dans la rue jusqu'à ma maison tout en me sentant étonnamment fatigué et endormi. Je me suis beaucoup amusé ce soir. Dès que Phi Diew et Phi Nont nous ont rejoints, Film a commencé à parler de la façon dont la fanfare a eu la chance de participer à la compétition internationale. Il était si fier qu'il ne pouvait pas s'arrêter de parler. Mais c'était hilarant, parce que j'ai pu apprendre toutes les choses bizarres que tout le monde faisait quand ils étaient à l'étranger. Hahaha. Nous étions tellement bruyants que ça a dû être agaçant pour tous les autres. En fait, je me sentais mal pour les tables près de la nôtre. Mais ça aurait pu être pire, les adolescents sont bruyants et les gens doivent s'habituer à ça, hahaha.

Comme on était vraiment occupé, ça voulait dire rentrer tard à la maison. Je vérifie ma montre et il est actuellement plus de vingt-trois heures. Je m'étire, je me sens très fatigué.

Woof ! Woof ! Woof !

Hein ? Ce n'est pas Chum, le chien de Phi Nim ? (Phi Nim est mon voisin.) Pourquoi est-ce qu'il aboie autant ? Je fronce les sourcils alors que je continue d'entendre ses aboiements. Il fait ça depuis que j'ai tourné le coin de la rue et il aboie encore maintenant que je suis sur le point d'atteindre la porte de ma maison. Qu'est-ce qui lui arrive ?

Woof ! Woof ! Woof !

Alors que j'avance lentement et avec curiosité jusqu'à ma maison, je découvre l'ombre de quelqu'un qui est assis là et qui attend. Quoi ?!

— Mec, c'est quoi ce bordel ?! Pourquoi t'es assis là ?!

C'est ce bâtard de Phun ! Il est encore assis devant ma maison à m'attendre. Qu'est-ce qui ne va pas avec ce type ? Pourquoi n'a-t-il pas appelé et ne m'a-t-il pas prévenu ? Ou pourquoi il n'a pas juste attendu à l'intérieur de la maison ?!

— Oh, tu es enfin à la maison ?

Écoute ce type. Je regarde le secrétaire du conseil des étudiants avec les mains sur les hanches. Il regarde dans le vide comme s'il filmait un clip vidéo. Ok, tu n'es pas tellement cool.

— Ouais, et pourquoi t'es assis là ?

— Pourquoi pas ? Je n'ai pas le droit d'être ici ?

C'est quoi ce bordel ? Je lui demande gentiment et il fait le malin avec moi ? Ma somnolence disparaît quand je vois son visage et que je m'assieds à côté de lui.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Pourquoi tu n'es pas rentré pour attendre ou tu aurais pu m'appeler pour que je me dépêche de rentrer au lieu de prendre mon temps ?

Phun rit doucement quand il remarque l'expression sérieuse sur mon visage. Il me répond en souriant.

— Je viens tout juste d'arriver, en fait. Je pensais pouvoir attendre un peu ici, mais j'ai perdu la notion du temps.

Ça doit faire beaucoup de temps. Je jette un coup d'œil sur son corps et je vois qu'il a été piqué par plusieurs moustiques. Comment peut-il dire qu'il vient d'arriver ici ? Ça m'épuise vraiment.

Je soupire et je me lève. Je lui tire le bras pour qu'il se lève avec moi.

— Allez, allez. Allons, rentrons. On peut parler à l'intérieur. Tu as déjà mangé ? demandé-je pendant que j'ouvre la petite porte du portail.

Il est assez tard, donc mes parents ont probablement déjà verrouillé la porte principale. Phun me pose une question en retour.

— Et toi ? Tu as déjà mangé ?

— Oui, j'ai mangé.

On dirait bien que lui ne l'a pas fait. Soupir. Je me retourne et je hausse les sourcils vers lui, mais il me sourit en retour.

— Oh, je n'ai pas si faim que ça.

Bon sang. Ça ne va pas le faire.

Je me dirige vers la cuisine dès que j'entre dans ma maison.

— Gâteaux de crevettes frits, poulet panang curry et oeufs durs. Tu veux les manger ? Je vais les réchauffer pour toi, demandé-je pendant que je fouille dans le réfrigérateur.

Heureusement pour Phun, le fils de ce couple est un glouton, ce qui signifie qu'il y a toujours des restes dans le réfrigérateur au cas où leur fils aurait faim au milieu de la nuit. (Et il n'y a jamais de restes le matin).

Je verse soigneusement tous les aliments dans des assiettes pour les mettre au micro-ondes. Je branche aussi le cuiseur à riz pour réchauffer le peu de riz qui reste.

— Tu manges avec moi ? suggère Phun alors qu'il met la table pour deux.

Je m'arrête un instant. Euh... mon estomac est encore rempli de nouilles. Mais je décide d'être poli et de manger avec lui pour lui tenir compagnie. Je jure que je n'ai pas faim pour un deuxième dîner ! Est-ce que le riz est déjà prêt ? Mon estomac grogne maintenant. (Hehehe.)

On discute en mettant la table et on attend que le riz soit prêt. Naturellement, je lui raconte un tas d'histoires sur ce qu'Ohm a fait. (Je les ai entendues de mes amis.) C'est comme ça que j'apprends que Phun est lui-même un sacré fouineur. Il n'arrête pas de me poser des questions sur tout et n'importe quoi. Il veut connaître tous les détails. Au point que j'en arrive presque à appeler Ohm avec mon portable pour que Phun puisse lui parler directement. (Heh heh.) Finalement, je peux sentir le merveilleux parfum du riz chaud qui envoie un signal à mon estomac. Il est temps de se mettre au travail !

Le riz a fini de cuire, ce qui signifie qu'il est temps de se mettre à table. Phun commence par être un imbécile. Il plante sa fourchette dans mon œuf dur et casse le jaune. Salaud ! (J'adore quand le jaune coule un peu.) Je riposte en piquant aussi son œuf mais il s'avère que celui-ci est bien cuit. Maintenant, ma fourchette est coincée, bon sang. C'est tellement injuste ! Phun rit quand je lui lance un regard contrarié. Il met un beignet de crevettes frit dans mon assiette pour faire la paix. C'est mieux comme ça.

Après avoir débarrassé la table, lavé la vaisselle, regardé la télévision et salué poliment ma mère (qui est descendue parce qu'elle nous a entendus faire du grabuge), il est temps d'éteindre toutes les lumières et de monter. Je fronce les sourcils en le regardant monter les escaliers devant moi. Je ne peux pas m'empêcher de me demander la raison de sa présence ici ce soir.

On entre tous les deux dans ma chambre et on allume les lumières, le climatiseur, la télévision et l'ordinateur. (En gros, on a tout allumé.) Je jette un coup d'œil furtif à Phun qui se tient près de la bibliothèque alors qu'il regarde le nouveau manga que j'ai acheté. Phun est venu ici en portant un t-shirt et une paire de tongs. Malgré le fait qu'il soit toujours en short d'école, il est évidemment rentré chez lui avant de venir ici. Si j'inclus les piqûres de moustiques rouges sur lui, cela doit signifier qu'il est resté assis dehors à m'attendre bien plus longtemps qu'il ne l'a laissé entendre. J'observe attentivement le grand manitou qui lit le manga. Je me demande si quelque chose s'est encore passé chez lui.

— Phun…

J'appelle doucement son nom. Il tressaille comme s'il était perdu dans ses propres pensées pendant tout ce temps. Ma curiosité s'intensifie alors qu'il tourne lentement la tête pour me répondre.

— Oui ?

— Tu passes la nuit ici ?

Phun ne bouge pas quand je lui pose la question. Puis, ses lèvres se recourbent lentement en un sourire.

— Je ne peux pas ?

Soupir. Il sait très bien que la question n'est pas de savoir s'il peut ou non. Je le gronde du regard, mais il sourit toujours.

— Tu as prévenu tes parents que tu venais ici ?

Phun éclate de rire quand il entend ma question. Qu'est-ce qui est si drôle ?

Phun a un grand sourire sur le visage lorsqu'il remet le manga sur l'étagère.

— Pourquoi ? Tu pensais que je me suis enfui de chez moi ?

— Et tu l'as fait ?

— Je ne l'ai pas fait ! J'ai déjà dit à ma mère que je passe la nuit chez toi.

Je ne peux qu'espérer que c'est vrai. Je croise les bras, je me sens assez méfiant. Il en profite pour s'approcher et se met debout près de moi.

— Pour qui tu me prends ?

— C'est un peu difficile de te cerner ces derniers temps.

Phun se met à rire de ma franchise. (Heh, j'essaie juste d'être honnête.) Je le regarde rire les yeux fermés avant qu'il ne se penche et mette ses mains sur le bureau derrière moi. Je suis maintenant coincé entre lui et le bureau.

Son visage souriant se rapproche, son nez touche presque le mien.

— Tu m'as manqué, alors je suis venu te voir, en quoi est-ce si difficile à comprendre ? dit-il en m'embrassant sur la joue.

Le secrétaire du conseil des étudiants me prend dans ses bras et me serre fort alors que je m'apprête à ouvrir la bouche pour jurer contre lui.

— Viens ici. Tu m'as tellement manqué.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? On s'est vus plus tôt dans la journée.

Tu sais, quand tu m'as forcé à aller camper avec toi ? Je débat et je peux sentir les respirations chaudes de Phun sur mon épaule.

— Eh bien... je veux juste être près de toi tout le temps.

Il est mignon, mais il se passe quelque chose. Je lui rends son souffle avec le mien. J'enroule mes bras autour du grand type qui me tient dans ses bras.

— Est-ce que tout va bien ? Peu importe ce que c'est, tu peux m'en parler.

Au lieu d'une réponse, il resserre son étreinte. Phun me pose alors une question.

— Noh...

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Est-ce que tu m'aimes ?

Ehhh ? Pourquoi il me demande ça ?! Je dois admettre que je suis stupéfait pendant un long moment parce que je ne m'attendais pas à une telle question. Normalement, je l'aurais frappé à la tête ou lui aurais donné une réponse odieuse, mais cette fois-ci... je sens que quelque chose ne va pas et je ne peux pas expliquer pourquoi.

— Po...pourquoi ?

Phun ne répond pas et répète sa question.

— Est-ce que tu m'aimes...?

Cela ne fait que me faire réaliser encore plus combien la personne qui est devant moi se sent vulnérable.

— Bien sûr que je t'aime. Beaucoup même.

Je décide d'être honnête avec lui et de le serrer encore plus fort dans mes bras. Nous restons comme ça pendant un petit moment, et personnellement, je suis plus qu'heureux d'offrir mon étreinte à Phun. Aussi longtemps qu'il en aura besoin. Aussi longtemps que je peux le faire se sentir mieux.

L'horloge continue de faire tic tac, c'est la seule chose qui brise le silence dans cette chambre. Après un certain temps, Phun est enfin prêt à poursuivre la conversation.

— Tu veux savoir quelque chose...?

Il commence à parler de sa voix grave, mais ses bras restent étroitement enroulés autour de moi.

— Juste savoir que tu m'aimes... Je sais ce que je dois faire à partir de maintenant.

Faire quoi exactement...?

— Faire quoi exactement ?

Mes lèvres bougent plus vite que mes pensées. Phun glousse doucement et intensément.

Il me caresse doucement le dos et je peux sentir la chaleur de sa paume, cette paume que j'aime beaucoup.

— Eh bien... je t'aimerai beaucoup, beaucoup, beaucoup et je ne te laisserai jamais me fuir. Qu'en penses-tu ?

Heh heh.

— Donc tu dis que si je ne t'aimais pas, tu ne m'aimerais pas et tu me dirais de partir loin alors ?

Parce qu'alors tu l'obtiendras de moi, c'est sûr. Phun rit un peu plus avant d'embrasser mon front.

— Je ne voudrais toujours pas te laisser partir, haha.

Alors pourquoi parler de tout ça...? Je ne peux pas m'empêcher de lui taper légèrement la tête.

Il ricane un peu en continuant à me serrer dans ses bras. Au bout d'un moment, il me lâche. Je fixe son visage aiguisé. Il sourit, mais ses yeux sont étrangement voilés. Ils ne sont pas aussi brillants et joyeux qu'ils le sont normalement.

Je commence à comprendre pourquoi Phun est venu ici ce soir et pourquoi il m'a posé cette question.

— Je vais sous la douche.

Le grand idiot rompt le silence tout en étirant son corps. Il attrape la serviette qu'il utilise habituellement et la jette par-dessus son épaule.

— Je t'attendais depuis un moment, je suis tout transpirant et collant. Tu veux te joindre à moi ?

Heh heh, alors il admet finalement qu'il m'attendait depuis longtemps. Pfft, pourquoi s'embêter avec cette comédie pour commencer ?

Je secoue la tête et je m'assois sur la chaise de mon bureau d'ordinateur pour vérifier si j'ai reçu des messages.

— Vas-y, je dois d'abord répondre à mes fans. Ils m'ont envoyé un tas de messages, merde.

Je suppose que je n'ai pas l'air tellement crédible parce que Phun colle sa tête à l'écran pour vérifier par lui-même. Un tas de fenêtres MSN sont apparues. Elles viennent toutes de mes amis, de mes camarades junior de classe, de mes camarades senior de classe et de filles que je connais (en quelque sorte). Ils disent tous bonjour dans un long défilé. (Quand j'allume l'ordinateur, MSN se connecte automatiquement, je ne peux rien y faire.) Il glousse pour lui-même et me tapote légèrement la tête avant d'enlever sa montre en argent et de la laisser sur le bureau.

— Ok, viens me rejoindre quand tu auras fini. Je vais prendre un bon bain en t'attendant, heh heh.

Maintenant, tu considères ma maison comme un spa. Tu veux un massage à l'huile aussi après ? Je lui fais signe de partir et lui dis d'aller prendre sa douche. Je commence à taper une réponse au premier message de Ohm. (Il me demande à nouveau de lui envoyer une vidéo.)



Phun part prendre sa douche et je dois avouer que je ne peux pas vraiment me concentrer sur le travail avec l'ordinateur. Cela est principalement dû au fait que Phun a l'air triste et je ne sais pas s'il a parlé à son père après la dispute qu'ils ont eue hier soir. Je ne sais même pas si l'un d'entre eux est au courant de la véritable nature de ma relation avec Phun. Je ne sais rien d'autre que le fait que je ne veux pas le voir comme ça. J'aime voir de la joie dans ses yeux. J'aime quand il devient intelligent avec moi. Je ne peux pas rester assis et le regarder se transformer devant mes yeux.

Cependant, je ne sais pas comment je peux lui faire garder le sourire à ce stade.



♪ Un autre chagrin d'amour)

Je n'arrive pas à croire que Paew m'ait fait ça

L'esprit d'une femme ne connaît jamais la stabilité

Et maintenant, je dépends d'une bouteille de gin ♪



Euh, il n'y a pas lieu de paniquer. C'est juste la nouvelle sonnerie qu'Ohm m'a imposée l'autre jour. (Je ne sais pas qui diable est Paew.) Donc maintenant, Ohm et moi partageons la même sonnerie et chaque fois qu'un téléphone sonne, nous prenons chacun notre téléphone car nous ne savons pas lequel sonne vraiment. Mais... ce n'est pas la question. (Alors pourquoi ai-je passé tant de temps à raconter cette histoire ?) Je devrais plutôt vérifier qui m'appelle.

Je ne reconnais pas ce numéro. Qui est-ce ? Néanmoins, je réponds au cas où une agence de mannequins m'appellerait pour m'engager à faire un défilé. (Ne crachez pas sur votre écran d'ordinateur, vous pourriez vous faire électrocuter.) Hahaha, je plaisante. Je réponds au cas où ce serait l'un des membres du club dont je n'aurais pas eu la chance d'ajouter le numéro à ma liste de contacts et qu'il y aurait peut-être une urgence.

— Allo.

Je suis seulement poli parce que je ne reconnais pas le numéro. J'espère juste que ce n'est pas ce salaud de Per qui m'appelle. Je devrais alors lui botter le cul comme les autres fois. (Il adore m'appeler d'un numéro inconnu et prétendre être un vendeur d'assurances. Il a beaucoup trop de temps libre).

— Est-ce que c'est Nong Noh ?

Mais ce n'est pas ce salaud de Per. C'est en fait la mère de Phun ! Je sursaute immédiatement et je m'éloigne du bureau.

— C'est exact.

Je lui réponds. Mon cœur palpite dans ma poitrine. Même si sa voix est toujours aussi gentille, je ne peux pas m'empêcher de paniquer un peu parce que son fils est là, en train de prendre une douche et qu'il a l'intention de dormir chez moi. C'est une étrange sensation de doute que je ne peux pas mettre en mots.

— Nong Phun va-t-il passer la nuit chez toi ce soir, mon cher ?

Oh, merde. Qu'est-ce que je lui réponds ?! Je regarde la porte de la salle de bain (qui est légèrement entrouverte) avec une sensation de lourdeur en moi. Phun m'a dit qu'il ne s'était pas enfui de chez lui et que je devais le croire.

— Oui, il est là. Il est sous la douche en ce moment même. Je vais le chercher, maman ? demandé-je en allant vers la salle de bain pour appeler le morveux et faire le point, mais sa mère refuse.

— C'est bon, Nong Noh. J'appelle seulement pour vérifier s'il était bien là. Il m'a dit qu'il allait dormir chez toi, mais j'avais peur que...

— Phun n'est pas ce genre de personne, maman.

Je sais très bien qu'il est incroyablement impoli d'interrompre un adulte, mais j'ai ressenti le besoin de le rappeler à la femme avec qui je parle. Le Phun que nous connaissons tous les deux (et elle le connaît cent fois mieux que moi) n'est pas un fauteur de troubles comme elle le redoute. Il vient de prouver que, peu importe le niveau de stress dans une situation donnée, il reste quelqu'un en qui vous pouvez avoir entièrement confiance.

Il y a un petit soupir venant de l'autre côté de la ligne.

— Tu as raison. Je m'inquiète probablement pour rien. Merci, mon cher.

— Et je suis désolé d'avoir été impoli, maman.

Maintenant que j'y pense, un étranger comme moi n'aurait pas dû dire une telle chose.

Un petit gloussement se fait entendre de l'autre bout de la ligne comme si elle voulait me mettre à l'aise.

— C'est bon, mon cher. C'est moi qui devrais te remercier. Comment ai-je pu oublier que mon fils est un très bon garçon.

Exactement. J'aimerais que Phun soit là pour entendre ce qu'elle a à dire.

Nous nous taisons un moment avant que je ne rompe le silence entre nous, probablement parce qu'il y a encore quelque chose qui me tracasse.

— Il s'est encore passé quelque chose, maman ?

— Oui…

Sa réponse est pleine de préoccupations.

— Pour être honnête, je pense que si ce n'est pas dans la capacité de Phun de parler, alors il devrait juste être honnête et le dire à son père. Ainsi, tout cela pourra être terminé. Je ne vois vraiment pas en quoi tout cela est difficile ou va causer un grand préjudice. Alors, pourquoi est-ce que Nong Phun ne veut pas parler de tout cela ?

— …

Je ne sais pas quoi lui répondre car je sais, sans aucun doute, pourquoi Phun ne peut pas en parler à son père.

— Si tu en as l'occasion, peux-tu lui parler, mon cher ? Je sais qu'il est têtu et qu'il n'est pas d'accord avec son père et moi, donc je pense que tu as plus de chance de le comprendre que nous. Je vais devoir te laisser faire.

— Bien sûr, réponds-je par un gros mensonge.

Je sais que je ne peux pas faire ce qu'elle me demande, mais je lui donne ma parole.

La tonalité de coupure continue de retentir depuis le téléphone que j'ai à l'oreille. Le plus étrange, c'est que je n'entends rien du tout.

Mon cerveau est vide. Il n'y a que de la confusion qui tourne dans ma pensée et elle refuse de partir.



Entre dire la vérité et faire face à la perspective de notre rupture, ou garder tout pour nous et laisser ces incertitudes nous ronger peu à peu.

Honnêtement, je ne sais pas quel chemin Phun va décider de prendre.


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:19



58ème Chaos
L’arrivée de la peur
♪ Ne sous-estime pas la puissance des pilules de régime.

On aimerait mettre les choses au clair, on a le regard qui tue. ♪



Bon sang, pourquoi mon téléphone me réveille-t-il si tôt ?! Je me gratte la tête de toutes mes forces en tentant d'attraper mon téléphone pour couper le chant de Ploy Horwang. J'ai à peine dormi plus de trois heures. (J'ai choisi cette chanson comme réveil afin de me réveiller de bonne humeur quand j'entends sa voix. Hehe.)

Quand le son de l'alarme se calme, je peux sentir le gars à côté de moi qui commence à bouger. Je me tourne pour regarder Phun dont les yeux sont encore fermés. Et ainsi, je fais l'erreur d'être trop imprudent.

Qui aurait cru que ce connard, qui semblait être dans un profond sommeil, en profiterait pour m'entourer de ses bras de pieuvre et me serrer dans ses bras ! Argh, qu'est-ce qui t'arrive ?! On dormait chacun de notre côté du lit tout à l'heure, mais maintenant...

… c'est mille fois mieux.

Je souris à moi-même parce que je ne pensais pas qu'il allait me prendre dans ses bras au début. (Nous avons joué aux jeux vidéo jusqu'à 3 heures du matin et une fois que notre tête a touché les oreillers, on s'est tous les deux écroulés. On n'a pas eu le temps de se faire un câlin, on avait trop sommeil). Je tends les bras pour le câliner en retour. Ma tête est pressée contre sa large poitrine. Elle me paraît plus large à chaque fois que je suis avec lui.

Encore cinq minutes, P'Ploy. Je dis à moi-même (et à P'Ploy Horwang) en silence. Cependant...

— Putain ! Qu'est-ce que tu fais ?!

La main de ce crétin commence à bouger. Je la claque une fois en guise de punition parce que je n'ai pas donné la permission à son propriétaire de faire ce qu'il veut.

— Allez... juste un peu ? On a passé toute la nuit à jouer à des jeux. Allez ? S'il te plaît ?

Ne commence pas à supplier. Qui t'a dit de jouer aux jeux vidéo toute la nuit ? (Oh… moi.) Mais peu importe, c'est le matin maintenant ! C'est différent !

Je me suis démené pour découvrir qu'essayer de gagner contre Phun Phumipat est plus difficile que je ne le pensais. Pendant que je saisis une de ses mains, l'autre continue rapidement là où sa jumelle s'est arrêtée. Argh, où as-tu appris ces mouvements ?! Je verrouille immédiatement mon autre main libre sur la sienne. Maintenant que ses deux mains ont été prises, ses lèvres commencent à se déplacer à la place.

— Mm…

Je bascule ma tête pour éviter ses lèvres pulpeuses alors qu'il les déplace de mon front vers mon oreille. Quel renard rusé. Ce type connaît presque tous mes points faibles. (Mais seulement presque.) Phun laisse échapper une bouffée d'air comme le ferait quelqu'un qui essaie d'étouffer un rire. Il peut probablement voir à quel point mon visage est rouge lorsqu'il commence à mordre lentement et doucement mon oreille avec ses lèvres oranges.

— Vas-tu bien te comporter ou dois-je t'obliger à le faire ?

Hm ? Bon sang... Il utilise des menaces actuellement ? Je regarde le beau gosse qui semble trop énergique vu l'heure qu'il est. Je lui lance un regard qui est un mélange de colère et d'irritation.

— Tu crois vraiment que tu peux ?

Bien sûr, il faut combattre le feu par le feu, non ? Pourtant, la personne qui écoute ma menace rit. Il parle sur un ton si détendu que j'en suis terrifié.

— Je suppose qu'il faudra le découvrir, n'est-ce pas ?

Et avant que je ne puisse comprendre ce que Phun dit, son visage séduisant se rapproche et offre la douceur de ses lèvres aux miennes. Je garde mes lèvres bien fermées et refuse de le laisser entrer si facilement. Mais en faisant cela, je me déconcentre et il se trouve que je lâche ses mains. Phun en profite pour glisser sa main libérée sous mon débardeur.

Mon corps tremble tout de suite. Les doigts chauds de Phun ont toujours suscité chez moi un sentiment nouveau et excitant. C'est un sentiment difficile à expliquer. C'est mystérieux et énigmatique. J'ai souvent changé de vêtements en classe. J'ai eu des amis qui me taquinaient. Mais ces contacts physiques n'ont jamais rien signifié. Phun est le seul à pouvoir m'exciter avec son toucher.

Ah... tu es dans le pétrin, Noh. Je pense à moi alors que Phun continue de presser ses lèvres contre les miennes. J'ai l'impression qu'il ne va pas s'arrêter de sitôt. Il me taquine doucement avec ses doigts chauds. Bien, tu peux faire ce que tu veux. Je cède. Je laisse sa langue entrer sans me battre, quelque chose remue en moi.

Nos langues s'entremêlent, il est difficile de dire qui dirige qui. Je sais seulement que Phun tire lentement sur mon débardeur avec sa paume chaude. Il passe sa main sur ma poitrine et une étrange sensation me parcourt.

— Est-ce qu'on fait vraiment ça, Phun...? chuchoté-je au gars qui est maintenant sur moi. Je n'ai aucune idée de quand cela s'est produit. (Vraiment, quand est-ce arrivé ?!) Même si je dis à Phun que je ne veux pas ça, il ne me croira jamais sur la base du ton de ma voix.

Ses lèvres pulpeuses déplacent leur attention de mes lèvres vers ma joue.

— Comme si j'avais déjà plaisanté à ce sujet.

C'est sa réponse ? J'ai à peine le temps de m'allonger et de réfléchir quand mon esprit se vide complètement pendant que Phun se frotte tranquillement son nez contre mon cou. Je peux sentir ses respirations et elles me rendent fou.

— Qu...quelle heure est-il ?

J'essaie de le distraire en lui demandant l'heure, mais il ne semble pas s'en soucier du tout.

— Je ne sais pas.

Il me balaye de sa voix grave alors qu'il continue à embrasser mon cou et traîne sa langue jusqu'à ma poitrine.

— On va être en retard...

— Je m'en fiche.

Argh, qu'est-ce qu'il a ce type ? Je commence à avoir chaud partout et si je laisse faire ça, on va certainement rester ici pendant un long moment, comme il le veut.

Alors que Phun déplace sa main vers le bord de mon boxer, je suis sauvé par le gong. Bingo !



♪ Je pourrais être marron, je pourrais être bleu, je pourrais être un ciel violet ♪



Réponds à ton foutu téléphone !

— Phun, ton téléphone sonne.

— Et alors ?

Et si vous pensez que quelqu'un comme Phun Phumipat s'éloignerait pour répondre à l'appel, alors vous vous trompez lourdement.

J'essaie de me détourner de sa main malicieuse. Elle s'attarde encore sur le bord de mon caleçon comme s'il voulait me taquiner.



♪ Je pourrais être blessant, je pourrais être violet, je pourrais être tout ce que tu veux. ♪



— Tu ne vas vraiment pas répondre ?

— Ce n'est pas quelque chose que je veux faire maintenant.

Alors qu'est-ce que tu veux faire... Je demande en silence, même si je connais déjà la réponse. Je pousse un grand cri quand ce morveux enfonce ses dents dans ma poitrine.

— Tu crois que tu es un chiot ou quoi ?!

Il m'a mordu ! Je lui crie dessus et lui donne un coup sur la tête une fois. Phun rit de bon cœur avant de lever les yeux vers moi.

— Je n'ai pas pu m'empêcher…

Et écoutez ce qu'il dit. Sérieusement ? Ça n'aide pas. Je secoue la tête avec un sourire. Phun ne me quitte pas des yeux.

— Tu n'es pas d'humeur ? Je peux arrêter. Je ne veux pas te forcer à faire ça, Noh.

Euh... comment dois-je lui répondre ? Je veux dire, je veux vraiment que...

— Je le veux, mais...



♪ Je dois être vert, je dois être méchant, je dois être tout ce qu'il y a de plus… ♪



Je regarde son Nokia N81 qui continue à sonner, sans aucun signe d'arrêt, et je me rends.

— Réponds. Il est encore tôt, c'est peut-être une urgence.

— Et si ce n'est pas le cas ?

Ah… que veut-il dire par là ? Je le regarde dans les yeux qui sont pleins d'espoir. D'un autre côté, je ressens une certaine appréhension.

— Alors... nous pourrons continuer notre discussion... après.

Il semble que Phun soit assez satisfait de ma réponse. Une fois que je vois son expression lumineuse, comme s'il était l'enfant le plus heureux du monde, je me rends compte que je ne veux rien manquer de tout cela. Il me donne un gros baiser sur la joue avant de me rouler dessus et d'attraper son téléphone portable qui continue de hurler si fort.



♪ Pourquoi ne m'aimes-tu pas ? Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Pourquoi tu ne passes pas la porte ? ♪



Bip.

— Allo ? Oui, je suis debout. Pas encore, pourquoi ? Je pense que je vais être un peu en retard ce matin. Pourquoi ? Attends, mais tu as tes propres clés, pourquoi tu veux les miennes ? T'es vraiment un idiot. Pourquoi tu dois être là si tôt de toute façon ? D'accord, d'accord, je serai là. J'ai dit que j'y serais. Ouais, ouais. À plus tard.

Clic.

Hé hé hé. Je peux dire ce qui s'est passé dans cette conversation. Donc, c'était un appel important après tout. Je souris à Phun et il fronce les sourcils en terminant son appel.

— Eh bien, alors. On reprend là où on s'est arrêtés ?

J'ai le culot de lui demander et de l'embêter parce que je sais que j'ai toutes les cartes en main.

Mais une autre erreur a été commise ! Le type qui vient de raccrocher se tourne vers moi avec un sourire diabolique.

— Nous allons le faire.

Il se jette soudainement sur moi. Tu es un tigre ou quoi ?! C'est tellement effrayant ! Je me réduis à une petite boule quand je le vois agir comme un tigre qui est sur le point de dévorer un bébé cerf.

Le grand nez de Phun continue à frotter contre ma joue, puis il me picore doucement sur les lèvres.

— ... Je plaisante ! Je dois vraiment y aller. Ce foutu Fi a laissé les clés du bureau du conseil des étudiants chez lui.

Ahahaha ! C'est si satisfaisant à entendre ! Je ris accidentellement, ce qui fait que le sourire de Phun se transforme en froncement de sourcils. Il me frappe sur la tête une fois. (Ah, c'est trop tôt pour ça !)

— Prends ça ! Alors je suppose que tu ne voulais vraiment pas le faire avec moi, hein ?

Hé, hé. Maintenant, il va encore m'en vouloir. Je secoue immédiatement la tête pour nier l'accusation.

— Ce n'est pas que... C'est le matin et je ne veux pas qu'on soit en retard à l'école.

Je suis sérieux. J'explique la situation et Phun vérifie l'horloge. Il est bientôt 7 heures.

— J'aurai besoin de quelque chose pour me retenir.

Tu ne veux toujours pas abandonner ?! Je fronce les sourcils, mais je suis encore plus lent que Phun qui se penche et me vole un gros baiser sur la joue.

— Ça fera l'affaire. Viens, on va prendre une douche ou on va être en retard !

Oh, alors maintenant tu me presses ?!

Je soupire en riant tout seul quand il me traîne par le poignet jusqu'à la salle de bain.

Et maintenant, on est pressés comme je l'avais prévu.

Je cours dans les escaliers tout en mettant ma montre, qui indique qu'il est plus de 7 heures du matin, à mon poignet.

— Est-ce qu'on est en retard ?!

On est morts si on est coincés dans les bouchons !

Cependant, Phun laisse échapper un rire détendu.

— Si on est en retard, alors on est en retard. On n'y peut rien.

C'est facile à dire pour toi. Tu es le secrétaire du conseil des étudiants. Tu es le préféré de tout le monde, alors ça n'a pas d'importance pour toi. Mais moi ? Je suis foutu si je suis encore en retard à l'école !

Argh, je suis sur le point de m'effondrer ici et maintenant en pensant à comment je vais devoir faire cinquante squats (sans compter ceux que je vais devoir recommencer parce que je vais tout foutre en l'air d'une manière ou d'une autre). Mais si je le rate maintenant, alors je devrai définitivement faire ces squats. Je me dis que je dois me bouger le cul et me dépêcher d'aller dans la cuisine pour attraper les sandwichs que P'Ann nous a préparés.

— On s'en va maintenant !

— Bonne chance, Nong Noh, Nong Phun !

P'Ann et P'Im crient derrière nous alors que l'on quitte précipitamment la maison.

— Quand dois-tu rencontrer Fi pour lui donner les clés ?

Je me retourne pour demander à Phun alors que je tiens toujours un sandwich avec ma bouche en enfonçant ma chemise dans mon short.

— Je ne sais pas. Mais qui s'en soucie ? C'est de sa faute pour avoir oublié de toute façon.

Comme c'est gentil de ta part. Un de ces jours, je vais montrer à quel point il peut être mauvais à tous les élèves de l'école. Ils seront tellement surpris d'apprendre que Phun Phumipat est secrètement un connard parfois.

Je retrouve le sens de l'humour dans son attitude insouciante actuelle et je me sens beaucoup mieux. Le gars à côté de moi fredonne pendant que nous nous rendons à l'école comme s'il y avait deux cents minutes dans une heure. D'accord, s'il n'est pas pressé, alors moi non plus.

Donc maintenant, on prend notre temps pour aller à l'école. On discute et on joue. On se rappelle aussi de faire nos provisions à mon étal habituel de beignets frits situé au bout de la rue. Ils sont croustillants à l'extérieur et moelleux à l'intérieur. Je me fiche que les gens disent que manger ces beignets fait grossir parce que c'est huileux. Ils me rendent heureux. (Je n'en mange qu'un seul le matin ! Je me contrôle un peu !)

Bientôt, le bus rouge que nous attendions arrive et il est plus que bondé. Ah, est-ce qu'on va y arriver ? Rien ne va plus. Nous n'avons pas d'autre choix que de prendre celui-ci, car nous devons supposer qu'il y aura du trafic. (C'est la vie quand on vit au milieu de cette ville.) Sachant cela, Phun et moi montons lentement les marches avec beaucoup de difficulté car on a peur de rester coincés entre les portes. Une fois à l'intérieur, nous devons encore traverser une foule de gens. Se tenir près des portes n'est pas vraiment une chose intelligente, compte tenu du fait que l'on peut tomber accidentellement vers la mort sans s'en rendre compte.

Nous avons été serrés l'un contre l'autre dans le bus, avant d'enfin arriver à la gare du Skytrain. Finalement, la liberté ! Il n'y a pas trop de monde dans le train aujourd'hui. Il y a de la place pour se tenir confortablement. Cependant, quand j'ai l'occasion de regarder autour de moi dans le wagon, je remarque que certains étudiants dont je ne reconnais pas l'uniforme se mêlent à la foule habituelle. (Normalement, il y aurait des étudiants de mon école, les filles du lycée privé voisin et quelques employés de bureau du quartier). En jetant un coup d'œil autour de moi et en essayant d'étouffer ma curiosité, j'obtiens ma réponse lorsque le train arrive à destination.

Il y a de nombreux élèves de différentes écoles qui font la queue pour entrer dans mon école.

— Il y a un événement aujourd'hui ? demandé-je à Phun tout en me sentant un peu étourdi. Je ne suis pas au courant de manifestations spéciales que mon école pourrait organiser aujourd'hui. Le beau gosse lève les sourcils comme si je venais de demander quelque chose que tout le monde sait.

— Il y a ce concours national d'économie au lycée aujourd'hui. Il a lieu dans la salle de conférence au 9ème étage.

Oh… c'est vrai. Je lance un regard confus à Phun. Ce n'est pas si surprenant que je n'en aie pas entendu parler. Je veux dire, ils vont répondre à des questions sur l'économie. S'il y a un concert ou quelque chose comme ça, je serais au courant des semestres en avance, haha. (C'est un peu exagéré cependant.) En parlant des élèves des autres écoles, je remarque qu'il y a beaucoup de filles assises en groupes partout, de la porte d'entrée au nouveau bâtiment.

— Elles sont très mignonnes…

Je ne peux pas m'empêcher de le dire tout haut quand je vois les filles en jupes rouges d'une école pour filles près d'Asoke. Elles sont assises par terre et s'aident mutuellement à étudier. Je n'ai pas le temps de rêver longtemps avant qu'un ton de voix grave ne m'interrompe.

— N'y pense même pas.

Merde, je ne peux même pas faire ça ?! Je fronce les sourcils vers Phun alors qu'il est sur le point de devenir malin avec moi. Mais avant de pouvoir échanger un mot, on est interrompus par la voix paniquée de ce salaud de Fi.

— Phun, espèce de connard ! Je t'ai dit de te dépêcher et c'est ton idée de la précipitation ?! Toute la paperasse est là-dedans !

Non seulement il fait une grande scène, mais il lui saute dessus et met sa main dans la poche du short de Phun également ! (C'est comme s'il savait où Phun garde les clés.) Je ris en regardant Phun tressaillir parce qu'il est pris au dépourvu avec Fi qui lui colle la main en bas.

— Ne fais pas ça ! Elles ne sont pas lààààààààà ! Ahahaha !

Phun rit fort (parce qu'il est très chatouilleux si vous touchez le haut de ses cuisses. Je suis bien conscient de cela, heh heh). Phun essaie de repousser le président du conseil des étudiants pour éviter une catastrophe majeure.

— Alors où sont-elles ?! Donne-les moiiiiii !

Fi refuse de se rendre, il insiste pour chercher lui-même les clés. Il met sa main dans toutes les poches de Phun comme si sa vie en dépendait. (Mais je pense qu'il ne fait que s'amuser avec Phun.) Une petite guerre éclate entre le président du conseil des étudiants et son secrétaire. Les filles assises à côté commencent à leur lancer des regards bizarres.

Qu'en est-il de vos réputations ?...

Je glousse pendant que Phun crie à l'aide. (Continue de rêver, je ne suis pas un saint. Heh heh.) Après un petit moment, on entend une voix enjouée que je ne reconnais pas.

— Oh ! Phun !

— Pam ?

Hein ? C'est qui, elle ? Je ne reconnais pas la fille qui est devant nous. Mais je reconnais l'uniforme qu'elle porte. Il vient de l'une des meilleures écoles de la ville. Ils n'ont pas d'initiales cousues sur leur uniforme, à la place ils portent seulement le badge de leur école. Elle est assez mignonne aussi, assez mignonne pour que Fi arrête d'attaquer Phun immédiatement.

Phun en profite pour s'éloigner de Fi et sort les clés du bureau du conseil étudiant de son sac d'école. Il les lui remet en ayant l'air un peu irrité.

— Prends-les ! Et dégage d'ici, bon sang.

Haha, je suppose qu'il est contrarié que Fi l'ait harcelé.

Je fais signe à Fi qui a une expression moqueuse sur le visage. Néanmoins, il retourne en courant vers le bâtiment sans rien dire d'autre. Phun tourne son attention vers la fille qui vient de nous rejoindre.

— Alors, que fais-tu ici, Pam ? Tu participes au concours ?

De toute façon, qui est-elle ?

Je me tiens à proximité avec un air perplexe. Je regarde les deux personnes poursuivre la conversation. Phun a un large sourire et je m'approche pour me tenir à côté de lui.

— Bien sûr, et toi ? Tu es un représentant de ton école, Phun ?

Phun semble assez détendu. Je ne détecte aucun signe d'émotion négative venant de lui.

— Non, je ne suis pas vraiment en compétition avec quelqu'un.

Tout ce que je peux faire, c'est regarder comment Phun est amical avec cette personne, donc je suppose qu'ils doivent être amis. Ils doivent être proches aussi, je parie. C'est juste que je ne l'ai jamais rencontrée avant.

Et lentement, je commence à me sentir comme la troisième roue du carrosse.

— Ah, quel soulagement alors. Je n'aurai pas à t'affronter. J'aurais certainement soumis mon désistement si tu étais aussi en compétition. Hehe.

— Tu exagères complètement maintenant, hahaha.

Hm...

— Tu sais où c'est, Pam ?

— La salle de conférence au 9ème étage, c'est tout ce que je sais. En fait, je ne sais pas comment y aller. Mes amis et moi sommes actuellement perdus.

— Je vois, je peux vous y emmener. C'est le même bâtiment que ma salle de classe.

— Vraiment ?!

Pourquoi je me suis embêté à marcher à côté de lui de toute façon...?

Phun continue de discuter avec Pam avec sa voix grave et familière que je ne connais que trop bien. C'est la première fois que je rencontre son amie et ils parlent sans arrêt alors que nous nous dirigeons ensemble vers l'intérieur du bâtiment. Je n'arrive même pas à trouver une accalmie dans la conversation pour intercaler quoi que ce soit.

Nous arrivons tous les trois à l'ascenseur. Il y a plusieurs élèves de cette école et d'autres qui attendent ici aussi. Après un petit moment, les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

Nous laissons les personnes qui étaient ici en premier entrer lentement dans l'ascenseur avant nous. Mais la chance est de notre côté, car il reste encore un peu de place pour nous trois. Naturellement, Phun est poli et laisse Pam entrer la première. Ensuite, Phun et moi entrons ensemble.

Bip.

Surcharge. Mais ce matin, je n'ai mangé qu'un sandwich et un beignet !

Je m'arrête et je fixe Phun. Nous hésitons un peu car nous sommes les deux derniers à être entrés dans l'ascenseur et voilà que l'alarme sonne.

Phun me touche légèrement l'épaule et parle doucement.

— Je vais sortir.

Mais alors Pam proteste de sa voix enjouée.

— Awww.

À ce stade, je ne peux rien faire d'autre que...

Je me porte volontaire pour sortir de l'ascenseur et repousser Phun pour qu'il prenne ma place.

— Hey ? crie-t-il en signe de protestation.

— Tu devais aller déposer Pam. Elle ne sait pas où se trouve la salle de conférence.

Je suis honnête. Je ne dis pas ça pour le contrarier ou quelque chose comme ça.

Phun me regarde puis passe à Pam alors qu'il prend une seconde pour réfléchir à ce qui semble être une décision majeure pour lui. Puis, il laisse échapper un long soupir.

— Je te rejoins dans ta classe après ? À plus tard.

— Pas de problème…

Je lui donne une courte réponse et les portes de l'ascenseur se ferment. Je pousse un soupir encore plus long.

— Yo, Noh ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Viens, on va jouer au foot !

Hein ? Une fois les portes de l'ascenseur fermées, je vois Dong descendre les escaliers avec un ballon de foot à la main. Génial ! Je me retourne pour voir mon énorme groupe d'amis faire tellement de bruit que les filles du coin sont effrayées. (Haha, c'est comme ça dans une école de garçons. On est vulgaires et grossiers, il faut juste nous supporter). Super, maintenant je vais avoir quelque chose à faire pour me changer les idées.

Je jette un dernier coup d'œil aux portes fermées de l'ascenseur avant de décider de sortir en courant pour rejoindre mes amis.



Pourquoi diable fait-il si chaud aujourd'hui ?

Je pense que je me sens très grognon. Je suis dans mon cours de maths et le professeur marmonne quelque chose pendant qu'il écrit sur le tableau blanc. Je suppose que cela a un rapport avec le fait que je me suis retrouvé coincé dans un bus bondé ce matin, et que j'ai dû jouer au foot avant que l'école ne commence aussi. Je suis tout en sueur et trempé. J'ai l'impression que le climatiseur de cette pièce n'est même pas allumé. Mais qu'est-ce qui se passe ? Il fait une centaine de degrés aujourd'hui ou quoi ?! À quoi bon dépenser autant d'argent pour les frais de scolarité si l'école ne peut même pas se permettre d'installer de meilleurs climatiseurs ?!

— Mais qu'est-ce qui se passe maintenant ?

Comme prévu, Ohm est le premier à remarquer que je suis de mauvaise humeur. Il utilise son pied pour me donner un coup de pied sous les bureaux alors qu'il joue secrètement à un jeu sur sa Nintendo DS.

— Il fait chaud. Tu n'as pas chaud ? répond-je en chuchotant, mais il hausse les épaules.

— Non, il gèle vraiment ici.

— Putain, c'est quoi ce bordel ? J'ai l'impression qu'il fait cent degrés ici.

Il a dû perdre la tête. Cet endroit est un putain de sauna. Je me dis pendant qu'Ohm met son jeu en pause.

— Cent degrés ? Quoi ? Tout ce que j'ai remarqué jusqu'à présent, c'est que tu avais l'air énervé pendant tout le cours.

Oh, vraiment...?

Je me gratte la tête en jetant un coup d'œil dans la pièce. Tous mes camarades de classe semblent aller très bien. Il n'y a rien d'extraordinaire chez eux. (Pong est discrètement en train de grignoter quelque chose. Palm fait une sieste. Keng se dispute avec le professeur sur le fait que la réponse au tableau est incorrecte. Dong passe des notes à Ken. Rodkeng et Em jouent en cachette à leur PSP).

Hein ? Donc je suis le seul ici qui pense que ça fait chaud ?

— Tu as chaud et ça te dérange, d'accord. On dirait que tu t'es disputé avec ton petit ami.

Qu'est-ce qu'il raconte, ce salaud ? Je jette un regard noir à Ohm avant de tourner mon manuel à la page suivante.

— Yep. Tu t'es battu avec Phun, j'en suis sûr. Qu'est-ce qui s'est passé ? Il a refusé de te le faire hier soir, mon pote ? dit Ohm en plaisantant et en me touchant le menton.

Les nerfs de ce type ! Je retire mon visage avant de lui dire silencieusement

— Va te faire foutre.

— Yo, yo, yo. Pourquoi tu m'insultes alors que je te le demande seulement parce que je m'inquiète pour toi ?

C'est ça. Je le regarde avec suspicion. C'est évident qu'il est curieux puisque je peux le voir clairement sur son visage.

— On ne s'est pas disputés.

Je nie, mais ce n'est pas parce que je cache des choses à mon ami ou que je ne lui fais pas confiance. C'est juste que je ne sais même pas quoi lui dire. Je veux dire, peut-être que je suis juste stupide à propos de tout ça. Phun est gentil avec tout le monde. On le sait tous. C'est l'une des choses que j'aime le plus chez lui. Mais pour une raison étrange, sa gentillesse a suscité ce genre de réaction de ma part aujourd'hui. Je suis vraiment bizarre.

— Yo, allez. Il t'a fait quelque chose, n'est-ce pas ? Je vais lui botter le cul.

Hé, hé, hé. Relaxe. Je glousse en frappant la tête d'Ohm une fois (pour avoir exagéré.) mais avant que je puisse faire autre chose, une voix retentissante m'interrompt.

— Napat ! Tatchakorn ! Est-ce vraiment le moment pour vous deux de plaisanter ?!

Aw, merde !



— Merde, tout est de ta faute !

— C'est toi qui as commencé à me parler !

— Non, tu faisais du bruit !

— Seulement parce que t'étais un gros malin !

— Putain de merde ! Arrêtez ça ! Tous les deux ! Allez juste trouver quelque chose à manger ! Allez !

Et Keng finit par être celui qui désamorce la dispute entre Ohm et moi. Il nous pousse à aller acheter notre déjeuner séparément.

Mais comment ne pas se plaindre de ça ? C'est à cause de cette conversation stupide qu'Ohm et moi avons eu pendant le cours de maths et qui nous a valu d'être punis en faisant cinquante pompes. (Et nous avons dû recommencer parce que nous n'étions pas synchrones.) Mon Dieu, j'ai failli mourir en essayant d'en faire cinquante. Presque tous les os de mon corps me font mal.

Je fais la queue pour le stand de curry en massant mes pauvres épaules. (Ohm est parti acheter ses nouilles épicées de l'enfer.) Je me demande encore ce que je devrais prendre alors que je continue à soigner mes épaules. (Quelque chose de bon marché et de rassasiant, y a-t-il quelque chose comme ça ?) Mais ensuite, j'entends des bruits désordonnés qui viennent de derrière moi.

— Hey, Noh ! Qu'est-ce que tu prends ?!

Oh, ces bruits viennent du groupe d'amis de Phun. Je fais signe à Joke pour lui dire bonjour. Il fait la queue derrière moi. Derrière Joke, il y a un groupe d'autres élèves de la classe 1. Ils font une longue queue comme un défilé.

— Je ne sais pas encore. Et toi ?

— Je ne sais pas non plus. Je pensais juste prendre ce que tu allais prendre, haha.

Bien, alors. On est dans le même bateau là, haha. Je glousse avec lui tout en faisant un pas en avant quand la ligne commence à bouger.

— Oh, ouais. Et pour Phun ? Où est-il ?

C'est un lapsus parce que c'est quelque chose que je ne demande pas d'habitude. J'aimerais pouvoir me gifler au moins cinq fois pour avoir posé cette question stupide. Soudain, je fais une expression d'humeur parce qu'on me rappelle ce qui s'est passé ce matin. Cependant, Joke est souriant.

— Oh, Phun ? Je doute qu'il déjeune avec nous aujourd'hui, ugh.

Hein ? Je lève les sourcils avec curiosité quand j'entends sa réponse. Nant, qui est resté silencieux tout le temps, marche sur le pied de Joke. (Nous portons des chaussures en cuir donc ça doit faire mal, sans parler de la façon dont ça va laisser une marque).

— Joke, connard. Pourquoi tu as dit ça ?

Nant gronde Joke avec un murmure qui ne fait qu'alimenter ma curiosité.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Mais tout ce que j'obtiens en retour, ce sont des regards paniqués de Joke et Nant qui secouent la tête.

— Rien.

Mais il est évident qu'il y a quelque chose. Je fais un pas de plus et décide d'être plus précis dans ma question.

— Où est Phun ?

Voyons comment ils vont s'en sortir. Joke et Nant échangent des regards inquiets l'un avec l'autre. À la fin, Joke me fait un sourire gêné et me montre un coin de la cafétéria pour que je puisse voir par moi-même.

En suivant son doigt, je vois Phun assis dans la partie la plus éloignée de la cafétéria. Il n'est pas seul. Pam est à côté de lui. Il est clair qu'ils s'amusent beaucoup à parler de quelque chose. Il y a des livres ouverts devant eux, mais aucun d'eux n'y prête attention.

Mes lèvres sont soudainement sèches.

— Hé ! Mais ce n'est pas comme ça, Noh ! Il lui donne juste des cours pour le concours, c'est tout.

Nant me donne une explication parfaitement logique, mais ces mots entrent et sortent de mes oreilles à un rythme rapide.

— Écoute, ne te méprends pas. Mon ami ne fait honnêtement rien de louche

Mm... Je me tourne pour sourire à Nant et à Joke alors qu'ils essaient de défendre leur ami. Je fais de mon mieux pour leur donner un sourire normal.

— Oui, c'est bon. Tout va bien. Je ne suis pas inquiet. Allons juste manger quelque chose, d'accord ? Tatie, je peux avoir une portion de salade de bacon épicée et un poisson sauté aux poivres noirs ?

Je leur tapote le dos à tous les deux avant de me retourner et de commander mon déjeuner. Ensuite, j'accepte l'assiette de nourriture avec le logo de notre école.

— À plus tard.

— Ouais, à plus tard.

Ces deux-là me font un signe de la main. Tous les deux partagent une expression inquiète. Ils ont probablement peur de provoquer un malentendu entre Phun et moi, je suppose. Pourtant, je ne sais pas non plus. Je ne sais pas ce que j'ai vu. Je ne sais pas comment cela a commencé. Je ne sais pas ce que je ressens en ce moment. Je ne sais rien du tout.

Je retourne à la table de mon groupe d'amis tout en me sentant encore un peu troublé par toute cette situation. Ce sentiment se dissipe lentement maintenant que je suis de nouveau en train de traîner avec mes amis. Chacun jette toutes sortes de viandes de son assiette dans la salade de Pong. C'est hilarant. (Sa chère mère le met au régime pour qu'il perde du poids et il ne peut manger que de la salade. Mais ne pensez pas une seconde que nous permettrions que cela se produise quand il est près de nous. Heh heh). Je me mets presque à rouler par terre en riant quand Pong fait une crise après qu'Ohm ait mis une boule de poisson dans la salade et l'ait rendue épicée (parce qu'Ohm mange des aliments absurdement épicés). Malgré les plaintes, Pong finit quand même son repas. Il mange même le bacon que je lui ai donné. Et le poulet d'Em aussi. Il semble que le jeune maître Pong ne s'en tienne pas à ses plans de régime parce qu'il mange tout ce qu'on lui met sous les yeux. Hahaha. Bonne chance pour perdre du poids, jeune maître Pong !

Au bout d'un moment, ça commence à devenir ennuyeux de s'en prendre à Pong. (En fait, on commence tous à avoir l'impression de ne pas manger assez puisqu’on continue de donner notre nourriture à ce bâtard). On décide alors de faire une expérience scientifique à la place. Êtes-vous surpris ? Vous devez être surpris d'apprendre que nous sommes des scientifiques. On peut réaliser diverses expériences même lorsque nous sommes à la cafétéria. Voyez par vous-même si vous ne nous croyez pas, heh heh.

On se rassemble pour surveiller de près l'œuf dur de Palm que l’on a mis dans le bol de ragoût de Dong. On veut tous savoir si l'œuf se transformera en œuf de ragoût ou non. (Ce serait absurde si c'était le cas.) Alors que l’on attend tous avec impatience de voir le résultat de cette expérience, un poing se pose sur la table. Le coup de poing détourne mon attention de l'œuf dur.

— Mais qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes tellement bruyants. On est dans une cafétéria, pas dans un cirque. Heh heh.

Argh, ce bâtard. Il me fait perdre la tête toute la journée et maintenant il fait le malin avec moi ? Je me retourne pour regarder le beau et stupide visage du secrétaire du conseil des étudiants. Il remue ses sourcils vers moi et ça m'énerve un peu.

— Je fais la lessive, qu'est-ce que tu en penses ?

Je suis assis dans la cafétéria, qu'est-ce que je pourrais bien faire d'autre ? Je lui rends la pareille avec mes propres sourcils. Il rit fort tout en tenant une paille avec sa bouche.

— Yo, Phun ! Viens voir notre expérience ! Ça va bientôt se transformer !

Euh… Rodkeng ? Ça ne suffit pas qu'on soit une bande de cinglés, tu entraînes aussi Phun avec nous ? Je me gratte la tête en écoutant Rodkeng inviter Phun à regarder un œuf dur avec nous. C'est vrai ? Il ne va pas faire ça, tu sais.

— Hahaha, j'ai déjà fait ça en quatrième. C'est ma petite sœur qui a voulu essayer. Attends, tout ce que tu auras, c'est un œuf enrobé de ragoût.

— Espèce de connard ! Putain de spoilers, mec !

Hahaha ! J'ai failli m'étouffer avec de l'eau quand j'ai vu Rodkeng lever sa jambe et donner un coup de pied assez fort à Phun. Ahahahaha !

— Nah, nah, nah. Ne le crois pas. C'est un oeuf magique, ça va se transformer en oeuf de ragoût, c'est sûr.

Palm continue de se mentir à lui-même et il semble que tous les autres à la table le croient vraiment. (Il vaut mieux avoir une grande imagination que de grandes connaissances.) Maintenant que Phun se tient à notre table depuis un moment, quelqu'un d'autre propose une autre expérience bizarre.

— Hé, Phun. Alors, qui c'est ?

Hum... Je me tourne vers l'endroit que Ohm indique. La fille nommée Pam est toujours devant la boulangerie en train d'attendre Phun.

— Sa pièce de rechange, duh.

Cependant, c'est moi qui répond à cette question avec un soupçon de suffisance sur mon visage. Et oui, je sais qu'on dirait que j'essaie de faire une blague et d'en rire. Mais en réalité, j'ai l'impression qu'une partie de moi est morte à l'intérieur.

Clac !

Pourquoi diable m'a-t-il frappé à la tête ?! Je saisis le côté de ma tête après avoir été frappé. Je lance un regard méprisant au secrétaire du conseil des étudiants qui m'a attaqué.

— Mensonges et calomnies ! réplique-t-il en ayant l'air plutôt irrité.

Je me moque de son expression et il éclate de rire.

— J'aime trop mon copain pour m'embêter à avoir une pièce de rechange. Pourquoi je ferais une telle chose alors que j'ai ce type juste là ?

Euh... toujours rapide avec ce genre d'annonces. Mon visage est soudainement engourdi lorsque tous mes amis se mettent à nous huer et à nous jeter des serviettes (usagées).

— Ugh, espèce de connard, tu devrais foutre le camp d'ici et être mielleux ailleurs. Tu gâches mon expérience sur les œufs. Enfoiré.

Ohm est le plus bruyant quand il dit à Phun de se tirer. Dong se penche et frappe la tête vide d'Ohm avec ses poings.

— Mon œuf ! Regarde ce salaud !

Ainsi, la prochaine personne à recevoir une pluie de mouchoirs (usagés) est Ohm, (puisqu'il essaie toujours de se frayer un chemin dans la nourriture des autres).

Phun reste un peu plus longtemps dans le coin, c'est assez long pour que je réfléchisse à voix haute.

— Hé, Pam attend depuis des lustres maintenant. Tu ne devrais pas la rejoindre ?

Cependant, son visage vif se transforme en un sourire en guise de réponse.

— Mais tu m'as manqué. Je ne peux pas rester ici un peu plus longtemps ?

Ugh, quel cliché ! Heureusement que mes amis sont trop occupés à s'en prendre à Ohm pour ne pas entendre ce que Phun est en train de dire (puisqu'il ne parle pas aussi fort). Quant à moi, je fais semblant de lui vomir dessus.

— Ne fais même pas ça. Sors juste d'ici, dis-je d'un geste de la main et il rit joyeusement.

— D'accord, je vais y aller. On se voit bientôt.

— Ouais.

Phun me fait un autre sourire avant de dire au revoir à mes amis à table. Je regarde son large dos s'éloigner de moi vers Pam, la fille que je craignais autrefois. Maintenant, je suis en paix, du genre que je ne peux pas vraiment exprimer.

J'ai l'impression qu'il a dit ces choses parce qu'il était conscient de mes soucis.

Vous savez, comme si... il voulait me rappeler de qui il est vraiment amoureux.


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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:19



59ème Chaos
C’est la fin de la tristesse
— On n'a plus le temps. Quelqu'un a-t-il des questions ? Si non, n'oubliez pas de terminer les questions pratiques à la fin du chapitre. Nontakorn, pouvez-vous me rendre les cahiers d'exercices de vos camarades de classe ?

Ah… est-ce la voix de mon professeur ou la voix du paradis ? J'ai soudain un déclic lorsque je l'entends prononcer ces mots après avoir passé près de deux heures à somnoler.

— Yaaawn.

À ce propos, je baille fort pour annoncer au monde entier à quel point j'ai sommeil. Ma bouche est grande ouverte alors que j'étire tout mon corps. J'entends mes articulations craquer de bonheur. C'est tellement agréable. Qui aurait cru qu'essayer de garder les yeux ouverts pendant une longue période consomme beaucoup plus d'énergie que vous ne le pensez ? Alors que j'envisage de m'étirer pour la deuxième fois, Whin me tape sur l'épaule par derrière.

— Noh, passe ça à Ohm ?

Quoi encore ? J'accepte le petit mot qu'il m'a donné tout étourdi, puis je le remets à Ohm.

— T'es encore là, mec ?

Comment ne pas me plaindre alors que ces salauds passent des messages depuis le début du cours. Personnellement, je trouve ça tellement ennuyeux. Chaque fois que j'étais sur le point de m'endormir, ce satané Win me tapait sur l'épaule parce qu'il avait un mot pour Ohm. À. Chaque. Fois. (Il a reçu le mot des gars derrière lui, pour être honnête.) J'étais tellement dépassé. Je n'ai pas pu faire de sieste du tout.

Ohm accepte la note de ma part, mais au lieu de l'ouvrir et de la lire, il la froisse simplement. Eh ?! C'est quoi ce bordel ?! Je ne peux pas cacher la confusion sur mon visage quand Ohm jette la boule de papier à la tête d'Em. Le pauvre gars gloussait pour lui-même de l'autre côté de la classe.

— Le cours est terminé, bande d'enfoirés ! Pourquoi vous passez encore des messages ?! J'ai trop la flemme de lire cette merde !

Hahaha. Mais je suis d'accord. J'aurais fait la même chose. En voyant ça, je ris avec tous les autres. Pendant ce temps, Em arrache un morceau de papier de son cahier, le réduit en boule et le lance à la tête d'Ohm en représailles. Et juste comme ça, notre classe se transforme en un champ de bataille (de papier).

Et les choses auraient probablement empiré si Wich, qui était de corvée de nettoyage aujourd'hui, ne s'était pas approché avec un balai et n'avait pas frappé Ohm à la tête avec.

— Va te faire foutre ! Je ne veux pas nettoyer toute cette merde ! Occupe-toi de ça !

Ahahaha ! Bien fait pour sa stupide tête. C'est ce que tu obtiens ! Je suis mort de rire en regardant Ohm se frotter la tête. Puis, il fait remarquer qu'Em, qui rit au loin, devrait partager la responsabilité avec lui.

— Aide-moi à nettoyer ça, connard.

— Désolé, frérot. J'ai déjà fait des plans avec Gam. Hehe.

Il jette rapidement ses affaires dans son cartable et s'enfuit. Ahahaha ! Tu es vraiment pire que Ohm aujourd'hui, Em ! Je ris tellement que mes yeux sont fermés. Je ne me doutais pas que les ennuis allaient arriver.

— Em est un vrai connard aujourd'hui. Au moins, Noh est toujours là. Heh heh.

Yo, yo, yo. Mon rire s'éteint lentement et je fixe le visage d'Ohm. Ses yeux sont clairement pleins d'intentions cachées.

Et le temps que je réalise ce qui se passe, tout le monde s'est déjà échappé de la classe. Mec ! Vous vous êtes tous enfuis ?!

— C'est quoi ce bordel ? Je n'ai rien à voir avec ça.

Bordel de merde. C'est même pas à moi de nettoyer la classe aujourd'hui. Ce n'est pas moi qui ai fait ce bordel non plus, et pourtant c'est moi qui dois payer pour ça ? Je me gratte la tête en m'énervant tout en acceptant un balai d'Ohm pour l'aider à balayer. Bon sang, je n'oublierai jamais ça.

Nous prenons chacun un coin et balayons le sol. Après un petit moment, le téléphone portable d'Ohm commence à faire du bruit. Au début, j'ai cru que quelqu'un l'appelait, mais ce n'est pas la chanson de la dame Paew au cœur brisé. Et puis il y a aussi le fait que la chanson est entièrement jouée. À un moment donné, je décide de me retourner et de vérifier pourquoi cette chose ne veut pas se taire. C'est alors que je vois le propriétaire du téléphone en train de faire un grand sourire. Je vois. Il a délibérément choisi cette chanson pour que je l'entende. Je suppose qu'il veut créer une atmosphère plus agréable pour m'apaiser. Hé hé. C'est très bien. Au moins, tu réalises que tu me dois quelque chose. Hé hé hé. Je balance la tête sur les merveilleux rythmes de "Do You Miss Me ?" de Cocktail qui provient du téléphone d'Ohm.

— Quelqu'un est vraiment de bonne humeur maintenant. J'aurais juré qu'il était sacrément grincheux plus tôt ce matin.

Qu'est-ce que cet enfoiré essaie de dire ?! Je jette un coup d'œil à Ohm. Il est toujours en train de nettoyer la pièce, mais il y a une expression sournoise claire sur son visage.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Hé hé hé.

Et pourquoi tu ricanes, bordel ?! J'arrête de balayer et je mets mes mains sur mes hanches. Je lui lance un regard mais il n'arrête pas de rire.

Ohm lève un de ses sourcils avant de révéler la raison.

— Tu t'es soudainement égayé quand tu as entendu le mot en A de sa part, Napat !

Salaud ! Tu te moques de moi ?! Je lui lance immédiatement un regard noir.

— Vraiment très drôle ! Si tu as le temps de parler, tu as le temps de balayer ! Allez !

Arrête de perdre du temps. Je le gronde silencieusement tout en faisant semblant de continuer à nettoyer, mais il refuse de s'arrêter.

— Tu peux vraiment être jaloux ? Je vais être honnête, c'est choquant pour moi.

Qu'est-ce que tu veux de plus de moi, mec ?! Je passe de faire semblant de balayer le sol à lui lancer un regard noir. Néanmoins, il continue à parler tout en balayant.

— Mec, si ce bâtard pouvait te dévorer tout entier, il le ferait. Il est vraiment à fond sur toi. Il ne te trompera jamais, je parie n'importe quoi là-dessus.

Bon sang... combien il t'a payé pour dire tout ça ?! Je lui lance un regard confus, mais comme il repasse en mode nettoyage, je décide de ne rien dire de plus.

Tous les deux, on balaie tranquillement le sol. Il n'y a que la musique du petit téléphone portable qui remplit la pièce. J'utilise ce temps pour réfléchir.

Plus j'y pense, plus je réalise finalement que j'ai fait une énorme erreur en ne faisant pas confiance à Phun alors qu'il a été sincère avec moi et qu'il m'a montré ce qu'il ressentait pour moi tout le temps. Pas un jour ne passe sans que je ressente l'amour qu'il me porte.

Pourtant je pensais que Phun était capable d'avoir des sentiments pour quelqu'un d'autre ?

Je suis une personne affreuse.

Pffff... Il n'y a rien d'autre que je puisse faire à part expirer bruyamment. Je ne sais pas comment je peux améliorer les choses. C'est alors que "Trust" de Jetset'er commence à jouer sur le téléphone portable d'Ohm. C'est un rappel du moment où Phun m'a dit qu'il avait confiance en moi.

Par conséquent, je devrais le respecter en ayant foi en lui aussi.

— Hey, je dois y aller.

Une fois que je m'en suis rendu compte, ces mots sont sortis de mes lèvres immédiatement. Ohm fait une grimace parce qu'il est vraiment surpris par ça.

— Où vas-tu ?! Nettoie le tableau d'abord !

— Fais-le toi-même. C'est tout ce que je peux faire pour t'aider. À plus !

J'insiste pour partir en ayant déjà mon sac à la main. D’un simple regard, Ohm sait probablement déjà où je vais et qui je vais voir.

— Ok... très bien. On a un entraînement aujourd'hui, alors viens tôt au club.

— Ouais, je n'oublierai pas. Je serai là tôt. On se voit à la salle du club.

Je donne ma parole à Ohm en lui faisant un signe de la main avant de me précipiter pour aller voir une certaine personne au bureau du conseil des élèves à l'étage du dessous.

Cependant... le bureau est fermé à clé alors que l'école est déjà terminée. Normalement, cet endroit devrait être plein de gens. Où diable sont-ils tous allés ? Je me gratte la tête en réfléchissant. Aujourd'hui est un jour spécial, ce qui signifie qu'ils sont probablement à...

… la salle de conférence du neuvième étage ?

C'est ce que je me dis en retournant prendre l'ascenseur pour me rendre au neuvième étage. La finale du concours national d'économie pour les lycéens a lieu maintenant et notre école l'accueille. Mais comme je dois aller aux toilettes, je m'arrête au septième étage pour y utiliser les toilettes. Je suppose qu'il y a beaucoup de gens qui attendent pour utiliser celles situées au huitième et au neuvième étage.

Et j'avais raison. Le septième étage est complètement vide, ce qui signifie que les toilettes devraient l'être aussi. Je fredonne joyeusement en me dirigeant vers les toilettes. J'aurais pu me soulager si je n'avais pas été témoin de quelque chose juste en face de moi.

Pam est dans les bras de Phun. Il lui caresse doucement les cheveux avec sa main, comme il le fait avec moi. Tout est clair comme de l'eau de roche. Je vois cela de mes propres yeux. Je suis obligé d'être témoin de ce qui se passe devant moi. Je peux sentir son toucher. Je me souviens de sa chaleur. Je me souviens combien il me faisait sentir à l'aise. Mais aujourd'hui, ces merveilleux souvenirs me déchirent intérieurement. Chaque partie de ma poitrine est douloureuse

La dernière chose que je vois est l'expression choquée de Phun. Ce n'est qu'un court instant avant que je ne tourne le dos à ces deux-là et que je ne descende les escaliers en courant. Je peux entendre la voix familière qui appelle mon nom. Ça me fait encore plus mal parce que ça m'est familier. Et réciproquement, plus je réalise à quel point je l'aime, plus la douleur s'accumule en moi.

Je me force à courir jusqu'à ce que j'arrive à la salle du club. Phun n'est pas venu me chercher.

Je sens que le Phun que je connaissais avant s'efface.

— Mum, c'est quoi ce bordel ?! Tu as la taille d'un taureau et c'est toute la force que tu as ?! Souffle plus fort ! Tu sais quoi, trois tours de terrain. T'as intérêt à ne pas revenir avant d'avoir fait trois tours ! hurle Ohm sur un élève de première année et toute la salle est mortellement silencieuse pendant ce temps. Ce n'est pas souvent qu'Ohm perd les pédales comme ça. Mais à chaque fois que cela se produit, je suis généralement là pour consoler celui qui a gagné le gros lot.

C'est juste que j'arrive à peine à me contenir et encore moins à aider quelqu'un d'autre pour l’instant.

— Mum pleure encore, Phi Noh.

Knott m'en informe calmement. Il me donne un léger coup de coude pour que je me tourne dans sa direction. Je peux voir Nong Mum essuyer les larmes de son visage en quittant la salle du club. Pendant ce temps, Ohm dit au reste des membres du groupe de retourner s'entraîner.

— Ouais... eh bien, j'ai envie de pleurer aussi, murmuré-je pour moi-même en ajustant les doigts de Knott sur le violoncelle.

— Eh ?! Qu'est-ce qui ne va pas, P' ?

Ce bâtard m'a en quelque sorte entendu.

Réalisant cela, je lui souris rapidement pour le cacher.

— Oh, rien. Je suis sur le point de pleurer parce que tu n'arrives pas à faire ça bien. Hé hé. Je t'ai dit de mettre ce doigt juste ici. Tu veux aller faire des tours de piste aussi ? Hé hé hé.

— Ah... ne sois pas cruel, Phi. J'ai commencé à apprendre, il y a seulement deux jours, se plaint Knott et il se retourne pour reprocher à Per d'avoir ruiné sa concentration.

Cela... n'a aucun sens, car la salle entière regorge de toutes sortes d'instruments en train de jouer. Presque tous les membres du club sont là ce soir.

Je me moque des deux enfants et de leur petite dispute qui se transforme en une petite guerre avec les baguettes de tambour. Tout le monde dans la pièce s'esclaffe aussi. L'atmosphère tendue de tout à l'heure s'estompe lentement. C'est drôle d'essayer d'apprendre au petit Knott à jouer du violoncelle. Il fait la moue parce qu'il a du mal à en jouer. (Il est doué pour tout, sauf pour ça, je suppose.) J'ai beau rire, j'ai beau sourire... mais je me sens complètement à l'opposé à l'intérieur.

Je ne m'en suis pas rendu compte avant, mais j'ai regardé la porte en espérant que quelqu'un entre tout ce temps.

Mais la vie est pleine de déceptions.

J'aurais dû m'en douter. J'aurais dû savoir que les choses entre nous deux se termineraient de cette façon.

— Il est presque 20 heures, on arrête l'entraînement maintenant ? demande Film tout en aidant Knott avec la dernière note.

Je vérifie hâtivement ma montre et découvre qu'il a raison.

— Ouais, ouais, ouais. On ferme. Désolé, mec. J'ai oublié de vérifier l'heure.

Je lui réponds et il se met à crier pour le faire savoir à tout le monde dans la salle.

— La répétition est terminée ! Rangez vos affaires et ramenez vos culs à la maison !

Merde... vraiment. Tu n'aurais pas pu être plus gentil, salaud ?

Je secoue la tête et ricane pour moi en aidant Knott à ranger les pupitres à partitions et à remettre le violoncelle dans son étui. Au même moment, les autres gars rangent leurs instruments. J'aide les autres à ranger leurs affaires et je fais signe à ceux qui partent. Finalement, il ne reste plus que les élèves de première pour terminer le nettoyage de la salle.

— Je pense que c'est bon, Noh. Il n'y a pas besoin de ranger tout ça. Ngoi doit les saisir demain matin de toute façon, dit Art en désignant l'énorme pile de documents qui doivent encore être ajoutés sur l'ordinateur.

Il a raison, c'est mieux comme ça, on ne perdra pas de temps. J'acquiesce à sa suggestion avant de vérifier que tout est en ordre et de prendre mon cartable.

— Vous n'oubliez rien, c'est bon ? Je vais éteindre les lumières.

J'interpelle les gars qui sont en train de mettre leurs chaussures dehors. Ils répondent en criant et personne ne proteste. J'éteins toutes les lumières et quitte la pièce pour pouvoir mettre mes chaussures à mon tour.

Mais alors, je vois quelqu'un qui m'attend dehors.

— Phun... murmuré-je en voyant celui qui se tient devant moi, surtout parce que je suis surpris de le voir ici.

Mais une seconde plus tard, les sentiments horribles de tout à l'heure me frappent comme un camion.

— Quoi de neuf, Phun ? Tu attends Noh ? Pourquoi tu n'es pas rentré pour attendre ? Il y a une putain de tonne de moustiques ici, demande Film au secrétaire du conseil des étudiants.

Un petit sourire se dessine sur le visage de Phun et il répond aux questions.

— Je voulais juste changer de décor. Noh, on rentre ensemble ?

Qu'est-ce qui peut bien lui faire penser que je veux rentrer avec lui ?

— Ohm, ça te dérange si je reste un peu chez toi ce soir ?

Je ne réponds pas à son invitation et tourne mon attention vers Ohm à la place. Ce dernier a l'air confus, mais je pense qu'il est capable de décrypter mon visage et de trouver les réponses à plusieurs de ses questions.

Ohm me regarde, puis regarde Phun, avant de lâcher un long soupir.

— C'est entre vous deux et je ne veux pas m'en mêler. Allez discuter tous les deux. Mais si ça tourne mal, tu peux venir me voir.

Ohm sait toujours ce que j'ai en tête. Il sait toujours ce que je pourrais penser ou planifier de faire. Et cette fois, il sait que j'essaie de m'enfuir. La raison pour laquelle je veux courir, c'est que je ne sais même pas ce que je peux dire à Phun. Rien qu'à le voir ici, je me sens épuisé. J'ai peut-être voulu qu'il vienne me trouver pour qu'il m'explique tout avant, mais là, je ne suis pas du tout prêt à entendre ce qu'il a à dire.

Ohm me presse fortement l'épaule pour m'encourager. Il me fait un petit sourire avant de partir rejoindre Film et les autres. Il me laisse là, seul, avec la personne qui m'a fait souffrir.

— Tu veux aller manger quelque chose ensemble ?

C'est vraiment quelque chose qu'il doit me demander maintenant ? J'ai du mal à croire ce que je viens d'entendre et je me retourne pour regarder son visage, juste pour m'assurer que ce type, qui a piétiné mon cœur plus tôt dans la journée, a l'audace de me demander si je veux manger quelque chose avec lui. Il agit sérieusement comme si rien ne s'était passé ?

— Je rentre à la maison. Je suis fatigué, réponds-je sans hésiter.

Je m'éloigne, avec l'intention de rentrer chez moi comme je l'ai dit, mais une main s'empare rapidement de mon bras.

— Noh, ne me dis pas que tu as pris ce que tu as vu à coeur.

Et maintenant il dit ça comme s'il ne pouvait pas y croire. Alors ce que je ressens en ce moment est ridicule, c'est ça ? Le fait que je sois triste et déçu est complètement ridicule pour lui ?

Je me retourne pour lui donner une réponse claire.

— Je ne sais pas quelle partie de ton cerveau tu utilises pour me poser cette question stupide. Je n'ai rien à te dire. Je rentre chez moi pour pouvoir dormir.

Je suis tout à fait sérieux. Il est pris au dépourvu et j'en profite pour éloigner mon poignet de lui. Puis, je me dirige rapidement vers la grille de l'école.

Mais l'autre personne me suit.

— Attends ! Tu es vraiment à côté de la plaque, Noh ! Il faut qu'on parle !

Il m'appelle de sa voix grave pour que je m'arrête de marcher. Nous faisons des allers et retours et l'agent de sécurité à l'entrée nous jette des regards étranges.

— Qu'est-ce qu'il y a à discuter ? Je suis épuisé, ok ? Peu importe ce que tu veux me dire, tu peux le dire demain, dis-je, mais pas trop fort.

Je n'essaie pas de provoquer une dispute. Phun sent que je suis sérieux et il s'arrête dans sa course. Pendant un moment, je me dis qu'il va sûrement se rendre, mais Phun me tire vers le bas pour que je m’assoie sur le trottoir avec lui.

— Pas question ! Je ne vais pas te laisser partir alors que tu es comme ça ! Tu dois mal comprendre quelque chose.

— …

Je ne suis pas celui qui lui doit une explication.

— Hé, il n'y a vraiment rien entre Pam et moi. C'est quoi le problème ? Honnêtement, je ne pensais pas que ça te dérangerait autant.

Je force un petit rire parce que je n'ai pas envie de me disputer avec lui.

— Allez, Noh. Tu es vraiment contrarié à cause de Pam ?

Un moment passe et Phun a probablement compris que je ne suis pas d'humeur à discuter avec lui, alors il s'accroupit en face de moi. Il me regarde dans les yeux comme s'il essayait d'obtenir une réponse de ma part.

— Écoute-moi bien. Il n'y a rien entre elle et moi. Ce n'est pas ce que tu penses. Et sache ceci. Je t'aime. Mets-toi bien ça dans ta stupide tête, dit-il lentement en énonçant chaque mot.

Puis, il me frappe la tête si fort que je tombe presque en avant. Putain ! C'est comme ça que tu essaies de te faire pardonner ?! Salaud ! Je relève la tête et je prévois de lui rendre la pareille. Et j'aurais commencé cette guerre si une douce voix qui ne m'est pas trop familière ne nous avait pas interrompus.

— Phun ! Tu es encore là ?

— Oh… Pam !

Ha et maintenant quoi ?! Je regarde la personne dont le nom a été appelé. Il a une expression choquée sur le visage, mais il tend la main et m'attrape parce qu'il sait que je suis sur le point de m'enfuir.

— Tu es toujours là ?

Pam répète sa question et elle me sourit. Je ne peux pas m'empêcher de me forcer à lui sourire en retour.

— Oui, et toi ? Je croyais que tu étais partie il y a un moment ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Oh, je suis allée dîner dans le coin. Je viens de finir et j'ai vu que tu étais encore à l'école alors je suis venue te remercier pour cette journée, répond-elle sur son ton doux avec un sourire sympathique.

C'est suffisant pour que j'expire bruyamment et que Phun resserre sa prise sur moi.

— Je vois. Alors... tu vas bien maintenant ?

— Ouais. Je vais bien maintenant.

Je remarque que les yeux de Pam semblent un peu tristes, mais ensuite elle sourit et se tourne pour crier à son ami qui attend dehors.

— Mike ! Viens! ici ! C'est Phun, celui dont je t'ai parlé !

Hm ? C'est qui, lui ? Je lève les sourcils quand je vois le type nommé Mike qui s'avance lentement vers nous.

— Ah. Bonjour, Phun. Pam m'a tout raconté. Merci beaucoup de t'être occupé de ma petite amie.

H… hein ? Quoi...? Je sais que je ne suis pas en train d'imaginer ça, Phun me sourit vraiment.

— Aucun problème, répond Phun au dénommé Mike avant de se tourner vers moi pour me faire un sourire moqueur. Rentre bien chez toi, d'accord ? Il y a toujours l'année prochaine, Pam. Courage.

— Oui, oui. Vous deux, prenez soin de vous.

Pam nous dit au revoir en gazouillant. Le couple nous fait signe et s'en va ensemble. Maintenant, il n'y a plus que Phun et moi.

— Hé hé. Quelqu'un était totalement jaloux. Hé hé hé.

Qu… quoi ?! Trou du cul ! Jaloux ? Même pas !

J'écarquille les yeux devant lui et refuse de lui donner satisfaction.

— Eh bien, qu'aurais-tu fait si tu avais vu ce que j'ai vu ?!

— Je t'aurais attrapé par le cou pour qu'on puisse en parler tout de suite. Hé hé.

Regardez ! Il est encore pire que moi ! Je le houspille, me sentant irrité à la fois contre lui et contre moi-même pour avoir réagi de façon si excessive.

Un doux sourire se dessine sur le visage de Phun. Il s'assied à côté de moi et me tapote légèrement l'épaule.

— Pam n'a pas réussi à se qualifier pour le dernier tour. Elle était vraiment bouleversée et je l'ai consolée. C'est tout. Il n'y a rien de plus que ça. Quand je l'ai serrée dans mes bras, ça n'avait rien à voir avec ce que je ressens quand je te serre dans mes bras. Tu me crois, n'est-ce pas ?

— Ouais…

Je lui donne une réponse courte à sa longue explication parce que j'essaie encore de comprendre pourquoi j'étais si irrationnel aujourd'hui.

— Noh, tu n'as jamais réagi comme ça avant. Quelque chose te tracasse ? C'est pour ça que tu étais si inquiet ?

Phun se pose les mêmes questions que moi.

Quel est le problème avec moi ?

Le silence se fait entre nous. Il n'y a que le bruit des voitures qui passent à l'extérieur. Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé au moment où Phun laisse échapper une longue expiration.

Il fait doucement glisser sa paume chaude sur le dos de ma main.

— Écoute, je ne sais pas ce que tu traverses en ce moment. Mais je veux juste que tu saches que ce que je ressens pour toi n'a pas changé du tout. J'aimerais que tu aies plus confiance en moi, c'est possible ?

Et c'est quelque chose que j'aimerais faire, mais...

— Je ne sais pas, c'est comme... ces derniers temps, je me sens étrange.

— Étrange comment ?

Je déglutis une fois avant de continuer à parler.

— J'ai l'impression que... ta vie serait tellement mieux sans moi... je ne sais pas.

Et avec cette réponse, le ton habituellement doux de la voix de Phun se durcit soudainement.

— Pourquoi te sens-tu comme ça, Noh ?

Ce n'était pas du tout mon intention de le mettre en colère.

— Comment je pourrais ne pas l'être... quand tous les problèmes dans ta vie viennent de moi ? Tu as des problèmes avec ta famille à cause de moi. Ta vie est un gâchis à cause de moi. C'est au point que j'ai commencé à penser que... peut-être que si tu sortais avec une jolie fille d'une grande école comme Pam, alors ta vie serait beaucoup plus simple. Tu pourrais dire à tes parents avec qui tu sors sans t'inquiéter. Tout irait tellement mieux pour toi... Je ne sais pas... C'est ma faute si tu es…

Je déverse les pensées que j'ai gardées pour moi depuis tout ce temps. Cependant, je ne peux pas finir ce que je veux dire parce que j'ai peur que ce soit trop dur à gérer pour lui. Et cela doit être le cas, car Phun est silencieux.

Il fixe mon visage figé, puis ses lèvres se recourbent lentement en un petit sourire.

— C'est pour ça que tu te sens si nerveux ?

— Eh bien... oui, réponds-je, en me sentant un peu confus.

Phun me tire par le bras pour que je me tienne debout avec lui.

— Alors allons arranger ça pour que tu te sentes mieux.

H… hein...? Quoi ?! Je suis complètement déconcerté. Phun me traîne jusqu'à la porte de l'école et il hèle un taxi en criant...

— À Thong-Lor, s'il vous plaît !

Quoi ?!

Me voilà donc assis dans un taxi, l'air abasourdi parce que je ne sais pas du tout ce qui se passe. Pendant ce temps, le bel imbécile chantonne joyeusement. Il a une expression sournoise sur le visage et ça me donne des frissons. Il est vraiment effrayant et je commence à me demander s'il ne m'emmène pas quelque part pour me faire quelque chose d'horrible. Je pense à l'attraper par le cou pour qu'il m'explique, mais le chauffeur de taxi freine si fort devant le manoir de Phumipat que je manque de perdre l'équilibre.

C'est quoi ce bordel ?! Il n'y avait pas d'autres voitures sur la route ?! Est-ce vraiment le Thong-Lor que je connais ?! La vie est tellement injuste. Pourquoi la chance est toujours du côté de Phun ?!

Je reste bouche bée quand je vois la porte familière du manoir Phumipat. Le fils de ce manoir sourit en payant le taxi et en me tirant hors de la banquette arrière.

— Qu... qu'est-ce que tu comptes faire ici ?!

Je dois demander parce que son sourire est plutôt déconcertant, bon sang ! Mais ce fauteur de trouble continue à avoir ce sourire effrayant sur son visage.

— Viens ou on va être en retard.

En retard ?! En retard pour quoi ?! Je n'ai pas le temps de protester que Phun me traîne par les deux bras à travers la petite porte du portail.

Je suis lentement le type qui fredonne et qui semble être de bonne humeur. D'un autre côté, je transpire à grosses gouttes et je suis presque sûr que le dos de ma chemise est trempé. Mon anxiété s'aggrave quand je remarque que la voiture de son père est garée dans le garage.

— Phun... qu'est-ce que tu comptes faire ? Tu dois me le dire d'abord !

J'ai le droit de savoir ! Tu ne peux pas me forcer à faire ça ! Je fais de mon mieux pour ramener mes bras en arrière, mais il les tient trop fermement. Il n'a pas l'air de vouloir me dire quoi que ce soit non plus. Tout ce que j'obtiens, c'est une expression de raillerie de sa part.

— Je ne te le dirai pas !

— Espèce d'enfoiré ! Si tu ne me le dis pas, je te jure que je n'irai pas là-dedans !

— Mais c'est trop tard pour ça

Et il a raison, car Phun et moi sommes maintenant devant la porte d'entrée.

Je peux entendre le son étouffé des nouvelles du soir venant de la télévision, ça veut dire que ce n'est pas Nong Pang là-dedans. Comment puis-je ne pas paniquer et ne pas avaler de travers en ce moment ?

— Fais-moi confiance.

C'est étrange comme les simples mots de Phun fonctionnent comme un sort magique qui me débarrasse de toutes mes inquiétudes. Je le regarde à nouveau dans les yeux et je décide de le suivre à l'intérieur.

— Papa…

Oh, bon sang ! Tu vas l'appeler comme ça ?! Je suis tellement surpris que j'ai dû faire trois pas en arrière quand j'ai entendu Phun appeler son père qui regarde la télévision dans le salon. Je prie pour que le propriétaire de ce manoir soit trop concentré sur les informations et qu'il n'entende pas son fils, même s'il parle fort. Mais il semble que Dieu ne soit pas de mon côté, comme toujours.

— Oui ? Tu viens de rentrer, pourquoi tu ne vas pas d'abord ranger tes affaires ?

Il y a un autre coup dur, parce que je peux deviner ce que le gars à côté de moi a l'intention de faire.

— Papa…

Phun appelle son père une fois de plus, même si son père est déjà face à lui. On dirait que Phun réfléchit à quelque chose.

— …

Cependant, il n'y a pas de réponse venant de l'adulte en face de nous. Je sais qu'il connaît la raison pour laquelle nous sommes tous les deux debout ici, hésitant à dire quelque chose.

Phun prend une profonde inspiration avant de commencer à parler.

— Je sors avec quelqu'un.

Merde ! Tu es vraiment en train de faire ça ?! Je cligne rapidement des yeux pour chasser mon vertige. Peut-être que j'entends des choses ? Peut-être que je vois des choses ? Mais ce n'est pas le cas. Devant moi, Phun et son père sont là, debout, face à face, comme avant. Rien n'a changé.

Soudain, l'atmosphère à l'intérieur du manoir devient tendue.

— Alors tu es prêt à parler de ça maintenant, vaurien ?

— Seulement parce que j'ai décidé que je voulais te le dire.

Ne lui réponds pas, bon sang ! Ugh, j'ai mal à la tête. J'ai besoin du sel parfumé que je garde dans ma poche mais tout ce que je trouve c'est mon téléphone portable. Merde, je l'ai oublié dans la salle du club.

L'ambiance est incroyablement stressante et je commence à me sentir très mal à l'aise.

— D'accord, alors qu'est-ce que tu veux me dire ? demande son père en enlevant les lunettes qu'il utilise pour regarder la télévision. C'est un signe que son attention est entièrement tournée vers son fils maintenant. En même temps, Phun semble être plus confiant.

— J'ai passé plusieurs nuits à réfléchir à tout cela. Je me suis demandé pourquoi tu fais ça et pourquoi tu me mets la pression pour que je te le dise.

— ...

— Et puis j'ai trouvé la réponse. C'est parce que tu m'aimes, c'est pourquoi tu ne veux pas que je finisse comme Phi Pao. Mais en faisant cela... tu m'as fait réaliser que tu n'as jamais eu confiance en moi.

— Ce n'est pas que je ne te fais pas confiance, dit le père de Phun de sa voix profonde après avoir écouté en silence et mon cœur s'arrête presque de battre. Mais as-tu déjà pensé à la durée de cette relation à ton âge ? Tu peux le prendre au sérieux, mais elle, le fait-elle ? Tu es assez naïf et confiant. J'ai vu beaucoup trop de gens regretter les décisions qu'ils ont prises par la suite. Et si vous aviez la malchance de vivre ce que Pao a dû vivre ? Il y a de fortes chances que ça arrive parce que tu es mon fils. Tous les yeux sont sur toi. Les reporters creusent et creuseront profondément dans ton passé. Ils n'hésiteront pas à exposer au monde toutes les choses horribles qu'ils auront pu trouver. Si ce jour arrive, seras-tu encore capable de te tenir ici et de me dire que tu peux tout gérer ? Votre relation vaut-elle vraiment la peine de prendre ce risque ?



— Elle en vaut la peine.

— Comment ça ?

— Je n'ai pas peur. Et je me fiche de ce qui pourrait m'attendre dans le futur.

— ...

— Je ne peux pas te dire combien de temps cela durera ou si cette personne est assez bien pour moi ou pas, papa. Mais on s'aime. C'est la personne que j'aime. Et je ne changerai jamais d'avis, quoi qu'il arrive. Même si je finis par avoir le cœur brisé. Même si un destin cruel m'attend. J'endurerai tout ça. Je ne craquerai pas. Tu ne m'entendras jamais dire que je regrette d'avoir choisi d'être avec cette personne, papa. Jamais, au grand jamais.

Le salon est silencieux pendant un long moment. La télévision est toujours allumée, mais je n'entends rien. De dos, Phun semble très déterminé et inflexible. Je suis impressionné par ses actions courageuses. Mais en même temps, je me déteste d'avoir des doutes sur cette personne que j'aime tant.

Le père de Phun s'approche de lui. Ils sont si proches qu'ils se touchent presque. Son père prend son bras et serre fortement l'épaule de Phun.

— C'est tout ce que je voulais entendre. Pendant un moment, j'ai cru que tu ne serais pas un homme. Alors, si quelque chose arrive, tu n'auras pas peur d'eux, n'est-ce pas ?

— Oui.

— Et tu ne prononceras jamais le mot regret devant moi ?

— C'est exact.

— Tu y as bien réfléchi ?

— Oui, je l'ai fait.

— Mon fils a besoin d'être fort, tu te souviens que je te l'ai dit, n'est-ce pas ?

— Je suis heureux de pouvoir m'appeler ton fils, papa.

J'ai les larmes aux yeux en voyant le père et le fils se serrer l'un contre l'autre. Je ne sais pas vraiment si c'est du bonheur, du soulagement ou peut-être les deux. Pfff. Phun se retourne discrètement pour me faire un sourire avant de retourner parler à son père.

— Ce n'est pas adorable ? Tu es aussi comme ça quand tu es avec elle ?

— Je n'essayais pas d'être adorable, je te disais juste ce que je pensais.

Écoutez ce type qui ment comme un arracheur de dents. Le propriétaire du manoir de Phumipat rit bruyamment avant de donner un petit coup sur la tête de son fils.

— Sors avec qui tu veux. Si tu es si sûr de toi, ta mère et moi n'aurons plus à nous inquiéter. Rester vague et refuser de dire des choses comme ce que tu faisais n'est pas bon pour le cœur de ta mère. Oh, Noh ? Qu'est-ce que tu fais debout là ? Tu es là pour le soutenir moralement ?

Euh... je ne sais pas, en fait. Je me gratte la tête plusieurs fois et je lui fais un sourire gêné.

— Tu pourras faire savoir à sa copine que ce type s'est opposé à moi juste pour défendre ses convictions ? Ha ha, je me demande où il a trouvé ça.

— De toi, papa. Bref, je crois que je vais aller prendre une douche, dit Phun avec un sourire narquois sur le visage.

Je tremble et un frisson me parcourt l'échine.

— Vas-y. Et toi, Noh ? Tu passes la nuit ici ou tu rentres chez toi ? Si tu rentres, mon chauffeur te conduira.

— Je vais...

— Noh reste ! J'ai déjà appelé ses parents pour leur dire.

Menteur ! Je louche sur Phun, mais ça n'a pas l'air de l'affecter.

Le propriétaire du manoir Phumipat me sourit avant de retourner sur le canapé et de se remettre à regarder les informations.

— Alors vous feriez mieux d'aller vous laver et de commencer à faire vos devoirs. Ne veillez pas trop tard.

— Oui, papa ! On va s'y mettre tout de suite !

Attends. Je ne pense pas que ton père parle de ce genre de devoirs. Je devine ce que pense Phun à la façon dont il me reluque. Je lève la main, avec l'intention de lui faire un doigt d'honneur, mais il me tire par le bras jusqu'aux marches avant que je puisse faire autre chose. Espèce de salaud !

Grincements.

Claquement !

— Alors comment tu vas ? Tu te sens mieux maintenant

Euh... tu me demandes ça à la seconde où tu fermes la porte. Je n'ai pas eu le temps de me faire à l'idée.

— Eh bien... je suis dans le flou. Tu as été plutôt courageux quand même.

Si j'étais lui, je me serais complètement dégonflé. Hahaha. Je lui réponds en jetant mon cartable sur le canapé et en déboutonnant ma chemise. Phun est occupé à se servir de la télécommande pour allumer le climatiseur.

— Je l'ai fait pour toi, alors maintenant tu peux arrêter de t'inquiéter.

C'est vrai, maintenant ? Je fais semblant de lui adresser une grimace, comme si je ne le croyais pas. (En fait, je le crois, mais je veux juste l'embêter, d'accord ? Haha.) Phun fronce les sourcils comme un gamin en arrêt de jeu.

— C'est quoi cette tête ? Viens par ici. Viens plus près, dit Phun avec un mouvement de la main et je lui lance un regard d'appréhension.

Il ne s'arrête pas et j'ai peur qu'il se casse le poignet, alors je cède et je m'approche de lui. Je regrette immédiatement ma décision, car avant que je puisse arriver à l'endroit où se trouve Phun, il m'attrape pour me serrer fort dans ses bras.

Il appuie son nez sur ma joue sans me laisser la moindre chance de résister.

— Eh bien ? Je peux avoir ma récompense maintenant ? Qu'est-ce que tu as pour moi ? Hm ?

Ça sonne comme une demande, mais ce n'est pas du tout le cas. Non, c'est ce que les gens appellent un braquage. C'est ce que je me dis alors que Phun embrasse mon cou.

— Merde, va prendre une douche d'abord.

— Nope.

Uh… ce n'est pas bon. J'essaie de m'écarter de ses irrésistibles lèvres pulpeuses qui trouvent toujours le moyen de m'embrasser. Ses mains sont maintenant occupées à déboutonner ma chemise.

— Phun…

Est-ce qu'il m'écoute au moins ?!

— Oui ?

Enfin, il fait une pause pour me regarder. Il arrête de dévorer mon corps pendant un court instant. Mais, hum... la façon dont il me regarde... Ouaip, je suis sûr que je ne l'imagine pas. Ses yeux sont remplis de faim et de luxure. Ok, maintenant qu'est-ce que je fais ?

Je commence à bégayer alors qu'il passe sa main le long de mon dos tout en me fixant fixement dans les yeux.

— On peut... on peut aller sur le lit ? C'est... hum... un peu chatouilleux sur le... le tapis.

Argh ! Qu'est-ce que je suis en train de dire ?! Il faut vraiment qu'il arrête de me regarder comme ça ! Je m'engueule (silencieusement). Pendant ce temps, Phun a un énorme sourire sur le visage.

— Heh heh…

Son visage vif s'approche pour m'embrasser à nouveau sur la joue. Puis, il murmure quelque chose juste à côté de mon oreille.

— Tu es juste trop adorable. On peut aller sur le lit, mais ne pense pas une seconde qu'on va dormir ce soir.

C'est quoi ce bordel ?! Ce n'est pas moi qui ai commencé ! J'ouvre la bouche pour discuter mais il me traîne déjà vers son lit. Il verrouille ses lèvres avec les miennes avant que je puisse dire un autre mot.

Soupir.

Je suppose que je vais le laisser faire ce qu'il veut ce soir.

Notes :
Do You Miss Me - Cocktail
https://www.youtube.com/watch?v=LPngbELEy0Q

Trust - Jetset’er
https://www.youtube.com/watch?v=SNbMXSe8pfE

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:20



60ème Chaos
Prologue
Toutes les choses terribles (pour moi, du moins) étaient enfin derrière nous. Notre vie était devenue paisible... du moins pour quelques jours. Ces quelques jours ont été tout à fait merveilleux et tout simplement apaisants. Vous savez, comment le ciel est limpide juste avant un orage ? Et puis la tempête vous prend complètement au dépourvu ? C'était exactement comme ça. Nous n'étions pas conscients du calme avant la tempête. Non, c'était pire qu'une tempête.

C'était l'ouragan final.

Et bien, je suis baisé. Sérieusement, tuez-moi (parce que maman et papa me tueront de toute façon quand mes notes seront connues). Comment je peux déjà connaître mon destin ? Je le sais parce que je dors toute la journée tous les jours. Je joue à ma PSP quand les professeurs font leurs cours. Je joue à DotA quand je rentre chez moi. Le matin, je copie les devoirs de Keng. Alors qu'est ce que je suis censé utiliser pendant les examens alors que mon cerveau est complètement vide de toute connaissance utile ? Une fois que j'ai la chance de comprendre tout ça, je décide de faire mon sac pour aller dormir chez le Dr Whaen afin de... jouer à DotA avec Ohm. Non, attendez ! Je veux dire, pour étudier ! (Ah, j'ai laissé échapper ça.) De toute façon, il n'y a aucune chance qu'Ohm et moi soyons capables d'apprendre quoi que ce soit par nous-mêmes. Finalement, on appelle Keng, Palm, Pong et Rodkeng (qui ont encore quelques neurones dans la tête), pour qu'ils viennent nous donner des cours particuliers. Mais quand Dong, Ken et Em l'apprennent, ils demandent s'ils peuvent venir chercher quelques miettes... je veux dire quelques connaissances aussi. (Je ne voulais pas utiliser ce mot, je suis sérieux… peut-être.)

Et ainsi, la session de tutorat de niveau national commence ! (Ok, descendez d'un cran.) Je m’allonge sur le ventre pendant que je prends des notes sur les parties importantes. Je les lis à haute voix en même temps aux gars. Ça devient confus par moments. Pas que de temps en temps, en fait. Tout a été confus dès le début, pour être honnête. Ces tuteurs invités sont les pires. Il n'y a aucune cohérence dans leur façon de réviser les choses. Sérieusement, vous êtes vraiment dans la même classe ?! Tout ce qu'ils font, c'est se lancer dans de longues discussions sur la tension potentielle électrique, les cellules électrochimiques et les circuits électriques ou je ne sais quelle merde. Est-ce que je comprendrai un jour ces foutus concepts ?! On n'a qu'à étudier autre chose ! On décide de ranger notre livre de physique (parce que personne n'arrive à se mettre d'accord sur qui a raison et qui a tort) et de passer à la biologie à la place. Mais... ça ne change rien. Keng et Palm continuent à vouloir s'affronter comme avant. Quand Keng dit quelque chose, Palm l'interrompt. Quand Palm souligne quelque chose, Keng l'interrompt avec autre chose. Ceux qui payent le prix fort, ce sont les spectateurs. Nous sommes assez confus et abasourdis par toute cette histoire. Tout ce que l’on peut faire, c'est de laisser ces deux-là s'affronter sous nos yeux impuissants. C’est alors que mon téléphone sonne et que je vois un nom qui m'est très familier sur l'écran.

Phun Phumipat ! La réponse finale !

On n'y peut rien, il appelle pile quand on a des problèmes, alors c'est de sa faute, ah ah ah. Phun est intelligent, comme on peut s'y attendre de la part de quelqu'un qui est dans la classe des surdoués. Bien sûr, il court souvent partout en faisant des choses stupides avec moi, mais je pense qu'il est probablement attentif pendant ses cours puisque ses notes sont toujours élevées et j'en suis secrètement jaloux. Quoi qu'il en soit, Phun appelle pour emprunter mon premier album de Nirvana. Il sait que j'en possède un. (C'est une rareté, laissez-moi vous le dire. Mais il est toujours d'humeur à écouter de la musique malgré l'approche de nos examens ? À quel point est-il détendu ?). Le problème, cependant, c'est que je ne suis pas à la maison. Mais plus important encore, il y a un petit quiproquo. Hé hé hé.

Ainsi, les séances intensives de tutorat par le pauvre Phun Phumipat commencent. Malheureusement pour lui, il nous a pris comme élèves. Non, sérieusement. C'est vraiment pitoyable. Je stresse pour lui, surtout quand Ohm pose des questions sur Euler. Il veut savoir qui est ce type et où il vit pour pouvoir aller frapper le père d'Euler à la tête... pour avoir inventé la théorie des graphes. (Il est un peu mort, salaud !) Je ne peux pas croire qu'Ohm imagine ça. Eh bien, frappe-les pour moi aussi parce que je les déteste aussi.

En fin de compte, Phun finit par passer trois nuits et deux jours chez le Dr Whaen (comme si c'était un voyage en camping). On se sent tous comme un fardeau, mais Phun ne cesse de dire que c'est tout bon et que c'est une façon pour lui de réviser certaines choses pour lui-même de toute façon. Comme je suis normalement une personne prévenante, je lui demande de nous donner des cours de physique après avoir terminé les mathématiques. (Ha...)

Et bien sûr, après de telles séances de tutorat...

... je suis encore complètement désemparé pendant mes épreuves...

Argh ! Qu'est-ce que ces professeurs veulent de moi ?! Merde. Je veux dire, Phun a donné les questions qui devraient être dans les tests et je les ai reconnues. C'est juste que... je n'étais pas entièrement concentré quand il nous faisait cours. L'air conditionné de la maison du Dr. Whaen était tellement agréable et frais, qu'est-ce que j'étais censé faire ? Sans parler de la façon dont Tante Pen (c'est la femme de ménage) nous gâtait avec des sodas, des snacks, des fruits et toutes sortes de choses délicieuses. Disons que soixante pourcent de ma concentration était sur la boîte de Prinkles, vingt pourcent sur les boulettes de riz, dix pourcent sur les verres de Coca et les derniers dix pourcent sur les manuels scolaires, hahaha. Je me demande si je finirai par manger un gros œuf dur quand j'aurai mes notes.

De toute façon, c'est du passé maintenant et je ne peux rien y faire (sérieusement ?) car nos vacances d'été sont enfin arrivées. Dès le début de nos vacances, on a décidé d'aller à la plage ! Ohm, Keng, Rodkeng, Pong, Em, Dong, Palm et moi sommes allés à Ko Chang pendant quatre jours et trois nuits. On est revenus vraiment bronzés. (Surtout Ohm, il était le plus bronzé d'entre nous.) Il s'est aussi passé quelque chose de vraiment effrayant, mais je ne vous le dirai pas. (C'est un secret.) Bien que ces vacances d'été ne soient pas que du plaisir et des jeux... à cause de notre école qui oblige tous les lycéens à prendre des cours d'été de mars à avril. Wah. Ils sont trop cruels.

Mais il y a le Camp Pharma qui va nous remonter le moral, hé hé hé. J'espère qu'il y aura de jolies filles là-bas, comme des bonbons pour les yeux, comme Ohm le dit.

Les étudiants en pharmacie nous ont demandé de nous présenter à une heure indue du matin. Et je veux dire vraiment tôt. Ils veulent que l'on se présente à la gare de Bangkok à sept heures du matin. Argh. J'ai cru que j'allais perdre la tête. C'est les vacances d'été, donc je vais me coucher à 7 heures du matin. Heureusement, Phun l'a compris et m'a appelé avant même que les coqs ne se lèvent. Sinon, quelqu'un aurait manqué ce train, c'est sûr. Il est possible que ce quelqu'un ait été un peu trop excité de jouer avec sa nouvelle Wii et qu'il soit resté debout jusqu'à 4 heures du matin... et qu'il ait oublié son réveil quand il était censé le faire. Je repense à moi en sortant maladroitement de mon taxi, car j'ai somnolé pendant tout le trajet. (En plus, la circulation était horrible).

Je me dirige en titubant vers l'entrée où Phun a dit qu'on se retrouverait. Le bel idiot se tient là avec un énorme sourire sur le visage. Je suppose qu'il m'encourage et espère que j'arriverai là où il est en un seul morceau. Honnêtement, j'ai l'impression de marcher les yeux fermés là.

— Tu es resté debout tard, n'est-ce pas ? Tu vois ? Je t'avais dit de te coucher tôt.

— Je ne me suis pas couché tard, j'ai juste... dormi tard.

Merde, je ne me trompe pas, n'est-ce pas ? Pourquoi tu m'as frappé à la tête ?! Je frotte l'endroit où j'ai été frappé, me sentant légèrement irrité mais aussi étourdi (parce que je ne suis pas encore complètement réveillé). Pendant ce temps, Phun me tire par le bras et nous nous dirigeons vers l'intérieur de la gare.

Au moment où on est sur le point de franchir l'entrée, Ohm nous bloque. Il y a une expression de panique sur son visage.

— Yo, Phun !

Et il ne me dit même pas bonjour ! Il dit le nom de Phun à la place ?! Je suis en train de me réveiller.

— Quoi de neuf ?

Je ne sais pas si je me fais des idées, mais même si Phun semble parfaitement poli, il y a un léger ton incisif dans sa voix.

Je les regarde fixement en clignant rapidement des yeux. Finalement, Ohm montre les dents au secrétaire du conseil des élèves à qui il doit tant (vous savez, le truc des finales).

— Toi ! Tu n'avais pas dit qu'on irait au Camp Pharma ?! Alors c'est quoi ce bordel ?!

— Qu'est-ce qui se passe ?

C'est à mon tour de poser la question, je ne peux pas m'empêcher d'intervenir. On ne va pas au Camp Pharma ?

Ohm me lance un regard agacé avant de répondre.

— C'est un camp de reboisement ! Phun ! Explique-toi !

Maintenant Ohm attrape Phun par sa chemise. Le secrétaire du conseil des élèves glousse tout seul avant de donner sa réponse.

— Et quelle faculté organise ce camp, Ohm ?

— Pharmacie.

— Alors, est-ce que j'ai eu tort de te dire que c'est un Camp Pharma ? Ils dirigent le camp, mais je n'ai jamais dit spécifiquement que le camp est pour ceux qui veulent étudier la pharmacie.

Wow. Espèce d'enfoiré ! Tu nous as trompés ! Ohm et moi sommes bouche bée. C'est comme si nos rêves avaient été anéantis. Aucune fille ne voudrait faire de la randonnée et planter des arbres ! Ça craint !

Ohm et moi avons exactement la même expression - on veut rentrer à la maison tout de suite - mais Phun refuse de nous laisser faire et nous pousse tous les deux à l'intérieur.

— Ah, venez. Allons-y. Ce sera amusant. Pourquoi voulez-vous aller à un vrai Camp Pharma de toute façon ? C'est pas comme si ça vous intéressait, non ? Un camp de reboisement est bien mieux, on fera quelque chose d'utile.

C'est si gentil de ta part de parler pour nous comme ça. Ohm et moi fronçons les sourcils devant l'excès de confiance de Phun, qui pense que tout ira bien. Je suppose qu'on ne peut rien y faire puisqu'on est déjà là. Je te revaudrai ça plus tard !

Finalement, nous sommes là. Je fais un sourire gêné aux femmes seniors qui nous attendent pour nous accueillir. Il y a une bannière avec "Camp de reboisement par la faculté paramédicale de l'université de xxx" écrit dessus. Sois maudit, Phun, sois maudit. Comment tu as pu me piéger comme ça ?!

Mais il semble qu’Ohm ne soit plus aussi déçu par ce dénouement. Il adresse de doux sourires à une jolie senior qui nous enregistre.

— Quels sont vos noms ?

— Moi c'est Ohm, et le tiens ?

Regardez ça !

La jolie senior sourit largement. (et si je peux me permettre, je suis aussi dans un état de rêverie avec Ohm. Elle est très mignonne ! Est-ce que Phun a quelque chose de coincé dans sa gorge ou quoi ? Il n'arrête pas de se racler la gorge). Puis, elle répond à sa question sur le ton le plus agréable qui soit.

— Je veux dire... le nom que tu as utilisé pour t'enregistrer. C'était quoi ? Comme ça je peux trouver le bon badge pour toi.

Raté ! Ohm vient de se faire avoir. Ah ah ah ! J'éclate de rire alors qu'il me tape sur le pied d'un coup sec. Ouch ! Ça fait mal, enfoiré !

Finalement, on arrive à découvrir son nom. (Elle s'appelle P'Liew. Son nom est magnifique et elle l'est aussi. Ohm et moi avons failli nous casser des côtes en jouant des coudes). Enfin, on finit de s'inscrire et on reçoit nos badges. C'est là qu'on apprend que...

Les trois badges sont de couleurs différentes ?

C'est quoi ce bordel ?

Ohm, Phun et moi nous regardons l'un l'autre avec perplexité. Mon badge dit “Noh" en rouge. Celui de Phun est en jaune vif. Mais le meilleur est sans doute celui d'Ohm, qui est rose. Ah ah ah !

Mais avant qu'Ohm ne puisse en faire tout un plat, un groupe d'élèves de terminale se jette devant nous à la vitesse de l'éclair. Ah ! Vous m'avez fait peur ! Je reste bouche bée en regardant ces étudiants chanter à tue-tête comme s'ils avaient oublié qu'il est... 7 heures du matin !

Vous avez l'habitude de vous lever si tôt pour chanter et danser ?!

Ohm, Phun et moi ne pouvons nous empêcher de cligner des yeux alors que le comité d'accueil forme un cercle autour de nous. Ils chantent et dansent comme des fous. (Est-ce que vous êtes tous possédés...?) Comment voulez-vous que des enfants innocents comme nous réagissent... autrement qu'en restant immobiles et en étant complètement muets tout en les laissant se déchaîner comme ils veulent ? (Laissez-nous partir quand vous aurez fini, s'il vous plaît.)

Apparemment, j'avais tort de rester immobile et de simplement les regarder. Après les chants et les danses, une femme du groupe tend un micro devant le visage de Phun et lui pose une question avec force.

— Quel est ton nom ? Quel est ton nom ?

Il y a une étiquette avec son nom autour de son cou ? Je commence à glousser en voyant Phun tressaillir comme s'il voyait un fantôme. Il transpire même à grosses gouttes et il n'est que 7 heures du matin. C'est hilarant ! C'est vraiment drôle de voir des perles de sueur se former sur le front de Phun. Quelle chance j'ai d'avoir la possibilité de voir Phun Phumipat, le gars qui peut tout faire, être mis sur la sellette comme ça ? Hahaha.

— Euh... mon nom est Phun.

C'est quoi ce cri ?! On grimace un peu avant qu'ils continuent avec la chanson.

— Ton nom est Phun ! Ton nom est Phun ! Tu dois danser comme ça ! Tu dois danser comme ça ! Tu dois danser comme ça !

C'est quoi cette danse ?! Ah ah ah ah ! Je perds la tête quand je vois un senior masculin sauter et commencer à bouger sa hanche vers la droite puis la frapper deux fois. Ahahahaha. Phun a l'air effrayé mais il a trop peur pour les affronter. (En ce moment, une tonne de seniors sont autour de nous, on pourrait croire qu'on se fait tabasser si on n'y regarde pas de plus près). À la fin, ce Phun Phumipat efficace balance timidement sa hanche vers la droite et se frappe les fesses deux fois comme dans le clip "Shape Ba" d'Apaporn. Ahahahahha, j'aurais aimé pouvoir enregistrer ça !

Et bien sûr, c'est le tour d'Ohm maintenant. Je ris encore plus quand on lui demande de traîner ses bras et de marcher dans la gare comme un zombie. Pensez aux passants innocents ! Une grand-mère qui se trouve tout près tressaille de rire quand Ohm s'approche d'elle. Ahahaha ! C'est vraiment trop !

Même si je rigole, ça ne veut pas dire que je suis tiré d'affaire. Après avoir ri à gorge déployée devant ces gars-là, c'est la démence qui me guette.

— Quel est ton nom ? Quel est ton nom ?

La voilà. Qu'est-ce que je fais maintenant ?

— N… Noh.

Encore des cris. Alors tu cries pour tout le monde, c'est ça ? (Tu as avalé un sifflet par accident ce matin ?) Tout ce que je peux faire, c'est leur adresser un sourire gêné en me préparant à toutes les choses ridicules qu'ils vont me dire de faire.

— Ton nom est Noh ! Ton nom est Noh ! Tu dois danser comme ça ! Tu dois danser comme ça ! Tu dois danser comme ça !

Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Je reste bouche bée alors que le senior d'avant (qui a inventé les mouvements absurdes de Phun et Ohm tout à l'heure) veut que j'imite ses mouvements où il... met sa main sous son aisselle et la renifle. Je suis sur le point de devenir fou là. Je n'ai même pas mis de déodorant ce matin et mes aisselles sont comme la jungle amazonienne. Il n'est pas sérieux !

Je les regarde avec mes yeux suppliants, pensant qu'ils pourraient être indulgents avec moi. Mais non. Tout le monde continue à frapper ces tambours et à secouer ces tambourins pour que je le fasse. Wah, wah, wah. C'est trop cruel. Bien, je vais le faire ! Ugh ! Dégueulasse ! C'est tellement immonde, pourquoi ça sent si mauvais ?!

Après que tout le monde ait eu l'occasion de se dire bonjour (de la manière la plus brutale), on se retrouve seuls alors qu'un nouveau groupe de campeurs arrive. Regardez-moi ça ! Quelle façon de m'abandonner ! Où dois-je aller et attendre maintenant ?

— Phun ! Noh ! Ohm ! Par ici !

Ah, c'est donc là que se trouve le reste de mes amis. Je me retourne pour saluer Pong, Joke et Nant qui sont probablement arrivés plus tôt que nous mais qui se sont tus parce qu'ils voulaient voir ce que nous allions subir. Vous gardez ces moments pour vous moquer de nous plus tard, n'est-ce pas ?!

— Qu'est-ce que tu foutais à renifler tes aisselles à 7 heures du matin ? C'était tellement dégoûtant que j'ai cru que j'allais vomir.

Enfoiré, je le savais ! Ne remue pas le couteau dans la plaie ! Je pointe mon doigt vers le jeune maître Pong en guise d'avertissement. Joke rit de bon cœur en arrière-plan.

— Pong, ce que tu devais faire n'était pas tellement mieux que ce que Noh a dû faire. Tu as dû attraper ton entrejambe et danser autour de la station comme Michael Jackson après tout. Haha.

Ahahahaha ! Pour de vrai ?! Heureusement que je suis arrivé plus tard que lui, je ne voudrais pas que cette image me hante la nuit.

Je m'approche et me moque de son visage (je ne sais même pas si je me suis assez bien brossé les dents) avant que Ohm ne se penche et caresse le gros cul de Pong. Le propriétaire dudit cul saute en panique.

— C'est quoi ce bordel, Ohm ?!

— Je voulais juste savoir si tu pouvais bien bouger tes hanches. Ahahahaha.

Clac !

— Va te faire foutre, je ne suis pas Nong Mick ! Enfoiré ! Va poser tes foutus sacs là-bas. Ils ont dit que tout le monde devait aider à les porter dans le train avant qu'il ne parte.

Hahaha, bien fait pour toi. Je rigole mais j'oublie le fait qu'Ohm ne se soucie pas vraiment de ce que les gens pensent de toute façon. Il hausse les épaules avant de jeter son sac à dos dans une pile contenant la valise roulante du jeune maître Pong. (Bon sang, Pong, nous allons sortir de la ville, pas du pays. C'est un peu excessif et effrayant).

— Oh, ouais ! Comment se fait-il que presque tous nos badges soient de couleurs différentes ?! Seuls celui de Nant et le tien sont de la même couleur.

Même si je suis content du rouge et que je n'ai pas reçu le joli rose d'Ohm, je suis quand même curieux. Je prends mon badge rouge et le place à côté de ceux de Pong et de Nant qui sont violets. C'est plutôt déroutant.

— Oh, ce truc ? dit Joke en commençant son explication. Ils ont dit que c'est comme pour la journée des sports, on est répartis en équipes de différentes couleurs. Comme ça, quand on joue à des jeux, qu'on travaille ou qu'on fait d'autres activités récréatives, on est en fait en compétition les uns contre les autres. Je suppose qu'ils font ça parce qu'ils ont remarqué que l'on est tous de la même école, alors ils nous ont séparés. Seuls Nant et Pong ont la même couleur. Mais nous attendons toujours que le reste des gars de notre école se montre. Tout le monde n'est pas encore là.

Ah, oui. Mes amis ne sont même pas encore là.

— Oh, c'est vrai ! Et pour Dong et Palm ?! Ce salaud de Palm est encore en retard, hein ?

Je me retourne rapidement pour demander à Pong une fois que je réalise ça. Mais c'est peine perdue, vu qu'un type comme Palm ne se présente pas en cours à moins que les portes ne soient déjà fermées. C'est comme s'il avait besoin d'être obligé d'escalader la clôture pour entrer dans l'école, au lieu de passer par la porte comme les gens normaux. Je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il n'en a pas marre de faire chaque jour une course de 4 x 100 mètres depuis le port ?

Pong profite de l'occasion pour s'en prendre à son ami.

— Ouais. Palm m'a dit qu'il s'était réveillé tard. Il est en route. Mais Dong ne viendra pas, il a dit qu'il était occupé par quelque chose, mais je ne sais pas quoi.

Hein ? Je vois. C'est un peu décevant car j'avais hâte de faire ce voyage avec une tonne d'amis. Le rire d'Ohm interrompt mes pensées.

— Il a probablement peur qu'ils ne le laissent pas fumer, haha.

Merde, c'est une façon de dire de la merde sur lui. Il a arrêté de fumer il y a un moment ! Je me retourne pour frapper Ohm une fois pour avoir ouvert sa bouche. Puis, je me souviens que Film est censé être là aussi.

— Oh, et Film ? Comment ça se fait qu'il n'est pas encore là ? Il t'a appelé ?

Il semble que celui qui ait les réponses cette fois soit Ohm. Il hoche la tête.

— Oui, il l'a fait. Il ne peut pas y aller non plus parce que Art est malade. Il doit aller à cette fête de remerciement avec la tante du comité principal. Ahahaha, ça lui apprendra !

Hahaha ! Je suis d'accord ! Bien fait pour lui ! Mais ça veut dire qu'il y a encore moins de gens de notre école maintenant.

Je laisse échapper un soupir. Je suis déçu. En regardant la gare bondée de campeurs qui attendent le train, je remarque qu'il y a beaucoup plus de filles ici que je ne le pensais au départ. Lorsque l'on a appris qu'il s'agissait en fait d'un camp de reboisement, notre rêve de faire du camping avec de jolies filles s'est envolé en un clin d'œil. Mais maintenant que je regarde, la moitié du groupe est en fait constituée de filles. Je suppose que c'est pourquoi Ohm est de meilleure humeur maintenant. Il a arrêté de harceler Phun comme il le faisait plus tôt.

Les gars de la classe de Phun et de ma classe discutent et plaisantent entre eux. Joke a apporté sa guitare mais a laissé son accordeur à la maison, alors il me demande de l'aider puisque je suis le président du club de musique (qu'est-ce que ça a à voir avec ça ?). Cependant, cela fait longtemps que je n'ai pas fait ça moi-même (et je n'ai pas non plus d'accordeur avec moi), alors je suis un peu perdu. Je continue à produire un son bizarre au point qu'Ohm me frappe la tête et l'accorde à ma place. Il m'accuse aussi de ruiner la réputation du club de musique. Eh bien, j'utilise normalement un accordeur ! Espèce de bâtard ! (De toute façon, comment se fait-il qu'Ohm soit si bon à ça ? Maudit soit-il, lui et ses oreilles à la justesse parfaite. Je ne peux pas nier qu'il est vraiment talentueux). Au final, je deviens l'affreux beau-fils que personne ne veut parce que je suis inutile pour eux. Tout ce que je peux faire, c'est regarder Ohm accorder les 6 cordes de cette guitare, les mains sur les hanches.

Alors que je trouve autre chose à regarder, mes yeux repèrent un grand groupe de filles. (Elles sont mignonnes à croquer, c'est fou.) Elles ont toutes la peau claire et sont jolies. Mais le truc, c'est qu'elles me semblent terriblement familières. Je commence à me demander si elles ne viennent pas du lycée privé près de mon école.

Et lentement, j'obtiens mes réponses. Je suis sûr de reconnaître l'une des filles là-bas. Elle est assise près de l'endroit où se trouvent les bagages et il semble qu'elle ne discute pas sérieusement avec qui que ce soit. La fille se tourne et nos regards se croisent. Elle me sourit.

C'est la fille du club de musique du lycée privé, n'est-ce pas ? J'essaie vraiment de me rappeler son nom, mais je n'y arrive pas et ça commence à m'énerver. C'est quoi son nom déjà ? Je l'ai sur le bout de la langue. Beed ? Need ? Quelque chose comme ça ? Argh, je n'arrive pas à me souvenir ! Mais c'est bien la même fille.

Même si je ne me souviens pas de son nom, je suis assez poli pour lui faire un signe de tête et lui sourire. Puis, mes yeux repèrent une autre fille à la peau claire qui m'est connue. Et cette fille m'est beaucoup plus familière que la fille dont je ne me souviens pas du nom. Elle rit avec son groupe d'amis.

Je ne pourrais jamais oublier son expression joyeuse et son rire éclatant.

— Yuri...

— Alors tu l'as enfin vue. Tu es encore plus aveugle que je ne le pensais, dit Ohm.

Cela doit signifier qu'il l'a vue il y a un moment. Et pour Phun ?

Je jette un coup d'œil à Phun, il y a un soupçon de crainte dans mes yeux. Comme d'habitude, il n'a que des sourires pour moi. Il lève un de ses sourcils comme s'il voulait me faire comprendre que je ne dois pas m'inquiéter.

Donc, je suis la dernière personne à l'apprendre...

Je laisse échapper un long soupir parce que je ne sais pas quoi faire d'autre.

— Je devrais... rentrer à la maison ?

— Pourquoi, putain ? Tu la détestes ou quoi ?

Je sais qu'Ohm ne pense pas vraiment que je la déteste.

— Non... mais tu sais pourquoi. Je ne veux pas rendre les choses difficiles pour elle...

— Elle t'a déjà vu quand tu es entré. Si elle pensait que ça allait être gênant, elle aurait déjà ramené sa valise à la maison, espèce d'idiot.

T'aurais pu le dire plus gentiment, connard. Je fixe Ohm pendant qu'il continue à travailler sur sa guitare. Il n'a pas l'air très gêné par tout ça. Je laisse échapper un soupir encore plus long.

— Pffff...

— Agis normalement. Tu ne veux pas que Phun s'inquiète encore, n'est-ce pas ?

Il a raison. Je jette un coup d'œil à Phun qui discute avec Joke et Nant pas très loin de nous. Pourtant, il se retourne de temps en temps pour me faire un sourire. Je sais très bien qu'il y a une certaine incertitude cachée derrière ces yeux souriants. Phun se reproche ce qui s'est passé entre Yuri et moi depuis le début. Moi, d'un autre côté, je ne mettrais jamais la faute sur quelqu'un d'autre.

Soupir...

Tu perds sept secondes de ta vie à chaque fois que tu soupires, je me demande combien de temps il me reste. Soupir. (Encore.) Mais il semble que ce camp refuse de me laisser mourir si vite. Alors que je soupire pour ce qui semble être la centième fois jusqu'à présent, tout le monde dans la station entière éclate en cris et en hurlements.

Ohm (qui est toujours en train d'accorder la guitare) et moi tressaillons et nous tournons pour voir ce qui se passe. Des femmes seniors, biologiques ou non, couinent comme si elles avaient trouvé leur nouveau jouet préféré. Mais qu'est-ce qui se passe ? Je me demande en me mettant sur la pointe des pieds pour voir qui ou quoi se trouve au milieu de cette foule.

C'est Earn.

Et il porte un badge rouge comme le mien ?

Notes :La Chanson
https://www.youtube.com/watch?v=mH5Wt0FdCOY&feature=youtu.be

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Ven 6 Sep 2024 - 23:20



61ème Chaos
Les six et sept
Nous commençons notre voyage à 8h30. Le train n'est pas en retard... mais Palm oui. (Pour qui se prend-il ?!) Le train est déjà en marche lorsqu'il saute à l'intérieur. (Ce n'est pas une clôture d'école, merde.) L'employé lui crie dessus tellement fort que nous aimerions pouvoir faire comme si ce n'était pas un de nos amis.

Comme prévu, il reçoit une punition pour nous avoir humiliés. Une fois qu'il est entré dans le train, les mêmes seniors qui m'ont fait renifler mon aisselle (il n'y a pas besoin de revivre ce moment, il vaut mieux oublier ce qui s'est passé) commencent tout de suite à former un cercle autour de Palm.

— Devant ! Derrière ! Devant ! Derrière ! Devant ! Derrière ! Devant ! Derrière ! Devant ! Derrière ! Ahahahaha !

Toutes nos voix encouragent Palm alors que sa punition continue pendant un temps considérable. C'est plus qu'amusant. On se roule littéralement par terre en riant dans le train. Les seniors chantent et Palm est censé bouger ses hanches dans la même direction que les paroles, mais ils ne font que répéter devant et derrière, ce qui fait qu'il est littéralement en train de faire des mouvements de hanche devant cet énorme ladyboy senior. Ahahahaha ! C'est vraiment trop ! On dirait que Palm est sur le point de pleurer, surtout quand le ladyboy commence à se rapprocher de lui. Je me sens mal pour lui, mais c'est hilarant ! Ahahahaha ! Encore ! Encore !

— Devant ! Derrière ! Devant ! Derrière ! Devant ! Derrière !

Et ils continuent encore. Hahahaha. Palm commence à s'éloigner alors que nous continuons à l'applaudir et à l'encourager. (Ahahahaha.) Il s'enfuit en courant loin de l'immense sénior efféminé pour se rendre à l'arrière de la voiture où se trouve le reste d'entre nous, sans doute pour nous demander de l'aide. Naturellement, en bons amis que nous sommes, nous nous séparons et partons dans différentes directions. (Nous sommes des amis géniaux.) Palm nous insulte de manière incompréhensible, mais il parle assez fort pour que tout le monde dans le wagon l'entende. (Hahaha.) Alors qu'il cherche un moyen de s'échapper, ce gigantesque senior se jette sur...

… Phun.

Ahahahahahahahahaha ! J'aimerais que vous puissiez voir l'expression choquée de Phun ! Je ne peux même pas la décrire. Hahahaha ! Les huit d'entre nous (y compris Palm qui a échappé à la mort) sommes sur le sol en train de rire une fois de plus. Les autres membres du staff crient (surtout pour dire qu'ils auraient préféré que ce soit eux à la place).

— Je préférerais me déhancher avec ce type ! demande le ladyboy alors que Phun secoue rapidement la tête.

Il est serré dans ses bras et a l'air tout à fait pitoyable. Nous éclatons tous de rire et le reste du staff, qui se sent probablement désolé pour Phun, se précipite pour éloigner l'aîné de lui avec beaucoup de difficulté. (Ha, c'était vraiment pas loin).

Phun court immédiatement vers le siège le plus éloigné possible une fois qu'on lui a rendu sa liberté, probablement par peur d'une réplique. Pong et moi proposons d'aider Palm (l'autre survivant) à ranger ses affaires dans le compartiment supérieur. C'est alors que je découvre que Yuri et deux de ses amis sont dans le même wagon que nous. Ce n'est pas surprenant, car le staff a loué un wagon entier pour les campeurs afin que nous puissions faire le trajet de Bangkok à Khon Kaen ensemble. Je jette un coup d'œil à ce visage souriant que je connais trop bien. Elle discute avec ses amis tout en grignotant son casse-croûte. Je ne peux m'empêcher de sourire avec elle. Des sachets et des sachets de snacks l'entourent, cela n'a pas changé. Non, ce qui a changé, c'est que désormais, elle ne me regardera plus avec ses grands yeux ronds.

Je secoue la tête pour me débarrasser de ces pensées insensées qui, je le sais, ne feront que m'ennuyer. Puis j'aide Palm à lancer son sac dans un espace vide du compartiment supérieur et je retourne à mon siège. Peu de temps après, le jeune maître Pong sort des tranches de pain et de la confiture d'ananas pour se faire un sandwich. Il est sérieux ? Il a l'intention de faire des sandwichs pendant que le train dévale les rails à toute vitesse ? Je laisse échapper un soupir de lassitude parce que j'aurais préféré de la confiture de myrtille. (Ha...) Mais c'est pas grave. Au point où j'en suis, je mangerais n'importe quoi puisque je n'ai pas encore mangé ce matin. Je suis affamé. Nous organisons une fête de sandwichs très amusante à l'arrière du wagon avant qu'un senior, qui est un membre du staff, s'approche avec une boîte de loterie à la main.

C'est pour quoi faire ? Je me dis en mettant la main dans la boîte. L'aîné précise bien que je ne dois pas dire aux autres ce que je reçois, ça doit rester secret. Hum, peut-être que c'est un de ces jeux de groupe auxquels ils jouent pendant les voyages en camping ? Je devine silencieusement en ouvrant le morceau de papier sur lequel est écrit "Villageois".

Il y a quelqu'un qui s'appelle "Villageois" dans ce camping ? Je suis confus.

À la fin, je réalise que j'ai mal compris. Ce n'est pas un système de partenariat mais plutôt un jeu appelé "Vampires". Ça a l'air super flippant mais je n'ai pas d'autre choix que de participer. Voici les règles. Il est déconseillé de se promener seul pendant ce séjour en camping, car celui qui a tiré le papier "Vampire" est autorisé à arracher le coin du badge d'un campeur qui se trouve être un villageois (comme moi, par exemple). Cela peut se produire si vous choisissez de partir seul (ou, si la chance le veut, si vous vous associez à un vampire et que vous vous promenez ensemble.) Les aînés appellent cela un acte d'exécution. (Wah, trop effrayant.) Un villageois dont le badge est déchiré est considéré comme mort. Est-ce que je sortirai vivant de ce camp ? Et je ne suis qu'un villageois en plus ?! Cependant, les vampires ne s'en sortent pas si facilement, car il existe aussi des "Tueuses". Les tueuses peuvent tuer les vampires s'ils sont seuls. Hé hé. Je me demande qui sont les tueuses. Je vais me coller à elles comme de la glu ! En pensant cela, je me tourne pour regarder Phun avec de grands espoirs.

— Phun, qu'est-ce que tu as eu ?

— Hé hé hé…

Son gloussement est plutôt déconcertant. Je regarde ses yeux suspicieux, ressentant de l'appréhension.

— Putain, qu'est-ce que tu as eu ? Je te promets que je ne le dirai à personne.

Au moins, je me sentirais un peu en sécurité s'il était un villageois comme moi. Si c'est un vampire, je ne m'approcherai pas de lui. Mais si c'est une tueuse...?

Je l'aimerai à mort.

— Je ne te le dirai pas !

On va faire du camping et il fait toujours comme s'il travaillait pour le conseil des élèves. Combien de temps va-t-il continuer à être aussi gentil et à suivre toutes les règles à la lettre ? Je regarde son visage suffisant. On dirait qu'il ne veut vraiment pas me dire.

— Tu es un vampire, c'est sûr. Je ne vais pas traîner avec toi.

— Hey. Et tu penses que tu seras en sécurité avec quelqu'un d'autre ?

Oh, il a raison. Je fronce les sourcils en me demandant si je dois sauter du train tout de suite. C'est un jeu si effrayant à jouer. Pour être honnête, je pense que ça ira si je saute, vu que ce train roule à environ 180 km par trois mois. Pourquoi cette chose est-elle si lente de toute façon ? Est-ce qu'il dépend du vent comme un voilier ?

— Yo, yo, yo ! Qu'est-ce que vous avez eu les gars ?! Laissez-moi voir !

Avoir ces crétins dans le coin rend les choses encore plus troublantes. Je me tourne pour voir Ohm qui grimpe sur le siège par derrière. Je déchire rapidement le papier dans ma main et le jette par la fenêtre.

— Je ne te le dirais pas ! Espèce de con !

Je ne suis pas stupide.

Cependant, Ohm se contente de glousser avant de poser une expression sournoise sur son visage.

— Ok, alors. Mais tu ferais mieux de ne pas me laisser le découvrir. Hé hé hé.

Putain.

Parfois, c'est bien plus épuisant d'avoir Ohm comme ami que je ne le pense.

Le staff et le reste des campeurs ont eu une conversation de niveau mondial (leurs mots, pas les miens) pendant tout le trajet en train. Après un long (et je veux dire long) moment, la conversation n'est toujours pas terminée. Au point que je commence à me demander si cette glacière ne contient pas que de l’eau, mais plutôt des litres et des litres de Red Bull. Finalement, ils nous disent que nous pouvons enfin nous séparer et aller vaquer à nos occupations. Hourra ! (Sérieusement, je pensais qu'ils ne se fatigueraient jamais.) Mais ne pensez pas une seconde que l'on puisse se reposer avec Ohm pendant ce voyage. Parce que à peine le personnel a-t-il tourné le dos qu'il...

… sort un jeu de cartes !

Oh, c'est pas vrai ! Il veut qu'on joue aux cartes même quand on est dans un train ?! Je le frappe une fois à la tête avant de commencer à distribuer les cartes moi-même (ha...). Je devais le faire ! Ohm est pourri jusqu'à la moelle ! S'il distribue les cartes, tout le monde va définitivement perdre contre lui.

Nous faisons beaucoup de bruit en nous moquant visiblement des lois. C'est principalement parce que Palm nous dit que nous ne pouvons pas être arrêtés pour avoir joué parce que nous sommes dans un train en marche. Le temps que la police nous rattrape, nous serions dans une autre juridiction. Oui, c'est la logique de mon ami. Il est rempli des plus stupides expériences utiles.

Nous jouons à tous les jeux de cartes possibles dans le petit espace que nous avons. Cela inclut le poker, le blackjack, le rami et même un jeu d'alcool que nous avons inventé et qui consiste à boire une bouteille d'eau si l'on n'a pas de paire. Le dernier jeu est le plus drôle, vu ce que le pauvre Earn doit endurer. Il enchaîne les défaites, ce qui signifie qu'il doit constamment boire de l'eau. On en arrive à un point où il est sur le point de faire pipi dans son pantalon car toutes les toilettes sont pleines. Il finit par faire pipi près de la porte du train. Hahaha !

Heureusement, nous traversons de vastes champs et non un marché ou un quartier bondé. Sinon, plusieurs personnes auraient été gratifiées d'un ver cracheur devant elles. Haha.

Pong et Nunt, qui se sont avancés pour rejoindre Earn, viennent à son aide en lui disant que ce n'est pas un ver cracheur mais plutôt un dragon souffleur de feu. Ouah ! Pour de vrai ?! Mon expression de curiosité enthousiaste se termine par une double claque sur la tête de la part de Phun. (Putain !) Pourquoi il ne frappe que moi ?! Ohm, Palm et Joke ont tous l'air curieux aussi !

Nous passons un long moment à traîner avec les étudiants des autres écoles jusqu'à ce que le train atteigne sa destination à Khon Kaen. Il est alors presque dix-sept heures.

Le staff rassemble tous les campeurs devant la gare, puis ils nous font monter dans deux mini-bus qui se dirigent vers l'école où nous allons séjourner pendant deux nuits et trois jours. C'est exact, vous avez bien entendu. Nous allons rester dans une école au lieu d'un hôtel.

Mais ce n'est pas aussi horrible que ça. Bien sûr, les matelas de cette école ne sont pas aussi luxueux que ceux des écoles de Bangkok (surtout ceux fournis par notre école privée), mais ils ne sont pas trop minables. Au moins, il y a l'eau courante et l'électricité. Il y a aussi du réseau mobile pour que nous puissions appeler nos parents à la maison. (En parlant de ça, où diable va-t-on prendre nos douches...?)

En tout cas, l'école est très loin de la gare. Quand on arrive, il est presque vingt heures. Malgré tout, les nombreux résidents sont présents pour nous accueillir chaleureusement. Ohm, qui n'est pas vraiment connu pour sa politesse, finit par se taire après s'être plaint de son dos douloureux pendant tout le trajet jusqu'ici, lorsqu'il rencontre ces gentilles personnes. Après tout, ils ont attendu ici, au milieu des insectes et des moustiques, pour nous accueillir alors que le soleil est couché depuis longtemps.

Les habitants ont préparé du porridge de riz chaud avec un supplément, un supplément de porc. (Aucun restaurant de Bangkok ne ferait jamais une chose pareille.) Chaque personne termine pas moins de deux grands bols, puis les membres du staff nous disent de ranger nos sacs pour que nous puissions commencer une activité ensemble. (Il est presque 22h, on va quand même faire des trucs ?!)

On traîne nos énormes ventres (à cause du porridge, pas parce qu'on a été maudits ou autre) et on se dirige vers le deuxième étage du bâtiment de l'école qui a été magiquement transformé en chambres. (Leur école n'a que deux étages... et c'est un bâtiment en bois.) La chambre des filles et celle des garçons sont clairement indiquées. Alors que je traîne mes jambes devant la chambre des filles, je remarque que Yuri déballe ses affaires à l'intérieur. Elle ne me retourne pas le regard, contrairement à sa camarade de classe (dont je ne me souviens pas du nom, je me rappelle seulement vaguement qu'elle fait partie du club de musique du lycée privé) qui affiche un tel sourire que je n'ai d'autre choix que de la reconnaître en lui faisant un petit signe de tête.

Je pousse un énorme soupir en arrivant dans la chambre des garçons qui se trouve juste à côté. Je laisse tomber le sac de mon épaule et le pose juste à côté du sac d'Ohm qui porte l'emblème de notre école. Son sac a l'air terriblement vide.

— Putain ?! Est-ce qu'au moins tu as apporté quelque chose ?!

Il se contente de me hausser les épaules tout en ayant l'air odieusement détendu.

— Des vêtements, duh ? Assez pour deux nuits et trois jours donc ça fait quatre chemises et deux pantalons. Je peux juste les porter à nouveau, hé hé.

Putain de dégoûtant ! Mais ce n'est même pas le problème !

— Et ta serviette ?

— Eh bien... je vais utiliser la tienne. Ahahahahaha !

Enfoiré ! Qu'il soit maudit, lui et sa fainéantise ! Il avait fait la même chose quand on était allés à Ko Chang. Il n'avait pas pris la peine d'apporter une serviette et avait décidé d'utiliser la mienne. Et le pire ? Il l'avait prise avant moi et m'avait laissé avec une serviette mouillée à utiliser ! C'est un connard !

— Salaud. Alors cette fois, je prendrai une douche avant toi ! Tu as apporté autre chose ?

— Aw. Voyons, évidemment que j'ai acheté ma brosse à dents. Hehe.

Et le reste ? Tu vas juste utiliser mes affaires aussi, n'est-ce pas ? Je suis à deux doigts de le frapper sur la tête quand mes amis m'arrêtent.

— Yo ! Pourquoi tu essaies de le mordre cette fois-ci ?! Ramenez vos culs en bas. Ils nous ont appelés.

C'est quoi ce bordel ? Je ne suis pas un chien, je ne mords personne ni rien ! Je grogne contre Pong et Nunt qui sont venus interrompre la bagarre. Pendant ce temps, Phun et les autres attendent déjà dehors. (Je suppose qu'ils en ont eu marre de nous...)

Ohm attrape son téléphone portable dans son sac à dos avant de se tourner pour répondre.

— Bien, j'arrive. Est-ce que je dois porter ce fichu badge ? Je veux le jeter à chaque fois que je vois cette couleur !

Ahahaha ! Les gars éclatent d'un rire satisfait. Ohm est destiné à porter ce badge rose vif. Ce doit être la chose la plus gay du monde entier.

Palm, qui doit porter un badge bleu, profite de la situation.

— Ouais ! Apporte-le avec toi pour qu'ils sachent lequel est le gay ! Hahaha !

J'aimerais que vous puissiez voir la tête d'Ohm à cet instant. Il ne peut pas contrôler son expression. Il a l'air tellement désolé que je peux à peine le décrire !

Nous applaudissons joyeusement le badge gay d'Ohm en descendant les escaliers. On aurait dû savoir qu'il n'admettrait pas sa défaite.

— Ouais. Les hommes peuvent porter du rose. Le rouge est douteux. Pigé.

Et voilà qu'il recommence. C'est pas moi qui faisais des commentaires, mec !

Je hausse les épaules avant de répondre.

— Va te faire foutre, pourquoi t'es venu pour Earn ?

Smash !

— C'était pour toi ! C'est toi qui m'as mêlé à tout ça.

Oh, vraiment ?! Hahaha. Je frotte l'endroit où Ohm m'a frappé avant que nous nous dirigions en riant bruyamment vers le belvédère polyvalent de l'école.

Le belvédère est fait de béton. Il y a un toit mais pas de murs. C'est une maison ouverte, ce qui signifie qu'elle est ouverte aux moustiques. J'ai déjà des démangeaisons.

— Très bien ! S'il vous plaît, répartissez-vous selon vos couleurs, merci ! L'équipe jaune par ici. L'équipe rose par là. L'équipe des violets peut s'asseoir ici. L'équipe bleue, s'il vous plaît asseyez-vous à côté de l'équipe jaune. Vous pouvez les voir ? L'équipe rouge, allez vous asseoir devant la scène à droite !

Ok... C'est déroutant... Je me gratte la tête plusieurs fois avant de repérer mes chemises rouge (1)... euh, je veux dire les membres de l'équipe rouge.  (C'est presque devenu politique.) Ils sont assis dans un coin. Je suppose qu'il est temps que je me sépare de mon groupe d'amis.

— À plus, dit Ohm avant de marcher vers son équipe rose vif.

(La fille du club de musique du lycée privé dont je n'arrive pas à me rappeler le nom est assise parmi les autres membres de l'équipe rose). Pong et Nunt partent vers leur équipe violette. Palm et Joke sont avec le reste de l'équipe bleue.

— Ok. Je dois y aller. Prends soin de toi, d'accord ? dit Phun.

Il traîne autour de moi et hésite à bouger. Il se tourne pour murmurer son ‘au revoir’. Il semble plutôt regretter. Après un petit sourire pour Earn, il part avec Pete et se dirige vers l'endroit où se trouve l'équipe jaune. Yuri est déjà assise avec d'autres membres de l'équipe jaune.

Cela me rappelle à quel point elle doit se sentir mal à l'aise en notre présence.

Je laisse échapper un énorme soupir avant de traîner les pieds et de suivre Earn vers la zone rouge. Je suis étourdi, principalement parce que je ne connais pas grand monde ici. Apparemment, j'ai sous-estimé ma situation puisque j'ai oublié qui d'autre fait partie de l'équipe rouge. (Ha...)

Qui d'autre cela pourrait-il être sinon le capitaine de l'équipe de cheerleaders nommé Earn ? Il n'a fallu qu'une seconde pour que toutes les filles le saluent et attirent son attention. La plupart d'entre elles sont allées au tournoi de foot l'année dernière. Donc ce gars est assez populaire en soi, hein ? En fait, ça m'ennuie. C'est la première fois qu'Earn est capitaine. Je fais partie de la fanfare depuis des années, mais personne ne s'en souvient ou ne s'en soucie. Ils crient tous pour le capitaine excessivement bronzé de l'équipe des cheerleaders. Je n'oublierai pas ça !

On se présente et on échange quelques mots de politesse (c'est ainsi que je découvre qu'il y a douze gars, six ladyboys et douze filles. De si jolis chiffres). Comme prévu, notre chef d'équipe n'est autre que le capitaine de l'équipe de cheerleaders qui est censé être un grand leader. (Du moins, c'est ce que disent toutes les filles. Pfff. Il n'est rien comparé au président du club de musique. Haha.) Les membres du staff demandent ensuite au leader de chaque équipe de se présenter. C'est à ce moment-là que je découvre que notre école est dirigée par de très bons élèves. Non seulement le capitaine de l'équipe de cheerleader est le leader de l'équipe rouge, mais le secrétaire du conseil des élèves est aussi le leader de l'équipe jaune. (Écoute, je sais que tu as utilisé ton physique pour arriver là où tu es. Je le sais, admets-le juste).

Maintenant que les équipes ont déterminé leurs leaders, les jeux commencent lentement. J'ai déjà joué à la plupart d'entre eux. Il y a Vagabond Rouge (où deux équipes adverses créent un mur et tentent de franchir le mur et l'équipe qui en franchit le plus gagne), Suis Le Leader (où vous copiez la danse de la personne en tête de file. Qui a pris la décision de mettre ce ladyboy là de toute façon ? Tous ses mouvements étaient tellement obscènes. C'était tellement embarrassant), Amibe Pierre Papier Ciseaux (en gros, c'est un pierre-papier-ciseaux amélioré. Celui qui perd devient un lapin et le gagnant évolue en un poulet, un singe, un humain, un surhomme et ainsi de suite. Ce qui signifie que si tu es déjà un lapin et que tu continues à perdre, tu vas régresser en amibe. Devinez qui en est devenu un ? Personne d'autre que moi, bien sûr. C'était une réponse rapide. Tu parles d'une chance de merde ! Après le jeu, ils m'ont fait danser devant tout le monde parce qu'ils ont dit que je faisais une jolie amibe. Voyons ! Je n'ai peut-être pas honte, mais je peux être gêné aussi, vous savez ! Maintenant, tout le monde au camp m'appelle Noh-moeba. Bon sang. C'est juste Noh, s'il vous plaît comprenez !). En dehors de ces jeux, il y en a eu plusieurs autres. Je ne peux pas tous les évoquer. Tout ce que je sais, c'est que je suis épuisé. Sérieusement. À la fin de ces jeux, j'étais littéralement à bout de souffle. (Pour de vrai, c'était aussi dur que lorsque je m'entrainais pour le ROTC (2).) Finalement, les membres du staff nous demandent de nous asseoir avec notre couleur respective. Je pensais qu'ils allaient nous laisser aller nous coucher. Bon sang, j'avais tort. Un des aînés nous dit qu'il y a encore un dernier jeu !

— Très bien ! Tout le monde doit être épuisé maintenant, non ?!

— Oui ! crie tout le monde à pleins poumons

— Mais je ne vais pas vous laisser partir si facilement. (Ah...) Mais n'ayez crainte ! Je ne demanderai que deux participants de chaque équipe pour ce jeu. Que diriez-vous des leaders et d'un membre de leur équipe ?

Euh... le leader de mon équipe... c'est Earn. Ce n'est pas une surprise qu'il... me choisisse... moi. Putain de merde. N'ai-je pas assez souffert avec cet amibe pierre papier ciseaux ? J'ai supporté assez de honte pour plusieurs générations. Il veut encore me faire subir une autre humiliation ?! Je me gratte la tête en suivant Earn jusqu'au milieu du cercle. Je n'ai clairement pas envie de participer à ce jeu, mais je vois alors Phun et un membre de son équipe. (Mais qui est-ce donc ? Je ne le connais pas. Pourquoi n'a-t-il pas amené Pete ? Nous sommes de la même école. Oh... c'est pour ça. Pete s'est écroulé près du mur là-bas. Merde.) Eh, de quoi je parlais entre parenthèses déjà ? Argh, c'est pas grave. Je vois Phun et son pote et c'est suffisant pour me remonter le moral pour un autre défi. Et c'est reparti pour un tour ! Je veux me mesurer au conseiller des élèves pour une fois. Je ne suis pas aussi bon que lui quand il s'agit de l'école mais je suis un dieu quand il s'agit de ces stupides jeux à la con ! Je fronce les sourcils vers Phum encore une fois. Il se contente de hausser les épaules et de passer son chemin comme si je n'étais pas un adversaire à sa hauteur.

Attends un peu ! Je vais te montrer !

— Les règles sont simples. Chaque paire doit utiliser une partie de son corps pour transporter une balle de ping-pong depuis les paniers ici jusqu'au type à lunettes là-bas. Vous avez compris ? Pour que les choses soient équitables, on vous attribuera une partie du corps par tirage au sort.

Je me tape le bras pour tuer un moustique pendant qu'il termine son explication. Au moment où je lève les yeux, je vois une boîte devant moi. (C'est la même boîte qu'ils ont utilisée lorsque nous avons tiré au sort les papiers pour le jeu du vampire. J'ai la chair de poule à la seconde où je la vois). L'équipe bleue utilisera son front. L'équipe rose utilisera ses joues. L'équipe jaune (celle de Phun) utilisera un côté de leur corps. (Ça va être dur.) L'équipe violette utilisera ses épaules. (C'est difficile aussi...) Le dernier papier dans la boîte appartient à notre équipe. Je deviens vraiment nerveux parce que j'ai peur que nous ayons quelque chose de difficile comme l'équipe de Phun ou l'équipe violette. Cependant, nous allons pouvoir utiliser...

… notre bouche !

Hourra ! Ça va être si facile ! Je lance un poing en l'air.

— Oui ! m’écrié-je joyeusement.

Cependant, Earn semble être un peu sous le choc.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Il est peut-être fatigué ?

— Oh, rien, dit Earn en essuyant la sueur sur son front.

Pourquoi transpire-t-il ? C'est la nuit maintenant et il fait plutôt frais.

— Tu es content de ça ?

Et pourquoi me pose-t-il une question aussi bizarre ?

— Oui, bien sûr ! Ce sera tellement plus facile de jouer en utilisant notre bouche par rapport à ce que feront l'équipe jaune ou l'équipe violette. À moins que tu ne sois pas d'accord ?

Je commence à avoir des doutes. J'ai peut-être tort ? C'est peut-être pour ça qu'Earn a cette expression troublée sur le visage ? Cependant, Earn secoue la tête en réponse.

— N… non. Je suis d'accord avec toi, si tu le penses. Haha…

Il est bizarre. Je fronce les sourcils et le regarde fixement. Malheureusement, je n'ai pas le temps de réfléchir car ils sont sur le point de siffler le début du jeu.

Coup de sifflet !

La foule se met à rugir quand le coup de sifflet retentit. Cela me motive à ramasser la balle de ping-pong avec ma bouche encore plus vite. Earn est de l'autre côté et fait de même. Lentement, nous nous dirigeons vers le panier situé à une vingtaine de mètres.

Au fait, pourquoi ces filles crient-elles si fort ?! Elles sont particulièrement bruyantes quand Earn et moi essayons de garder notre équilibre. Les cris aigus me font mal aux oreilles. Bon sang, qu'est-ce qui se passe ? Ces filles ont vraiment besoin de sortir leur esprit du caniveau. Ce sont elles qui ont eu l'idée de ce jeu. Comment osent-elles le transformer en quelque chose de sale et de pervers ? Beurk ! Ça m'agace un peu et j'échange un regard avec Earn. Nous trouvons tous les deux un certain amusement à notre situation actuelle tout en continuant à faire de notre mieux dans le jeu.

— Le temps presse ! Dix ! Neuf ! Huit ! Sept !

C'est quoi ce bordel ? Notre équipe a la tâche plus facile que l'équipe de Phun. Alors comment ça se fait qu'il y ait plus de balles de ping-pong dans le panier jaune que dans le rouge ? Ça ne va pas le faire ! On ne peut pas perdre ! Earn et moi avons peur que Phun nous balance sa victoire au visage, alors on accélère. On est en compétition contre le temps alors que le personnel continue de décompter. Nos cœurs battent à tout rompre.

Plus vite ! Earn et moi bougeons notre cul avec la balle de ping-pong entre nous. On se précipite tellement que la balle se retrouve avec un angle bizarre ce qui rapproche nos lèvres encore plus qu'avant.

On est si proches. Presque... presque... presque ! Bingo ! Earn et moi déposons rapidement la dernière balle de ping-pong dans le panier au moment où le coup de sifflet retentit. Ses lèvres et les miennes se frôlent brièvement.

Hum...

On reste immobiles et on se regarde en silence maintenant que le jeu est terminé. C'est le chaos autour de nous, trop chaotique pour que les autres n’aient remarqué ce qui s'est passé entre Earn et moi. Ils étaient tous concentrés à encourager leur propre équipe et ils ont applaudi quand le jeu s'est terminé. Soyons honnêtes, je suis un peu effrayé par l'accident, mais si vous me demandez si je m'en soucie ou non, je peux dire avec confiance que non. Il y a autre chose qui retient mon attention.

— La première place revient à l'équipe rose ! Suivie par l'équipe rouge puis l'équipe jaune !

Voilà ce qui retient mon attention ! Je saute comme un singe avec nos coéquipiers qui applaudissent à tout rompre. Ils vont même jusqu'à courir vers les autres équipes pour leur balancer notre victoire au visage ! Haha ! Nous sommes quelque chose, n'est-ce pas ?

Je saute et cours vers mes coéquipiers pour me joindre à la célébration. (C'est comme si la Thaïlande avait gagné la Coupe du monde ou quelque chose comme ça.) Tout le monde continue à crier fort pendant un petit moment. Finalement, je remarque qu'Earn est resté silencieux. Il sourit peut-être à nos amis, mais il y a quelque chose d'étrange dans son regard.

— Qu'est-ce qui se passe, Earn ?! Tu n'es pas heureux ?!

Je m'arrache au grand groupe (qui a commencé à danser comme un fou avant de partir se reposer) et je touche légèrement l'épaule d'Earn. Il réagit en sursautant, comme si son esprit avait été ailleurs pendant tout ce temps.

— Euh, Noh... Je suis désolé. Je ne voulais pas que ça arrive.

Hein...? Qu'est-ce qu'il raconte ? Oh... ça...

Je dois admettre que j'ai pratiquement oublié ce qui s'est passé parce que je ne pense pas que c'est une grosse affaire. Je sais que les accidents arrivent. De plus, ce n'est vraiment pas un problème dans la mesure où ce n'était pas fait exprès.

— Quoi ?! Tu es encore inquiet à propos de ça ? Je ne suis pas une nana, tu sais. Merde, je n'y pensais même plus. Oublie ça, d'accord ? Allez. Va danser avec Charlie. Il doit se sentir tellement seul à danser sans toi. Hahaha.

Je mentionne un ladyboy de notre équipe qui a le béguin pour Earn. Il s'appelle Charlie. (Nom légal, Suchat.) Il fréquente aussi une école de garçons comme moi, mais son uniforme est un short marron au lieu du bleu. Charlie a un tel béguin pour Earn que chaque fois qu'il a besoin de manger, de pisser ou de chier, il a toujours besoin de l'attention et de l'aide de notre chef d'équipe. (Même si Charlie est plus grand et semble encore plus fort qu'Earn.) Parfois, Earn évite Charlie, mais Charlie est en fait assez drôle. On aime plaisanter avec lui.

Habituellement, quand je fais le malin avec Earn, il me rend la pareille en me donnant une claque sur la tête par timidité. (Je suppose, haha.) Cependant, cette fois, il est complètement silencieux. Il me fixe tellement fort avec ses yeux perçants que je ne peux même pas détourner son regard.

— Tu t'en fiches peut-être, mais pas moi. Tu sais ce que je ressens pour toi, me rappelle-t-il doucement, et pourtant je peux sentir à quel point il est sérieux.

Et honnêtement, s’il n'avait pas remis ça sur le tapis, j'aurais déjà tout oublié. Pourquoi est-ce qu'il parle encore de ça ? Qu'est-ce qu'il veut dire ? Je croise son regard et il semble toujours aussi sérieux. Je ne peux m'empêcher d'expirer brusquement.  

— Earn... je pense toujours à toi de la même manière que le premier jour où je t'ai rencontré. Je pense toujours à toi comme mon ami. Et je continuerai toujours à penser à toi comme mon ami.

Je sais que ces mots ne vont probablement pas le faire se sentir mieux, mais c'est ce que je ressens vraiment pour lui. Je lui fais rapidement un grand sourire et lui frappe l'épaule assez fort à plusieurs reprises comme je le fais habituellement.

— Pourquoi tu fais cette tête ? Allez, c'est mieux d'être amis. C'est beaucoup plus amusant ! Et si c'était quelqu'un d'autre, je lui aurais mis un coup de poing dans la figure. Mais tu es mon ami ! Alors je te le dis, ne t'inquiète pas pour ça ! Ne t'en fais pas. Et vraiment, peu importe combien de fois tu m'embrasses, je ressentirai toujours la même chose pour toi. Je ne suis pas en colère contre toi. Je ne te déteste pas ou quoi que ce soit. Tu as compris ?

Je plaisante avec lui, mais en même temps, je suis sérieux. Je ne peux pas l'expliquer, mais je sens un frisson soudain dans mon dos. Je fronce les sourcils en finissant de parler avant de me retourner pour voir...

… Phun Phumipat qui se tient immobile. Il nous regarde, Earn et moi, avec de la colère dans les yeux, avant de partir.

Attends un peu ! Tu étais là pendant toute la conversation ?!

Notes :
1/ Les chemises rouges : Il s’agit d’un parti politique né en 2006 dans un climat politique difficile en Thaïlande (Coup d’état). D’abord appelé Alliance démocratique contre la dictature, il prend le nom de Front national uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD) en 2007. Ils ont choisi d’être représentés par la couleur rouge car elle signifie le rébellion et l’opposition. Ils sont directement opposé aux “chemises jaunes” un partie politique qui soutient la monarchie. (Pour plus de renseignement, car c’est une situation complexe : https://fr.wikipedia.org/wiki/Front_national_uni_pour_la_d%C3%A9mocratie_et_contre_la_dictature)

2/ ROTC : Tous les Thaïlandais de sexe masculin doivent servir dans les forces armées thaïlandaises. Ils peuvent choisir de s'engager après avoir obtenu leur diplôme du lycée ou de l'université. Une fois la formation du R.O.T.C. terminée, ils sont classés comme "réserve inactive" par le gouvernement thaïlandais.

En cas de catastrophe naturelle ou d'urgence militaire, ils peuvent être appelés en service actif pour protéger et préserver la nation. Les étudiants du MUIDS ne sont pas obligés de participer au programme R.O.T.C.. Il est entièrement facultatif.

Les étudiants du R.O.T.C. suivent un programme d'entraînement physique rigoureux qui leur apprend le travail d'équipe, l'autodiscipline et la force d'âme. Chaque année, ils effectuent quatre-vingts heures d'entraînement militaire. La plupart des sessions ont lieu le samedi et les étudiants y apprennent les bases du métier de soldat, comme les formations d'exercice, la marche et la présentation des armes.

Ils apprennent des sujets plus avancés au cours de leurs deuxième et troisième années, notamment à suivre les ordres de la chaîne de commandement militaire, à monter et démonter des armes, et à utiliser des cartes et des radios pour naviguer en terrain inconnu. Au fil du temps, ils apprennent à travailler en équipe en se sacrifiant les uns pour les autres.

Toute cette formation culmine avec une excursion d'une semaine dans un camp militaire éloigné. Les élèves de deuxième et troisième années subissent une série d'exercices destinés à tester leur préparation militaire. Ils participent à des expéditions au cœur de la jungle et suivent une formation de base comparable à celle de la plupart des armées du monde.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:20



62ème Chaos
Satisfait
Et il s'avère que c'est exactement ce que je craignais. Ce bâtard n'a entendu que la moitié de l'histoire.

Sérieusement. Maintenant il fait la tête alors que son équipe est en tête du classement. Il est vraiment malheureux en ce moment. Et au lieu d'être énervé et de m'ignorer, il est juste énervé et insiste pour me tourner autour encore plus maintenant ! Merde.

J'aurais dû m'en douter depuis le temps. Phun Phumipat est têtu. Il est du genre à ne pas lâcher prise après avoir mordu quelque chose. Il mord particulièrement fort quand il est de mauvaise humeur. En l'occurrence, les membres du staff nous ont dit que nous pouvions vaquer à nos occupations et aller au lit après avoir terminé les jeux. La première chose que Phun a décidé de faire a été de se diriger vers moi. Il a ignoré tout et tout le monde. Il s'est assuré qu'il n'y avait aucun moyen pour Earn de rester près de moi, et encore moins d'avoir une conversation avec moi. Et je veux dire au sens littéral du terme.

Ce n'est même pas comme s'il me parlait alors qu'il traîne près de moi ! Il est là, mais il refuse de me parler. Bien sûr, il parle à Joke ou à Nant. Il discute même avec mes amis comme Ohm, Palm et Pong. Il va même jusqu'à parler à Earn et Pete. Il parle à peu près à tout le monde, sauf à moi. Apparemment, je mérite son silence.

Alors pourquoi tu me tournes autour et tu fais fuir les gens pour qu'ils ne me parlent pas ?

Enfoiré !

J'ai envie de le maudire, mais je me retiens. En plus, c'est pas comme s'il voulait me parler. Alors devinez quoi ? Je ne veux pas lui parler non plus. (Ha) Si ça doit être comme ça, alors tant pis. Je me dis que je vais juste essayer d'agir normalement alors que Phun plane anormalement au-dessus de moi, constamment, comme une ombre.

Je veux dire, rien de tout ça n'est normal ! Il me suit partout ! Il me suit quand je sors pour prendre une douche. La douche ici est en plein air, ce qui signifie qu'il y a une énorme baignoire au milieu et que les gens utilisent des bols plus petits pour y puiser de l'eau et se rincer. C'est un espace public et partagé, donc les gars peuvent montrer leurs atouts s'ils le souhaitent. (Ou le moins beau, mais je n'ai aucune envie de regarder.) Phun se colle à moi de très près puisque ce ne sont pas des sanitaires privés. J'ai un choc quand ce secrétaire du conseil des élèves me bombarde d'eau et me lance un pain de savon. Puis il répète le processus de déverser de l'eau partout pour me rincer. Ensuite, il me chasse d'un revers de la main et m'ordonne de m'habiller.

Mec, où est le feu ?! Ce Noh ne reculera pas si facilement ! Hahaha. Je continue à jouer avec Ohm et Palm. J'ignore le regard de mort de ceux qui sont à proximité. Mes amis et moi, nous nous en prenons à Pong et l'attaquons avec de l'eau. Et pourquoi on ne le ferait pas ? Apparemment, il savait que cet endroit avait seulement un bain public. (Parce qu'il a appelé un membre du staff et a demandé à l'avance.) Mais il ne l'a dit à aucun d'entre nous ! Il le savait donc il a préparé un caleçon rouge foncé pour le porter sans s'inquiéter. Le reste d'entre nous avons enfilé un boxer vert clair, jaune clair, bleu clair et rose clair. (Nous pourrions tout aussi bien ne rien porter à ce stade.) Il est différent de nous, alors il va l'avoir !

Enlève-le !

Ahahaha ! C'est hilarant ! C'est tellement satisfaisant de voir le jeune maître Pong, qui vient de se laver avec son savon parfumé, se rouler sur le sol en ciment. (Je répète ! C'est un sol en ciment au lieu d'un sol carrelé.) Hé hé hé. De loin, on pourrait croire qu'on le tabasse. Franchement, se faire battre est peut-être la meilleure option à ce stade pour lui plutôt que de se faire déshabiller comme ça. Désolé, mon ami. On est tous à peu près nus alors ne crois pas que tu vas t'en sortir si facilement !

Mes amis et moi faisons un tel vacarme dans la salle de bain alors que nous embêtons Pong. Finalement, Ohm termine la mission en arrachant avec succès le caleçon rouge de Pong ! Ahahaha ! C'est dommage qu'il n'y ait pas de caméras autour. (Qui en amènerait ici de toute façon ?!) On siffle et on applaudit Pong pendant un moment puis on décide de se laver à nouveau puisque l'on s'est roulés par terre. Je veux dire, le sol en ciment n'est pas vraiment propre. (C'est dégoûtant...) Mais bon, comment se fait-il qu'Ohm termine sa douche si rapidement ?! Je viens juste de commencer et je le vois déjà partir vers l'endroit où sont accrochés nos vêtements et nos serviettes. Et là je comprends.

Ce connard ! Il utilise encore ma serviette !

— Putain, Ohm. T'es sérieux ?!

Je lui crie dessus à pleins poumons. Il se moque de moi, apparemment sans se soucier du monde. (Bâtard !) Mais avant que je puisse l'insulter encore un peu, une serviette douce et familière atterrit sur ma tête.

Phun fait semblant d'être indifférent. Il passe ses doigts dans ses cheveux trempés. Je remarque qu'il bloque mon corps avec le sien. Je fronce les sourcils avant de regarder le caleçon bleu clair que je porte. Oui, le tissu est assez fin mais il n'a pas l'air obscène (surtout comparé au boxer jaune clair de Palm, hahaha). J'accepte rapidement la serviette de Phun sans faire d'histoires.

Je me sèche soigneusement avec la serviette fraîche de Phun, en veillant à ne pas utiliser tous les endroits secs. Je lui rends rapidement la serviette, car il porte un caleçon orange clair. Il est tellement trempé qu'on peut en voir tous les détails. Je voudrais lui dire que je ne veux pas que quelqu'un d'autre que moi le voit exposé comme ça, mais je ne veux pas être le premier à rompre le silence entre nous.

Nous nous habillons tranquillement l'un à côté de l'autre (tout en essayant de cacher le corps de l'autre). Puis nous retournons à notre lieu de vie en silence. Sur le chemin du retour, je ne cesse de jeter un coup d'œil à ma droite pour regarder le visage inexpressif de Phun. Il porte toutes mes affaires dans ses bras. Et je me demande, si je l'avais devancé et que je portais certaines des affaires, est-ce qu'il me tiendrait la main de sa main libre maintenant ?

Je connais très bien la réponse à cette question.

On est enfin de retour dans notre chambre. C'est techniquement une chambre, c'est juste que c'est une salle de classe. (Nous sommes dans une école et non un hôtel après tout.) La chambre dans laquelle nous dormons est une immense salle de classe. Elle me rappelle les endroits où vivaient les immigrants sans papiers dans les documentaires que j'ai vus. Comme prévu, tout le monde est déjà couché quand nous rentrons. Nous trouvons rapidement et discrètement nos propres places que nous avions heureusement gardées avec nos sacs à dos. Sinon, nous aurions dormi les uns sur les autres.

Je range mes affaires à côté d'Ohm. Il s'étale de la lotion parfumée. Argh, qui essaie-t-il de tromper ? Cette lotion ne va pas l'aider à être plus beau ! Ha ! Je me dis en silence. Je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche pour parler qu'une main atterrit sur ma tête avec un bruit sourd.

— C'est quoi ce bordel ?! Pourquoi tu m'as giflé ?

Paf ! C'est mon tour, prends ça ! En retour, je reçois une grosse bouteille de lotion sur la tête. Ow, ça fait mal ! Il me fait mal !

— Je sais que tu disais de la merde sur moi dans ta tête. Je peux le voir sur ton visage, connard.

Comment il le savait ?! Je veux dire, comment peut-il être une personne aussi horrible ?! Bien sûr, j'ai dit de la merde cette fois, mais si je ne l'avais pas fait ? Enfoiré. Je lui montre mon majeur avant d'ouvrir ma paume pour prendre un peu de sa lotion. Hé hé. J'aime celle qu'utilise Ohm. Elle sent bon. Je lui demande souvent si je peux lui en emprunter quand je traîne chez lui. Je me sens tellement à l'aise avec et je m'endors très facilement. Je n'ai jamais pris la peine de m'en acheter une bouteille parce que c'est très cher. (Tu sais ce que c'est, quand tu n'es pas né aussi beau que moi, tu dois dépenser de l'argent. Tu vois ce que je veux dire ahahaha !)

— Est-ce que vous allez bientôt dormir ? On doit se lever tôt demain, nous rappelle Palm à proximité.

Pong est à côté de ce dernier, mais aussi à côté de Ohm. Je jette un coup d'œil à ma montre et il est plus d'une heure du matin maintenant. Je lui fais un signe de tête et je ferme mon sac à dos.

— J'éteins les lumières alors, dit Earn puisqu'il est le plus proche de l'interrupteur.

Le reste d'entre nous lui adressons un rapide signe de tête avant que la lumière ne s'éteigne. Avant que les lumières ne s'éteignent, j'ai remarqué que Phun était à côté de Joke et Nant. Ils sont de l'autre côté de la pièce. Je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il a finalement décidé d'arrêter de me surveiller. Mais peu importe, j'ai tellement sommeil maintenant. Je baille lorsque ma tête touche mon oreiller. (En fait, c'est mon sac à dos, mais je le considère comme mon oreiller.) Je me serais endormi si je n'avais pas...

Il y a quelqu'un qui se glisse entre Pete et moi ! (Ohm est à ma droite. Pete est à ma gauche et Earn est à côté de lui. Mais qui c'est, bon sang ! Je tourne mon corps pour regarder dans l'obscurité. Je peux voir que c'est...

… ce bâtard de Phun Phumipat.

Yo ! J'ai failli crier fort mais une main chaude couvre ma bouche. Je fronce les sourcils et le regarde. Il a ruminé toute la journée mais maintenant il a un doigt sur ses lèvres pour me dire de rester tranquille. Je hoche la tête. Je fronce encore plus les sourcils en regardant autour de moi pour voir si quelqu'un d'autre s'est réveillé et nous a vus.

C'est probablement la première fois en six heures qu'il sourit (à moi). Du moins, je pense qu'il sourit parce qu'il fait si sombre que je ne peux pas le dire. Peut-être que je me trompe. Je plisse les yeux et j'essaie de regarder plus attentivement quand un bras chaud m'attire dans une étreinte familière.

Phun me serre doucement, comme il le fait habituellement quand il m'aide à m'endormir. Sa paume chaude me tapote la tête presque par jeu. Il presse ses lèvres contre mon front. Je fais de même pour lui et je m'endors lentement dans son étreinte chaleureuse.

Je ne sais pas si quelqu'un va nous surprendre demain matin.

Mais ce n'est pas grave. Parce que tant que Phun est là, je suis en sécurité.

Je le crois vraiment.

-----------------------------------------

— @(#$&*{)(@&^!*)(*_)_(*&^(*)

Bon sang ! Pourquoi c'est si bruyant ce matin ? J'ai à peine dormi, bon sang. Je fronce les sourcils, les yeux toujours bien fermés, car j'ai l'impression que la lumière du soleil essaie de les faire s'ouvrir.

— Merde, Noh ! Réveille-toi ! Réveille-toi ! Réveille-toiiiiii !

Argh ! Je sais qu'il n'y a qu'une seule personne qui essaierait de me réveiller avec ses pieds ! Je m'écarte de lui et je balance mon bras sur la personne à côté de moi, par habitude, puisque j'ai fait ça toute la nuit.

— Hey !

Pourquoi diable est-ce qu'il crie ? Attends, ce n'est pas la voix de Phun ! Je sursaute et retire rapidement mon bras avant d'ouvrir les yeux. La victime malchanceuse que je viens d'essayer de câliner, c'est Pete !

— Noh, tu as pris ma virginité !

Putain ! Je suis complètement réveillé maintenant et je lui fais un doigt d'honneur même si on n'est pas vraiment proche. (Parce qu'il a décidé de faire le malin avec moi.) Eh, peut-être que c'est ma faute parce que c'est moi qui l'ai câliné en premier ? Haha. Mais Phun ne dormait-il pas à côté de moi la nuit dernière ? C'était un rêve ? Est-ce que j'ai vraiment fait des câlins à Pete toute la nuit ?! Pas du tout.

Je me frotte les yeux pour me débarrasser de ma somnolence avant d'essayer de scruter la pièce pour trouver où Phun pourrait se trouver. Il s'avère qu'il dort encore profondément à l'autre bout de la pièce. (Putain, pourquoi personne ne l'a réveillé aussi ?!) Et la personne à côté de moi, que j'ai prise pour Phun toute la nuit, s'avère être Pete. Il n'est qu'un innocent spectateur que j'ai fini par enlacer. Heureusement, il a l'air d'avoir récupéré et il est en train de plaisanter avec ses amis. Il ne semble pas être dérangé par ce qui s'est passé. (Je ne le suis pas non plus.) Je me gratte la tête en commençant à croire que la nuit dernière n'était qu'un rêve.

Argh, oublie ça. Phun est en train de se réveiller parce que nous sommes trop bruyants. Il me fait encore la tête. Il prend sa brosse à dents, son dentifrice et un savon. Il s'arrête à la porte, probablement pour m'attendre. Comme si je voulais y aller avec toi ! Je hausse les sourcils pour le regarder odieusement avant de m'asseoir et d'attendre Palm et Pong pendant qu'ils rassemblent leurs affaires. Je pars avec eux et laisse Ohm derrière moi puisqu'il m'a dit qu'il avait déjà fini sa tâche. (Quand ?) Il veut dormir un peu plus. Ok, peu importe.

À mon retour, je remarque qu'il manque un morceau à la carte de visite de Palm. Ahahaha ! J'avais presque oublié le jeu des Vampires. Palm a été stupide de laisser son badge dans la chambre. Le vampire l'a eu. (Je ne savais même pas que c'était autorisé !) C'est ce qui arrive quand on est négligent. Hahaha. Qui l'a tué de toute façon ? Je me retourne rapidement pour regarder Ohm. Il me fait un sourire en coin, comme s'il me mettait en garde contre l'imprudence. Un frisson me parcourt l'échine et je me dépêche de mettre mon propre badge autour de mon cou. Je suppose qu'avoir Phun qui me colle à la peau n'est pas si mal. Au moins, ce salaud d'Ohm ne pourra pas m'atteindre !

Après avoir assisté à ce meurtre horrible (grâce à l'humiliant badge déchiré de Palm, on ne peut s'empêcher de se demander comment ce type a pu survivre moins d'une journée), tous les campeurs se retrouvent sur le terrain de football, juste devant le bâtiment de l'école. Les seniors nous demandent de nous mettre en ligne avec nos couleurs comme si nous étions des collégiens. Phun est maintenant séparé de moi et doit s'asseoir avec les autres badges jaunes. (Naturellement, il m'a lancé un regard noir avant de partir.) Pendant ce temps, je suis avec le groupe des badges rouges. (Encore de la politique ?) Les aînés du collège commencent à nous parler des activités du jour et à nous dire quel groupe sera responsable de quelle partie du projet.

Puisque nous sommes ici pour planter des arbres, il n'y a pas grand chose d'autre à faire que... planter des arbres. Sauf que nous ne sommes pas exactement en train de faire pousser une forêt parce qu'ils nous font planter des herbes de vétiver (1) à la place. Elles sont censées agir comme une forteresse naturelle et absorber l'eau pour éviter les inondations. Eh bien, ce n'est pas si mal. Ça a l'air simple, on va juste planter des herbes dans de la terre. Je laisse échapper un bâillement en les écoutant nous apprendre à planter des herbes correctement. Je suis déjà en train de m'assoupir et j'entends le rire d'Earn.

— Tu as sommeil, Noh ? Tu as réussi à dormir la nuit dernière ?

— Ouais…

Je commence à repenser à la nuit dernière, maintenant qu'Earn en a parlé. Je pense avoir bien dormi la nuit dernière. Mais comment se fait-il que j'ai eu l'impression de rêver de Phun ? Peut-être qu'en fait, je ne l'ai pas fait ?

Je me retourne pour le regarder avec une expression endormie sur le visage.

— Je l'ai fait mais... je veux dormir un peu plus.

— Haha, vas-y. Je te réveillerai quand on sera prêts à partir.

Génial, mec ! Je souris et accepte son offre. Puis je pose mon visage contre mes genoux et je m'endors. Merci, mec !

...

— Noh, Noh. C'est l'heure de partir.

Hein ? Qu'est-ce qui se passe...?

Je lève ma tête de mes genoux. Je vois d'autres campeurs qui se lèvent pour partir. Je suis le seul à être encore au sol (puisque je faisais la sieste) et maintenant je respire la saleté et l'herbe que les autres campeurs ont épousseté de leurs vêtements.

— Kof, Kof, Kof.

Bon sang, les gars ! Ne faites pas une tempête, je suis toujours assis ici !

Je fais du bruit intérieurement alors qu'une petite serviette est jetée dans ma direction.

— Merci, Earn !

Je me couvre rapidement le visage avec et j'en profite pour me lever du sol. Je lève les yeux pour voir... Phun.

Aw, merde. Je pensais que c'était Earn ! Je suis dans la merde.

Je reste bouche bée en fixant Phun qui semble faire semblant d'être devenu sourd et de ne pas avoir entendu qui j'ai remercié. C'est mieux comme ça, je suppose ? Je commence à le remercier quand je me reprends. Si je lui parle en premier, je perds, non ? (Nous jouons à un jeu maintenant ?) Je lui rends la serviette (usagée). Phun la reprend sans dire un seul mot. Il refuse de bouger tant que je ne bouge pas.

Oh, allez !

— Quelle est la zone des jaune, Phun ? C'est loin ? demande Earn pendant que nous nous y rendons tous les trois.

Ça semble être un long chemin à parcourir. En fait, je n'ai aucune idée de quelles zones correspondent à quelles couleurs parce que je dormais quand ils nous l'ont dit plus tôt.

— Près des cotonniers. Ils ont dit que nous serons près de l'eau également, répond Phun avec un sourire en portant deux pelles sur son épaule. (L'une d'elles est la mienne.)

Earn lui sourit en retour.

— C'est bien. Notre zone est plus en arrière. Je ne pense pas qu'il y ait de l'eau là-bas. Je parie que ça va être chaud. Noh, ça va aller ?

C'est gentil de m'inclure dans votre conversation. Je cligne des yeux plusieurs fois avant de lever les yeux vers le soleil éclatant. Puis je souris d'un air penaud.

— Bien sûr. Je suis un ROTC après tout.

Et je n'ai fait l'école buissonnière que quatre ou cinq fois. Hé hé hé.

— Tu es au niveau inférieur, pourquoi tu te vantes ? Attends d'être dans la cour des grands comme nous et tu pourras parler. Pas vrai, Phun ?

Yo, c'est quoi ce bordel ? J'ai eu de la chance d'atterrir au niveau inférieur, et alors ? Vous êtes juste jaloux tous les deux. Je jette un coup d'œil à Earn mais il arrête de me faire chier. Il est maintenant en train de dire des conneries au sujet d'un soldat qu'ils connaissent tous les deux avec Phun à la place. C'est bien que vous vous entendiez bien, non ?

Je jette un coup d'œil à ces deux-là pendant qu'ils s'amusent à discuter entre eux et je ne peux m'empêcher de sourire. C'est ce que j'aime chez Phun. Bien sûr, il est jaloux et possessif (les autres ne le savent pas, c’est seulement moi), mais il n'est pas du genre à chercher la bagarre. Phun ne s'est jamais défoulé sur nos amis, ce qui m'aurait mis dans l'embarras. Phun ne m'a jamais blessé physiquement ou émotionnellement. Bien sûr, parfois, il s'énerve et fait des choses bizarres comme d'habitude parce que cela correspond au type de personne qu'il est. (Comme ce qu'il fait maintenant.) Parfois, il empêche discrètement les autres de m'approcher. Et faire une scène en public juste pour prouver que j'ai ma place à ses côtés ? Oubliez ça, il ne ferait jamais une telle chose. Phun m'a toujours traité avec respect et je l'en remercie.

Je jette un coup d'œil à Phun avec un sourire sur le visage. Il a l'air confus et veut probablement demander pourquoi je le regarde comme ça, mais il ne le fera pas. (Cette guerre froide est toujours d'actualité.) Hé hé hé. Il est curieux et ça m'amuse, alors je siffle joyeusement pour l'encourager. Puis j'entends une voix qui m'interrompt.

— Noh ! Bonjour ! Est-ce que tu regardes où tu marches ? Hé hé.

À qui est cette voix ? Je cherche autour de moi d'où vient cette voix qui me semble familière mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Et puis j'en découvre la source.

Oh. C'est la fille du lycée privé !

Ah, merde. Je pâlis parce que si elle m'a reconnu, moi je ne me souviens pas de qui elle est. Que dois-je faire maintenant ? Sera-t-elle blessée si elle se rend compte que je ne la reconnais pas ? Ah, j'aimerais avoir une bouée de sauvetage en ce moment.

Pendant que je me creuse la tête pour essayer de me rappeler son nom, la fille devant moi me montre le chemin.

— Je suis Jeed. Je t'ai vu hier mais je ne t'ai pas appelé parce que j'avais peur que tu ne te souviennes pas de moi.

Oh, ouais ! Jeed ! C'est elle ! Maintenant je me souviens !

Maintenant que Jeed s'est représentée, je ne peux pas m'empêcher de faire un grand sourire comme si j'étais fou. Je ne peux pas m'en empêcher, je suis content de m'en souvenir. Je remarque que Phun a l'air contrarié pendant une seconde mais je ne lui accorde aucune attention.

— Bien sûr que je me souviens de toi. Haha.

Menteur, menteur. C'est du vent. Je vais ajouter ça à la longue liste des péchés que j'ai commis. Je paierai pour ça plus tard en enfer, je suppose. Au moins, mon mensonge réussit à faire sourire Jeed.

— Je suis si heureuse ! Hé hé. En fait, je te croise souvent près du lycée privé mais je ne t'ai jamais salué parce que j'avais peur que tu ne te souviennes pas de moi.

Peut-on ne pas répéter la partie où je ne me souviens pas de toi ? (Parce que je ne me souvenais pas.) Je souris timidement en retour. Avant que je puisse répondre, une voix familière et profonde m'interrompt.

— Tu es dans l'équipe rose, Jeed ? Donc tu es dans la même équipe qu’Ohm alors ?

— Ouais, le gars un peu bruyant, non ? Tu es dans l'équipe jaune, donc tu es dans la même équipe que Yuri ?

— Oui.

Et ils continuent leur longue conversation au point que Jeed n'a plus l'occasion de discuter avec moi. Et ça me convient parfaitement, vraiment. Profite de ta discussion. Continue. Passe entre Earn et moi pendant que tu as une conversation sérieuse avec Jeed pendant que tu y es. (Hmph !)

Il est en train de le faire, d'ailleurs. Je suis étonné qu'il réussisse à tenir une conversation avec Jeed pendant tout le trajet. (Il ne parle même pas autant quand il est avec moi.) Même quand on marche littéralement sur les crêtes des rizières. Oui, il y a des rizières autour de nous maintenant. Phun continue de parler à Jeed tout en essayant de marcher sur les crêtes comme autant d'obstacles continuels. Il n'y a pas d'accalmie, pas un seul instant. Hé hé. Ce n'est pas génial. Je suis si heureux pour toi. Tu essaies vraiment de la draguer, n'est-ce pas ? Je peux le voir dans les yeux de Jeed et c'est une sorte de conquête de sa part. Ça me démange de dire quelque chose. Je veux avertir Phun qu'il risque de s'attirer des ennuis.

Finalement, ce rêve (lequel ?) se brise lorsqu'il est temps pour Phun de nous quitter pour rejoindre ses camarades de l'équipe jaune. Il laisse derrière lui Jeed, Earn et moi pour qu'on continue notre chemin vers notre propre zone. Avant de partir, Phun me lance un regard noir comme pour m'avertir. Quoi ? Tu crois que je vais essayer de la draguer ? Elle est déjà tombée amoureuse de toi, espèce de salaud.

Je lui grogne dessus avant de partir pour rejoindre Jeed et Earn. Nous parlons à peine, mais pas parce que je suis contrarié ou quelque chose comme ça. Mais il fait tellement chaud. Il fait tellement chaud que j'ai besoin de mettre une serviette sur ma tête ou je m'évanouirai de chaleur. Nous n'avons même pas encore commencé à travailler et j'ai déjà envie de me rendormir. Je n'ose même pas imaginer à quel point la situation sera mauvaise une fois que nous aurons commencé à travailler. Earn et moi faisons de petites discussions et nous plaignons du temps qu'il fait tandis que Jeed s'excuse puisque nous sommes arrivés devant la zone de l'équipe rose. Au loin, j'aperçois Ohm qui aide une jolie fille à transporter des bottes d'herbes de vétiver. Et même s'il est loin de moi, il essaie toujours d'afficher un grand sourire et de montrer qu'il est mieux loti que moi. Hé, le salaud. Bien sûr, maintenant tu agis comme un gentleman. Quand il est avec nous, il est plus paresseux qu'un paresseux. Qu'il soit maudit ! Je lui fais un doigt d'honneur avant de passer devant le groupe d'un air découragé.

— Une seule zone est assez large. Je me demande si on sera capable de la gérer. se plaint doucement Earn alors que nous continuons à cheminer à travers les différentes zones.

Il faut un long moment pour en traverser une, à tel point que je ne veux même pas imaginer la taille que pourrait avoir la nôtre. Et je ne suis pas non plus du genre à faire de l'exercice régulièrement. Oui, je suis dans la fanfare de l'école, mais je n'ai pas vraiment fait de défilé ces derniers temps. J'ai plutôt tendance à procrastiner et à m'entraîner dans la salle du club. Earn, d'un autre côté, n'a probablement pas à s'inquiéter. L'équipe de cheerleaders se donne à fond pendant les entraînements et avoir été choisi comme capitaine signifie que Earn a travaillé plus dur que les autres.

— Comme si tu avais des raisons de t'inquiéter.

Je lui donne une ou deux tapes dans le dos et lui fais un sourire. Il me sourit doucement en retour.

— Je voulais dire toi. Je me demandais si tu serais capable de le supporter.

C'est quoi ce bordel ? Il veut bien faire ou il me regarde juste de haut ?! Je passe de la main qui lui tapote le dos à celle qui lui donne une claque sur la tête. Hahaha. Il a beau être le capitaine le plus cool des cheerleaders, même ce président d'un club boiteux arrive à mettre un coup ou deux.

— Va te faire foutre, je suis en super forme ! Regarde ! Regarde ! Je lui donne la chance de voir les muscles de mes biceps (ou ma graisse). Hahaha. Earn reste sans voix pendant un moment avant de commencer à dire quelque chose.

— Merde, Noh. Je pense qu'il est temps que tu commences à faire de l'exercice.

Trou du cul ! Je ne t'ai pas demandé ton avis !



Trois heures plus tard, je commence à être d'accord avec la suggestion d'Earn.

Comment peut-il faire aussi chaud ? ! Il fait si chaud que ma graisse est en train de fondre hors de moi. Et j'ai beaucoup de graisse ! Il y a beaucoup de masse qui fond en ce moment. Merde ! J'aimerais pouvoir enlever mon t-shirt mais il y a des filles autour et je veux être respectueux. Sans compter que le Gang des Anges a gagné en nombre maintenant qu'il y a d'autres écoles dans le coin. (Et ils sont beaucoup plus effrayants.) Je n'ai pas d'autre choix que de continuer à porter le t-shirt vert qui attire impitoyablement la chaleur. Bon sang !

Planter de l'herbe est en fait plus difficile qu'il n'y paraît. Je pensais que ce serait simple et que je pourrais y aller doucement. Genre, creuser un petit trou et mettre un bouquet dedans et c'est tout. Mais en réalité, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Le sol ici est extrêmement sec. (Et je veux dire sec, je ne pourrais pas imaginer quelque chose d'aussi sec si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux). C'est tellement sec qu'il y a des fissures partout. Tout le monde a du mal à creuser. Nous n'avons même pas apporté assez de pelles pour tout le monde, alors nous laissons les filles et les gars (qui sont des filles à l'intérieur) les utiliser. Un dur comme moi ? (Oui, en ce moment, je suis le plus fort ! Vous ne pouvez pas me contredire.) J'utilise seulement mes mains !

Creuser et planter des herbes à mains nues signifie avoir des éraflures et des ampoules. Les ongles d'Earn ont commencé à saigner. (Espèce d'idiot, tu creusais avec tes ongles ?) On a donc décidé tous les deux de procrastiner à l'ombre parce qu'on sentait qu'on ne pouvait pas continuer à creuser. Malheureusement pour nous, il n'y a pas de grands arbres dans cette zone. Nous n'avons que des herbes hautes près desquelles on peut s'asseoir et éviter le soleil.

— Hé, Noh. Comment vont tes mains ? Fais-moi voir ?

Est-ce vraiment le moment d'être si chevaleresque, Earn ? Je ricane sèchement en regardant mes mains abîmées. Il y a des coupures et des éraflures partout. Je jette un coup d'œil au type en face de moi dont les mains sont dans un état bien pire que les miennes. Je ne peux pas m'en empêcher et je l'engueule.

— Tu me demandes comment je vais ? Tu as vu tes propres mains ? Je vais chercher la trousse de premiers soins pour toi, d'accord ?

— Non, tu n'as pas à le faire. Mes mains ne sont pas très importantes. C'est toi qui en as besoin pour jouer des instruments.

Wow, j'avais complètement oublié cette partie.

— Je vais me débrouiller ! Si je ne peux pas jouer, je peux me détendre pendant les réunions du club, ahahaha !

Ow, pourquoi il m'a frappé ?! L'esprit de Phi Diew l'a possédé ou quoi ? Je saisis ma tête et pointe son visage en guise d'avertissement.

En vérité, Earn et moi faisons une pause dans le creusement parce qu'il n'y a plus grand chose à faire. Il n'y en a plus que quelques-unes à planter. Dans notre équipe, on a décidé de faire des pauses à deux. (Au lieu d'une maison complète. Quoi ? Ce n'était pas drôle ? Bien, plus de blagues de ma part. Hmph !) Earn et moi étions les deux derniers qui n'avaient pas encore eu la chance de faire une pause. (On travaillait à plein régime.) Les autres membres de l'équipe étaient unanimes à dire qu'il était temps pour nous deux de faire une pause. Ils s'occuperaient eux-mêmes du reste de la plantation et termineraient. Et c'est ainsi que je me suis retrouvé assis à côté d'Earn, si près l'un de l'autre, car il n'y a que peu de place à l'ombre. Hé, hé. Ne pensez même pas à courir voir Phun pour me dénoncer parce qu'il est déjà en train de venir ici !

— Toujours pas fini, Earn ?

Comme d'habitude, ce n'est pas à moi qu'il parle. Il parle à tout le monde autour de moi, sauf à moi. Bien sûr ! Je lui lance un regard en coin. Il sourit d'une oreille à l'autre en se plaçant impoliment entre Earn et moi.

T'es si impatient, salaud ?!

— Pas encore, il n'en reste qu'un peu. Votre équipe a déjà fini ?

— Ouais, on a fini. Un tas de gens ont sauté dans l'étang pour jouer dans l'eau après !

Ah, ça a l'air très amusant ! Je l'écoute en silence et j'ai failli lui demander d'aller jouer aussi. Mais je me suis souvenu que la guerre froide est toujours en cours.

Bon sang. Parfois, je déteste vraiment ma propre fierté.

Alors je me tais et je laisse Phun et Earn discuter entre eux de tout un tas de choses. Je commence à me sentir somnolent, vraiment somnolent. C'est probablement à cause de la chaleur. Peut-être que mon corps veut simplement se mettre en mode repos pour supporter cette chaleur. Mes paupières sont lourdes. Mais alors je remarque qu'il y a beaucoup de sang sur les mains de Phun.

— …

Mec, je meurs d'envie de lui demander s'il va bien, mais mon ego ne me permet pas de lui parler en premier. Je suis pathétique, n'est-ce pas ?

Mais si je fais ça, ce ne sera probablement pas considéré comme une défaite, non ? Je prends secrètement sa main dans la mienne, en ayant peur de le blesser. J'espère que ce geste suffira à lui faire comprendre que je m'inquiète pour lui.

Phun prend une seconde pour me regarder pendant qu'il discute avec Earn. Ses lèvres se recourbent en un doux sourire. Il tend son autre main pour guider ma tête et l'appuyer sur son large dos. J'esquisse un sourire heureux avant de presser ma joue contre son dos. Ma main tient toujours la sienne.

Quand va-t-il recommencer à me parler ? Je meurs d'envie de me réconcilier avec lui.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé. Dans mon beau rêve, on pique-nique au sommet d'une montagne. Le temps est frais et venteux. Il y a un seau rempli de bière glacée pour nous aider à nous détendre. Quelqu'un joue de la guitare acoustique à proximité. Ce rêve est si doux que je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux et d'affronter la réalité (de cette chaleur insupportable). Il y a aussi de jolies filles tout autour de nous.

Bon sang ! Qui m'a poussé de la falaise ?! Putain de connard ! J'ai failli me cogner la tête sur le sol. (Heureusement, la main de Phun arrête ma chute.) Je me réveille en panique pour découvrir que ce n'était nul autre que Phun lui-même qui m'a tiré de mon imagination. Il s'est éloigné et m'a réveillé tandis que j'ai failli me fracasser la tête contre le sol ! Espèce de salaud !

— Tu...!

J'ai failli le maudire quand je me suis rappelé qu'on est encore en pleine guerre froide. Ça veut dire que celui qui parle en premier perd. (Sérieusement ?) Réalisant cela, je ricane de lui du mieux que je peux tout en gardant les insultes pour moi. Putain de connard, tu l'as fait exprès. J'essaie de le lui faire comprendre avec mes yeux. Il me fixe en retour. Oui, je l'ai fait. Qu'est-ce que tu vas faire ? Je te le ferai payer plus tard !

Je peux entendre Earn rire bruyamment pendant que je me relève avec l'aide de la main de Phun. Oh, maintenant tu essaies d'être gentil après la connerie que tu as faite avec moi ? Je n'oublierai pas ce que tu as fait ! Je me dis en m'époussetant et en les rejoignant pour retourner à l'endroit où nous avons planté des herbes.

— Est-ce que tout le monde a terminé depuis longtemps ? Désolé pour ça. je profitais vraiment de ma sieste.

Je m'excuse auprès d'Earn avant qu'il ne me fasse signe de la main pour m'empêcher de m'excuser.

— C'est bon, on vient juste de finir. Ohm, Pong et Palm sont venus tout à l'heure mais ils ont vu que tu étais endormi et ils sont partis. Je crois qu'ils sont allés jouer dans l'eau.

— Merde, je veux y aller aussi !

Lorsque nous nous dirigions vers notre zone tout à l'heure, on est passés devant une grande étendue d'eau et j'étais vraiment tenté de sauter dedans à ce moment-là. Après avoir découvert que mes amis jouent déjà dans l'eau, j'ai encore plus envie de les rejoindre. J'aimerais pouvoir voler jusque là-bas et plonger dans l'eau tout de suite ! (Quelqu'un ne se sentait-il pas tellement fatigué qu'il s'est écroulé tout à l'heure) ?

— Ouais, on devrait se dépêcher avant que la journée ne se termine.

Earn jette un coup d'œil à sa montre et me presse. Naturellement, je le suis.

Hourra ! J'ai hâte de sauter dans l'eau !

C'est exactement comme ce qu’Earn m'a dit. Je vois plus d'une douzaine de campeurs qui s'amusent déjà énormément dans l'eau à notre arrivée. Je regarde Ohm essayer de frimer devant les filles en faisant un salto arrière dans l'eau. (Je vais rire aux éclats si tu te cognes la tête à la place.) Mais il semble que les cris des ladyboys pour lui soient en fait plus forts. (Haha !) J'enlève rapidement mes chaussures et vais rejoindre mes amis de mon lycée et ceux des autres écoles qui s'amusent visiblement.

— Laissez-moi jouer aussi ! Alors tu as fini ta zone depuis un moment ?

Je m'accroupis et demande à Ohm puisque je n'ai toujours pas décidé de la manière dont je veux présenter mon saut. Ohm apprend à Palm comment s'aplatir comme une étoile de mer dans l'eau. Il lève les yeux vers moi.

— Oui, il y a longtemps. Mes doigts sont tous émoussés maintenant.

— Son équipe a fini tellement vite. Je parie qu'ils ont triché.

Palm relève la tête de sa posture d'étoile de mer et dénonce Ohm. Ohm l'éclabousse d'une énorme vague d'eau en retour. Ils devraient vraiment jouer en fonction de leur âge au moins. J'espère qu'ils réalisent que c'est un étang et pas une vraie piscine.

— Je pense que la raison pour laquelle ils ont fini si vite est qu’Ohm a mangé toutes les herbes. Tu sais, il n'a probablement pas pu s'en empêcher.

— Enfoiré !

Hahaha. Nous éclatons de rire et nous nous félicitons mutuellement d'avoir réussi à insulter Ohm en douce. À ce moment-là, j'entends des cris derrière moi.

— Bougez ! Bougez ! Bougez !

C'est Earn et Phun. Ils sprintent ensemble au loin. Puis ils synchronisent tous les deux leur plongeon. Merde ! Ils avaient l'air trop cool ! Comment je vais sauter maintenant pour avoir l'air aussi cool ? Je dois faire un salto ? Ou un demi-tour ? (Ok, descendez d'un cran.) Alors que je réfléchis, quelqu'un me renverse et je tombe dans l'eau.

Splash !

Mon soi-disant plongeon cool s'est transformé en un plaqué ventral.

Ça fait mal, bordel !

Je peux entendre les rires des campeurs, probablement parce que j'avais l'air ridicule. (Noooon !) Et j'ai aussi mal au ventre maintenant. Ah, je sens que je vais exploser ! Je n'ai pas intérêt à découvrir qui m'a fait ça, sinon je vais les mettre en pièces. Je grommelle lorsque mes amis me plongent la tête sous l'eau au lieu de vérifier si je vais bien.

Nous continuons à jouer joyeusement dans l'eau. C'est en fait la première fois que je joue comme ça. Je n'ai joué que dans l'océan, les piscines et les chutes d'eau. Je n'ai jamais joué dans un étang comme celui-ci. C'est un peu effrayant aussi. (Parce que c'est assez profond, mes pieds ne peuvent pas atteindre le fond.) Mais c'est très amusant, probablement parce que je suis ici avec un groupe d'amis et je ne pense pas qu'ils me laisseraient me noyer. Hahaha. (Pourquoi est-ce que je me porte la poisse ?)

— Ahhh ! Ne fais pas ça !

Alors que nous nous amusons à remonter et à sauter encore et encore avec différentes poses, j'entends un grand cri près d'un chariot de crème glacée qui est garé à proximité pour que les campeurs puissent en acheter.

Nous nous tournons tous immédiatement vers la source du cri. Nous voyons une jolie fille à la peau claire et pas une goutte de sueur sur elle. Autour d'elle, des filles aux vêtements trempés font de leur mieux pour la persuader de sauter dans l'étang en lui tirant les bras.

— Non ! Je suis sérieuse ! Ne le faites pas ! Non ! S'il vous plaît ! Ne faites pas ça !

Je regarde Yuri qui tient une cuillère dans une main et une coupe de glace dans l'autre en suppliant ses amies de l'épargner. On dirait que ses amies ne la laissent pas s'en tirer facilement. Haha. (Mais Yuri a peur de l'eau ? Je me souviens qu'elle était la première à se précipiter dans l'océan lorsque nous allions à la plage ensemble). Les filles semblent avoir des forces surhumaines en ce moment. (Elles ne faisaient certainement pas autant d'efforts lorsque nous plantions des herbes. Ha...) Elles réussissent à tirer Yuri jusqu'au bord de l'étang avant de donner une dernière forte poussée.

Splash !

— Vous êtes toutes tellement méchantes !

Yuri est jetée dans l'eau, pas très loin de moi. Elle reste sous l'eau quelques instants avant de remonter à la surface et de se mettre à hurler à pleins poumons. Le groupe de filles qui l'a poussée (dont Jeed) glousse et applaudit joyeusement. Elles sautent et rejoignent Yuri dans l'eau.

— Ce ne serait pas ton ex, Noh ? Ça te dérange si je l'invite à sortir ?

Pete nage jusqu'à l'endroit où je suis et me taquine. Il peut s’il le veut. J'espère qu'elle dira oui. Ce serait bien de la voir sourire à nouveau.

Nous jouons dans l'eau pendant un long moment avant que les membres du staff ne viennent nous chercher. Il est temps de nous nettoyer pour pouvoir dîner plus tard. Lentement, les campeurs quittent l'étang. J'essore l'eau de mon t-shirt mouillé et je remarque que Yuri est la dernière personne dans l'eau.

— Yuri, qu'est-ce qu'il y a ?

Une fille, dont le nom est May si je me souviens bien, crie depuis le bord de l'étang puisque tout le monde est sorti de l'eau. Yuri secoue simplement la tête en retour.

— Yuri, viens. On devrait partir avant que les sanitaires ne se remplissent.

Pourtant, Yuri refuse toujours de partir.

Je me retourne pour regarder en continuant à essorer mon t-shirt vert. Il est encore assez humide, donc il est vert foncé pour le moment. Cela m'aide à réaliser quelque chose.

— Hey, Noh. Tu es prêt à partir ? demande Tong alors qu'il met ses tongs pour pouvoir partir avec les autres et retourner au bâtiment de l'école.

(L'accent est mis sur l'école... et non sur un hôtel.) Je lève la main et demande une seconde avant d'enlever mes tongs et de replonger dans l'eau.

Yuri semble être surprise quand elle voit que je nage vers elle. Je choisis de m'entêter à le faire, même si elle ne veut peut-être plus de l'aide de quelqu'un comme moi.

Je m'arrête devant le visage familier avant de retirer mon t-shirt et de le lui mettre.

— Ne te soucie pas de le rendre plus tard.

Sa chemise blanche mouillée lui colle à la peau. Elle est assez fine pour qu'on puisse voir à travers et révèle le soutien-gorge noir qu'elle porte en dessous. Je comprends pourquoi elle ne veut pas sortir de l'eau et pourquoi elle ne voulait pas jouer dans l'eau en premier lieu.

Yuri garde la tête baissée et ne croise pas mon regard. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me remercie en premier lieu. Je m'éloigne à la nage et retourne vers mes amis après avoir fini de lui enfiler mon t-shirt vert.

— Bon sang, c'est une façon de frimer, Noh. T'as les couilles de te mettre torse nu avec ce gros bide, haha. Tu n’as pas trop froid quand même, mec ?

Ohm me taquine mais il y a un soupçon d'inquiétude dans sa question. Il fait un peu froid, mais ça ira très bien. Je regarde mes amis se regarder les uns les autres comme s'ils planifiaient quelque chose en douce. Nant est le premier à enlever son t-shirt.

— Puisque Noh se met torse nu, autant le rejoindre !

Tous les autres commencent à enlever leur t-shirt et à le jeter par-dessus leur épaule. C'est un peu obscène, n'est-ce pas ? Haha. On pourrait effrayer les filles. Je leur donne une tape dans le dos pour leur montrer ma gratitude pour leur gentillesse d'endurer le froid avec moi. Nous partons les bras autour des épaules de l'autre.

Mon cœur se sent plus gros et ça n'a probablement rien à voir avec le fait d'être gonflé par l'eau non plus, je pense.

Notes :
1/ Le Vétiver est une herbe qui n’est pas évasive, elle est l’idéal pour la création des haies qui peuvent servir de barrages contre l’érosion, pour marquer les périmètres des champs et pour ‘fixer’ les sols. Le ‘système vétiver’ est utilisé mondialement par les cultivateurs pour lutter contre l’érosion, la sécheresse, protéger les sols et les enrichir afin d’augmenter leur production

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:20



63ème Chaos
Choses indéfinies
Je m'empresse de prendre une douche et de me laver les cheveux une fois que nous sommes rentrés au campement après avoir survécu à une journée éprouvante. J'ai été trempé de sueur toute la journée et si je ne me nettoie pas rapidement, je suis sûr que je vais commencer à avoir des champignons quelque part. J'aimerais vraiment que ces abrutis me laissent tranquille pendant au moins dix minutes. Le shampooing n'est pas comestible, bon sang ! Je peux le sentir dans ma bouche !

Après avoir survécu à la guerre dans les sanitaires (qui ressemblait à une attaque contre les talibans parce que j'étais seul et que Phun ne m'a même pas aidé), nous avons enfilé quelque chose de plus confortable et sommes allés dîner. Tout avait l'air plus que savoureux car les tantes du quartier ont décidé de nous remercier d'avoir consciencieusement (vraiment ?) planté ces herbes en préparant un délicieux repas.

J'aurais été encore plus reconnaissant si la nourriture n'était pas aussi épicée ! Bon sang ! C'est de la vraie cuisine Isan (1). Ils n'ont même pas pensé à un citadin comme moi ! Tout le monde se plaint et gémit à la fin du dîner, sauf Ohm qui a clairement apprécié son repas. Je l'ai vu enfoncer cuillère après cuillère dans sa bouche. Moi, d'un autre côté, j'ai dû me contenter de riz ordinaire avec quelques oeufs frits et un bol de soupe de légumes ordinaire. (Dieu merci, personne n'a ajouté de chili à la soupe.) Ohm, tu les as payés pour faire ça, n'est-ce pas ?! Tu es allé trop loin cette fois !

Même si le dîner a été atrocement douloureux, l'ambiance après est festive. Tout le monde est devant et chante au karaoké à tour de rôle. Le tour de Phun est particulièrement hilarant pour moi puisqu'il a été traîné là-haut par les membres de l'équipe de ladyboys.

— Et nous nous sommes enfin trouvés... trouvés l'un l'autre…

Ahahaha. C'est évident qu'il n'a pas envie de faire ça. (Il n'a pas vraiment le choix.) Son expression provoque des éclats de rire chez tous les spectateurs qui demandent un rappel. (C'est hilarant, ne me regarde pas comme ça.) Non seulement ça, mais Ohm débarque sans invitation. "I need~ Somebody~ Love~" Il chante en bougeant de façon obscène. Je n'en peux plus ! Descends de là !

Bien que l'atmosphère soit amusante, il y a aussi des moments terrifiants à vivre car de plus en plus de campeurs sont éliminés. Comme c'est la dernière nuit au camp, les vampires attaquent de plein fouet. Un groupe d'entre nous, composé de Earn, Pete, Pong, Phun, Ohm et moi, est parti aux toilettes ensemble. (Phun a vu que je partais et il m'a immédiatement suivi, argh.) On est donc arrivés tous les six jusqu'aux toilettes mais Pete a fini de pisser le premier et il était impatient. Il nous a laissé derrière au lieu d'attendre. Comme prévu, le vampire (Vous-Savez-Qui) a déchiré un coin du badge de Pete juste devant les toilettes. Hahaha, ça lui apprendra. (Est-ce que je vais pouvoir survivre ? Je dors à côté d'un vampire ce soir).

Pour l'instant, mon badge est ce que j'ai de plus précieux. Je dois le protéger au péril de ma vie ! Plus important encore, je ne dois aller nulle part seul avec quelqu'un de suspect. (Surtout lui !) On quitte la scène du meurtre et on rejoint le reste des campeurs sur la scène. Ils chantent des chansons country amusantes, je jette un coup d'œil à notre table et vois des piles de vaisselle sale. Je ne peux pas croire ces gars. Je suppose qu'ils sont trop occupés à s'amuser et ont oublié de nettoyer après eux. C'est nul.

Bien sûr, un gars super sympa nommé Napat est là pour aider. Je me précipite et ramasse tous les plats. Bien sûr, cela n'a rien à voir avec le fait qu'il reste quelques pilons de poulet grillé. Pas du tout !

Ah... délicieux.

Mais qui fait des bruits près de moi ?! Je sursaute et fourre le dernier morceau de poulet dans ma bouche. (Quel glouton !) Puis je regarde autour de moi avec appréhension pour trouver la source du bruit. (J'ai peur que ce soit un vampire.)

En fait, c'était juste Phun. Je savais qu'il serait dans le coin. Je jette un coup d'œil au type dont l'étiquette est jaune, mais qui est en train de ramasser les déchets de l'équipe rouge. Je suis sur le point de lui dire qu'il n'a pas besoin d'aider et que je peux finir de nettoyer moi-même quand je me souviens qu'on est encore en pleine guerre froide.

Bien, il peut aider. Je ne vais pas le retenir. Je hausse les épaules avant de finir de ramasser toute la vaisselle sale. Je la porte dans la pièce sombre derrière la cafétéria. Il y a deux grands seaux avec des robinets devant moi.

Euh... personne ne m'a dit que nous devrions faire la vaisselle nous-mêmes.

— Hé hé…

Un gloussement narquois se fait entendre à proximité. Phun s'approche du robinet et s'accroupit devant l'un des seaux. Il commence à savonner lentement la vaisselle sale. Je n'ai d'autre choix que de m'asseoir sur un tabouret à côté de lui et de rincer la vaisselle à l'eau claire.

Naturellement, il n'y a que le silence entre nous (si l'on ignore le bruit de l'eau qui coule et les chants bruyants du karaoké provenant de la cafétéria).

— ...

Je jette un coup d'œil furtif à Phun. Je ne peux voir que son profil mais je peux dire qu'il sourit doucement même s'il est silencieux.

Alors, comment ce silence entre nous a-t-il commencé au départ ? J'en ai déjà oublié la raison.

Si c'est le cas, pourquoi ne pas essayer d'engager la conversation avec lui ? Qu'est-ce que j'ai à perdre, rien je suppose ?

— Hum…

J'ouvre la bouche pour entamer une petite conversation avec lui. Je me dis que je pourrais parler de la météo. (Il y a tellement de moustiques.) Mais avant que je puisse dire autre chose, il me devance.

— Alors tu ne vas vraiment pas essayer de te réconcilier avec moi, hein ?

Hein ? Eh bien, j'étais sur le point de le faire ! Tu m'as devancé !

Je fronce les sourcils et le regarde. Phun est toujours en train de faire la vaisselle sans me prêter attention. (Alors qui parlait à l'instant ? Un fantôme ?) Alors je dois vraiment me rattraper auprès de lui après tout ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal exactement ?

— Pourquoi tu es en colère contre moi ? demandé-je avec irritabilité tout en acceptant une assiette de sa part pour la rincer. Phun laisse échapper un rire moqueur.

— Dois-je répéter ce que tu as dit à Earn ? Je peux le réciter mot pour mot.

Bon sang, vous me croyez maintenant qu'il est du genre à ne jamais lâcher prise quand il mord ? Il peut le réciter mot pour mot en plus ? C'est un peu trop. Je commence à être un peu en colère contre lui maintenant, parce que j'ai l'impression qu'il ne me fait pas confiance.

— Tu n'as même pas entendu la moitié de la conversation, comment tu as pu te rendre compte de ce dont on parlait ? Je ne parlais pas de ce genre de merde, tu sais.

Il y a un soupçon d'agacement dans ma voix maintenant. Comment je peux ne pas être ennuyé par ça ? N'ai-je pas montré assez de preuves qu'il est la personne avec laquelle j'ai choisi d'être ?

Phun se tait. Il ne répond pas. Je suppose qu'il peut sentir dans quel état d'esprit je suis en ce moment. Je laisse échapper un long soupir et tente de me calmer, puis je reprends la parole calmement.

— ... tu ne me fais pas confiance ?

— Hé hé hé…

Qu'est-ce qui est si drôle ?! Je lève les yeux et fixe son visage quand je l'entends rire. Je peux le voir faire de son mieux pour étouffer son rire. Ses joues sont gonflées. Ses yeux sont minuscules.

— Pourquoi est-ce que tu ris ? demandé-je en faisant traîner la dernière syllabe pour montrer mon agacement.

Cependant, il sourit assez largement pour montrer ses dents avant de me répondre.

— Si je n'avais pas confiance en toi, tu crois vraiment que je serais assis ici à côté de toi en ce moment ? demande-t-il en retour.

Il me sourit, bien que cela me semble suspect. Cette conversation me rappelle quelque chose. Euh...

— Ceux qui ne te font pas confiance ? Ils t'évitent généralement et refusent de te parler lorsque tu essaies de leur parler. Ils n'écoutent pas les explications. Ils se mettent en mode jalousie pure. Ça te rappelle quelqu'un ? Heh heh heh.

T… toi… toi salaud ! Tu te sers de ce qui s'est passé avec Pam pour te moquer de moi ?! Je suis pris de court et je me sens soudainement embarrassé. Bien… bien, j'avais mes raisons de mal comprendre la situation à l'époque !

Phun me sourit sournoisement avant de déposer la dernière assiette dans mon seau.

— Tu veux parier que si la situation était inversée, tu m'aurais déjà tué ?

Merde, je ne suis pas inhumain à ce point. Je le fixe en retour avec de grands yeux au lieu d'éviter son regard.

— Comme si. Je me serais probablement comporté comme je l'ai fait, au mieux.

— Faire ça aurait été la même chose que de me tuer.

Il argumente et mon visage commence à chauffer un peu. Puis Phun pose la question que je redoute le plus.

— Alors ? Earn t'a vraiment embrassé ?

Mer... merde. Comment dois-je lui répondre ?

Je bégaie mes mots alors que Phun Phumipat rapproche son visage du mien en cherchant la vérité. Je le fixe en retour et je fais de mon mieux pour ne pas détourner le regard. (Parce que j'aurais l'air coupable.)

— Eh bien... eh bien... qu'as-tu vu exactement ?!

— Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je n'ai rien vu du tout. J'ai seulement entendu ce que tu lui as dit. Alors tu vas me répondre ou pas ? Est-ce qu'il t'a vraiment embrassé ?

Putain. Qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Je m'éloigne lentement pour échapper à son visage intimidant, puis je passe mes mains dans l'eau pour chercher la dernière assiette. Je la trouve et la rince avant de la ranger à la hâte.

— Est-ce qu'il t'a embrassé... de la façon dont je t'embrasse ?

Phun modifie sa question après avoir remarqué que j'ai choisi de ne pas répondre. Il y a un léger scintillement dans ses yeux quand il prononce le mot "embrasser". Soupir. Je sais que personne ne voudrait que son petit ami ou sa petite amie fasse quelque chose comme ça avec quelqu'un d'autre, y compris moi. Et il a raison. J'aurais été dévasté si la situation était inversée.

— Nos... nos lèvres se sont simplement effleurées. Peut-on ne pas appeler ça un baiser ?

Je négocie avec lui. D'après son regard, il n'a pas l'air d'être satisfait de ma réponse. Mais il garde son calme. Je m'attendais à quelque chose de pire.

— Je le savais. Ce genre de jeu… marmonne-t-il pour lui-même avec une certaine frustration, puis il tourne à nouveau son attention vers moi. Et comment tu t'es senti ? Tu as aimé ça ?

Merde. Si je pouvais le frapper au visage, je le ferais à cause de cette question.

Je lui lance un regard irrité, avec l'intention de le maudire. Mais je remarque l'incertitude dans ses yeux et je change de ton.

— Ouais. Je sens que... je l'aime bien, dis-je doucement.

L'expression de Phun change immédiatement. Ses yeux vifs sont maintenant vides, son regard provoquant quelques secondes plus tôt a disparu. Ils sont noirs sans aucune ombre, comme si l'âme du propriétaire de ces yeux avait quitté son corps. Je ne peux plus continuer.

— En tant qu'ami ! Hahaha ! Je t'aime beaucoup, beaucoup plus, mec. Hahaha ! Je t'ai eu, n'est-ce pas ?

Ahaha ! Quelle satisfaction ! Mais avant que je n'aie le temps de rire, Phun me grogne dessus en montrant ses dents, maintenant que son âme est revenue dans son corps. Il s'approche et envahit mon espace personnel.

— Tu as vraiment du culot de me faire une farce pareille ! Tu as failli me faire avoir une crise cardiaque, tu sais !

Il me crie dessus en continuant à rapprocher son visage du mien. Je me sens en danger parce qu'il n'y a pas de place pour que je puisse m'échapper. Ah, merde !

— Mec, lâche-moi. Je ne peux pas respirer.

Mais Phun refuse d'écouter. Il continue de se rapprocher de manière menaçante.

— Tu sais quoi ? Tu es un petit morveux. Tu m'as tellement embrouillé la tête que j'ai du mal à penser correctement. Tu as besoin d'une leçon, murmure-t-il à mon oreille, son ton est grave.

Je déglutis fortement. Je peux sentir son souffle chaud familier sur ma peau.

— Que... qu'est-ce que tu prévois de faire ? Nous sommes dans un camp, il y a des gens autour !

— Exactement. Donc je vais... suivre les règles de ce camp.

Déchirures !

Je suis stupéfait pendant une seconde entière lorsque j'entends ce son étrange. Mon corps a une sensation étrange. Phun me sourit sournoisement (encore plus que d'habitude) en reculant et en regagnant la place où il était assis, en me laissant être le témoin direct de ce qui s'est passé.

Il a déchiré mon badge !

Putain ! Phun est un vampire !

Je reste bouche bée. Je ne sais plus quoi dire. Mon cerveau s'éteint avec le message "Phun est un putain de vampire !" qui se répète en boucle dans ma tête.

Le tuyau qui sert à rincer la vaisselle est maintenant utilisé pour rincer la jambe du jeune maître Phun. Je sors de ma torpeur (et commence à accepter la réalité que j'ai été assassiné). Je me lève et fixe son visage avec colère.

— Tu m'as vraiment tué !

— Et ? Hahaha.

Ce connard ! Écoutez-le ! Je lève ma jambe avec l'intention de lui donner un coup de pied. Au lieu de ça, Phun m'asperge d'eau pour que je puisse me rincer les jambes aussi alors j'obtempère. Pourquoi porte-t-il ces chaussures de sport de toute façon ?

— Honnêtement, je n'ai jamais eu l'intention de te tuer.

Il donne rapidement une excuse. Je suppose qu'il a peur que je l'engueule. Ne t'inquiète pas, c'est exactement ce que je vais faire, mais je vais d'abord écouter ce que tu as à dire. Je lui lance un regard noir et il s'empresse de continuer à me donner son excuse.

— Pourquoi tu t'es comporté comme un con ? Quand tu as dit que tu aimais Earn, j'ai cru que j'étais mort. Alors j'ai dû te tuer en retour pour qu'on puisse mourir ensemble. Hé hé.

Enfoiré, c'était ça ta raison ? Comment je dois te faire payer pour ça ? Putain ! Je le frappe à la tête avant de m'éloigner de l'eau en traînant les pieds. Ça suffit, mes orteils sont tout fripés. Alors on est quitte maintenant, c'est ça ? T'es content d'avoir pu me tuer, connard ?!

— C'est quoi le truc avec les baskets maintenant ? Tu penses que tu as l'air trop cool en les portant ici ou quoi ?

Je suis de mauvaise humeur alors je cherche juste à me battre. Phun porte simplement une paire de baskets et d'une certaine manière, c'est une raison suffisante pour que je l'interpelle. Le secrétaire du conseil des élèves éclate de rire avant de passer son bras autour de mes épaules et de me ramener à la cafétéria avec lui. (C'est comme une zone de guerre à présent. Tout le monde chante comme s'ils n'avaient jamais chanté de toute leur vie).

Et bien sûr, avec le retour de M. Phun-pulaire, il est traîné sur la scène par une certaine personne écervelée. (J'en ai marre de ces types populaires. Oui, Earn aussi.) Quant au type ordinaire comme moi (c'est la seule chose de moi qui soit ordinaire), je m'assois sur la touche et profite du spectacle puisque personne ne veut chanter avec moi, hahaha. (Mais en fait, tout le monde a remarqué que mon badge a été déchiré. Ils m'ont posé un million de questions pour savoir qui est le vampire. Comme si j'allais cracher le morceau. Pete, seuls toi et moi sommes au courant, non ? Sur le fait que le vampire est vraiment un trou du cul ?)

Nous tapons tous bruyamment sur les tasses au rythme de la musique. (Vraiment vulgaire.) Nous sommes encore plus bruyants lorsque Earn et Phun sont encouragés par les autres à danser sur un single populaire d'un groupe de filles. (Flippant !) Hé, comment se fait-il que les membres de ce groupe de filles soient si différentes en vrai ? Leurs jambes sont tellement poilues ! Je ne peux pas supporter ça !

Pendant qu'on s'éclate avec la musique, Ohm monte sur la scène pour les rejoindre. (Dégueulasse !) Soudain, je sens une petite main tapoter mon dos pour m'interrompre.

Je sursaute. (J'ai eu peur !) Je me retourne pour voir Jeed qui me sourit.

— Tu as une minute, Noh ?

Comment suis-je censé répondre si elle me le demande comme ça ? Je lève les sourcils et regarde mes amis autour de la table. Tout le monde détourne le regard. Personne n'est prêt à m'aider. (Ceux qui auraient pu m'aider sont tous sur la scène en train de danser comme des fous).

Eh bien, il n'y a rien à faire !

— Bien sûr. Tu as besoin d'aide pour quelque chose ?

— Tu veux bien venir avec moi et m'aider à faire la vaisselle ? J'ai un peu peur d'y aller seule à cause du jeu des vampires.

Après avoir entendu ça, je ne peux pas la laisser partir seule, n'est-ce pas ? (Je comprends parfaitement ce que ça fait d'être tué par un vampire.) Alors je me lève et la suis. Un regard menaçant me fixe depuis la scène. Mais je ne peux rien y faire. Je vais essayer de finir le plus vite possible.

Je marche avec Jeed jusqu'à l'endroit où l'on lave la vaisselle sale. Cependant, ce n'est pas le même endroit que celui où je me trouvais avec Phun ! Pas étonnant qu'il faisait si sombre là où nous étions. Des personnes sont en train d'y faire la vaisselle. Cet endroit est bien éclairé et il y a aussi des éviers appropriés. Plus important encore, il y a des répulsifs à moustiques installés ici !

Merde. Alors pourquoi je suis allé là-bas et me suis fait tuer par un vampire ?! T'es vraiment un crétin, Napat !

Le bruit de l'eau qui frappe l'évier accompagne les fredonnements joyeux de Jeed. Elle semble être de bonne humeur. Je la regarde nettoyer un verre et je ne peux m'empêcher de la taquiner un peu.

— Je devrais partir et laisser un vampire t’attraper. Hehe.

Jeed se tourne vers moi avec un doux sourire.

— Tu ne le ferais pas parce que tu es trop gentil. Hé hé.

Aw, mec. Comment sait-elle que je suis en fait un mec sympa 24 heures sur 24. (Hé hé).

— Tu m'as demandé de venir. Tu n'as pas peur que je sois un vampire ? Je pourrais te tuer maintenant.

Je fais semblant de la menacer à nouveau. Jeed garde son doux sourire.

— Comment pourrais-tu être un vampire alors que tu as déjà été tué ? Regarde ton badge déchiré, ha ha.

Mince, j'avais oublié qu'il y avait des preuves sur moi.

— Alors qui t'a tué, Noh ? Mon amie est une sorcière, je peux lui dire de s'occuper d'eux pour toi. Qu'est-ce que t'en dis ?

Oh, quelle bonne idée. Je glousse pendant que Jeed termine la dernière assiette.

— Tu as fini ? Allons-y alors.

Je pars en premier et ouvre la voie vers la cafétéria. Jeed m'attrape par le bord de ma chemise.

— A... attends.

— Hum ? Il y a autre chose à laver ?

— Non, mais... on peut parler ?

Son ton est plein d'appréhension mais ses yeux pétillent de confiance. C'est comme si elle savait que je ne vais pas partir. Et elle a raison, puisque je ne pars pas.

Nous restons silencieux pendant quelques instants avant que Jeed ne prenne la parole en premier.

— Alors j'ai entendu que... Yuri et toi avez rompu, commence-t-elle.

Je n'ai pas de réponse à lui donner puisque ce n'est pas une question. Et je sais qu'elle ne veut pas demander si c'est vrai. C'est assez clair pour tout le monde au camp vu comment Yuri et moi nous comportons l'un envers l'autre.

— Je suis désolée.

— Oh... merci.

J'acquiesce à son geste bienveillant, même si je ne comprends pas vraiment les intentions qui se cachent derrière. Parce que premièrement, ça fait un moment que j'ai rompu avec Yuri. C'est arrivé au point où les gens ont arrêté de parler de nous. Et deuxièmement, d'après l'expression de Jeed, elle ne semble pas du tout être triste de l'échec de ma relation amoureuse avec Yuri.

Je remarque qu'elle se mord la lèvre inférieure et sourit un peu avant de poursuivre avec une autre question.

— Est-ce que tu vois quelqu'un en ce moment, Noh ?

— Jeed, s'il y a quelque chose que tu veux me demander, tu peux y aller et me le demander. C'est bon.

Je coupe court à sa série de questions parce que je ne veux pas répondre à ce qu'elle me demande. Je veux aussi savoir ce qu'elle attend vraiment de moi.

Après avoir entendu cela, son expression change un peu. Puis elle en vient enfin au fait.

— C'est juste que je pense que nous nous entendrions bien. Nous appartenons tous les deux à un club de musique, donc nous aurions plus de choses en commun que quelqu'un comme Yuri qui ne se soucie que de ce qu'elle veut.

Soudain, un sentiment de désapprobation m'envahit. Dire que Yuri est égocentrique est loin de la vérité. Elle ne s'est jamais comportée comme ça avec moi. Elle était généreuse et cédait autant qu'elle le pouvait. En fait, c'est moi qui étais égocentrique dans cette relation. Je ne mérite pas l'amour que Yuri m'a donné gracieusement.

Je serre les lèvres et fais de mon mieux pour réprimer ma colère. Je commence à parler, en utilisant le moins de mots possible.

— Yuri n'est pas comme ça. Je suis désolé, mais ça ne m'intéresse pas de sortir avec toi.

Je fais demi-tour et retourne à la cafétéria. Je m'arrête sur ma lancée quand j'entends la réponse de Jeed.

— Tu es gay, n'est-ce pas ?

— …

Je me fige. Jeed s'approche de moi et me fait face une fois de plus. Il y a une expression victorieuse sur son visage.

— Les gens disent que tu es gay. C'est vrai, n'est-ce pas ?

Je la regarde froidement. Aucun mot ne sort de mes lèvres. Il n'y a que du silence.

Je n'ai pas de réponse à lui donner. Parce que tout le temps où j'ai été avec Phun, je n'ai jamais mis d'étiquette sur moi. Je n'ai jamais pensé à ce que je suis censé être. Je ne me suis jamais soucié du genre de romance que nous étions supposés avoir. Je sais seulement que je l'aime. Et parfois, cela peut être douloureux lorsque la réalité me frappe en plein visage et que l'on me rappelle que notre amour est différent des normes sociales.

Je croise son regard et lui donne une brève réponse.

— J'appelle ça de l'amour.

Notes :
1/ L‘Isan est la région Nord-Est de la Thaïlande. Couvrant environ le tiers du pays, elle est située sur le plateau de Khorat, bordée au nord et à l'est par le fleuve Mékong et au sud par le Cambodge.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:20



64ème Chaos
Il y aura de l’amour ici
La nuit tombe, il fait de plus en plus froid, mais les gens sur la scène se battent encore pour savoir qui va chanter. Peut-être parce que c'est notre dernière nuit ici et que tout le monde décide de finir en beauté. Il y a aussi ceux qui se sentent trop fatigués pour continuer et qui partent pour avoir une bonne nuit de repos. Je l'ai remarqué quand je suis allé chercher quelque chose dans notre chambre. J'ai vu que des personnes se séparaient en plusieurs groupes et jouaient aux cartes. (J'aimerais pouvoir me joindre à eux.) De nombreux campeurs se sont réfugiés dans la zone de stockage. Ils écrivaient dans les journaux des autres sur leurs expériences ici en guise de souvenirs.

Quant à mes amis et moi ? Eh bien, on est juste en train de traîner en ne faisant pas grand-chose au rez-de-chaussée. Tout à l'heure, je suis allé aux toilettes avec Palm (On est déjà morts tous les deux de toute façon) et on est tombés sur un énorme gecko ! On a tous les deux crié à pleins poumons. Ohm, Earn, Pete, Joke, Nant, Pong et Phun se sont précipités à la vitesse de la lumière en pensant que l'on avait vu un fantôme (ou que l'on s’était fait assassiner pour de vrai). Mais sérieusement ! Ce monstre de gecko n'en était pas moins terrifiant qu'un fantôme ou un meurtrier. Il avait la taille de mon bras ! Ses yeux étaient rouges et brillants. Je n'avais jamais été aussi près d'un gecko de toute ma vie. J'ai cru que j'allais m'évanouir.

Palm et moi, on s'est fait impitoyablement taquiner pendant les deux heures suivantes sur ce qui est arrivé. (J'espère que ça vous a plu.) Ensuite, on a décidé de faire une partie de cartes et d'écrire dans les journaux des autres campeurs.

Pendant que j'attends que Nant décide de se coucher ou pas, Phun se penche vers moi et me pose une question. En même temps, il écrit dans le journal d'une jolie fille. (À ce stade, on a l'impression que les campeurs s'échangent des journaux d'amour).

— Hey, alors où étais-tu après le dîner tout à l'heure ?

Je le regarde, sans comprendre complètement sa question.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Eh bien…

Je fronce les sourcils de frustration avant qu'il ne hue Nant (pour avoir gagné ce round, haha) puis il retourne son attention sur moi.

— Quand tu es parti avec cette fille du lycée privé.

— Elle s'appelle Jeed.

Il me dit ça alors qu'il a parlé longuement avec elle cet après-midi mais il ne se souvient même pas de son nom ? Quel joueur.

Il hoche la tête pour reconnaître son incapacité à se souvenir de son nom.

— Oui, elle. Qu'est-ce qu'elle te voulait ?

— Elle voulait quelqu'un pour aider à faire la vaisselle.

Je donne une réponse courte parce que je ne me sens pas assez concerné pour en parler. Ça ne sert à rien de parler de ce qui s'est passé de toute façon et ça ne ferait qu'énerver Phun sans raison.

Phun acquiesce une fois de plus, puis il se recule pour continuer à jouer aux cartes.

— Eh bien, tu es un vrai gentleman.

Pourtant, il me fait quand même de l'ombre.

— Comme toi. Tu as été assez gentil pour m'aider à faire la vaisselle.

— C'est seulement parce que je t'aime.

— Eh bien, je suis une personne gentille par nature, répliqué-je et il me donne une claque sur la tête.

Haha. Phun secoue la tête et se moque de moi avant de laisser mourir le sujet. C'est à son tour de voir s' il va perdre tout son argent.

Je le regarde alors qu'il se demande quoi faire. Mon esprit revient à ce que Jeed m'a demandé il y a quelques heures.

Je ne sais pas comment les autres qualifieraient notre relation. Je sais seulement que je suis heureux qu'il soit mon ami et aussi mon amant.

Je suis heureux que les choses soient comme ça.

Je suis heureux d'avoir Phun dans ma vie.

Et maintenant, c'est l'heure d'aller au lit. Comme d'habitude, on est les derniers à se coucher. Pas étonnant que ce soit devenu étrangement calme autour de nous lorsque l'on jouait aux cartes. Tous les autres sont partis se coucher. On est le seul groupe de personnes à jouer encore. (J'ai perdu tout mon argent ! Bordel.)

Avant d'aller dans notre chambre, Earn s'est approché de Phun et moi. Nous avons remarqué son expression sérieuse alors on s'est arrêtés pour discuter avec lui. (Ces salauds qui marchaient devant nous se sont retournés et m'ont dit qu'ils auraient la trousse de premiers soins prête si j'en avais besoin. Juste au cas où une bagarre éclaterait entre Earn et Phun à mon sujet. Qu'ils aillent au diable.)

Mais en fait, ils ne font que nous taquiner. Earn n'est pas ce genre de personne. Il veut juste s'excuser pour ce qui s'est passé pendant le match et d'être la raison de la guerre froide qui a duré presque deux jours entiers. Naturellement, Phun se met en mode chevaleresque et dit à Earn que tout va bien et qu'il comprend la situation. Néanmoins, il me balance quelques piques en disant que

— Ce n'est pas comme si Noh serait gêné que ça se reproduise encore et encore de toute façon.

Connard. Si j'y donne suite, c'est toi qui sera le plus ennuyé. Hé hé.

Et les gars, vous savez comment est Earn. C'est un gars très gentil. Donc il ne se rend pas compte que quelqu'un comme Phun est aussi sournois. Je sais qu'il se passe quelque chose quand Earn s'excuse encore et que Phun lui dit qu'il doit faire quelque chose pour se faire pardonner. Honnêtement, je pensais qu'ils allaient vraiment se battre à coups de poing comme Ohm l'avait dit. (Je suis légèrement paranoïaque.) Les deux s'éloignent ensemble pendant un long moment avant de revenir. C'est alors que je découvre que...

Le badge d'Earn est déchiré.

Ah ah ah ! Pour de vrai, mec ?! Tu as eu le culot de tuer le capitaine de l'équipe des cheerleaders ?! Mec, tu ferais bien de faire attention à son équipe qui va t'attendre sur le parking ou quelque chose comme ça. Je rigole à gorge déployée quand j'entends Earn dire,

— Je ne vais plus te demander comment tu as été tué maintenant, Noh. Merde.

Ha ha ha ! Je comprends totalement ce que tu ressens en ce moment. (Écrasé.)

Bien sûr, les lumières sont déjà éteintes au moment où nous montons à l'étage. Earn, Phun et moi entrons discrètement dans la chambre, en marchant aussi légèrement que possible pour ne pas réveiller les autres. C'est un peu compliqué car on ne dort pas au même endroit. Je leur dis bonne nuit à tous les deux avant de me diriger vers Pete pour dormir dans l'espace entre Ohm et lui. Ah, je vais enfin pouvoir dormir. Beaux rêves, j'arrive.

Mais avant même que je puisse commencer à rêver, une ombre mystérieuse se glisse entre Pete et moi. Yo ! J'ai une impression de déjà vu. Je plisse les yeux et regarde le visage du secrétaire du conseil des étudiants. Il fait comme si de rien n'était alors que son corps se glisse contre le mien.

— Alors c'était toi hier soir, pas vrai ?! grogné-je sur lui entre mes dents.

Même s'il fait noir, je peux voir qu'il a une expression insupportable envers moi.

— Peut-être… dit-il brièvement avant de glisser un de ses bras sous ma tête pour que je puisse l'utiliser comme oreiller.

Je secoue la tête d'un air las mais j'utilise quand même volontiers son bras comme coussin.

— On se voit dans tes rêves. Fais de beaux rêves, d'accord ? murmure Phun avant de me prendre dans ses bras.

Il embrasse doucement mon front. Je laisse échapper un petit rire parce que j'ai soudain l'impression que c'est lui le plus âgé alors que nous avons le même âge. Je tends mon bras vers lui pour l'enlacer.

Et ce n'est pas comme si Phun avait besoin de souhaiter que je fasse de beaux rêves.

Mes rêves sont toujours incroyables chaque nuit où je suis avec lui.

Donc j'ai fait des câlins à Phun lorsque je me suis endormi la nuit dernière, mais je vais avoir besoin de quelqu'un pour m'expliquer comment j'ai fini contre Ohm le matin.

— Bon sang, Noh. Ta jambe est trop lourde, lâche-moi !

Ohm m'insulte d'un air endormi alors que la lumière du soleil commence à traverser les fenêtres. Le temps est extrêmement chaud, c'est tellement agréable de se blottir contre quelqu'un dont le corps est frais comme Ohm. (Son corps est cool, je ne sais pas ni comment ni pourquoi. Donc, j'aime souvent l'utiliser comme oreiller quand il fait chaud). J'ouvre un de mes yeux et je remarque que Phun dort toujours à côté de moi. C'est juste que nous nous sommes séparés (parce qu'il faisait chaud) dans des directions différentes. J'étire mes bras et en pose un sur le visage d'Ohm puisqu'il veut faire des caprices.

Croque.

— Ow !

Fils de pute ! Tu es un chien ?! Je me réveille complètement quand Ohm enfonce ses dents dans mon bras. Je lui donne un coup de coude, car je suis vraiment surpris.

— Ow, Noh ! Tu m'as fait mordre ma propre langue !

C'est toi qui m'a mordu le bras en premier, salaud ! Je me réveille en sursaut grâce à un chien enragé appelé Ohm. Tous les autres se réveillent lentement à cause de l'agitation.

— Merde. Non seulement tu t'es servi de moi comme d'un coussin, mais tu m'as aussi agressé. Ma bouche est gonflée maintenant, marmonne Ohm pour lui-même en se grattant le cou.

Il jette un coup d'œil près de moi et remarque quelqu'un qui n'est pas supposé être à côté de moi.

— Aha !

Quoi maintenant ?! Je lève les yeux vers Ohm. Il a un regard suspicieux sur son visage.

— Même pendant le camping ? Vous essayez de nous transformer en voyeurs, pas vrai ?

De quoi... est-ce que tu parles ? On dormait si loin l'un de l'autre. Actuellement, Phun est tout contre Pete. Je suppose que comme moi, il a eu chaud. On ne peut rien y faire, je suppose. Il dormait à côté d'un gars super sexy comme moi. Hé hé.

Je frappe Ohm à la tête une fois parce qu'il a dit des conneries. Puis j'attrape une petite serviette et la mets autour de mon cou, avec l'intention de me diriger vers la salle de bain pour me brosser les dents. (Ohm est déjà retourné dormir. Fainéant.) Comme mon sac est juste là où se trouve Phun, il se réveille aussi.

— Où vas-tu ?

Le voilà qui recommence, si tôt le matin en plus.

— Me laver le visage et me brosser les dents.

— Je viens avec toi, dit-il en baillant.

Tu es sûr de ça, mon pote ? Je m'assois et l'attends tandis qu'il s'étire dans tous les sens avant de se lever et d'attraper les affaires dont il a besoin pour se laver.

On descend tous les deux les escaliers et on se dirige vers la salle de bain. On croise les membres du staff senior qui préparent le petit-déjeuner pour les campeurs.

Je fais un signe de tête pour dire bonjour à tout le monde et je réponds par un sourire lorsqu'ils nous invitent joyeusement à prendre le petit-déjeuner qui consiste en du porridge de riz. Mais je ne devrais vraiment pas commencer à manger alors que je ne me suis pas encore brossé les dents. Je promets que je ne me priverai pas quand je serai rafraîchi ! Hé hé hé.

Phun et moi prenons notre temps pour nous rendre aux toilettes, en discutant de choses et d'autres sur le chemin. Une fois arrivés, on se sépare pour se laver le visage et se brosser les dents. Phun se plaint qu'il a besoin de chier. (Pourquoi tu me dis ça ?) Alors je lui dis d'y aller s'il en a besoin et je pars attendre à l'extérieur, devant les toilettes. (Parce que je ne veux pas rester dans le coin pour sentir l'odeur.)

J'entends le bruit de l'eau qui vient du côté des femmes de la salle de bain, cela signifie que quelqu'un d'autre s'est réveillé tôt comme nous. Je regarde ma montre, il est un peu plus de sept heures. Il n'est pas si tôt que ça puisque nous sommes en camping. Mais beaucoup de gens ne sont pas encore réveillés parce qu'ils ont fait la fête hier soir. (Je serais surpris qu'ils puissent se réveiller tôt après tout ce qu'ils ont fait). De plus, il n'y a pas grand-chose à faire aujourd'hui, à part préparer nos sacs et retourner à Bangkok.

— Jeed, pourquoi tu fais encore cette tête ? Tu es toujours contrariée ?

Attends une minute, cette voix me semble familière. Je fronce immédiatement les sourcils, car je reconnais la voix qui provient des toilettes des femmes et je suis tout à fait certain d’à qui elle appartient.

— Tu n'as pas entendu, Yuri ? Cette fille pensait vraiment qu'elle était la meilleure.

Une autre voix que je reconnais répond. C'est suffisant pour que mes pieds restent plantés sur place.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Elle a essayé d'inviter ton ex à sortir. Je ne peux pas imaginer ce qui lui passait par la tête.

— Fais attention, May. Tu ne demandes qu'à être giflée.

— Vas-y, essaie. Tu ne fais que parler. Tu ne mets jamais tes menaces à exécution.

On dirait que la situation est assez tendue là-dedans. Je ne bouge pas d'un pouce et je continue à écouter. Je suis tellement concentré que je ne réalise même pas que Phun est maintenant à côté de moi.

— Pouvons-nous s'il vous plaît ne pas nous battre ? Nous ne sommes pas à l'école en ce moment.

— Argh, Yu ! C'est parce que tu es comme ça qu'elle est toujours en train de se plaindre. Au moins, maintenant elle réalise qu'elle ne peut même pas être comparée à toi. Sérieusement, Noh ne t'aurait jamais choisie pour être sa petite amie de toute façon, Jeed.

— C'est toi qui agis comme une je-sais-tout alors que tu ne sais rien du tout, dit Jeed avec du mépris dans sa voix.

Mon cœur descend jusqu'à mon estomac parce que je réalise maintenant ce qu'elle est sur le point de dire.

— Noh est un putain d'homo à part entière. Aucune fille ne voudrait de lui de toute façon. Alors laquelle d'entre nous est la plus stupide ici ? Je ne suis pas celle qui sortait avec un pédé et qui se languissait de lui depuis des années. Beurk, dégoûtant.

CLAC !

J'arrête presque de respirer quand j'entends un bruit étrange venant de l'intérieur. Le silence s'abat sur toute la zone.

— Ne t'avise pas de parler de lui comme ça…

Une petite voix brise le silence. Son ton est rempli de fureur. Je ne l'ai jamais entendue comme ça avant.

— Ne t'avise pas de le dénigrer comme ça.

— Pourquoi pas ? J'ai tort ? Tu ne voulais pas nous dire pourquoi vous aviez rompu et c'est la raison, n'est-ce pas ? Qu'il préfère baiser des mecs ? Tu es gênée d'avoir été trompée pendant si longtemps, n'est-ce pas ? Pas étonnant...

— Attends, Yuri ! Ne fais pas ça ! crie une autre voix

Il y a une petite agitation avant que je puisse entendre à nouveau la voix de Yuri.

— Tu es tellement stupide ! Tu ne sauras jamais à quel point Noh est un gars merveilleux ! Quelqu'un comme toi ne comprendra jamais à quel point il est incroyable ! Tu ne comprendras jamais pourquoi je dis toujours aux gens qu'il est la meilleure chose qui me soit arrivée ! Quelqu'un comme toi ne mérite même pas de comprendre ce que ça fait !

— Yuri !

J'entends le bruit d'objets qui tombent et de pieds qui traînent sur un sol mouillé. Yuri surgit de la salle de bain si rapidement que je n'ai pas le temps de m'éloigner. Nos regards se croisent un instant, puis elle s'enfuit.

Je ne savais pas qu'elle ressentait encore cela pour moi après tout ce qui s'est passé.

Quand vais-je arrêter de la faire souffrir ?



Après ce qui s'est passé ce matin, j'ai du mal à sourire aujourd'hui.

Oui, je devrais être heureux de découvrir que Yuri ne me déteste pas comme je le pensais. Mais la vérité est beaucoup plus dure à gérer. Parce que si elle me détestait, même un peu, cela aurait au moins pu justifier mon comportement de lâche. Ou si j'avais su quels étaient ses véritables sentiments, je n'aurais pas laissé notre relation s'étioler comme ça.

Je continue à réfléchir à la situation tandis que tout le monde traîne ses sacs au rez-de-chaussée et attend le minibus qui doit nous emmener à la gare. Je fixe le visage pâle qui m'était autrefois familier, mais elle ne montre aucune réaction en retour.

Je n'arrête pas de réfléchir, à tel point que je ne sais même pas où ni comment commencer à remédier à ce problème. J'ai fini par ne plus vraiment faire attention lorsque le staff a révélé qui étaient les vampires. (Ce bâtard de Phun était l'un d'entre eux, bien sûr. Et apparemment, c'était le meilleur vampire, car il a réussi à tuer Earn, Palm, deux membres de son groupe, deux membres du staff, une personne d'un autre groupe et moi. Ce crétin est impitoyable. Il s'est avéré que Ohm était un sorcier. Il a dit qu'il avait essayé d'errer seul dans l'espoir d'attirer Phun et de se débarrasser de lui. Mais Phun savait ce qui se passait et ne l'a pas laissé faire. Ohm n'a même pas attrapé de vampires et il a été puni pour cela. J'ai secrètement aimé cette partie). Même quand les membres du staff ont appelé ceux qui ont été assassinés à être punis. (Parce que nous avons été trop négligents.) Je ne peux pas vraiment me concentrer sur ce qui se passe autour de moi.

Et Phun sait exactement ce à quoi je pense en ce moment. Il tend la main et me prend par les épaules. Il me tapote doucement pendant que nous prenons le minibus en direction de la gare. Je lui souris en retour, même si je n'arrive toujours pas à me débarrasser de cet horrible sentiment. Je le ressens encore même lorsque nous sommes dans le train qui nous ramène à Bangkok. C'est chaotique. Tout le monde se rassemble et échange des numéros et des adresses électroniques. Pourtant, je n'ai pas du tout envie de participer aux festivités.

Ohm finit par demander à Phun si quelque chose ne va pas avec moi. Il répond que je suis probablement juste fatigué. Je me sens mal d'avoir inquiété Ohm à plusieurs reprises.

Nous arrivons à Bangkok vers 16 heures. Tout le monde se dit au revoir avec une accolade par-ci, une tape par-là. Je me force à sourire pour eux, me sentant reconnaissant. Nous nous promettons tous de nous retrouver demain au premier jour des cours d'été. Ils m'ont tous fait promettre de rentrer à la maison et de me comporter comme un dingue dès demain. (Qu'est-ce que ça veut dire ? Ils me traitent de fou ?) Je ris avant de leur promettre que je le serai, même si je n'en suis pas vraiment certain. Mais j'espère que les choses iront mieux demain, comme la dernière fois...

— À Ekkamai, s'il vous plaît.

Phun passe sa tête par la fenêtre latérale et indique la destination au chauffeur de taxi. Il attend que le chauffeur lui fasse un signe de tête avant d'ouvrir la porte et me laisse entrer en premier. Je souris ironiquement et le remercie en rangeant mes sacs et en m'installant dans le taxi. Phun fait de même.

— Tu veux manger quelque chose avant de rentrer à la maison ? demande Phun avec un large sourire, assez pour me faire sourire en retour avant que je ne secoue la tête.

— Nan, il y a probablement de la nourriture à la maison.

— Ok, alors je viens avec toi. Est-ce que quelqu'un d'autre sera chez toi ce soir ?

Hé hé. Je fronce les sourcils à sa question avant de répondre lentement.

— Comme si j'allais te le dire.

Naturellement, un poing me frappe à la tête à cause de ma réponse. Aïe ! Tu as oublié que je suis tout triste là ?! Sois maudit.

Je me frotte la tête en fronçant les sourcils tout en regardant par la fenêtre. Il y a beaucoup de voitures sur la route et c'est à cause d'elles que l'on est coincés dans le trafic de la capitale. Je regarde les motos qui font signe aux voitures arrêtées tout en me sentant triste et frustré.

Le sourire que Yuri avait à Hua Hin me revient en mémoire. Je me souviens encore à quel point elle était adorable. Je revois l'image d'elle pleurant devant le stand d'autocollants de ce jour-là. Je me souviens encore à quel point je me détestais. Le souvenir de Yuri sortant précipitamment des toilettes ce matin surgit dans ma tête. Tout se répète encore et encore dans ma tête, comme si quelqu'un appuyait sur le bouton "replay". Et ça continuerait à se répéter si un bras chaud ne me tirait pas par l'épaule pour me serrer dans ses bras. Il presse ma tête contre son épaule, me forçant pratiquement à me pencher sur lui pour que je puisse arrêter de fixer et de penser à quoi que ce soit.

Ha, c'est un tel dictateur. Je lève les yeux pour voir un soupçon de sourire sur son visage. Phun doit être le dictateur le plus adorable du monde.

Je ferme les yeux. Les images du trafic s'effacent de mon champ de vision. Les pensées confuses dans ma tête sont repoussées au profit de mon endormissement avec Phun à mes côtés.

Sa main chaude tient la mienne fermement. C'est un rappel que tant que Phun est là, tout va bien se passer.

— Noh ! Réveille-toi ! Tu pourras dormir davantage quand nous serons à l'intérieur.

Bientôt, une voix grave me tire de mon sommeil. J'ouvre les yeux pour voir les clôtures bleues familières qui appartiennent à ma maison.

Je secoue la tête pour me débarrasser de ma somnolence tandis que je passe tous les sacs et autres affaires à Phun qui attend déjà dehors, les bras tendus. Puis, je sors du taxi.

— Où diable sont mes clés ? marmonné-je en fouillant mes poches.

Je tends la main pour attraper un sac que Phun tient tout en pensant qu'elles doivent être dans l'une des poches. Pourtant, la grande silhouette en face de moi ne bouge pas.

Je suis son regard pour voir une jeune femme que je connais très bien. Elle regarde vers nous depuis un pot de fleurs tout proche.

— Yu... murmuré-je avec surprise.

Phun me serre l'épaule en guise de soutien.

— Je t'attends à l'intérieur.

— Bien sûr... réponds-je sans le regarder.

Je ne peux que penser au fait que Yuri est actuellement juste en face de moi.

— Ça te dérange si on parle ? demande-t-elle avec une petite voix.

Elle s'approche de l'endroit où je me trouve. Je secoue la tête et ouvre le petit portail pour la laisser entrer.

— On peut s'asseoir là-bas ? propose Yuri en désignant le bassin de carpes koi de mon père.

Je lui fais rapidement un signe de tête. Pour être honnête, si elle me disait de sauter dans l'étang tout de suite, je le ferais. Je serais prêt à faire n'importe quoi pour me faire pardonner.

Nous restons assis en silence pendant un long moment. On regarde les kois oranges et blancs nager joyeusement dans l'étang clair. Ce sont en fait les enfants de Papa. (Il les aime plus que moi.) Je jette un regard discret vers la fille à côté de moi. Elle n'a toujours pas dit un mot depuis que nous nous sommes assis.

Les grands yeux de Yuri sont concentrés sur les petites ondes, comme si son esprit suivait le courant. Je ne sais pas à quoi elle pense en ce moment ni ce qu'elle voit dans sa tête. Est-ce l'étang ? Ou est-ce quelque chose qu'elle préférerait oublier ?

— Yu... tu as déjà mangé ? Tu veux que j'aille te chercher à manger ?

Finalement, je décide de rompre le silence entre nous. Cela la prend au dépourvu et elle tressaille un peu. Elle se retourne et sourit poliment.

— C'est bon. J'en ai encore plein dans mon sac. Tu en veux ?

Incroyable. Elle a fait beaucoup de provisions pour le voyage au point d'avoir encore des restes ? Je laisse échapper un petit rire et je secoue la tête. Nous tressaillons tous les deux lorsque les lampes extérieures s'allument soudainement.

Je me retourne et vois une grande silhouette à l'intérieur de la maison près de l'interrupteur. Phun a probablement estimé que la nuit tombait et il a allumé les lumières pour nous. Il est vraiment trop malin pour son propre bien.

— Phun est à l'intérieur ? demande doucement Yuri lorsqu'elle remarque une grande ombre derrière les rideaux.

Je hoche lentement la tête, incertain du ton de sa question.

— À propos de ce que j'ai vu ce jour-là… commence Yuri, sa voix est basse.

Puis elle s'arrête de parler. Je la regarde se pincer les lèvres pendant un moment avant qu'elle ne reprenne finalement.

— Si tu me dis que ce n'était pas ce à quoi ça ressemblait... je te croirais.

— ...

Je regarde dans ses grands yeux ronds. Ils supplient pour quelque chose que je ne peux pas offrir.

— Tu sais que je te croirais, si tu me disais...

— C'est seulement parce qu'on ne se ment pas l'un à l'autre, n'est-ce pas ? l'interrompé-je.

J'ai la gorge sèche. On retombe dans le silence. La fille en face de moi pince les lèvres et baisse les yeux.

Je vois l'expression triste sur son visage. Il y a aussi de la douleur.

— Mais je serai toujours ton ami, Yu.

Yuri éclate en sanglots. Je suis stupéfait parce que je suis pris au dépourvu. Je la regarde poser sa petite tête sur ses genoux. Ses épaules se soulèvent alors qu'elle essaie de reprendre son souffle. Je ne sais pas quoi faire.

En hésitant, je tends la main et lui tapote l'épaule. Puis je lui caresse doucement les cheveux quand je vois que ça ne la dérange pas. Yuri continue de pleurer dans ses genoux pendant un long moment sans rien dire d'autre.

— Tu as entendu ce que Jeed a dit dans la salle de bain, pas vrai ?

Elle relève lentement la tête et me pose cette question. Ses yeux sont rouges. Je me force à hocher la tête malgré le fait que je n'ai aucune envie de revivre ce moment.

— J'étais tellement en colère que j'ai cru que j'allais lui arracher les membres pour toutes ces choses horribles qu'elle a racontées sur toi.

Je ne peux m'empêcher de laisser éclater un petit rire. Puis je m'amuse à secouer doucement sa tête par adoration.

— Tu ne dois pas aller si loin. Je suis juste heureux que tu aies compris.

— Mais ensuite, j'y ai pensé et j'ai eu l'impression que je devais arracher mes propres membres.

Ses mots tremblants me figent. Je regarde ses yeux humides et une larme coule. J'utilise mon pouce pour l'essuyer.

— Comment ça se fait ? Je serais très triste si tu faisais ça.

Elle pince à nouveau les lèvres. Ses yeux sont rouges comme quelqu'un qui ne peut pas retenir sa tristesse. Elle se jette de tout son corps sur moi pour me serrer dans ses bras.

— Wah...

— Att... attends ! Ne pleure pas ! Tu me fais peur. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu peux me le dire.

— Je... je... j'en veux à Jeed d'avoir ouvert sa bouche alors qu'elle ne connaît même pas la vérité. Mais ce que j'ai fait... c'est pire. Même si j'ai dit aux gens que je te connaissais très bien, je t'ai quand même fait subir ça, tout en sachant que tu es une personne merveilleuse. Je me suis laissée entraîner dans cette histoire et j'ai fait toute une histoire pour rien.

Ses larmes commencent à imprégner ma chemise. Je tapote doucement ses cheveux lisses pour essayer de la calmer. Je veux qu'elle sache que cela ne m'a jamais dérangé.

Yuri me serre plus fort avec ses deux bras. Ses jambes tremblent encore.

— J'ai reproché à Jeed de dire des choses alors qu'elle ne connaissait pas la vérité. J'aurais dû suivre mon propre conseil. Je devrais le savoir. Peu importe qui tu aimes, tu restes un être humain incroyable. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt, mais je…

Je continue à lui tapoter la tête avant de l'éloigner de moi pour pouvoir la regarder dans les yeux.

Ses yeux ronds sont encore remplis de larmes. J'essuie doucement son visage avec mon pouce. Je lui fais un sourire, en espérant que cela l'aidera à se sentir mieux, au moins un peu.

— Yu, écoute-moi. Tout ça, c'est du passé maintenant. Je suis désolé de ne pas te l'avoir dit moi-même. J'ai été un imbécile de te laisser le découvrir de cette façon, dis-je et nous nous taisons tous les deux.

Je sais que Yuri pense à ce qu'elle a vu ce jour-là en ce moment. Il s'agit d'un souvenir douloureux pour nous deux. Mais parfois, il est important de revisiter ces souvenirs afin de comprendre pourquoi ils nous font encore souffrir aujourd'hui.

Ses yeux rouges me regardent, comme si elle me suppliait de lui dire que tout n'est pas vrai ou de dire quelque chose qui la ferait se sentir mieux. Mais je sais que ce ne serait qu'une illusion de bonheur. Il est temps que je garde la tête haute et que j'admette ce qui se passe dans ma vie.

Je serre doucement l'épaule de Yuri pour lui faire comprendre qu'elle doit prêter attention à mes paroles. Je n'espère pas qu'elle me pardonne ou qu'elle change d'avis à propos de sa déception à mon égard.

— Quant au truc avec Phun, je ne sais pas vraiment comment l'expliquer. Je ne sais même pas quand ça a commencé ou quand j'ai commencé à ressentir quelque chose de ce genre pour lui. Mais avec toi, ça n'a jamais changé ce que je ressens pour toi. J'ai toujours envie d'être l'ami qui est capable de suivre tes manigances.

J'essaie de plaisanter et elle rit doucement. Elle essuie ses propres larmes à l'aide de sa petite main.

— De quoi tu parles ? Comme si je pouvais te forcer à faire quoi que ce soit.

— Tu veux prendre une nuit pour y réfléchir ? Hé hé.

Je lui donne une petite tape sur la tête pour l'amuser. Je remarque un petit sourire se former au coin de sa bouche, cela me met à l'aise.

Yuri sourit encore plus avant de jeter un coup d'œil vers la maison. Il y a un léger son de télévision qui vient de là.

— Ça m'a prise par surprise. Tout à coup, tu sortais avec Phun. Je ne pensais pas que tu étais... euh...

— Que j'étais quoi ? Fais attention.

Je pince son petit nez comme punition. Elle était sur le point de dire que je suis gay ?

— Eh bien, tu ne l'es pas ?! proteste-t-elle bruyamment en écartant ma main de son visage.

Puis elle tend la main et me pince le nez en représailles. Nous nous chamaillons pendant un moment avant que je lève les bras en l'air et que je me rende. (Yuri a les ongles longs. Je ne veux pas qu'elle griffe mon beau et magnifique visage. Haha.)

Je réfléchis soigneusement à sa question car je pense que c'est difficile d'y répondre.

— Je ne suis pas vraiment sûr, en fait. Je ne me sens pas comme ça avec les autres garçons. En dehors de Phun, je suis toujours attiré par les filles aussi. Je veux dire, je demande toujours le numéro des jolies filles quand je les vois, ha ha.

— Je vois, c'est 08-461...!

— Quoi ?! m'écrié-je bruyamment une fois que j'ai terminé mon explication et qu'elle commence à réciter son numéro de téléphone à voix haute.

Yuri fait un grand sourire.

— Tu n'as pas dit que tu voulais le numéro de téléphone des jolies filles ? Hé hé.

Elle me lance d'un ton narquois. Je ne peux m'empêcher de la frapper délicatement sur la tête avec mes doigts. Cette fille, mec.

Je ris et secoue la tête. Yuri sourit joyeusement maintenant. Nous restons silencieux pendant un moment. Yuri se penche en arrière et se soutient avec ses bras. Elle lève les yeux vers le ciel maintenant sombre.

— Donc tu dis qu'il reste une chance, si jamais tu romps avec Phun.

— Est-ce que tu essaies de porter la poisse à ma relation avec lui maintenant ?

— Peut-être. Un peu. Hé hé, dit-elle en souriant largement, montrant ses canines.

Puis elle pose sa tête sur mon épaule, s'appuyant contre moi.

Le ton de sa voix devient doux, comme elle le faisait lorsqu'elle me demandait quelque chose.

— Tu ne me détestes pas, pour de vrai ?

— Cette pensée ne m'a jamais traversé l'esprit.

Sa petite main serre la mienne avec force. Sa voix se fait plus basse.

— Tu me pardonnes, n'est-ce pas ?

Comment peut-on rester en colère quand elle est comme ça ?

— Je n'ai jamais été en colère contre toi. Tu n'as pas à t'excuser pour quoi que ce soit, d'accord ? réponds-je tout en tapotant doucement sa tête à plusieurs reprises. Yuri ne bouge pas, sa tête reste posée sur mon épaule pendant un moment. Puis elle la relève soudainement et tend les bras ouvert en grand.

— Je peux avoir un câlin alors ?

Je souris à la fille qui est redevenue adorable. Puis je tends les bras et la serre dans mes bras. Je l'entends parler tout bas.

— C'est un péché de câliner le petit ami d'un autre comme ça ?

— Tu le fais honnêtement et sans arrière-pensée ?

Je la taquine. Je ne peux pas voir son visage donc je ne sais pas quel genre d'expression elle fait.

— Je suppose que je ferais mieux de me préparer à grimper à l'arbre épineux dans l'au-delà.

— Ça existe aussi pour les chrétiens ? demandé-je confus.

(Yuri est chrétienne.) Elle rit de bon cœur en réponse.

— Je ne sais pas. Mais lâche-moi ! Il commence à faire chaud !

Elle se plaint en me repoussant de son petit corps. Elle commence à s'éventer avec sa main comme si elle était en train de brûler. Je la frappe légèrement à la tête pour avoir fait la maligne avec moi. (Je le fais délicatement, contrairement à ce que je fais à Ohm, haha. Pas d'inquiétude.)

Je commence à me plaindre aussi.

— Une certaine personne suppliait pour un câlin.

Yuri ne réagit pas à mes paroles.

— Hé hé, alors qu'est-ce que Phun fait dans la maison ? Tu peux l'appeler ? Phun ! Phun !

C'est reparti. Comme d'habitude, elle n'attend même pas. Je secoue la tête et ricane pour moi-même devant sa bêtise. Je vois la porte d'entrée s'ouvrir lentement et Phun sortir, l'air perplexe.

— O... oui ? Vous m'avez appelé ?

Qu'est-ce qui se passe avec cet imbécile ? C'est mon short de basket ! Il n'a même pas demandé s'il pouvait l’emprunter !

Yuri sourit d'une oreille à l'autre avant de commencer à parler.

— Merci beaucoup de m'avoir laissé emprunter tes chaussures. Est-ce que tu as eu mal aux pieds quand tu es rentré ? dit-elle en enlevant une paire de tongs que je reconnais comme appartenant à Phun.

Attendez, quand ont-ils changé de chaussures ?

Phun sourit largement en désignant l'étagère où Yuri peut laisser les chaussures.

— Juste un peu. J'ai simplement évité les cailloux donc ça allait.

Cette conversation n'aide pas l'étranger que je suis et qui n'a aucune idée de ce qui se passe. Je ne peux que regarder ces deux-là interagir. Aucun des deux ne perçoit ma curiosité.

— Quand est-ce que vous avez échangé vos chaussures ?!

Alors je préfère demander et le découvrir par moi-même ! Je reste bouche bée et confus, tandis que Phun me regarde d'un air sournois.

— Tu n'es pas le seul gentleman ici, mec.

— Trou du cul. Dis-moi juste.

— Merde, pas besoin de se battre.

Finalement, Yuri endosse le rôle de gardien de la paix et empêche Phun et moi de nous chamailler encore un peu plus. Ses petites mains posent les tongs de Phun sur l'étagère tandis qu'elle commence à expliquer sur son ton vif.

— Quand on m'a jetée à l'eau, je portais mes chaussures. Phun m'a permis de lui emprunter les siennes. Merci beaucoup, d'ailleurs.

— Ce n'est pas un problème.

Phun accepte les remerciements de Yuri avec un sourire doux. Je repense encore au camp. Je n'avais même pas remarqué que Phun revenait avec nous, pieds nus. Je suppose que j'avais trop froid pour remarquer autre chose. Je me dépêchais de retourner au campement.

— Et merci aussi, Noh. Pour la chemise. Mais je la garde. Hé hé !

Hé, hé, hé ! C'est quoi ce bordel ? J'ai eu ce t-shirt à Onitsuka et il était cher aussi !

— Je vais le câliner quand je dors la nuit et je vais faire un peu de magie vaudou dessus aussi. Hé hé.

Cette femme est terrifiante. Je laisse échapper un soupir avec un petit rire. Je lui fais un signe de tête pour lui dire qu'elle peut faire ce qu'elle veut. Puis j'entends Phun dire quelque chose.

— Trop tard, Yu. Je l'ai déjà fait. Haha.

Bon sang, espèce de salaud. Je découvre enfin la vérité. Tu as utilisé de sales tours pour que je sois avec toi !

Yuri rit bruyamment puis vérifie sa montre blanche autour de son poignet.

— Je t'aurai pour ça la prochaine fois, Phun. Il se fait tard maintenant. Je devrais rentrer à la maison. Tu vas passer la nuit ici, Phun ?

Et elle lâche une énorme bombe. Je commence à transpirer. Phun sourit comme si rien ne le dérangeait.

— Ouaip. Je ne peux pas le laisser seul, un voleur pourrait s'en prendre à lui.

C'est quoi ce bordel ? Je n'ai oublié de verrouiller la porte qu'une seule fois et il ne laissera jamais passer ça. (Une fois, j'ai dit !)

Yuri rit gaiement et elle devient taquine avec moi.

— Je pense que tu es plus effrayant qu'un voleur pour Noh !

Elle a raison ! Mais la façon dont elle le dit semble bizarre. Je souris sèchement quand Yuri m'attrape par le cou et m'embrasse sur la joue.

Elle s'attarde pendant un long moment. Elle refuse de me lâcher. Yuri me regarde, puis regarde Phun qui était décontenancé au début mais qui sourit maintenant.

— Si tu ne t'occupes pas bien de Noh, quelqu'un va carrément te le voler, Phun ! Fais attention ! Je vais y aller maintenant, bye bye ! À plus tard.

La petite fille me fait signe et sort de chez moi en courant, nous laissant lui faire signe en retour, hébétés. Je peux encore sentir le baiser sur ma joue.

— Les filles ne peuvent pas s'empêcher de tomber sous ton charme, comme toujours, hein ?

Phun se tourne vers moi et fronce les sourcils. Je lui colle mon majeur. Lentement, j'enlève mes tongs et les pose sur l'étagère. (C'est plutôt comme si je soulevais mon pied au-dessus de l'étagère et que je les jetais une par une). Phun passe son bras autour de mon épaule et me ramène à l'intérieur de la maison.

— C'est dommage. Yuri n'aura jamais ce qu'elle veut.

— Qu'est-ce que tu marmonnes ?

Je fronce les sourcils à ses paroles. Je sens un picotement le long de ma colonne vertébrale alors qu'il me traîne à l'intérieur de la maison par le cou et verrouille la porte derrière lui. C'est peut-être mon imagination, mais Phun semble être d'une humeur particulièrement joyeuse aujourd'hui.

— Je dis qu'elle ne serait pas capable de t'éloigner de moi. Parce que je prends vraiment bien soin de toi, non ?

Bon sang, quel narcissique. Je hausse les sourcils et le regarde avec un air renfrogné.

— Vraiment ?

— Et même si Yuri a pu t'embrasser sur la joue, dit-il en tendant la main pour me frotter à l'endroit où elle m'a embrassé.

Qu'est-ce qu'il prépare maintenant ?!

— Moi je peux faire tellement plus, hé hé hé.

Phun parle d'un ton profond. Il ricane dans sa gorge de façon suspecte. Je commence à avoir des frissons. Je repense à ce que Yuri a dit sur le fait que Phun est plus effrayant qu'un voleur. Je suis tout à fait d'accord avec elle.

Je fronce les sourcils en regardant ce beau gosse.

— Ouais. Alors, tu veux aller dans la chambre ?

Les yeux de Phun s'agrandissent.

— Eh ? Pour de vrai ?

— Ouais.

Je lui fais un signe de tête et l'entraîne aisément par le bras dans les escaliers. Vous n'êtes pas d'accord que Phun est très facile à influencer quand il s'agit de ce genre de choses ? Haha.

On se dirige tous les deux vers ma chambre. On s'arrête devant la porte et je pose un doigt sur ses douces lèvres.

— Bonne nuit... idiot !

Ahahaha ! Je peux l'entendre frapper à la porte fermée derrière moi. Son visage était tellement plein de luxure que je voulais lui donner une leçon. Je siffle sans me soucier du fait qu'il continue à faire des histoires à l'extérieur de ma chambre.

— Merde, Noh ! Ouvre la porte tout de suite !

— Quoi ? Tu me dis ce que je dois faire maintenant ?

— Noh, s'il te plaît. S'il te plaît, ouvre la porte pour moi ?

— Désolé, j'ai sommeil maintenant. Fais de beaux rêves.

— Laisse-moi dormir avec toi. Je te promets que je ne tenterai rien. Je veux juste te faire un câlin pour dormir.

— Yawn.

— Ok, on n'a pas besoin de se câliner. On peut juste dormir dans le même lit.

— Bonne nuit.

— Allez ! Je vais dormir sur le sol ! S'il te plaît ! Je veux juste dormir dans la même pièce que toi.

Heh heh. Je pense que mon rêve sera sûrement doux ce soir. ZZZzz


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:20



65ème Chaos
Notre amour est malade
— Putain de merde ! Dépêche-toi ! On est déjà en retard !

J'accélère le pas tout en regardant en arrière pour presser la personne derrière moi. Il est encore en train de se pencher pour lacer ses chaussures.

— Pourquoi tu es si pressé ? C'est les cours d'été. Fiem ne va pas nous faire faire des pompes si on est en retard. Hé, il n'y a pas de voitures ! Traversons maintenant !

— Une seconde ! Je peux avoir quatre porcs grillés, ma tante ?

— Trou du cul !

Aïe ! Pourquoi diable il me frappe à la tête ? ! Je frotte l'endroit où j'ai été touché et me tourne pour regarder Phun qui a une expression menaçante sur son visage. C'est une agression !

— Tu me pressais et maintenant tu achètes du porc grillé ?

Hahaha, et alors ? Ce n'est pas ma faute si tu as cru que j'étais réellement pressé. Je hausse les épaules devant Phun et l'ignore avant de commencer à désigner les brochettes de porc que je veux. Je choisis celles qui ont beaucoup de graisse. Je les adore.

— Tu as dit qu'il n'y avait pas besoin de se presser puisque ce ne sont que des cours d'été. Donc je ne me précipite plus. Tatie, je veux ceux-là.

— Je t'aurai pour ça la prochaine fois. Tata, s'il te plaît, ne lui donne pas ceux qui ont beaucoup de graisse. Il est déjà assez gras comme ça.

— Espèce de salaud !

Qu'est-ce qu'il essaie de dire ? Je n'ai pas pris de poids du tout. Ok, c'était un peu difficile de boutonner mon jean ce matin, mais je pense qu'il a rétréci au lavage. Il n'est pas censé s'étirer au lavage ? On m'a menti ?

Je pose la main sur Phun et lui donne un coup de pied avant d'entendre un bruit qui me fait lever les yeux.

Je vois un oiseau qui chante fort sur l'auvent. Je fronce les sourcils et le regarde fixement. On dirait qu'il essaie de communiquer avec un autre oiseau. Je regarde autour de moi et cherche l'autre oiseau. Puis je vois un oiseau similaire dans une cage à côté du grill.

— Euh ? C'est ton oiseau, ma tante ?

— Je l'ai attrapé plus tôt aujourd'hui. Mon mari m'a dit qu'il avait envie d'un curry d'oiseau. Je pensais lui en faire pour le déjeuner.

Hein ? De l'oiseau... du curry d'oiseau ? Je me sens soudainement nauséeux.

Mes yeux se déplacent rapidement, je ne sais pas quoi dire. Cet oiseau semble placer tous ses espoirs en moi pour une raison quelconque. Il continue à faire des bruits aigus dans ma direction. Je pense honnêtement qu'il me supplie de l'aider. Je veux dire, je fais de mon mieux, ok ?

— Tu n'as pas peur d'attraper la grippe aviaire en mangeant des oiseaux sauvages, ma tante ? Ce ne serait pas plus sûr d'en acheter au marché ?

— Chéri, c'est comme si je l'attrapais moi-même. C'est ce qu'ils font au marché. Ça me fait économiser de l'argent de les attraper moi-même. En plus, si tu sais comment les cuisiner, tu n'attraperas rien.

Mince, elle connaît son sujet. Qu'est-ce que je peux dire d'autre maintenant ?

Je jette un coup d'œil à l'oiseau qui continue à gazouiller bruyamment sur l'auvent. Puis je regarde Phun, il semble avoir une idée de ce que j'ai en tête.

— Tante, je vais prendre huit brochettes. Puis-je les avoir fraîchement grillées ? Bien chaudes ?

Et maintenant je sais ce qu'il prépare. Heh heh heh. Excellent. Gagne du temps aussi longtemps que tu peux. J'en profite pour me rapprocher de la cage. Phun est toujours en train de choisir les brochettes qu'il veut. Il est si pointilleux que je serais très contrarié si j'étais la pauvre tante. Mais c'est mieux comme ça. Elle ne saura pas ce que je fais.

— Tu es vraiment un garçon en bonne santé. Tu choisis celles qui n'ont pas de graisse. Tu n'aimes pas non plus qu'elles soient un peu brûlées, dit joyeusement la tante.

Franchement, je me demande si elle n'était pas en train de l'insulter en réalité. En continuant à parler, la tante se comporte comme une femme âgée typique.

— C'est bien que tu sois un fanatique de la santé. Vous savez, ma fille est plutôt mignonne. Tu es intéressé, mon chéri ?

— Non, ma tante ! C'est mon petit ami ! Il est pris !

Je me retourne rapidement et élève la voix. Phun et la tante sont tous deux surpris par mon emportement. Qu'est-ce qu'il y a ? Ce n'est pas comme si j'avais dit quelque chose de mal. J'en profite pour ouvrir la cage avec un large sourire sur le visage alors que les deux sont encore stupéfaits.

— Oh, non !

— Noh, qu'est-ce que tu viens de dire ?!

— Voilà, ma tante. Pour le porc grillé et pour l'oiseau. S'il te plaît, ne va pas l'attraper à nouveau. Je me sens mal pour ces deux-là. Phun ! On peut traverser maintenant !

J'ignore ce que ces deux-là ont à dire et je pose rapidement l'argent sur le comptoir avant de tirer Phun par le bras pour traverser la rue. (Et ce n'est pas exactement désert maintenant mais il n'y a aucune chance que nous restions dans le coin.)

— Est-ce que tu viens de...?

— Est-ce que je viens de quoi ?! Regarde à droite et à gauche avant de traverser ou tu vas te faire renverser par une voiture, mec !

Je dois le surveiller tout en regardant à gauche et à droite avant de réussir à l'emmener jusqu'au portail de l'école. Ça m'a demandé beaucoup d'efforts, je n'arrive pas à croire qu'on s'en soit sortis vivants.

— !!!!!!!!!

Mais avant que je puisse faire quoi que ce soit d'autre, Phun me serre dans ses bras. Je peux sentir son coeur battre rapidement. Je ne peux m'empêcher de glousser devant sa joie enfantine. Soudain, l'agent de sécurité siffle et nous demande de nous éloigner de l'entrée. Hey, il n'y a rien de mal à montrer un peu d'affection en public ! Haha.

— Merde, Phi Noh. Au milieu de la foule ? Tu ferais mieux de courir, je m'en occupe maintenant !

Je peux entendre Per me crier dessus de quelque part. (D'où vient-il ?) Il court pour voler la matraque du garde de sécurité, ce qui fait qu'au lieu de marcher vers Phun et moi, il le poursuit dans le parking.

Le sifflet continue de résonner dans toute la zone, mais pas aussi fort que le gazouillis des deux tourtereaux reconnaissants. Ils continuent de nous survoler. Il n'y a rien de plus beau que le sourire de Phun en ce moment.

Notre amour est malade.

Et je crois que notre amour durera pour toujours et à jamais.



♪ Petits oiseaux, volant et gazouillant joyeusement

C'est notre chance

Je veux prendre ta main

Je suis prêt

Tu es le bon

Encore et toujours

Un morceau de mon cœur est à toi

Pour toi et moi

Le temps nous appartient

Pour nous, de le faire savoir

Et d'ajouter un peu plus de luminosité

Au monde

Nous sommes amoureux

Seules de grandes choses vont se produire à partir de maintenant

Peu importe le temps qui passe

Il y aura toujours toi et moi

Pas besoin d'autres miracles

Mon rêve est maintenant réalité

Je ne serai jamais plus heureux que par les moments que je passe avec toi. ♪

Notes :
Musique
https://www.youtube.com/watch?v=QueGBpzK49I

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:21



Spécial 1
Peux-tu l'entendre ? La voix venant de Phun.
— Phun ! Tu peux vérifier le budget de mon club pour moi ? S'il te plaît ? S'il te plaît ? S'il te plaît ? Il y a 20 000 bahts qui manquent ! Je suis sur le point de devenir fou là !

C'est ainsi que Noh est entré dans ma vie et est devenu ma plus grande surprise au cours des années. Il est vrai que l'on se connaissait un peu, mais on n'avait jamais eu l'occasion de se parler tous les deux comme ça. Chaque fois que l'on s'était parlé, on n'avait jamais eu une conversation aussi longue que cette fois-là non plus.

Je ne peux m'empêcher de sourire quand je pense à ce jour-là. Le visage clair et pâle de Noh est habituellement plein d'expressions différentes. Parfois, il se met en colère. Parfois, il affiche un air suffisant. Parfois, il prend un air sournois, comme s'il avait l'intention de faire quelque chose de mal, lorsqu'il traîne avec ses amis ou lorsqu'il plaisante avec eux. Mais ce jour-là, il avait une expression différente que je n'avais jamais vue auparavant. Il avait une expression si intense, si paniquée, que j'ai dû m'empêcher d'éclater de rire. D'accord, j'admets que j'ai souvent pris plaisir à regarder secrètement Noh, car c'est un sacré personnage. Chaque fois que je vois son visage, je me sens tellement détendu et tout mon stress disparaît puisqu'il peut me faire rire.

Mais je vous jure que même si j'ai ressenti cela, je n'ai jamais pensé à Noh d'une manière romantique parce qu'il est mon ami (pas vraiment proche) qui est toujours d'humeur si joyeuse. Je sais qu'il est 100% hétéro. J'ai même entendu dire qu'il a une petite amie qui va dans la même école que la mienne, mais je ne sais pas qui c'est. Parfois, je me demande comment Noh se comporte quand il est avec sa petite amie. Est-ce qu'il est du genre à plaisanter comme il le fait au lycée ? (Ce qui serait stressant pour sa petite amie) Ou peut-être est-il du genre incroyablement doux et romantique quand il est avec elle ? Qui sait ?

Je ne nourrissais aucune arrière-pensée et j'étais tout à fait sincère lorsque j'ai posé cette question à Noh ce jour-là. Je ne me doutais pas qu'un jour, Noh et moi allions tomber dans un gouffre si profond qu'aucun de nous ne pourrait en sortir.

Aim (Envoie-moi un message quand tu es là, Yuri) dit : Phun, s'il te plaît, ne me quitte pas.

Mais la réalité n'est jamais aussi simple que l'on a tendance à l'espérer. Je fixe ce message dans la fenêtre MSN Messenger sur l'écran de mon ordinateur avant de laisser échapper un long soupir.

Mon index tape légèrement sur la souris comme si j’étais quelqu'un dont les pensées vagabondent. En réalité, ma tête est plutôt vide. Ce n'est pas parce que je suis sans cœur ou que je ne ressens rien du tout. C'est juste que j'essaye de penser à tout ça encore et encore, mais je n'arrive pas à trouver de solution. À ce stade, je suis devenu quelqu'un qui essaie de fuir la vérité...

Il y a eu tant de fois où je me suis repassé ce qui s'est passé, en essayant de comprendre comment tout a pu se passer ainsi. Quel genre de sentiments ai-je pour Noh ? Est-ce que je l'aime ? Je n'ai pas le courage d'admettre que je suis capable de donner quelque chose d'aussi grand que cela à un ami qui est véritablement entré dans ma vie mercredi dernier.

Je ne peux pas me résoudre à utiliser de tout cœur le mot "amour" avec ce type... mais je sais que je le veux dans ma vie. Avoir Noh à mes côtés la semaine dernière est une chose à laquelle je ne pourrai jamais donner de prix. Chaque fois que je me réveille et que je vois son visage endormi à côté de moi, je ne peux pas m'empêcher de souhaiter que cela se produise tous les matins... jusqu'à ce que nous franchissions la limite de l'"amitié".

Je me rends compte que ce que j'ai fait est plus que foireux parce que je n'ai plus le droit de faire ça avec quelqu'un d'autre.

Je veux être un homme honorable qui aimera Aim jusqu'à la fin. Je souhaite que notre relation reste forte parce qu'elle a mis sa confiance en moi.

En fin de compte, j'ai surestimé mes propres capacités.

J'ai menti... quand j'ai dit que je n'avais aucune arrière-pensée et que j'étais sincère quand j'ai demandé à Noh d'être mon faux petit ami. C'était un mensonge.

Sincèrement, je suis extatique quand c'est Noh qui est là maintenant. Noh, la personne qui n'est qu'un ami éloigné de moi. Noh, la personne qui m'a affronté dans cette bataille acharnée où nous avons tous les deux fini par nous écorcher les genoux, il y a huit ans. Noh, la personne qui a fait office d'astrologue à mes côtés lorsque j'étais le chef de la ville pendant la semaine de la langue thaïlandaise de notre école, il y a cinq ans. Noh, la personne que Rodkeng a traînée à ma fête d'anniversaire en ayant l'air très mal à l'aise, il y a deux ans. Il a tellement essayé d'être poli et de parler gentiment tout le temps qu'il était là que je n'ai pas pu m'empêcher de me demander s'il n'allait pas finir par faire quelque chose de gênant pendant la fête...

Noh, la personne à laquelle je pense toujours quand je me dis que ce serait génial si je rencontrais une fille avec sa personnalité. J'ai souvent souhaité que Aim puisse être aussi brillante et joyeuse que Noh. Il est peut-être bruyant, odieux et se comporte parfois comme un voyou, mais la gentillesse et la sincérité brillent toujours dans ses grands yeux ronds.

Je me suis lancé un défi en demandant à quelqu'un qui m'a toujours intéressé de faire semblant d'être mon petit ami. Je me suis dit que quoi qu'il arrive, Noh reste un garçon. Peu importe à quel point il est mignon et adorable, il est impossible qu'un jour je commence à avoir des sentiments bizarres pour ce type.

Mais au fil des jours, j'ai réalisé que je m'accordais trop de crédit. Je n'étais pas aussi fort que je le pensais au départ...

Le portable noir est posé là en silence, le même silence venant de moi. Je n'ai toujours pas donné de réponse à Aim.

Je ne sais pas ce qui m'arrive. Deux semaines plus tôt, j'aurais été heureux de taper une réponse disant que je ne la quitterais jamais. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que mes mains sont aussi résistantes qu'une pierre. Je n'arrive pas à trouver une réponse qui ne me fasse pas passer pour une merde.

C'est parce que je sais quelle horrible personne je suis en réalité.

Mon index se déplace de la souris vers le dernier numéro que je compose. C'est le même numéro que celui que je voulais appeler plus tôt dans la soirée, mais que je raccrochais à chaque fois avant qu'il ne sonne. Je ne suis pas sûr de savoir quoi lui dire. (Si je lui demande s'il a encore mal, il va me maudire.) A-t-il encore envie de me parler de toute façon ?

Cependant, mon doigt bouge plus vite que mes pensées et il appuie sur le bouton d'appel. Je mets le téléphone sur haut-parleur et j'écoute la sonnerie. Assez rapidement, il répond au téléphone avec son ton habituel de voyou.

— Pourquoi est-ce que tu m'appelles ? Je suis juste en face de ta chambre...

Je n'en crois pas mes yeux lorsque j'ouvre la porte et que je vois Noh debout. Mon monde s'arrête, car je ne me soucie plus de la façon dont ce petit malin va m'accueillir. Je ne peux qu'entendre ces voix qui résonnent dans ma tête.

Je veux Noh.

Je veux que Noh reste à mes côtés.

Il n'a pas besoin de rester à mes côtés pour le reste de notre vie.

Je ne demande que ces moments, les moments où nous avons encore ces merveilleux sentiments l'un pour l'autre.

Je veux me souvenir de ces moments et les garder au fond de moi.

Si un jour, je dois être avec quelqu'un d'autre, alors je n'oublierai jamais ces moments avec lui.

Ces moments où Noh était encore dans ma vie.

Ces moments que je chérirai plus que tous les trésors inestimables du monde.

— Pourquoi pas Bang Saen ? C'est assez proche.

— Je m'assurerai que tu arrives à temps pour ton test de demain. Allez, viens !

Hé hé. Je trouve amusante l'expression d'incrédulité sur son visage. Il commence à faire des histoires, comme je le pensais. Il y a un vieux dicton, "les effrontés obtiennent ce qu'ils veulent, les timides s'en passent". Je me fiche de l'importance des histoires que Noh veut faire, parce que je ne sais pas si nous aurons un jour une autre chance d'être ensemble comme ça après ce soir.

Je peux deviner la vraie raison de sa présence ici en voyant ses yeux ternes et mélancoliques...

Donc si les choses sont sur le point de changer, alors je ne demanderai qu'une dernière chance d'être avec lui aussi longtemps que possible.

Pendant que nous étions sur la route, si seulement Noh avait regardé dans ma direction, il aurait remarqué à quel point j'essayais de faire bonne figure et de réprimer mes sentiments en sachant que cette nuit était la dernière que nous passions ensemble.

Au restaurant, si seulement Noh avait eu confiance en moi, il aurait compris que même si je ne peux pas oublier Aim, l'idée de l'abandonner ne m'a jamais effleuré l'esprit.

Dans la chambre cette nuit-là, si seulement Noh avait choisi d'être égoïste avec quelqu'un comme moi...

Si seulement Noh avait eu confiance en moi et m'avait laissé décider de tout...

Je suis prêt à jeter toutes ces soi-disant vérités. Je suis prêt à jeter les choses qui sont censées être appropriées. Je veux jeter toutes ces choses que l'on nous a enseignées comme étant les bonnes choses.

Je suis toujours prêt à soutenir Noh aussi longtemps qu'il a besoin de moi.

Cependant, le monde de la réalité et le monde des rêves coexistent en lignes parallèles.

Il ne me reste que cette nuit où Noh et moi ne sommes pas amis.

Je ne peux plus tenir Noh aussi longtemps que je le veux.

Plus jamais.

Phun


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Ven 6 Sep 2024 - 23:21



Spécial 2
Briller de mille feux
— Équipe verte, au combat !

— Équipe bleue, on y va !

— Équipe verte, yeah !

— Allez, équipe bleue !

Des acclamations bruyantes et des cris d'encouragement remplissent le terrain de basket alors que le dernier round du tir à la corde est sur le point de commencer. Il y a beaucoup de petits garçons portant des chemises de couleurs différentes tout autour du terrain. Certains encouragent leur équipe, d'autres leurs propres amis. Personne ne cède.

Comme il s'agit d'un affrontement important - la finale et tout le reste - les deux équipes ont choisi les enfants les plus âgés de la tranche d'âge concernée, les élèves de troisième année, pour constituer plus de la moitié de leur équipe.

— On est prêts ! On est prêts ! crie un grand garçon au bout de la rangée à celui qui se trouve devant en chemise bleue.

Comme prévu, tous les enfants les plus forts étaient à l'arrière et ceux à l'air intimidant étaient à l'avant. Il semble que l'équipe bleue ait choisi tous les élèves préférés des enseignants (ou simplement les élèves de troisième année) pour être à l'avant. L'équipe verte, quant à elle, n'a toujours pas trouvé sa composition.

Plus d'une minute est passée et il semble que l'équipe verte ait enfin réussi à se décider. Ils se sont regroupés et crient un hourra avant que chacun d'entre eux ne se dirige vers sa position désignée. Comme prévu, les plus grands garçons sont à l'arrière. Un garçon à l'allure chinoise, aux yeux ronds et au nez rouge, comme s'il était enrhumé, se trouve en première ligne.

Un garçon à l'allure soignée dirige l'équipe bleue. Il ne cesse de fixer le garçon aux grands yeux ronds en face de lui. L'arbitre siffle le début de cette compétition acharnée.

Tous les garçons autour du terrain les encouragent. Les enseignantes s'amusent aussi à regarder la compétition, car il semble qu'aucune des deux équipes ne perde de ses forces, comme le prouve le tissu rouge qui est attaché au milieu de la corde. Il est toujours au même endroit que lorsque la compétition a commencé. Les deux équipes donnent le meilleur d'elles-mêmes.

— Équipe verte, en avant !

— Équipe bleue, allez !

— Équipe verte, courage !

— Équipe bleue, on se bat !

Il n'y a pas que les équipes en compétition qui ne perdent pas de force, c'est aussi le cas pour les garçons qui les encouragent. Le garçon à l'avant de l'équipe bleue essuie la sueur sur son front avec son bras. Le soleil commence à se faire sentir. En revanche, le garçon à la peau claire de l'équipe verte semble aller parfaitement bien. Mais quelque chose semble clocher. Quelque chose lui arrive.

— Ah… ah… ah… ah...

Le garçon à la chemise bleue remarque que quelque chose arrive à son concurrent. Ses yeux sombres fixent le garçon dont les sourcils fins se rapprochent lentement. Le nez rouge du garçon tressaille comme s'il ne prêtait plus la moindre attention à la compétition alors qu'il est censé le faire.

— Ah… ah… ah… ah...

Les yeux ronds à moitié fermés du garçon commencent à se rapprocher. Ses lèvres rouges sont retroussées. Pendant un instant, le garçon en bleu perd sa concentration en observant ce qui se passe devant lui.

— Atchoum !

Un éternuement bruyant jaillit de ces lèvres rouges et de ce nez. Il lâche la corde. Tous les autres sont tellement surpris par ça qu'ils lâchent aussi prise et tombent en un tas désordonné.

— Ouille !

Tous les garçons, grands ou petits, crient de douleur. Le garçon à l'origine de tout cela est le plus touché car il s'est écorché la peau claire de ses genoux. L'arbitre et les professeurs se précipitent pour vérifier que tout le monde va bien.

— Emmenez-le à l'infirmerie ! crie le professeur de gym bronzé après avoir inspecté les blessures.

Le garçon blessé proteste bruyamment sans aucun signe d'arrêt.

— Je ne veux pas ! Ça ne fait même pas mal !

Mais ses genoux en sang prouvent le contraire. Le professeur de gymnastique ne peut que secouer la tête d'un air las devant le garçon.

— Tu dois y aller même si tu n'as pas mal, sinon tu auras une cicatrice.

— Non, je n'irai pas !

La petite voix continue inlassablement à faire du bruit au milieu du terrain. L'entraîneur Suwat, le professeur de gymnastique, est à bout de nerfs, alors il laisse le garçon tranquille. C'est alors qu'un autre garçon prend la parole.

— Hey... tu peux venir avec moi. Je vais aussi à l'infirmerie.

— Hm ?

Le garçon qui a fait une scène fronce ses fins sourcils une fois qu'il voit son concurrent se tenir devant lui. Le garçon à la chemise verte sourcille en regardant celui à la chemise bleue. Il est un peu confus, mais il comprend quand il voit que l'autre garçon s'est aussi écorché les genoux.

Le garçon à l'apparence soignée sourit et tend la main pour aider le garçon blessé. Le garçon à la chemise verte le regarde avec hésitation.

— On y va ensemble ?

Cette fois, il prend la main du garçon à la chemise bleue. Il laisse son ami l'aider jusqu'au bureau de l'infirmière sans protester davantage.



— Bon, tout le monde est là ? Bon, je ne vais pas attendre ceux qui ne sont pas là. Je commence notre réunion pour la représentation théâtrale en langue thaïe de cette année.

Une enseignante d'âge moyen à l'air menaçant tapote doucement sur une pile de papiers sur la table de réunion.

Une paire de talons hauts claque dans la pièce tandis que les scripts sont distribués aux élèves. L'enseignante s'arrête devant un garçon qui semble être poli et bien élevé.

— Phun. Tu es le seul représentant des élèves de 5ème année ?

— Euh…

Mais avant qu'il ne puisse répondre, quelqu'un ouvre bruyamment la porte et l'interrompt.

— Je suis désolé d'être en retard !

Un garçon maigrichon à la peau claire, dont la chemise est débraillée, s'excuse rapidement auprès de l'enseignante. Il se tient sur le seuil de la porte, toujours à bout de souffle. L'enseignante le dévisage, mais elle hoche ensuite la tête et laisse l'élève insolent entrer dans la salle sans le gronder.

— Merci de m'avoir gardé une place !

Le nouveau venu affiche un large sourire et s'élance vers le siège à côté de l'élève de son année. Les deux jeunes ne sont pas très proches, mais ils sont dans la même école depuis cinq ans maintenant, alors ils se connaissent au moins un peu.

— Tiens. Je t'ai gardé une copie du script. Comment ça se fait que tu sois en retard, Noh ?

— Oh ! Merci encore une fois ! C'était mon tour de nettoyer la classe mais j'ai fini par sécher quand même. Ohm va se jeter sur moi quand je reviendrai, c'est sûr.

Ses lèvres rouges bougent et crachent quelques plaintes tandis que ses yeux ronds et sombres scrutent le script qu'il a reçu plus tôt.

— Merde ! C'est quoi le problème avec ces dialogues ?! Son Altesse m'a donné l'ordre de savoir si Votre Altesse allait partir. Si c'est le cas, Son Altesse accompagnera Votre Altesse, mais sinon, Son Altesse ne partira pas sans Votre Altesse. C'est insensé ! Est-ce même du langage humain ?! Ça ne peut pas être plus simple que ça ?!

Sa voix aiguë est tellement forte que son ami assis à côté de lui se penche et couvre sa bouche bavarde. Mais c'est trop tard, le professeur lui lance déjà un regard noir.

Phun adresse un sourire embarrassé à son professeur avant de chuchoter quelque chose à son ami trop bruyant.

— Ne te plains pas si fort...

— D'accord, d'accord, répond-il rapidement après s'être plaint bruyamment. Désolé…

Noh chuchote en faisant un signe de tête raide à son professeur pour s'excuser.

— Le mien est assez difficile aussi.

Phun continue à parler tout en révisant ses propres lignes. Ses yeux perçants jettent un coup d'œil à son ami qui se gratte la tête. Il ne peut s'empêcher de sourire à lui-même.

— Noh, tu veux répéter avec moi pendant le déjeuner ?

Et à ces mots, le garçon aux sourcils froncés relève la tête avec excitation.

— Pour de vrai ?!

— Ouais...

— Faisons-ça ! C'est parti ! Merci ! Je me demande combien de fois je t'ai remercié aujourd'hui.

Ses yeux ronds sont clairement remplis de joie.

Phun glousse doucement.

— Je ne compte pas. Hahaha. Je te vois demain à midi alors.

— Ok !



— Bordel de merde, Keng ! Pourquoi tu m'as traîné ici, bordel ?! C'est tellement ennuyeux, putain ! Je ne peux même pas jurer ! Putain !

La voix cassée provient d'un garçon avec une coupe rasée et des lèvres rouges. Il commence à faire une scène sur fond de musique douce en arrière-plan. Ils se trouvent dans un jardin qui a été transformé en lieu de fête d'anniversaire pour le fils aîné de cette famille qui va avoir 15 ans.

Comme prévu, Rodkeng réagit en donnant une claque sur la tête du garçon.

— Si tu sais que tu n'es pas censé jurer, alors pourquoi tu élèves la voix ?! Va trouver quelque chose à mettre dans ta putain de bouche avant de nous rendre tous les deux fous, dit le garçon maigre et il pousse une assiette pleine de nourriture vers le visage de son ami effronté.

Il continue à le gronder.

— Je me suis dit que tu connaissais Phun car vous vivez assez près l'un de l'autre. C'est pourquoi je t'ai invité.

Celui qui écoute est devenu silencieux car il est trop préoccupé à finir toutes les crevettes devant lui en moins d'une minute.

Noh mâche rapidement puis avale. Il enchaîne avec de grandes gorgées d'eau dans un verre.

— On n'est pas si proches ou quoi que ce soit. Ok, je m'en vais. Tu vas rester, hein ? Je vais juste rentrer à la maison et jouer à des jeux vidéo.

— Yo ! Tu vas te barrer juste après avoir mangé tout ce que tu veux, connard ?!

— Yep. C'est moi. Je me casse d'ici. À plus !

Sans hésiter, il se lève aussitôt de son siège avant de faire un signe d'adieu à Rodkeng et à ses autres amis qui sont plutôt des connaissances. Puis, il se dirige vers le portail de l'immense manoir.

— Eh, 'Keng ? Et Noh ? Vous n'êtes pas venus ici ensemble ?

Moins d'une minute plus tard, le roi de la fête arrive et lui demande, de sa voix grave, à propos de celui qui vient de partir.

— Il vient de partir, Phun. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Déjà ?

Le garçon semble surpris, alors Rodkeng ajoute rapidement quelque chose.

— Il est parti par là. Tu devrais faire vite si tu veux lui parler. Il est parti il y a une minute, tu devrais pouvoir le rattraper si tu te dépêches.

— Merci, dit Phun avec un sourire avant de s'enfuir.

Il n'y a que les lumières des lampadaires qui éclairent la petite rue sombre au milieu de la nuit.

Noh prend ses marques et suit le chemin familier. Il veille à garder un œil sur les motos louées qui passent. La musique de la fête se fait encore entendre faiblement derrière lui.

Tap ! Tap ! Tap !

— Noh ! Noh !

C'est la voix de qui ? Se dit le propriétaire du nom. Il se retourne pour voir que le maître de la soirée d'anniversaire a fui sa propre fête.

— Phun ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Noh s'arrête de marcher pour que Phun puisse le rattraper. Une fois arrivé à l'endroit où se trouve Noh, il halète pour reprendre son souffle, puis il se met à parler.

— Tu rentres déjà chez toi ? La fête doit être ennuyeuse. Désolé pour ça.

— Oh !

Même si c'est vrai, il ne peut pas l'admettre parce qu'il se sent désolé pour lui.

— Non ! Ma mère a appelé, je dois rentrer. Désolé de ne pas avoir pu rester jusqu'à la fin de ta fête, ment rapidement le garçon à l'allure chinoise et tapote par culpabilité l'épaule de son pas tout à fait ami proche que tout le monde trouve vraiment beau.

Un sourire soulagé se dessine sur le visage de Phun.

— Pourquoi je ne te raccompagnerais pas chez toi ? Je ne savais pas que tu vivais dans le coin.

— C'est bon ! Je peux rentrer tout seul, sans problème !

Il sourit avant de décider de dire quelque chose sur un ton sournois.

— Je parie que le héros de la fête manque à toutes les filles puisqu'il est parti depuis un moment maintenant. Hé hé hé.

C'est évident car plusieurs filles du lycée privé sont présentes ce soir. Phun sourit timidement après cette petite taquinerie et Noh donne quelques coups de coude à son bel ami.

— J'aime bien celle qui est en rose. Tu devrais me la présenter.

— Ha ha ha, bien sûr, bien sûr.

Phun sourit en réponse, ce qui provoque un sourire chez Noh.

— Je vais y aller maintenant !

— Ok, rentre bien chez toi, Noh.

— Je vais essayer. Hé hé, répond le garçon avant de faire demi-tour et de marcher sur le chemin qu'il a emprunté.

Mais il semble qu'on lui ait rappelé quelque chose, alors il se retourne.

— Hé, Phun ! crie-t-il fort parce qu'il pense que Phun s'est déjà éloigné, mais ce n'est pas le cas.

Phun se tient toujours au même endroit où il se gratte la tête, gêné.

— Joyeux anniversaire, mec.

Quand Noh dit ces mots, il ne s'attend pas à un grand sourire de la part de Phun. Phun lui-même agit comme s'il n'arrivait pas à en croire ses propres oreilles au début, mais son sourire large rencontre un autre large sourire venant de la personne qui lui a souhaité un joyeux anniversaire.

— Je n'ai pas apporté de cadeaux cependant... désolé, s'excuse Noh et Phun secoue la tête.

— Ce n'est pas grave. Je suis content que tu aies décidé de venir à la fête.

Hum, c'est quelque chose que dit l'organisateur de la fête à ses invités, non ? Se dit le jeune homme. En tout cas, il sourit en réponse.

— Au revoir...

Il lève sa main pâle au-dessus de sa tête pour dire au revoir, puis il fait demi-tour et s'en va.

Cette nuit-là, Noh ne savait pas qu'il aurait une autre chance de revenir dans ce manoir, et qu'il ne pourrait plus jamais tourner le dos à Phun.


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Spécial 3
L'ombre des feux d'artifice
— Best, que vas-tu faire ? Il est tout seul là, demande une fille à la voix aiguë à une autre fille qui a une expression confuse sur le visage.

Elle porte un petit panier flottant en bois dans ses mains.

— Tu es folle Kade !!! Il est toujours dans son école !

Best gronde son amie tout en essayant de retourner en direction de leur école, mais Kade la traîne dans le sens inverse.

— Et alors ? Tu vas attendre qu'il sorte avec une amie ? Tu aurais trop peur de le revoir. Dépêche-toiiiiiiiii !

— Nooon ! J'ai peur.

— De quoi ? C'est la première fois en deux ans que Phun est célibataire ! Il n'y a pas Aim qui marche en permanence à côté de lui. Donc, tu ferais mieux de te dépêcher avant qu'il ne soit pris. Ce serait encore mieux si tu le faisais tomber amoureux de toi ce soir, dit la fille qui accompagne Best en lui apprenant ce qu'elle doit faire.

À ce moment-là, le panier flottant dans ses mains devient un outil pour couvrir ses joues rouges.

— Nooon, je suis timide...

— Phun, qu'est-ce que tu fais là ?

Alors que les filles traînent encore, la voix d'un garçon se fait entendre.

— Tu vois ? Tu as encore eu peur et maintenant il y a quelqu'un avec lui, dit cruellement la plus grande des deux filles avant qu'elles ne se dirigent vers le portail de l'école des garçons qui est proche de la leur.

De là où elles sont, elles voient un autre garçon saluer le sujet de leur discussion. Celui qui vient d'arriver leur semble familier, c'est l'un de ceux qui ont participé à la journée portes ouvertes de leur école.

— Oh Ohm ! Je suis là pour garder un œil sur les paniers flottants de Mlle Rattana. Où sont les autres ?

Phun, le garçon de cette école, est un garçon dont beaucoup de lycéennes autour de cette zone rêvent.

Il répond à son ami et les deux filles poussent de petits cris discrets.

— Ahhhhh, hey, on peut clairement l'entendre.

— Même quand il jure, il est toujours aussi mignon.

Les filles poussent un autre petit cri avant de continuer à les écouter.

— Humm... Par 'les autres'... tu veux dire Noh ? Tu peux le dire, répond l'autre garçon et Phun s'esclaffe mais ne dit rien, alors l'autre garçon continue. On fabrique des paniers flottants à côté du bâtiment F, mais lui est au deuxième étage du bâtiment C.

— Qu'est-ce qu'il fait ?

— Il joue aux cartes.

— Aux cartes ?!! Oh, Hahahah...

— Ouais, tu peux y aller et le gifler trois fois pour le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ensuite, traîne ce crétin jusqu'ici pour nous aider ?

— Haha, ouais. J'irai le chercher dès que Mlle Rattana sera là.

— Ok, à plus !

La conversation entre les deux garçons est assez forte, ce qui fait que les filles qui écoutent se regardent perplexes.

— Est-ce que Noh est celui qui a fait le concert de l'école ?

— Oui, j'ai entendu dire qu'ils étaient très proches. L'année dernière, Phun est venu avec lui quand il s'est produit à l'école, dit son amie et la fille hoche la tête avant de sourire.

— C'est bien. Noh est beau. Je l'aime bien ! Il est mignon, et il a rompu avec Yuri ?

Cette fois, c'est l'autre fille qui reprend.

— Je ne sais pas... j'ai entendu parler de ça, mais l'autre jour je les ai vus se promener à Siam. Maintenant les élèves de seconde la regardent méchamment, ces jeunes semblent penser qu'ils n'ont pas rompu.

— Awo, alors ils ont rompu ou pas ? Et pour Phun, il l'a vraiment quittée ?

Cette question rend Best moins confiante, plus de la moitié de sa confiance a maintenant disparu. De plus, elle ne connaît pas vraiment les intentions de ces gars. Son amie soupire profondément.

— Phun a rompu pour sûr ! Tu ne vois pas que Aim a déjà un nouveau petit ami et que Phun ne sort avec aucune autre fille ? Alors, tu peux te dépêcher ? Les moustiques me dévorent, dit la fille la plus grande en poussant son amie pour qu'elle avance vers l'école pour garçons.

La fille crie après que son amie l'ait poussée.

— Ahhhh !!

— ???

Maintenant, elle regarde Phun dans les yeux, et cela fait battre son cœur plus vite.

La fille au panier flottant sourit au gars qui la regarde avec confusion de l'intérieur de son école. Les fines lèvres roses sont sur le point de la questionner, mais...

— Merde Phun ! Je ne pense pas que Mlle Rattana viendra, dit quelqu'un au visage rond et au front brillant provenant de derrière eux.

Phun se retourne pour regarder le propriétaire de la voix même s'il sait déjà exactement de qui il s'agit.

— Pourquoi Noh ?

— Elle exécute une danse folklorique thaïlandaise au bord de l'eau. Le professeur Su me l'a dit.

— Hein ? C'est quoi ce bordel ? Elle m'a dit de surveiller les paniers et qu'elle reviendrait.

— Hahahah, oui, tu peux aller à la rivière. Ne l'attends pas.

— Et toi ?

— J'y vais là.

— Umm…

Phun commence à répondre avant de se souvenir qu'il y a une fille bizarre devant l'école, mais quand il se retourne, elle est déjà partie. "C'était un fantôme ?" Il se gratte la tête avant de prendre les quelques paniers flottants et de suivre Noh jusqu'à la rivière.

— Et maintenant ?! Je t'ai dit de te dépêcher, et maintenant ? Il va à la rivière. Il y aura tellement d'étudiants de nos écoles là-bas ! Tu vas avoir des problèmes., dit durement Kade à son amie qui part aussitôt en courant avec son panier flottant.

Kade fait la moue avant de regarder le dos du garçon mince qui s'éloigne. Il tient trois paniers flottants et marche vers la rivière où se tient toujours le festival de Loy Krathong (1).

— J'étais trop enthousiaste ! Mais... Il y aura sûrement un bon moment.



Chaque année, la rivière devient le lieu du festival Loy Krathong. Cet endroit est bondé par les habitants et les étudiants de la région. Tout le monde est là pour le festival. Phun marche avec des paniers flottants vers son professeur qui s'amuse en exécutant une danse folklorique thaïlandaise.

— Mademoiselle, où voulez-vous que je mette vos paniers flottants ?

— Oh, Phun ! Ça fait longtemps que j'attends. Mets-les juste là.

La réponse réduit Phun au silence avant qu'il ne s'en aille, mécontent. Il met les paniers flottants avec d'autres paniers d'un autre club.

— Je suis lààààààà ! Je suis iciiiiiiiii ! Iciiiiiiiiiii ! Un embellissement du panier flottant du Club de Musique.

La personne à qui appartient cette voix crie de loin. Phun sourit avant de rire en voyant le panier flottant en désordre. Il contient des feuilles de bananier, des orchidées, des soucis, des tournesols, des oranges, des poires, des bâtons de chocolat, des chips et des biscuits Akola March.

— Tu veux vraiment faire tes excuses à la déesse du fleuve Ganges (2) ou juste t'amuser ? L'eau va être polluée, dit Phun en se retenant de rire, mais personne ne prête attention à ses paroles.

— On va s'excuser auprès de la déesse et donner de la nourriture aux poissons en même temps. C'est une bonne action. Hé !! Noh, allons acheter du pain pour les paniers flottants.

— Quoi, Ohm ? Tu veux le faire flotter avec moi ? Non, je ne veux pas te rencontrer dans ma prochaine vie.

Noh refuse, mais son ami le traîne pour y aller.

— Tu crois que je veux le faire flotter avec toi ? Je vais acheter du pain et le manger moi-même. Je veux savoir s'il est bon. Pourquoi les poissons piquent toujours le pain ?

Cela fait rire Phun.

— Bordel de merde Ohm !

Les deux garçons continuent de se disputer avant que la voix de Ohm ne devienne plus forte.



— Et maintenant ? Ses amis sont là, tu vas oser ? demande Kade d'une voix ennuyée après avoir observé la situation.

La même fille parle de manière ennuyeuse après avoir observé la situation. Elle réalise à l'instant que peu importe le temps qu'elles attendent, le gars dont Best est folle a toujours ses amis autour de lui.

Best qui tient toujours son panier flottant inspire profondément.

— Oui !

Kade ouvre les yeux, surprise.

— Hein ? Tu es folle ! Quand il était tout seul, tu n'as pas osé entrer. Mais, maintenant qu'il a beaucoup d'amis autour de lui, tu oses y aller ! Je vais attendre et voir !

La phrase, qui est à la fois dure et plaintive, oblige Best à inspirer profondément. Puis, elle retient son souffle avant d'avancer avec son panier à la main, mais...

— Arhhhh !

Elle trébuche sur le pied de quelqu'un qui passe par là.

— Hey ! Tu vas bien ? demande une voix profonde et cassante tout en la relevant après qu’elle soit tombée.

La jeune fille expire profondément, soulagée que son panier flottant soit encore en bon état, avant de lever les yeux pour la remercier.

— M...Merc.... Eh !

Elle s'exclame en voyant que la personne en face d'elle est l'ami proche de Phun.

— Est-ce que tu vas bien ? Tu t'es fait mal ? demande le garçon aux cheveux très courts qui était bruyant au bord de la rivière.

Cependant, il n'obtient aucune réponse à part des yeux qui le fixent. Il frappe dans ses mains pour la faire sortir de sa torpeur.

— Hey ! Tu vas bien ?

Cette fois-ci, son rire se mêle à sa voix, si bien que Best est sur le point de s'enterrer dans le sol pour échapper à cette situation.

— Oui, je... je vais bien, murmure-t-elle d'une petite voix pour lui répondre avant d'épousseter le bas de son uniforme scolaire bleu marine.

Cependant, l'autre personne continue de parler fort.

— Oh ! Tu as une blessure ! Traitons-la. Il y a une boîte de premiers soins là-bas.

Il ne fait pas que parler et elle sursaute quand il l'entraîne avec lui. De plus, elle n'a pas assez de conscience pour refuser et finalement, elle laisse le garçon faire ce qu'il veut.

De l'autre côté de la rivière, Noh saisit négligemment toutes les affaires pour soigner sa blessure.

— Qu'est-ce que je dois utiliser ?

— C'est... c'est bon. Je peux le faire.

— Tu peux le faire ?

— Non... Haha.

Je veux me frapper la bouche pour avoir dit quelque chose de stupide, pense la fille.

Le garçon rit.

— Oui, bien. Reste tranquille, je vais le faire pour toi. Laisse-moi voir ton genou.

Noh applique un liquide rouge sur la blessure et sans attendre Best s'exclame.

— Aïe.

— Ah, ça fait mal ? Désolé, je fais ça d'habitude pour les juniors de mon club. Ils sont forts. Hahahha...

Elle n'a pas eu l'occasion de lui répondre car la seule chose à laquelle elle ne s'attendait pas se produisit.

— Noh, qu'est-ce que tu fais ?

Phun Phummipat se tient devant elle !!!

La jeune fille en uniforme du lycée pour filles tient toujours son panier dans une main tout en regardant la personne qui vient d'entrer. Son cœur bat comme s'il était sur le point d'exploser.

Cependant, le garçon, qui soigne sa blessure, hausse l'épaule, comme s'il se moquait de lui.

— De l'agriculture peut-être ? dit la voix grave et cassante du garçon aux cheveux courts.

Le garçon, qui est arrivé, s'assoit à côté d'eux.

— Tu fais toujours l’idiot avec moi. Ta main n'appuie pas trop fort ?

— Non, je le fais doucement, pas vrai ?

Ils ne se disputent pas seulement entre eux, mais lèvent aussi les yeux pour demander l'avis de la fille. Elle est surprise, puis se dépêche de répondre.

— Oui... oui !

— Tu vois ?

— Pshhh~ Elle a dit ça parce qu'elle se soucie de toi, pas vrai ?

Encore une fois, ils se servent d'elle pour se dire des choses dures. Néanmoins, elle est assez tentée pour répondre.

— Ou… Oui !

Cela fait rire les deux garçons avant que Phun ne pousse la main de Noh.

— Attends ! Je vais mettre la compresse. Tu la mets toujours de travers. Tu devrais mettre des lunettes.

— Umm... quelle bonne vue tu as !

Noh qui a déjà été dur est maintenant sarcastique. Mais ce n'est pas important, car la blessure sur le genou de la fille est maintenant soignée.

— C'est fait ! dit Phun en souriant.

Best a alors les joues rouges, mais peut-être qu'il s'agit de sa chance.

— Mer...merci... euh... Phun...

— Hey ! Noh ! Phun ! Mlle Rattana vous demande de porter tous les paniers flottants ! Venez par ici !

— Umm, umm !! Vas-y en premier ! répondit Noh à son ami du club qui se tient plus loin. Sois prudente !

Noh s'adresse à la jeune fille avant que lui et Phun ne courent pour aller aider leur école.



— Best, pendant un certain temps tu dois être prudente. Ne tombe pas des escaliers ou ne trébuche pas sur autre chose. La prochaine fois, tu pourrais mourir, dit Kade, juste après qu'elle soit revenue avec son panier flottant dans sa main.

Best marchait sans réfléchir après avoir entendu tant de mots bizarres.

— Pourquoi ? demande-t-elle.

— Parce que tu as déjà utilisé toutes les chances de ta vie. Regarde ! Tu avais Noh et Phun autour de toi. Je sais que si quelqu'un de notre école l'avait vu, il te détesterait jusqu'à ce que tes enfants t'ordonnent.

— Tu parles trop ! Mais, ohhhhh ! Je regrette vraiment. Juste un peu plus et j'aurais pu lui demander...

— Tu devrais aller près de lui quand il y aura moins de gens autour. Fais-le !

Il ne s'agit pas d'une simple conversation car, une fois de plus, son amie la pousse à réaliser son projet ce soir-là.

L'animation règne au bord du fleuve. Pas très loin de là, se trouve l'énorme panier flottant de l'école des garçons. Ils le déplacent pour pouvoir le placer sur l’eau. À l'avant se trouve Phun, le secrétaire du conseil des élèves qui s'amuse avec ses amis.

Le son de leurs voix est fort quand l'énorme panier flottant glisse lentement sur le fleuve Chao Phraya (3). Son beau visage, que beaucoup de gens aiment, est animé par la joie avant qu'il ne se dirige vers un endroit qui n'est pas bondé.

C'est sa chance !

La fille le suit tranquillement parce que le gars, qu'elle aime bien, n'est pas seul. La personne à côté de lui, c'est Noh. C'est mieux que les autres garçons car elle a parlé avec lui et elle pense que c'est un bon ami à Phun.

Best marche lentement jusqu'à ce qu'ils soient dans un coin où il n'y a personne. Elle voit un autre tout petit panier flottant sur la main de Phun. Puis, les deux garçons s'assoient lentement à côté du ponton.

— N'est-ce pas romantique ? J'ai regardé un peu partout et c'est l'endroit le plus calme, dit Phun d'une voix profonde et aussitôt Best se cache derrière le mur d'un vieux bâtiment.

Bien qu'elle ne puisse pas répondre elle-même à la question de pourquoi elle s'est cachée.

— Romantique ? C'est très sombre. Dépêche-toi et fais-le flotter avant que les moustiques ne me piquent.

— Tu dois le faire avec moi.

— Quoi ? Tu ne m'as pas juste dit de venir avec toi ? Vas-y et fais-le. J'attends !

La voix brutale de Noh crie à moitié et se plaint de l'autre. Cela se passe juste avant que Phun ne s'approche du râleur et ne prenne une de ses mains pour l'aider à tenir le panier flottant.

— Fais-le flotter avec moi, pour qu'on puisse s'aimer pour toujours, dit Phun en regardant Noh dans les yeux. L'année dernière, Peck et Thunya en ont fait flotter un ensemble.

— Arrête de dire des conneries, fais vite un vœu !

Cela ressemble à un ordre et c'est un peu dur, mais Phun accepte de le faire.

Ils prennent beaucoup de temps pour faire un vœu, puis le beau visage de Phun se peint d'un sourire pour le président du club de musique.

— Qu'est-ce que tu as souhaité ?

— Réussir mon examen pour entrer à l'université.

— Quoi d'autre ?

— Que l'équipe d'Arsenal devienne triple championne.

— Quoi d'autre ?

— Que Steve Jobs crée l'iPhone 9. J'aime les beaux chiffres.

— ... Quoi d'autre ?

À ce moment, Phun semble avoir laissé sa bonne humeur flotter avec la panier flottant, alors que Noh, lui, se retient de rire.

— Et je souhaite que tu sois mordu par Cone si jamais tu venais à me tromper.

Noh fait référence au nouveau membre de la maison Phummipat que Pang a adopté la semaine dernière. Cone est un poméranien que Pang suppliait qu'on lui achète depuis plusieurs mois.

Ces mots font rire la personne qui se fait gronder.

— Je dois effrayer le chien ? Je peux le chasser tout de suite.

— C'est toi qui vois, je m'en vais. Mes amis m'attendent pour tirer des feux d'artifice.

Il ne fait pas que parler, il se lève et s'apprête à partir. Phun s'empresse de tirer sur son poignet blanc pour le faire s'asseoir à nouveau à côté de lui sur le ponton.

— N'aie pas peur, je ne vais pas te mordre... Tu sais que je t'aime ?

Les lèvres fines embrassent le nez de Noh ce qui le fait rougir avant qu'il ne se lève précipitamment

— Idiot ! Quelqu'un pourrait nous voir ! Va te faire foutre ! Je m'en vais. Je serai avec Ohm. Appelle-moi si tu as quelque chose.

— Umm, Hahahahha.

Les deux garçons en uniforme scolaire ont déjà disparu hors de sa vue, maintenant il ne reste plus qu'elle dans son uniforme du lycée pour fille. Le panier flottant qu'elle tenait depuis un moment, a à cet instant déjà rejoint le sol mouillé au bord de la rivière.

Best utilise ses mains pour couvrir sa bouche, car même si elle n'a pas clairement entendu leur conversation, la dernière chose qu'elle a vue est...

Elle se pince.

— Ouchhhh…

Ce n'est pas un rêve.



— Best, où étais-tu ? Tu es partie pendant un long moment. Qu'est-ce que tu faisais ? Hey ! Où est ton panier flottant ? Ne me dis pas...!!!!

Kade commence à la disputer juste après son retour.

Best ne peut que se forcer à sourire en retour.

— Hmmm... Rentrons à la maison.

— Hey !! Dis-moi, dis-moi !! Tu l'as approché ? Il est d'accord pour sortir avec toi ? Hein ? C'est une grande nouvelle !!

— Je n'ai pas…

Best n'a pas le temps de trouver d'excuses que sa tête heurte l'épaule de quelqu'un.

— Oh ! Comment va ton genou ?

Best blanchit, elle n'est pas prête à revoir cette personne, surtout à cet instant.

— N...N...N...Noh !

— Heeeyyyy ! Est-ce qu'on se connaît ? Quel est ton nom ?

— Best ! Mon amie s'appelle Best. Elle était en train de faire flotter son panier avec to…

Best couvre la bouche de son amie avant qu'elle ne puisse finir sa phrase.

— Oh ! Mon nom est Best ! Pas vraiment, je te connais depuis que tu as joué au concert de mon école. Mon genou va mieux, merci. Je dois y aller, byeee...

— Euuh.... Bye…

Noh la regarde d'un air confus puis il rit en voyant la façon dont elle se précipite pour partir.

— Tu vas te faire mordre par Cone, Naphat.

La voix s'est élevée soudain si près de lui qu'il eut peur.

— Idiot !!! La prochaine fois, fais du bruit. Tu m'as fait peur.

— Si je te faisais savoir que j'arrive, je n'aurais pas l'occasion de te voir flirter avec une fille.

— Abruti, je flirte avec qui ? Je la saluais juste et lui demandais à propos de son genou.

— Tu flirtais !

— Je ne flirtais pas !

— Tu flirtais !

— Je ne flirtais pas !

— Tu flirtais !

— Je ne flirtais pas !

— Tu flirtais !

— Connard

— Enfoiré

— ...

— ...

Le son des feux d'artifice se répercute dans la nuit à la lumière de la lune et couvre les voix des garçons. De nombreuses couleurs étincelantes se dispersent dans le ciel sombre et tranquille pour illuminer et donner de l'énergie à chacun pour aller de l'avant.

— Merde Phun, Noh ! Pourquoi vous vous disputez ? Venez ici ! Allons tirer des feux d'artifice !

— Allons-y ! Jouons ! Jouons ! Donne-moi ça ! Oh ! Maudit Phun, je n'ai pas flirté. J'aime juste prendre soin des jolies filles. Fin ! Ne discute plus avec moi !

… Et l'histoire continue

Notes :
1/ Loy Krathong est la fête des lumières. Elle est célébrée chaque année dans toute la Thaïlande. Elle a lieu lors de la pleine lune du 12e mois du calendrier thaï lunaire traditionnel ; dans le calendrier occidental, ceci se produit généralement en novembre.

Loy Krathong a lieu à la fin de la saison des pluies, lorsque la principale récolte du riz se termine. Le festival des Lanternes permet donc de remercier la déesse pour l’utilisation abondante de l’eau et de demander pardon pour la pollution qui en résulte.

Il s’agit également de se débarrasser du malheur, des mauvaises choses qui se sont produites dans le passé et de se mettre la chance de son côté à l’avenir. C’est pour cette raison que les personnes font flotter un krathong (petit radeau confectionné à partir de feuilles de bananier, et orné de bâtons d’encens et d’une bougie) dans les cours d’eau. Ce krathong symbolise les frustrations et les rancunes pendant l’année passée dont vous voulez vous libérer en les laissant « flotter » sur l’eau.

Généralement, déposer un ongle ou une mèche de cheveux sur le krathong est considéré comme un moyen d’abandonner le côté obscur de vous-même et d’être à nouveau libre de tout sentiment négatif. La croyance veut que si votre bougie reste allumée jusqu'à ce que votre krathong disparaisse, votre année sera chanceuse.

Traditionnellement, les Thaïlandais déposent leurs krathong dans les rivières, les étangs, les lacs et les petits canaux appelés « klongs »
2/ Le fleuve Ganges : Fleuve en Inde.
3/ Le fleuve Chao Phraya : Fleuve thaïlandais qui traverse tout le pays.

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Néphély
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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:21



Spécial 4
On est ce que l'on dit
'Vous avez reçu une notification de FACEBOOK'.

En cours d'informatique, une petite fenêtre bleue s'affiche dans le coin de mon ordinateur. Je fronce les sourcils, car je ne suis pas censé regarder cette discussion, seulement, dans cette salle de classe aussi chaude que froide, ce satané message Facebook me persuade de l'ouvrir.

Je regarde à gauche puis à droite, j'en suis certain, la voix de M. Thana provient de plus loin de moi. C'est juste au cas où des filles mignonnes écriraient quelque chose sur mon fil...

— Qu'est-ce que tu fais ?

Meeeerde... Putain Om !!

— Pourquoi tu parles comme un prof ? J'ai eu peur !

Bordel ! Je lui tape sur le crâne, mais il fait toujours une tête d'enterrement.

— Shuuuu~ c'est quoi ça ?... Ohhh !!! P'Anne t'a demandé en ami !!!!? s'écrie-t-il comme un abruti !

Je lui donne une nouvelle claque sur la tête avant de cliquer sur ‘accepter la demande d'ami’ d'une fille qui faisait partie de mon équipe lors du dernier camp. C'est la fille que Om regardait. En fait, il regardait toutes les femmes qui n'avaient pas de queue.

D'autres pop-up apparaissent sur l'écran après que j'aie accepté la demande d'ami de P’Anne. Tout devrait bien se passer si je n'ai pas ce fantôme affamé qui me demande une portion de mérite.

— Ohhhh ! Tellement mignonne !

— Tu fais des compliments ou tu insultes ?

J'entends ses mots. Idiot ! Comment une fille peut-elle tomber amoureuse de toi ?

— C'est un putain de compliment.

— Umm... quand même, on dirait que tu l'insultes !

— Je t'ai seulement insulté toi !

Oh, vraiment ? Je glousse en regardant son profil.

Ahhhh... cette fille est si mignonne ! Mon cœur est sur le point de fondre.

— Hey ! De quoi vous parlez les gars ?

Arggggh ! Qui me pousse ? Distraitement, j'écarte le doigt qui est apparu de mon bras alors que Om répond sans détourner son regard des photos de la jeune femme.

— P’Anne... Elle a ajouté ce satané Facebook de Noh ! Elle est trop mignonne.

— Ah, vraiment ? Et le professeur n'a rien dit sur l'ouverture de Facebook dans sa classe ?

— Il suffit de ne pas lui dire idiot !

— Je le savais. Ce sont des étudiants intelligents.

Hein ?

Ohm et moi nous retournons pour regarder M. Thana qui a un sourire terrifiant en se tenant tout près de nous.

— Heyyyyyyyyyyy !!

Oh Meeeeeerde !



Tout ça, c'est la faute de Ohm. Il était trop bruyant au point que M. Thana nous a entendus. Enfin, au final on a tous les deux été négligents.

Je m'allonge sur le canapé devant la télévision parce que je suis encore étourdi par la punition de M. Thana. Bien que M. Thana ait dit de le faire trente fois, on a fini par le faire plus de cent fois. C'est parce qu'il voulait que l'on se tourne en même temps. De plus, je ne sais pas ce qui n'allait pas avec Om, pourquoi il n'arrivait pas à stabiliser sa position en même temps que moi ? Il m'a mis dans le pétrin parce que j'ai dû tourner sans m'arrêter de nombreuses fois. Aujourd'hui, tu m'as tellement mis dans le pétrin !

J'y pense avec mauvaise humeur en changeant de chaîne avec la télécommande. Mon père est en train de laver sa voiture, alors que ma mère arrose ses plantes. Suis-je un mauvais fils en restant ici à regarder la télévision ?

Après avoir pensé à cela, je me lève du canapé, je secoue ma tête de gauche à droite, et sors pour aider ma mère.

— Ah Noh, tu n'as pas mal à la tête ?

Haha. Ma mère n'est-elle pas gentille ? Je souris avant de lui prendre le tube en caoutchouc des mains.

— De temps en temps, quand je rentre tôt à la maison, je devrais t'aider à arroser ces plantes. Haha...

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Oh... Maman. Tu ne vois jamais ton fils sous un beau jour, mais en fait je veux un nouveau Macbook.

Je devrais le supplier un peu plus. Hahha...

— Bonjour ! Maman.

Hey ! Qui appelle ma mère ? Ce n'est pas ma voix.

— Ohh Fils. Viens à l'intérieur, bonjour.

Depuis quand, cette maison a deux fils ? Pourquoi ma mère accepte-t-elle de saluer Phun avec sa main ?

Arf... Pas seulement ma mère, mais il a également une conversation amusante avec mon père et rigole avec eux pendant quelques minutes avant de venir vers moi, alors que je suis en train d'arroser des Euphorbia milii.

— Pourquoi tu es là ? demandé-je, mais il se contente de sourire.

— Il me manque...

— Idiot ! On vient juste de se séparer. Tu as oublié ?

— ... ma calculatrice... hahahha…

Merde ! Tu devrais juste dire que tu as oublié quelque chose, pas parler aussi gentiment. Ma mère pourrait passer et entendre ça !

Ce soir, quand il a vu que je n'allais pas au club, il m'a raccompagné chez moi. Je me souviens qu'il a mis des affaires dans mon sac et je savais qu'il allait oublier quelque chose.

Comme je le pensais, il entre dans la maison. Ces derniers temps, il vient si souvent ici, qu'il connaît toutes les pièces de la maison. Ma mère l'adore et mon père est heureux d'avoir un nouveau compagnon de pêche maintenant.

Ça m'ennuie tellement !

— Noh, tu vas continuer à arroser cette plante ? Elle a déjà trop d'eau.

Merdeeeeeeeeeeee !!!



Le trouble de la fin d'après-midi était passé !!! Qu'est ce qui n'allait pas chez moi aujourd'hui ? M. Thana m'avait attrapé en train de regarder Facebook en classe. J'avais trop arrosé l'euphorbia milii de ma mère et quand j'avais voulu aider à laver la voiture, je n'avais pas fermé correctement la portière, alors de l'eau était entrée et avait mouillé le siège !!! Quelle malchance pour moi aujourd'hui !!

Je suppose que c'est à cause des malédictions de Phun. Le mois dernier, il m'a maudit quand j'ai coupé mes cheveux trop courts. Il voulait que je souffre jusqu'à ce que mes cheveux repoussent. C'est ridicule, si je veux me couper les cheveux, alors je dois le faire aussi court que possible sinon à quoi ça servirait de les couper ? Depuis que je les ai coupés au point de ressembler à un skinhead, Phun se plaint du matin au soir et continue même chez moi. Qu'est ce qui ne va pas chez toi ?

Il a aussi dit que si je me coupais encore les cheveux comme ça, il me raserait les sourcils et m'emmènerait au temple. En fait, c'est une bonne idée, comme ça je ne mangerai pas beaucoup et je perdrai du poids. Je devrais le refaire la prochaine fois.

Pourquoi je me plains depuis si longtemps ? On peut se demander qui entre Phun et moi se plaint le plus ? Disons que j'ai un jour de malchance, mais il y a quelque chose de bien. Aujourd'hui, maman a préparé tous mes plats préférés.

J'ai mangé de la salade de poisson épicée, des crevettes sautées au poivre noir, du poulet au curry rouge, et des œufs brouillés avec de la viande. J'ai l'impression d'avoir mangé assez pour les trois prochains mois. Enfin, pas vraiment, j'aurai de nouveau faim demain matin. Je frotte mon estomac en montant les escaliers et quand j'ouvre ma porte, je vois...

— Hey !!! Tu es toujours là ?!!!!

Ce satané Phun est en train de jouer tranquillement avec mon ordinateur. Il se retourne vers moi avant de sourire et de regarder à nouveau le jeu sans rien dire. Hein ? Est-ce que ça veut dire... que tu ne rentreras pas chez toi ?

Je pose mon menton sur son épaule tout en le regardant jouer.

— Quand est-ce que tu pars ?

— Demain matin… répond-il tout en continuant à jouer activement au jeu.

Je soupire.

— Je ne me réveillerai pas le matin.

Demain, c'est samedi. Si je me réveille avant l'après-midi, ça ne sera pas moi.

Phun continue de jouer au jeu.

— Ok, l'après-midi alors.

— Je dois rencontrer quelqu'un l'après-midi.

Aussitôt, il arrête de prêter attention au jeu.

— Qui ?

— Tu pourrais d'abord me demander où je vais ?

Je hausse un sourcil tandis qu'il fronce les siens.

— Dis-moi les deux.

Tu me questionnes plus que mon propre père.

— Je vais à la librairie Chula acheter des livres pour l'examen avec Yuri.

— Laisse-moi venir avec toi.

Tu es ivre à cause du jeu DotA ?

— Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu n'es pas déjà pris à l'université ?

— Je veux juste me détendre, je peux venir ? implore-t-il en clignant des yeux.

Qu'est-ce que je peux faire ?

— Umm... Si tu veux.

Je lui cède, dernièrement, il connaît mes points faibles, alors il m'implore toujours. Phun claque ma table de joie. Pourquoi tu dois taper sur ma table ? Ensuite, il continue à jouer le jeu... Game Over ! Son ennemi a frappé sa pierre pendant qu'il me charmait. Hahahha !

— Idiot ! Tu ne m'as pas prévenu !

— Pourquoi je devrais ?

Je hausse un sourcil sur lui avant qu'il n'éteigne le jeu et me fixe.

— Tu essaies de m'énerver ? Je ne t'ai pas attrapé depuis la dernière fois.

— Quand ? demandé-je en cherchant quand est-ce que je lui ai fait quelque chose ?

Il glousse avant de retourner sur mon ordinateur et de fouiller dans tous mes fichiers.

Ahhhhhh~ Je suis dans la merde !!!!!

— Un dossier avec plus de 4 go de porno.... Tu vas en regarder jusqu'au matin ?

Merde ! Je ne regarde pas tout en une journée ! Je lui donne une claque sur la tête en fermant le dossier.

Quel con, je pensais l'avoir bien caché, mais il a quand même réussi à le trouver. Heureusement, tu ne sais pas que j'ai 30 Go de plus sur mon disque dur externe. Hahahahha !!!

— Bordel ! Tu agis comme si tu n'en avais pas...

Je me plains en fermant le dossier et en le mettant en mode caché. Phun ne répond pas et je ne comprends pas ce qu’il a mais il ne me laisse pas le découvrir.

Actuellement, l'écran de mon ordinateur est vide avec seulement le fond d'écran d'Inception que j'ai mis en place il y a plusieurs mois. Nous sommes devant mon bureau en désordre qui contient un dossier de projet, des papiers, des feuilles de résultats, les horaires du club et les programmes de musique.

Il est assis silencieusement

— Qu'est ce qui se passe ? demandé-je.

Il secoue la tête et se lève de la chaise.

— Je vais aller prendre une douche.

Tu crois que je ne le sais pas qu’il y a un problème ? Je l'attrape et le force à se rassoir.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Qu'est-ce qu'il a ? Son visage a l'air terrible. Il reste assis en silence avant de regarder mon visage. Ces lèvres roses commencent à bouger.

— Tu aimes toujours les filles ?

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Je suis tellement confus car il dit quelque chose de bizarre. Il fronce les sourcils, mais je ne sais pas quoi répondre. On reste silencieux pendant environ dix minutes avant qu'il ne pousse un profond soupir et s'en aille.

— C'est pas grave, je vais prendre une douche.

Tu as mal compris ? Je l'attrape une nouvelle fois par le bras.

— Heyyyy !Parlons, dis-je, mais il me jette un coup d'œil avant de détourner le regard.

— …

Si tu restes silencieux, je ne pourrai pas te comprendre.

— Phun, je pensais qu'on avait déjà parlé de ça, continué-je, mais il reste silencieux et ne regarde pas mon visage. J'aime les filles parce que je suis un mec. C'est normal pour moi d'aimer les filles. Je t'ai déjà dit que j'aimais les filles.

— ...

— Ça n'a rien à voir avec ça. Je regarde seulement les filles, mais je suis ton petit ami. Ce n'est pas parce que tu es un gars ou une fille. Je sors avec toi parce que c'est toi. Tu ne le vois pas ? Tu as une grosse pomme d'Adam, une poitrine plate, et des poils comme une forêt sous les aisselles. Mais je sors quand même avec toi, alors pourquoi tu dois y penser ? dis-je en tirant sur son bras et je le vois sourire d'un air entendu.

Un petit rire lui échappe, je sais que tu ne peux jamais être en colère contre moi pendant plus de dix minutes. Il retourne s'asseoir sur la même chaise.

— Umm... d'accord... même si tu aimes les filles, tu es mon petit ami, répète-t-il avant d'utiliser le clavier pour taper quelque chose.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Je me dirige vers l'ordinateur et voit qu'il est sur mon Facebook.

Ohhh ! Phi Anne a posté sur mon mur 'merci de m'avoir ajoutée'. J'ai peur.

— Noh, tu te souviens de moi au camp ? Merci de m'avoir ajoutée. Et, viens ici pour être mon junior... *gloussement* Noh peut-il être accepté dans cette spécialité ? Je le vois seulement sortir et jouer à des jeux, lit Phun à haute voix et avec une fausse voix de fille, mais... Heyyyy !!!! Tu m'as insulté à la dernière phrase ?

Je suis sur le point de lui répondre quelque chose, car c'est lui qui me demande de sortir. En plus, je fais travailler mon cerveau avec ces jeux, seulement Phun clique sur modifier mon profil.

Mais qu'est-ce que tu fais ?

— Célibataire, hein ? Tu es mon petit ami, et tu dois rajouter ce statut, marmonne-t-il en changeant mon statut de célibataire à en relation avec.....

Hey !! Abruti qu'est ce que...!!! Stoppppppp !!!!!! J'attrape la souris.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je suis sur le point de changer ton statut pour qu'il corresponde à ta réalité.

— Connard ! Arrête ça ! m'écrié-je en éloignant la souris pour qu'il ne puisse pas faire de bêtises.

Il commence à me regarder.

— Noh...

— Tu n'as pas besoin d'être cruel avec moi. Je ne te laisserai pas faire. J'ai mes parents comme amis sur Facebook. Tu vas avoir des problèmes !

Il ne m'écoute pas et réussit finalement à récupérer cette souris.

— Heyyyyyy !

Ne fais pas ça !!!!!!

Phun change rapidement mon statut sur "En relation", mais il ne montre pas le nom de la personne. Il lève les yeux vers moi et me sourit.

Soupir. Je ne sais pas quoi faire.

— Ok, d'accord, tu es tellement ennuyeux.

— HAHHAHAHAHAHA !

Tu es heureux, hein ? Il éclate de rire, avant d'embrasser ma joue, et d'aller s'allonger sur le lit.

— J'ai faim...

— Ohhh.... Tu n'as rien mangé ?

Il est presque 21 heures !!!!

— Manger quoi ? J'ai oublié ma calculatrice, alors je suis venu ici. Je n'ai pas mis les pieds dans ma maison et quelqu'un est méchant avec moi. Il ne m'a pas invité.

C'est ma faute ?

— Idiot ! Je pensais que tu étais déjà parti. Tu es si agaçant. Je vais aller chercher de la nourriture pour toi dans la cuisine.

Je secoue la tête et me dirige vers la porte pour sortir, mais je ne vais pas assez vite, car Phun m'attrape et me serre dans ses bras.

— Heyyyy !

Idiot ! J’ai eu peur !!

Il me serre très fort dans ses bras alors que son nez commence à se déplacer sur toute ma joue.

— Laisse-moi y aller. Je vais te chercher à manger.

Je me tortille dans ses bras puissants, mais je ne sais pas pourquoi il a toujours une très grande force quand il s'agit de ce genre de situation.

— Voilà... ma nourriture, ricane-t-il en utilisant son nez pour toucher le mien et je le regarde dans les yeux avant de lui donner un doux baiser.

— Tu ne recevras aucune nutrition de ma part. Tu as plus de chances de perdre des électrolytes. Laisse-moi aller chercher de la nourriture pour toi, et ensuite on pourra parler.

— Trop mignon, à qui est ce petit ami ? demande-il avant de me donner un gros baiser, puis il me laisse partir.

Je souris intérieurement parce que je pense à mettre du charbon dans sa nourriture. Il aura la diarrhée toute la nuit et perdra toute son énergie. Haha Je t'aurai, Phun !!!



Il me faut plusieurs minutes pour trouver des aliments ou des snacks pour lui. Je pense à quel point je suis avide de nourriture. Je m'en veux un peu puisque j'ai mangé tous les aliments. Merde ! Je suis dans le pétrin. Enfin, je prends mon scooter et je vais acheter du porc cuit à l'étouffée et du riz dans la rue principale.

Ne suis-je pas fatigué ? Si tu dis que je ne t'aime pas, je te piétine jusqu'à ce que tes intestins sortent. Je fais toujours tout pour toi, tu sais ?

J'y pense en traînant mon scooter au garage. Je mets tout dans une assiette et je monte à l'étage pour voir s'il est...

..... ENDORMI !

Sérieusement ? Je suis sorti pour acheter ta nourriture ! Je veux le réveiller, mais le voir dormir si confortablement ne me donne pas envie de le faire.

Je laisse le secrétaire du conseil des élèves, mon amour se reposer... C'est une personne hyperactive qui ne supporte pas de voir les autres en difficulté. Je suppose qu'aujourd'hui, il les a encore aidés.

♪ Je pourrais être marron, je pourrais être bleu, je pourrais être un ciel violet… ♪

J'ai peur que les vibrations du téléphone ne rayent mon bureau alors je me dépêche de baisser le volume de la sonnerie parce que je ne veux pas l’abîmer ou réveiller le propriétaire du téléphone.

C'est le numéro de qui ? ... Je décroche parce que ça pourrait être quelque chose d'important.

— Allô !

— Hé ! Il a décroché son téléphoneeeee !!!!

Hein ? Quoi ?

Je fronce les sourcils car on dirait que l'autre côté de la ligne a plus de cinq personnes. De plus, je peux entendre des voix rauques et saccadées comme si le téléphone avait été jeté de main en main.

Mais qu'est-ce qui se passe ?

Je les écoute pendant un moment avant qu'une fille ne dise.

— Je... c'est Phun ?

— Il dort. Vous appelez d'où ?

Cette fois, elle ne répond pas, mais elle parle avec ses autres amies.

— Il dort déjà, tu vois ? Je t'ai dit d'appeler demain.

Les filles, vous devriez parler autre part.

— Helloo... dis-je pour attirer leur attention, pour qu'elles sachent que je suis toujours en ligne.

Elles devraient penser à moi et d'ailleurs, elles répondent.

— Ok... pas grave... merci.

Avant de raccrocher brusquement.

Umm, génial ! Quel genre d'appel c'est ?

Ce qui vient de se passer me fait réaliser que c'est un mec sexy. Je l'ai presque oublié parce que, dernièrement, il a été négligent avec moi. Je ne me souviens plus de l'image du secrétaire cool depuis qu'on est devenus intimes.

— Tu as essayé d'être cruel avec moi, hein ? Tu es celui qui a le plus de filles, dis-je ça à son visage endormi avant de m'asseoir à mon bureau.

Je me déconnecte de mon Facebook et me connecte au sien. Ohhhhh Meeerde ! Je n'avais pas regardé son fil d'actualité depuis un moment. C'est vraiment un mec super sexy !!!!

J'y jette un coup d'œil et découvre qu'il contient de nombreux messages de filles. Évidemment, il n'a répondu à personne parce qu'il ne va pas très souvent sur la page. Il n'y va que pour se moquer quand quelqu'un a des photos moches ou des clips minables et il est arrivé que ce soit moi. Je ne peux pas regarder son fil et ne rien faire.

Je clique sur les informations de son profil pour les modifier, mais j'entends...

— Noh…

Pourquoi est-ce que tu te lèves ?

— Quoi ? réponds-je mais mes yeux sont concentrés sur ce qui se trouve devant moi, puis il m'appelle à nouveau.

— Noh...

— Quoi ?

Tu peux ne pas me déranger maintenant ? Je suis occupé.

— Viens ici…

Il ne fait pas que le dire, il essaie de se lever et de me faire signe. Je le regarde.

— Attends...

— Noooon... Dépêche-toi... Laisse-moi te serrer dans mes bras. Je ne peux pas dormir sans te serrer dans mes bras.

Ne mens pas ! Qui était en train de ronfler il y a un moment ?

Je clique sur enregistrer avant de me déconnecter et de ramper jusqu'au lit.

— Tu veux manger ? Je t'ai apporté ça.

— Demain alors... Je n'en ai pas envie.

Il m'attrape et pose sa jambe sur moi. Si vous pensez que sa petite jambe n'est pas lourde, vous avez tort !

— Tellement lourd !

— C'est pas de ma faute… dit-il avant d'expirer dans mon cou.

Oh ! Il est vraiment en train de dormir ! Hé ! Tu ne vas pas prendre une douche ?

Soupir. Ça ne fait rien... Je lui tripote la tête plusieurs fois avant de tendre le bras pour éteindre la lumière. Il n'y a que la lumière de mon ordinateur dans la pièce sombre. Hummmmm... J'ai oublié de l'éteindre, et je ne peux pas me déplacer car j'ai des tentacules de calmar, les bras et les jambes de Phun enroulés autour de mon corps.

Il n'y a rien que je puisse faire à part m'allonger à côté de lui.

En fait, ce n'est pas mal de le laisser allumé. Le matin, quelqu'un va être surpris par un nouveau statut.

"Fiancé"

Tu crois que tu es le seul à être jaloux ?


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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:21



Spécial 5
Univers de l'amour - L'amour est dans l'air

Chapitre bonus sur le personnage de Fi qui est le président du conseil des élèves et sur Oil, un personnage qui n'apparaît pas dans le livre.
— Noh... tu viens chez moi ce soir ?

La voix implorante et agaçante ne résonne pas très loin de Fi qui planche sur les documents remis à plus tard. Il se gratte la tête avec ennui tout en ouvrant un nouveau dossier alors que Phun discute au téléphone.

— Heyyy ! C'est quoi ce bordel ? Tu as dit que tu viendrais aujourd'hui.

Fi ricane discrètement en pensant qu'il l'a bien mérité en entendant le ton sec de son ami ce qui le fait se sentir satisfait.

— Quel jeu ? J'en ai aussi chez moi. Lequel tu veux... Quoi ? Ouais, c'est drôle ! Je t'apporte le disque dur pour te connecter ici... Nooon... vous avez promis... Ça fait un mois et six jours.

Il semble que Dieu soit du côté de Fi parce que Noh ne semblait pas être d'accord avec Phun, peu importe qu'il ait essayé d'être gentil ou de le contraindre.

— Nohhh...

— Noh !

— Noh...

— Nohhh.

Bordel ! Combien de temps il va devoir l'écouter. Fi se sent de mauvaise humeur et en tant que président du conseil des élèves, il allait ordonner à Phun de raccrocher. Cependant, Phun l'ayant remarqué, il fait un signe de la main pour l'arrêter et lance immédiatement un ultimatum à Noh.

— Ok, alors je vais venir dormir chez toi.

Ummmmmm... allez-y, sautez l'un sur l'autre.

Fi montre son mécontentement à l'égard de Phun avant de reculer ses fesses pour s'asseoir correctement sur sa chaise et continuer à vérifier les documents.

Après cela, il ne se soucie pas de la façon dont les amoureux de l'année vont se réconcilier. Que Phun dise à Noh qu'il a apporté des vêtements avec lui parce qu'il savait que son petit ami ne tiendrait pas sa promesse ou qu'il le devine lui-même, Noh n'est pas d'accord avec lui. Fi a entendu Noh brailler très fort depuis le téléphone de Phun, mais Fi n'est toujours pas intéressé.

Fi est heureux d'écouter la conversation de son ami. Il les envie et se compare à eux.

Combien de temps... avant que son téléphone n'affiche le numéro de cette personne ?

Il ne sait plus quand il a commencé à appeler cette personne de lui-même... juste pour l'entendre dire 'Je suis occupé'.

— Pffff.

Le président soupire profondément en allant s'allonger sur le canapé. À ce moment-là, Phun a déjà raccroché son téléphone. La pièce redevient silencieuse, mais cela va à l'encontre de son sentiment de détresse.

Son grand téléphone intelligent fabriqué par une gigantesque société d'informatique montre un écran sombre à son propriétaire. Fi le regarde avec un sentiment de lassitude car il souhaite que cette personne l'appelle.

Il pose sa main sur le canapé en la serrant fort et il voit Phun marcher vers lui avant de fermer lentement les yeux.



♪ Je veux une chanson agréable... qui m'aidera à soulager ma solitude... S'il te plaît, chante pour moi… ♪



Néanmoins, il frissonne lorsque son téléphone noir tremble dans sa poigne. Fi se relève avec joie, mais donne à Phun qui se tient devant lui un regard inquiet. Phun sourit d'un air entendu et il le chasse pour répondre au téléphone.

Fi répond à son téléphone joyeusement,

— Allo, Aye !!... Oh, Bank ? Qu'est-ce que tu veux ? Umm... Je sais... Ummm Umm Tu n'as pas besoin de le répéter. Umm, bordel, je ne suis pas de bonne humeur. Ok, je sais ! Je sais ! Byee !

Il espérait que ce soit Aye qui l'appelle. C'est sa petite amie d'une école au centre de la ville, mais c'est quelqu'un d'autre qui l'a appelé. Cette personne lui parle d'un document qui doit être prêt aujourd'hui. Hummmm... c'est tellement ennuyeux !

Fi raccroche rapidement le téléphone avant que la personne ne se répète, ce qui va le mettre en colère. Il pose son tout nouveau téléphone sur le sol, tandis que lui est allongé sur le canapé.

— Tu as besoin de quoi, Phun ? demande-t-il parce que Phun est venu vers lui il y a quelques minutes.

Par conséquent, en tant que président, il ne doit pas négliger son collègue. Fi jette un coup d'œil au beau visage de Phun. Ce dernier sourit et dit,

— Je veux te dire...



♪ Je veux une chanson agréable... qui m'aidera à soulager ma solitude... S'il te plaît, chante pour moi… ♪



Le téléphone sonne à nouveau au milieu de la conversation et Fi répond sans regarder l'identifiant de l'appelant.

— Merde ! Je saiiiis ne me rappelle pas... Je ne suis pas d'humeur.

— Fi... c'est Aye.

Hein ? Cette voix douce le fait bondir hors du canapé comme si des milliers d'aiguilles le piquaient.

— A..Ahhh... Aye ! Je.... je suis ... désolé. Je pensais que mon ami me rappelait. Merci. Oh !! non !! Désolé ! bégait-il après avoir réalisé, mais la fille s'en moque.

La voix douce continue.

— Umm tu as du temps ce soir ?

La question qu'elle lui pose le surprend. Le visage du président est heureux car il a réussi son épreuve.

— Je le suis... Je suis libre... très... libre. Où devrions-nous aller ?

— Ummmmmm..... Je te verrai à Bookends. Je t'attendrai

La fille raccroche instantanément, mais cela ne peut pas effacer le sourire de Fi.

— Elle m'a appelé Yayyyyyy~~~~~~

Cela fait rire Phun.

— Ummmm je suis content pour toi. dit Phun.

— Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

L'autre personne sourit.

— Noh et moi avons vu que tu t'ennuyais. On voulait te demander de jouer à un jeu avec nous ce soir, mais je devine....

— Oui, la prochaine fois. Je vais aller voir ma copine. Wooooooo !

Phun rit de manière pénible en regardant son président qui fait des bruits bizarres en dansant et en sautant de la salle du conseil.

— Est-ce que je dois finir ces documents pour toi ? Crétin !



En fin d'après-midi à Siam Square, l'endroit où se retrouvent les adolescents des quatre coins de Bangkok, regorge de monde après les cours.

Fi se précipite hors du Sky Train. Le train s'est arrêté toutes les dix minutes et cela lui fait perdre son sang-froid. Il veut maudire le conducteur parce qu'il a un rendez-vous important aujourd'hui.

Pour lui, il n'y a rien de plus important que de voir sa petite amie après deux mois sans rendez-vous. Le visage doux, la gentillesse et la discrétion de la fille lui manquent.

Elle est totalement différente de lui, mais il se dit tous les jours que c'est la bonne.

— Aye, je suis désolé. Le Sky Train est tombé en panne. J'ai fait de mon mieux pour arriver ici.

Le garçon a couru à en perdre haleine vers la fille. Elle l'attend derrière la baie vitrée d'un café. Devant elle, il y a une tasse de café et un morceau de beignet.

— C'est bon. Viens et repose-toi ici, dit-elle en déplaçant une chaise pour lui. Fi s'assied et remue son col de chemise pour se débarrasser de la chaleur.

— Tu as attendu longtemps ? Tu n'es pas trop occupée par l'école ?

Elle hoche lentement la tête.

— C'est la même chose, toi ?

— Je suis très occupé par mon travail. J'ai demandé à Phun de le finir pour moi parce que je voulais te voir.

Disperser des mots doux est sa bonne stratégie. Cependant, elle ne fait que hocher la tête.

— Umm

— Où devrions-nous aller ? Un film ? Celui qu'on n'a pas pu voir ?

— Je dois rentrer tôt à la maison.

— Oh, vraiment ? dit-il soudainement ennuyé, de temps en temps, il arrive à la voir, mais son visage semble frustré. Juste un dîner alors. Tu veux aller au Baanying Cafe ou au Grayhound Cafe ?

— Fi...

— Hummmm ?

— ...

— Quoi ?

Elle reste silencieuse, ce qui l'ennuie encore plus. Il fronce les sourcils en la regardant. Elle hésite à lui dire quelque chose.

— Tu as quelque chose à dire ? dit-il alors qu'elle est toujours silencieuse.

Elle remue le café avant de dire.

— Oui, est-ce que tu étudies bien ?

Elle reprend la même conversation. Il est confus avant de répondre.

— Oui, parce que je suis en terminale, pourquoi ?

— Moi aussi. J'ai des examens tous les jours.

Pourquoi a-t-elle besoin de le lui dire ? Il le sait, il pense à ces deux mois où elle n'est pas venue le voir. Elle étudiait dur et lisait des livres tous les jours. Il sait tout ça, pourquoi doit-elle répéter ?

— Umm

Il ne sait pas ce qu'elle veut lui dire.

— On devrait se séparer.

Heiiiiiiiiiiiiiiiin ??????

— Quoi ?

Cette fois, il crie en se levant, donc les gens les regardent. Il se tient silencieusement debout et pense à ça en même temps.

Il lui envoie toujours des messages de bonne nuit, des cadeaux, de la nourriture ou de délicieux snacks par l'intermédiaire de ses amis.

Est-ce ainsi qu'elle doit le traiter ?

— Je veux étudier dur. C'est un moment important. Je veux entrer dans de grandes universités.

Tout ça c’est des conneries.

Il fronce à nouveau les sourcils avant de contester.

— Je n'ai rien dit. Si tu veux étudier et que tu n'as pas de temps pour moi, je l'accepte, mais pourquoi devons-nous rompre ? Je ne comprends pas.

— Je pense à toi. Laisse tomber. Je suis désolé.

Elle ne répond pas clairement et s'éloigne du café. Il reste un moment inerte à la table. Il pense à tout avant de sursauter.

— C'est pour de vrai ?



Il y a encore beaucoup de monde à Siam Square la nuit. Au milieu des différents néons des petites boutiques, apparaît un jeune garçon en uniforme scolaire et en short bleu. Il marche avec un air inconscient sans faire attention.

Il pense à peine à ce qu'il a fait de mal. Pourquoi Aye a dit ça ?

— Merde Fi, qu'est-ce que tu fais ?

Il sursaute après que quelqu'un ait appelé son nom et lui ait tapé l'épaule.

Il regarde son camarade de classe qui se tient près de lui.

— Oil, tu m'as fait peur.

Le plus grand qui s'appelle Oil fronce les sourcils.

— À quoi tu rêvasses ?

Il sait que Fi est normalement une personne joyeuse et bavarde.

Fi soupire profondément.

— Mon cœur est brisé, dit-il, même s’il n'est pas sûr de ce qui vient de se passer, alors il ajoute un... peut-être ?

— Hein ? Tu as le cœur brisé ou pas ?

— Je ne sais pas.

Il est toujours confus.

— À cause de cette fille gentille et douce ?

— Ouai

Oil éclate de rire.

— Je pense que vous êtes très différents. Tu as dû l'embêter.

Fi devient maussade,

— L'embêter ? Je lui faisais plaisir à chaque fois. Elle voulait sortir à la bibliothèque, elle voulait rester à Asiabooks pendant des heures, où elle étudiait et on ne s'est pas vus pendant deux mois. Je ne me suis jamais plaint d'elle.

— Pourquoi a-t-elle voulu rompre ?

— Je ne sais pas non plus.

À ce moment-là, il se morfond et soupire profondément. Il n'a pas remarqué l'expression de son ami.

— Je pense que je le sais.

Oil fait un signe de tête vers un petit restaurant derrière eux. Fi se retourne et regarde autour de lui.

— Qu'est-ce que tu en sais ?

Il voit que Aye est en train de dîner avec un autre garçon qui vient d'une autre école.

En regardant sa chemise, Fi peut dire de quelle école il vient.

— Quelqu'un enlève ta copine.

— VA TE FAIRE FOUUUUTRE ! s'écrie-t-il avant de se retourner immédiatement pour éviter que le nouvel amant ne le remarque. Elle a un nouveau copain mais elle ne me l'a pas dit. Une fille du lycée privé m'a demandé mon numéro l'autre jour, mais j'ai refusé. Si j'avais su, je le lui aurais donné.

— Bordel... tu l'aimes ?

— Oui, mais putain, me faire ça comme ça !

Oil se moque de Fi.

— Hahaha ce bâtard est drôle. Ok, je peux t’aider à trouver quelqu'un maintenant ! Allons à Paragon, là-bas il y a beaucoup de filles du lycée.

— Non ! Je ne suis pas d'humeur. Allons boire. Je veux boire.

— Heyyy !

Oil ne s'attendait pas à ça.

Oil essaie de calmer son camarade de classe.

— Demain tu dois aller à l'école. N'oublie pas !

— Je n'ai pas oublié, mais j'ai envie de me saouler, allons-y !

À la fin, Fi réussit à traîner son ami de grande taille.



Ils se rendent jusqu'à la maison de Fi, où il n'y a personne. Ça devrait être calme ce soir si Fi ne constitue pas un groupe pour boire dans le salon.

Oil est sorti pour appeler chez lui et dire qu'il allait dormir chez son ami et quand il revient, il y a une ribambelle de bouteilles d'alcool avec un mixeur.

— Tu es sérieux ? Où sont tes parents ?

— En dehors de la ville. C'est parfait ! dit Fi en versant de la liqueur dans un verre et en buvant.

— Pourquoi tu te dépêches ? Détends-toi ! Je vais rester avec toi toute la nuit.

— Noon ! Je suis pressé. Tiens, c'est le tien. Cul sec, ok ?

Oil regarde la liqueur pure avec dégoût mais prend le verre que Fi lui tend.

— Batard, d'habitude les gens boivent cul sec avec un petit verre, mais là tu utilises une putain de grande tasse.

— Noob.

— Regarde-moi !

Dès que Fi le taquine, Oil boit l'alcool. L'amertume passe par sa langue avant que son corps ne devienne chaud.

Dans la maison silencieuse, il n'y a que le son de la bouteille tapant contre le verre régulièrement. Fi pense qu'ils boivent trop, car le liquide dans les bouteilles d'alcool a diminué de près de la moitié et pourtant, ils ne sont que deux à boire. Il n'est que quelques minutes après 19 heures.

Une chanson s'élève du téléphone de Oil qui détruit le calme et Fi réalise que c'est la première fois qu'ils passent autant de temps ensemble.

Fi observe son camarade de classe, en fait, ils appartiennent à des groupes différents. Fi est plein d'énergie et aime faire du sport, ses amis sont pareils et quand ils ont le temps, ils jouent au foot. Au contraire, Oil n'aime pas le sport et il préfère faire des choses légères alors ses amis et lui font des choses folles en classe : chanter, enregistrer des vidéos, jouer à des jeux, échanger des dessins animés, ...

Cependant, comme tous les garçons, il peuvent facilement se lier d'amitié avec les autres donc Fi et Oil peuvent parler sans gêne et boire comme ceci.

— Tu me regardes depuis un moment. Je suis beau ?

Fi sursaute après avoir entendu ça.

— Si tu l'es, moi, je peux être un beau prince.

— Quoi ? Quels sont tes critères ? Hahahha

Oil rit, mais Fi continue de parler.

— Pourquoi tu es venu avec moi ? Est-ce que c'est facile ?

Oil jette un coup d'œil à son camarade de classe et sourit,

— Je me sens désolé pour les personnes au cœur brisé. Je ressens la même chose.

Fi ouvre des yeux exorbités et dégrise.

— Vraiment ?

— Ouais hier.

Il ne savait pas que Oil avait une petite amie ! Il sait toujours quand un camarade de classe a une petite amie parce que c'est amusant de le taquiner, tout comme le nom de son père ou de sa mère.

— Quand est-ce que tu as eu une petite amie ? Je n'ai jamais entendu parler de ça. C'était qui ?

Oil verse de l'alcool dans le verre de Fi et change de sujet.

— Ne t'inquiète pas, finissons-en !

Fi boit son verre d'alcool d'un trait, mais il se concentre quand même sur la question.

— Hey ! Dis-moi d'abord, qui elle était ? De quelle école vient-elle !!?

— 'Il n'y a aucune raison de le savoir.

— C'est quoi ce bordel ? se plaint Fi.

À cause de l'alcool, il commence à faire glisser sa tête en arrière contre le canapé.

Fi jette un regard perplexe à son ami, C'est parce que Oil est un beau garçon avec la peau blanche du côté de sa mère et des sourcils foncés du côté de son père. Il se souvient avoir vu sa famille lors d'événements scolaires, et il ne parle même pas de sa silhouette musclée.

À ce moment-là, Fi pense.

— Ce n'est pas étrange que j’ai le coeur brisé si Oil l'a aussi.

Oil se déplace sur le canapé avant de froncer les sourcils. Il avale plus d'alcool avant de répondre,

— Peut-être que je ne suis pas assez excitant.

— Bordel tu as déjà essayé ?

— Mon couple n'était pas aussi innocent que le tien.

Fi bondit sur le canapé après avoir entendu ça. Il essaie de fixer son ami, même si c'est difficile de les ouvrir.

— Comment tu le sais ?

— Tout le monde le sait.

Fi se met en colère.

— Ce n'est pas vrai !

— Vous êtes allés jusqu'où ?

Oil sourit et avale plus d'alcool pendant que Fi utilise son cerveau.

Fi reste silencieux beaucoup trop longtemps, alors Oil demande.

— Se tenir la main ?

Fi hoche la tête.

— On s'est tenu la main et on a fait le tour du Siam !

Oil rit de sa réponse innocente. Ensuite, Oil demande.

— Tu lui as embrassé la joue ?

Cette fois, le visage de Fi devient rouge à cause de l'alcool et de l'embarras.

— Ohhhh... Je l'ai embrassée une fois dans un cinéma et elle s'est mise en colère contre moi.

— J'imagine... Je ne demande pas pour autre chose, résume Oil en se moquant de lui, alors Fi doit trouver une excuse...

— Quoi ? Si on était encore ensemble, je pourrais bientôt l'embrasser. Connard !

— Vraiment ? Je ne pense pas qu'elle veuille t'embrasser parce que embrasser une personne non compétente c'est ennuyeux. C'est pourquoi elle s'est dépêchée de rompre avec toi. Hahah

— Et toi ?

— L'extase !

— Bordel ! Je ne te crois pas.

Fi hausse un sourcil avant de rire.

— Je l'ai fait pour de vrai, dit Oil.

— Vraiment ? Comment tu t'es senti ?

Il se rapproche de son ami.

— Tu devrais essayer toi-même. Merde. Il suffit juste de s'embrasser.

— Avec qui je peux essayer ? Tu sais que je viens de rompre avec la fille, marmonne Oil avant de retourner contre le canapé pour boire de l'alcool et s'encourager.

Fi n'est pas sûr d'avoir bien entendu son ami.

— Tu veux essayer avec moi ?

Fi cligne frénétiquement des yeux.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

Ce visage effrayé fait rire Oil,

— Hahaha je plaisantais.

— Hey ! Essayons pour de vrai, dit Fi et Oil fait une pause et le regarde à nouveau dans les yeux.

— Tu es saoul ?

— Ummm je ne peux pas le faire si je ne suis pas ivre, assure le président du conseil des élèves, ce qui fait que Oil regarde dans ses yeux rouges et sourit avant de dire. Ok, montre moi ce que tu sais faire.

Fi pince ses lèvres puis parcourt des yeux le visage et les lèvres de son ami. Les lèvres de Oil sourient pour séduire et défier Fi en même temps.

— Ferme les yeux

— Quoi ? Hahaha

Oil se plaint mais accepte de fermer les yeux. Pendant ce temps, Fi hésite avant de joindre ses lèvres à celles de son camarade de classe.

Il ne peut pas expliquer le sentiment étrange qu'il ressent lorsque les lèvres de son ami le font trembler. Fi enfonce lentement sa langue avec crainte. Il s'interrompt immédiatement après avoir senti la langue de son ami glisser contre la sienne.

— Hey ! Qu'est-ce que tu fais ?

— Un baiser, répond Oil en riant.

Fi se sent embarrassé, alors il tape sur la tête.

— Abruti ! Je suis sous le choc !

Son ami lui rend un sourire malicieux.

Les bras puissants tirent Fi avant de le pousser sur le canapé.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande Fi parce qu'il ne comprend pas.

Oil se déplace et grimpe au-dessus de lui avant de se pencher vers son visage

— Je vais te montrer maintenant.

— Heyyyy !!!

Fi ne peut dire qu'un mot avant que ses lèvres ne soient recouvertes et qu'il ne puisse protester.

Oil frotte ses lèvres de manière impatiente et intense contre celles de Fi qui bascule vers lui. Il a l'impression de flotter dans un grand espace après que leurs deux langues se soient rejointes. Son esprit est totalement vide car il ne peut penser à rien d'autre qu'aux lèvres d'Oil qui se pressent de façon répétée sur ses lèvres pour qu'il connaisse le "VRAI Baiser".

— Tu veux découvrir autre chose que ça ?

Oil décolle ses lèvres et laisse la personne sous lui haleter.

Sa question n'attend pas de réponses quand il balade le bout de son nez et même ses lèvres partout sur son corps.

Fi contracte son corps et utilise ses ongles pour piquer le canapé quand il ressent des sensations inconnues.

La légère odeur d'alcool que dégage la personne au-dessus de lui, lui rappelle que son ami est aussi ivre que lui.

Fi se mord la lèvre inférieure quand l'haleine chaude de Oil souffle contre son cou alors que ses lèvres ne semblent pas vouloir s'arrêter de jouer avec son oreille.

— Tu aimes ça ? murmure la voix profonde à nouveau sans chercher à obtenir une réponse.

La langue chaude de Oil se promène sur le bas de son cou. Fi respire péniblement comme s'il tombait d'une falaise alors qu'une main épaisse déboutonne lentement sa chemise, bouton par bouton, jusqu'à ce que le haut de sa poitrine soit visible.

— Ahhhhh !~~

Finalement, Fi ne peut plus supporter jusqu'à ce qu'il doive gémir. C'est parce que son corps est ardent. Cette fois Fi plante ses ongles sur les épaules puissantes de Oil qui a changé de cible pour goûter sa poitrine.

Les bras de Oil entourent le corps de Fi pour rapprocher ce corps mince du sien. Comme Fi, il incline son corps pour inconsciemment ressentir toutes les sensations.

La main libre de Oil glisse vers le haut du pantalon de Fi qui est pris d’un violent spasme quand il sent la main se poser sur cette zone.

— Heyyy...yyyy... ~ Oil ! S....st...sto..pppp... Je ne veux pas en savoir plus que ça.

Le garçon s'empresse de repousser en bégayant, celui qui commence à le stimuler.

Cependant, Oil ne peut plus se retenir d'agir. Des mains épaisses envahissent rapidement la zone.

— Tu ne veux pas savoir… demande une fois de plus la voix profonde comme s'il voulait taquiner.

Rapidement Fi couvre son visage avec honte.

— Si !

— Mais, je ne m'arrêterai pas...

Après ses paroles, tout s'enchaîne immédiatement, Fi murmure alors que son corps se tortille quand Oil l'envahit fortement.

— Heyy !! Abruti ! Stop !.. s...aaa.... Ohhhh.....ummm......ahhh....~....s...s....t...top.p....pppp.



— Fi, qu'est-ce qu'il y a ? Je t'ai vu t'asseoir et faire une tête étrange. C'est l'heure du prochain cours, demande Mo d'une voix aiguë après la fin du cours de thaï.

Il lève la tête pour regarder son camarade de classe.

— Et alors ?

Répondit Fi, il n'a pas envie de bouger aujourd'hui car chaque pas lui fait mal.

— Le prochain cours est au bâtiment K. Tu ferais mieux de te dépêcher ! Je vais partir devant parce que je dois aider Por à déplacer des affaires, dit son ami.

Il se sent blessé rien qu'en pensant à son prochain cours au bâtiment K. Il fait une tête de blasé après avoir compris qu'il allait devoir marcher longtemps et monter des escaliers.

— Bordel…

Il jure à voix basse avant de mettre les affaires pour son prochain dans son sac. Il est sur le point de saisir sa trousse sur la table, mais quelqu'un la lui dérobe.

Fi jette un coup d'œil au suspect qui l'a dérangé, puis il voit...

— Connard ! Rends-moi mes affaires.

— Je le ferai.

Fi regarde le visage pâle de la personne qui le fait souffrir aujourd'hui, et récupère sa trousse à crayons.

— Ma trousse n'est pas un sac de riz. Je peux la tenir tout seul !

Oil sourit et s'écarte du chemin de Fi. À ce moment, il n'y a plus qu'eux dans la classe car les autres élèves sont déjà partis.

— Tu peux marcher ?

Si maintenant il s'inquiète, il aurait dû écouter Fi la nuit dernière.

— …

Fi ne répond pas mais se dirige rapidement vers l'ascenseur. Oil lui court après et s'insère dans la cabine avant que les portes ne se ferment.

— Je pensais que tu étais blessé, mais tu marches vraiment vite. Alors, tu vas bien ?

— Hur!~

Il rit platement et Oil hausse les sourcils vers lui.

— Aw, alors comment ça va ? Dis-moi. Je prendrai soin de toi si tu es blessé.

— Nooon !

Pourquoi est-ce qu'il l'embête ?.... Fi est en colère parce qu'il est agaçant. Depuis ce matin, Oil le suit et le surveille sans cesse. Il aurait dû écouter ce qu'il disait la nuit dernière.

L'ascenseur s'ouvre à l'étage M. Le plus petit descend rapidement les escaliers vers un vieux bâtiment, suivi par l'autre garçon.

— Quoi ? Tu es en colère contre moi ? La nuit dernière, tu étais...

— Putain, arrête d'en parler !

Tu m'as tellement envahi, comment je peux supporter ce geste. Je suis un humain, pas une poupée en caoutchouc ! Fi roule des yeux avant de se diriger vers sa classe.

Oil le rejoint à grands pas.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu as besoin d'aide ? Je me sens coupable.

— Tu aurais dû m'écouter.

— Je n'ai pas pu me retenir. J'étais bourré ! Tu es un homme. Tu devrais comprendre.

— Je... ne... com.....prend... pas.

Il parle lentement, détachant chaque mot, ce qui embarrasse Oil.

Il marche rapidement pour bloquer le passage de son ami le président du conseil des élèves. Par ailleurs, ils ont eu une relation hier soir.

— Allons...

— Quoi ? demande-t-il brièvement en levant sa montre pour vérifier l'heure.

Il fait comme s'il s'en fichait,

— Sortons ensemble !

— Putain de bordel de merde ! T'as perdu la tête ?

Fi se braque, mais Oil ne joue pas non plus.

— Je suis sérieux ! Tu vas sortir avec moi ? Maintenant que nous sommes arrivés jusqu'ici.

Oil s'éloigne après avoir fini de parler. Fi est perplexe après qu'Oil ait lancé une grosse bombe sur lui alors qu'il n'était pas intéressé à entendre sa réponse.

— Putain, je ne veux pas !!!!!

— Phun, qu'est-ce que tu regardes ?

Une voix familière se fait entendre à côté d'un grand garçon venant du douzième étage. Il regarde la zone située à l'avant du bâtiment K.

— Fi, il est marrant. Son ami, ce type me semble familier, tu le connais, Joke ? répond-il en regardant son ami.

Joke regarde le garçon, puis il dit.

— Ohhh, c'est Oil. Son père est membre du comité de l'association des anciens élèves, tu te souviens ?

— Ahhhh....c'est pour ça, marmonne Phun pour lui-même.

Après, Joke les regarde à nouveau perplexe.

— Ce sont des amis proches ? demande Joke.

— Je ne sais pas. Je les ai vus se tenir ensemble et se disputer pendant un moment. C'est amusant.

Il rit parce que Fi est en train de courir après Oil.

Une minute plus tard, Joke dit.

— Je pense... que tu devrais dire à Fi de rester loin de lui.

— Pourquoi ? demande Phun immédiatement après que Joke ait dit quelque chose d'étrange.

Joke ne répond pas mais hausse son épaule à la place.

— Peu importe.

— Qu'est-ce que...??


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Ven 6 Sep 2024 - 23:21



Spécial 6
L'amour... est sur le point d'appeler. On est tout ou rien ? Rêve Vide

Partie 1 du bonus sur les personnages de Pepper et Mawin.
La nuit, la lune brille et protège le sol sombre. Elle brille à travers le deuxième étage d'une maison bleu clair qui semble chaleureuse et confortable.

— Pepper ! Je veux m'asseoir avec toi !

La voix claire et bien connue de Mawin résonne fortement dans l'esprit du garçon alors qu'il se pelotonne dans son lit vert.

— Pepper ! Viens avec moi.

Malgré la climatisation qui fonctionne bien, son dos est couvert de transpiration.

— Pepper ! Pepper ! Ne me laisse pas !

Il se retourne de nombreuses fois dans son lit, mais ses yeux restent résolument fermés.

— Mawin aime Pepper le plus !!!!

Le poing fort agrippe fermement le drap du lit.

— Per... S'il te plaît, prends soin de Mawin.

Au loin, une femme âgée dessine des champs de marguerites. Sa voix sort Per de l'inconscience et le réveille de son rêve.

— Per, tu sais à quoi je pense ?

Le garçon pâle se sent essoufflé après s'être retourné plusieurs fois dans son lit. À tâtons, il cherche son réveil sur la table de nuit et finalement, il quitte son lit en se laissant guider par la simple lumière de la lune.



— Per, tu n'as pas pu dormir la nuit dernière ? demande sa sœur juste après qu'il ait descendu l'escalier.

Per jette un regard à Mint qui porte l'uniforme du lycée pour fille, avant de hocher la tête.

— Umm, comment le sais-tu ? répond-il avant de manger des toasts tout en rentrant sa chemise dans son short bleu.

— J'ai t'ai entendu mettre des chansons stupides à trois heures. C'était très bruyant !

Elle se plaint en mettant de la gelée sur un toast.

Bientôt, leur mère entre dans la cuisine.

— Oh Per, tu t'es levé si tôt. Tu vas voir Mawin ?

Il jette un regard à sa mère qui vient de prononcer le nom qui a résonné dans ses rêves toute la nuit, avant de se tourner vers son verre de lait.

— Umm, répond-il indistinctement avant de boire son lait d'une traite.

Il s'essuie la bouche du revers de la main puis saisit son sac de cours.

— Je m'en vais, maman ! Mint ! Dites au revoir à papa pour moi.

— Attends, Per.

Il ne pense pas pouvoir aller où que ce soit tant que la main blanche de sa sœur tient son sac à dos. Il la regarde dans les yeux, alors qu’elle le fixe comme si elle voulait lui soutirer quelque chose.

— Tu as un problème ? demande-t-elle en chuchotant.

Son visage est inquiet et il regarde rapidement sa mère qui fait du café.

— Rien... Je dois y aller. L'école est loin, et je pourrais être coincé dans les embouteillages sur le chemin. marmonne-t-il en réponse pour sa sœur, qui n'a pas d'autre choix que de le laisser partir.



— Ohhhh Per ! C'est toi ? Tu arrives tôt !

Son ami le salue quand il arrive et il hausse les sourcils tout en marchant à côté de lui.

— J'étais pressé de me réveiller pour faire le mérite et verser l'eau cérémoniale pour que tu obtiennes un beau visage dans la prochaine vie.

Cette réponse déclare, dès le matin, une guerre absolue. Son ami lui tape fortement sur la tête tout en lui faisant des reproches alors qu'ils slaloment entre les nombreux étudiants présents sur le trottoir.

— Je n'ai pas besoin de faire des mérites si c'est pour naître avec ton visage. Avec toutes les conneries que tu as faites, dans ma prochaine vie je serai comme toi. Merci, mais non !

Bénissez-moi vite... Per rit avant de se mettre à siffler avec plaisir.

Ses petits yeux regardent les véhicules qui circulent rapidement ce matin. En face de lui, il y a la police routière qui travaille dur et qui s'occupe tous les jours des étudiants, même les jours de calme comme ce lundi. Per baisse les yeux sur sa montre qui indique qu'il ne reste que quelques minutes avant 7 heures. Après cela, il jette un coup d'œil pour voir une dame un peu plus âgée tenir la main de deux garçons pour les emmener à l'école.

Leurs visages sont inondés de larges sourires alors qu'ils tiennent la main de la dame pour aller à l'école comme les autres enfants. Il les regarde avant de sentir quelque chose se briser en petits morceaux dans sa poitrine.

— Per… Per… Hey ! Per ! Putain Per ! On peut traverser maintenant !!!

Il semble que son ami ait beau crier son nom depuis un moment, Per ne l'entend pas. Il lui tape à nouveau sur la tête et il semble que cette méthode soit un succès car Per sursaute. Il cesse de regarder les garçons qui s'éloignent de son champ de vision et il traverse aussi la route pour aller à l'école.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, connard ? Tu dors encore ? Quel genre de fantômes t'a fait sortir si tôt de ton lit ? Le bâton de M. Feam va s'ennuyer.

Son ami le taquine et l'implique dans la brutalité de l'administration, cet homme est l'adversaire de Per, celui qui est toujours antagoniste avec lui.

Per accepte ça en riant.

— Bien sûr, je lui manquerai pendant un jour. En fait, je pense que la raison pour laquelle il sort et contrôle les élèves tous les matins n'est pas la politique de l'école. Il voulait sentir mon cul avec ce bâton. Hahahahahha

— Stupide abruti, comment tu peux inventer ça ? Les poils de mes bras se dressent, Buurrrrrrr~ répond-il en se frottant les bras, ce qui ressemble à ce qu'a fait Per.

— Moi aussi. Je l'ai dit et c'est vraiment bizarre. Burrrr~

— Ohh, Per, tu es en avance ! Le ciel va nous tomber dessus ! dit un ami de son groupe avant que tout le monde ne lui donne une ou deux tapes sur la tête.

Per s'esclaffe au milieu de ses amis avant de monter dans sa classe.

— Hé ! Tu as fini tes devoirs ? Je n'ai pas fait les miens, dit Pow dans l'ascenseur qui se remplit d'un groupe de seconde.

Ils secouent tous la tête avant que quelqu'un ne dise.

— Il suffit de copier sur Knott, qui va faire ça ?

Tout le monde est d'accord avec Maek, alors que l'ascenseur s'arrête au septième étage.

Dans la salle, la voix aiguë de Tina ou Tei, sort d'un amplificateur, les saluant juste après qu’ils soient rentrés.

— Wowwwww. On dirait un troupeau d'éléphants. Vous êtes tous assez bruyants pour que les oiseaux tombent par terre.

Tei, ou Tina de son nom de scène, salue tout le monde comme un ladyboy qui ne parle pas et fait preuve de civilité. Il est stupéfait de voir une personne à laquelle il ne s'attendait pas.

— Mon Dieu, Per !! Quel genre de tempête t'a poussé ici ? Ou bien ta montre s'est cassée ?

Ohhhh, Nooooooooon ! Ma montre Dior n'est pas cassée !!

— Tu as dormi dans un jardin ? Tu n'as pas dormi chez toi, pas vrai ?

Le jeune homme se précipite vers lui et le renifle pour s'assurer qu'il a bien pris une douche. Ce qui fait glousser Per avant qu'il ne pose son cartable sur sa table.

— Je suis un humain, pas un cerf schomburgk (1), donc je ne peux pas m'allonger ou manger de l'herbe toute la nuit, répond Per avec un sourire charmeur qui fait reculer Tei.

— Per !!!!!! Ne fais pas le coq avec moi !!!! Tu ne peux pas me faire entrer dans ton harem. Je ne suis fidèle qu'à Phun !!" hurle Tei au visage de Per avant de s'enfuir alors que ce dernier le regarde avec perplexité.

— C'est quoi le problème avec lui ? Les ladyboys et les filles sont difficiles à comprendre.

— Grande gueule. As-tu déjà étudié dans la même école que des filles ? demande Knott en copiant des devoirs de maths à côté de Per.

Per s'esclaffe.

— Pourquoi ? Quand j'étais au jardin d'enfants, je suis allé à l'école avec des filles. Ensuite, j'ai étudié dans une école de garçons pendant dix ans, mais je n'ai jamais manqué de filles. Qu'est-ce que tu fais

Il se rend compte que son ami est en train d'écrire rapidement quelque chose.

— Les devoirs de maths que tu veux copier, répond Knott mais il regarde toujours son cahier.

— Putaiiiin ! Tu n'as pas encore fini !!!!!? Bordel, comment je peux finir ça à temps ? se plaint Per en cherchant la bagarre.

— Pourquoi tu te bats ? Attends, si tu ne me déranges pas, ce sera fini dans cinq minutes.

— Au fait… dit Knott en réalisant quelque chose. Per se retourne et le regarde.

— Quoi ?

— Où est Win ? Tu n'es pas venu avec lui aujourd'hui ?

Cette fois, Per détourne le regard, pendant ce temps, Knott comprend.

— Il a pleuré vendredi, tu sais ?

— Ça n'a rien à voir avec moi.

— Comment ça se fait ? Quand...

— Per !!!

La voix bien connue de quelqu'un l'appelle au milieu de la conversation. Les yeux de Per ont un soubresaut avant qu'il ne regarde cette personne.

— Pourquoi tu ne m'as pas dit... que tu voulais partir plus tôt.

Le garçon à la peau moyennement bronzée eut du mal à parler lorsque le visage connu, depuis 10 ans, de Per le regarda en silence.

Per se lève de son siège avant de regarder ses grands yeux et dit.

— Oh, j'ai oublié.

— Oublié ? répète Win lentement pendant que Per passe devant lui.

Il ne suppose pas, mais il semble que le parfum de Per s'éloigne à chaque seconde.

— Hé ! Allons jouer au foot !

Per passe devant son ami d'enfance pour rejoindre ses amis qui se bagarrent.

Maek, qui parle au téléphone, crie à travers la pièce pour demander

— Per, tu veux aller à l'anniversaire de P'Am ce soir ?

Per le regarde soudainement et ne se soucie pas de ceux qui l'écoutent, excédés.

— Ouais ! Où ?

— Au Spring and Summer, alors tu viens ? Oui, il vient. Oui... Je vais lui dire de se déguiser. Hahaha. Hé ! Per, elle a dit que tu devais venir et te faire beau.

Maek parle à P'Am et Per en même temps et ce dernier lui sourit.

— Oui, dis-lui, quoi qu'il arrive, je suis toujours bien habillé. Hahahahah Youn, allons taper dans le ballon, dit Per à voix haute pour que l'autre côté de l'appel de Maek l'entende avant de saisir un ballon au fond de sa classe.

Il demande à ses amis de se joindre à l'activité préférée des garçons. Tout le monde quitte la salle laissant l'endroit silencieux et calme.

Cependant, Per ne le sait pas et même si autour de lui tout est paisible, à l'intérieur de Mawin, ça ne semble pas être le cas.

Son petit cœur pleure toujours...

Notes :
1/ Le cerf de Schomburgk est une espèce éteinte de la famille des cervidés endémiques de Thaïlande.

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Néphély
Ven 6 Sep 2024 - 23:21



Spécial 7
L'amour... est sur le point d'appeler. On est tout ou rien ? Des larmes inégales

Partie 2 du bonus sur les personnages de Pepper et Mawin.
— Hé ! Per, on y va ce soir ? demande Maek après que Mlle Mon soit sortie.

Per fronce les sourcils.

— Pourquoi ? J'ai dit oui, alors je vais y aller ? Quoi ?

Son visage capricieux fait que Maek lui pousse l'épaule.

— J'ai pas le droit de te demander ? Tu veux me retrouver là-bas ou ailleurs ?

Cette fois, Per réfléchit.

— Je n'ai pas acheté de cadeau et ce soir je dois aller au club de musique.

— Et alors ?

Maek se précipite vers lui parce que Youn lui fait signe de l'extérieur pour qu'ils aillent jouer au foot.

Per jette un coup d'œil à un visage qui se trouve non loin de lui.

— Je sors du club à 18 h. Allons acheter un cadeau à Centralworld, puis rentrons nous changer. Tu peux attendre ? demande-t-il

— Merde ! Ta maison est loin. Je vais aller jouer au foot et t'attendre. Après les courses, on se séparera pour aller se changer, et je te verrai là-bas.

— Ok

— Ouais ! On se retrouve là-bas. Appelle-moi quand tu quittes.

Maek sort de la salle de classe. Au même moment, des lèvres rouges s'apprêtent à prendre la parole, mais Per le coupe.

— Ne m'attends pas, je vais aller acheter des trucs avec Maek.

— Mais... je peux attendre. Il n'est que 17 heures. Je peux lire des livres et rentrer à la maison avec toi.

Le contredit Mawin qui met son sac sur son épaule après avoir vu Per sur le point de sortir.

— Pas besoin… dit Per puis il pousse Knott qui attend au bout. Allons-y.

Knott les regarde confus pendant une minute, mais il finit par comprendre après avoir vu le regard furieux de Per.

— Ah... Ouais, on va au club ? Allez, allez. Je m'en vais, Mae.

— Aujourd'hui, je partirai à 18 heures, dit Per en sortant à grands pas de la classe.

Knott essaie de marcher plus vite car son ami accélère le pas. Le bruit d'une troisième paire de chaussures en cuir accélère pour les suivre. Knott voit un autre camarade de classe qui marche derrière Per.

— Umm, à toi de voir, dit Knott qui n'a pas compris la réponse précédente et murmure une question. C'est quoi le problème de Win ?

Per pousse un profond soupir. Il se tourne et braille vers le plus petit des trois.

— Pourquoi est-ce que tu me suis ?

Mawin sursaute, son regard est effrayé, mais il n'abandonne pas.

— No…Non, je marche juste dans la même direction.

À cette réponse Per se mord la lèvre inférieure de colère avant d'accélérer ses pas. Cependant, Win n'est pas prêt d'abandonner. Enfin, Knott est en difficulté car il doit marcher et courir pour suivre ses amis.



— Hé ! Per.

La voix détonante du président du club de musique l'appelle par son nom tandis que Per frappe avec force sur sa batterie.

Per regarde Noh

— Quoi, P'Noh ? demande-t-il après n'avoir entendu aucune question tout en fronçant des sourcils tandis que Noh observe quelque chose à l'extérieur de la pièce.

Noh hésite à l'avant de la salle de club avant de dire.

— Laissons Win venir à l'intérieur. Il fait froid aujourd'hui, laisse-le entrer.

Il regarde où se tient Noh et voit que Win est en train de lire.

— C'est à lui de décider. Je ne lui ai pas demandé d'attendre.

Puis, il frappe de nouveau avec force sur la batterie. Noh attrape les baguettes que Per tient.

— Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? C'est ton ami, tu ne t'inquiètes pas pour lui ?

— Je ne lui ai pas demandé d'attendre…

Il le répète encore d'une voix brève. Noh ne voulant pas se mêler de tout ça, il lâche les mains de Per.

— Eh bien, réfléchissez-y à deux fois avant de faire quoi que ce soit, dit le président du club de musique en soupirant, puis il s'éloigne alors que Per soupire.



À l'extérieur du bâtiment, des juniors jouent au basket et au football. Mawin les regarde sans faire attention. Le livre de physique n'est qu'un outil pour lui car ses grands yeux ronds n'y prêtent pas attention. Il continue à regarder l'espace ouvert en briques rouge-orangé, rempli de nombreuses personnes.

Il voit des juniors se serrer les épaules et rire. Cela lui rappelle son passé.

L'ancien Pepper manque à Mawin... La personne qui était toujours à côté de lui. La personne qui a toujours été bonne pour lui sans aucune condition. Il se souvient des doux sourires de Pepper, même s'il ne les a pas vus depuis longtemps.

Le vent froid souffle sur Mawin qui se frotte les bras.

— Je ne devrais pas dire ça... murmure-t-il comme s'il ne veut pas que quelqu'un d'autre que lui puisse entendre, sans se douter que quelqu'un se tient derrière lui.

— Je t'ai dit de ne pas attendre, dit une voix profonde de près de lui et qui le fait sursauter.

Il s'empresse de se confronter à son ami qu'il a toujours dérangé. Mawin cligne deux fois des yeux avant de le regarder en face.

— Nous... eh bien, nos maisons sont proches. Cette fois-ci, il n'était que 17 heures et il n'est pas tard... Je pouvais attendre.

Après la réponse de Mawin, Per le regarde fixement comme si sa réponse ne le satisfaisait pas. Il expire fortement et sa voix profonde dit ce qu'il ressent.

— Tu ne comprends pas ? Je vais aller acheter des trucs.

— Je... je vais venir avec toi.

Cette fois, Mawin est prêt à recevoir les plaintes de Per.

C'est étrange ? Son ami ne lui crie pas dessus comme au début. Mawin lui jette un coup d'œil et Per est immobile, les lèvres pincées, en le regardant étrangement.

Il entend Per avaler sa salive avant que ce dernier ne détourne le regard puis il expire à nouveau profondément avant de commencer à parler sans regarder Mawin.

— Je t'ai dit de ne pas me déranger.

Il avale à nouveau sa salive avant de regarder le plus petit.

Les petits yeux ovales de Per regardent Mawin et ce dernier ne peut pas prédire les pensées de son ami. Pendant un moment la situation est calme avant que Per ne rapproche son ami brusquement vers lui.

— Je t'ai dit d'arrêter d'agir comme ça. Tu as grandi maintenant ! Il y a beaucoup de choses à faire, quand vas-tu arrêter de me harceler ?

À ce moment-là, la violence de la scène fait presque pleurer Mawin, mais il continue de le fixer, de le supplier à travers son regard. Per peut l'insulter, le blâmer ou le détester parce qu'il n'a rien à perdre...

S'il te plaît, laisse-moi avoir une chose... Laisse cet ami, que tu détestes, s'asseoir tranquillement à côté de toi.

— Laisse-moi venir avec toi.

C'est la même phrase qu'il a déjà prononcée, mais elle coupe le souffle à Per. Ce dernier n'arrive pas à comprendre son ami, il le regarde dans ses yeux suppliants avant de le pousser légèrement.

Mawin retombe au même endroit et ne proteste pas contre Per. Il pose ses mains sur le banc et ouvre la bouche pour dire

— Merci.

Per regarde son ami, depuis le collège, qui refuse de regarder en arrière.

— Merde !!!!!

Ce sont les derniers mots de Per avant qu'il ne retourne brusquement dans la salle du club.

Une larme coule de ses yeux et Mawin serre les lèvres pour qu'aucun son ne sorte. Comment peut-il ignorer qu'il est stupide et fou de supporter cette situation jusqu'à maintenant ? Bien que Per ait clairement montré qu'il n'avait pas besoin de lui, Mawin est assez têtu pour faire comme lui.

... même si, à l'intérieur, il est blessé.

— Huuuuurrrrg~

Il essaie de ne pas laisser sortir le moindre son, mais il n'y arrive pas. Mawin secoue la tête et essuie ses larmes d'un revers de main. Après cela, il sent une chaleur sur son corps.

— Porte ça, attends, on va bientôt y aller.

La voix, qui il y a quelques minutes lui a crié beaucoup de mots, retentit à nouveau à côté de lui. Mawin sursaute avant d'essuyer précipitamment ses larmes et de lever les yeux pour le remercier, mais..

Per le regarde comme s'il avait beaucoup de choses à dire à Mawin. Ce dernier reste assis calmement et regarde ses yeux familiers avant de réaliser qu'au bout des cils de Per se cache une goutte de larme. Il finit par cligner des yeux une seule fois et cette larme coule facilement le long de son visage.

— Per… dit doucement Mawin quand il voit la larme de Per.

Il n'avait pas vu Per pleurer depuis plus de dix ans. Cependant, le simple fait de l'appeler par son nom a fait revenir Per à lui.

Il utilise le revers de sa main pour balayer rapidement sa joue avant d'hésiter à dire.

— Attends, je vais chercher mes affaires et on rentre à la maison, dit-il rapidement avant de s'en aller brusquement, en laissant Win perplexe face à la situation.

Les mains dorées serrent la veste vert foncé de Per contre lui tandis que l'odeur familière parvient doucement jusqu'à son nez.

Mawin tient fermement l'épaisse veste vert foncé tout en priant avec lui-même comme il le fait toujours.

Dans ce monde, il ne veut rien... à part avoir Per à ses côtés pour toujours.

Même si cette demande semble trop égoïste, il est disposé à tout échanger... pour avoir Per à ses côtés.

Même si, pendant longtemps, il devra se battre ou être détesté...



— Arrrrhhhhh~ Nong Per est là !

Le bruit agaçant d'un grand groupe de filles s'élève quand Per arrive habillé d'une veste noire cintrée et d'un jean moulant. Il entre dans un restaurant fusion qu'ils ont réservé pour ce soir.

Per sourit avec joie à la fille qui fête son anniversaire avant de lui offrir une énorme fleur.

— Aww... ce soir, la fleur n'est pas aussi belle que toi, joyeux anniversaire P'Am.

Un fin sourcil se lève pour se moquer de la fille avec des roses roses. À l'inverse, son visage semblait plus triste que celui de la fille en robe blanche sans bretelles.

— Arrrrrhhhhhh~ Am ! Parce que tu es la fille qui fête son anniversaire ce soir ! Je vais te laisser rester à côté de lui.

Une autre belle fille en robe sans manches taquine la jeune fille avant qu'Am ne réponde.

— Ne parle pas trop. Quand est-ce qu'il est devenu le tien ? Ce soir, laisse-moi l'avoir.

Per se moque des filles avant de rejoindre son siège, où Maek l'attendait.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas rentrer chez toi ce soir ?

Per s'esclaffe que son ami le connaisse bien.

— Pourquoi ? Absolument !

Maek éclate de rire en entendant sa réponse.

— Tu as toujours dit que tu le ferais, mais après ça...

— Nong Perrrrrr, tu es arrivé si tard. On n'a pas bu ensemble.

Une voix douce interrompt leur conversation. Per regarde le doux visage de P'Am qui se jette sur son siège.

— J'étais occupé à chercher ta fleur. Ça m'a pris du temps pour trouver des fleurs aussi belles que toi, dit Per en heurtant son verre avec le sien pendant qu’elle sourit. Tu n'as pas besoin d'apporter quoi que ce soit. Je suis simplement heureuse de te voir ici.

Le doux visage maquillé se rapproche de lui. Les odeurs d'alcool et de parfum se mélangent et le séduisent.

— Si je me soûle, tu peux me déposer ?

Per regarde ses yeux charbonneux sans crainte, puis il sourit.

— Nan, ta petite soeur est méchante.

— Il n'y a personne à la maison ce soir…

Son interruption fait sourire Per encore plus.

— Eh bien, je peux y aller un moment.

Am a fait un grand sourire avant de l'embrasser.

— Tu m'as déjà promis... chuchote-t-elle avant de s'en aller.

Maek appelle son ami avec de fréquents coups sur les jambes.

— Hé ! Comment ça se passe ? Tu vas rentrer chez toi ? Demain matin, tu as cours, n'oublie pas !

Per se met à rire.

— Humm... Je sais. Je vais rentrer le matin, c'est pareil.

La musique d'un haut-parleur couvre presque son dernier mot. Per fredonne la musique avec plaisir.

La fête est sur le point de se terminer..

Il sait qu'il n'aura pas à dormir avec le même rêve pour une autre nuit.



— Hey, Per ! Tu as fini de copier ? Le cours va bientôt commencer.

Youn se bagarre et presse son ami lorsque l'horloge sur le mur indique qu'il est presque l'heure du cours de chimie. Per se dépêche de copier les réponses du cahier rose sur son cahier blanc, son visage sur le point de heurter un manuel.

— Ouais ! J'essaie. J'ai presque fini, s'écrit-il pour répondre avant de réaliser. Win, tu as copié ça ? Tu le veux après moi ?

Per demande à son ami qui joue à un jeu, mais Win secoue la tête.

— Oh, j'ai fini.

— Fini ?

Avant que Per ne puisse demander plus de détails, quelqu'un crie son nom.

— Est-ce que N’Win est là ?

Per lève soudainement les yeux de son manuel tandis que Mawin affiche un large sourire.

— P'Shane.

Knott, qui n'est pas assis très loin, regarde rapidement Per, mais ce dernier regarde déjà de nouveau son livre.

— Est-ce que tu vas bien ?


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