~ Mork ~

Sun... est le frère de mon meilleur ami.

Il me déteste, disant que je cherche toujours les ennuis,

que je me bats, et que j’entraine son frère sur un chemin horrible.

Il veut aussi que son frère arrête de traîner avec moi.

Mais… pourquoi est-ce lui qui me tourne autour?

Il ne voulait pas partir même quand je le lui ai dit!



~ Sun ~

Mork… est le meilleur ami de mon frère.

Je déteste vraiment ce morveux. C’est un vrai emmerdeur.

Il n’a pas de manières et entraîne mon frère sur un chemin horrible.

Je ne veux plus que mon frère traîne avec cette petite merde.

Mais... pourquoi c’est moi qui l’approche?

Et je ne veux pas l’abandonner!



~ Pete ~

Kao… est mon premier petit ami.

Je me suis en quelque sorte retrouvé en couple avec lui sans m’y attendre.

Je ne savais pas que je l’aimerais et que je souhaiterais autant être à ses côtés.

Mais plus je passe de temps avec lui,

plus j’ai envie d’être avec lui chaque jour.

Si vous demandez si nous allons un jour rompre... il n’y a pas moyen!



~ Kao ~

Pete… est mon premier amour et mon premier petit ami.

Je suis tombé amoureux de lui en premier et je n'ai jamais rien attendu en retour.

Je n'ai jamais pensé que nous finirions ensemble pour de vrai.

Alors que nous passons notre temps ensemble, il est devenu une partie de ma vie.

Si vous demandez si nous allons un jour rompre... je ne peux même pas imaginer ce jour-là!

G Club

Il est presque une heure du matin. Un célèbre bar à Thong Lo est rempli de clubbers. Ils s’enivrent et dansent sauvagement sur une musique entraînante. Quelques-uns d’entre eux sirotent leurs boissons, peu intéressés par le rythme... L’un d’entre eux est Sun.

Même s’il est ici pour passer du temps avec ses amis de l’université, il ne boit pas trop puisqu’il a apporté sa voiture et doit s’occuper du Blue Sky Café (le café qu’il possède) demain.

“Bref! Comment diable as-tu traîné Sun ici?”

Mac, l’un des membres de la bande, demande à Golf en regardant Sun qui boit dans son verre. La personne mentionnée jette un coup d’œil à celui qui demande, mais il ne dit rien et continue de boire.

“Je lui ai dit que s’il ne venait pas fêter mon anniversaire cette fois-ci, il serait radié.”

“Tu vas couper les ponts avec lui?” Mac rit de la réponse de Golf.

“Putain ouais! Il n’est pas venu la dernière fois. S’il recommence, c’est vraiment fini.”

“Comme c’est mesquin.”

En plus de ces mots, Sun insulte son ami avec ses yeux... Ce n’est pas comme s’il ne voulait pas traîner avec ses amis. Il avait peut-être l’image d’un dieu, loin du mot ‘playboy’ à l’époque, mais il faisait occasionnellement la fête avec ses potes. Cependant, depuis qu’il est diplômé et qu’il a ouvert son propre café, il doit d’abord passer tout son temps à gérer son entreprise.

S’il fait la fête, boit comme un trou et est tellement bourré qu’il se réveille tard, comment va-t-il s’occuper du café? Heureusement que le café marche bien en ce moment, et que l’employé qu’il a embauché est compétent, alors il se sent plutôt rassuré.

“Tu gagnes de l’argent pour économiser et te marier?”

“Avec qui?” demande rapidement Golf à la place de son ami. “Depuis qu’il a rompu avec Jane en troisième année d’université, je ne l’ai pas vu sortir avec des filles. Il est tellement célibataire que je suis confus. Attends! Est-ce que tu n’aurais pas déjà une petite amie et tu nous l’aurais caché?”

“Aucune,” répond Sun avec un visage impassible.

“Bizarre. Comment un gars comme toi peut ne pas avoir de petite amie? Woah! Pour de vrai?” Mac regarde Sun avec incrédulité. “Si tu es célibataire... je pense que tu devrais en trouver une ce soir. Une fille à la table d’à côté te fait de l’œil depuis un moment maintenant.”

“Je ne suis pas comme toi qui ne peut jamais laisser son lit vide,” rétorque Sun.

“Sauvage.” intervient Golf.

Tous les trois s’amusent à se moquer des habitudes sexuelles de Mac. Sun regarde la table en face d’eux et voit un groupe de jeunes gars qui font tinter leurs verres. Il est sur le point de détourner le regard quand ses yeux accrochent quelqu’un.

Mork...

Il y a de nombreuses tables plus loin et le bar est plutôt sombre, mais Sun se souvient très bien de ce visage car Mork est le meilleur ami de son frère qu’il a rencontré plusieurs fois, mais ils ne s’entendent pas vraiment!

“Qu’est-ce qui ne va pas?” demande Golf, étonné.

“Rien.” Sun secoue la tête.

Malgré cela... le regard de Sun est toujours rivé sur cette table. Il baisse les yeux sur sa montre. Elle indique 1h30 du matin et il pense qu’il est temps de partir maintenant.

“Je m’en vais.”

“C’est quoi ce bordel? Le bar est encore ouvert.” Mac est le premier à protester.

“Tu vas rester ici jusqu’à la fermeture?” Sun grogne. “Tu n’as pas de travail demain?”

“Allez, on ne se voit qu’une fois de temps en temps. Pourquoi es-tu si pressé?” Golf se plaint aussi.

“Je dois aller me coucher.”

Sun répond du tac au tac et s’en va, sans attendre l’approbation de son ami puisque Mac a dit que tout est pour lui ce soir. Mac et Golf grognent, mais ils ne sont pas vraiment contrariés car Sun n’a jamais été un gros buveur.

Mais ils ne remarquent pas que Sun ne se dirige pas directement vers la porte après son départ et qu’il se dirige plutôt vers la table avec un groupe de jeunes gars.

Le groupe de Mork...

“Comment sont tes nouveaux amis? Est-ce qu’un gars comme toi peut se faire des amis?”

Mike, un ami du groupe, demande à Mork... Depuis qu’ils sont entrés à l’université, ils ont à peine eu l’occasion de se rencontrer par rapport à l’époque où ils étaient au lycée. Tout le monde peut penser que nous avons développé une technologie qui nous aide à nous contacter plus facilement, mais ce n’est rien comparé au fait de se voir en personne ou de prendre des repas et de passer du temps ensemble tous les jours.

Au début, ils ne se parlaient que dans un chat de groupe via LINE, comme ils le faisaient au lycée. Mais au fil du temps, ils ont intégré de nouveaux cercles sociaux et ont eu leurs propres activités. Ils ont commencé à se parler moins qu’avant, à se contacter de temps en temps, à s’informer occasionnellement de la vie de leurs amis sur les réseaux sociaux et à ne parler que de choses importantes.

Comme Mork ne publie pratiquement rien sur les réseaux, ses amis ne peuvent pas se tenir au courant de ce qu’il fait. Il met à jour son statut ou publie une photo sur Facebook une fois tous les 36 du mois. Maintenant qu’ils ont la chance de passer du temps ensemble, ils veulent en savoir plus sur sa vie.

“Ils sont bien,” leur répond brièvement Mork.

Sa réponse fait que ses amis échangent des regards, comme pour dire... a-t-il avalé sa langue?!

“Alors tu t’es fait des amis?”

“Je ne suis pas sans amis comme toi, Mike.”

“Espèce de salaud! J’ai des tonnes d’amis.” crie Mike. “Tu te bats toujours?”

“Pas besoin de demander! Regarde son visage.”

Nong attrape le menton de Mork, tournant son visage d’avant en arrière, taquin. Il n’est même pas nécessaire de regarder de près ou attentivement pour voir la blessure au bout de son sourcil et l’ecchymose sur le coin de sa bouche.

“Va te faire foutre.” Mork balaie la main de son ami avec agacement.

“C’est quoi ce bordel?! Sois gentil avec tes amis.”

“Tu es à l’université maintenant, alors retiens-toi un peu. Je me sens désolé pour tes parents.”

Mike prévient son ami avec inquiétude. Ils avaient l’habitude d’être inséparables, mais quand il a commencé sa vie d’étudiant, il a réalisé que se battre le tuerait vraiment un jour.

Et les personnes les plus dévastées seraient celles qui l’élèvent.

“Je ne commence jamais une bagarre. Vous le savez tous.”

Mork soupire, fatigué. Ce n’est pas comme s’il ne comprenait pas, et ce n’est pas comme s’il voulait se battre avec qui que ce soit, mais les problèmes courent toujours vers lui.

S’il est défié, offensé ou frappé en premier... est-ce qu’ils s’attendent à ce qu’il s’incline et accepte?

Jamais de la vie!

“Le visage de Mork le demande. Comment l’appellent-ils? ‘Une tête à claques’?”

“Je vais t’en mettre une.”

Mork jette un regard noir à Nong, mais il ne peut pas nier que c’est vrai. Il a vraiment ‘une tête à claques’. Son visage de garce au repos lui donne l’air de vouloir se battre avec quelqu’un.

Il n’est pas surprenant que les hooligans s’en prennent à lui en disant qu’il ‘cherche la bagarre’, alors qu’il reste assis tout seul et se fiche complètement d’eux. Et Mork n’est pas une personne timide qui s’excuse quand il n’a rien fait de mal. C’est pourquoi les choses se terminent toujours par la violence.

“Je ne pense pas que ce soit bien de se battre avec tous ceux qui te provoquent,” argumente Mike. “Si tu te bats encore quand tu seras en âge de travailler, ça affectera ta carrière, tu sais.”

“C’est vrai.” approuve Nong.

“J’essaie…”

La voix de Mork s’adoucit. Il essaie de se retenir de faire ce genre de choses pour ses parents depuis qu’il a obtenu son diplôme d’études secondaires. Il est fils unique. Il ne veut pas que ses parents perdent le sommeil parce qu’il s’est fait tabasser.

Mais il ne peut pas s’en empêcher parfois. Il donne un coup de poing avant même de s’en rendre compte.

“Arrêtez ce drame tout de suite. Ce n’est pas drôle de parler de choses sérieuses,” dit Nong.

“Bien sûr! Je vais gifler tous ceux qui recommencent un drame.” Mike montre du doigt les visages de tout le monde.

“C’est toi qui l’a commencé!” Mork et Nong lui crient au visage.

“Aight, aight, je ne le ferai plus. Santé!”

Ils font tinter leurs verres et boivent l’alcool, mais... le bord du verre n’a même pas touché la bouche de Mork quand quelqu’un prend son verre et le fait tomber sur la table avec colère.

Mork tourne les yeux vers la personne qui essaie de déclencher une dispute devant ses amis, et il est encore plus surpris et tellement choqué qu’il tressaille presque en voyant le beau visage qui le fixe.

“Sun!”

Mork n’a jamais pensé que Sun serait ici, et il ne peut pas comprendre ce qui a pu lui arriver pour qu’il prenne son verre comme ça. S’il n’était pas le frère de Ren... il insulterait Sun en ce moment même.

Pourquoi est-ce qu’il continue à se mêler de la vie d’une autre personne?!

“Ouais! C’est moi.”

Sun s’appuie sur la table d’une main et pose une autre main sur sa hanche. Il fixe Mork comme s’il était sur le point de lui faire la morale.

“Ren a dit que tu travaillais sur un devoir à la maison. Pourquoi es-tu ici?!”

“C’est quoi ce bordel?!”

La bouche de Mork s’ouvre. Il cligne des yeux dans une confusion totale. Ils ne s’entendent jamais, alors pourquoi Sun lui met la pression avec cette question comme s’ils étaient si proches?

“Alors?”

“Pourquoi fourres-tu ton nez dans mes affaires?”

Mork se reprend et répond comme s’il venait juste de retrouver sa voix. Ses amis les regardent avec surprise car aucun d’entre eux ne connaît Sun. Ils ont peur qu’il soit un vieil ennemi de Mork.

Ça va être le bordel s’ils se battent dans le bar!

“Les enfants ne devraient pas aller en boîte.”

“Hey!”

Celui qu’on appelle ‘un enfant’ se renfrogne et pousse la poitrine de Sun avec tant de colère que ce dernier recule de deux pas. Il a presque vingt ans maintenant, mais pourquoi Sun lui parle-t-il comme s’il était à l’école primaire?

Mork est peut-être beaucoup plus jeune que lui, mais il peut encore faire sortir du sang de la bouche de Sun!

“Hey... Calme-toi, mec.”

Nong retient Mork, de peur que les videurs ne les traînent dehors s’ils causent des problèmes. Il regarde Sun, son visage rempli de questions, et demande à Mork à voix basse, toujours sur ses gardes.

“Quel est le problème? C’est qui ce bâtard?”

“Le frère de mon ami.”

“Le frère de ton ami?”

“Ouais.”

Mork essaie de se calmer et secoue la main de Nong. Voyant les questions inscrites sur le visage de tous ses amis, il n’a pas d’autre choix que de leur présenter Sun, sinon ces mecs vont essayer d’obtenir une explication de sa part de toute façon.

“C’est Sun... le frère de mon ami à l’université.”

“Oh.”

Nong et Mike hochent la tête et serrent leurs mains devant leurs poitrines pour saluer Sun poliment, bien qu’ils se demandent... pourquoi Mork avait l’air si irrité qu’il a presque frappé le frère de son ami.

“Ravi de te rencontrer, Sun,” disent-ils en même temps.

“Um.” Sun accepte leurs salutations, forçant un sourire amical, puis se tourne vers Mork. “Tu vas partir maintenant?”

“Non.”

“Il est tard. Tu devrais rentrer chez toi.”

“Qu’est-ce que ça a à voir avec toi?”

Mork est très troublé. Ils sont venus ici séparément, ils ne sont pas proches, et le moment où il va rentrer n’a absolument rien à voir avec Sun. Plus important encore, il va rentrer chez lui quand il le voudra (bon sang!).

“Je m’en vais. Je te dépose si tu pars maintenant.”

“Je peux rentrer chez moi tout seul. Pars si tu veux.”

Mork ne partira pas si facilement, même s’il veut rentrer chez lui et dormir parce qu’il trouve l’ambiance vraiment ennuyeuse ce soir. Mais maintenant que Sun essaie d’agir comme son ‘gardien’ et de le contrôler comme ça... il va refuser encore plus.

Il voulait partir, mais soudainement plus du tout.

“Il est vraiment tard, tu devrais partir avec lui.”

Alors que Mork pose sa main sur la table et fixe Sun d’un air menaçant, Mike se sent mal à l’aise. Sun est peut-être le frère de l’ami de Mork, mais Mork est tellement impulsif qu’il peut frapper n’importe qui.

C’est pourquoi il serait préférable pour tout le monde qu’ils ‘fassent une trêve’.

“C’est vrai, tu n’as pas apporté ta moto, c’est mieux de partir avec lui puisque tu es ivre.” Nong est d’accord avec Mike. “Il te demande de partir avec lui par inquiétude. Ne fais pas d’histoires.”

“Taisez-vous.” Mork jette un regard furieux à ses amis, un par un.

“Tu vas partir ou pas?” La voix de Sun est plus grave. “Je vais rester là si tu ne pars pas.”

“C’est quoi ce bordel?!”

Mork roule les yeux. Il aurait déjà frappé Sun si ça avait été quelqu’un d’autre. Mais c’est Sun... le frère de son meilleur ami. Ce sera gênant s’ils se battent parce que Ren, qui est coincé au milieu, ne saura pas comment se comporter avec eux.

Il n’a pas peur de Sun. Il ne veut juste pas que Ren se sente mal à l’aise!

“C’est bon! Je m’en vais!”

Mork fait un signe de tête pour dire au revoir à ses amis et sort directement du bar. Sun le suit tandis que Mike et Nong échangent des regards, confus quant à leur relation.

Leur confusion ne dure qu’une minute, puis ils recommencent à faire tinter leurs verres. La musique entraînante et les jolies filles de la table voisine qui les regardent... sont bien plus fascinantes!

“Comment es-tu venu ici...?”

Sun fait les cent pas jusqu’à pouvoir s’avancer pour bloquer la personne qui vient de sortir du bar. Mork soupire et lève à nouveau les yeux au ciel tellement il en a marre, mais Sun attend toujours sa réponse patiemment.

“Tu ne m’as pas entendu?”

“Un taxi.”

“Heureusement que tu as encore un peu de bon sens.”

Mork ne sait pas si c’est un compliment ou une insulte. Il n’est pas venu en moto ici parce qu’il savait qu’il allait boire avec ses amis et se saouler à coup sûr... Il peut mal se comporter mais il n’est pas stupide. S’il conduit sa moto alors qu’il est ivre, il peut se faire arrêter ou avoir un accident.

“Tu as autre chose à dire que de me gronder?”

“Non, mais je vais te ramener.”

“Pas la peine. Je peux rentrer chez moi tout seul.”

“Tu n’es pas saoul?”

“Je vais héler un taxi.”

Mork admet qu’il est assez bourré, mais il refuse de partir avec Sun. Et Sun n’a-t-il pas bu lui aussi? Pourquoi doit-il risquer sa vie avec une personne ivre?

“Tu as bu toi aussi. Prends soin de toi d’abord avant de fourrer ton nez dans mes affaires.” grogne Mork. “Tu ferais mieux d’essayer de survivre au trajet d’abord.”

“Je n’ai bu qu’un peu, et je ne suis pas ivre. Arrête de parler et monte dans la voiture.”

“JE VAIS HÉLER UN TAXI!”

Dit Mork, en jetant un regard noir, essayant de compter de un à dix dans sa tête parce qu’il ne veut pas déclencher une bagarre. Sun soupire et arrête de le harceler. Lorsque Sun s’éloigne, Mork le regarde d’un air mauvais et jure dans sa tête.

Espèce de vieux grincheux!

Mork se dirige vers le trottoir devant le bar pour appeler un taxi. Il est presque 2 heures du matin maintenant, c’est plus facile de trouver de l’or autour de ce célèbre bar. Il attend depuis presque trois minutes, mais il n’y a toujours aucun signe d’un taxi disponible. Soudain! Une voiture s’arrête devant l’endroit où il se tient.

Le grincheux soupire, sachant bien à qui appartient cette voiture!

“Monte dans la voiture maintenant…”

Dit Sun d’un ton égal après avoir ouvert la fenêtre de la voiture. Mork était content à l’instant, pensant que Sun avait déjà renoncé à s’en prendre à lui, mais... Sun n’a pas renoncé. Il est juste allé chercher la voiture pour venir le chercher.

“Je t’ai dit que je rentrerais à la maison par moi-même. Tu ne comprends pas?”

“Monte dans la voiture.”

“Pourquoi diable continues-tu à me déranger?!”

Mork crie d’impatience. Il s’éloigne, ignorant l’inquiétude de Sun à son égard, mais Sun est d’une patience agaçante. Il roule lentement à côté de Mork, attendant qu’il change d’avis, jusqu’à ce que l’embouteillage déjà terrible empire. Cette rue n’est jamais vide, quelle que soit l’heure.

“Tu veux bien monter dans la voiture maintenant?”

“Tu es si énervant.”

“Monte juste, tu n’entends pas qu’ils nous klaxonnent?”

Sun met la pression à Mork. Malgré la tension, Sun semble être de bonne humeur parce qu’il a pu mettre la pression et coincer Mork... Ce dernier serre les dents, se demandant pourquoi Sun ne se dépêche pas de partir s’il sait qu’il bloque la circulation. Mork est toujours fâché, mais la pression sur lui est trop forte et il doit s’avancer et ouvrir la portière de la voiture.

“Arrête avec cet air suffisant sur ton visage.”

Mork grogne sans se retenir une fois qu’il est assis à côté de Sun, mais ce dernier se contente de glousser comme s’il venait d’entendre une bonne blague.

Bon sang! Espèce de vieux schnock! Tu n’es absolument pas affecté par ce que j’ai dit.

BAM!

Le claquement de la portière de la voiture exprime haut et fort le ressentiment de Mork. Au lieu de se mettre en colère et de le gronder... Sun se contente de sourire comme pour annoncer sa victoire. Mork a tellement envie de lui saisir le cou, mais il reste silencieux puisque Sun ne sera pas affecté par ses mots de toute façon.

Parfois... il souhaiterait que Sun le regarde de haut comme avant.

C’est mieux que d’avoir un Sun qui s’inquiète pour lui comme ça, ça le met mal à l’aise.

“Attache ta ceinture.”

Ordonne Sun. Mork se tourne vers lui, en comptant dans sa tête de un à dix.

“Ou tu veux que je le fasse pour toi?”

“Ne t’approche pas de moi.”

“Tu le fais ou tu me laisses le faire?”

Sun lève un sourcil. Si Mork refuse de faire ce qu’on lui dit, Sun va certainement se pencher pour l’aider à mettre la ceinture de sécurité. Mork s’insurge à nouveau contre Sun dans sa tête mais fait quand même ce que Sun lui dit sans avoir le choix.

Après le départ de la voiture, ils sont tous les deux assis dans un silence gênant.

Mork déteste être ici. Il jette sans arrêt un coup d’œil à la personne qui conduit, comme s’il se méfiait du danger... Sun est un gentleman, beau et soigné. Il s’habille de façon décontractée, mais il a toujours l’air fin et attirant, comme un acteur principal sortant d’un livre, d’un drama ou d’une série télévisée coréenne. Tout le monde admire sa décence, son calme et sa façon d’être... Son apparence est charmante lorsqu’elle va de pair avec sa personnalité, sa silhouette, son look, tout.

Mork n’est pas surpris que Sun séduise autant les hommes que les femmes.

Il n’est pas étonnant que les hommes admirent Sun. Il est mûr, a d’excellents résultats scolaires et sportifs, sait comment se comporter, et a l’air d’un mannequin sorti tout droit d’un magazine pour hommes modernes. Malgré tout cela, Mork ne pouvait pas se résoudre à admirer Sun à l’époque parce qu’il avait des préjugés contre lui et qu’il était beaucoup plus ennuyant que son père. Heureusement qu’ils sont en bons termes ces derniers temps, sinon Mork ne serait jamais parti avec Sun car ils auraient pu s’entretuer sur le chemin du retour.

Pendant ce temps... Sun peut sembler concentré sur la conduite plutôt que sur la personne à côté de lui, mais il ne cesse de jeter des coups d’œil à Mork qui repose son coude sur le cadre de la fenêtre, le menton sur sa paume, les yeux fixés droit devant.

Sun peut dire que Mork est de très mauvaise humeur!

En fait, Mork est impressionnant. Il est grand et en bonne forme physique parce qu’il aime le sport. Il est aussi très élégant. Ren a raconté à Sun que Mork attirait beaucoup de filles, mais qu’il les rejetait car il préférait passer du temps avec ses amis et était occupé à se battre... Ce dernier point a renforcé les préjugés de Sun à son égard à l’époque.

Sun se souvient qu’ils sont partis du mauvais pied. Le fait est que... quand Ren a eu son bac, il s’est inscrit à l’université comme le font la plupart des adolescents thaïlandais. Ren avait prévu d’entrer dans la même faculté et la même université que Kao, son ami proche, mais il a obtenu des notes inférieures à la moyenne et s’est retrouvé dans une autre université.

Là, il a fait la connaissance de Mork, mais Mork était totalement différent de Kao.

Bien sûr qu’il l’était! Kao était un étudiant intelligent et bien élevé, tandis que Mork était un mauvais garçon qui se comportait mal et se battait souvent. Il était normal qu’un frère protecteur comme Sun déteste Mork. Il pensait que Mork avait une mauvaise influence sur Ren et qu’il allait entacher son dossier, mais Ren a continué à lui dire que Mork n’était pas si mauvais que ça.

Ren pensait que, même si Mork avait une tête à attirer les ennuis, il était sincère, n’enfreignait jamais la loi, aimait ses amis et ne déclenchait jamais de bagarres à moins que les autres ne le provoquent d’abord. Et Ren se sentait à l’aise en étant son ami.

En entendant cela, Sun n’a pas eu d’autre choix que de laisser son frère traîner avec Mork. Il n’était pas déraisonnable au point de leur interdire d’être amis. Ren était une personne à part entière, il avait le droit d’apprendre et d’expérimenter la vie. Ce n’est pas que Sun n’était pas inquiet pour Ren. Il les a laissés être amis, mais a continué à les surveiller de loin.

Et quand Ren et Mork sont devenus amis! L'enfer s’est déchaîné!

Chaque fois que Mork se battait, un de leurs amis appelait Ren pour lui dire de venir l’aider. Sun se demandait souvent pourquoi Mork pensait qu’il avait des préjugés alors que Mork continuait à causer des problèmes comme ça. Sun était d’accord pour qu’il reste tard dehors et boive, mais il n’était pas d’accord pour qu’il se batte. Et quand Sun essayait d’avertir Mork, il disait que Sun était casse-pieds.

Chaque fois qu’il faisait la morale à Mork, ce dernier pinçait les lèvres ou levait un sourcil comme s’il n’en avait rien à foutre, alors que tous les autres amis de Ren lui montraient du respect. Mais... comme ils devaient se voir souvent parce que Mork et Ren étaient si proches que Mork venait le chercher régulièrement, il s’y est habitué sans s’en rendre compte.

Sun et Mork ne cessaient de s’envoyer des piques. Ils ne se parlaient jamais gentiment, se détestaient et se provoquaient à chaque fois qu’ils se rencontraient, mais d’une certaine manière, ils se sentaient seuls lorsqu’ils étaient séparés.

Il y a environ un mois, un tournant s’est produit entre eux!

Il y avait cette jolie fille qui venait au café de Sun jour et nuit. Sun pensait que ce n’était pas étrange puisque les filles y venaient régulièrement. Un jour, son petit ami a amené ses hommes pour détruire le café et a accusé Sun de flirter avec sa petite amie et l’a blessé physiquement. Non seulement ça... mais ils ont aussi transformé le café en un véritable bordel.

Heureusement, Mork venait chercher Ren ce jour-là, il a donc aidé Sun à temps une fois arrivé sur les lieux. Depuis lors, l’ambiance entre Sun et Mork s’est améliorée. Il a remercié Mork pour son aide et ce dernier s’est montré moins hostile envers lui, mais cela ne signifie pas qu’ils se sont rapprochés ou qu’ils s’adorent.

L’atmosphère entre eux est telle qu’elle est en ce moment!

“Pourquoi es-tu soudainement venu traîner avec tes amis?”

Sun engage la conversation après dix minutes de silence. Mork tourne légèrement la tête et répond. Il n’a pas envie de parler, mais parler semble mieux que le silence gênant et étouffant.

Puisque Sun a entamé une conversation, Mork peut aussi bien continuer...

“C’est normal, non? Tu as aussi traîné avec tes amis là-bas.”

C’est ainsi que Mork parle, en répondant par des questions plutôt que de donner des réponses.

“Je suis un adulte. Quel âge as-tu?”

“Si tu oses encore dire que je suis ‘un enfant’...”

“Pourquoi? Tu vas me frapper?”

Sun demande avant que Mork ne puisse finir de le menacer. Il quitte la route des yeux et lève un sourcil vers l’autre personne sans crainte. Son regard amusé et charmeur fait réfléchir Mork un instant, puis il fait semblant d’être vraiment agacé. C’est bizarre... Sun ne l’a regardé qu’une seconde avant de reporter son attention sur la conduite, mais son regard a donné à Mork l’envie d’arrêter de discuter.

“Eh bien... je n’ai pas demandé à Ren de venir boire avec moi!”

Mork pense que Sun essaie de le mettre en garde parce qu’il a peur que Mork entraîne Ren dans sa chute. C’est pourquoi, dernièrement, Mork a empêché ses amis d’appeler Ren lorsqu’ils s’étaient battus. Mork ne veut pas que Sun le gronde ou le blâme pour avoir entraîné son frère dans sa chute. Aussi... Mork essaie de s’abstenir de ce genre de choses.

“Je ne te mets pas en garde parce que j’ai peur que tu entraînes Ren avec toi. Tu es un étudiant, donc tu ne devrais pas boire, tu sais. Comment seras-tu capable de te concentrer sur tes cours demain? En plus... tu te battras si tu es ivre.”

Mork ne répond pas et se contente de lever les yeux au ciel vers Sun, fatigué que celui-ci lui fasse encore la leçon. Sun a agi comme le père de Ren, mais maintenant il est devenu son père aussi.

“Je n’ai pas raison?”

N’obtenant pas de réponse, Sun se tourne vers Mork et Mork se tourne vers lui. En voyant le visage ennuyé de Mork, Sun sourit avec amusement, son beau visage s’illuminant.

C’est si agaçant!

Sun avait l’habitude d’être en colère contre lui pour tout ce qu’il faisait. Il a même grondé Mork alors que ce dernier ne faisait que le regarder, et ainsi il n’a cessé d’exaspérer Sun parce qu’il était facilement provoqué, et c’était drôle. Mais maintenant... la situation s’est inversée.

Sun est maintenant celui qui le provoque!

“Va te coucher une fois que tu es à la maison, sinon tu ne pourras pas te lever et aller à l’université. Ren a dit que tu avais un cours demain matin.”

“Arrrrrgh, Sun, arrête de me harceler.”

Mork hurle, atteignant sa limite. Il n’est pas vraiment agacé par les remarques de Sun, mais la façon dont ce dernier se soucie de lui lui fait tellement peur qu’il ne veut pas le savoir. Il vaut mieux qu’ils se détestent. Sun n’a pas à faire semblant d’avoir de la bienveillance ou de se soucier de lui parce qu’il le fait trop réfléchir... sans même s’en rendre compte.

“Je te préviens parce que je suis inquiet pour toi.”

“J’ai compris!”

Mork crie contre ‘la personne qui s’inquiète pour lui’ avec agacement. Ils atteignent sa grande maison avant que sa migraine ne s’aggrave. Mork n’hésite pas à ouvrir la portière de la voiture et en sort, même si la voiture n’est pas complètement arrêtée.

Il agit comme s’il voulait s’éloigner de Sun aussi vite que possible.

“Je dirai à Ren de t’appeler pour te réveiller demain.”

Dit Sun après avoir ouvert la fenêtre de la voiture au moment où Mork ouvre le portail de la maison. Il répond avec un regard noir. Mais au lieu de s’énerver, Sun sourit avec amusement à l’expression agacée de Mork... Si cela avait été avant, Mork se serait déjà défendu ou l’aurait presque frappé, au lieu de se laisser enquiquiner comme ça.

Sun dirait que leur relation a progressé!



La faculté d’Ingénierie

Université N

La nuit dernière était une autre nuit où Pete a utilisé les études comme excuse pour rester chez Kao alors qu’il n’a pas étudié et a juste “embêté” Kao au lit. Il était presque minuit quand il l’a laissé se reposer. S’il aujourd’hui n’y avait pas eu de cours le matin, Kao n’a aucune idée de l’heure à laquelle Pete l’aurait laissé dormir.

Kao n’a pu dormir que quelques heures parce que le premier cours a commencé à 8 heures aujourd’hui et qu’il a des cours toute la journée. À la fin du dernier cours, il va directement dans un café à côté de la faculté pour reprendre de l’énergie avec un café.

Sinon, il s’endormirait certainement avant d’arriver chez lui!

Si vous vous demandez pourquoi... Pete, qui l’embête, n’a pas du tout l’air somnolent ? La réponse est que Pete était un vrai clubber, donc il a l’habitude de manquer de sommeil, et il s’endort aussi pendant les cours. Kao ne peut pas faire ça, sinon Sandee devra assumer seule la charge de donner des cours particuliers aux autres.

Parce que June, Pete et Thada ne sont pas seulement peu fiables mais aussi inutiles.

“Je peux avoir…”

“Un frappé au chocolat!”

Kao, qui regardait le menu derrière le comptoir, se tourne vers la personne à côté de lui aussitôt que celle-ci a sauté la file d’attente. Comment cette personne a pu éhontément faire ça, ça énerve Kao. Il a dû voir Kao puisqu’il était le seul debout devant le comptoir, et il n’est pas si petit.

Sale gosse!

Kao s’insurge dans sa tête en regardant la grande silhouette en uniforme de lycéen. Il est plus jeune mais beaucoup plus grand que lui. La différence de taille doit être d’environ 10 cm.

Il a la silhouette d’un mannequin... Pourquoi les enfants sont-ils si grands de nos jours?

“Tu es passé devant moi.”

Les mots de Kao sont polis, mais sa voix est plutôt menaçante. L’université est dans une zone pleine d’adolescents. Elle est située près de plusieurs centres commerciaux célèbres et d’un lycée, il n’est donc pas surprenant de voir des lycéens venir à l’université pour trouver quelque chose à manger. Mais ce morveux n’a aucune manière.

Le gamin se tourne vers Kao avant de répondre par un sourire éblouissant.

“Désolé, je n’avais pas remarqué. Tu es plus petit que le niveau de mes yeux.”

“Toi…” Kao fait la grimace. L’employé a l’air anxieux, il a peur qu’ils se battent.

“Pourquoi tu ne commandes pas?” demande le lycéen, toujours souriant. Cela ne rend pas Kao plus calme, il pense juste que ce gamin cherche à l’énerver. “C’est moi qui paie, pour m’excuser d’avoir doublé.”

“Tu n’es qu’un enfant. Ne te vante pas de ta richesse.”

“Ce n’est pas grand-chose. Le café coûte seulement un peu plus de 100 bahts.”

“Alors je vais prendre un moka frappé. Faites le mien en premier, s’il vous plaît.”

Ordonne Kao avant de jeter un regard noir à l’autre, mais ce ‘sale gosse’ continue de sourire avec satisfaction comme s’il venait de faire des avances à une fille qui lui plaît, et ça rend Kao encore plus furieux. Ce morveux ne peut pas se moquer de lui comme ça!

“Qu’est-ce que tu étudies?”

Lui demande le gamin alors qu’ils attendent leurs commandes, ne se doutant pas que Kao est en train d’essayer de compter de un à dix dans sa tête. Kao est habituellement calme, prêt à faire des compromis, et ne souhaite jamais avoir de problèmes avec qui que ce soit, mais ce gamin est une telle plaie.

“Tu n’as pas entendu ma question? Quelle froideur.”

“Ingénierie,” répond Kao sans le vouloir.

“Je veux aussi étudier l’ingénierie. Tu es en quelle année?”

“Pourquoi tu continues à poser des questions? On est proches ou quoi?”

“On ne l’est pas, c’est pour ça que je demande. C’est pour qu’on puisse être proches.”

“Tu m’as demandé si je voulais être proche de toi?”

Kao le regarde fixement, assez énervé. C’est alors qu’il remarque que le gamin pose sa main sur le comptoir et le regarde attentivement comme s’il était vraiment en train de flirter avec une fille.

“Voici votre moka frappé.”

La voix de l’employé sonne comme une cloche. Kao saisit son frappé et en profite pour mettre fin à la conversation avec cet inconnu.

“Merci. Il va payer pour ça.”

Le café à la main, Kao sort du café sans payer. Il entend un petit gloussement en passant devant le gamin. Ce gamin semble si satisfait qu’il lui donne la chair de poule.

Je souhaite que nous ne nous rencontrions plus jamais... sale gosse!

“Le voilà. Il marche vers nous avec ce visage boudeur.”

Dit June en voyant Kao se diriger vers leur table habituelle au rez-de-chaussée de la faculté, où ses amis discutent. Il y a cinq personnes dans cette bande: lui, Pete, June, Thada et Sandee.

Pete... Il est bien bâti et a une apparence 100 % masculine, avec une peau bronzée, un beau visage, des yeux noirs et des cheveux noirs de jais. En tant que fils unique d’un entrepreneur immobilier, il est connu pour sa richesse et est très généreux envers ses amis.

Kao... Il est plus mince que Pete mais en forme et tonique. Il a un look propre comme les idoles et est plutôt à la mode. Il est aussi très beau, bien que son look soit différent de celui de Pete. Kao a l’air plus soigné, sourit toujours et est amical. C’est pourquoi il est assez populaire auprès des filles.

Sandee... C’est un garçon manqué, au look à la fois cool et sexy, avec de grands cheveux gris, bouclés et épais, et des yeux noirs. Elle aime porter de l’eyeliner noir pour rendre ses yeux impressionnants. Elle s’intéresse un peu au maquillage et à la mode. Comme ses parents voulaient un fils comme cadet, elle a été élevée comme un garçon, et donc son style est un mélange de mignon, de beau, et de tellement canon que les filles se pâment.

Thada... Un homme mince et beau. Il est également en forme et tonique depuis qu’il fait de la musculation, ce qui le rend attrayant. Mi-thaïlandais, mi-français, il a des yeux bleu-gris et des cheveux gris-bruns, longs jusqu’aux épaules. Il place généralement ses cheveux derrière son oreille ou les relève à moitié, laissant ses cheveux de devant détachés pour donner une impression de désordre.

Il s’habille de façon décontractée mais reste élégant.

June... Il croit que ‘l’apparence est moins importante que la phrase d’accroche’, mais il est assez beau et bavard, donc les filles l’aiment bien. Il est toujours à la recherche de numéros de filles, cependant.

“Tu as parlé de moi, hein?”

Lorsque la personne au ‘visage boudeur’ s’assied à côté de lui, Pete lance immédiatement un regard noir à June.

“De toi? Quoi, non?!” June nie d’une voix haut perchée. “Je demandais juste à Pete pourquoi vous êtes tous les deux aussi fatigués. Pete a dormi pendant tout le cours alors que tu as baillé toute la journée. Qu’est-ce que vous avez fait, les gars?”

“Qu’est-ce qu’on aurait pu faire, bordel?! C’est quoi cette question? Fais gaffe à ce que tu dis,” s’emporte Kao, le visage tout rouge, même si June a juste demandé par curiosité, sans se douter de quoi que ce soit.

Mais les mots ‘qu’est-ce que vous avez fait?’ l’ont vraiment surpris!

“Pourquoi tu t’énerves? Je me demande juste si vous êtes allés en boîte en cachette. C’est tout.” June regarde Kao avec confusion. “Tu te comportes comme si je connaissais ton grand secret.”

Pete rit doucement quand Kao semble décontenancé. Kao a réprimandé Pete parce qu’il est trop affectueux avec lui devant leurs amis. Il a peur que leur secret soit dévoilé un jour. Mais Kao... est celui qui le révèle. Kao n’est pas trop affectueux ou quoi que ce soit, mais il s’énerve toujours quand leurs amis lui posent des questions, ce qui les rend plus soupçonneux.

“Pourquoi tu ris, Pete?” demande Thada.

“Nah! La tête de Kao est drôle,” répond Pete, puis il aide Kao à se défendre, sinon Kao pourrait bouder et lui interdire de l’embêter la nuit. “On ne va plus dans les clubs. Kao ne me laisse pas faire.”

“Quel couple!” Thada montre du doigt Kao et Pete. “Pete est si obéissant envers sa femme.”

“Si tu n’arrêtes pas de parler de ça, je vais répandre des rumeurs sur ton ship.” le menace Kao.

“Arrêtez ça! Tous les deux.” Sandee arrête ses amis.

Même si Sandee est la seule fille de la bande, ses comportements d’homme et les moments passés avec les gars leur donnent l’impression qu’elle est un autre mec de la bande. Elle est la plus proche de Thada. Sandee et Thada sont si proches que leurs camarades de classe les considèrent comme un ‘couple gay’.

Et Sandee est le top alors que Thada est le bottom.

“On ne te taquine qu’un peu, mais tu rougis toujours et tu fais semblant de jouer les durs,” se moque Pete.

Les gars ne jurent pas contre Sandee puisqu’elle n’utilise pas de mots grossiers.

C’est la seule chose qu’ils s’abstiennent de faire pour elle!

“Qu’est-ce que vous avez fait, au fait? J’ai vraiment envie de savoir.” June ramène le sujet.

“Eh bien…”

Ils échangent tous deux un regard comme s’ils se consultaient. Du regard, Kao ordonne à la personne qui a causé leur manque de sommeil de prendre la responsabilité de répondre et de trouver une excuse.

“Nous avons regardé un film, joué à des jeux, et regardé quelques filles sur Instagram.”

“C’est vrai. Tu sais comment les amis discutent et tout ça quand ils traînent ensemble.” ajoute rapidement Kao.

“Vous passez toujours des nuits ensemble et il vous reste toujours des choses à vous dire?” Thada est également curieux.

“Je vous vois tous les jours et j’ai encore des choses à vous dire.” Kao aide Pete.

“Partons avant que le trafic n’empire. J’ai sommeil.” Pete met fin à la conversation de manière abrupte.

“Tu changes de sujet,” dit June.

“C’est vrai! J’en ai marre de te parler. Et mon père m’a dit de me dépêcher de rentrer pour le dîner.”

Ils s’éloignent tous les deux, June les suivant du regard, confus. Sandee change immédiatement de sujet puisqu’elle est la seule à savoir que Kao et Pete sortent ensemble. Elle les a vus presque s’embrasser sur le parking par hasard.

Et donc, elle n’a pas d’autre choix que d’aider à protéger leur secret…



“Putain de June... Il devient de plus en plus suspicieux chaque jour.” dit Kao alors qu’ils marchent vers le parking après s’être séparés du gang.

“Il ne faisait que parler. S’il avait su ou s’il s’était vraiment méfié, toute la faculté saurait déjà pour nous. N’oublie pas qu’il n’a pas obtenu le surnom de ‘Si June sait, le monde sait’ par hasard... La réaction des autres n’a pas changé, ce qui signifie que personne ne sait,” dit Pete en riant. Il n’est absolument pas dérangé lorsque June lui pose des questions ou le taquine. “Tu réfléchis trop.”

“J’espère qu’il n’est pas vraiment méfiant à notre égard.”

“Il va continuer à nous taquiner jusqu’à ce qu’on arrête d’être amis avec lui. Si ce n’est pas nous, il visera Sandee et Thada à la place.”

Dit Pete, en déverrouillant la voiture après l’avoir atteinte. Ils montent à l’intérieur et Pete démarre la voiture. Tout le monde sait que June est un moulin à paroles et qu’il débite toujours des bêtises. Ses blagues sont parfois drôles, parfois nulles, et parfois agaçantes. Mais June adore ses amis. Il est loyal, met toujours de l’ambiance et les fait rire.

“Il devrait avoir une petite amie. J’en ai marre qu’on se moque de moi.”

“Tu en as marre ou tu es juste timide?” demande Pete, en levant un sourcil avec un sourire espiègle.

“Arrête cette merde.” Kao lui lance un regard noir.

Mais... Pete se contente de rire, n’ayant pas du tout peur de lui. Il sait que Kao fait toujours semblant d’être en colère quand il est gêné. En plus, son faux visage en colère lui fait gonfler les joues. C’est plus mignon qu’effrayant.

C’est probablement pour ça que Pete aime tant le rendre timide.

Je ne peux pas m’en empêcher. Qui t’a dit d’être aussi mignon quand tu es timide?

“Et pour ce soir? Chez toi ou chez moi?”

Pete change de sujet, regardant Kao avec des yeux malicieux. Il n’a plus rien à faire des taquineries ou des soupçons de June à leur égard. Tout ce qui l’intéresse maintenant, c’est de savoir s’il va pouvoir dormir avec Kao ce soir.

“On dort chacun chez soi ce soir.”

“C’est quoi ce bordel?!”

“Ne me dis même pas ‘c’est quoi ce bordel’. Tu vas encore m’embêter si on dort ensemble. Laisse-moi dormir un peu.” hurle Kao, son visage devenant rouge. Il est à la fois furieux et gêné par le fait que Pete continue à l’embêter tous les jours.

Mais... Disons que Pete est d’accord pour qu’ils dorment séparément. Kao n’est toujours pas sûr que ce soit une bonne idée, car quand ils coucheront à nouveau ensemble, Pete dira à Kao de ‘se rattraper’. Et Pete... se souvient si bien de ce genre de choses. Sa façon de faire pression sur Kao et de l’amener à faire ce qu’il veut est assez particulière.

Kao ne peut s’empêcher de penser que si Pete mettait tout son cœur à étudier comme ça, il serait un étudiant d’honneur à coup sûr!

“Ok, ok. Je vais céder juste pour ce soir.”

Comme il a embêté Kao plusieurs fois la nuit dernière, et que celui-ci a l’air vraiment fatigué, il va faire ce qu’il lui dit. Il comptera les nuits qu’ils passent séparément et trouvera l’occasion de les rattraper.

Pete ne subira pas de perte. Il n’en retirera que des avantages!

“Je vais mettre ta chanson préférée.”

Dit Pete et il tend la main pour mettre la chanson préférée de Kao, celle qu’il connaît si bien. Il la fredonne, plein d’entrain, en conduisant, apparemment de bonne humeur. Cela illumine aussi l’humeur de la personne qui était rouge de timidité et d’embarras tout à l’heure.

“La vie est belle en ce moment, tu ne trouves pas?”

Pete le pense vraiment...

Avec le recul, c’est assez drôle. Pete n’a jamais pensé qu’il y aurait un jour comme celui-ci pour eux. C’était un miracle qu’ils ne se prennent pas la tête tous les jours à l’époque. Ils allaient dans le même lycée. Kao était un élève intelligent et poli, tandis que Pete était une tête brûlée, toujours à la recherche de bagarres.

Leurs vies étaient deux lignes parallèles qui ne pouvaient jamais se croiser.

Un jour... Ren, le meilleur ami de Kao, est sorti avec Mint, la petite amie de Pete à l’époque. Pete était si excédé qu’il a amené ses amis pour tabasser Ren. Kao a essayé de les arrêter et a presque fini par se battre avec Pete, et Kao est donc devenu sa nouvelle cible. Cependant, comme ils étaient sur le point de terminer le lycée à ce moment-là, Pete s’est retenu de se battre pour se concentrer sur l’examen d’entrée à l’université et a perdu tout intérêt pour Kao. Qui aurait pensé... qu’ils se rencontreraient à nouveau?

Parce qu’ils ont tous les deux postulé à la même faculté de la même université!

Non seulement ça... mais ils se sont aussi retrouvés dans le même groupe d’amis. Beaucoup de choses se sont passées après ça et ils ont commencé à penser à l’autre d’une meilleure façon. Ils se sont rapprochés, puis sont devenus petits amis, même si Pete était toujours sorti avec des filles et n’avait jamais été attiré par les garçons auparavant.

Maintenant qu’ils sont amants, Pete s’accroche à Kao comme à une ombre. Ils passent si souvent la nuit chez l’autre que c’est comme une seconde maison. Kao est devenu un invité important dans la grande maison de Pete et s’est rapproché des femmes de chambre et des domestiques qui s’occupent de ‘Maître Pete’.

Et Pete... est devenu le préféré de Kaewkarn, la mère de Kao.

“Si belle que j’en ai peur.”

Plaisante Kao, en repensant aussi au passé. Il se souvient qu’il détestait Pete lorsqu’ils se disputaient au lycée, mais qu’au fond de lui, il avait le béguin pour lui, même si Pete ne faisait rien pour qu’il se sente bien. Mais c’est comme ça que sont les sentiments: ils n’ont aucun sens parfois.

Lorsqu’ils sont entrés à l’université et sont devenus amis dans le même groupe, ses sentiments pour Pete se sont intensifiés, mais il ne s’attendait pas à ce que Pete ressente la même chose. Il savait que Pete n’aimait pas les hommes, alors il a gardé ses sentiments pour lui. Il souffrait parfois que Pete ne remarque pas ce qu’il ressentait, et il souffrait parfois que Pete l’insulte. Maintenant vient le jour où il peut se venger.

Parce qu’ils sortent ensemble maintenant, et Pete est un petit ami tellement collant! Mais... bien que Kao ait été blessé tant de fois à l’époque, il ne souhaite jamais revenir en arrière et changer les choses. Tout ce qui s’est passé les a menés là où ils sont. Il lui arrive de harceler Pete à propos de ceci et de cela, mais il est... tellement heureux d’être avec cet homme.

Même si c’est une relation secrète, et que seules quelques personnes sont au courant.

“Pete... Si un jour on se sépare, ne nous détestons pas comme avant. Finissons-en correctement.”

Pete se tourne vers Kao en un instant, l’expression sombre. Ils sont chanceux que la voiture se soit arrêtée au feu rouge, sinon Pete aurait pu percuter la voiture de quelqu’un à cause de Kao.

“Pourquoi diable as-tu dit ça? Ce n’est pas une bonne chose à dire.”

“Je pensais juste au bon vieux temps.” Kao ne peut s’empêcher de rire en voyant la tête de Pete. C’est juste une blague. Pete n’a pas besoin d’être aussi sérieux.

“Je ne veux plus me disputer avec toi. On devrait être amis après avoir rompu. Ça ne serait pas génial?”

“Pas question!” crie Pete. “Je ne romprai jamais avec toi.”

“Je ne fais qu’en parler. Je ne vais pas vraiment rompre avec toi.”

“Tu ne peux pas dire ça comme ça.”

“Pourquoi être si sérieux? Je dis juste...!”

Les mots s’arrêtent sur ses lèvres avant qu’il ne puisse terminer lorsque la personne qui ne veut pas entendre le mot ‘rompre’ saisit son visage d’une main et embrasse ses lèvres si rapidement que Kao ne peut rien faire.

Kao reste assis, les yeux écarquillés par le choc. Il ne s’attendait pas à ce que Pete l’attaque si soudainement alors qu’ils ne faisaient que parler à l’instant. Ce n’est pas leur premier baiser. Au contraire... Kao n’a aucune idée du nombre de fois qu’ils l’ont fait, mais Pete fait toujours battre son cœur à tout rompre. Son visage brûle, ne sachant pas comment répondre.

Peut-être que c’est pour ça que... Pete aime l’embrasser.

“Pete... Je ne…”

Kao essaie de parler quand Pete se recule pour le laisser reprendre son souffle, mais au moment où il ouvre la bouche, Pete presse à nouveau ses lèvres sur les siennes, ne voulant entendre aucun mot qui indiquerait une rupture. Pete embrasse Kao comme pour lui faire savoir que... si Kao continue à parler de rupture, Pete l’embrassera encore et encore jusqu’à ce qu’il arrête!

“C’est... C’est vert, Pete.”

Murmure Kao, la voix tremblante, si près de perdre son énergie à force d’être embrassé encore et encore. C’est comme si Pete essayait d’aspirer son âme. Mais s’il ne prévient pas Pete, les voitures derrière eux vont klaxonner et les insulter à coup sûr.

“Si seulement on était à la maison…” Pete glousse.

Pete ne dit rien de plus, laissant Kao penser que s’ils étaient chez eux, il ne s’arrêterait pas à un simple baiser. Malgré cela, Pete parvient à se reculer et à redémarrer la voiture.  Il jette un coup d’œil à la personne à côté de lui trois minutes plus tard... et sourit parce que Kao rougit encore. Il n’a probablement pas l’habitude de se faire attaquer si soudainement comme ça.

“Si tu dis encore quelque chose comme ça, je vais t’épuiser jusqu’à ce que tu n’aies plus la force de parler.”

“Qu... Qu’est-ce que tu vas faire?”

Kao jette un regard nerveux à Pete. Son âme n’est pas retournée dans son corps. Elle fuit encore plus loin maintenant qu’il a entendu les paroles pétrifiantes de Pete.

“Tu exagères, Pete.”

“On verra ce soir.”

“V... Voir quoi ce soir?! J’ai dit qu’on dormirait séparément, et tu viens de dire que tu étais d’accord.”

“Tu m’as fait changer d’avis. Tu ferais mieux de surveiller ta bouche, gamin.”

Pete écarte les lèvres dans un sourire narquois même si Kao a un regard de panique sur son visage comme s’il avait tellement peur de Pete. Mais Kao ne rejette jamais vraiment Pete quand il se fait attaquer.

“Bon timing... C’est vendredi. Tu peux rester tout le week-end.”

“N... Non.”

“Quoi non? Tu peux rentrer chez toi lundi.”

“J’ai ma famille, Pete!”

“Je vais emmener mon père chez toi et te demander en mariage.”

Dit Pete dans un rire diabolique, complètement imperturbable. Kao ne peut rien faire d’autre que de se tirer les cheveux de frustration. Il n’a pas besoin de surveiller sa bouche. C’est Pete qui essaie de ‘trouver une excuse’ pour que Kao reste chez lui afin de l’embêter toute la nuit!



La Faculté d’Ingénierie

Université K



‘Descends maintenant ou je ne t’attendrai plus.’



Ren lit le message sur son téléphone et émet un tsk. Mork le presse comme s’il s’était perdu dans les toilettes alors que cela ne fait même pas dix minutes. Mork a beaucoup râlé ces derniers temps, comme s’il avait absorbé le comportement de Sun sans s’en rendre compte. Mais Ren ne peut pas en parler à Mork, sinon il va se faire étrangler.



‘Ouais ouais. J’arrive.’

‘Dépêche-toi. Je vais partir en premier si tu n’es pas là dans cinq minutes.’



Ren est en train d’envoyer un sticker espiègle quand, sans regarder le chemin devant lui, il heurte quelqu’un si fort que la personne manque de tomber. Heureusement qu’il attrape la main de la personne à temps.

“Euh... Je suis désolé.”

Dit Ren, en fixant cette personne. C’est une lycéenne en uniforme d’une école publique, sans maquillage, les cheveux noirs attachés par un ruban comme les autres lycéennes, mais elle lui semble si mignonne.

Un visage ovale, une peau claire, de grands yeux noirs, de longs cils, et des traits fins.

Tellement mignonne!

“Ce n’est pas grave. Désolé. Manao n’a pas bien regardé le chemin, euh…” Elle réalise qu’elle vient de donner son nom à quelqu’un qu’elle vient de rencontrer. Ren lui sourit en retour lorsqu’elle rougit.

“Tu t’appelles Manao?” demande-t-il. “Moi, c’est Ren. Ravi de te rencontrer.”

“Oui, Ren.”

Manao lui rend son sourire, puis ils entendent quelqu’un appeler son nom. Ils se retournent pour voir un groupe de lycéennes qui l’attendent. Ren sait maintenant qu’elle est venue avec ce groupe.

“Je dois y aller.”

Manao retourne vers ses amis, et ils partent tous. Ren la suit du regard, comme s’il était ensorcelé. Son cœur bat toujours vite même s’il est sorti avec plein de filles.

Il... n’est jamais tombé amoureux comme ça avant.

Ren retrouve rapidement son calme et prend une photo d’elle. Même si ce n’est pas une photo en gros plan et qu’elle ne montre que son profil, elle est quand même très mignonne. Puis... alors qu’il rêvasse, son téléphone vibre à nouveau.



‘Tu as dit que tu arrivais.’



“Pourquoi est-ce qu’il me presse?!”

Ren soupire après avoir lu le message de Mork, puis il accélère le rythme avant que Mork ne parte vraiment sans lui.

“Est-ce qu'il est tombé raide mort dans les toilettes ?”

Mork marmonne pour lui-même en attendant Ren sur le banc en face de la faculté. Il a eu du mal à se lever à cause d’une terrible gueule de bois, mais Ren l’a appelé ce matin et l’a traîné en classe. Son mal de tête ne s’arrange pas et il a envie d’aller se coucher. Mais il ramène toujours Ren, alors il va d’abord le déposer au café.

Si tu n’es pas là dans cinq minutes... tu vas au café tout seul, merde.

Pense Mork avec irritation, puis il entend une notification venant de son téléphone. Il le regarde, s’attendant à un message de Ren, mais il fronce les sourcils puisque ça vient de Sun.

Qu’est-ce qu’il a?



‘As-tu réussi à aller en classe ce matin?’



Mork est confus après l’avoir lu. Avant, ils étaient en mauvais termes, ils ne voulaient même pas se voir, encore moins s’appeler ou s’envoyer des messages. Mais après la bagarre au café, Sun a demandé à Ren son identifiant LINE. Comme Mork est toujours avec Ren, Sun peut contacter Mork s’il n’arrive pas à joindre son frère.

Pour cette raison, Mork ne s’est pas opposé à ce que Sun ait son numéro. Cependant, Sun ne lui avait encore jamais parlé d’autre chose que de Ren, et Mork n’envoie jamais de messages à Sun en premier.

Qu’est-ce qui se passe avec lui?

Mork est perplexe quant au comportement de Sun ces derniers temps. Il pense à ne pas répondre, mais il aurait l’impression d’agir bizarrement s’il ne le fait pas. Il décide donc de lui répondre puisqu’il n’a rien d’autre à faire que d’attendre Ren de toute façon.



‘Ouais.’

‘Bien.’

‘Tu as dit à Ren de m’appeler?’

‘Non, il a vraiment fait ça?’

‘Oui, c’est super chiant.’



“Tu envoies des messages à une fille?!”

Dit Ren et il s’assoit sur le banc en face de Mork. Ce dernier baisse immédiatement son téléphone et fait la moue à Ren pour avoir débarqué de nulle part. Il ne sait pas pourquoi il ne veut pas que Ren sache qu’il parlait à Sun. Il était juste... en train de parler au frère de son meilleur ami!

“Crache le morceau. A qui tu parlais?”

“Un ami.”

“Je pensais que c’était une fille. Je t’ai vu sourire et tout.”

“Va te faire foutre.”

Mork jette un regard noir à Ren. Pourquoi quelqu’un comme lui sourirait-il en parlant à un vieux schnock comme Sun? Impossible! Il était juste poli et il n’avait rien à faire en attendant Ren.

“Qu’est-ce que tu faisais d’ailleurs? Je pensais que tu étais mort dans les toilettes.” Mork change de sujet.

“Oh, c’est vrai. J’ai rencontré une fille. Trop mignonne,” dit immédiatement Ren à son ami. Il est encore sous le charme du joli visage et du doux sourire de Manao. “Teeeeeeeellement mignonne.”

“Alors c’est pour ça... que ça t’a pris si longtemps.”

“Je n’avais pas prévu de la rencontrer ou quoi que ce soit. C’était par hasard. C’est le destin.” Ren rayonne en parlant, ce qui fait que Mork se sent plutôt ennuyé. “Elle est au lycée. Je suppose qu’elle est venue ici pour utiliser la bibliothèque. Elle cherchait des informations pour travailler sur un devoir avec ses amies, tu sais.”

“Tu en sais autant?”

“Je les ai vues, elle et ses amies, se diriger vers la bibliothèque de notre faculté.” Ren sourit. “Son nom est Manao.”

“Tu t’imagines des choses? Tu as même son nom.”

“C’est vrai! Elle est trop mignonne. Vraiment mignonne, mec.”

Avec ce regard rêveur sur le visage de Ren, comme un garçon fangirlisant sur son idole, Mork fait une grimace d’ennui. Il est vrai qu’il n’a jamais vu Ren rêvasser à propos d’une fille, mais il ne croit pas qu’il sera sérieux cette fois-ci.

“Jette un coup d’œil à ça. J’ai une preuve.”

Ren sort son téléphone et montre à Mork la photo de Manao comme preuve. Il a l’air si enthousiaste et excité que Mork est agacé.

“J’ai pris une photo d’elle. N’est-elle pas mignonne?”

“Tu ne sais pas que c’est illégal?”

“Enfoiré! Je t’ai dit de regarder la photo.”

Mork jette un coup d’œil au téléphone que Ren lui tend.

“Plutôt mignonne.”

“Tu vois? Je te l’avais dit!”

Ren sourit si fort que ses joues pourraient se briser. Mork complimente rarement les filles. Si Mork dit qu’une fille est ‘mignonne’, ça veut dire qu’elle est vraiment mignonne et que Ren a bon goût, même si on dirait que Mork a dit ça juste pour le faire taire.

“Arrête de parler de ta Mara. Allons-y. Je veux aller au lit.”

“Elle s’appelle Manao, pas Mara.”

“C’est ça, celle-là. J’ai mal à la tête. Je veux dormir.”

“Oh, ouais. J’ai oublié que tu avais la gueule de bois.”

Ils discutent tout en marchant vers la grosse moto noire de Mork qu’il a garée à proximité... Mork pense soudain au comportement bizarre de Sun, et il décide de poser la question à Ren pour que cela dissipe ses doutes.

“Laisse-moi te demander quelque chose.”

“Quoi?”

“Est-ce que Sun t’a dit quelque chose?”

Demande Mork prudemment. Ils ont beau être meilleurs amis, ça fait bizarre de dire à Ren qu’il a rencontré Sun au bar et que ce dernier l’a raccompagné chez lui hier soir.

“Rien de spécial.”

“Vraiment?”

“Oui, mais... oh! Il m’a demandé pourquoi tu n’étais pas venu au café le soir comme d’habitude.”

Quand Mork ramène Ren au café, il y reste généralement jusqu’à la fermeture. Mais il est parti tôt hier car il devait retrouver ses amis du lycée, ce qui n’est pas étrange. Ce qui est étrange, c’est que Sun a demandé de ses nouvelles.

Sun l’a toujours regardé comme s’il voulait le virer du café.

“Il y a un problème? Sun t’a encore engueulé? Ne fais pas attention à lui. Il ne fait que râler.”

“Il n’y a rien de mal. Je demande juste.”

Répond Mork sans réfléchir puisque Ren se fiche de sa question de toute façon. Il tend un casque à Ren et démarre la moto, tout en se demandant ce que Sun pense exactement. Pourquoi Sun a-t-il demandé de ses nouvelles?

Mork n’arrive pas à savoir si Sun a vraiment agi bizarrement ou si c’est lui qui est trop méfiant...



Samedi

Chez Pete

Kao a fini par rester chez Pete la nuit dernière. Il a presque pleuré de culpabilité lorsqu’il a appelé sa mère hier soir parce qu’il a menti en disant qu’il avait encore un devoir à faire. Sa mère était d’accord avec ça, elle sait qu’il étudie beaucoup. Et Pete a continué à l’embêter, utilisant la façon dont Kao a dit ‘rompre’ trop souvent comme excuse pour le punir. Kao s’est promis de ne plus jamais prononcer ces mots à proximité de Pete. Heureusement pour lui, quand il a dit qu’il ne pouvait plus ouvrir les yeux, Pete n’en a pas trop fait comme l’autre nuit.

Sinon, il se serait endormi, laissant Pete au milieu de l’action!

Pete et Kao se réveillent tard et descendent prendre leur petit-déjeuner. Pete pleurniche, ne voulant pas manger le congee aux crevettes que la domestique a préparé. Il dit qu’il veut du pain et des œufs au plat et demande à Kao de le faire.

Kao sait que Pete l’embête, mais... il le fait quand même pour Pete.

“Je veux aussi des toasts.”

“Tu me commandes comme un jeune maître. Y aura-t-il un jour où tu ne m’embêteras plus?”

“Je ne cherche pas à t’embêter. Je demande à être aimé.”

“Conneries,” s’insurge tout de suite Kao. “Mon petit ami est comme un fardeau en ce moment. Je dois te donner des cours particuliers, j’ai à peine le temps de rentrer à la maison, je cuisine pour toi. Regarde-toi... As-tu déjà fait autre chose que de m’embêter, hein?”

“Je prends soin de toi.” Pete sourit fièrement, sans même sourciller. “Je te conduis partout, je t’achète des choses, et je m’occupe de tes sentiments. Bon sang... Je suis un petit ami si gentil, pas vrai?”

Kao pince les lèvres et roule des yeux. Comment peut-il résumer la situation comme ça et se féliciter de façon aussi éhontée?

“Pourquoi tu cuisines, fiston? Pourquoi ne dis-tu pas à la domestique de le faire pour toi?”

Pon, le chef de la maison, et également le père de Pete, est passé devant la cuisine. Il a vu Kao en train de cuisiner et n’a pu s’empêcher d’entrer pour le saluer. Il s’attendait autrefois à ce que son fils soit son successeur après avoir obtenu son diplôme, qu’il épouse une jolie fille et qu’il ait des enfants. Pon a été un peu choqué quand il a appris que Pete et Kao sortaient ensemble, mais il ne les a pas séparés. C’est pour le bonheur de son fils. Des choses comme ça ne peuvent pas être contrôlées.

De plus, ils n’ont jamais rien fait de terrible depuis qu’ils sortent ensemble. Ils se soutiennent mutuellement. Pete s’améliore dans ses études, se comporte bien et ne se bat plus. Kao est aussi devenu le fils préféré de Pon puisqu’il reste souvent chez lui.

“Quelqu’un veut que je le fasse.”

“Tu m’as balancé?!” Pete hurle.

“Tu as emmené le fils de quelqu’un ici et tu l’as fait cuisiner pour toi?” Pon gronde son fils. Pete pince les lèvres devant leur relation ‘père-fils’. Pete a l’impression d’être le fils d’un voisin.

“C’est juste un œuf au plat et un toast.”

“Pourquoi tu ne le fais pas toi-même?”

“C’est bon. C’est seulement de temps en temps. Vous en voulez aussi?” Kao aide Pete.

“C’est bon. J’ai pris mon petit-déjeuner tôt dans la matinée.” La voix de Pon s’adoucit quand il parle à Kao. “Pete a dit que tu restais ici jusqu’à lundi. Tu l’as dit à ta mère? Je ne veux pas qu’elle soit inquiète.”

“Je l’ai fait.”

“Bien. Si elle sait tout, elle sera moins inquiète.”

“Eh bien... Elle ne sait toujours pas que Pete et moi sortons ensemble.”

Pon reste silencieux pendant trois secondes. Il pensait que la famille de Kao savait qu’ils sortaient ensemble. Voyant l’expression sombre de Kao, Pete change tout de suite de sujet.

“Tu ne dois pas aller voir tes amis? Va-t’en. Ne dérange pas l’intimité de ton fils.”

“Oi! Ce morveux.”

“Va-t’en, papa. Ne sois pas la cinquième roue du carrosse.”

Pete pousse doucement le dos de son père hors de la cuisine. Leurs chamailleries détendent l’atmosphère, mais Kao est toujours inquiet. Il sait que sa mère devrait être l’une des premières personnes à qui dire quelque chose d’aussi important. Il a prévu de le lui dire un jour, mais chaque fois qu’il commence, il change d’avis.

Ce n’est pas aussi facile que vous le pensez... de dire à sa mère qu’on est gay.



Samedi après-midi

Supermarché T

Ren est venu aider Sun au café, comme toujours. Quand ils sont soudainement à court de provisions, il se porte volontaire pour aller au supermarché à moto. Ce n’est pas loin, seulement cinq minutes de trajet.

Ren s’apprête à rentrer chez lui après avoir tout récupéré, mais il aperçoit d’abord une fille qui sort du supermarché avec un tas de sacs de provisions. Il n’hésite pas à couper le moteur, à enlever le casque et à se précipiter vers elle. Il se souvient que c’est celle dont il est tombé amoureux hier.

C’est bien ça... C’est Manao.

“Besoin d’aide ?”

Ren s’avance devant Manao. Elle s’arrête et le regarde comme si elle lui demandait s’ils se connaissaient. Ren rit un peu parce qu’elle ne se souvient pas de lui alors qu’ils se sont rencontrés hier.

“Je m’appelle Ren. Nous nous sommes rencontrés hier. Tu ne te souviens pas, Manao?”

“Oh... Ren.” Manao sourit quand elle se souvient. “Désolé d’avoir été impolie. On s’est rencontrés hier mais j’ai oublié. Tu as l’air différent sans l’uniforme d’école. Tu vis dans ce quartier?”

“Pas vraiment.”

Le café de Sun est dans ce quartier, et leur maison n’est pas loin de là.

“C’est ton quartier?”

“Oui.”

“Laisse-moi t’aider. Ça a l’air lourd.”

“C’est bon. Je ne veux pas te déranger. Ma maison n’est pas loin d’ici.”

“Ce n’est pas grave. Je suis venu en moto. Je vais t’emmener. Je te promets que je ne te ferai rien.”

Manao regarde Ren, se demandant s’il offre sincèrement son aide. Mais il n’a pas l’air d’un mauvais garçon, alors elle le laisse enfin porter ses sacs. Il va juste la ramener chez elle... Ça devrait aller.

“Merci.”

“Indique-moi le chemin.”

“D’accord.”

Ils marchent vers la moto. Ren met quelques sacs à l’avant tandis que Manao porte le reste. Sa position assise semble inconfortable, alors Ren, ne voulant pas la faire sursauter, roule doucement.

“Pourquoi es-tu allé à ma faculté hier?” engage-t-il la conversation.

“Pour faire des recherches pour mon devoir avec mes amies. Je vais à…”

Manao lui indique le nom de son lycée, qui se trouve près de son université. Ren ne peut s'empêcher d’être heureux que non seulement son café se trouve dans son quartier, mais que son école soit également proche de son université.

Maintenant, j’ai une excuse pour la voir souvent...

“En quelle classe es-tu?”

“En première. Et toi?”

“C’est ma première année à l’université.”

“Mais c’est bientôt ta deuxième année.”

“Et tu vas être en terminale. Tu vas devoir passer un examen d’entrée bientôt, non?”

“Oui, j’ai commencé à me préparer. J’étudie tellement dur que j’ai mal à la tête.”

“Le café de mon frère est dans le coin. Si tu as besoin de changer d’air, tu peux y aller pour étudier pour un examen.”

“Vraiment? Ce serait bien.”

“C’est le Blue Sky Café. Tu y es déjà allée?”

“C’est le café de ton frère?” demande Manao avec excitation. Elle a l’air très surprise. “J’y suis allée plusieurs fois avec mes amies. C’est un très beau café. Le propriétaire est très beau. Les desserts sont teeeeeeeeellement bons.”

“Le propriétaire, c’est mon frère.”

“Il faut que je parle de ça à mes amies. Elles sont en pâmoison devant ton frère.”

“Hahaha. Amène tes amies là-bas, alors. Je dirai à l’employé de vous faire des réductions.”

“Tu le penses vraiment?”

En entendant sa voix joyeuse, Ren sourit à l’intérieur. Si Manao vient souvent au café, il aura l’occasion de la voir plus souvent aussi. Ils s’entendent même déjà bien. Il ne devrait pas être difficile de faire un pas vers elle.

Son cœur bat la chamade rien que d’y penser…

Blue Sky Café

Ren est revenu au café de bonne humeur. Il a pu voir Manao et sa maison. Sa famille semble assez riche. Elle est douce, mignonne et polie, exactement son genre. Même si elle est jeune, elle n’est pas trop jeune au point d’avoir l’impression qu’il ‘abuse’ d’elle.

Et il a juste quelques années de plus.

C’est juste idéal...

“Tu en as mis du temps.”

“Je suis tombé sur quelqu’un que je connais.”

Ren pose les trucs qu’il a achetés sur le comptoir et tire une chaise pour s’y asseoir. Il ne peut s’empêcher de sourire, et son frère le regarde avec irritation. Il a plutôt l’impression qu’il est tombé sur quelqu’un qu’il apprécie, et non sur quelqu’un qu’il connaît.

“Tu agis bizarrement depuis hier. Tu es amoureux, mec?”

“Comment tu le sais?! C’est parce que tu es amoureux toi aussi?”

Ren jette un coup d’œil à son frère, celui qui fait se pâmer toutes les filles... Sun est beau même avec une tenue décontractée. Son apparence est le centre de l’attention partout, malgré son absence d’effort pour être remarqué.

Pourtant... Sun est célibataire depuis des années maintenant. Tout le monde se demande pourquoi il n’est sorti avec personne depuis qu’il a rompu avec son ex-petite amie en troisième année d’université. Il n’a pas l’air d’avoir été traumatisé puisqu’il semble avoir bien supporté leur rupture. Sun et son ex sont même encore de bons amis.

“C’est bizarre que tu sois resté célibataire aussi longtemps. Des filles viennent ici tous les jours pour essayer de te courir après. Tu n’es pas intéressé?” demande à nouveau Ren, curieux. En fait, il a taquiné Sun comme ça plusieurs fois, mais Sun ne lui a jamais donné de vraie réponse.

“Je ne sors pas avec mes clients.”

“Ah bon? Ce n’est pas parce que tu vois quelqu’un et que tu me le caches?”

“Ne fourre pas ton nez dans mes affaires, gamin!”

“D’accord, d’accord. Je vais arrêter maintenaaaaaaant.”

Ren lève les mains en signe de capitulation lorsque son frère le foudroie du regard, mais il comprend pourquoi Sun ne se soucie guère de l’amour. Sun s’est préparé à ouvrir le café avant même d’obtenir son diplôme et il travaille depuis qu’il est diplômé. Il est occupé tous les jours, il n’a pas le temps de penser à l’amour.

“Bien! Je vais aller boire avec mes amis ce soir.”

“Encore?” Sun roule des yeux en direction de son petit frère.

“Encore quoi? Je ne suis pas sorti depuis des jours. Et tu es allé au bar il y a quelques jours.”

“Je suis plus vieux que toi. Quel âge as-tu pour vouloir boire?”

“Argh! Sun... Des enfants plus jeunes que moi vont même en boîte. Ce soir, c’est l’anniversaire de Bon. Il va se fâcher si je n’y vais pas.”

Ren utilise toutes les raisons auxquelles il peut penser pour se justifier. Mais ce qu’il a dit est vrai. C’est normal que les ados sortent le soir et ce n’est pas comme s’il allait causer des problèmes.

“Je promets que je ne me battrai pas.”

“Qui d’autre y va?”

“Moi, Bon, Golf, et Mork... Pourquoi tu demandes?”

“Pour rien. Fais juste attention quand tu es avec cette bande, surtout avec ton meilleur ami.”

“Mork s’est retenu ces derniers temps, tu sais.”

“Bien! Ne rentre pas tard à la maison.”

“Ouiiiiiiii, Papa.”

Ren presse ses mains ensemble et les lève au-dessus de sa tête d’une manière extrêmement sarcastique. Une fois leur conversation terminée, Ren s’assoit sans bouger, puis sourit à nouveau à lui-même parce qu’il pense à Manao. Comment Sun pourrait ne pas penser que son frère est amoureux?!



Cette nuit-là...

Mork dépose Ren à près d’une heure du matin. Il n’a pas beaucoup bu, sachant qu’il devait raccompagner Ren chez lui, contrairement à ce dernier qui a bu comme un trou. Si Sun les voit comme ça, Mork a peur qu’ils se fassent engueuler jusqu’au matin.

Ren vit dans un lotissement. C’est une maison assez grande, à deux étages, bien décorée, ce qui indique à quel point le propriétaire de cette maison est riche. Ren vit avec Sun, juste eux deux, car leurs parents ont divorcé quand ils étaient jeunes. Leur mère s’est remariée avec un riche étranger tandis que leur père travaille à l’étranger depuis qu’il sont au collège. Mais leurs parents les soutiennent toujours financièrement, et Sun s’est occupé de Ren comme s’il était son père.

Il n’est pas surprenant que Sun se comporte plus comme un père que comme un frère!

“Il est tard. Tu peux dormir ici,” bafouille Ren. Il est totalement ivre mais il lui reste encore un peu de conscience pour s’inquiéter pour son ami. “Je t’ai dérangé pour que tu me déposes chez moi. J’ai peur que tu fasses une sortie de route avant d’arriver chez toi.”

“Je ne suis pas aussi bourré que toi.”

“Pourquoi dis-tu cela alors que je suis juste inquiet. Viens, viens, viens, reste ici.”

“Non. Je ne veux pas écouter les remarques de ton frère.”

Mork refuse de rester sans hésitation. Il est resté dormir de nombreuses fois. Peu importe combien Sun le harcelait à l’époque, il ne s’en est jamais soucié, sauf les jours où il était trop fatigué pour provoquer Sun. Mais... après que Sun l’ait ramené chez lui ce jour-là, il n’a pas eu envie de le voir. Il s’est saoulé tout seul et s’est quand même fait engueuler ce jour-là.

Ils sont tous les deux ivres aujourd’hui. Sun va sûrement les engueuler jusqu’à ce que leurs oreilles soient engourdies s’il les voit.

“Sun ne te grondera pas. Depuis que tu l’as aidé à l’époque, il te considère de manière plus positive. Tu n’as pas remarqué? Il râle parce qu’il est inquiet pour toi. Tu vois comment il me harcèle?” Ren essaie d’expliquer de manière à ce que Mork prenne le harcèlement de son frère comme une bonne chose. Cela n’aide pas Mork à se sentir mieux, mais c’est quand même vrai.

Si Sun n’était pas inquiet, il ne se plaindrait pas ou ne s’en soucierait pas assez pour en parler.

“Laisse-le te harceler seul, alors. Quel genre de frère est-ce? Il te gronde comme un père.”

“Donc tu ne vas vraiment pas rester ici? Il est une heure du matin. Sun doit être en train de dormir maintenant.”

Avec Ren qui le presse comme ça, Mork commence à hésiter. Il est en fait trop fatigué pour rentrer chez lui en moto, et il lui faudra environ une heure pour y arriver. Il a tellement sommeil en ce moment qu’il accepte finalement de dormir ici.

Ren ouvre le portail de la maison. Mork gare sa moto dans le garage et suit Ren dans la maison en silence. Il ne veut pas réveiller Sun pour qu’il puisse lui faire la morale.

Il n’a aucune idée que... Sun est encore éveillé!

Une fois qu’ils sont entrés dans la maison, ils s’arrêtent tous les deux à la vue de Sun, assis sur le canapé du salon. Sun les regarde avec ses yeux perçants qui expriment bien que la raison pour laquelle il est réveillé n’est pas qu’il a été pris dans le film, mais qu’il attend quelqu’un qui est sorti et est rentré tard. Et regardez! Les deux semblent ivres.

“Sun... Tu... Tu es debout?”

Ren bégaie car il n’est pas prêt à gérer Sun. Il était tellement ivre qu’il était dans un état second, mais maintenant qu’il a vu le visage de son second père, il commence à être un peu plus sobre!

“Je regarde un film.” Sun donne une réponse courte.

“Oh... C’est vrai! Mork reste à la maison ce soir.”

Sun jette un coup d’œil à la personne à côté de son frère, sans dire un mot. Mork est également silencieux. Si ça avait été avant, Sun aurait déjà froncé les sourcils et l’aurait grondé. Bien sûr, Mork ne se laisse pas engueuler sans répliquer, mais maintenant, il y a quelque chose entre eux qui n’est... pas pareil.

“Il s’est bien comporté, Sun. Il a bu seulement un peu. C’est moi qui étais bourré, je pouvais à peine marcher. S’il ne m’avait pas ramené ici, j’aurais dormi au bar.” Ren prend la défense de son ami, de peur qu’il ne se fasse sermonner par son frère.

Ren ne veut pas que Sun gronde Mork au point que ce dernier se sente mal et arrête de venir ici. Ren lui-même ne sera jamais contrarié, peu importe à quel point il se fait gronder. Il sait que Sun fait ça par inquiétude.

Sun s’est occupé de lui à la place de leurs parents pendant des années. C’est normal qu’il se comporte chaque jour de plus en plus comme un père.

“Alors on va aller se coucher maintenant.”

Dit Ren, puis il fait un signe de tête à la personne à côté de lui, et entraîne Mork dans sa chambre avant que Sun ne puisse les gronder. Mork suit sans rien dire à Sun, mais bizarrement, il peut sentir les yeux de ce dernier rivés sur son dos.

Il n’a jamais été affecté par le regard de Sun, mais maintenant, il ne sait pas pourquoi ces yeux lui donnent ce sentiment troublant.

Et son cœur bat si vite.



“Toi et Sun, vous agissez bizarrement.”

Ren exprime sa pensée une fois qu’ils sont dans sa chambre.

“C’est-à-dire?” demande Mork, en fermant la porte, les yeux sur la personne qui s’installe sur le lit.

“Je ne sais pas. C’est difficile à dire.” Ren regarde Mork avec suspicion. “Est-ce que vous vous êtes disputés en secret?”

“Quand est-ce que ça aurait pu arriver? Tu l’aurais su si on s’était disputés.”

“Je pense, mais j’ai l’impression que tu l’évites. Mais pas parce que tu le détestes.”

Mork ne dit rien et se contente de jouer avec son téléphone, sans lever les yeux, même s’il n’est pas un accro du téléphone. Depuis que Sun et Mork ont commencé à penser positivement l’un à l’autre et la nuit où Sun l’a ramené chez lui, Mork peut sentir que Sun fait quelque chose d’ ‘inhabituel’ très souvent. Au début, il pensait que c’était dans sa tête, mais Ren semble le sentir aussi.

“Sun a agi bizarrement, en demandant toujours de tes nouvelles au milieu des conversations,” dit Ren, sans vraiment réfléchir, mais Mork reste perplexe devant ces mots. “D’habitude, il me réprimande comme un fou quand je suis bourré comme ça, mais cette fois... il n’a même pas dit un mot.”

“Il en a peut-être marre de te harceler.”

“La façon dont il t’a regardé était bizarre aussi.”

Le cœur de Mork bat la chamade mais il ne le montre pas. Quand il lève les yeux, Ren est déjà endormi après avoir lâché une bombe dans son cœur... Mork y pense attentivement et secoue la tête parce que ça pourrait juste être les paroles de Ren en état d’ébriété. Ce qui est bizarre, c’est son cœur qui tambourine.

Stupide...

Mork se réprimande, prend une serviette supplémentaire et quelques vêtements qu’il a laissés ici, puis il va à la salle de bain. Il n’a pas sommeil, alors il prend une douche avant d’aller se coucher. Mork s’installe rapidement sur le lit. Son estomac grogne au bout d’un moment car il n’a pas beaucoup mangé au dîner.

Et il ne peut pas dormir... avec son estomac qui grogne comme ça.

“Pourquoi ai-je faim maintenant?!”

Mork se murmure à lui-même, frustré, puisque l’horloge indique qu’il est presque 1h30. Il s’allonge à côté de Ren, qui est déjà au pays des rêves, et essaie de dormir, mais il n’y arrive toujours pas.

Son estomac va certainement continuer à gronder s’il ne le remplit pas avec quelque chose.

Mork regarde l’horloge à plusieurs reprises. Il est presque 2 heures du matin. Il décide de sortir de la chambre pour trouver quelque chose à manger. Toute la maison est silencieuse car Sun est allé se coucher. Au lieu d’avoir peur des fantômes ou du silence, il soupire de soulagement. Ça aurait été bizarre si Sun avait encore été dans le salon alors qu’il cherche quelque chose à manger dans la cuisine.

Mork sait que Sun ne se soucie pas beaucoup de lui, mais il ne peut s’empêcher de se sentir mal à l’aise.

Pour être honnête, s’il devait choisir entre Sun et les fantômes... il choisirait les seconds!

“Il n’y a rien à manger?”

Mork marmonne en ouvrant le réfrigérateur et en ne trouvant rien de prêt pour remplir son estomac. Il y a des légumes, des fruits et de la viande, tous non cuits. Il doit cuisiner ou se contenter de manger des nouilles instantanées.

Mork soupire à nouveau car il ne sait pas cuisiner. Sa domestique le fait toujours pour lui. Mais s’il ne mange pas... son estomac va continuer à protester jusqu’à ce qu’il le remplisse de quelque chose.

“Des nouilles instantanées, alors.”

Se dit Mork et il ouvre le placard. Il se souvient vaguement qu’ils gardent des nouilles instantanées ici. Quand il dormait ici et qu’il avait faim la nuit, Ren lui en faisait souvent. C’est pourquoi il est familier avec cette cuisine.

CLANK!

Mais... comme Mork n’est pas doué pour cuisiner et qu’il est plutôt négligent, sa main heurte accidentellement une casserole qui tombe sur le sol. Il a failli jurer par agacement. Heureusement que ce n’est pas un verre ou une assiette en céramique, sinon il aurait dû perdre du temps à nettoyer avec son estomac encore vide.

“Qu’est-ce que tu fais?”

Une voix brise le silence, faisant se redresser la personne qui s’était penchée pour ramasser la casserole. Mork se retourne et voit Sun qui l’observe silencieusement depuis la porte de la cuisine.

La main qui tient la casserole devient soudainement froide.

“J’ai faim, alors j’essaie de trouver quelque chose à manger, mais il n’y a rien dans le frigo.”

Répond inévitablement Mork. C’est mieux que de se taire et de laisser l’autre le fixer. Sun acquiesce, ouvre le réfrigérateur et verse de l’eau dans un verre. Mork suppose qu’il est venu chercher de l’eau et qu’il l’a vu laisser tomber la casserole... Ils ne s’étaient jamais retrouvés accidentellement seuls ensemble dans la cuisine, mais là, c’est arrivé.

“Où est Ren?”

“Il dort.”

“Des nouilles instantanées?” Mork hausse les épaules en guise de réponse. “Tu en as déjà fait?”

“Je peux le faire. Ça ne devrait pas être trop dur.”

Mork se gratte timidement le cou, comme il ne l’a jamais fait auparavant. Sun étouffe un rire. Il sait que Mork ne peut pas cuisiner ou faire des tâches délicates. Il n’est doué que pour... le combat et la violence.

“Assieds-toi. Je vais le faire.”

“C’est bon. Je peux le faire.”

“Assieds-toi. Tu vas salir ma cuisine.”

La voix de Sun est si sévère que Mork ne peut s’empêcher de poser la casserole sur le comptoir et de s’asseoir sur une chaise. Il suppose que Sun doit vraiment avoir peur de salir la cuisine. C’est pourquoi il s’est porté volontaire pour cuisiner pour lui.

Eh bien, il y a de fortes chances que Mork ruine la cuisine!

Le silence tombe dans la pièce, et Mork ne sait pas de quoi parler. S’ils se détestaient encore comme avant, il aurait pu juste essayer d’énerver Sun, mais maintenant, ils ne sont pas exactement en bons ou mauvais termes. Il ne sait pas comment agir, et le changement de comportement de Sun lui fait peur.

C’est pour ça... qu’il l’évite.

‘Sun agit bizarrement, il demande toujours de tes nouvelles au milieu des conversations.’

Les mots de Ren le font réfléchir à nouveau. Il pensait que c’était dans sa tête, mais... si Ren, le frère de Sun, peut aussi le sentir, ça veut dire que Mork n’invente rien.

Sun a tellement changé, mais Mork ne sait pas... pourquoi.

“As-tu toujours faim la nuit?”

Sun entame une conversation pendant qu’il cuisine. Il fait bouillir l’eau et lave les crevettes, un ajout pour les nouilles instantanées Tom Yum. En regardant de derrière, Mork peut dire que Sun est doué pour ça, et il ressemble à un homme au foyer.

“J’sais pas.”

“Qu’est-ce que tu veux dire?”

“Ce n’est pas comme si j’avais toujours faim la nuit. Quand j’ai faim, je trouve toujours quelque chose de prêt pour moi, contrairement à chez toi. C’est quoi ce bordel? Il n’y a rien du tout.” grommelle Mork. Le sentiment d’inconfort commence à s’estomper maintenant qu’ils parlent. Et puis... parler, c’est vraiment mieux que de rester assis en silence.

“Donc tu as si souvent faim que ta famille doit stocker de la nourriture dans le frigo pour toi.”

“Je trouve ta famille bizarre de ne rien avoir à manger dans le frigo.”

“On n’a pas faim la nuit.”

Mork pince les lèvres parce qu’il a l’impression que Sun vient de le gronder, mais il se souvient que lorsqu’il restait chez lui et qu’il avait faim, ils devaient toujours cuisiner. Ren lui a dit que Sun aimait la nourriture fraîche. Il cuisine juste assez pour chaque repas et déteste garder les restes dans le réfrigérateur parce que les odeurs s’échappent parfois, même s’ils sont correctement emballés.

Mork regarde Sun cuisiner en silence. Cet homme est vraiment beau dans tout ce qu’il fait.

Si agaçant...

“C’est fait.”

Dit la personne ‘agaçante’ en portant un bol de nouilles instantanées à l’air délicieux, plein de crevettes et de légumes, et elle le pose devant Mork, faisant gronder son estomac encore plus fort.

“Merci.”

Marmonne Mork, mais Sun peut l’entendre clairement.

“Alors tu peux parler gentiment, hein?”

Mork pense que Sun va partir et le laisser manger, mais... Sun prend un siège en face de lui, le faisant s’arrêter au moment d’attraper une fourchette et une cuillère.

Mork lève les yeux, confus.

“Pourquoi ne manges-tu pas? Tu n’as pas dit que tu avais faim?”

“Tu peux aller te coucher d’abord. Je m’occuperai de la vaisselle quand j’aurai fini.”

“C’est bon.”

“Qu’est-ce que tu veux dire?”

“Je vais m’en occuper. Tu n’as pas l’air de quelqu’un qui nettoie derrière lui.”

“Tellement gentil.”

Mork est sarcastique, évidemment, mais sa faim détourne son attention de la personne qui le regarde. Mork attrape la fourchette et la cuillère et commence à manger. C’est parce qu’il a faim ou quoi? Pourquoi a-t-il l’impression que c’est étrangement super délicieux?

“Ren a dit que tu t’es retenu de te battre. C’est vrai?”

Demande juste Sun. Il pose son menton sur la paume de sa main, observant la personne qui déguste les nouilles. Il ne peut s’empêcher de sourire. Quand on voit quelqu’un apprécier la nourriture que l’on prépare... on se sent heureux.

“Ne me fais pas la morale maintenant. J’apprécie les nouilles.”

“Je demande juste. Je n’ai rien dit.”

“Je ne commence jamais un combat.”

“Ah ouais...? Mais tu me provoques toujours.”

“Qui provoque qui? Dis-le clairement. Je pense que c’est toi qui me provoque en ce moment.”

Mork lève les yeux du bol vers le beau visage, et il est surpris de voir Sun le regarder manger comme si c’était un spectacle qu’il ne pouvait pas quitter des yeux.

À cette seconde, son cœur bat à nouveau très fort, tout comme lorsque Sun l’a regardé en entrant dans la maison…

“Eh bien... quand tu te bats, ça n’affecte pas les autres, mais ça t’affecte toi, non? Tu devrais l’éviter si tu peux. Au moins, tu ne seras pas blessé, et ta famille n’aura pas à s’inquiéter.”

La voix de Sun était toujours dure quand il grondait Mork, avec son visage tout sérieux, et il dégageait une aura sombre. Mais maintenant, il ne semble pas du tout comme ça. Le visage de Sun semble doux, et sa voix est si douce que Mork ne sait pas comment agir... La personne en face de lui est dans un mode qui ne lui est pas familier. Mork se dit d’agir naturellement, sinon il sera trop nerveux et ne saura pas quoi faire.

C’est un peu comme s’il se sentait timide.

Pourquoi est-il timide...? Il n’aime même pas Sun!

“Je sais.”

Mork répond comme ça, pensant que Sun ne fait que le harceler comme un vieil homme.

“Je sais que tu t’es parfois battu parce que tu essayais de protéger Ren.” La voix de Sun devient plus sérieuse, et ce qu’il dit est vrai. Mork n’a jamais pensé que Sun penserait à lui de façon positive comme ça. “Merci d’avoir pris soin de lui.”

“Hum.”

“Mais je te mets en garde parce que je m’inquiète aussi pour toi.”

Mork s’agite, le cœur battant plus vite, si vite qu’il a peur qu’il rebondisse sur sa poitrine, mais il se dit de garder son calme et de ne plus regarder Sun. Il n’a jamais évité le contact visuel avec quelqu’un, mais là, il n’ose même pas le maintenir avec Sun.

Il a peur que ses sentiments envers Sun deviennent plus confus s’il ne l’évite pas.

Avant, Mork détestait Sun, s’énervait contre lui et essayait toujours de se battre avec lui, mais c’était parce que Sun avait des préjugés contre lui. Même si Mork prétendait ne pas se soucier de ce que Sun disait, au fond de lui, il voulait que Sun ait une meilleure opinion de lui. Il pouvait agir comme s’il ne respectait pas Sun, mais en fait il le respectait plus que Sun ne l’aurait pensé, ou alors il aurait déjà levé la main sur Sun.

S’il ne respectait pas Sun, il n’aurait pas laissé Sun le gronder ou l’embêter plus de trois fois!

Jusqu’à ce jour... le jour où Sun a été attaqué. En voyant Sun être blessé, il était tellement furieux qu’il a plongé pour l’aider sans se soucier de sa propre vie. Il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle il s’inquiétait autant pour Sun, mais quand il a vu que le café pour lequel Sun avait travaillé si dur avait été détruit et quand il a vu que Sun était blessé, il a complètement perdu la tête.

Ils ont changé la façon dont ils se sentaient l’un envers l’autre ce jour-là. Sun a une meilleure opinion de lui maintenant, il peut le sentir. Mork sait aussi que son intérêt pour Sun à ce moment-là était ‘dangereux’.

C’est pourquoi il essaie de s’en éloigner.

“Tu ne veux pas dire quelque chose?”

“Hum.”

Mork répond comme s’il n’entendait pas la question et continue à manger sans rien dire de plus. Sun devient également silencieux, bien que son regard aiguisé soit toujours rivé sur Mork.

Mork avoue que ce repas... est sous une pression qu’il n’a jamais ressentie auparavant!



Lundi soir

Blue Sky Café

“La table trois a besoin d’un moka frappé et d’un gâteau aux fraises.”

Sun dit à l’employé après avoir récupéré les commandes, puis il voit Ren entrer dans le café. Son regard vif se pose automatiquement dans le dos de Ren. Il fronce les sourcils, surpris de voir Ren seul aujourd’hui... Mork ne l’emmène-t-il pas toujours?

Il est contrarié ou quoi? Mais nous avons très bien parlé la nuit dernière.

“Sun, fais-moi une limonade.”

Ren s’assoit au comptoir du bar dès qu’il est à l’intérieur. Il s’évente parce qu’il fait très chaud dehors, même si c’est le soir. Sun soupire en regardant son frère mais lui prépare quand même une limonade... tout en se demandant pourquoi Mork n’est pas venu au café dernièrement. Mork venait toujours ici même s’ils se disputaient tout le temps avant. Il n’essayait pas de l’éviter et venait même juste pour l’énerver.

Maintenant qu’ils ont commencé à s’entendre, Mork arrête de venir comme s’il voulait l’éviter. Mork n’a aucune idée que plus il essaie de se cacher, plus Sun devient curieux et veut le voir.

Les humains sont comme ça... Plus ils courent, plus on a envie de les suivre.

“Pourquoi es-tu arrivé tôt aujourd’hui?”

“Le cours s’est terminé tôt. Mais ça a pris tellement de temps pour arriver ici... La circulation était terrible.”

“Pourquoi es-tu venu seul? Où est ton pote?"

“Mork?” Ren demande à son tour, sachant bien que Sun ne parle pas de ses autres amis. “Nous étions dans des cours différents cet après-midi. Il doit avoir fini tard. Je suis revenu en premier parce que je m’ennuyais.”

“Je vois.”

Sun tend à son frère un verre de limonade pétillante fraîchement préparée.

“Il s’est passé quelque chose entre vous deux?”

Ren prend le verre et boit pour se rafraîchir, mais il garde son regard méfiant sur son frère. Sun lui a demandé des nouvelles de son meilleur ami si souvent ces derniers temps.

Mork lui a aussi demandé si Sun parlait de lui.

Il y a quelque chose qui cloche avec ces deux-là.

“Qu’est-ce qui aurait bien pu se passer? A quoi tu penses?!”

“Je ne veux rien dire de tel! Vous vous êtes disputés? C’est ce que je veux dire,” répond fortement Ren parce que la voix de Sun est si dure. Est-ce que c’est parce que la question de Ren n’est pas claire ou parce que Sun est tellement énervé qu’il y lit ‘trop’ de choses?

Mais... Sun n’est pas un pervers.

“Nous n’avons pas eu de dispute. Pourquoi tu demandes ça?”

“Je pensais que vous vous étiez disputés derrière mon dos parce que Mork semble t’éviter. Il a refusé de venir ici quand je lui ai demandé. C’est dur pour moi. Je dois revenir ici par moi-même certains jours.

Sun réfléchit, sans répondre. Il peut le sentir aussi.

“Tu es sûr qu’il ne s’est rien passé, Sun?”

“Il ne s’est rien passé!”

“Tu agis bizarrement aussi. D’habitude, tu t’en prends à lui, mais là, tu demandes de ses nouvelles quand il n’est pas là.”

“Je n’ai pas posé de questions sur ton ami.”

“Tu l’as fait indirectement à l’instant, n’est-ce pas? Même si tu ne demandes rien sur lui aujourd’hui, tu le feras demain. Si c’était une fille, je penserais que tu meurs d’envie de le draguer.”

“Tu es un putain de pervers.”

“Whoa! Tu as utilisé ‘putain’ juste parce que je plaisantais un peu?”

S’écrie Ren, mais au lieu de le laisser partir, Sun est sur le point de lui donner une claque sur la tête. Heureusement, la porte du café s’ouvre juste à temps. Ren sourit tandis que Sun marque une pause pendant plusieurs secondes... Ils sont en bons termes maintenant et ces deux-là viennent ici assez souvent, mais Sun se sent toujours bizarre.

Parce que les deux personnes qui viennent d’entrer dans le café sont Pete et Kao.

Kao est le meilleur ami de Ren et il est proche de Sun. Sun est sorti une fois avec une fille, ce qui lui a fait réaliser qu’il aimait les garçons, il a donc rompu avec son ex et s’est rapproché de Kao.

Comme ils se connaissent depuis des années et qu’ils se sont toujours bien entendus, sans compter la gentillesse de Kao, Sun a commencé à avoir des sentiments pour lui. Mais quand il s’en est rendu compte et a fait des avances à Kao, ce dernier a commencé à sortir avec Pete. Sun n’a même pas pu se confesser, et il a choisi de rester silencieux, sachant qu’il était inutile d’exprimer ses sentiments.

Parce que... cela aurait pu mettre Kao si mal à l’aise qu’il n’aurait plus su comment se comporter avec Sun.

Sun avait le cœur brisé, mais ça ne l’a pas abattu tant que ça. Cela pourrait être dû au fait que ses sentiments n’ont été construits que pendant un court laps de temps, et que Sun est une personne qui accepte, donc il n’a pas poursuivi Kao ou ne l’a pas mis mal à l’aise.

Maintenant, lui et Kao sont toujours amis et frères.

Pete et Kao n’ont pas annoncé ni dit à personne qu’ils sortaient ensemble. Ren pense même qu’ils sont juste meilleurs amis, mais... Sun le sait, par son instinct.

“Eh biiiiien, qu’est-ce qui amène ces jeunes mariés ici?”

Ren salue leurs clients particuliers qui entrent dans le café. Il ne sait pas qu’ils sont en couple, mais ces deux-là sont si proches et toujours ensemble que Ren ne peut s’empêcher de les taquiner.

“Fais attention à ce que tu dis! Les gens vont mal comprendre.”

Kao fixe Ren d’un regard noir. Il sait que Ren ne sait pas qu’ils sortent ensemble. Il les taquine juste puisqu’ils sont toujours ensemble, mais ça fait peur à Kao chaque fois qu’il est taquiné.

C’est quelque chose dont on devrait plaisanter?!

“Tu es timide?”

“Timide mon cul. Je ne veux pas que les gens se méprennent.” Kao a vraiment envie d’étrangler son ami. C’est comme s’il mettait de l’huile sur le feu. “Tu n’as pas idée. Pete est un vrai playboy. Je me ferai couper la tête si les filles entendent une fausse rumeur.”

“Je plaisante. Tu n’as pas besoin d’être si sérieux.” Ren rit et sent soudain que quelqu’un s’est tu, comme s’il n’existait plus. “Qu’est-ce qui ne va pas, Sun? Pourquoi es-tu silencieux? Tu m’as grondé si fort tout à l’heure.”

“Rien. Je suis juste surpris que ces deux-là soient venus,” répond Sun avec un sourire.

“Pourquoi surpris? J’ai emmené Pete ici assez souvent.”

“Que voulez-vous boire?” demande Sun.

“Un moka frappé, comme d’habitude, s’il te plaît.”

“Pete?”

“Un moka chaud, s’il te plaît.”

Pete et Kao se dirigent vers une table vide, et Ren se lève pour s’asseoir avec son ami. Sun remet leurs commandes à l’employé, les yeux toujours fixés sur le couple, sans remarquer que la porte s’ouvre à nouveau.

Et la personne qui entre est... Mork.



Quel regard triste il fait, urgh!

Mork pensait que Sun avait déjà oublié Kao parce qu’ils agissaient normalement l’un envers l’autre. Les sentiments de Sun à cette époque ne faisaient que commencer, et ça fait un moment. Pourtant, à en juger par la façon dont Sun regarde Kao aujourd’hui... Mork sait qu’il a eu tort! Sun n’exprime peut-être pas clairement ses sentiments, c’est pourquoi même Ren ne le remarque pas, mais Mork peut dire ce que Sun ressent envers Kao puisque Mork observe toujours Sun. C’est vrai! Ce n’est pas platonique, c’est sûr!

Sun ne doit pas être capable d’oublier Kao comme Mork le pensait...

Ce dernier se sent découragé rien qu’en y pensant. Il ne sait pas trop pourquoi, cependant. Tout ce qu’il sait, c’est qu’en repensant à l’époque où Sun était étrangement gentil avec lui, s’inquiétait pour lui et prenait soin de lui tout en gardant Kao dans son cœur... Mork se sent déprimé. Il n’a jamais laissé quelqu’un avoir une telle influence sur ses sentiments. Sun lui a fait ressentir quelque chose qu'il n’avait jamais ressenti. Et maintenant qu’il l’a ressenti, il ne peut plus l’ignorer.

Il déteste vraiment ne pas pouvoir contrôler son cœur comme ça!

Il y a beaucoup de raisons pour qu’un gars mal élevé comme Mork s’améliore: l’âge et la maturité, pour sa famille et son propre avenir, et une partie de lui admet que c’est aussi à cause de... Sun.

Mork veut que Sun ait une meilleure opinion de lui. Il sait que l’ex de Sun est une personne très gentille. Sachant cela, il réalise que c’est lui qui est stupide de vouloir remplacer Kao, car il ne pourra jamais le faire.

Et même s’il y arrive, il ne sera que le remplaçant de Kao!

“Hé! Comment ça se fait que tu sois là? Tu n’as pas cours?”

Ren salue bruyamment Mork quand il l’aperçoit. Mork se ressaisit. Il agit normalement et marche vers son ami sans un regard pour Sun, bien qu’il sache que dès que Ren l’a appelé... Sun l’a déjà vu.

“Le professeur est parti tôt. Je suis venu ici pour te donner les polycopiés que tu as oubliés pour que tu puisses finir le devoir à rendre demain,” dit Mork, puis il prend les polycopiés dans son sac à dos et les donne à Ren. “Fais plus attention la prochaine fois, comme ça tu n’auras plus à me déranger”.

“Whoa! Quel bon gars,” taquine Pete.

Mork et Pete étaient en mauvais termes au point de se battre physiquement, mais un événement leur a fait trouver une trêve, et ils sont devenus amis comme ils le sont maintenant.

Ils ne sont pas les meilleurs amis et se chamaillent parfois, mais ce n’est pas grave.

“Qui pourrait être comme toi?” dit Kao avec agacement.

“Je ne me contenterais pas de te donner les polycopiés directement chez toi, mais je resterais pour t’aider à le faire.” se défend Pete.

“Je déteste les gens qui se vantent.”

Kao pince les lèvres, son agacement s’intensifie car Pete s’est vraiment surestimé. La vérité, c’est que Pete n’aide un peu que lorsqu’il reste chez lui, et le reste du temps... il le passe à embêter Kao!

“Je m’en vais,” dit Mork à Ren, fatigué d’écouter les gens se chamailler.

“Quoi?! Pourquoi ne manges-tu pas quelque chose d’abord? Pete est ici, tu pourrais aussi bien te battre avec lui.”

“Nan, j’ai des choses à faire.”

Mork rejette l’invitation de Ren. Ce n’est pas comme s’il en voulait encore à Pete puisqu’ils sont en bons termes. Il ne peut juste pas supporter de voir la façon dont Sun regarde Kao. Avec cette pensée, Mork décide de ne plus laisser Sun avoir une influence sur ses sentiments. Peu importe à quel point il peut changer, Sun ne le regardera jamais de toute façon.

Si Sun le regarde mais le voit comme le remplaçant de quelqu’un d’autre, Mork ne fera que s’apitoyer sur son sort.

Revenir à la façon dont il a vécu est suffisant...

“On se battra la prochaine fois, Pete.”

“D’accord!”

Mork esquisse un petit sourire et part sans rien dire à Sun. Ce dernier le regarde partir avec une question en tête. Il se souvient qu’ils ont bien parlé la dernière fois, mais pourquoi Mork a-t-il été si froid avec lui aujourd’hui? C’est comme si Sun avait fait quelque chose qui l’avait contrarié. S’il demande à Ren, il a peur d’être interrogé et d’être trop soupçonneux.

Finalement, Sun décide de garder cette question pour lui.



Cette nuit-là...

Chez Kao

Pete conduit Kao chez lui. Ils discutent comme d’habitude, mais Kao sent que quelque chose ne va pas. C’est comme si Pete avait quelque chose en tête. Même s’il n’en parle pas, Kao, en tant qu’amoureux, peut lire en lui comme dans un livre. Il remarque même un petit changement chez Pete. Pourtant... si Pete ne le dit pas, Kao ne demandera pas.

Lorsque la voiture s’arrête et que Kao est sur le point de descendre, Pete lui attrape le poignet. Avec ce seul mouvement, Kao sait que quelque chose dérange vraiment Pete. Kao ne demande toujours pas et attend qu’il commence.

“Faut qu’on parle”

La voix de Pete est sévère. Kao se retourne pour regarder son visage grave et beau. En fait, il voulait demander à Pete au moment où il a senti qu’il agissait bizarrement, mais il voulait que Pete parle en premier.

“Qu’est-ce qu’il y a?”

“Il y a quelque chose de bizarre chez Sun.”

“Quoi encore?”

Sachant de quoi il s’agit, Kao soupire et cesse de s’inquiéter. Au contraire... il trouve ça amusant. Alors Pete a l’air troublé parce qu’il est jaloux?

Depuis qu’ils ont commencé à sortir ensemble, Pete peut être drôlement jaloux parfois.

“Kao! Pourquoi tu rigoles? Je suis sérieux là.”

Pete ébouriffe rudement les cheveux de Kao. Kao rit et balaie doucement sa main.

“Tu t’imagines des choses. Sun ne craque pas pour moi.”

Dit Kao, espérant que ça mettra Pete à l’aise. De plus, Sun ne ressent vraiment rien pour lui, et Kao n’a jamais eu de sentiments pour Sun. Pete a toujours été le seul dont il est tombé amoureux.

“Je ne pense pas que Sun m’ait jamais aimé. C’est toi qui réfléchis trop et qui t’imagines des choses.”

“Quelle naïveté! Tu chevauches une licorne sur l’arc-en-ciel?”

“Joli coup.”

“J’ai vu la façon dont il te regardait. Ce n’est pas la façon dont on regarde une connaissance. Je pense que ses sentiments pour toi sont toujours là.”

“Donc tu m’as demandé d’aller au café avec toi à l’improviste juste pour voir sa réaction?”

“Eh bien…” Pete est sans voix maintenant qu’il s’est fait prendre.

Il admet que Kao a raison. Comment peut-il ne pas être inquiet? Kao était si méchant avant qu’ils ne commencent à sortir ensemble. Il s’est rapproché de Sun pour faire pression sur Pete afin qu’il admette ses sentiments et décide finalement de sortir avec Kao. Même si Sun a gardé ses distances ces derniers temps, ça énerve toujours Pete.

Regardez le visage de bébé de Kao... Cet homme peut parfois être un loup déguisé en mouton!

“Si tu ne me dis pas la vérité, tu ne peux pas rester chez moi ce soir.”

Vous voyez comme son petit ami est méchant!

Menacé, Pete regarde son petit ami comme s’il disait, ‘Tu es de plus en plus méchant chaque jour’. Est-ce parce que Kao sait qu’il a le dessus maintenant? C’est pour ça qu’il le menace toujours comme ça? Bien que sachant cela, Pete ne peut toujours rien faire.

Que peut-il faire alors qu’il est tombé amoureux de Kao?!

“C’est vrai, je l’admets. Mais ça a marché. Tu ne l’as pas vu?”

Sun avait ce regard persistant quand il te regardait... pense Pete en silence.

“Honnêtement, Pete, tu es ridicule.”

Kao essaie d’empêcher Pete d’être déraisonnablement jaloux. Même si Sun a des sentiments pour lui, rien ne se passera tant que Kao n’aura pas aussi des sentiments romantiques. Et surtout... Sun n’a plus de sentiments pour lui.

“Je ne peux pas baisser ma garde avant que Sun ne sorte avec quelqu’un.”

“Tu penses que je suis si charmant?”

“Je ne sais pas, mais tu es assez charmant pour rester dans le coeur de Sun, c’est sûr.”

“C’est absurde.”

Kao fait une grimace pour cacher sa timidité et descend de la voiture en un instant. Pete le suit tout de suite. Il verrouille la voiture et suit Kao à l’intérieur puisqu’ils ont convenu de rester chez Kao aujourd’hui. Pete en a déjà parlé à son père.

Mais... même s’ils ne s’étaient pas mis d’accord, Pete aurait quand même dormi chez Kao. Il a ‘une mission importante’ pour rappeler à Kao qu’il est son petit ami et qu’il n’a pas le droit de regarder quelqu’un d’autre!



La maison de Kao est une simple maison à deux étages. Elle n’est pas grande, mais elle est propre, bien rangée et agréable. Sa famille compte trois membres : sa mère, lui et Gib, sa petite sœur.

Sa mère est professeur dans un lycée, tandis que sa sœur est en 3ème. Son père est décédé il y a longtemps. Même si Kao et sa sœur sont élevés seuls par leur mère, il n’a jamais senti que sa famille manquait de chaleur et d’affection. Surtout maintenant... avec l’arrivée d’un nouveau membre, Pete, dans sa famille. Pete est resté chez lui tellement de fois. Si Kao ne le laisse pas faire, Pete le traînera chez lui de toute façon.

“Salut, maman.”

Ils entrent tous les deux dans la maison et trouvent Kaewkarn en train de corriger les copies de ses élèves. À côté d’elle, Gib et Jubjang, l’amie de Gib, travaillent sur leurs devoirs, toujours dans leurs uniformes scolaires.

Une fois Pete et Kao à l’intérieur, Jubjang lève immédiatement les yeux...

“Pete reste à la maison ce soir, maman.”

“C’est super. Je pensais faire du curry vert, le préféré de Pete.”

“Seulement le préféré de Pete?” Kao fait la moue.

Pete dit toujours que Kao est le fils préféré de son père, mais Pete est aussi le préféré de la mère de Kao.

“Tu as dit que tu en avais envie, n’est-ce pas, Kao? Vous allez travailler sur vos devoirs?”

“Oui, maman,” répond rapidement Pete.

“Je n’ai pas vu June, Thada et Sandee ces derniers temps.”

“La plupart des devoirs sont des travaux en binôme, maman. Il n’y a pas beaucoup de travaux de groupe.” Kao invente une excuse. Il se sent coupable au fond de lui d’avoir utilisé les devoirs et les études comme excuse pour être avec Pete.

Mais s’il dit la vérité à sa mère... il pense que c’est mieux de continuer à mentir pour l’instant.

“Amène ces trois-là la prochaine fois pour le dîner. C’est amusant de parler à June. Je l’aime bien.”

“C’est plutôt un moulin à paroles, maman,” dit Kao en riant.

“Hé! N’appelle pas ton ami comme ça. Va travailler en haut. J’enverrai Gib vous appeler tous les deux quand le dîner sera prêt.”

“D’accooooooord.”

Kao conduit Pete à sa chambre. Ce n’est pas aussi grand que la chambre de Pete, mais c’est bien organisé et propre. Et un petit lit a son propre avantage: Pete aura une excuse pour faire des câlins à Kao.

Une fois à l’intérieur, ils referment la porte. Pete s’installe sur le lit comme si c’était le sien et regarde Kao se diriger vers le bureau, s’asseoir sur une chaise et ouvrir son ordinateur portable.

“La façon dont l’amie de Gib t’a regardé était bizarre.”

“Tu recommences.”

“Je ne suis pas jaloux.” Une personne jalouse est rapide pour se défendre. Il ne s’agit pas de sa jalousie cette fois, il a senti que quelque chose n’allait pas. “Pour être précis, elle nous a regardés bizarrement.”

“Comment?”

“Je ne suis pas sûr. Elle nous a regardés et a rougi.”

“Je pense que tu t’imagines trop de choses. Et regarde... tu m’as encore fait mentir à ma mère.”

“Faisons nos devoirs. Faisons-le, faisons-le.” Pete n’est pas gêné.

“Tu fais toujours ton visage heureux, hein?”

Kao attrape un stylo sur le bureau et le jette sur l’heureuse personne avec agacement.

“C’est parce que tu ne dis pas à ta mère qu’on est amoureux. Tout ira bien si tu lui dis, non?”

“Comment je peux lui dire ça? Je suis son seul fils.”

“Je suis le fils unique de mon père, et il est d’accord pour nous. Il nous soutient même. Tu te sentiras soulagé quand tu lui auras dit. Plus de malaise,” dit Pete. Il ne veut pas non plus mentir trop souvent à la mère de Kao, mais si Kao n’est pas prêt, il n’a pas d’autre choix que de le laisser faire.

Pete sait que la raison pour laquelle Kao n’est pas prêt à parler à sa mère de leur relation est qu’il a peur que sa mère ne puisse pas l’accepter. Pete pense que ce n’est peut-être pas aussi grave que ce que Kao craint, car il était anxieux tout comme Kao l’est maintenant.

Bien sûr... Pete a toujours su à quel point les attentes de son père à son égard étaient élevées depuis que sa sœur était morte dans un accident de voiture. Pete ne voulait pas inquiéter son père, alors il a promis de bien se comporter et d’étudier dur, et il a tenu sa promesse. Et ce n’est pas tout! Son père a également mentionné qu’il souhaitait que Pete se marie et ait un enfant pour perpétuer la lignée familiale.

Pete pensait que son père ne pourrait pas non plus l’accepter, mais Pon ne s’y est pas opposé quand il l’a appris. Il aime et accepte son fils quoi qu’il arrive. Il les soutient même, leur disant d’être là l’un pour l’autre. Puisque son père est si bon avec lui, Pete l’aime encore plus et est déterminé à être un bon fils qui ne décevra jamais son père.

Et donc il pense que... Kao devrait trouver une opportunité de le dire à sa mère aussi.

“C’est différent.” La voix de Kao s’adoucit. Ce n’est pas qu’il ne veuille pas le dire à sa mère, mais il y a beaucoup de choses qui l’inquiètent. “Elle est de la vieille école. J’ai peur qu’elle ne soit pas capable de l’accepter.”

“Mais elle t’aime tellement, et elle m’apprécie.”

“C’est parce qu’elle n’a pas appris la vérité…”

Kao a l’air stressé maintenant qu’ils parlent de son inquiétude. En voyant comment la famille de Pete accepte tout, Kao se sent d’une certaine façon encore plus sous pression. Pete soupire en voyant l’expression du visage de Kao.

“Très bien, très bien. Arrêtons de parler de ça.”

Dit doucement Pete, ne voulant pas que Kao soit stressé, sous pression, ou inquiet du tout. Il se lève et se dirige vers Kao avant d’ébouriffer doucement ses cheveux et de le serrer par derrière pour le réconforter.

“Tu n’as pas à lui dire si tu n’es pas prêt. Je suis d’accord avec tout. Dis-lui quand tu seras prêt.”

Kao n’a pas de mots à dire, il se tourne simplement vers Pete. Ils se regardent dans les yeux. Pete ne dit rien de plus puisque Kao a toujours l’air troublé. Il se rapproche seulement de Kao et l’embrasse doucement pour qu’il se sente mieux...



Quelques jours plus tard

Chez Mork

Mork se réveille à presque 9 heures du matin, mais ne sort toujours pas du lit. Il joue avec son téléphone sans rien faire, en pensant à ce qu’il va faire aujourd’hui. Il y a une interrogation le lundi. Ren lui donne habituellement des cours particuliers, mais il doit être au café parce que c’est dimanche. Si Mork veut que Ren lui donne des cours, il doit y aller.

Je ne veux pas voir le visage de Sun...

Cette pensée surgit dans son esprit. Il a évité Sun pendant plusieurs jours. Il est venu prendre Ren plus tard que d’habitude et lui a dit d’attendre dans la rue principale. Il ne s’est pas non plus attardé au café après avoir déposé Ren, disant que le trafic était terrible, qu’il devait dîner avec ses parents, ou qu’il devait retrouver ses anciens amis.

Ren est maintenant sûr qu’ils ont une sorte de problème, mais... ce n’est pas comme s’ils avaient un problème. C’est plus comme si Mork fuyait le problème parce qu’il se sent tellement confus qu’il a besoin de prendre du recul.



‘Pourquoi n’es-tu pas venu au café dernièrement?’



“Quoi?!”

Mork est surpris de voir ce message surgir de nulle part. Comment peut-il ne pas l’être? Sun lui a envoyé un message alors qu’il pensait à lui, et ils n’en ont pas échangé depuis un bon moment.

De plus... ce n’est pas comme s’ils avaient l’habitude de s’envoyer des messages.

En parlant du diable!



‘Quelque chose ne va pas?’

‘Je t’ai contrarié?’



Mork ne sait pas quoi penser de ces messages. Ce n’est qu’une conversation normale, mais son cœur bat si fort qu’il s’insulte lui-même. Il ne comprend pas pourquoi Sun a soudainement décidé de lui envoyer un message.

Ne lui dites pas que Sun ne supporte pas d’être évité par lui.

Mork ne peut pas le croire! Il n’est pas si important pour Sun.

Mork fixe l’écran mais ne répond pas. Il ne clique même pas pour les ouvrir car il ne veut pas que Sun sache qu’il les a tous lus.



‘Alors, qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui, M. Mork?’



Ren lui envoie un texto à propos des cours particuliers alors que Mork pense aux messages de Sun. Il se demande si Ren et Sun sont proches l’un de l’autre en ce moment. S’il répond à Ren et pas à Sun... comment Sun se sentira-t-il?

“Que dois-je faire?”

Mork n’a jamais pensé qu’il se retrouverait coincé dans ce genre de situation et inquiet de ces conneries. Il décide enfin de répondre à Ren. Ses notes sont plus importantes que les messages de Sun.

Il est peut-être indiscipliné, mais il n’abandonne jamais ses études. Il sait qu’il doit hériter de l’entreprise familiale parce qu’il est fils unique, et son père ne fait probablement pas confiance à d’autres personnes que son fils pour s’occuper de ses affaires.



‘Tu veux toujours que je te donne des cours?’



Demande Ren à nouveau puisqu’il n’y a pas de réponse de Mork.



‘Si tu ne me donnes pas de cours, quel genre d’idiot le fera à ta place?’

‘Espèce de petite...’



Ren n’a pas tapé ‘merde’, sachant que c’est une insulte suffisante.



‘Quand est-ce que tu arrives?’

‘On peut étudier chez moi?’

‘C’est pratique pour toi.’

‘Alors allons dans un autre café.’

‘J’ai besoin d’aider ici, sinon Sun va me harceler jusqu’à ce que mes oreilles saignent.’



Mork sait que c’est difficile pour Ren de venir le voir dehors ou d’étudier chez lui, mais Mork a quand même essayé de lui demander puisqu’il ne veut pas vraiment voir Sun. S’il pouvait bien se concentrer et était plus intelligent, il étudierait tout seul chez lui. Et ses autres amis ne sont pas meilleurs que lui.



‘Mais pourquoi? As-tu un problème avec Sun?’



La question de Ren est un couteau dans le cœur. Mork ne peut pas l’entendre, mais avec seulement ces mots, il peut sentir que Ren est vraiment suspicieux à leur sujet, et sa question est aussi sérieuse.



‘Non.’

‘C’est comme si tu l’évitais.’

‘Je t’ai dit que ce n’était rien, c’est tout.’

‘Tu es sûr?’

‘Oui, pourquoi tu continues à demander?’

‘S’il n’y a rien, alors super. Viens vite. Il n’y a pas beaucoup de clients en ce moment. J’ai encore un peu de temps pour te donner des cours.’

‘Ouais, ouais. Arrête de me harceler.’



Mork pose son téléphone et soupire... Il a décidé d’y aller parce qu’il n’y a pas d’autre choix. Et s’il refuse d’y aller, Ren croira qu'il a vraiment un problème avec Sun, et il ne veut pas que Ren pense ça.

C’est pourquoi cette décision devrait être la bonne.



Mork prend une douche, s’habille, et part. Il lui faut un peu de temps pour se rendre au Blue Sky Café en moto. Lorsqu’il est sur le point de tourner dans la ruelle, son regard accroche une fille qui se tient devant une épicerie. Il ne s’en soucierait pas beaucoup si elle n’était pas harcelée et si elle n’était pas une fille dont Ren a parlé la dernière fois.

C’est vrai... Mork se souvient que c’est Manao!

ZOOOOOM!

Mork l’a dépassée d’une courte distance et décide de faire demi-tour. Il se sentira coupable s’il ne l’aide pas. Même si ce n’est pas une fille que son ami aime, il va l’aider de toute façon.

“Je veux juste ton numéro. Tu ne peux pas me le donner, ma mignonne?”

Un type maigre, fortement tatoué, au teint foncé, aux cheveux blonds, aux deux oreilles percées, portant un jean slim, avec une attitude méchante, tend son téléphone à Manao. Son acolyte, qui a le même look, fait le guet derrière. Manao semble effrayée, au bord des larmes. Elle secoue la tête en signe de refus.

N’importe quelle fille dans cette situation aurait certainement peur car la personne qui lui demande son numéro a l’air si hostile, que ce soit par sa façon de s’habiller, son visage effrayant et ses manières intimidantes.

“Allez, donne-le moi.”

“Non! Va-t’en. Je vais rentrer chez moi.”

“Donne-moi ton numéro et je te laisserai partir. Je peux même te ramener.”

Après avoir observé pendant un moment, Mork enlève son casque quand il est sûr que Manao a besoin d’aide.

“J’ai dit non.”

“Bien! Si tu ne me donnes pas…”

Ce gars se rapproche de Manao. Elle regarde autour d’elle comme si elle était sur le point de crier à l’aide, mais ce connard n’est absolument pas affecté.

“Si elle ne veut pas te le donner, alors arrête!”

Mork s’interpose entre Manao et le type, lui faisant arrêter la main qui se tend pour la saisir. Bien qu’elle ne sache pas qui est Mork, Manao se cache tout de suite derrière lui comme s’il s’agissait d’un bouclier.

“C’est pas tes affaires.”

“Elle ne te concerne pas.”

“Elle me plait. C’est quoi ton putain de problème?”

“Mais tu ne lui plais pas.”

Mork répond sans crainte même si ce type est tellement énervé que son visage est devenu tout rouge et qu’il pourrait donner un coup de poing n’importe quand. Ils ne sont que deux... Mork peut gérer ça.

“Qui tu es, bordel? Dégage si tu ne la connais même pas.”

“Tu crois qu’elle va aimer une ordure comme toi?”

“Pourquoi tu fourres ton nez là-dedans, putain?!”

Ce type est tellement en colère qu’il pousse la poitrine de Mork. Mork le repousse encore plus fort, l’envoyant voler vers son acolyte. Ce gars fixe Mork, prêt à se battre. Mork est aussi prêt à le frapper.

‘Je sais que tu t’es parfois battu parce que tu essayais de protéger Ren... Merci d’avoir pris soin de lui.’

‘Hum.’

‘Mais je te mets en garde parce que je m’inquiète aussi pour toi.’

Les mots de Sun qui apparaissent dans sa tête le calment un peu. Si ça avait été avant, il n’aurait pas seulement repoussé l’autre, mais il l’aurait déjà frappé ou lui aurait botté le cul!

“Toi!”

Ce crétin est sur le point de s’élancer en avant pour frapper Mork, mais son acolyte, qui a l’air plus calme, lui attrape le poignet en premier.

“Battons en retraite pour l’instant, Ton. Ce connard a l’air plutôt sérieux.”

Chuchote-t-il. Ton fixe à nouveau Mork.

“Tu ferais mieux de surveiller tes arrières. Ce n’est pas encore fini!”

Ton pointe le visage de Mork et retourne à sa moto avec son acolyte juste derrière. Ils disparaissent tous les deux en une fraction de seconde, sans oublier de lancer un regard noir à Mork.

Mork n’a pas peur d’eux, la personne dont il devrait s’inquiéter est Manao.

Si ces types la harcèlent à nouveau et que personne n’est là pour l’aider, que fera-t-elle?

“Tu vas bien?” demande Mork à la fille qui se cache dans son dos une fois qu’il s’est calmé. Il ne peut s’empêcher de penser que c’est le revers de la médaille des jolies filles - elles se font trop remarquer et s’attirent des ennuis.

“Je vais bien, euh... Tu…”

“Je suis Mork. Tu es Manao, c’est ça?”

“Oui.” Manao hoche la tête. “Tu me connais?”

“Je suis l’ami de Ren. Il m’a parlé de toi et m’a montré ta photo.”

“Ren... Oh! Son café est par ici, non?”

Manao sourit parce qu’elle se sent en sécurité maintenant. Comme Mork l’a sauvée et qu’il est ami avec une bonne personne comme Ren, elle pense qu’il n’a probablement pas de mauvaises intentions envers elle.

“Ouais, lui.”

“Le monde est si petit.”

“Où vas-tu? Tu as besoin d’un chauffeur?”

“Je faisais des courses et j’allais rentrer chez moi quand ils sont arrivés.”

“Fais attention la prochaine fois. C’est dur parce que tu es jolie.”

“... Ok.” Manao acquiesce.

Le mot ‘jolie’ qu'il a dit sans trop réfléchir fait battre son cœur.

“Ta maison est dans le coin? Je vais t’emmener parce qu’ils pourraient revenir vers toi.”

“Merci.”

Mork l’aide à porter les sacs d’épicerie et la conduit à sa moto.

“Tu sais comment monter?”

Demande Mork après être monté sur sa moto et avoir mis son casque.

“Oui, j’ai déjà fait de la moto-taxi.”

“Alors maintenant, je suis un conducteur de moto-taxi?”

Elle était choquée d’être harcelée par ces voyous, mais Mork la fait rire. Elle n’aurait jamais pensé que, contrairement à ses manières froides, c'est une personne si gentille, et cela la fait se sentir plus proche de lui si rapidement.

“Monte, alors. Ton chauffeur de moto-taxi va te ramener chez toi.”

“Très bien, M. le chauffeur.”

Manao monte sur le siège arrière, et Mork démarre lentement. Sa posture cool quand il roule, l’odeur de son parfum et son aide aujourd’hui la font inconsciemment sourire...



Blue Sky Café

“Tu en as mis du temps. Je pensais avoir besoin de te convoquer avec de la magie noire.” Le salue Ren dès que Mork entre dans le café.

“Va te faire foutre,” répond-il immédiatement.

Il se dirige vers le comptoir, même si la personne qu’il évitait est là. Mork regarde Sun et hoche un peu la tête en guise de salut parce qu’il ne veut pas ignorer Sun de façon notable.

Ren se méfie déjà de leurs disputes.

“J’ai cru que tu ne te montrerais jamais ici.”

“Pourquoi ne le ferais-je pas?”

“Qui pourrait savoir... Je pensais que tu ne viendrais pas ici si je ne te le demandais pas.”

“Je ne suis pas venu ici parce que tu me l’as demandé. Je suis venu ici pour étudier.”

“Attendez.”

Ren, qui écoute son frère et son meilleur ami se disputer, les interrompt. Il est tellement confus, se demandant pourquoi ils se disputent. Ils ont dit que rien ne s’était passé quand il a demandé, mais ils se sont disputés dès qu’ils se sont vus.

Plus important... Quand Sun et Mork ont-ils parlé? Pourquoi ne l’a-t-il pas su?

“Quand avez-vous parlé tous les deux?”

“Ce n’est rien,” disent Mork et Sun en même temps.

Mais... leur réponse ne fait qu’éveiller l’intérêt de Ren.

‘Rien’ est juste une excuse!

“Pourquoi est-ce que tu me regardes? Tu vas me donner des cours particuliers ou pas?”

“Whoa! Je fais ça gratuitement et tu es quand même grossier avec moi.”

Ren se plaint mais va quand même chercher un livre à la réserve, puis il suit Mork à une table. Mork lance à Sun un regard meurtrier puis l’ignore pour de bon, le maudissant silencieusement d’être aussi imbu de sa personne. C’est exactement ce qu’il pensait - que Sun allait certainement penser que Mork était venu ici à cause de ses messages.

“Qu’est-ce qui t’a pris si longtemps, d’ailleurs?”

Demande Ren après s’être assis sur une chaise en face de Mork et avoir ouvert le livre. Il se souvient que Mork lui a envoyé un message disant qu’il arrivait avant de quitter sa maison. D’habitude, il met vingt minutes pour venir ici, mais il était bien plus en retard que d’habitude aujourd’hui.

“C’est ta Manao.”

“Qu’est ce qu’il y a avec elle?”

Ren lève tout de suite les yeux. Il ne l’a pas vue depuis plusieurs jours et pense à inventer une excuse pour la voir. Cela fait un moment maintenant, ce qui le rend encore plus impatient de voir son visage.

“Elle était harcelée par des voyous quand je suis passé devant eux. Je me suis souvenu d’elle, alors je l’ai aidée.”

“Comment allait-elle? Ils lui ont fait quelque chose? Combien étaient-ils? Et…”

“Inquiet, hein?” dit Mork, qui n’en peut plus de son ami.

Ren est sorti avec de nombreuses filles, mais Mork ne l’a jamais vu être aussi inquiet.

“Arrête de dire des conneries! Réponds-moi.”

“Elle était choquée, bien sûr. Mais ils ne lui avaient encore rien fait, ils essayaient juste d’avoir son numéro.” Mork essaie de rassurer son ami. “Ils ont reculé après que je les ai arrêtés, mais ils avaient l’air plutôt énervés. Tu devrais dire à Manao d’être prudente.”

“Ce sera mauvais pour elle si ces gars continuent à l’embêter. S’ils vivent dans le coin et découvrent où est sa maison…”

“Tu l’aimes bien, n’est-ce pas? Sois son garde du corps, alors. Botte-leur le cul quand ils se montreront.”

BANG!

Sun fait claquer un plateau de café et de snacks si fort sur la table que le café manque de se renverser. Mork lève les yeux vers lui avec irritation tandis que Ren se demande pourquoi Sun est en colère.

“Tu vas encore te battre?” demande Sun d’une voix sévère.

“Ça ne te regarde pas.”

Répond Mork brusquement. L’avertissement de Sun ne fait que lui rappeler la dernière fois que Sun a agi comme s’il s’inquiétait pour lui alors qu’il n’arrivait toujours pas à oublier Kao. Mork ne veut pas que Sun l’embrouille davantage.

“Hé! Calme-toi, mec.”

Ren les arrête, ne voulant pas qu’ils se battent. Il peut sentir que Mork ne plaisante pas comme avant. Ren ne peut s’empêcher de se demander ce qui s’est passé entre ces deux-là. Ils étaient en bons termes avant, mais maintenant on dirait qu’ils se disputent à nouveau.

Ils disent tous les deux que rien ne s’est passé, mais ils se lancent des regards furieux tout le temps, surtout son ami. Si seulement Mork disait quelque chose, Ren l’aiderait à parler à Sun tout de suite.

“Je suis sincère quand je te mets en garde.”

Sun continue de gronder Mork. Il ne veut plus que Mork se batte avec qui que ce soit.

“Ne prenez pas le risque de vous battre, tous les deux. Si cette fille se fait encore harceler, dites à ses parents de porter plainte à la police. Nous avons la loi. Laissez la police s’en occuper.”

“Si la police peut s’en occuper, pourquoi ces voyous continuent-ils à faire des conneries comme ça?”

“C’est juste une excuse pour les gens qui utilisent la violence pour résoudre les problèmes comme toi.”

“C’est ça! Je préfère utiliser la violence. ET ALORS?!”

Mork se lève et jette un regard furieux à Sun. Il ne supporte plus que Sun lui reproche d’utiliser la violence. N’est-ce pas une personne violente comme lui qui a pris le risque de sauver Sun de ces voyous à l’époque?

“Arrêtez ça, les gars.” Ren essaie de les arrêter. “Mork, assieds-toi maintenant. Sun, fais ton travail, je vais lui parler. Restez éloignés l’un de l’autre aujourd’hui. Ne vous battez pas. C’est quoi ce bordel?! Vous étiez en bons termes juste avant, mais maintenant vous vous battez à nouveau.”

Ren les regarde alternativement jusqu’à ce que Sun et Mork se calment. Mork s’assied à nouveau tandis que Sun retourne derrière le comptoir, mais leurs yeux continuent d’émettre une aura meurtrière envers l’autre. Ren regrette maintenant d’avoir demandé à Mork de venir ici. Si seulement il avait su, il aurait pris le risque de se faire gronder et d’étudier chez Mork à la place.

‘Le café va-t-il en sortir indemne aujourd’hui?!’



Chez Kao

Kao se lève tôt pour aller à l’université. Après avoir pris une douche, il descend prendre le petit-déjeuner avec sa sœur et sa mère, comme le fait toujours sa famille. Même le week-end, Kao prend le petit-déjeuner avec sa famille, comme il en a l’habitude. Il pense que cela les rapproche et leur permet de se tenir au courant de ce qui se passe dans la vie de chacun.

“Tu vas prendre le petit-déjeuner avec nous?”

Kao parle à Pete au téléphone tout en descendant les escaliers. Depuis qu’il sort avec Pete, ce dernier vient toujours le chercher, et s’ils ont cours le matin, Pete prend toujours le petit-déjeuner avec eux, comme le fils préféré de sa mère.

[Je ne pense pas pouvoir le faire aujourd’hui. Vas-y, mange.]

“Tu n’as pas besoin de venir me chercher si c’est long. Je peux aller à l’université tout seul.”

[Je peux le faire. Je suis déjà en route pour chez toi.]

“Très bien, très bien. Conduis prudemment.”

Kao raccroche au moment où il atteint la table à manger. Sa mère et Gib, qui dressent la table, se retournent pour le regarder.

“Tu parlais à Pete?”

“Oui, maman.”

“Est-ce qu’il va manger avec nous?”

“Il ne peut pas venir aujourd’hui. Il est parti tard de chez lui. Il va venir me chercher et on partira immédiatement.”

“Pete est si gentil. Il vient te chercher et te ramène tous les jours comme s’il était ton petit ami.”

Gib taquine sans trop réfléchir, mais dès qu’elle l’a dit, un silence de mort s’installe dans l’air! C’est que Kao se sent coupable de tout cela... Sa mère étudie son visage avant de se tourner vers Gib.

“C’est n’importe quoi. Ce sont deux hommes, comment peuvent-ils être amoureux?” Sa mère prend sa défense.

Les paroles de sa mère l’inquiètent encore plus et il se dit... heureusement qu’il ne lui a pas dit que Pete et lui sortaient ensemble car elle pourrait ne pas vraiment l’accepter.

Il ne veut jamais que la bonne ambiance et les relations de sa famille changent...

“C’est un ship,” dit Gib avec un sourire.

“Quel ship?”

“Eh bien... On ship deux garçons en couple,” dit Gib avec enthousiasme. “Jubjang, mon amie, est une vraie shipper. Elle a dit que Kao et Pete avaient cette aura d’amour entre garçons. Elle vient de dire qu’elle voulait rencontrer Pete et Kao à nouveau. Vous voir ensemble lui donne des papillons. Elle vous aime bien.”

Kao, qui était en train de prendre un verre d’eau pour le boire, est tellement surpris qu’il manque de le faire tomber. C’est pour ça qu’elle les a regardés bizarrement ce jour-là, hein? Elle pensait qu’ils étaient en couple.

“Qu’est-ce que tu racontes? Pete et moi sommes amis. Et toi?! Pourquoi tu me taquines? Comment sont tes notes? Tu as dit que tu ne pouvais pas faire le test. Tu pourrais échouer à celui-là.”

Kao essaie de se défendre naturellement, mais il a tellement peur que son secret soit découvert. S’il s’énerve et essaie trop d’expliquer, Gib et sa mère pourraient être encore plus méfiantes.

“Kao, ne me rappelle pas ça!” Kao sourit quand sa sœur fait la moue.

Il tend la main et ébouriffe ses cheveux avant de changer de sujet et de demander comment Gib s’en sort à l’école. Gib tombe dans le panneau puisqu’elle ne le taquinait pas sérieusement de toute façon.

“Maintenant que nous parlons de l’examen... Je voulais te demander quelque chose depuis hier,” dit sa mère comme si elle venait de s’en souvenir.

“Qu’est-ce que c’est, maman?”

“Le principal de mon école sait que tu es intelligent, alors il veut que tu donnes des cours particuliers à son fils parce qu’il veut qu’il entre dans la même université et la même faculté que toi. Comme son fils apprend lentement, il risque de ne pas pouvoir rattraper son retard s’il va à l'école préparatoire et pourrait même sécher les cours. Penses-tu avoir le temps de lui donner des cours particuliers?”

“Je…”

Kao hésite car ses cours sont intenses en ce moment, et il doit donner des cours particuliers à Pete. S’il accepte d’aider, le temps qu’il va passer avec Pete sera réduit. Pete râlera jusqu’à ce que ses oreilles soient engourdies, c’est sûr. De plus, il a entendu dire que le ‘Principal Noppakorn’ est plutôt vieux jeu et a toujours eu des préjugés contre les gays.

Kao se souvient que sa mère lui avait parlé d’un élève qui avait failli ne pas obtenir son diplôme parce qu’il était malade et avait manqué un examen. Lorsqu’il a essayé de le rattraper, quelque chose s’est produit qui a ralenti le processus.

Le principal a failli lui refuser son diplôme parce que l’élève était gay, disant que l’élève avait abandonné ses études pour s’amuser le soir, même si ce dernier avait ses raisons et faisait de son mieux pour tout arranger.

Si le principal sait qu’un gay comme Kao donne des cours particuliers à son fils, il ne sait pas si sa mère sera affectée. Le principal évalue ses performances professionnelles, lui donne une promotion et lui assigne du travail... S’il sait que Kao est gay et que sa mère a des problèmes à cause de cette haine, Kao se sentira coupable.

“Le principal m’a dit de te demander. Il a dit qu’il te paierait pour ça. Tu peux juste lui dire combien tu veux. Je pense que ce serait bien que tu donnes des cours à son fils, seulement le week-end c’est bien.”

“D’accord, maman.”

Pressé comme ça, Kao ne peut s’empêcher d’accepter. Il est toujours prévenant et ne peut jamais refuser de faire ce que les gens lui demandent. C’est à la fois son point fort et son point faible. Cependant, Kao essaie de s’encourager, en se disant que tout va bien se passer. Il a aidé sa mère à l’école et a rencontré le principal plusieurs fois, mais celui-ci ne sait toujours pas que Kao est gay.

Il n’a pas laissé entendre qu’il l’était, et ce n’est pas comme s’il devait voir le principal souvent. Ce dernier ne le découvrira pas. En plus... s’il refuse de le faire, le principal pourrait s’énerver et s’en prendre à sa mère.



“Salut, maman.”

Kao aide sa mère à débarrasser la table après qu’ils aient fini leur petit-déjeuner. Il pense appeler Pete si celui-ci n’est pas encore arrivé, mais Pete arrive juste à temps. Kao pensait que Pete viendrait le chercher et qu’ils partiraient tout de suite, mais il entre pour saluer sa mère et Gib, agissant comme un fils aimant.

Regardez-le... Quel charmeur. Tellement agaçant!”

“Bonjour, Pete. Je pensais que tu attendrais Kao dehors et que vous vous dépêcheriez d’aller à l’université.” Kaew salue Pete avec un sourire.

“Je suis venu dire bonjour parce que ma domestique a fait un cheesecake aux myrtilles. Je me suis souvenu que Gib adore ça, alors je lui en ai apporté.”

“Wow! Comme c’est gentil de ta part. Merci.”

Kao regarde Pete avec agacement. Regardez-le! Pete a essayé de charmer sa mère et Gib et maintenant il est devenu le fils numéro un, virant Kao.

“Si tu continues à leur faire plaisir, Gib sera gâtée,” dit Kao.

“Kao! Ne dis pas ça!”

Pete sourit d’un air amusé en voyant la moue de Gib.

“Allons-y. Arrête de faire plaisir à ma mère et à ma sœur ou on va être en retard.” Kao essaie de faire partir Pete, sinon sa mère et son fils préféré, et sa sœur et son frère préféré, n’arrêteront pas de parler.

Pete a accumulé tellement de points d’amour de la part de sa famille que Kao est presque devenu insignifiant.

“Euh... On s’en va, alors.” Pete dit au revoir à Kaew et fait un sourire à Gib.

“Ok, fiston. Conduis prudemment.”

“Oui, maman.”

Ils montent tous les deux dans la voiture garée à l’extérieur. Une fois assis, Pete regarde le visage ennuyé de Kao et rit. Il sait que Kao ne fait que jouer la comédie. Kao a probablement le cœur qui bat la chamade parce que Pete est gentil et s’entend bien avec sa famille.

Kao sait que Pete a fait tout cela pour le mettre à l’aise...

“Es-tu possessif envers ta famille? Je suppose que tu sais pour qui j’étais si gentil.”

“Regarde-toi. Tu essaies de me charmer après avoir fait la même chose à ma mère et à ma soeur.”

Kao pince à nouveau les lèvres d’agacement, pensant qu’ils ont pu sauter plusieurs étapes quand ils ont commencé à sortir ensemble, c’est pour ça que Pete le drague encore, c’est pour rattraper ces moments.

Et Pete est tellement doué pour ça. Il le drague si fort dès qu’il en a l’occasion!

“Tu sais que c’est toi, hein? Comme tu es mignon.”

“Espèce de salaud!”

“Tu veux dire ‘adorable’?”

“Urrrrgh, Pete! Tu es imbu de toi-même. Espèce de lèche-bottes! Tu ne ressens jamais rien quand je te gronde?” Aboie Kao à Pete, ne sachant même pas s’il est vraiment en colère ou s’il essaie juste de cacher sa timidité.

“Tu n’es pas honnête. Admets-le si tu es timide. Dis que je suis adorable si tu penses que je le suis.”

“J’en ai marre de parler à quelqu’un qui se vante toujours.”

Kao lève les yeux au ciel, mais Pete se contente de rire joyeusement.

En repensant à l’époque où ils ne sortaient pas ensemble, Kao est amusé. Ils ne s’entendaient jamais et ne voulaient même pas regarder le visage de l’autre. Ils se sont même battus physiquement. Qui aurait pu penser qu’ils se rapprocheraient et deviendraient amoureux? Et maintenant... ils sont le bonheur l’un de l’autre.

La vie est plutôt amusante, n’est-ce pas?

La faculté d'Ingénierie

Université N

Après la fin du dernier cours, les autres vont aux toilettes tandis que Pete et Kao, le bras de Pete entourant le cou de Kao, attendent leurs amis sur leur banc habituel. Ils discutent sans but, puis la mère de Kao lui envoie un message au sujet du tutorat.



‘J’en ai parlé au principal. Il t’a remercié pour l’aide que tu apportes à son fils.’

‘Oui, maman.’

‘Il préfère que ce soit bientôt. Ce serait bien si ça pouvait être ce week-end. Tu es d’accord avec ça?’

‘Je crois.’



C’est ce qu’il a dit à sa mère, mais il n’est pas du tout confiant. Il a peur de ne pas pouvoir se préparer à temps, et il ne connaît pas le niveau des connaissances de base du fils du principal, et sera-t-il capable de gérer cela? Enseigner à Pete seul lui a déjà donné un mauvais mal de tête. Une autre chose qui l’inquiète est... qu’il n’en a pas parlé à Pete.

“A qui tu parles? Pourquoi as-tu l’air si sérieux?”

La voix de Pete ramène Kao à la réalité. Il a fini de parler avec sa mère de toute façon.

Kao pose son téléphone et secoue la tête.

“Arrête de mentir. Tu fais un visage si sérieux.”

“Je parlais à ma mère. C’est rien.”

“Tu es sûr que c’est ta mère?”

“Tu veux voir?”

Kao tend son téléphone, et Pete se sent soulagé même s’il ne le prend pas. Pete est un petit ami jaloux et possessif, mais il n’envahit jamais la vie privée de Kao et ne vérifie jamais son téléphone.

Mais l’affaire Fongbeer le hante toujours.

Avant que Kao et Pete ne commencent à sortir ensemble, Pete sortait avec Fongbeer. Elle est venue voir Pete à la faculté quand il a essayé de s’éloigner d’elle, alors leurs amis ont envoyé Kao pour la réconforter, ce qui l’a amenée à aimer Kao.

Fongbeer et Kao s’envoyaient très souvent des messages et traînaient ensemble, juste tous les deux. Pete s’est donc énervé et s’est disputé avec Kao pendant un certain temps. Grâce à Fongbeer, ils ont tous deux été poussés à ouvrir leur cœur l’un à l’autre. Oublions Fongbeer. Ils devraient se concentrer sur le problème actuel!

Kao prend son courage à deux mains et prépare ce qu’il va dire dans sa tête.

Comment va-t-il dire à Pete qu’il donne des cours particuliers au fils du principal?

“Ta mère est malade?” demande Pete. “On peut partir tôt aujourd’hui et l’emmener à l’hôpital.”

“Le fils de l’année,” dit Kao avec sarcasme, même s’il sait que Pete a sincèrement de bonnes intentions envers sa famille. “Elle va bien. Ne t’inquiète pas.”

“Qu’est-ce qui ne va pas, alors? Pourquoi avais-tu l’air si sérieux quand tu parlais à ta mère?”

“Eh bien…”

“Dis-moi.” ordonne Pete d’une voix sévère. “Je sais que quelque chose te tracasse.”

Depuis qu’ils sortent ensemble, Pete a toujours remarqué les changements de Kao, aussi petits soient-ils. Alors comment peut-il ne pas voir quand Kao fait un visage si sérieux?

“Eh bien... Le principal de l’école où ma mère enseigne voulait que je donne des cours particuliers à son fils, et j’ai dit oui.” Kao rassemble son courage pour enfin le dire à Pete.

“Quoi?!” s’écrie Pete, le visage clairement en colère.

“C’est pour ça que je suis anxieux. J’ai peur que tu te plaignes.”

“Bien sûr que je me plains.” Pete a l’air complètement déprimé.

Si Kao doit donner des cours à quelqu’un d’autre, alors il passera moins de temps avec lui.

“Pourquoi n’a-t-il pas engagé un tuteur ou envoyé son fils à l’école préparatoire? Pourquoi t’a-t-il dérangé?”

“Il veut que son fils étudie dans la même faculté que moi.” Kao tente d’expliquer à la place du principal. “Il pense probablement que nos âges sont à peu près les mêmes, donc c’est mieux que d’engager quelqu’un avec un grand écart d’âge. J’ai entendu dire qu’il n’arrive pas à bien se concentrer, donc il risque de ne pas pouvoir rattraper son retard en classe préparatoire.”

“Comment diable a-t-il grandi?”

“C’est toi qui le dis. Tu as aussi besoin de moi pour être ton tuteur.”

“Je suis un cas spécial.”

“J’ai dit oui, pourtant. Je ne peux pas revenir sur ma parole ou ma mère pourrait avoir des problèmes.”

“Ce satané principal exploite son pouvoir.”

“Allez, c’est juste quelques heures les week-ends.”

“Ça réduit quand même le temps qu’on passe ensemble.”

Pete soupire son plus grand mécontentement, mais il essaie quand même de l’accepter car ils ne peuvent rien faire maintenant. S’il continue à être contrarié, cela ne fera qu’inquiéter Kao.

“Eh bien... quel âge a le fils de ce principal? Il est célibataire ou pas?”

Pete regarde Kao avec méfiance.

“Ne me dis pas que tu es jaloux.” Kao ne peut retenir son rire malgré son inquiétude. “Calme-toi, tu veux? Tu ne l’as même pas vu et tu es déjà jaloux?”

“J’ai le pressentiment que ça va mal se passer,” dit Pete. Ce qui l’inquiète le plus, c’est que son intuition est toujours bonne. “Ça va être comme l’affaire Fongbeer. Je ne lui fais pas confiance.”

“Tu ne peux pas m’en vouloir pour ça. C’était pas ta copine?”

“Et il y a Sun.” Pete pince les lèvres et fait une grimace diabolique comme un méchant qui parle de son ennemi. “Quel gars populaire. Toutes les filles et tous les garçons te courent après.”

“Tu te moques encore de moi.”

En voyant Pete trop stressé comme ça, Kao ne peut s’empêcher de rire. Pete dit toujours que Kao est trop jaloux, même avec Sandee, mais Pete est cent fois pire - les emplois ne font pas exception.

“Yo, les meeeeeeecs.”

Avant que Pete puisse demander quoi que ce soit de plus, Thada, June et Sandee arrivent. Kao soupire de soulagement puisque leurs amis sont arrivés juste à temps, sinon Pete aurait pu l’étrangler sous le coup de la jalousie colérique.

“De quoi vous parlez? Pete a l’air aussi stressé que s’il était constipé,” dit June.

“Je ne serai pas aussi stressé si j’étais constipé,” répond Pete.

“Oh! Alors vous parlez vraiment de quelque chose de sérieux?” demande Sandee, en les regardant alternativement. Ils parlaient très bien avant la fin du cours.

“Ouais, je suis putain d’irrité.”

“Ouais...? Dis-moi ce qui s’est passé,” dit June. Il est le numéro un pour être curieux.

“Le principal de l’école où enseigne la mère de Kao lui a demandé de donner des cours particuliers à son fils,” raconte Pete à ses amis dès qu’il en a l’occasion.

“Et alors?” Thada ne comprend pas pourquoi Pete est stressé par tout ça.

Ce n’est pas Kao qui devrait être stressé? (Pas vrai?)

“Il n’aura pas de temps pour nous. C’est pas vrai! Notre gang va encore être brisé.”

Pete utilise déraisonnablement cette raison comme excuse.

“Pete, arrête de dramatiser.” Kao jette un coup d’œil au type jaloux.

“Tu dois donner des cours particuliers au fils du principal tous les jours?” demande June.

“Seulement les week-ends, quelques heures par jour.”

“Ça devrait aller. En fait, c’est génial puisque Kao sera payé. Le principal ne te ferait pas faire ça gratuitement, n’est-ce pas?” Sandee essaie de montrer à Pete le bon côté de la situation, mais elle sait pourquoi Pete est si mécontent et irrité.

Parce qu’elle est la seule de la bande à être au courant de... leur relation.

“Si tu lui donnes des cours pour de l’argent, donne-moi des cours à la place. Je peux te payer plus,” dit Pete.

“Awwww, quel mec riche. Quelle aisance. Un papa gâteau,” dit Kao avec sarcasme.

“Mais pourquoi es-tu stressé? C’est juste le week-end,” dit Thada.

“Eh bien…”

“Tu es trop possessif envers ton ami, Pete.” June devient de nouveau suspicieux. “L’aura amoureuse de Kao et toi est maintenant plus intense que celle de Thada et Sandee.”

“Tais-toi, June,” disent Thada et Sandee en même temps.

“Exact! Tais-toi ou je trouve quelqu’un avec qui te shipper pour que tu arrêtes de taquiner tes amis,” menace Pete.

“Je vais arrêter de parler de ça. Mais Pete est vraiment trop possessif avec Kao. Tous les deux, vous ne pourriez même pas vous supporter comme mari et femme. Et tu es trop possessif envers lui, Pete.”

Les mots de June assomment Pete et Kao. Sandee les regarde comme si elle voulait dire ‘Vous voyez? Tout ça, c’est parce que vous êtes trop évidents.’

Si le secret de leur relation est dévoilé, ils ne peuvent blâmer personne d’autre qu’eux-mêmes!

“Et alors? Tu es jaloux? Tu veux que je sois possessif avec toi aussi?” demande Pete en plaisantant.

“Hmph! C’est vrai, je suis inutile. Je ne suis pas aussi intelligent que Kao.”

“Au moins tu le sais!”

“Pete, espèce d’enfoiré!” June frappe Pete avec un livre, ce qui fait rire les autres. Ils vont tous au restaurant barbecue, et plus personne ne parle de Kao qui donne des cours particuliers au fils du principal.

Pete reste également silencieux à ce sujet, même s’il a un mauvais pressentiment au fond de lui.

Kao va juste donner des cours à un garçon... Ça devrait aller.



‘Mork, mon amooooooour.’



Un message apparaissant alors que Mork se prélasse sur son lit le samedi matin lui fait immédiatement lever les yeux au ciel. Il sait que si Ren est comme ça, c’est qu’il a fait quelque chose de mal ou qu’il a une faveur à demander à Mork.



‘Quoi?’



Demande Mork, allant droit au but.



‘Tu viens au café aujourd’hui?’

‘Pourquoi je devrais venir?’

‘Pour donner un coup de main. Allez, viens.’

‘Non.’

‘QUOI? C’est pas gentil.’



Mork pousse un soupir. C’est pas comme s’il pouvait aider beaucoup quand il est là. De plus, Ren ne l’a jamais harcelé pour qu’il aide au café. C’est Mork qui y va souvent pour obtenir l’aide de Ren, comme étudier ou travailler sur des devoirs. Mork n’est pas un élève lent, mais il admet qu’il doit toujours compter sur Ren.



‘Je veux être gentil, mais si je dois me battre avec le vieux là-bas... je pense que je vais passer mon tour.’



Il n’a jamais rien ressenti quand il s’est battu avec Sun auparavant, mais maintenant il pense que c’est mieux de prendre de la distance l’un par rapport à l’autre.



‘Tu peux même le critiquer dans son dos, hein?’

‘Il le fait aussi dans mon dos.’

‘Il ne le fait plus. Il pose seulement des questions sur toi.’



Les mots de Ren ont encore frappé Mork. Il ne s’est pas arrêté au café ou n’a pas parlé à Sun depuis plusieurs jours maintenant. Quand il y allait, c’était juste pour prendre Ren et le déposer. Depuis le jour où il a vu Sun et Kao, Mork ne veut plus voir le visage de Sun ni lui parler pour ne pas s’énerver.

Mork pense que c’est mieux qu’ils gardent leurs distances comme ça.



‘Des questions sur quoi?’

‘Ceci et cela. Pourquoi? Tu veux savoir?’

‘Petite merde.’

‘Quoi? Je demande juste. Pourquoi tu m’appelles comme ça?’

‘Parce que tu l’es vraiment.’

‘Alors? Tu vas venir ou pas?’

‘Je t’ai dit que je ne viendrais pas.’

‘Allez. Il y a du monde le samedi. Je ne peux pas m’éclipser.’

‘T’éclipser pour aller où?’

‘Je veux voir Manao.’

‘Je m’en doutais.’



Ren le supplie de l’aider au café pour qu’il puisse s’éclipser pour voir Manao sans se sentir coupable, mais ça ne servira à rien que Mork y aille ou non puisqu’il ne peut rien faire du menu.

Tout ce qu’il sait faire, c’est ramasser des trucs et servir les commandes.

En plus de ça, il ne sait pas s’il sera utile ou non puisque lui et Sun ont commencé une nouvelle guerre des nerfs. Ren doit être au courant de ça, mais il prend quand même le risque de les réunir pour pouvoir voir cette fille. Ren doit être sérieux à propos d’elle plus que quiconque auparavant.

Je n’arrive pas à y croire...



‘S’il te plaît, aide-moi. J’ai vraiment besoin de voir Manao, sinon il n’y aura pas de progrès du tout.’



Ren continue de supplier. S’il pouvait tenir la jambe de Mork en ce moment, il l’aurait déjà fait.



‘Tu sais que si je vais là-bas, je pourrais me battre avec ton frère.’

‘Alors tu devrais te retenir. Sun ne s’en prendra pas à toi si tu ne commences pas.’

‘Tu le sous-estimes.’

‘Je ne l’ai jamais vu t’embêter en premier. Sérieusement.’

‘Tu veux dire que je m’en prends toujours à ton frère?’

‘Nooooooooon.’ Ren envoie un emoji de mains en prière. ‘Allez. S’il te plaît. Je t’en supplie.’

‘Tu es trop.’



Ren n’a jamais supplié Mork aussi fort avant. Il va l’aider juste parce que Ren lui a donné des cours et l’a aidé avec tous les devoirs plusieurs fois.

Quelques heures au café devraient suffire. Ren n’irait pas voir Manao toute la journée de toute façon.



‘Très bien, alors.’

‘Je t’aime trop, mon pote.’



Mork roule les yeux vers le téléphone avant de le poser, sans rien dire de plus. Il se lève du lit, attrape une serviette et se dirige vers la salle de bain d’un air las, pensant qu’il devrait s’arrêter au supermarché pour acheter une paire de bouchons d’oreille avant de voir Sun.

Sinon, il ne supportera pas le harcèlement de Sun et se disputera à nouveau avec lui.

Si Ren ne l’avait pas supplié... il ne serait jamais là!



‘Sérieusement, as-tu fait quelque chose qui a contrarié Mork?’

‘Tu ferais mieux de demander à ton ami pourquoi il est contrarié.’

‘Donc ça veut dire que vous vous disputez vraiment.’

‘Je ne sais pas…’

Sun pense à la conversation que Ren a commencé hier. Ren lui a demandé parce qu’après que Sun et Mork se soient presque disputés quand Pete et Kao sont venus au café, le jour où Mork est allé au café pour étudier... Mork l’a étrangement évité.

Ren n’est pas le seul à se demander pourquoi Mork se comporte ainsi, car Sun aussi.

Sun a essayé de ne pas penser à Mork au début, mais son esprit dérive vers Mork dès qu’il n’a rien d’autre à penser. Sun s’en veut aussi d’avoir pensé à l’ami de son frère alors qu’il n’aurait pas dû.

SCREECH!

Alors qu’il cherche à gérer ses sentiments confus, Sun doit revenir présent. Il freine très vite car une voiture s’arrête soudainement derrière lui alors qu’il s’apprête à sortir du parking du supermarché. C’est si soudain qu’il a failli ne pas pouvoir freiner à temps.

Qu’est-ce qui ne va pas avec sa conduite...?

Pense Sun avec irritation et il klaxonne pour que cette personne déplace sa voiture, mais elle ne bouge pas. Sun descend de la voiture alors que le propriétaire de l’autre voiture ouvre la portière et descend lui aussi.

“Excusez-moi, votre voiture me bloque le passage.”

Bien qu’irrité, Sun parle d’abord poliment car l’autre a l’air plus âgé. De plus, il a aussi l’air énervé, comme s’il était prêt à faire des histoires et à blâmer Sun pour ce qui s’est passé. Si Sun s’emporte et parle sous le coup de la colère, ils finiront certainement par se battre.

Il est venu au supermarché pour acheter des fournitures pour le café, pas pour se battre avec quelqu’un!

“Vous bloque le passage? Je conduisais correctement. C’est vous qui ne regardiez pas la route et qui avez failli heurter ma voiture. Vous voyez?”

“C’est une sortie. Vous avez tourné du mauvais côté.”

Explique Sun calmement. L’autre homme fait la grimace en entendant ça, mais Sun garde son calme car il ne veut pas se battre. Si seulement cet homme déplaçait la voiture, Sun s’en accommoderait.

Mais il continue de regarder autour de lui, essayant de trouver un panneau. Quand il voit le panneau de sortie comme Sun l’a dit, il se tait pendant trois secondes et se tourne pour le fixer d’un air menaçant.

“Vous auriez dû me le dire gentiment.”

Sun est confus, il ne voit pas en quoi ce qu’il a dit n’était pas gentil. Il suppose que cet homme agit de façon exaspérée pour ne pas perdre la face.

“Pouvez-vous déplacer votre voiture du chemin?”

“Et si je ne le fais pas?”

“Quoi? Vous…”

“Quoi?! Qu’est-ce que vous allez faire?!”

Le visage de l’homme devient hostile. Il pousse la poitrine de Sun si fort qu’il doit reculer. Sun compte de un à dix dans sa tête pour réprimer sa colère. Ça ne va pas se terminer facilement s’il est trop impulsif.

“Bien, alors…”

Sun soupire, regardant cet homme avec mécontentement. Ne voulant pas se battre, Sun décide de retourner à sa voiture, se disant qu’il va plutôt la déplacer, sinon la dispute ne finira jamais.

FWIP!

L’homme ne s’arrête pas et tire sur l’épaule de Sun. Ce dernier repousse automatiquement sa main en guise d’autodéfense.

“Tu te fous de ma gueule!?”

PAF!

Avec sa main balayée comme ça, l’homme devient furieux. Avant que Sun ne s’en rende compte, il reçoit un coup de poing au visage et recule de trois pas. Il est stupéfait et ne comprend pas pourquoi c’est lui qui est à blâmer alors que cet homme a essayé de se battre en premier.

Mais qu’est-ce qui se passe?!

Sun n’a jamais rencontré une personne aussi ridicule et déraisonnable. Il n’admet pas son erreur et commence même à se battre avec lui.

“Voilà ce qui arrive quand on ne surveille pas son langage!” aboie l’homme à Sun, en souriant. “Espèce de petit enculé! Ne me cherche pas si c’est tout ce que tu as. Je botte le cul des gars comme toi tout le temps.”

“Les gars comme toi, je leur donne aussi des coups de poing dans la gueule tout le temps!”

Ce n’est pas la voix de Sun mais celle de Mork, qui sort de nulle part et donne un coup sec à l’épaule de l’homme par derrière. Sun s’apprête à dire à Mork d’arrêter, mais c’est trop tard car dès que l’homme se retourne, il se fait immédiatement frapper au visage.

BAM!

Le bruit d’un poing qui entre en collision avec le visage est incroyablement fort.

“Putain! C’est quoi ce bordel?!”

Hurle l’homme après que Mork l’ait repoussé. Il couvre son nez qui saigne avec sa main.

“Toi!”

Il pointe Mork du doigt, furieux, choqué par ce qui s’est passé. Il est bouillant de colère et tellement effrayé qu’il ne sait plus quoi faire car il est confronté à ‘un véritable pro’, alors que Mork ne pense pas à se rendre, ne ressentant aucune peur.

“Viens chercher un autre coup de poing si tu veux!” beugle Mork en serrant les poings, le regard pleins de rage. “Viens le chercher, espèce de merde... Tu ne fais que parler!”

Plus il parle, plus il est en colère. Mork a essayé de se calmer. Il a vu ce qui s’est passé avant que la bagarre n’éclate après qu’il soit sorti du supermarché avec les affaires qu’il avait achetées.

Il a été témoin de tout et a enregistré une vidéo, au cas où les choses deviendraient incontrôlables. Cela peut être une preuve et une confirmation que Sun n’a pas commencé la bagarre.

Mork a attendu calmement de voir comment Sun allait résoudre le problème, mais il a perdu la tête après avoir vu à quel point cet homme était déraisonnable. Comment pouvait-il faire une erreur et blâmer Sun pour cela?

Et ce n’est pas tout! Cet homme a même frappé Sun. Si Mork ne lui avait pas donné une leçon, il aurait pensé qu’il était sacrément balaise. Il penserait que tout le monde doit lui obéir et continuerait à agir comme ça avec les autres.

Mork doit lui donner une vraie leçon!

“Ça suffit.”

Sun attrape l’épaule de Mork alors que ce dernier est tellement énervé qu’il est sur le point de lui donner un autre coup de poing. Sachant qu’il n’est pas de taille face à Mork, l’homme pointe son visage avant de remonter dans la voiture et de partir.

Mork essaie de se calmer pendant de nombreuses secondes, puis il se tourne vers Sun, dégageant son corps de la main de ce dernier.

“Tu vas bien?”

“Je vais bien.” Sun regarde Mork avec des yeux sérieux. “Ce serait plutôt à moi de demander si tu vas bien.”

“Je vais bien. Il ne m’a pas frappé.”

“Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je voulais savoir si tu t’étais calmé,” dit Sun d’un ton las, ce qui laisse le visage de Mork complètement figé. “Quand vas-tu arrêter de te battre? Si cet homme avait une arme ou appelé ses amis à l’aide, ne serions-nous pas en difficulté?”

“Tu…”

Mork jette un regard noir à Sun, si exaspéré qu’il en reste muet, à court de mots. Il a aidé Sun par inquiétude, mais il s’est fait engueuler au lieu d’être apprécié et considéré positivement.

Donc ce qu’il a fait n’a aucun sens pour Sun!?

“Peux-tu ne pas avoir de bleus sur ton visage pendant au moins un mois?”

“Combien de temps vas-tu me faire des reproches?! Je sais que je suis colérique, mais cet enfoiré s’en prenait à toi, non? Il avait tort mais il t’a quand même insulté et frappé. Tu t’attendais à ce que je reste tranquille et que je regarde?”

Réplique Mork, les yeux pleins de douleur, le visage rougissant. Il est à la fois énervé et déçu, pensant que... s’il se faisait frapper ou tirer dessus par cet enfoiré, ce ne serait pas aussi douloureux que les mots de Sun en ce moment.

“Je sais que tu voulais aider, mais peux-tu ne pas résoudre les problèmes par la violence?”

Sun fixe Mork, très sérieux. Mork le fixe en retour. Sun n’utilise pas de langage grossier, mais cela blesse davantage Mork que de se faire insulter avec les mots les plus grossiers du monde.

Est-ce que Sun est en train de dire qu’il est tellement stupide qu’il doit utiliser la violence?!

“Exact! Je suis stupide et je ne sais qu’utiliser la violence. Je ne peux te protéger qu’avec la méthode d’un idiot comme lui.”

Mork s’éloigne. Il ne veut plus voir le visage de Sun et blesser ses propres sentiments. Quoi qu’il fasse, ce n’est pas bon pour Sun de toute façon.

Sun doit avoir oublié combien de fois un type violent comme lui l’a sauvé du danger.

“Mork!”

Sun crie, mais Mork ne se retourne pas. Il reste là, frustré, et au fond de lui, il se sent coupable d’avoir dit ces choses douloureuses à Mork alors que ce dernier vient de le sauver.

Sun a essayé de parler à Mork gentiment, mais plus ils parlaient, plus ils se disputaient.

Peut-être... que lui et Mork ne pourront jamais être en bons termes.



Blue Sky Café

Mork pousse la porte du café, en colère. Après la dispute avec Sun, il pensait rentrer chez lui. Mais Ren l’a appelé alors qu’il était sur le point de démarrer sa moto, le pressant de venir au café. Mork a finalement décidé d’y aller même s’il n’était pas prêt à voir Sun. Il n’était même pas certain qu’ils ne se disputeraient pas encore en se revoyant.

“Qu’est-ce qui te contrarie? On dirait que tu es prêt à frapper quelqu’un,” salue joyeusement Ren.

“Tu m’as contrarié. Je t’ai dit que je ne voulais pas venir mais tu m’as quand même forcé.” Mork jette un coup d’œil à son ami et regarde partout dans le café. Sun n’est nulle part en vue. Il soupire de soulagement car il a encore le temps de se préparer avant l’arrivée de Sun.

“Aide ton pote, s’il te plaaaaaaaaît. Ton pote veut avoir une petite amie.”

“Qu’est-ce que ça a à voir avec moi?”

“Je suis ton ami. Tu ne veux pas que ton ami soit heureux? Allez... Je t’invite à manger demain.”

“Traversons d’abord aujourd’hui avant de penser à demain.”

“Ne me fais pas peur. Est-ce que toi et Sun ne serez jamais en bons termes? Vous vous êtes entendus récemment, n’est-ce pas? Pourquoi es-tu si féroce avec lui tout d’un coup? Tu ne peux pas épargner mon frère?” dit Ren en plaisantant.

Si Ren apprend qu’ils se sont battus il y a à peine dix minutes, il va continuer à le harceler, c’est sûr.

“Dis tout ça à ton frère.”

Dès qu’il a dit ça, Sun entre dans le café. Il les regarde et ne dit rien, comme s’il s’en fichait. C’est Ren qui est choqué lorsqu’il voit un bleu sur le visage de son frère.

“Qui t’a donné un coup de poing? Tu avais l’air bien avant de partir,” s’inquiète Ren.

“Il s’est passé quelque chose, mais tout va bien maintenant,” répond Sun d’une voix égale.

Il agit comme s’il venait de rencontrer un ami, et non comme s’il avait été frappé par un type.

“Tout va bien? Ta bouche saigne.” Ren se met en colère pour Sun.

“J’ai dit que ça allait, alors ça va!”

Sun s’énerve pour le faire taire. Ren ne dit plus rien car il ne veut pas se disputer avec son frère avant d’aller voir Manao. De plus, il sait que ce bleu n’est rien pour Sun.

“Soigne ton bleu rapidement, alors.”

“Où vas-tu?” Sun fixe immédiatement son frère.

Ren agissait comme s’il s’inquiétait pour lui, mais il va partir maintenant.

“Je dois aller quelque part. Mork va aider à ma place.”

Sun jette un coup d’œil à ‘la personne qui va aider’, mais Mork détourne le regard comme s’il ne supportait pas de le voir. Cette attitude indique à Sun que Mork n’est venu ici que parce que son frère l’a supplié.

“Mork peut t’aider à soigner ton hématome. Il est doué pour ça puisqu’il soigne souvent les siens.”

“Tu ne vas pas voir Manao? Dépêche-toi de partir, alors.” Mork réprimande Ren.

S’il soigne Sun, il pense que l’hématome va empirer.

“Ouais, ouais, s’il te plaît, prends soin de mon frère, mon pote,” dit Ren avec sarcasme et il part, car ce sera un miracle si Mork ne se dispute pas avec Sun, sans parler de prendre soin de lui.

Sun ne salue pas Mork et ne lui parle pas, même s’il souhaite s’excuser de lui avoir parlé trop durement, mais il y a d’autres personnes - des clients et l’employé - dans le café, et ce n’est pas vraiment le bon moment pour mettre les choses au clair ou en parler.

Sun prend tout ce qu’il trouve dans la trousse de secours et s’assoit derrière le comptoir.

“Le coup de poing était assez fort, non? L’ecchymose est plutôt grave.” L’employé regarde Sun essuyer le sang sur le coin de sa bouche avant de partir prendre les commandes d’un client.

Mork croise ses bras sur sa poitrine, regardant Sun traiter maladroitement son bleu jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus.

“Laisse-moi t’aider…”

La personne qui cache son inquiétude s’approche et traîne une chaise pour s’asseoir en face de Sun. Ce dernier fixe Mork, incapable de croire qu’il se porte volontaire pour le soigner.

S’il pensait que Mork s’inquiète pour lui... serait-il trop imbu de lui-même?

Mork ne demande rien et ne dit rien, mais ses yeux sont remplis d’inquiétude. Sun reste également silencieux, mais il admet qu’il se sent vraiment bien que Mork ne soit pas froid avec lui, même s’il évite Sun depuis des jours et que Sun l’a blessé il y a une demi-heure...

Mork imbibe une boule de coton avec de l’alcool et essuie le coin de la bouche de Sun avec.

“Aïe! Sois gentil.”

Sun gémit, mais Mork continue. Il appuie même plus fort, le visage indifférent à la douleur de Sun. Ce dernier pense que Mork essaie d’aggraver son hématome, pas de l’aider.

Si Sun dit à Mork qu’il va le faire lui-même, il se sentira... mieux vaut encaisser la douleur et laisser Mork s’en occuper.

Mais ce serait bien qu’il soit un peu plus doux avec lui!

“Tu m’aides ou tu me fais mal?”

Demande Sun en regardant Mork avec un regard acerbe mais boudeur. Pourtant, Mork l’ignore comme s’il n’entendait pas sa voix.

“C’est à toi que je parle,” dit Sun d’une voix forte.

Mork se contente de regarder son visage et continue à traiter l’ecchymose... aussi durement qu’avant.

“Tu es toujours aussi dur quand tu traites tes propres bleus? Je peux le faire moi-même si tu m’aides contre ta volonté.”

“...”

“Hé! Tu m’entends?”

“...”

“Mork! C’est à toi que je parle.”

Sun n’a jamais pensé qu’il serait aussi méchant, mais ça l’énerve vraiment quand Mork l’ignore, fait comme s’il n’entendait rien, et n’a aucune réaction comme ça. À ce moment-là... Sun remarque quelque chose d’étrange, et maintenant il sait pourquoi Mork ne réagit pas.

Ce sale gosse!

Sun pense que cela l’ennuie et il tend la main pour retirer les bouchons des oreilles de Mork, ce qui fait que Mork le regarde fixement. Il ne dit toujours rien, se contentant de fixer Sun.

“Tu agis comme si tu ne pouvais pas m’entendre à cause de ça, hein?” demande Sun d’un ton menaçant, se sentant d’une certaine manière irrité que Mork déteste à ce point entendre sa voix.

C’est la première fois depuis qu’il est né qu’il voit quelqu’un être dégoûté au point d’avoir besoin de bouchons d’oreille... Ce n’est pas excessif?!

“Et alors?” demande Mork à son tour, essayant clairement d’énerver Sun.

“Tu…”

Sun est à court de mots. Il a pensé que Mork était mignon pendant pas plus de trois minutes, et maintenant il veut lui crier dessus à nouveau.

“Tu devrais me remercier pour avoir essayé de mettre fin à notre guerre, en fait.”

“En portant ces boules Quiès?”

“Exact. Puisque je ne peux pas t’entendre, au moins je ne vais pas m’énerver et me disputer avec toi à nouveau.”

“Ne me dis pas que tu as vu la bagarre parce que tu t’es arrêté pour acheter ces boules Quiès.”

“Et elles sont très utiles.”

Mork les récupère et les remet en place. Sun serre les dents si fort que ça en devient audible car Mork attise sa colère. Ce n’est pas pour mettre un terme à leur guerre, puisque Mork essaie vraiment d’en déclencher une.

Espèce de petit monstre!



Pete s’est porté volontaire pour conduire Kao chez le principal Noppakorn... Mais pendant tout le trajet, celui qui s’est fait voler son temps avec son petit ami n’a cessé de râler. Kao ne savait pas s’il devait être furieux ou rire.

En fait, Kao a dit à Pete de ne pas le conduire là-bas et de ne pas s’inquiéter du fait qu’il donne des cours particuliers au fils du directeur parce que ce n’est que de 9 heures à midi le week-end.

Pete fait habituellement la grasse matinée les week-ends.

Une fois le cours terminé, Kao restera avec Pete pour le reste de la journée, comme d’habitude. Kao a résolu le problème en acceptant de perdre de son temps de sommeil pour donner des cours particuliers au fils du directeur afin d’avoir du temps pour Pete comme avant. Mais pourquoi Pete râle-t-il encore?

Eh bien... le fait est que Pete a dit qu’il avait un mauvais pressentiment à ce sujet et a insisté sur le fait qu’il devait voir l’endroit et l’élève de Kao. C’est pourquoi Pete s’est porté volontaire pour déposer Kao.

Comme la séance de tutorat commence très tôt, Pete a dû se lever encore plus tôt, ce qui l’a fait râler encore plus. Kao se demande si Pete a pris cette habitude de Sandee. Pete se plaignait souvent de la façon dont Sandee se comportait comme leur mère, mais maintenant Pete se comporte comme le papa de Kao.

Pas ce genre de ‘Papa’, cependant. C’est comme un papa qui harcèle son fils!

“Cette maison,” dit Kao quand ils ont presque atteint leur destination.

“Tu es déjà venu ici?”

“Une fois, je suis venu ici pour récupérer le travail de maman.”

“Tu dois lui faire payer cher pour que ça vaille mon café et mon essence.” Pete gare la voiture devant la grande maison de Noppakorn. Il la regarde par la fenêtre et pince les lèvres.

“Pourquoi tu fais cette tête?” rit Kao.

“Une si grande maison, si luxueuse. Il peut certainement engager un précepteur pour son fils.”

“Tu es si méprisant.” réplique Kao. “Je t’ai dit que son fils déteste étudier avec quelqu’un de vieux. Il veut quelqu’un du même âge pour qu’on puisse parler comme des amis.”

“Tu l’as rencontré?”

“Non. Je le rencontre aujourd’hui.”

“Je vais le rencontrer avec toi, alors.”

Pete baille. On n’y peut rien... car il se couche toujours après minuit. Il s’est levé tôt aujourd’hui pour aller chercher Kao et le conduire ici, donc il n’a dormi que quelques heures.

“Tu peux partir en premier. Je viendrai te voir quand j’aurai fini.” Kao se sent mal de voir Pete comme ça.

“Si j’avais prévu de partir en premier, pourquoi je t’aurais conduit ici?”

“Tu vas attendre ici jusqu’à midi?”

“Je ne peux pas?”

“Tu es fou?”

“Quoi?”

“Tu vas m’attendre à l’intérieur? Tu vas me distraire.”

“Alors je vais attendre dans la voiture.”

“Tu exagères.” Kao secoue la tête. Pete s’accroche à lui trop sérieusement maintenant. “Bon... Le café de Sun n’est pas loin d’ici. Tu peux attendre là-bas. J’appellerai un taxi moto quand j’aurai fini.”

“Je me demande ce qui est le pire, attendre ici ou dans ce café.”

Pete a pensé à attendre au Blue Sky Café, mais ça lui semblait bizarre car il n’y est jamais allé seul. Il n’est pas proche de Ren et Sun comme l’est Kao, et il s’est déjà battu contre eux. Ils sont tous en bons termes maintenant, mais quand même.

“Tu as toujours un problème avec lui?”

“Non, mais il a probablement un problème avec moi.”

“Je ne pense pas qu’il ait un problème avec toi. C’est toi…”

“Tu es toujours avec moi quand on le voit. Il se retient peut-être devant toi pour garder son image. Il pourrait être totalement différent si je suis seul,” explique Pete.

“Sun n’est pas comme toi qui cherche toujours la bagarre avec les gens.”

“Tu protèges quelqu’un d’autre mais tu insultes ton petit ami?”

“Tu as peur de lui?”

“Tu crois que j’ai peur de quelqu’un?”

“Ouuuuuais, trop cool.” Kao pince les lèvres devant l’homme sans peur. Pete se blesse tout le temps parce qu’il a toujours été comme ça. “Sun ne s’en prendra plus à toi puisque Mork est maintenant sa cible.”

“C’est vrai, c’est assez intense.”

Pete pense à la façon dont Mork et Sun se chamaillent et ne peut s’empêcher de rire car ces deux-là étaient ses ennemis. Il réalise soudain qu’il avait beaucoup d’ennemis.

“Attends-moi au café de Sun, d’accord?”

“Um... Très bien.”

Lorsque Pete acquiesce, Kao enlève sa ceinture de sécurité et descend de la voiture. Pete le suit.

“Pourquoi tu me suis?”

“Laisse-moi d’abord rencontrer ton élève.”

Kao secoue la tête, mais il ne l’arrête pas. Si Pete n’a pas l’occasion de rencontrer son élève, il ne sera probablement pas à l’aise. Une domestique ouvre la porte à ce moment-là. Kao est choqué quand il voit la personne qui marche derrière la femme... Ils se sont rencontrés une fois, mais Kao se souvient bien de lui.

Ce type est assez marquant et c’est un emmerdeur inoubliable. Oui... c’est lui que Kao a croisé au café de l’université ce jour-là!

Le... Le monde devient trop petit!

“Qu’est-ce qui ne va pas?”

Demande Pete avec confusion quand Kao regarde son élève comme s’ils se connaissaient déjà.

“Rien, c’est juste que je ne m’attendais pas à ce qu’il ait l’air aussi indiscipliné,” répond Kao d’un ton égal.

Et ce garçon semble vraiment indiscipliné. Il n’a pas l’air d’un lycéen mais plutôt d’un étudiant.

“Ouais, il a l’air difficile à gérer.”

“Ne cherche pas la bagarre avec lui.”

“Je ne le ferai pas, sauf s’il essaie de me taper sur les nerfs.”

Pete étudie l’élève de Kao avec des yeux sans expression, bien qu’il soit en fait agité. Non seulement Pete déteste ce type dès le premier regard, mais la façon dont il regarde Kao le trouble également. Ce n’est pas la façon dont on regarde une connaissance. On dirait plutôt que ce type est particulièrement intéressé par Kao.

Son intuition lui dit que ça va être vraiment, vraiment mauvais.

“Tu l’as rencontré. Maintenant pars. Je te verrai quand j’aurai fini.”

“Tu meurs d’envie de te débarrasser de moi?”

“C’est ça! Va-t’en.”

Kao pousse le dos de Pete vers la voiture, ne voulant pas que Pete se batte avec son élève le premier jour. Pete a une grande gueule alors que ce type est un emmerdeur. S’ils se battent... ça va être dingue.

A en juger par la façon dont il regarde ce gars, il sait que Pete déteste son élève immédiatement.

“Tu es là pour me donner des cours?”

L’élève de Kao l’accueille avec un sourire si doux qu’il se sent en danger.

“Oui.”

Kao hoche la tête, et la domestique l’invite à entrer. Kao entre à côté du propriétaire de cette maison. Il n’aime pas ce type depuis leur première rencontre, mais il essaie de ne pas le montrer.

Car ils vont se voir pendant un bon moment, au moins jusqu’à ce qu’il passe un examen d’entrée.

“Je m’appelle Kao. Comment tu t’appelles?”

“Non.”

Non se présente et fait à Kao un sourire inutilement dragueur.

“Tu sais que je suis allé au café pour te voir après cette journée? Mais je n’arrivais pas à te trouver. Je pensais que c’était sans espoir. J’ai de la chance que tu sois venu chez moi à la place.”

“Je ne voulais pas. Ton père m’a engagé.”

“Ouais, c’est vraiment le destin.”

Non regarde Kao dans les yeux exprès. S’il était une fille, il croirait que Non le drague.

“Mais pourquoi voulais-tu me voir?”

“Tu ne sais vraiment pas?”

“Euh…” Kao se sent mal à l’aise, mais il se dit qu’il réfléchit trop. Le principal n’aime pas les gays. Il est impossible que Non soit gay et veuille lui courir après.

Ce gamin se moque juste de lui!

“Le type qui vient de te déposer, quelle est sa relation avec toi?”

Demande soudainement Non à propos de Pete une fois qu’ils sont entrés à l’intérieur et ont atteint le bureau.

Kao s’arrête comme s’il avait fait quelque chose de mal. Il ne s’attendait pas à ce que Non pose cette question lors de leur première rencontre.

Ou alors il sait que Kao et Pete ne sont pas seulement amis...?

Impossible!

Kao refuse de le croire. Comment Non pourrait-il le savoir alors qu’il n’a rencontré Pete que trois minutes? Et ils n’ont pas agi comme un couple. Personne ne peut le remarquer, même si leur gaydar est très aiguisé. June et Thada sont avec eux tous les jours mais n’en ont toujours aucune idée. De plus, Kao est déterminé à ce que personne ne soit au courant de leur relation... surtout pas cette famille.

De plus, le père de Non a des préjugés contre les bisexuels, donc Kao ne doit pas le laisser savoir.

“Qu’est-ce qu’il y a? Tu es étonné par ma question?”

“Je suis étonné parce que tu as posé cette question à quelqu’un que tu viens de rencontrer.”

“Vous deux semblez étrangement proches, c’est pour ça. Est-ce un secret...? Je me demande juste si c’est ton ami ou ton frère, c’est tout.” Non lui fait un sourire mauvais, en le regardant avec insistance. Kao commence à penser que ce gamin n’est pas seulement un emmerdeur mais qu’il est aussi dangereux. “Ou... c’est autre chose?”

“C’est mon ami!” Kao lui répond avec un regard irrité.

Non se moque un peu trop de lui. C’est son élève, de quel droit lui demande-t-il de parler de sa vie privée?

“C’est ça. Bon! Je pense que nous devrions étudier ailleurs la prochaine fois. C’est ennuyeux à la maison. Un café serait parfait puisque tu aimes le café, non? C’est moi qui invite.”

Dit Non en haussant les épaules, puis il dit à la domestique d’apporter des snacks et de l’eau. Kao soupire à nouveau, sachant que Non a mentionné un café exprès. Maintenant, il n’a aucune idée s’il va réussir à terminer cette session de tutorat puisque son élève est un vrai casse-pieds et tellement extrême.

Urgh... Est-ce que je vais pouvoir m’en sortir?!



Manao est chez elle?

Ren gare la moto devant la maison de Manao où il l’a déposée la dernière fois. Il a apporté des cookies du café avec espoir.... Ren a l’impression de précipiter les choses en se présentant chez elle comme ça, mais il a essayé de la trouver à son école et au supermarché où Mork a dit qu’il l’avait aidée à se débarrasser de ces voyous... Cependant, Ren n’a pu la trouver nulle part.

S’il ne vient pas ici, il aura l’impression de manquer une chance de développer leur relation car il prend trop de temps.

“Oh! C’est toi.”

Manao ouvre le portail après que Ren ait sonné à la porte et attendu pendant près de dix minutes. Elle le salue avec un sourire éclatant comme le soleil du matin. Ça le fait immédiatement sourire en retour.

Il est tellement heureux de pouvoir la voir après une si longue attente.

“Qu’est-ce qui t’amène ici, Ren?”

“Oh, je passais par là, alors je t’ai apporté des cookies.”

“Ah oui?” Manao le regarde avec méfiance.

Ils ne sont même pas proches, pourquoi lui a-t-il apporté des cookies chez elle?

“Eh bien... euh... le café a essayé une nouvelle recette, alors je t’en ai apporté comme échantillons. Tu pourras dire si ça a bon goût ou pas,” explique Ren pour cacher sa timidité et il lui tend un paquet de biscuits.

Il veut lui parler plus longtemps que ça, mais il a dit qu’il ne faisait que passer. De plus, ce serait bizarre s’il lui demandait de l’inviter à l’intérieur parce qu’ils ne se sont rencontrés que quelques fois.

“Merci.”

Manao prend le paquet et regarde derrière Ren.

“Ah... Tu es venu ici seul?”

“Oui.” Ren acquiesce. “Pourquoi?”

“Pour rien. Je pensais que Mork était ici, aussi. Il a dit qu’il était ton ami.”

“Oh! Il est probablement chez lui puisque c’est samedi,” dit Ren, souriant même s’il ment. Il ne veut pas lui dire que Mork est au café car elle pourrait être triste.

Au fond, Ren est déçu que Manao veuille voir son ami et pas lui.

“Je ne fais que demander,” dit Manao, mais son visage rougissant lui indique qu’elle ne fait pas que demander. “Eh bien... je veux juste le remercier de m’avoir sauvé ce jour-là.”

“Je lui dirai pour toi.”

“Merci.”

Manao sourit timidement, ce qui est totalement différent de son sourire pour Ren. Il n’a peut-être pas beaucoup d’expériences avec l’amour et les filles, mais il peut le dire.

“On t’a eu! Il y a un gars qui vient voir Manao chez elle.”

Deux de ses amies se penchent vers la porte et la taquinent. Manao se retourne pour les regarder, son joli visage rougissant d’embarras. Ren la regarde, complètement sous le charme.

Mignonne... Mignonne... Mignonne... Mignonne...

Sa tête est pleine de ce mot.

“C’est Mork? Il est plutôt mignon.”

“Ce n’est pas lui!”

Dit Manao d’une voix sévère et elle leur dit de partir du regard, mais ses amis ne veulent pas retourner à l’intérieur et continuent de les regarder, elle et Ren, en souriant. Ses mots font que le sourire de Ren s’efface lentement.

Son esprit est maintenant rempli d’une énorme déception... Elle doit tellement aimer Mork qu’elle a parlé de lui à ses amies, tout comme Ren a parlé d’elle à Mork, non?!

“Euh... Je m’en vais, alors.”

“D’accord. Merci pour les cookies.”

Ren monte sur la moto. Manao sourit et attend qu’il parte, puis elle retourne à l’intérieur, sans savoir que... le visage souriant de Ren a lentement disparu.

À ce moment, il se sent étrangement agité.

Alors Manao... aime Mork!



Blue Sky Café

“Quoi...?”

Mork lève les yeux et demande à la personne qui se tient près de sa table et pose une boisson alors que celui-ci n’a rien commandé. Et cette personne n’est personne d’autre que le gars qui s’est fait frapper la bouche ce matin.

“Milkshake à la banane... C’est ton préféré, non?”

Avec cette réponse, Mork regarde Sun avec méfiance, ne lui faisant pas confiance. La première chose est, comment Sun sait-il ce qu’il aime? La deuxième chose est qu’il ne l’a pas commandé. Sun a-t-il mis un laxatif dans la boisson pour se venger de lui pour l’avoir embêté un peu plus tôt?

“Je n’ai pas mis de laxatif.”

Petit malin!

“Je n’ai pas commandé ça.”

“Je l’ai fait pour toi.”

“Tu es si gentil, hein?”

“Eh bien, tu m’aides et tu as même soigné mon bleu... Bien que tu aies été un peu dur.”

“Tu ne t’es pas plaint quand tu as été frappé, mais tu ne peux pas te taire juste parce que j’ai soigné ton bleu.”

Malgré ces mots durs, Mork attrape le verre et boit le milkshake à la banane.

“Au lieu de harceler la personne qui te soigne, tu devrais aller frapper cet enfoiré.”

“Je t’ai juste prévenu sur le fait que tu étais une tête brûlée.”

“C’est parce que tu harcèles la mauvaise personne. Fais plutôt des reproches à celui qui t’a frappé, pas celui qui a soigné ton hématome.”

“Être blessé par un étranger n’est pas aussi douloureux que d’être blessé par quelqu’un de proche.”

“Depuis quand sommes-nous proches?”

“Eh bien…”

Sun regarde Mork avec des yeux pleins de sens. Avant qu’il ne dise un mot, la porte du café est poussée. Lui et Mork se tournent dans cette direction et sont surpris de voir Ren entrer d’un air maussade, alors qu’il avait l’air tout lumineux en partant.

“Tu t’es disputé avec quelqu’un? Pourquoi as-tu l’air contrarié?” demande Sun à son frère.

“Ce n’est rien,” répond Ren avec agacement, essayant mais échouant à cacher son inquiétude.

“Tu es sûr que tu ne t’es pas disputé avec quelqu’un?”

“Avec qui pourrais-je me disputer, Sun?”

Ren soupire en regardant Mork, la cause de son humeur actuelle, et se dirige vers le réfrigérateur derrière le comptoir pour boire un peu d’eau froide afin de calmer son humeur.

Sun regarde Mork comme s’il demandait s’il savait quelque chose. Mork secoue la tête, même s’il devine que Ren se comporte ainsi à cause de Manao.

S’est-il battu avec ces voyous...?

Un client entre avant que Mork ne puisse répondre à sa question. Sun va chercher la commande au comptoir tandis que Ren, qui s’est calmé, s’assied à la table avec Mork et le regarde fixement.

“Pourquoi diable me regardes-tu fixement...?” demande Mork, déconcerté.

“J’ai quelque chose à te demander.”

Dit Ren, très sérieux. Il sait que ce n’est pas la faute de Mork si Manao l’aime bien, alors il devrait parler des choses avec son ami pour éviter de futurs problèmes.

“C’est si sérieux que ça?”

“Ouais! C’est une question de vie ou de mort, je veux d’abord mettre les choses au clair avec toi.”

Sa voix est aussi sévère que son expression, ce qui rend Mork anxieux lui aussi. Ren s’est absenté un petit moment et est revenu comme quelqu’un qui portait le problème national sur ses épaules.

“Alors?”

“Je suis allé voir Manao, et elle a demandé de tes nouvelles.”

“Et alors?”

“Tu n’en as vraiment aucune idée?”

“Ne fais pas traîner ça en longueur. Dis ce que tu as à dire.”

“Je pense que Manao pourrait t’aimer.” Mork se tait tellement que Ren sent que le café se tait aussi, même si les clients discutent encore. “Je veux savoir si tu... l’aimes bien.”

La phrase suivante rend tout encore plus silencieux. Mork jette inconsciemment un coup d’œil à Sun et voit que celui-ci les regarde déjà fixement... comme s’il avait tout entendu.

Et maintenant... Sun attend aussi d’entendre sa réponse!

“Alors?” dit Ren après que Mork se soit tu pendant plusieurs secondes. Mork quitte Sun des yeux et se tourne vers son meilleur ami. “Eh bien... ce n’est pas un gros problème. Je renoncerai à tout espoir si elle te plaît.”

“Tu es vraiment sérieux à propos d’elle, hein?”

“Je ne peux pas?”

Ren fixe Mork, attendant sa réponse. Il admet qu’il aime vraiment Manao et qu’il veut la séduire sérieusement après n’avoir fait ça pour personne pendant longtemps. Mais si Mork l’aime vraiment, il s’éloignera car il ne souhaite pas se battre avec son ami.

De plus, il ne veut pas se battre avec Mork à cause d’une fille...

“C’est bien que tu sois sérieux. Elle ne sera pas blessée.”

“Alors, tu l’aimes bien?”

“Comment je peux l’aimer quand tu es à fond sur elle?”

“Tu peux si c’est le cas. Ne t’inquiète pas pour moi.”

“Comme c’est gentil de ta part,” dit Mork avec sarcasme et agacement. Ren est entré dans le café en boudant, mais maintenant il a un large sourire sur le visage. “Je ne l’aime pas comme ça. Ne t’inquiète pas.”

“Je me sens mieux maintenant que je t’ai entendu dire ça.”

Ren devient visiblement heureux. La réponse de Mork ne met pas seulement Ren à l’aise, mais elle soulage également la personne qui écoute, comme Sun. Si Mork aimait Manao, Ren ne serait pas le seul à se sentir blessé.

Mais Sun... se sentirait blessé aussi!

“Nous sommes donc tous réunis ici.”

Dit Ren quand il voit la voiture de Pete s’arrêter devant le café, et le propriétaire en descendre. Il dit ‘tous réunis’ parce que Pete et Mork se sont autrefois battus, Pete déteste Sun, et Mork et Sun se méprisaient.

Maintenant que Pete est là... ce café devient le centre des anciens ennemis.

Même Ren s’est battu avec Pete. #PeteLeGentilGarsAvecMilleEnnemis

“Pourquoi tu es ici tout seul?”

Demande Ren alors que Pete entre à l’intérieur. Ce dernier les rejoint à la table pour ne pas avoir à s’asseoir seul. Il s’est disputé avec Ren et Mork, mais il se sent plutôt à l’aise maintenant qu’ils se sont réconciliés. Pete est le genre de gars qui ne garde pas de rancune après avoir arrangé les choses.

Sauf pour... certaines affaires.

“Kao donne des cours à un enfant du quartier, alors je suis venu l’attendre.”

“Quand aura-t-il fini?”

“Midi.”

“N’es-tu pas un gars si gentil? Tu le conduis à des endroits tous les jours.” Ren le complimente en plaisantant.

“Eh bien…”

Pete jette un regard involontaire à Mork pendant une seconde. Il a l’impression que Mork sait ce qu’est leur relation, heureusement que celui-ci garde le silence et le cache même à son meilleur ami.

“Je n’y peux rien! J’ai toujours besoin de compter sur lui. C’est pourquoi j’ai besoin d’être gentil.”

“Ouais, ouais, bien. S’entendre est mieux que de se détester comme avant.”

“Arrête de rappeler les mauvais souvenirs!”

Disent Mork et Pete simultanément. Les mauvais souvenirs ne les exaspèrent pas, ils les rendent gênés. En repensant à l’époque où ils se sont battus, ils peuvent sentir à quel point ils étaient embarrassants, idiots et puérils, même si cela ne fait pas longtemps.

Eh bien! Le temps ne peut probablement pas mesurer l’évolution des attitudes. C’est une expérience qui les amène à grandir et à acquérir de la maturité.

Un événement unique et court peut changer votre façon de penser pour toujours...



Lundi matin

Chez Kao

Dimanche, Pete a conduit Kao jusqu’à chez Non et l’a récupéré. Comme ils avaient des devoirs à rendre le lundi, Pete en a profité pour rester chez Kao. Ils vont à l’université ensemble aujourd’hui.

Comme chaque matin avec Pete, la vie de Kao est particulièrement chaotique avant qu’ils aillent à l’université.

Bien sûr que c’est le cas! Pete n’a pas arrêté de l’embêter la nuit dernière et il y a eu un autre round ce matin, puis ils ont traîné au lit jusqu’à ce qu’ils ne soient plus capables de respecter l’heure prévue et arrivent toujours en retard en classe.

“Pete, espèce de salaud! Je t’ai dit d'imprimer notre devoir. Pourquoi tu joues à un jeu?”

Kao sort de la salle de bain après avoir pris une douche, une serviette enroulée autour de sa taille, en regardant Pete qui, douché et habillé, n’arrive pas à faire ce qu’il lui a ordonné avant d’aller prendre sa douche.

“L’imprimante ne fonctionne pas, donc j’attends que tu le fasses.”

Répond Pete, imperturbable. Il se tourne vers la personne, qui vient de sortir de la salle de bain, sentant bon. En voyant l’état débraillé de Kao, les courbes de son corps, et sa séduisante peau claire....Pete commence à avoir de nouveau des ‘pensées cochonnes’.

“Comment ça peut ne pas marcher? J’ai imprimé les feuilles d’exercices pour donner des cours à Non hier.”

“Ça ne marche vraiment pas, mais on peut aller au magasin de photocopies à la place.”

“On n’y arrivera pas comme ça. Nous devons rendre le devoir ce matin. Et tu m’as tellement embêté qu’on est en retard.”

Kao grommelle de frustration en se dirigeant vers son bureau, ignorant le regard de Pete. Pete grimace lorsque Kao s’approche de lui, repousse la chaise sur laquelle il est assis et se penche pour manipuler la souris.

Pete peut sentir le léger parfum agréable de Kao. Il regarde les suçons qu’il a laissés sur la peau propre et claire de celui-ci et ne peut s’empêcher de repenser à la nuit dernière.

Rien qu’à l’idée de ce qui s’est passé sur le lit, le cœur de Pete s’emballe, son corps s’excite. Il doit se dire de se calmer, sinon il pourrait pousser Kao sur le lit, et ils manqueraient le cours et ne pourraient pas rendre leur devoir à temps.

Merde... il n’en a jamais assez de Kao!

“Pete!”

Son cerveau lui dit de se calmer, mais son corps ne veut rien entendre. Ses mains bougent par instinct, et en quelques secondes, il tire Kao pour qu’il s’assoie sur ses genoux.

Deux hommes assis sur la même chaise devant un bureau, c’est plutôt gênant, mais Pete pense que cette posture est géniale. Il est confiant dans la qualité de cette chaise car il l’a achetée pour Kao le mois dernier. Il a choisi celle dont la structure est solide et durable. Le prix n’avait aucune importance. Kao s’est même plaint qu’elle était trop chère.

Mais... il a fait beaucoup d’efforts spécialement pour ça.

S’il peut avoir ce moment avec Kao, il serait même prêt à payer 100 000 bahts!

“Mais qu’est-ce que tu fais? Tu ne vois pas qu’on est en retard?”

Kao se tortille et donne des coups de coude à Pete, mais ce dernier ne cède pas si facilement.

“Juste un peu.” Les mains de Pete commencent à bouger. Il ne les pose plus sur la taille de Kao mais descend vers ses cuisses... “Le professeur de ce cours ne prend pas de notes. On peut être en retard.”

“Nous ne pourrons pas rendre notre devoir à temps.”

“On peut le faire à la fin du cours. Le professeur est gentil.”

Kao a la tête qui tourne, il en a marre de se disputer avec ce salaud rusé. Quand Kao rate un cours, il doit rattraper la leçon, obtenir des polycopiés de Sandee et perdre son temps à donner des cours à Pete.

Kao ne sait pas si sa vie s’améliore ou empire depuis qu’il sort avec Pete, car il profite toujours de lui!

“On l’a fait ce matin, Pete. Laisse-moi y aller maintenant. Je vais imprimer notre devoir.”

La voix de Kao est dure. Il lâche la souris pour attraper les mains de Pete qui le caressent par dessus sa serviette. Si Kao avait eu une seconde de retard, ce rusé bâtard aurait pu l’arracher et la laisser tomber sur le sol.

“Tu sens bon.”

“Pete, connard!”

Kao hurle car Pete n’écoute plus. Il devient si excité qu’il ne veut plus lâcher Kao ni le laisser imprimer leur devoir. Pete commence à embrasser le cou de Kao, se déplace vers le lobe de son oreille, respire sa peau, mordille ses oreilles en jouant. Ses mains caressent Kao sur tout son corps, faisant se hérisser ses poils.

Kao sait que s’il laisse Pete goûter à ce genre de chose, les choses vont devenir plus intenses en moins de trois minutes. Pete est très actif et s’excite facilement. Ils finiront sans doute au lit.

Ou ça pourrait juste commencer et finir sur cette chaise!

“Pete... Ça suffit.”

Kao essaie de l’arrêter, sa voix est faible car le toucher de Pete lui fait de l’effet. Il déplace ses lèvres sur tout le dos de Kao, les pressant durement et légèrement de manière imprévisible, laissant des suçons sur sa peau pâle, les léchant jusqu’à ce que Kao ait soudainement chaud.

“Je n’en aurai jamais assez de ça.”

Marmonne Pete, ses mots sont indéchiffrables car sa bouche est toujours collée à la peau de Kao. Il est trop absorbé par ça pour se soucier de leur retard ou de la mission.

En ce moment, il ne veut que Kao... rien que Kao.

“Tu durcis trop facilement.”

Kao crie avec le peu de conscience qu’il lui reste. Si Pete n’arrête pas de l’attaquer comme ça dans deux minutes, Kao n’est pas sûr de pouvoir s’arrêter lui-même. C’est un être humain avec des sentiments.

Pas une pierre insensible!

“Tu vas bander, toi aussi. Crois-moi.”

Dit Pete avec confiance, un bras enveloppant Kao, le maintenant en place. Il fait glisser sa main de la cuisse de Kao jusqu’à cette partie... Son visage est toujours inlassablement enfoui contre la peau de Kao, sa barbe le chatouillant. Kao ne peut s’empêcher de jurer contre Pete pour ne pas s’être rasé ce matin.

Pete a peut-être fait exprès de ne pas se raser pour pouvoir l’embêter comme ça!

“Pete, ne fais pas ça. On va être en retard. Arrête.” Kao attrape la main de Pete avant qu’elle ne touche cette partie. Si Pete s’y met vraiment... ils ne pourront pas aller en cours tous les deux.

“J’arrêterai quand j’aurai fini.”

Quand est-ce qu’il va s’arrêter alors?

Plus il réfléchit, plus son mal de tête empire. Kao commence à paniquer car Pete n’écoute vraiment pas, ne répond pas et ne s’arrête pas.

Toc! Toc! Toc!

Puis... c’est comme si une cloche sonnait pour le sauver à temps car quelqu’un frappe à la porte.

“Il y a quelqu’un ici!”

Kao prévient Pete, la voix tremblante. Il essaie de le repousser et de se lever, mais Pete est maintenant comme une personne ivre, incapable de reprendre ses esprits, car il ne semble pas pouvoir s’arrêter.

Pete! Espèce de pervers.

“Pete!”

Kao crie et se lève au moment où la porte s’ouvre. Le bruit ramène immédiatement Pete à la raison. Ils se figent tous les deux et regardent la porte où se tient Gib.

Kao et Pete transpirent, ne sachant pas quoi dire ou expliquer. Gib... a dû voir ce qu’ils faisaient!

“Euh... Pourquoi vous me regardez? Qu’est-ce qu’il y a?”

Demande Gib. Kao et Pete, aussi choqués que s’ils avaient reçu un coup de couteau dans la poitrine, soupirent de soulagement.

Heureusement pour eux, Kao s’est levé des genoux de Pete une seconde avant que Gib n’ouvre la porte, c’est pourquoi elle n’a pas pu les surprendre en train de s’embrasser. Même si le corps de Kao est plein de suçons et qu’ils agissent tous les deux comme s’ils avaient fait quelque chose de mal, Gib est encore innocente et inexpérimentée, alors elle n’y prête pas attention.

“Qu’est-ce qu’il y a, Gib? Pourquoi as-tu soudainement ouvert la porte?” demande Kao, essayant de la distraire, tandis que Pete reste silencieux, ne l’aidant même pas à parler.

“Maman m’a dit de vous appeler pour prendre le petit-déjeuner. J’ai frappé mais personne n’a répondu, alors j’ai pensé que vous ne vous étiez pas levés.”

On est bien levés!

Pense Kao en se tournant vers Pete, qui était encore plus que levé il y a une seconde.

“Attends-nous en bas. On arrive tout de suite. Laisse-moi m’habiller d’abord.”

“Dépêche-toi. J’ai faim.”

“Alors tu devrais manger en premier, petite.”

Kao fait semblant de rire et referme la porte derrière Gib, se maudissant silencieusement d’avoir oublié de verrouiller la porte hier soir. Ils ont eu de la chance que Gib ne les ait pas vus s’embrasser.

Sinon, leur relation aurait été découverte.

Kao n’est pas vraiment prêt à le dire à sa mère et à sa sœur.

“On peut continuer...?”

Pete tourne sur sa chaise en souriant, et Kao répond par un regard noir. Après tout ça, Pete lui demande encore de continuer? Il devrait s’estimer heureux que Kao ne l’ait pas encore étranglé.

Espèce de pervers! Tu étais tellement pervers qu’on a failli se faire prendre... Tu n’as pas honte du tout?!



La Faculté d’Ingénierie

Université N

Kao et Pete sont arrivés en retard en classe ce matin. Heureusement, le professeur est aussi arrivé en retard et le cours n’avait commencé que depuis peu, si bien que Kao a pu rattraper son retard et n’a pas eu à le revoir. Ils ont mangé à la cantine à la fin du cours, puis ils ont marché jusqu’au parking car ils devaient se rendre sur un chantier. Ils se sont tous mis d’accord pour utiliser la voiture de Pete.

“Pourquoi ne sont-ils toujours pas là!”

Murmure Kao en attendant que Sandee achète du café. June et Thada sont allés aux toilettes. Il ne veut pas arriver en retard, sinon leur note sera diminuée si le professeur fait l’appel.

“Pourquoi tu te plains? Ils seront là dans une seconde.”

“C’est ennuyeux d’attendre.”

“Tu veux faire quelque chose pour tuer l’ennui?”

Pete sourit sournoisement. Kao se sent un peu en danger, et il a raison. À peine Pete a-t-il dit ça qu’il se tourne vers Kao et se penche... Les yeux de loup fixés sur la bouche de Kao lui disent ce que Pete a en tête.

“N’ose même pas!”

Kao se penche en arrière jusqu’à ce qu’il soit pressé contre la portière de la voiture, ses mains poussant Pete. Si Pete commence à l’embrasser... ça ne finira pas facilement.

Si June et Thada ou n’importe qui d’autre que Sandee les voit, leur relation ne sera plus un secret. Ce n’est pas que Kao veuille cacher des choses à ses amis, mais ils seront dans une situation difficile si les autres le savent. Sandee et Thada ne posent pas de problème puisqu’ils n’ont pas de grandes gueules.

Mais June... Ce n’est pas par hasard si on l’a surnommé ‘June sait, le monde entier sait’.

C’est vrai que June n’a jamais l’intention de faire des commérages ou de dénigrer ses amis, mais il est bavard. Des choses sortent toujours de sa bouche. Kao déteste que les gens le remarquent ou attirent l’attention sur lui.

Ne pas être trop voyant, sortir en secret comme ça, c’est suffisant.

“Je ne t’ai pas grondé pour ce matin, et tu essaies encore de causer des problèmes,” dit Kao sévèrement.

“Me gronder à propos de quoi?”

“Tu…” Kao est sur le point de cracher du feu.

A-t-il vraiment besoin de répéter ça? Pete n’est pas gêné par ce qui s’est passé ce matin?

“Heureusement que Gib ne nous a pas vu faire ça, sinon ma mère l’aurait su aussi.”

“Eh bien, elle ne l’a pas découvert. Tu réfléchis trop.”

“Tu devrais réfléchir davantage.”

“Huh, les autres vont le découvrir parce que tu réagis toujours de façon excessive.”

“Tais-toi.”

Kao ne réagirait pas de façon excessive si Pete ne l’ennuyait pas. Ça ne dérange pas Kao que Pete le harcèle ou soit collant avec lui quand ils sont seuls, mais il devrait se retenir quand ils sont en public.

“Les amoureux sont censés exprimer leur amour, sinon tu vas penser que je ne t’aime pas.”

“Je n’ai jamais dit ça.”

“C’est vrai, mais tu vas bouder si je n’exprime pas mon amour.”

Pete pince la douce joue de Kao. Il ne chercherait pas à provoquer Kao si ce dernier ne réagissait pas. Mais quand Kao le gronde pour cacher sa timidité, qu’il rougit et s’agite, de peur que les gens les démasquent... Pete aime ça et veut encore plus embêter Kao!

C’est plus fort que lui. Pourquoi Kao est-il si mignon quand on l’embête?

“Retiens-toi quand on est dehors. Je t’en supplie.”

Pete rit, mais il n’y a pas moyen qu’il s’arrête. Il se penche et embrasse Kao sur la joue. Et quand ce dernier fait des histoires, il frotte la joue de Kao avec son menton et sa barbe, en riant de plaisir.

Toc! Toc! Toc!

Le corps de Kao se fige lorsque des coups sont frappés à la fenêtre, tandis que Pete s’arrête comme s’il était éteint... Ils se tournent tous les deux vers l’endroit d’où provient le bruit et voient June qui regarde dans la voiture, confus.

“June, espèce de merde…”

“Qu’est-ce qu’on fait?” demande Kao, paniqué. Pete se crispe mais essaie de ne pas le montrer.

“Agis normalement. Il n’a peut-être rien vu. Les vitres de ma voiture sont teintées,” dit Pete en déverrouillant les portières. June ouvre la portière arrière, monte à l’intérieur et les regarde avec des yeux interrogateurs.

“Que faisiez-vous?”

“Quoi?”

Répond Pete comme si rien ne s’était passé. Il est doué pour faire semblant d’être désemparé afin de cacher la vérité. Kao essaie aussi de la cacher en restant silencieux.

“Je vous ai vus, toi et Kao…”

“Oh, il avait une poussière dans l’œil, alors je l’ai aidé à l’enlever. Pourquoi?” Pete invente une excuse, l’expression impassible. Kao a vraiment envie de lui donner l’Oscar du meilleur acteur.

Quel jeu d’acteur, quel naturel!

“Quelle poussière?” June regarde la clarté de l’air.

“La poussière dans la voiture. C’est quoi toutes ces questions? Où sont Thada et Sandee? Quand reviennent-ils?” Pete change de sujet avant que June ne puisse dire qu’ils mentent.

“Les voilà.”

Dit Kao, essayant de distraire June de cette histoire de poussière. Sandee et Thada montent bientôt dans la voiture.

“Qu’est-ce qui vous a pris si longtemps?” demande Kao.

“La file d’attente était longue. Nous n’aurions pas attendu si nous n’étions pas si fatigués.”

Sandee grommelle en se rapprochant de June pour faire de la place à Thada. Pete démarre quand tout le monde est assis. Il semble avoir oublié la poussière dans les yeux de Kao, mais Sandee remarque que June regarde Kao et Pete alternativement, en silence.

Sandee se sent mal à l’aise... June semble se douter de quelque chose!

“Quoi, June? Pourquoi tu regardes Pete et Kao?” demande Sandee.

Elle pose la question parce qu’elle souhaite que June exprime ce qu’il a en tête afin que ces ‘personnes expressives’ puissent trouver une excuse pour écarter les soupçons de June. S’ils laissent June réfléchir et conclure par lui-même, leur secret sera bientôt dévoilé.

Une fois qu’il aura compris, la question ne le tracassera plus.

“Je suis juste confus.” Pete et Kao se taisent cette fois. “Tout à l’heure, Pete a dit qu’il a aidé à enlever une poussière des yeux de Kao. Je me demande d’où vient la poussière. Sa voiture n’est pas si poussiéreuse.”

June a l’air de vouloir vraiment savoir. Sandee soupire silencieusement, sachant que la poussière est un mensonge. Pete et Kao ont dû se taquiner et se faire prendre par June, et c’était leur excuse bidon.

“La poussière est vraiment entrée dans mon œil.”

Dit Kao quand il croise le regard de Sandee. Son regard dit, ‘Vous l’avez encore fait’. Elle les a prévenus à plusieurs reprises de faire attention, ou alors ils devraient en finir et ‘annoncer’ leur relation à leurs amis.

Sandee en a marre de protéger leur secret et de gérer leurs amis parfois.

Elle déteste mentir à ses amis...

“Arrête de penser à ça, June. Tu n’as jamais eu de cils dans les yeux?” Thada rompt le silence. “J’ai essayé d’en enlever un de l’œil de Sandee l’autre jour.”

“Ils ont dit que c’était de la poussière, pas un cil.”

“C’est pareil,” dit Pete.

“Combien de temps vous allez vous disputer pour un cil?”

Kao meurt d’envie de changer de sujet. Il a peur que leur secret soit dévoilé s’ils continuent à parler de ça.

“Je n’avais pas les idées claires, alors c’était juste un lapsus. Ça fait deux jours que je n’ai pas assez dormi. J’ai dû me lever et conduire Kao au centre de tutorat tôt le week-end dernier,” dit Pete.

“C’est vrai, comment est ton élève, au fait!”

Sandee profite de cette occasion pour changer de sujet avant que June ne devienne plus suspicieux à propos de cette histoire de poussière. Pete lui répond rapidement et la remercie dans sa tête de les avoir aidés à changer de sujet. S’ils continuaient à parler de la poussière et que leur secret était découvert, Kao serait si contrarié qu’il interdirait à Pete de s’approcher de lui pendant des semaines, et celui qui en souffrirait serait lui, le petit ami.

Sans parler du fait d’être séparés pendant des semaines...... Rien que les week-ends rendaient déjà Pete fou!



Un soir

La faculté d'Ingénierie

Université K

“Tu veux traîner au café?”

Demande Ren en montant à l’arrière de la moto de Mork. Il ne demande jamais comme ça, mais il veut savoir si Mork et Sun s’entendent bien. L’employé du café lui a dit que Mork avait soigné l’hématome de Sun.

Sun et Mork ne l’ont jamais mentionné, de plus ils sont très fiers. C’est une souffrance pour Ren que de devoir attendre leur réaction. C’est pourquoi il a décidé de demander ça aujourd’hui... Si Mork part dès qu’il l’a déposé, ça veut dire qu’ils sont toujours en mauvais termes.

“Non. Pourquoi?” Mork répond et démarre.

“Je veux juste savoir si toi et Sun êtes toujours en mauvais termes.”

“Nous n’avons jamais été en bons termes en premier lieu.”

“C’est vrai. Mais vous sembliez vous entendre pendant un moment, et puis vous vous êtes à nouveau disputés.”

“Je ne me suis jamais entendu avec ton frère. Arrête d’imaginer des choses.”

“Sun t’a même remercié quand tu l’as sauvé de Boy. Puis j’ai remarqué que vous ne vous disputiez plus aussi souvent,” explique Ren.

“Il m’a remercié parce que c’était une chose polie à faire, et je l’ai accepté par politesse.”

“Quel entêté! Orgueilleux! Agaçant!” Ren fait une moue ennuyée. “Et on dirait que tu es en colère contre lui plus sérieusement qu’avant. Tu es mon meilleur ami. Sun est mon frère... Je ne veux pas que vous vous disputiez. Tu me comprends?”

“Ouais, ouais.”

“Ouais, ouais. Mais pourquoi tu le détestes toujours?”

“C’est lui qui me déteste.”

Mork a essayé de ne pas trop réfléchir au début, mais maintenant que Ren en a parlé, Mork ne peut s’empêcher de repenser au moment où il a sauvé Sun de ce connard. Il sait qu’il a été impulsif, mais s’il ne l’avait pas fait, cette ordure n’aurait pas arrêté de s’en prendre à Sun. Mork n’a jamais souhaité que Sun lui fasse un compliment. Il ne veut simplement pas que Sun l’insulte comme ça.

Il admet que l’insulte de Sun l’a beaucoup blessé.

Mork sait que Ren a dit cela parce qu’il n’est pas au courant de ce qui s’est passé, et il comprend son anxiété en tant que personne coincée au milieu... Mork et Sun ne se disputent jamais physiquement parce qu’ils tiennent à Ren. Mork évite Sun car Ren se sentirait mal à l’aise s’ils se battaient.

“Mais vous ne vous détestez pas vraiment, n’est-ce pas ? Si c’était le cas... tu n’aurais pas soigné son bleu. Et Sun ne t’aurait pas laissé faire s’il te détestait. Alors, qu’est-ce qui se passe entre vous deux?”

“Pourquoi veux-tu autant le savoir? Tais-toi, c’est énervant. Tu me déconcentres.”

“Tu ne veux pas répondre, c’est tout... Je le sais.” ose répondre Ren, peu gêné d’être traité d’énervant. “Toi et Sun... vous agissez comme un couple qui se dispute et vous ne dites pas un mot quand on vous le demande.”

“Ren, espèce d’enfoiré! Si je n’étais pas en train de conduire, je t’aurais enfoncé mon poing dans la bouche.”

Les mots de Ren l’ont presque fait tomber. Heureusement qu’il n’a pas fait d’écart sur la route ou percuté des voitures. La personne dont les mots ont fait sursauter son ami est maintenant en train de rire, cependant.

Ren cesse de rire lorsque son téléphone sonne. Il décroche, l’air surpris, les yeux remplis de joie puisque l’écran indique qu’il s’agit de Manao.

Depuis que Ren l’a raccompagnée et a eu le courage de lui demander son numéro, ils ne se sont jamais appelés ni envoyés de messages. Il voulait commencer mais a hésité, alors il a fini par ne jamais la contacter.

“Salut, Manao. Qu’est-ce qu’il y a?”

Demande Ren d’une voix joyeuse, tout en se demandant ce qui est si important pour qu’elle décide de l’appeler en premier. Il veut croire que Manao est un peu intéressée par lui, mais il n’ose pas vraiment le penser.

En entendant son ami parler à la fille, Mork secoue la tête de façon fatiguée... Ren l’obligeait à lui répondre tout à l’heure, mais maintenant il est tout rayonnant et heureux parce que son crush l’a appelé.

[Ren! Aide-moi, s’il te plaît. Ces gars sont venus chez moi. Ils ont garé leurs motos devant la porte d’entrée depuis un moment et ne veulent pas partir. Mon père n’est pas rentré. Je suis seule et j’ai peur.]

Dit Manao, la voix remplie de peur. Ren devient pâle tellement il s’inquiète pour elle. S’ils s’introduisent dans sa maison, elle ne pourra pas s’en charger toute seule.

Et il ne peut pas croire qu’ils ne feront pas quelque chose de terrible à une fille.

“Manao, ne sors pas et ne leur fais pas savoir que tu es à la maison. Je vais les faire fuir.”

[S’il te plaît, dépêche-toi. J’ai peur. Je les ai vus essayer de regarder à l’intérieur.]

Plus il écoute, plus il est mal à l’aise. Ren devine que Manao lui demande de l’aide parce qu’elle n’a peut-être pas beaucoup d’amis masculins capables de gérer ces abrutis, et elle ne veut probablement pas que son père le sache. Mork l’a aidée une fois, mais elle n’a pas son numéro, il n’est donc pas étrange qu’elle ait appelé Ren à la place.

Malgré son malaise, Ren essaie de garder son calme et de la calmer. Il est déterminé à arriver sur place pour l’aider aussi vite que possible, et il ne les laissera pas la toucher.

“Qu’est-ce qu’il y a? Pourquoi as-tu l’air si sérieux?” demande Mork quand Ren raccroche.

“Ces minables qui ont essayé d’obtenir son numéro sont chez elle. Ils attendent dehors et ne partent pas. Manao a peur qu’ils entrent par effraction, alors je lui ai dit que j’irais l’aider.”

“Je savais que ces enfoirés n’abandonneraient pas si facilement,” dit Mork avec colère et irritation.

Mork était inquiet que cela puisse arriver. Ces types ont une logique ridicule et croient que le monde tourne autour d’eux, n’ayant absolument aucun sens commun.

Pourquoi ne comprends-tu pas que la fille n’est pas intéressée par toi? Qui va t’aimer si tu agis comme ça?

“Dépêche-toi, je veux l’aider aussi vite que possible,” dit Ren.

Ren est trop anxieux pour remarquer que Mork a déjà accéléré au moment où il a dit que ces voyous étaient venus chez Manao. Ils vont voler s’il roule plus vite que ça.

“Mais je pense que tu devrais aller au café, je vais m’occuper d’eux,” dit Mork après avoir réfléchi un moment parce que les mots de Sun lui reviennent en tête... Mork ne peut plus faire risquer sa vie à Ren ou le faire se battre.

Ou bien Sun sera encore plus inquiet pour Ren. Il grondera Ren et lui reprochera d’avoir entraîné son frère dans sa chute.

Mork... est habitué à se battre avec ces vauriens, et il n’a jamais été une bonne personne aux yeux de Sun de toute façon, alors peu importe combien de fois il se bat.

“Comment peux-tu y aller seul? En plus, c’est mon problème.”

“Je sais que tu es inquiet, mais je les ai affrontés une fois, donc je devrais être celui qui s’en occupe. Tu n’as pas à prendre de risques, et je ne veux plus avoir de problèmes avec ton frère.”

“Mais... je suis aussi inquiet pour toi.”

Lui dit honnêtement Ren. Mork s’est souvent battu et s’en est plutôt bien sorti, mais comment peut-il se battre seul s’ils sont nombreux? Il sera trop tard pour demander à leurs amis de venir le soutenir.

“Je peux m’en occuper s’ils sont moins de trois. Ils étaient deux la dernière fois. Je ne pense pas que leur gang soit grand ou quoi que ce soit, et ils ne me tueront probablement pas.” Mork donne sa raison à Ren. “N’aies pas peur que j’essaie de te voler la vedette. Je lui dirai que tu m’as dit de venir l’aider.”

“C’est différent d’y aller moi-même. Je suis inquiet pour elle.”

“Je lui dirai que tu as un problème avec ta famille, donc tu ne peux pas avoir d’ennuis même si tu es tellement inquiet que tu voudrais y aller toi-même. Et crois-moi... je ne suis pas intéressé par la fille de mon ami.”

“Je sais.”

Ren n’est pas inquiet que Mork essaie de l’impressionner en y allant seul. Il veut l’accompagner seulement parce qu’il déteste envoyer son ami affronter le danger seul.

De toute façon... puisque Mork insiste, Ren n’a pas d’autre choix que d’accepter ce plan.



Mork dépose Ren dans la rue principale et se rend dans l’autre ruelle où se trouve la maison de Manao. C’est plus calme que la ruelle où se trouve le café de Sun, et sa maison est assez éloignée des autres, pas tant que ça, mais il n’est pas surprenant qu’elle ait peur. Ces voyous doivent avoir l’air trop intimidants pour une fille.

Quand il arrive près de sa maison, il constate qu’il y a quatre de ces salauds. Ça l’exaspère, de voir à quel point c’est scandaleux. Que vont penser les gens qui passent par là de Manao? Si ses voisins indiscrets voient ça, ils pourraient la dénigrer. Plus il y pense, moins il peut reculer.

Même s’ils sont plus nombreux, il n’a pas peur!

Mork arrive chez elle, gare sa moto et se dirige vers eux. Ces minables se tournent immédiatement vers lui.

“Encore ce connard!?” Le type dont Mork se souvient comme étant Ton le regarde d’un air menaçant.

Il pointe le visage de Mork comme s’ils étaient ennemis depuis 10 ans. Ton est celui qui a reculé la dernière fois quand ils ont failli se battre. Il a dû être blessé dans son orgueil par le fait que Manao a refusé de lui donner son numéro et qu’il a été chassé.

“Qui c’est, P’? Le petit ami de cette salope?” demande un de ses sous-fifres.

Mork ne l’a jamais vu. Ton a dû l’amener ici en renfort.

Plus Mork réfléchit, plus ils ont l’air pathétiques. Ton a amené trois larbins juste pour voir une fille, hein? Il prévoit probablement de les utiliser pour la menacer de lui parler, ou il a peur que quelqu’un vienne l’aider. Ce genre de type est juste un chien sans défense dans un coin s’il est seul.

Quel loser!

“Il ne l’est pas! Cet enfoiré ne fait rien d’autre que de fourrer son nez dans les affaires des autres et de se battre avec eux,” dit Ton en ricanant. “C’est cet enfoiré qui s’est battu avec moi la dernière fois.”

“C’est vrai! Viens me voir si tu as un problème avec moi. Pourquoi tu dois venir la déranger?”

“Bien sûr que je vais venir te voir, mais je vais aussi la baiser pour te briser ton putain de cœur.” Ton crache sans la moindre honte sa mauvaise pensée, en faisant une grimace tellement irritante que Mork a envie de le frapper tout de suite. “Ce serait ennuyeux de ne s’en prendre qu’à toi... Mais si je m’en prends à tout le monde autour de toi, ce sera une putain de satisfaction!”

“Espèce de merde!”

“Hé! Attrapez-le!”

Ton crie, et ses trois sbires se jettent sur Mork!



Blue Sky Café

Ren donne un coup de main au café comme d’habitude, mais il n’arrive pas à se concentrer. Il est mal à l’aise et anxieux, incapable de rester en place. Il tourne en rond et regarde sans cesse son téléphone, car Mork a dit qu’il appellerait Ren au cas où il se passerait quelque chose. Cela fait vingt minutes, mais il n’y a toujours aucun signe de lui.

“T’es mort? Allez, mec…” Ren, inquiet, marmonne et fait un signe, ignorant que ses actions pourraient amener quelqu’un à se demander ce qui se passe.

Mork, allez.

Pense Ren avec inquiétude, retournant derrière le comptoir. Sun l’observe avec la plus grande confusion. Il a remarqué l’expression maussade de Ren et ses manières inhabituellement troublées depuis qu’il est entré dans le café... Il connait Ren depuis qu’il est enfant, il peut donc sentir les comportements inhabituels de son frère.

“Qu’est-ce qui ne va pas!” demande finalement Sun.

“Rien,” Ren refuse rapidement de lui dire.

Ren fait de son mieux pour garder son calme, même s’il sait qu’il est difficile de mentir à Sun, il ne veut pas l’inquiéter et il a peur que ce dernier réprimande à nouveau Mork s’il le sait.

“Rien? Tu agis bizarrement depuis que tu es rentré.”

“Le cours était intense. Aujourd’hui…”

“Arrête de mentir!”

Sun regarde le piètre menteur encore plus sévèrement, laissant Ren sans voix. Il sait qu’il ne pourra jamais mentir à Sun, et Sun n’est pas trop stupide pour savoir qu’il cache son inquiétude.

“Dis-moi ce qui s’est passé. On dirait que tu es sur le point d’exploser.”

“Ne gronde pas Mork si je te le dis, d’accord?”

“Que lui est-il arrivé?”

L’expression de Sun se durcit, non pas parce qu’il a prévu de gronder Mork comme Ren en a peur. Mais le malaise et les mots de Ren lui disent que quelque chose de terrible a dû arriver à Mork ou... Mork a dû se battre avec quelqu’un!

N'a-t-il jamais écouté ce que j'ai dit?!

Sun en veut à Mork pour être allé se mettre en danger et s'inquiète de savoir s'il pourrait résoudre le problème avec son tempérament. Mork a semblé comprendre son avertissement lorsqu'ils ont parlé cette fois-là, mais il a recommencé à s'emporter dernièrement. Et comme ils viennent de se disputer, Sun a peur que Mork ne recommence à mal se comporter juste pour se venger de lui.

"Tu as déjà une expression de colère. Comment diable puis-je te le dire maintenant?"

"'Dis-le moi maintenant, ou je vous gronde toi et ton ami!" Sun se renfrogne. Bien que Ren se soit battu plusieurs fois, il a peur de Sun comme s'il était son père.

Il raconte enfin tout à Sun.

"Eh bien... Je cours après cette fille. Elle a attiré des voyous l'autre jour. Ils la menaçaient pour qu'elle leur donne son numéro quand Mork est passé, et il les a fait fuir. Mais ces voyous sont toujours après elle. Ils sont allés chez elle aujourd'hui et elle m'a appelé. Je voulais aller l'aider, mais Mork ne voulait pas que tu m'engueules pour m'être à nouveau battu, alors il est allé seul là-bas pour l'aider."

Sun veut apprécier le sacrifice de Mork, qu'il risque sa vie pour Ren, mais il n'a pas à faire face à ces hommes tout seul puisque leur pays a des lois.

Pourquoi n'a-t-il pas appelé les flics ou dit à son père de s'occuper de cette situation?

"Il a dit qu'il m'appellerait, mais... ça fait vingt minutes. Toujours rien."

Vingt minutes?!

Plus Sun réfléchit, plus il se sent inquiet. Il est tout agité. Si Mork a été battu pendant si longtemps, ne serait-il pas déjà mort ou devenu un fantôme qui hante la maison de la fille?

"Tu restes ici. Je vais aller aider ton ami."

"Je ne peux pas venir avec toi?"

"Qui s'occupera du café si tu pars?"

Sun s'agite. Il n'a engagé qu'un seul employé, qui pourrait ne pas être capable de gérer tous les clients le soir, quand la plupart des gens sortent du travail.

"En plus de ça... vous êtes tous les deux des têtes brûlées. Si tu vas là-bas, vous allez tous les deux aggraver la situation jusqu'à ce que les choses deviennent incontrôlables," dit Sun, très sérieux. " Fais-moi confiance. Je vais m'en occuper."

"Mais s'il te plaît, ne l'engueule pas," répète Ren à Sun car il déteste les voir se fâcher. "Vous êtes déjà en si mauvais termes. Je ne veux pas que vous vous disputiez à nouveau."

"Ok," promet Sun juste pour le faire parler. "Où est la maison de la fille?"

"Dans l'autre ruelle. Tu les verras si tu continues à rouler. Ils sont probablement en train de se battre."

Sun se précipite dehors dès qu'il sait où il doit aller. Il monte dans la voiture et roule à la vitesse de la lumière comme s'il était un coureur automobile. Il est anxieux et inquiet comme jamais. Tout comme lorsque Mork s'est précipité pour le sauver sans se soucier de sa vie lorsque Boy a amené ses sbires pour détruire son café. Ren se demande pourquoi ils agissent comme des ennemis alors qu'ils se soucient l'un de l'autre... Il ne comprend vraiment pas son meilleur ami et son frère!



Ne devrait-il pas être battu à mort maintenant?

pense Sun en entrant dans la ruelle à grande vitesse. Il volerait s'il le pouvait. Il ne pense même pas à gronder Mork parce qu'il ne peut que s'inquiéter pour lui en ce moment.

Sun n'a jamais pensé qu'il serait inquiet pour quelqu'un qui n'est pas de sa famille.

"Merde!"

Il jure à voix haute même s'il est habituellement calme et ne dit pas de mots grossiers à moins d'être vraiment énervé. Mais ce qui se passe devant lui est encore plus qu'exaspérant.

Les bras de Mork sont bloqués par deux hommes tandis que les deux autres hommes le frappent à tour de rôle. Même en regardant de l'intérieur de la voiture, Sun peut voir les bleus de Mork, les blessures près de son sourcil, et le sang au coin de sa bouche,

SCREECH !

Sun arrête sa voiture une fois qu'il est arrivé chez elle et saute presque du véhicule par impatience. Il claque la portière et se précipite vers ses cibles. Il tire sur les épaules des hommes qui frappent Mork, ce qui est facile puisqu'ils sont pris au dépourvu.

Mork en profite pour se débarrasser des hommes qui lui bloquent les bras.

"C'est quoi ce bordel?!" jure Ton à voix haute.

"Ce ne sont pas tes putains d'affaires!" crie le sous-fifre de Ton à Sun.

"Je n'en sais rien, mais ceux qui blessent physiquement les autres doivent dormir en prison."

Sun tente de réprimer sa colère alors qu'il a réellement envie de frapper ces hommes pour venger ce qu'ils ont fait à Mork. Mais s'il utilise la violence, il ne sera pas différent de ce qu'il a reproché à Mork, et le problème ne fera que s'éterniser.

Il ne veut en aucun cas souiller sa main avec le sang de ces hommes.

"Toi!"

Ton est sur le point de charger Sun. Ce dernier fait mine de passer la main derrière son dos comme pour dégainer une arme, Le geste les fait s'arrêter... L'expression inébranlable, sérieuse, prête à se battre de Sun commence à les effrayer.

Si Sun a une arme, même eux quatre ne peuvent pas le vaincre, bien sûr.

"Partons pour l'instant!"

Dit Ton à ses sbires, puis il pointe le visage de Mork de manière menaçante avant de sauter sur sa moto et de s'éloigner. Sun et Mork les observent jusqu'à ce qu'ils soient sûrs que ces hommes ne reviendront pas, puis ils tournent leur attention l'un vers l'autre.

Sun regarde Mork, et Mork regarde également Sun...

Leurs regards se croisent involontairement. Mork n'a jamais pensé que Sun l'aiderait, mais il ne peut pas se résoudre à s'attendre à ce que Sun s'inquiète pour lui, et au fond, il attend que Sun le gronde ou dise quelque chose qui le blesse.

Pendant ce temps, Mork ne peut pas savoir que ses yeux emplis d'émotions... les yeux pleins de confusion, de douleur, de joie, de peur de l'attente, et d'hésitation à se sentir heureux, font fondre le cœur de Sun.

Sun ravale tous les mots blessants. Chaque fois qu'il a grondé Mork, ce n'était jamais par haine. Et chaque fois qu'il s'est mis en colère quand Mork s'est battu, ce n'était pas non plus par haine... Sun était juste inquiet pour Mork et souhaitait ne plus jamais le voir se blesser.

"C'était plutôt violent cette fois, hein...?"

Dit Sun d'une voix douce et avec un visage à moitié sérieux, en tendant sa main pour essuyer le sang de Mork. Mork, qui n'est pas habitué à la gentillesse de Sun, repousse sa main.

C'est un léger rejet, pas aussi féroce qu'avant.

"Comment es-tu arrivé ici? Ne me dis pas que tu es juste passé par là."

"Ren m'a dit que tu te battais, alors je suis venu ici."

"Pour m'engueuler?"

"J'ai fait ça? "

La question de Sun fait taire Mork. Il fixe Sun et sourit.

"Ta capacité de survie est plutôt grande."

Mork regarde la taille de Sun, où aucune arme n'est rangée, il en est sûr. Il se tenait derrière Sun mais n'a rien dit pour voir si ces hommes allaient se dégonfler et s'enfuir.

Il s'est avéré que Ton et sa bande se sont vraiment dégonflés et sont partis.

"Je t'ai dit qu'on pouvait résoudre les problèmes sans utiliser la violence."

"C'est vrai." Mork pince immédiatement les lèvres.

La personne qui s'est fait taquiner sourit avec amusement au lieu de s'énerver.

"Mais tu es dans un sale état aujourd'hui."

"Ils étaient quatre, et je ne suis pas Captain America. J'ai de la chance de ne pas avoir été battu à mort."

Mork essuie son sang avec le dos de sa main. Il pouvait le gérer au début, mais peu importe à quel point il était bon, les quatre hommes se sont ligués contre lui, alors il a de la chance de ne pas avoir été battu et laissé pour mort dans une mare de sang.

"C'est vrai. Quel combattant," répond Sun en se moquant de lui.

"Sun!"

"On ne va pas se disputer aujourd'hui... Ok ?"

Dit Sun avant que Mork ne commence un nouveau conflit avec lui. Dans son état actuel, il devrait aller à l'hôpital et ne se disputer avec personne.

Avant que Mork ne puisse dire quoi que ce soit, une voiture s'arrête près d'eux. Son bruit incite Manao, qui avait peur et se cachait dans sa maison, à sortir en courant pour ouvrir le portail. Elle se souvient du bruit de la voiture de son père.

"Papa! Aide-moi!"

Manao observait la situation pendant tout ce temps. Elle s'est sentie soulagée quand Mork est arrivé, mais il est venu seul, alors elle avait peur qu'il ne soit pas capable de neutraliser ces hommes. Elle a donc décidé d'appeler son père et de tout lui raconter, en lui demandant de se dépêcher de rentrer à la maison. Lorsque Mork s'est fait attaquer, elle était à la fois effrayée et inquiète pour lui, mais ne savait pas comment l'aider.

Elle avait peur que la situation ne s'envenime si elle appelait la police sans consulter un adulte. Tout ce qu'elle pouvait faire était d'appeler son père et de lui dire de rentrer rapidement à la maison. Heureusement que Sun est venu aider Mork, sinon elle se serait sentie terriblement coupable.

"Papa!"

Manao court se jeter dans les bras de son père alors qu'il sort de sa voiture. Il lui fait un câlin réconfortant... Sun les regarde, pensant que la personne qui va résoudre le problème et s'occuper de cette affaire est enfin arrivée.



Le père de Manao remercie Sun et Mork d'avoir sauvé Manao de ces hommes et propose de payer la facture de l'hôpital, mais Mork refuse puisqu'il n'a pas besoin d'aller à l'hôpital. Son père est toujours inquiet, alors Mork essaie de le rassurer en lui disant qu'il va bien. Manao semble également très inquiète.

Elle pleure, remercie Mork et s'excuse auprès de lui qu'il ait été blessé et ne pas avoir pu l'aider. Mork lui dit que ce n'est pas du tout sa faute.

Avec ce qui s'est passé aujourd'hui, elle trouve Mork encore plus impressionnant. Bien qu'il essaie d'expliquer qu'il n'est venu ici que parce que Ren le lui a demandé et que ce dernier voulait l'aider mais qu'il n'a pas pu le faire pour des raisons personnelles, elle est toujours aussi impressionnée par Mork.

Sun suggère à son père de faire un rapport au cas où ils reviendraient la harceler à nouveau. Son père leur assure qu'il s'occupera de tout et que cela ne se reproduira plus. Sun et Mork se sentent soulagés en entendant cela.

Après cela, Sun dit qu'il va emmener Mork à l'hôpital, sachant que Mork ne veut pas y aller lui-même. Il laisse même la moto de Mork chez Manao et l'oblige à monter dans sa voiture.

Mork refuse d'y aller, mais Sun insiste sur le fait qu'il ne laissera pas le jeune homme monter seul sur sa moto. Bien que Mork lui assure qu'il va bien, si Sun le laisse faire, il aura un accident et ira sans doute en enfer. Le père de Manao intervient. Si quelque chose arrive à Mork, lui et Manao se sentiront encore plus coupables. C'est alors que Mork cède enfin et monte dans la voiture de Sun.

"Je l'ai trouvé. Plutôt mal en point mais toujours une grande gueule..."

Dit Sun à Ren, qui doit s'inquiéter comme un fou pour Mork et Manao, au téléphone. Quand Mork entend 'toujours une grande gueule', il fixe Sun d'un regard noir qui se contente de sourire d'amusement comme s'il s'amusait à provoquer la personne blessée.

"Je l'emmène à l'hôpital et je le ramènerai plus tard. Va chercher la moto de ton ami et gare-la au café. Elle est devant la maison de Manao. Elle va bien. Son père s'occupera de tout. Arrête de t'inquiéter pour les autres. Fais ce que je te dis. Je rentrerai après que ton ami ait vu le docteur. Je ne sais pas si ça va être long. Occupe-toi du café et ferme-le si je n'arrive pas à temps."

Il est sur le point de raccrocher après avoir dit tout ça, mais Ren lui répète de ne pas réprimander Mork. Sun ne sait pas s'il doit rire ou s'il doit être agacé par le fait que Ren ne cesse de lui rappeler comme s'il avait peur que Sun ne gronde Mork dès qu'il en aura l'occasion.

"Ne te mets pas en danger la prochaine fois."

Dit Sun à Mork après avoir raccroché. Il sait que Ren l'appellera à nouveau pour savoir comment va Mork après qu'il ait fait ce que Sun lui a dit de faire. Ren semble être vraiment inquiet puisqu'il l'a appelé si rapidement.

"Ren m'a appelé parce qu'il est très inquiet pour toi. Pourquoi n'as-tu pas répondu à son appel?"

"Les blessures font mal. Je ne veux rien dire," dit Mork d'un ton fatigué.

"Et ce que je viens de dire? Tu ne m'as pas répondu."

Mork soupire, pensant que Sun avait déjà oublié, mais Sun remet le sujet sur le tapis.

"Il faut d'abord évaluer la situation. Si ces voyous la harcèlent à nouveau, est-ce que ce ne sera pas trop cruel si je ne fais rien? Si c'était toi... tu pourrais supporter qu'une fille soit harcelée devant toi?"

"Ils n'oseront probablement plus s'en prendre à elle. Son père va le signaler à la police, alors ils vont devoir faire quelque chose. Ce n'est pas comme si j'étais égoïste au point de ne pas vouloir l'aider. Je veux juste te mettre en garde, c'est tout." essaie d'expliquer calmement Sun. Il sait que Mork sera contre lui s'il est dur ou s'il s'emporte en parlant.

"Oui, oui. Mais ne m'emmène pas à l'hôpital. Je t'ai dit que je n'irai pas," dit Mork alors que Sun tourne pour sortir de la ruelle. "Je n'ai pas peur des médecins. Mais les blessures ne sont pas si graves."

"Tu as été blessé à ce point et tu ne veux toujours pas voir de docteur?"

"Je sais que je vais bien."

"Lèvres éclatées, peau arrachée au-dessus d'un sourcil, et un visage meurtri comme ça?"

"Ça ira mieux dans quelques jours."

"Et les contusions internes?"

"Ils ont frappé mon estomac quelques fois. Ils ont surtout visé mon visage. Arrête de discuter. Je ne veux pas bouger mes lèvres."

Mork soupire contre la personne qui n'a pas arrêté de le faire parler. Il n'a pas répondu à l'appel de Ren parce qu'il n'avait pas envie de parler, mais Sun n'a pas cessé de le disputer. Ce qui est bizarre, c'est qu'il ne peut pas simplement écouter Sun et rester silencieux. Il doit juste riposter.

"Tu devrais dire ça à ceux qui te frappent, pas à ceux qui t'aident."

"Connard..."

Mork marmonne, sachant que Sun a volontairement répété ce qu'il a dit la dernière fois.

"Maintenant nous sommes quittes." Sun rigole. "Tu m'as aidé la dernière fois, et je t'ai aidé cette fois."

"Hum."

"Maintenant tu peux arrêter de m'éviter."

"Ça n'a rien à voir avec ça."

Mork réplique immédiatement. Il n'arrive pas à croire que Sun mette ça sur le tapis comme si ce n'était rien. Il déteste quand Sun peut lire dans ses pensées et savoir ce qu'il pense comme ça.

"De quoi s'agit-il, alors?" Sun jette un coup d'œil à la personne blessée, son regard doux, et il reporte son attention sur la route. Il continue à parler d'une voix profonde et mélodieuse. "Je suis désolé.... si j'ai dit quelque chose qui t'a blessé. Je t'ai seulement mis en garde parce que je ne veux pas que tu sois tête brûlée et que tu laisses tes émotions prendre le dessus... Je suis vraiment inquiet."

"Arrête d'utiliser cette voix, c'est agaçant!"

Dit Mork, incapable de supporter ça, au point d'être à deux doigts de se boucher les oreilles. Il n'est pas vraiment agacé, mais cette voix fait palpiter et fondre son cœur à tel point qu'il a l'impression de ne pas être lui-même.

"Quelle voix?" demande Sun, hébété.

"Ta deuxième voix," dit Mork avec irritation.

"Quelle deuxième voix ?" demande Sun en riant.

"La voix que tu viens d'utiliser... je la déteste!" Mork se renfrogne.

En voyant l'expression de Mork, Sun esquisse un sourire, satisfait de sa réaction, mais il ne dit rien. Il ne veut pas trop l'"attaquer", sinon Mork ne pourra pas le supporter et l'évitera.

Mork reste silencieux pendant quelques secondes lorsque Sun a cessé de parler. Il hésite un instant avant de se décider à parler.

"Je peux rester dormir... ce soir ?"

A cette question, Sun tourne à nouveau son regard vers Mork et se tait... Les mots "rester dormir" lui donnent un sentiment étrange. Il ne peut s'empêcher d'avoir une 'mauvaise' pensée, même s'il sait que Mork ne voulait pas dire 'ça', parce qu'ils ne sont pas du tout en position de penser à ce genre de choses.

"Mes parents vont râler comme des fous s'ils me voient dans cet état."

Mork donne tout de suite la raison à Sun, qui ne dit rien. Si ça avait été avant, quand ils étaient encore en mauvais termes, il ne serait pas resté chez Sun, même si Sun le lui avait demandé, mais... il semble qu'ils s'entendent un peu mieux maintenant. C'est pourquoi Mork a choisi de dormir chez Sun plutôt que de se faire gronder par ses parents à la maison. Et il espère que Sun lui épargnera une leçon.

"Ils râlent seulement parce qu'ils sont inquiets."

Et voilà… C'est redevenu un vieux grincheux.

"Je sais. Je ne veux pas les entendre râler pour le moment. Tu comprends?"

"Et tu comprends que je t'embête aussi parce que je suis inquiet?"

"Oui! J'ai compris. Tu vas me laisser rester dormir chez toi maintenant?!"

Sun rit en guise de réponse. Mork marmonne dans sa barbe que Sun s'amuse trop de la situation, sans savoir que Sun pense que... le côté enfantin d'un gamin agressif comme Mork est plutôt mignon.

S'il savait que Sun pense qu'il est mignon...

Mork changerait certainement d'avis et ne resterait pas chez Sun!



La maison de Sun et Ren

Mork a squatté ici de nombreuses fois, mais il n'a jamais été aussi nerveux...

Il suit tranquillement le propriétaire de la maison à l'intérieur. Sun l'observe avec inquiétude depuis qu'il a ouvert la portière de la voiture et en est sorti. Mork suppose que Sun a peur qu'il soit trop blessé pour marcher... Le corps de Mork est en fait assez douloureux, mais il n'est pas trop faible pour marcher tout seul.

Et Sun sait que Mork déteste que les gens pensent qu'il est si faible qu'il a besoin d'être tenu et soutenu. Voyant que Mork peut marcher sans problème, Sun ne vient pas soutenir son corps... ce qu'il pense être une bonne chose.

"Pourquoi ne prends-tu pas une douche d'abord? Nous soignerons tes blessures après."

Demande Sun lorsqu'ils s'arrêtent dans le salon. Comme il est déjà tard, soigner ses blessures avant de prendre une douche est une perte de temps puisqu'ils devront à nouveau les soigner, alors Mork acquiesce.

"Ok."

"Tu peux prendre une douche tout seul, non...?" demande Sun alors que Mork monte les escaliers avec familiarité. Mork s'arrête à cette question et se tourne vers Sun en un instant.

Sun, espèce de crétin! Comment peux-tu me demander si je peux prendre une douche tout seul?!

Pense Mork. Même s'il ne peut pas, il ne demandera jamais l'aide de Sun!

"Dis-moi si tu ne peux pas."

"Je peux!" répond durement Mork, ses yeux brillent de rage comme s'il allait tabasser Sun si seulement il était en bonne condition. "Et ne t'avise pas de venir me déranger."

Mork se précipite à l'étage, se dirigeant vers la chambre de Ren et tapant du pied pour montrer son agacement, mais Sun se contente de le regarder avec un sourire satisfait, visiblement de bonne humeur. Mork aurait pu l'envoyer promener, mais Sun a remarqué que son visage meurtri rougissait de timidité.

Sun n'a jamais vu Mork rougir de ses propres yeux auparavant.

Il vient de découvrir à quel point un mauvais garçon est mignon quand il rougit.

Sun glousse.

Maintenant qu'il est seul avec Mork, sa colère envers lui s'estompe. Il prend une trousse de premiers secours et l'attend calmement sur le canapé du salon avec la télévision allumée.

Au bout d'un moment, la personne blessée descend les escaliers. Mork porte un T-shirt et un pantalon noir décontracté. Il est beau dans n'importe quel vêtement qu'il porte puisque c'est un bel homme... Sun ne peut pas détacher son regard de lui jusqu'à ce que Mork s'assoie sur l'autre canapé alors qu'il se sèche les cheveux avec une serviette.

"Viens t'asseoir ici."

Sun ordonne à Mork de s'asseoir à nouveau sur le même canapé en le regardant, mais Mork ne bouge pas et l'ignore. Sun doit l'appeler à nouveau.

"Mork..."

"Pourquoi je dois m'asseoir là?"

"Comment puis-je soigner tes blessures si tu t'assieds là? Est-ce que je dois m'agenouiller et le faire?" demande Sun, sur le point de se lever et de faire ce qu'il a dit. "Je peux le faire si tu veux."

"Ne le fais pas!" Mork l'arrête juste à cette seconde. "Ne te lève pas, et ne pense même pas à me soigner. Je peux faire ça tout seul. Ren ne t'a pas dit que je pouvais soigner mes propres blessures?"

"Tu m'as soigné une fois, alors je veux le faire pour toi aussi. "

"C'est bon. Je n'ai pas besoin de ton aide."

"Tu n'as pas besoin de mon aide ou tu es juste timide?" demande Sun comme s'il pouvait lire dans l'esprit de Mork, ses yeux vifs le fixant sournoisement, faisant briller à nouveau les yeux de Mork. Il étranglerait Sun s'il le pouvait.

"Pourquoi serais-je timide à cause de toi?!"

"Si tu ne l'es pas, alors viens t'asseoir ici que je puisse soigner tes blessures."

"Non!"

"Alors tu es timide?"

"Sun!"

Mork jette un regard noir à Sun, ne comprenant pas pourquoi ce dernier lui parle de cette façon ces derniers temps. S'il était une fille, il penserait que Sun "flirte" avec lui. Mais Mork est un homme et le meilleur ami de son frère. Ils étaient même en mauvais termes, alors... il n'a vraiment pas envie de penser ça.

"Viens t'asseoir ici si tu n'es pas timide. Ne me fais pas répéter."

Mork regarde Sun d'un air menaçant, sachant que c'est un ordre. Il ne peut cependant pas refuser de l'exécuter, car il ne peut pas laisser Sun savoir que ses actions et ses paroles font sérieusement palpiter son cœur.

Mork se lève et se laisse tomber sur le même canapé.

Le sourire satisfait de Sun l'agace encore plus.

Il n'est pas seulement un vieux grincheux mais aussi un sournois!

Ils se taisent tous les deux, leurs esprits étant remplis de centaines de pensées, surtout Sun... Au cours des derniers jours où Mork l'a évité et l'a ignoré, Sun a toujours voulu être le premier à parler, à résoudre les problèmes et à améliorer leur relation, mais il s'est retenu parce qu'il avait peur que Mork ne pense pas la même chose.

Mais aujourd'hui... il a découvert que ce n'est pas bon de résister et d'ignorer les sentiments au fond de son cœur.

Sun a vu Mork en danger et être blessé physiquement au point de verser du sang. C'est alors qu'il a réalisé que s'il laissait Mork se méprendre sur lui jusqu'à ce que leur relation empire, ou si quelque chose arrivait à Mork... Sun regretterait pour toujours de ne jamais avoir exprimé ses sentiments pour lui.

Sun a déjà perdu Kao parce qu'il était trop tard quand il a réalisé ses sentiments. Cette fois, il pourrait perdre Mork à cause de sa lâcheté et de son hésitation, mais il va les surmonter. Il ne perdra pas Mork, quoi qu'il arrive.

Sun sait que ses sentiments pour Mork sont différents de ceux qu'il avait pour Kao.

Il sait qu'ils sont beaucoup plus significatifs et qu'on pourrait appeler ça de l'amour...

"Pourquoi me regardes-tu fixement?" demande Mork alors que Sun garde le silence et se contente de le fixer, le rendant nerveux et mal à l'aise. "Fais-le maintenant. Pose-le si tu ne le fais pas. Je m'occuperai de mes blessures moi-même."

"Pourquoi es-tu d'une telle humeur?"

Sun sourit, amusé, pour cacher sa pensée et commence à soigner les blessures du mauvais garçon le plus calmement, le plus doucement, le plus prudemment, sans le gronder du tout. Mork s'est fait gronder quand il a déposé Ren et que Sun a découvert qu'ils s'étaient déjà battus. Mais... Mork ne veut rien demander malgré sa surprise.

Mork a peur que Sun sache que son cœur vacille.

Il ne veut pas que Sun se moque de lui plus tard.

"Tu peux être assez doux."

Dit Mork. La façon dont il est assis si près de Sun et le laisse soigner sa blessure lui semble trop dangereuse pour son cœur. Il a aussi peur que Sun entende ses battements.

"Si je ferme les yeux, je pourrais croire que c'est une petite fille qui me soigne."

"Tu as l'habitude d'être soigné par une fille?"

Sun quitte du regard le coin de la bouche de Mork et regarde ses yeux. Il voulait d'abord remercier Mork d'avoir engagé la conversation. S'occuper des blessures de Mork en silence, et être assis si près de lui qu’il peut sentir l'odeur agréable du savon, le distrait et éveille en lui un certain sentiment.

Mais ce que Mork dit ensuite le met hors de lui.

"J'ai juste comparé. C'est quoi cette voix sévère?"

Mork fait une tête ennuyée. Pourquoi Sun est-il devenu sérieux? Si Mork réfléchissait de manière suffisante, il penserait que Sun pourrait être jalouse.

Jaloux...? Pas du tout.

Mork se débat avec lui-même. Il ne veut plus se faire d'illusions.

"Qui pourrait être aussi dur que quelqu'un dans cette pièce?"

"Je ne t'ai pas complimenté pour que tu puisses me mordre en retour. Et si tu savais que je serais dur, pourquoi n'as-tu pas soigné ton propre bleu alors?"

"C'était mieux quand c'était toi qui le faisait..."

Encore une fois, Sun donne une réponse à laquelle Mork ne s'attendait pas. Il est sans voix, tellement abasourdi qu'il ne trouve pas les mots pour répondre. Sun le fixe, les yeux brillants, puis détourne le regard comme s'il avait peur que Mork ne puisse pas supporter la pression... Mork vient d'apprendre que Sun est une personne dangereuse.

Sun a l'air poli et bien élevé, mais c'est en fait un loup qui cache ses crocs!

"J'en ai fini avec le visage. Maintenant, enlève ton t-shirt, je vais appliquer de la pommade sur ton corps," dit Sun après avoir pressé la pommade sur ses doigts, prêt à traiter les bleus sur le corps de Mork contre sa volonté.

"Ce n'est pas nécessaire. Il n'y a pas de blessure sur mon corps," refuse immédiatement Mork, visiblement agité.

"Tu es timide?" Sun lui offre à nouveau un sourire rusé.

"Si tu me demandes encore si je suis timide... on verra."

"Tu vas enlever ton t-shirt ou pas."

"Pas question!"

"Alors tu es timide."

"Sun!"

Mork tend presque la main pour serrer la gorge de Sun par frustration, mais Sun reste imperturbable. Il lève même un sourcil comme s'il demandait si Mork allait enlever son t-shirt ou non. Mork soupire et finit par l'enlever, sans se douter que ses manières indisciplinées sont sexy aux yeux de quelqu'un. Sun essaie de se retenir, car il a peur de se faire frapper par un gars au tempérament chaud.

Mork ne fait pas attention à son apparence, mais il a la chance d'être né avec une peau parfaite et saine, et son corps est en forme parce qu'il fait du sport. Sun doit détourner son regard du corps proportionnel et des abdos et regarder le visage renfrogné à la place avant que son imagination ne s'emballe. Mork tourne rapidement le dos à Sun, ne voulant pas croiser son regard.

Sun se rapproche de Mork et commence à appliquer la pommade sur son dos.

Dans le silence... tous deux peuvent entendre le son des battements de cœur de l'autre. L'haleine chaude de Sun touche la peau de Mork. Le léger contact des doigts de Sun massant son dos excite étrangement Sun et la personne soignée.

Mork n'a aucune idée du temps qui s'est écoulé, mais il lui semble que c'est une éternité.

"Tu as fini...?"

Mork rompt enfin le silence car il sent que la maison devient de plus en plus chaude. Cela lui met la pression au point que son visage transpire malgré la fraîcheur de la climatisation.

"Ouais..."

Sun répond, en faisant de son mieux pour rester calme,

"Tourne-toi. Je vais m’occuper des bleus de devant."

"Je peux le faire."

"Pourquoi es-tu si têtu?"

Mork se retourne pour lancer un regard furieux à la personne qui le gronde, mais Sun lui répond d'un air désapprobateur, comme s'il était son tuteur et que Mork était un jeune garçon qui faisait trop de bêtises et qui avait besoin de se faire soigner... Mork n'a aucune idée de comment il s'est retrouvé dans cette situation, et il ne peut plus faire face à Sun.

Aujourd'hui, Sun l'a rendu confus, stupéfait et désemparé.

"Reste assis."

"Très bien."

Mork devine que Sun ne le laissera pas partir si facilement tant qu'il n'aura pas fini de le soigner, alors il se force à rester assis et à le laisser continuer à appliquer la pommade. Sun sourit en voyant le visage rougissant de Mork, même si ce dernier est en colère contre lui. Cependant, Sun sait que s'il montre qu'il l'a remarqué ou s'il se moque de Mork, il perdra une chance d'être à nouveau plus proche de lui.

Sun cache donc ses sentiments et continue à appliquer la pommade. Mais le rapprochement est plus intense cette fois-ci, au point qu'ils retiennent tous deux leur souffle. Lorsque les doigts de Sun se déplacent vers son ventre tonique... Mork ne peut plus supporter la pression, il recule et se lève.

"Je crois que c'est fini. Ça suffit."

Mork attrape son t-shirt et s'apprête à s'éloigner, mais Sun lui tire le poignet, lui faisant perdre l'équilibre et rebondir sur le canapé. Ils sont si près l'un de l'autre que leurs genoux se touchent presque.

"S... Sun!" Mork s'énerve. "Putain, qu'est-ce que tu fais?!"

"J'ai juste quelque chose à te dire."

"Alors dis-le simplement. Il n'y a pas besoin de me toucher."

"Pourquoi tu t'es éloigné, alors?"

"Je ne vais nulle part maintenant. Lâche-moi!"

Sun regarde Mork avec méfiance. Voyant que celui-ci reste assis, il relâche lentement sa prise sur le poignet de Mork. Ce dernier recule d'environ 30 cm, et bien sûr, Sun le suit.

Mork s'arrête cette fois, sachant qu'il sera à nouveau tiré en arrière s'il essaie de s'enfuir.

"Dis ce que tu as à dire. Pourquoi tu me mets la pression avec ce regard?!"

"Je déteste quand tu es contrarié et que tu m'évites. Pourquoi ne me dis-tu pas ce que tu as en tête?"

Sun va droit au but, laissant Mork sans voix. C'est la première fois que Sun s'ouvre à lui, coupant la blessure dans le cœur de Mork. Ils se regardent en silence. Mork ne sait pas si c'est l'humeur ou autre chose qui le décide à poser sa question... C'est la question qui le ronge depuis un certain temps. Même s'il a deviné que Sun avait un faible pour Kao, il ne veut pas conclure tout seul. Il veut connaître la réponse de Sun.

"Laisse-moi être direct. Es-tu... attiré par les hommes?"

Cette question stupéfie Sun pendant quelques secondes, puis il esquisse un sourire.

"Et toi, alors? Tu aimes les hommes?"

"C'est moi qui te le demande! Ne me le demande pas en retour!"

Mork hurle, son visage rougissant de colère ou d'embarras. Il fixe Sun pour avoir la réponse, et Sun lui donne tout de suite... pas avec des mots mais avec des actes. Sun se penche et presse ses lèvres sur la bouche de Mork sans crier gare.

L'attaque de Sun le choque complètement.

La personne qui se fait embrasser reste assise, le cœur battant la chamade, le visage s'échauffant, les yeux s'élargissant sous le choc. Mork déteste admettre que c'est son premier baiser, mais c'est la vérité!

Un type comme lui a cette image dangereuse, mais c'est juste parce qu'il se bat toujours. Les filles ou l'amour n'ont jamais fait partie de sa vie, car il passe surtout du temps avec ses amis, étudie, fait du sport, va à des fêtes et se bat avec d'autres personnes. Il a à peine le temps de voir une fille.

De plus, l'amour ne l'intéresse pas tant que ça. Il est sorti avec de jolies filles qui lui ont couru après, mais il ne les a jamais touchées.

Mais maintenant... comment Sun ose-t-il lui faire ça?!

Mork tente de reprendre ses esprits, mais la personne qui l'embrasse ne se laisse pas faire. Sun ne se contente pas de rapprocher leurs lèvres, mais il l'attaque encore plus intensément avec un baiser profond si chaud qu'une personne inexpérimentée comme lui ne peut le supporter.

"Mmm!"

Mork halète, essayant de respirer, car l'attaque de Sun l'étouffe, faisant s'emballer son cœur et rendre son corps fou. Il n'a aucune idée du temps qui s'est écoulé, mais il reprend finalement le contrôle et repousse Sun sans hésiter...

Bam!

Sun, absorbé par le baiser, est facilement repoussé de presque trente centimètres. C'est l'occasion pour Mork de se relever et de s'éloigner de lui de plusieurs pas.

La façon dont Mork regarde Sun le rend anxieux.

"Mork..."

Appelle Sun lorsque ce dernier se lève, n'hésitant pas à le suivre, prêt à le retenir. À ce moment-là, les deux hommes se regardent avec une multitude de sentiments... Sun peut sentir la confusion, le malaise et la colère de Mork à travers son regard. Tout cela le rend nerveux.

Surtout quand Mork s'essuie la bouche avec sa main comme s'il était dégoûté.

"Putain, qu'est-ce que tu m'as fait?!"

Crie furieusement Mork. Il serre les dents et les poings, pas parce qu'il est dégoûté par Sun. C'est juste que... un baiser devrait se faire avec des sentiments mutuels. Mork n'aurait pas dû se faire attaquer à l'improviste comme ça. Plus important encore, leur relation n'est toujours pas claire, alors pourquoi Sun l'a embrassé?

Sun ne devrait pas faire ça si son cœur appartient à quelqu'un d'autre.

Est-ce qu'il voit Mork comme le remplaçant de Kao?!

"Je t'aime bien!"

Répond fermement Sun puis il regarde Mork avec sérieux pour confirmer ces mots. Tout ce qui s'est passé ce soir n'est pas arrivé parce que Sun s'est emporté ou que l'ambiance était bonne ou parce qu'il voit Mork comme le remplaçant de quelqu'un.

En fait, il aurait dû le dire il y a longtemps, pas quand Mork a été blessé comme ça. Celui-ci ricane, ne pouvant pas du tout croire ce qu'il a entendu.

Bien sûr qu'il n'y croit pas! Comment peut-il croire Sun alors qu'il a vu de ses propres yeux qu'il a toujours un faible pour Kao? Même si Sun fait battre son cœur et qu'il ne peut nier qu'il a des sentiments pour lui, il n'est le remplaçant de personne.

Même si Mork ne peut pas être le numéro un, il ne sera jamais le second choix de personne!

"Tu m'aimes bien ou tu penses que je suis un remplaçant? Donc quand ton crush sort avec quelqu'un d'autre, tu vas juste m'aimer même si tu me détestais comme l'enfer? Tu crois que je vais gober ça?"

"C'était avant. C'est différent maintenant."

"Comment ça peut être différent? Quand Kao est venu au café avec Pete... Tu avais un tel regard sur ton visage. Tu crois que je n'ai pas remarqué? Je ne suis pas stupide! Arrête cette merde. Ça t'amuse de m'embrouiller l'esprit?"

"Mork... Arrête de penser à moi de façon si négative."

"Qui est celui qui fait ça?"

Répond Mork sans se retenir. Il a l'impression que Sun joue avec ses sentiments de façon si cruelle. Il n'a aucune idée de ce que Sun pense, de qui il est pour Sun, ou de qui il est un remplaçant, mais il n'est le 'rebound guy' de personne et il n'est pas assez gentil pour être un second choix.

"C'est toi qui penses à moi de manière négative. Je ne pourrai jamais être une bonne personne pour toi, quoi que je fasse."

"Tu te trompes sur moi!" Sun a l'impression que son cœur est transpercé par une centaine d'aiguilles, même s'il sait que Mork ressent cela à cause de ses actions et paroles passées. "J'ai peut-être dit quelque chose de terrible et me suis énervé quand tu t'es battu, mais c'était parce que j'étais inquiet. Et à propos de Kao..."

"Arrête de te justifier."

"Comment je peux faire ça alors que tu me comprends toujours mal?" Sun hausse le ton puisque Mork ne veut pas écouter ses raisons, et il ne le laissera pas se méprendre plus longtemps. "J'admets que j'avais un faible pour Kao, mais c'est du passé maintenant. C'est fini, et je n'ai plus de sentiments pour lui."

"Ah bon? Es-tu sûr que ce que tu as dit est vrai?!"

Mork rugit, furieux. Ses yeux emplis de colère rendent Sun désespéré car il sait que Mork ne croira rien de ce qu'il dit en ce moment. Mork pensera que ce n'est qu'une excuse et des raisons qu'il invente pour expliquer ses actions... Sun sait que, dans leur situation actuelle, il est trop rapide de dire 'aime' ou 'apprécie'.

La seule chose qui peut faire en sorte que Mork le croie, ce sont les 'actions' et non les 'mots'.

Sun est peut-être allé trop loin aujourd'hui, mais au moins il a découvert que Mork est probablement intéressé par les garçons aussi et qu'il pourrait même avoir des sentiments pour lui. Mork n'a pas encore confiance en lui, c'est tout.

Sun se remonte le moral avec cette pensée...

"Ce n'est pas grave si tu ne me crois pas pour le moment. Je ne te mettrai pas la pression, mais je te prouverai que je t'apprécie vraiment et que je ne t'ai jamais vu comme un remplaçant." tente calmement d'expliquer Sun après qu'ils soient restés silencieux pendant plusieurs secondes et que l'atmosphère de colère se soit calmée. "Mais peux-tu me promettre que tu ne te battras plus?"

"Je n'ai pas à te le promettre, ni à toi ni à personne."

"C'est en fait pour ton propre bien." Sun est d'accord pour que Mork n'accepte pas ses sentiments, mais il est vraiment inquiet que Mork se batte. "Si tu peux te retenir une fois, ce sera plus facile la prochaine fois."

"Pourquoi dois-je te le promettre? Qui es-tu pour me donner des ordres?" grogne Mork, agissant toujours contre Sun et n'acceptant pas facilement sa bienveillance, mais Sun peut dire que Mork s'est un peu adouci.

Une autre chose que Sun a apprise est... qu'il ne peut pas traiter Mork 'durement'. Il doit être 'doux', sinon le résultat sera le contraire. Cela n'a pas d'importance du tout si Sun a de la bienveillance envers lui.

"Eh bien, si tu te fais battre à mort, à qui pourrais-je prouver ma valeur?"

"Putain de pénible..."

Confesse-t-il ses sentiments ou me maudit-il? Il ne peut pas vraiment parler gentiment pendant trois minutes!

"Tu promets ou tu ne promets pas?"

Sun exige une réponse. Quand Mork reste silencieux, Sun s'approche, attrape sa main et entrelace leurs doigts en guise de promesse. Cela stupéfie la personne qui n'a pas le choix.

En cette seule nuit, Sun l'a déjà rendu perplexe trop de fois.

"Ceci est une promesse." Sun resserre sa prise sur la main de Mork. "Sois un homme... de parole."

"D'accord!"

Mork n'a pas d'autre choix que de dire oui. Il retire sa main parce que la proximité de Sun lui rappelle le baiser... Il se sent nerveux et mal à l'aise, son cœur s'emballe, il ne se sent pas lui-même.

"Et ne t'inquiète pas ou ne te soucie pas tant de moi. N'utilise pas ta deuxième voix non plus. Ça me fout la trouille." Mork agit froidement pour cacher ses sentiments, mais Sun peut voir à quel point il est timide.

Et puis... le 'diable déguisé' sourit.

"Si je ne m'inquiète pas pour toi, tu penseras que je ne suis pas sérieux," dit Sun d'une voix douce et profonde, ses yeux rusés se fixant sur Mork. "Je m'inquiète seulement parce que je t'aime bien."

"Je t'ai dit d'arrêter d'utiliser ta deuxième voix!"

"Tu es timide?"

"Sun, espèce de merde!"

Mork jette un regard furieux à Sun, mais ce dernier se contente de rire de satisfaction, ce qui énerve Mork au plus haut point. Et ce n'est pas tout! Sun se rapproche et attrape la main de Mork pour l'immobiliser, puis il se penche pour lui voler un autre baiser, mais Mork le surprend. Il lève son coude et l'utilise pour repousser le menton de Sun à temps. Il n'est peut-être pas au mieux de sa forme, mais il peut encore se protéger.

S'il n'avait pas baissé sa garde lors de son premier baiser, Sun ne l'aurait pas volé aussi facilement.

"Tu as dit que tu ne ferais pas pression sur moi. Qu'est-ce que tu fais?" dit sévèrement Mork de façon menaçante, une de ses mains poussant l'épaule de Sun, son coude au niveau du menton. "Je vais te frapper!"

"Juste un baiser..." Sun essaie de négocier calmement.

Mork est assez difficile à convaincre. Heureusement qu'il se retient, sinon Sun aurait déjà été assommé.

"Nous ne sommes pas dans une relation. Comment peux-tu m'embrasser encore et encore?"

"Es-tu si réservé?"

"Je ne suis pas aussi facile que toi... Recule! Va-t'en!"

Sun rit du sérieux de Mork, mais il cède et s'éloigne de deux pas pour que Mork ne se sente pas trop intimidé. Sun l'a attaqué trop souvent ce soir.

Smack!

Lorsque Mork baisse sa garde, un gars rusé comme Sun en profite pour embrasser la joue de Mork, le rendant timide. Il ne peut pas s'en empêcher... c'est mignon quand un gars agressif comme Mork rougit.

Cette réaction incite Sun à le taquiner. Ne sait-il pas ça?

"Sun!"

Mork pointe le visage de Sun comme s'il mourrait d'envie de lui donner un coup de poing, mais Sun se contente de mettre ses mains dans ses poches et de le fixer d'un air détaché. Il offre même à Mork un sourire satisfait.

"Tu dois avoir faim. Je vais te préparer quelque chose."

Dit Sun et il entre dans la cuisine en sifflotant. Mork est tellement agacé qu'il a envie d'attraper un vase et de le lancer à la tête de Sun. Mais il n'est pas au mieux de sa forme en ce moment, donc il ne sera pas facile de gagner contre lui. Dans une situation différente, il ne laisserait jamais Sun prendre l'avantage sur lui autant de fois et faire comme si de rien n'était.

Tu ferais mieux de surveiller tes arrières... vieux sage!



Samedi

Blue Sky Café

"Tu lui donnes des cours ou tu sors avec lui, hein?"

Grogne Pete en garant sa voiture devant le café de Sun. En fait, Kao doit donner des cours à Non aujourd'hui, mais Non a dit qu'il étouffait et s'ennuyait à la maison, alors il a demandé à Kao de lui donner des cours au café à la place. Comme c'est le café d'une de ses connaissances, ça ne dérange pas Kao.

La personne qui s'énerve est son petit ami!

Pete s'est porté volontaire pour le conduire ici comme le week-end dernier et l'a harcelé de la même manière. Kao sait que, que ce soit au café, chez Non, à l'université ou ailleurs, Pete râlera toujours parce qu'il ne veut pas que Kao donne des cours à Non, la personne qu'il a détesté dès le premier regard.

"Les gens étudient dans les cafés tout le temps. Les représentants de commerce parlent même à leurs clients dans des cafés." Kao essaie de se défendre, ne voulant pas que Pete s'énerve si tôt. "Tu réfléchis trop."

"Je m'en fiche. Je le déteste."

"Si tu es aussi énervé, ne viens pas avec moi la prochaine fois."

"Comment je pourrais ne pas venir? Je deviendrais fou si je t'attendais à la maison."

"Quel petit ami jaloux!"

"C'est vrai! Tu sais que je suis jaloux, alors ne me provoque pas."

Kao rit quand le visage de Pete se plisse d'irritation. Il lui pince la joue pour adoucir son humeur. Le sourire et le sang-froid de Kao le calment un peu, mais il est toujours en colère.

Ils sortent de la voiture et entrent ensemble dans le café de Sun.

"Woah! Vous êtes venus assez tôt."

Sun les salue avec surprise puisque Kao et Pete viennent habituellement dans l'après-midi ou le soir.

"Je dois donner des cours à un garçon ici. Laisse-moi utiliser ton café, Sun."

"Bien sûr, je t'en prie." Sun fait un sourire amical à Kao. Il n'y a rien au-delà de l'amitié et de la bromance comme avant. Sun se tourne ensuite vers Pete pour le saluer. "Salut... Tu es encore là pour attendre Kao?"

"Ouais." Pete hoche la tête d'un air ennuyé. "Je me suis réveillé très tôt. Fais-moi du café."

"Qu'est-ce que tu veux?"

"Un cappuccino serait bien," répond Pete et il se tourne vers Kao. "Tu veux quelque chose?"

"Un moka, comme d'habitude."

Dit Kao et il trouve une table dans un coin tranquille du café. À ce moment-là... Non ouvre la porte et entre. Pete fronce encore plus les sourcils en voyant la personne qu'il déteste, mais Non ne lui prête aucune attention. Il ne remarque même pas sa présence et se dirige vers l'endroit où se trouve Kao avec un sourire éclatant.

Qu'est-ce qu'il a ce putain de gamin? Trop chiant.

Pense Pete en pinçant les lèvres.

"Alors c'est pour ça que tu l'attends toujours, hein?"

Demande Sun avec amusement quand il voit le visage boudeur de Pete et son regard noir dirigé vers un beau garçon, qui est l'élève de Kao... Kao, Pete et Sun ne mentionnent jamais leur relation, mais ils semblent tous savoir ce qu'il en est, alors ils se comprennent sans avoir à s'expliquer.

"Je ne suis pas jaloux, tu sais. C'est juste que je n'aime pas ce gamin."

"Ah, Ouuuuais?" Sun le taquine d'un ton sarcastique.

Pete regarde Sun et soupire, ne sachant pas quoi dire. Il sait qu'il est un petit ami assez jaloux, mais il devrait l'être dans ce cas. Avant qu'il puisse s'expliquer, Ren arrive et les interrompt.

"Hé! Tu es venu ici assez tôt," salue la personne qui vient de sortir de la réserve.

"Kao donne des cours à son élève ici. Je l'ai déposé."

Explique Pete comme si rien ne s'était passé. Même si Sun sait que lui et Kao sont plus que des amis, Ren ne semble pas s'en douter... ce qui est bien. Pete ne veut pas annoncer leur relation à tout le monde.

S'ils doivent le dire à leurs amis, il doit attendre que Kao soit prêt.

"Quelle régularité."

"Ouais," admet Pete, en jetant un coup d'œil à Kao et Non en train de parler. Ça l'ennuie tellement qu'il a envie de les séparer. Il presse Sun qui est en train de faire du café. "Sun... Où est mon café?"

"Voilà."

Sun place deux verres de café sur un plateau. Pete les prend et se dirige vers la table de Kao et Non comme s'il avait attendu ce moment. Il s'assied à côté de Kao lorsqu'il a atteint la table sans que personne ne l'ait invité.

"Pourquoi es-tu assis ici?" demande Non d'une manière peu amicale.

"Pourquoi je ne pourrais pas?" répond Pete, en mettant intentionnellement Non sur les nerfs.

"Ah... Voici Pete, mon ami." Kao les présente tous les deux avant qu'ils n'aient l'occasion de se disputer. Il espère qu'ils s'entendront bien une fois qu'ils se connaîtront. "Pete... C'est Non. L'étudiant dont je suis le tuteur."

"Je sais." Non et Pete disent simultanément.

Ils se regardent fixement en émettant des intentions meurtrières.

"On a l'air de penser 'pareil', n'est-ce pas?"

Dit Non avec un sourire mauvais, comme pour rappeler à Pete qu'ils ne pensent pas seulement de la même façon parce qu'ils ont parlé en même temps, mais aussi à cause de "quelque chose d'autre"... Pete a toujours été facile à provoquer. En entendant cela, il devient si furieux que Kao doit tirer sur l'ourlet de sa chemise pour le calmer.

"Je ne peux pas me concentrer quand une autre personne est là." N'obtenant aucune réponse de Pete, Non continue naturellement à l'énerver. "Je veux étudier seul avec Kao. Je n'arrive pas à me concentrer, alors j'ai besoin d'intimité."

"Ne me cherche pas," grogne Pete.

"Je ne me moque pas de toi. Je n'arrive vraiment pas à me concentrer."

Pete fixe Non, et Non lui rend son regard implacable... Pourquoi Pete ne saurait-il pas que Non essaie de se débarrasser de lui pour pouvoir être seul avec Kao ? Ce n'est plus une simple séance de tutorat.

Il sait ce que ce gamin prépare!

"Si j'insiste pour m'asseoir ici, que vas-tu faire?"

"Je ne vais rien faire, mais, puisque j'ai engagé Kao pour me donner des cours particuliers, j'ai le droit de lui parler et de lui demander d'être seul avec moi sans qu'un 'étranger' comme toi soit là... J'ai raison?"

"Pete... Va m'attendre avec Ren," dit Kao. Si Pete reste assis ici, Non ne sera pas le seul à perdre sa concentration mais lui aussi. En plus, Pete sera celui qui se sentira mis à l'écart en restant assis ici. "Mork va probablement bientôt arriver et tu auras quelqu'un avec qui te disputer... Vas-y maintenant."

"D'accord!"

Pete sait que Kao ne veut pas qu'ils se disputent, et il sait que si ça arrive, Pete ne sera pas le seul à avoir des problèmes, mais Kao et sa mère aussi, sinon il ne reculerait jamais.

"Je pensais qu'il y aurait une bagarre ici."

Dit Ren quand Pete retourne au tabouret du comptoir avec son café avec amertume. Sun rit, appréciant de voir Pete s'énerver.

"J'aurais donné une leçon à ce gamin s'il n'y avait pas eu Kao."

"Hé... détends-toi," dit Ren, amusé. "Tu sais, Sun et Mork avaient l'habitude de se détester comme l'enfer. Maintenant qu'ils ont commencé à s'entendre, toi et l'élève de Kao êtes devenus de nouveaux combattants. Est-ce un café ou un ring de boxe?"

Ren secoue légèrement la tête lorsque Mork entre dans le café. Pete pense qu'il va pouvoir assister à un autre combat, mais quand il voit comment Sun sourit et regarde Mork, il se rend compte que leur situation a changé.

Sun... tu t'intéresses vraiment à quelqu’un proche de toi, hein!?

Ce soir-là

Chez Kao

"Je déteste vraiment ce gamin."

Dit Pete après avoir arrêté la voiture devant la maison de Kao. Pete avait d'abord prévu de rentrer chez lui, mais, en pensant au visage narquois de Non lorsque Kao lui donnait des cours particuliers, ça l'énerve comme jamais.

Je ne rentrerai pas chez moi.

Pense le petit ami possessif avec agacement. S'il dort seul chez lui ce soir, il sera certainement mal à l'aise, craignant que Non appelle ou envoie des messages à Kao dans son dos. Même si Kao ne ressent rien pour Non, et Pete est sûr que Kao ne ressent rien, il est toujours en colère contre ce gamin.

"Tu dois laisser tomber. Il essaye sûrement juste de te provoquer pour se distraire."

"Il se foutait de moi."

"Il a trouvé ça encore plus drôle parce que tu t'es énervé." Kao soupire devant la jalousie de Pete. "Et je ne crois pas que Non en pince pour moi. Son père déteste les gays. Comment pourrait-il être gay?"

"Ça n'a rien à voir avec ça. Son père déteste les gays, mais lui non." Argumente Pete sans lâcher l'affaire. "Peu importe. Sois prudent quand tu es avec lui. Si je te surprends à flirter avec lui, tu es mort."

"Comme c'est effrayant. Je suis glacé jusqu'à l'os." Kao fait semblant de trembler avec sarcasme, ce qui énerve Pete. "Tu sais... tu es vraiment facilement provocable."

"Tu t'attendais à ce que je ne fasse rien? Il m'a cherché volontairement. Tu n'aurais rien fait si ça avait été toi?"

"Il n'a rien fait du tout."

"Arrête de chevaucher une licorne sur l'arc-en-ciel."

"Pete... Je sais ce que tu ressens."

Kao devient sérieux puisque Pete est toujours énervé, il a peur que ce dernier soit stressé. Kao comprend sa jalousie car il lui arrive aussi d'être jaloux. Mais c'est le travail, c'est inévitable, et Kao n'a aucun sentiment pour Non. Il déteste aussi un peu Non. Par conséquent, il n'y a rien du tout entre eux.

Ils se séparent à la fin de la séance de tutorat... C'est tout.

"C'est un travail et je ne peux pas refuser. Je n'aime même pas ce gamin, tu sais. Même s'il m'aime bien, ça ne sert à rien si je ne l'aime pas ou ne flirte pas avec lui, non? Tu réfléchis trop."

"C'est mieux que de ne pas réfléchir du tout."

"Tu devrais être aussi sérieux pour étudier."

"Ne change pas de sujet!"

Pete ébouriffe les cheveux de Kao, sachant que ce dernier ne veut pas qu'il soit stressé au point que ça devienne malsain. Pete essaie de se calmer, ne voulant pas que ce sujet insignifiant gâche leur relation... Ce morveux sera ravi si Pete et Kao se disputent.

"Tu veux passer la nuit ici ?" demande Kao, essayant de lui faire plaisir, sinon Pete sera contrarié en pensant que Kao ne se soucie pas du tout de lui. "Tu dois venir me chercher tôt de toute façon. Tu gagneras du temps si tu restes ici. Ton père n'y verra pas d'inconvénient, hein?"

"Pourquoi le ferait-il?" Pete sourit immédiatement. "Tu es diabolique."

"Quoi? Tu restes toujours même si je ne te le demande pas. Tu ne veux pas rester?"

"Est ce vraiment une question...?"

Regardez ses yeux de renard.

"C'est parce que tu es énervé. Si tu conduis jusqu'à chez toi dans cet état, j'ai peur que tu perdes la tête et que tu fasses une sortie de route. Je ne veux pas être la cause de la mort de quelqu'un. Je me sentirais coupable envers ton père."

"Ton principal travail est de m'engueuler et ton passe-temps est de me maudire, hein?" Pete a l'air dépité.

Si c'est comme ça que Kao le réconforte, il vaut mieux qu'il ne fasse rien du tout.

"Là, là, je plaisante."

Kao rit et gratte le menton de Pete avec amusement. Une personne chatouilleuse comme Pete repousse la main de Kao et lui ébouriffe les cheveux à la place. Ils s'amusent ensemble jusqu'à ce qu'ils se sentent mieux et oublient Non. Mais, au fond, Pete ne se sentira pas à l'aise tant que Kao n'aura pas fini de donner des cours à Non et qu'il arrêtera de le voir.

Pete sent que Non n'est 'pas facile' à gérer.

Et Non n'est pas le genre de type à abandonner facilement comme Sun l'a fait, c'est sûr!



"A qui tu parles? Tu as l'air tellement sérieux."

Pete sort de la salle de bain après s'être douché et avoir mis des vêtements décontractés. Il regarde Kao qui tapote son téléphone sur le lit avec concentration dans son pyjama bleu clair à carreaux.

"Je joue à un jeu."

Dit Kao, les yeux rivés sur l'écran, sans même jeter un regard à Pete. Ce dernier s'assied sur le lit, appuie son dos contre la tête de lit, allonge ses jambes et se rapproche pour regarder Kao jouer au jeu.

Voyant le sérieux de Kao, Pete devient soudain malicieux.

Espèce d'accro au jeu!

"Pete, espèce de salaud! Qu'est-ce que tu fais?"

S'écrie Kao quand Pete tape au hasard sur l'écran de son téléphone alors que le jeu se termine, mais Pete se contente de rire et de lever le sourcil pour le provoquer. Kao a vraiment envie de l'étrangler.

Il n'a jamais fait d'histoires quand Pete joue avec son téléphone. Zut!

"Pourquoi? Accro au Jeu." demande Pete, imperturbable.

"Ne me laisse pas te surprendre à jouer à un jeu." Kao fait la moue.

"Je ne joue pas à des jeux, les préliminaires sont bien plus amusants."

"Pete!"

En entendant la voix grave de Pete et en voyant ses yeux rusés, Kao s'écarte craintivement. Avant que Pete puisse commencer ses 'préliminaires', un son l'interrompt.

Un son de notification de message...

C'est comme si le monde s'était arrêté pendant trois secondes. Kao soulève le téléphone pour voir qui c'est, et quand il voit les messages, il regarde tout de suite la personne à côté de lui.

Pete a vu et lu ces messages, bien sûr.



'Kao, tu es réveillé?'

'J'ai une question sur mes devoirs.'



Juste deux petits messages, mais ça énerve Pete qui était de bonne humeur à l'instant. Comment peut-il ne pas l'être? Non lui avait tapé sur les nerfs du matin au soir et s'était montré inutilement proche de Kao. Il a même traité Pete comme la cinquième roue du carrosse, et maintenant il interrompt leur intimité avec ces messages.

Il est allé trop loin!

"Heureusement que je reste," dit Pete, d'une voix si menaçante que Kao a peur de se faire étrangler à mort. "Tu vois? C'est comme je l'avais dit. Ce morveux a un faible pour toi!"

"Il demande juste des nouvelles de ses devoirs."

Avant qu'ils ne partent, Kao a donné un devoir à Non et lui a fermement dit de le finir car Kao va le vérifier et le corriger demain. Et les messages de Non concernent vraiment les devoirs.

"C'est une excuse. Je t'avais dit que ce morveux était très rusé."

"Tu te fais trop d'idées."

"Arrête d'être trop confiant. Donne-moi ça! Ne lui parle pas!"

Pete saisit le téléphone de Kao avec force, même s'il ne s'est jamais mêlé des affaires de Kao auparavant, mais il ne peut pas le supporter cette fois. Il ne veut pas lâcher le téléphone quand Kao essaie de le reprendre.

"Pete..." Kao fait une moue boudeuse, comme un enfant qui s'énerve.

Je ne perdrai pas devant cette expression... Pete se dit qu'il doit y résister.

"S'il ne peut pas finir ses devoirs, en disant qu'il ne comprend pas, c'est moi qui aurai des ennuis." Kao essaie de négocier.

"Ce n'est pas une heure pour du tutorat. Tant pis s'il ne peut pas le faire. Laisse-le stupide comme ça."

"Tu es cruel."

"Je peux être encore plus cruel s'il n'arrête pas de t'embêter." Pete ne veut pas céder. Il pose le téléphone de Kao sur le lit, de son côté. "Si tu ne te tais pas... je vais aussi être cruel avec toi."

"Pete!"

Kao crie parce que le gars 'cruel' commence à exécuter les 'préliminaires' en poussant Kao sur le lit et en se mettant sur lui en une fraction de seconde.

Pete est devenu beaucoup plus habile et rapide ces derniers temps.

Il ne fait jamais autant d'efforts pour étudier, bon sang!

"Tu es un dragueur. Tu dois payer pour ça."

Pete esquisse un sourire mauvais, en soutenant le regard de Kao. D'habitude, il ne laisse jamais Kao dormir tranquillement quand il reste chez lui, et encore moins ce soir où Kao a fait quelque chose de mal. Si Kao est si populaire, Pete doit lui rappeler qu'il est pris et qu'il est seulement à lui... N'ose même pas regarder quelqu'un d'autre.

Sinon quelqu'un sera attaqué jusqu'à ce qu'il s'évanouisse sur le lit!

"Q... Quand ai-je flirté?" bégaie Kao.

"Tu me rends jaloux en ce moment," dit fermement Pete.

"Je n'ai rien fait."

"Tu feins l'innocence, hein?"

"Parle pour toi."

"Je m'en fous. Je suis dur maintenant!"

Pete ne veut plus entendre d'explications ou de mots indiquant une réfutation. Il se penche et embrasse Kao... pressant fortement ses lèvres sur celles de Kao, fermant l'espace entre eux avec son corps musclé, le bloquant sur place. Son attaque fait haleter Kao et il se tortille sous son corps comme pour protester et lui dire de se calmer, mais... Kao ne se doute pas que cela s'avère avoir l'effet inverse.

La réaction de Kao ne fait qu'exciter Pete. Il ne se contente pas de l'embrasser sur les lèvres, mais il les presse fort, attaquant Kao avec un baiser intense et profond. Pete enfonce sa langue dans la bouche de Kao, le goûtant avec envie. Sa langue s'emmêle et taquine celle de Kao si habilement que ce dernier ne peut pas le supporter. Il ne peut que rester allongé, haletant sous le corps de Pete.

Quand Kao ne lui résiste plus, Pete se retire pour le laisser reprendre son souffle, mais seulement un peu. Il continue de taquiner et d'exciter Kao en lui mordillant la lèvre inférieure.

"T... Tu n'as pas dit que tu avais sommeil à midi? Pourquoi ne vas-tu pas te coucher maintenant?"

Kao marmonne, mais cela sort comme un étouffement puisque Pete continue de l'embrasser. Les lèvres chaudes de Pete et son corps pressé sur celui de Kao ont aspiré toute son énergie et sa force. Et ce n'est pas tout! Ils lui ont enlevé sa conscience, le rendant incapable de protester plus longtemps.

"Je n'ai plus sommeil. Je suis bien éveillé maintenant. Je peux même rester debout toute la nuit."

Pete marmonne, sa voix étouffée dans sa gorge car sa bouche explore la peau de Kao, les lèvres descendant le long de son cou. Pete embrasse et mordille la peau de Kao pour lui rappeler qu'il est à lui. Kao frappe doucement sa poitrine pour l'empêcher de laisser des marques.

Si June les voit, ils seront à nouveau interrogés!

"Pete! J... J'ai sommeil."

Dit Kao en sachant que ses mots ne peuvent pas faire changer Pete d'avis. Il ne s'arrêtera pas si facilement maintenant qu'il est allé si loin, mais Kao souhaite que Pete soit doux avec lui, sinon il ne pourra pas se lever demain.

"Je donne des cours à Non demain. Je ne peux pas faire de sieste comme toi."

"J'arrêterai à minuit, alors."

"C'est quoi ce bordel?!"

Pete agit comme s'il était gentil, mais sa signification n'a rien de gentil. Avec ses manières implacables, il n'y a aucune pitié en lui. Pas même un peu.

"Pete..."

"Je vais t'engueuler si tu me dis encore d'arrêter."

"Je... Je ne le ferai pas."

En entendant la voix irritée de Pete, Kao perd la volonté d'argumenter. Ça ne ferait que les faire se disputer, et Kao n'est pas sûr de vouloir que Pete s'arrête alors qu'il est excité à ce point. Parce qu'il est comme ça. Pete est capricieux et l'attaque tout le temps. Et il ne s'arrêtera pas quoi que Kao dise.

"Tu peux te calmer un peu?"

"Je suis trop brutal?"

"Oui."

"Comment?"

"Pete! Tu es sur le point de déchirer ma chemise."

"N'est-ce pas excitant? Tu n'aimes pas ça?"

"Qu'est-ce qui ne va pas chez toi? Toujours à raconter des conneries."

Pete glousse en guise de réponse, ses mains essayant toujours d'arracher la chemise de Kao... C'est une chemise à manches longues et à boutons, mais l'impatience de Pete lui donne envie de la déchirer. Il pourrait vraiment le faire s'il n'avait pas peur que la mère de Kao ait des soupçons.

"Pete..."

"Hmm?"

"Eh bien..."

Kao déglutit difficilement lorsque Pete déboutonne les deux premiers boutons et retire la chemise par-dessus sa tête avant de retirer lui-même son propre T-shirt... révélant son corps sexy et ses abdominaux en V, ceux auxquels Kao ne s'habitue jamais, peu importe le nombre de fois qu'il les voit.

"Quoi...?"

Demande Pete en continuant à assouvir son désir en embrassant la personne sous lui. Il déplace ses lèvres le long des épaules maigres de Kao, les pressant fortement au niveau des battements de cœur de Kao, léchant lentement ses clavicules jusqu'à son mamelon. Pete le lèche, le suce et le mordille autant qu'il veut.

Kao halète, son corps se réchauffe comme s'il était en feu. Pete joue avec lui, le transformant en une personne différente, inconnue, prête à suivre Pete partout où il le mènera.

"Toi... Pourquoi es-tu si brutal quand tu es excité?"

Kao gronde la personne qui le taquine agressivement... Malgré ce qu'il dit, le toucher de Pete l'excite, le stimule, et réveille de façon effrayante son instinct sauvage... Tout ce que fait Pete éveille son désir tout aussi intense.

"Eh bien, tu aimes ça, n'est-ce pas?"

Pete lève les yeux et demande avec un sourire sournois et méchant, puis il couvre son autre téton avec sa bouche, le suçant tout aussi fort. Son contact fait frémir Kao et lui fait pousser un cri. Le son fait sourire Pete avec satisfaction.

Bien sûr, il sait comment susciter le plaisir de Kao au lit. Pete cède, ne laissant aucune marque sur le cou de Kao, mais il ne manquera pas la peau qui peut être recouverte de vêtements. Plus son plaisir est élevé, plus il laisse de suçons.

"Pete..."

"Hmm?"

"Sois... plus doux."

La voix de Kao tremble lorsque son amant prend plaisir à mordre sa peau au point que parfois ses canines acérées lui raclent la peau. Pete glousse doucement et ralentit... seulement un peu.

"Tu es de plus en plus brusque chaque jour."

"Quel enquiquineur. Je te laisse me laisser des marques tout le temps."

"Je ne suis pas comme toi! Je ne suis pas un monstre qui aime laisser des marques sur les gens."

"Oh... Tu ne laisses pas de marques de baiser parce que tu préfères laisser des griffures, c'est ça?"

Pete offre à Kao un sourire séducteur, le rendant terriblement timide. Chaque fois que son plaisir monte en flèche, Kao pince et griffe toujours Pete pour l’évacuer, et Pete ne se plaint jamais.

Il semble adorer ça, en fait.

Kao ne peut s'empêcher de penser que Pete est peut-être... masochiste!

"Ce que j'aime... Ce que tu aimes... On sait tous les deux ce que c'est."

Pete marmonne d'une voix rauque en approchant ses lèvres. Il embrasse Kao à pleine bouche, léchant chaque centimètre de sa peau claire. Kao passe ses doigts dans les cheveux de Pete, les ébouriffant doucement pour évacuer le plaisir brûlant en lui, tandis que l'autre main de Pete caresse son corps. Il la déplace vers le bas et enlève leurs vêtements à tous les deux.

"P... Pete."

Kao prononce son nom en tremblant quand les lèvres chaudes de Pete descendent vers son ventre. Pete lèche ses abdominaux et presse fortement ses lèvres dessus, expirant dans le nombril de Kao avec séduction.

Est-ce qu'il essaie de rendre Kao complètement fou!

Pete glousse, satisfait du visage rougi de Kao et de ses yeux remplis d'un plaisir extrême. Il jette son corps sur Kao, grattant, frottant jusqu'à ce qu'il ait l'impression que leurs peaux sont en feu. Pete embrasse Kao de plus en plus bas, lui donnant ce mystérieux plaisir jusqu'à ce qu'il soit comblé.

Après cela, le mot 'non' ne sort plus de la bouche de Kao!

Mercredi soir

La faculté d'ingénierie

Université K

"Ren est vraiment un accro des toilettes."

Murmure Mork en attendant Ren sur sa moto, se préparant à le ramener chez lui, mais la personne qui a demandé à Mork de lui laisser trois minutes pour aller aux toilettes en a déjà pris cinq... Ren va toujours aux toilettes avant, après et parfois pendant les cours. Leurs amis se moquent même de lui en disant qu'il a une petite vessie.



'Tu viens au café aujourd'hui?'



Mork reçoit un message de Sun alors qu'il fait défiler son fil Facebook et Twitter... Depuis la nuit où Sun lui a avoué ses sentiments, l'atmosphère entre eux s'est tellement améliorée qu'ils ont oublié leurs anciennes disputes, mais ils font profil bas, sans le montrer ni l'annoncer.

Même Ren n'est pas au courant...

Mork pense que c'est mieux ainsi. Il n'est pas prêt à le dire à qui que ce soit. Si Ren l'apprend, Mork ne pourra pas le regarder en face ni s'expliquer. En plus de cela, sa relation avec Sun n'est toujours pas claire. S'il doit le dire à Ren lui-même, il préfèrerait le faire quand tout aura été mis au clair.

Il déteste cacher des choses à son ami, mais il préfère ne pas le mettre mal à l'aise.



'Je sais pas.'

'Comment peux-tu ne pas savoir?'



Mork sait que c'est ainsi que Sun lui met la pression. Il lui demande toujours s'il peut aller au café quand il veut le voir. Si Mork refuse, Sun essaie de savoir pourquoi au lieu de le harceler ou de le supplier. C'est une tactique bizarre mais ça lui ressemble tellement.

Quel homme orgueilleux...

Maintenant qu'ils se sont ouverts l'un à l'autre, ils se parlent beaucoup. Ils s'envoient des textos tous les jours, pas tout le temps mais au moins le matin et avant d'aller se coucher. Ils ne flirtent pas, ils se racontent simplement comment se sont passées leurs journées. Mork se sent plutôt bien avec la façon dont ils ont commencé.

Si Sun utilisait des mots doux et flirtait avec lui tous les jours ou lui disait combien il lui manquait, Mork aurait la chair de poule et refuserait de parler à Sun. 'Ce genre de choses' ça n'est pas son truc.



'Je dois voir si je suis libre.'

'Tu es toujours venu ici.'

'Quand est-ce que je suis toujours venu?'

'???'

'Pourquoi...? Tu veux que je vienne?'



Mork se sourit à lui-même quand Sun ne répond pas. Il veut savoir quelle sera sa réponse. Admettra-t-il franchement qu'il veut que Mork vienne au café?



'Quel dragueur.'



Mais... la réponse de Sun fait monter la température sur le visage de Mork, qui reste sans voix. Après s'être ressaisi, il tape rapidement une réponse. Mais alors! Quelque chose d'encore plus surprenant se produit.

Bam!

Quelqu'un a arraché le téléphone de Mork et l'a jeté au sol alors qu'il était inattentif. Mork se lève. Il regarde son téléphone cassé et se tourne vers la personne qui vient vers lui.

"Encore toi!"

Mork n'arrive pas à croire que ces voyous continuent à le harceler. Ils sont même venus à son université. Que pouvaient-ils lui faire faire pour mettre fin à ce foutu bordel?

Le père de Manao a déjà porté plainte, mais ils n'en ont rien à faire?

"Heureusement que tu te souviens encore de moi après tout ce temps," répond Ton avec un sourire moqueur. Il reste là, les mains dans les poches, inclinant la tête, fixant Mork d'un air menaçant. "Comment ça va, mon pote?"

"Vous n'allez pas vous arrêter, hein?"

"C'est facile de dire ça. Tu t'es foutu de moi et tu t'attendais à ce que je laisse couler!?"

"C'est quoi ce bordel avec ta logique?!" dit Mork avec irritation. "Pourquoi tu ne regardes pas ce que tu as fait? Qui s'est foutu de toi? C'est toi qui as embêté les gens et qui t'es comporté comme un déchet de la société. Espèce d'ordure!"

"Ce connard est un putain d'emmerdeur à chaque fois qu'on se rencontre," hurle le sous-fifre de Ton au visage de Mork.

"On devrait lui donner une leçon, Ton?" Un autre sous-fifre est prêt à donner un coup de poing.

"Oui! Je vais lui botter son putain de cul. Je ne partirai pas tant qu'il ne sera pas de la viande morte," rugit Ton.

Mork ne répond pas, se contentant de serrer les poings après avoir entendu cette menace. Il ne peut pas attendre qu'ils 'commencent en premier', mais... à ce moment-là, sa promesse surgit soudainement dans sa tête.

'Tu promets ou pas?'

'...'

'C'est une promesse.'

'...'

'Sois un homme... de parole.'

Ces mots disent à Mork de réprimer sa colère du mieux qu'il peut. Il fixe Ton, le visage rougeoyant, les yeux remplis de rage, comme s'il était prêt à se battre à tout moment.

Si ça avait été avant, il n'aurait pas reculé même s'il avait été battu à mort. Sa devise est de 'se battre jusqu'à la mort', et il se battrait pour sa fierté jusqu'au dernier moment plutôt que de rabaisser sa fierté ou de s'agenouiller devant quelqu'un.

Mais aujourd'hui... il ne veut pas décevoir Sun et briser sa promesse.

Finalement, Mork décide de faire ce qui contredit sa devise... Il recule et tente de s'éloigner, même s'il déteste perdre sa fierté en étant le perdant.

GRAB!

Ton ne le laisse pas partir. Il tire sur l'épaule de Mork. Ce dernier se retourne et retire immédiatement la main de Ton. Mork perd presque le contrôle quand il voit le rictus de Ton. Il sait que celui-ci le regarde de haut, pensant qu'il a peur, et qu'il est sur le point de se moquer de lui.

"Tu as peur?" Ton aboie un rire. "Tu vas t'en aller comme ça?"

"Il se dégonfle sûrement puisqu'il était dans un sale état la dernière fois."

"C'est vrai! Quel sale con."

Ton et ses sbires se moquent de lui. Mork serre les poings si fort que ses ongles s'enfoncent dans la peau de ses paumes. Il serre les dents, comptant silencieusement de un à dix. Mork n'a jamais pensé qu'un combat contre lui-même serait aussi difficile.

Une partie de lui lui dit de donner un coup de poing au visage de Ton et de lui enlever le sang de la bouche pour avoir osé se moquer de lui, mais une autre partie de lui lui dit de le supporter. S'il reste calme, ils finiront par se lasser et partir.

Cette promesse et le visage plein d'espoir de Sun sont les choses qui font que Mork endure les insultes d'une ordure comme Ton en ce moment. Il décide de reculer à nouveau, mais... les deux sbires de Ton lui bloquent le passage.

On dirait qu'ils ne le laisseront pas partir tant que l'un d'eux ne sera pas mort pour de bon!

"Si tu as si peur, alors agenouille-toi devant mon frère. Et nous te laisserons partir."

"Bien! Agenouille-toi et implore sa pitié."

S'agenouiller devant des ordures comme vous...?

Mork tremble de colère et ses poings sont sur le point de voler vers leurs visages. Il n'a pas peur et ne reculera jamais par peur. La promesse est la seule chose qui le fait endurer les insultes.

Ces connards ne devraient pas être aussi imbus d'eux-mêmes.

"Je pensais que t'avais ça en toi, mais en fait t'es un putain de con."

"C'est ça! Tête de noeud!"

"Agenouille-toi devant mon frère si tu as peur! Fais-le, crétin!"

Chaque mot fait tomber son mur de patience petit à petit. Mork n'arrive pas à croire qu'il puisse se retenir autant. Si cela avait été avant, ces salauds n'auraient pas réussi pas à l'insulter avec plus de trois phrases.

"En fait, je voulais te laisser partir, mais tu nous as bien fait chier la dernière fois," dit Ton en s'avançant vers Mork. N'obtenant toujours pas de réponse, Ton devient trop sûr de lui. "Tu as ce que tu mérites aujourd'hui!"

PAF!

Ton pousse l'épaule de Mork pour le provoquer, mais Mork tente toujours de contrôler sa colère. Il est déjà sur le point de compter jusqu'à cent, mais son sang-froid ne fait qu'exaspérer Ton encore plus.

BAM!

Ton commence à se battre en frappant le visage de Mork si fort que son visage se retourne, du sang suinte du coin déchiré de sa bouche. Mork touche la blessure et essuie le sang du revers de sa main, essayant de ne pas répondre, pensant qu'ils partiront après l'avoir frappé et qu'il ne s'est pas défendu.

Mais... le résultat est contraire à ce qu'il attendait.

"Il n'a pas voulu se défendre. Tu as peur, putain?!" Ton se moque de Mork et tire sur le col de sa chemise. "Je t'ai surestimé, hein? Pourquoi t'es un tel connard?"

"Je suppose qu'il fait le dur et tout devant les filles."

BAM!

Ton repousse Mork, le frappe au visage et lui donne un violent coup de poing au ventre. Les coins de la bouche de Mork se déchirent, le sang s'écoule. Son estomac lui fait très mal à cause de tous les coups de poing, mais la douleur physique ne peut être comparée à sa fierté blessée.

THWACK!

Mork a failli donner un coup de poing, mais les sbires de Ton lui bloquent les deux bras. Comme Mork a été frappé plusieurs fois et que son corps n'a pas encore complètement récupéré, sa force de combat a fortement diminué. Ton en profite pour le frapper de manière répétée et continue.

Mork se penche en avant, endolori de partout, mais il ne laisse pas échapper un seul gémissement.

"Relâchez-le!"

Ton ordonne à ses sbires, mais... ça ne veut pas dire qu'ils le lâchent, et les sbires le savent bien. Ils jettent Mork au sol et le piétinent, lui qui ne peut que se recroqueviller et utiliser sa main pour se protéger, mais ils continuent de le frapper impitoyablement comme s'ils étaient en colère depuis plus de dix ans.

"Hé! Que faites-vous à mon ami?!"

Ren crie en se jetant en avant avec deux autres amis. Ils sont choqués par ce spectacle car Mork n'a jamais perdu dans un tel combat.

"Allons-y! Il doit être presque mort."

Crie Ton à ses sbires et il crache sur Mork avec mépris, puis ils s'éloignent pour monter sur les motos qu'ils ont garés à proximité et partent si vite que Ren et ses amis ne peuvent pas les rattraper. Cependant, Ren et les autres amis décident de ne pas suivre ces hommes car ils sont plus inquiets pour la personne blessée allongée sur le sol.

Ils courent vers Mork pour voir comment il va.

"Mork! Mork!" crie Ren, mais Mork est inconscient. "Les gars! Emmenez-le à l'hôpital!"

Ren tente de l'aider à se relever avec l'autre ami qui le soutient. Le troisième appelle un taxi pour emmener Mork à l'hôpital aussi vite que possible, car ils n'ont aucune idée de l'état dans lequel il se trouve.

Bon sang!

Ren n'a jamais pensé qu'il verrait Mork dans cet état.



Blue Sky Café

"Pourquoi ne sont-ils toujours pas là?"

Sun regarde sa montre. Il est presque 18 heures maintenant, mais Mork et Ren ne sont toujours pas arrivés alors qu'ils arrivent habituellement avant 17 heures. Sun pense au dernier message, lorsque Mork a soudainement cessé de répondre ou de lire. Il pense que Mork est peut-être en colère contre lui.

Mais... le message n'est pas dur ou quoi que ce soit.

S'ils ne s'étaient pas rapprochés après sa confession, Sun n'aurait pas eu le courage d'envoyer un message à Mork comme ça. Mais ils s'entendent bien et sont devenus plus proches dernièrement. Ils savent ce qu'il faut dire et ce qu'il ne faut pas dire. C'est pourquoi Sun pense que Mork ne serait pas furieux au point de ne pas venir au café juste à cause de ce genre de choses. De plus... son frère n'est toujours pas là.

Est-ce que quelque chose est arrivé?

Si Mork est le seul à ne pas venir au café, c'est peut-être parce qu'il est contrarié et qu'il essaie de l'éviter. Mais Ren n'est pas là non plus. Inquiet, Sun appelle Ren immédiatement.

Mais... Ren appelle Sun avant qu'il ne le fasse.

"Hé, pourquoi tu n'es pas encore arrivé?" demande Sun, inquiet.

"Eh bien..." Ren se tait, pas prêt à lui dire la vérité. La réaction de Ren inquiète encore plus Sun.

"Je ne pourrai probablement pas t'aider au café aujourd'hui."

"Pourquoi?! Que s'est-il passé?"

"Quelque chose est arrivé."

"Qu'est-ce que c'est? Dis-le moi tout de suite."

"Je suis avec Mork à l'hôpital."

"Quoi?!"

Sun hurle à son téléphone, non pas parce qu'il n'entend pas Ren, mais parce qu'il est choqué et mal à l'aise. Que s'est-il passé ? Pourquoi Mork a-t-il été soudainement envoyé à l'hôpital ? Il s'est encore battu, n'est-ce pas ? Et c'est si grave qu'il a été envoyé à l'hôpital.

Est-ce que leur promesse ne vaut rien?

Plus Sun y pense, plus il est inquiet et en colère. Mork ne prend pas soin de lui, n'écoute pas ses avertissements et ne tient pas sa promesse. Sun fait des allers-retours, son expression est sévère, ce qui rend l'employé nerveux.

"Eh bien... Mork s'est fait agresser," tente d'expliquer Ren calmement, la voix douce. Il ne veut pas que Sun s'énerve comme ça. Ren se sent déjà découragé. "Il est gravement blessé, alors je l'ai emmené à l'hôpital."

"Quel hôpital?"

"Ah..."

"Dis-le moi tout de suite!"

Entendant la voix dure et tranchante de Sun, Ren lui dit où ils sont et le numéro de la chambre. Sun raccroche, dit à son employé de s'occuper du café, et se précipite dehors, anxieux.

Des tas de questions envahissent son esprit. Sun est agité, il devient fou et inquiet. Il ne comprend pas pourquoi Mork s'est mis en danger et s'est battu avec des gens au point d'être gravement blessé.

Ne se soucie-t-il pas du tout de lui-même?!


Hôpital M

"Comment te sens-tu?"

Ren s'avance vers un lit d'hôpital lorsque Mork est réveillé. Quand il a amené Mork dans un état inconscient à l'hôpital, il était tellement inquiet qu'il a presque perdu la tête.

Heureusement que les deux autres amis n'ont cessé de lui dire de se ressaisir.

Mork a été envoyé aux urgences dès leur arrivée à l'hôpital et a été traité immédiatement. Le médecin a dit que Mork avait de grosses contusions mais que ses organes internes n'étaient pas endommagés. Cependant... Mork devra passer des radios quand il sera réveillé, juste pour être sûr.

Ren se sentait un peu soulagé que Mork n'ait pas été gravement blessé. Les deux autres amis ont dû partir au moment où Mork a été emmené dans une chambre, alors Ren s'est porté volontaire pour rester avec lui. Il n'a pas appelé les parents de Mork et a attendu que Mork soit réveillé d'abord, pensant qu'il aurait des problèmes s'il le faisait.

"Toujours vivant," répond faiblement Mork.

"Oui, ça je le sais." Puisque Mork peut encore plaisanter, Ren est soulagé. "Ces deux-là m'ont aidé à t'emmener à l'hôpital, mais ils sont partis avant que tu ne sois réveillé parce que leurs parents les ont appelés et leur ont dit de rentrer chez eux."

"Um..." Mork acquiesce.

Il est heureux que ses amis restent à ses côtés même quand il est presque mort.

"Je n'ai pas appelé tes parents."

"Bien." Mork force un sourire. Si ses parents l'avaient vu inconscient, ils auraient été tellement choqués qu'ils n'auraient pas su quoi faire. Il vaut mieux qu'ils le voient éveillé. "Qu'a dit le médecin?"

"Tu dois être admis pour une nuit. Je pense que tu devrais quand même le dire à tes parents, sinon ils vont s'inquiéter." Ren le prévient, sachant que les parents de Mork l'aiment énormément. Mork est peut-être un mauvais garçon, mais il reste leur précieux fils unique. "Et la facture de l'hôpital ne doit pas être dérisoire."

"Je les appellerai quand j'aurai les idées claires."

"C'est vraiment la merde cette fois. Ces enfoirés sont vraiment..."

Même si Mork n'a pas dit à Ren ce qui s'est passé, Ren peut deviner qui sont ces voyous. Et Mork ne commence jamais un combat. Ces gars ont eu le culot de sauter sur Mork bien que le père de Manao ait porté plainte.

Ces salauds devraient apprendre leur leçon en prison.

"Je les emmerde. On en parlera quand je serai rétabli."

"Quand tes parents le découvriront, je suis sûr qu'ils porteront plainte."

"Ils devraient le faire. Je ne les arrêterai pas cette fois."

Mork a toujours évité de porter plainte à la police quand il se battait. Il le cachait même parfois à ses parents, pensant que ce n'était que des bagarres d'enfants. Il ne voulait pas que les choses dégénèrent, ce qui n'aurait fait que les inquiéter. Mais il veut que ces crétins apprennent leur leçon cette fois-ci.

"D'accord! Ces connards ne devraient pas seulement être blessés mais aussi être mis en prison."

"Au fait, ton frère ne va pas te gronder parce que tu n'es toujours pas rentré à la maison? Pars maintenant," dit Mork, inquiet. Il ne veut pas qu'ils se disputent ou que Sun sache ce qui s'est passé aujourd'hui.

Il serait déçu que Mork se soit à nouveau battu.

"Je lui ai dit que je suis ici avec toi."

"Huh?!"

"Allez. Ça va aller. Occupe-toi de toi d'abord."

"Qu... Qu'est-ce qu'il a dit?"

"Pas grand-chose."

Ren ne veut pas lui dire à quel point Sun était en colère pour que Mork ne réfléchisse pas trop. Son état est déjà si mauvais. Mork devrait se détendre et se reposer physiquement et mentalement pour améliorer son état rapidement, sinon ses parents seront inquiets.

Ils se sont déjà trop inquiétés pour Mork.

"Et..." Mork est sur le point d'en demander plus sur Sun.

Mais! Avant qu'il puisse poser la question, la porte est poussée. Mork et Ren sont stupéfaits, surpris par la rapidité avec laquelle Sun est arrivé ici.

"Tu ne t'es pas occupé du café? Qu’est-ce..."

"Combien de fois faudra-t-il pour que tu sois satisfait?!"

Sun ignore la question de Ren. Il repousse l'épaule de son frère puisqu'il lui bloque le passage et se dirige vers le lit. Sun jette un regard furieux à Mork. En le voyant dans cet état, il est encore plus inquiet et en colère parce que Mork a pris son avertissement à la légère. La situation n'était-elle pas complètement folle pour que Mork soit blessé à ce point?

"As-tu déjà pensé aux personnes qui se soucient de toi? As-tu déjà pensé à tes parents? Tu étais dans un sale état la dernière fois, et maintenant tu as dû être envoyé à l'hôpital. Pourquoi ne pas simplement être un cadavre la prochaine fois?"

"Sun! Pourquoi tu as dit tout ça? Tu ne vois pas qu'il a été blessé?!"

Ren éloigne Sun du lit, craignant que ce dernier ne secoue le corps de Mork pour évacuer sa colère. Mork se sent déjà mal d'avoir été battu de la sorte, mais son frère ne lui a même pas demandé comment il se sentait à son arrivée et s'en est pris à lui. N'est-ce pas trop cruel?

"Je dois le gronder parce qu'il est blessé. Peut-être que ton ami va se ressaisir et arrêter de se battre. Je l'ai prévenu plusieurs fois de rester calme et de ne pas perdre son sang-froid. Tu as vu comment ça s'est passé? Est-ce que ton ami m'a déjà écouté?!"

BAM!

Plus Ren écoute, plus il devient furieux. Il pousse la poitrine de Sun pour qu'il arrête d'être un idiot et de réprimander Mork sans raison. Ren sait que Sun est vraiment inquiet pour Mork, mais ses mots ne font que blesser ses sentiments... Son cœur doit-il être blessé comme son corps?

"Si tu ne sais pas de quoi il retourne, alors ferme-la et pars!"

Ren regarde Sun d'un air renfrogné, essayant de compter de un à dix en silence, serrant les poings pour réprimer sa colère. Il a toujours laissé Sun le gronder et le sermonner sans se plaindre, mais il ne peut pas le supporter cette fois-ci. Mork est dans cet état à cause de Sun.

Ren sait tout depuis un moment maintenant...

Le jour où Mork a sauvé Manao de ces trous du cul, Ren était si inquiet pour Mork. Il a appelé Sun après avoir ramené la moto de Mork comme on lui avait dit. Quand il a appris que Sun avait conduit Mork chez eux au lieu de chez Mork, Ren a dit à l'employé de s'occuper du café et est parti voir si son ami allait bien.

Et Ren a été stupéfait de voir Sun et Mork s'embrasser!

Ren n'est pas entré, de peur de rendre la situation encore plus embarrassante. Il les a observés en silence et a entendu leur conversation. Il a découvert des choses qu'il n'avait jamais sues... La relation amoureuse de Pete et Kao, et Sun et Mork pourraient avoir des sentiments l'un pour l'autre.

Et aussi la promesse!

Ren était plutôt choqué et ne pouvait pas croire ce qu'il venait d'entendre, mais il devait l'accepter. Mork est son meilleur ami et Sun est son cher frère... S'ils sont amoureux, il doit être heureux pour eux.

La sexualité n'a pas d'importance du tout, car Ren n'est pas sexiste. Puisque Mork et Sun ont choisi de se taire à ce sujet, Ren allait agir normalement et faire semblant de ne rien savoir. Il voulait qu'ils le lui disent eux-mêmes, jusqu'à maintenant... le jour où Mork s'est fait tabasser si violemment qu'il a failli mourir.

Ils étaient trois. Ren sait que Mork pourrait les gérer, et s'il avait choisi de se battre, il ne serait pas aussi blessé même s'il avait perdu. Mais... Mork a choisi de se retenir cette fois.

Mork a choisi de ne pas utiliser la violence à cause de cette promesse!

Ren sait que la violence n'est pas une bonne solution, mais il ne veut pas que Sun réprimande son ami sans lui demander ce qu’il s’est passé. Si Sun aime son ami et se soucie de lui, mais qu'il continue à le blesser de cette façon, il ne le supportera pas.

Même si c'est son frère!

"Ren..."

"Ne parle plus à Mork. Il est blessé à ce point parce qu'il ne s'est pas défendu contre ces enculés comme il te l'avait promis. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi, putain? Tu ne lui as pas demandé ce qui s'était passé et tu l'as juste engueulé. Tu t'es soucié de ce qu'il pouvait ressentir? Et ne dis pas que tu t'inquiètes pour lui. Si tu continues à dire des conneries comme ça, alors tu ferais mieux de ne pas t'inquiéter pour lui!"

Hurle Ren, perdant son sang froid. Les mots qui sortent de sa bouche laissent Sun sans voix. Même si son frère ne dit rien, Ren est toujours furieux. Il pensait que Sun comprendrait mieux Mork, mais non... il se comporte comme un adulte qui utilise ses critères pour juger les autres sans connaître toute l'histoire et qui fait la morale à ceux qu'il croit immatures sans se soucier de leurs sentiments.

Sun n'était pas bien élevé quand il était jeune. Il était intelligent et bon en sport, mais son comportement donnait des maux de tête à ses professeurs. Sun s'est battu avec d'autres élèves des tonnes de fois à l'époque.

Ren se souvient que lorsqu'il était au lycée, Sun venait le sauver lorsqu'il était malmené par ses camarades de classe. Lorsque leurs parents ont divorcé, il l'a quand même protégé et il a été blessé tout le temps. Un jour, Sun et les brutes se sont battus et ont été arrêtés alors que Ren est resté seul à la maison.

Il pleuvait abondamment ce jour-là. Il y a eu une coupure de courant dans tout le quartier. Quand Sun est rentré chez lui, Ren a fondu en larmes. À ce moment-là, il a réalisé qu'il avait eu tort de se mettre en danger, et que si quelque chose lui arrivait, Ren serait seul sans sa protection ou sans personne pour s'occuper de lui... il a arrêté de se battre après cela.

Ren aime tellement Sun. Il le respecte comme un père, mais il est aussi en colère contre lui aujourd'hui.

"TU ES VRAIMENT STUPIDE!"

Ren n'arrive pas à trouver d'autres mots que ceux-là!

Une infirmière se précipite à l'intérieur au son de leur dispute.

Ren s'excuse auprès d'elle et demande à Sun de partir. Ren ne va pas rentrer chez lui, il va rester ici avec Mork ce soir. Sun a l'air beaucoup plus calme. Il regarde Mork avec inquiétude, mais Ren insiste pour qu'il parte. Mork remercie Ren dans sa tête de s'être occupé de tout sans qu'il ait à dire un mot.

Parce qu'il ne veut pas faire face à Sun en ce moment.

"Je suis désolé, mon pote."

Dit Ren quand la pièce est redevenue silencieuse. Il regarde Mork, qui essaie de garder un visage impassible et de forcer un sourire reconnaissant. Ren sait qu'il se sent blessé.

Nous voulons tous du réconfort quand nous sommes blessés, pas des reproches, surtout de la part de quelqu'un que nous aimons. Ren sait que Mork se sent blessé parce que Sun a choisi de passer sa colère sur lui sans demander ce qui s'est réellement passé ou comment Mork se sentait.

"C'est bon. Je dois te remercier d'avoir tout expliqué à ma place."

"Mais... Sun s'inquiète pour toi, tu sais."

"Je sais."

Maintenant que Ren s'est calmé, il ne veut pas que Mork se sente mal ou contrarié par Sun. Ce dernier doit être vraiment inquiet vu qu'il est arrivé ici à la vitesse de la lumière, mais il l'a mal exprimé. Mork pouvait sentir l'inquiétude de Sun, mais ses mots étaient comme des aiguilles perçant la blessure de son cœur.

"Quoi qu'il en soit... quand as-tu découvert pour Sun et moi?"

Décide de demander Mork. En écoutant la dispute de Ren et Sun, Mork a deviné que son meilleur ami savait tout, car il n'a jamais parlé de la promesse à personne, et probablement Sun non plus.

"Je me suis précipité à la maison cette nuit-là parce que je m'inquiétais pour toi, et je vous ai vu Sun et toi."

"Tu..."

"Détends-toi. J'ai tout vu. J'ai entendu tout ce dont vous parliez." Ren sourit. "Ça ne me dérange pas. Tu es mon ami, et je n'ai pas l'esprit fermé. Ne t'en fais pas."

"Quel naturel. Quel bon acteur."

"Pas aussi naturel que toi et Sun. Vous vous êtes parlé en secret."

"A partir de maintenant... Nous ne nous parlerons probablement plus."

Le visage éclairé de Mork s'attriste lentement. Ren commence à s'inquiéter, craignant que son emportement de tout à l'heure ait ruiné leur relation. Mais Ren pense toujours que si Sun juge les gens en fonction de ses propres critères et s'inquiète trop au point de perdre son sang-froid comme ça, il ne veut pas que son frère soit avec Mork.

Il ne veut plus que son ami se sente blessé.

"Mais Pete et Kao sont... foutrement naturels. Je ne le savais pas du tout." Ren change de sujet pour faire oublier Sun à Mork. "Je pensais qu'ils étaient proches parce qu'ils s'étaient réconciliés, mais en fait..."

"Il faut les observer, mais ne pas les taquiner. On dirait qu'ils veulent garder le silence à ce sujet."

"Ouais, je sais. J'ai compris maintenant! C'est pour ça que Pete s'accroche toujours à Kao."

"Je pense que c'est un putain de petit ami jaloux."

Ils rient joyeusement parce qu'ils ont réussi à se moquer de Pete, leur vieil ennemi. Mork emprunte le téléphone de Ren pour appeler ses parents, sinon ils vont s'inquiéter puisqu'il n'est pas rentré chez lui.

Son état est peut-être mauvais puisqu'il a été admis à l'hôpital, mais il est en sécurité maintenant.



Cette nuit-là…

Chez Kao

Pete a raccompagné Kao chez lui vers 20 heures. Ils ont regardé un film et mangé ensemble sans leur bande. Ça faisait un moment qu'ils n'avaient pas traîné seuls, et c'était d'une douceur satisfaisante.

"Tu ne peux pas rester ce soir."

Dit Kao dès que la voiture s'est arrêtée. Pete fronce les sourcils, mais il n'avait pas prévu de rester de toute façon (même s'il en avait envie), car il doit parfois rester à la maison, sinon son père pourrait oublier le visage de son fils, et la famille de Kao pourrait se demander pourquoi ils dorment si souvent ensemble. Puisqu'ils dorment toujours ensemble les week-ends, ils devraient se séparer les jours de semaine, juste pour être prudents.

"Tu es si prompt à me chasser."

"Je ne te chasse pas. Ma mère aura des soupçons si tu restes trop souvent chez moi. Et il y a Gib. Quand Jubjang t'a vu avec moi, elle a transmis la fièvre du shipper à Gib."

"Vraiment?"

"Oui! Heureusement que Gib n'est pas méfiante."

Kao pense aux questions de Gib il y a quelques jours et se sent parano. Elle lui a demandé s'il y avait des couples gays dans sa faculté et si Pete sortait avec quelqu'un. Kao est déjà anxieux, il a peur que sa mère et sa sœur le découvrent. Avec toutes ces questions, Kao n'a presque pas réussi à changer de sujet.

" Ok, ok. Je vais partir aujourd'hui puisque je reste ce week-end de toute façon."

"Hum."

"Ne parle pas à Non en secret."

"Oui, monsiiiiiiieur."

Dit Kao d'une voix moqueuse. Même si Pete sait que Kao n'a aucun sentiment pour Non, il lui interdit quand même de parler à Non car Pete le déteste vraiment.

Heureusement pour Kao, Non ne lui envoie pas souvent des textos, il est donc facile d'éviter de lui parler. Kao ne répond aux messages de Non que lorsqu'il est avec Pete pendant la journée. Quand Pete le regarde bizarrement, Kao lui montre leur conversation. Mais Pete ne vérifie jamais son téléphone ou ses textos. Il est peut-être jaloux, mais il reste raisonnable.

"Envoie-moi un texto quand tu es à la maison."

"Oui, monsiiiiieur." Pete se moque de lui.

Kao ouvre la portière de la voiture et en sort. Il attend que Pete s'en aille, puis il entre chez lui de bonne humeur. Gib et sa mère sont en train de dîner ensemble.

"Tu as mangé, mon fils?"

"Oui, j'ai mangé. J'ai regardé un film avec mes amis et j'ai mangé avec eux."

Kao s'assied avec elles pour manger des fruits... Il dit qu'il a traîné avec ses amis, mais en fait, c'était juste lui et Pete. Il a dit "amis" pour que sa mère et sa sœur n'aient pas de soupçons.

"Comment se passe la session de tutorat?"

"Ça s'est plutôt bien passé. Pourquoi?"

"Oh, rien. Je suis tombé sur Non ce soir et il m'a parlé de toi."

"Ah oui?" Kao écoute attentivement sa mère, il se sent mal à l'aise. Il a peur de penser à ce que Non a demandé à sa mère. "Euh... Qu'est-ce qu'il a dit? Il s'est plaint de mon enseignement?"

"Non, il m'a parlé de toi et de Pete."

Kao tousse, un morceau de fruit se coinçant dans sa gorge.

"Tu vas bien, Kao?" Gib lui tend un verre d'eau. "Tu t'es étouffé à l'évocation de Pete? Hum... Il y a quelque chose de bizarre entre vous, comme l'a dit Jubjang?"

"Ça n'a rien à voir avec Pete. Je me demandais juste pourquoi Non l'avait mentionné."

"Non m'a dit que toi et Pete étiez si proches et toujours ensemble. Il a dit que tu avais de la chance d'avoir un ami comme Pete." Dit Kaew, amusée. Ses yeux sont rivés sur lui. "Eh bien, vous êtes vraiment proches tous les deux."

"Comme tous les meilleurs amis normaux."

Kao essaie de ne pas se défendre ou de ne pas trop s'énerver, sinon ça serait plus suspect. Il engueule Non en silence, et commence à être d'accord avec Pete. Non pourrait aimer Kao et vouloir gâcher leur relation, ou... il pourrait détester Pete au point de vouloir l'embêter de toutes ses forces.

Tu as une si grande gueule! Sale balance! Un vrai casse-couilles!

"C'est pourquoi Jubjang les a taquinés, en disant qu'ils sont en couple."

"Arrête ça, Gib. De quoi tu parles?"

Kao l'arrête avant de forcer un sourire à sa mère et de changer de sujet. Bien que sa mère ne semble pas soupçonneuse, Kao s'inquiète toujours lorsqu'elle mentionne sa relation avec Pete.

Il a peur que peut-être... sa mère ait déjà des soupçons sur leur relation!



Le jour suivant

La faculté d'ingénierie

Université N

"Qu'est-ce qu'il y a? Tu es inhabituellement calme aujourd'hui."

Demande Pete à Kao alors qu'ils sont assis sur le banc du rez-de-chaussée de la faculté. Leurs amis ne sont pas encore là car ils sont allés aux toilettes. Pete a remarqué que Kao avait le moral dans les chaussettes depuis le matin, comme s'il était troublé ou avait quelque chose en tête.

Pete a touché le front de Kao pour vérifier sa température ce matin, mais il semble aller bien. Lorsqu'il lui a demandé s'il était malade, Kao a répondu qu'il allait bien et qu'il n'avait simplement pas assez dormi. Pete pense qu'il y a quelque chose de plus mais il n'arrive pas à trouver quoi. Il n'y a pas eu de problèmes dans leur vie ces derniers temps.

Le seul problème est Non...

"Je t'ai dit que je n'ai pas assez dormi."

"Conneries. Je n'étais pas là pour te déranger et il n'y avait pas de devoir. Pourquoi tu n'as pas pu dormir, alors? Ne me dis pas que Non t'a appelé. Il faut que je surveille ce gosse. Je vais le jeter à la mer."

"Tu tires toujours des conclusions hâtives," dit Kao, amusé.

En fait, Non a envoyé un SMS à Kao hier soir pour lui demander s'il était libre aujourd'hui, mais il n'a pas répondu jusqu'à maintenant. Heureusement pour Kao, il a dit à Non qu'il n'aimait pas les textos quand Non lui a demandé son identifiant LINE, donc quand Kao n'a pas répondu, Non ne lui a pas mis la pression et a juste laissé un autocollant avec un visage curieux.

"Qu'est-ce qui ne va pas, alors? Dis-moi ce qui te préoccupe."

"J'ai dit que j'allais bien."

"Tu ne vas pas bien! Est-ce que Non t'a dérangé?"

"Ça n'a rien à voir avec lui."

Kao ne veut pas le dire à Pete car il va stresser comme lui. Il réfléchit à la façon de dire la vérité à sa mère. Il vaut mieux que sa famille l'apprenne de lui, pas des autres. Mais Gib est encore jeune. Elle pourrait avoir besoin de plus de temps pour comprendre.

Mais sa mère... Il a peur qu'elle ne puisse pas le supporter. C'est plus difficile de faire changer d'avis un adulte et de lui faire comprendre, plus qu'à un enfant. C'est pourquoi il n'a pas le courage de lui dire la vérité.

"Tu es sûr que ça n'a rien à voir avec lui?"

La voix de Pete devient soudain sévère. Kao suit le regard de Pete et comprend pourquoi ce dernier devient sérieux tout à coup. La personne qui se dirige vers eux est celle que Pete déteste le plus en ce moment.

Exactement... c'est Non!

"Qu'est-ce que vous regardez, les gars?"

June arrive juste à temps. Il les salue joyeusement avant de tapoter l'épaule de Pete et de s'asseoir à côté de lui... tout comme Sandee et Thada. N'obtenant aucune réponse, ils regardent dans la même direction.

"Qu'est-ce qu'il a ce gamin? C'est nécessaire d'être aussi beau?"

Dit June sans trop réfléchir. Sandee regarde Pete et Kao, commençant à comprendre quelque chose. Le garçon marche vers eux, ses yeux montrent qu'il connaît Kao, et l'air renfrogné de Pete doit venir de sa jalousie. Sandee pense que ce garçon est certainement en train de courir après Kao.

Vous n'arrivez même pas à garder un visage impassible. Votre secret va être découvert à ce rythme!

"Beau, mon cul. Il est trop grand et a l'air vieux pour son âge. Il n'y a rien de bon chez lui." Pete pince les lèvres en signe d'agacement. June le regarde, confus quant à la raison pour laquelle Pete s'irrite et aboie sur le garçon comme ça.

"Bonjour, tout le monde."

Quand Non les rejoint, il salue tout le monde poliment, sourit à Kao et fait une grimace à Pete. Sandee pense qu'elle a raison tandis que June et Thada se demandent depuis quand ils se connaissent.

"Ah... Voici Non, mon élève." Kao le présente malgré lui. "Non... Voici June, Sandee, et Thada."

"Bonjour à tous." Non leur fait un sourire très amical.

"Quel gentil garçon. Il sait comment se comporter." Thada le complimente, le trouvant adorable.

Pete pousse un soupir à ces mots, montrant ouvertement son ressentiment. Comment ne le pourrait-il pas?! Il pense que Thada n'a pas vu le vrai visage de Non, alors il a été impressionné quand ce gamin a joué la comédie. Thada n'aurait pas dit ça s'il avait su la vérité comme Pete. Pourquoi Non est-il venu à l'université?

Il est là pour embêter Pete ou il meurt d'envie de flirter avec son petit ami?!

"Eh bien... Que fais-tu ici?" demande Sandee, en indiquant du regard à Pete d'arrêter de trop montrer sa jalousie s'il veut que son secret soit préservé. "Tu n'as pas cours?"

"Les cours étaient terminés, alors je suis venu ici pour voir Kao."

Les mots 'venu ici pour voir Kao' figent l'air autour d'eux et arrêtent le temps pendant plusieurs secondes, puis le gang peut percevoir une aura meurtrière émaner de Pete.

Sandee commence à avoir peur que Pete et Kao se disputent, comme lorsque Sun venait souvent voir Kao à la faculté et que Pete devenait 'possessif envers son ami' au point de ne pas pouvoir contrôler son agressivité. Elle demande à Pete du regard de rester calme, et ce dernier, qui est sur le point de crier sur Non, se tait mais pousse un autre soupir.

"Eh bien... je n'ai pas pu faire les devoirs que Kao m'a donnés. Il n'a pas non plus répondu à mon message, alors je suis passé le voir," explique Non avec une expression qui fait que les personnes qui l'écoutent sympathisent avec lui. "Je ne savais pas vraiment vers qui d'autre je pouvais me tourner."

"Tu travailles dur," dit June.

Mais Pete insulte Non en silence en se disant qu'il ne doit pas avoir d'amis à qui demander pour ses devoirs!

"C'est parce que je veux entrer dans cette université comme vous les gars."

"Si tu veux entrer ici, la chance est aussi importante que de bien étudier," plaisante Thada. "Si tu as de la chance, tu pourras entrer dans cette université comme Pete et June. Ils sont débiles mais ont quand même réussi l'examen."

"Pas seulement moi et June... Toi aussi." grogne Pete.

"Oh! Qu'est-ce qu'on fait, alors? Tu vas d'abord lui donner des cours particuliers?" demande Sandee à Kao.

"Qu'est-ce qui se passe?"

"On avait prévu de manger un barbecue ensemble," dit Sandee à Non.

"C'est bon. J'enverrai un message à Kao plus tard. N'oublie pas de me répondre." Non regarde Kao avec un sourire, et celui-ci se tourne vers Pete qui a l'air complètement furieux.

Quand Kao ne lui donne pas de réponse, Non a l'air si abattu que le gang est désolé pour lui.

"Ne sois pas trop cruel avec ton élève."

June, ne connaissant pas la situation, tente de persuader Kao par pitié après avoir vu un regard triste sur le visage de Non. Pete serre les dents en signe d'exaspération, sachant que Non joue juste la carte de la pitié.

Parce qu'en fait... ce gamin est un vrai diable!

"J'ai essayé d'étudier tout seul, mais je suis toujours perdu."

"Hum, demande-moi si tu ne comprends pas quelque chose, alors. Je te répondrai."

Kao ne peut s'empêcher d'accepter de le faire, sinon il serait un tuteur si froid. En entendant ça, Non sourit comme un enfant et fait aussi un sourire mauvais à Pete pour l'exaspérer.

"Puisque tu es déjà là, pourquoi ne pas faire un barbecue avec nous?"

"'Non!" Tout le monde se tourne vers Pete qui jette un regard noir à Non, les bras croisés. Il engueule June dans sa tête pour l'avoir invité. "Eh bien... Il n'est pas vraiment proche de nous. Ça pourrait l'ennuyer."

"C'est pas grave. Je veux me joindre à vous." Le sourire de Non s'élargit.

"Oui, on se rapprochera en mangeant." June se lève et passe son bras autour de l'épaule de Non comme s'ils se connaissaient depuis leurs vies antérieures. "Allons-y! J'ai faim. Je me suis affamé depuis l'après-midi pour ce repas."

Ils se rendent dans un restaurant de barbecue près de l'université avec Pete et Kao qui les suivent. Ils regardent fixement Non qui marche devant eux. Il semble s'entendre avec tout le monde, surtout avec Thada et June. Ils ont l'air de beaucoup l'apprécier, ce qui fait que Pete le déteste encore plus.

"Allez, ça va bien se passer." Kao réconforte Pete.

"Tu as vu comment ce gamin a essayé de me faire chier." Pete est toujours en colère.

"Laisse-le tranquille. Ne te soucie pas tant de lui. Si tu es en colère, il continuera à t'embêter," dit Kao en enroulant son bras autour du cou de Pete. Pete sait que Kao ne veut pas qu'il soit de mauvaise humeur, alors il essaie de se contrôler.

Mais Pete n'est pas sûr de pouvoir rester calme longtemps, car il sent que Non... essaie encore plus de s'immiscer dans leur vie!

Ce soir-là

Un restaurant de barbecue

Non s'entend tellement bien avec la bande en si peu de temps que Pete en est déconcerté. Mais il ne le montre pas, sinon on va dire qu'il a des préjugés sur Non et qu'il est trop possessif envers son ami.

Ils s'assoient tous les six à une grande table. Lorsque Kao prend place à côté de Pete, Non s'assied tout de suite à côté de Kao. Sandee a un mauvais pressentiment et, pour cette raison, lorsque Pete a l'air agacé, elle entretient la conversation pour éviter les silences gênants. Heureusement, June est un moulin à paroles, et cela aide à distraire tout le monde de l'aura sombre de Pete dans une certaine mesure.

"Ces crevettes sont pour Sandee, Thada, et Juuuune."

Non seulement, Non s'entend avec tout le monde (sauf Pete), mais il fait aussi plaisir à tout le monde en faisant tout griller et en les servant. L'assiette de June est pleine de nourriture même s'il continue à parler.

"Nous devrions amener Non avec nous plus souvent à l’avenir. C'est un si bon garçon." dit June en décortiquant les crevettes que Non a fait griller pour lui. "Mais ce serait mieux si tu les décortiquais pour moi aussi."

"Je peux le faire pour toi si tu veux."

"Ça suffit, Non. Tu le gâtes." Sandee avertit Non en plaisantant. June sera gâté si Non continue à lui faire plaisir comme ça. "Tu devrais manger, toi aussi. Arrête de faire des grillades pour tout le monde. Laisse celui qui ne veut pas se taire mourir de faim."

"Quoi?! Je divertis mes amis, tu sais."

June se félicite et se chamaille avec Sandee. Non donne à Kao un morceau de viande cette fois.

"Je vois que tu aimes la viande. Celui-ci est très juteux."

"Ça va. Je peux le faire moi-même. Mange-la toi-même."

"Mais je l'ai grillée juste pour toi."

Pete regarde la personne qui fait plaisir à son petit ami et soupire d'ennui.

"Ne mange pas trop de viande. C'est dur à digérer, et tu vas râler à cause de ton mal de ventre. Tiens, mange du poisson."

Pete met du poisson grillé dans l'assiette de Kao. La personne qui vient de faire griller de la viande pour Kao le regarde et lui sourit gentiment. Pete sait que Non est sur le point de l'embêter.

"On dirait que tu te soucies beaucoup de Kao." dit Non à Pete d'une voix forte, comme s'il voulait que les autres l'entendent aussi. "Vous vous accrochez toujours l'un à l'autre et vous vous souciez l'un de l'autre comme jamais."

"Ces deux-là sont comme ça. Les juniors les shippent même," dit June en riant.

"Ah oui? Heureusement qu'ils ne sont qu'un 'faux couple'. S'ils étaient un 'vrai couple', je serais triste."

Le silence s'abat sur toute la table car tout le monde sent que quelque chose ne va pas dans les paroles de Non. C'est comme s'il draguait Kao alors que c'est un garçon. Pete jette un regard si dur à Non que Kao doit lui attraper la main pour l'empêcher de se battre.

"Huh..... On dirait que tu dragues Kao," taquine June.

"Je plaisantais." Non en rit, mais Pete sait que Non le pensait et l'a dit dans le but de lui déclarer la guerre. "Je veux dire, s'ils sont en couple, je serai triste pour les filles."

"Pete a une mauvaise personnalité et Kao est le seul à pouvoir le supporter. C'est pour ça que Pete s'accroche à Kao." Sandee défend Pete et Kao avant de changer de sujet pour parler de la séance de tutorat.

Elle indique à nouveau à Pete du regard de se calmer et de ne pas trop montrer sa jalousie. Pete soupire pour évacuer son agacement... Ce barbecue aujourd'hui est le repas le plus insipide qui soit!



Cette nuit-là

Ils se sont séparés après avoir terminé le repas. Pete a essayé d'ignorer Non tout le temps, mais il sentait que le jeune homme le provoquait en grillant la nourriture pour faire plaisir à tout le monde, surtout à Kao. Ses amis ont tellement aimé Non qu'ils lui ont dit de venir traîner avec eux à la faculté. Pete n'a pu que se pincer les lèvres. S'il avait dit quoi que ce soit, il serait devenu un méchant jaloux et plein de préjugés.

"Tu dors chez moi ce soir?"

Demande Pete alors qu'il reconduit Kao chez lui. Il ne fait pas du tout confiance à Non. Puisque Kao a promis de répondre à son SMS, Non doit envoyer un message ou appeler son petit ami ce soir, c'est sûr. Pete ne s'énerverait pas si c'était quelqu'un d'autre. Mais Non a montré à Pete qu'il était intéressé par Kao et a essayé de se rapprocher de lui... Comment Pete peut-il rester calme et ne rien faire?

Non court après Kao encore plus intensément que Sun!

"Comment je pourrais? J'ai dit à ma mère que je rentrais chez moi ce soir," s'inquiète Kao. "On en a déjà parlé. On dort séparément la semaine et tu restes chez moi le week-end."

"Alors je vais rester chez toi. Mon père n'y verra pas d'inconvénient."

"Tu ne peux pas! Non, c'est non."

Kao insiste fermement, non pas parce que Non pourrait lui envoyer un texto, mais il a peur que sa mère ait des soupçons sur leur relation. Elle a déjà l'air de se méfier un peu.

"Pourquoi pas? Tu as peur de ne pas pouvoir parler à Non?"

"Ça n'a rien à voir avec lui du tout."

"Alors de quoi s'agit-il?"

"C'est..." Kao hésite à parler à Pete de son inquiétude, sachant que celui-ci ne ferait que le presser de dire la vérité à sa mère. "Je voulais te parler. Est-ce qu'on devrait garder une certaine distance l'un par rapport à l'autre?"

"Quoi?!"

Pete se tourne vers Kao, les yeux pleins de questions et de colère. C'est quoi ce bordel?! Pete est déjà énervé à cause de Non, et maintenant lui et Kao vont se disputer sans qu'il en connaisse la cause?

Pete essaie de se calmer. Il est maintenant sûr que Kao a quelque chose en tête et refuse de lui dire. Il a remarqué que Kao est inquiet et anxieux depuis ce matin. Il l'a repoussé dès qu'il lui a demandé de rester chez lui, il a fermement refusé qu'il reste chez lui et a suggéré qu'ils gardent leurs distances.

"Kao... Je pense qu'on devrait en parler."

Dit Pete et il se gare lorsqu'ils atteignent un endroit calme où il n'y a que quelques voitures dans la rue, afin que leur voiture n'affecte pas le trafic. Pete regarde Kao, très sérieux.

"Je sais que quelque chose te tracasse depuis ce matin. Dis-moi juste ce que c'est."

"Je..." Kao sait qu'il perturbe Pete.

"Nous sommes amoureux, tu sais." Pete tend la main et caresse les cheveux de Kao pour le réconforter et l'inciter à dire la vérité. Cela inquiète Pete quand Kao garde tout pour lui. "On devrait parler quand il y a des problèmes. Ne garde pas les choses pour toi. Si j'ai un problème et que je te le cache, tu seras d'accord avec ça? Genre, pour de bon?"

Kao se tait, incapable d'argumenter. S'il était Pete en ce moment, il se sentirait certainement troublé lui aussi et voudrait savoir ce qu'il a en tête pour pouvoir l'aider.

Ou s'il ne pouvait pas aider, il pourrait au moins écouter.

"Je pense que maman a des doutes sur notre relation..."

"C'est tout?"

"Non, Pete! Si ma mère l'apprend et ne le supporte pas, ça va être un vrai problème."

Dit Kao et il soupire, pensant que Pete ne le comprend pas. Les relations de sa famille sont bonnes en ce moment, donc Kao ne souhaite rien qui puisse affecter ou changer la façon dont les choses sont dans sa famille.

Il y a trois personnes dans sa famille. Sa mère doit s'occuper de tous les problèmes. Elle est le chef de famille, le soutien de famille. Elle s'occupe de lui et de sa sœur depuis toujours. Il ne veut pas ajouter d'autres problèmes pour inquiéter sa mère.

"Pourquoi es-tu si pessimiste? Pourquoi penses-tu que ta mère ne pourra pas le supporter?"

"Il ne lui vient jamais à l'esprit que je suis gay."

"Mon père n'a jamais pensé que j'avais un petit ami." riposte Pete puis il saisit fermement la main de Kao. "Peut-être... Tu te sentirais plus à l'aise si tu le disais à ta mère, je pense."

"Et si elle nous dit de rompre?"

"On ne le fera pas, mais je crois qu'elle nous comprendra un jour. Elle n'est pas déraisonnable."

"Mais..."

Kao réfléchit à ce que Pete a dit et commence à hésiter. Une partie de lui déteste garder ce secret et se torturer avec ça parce que ça devient de plus en plus inconfortable à mesure que le temps passe, et il se sent mal de mentir à sa mère. Une autre partie de lui veut le cacher parce qu'il a peur que les choses changent.

Il déteste les changements.

Et il ne veut pas que les choses changent comme elles le font maintenant.

"Donne-moi plus de temps."

Dit Kao et il se tait, soutenant le regard de Pete comme s'il le suppliait d'attendre et de ne pas le presser. Kao veut réfléchir à tout avant de prendre une décision prudente.

"Argh, toi," dit Pete en capitulant, et il tente enfin de réconforter Kao.

Il se penche lentement vers Kao et l'embrasse doucement. Il sait qu'il n'est pas doué pour consoler les gens. Il est nul pour exprimer ses sentiments, mais il est plutôt doué pour les faire passer par des actions. Et Pete sait comment montrer à Kao combien il tient à lui par son contact.

Et il a raison...

Son contact peut guérir le cœur de Kao bien mieux que n'importe quel médicament dans ce monde.



Une semaine plus tard

Blue Sky Café

Depuis le jour où il est allé à l'hôpital, Sun n'a toujours pas pu revoir Mork...

Ren lui a dit que Mork a été admis pour une nuit. Après qu'il ait passé des radios et que le docteur ait dit qu'il n'y avait pas de dommages à ses organes internes, Mork est sorti de l'hôpital. Sun voulait le voir ce jour-là, mais Ren ne l'a pas laissé faire parce qu'il avait blessé les sentiments de Mork avec ces mots durs. Les choses ne se seraient pas améliorées de toute façon même si Sun y était allé. De plus, Mork était toujours blessé. Ren ne voulait pas que Sun y aille et mette Mork mal à l'aise.

Les parents de Mork sont venus à l'hôpital cette nuit-là. Ils ont remercié Ren de l'y avoir emmené. Le jour où Mork est sorti de l'hôpital, ils sont venus le chercher et se sont occupés de la facture, puis ils ont porté plainte, disant à la police de faire de son mieux et de les poursuivre.

Ses parents se plaignent toujours de son comportement, mais ils s'inquiètent toujours pour lui.

Quand Sun s'est calmé, il a réalisé qu'il avait été trop impulsif. Il aurait dû demander à Mork ce qui s'était passé, ne pas être trop inquiet et s'en prendre à Mork sans penser à ce qu'il ressentirait.

Maintenant que Sun s'en est rendu compte, il est déjà trop tard.

Mork ne veut probablement plus voir son visage...

Tous les jours, Sun demandait à Ren des nouvelles de Mork, et Ren faisait une grimace d'ennui, mais lui avait quand même dit que Mork était resté à la maison pendant deux jours pour récupérer et qu'il allait maintenant à l'université bien qu'il ait encore quelques bleus sur le visage.

Sun s'inquiétait parce que Mork ne venait plus déposer ou chercher Ren. Ce dernier disait que Mork n'était pas complètement rétabli et qu'il ne voulait pas le déranger.

Mais Sun savait que Ren ne voulait plus qu'il voie Mork.

"Tu es encore venu ici tout seul?"

Demande Sun quand il voit son frère entrer seul dans le café. Ils parlent toujours normalement. Mais si Sun mentionne Mork, Ren devient froid et s'énerve.

Sun sait que Ren est toujours en colère contre lui pour avoir réprimandé Mork ce jour-là...

"Je rentre seul depuis des jours. Tu ne t'y es pas encore habitué?"

"Et pour..."

"Il ne vient pas ici. C'est moi qui lui dit de ne pas le faire."

"C'est quoi ce bordel?!" Sun soupire de frustration.

Il veut avoir une discussion sérieuse avec Ren au sujet de Mork, mais il a peur que cela affecte également sa relation avec son frère. Plus les jours passent sans qu'il en parle, plus Sun est mal à l'aise.

Il ne sait pas comment il en est arrivé là, mais il ne veut vraiment pas perdre Mork.

"Tu sais pourquoi." Ren se sert un verre d'eau et regarde Sun d'un air sévère. Ren aborde lui-même le sujet. "Je suis au courant pour toi et Mork depuis le jour où tu l'as ramené à la maison pour soigner ses blessures. Je suis rentré à la maison car j’étais inquiet et je t'ai vu avec lui... J'ai tout entendu."

Sun écoute tranquillement, sans être choqué ou quoi que ce soit. Après leur dispute à l'hôpital, Sun pouvait dire que Ren savait tout. Ren ne l'a pas dit directement, mais ses actions et ses mots ont tout dit.

Sun sait que Ren n'est pas dégoûté ou contre lui parce qu'il est gay. Ren garde Mork loin de lui seulement parce qu'il ne veut pas qu'il fasse du mal à Mork.

Sun ne peut blâmer personne à ce sujet. Il admet qu'il a eu tort.

"Tu ferais mieux de rester loin de Mork! Ne t'inquiète pas qu'il se batte parce qu'il se retient ces derniers temps. La bagarre avec Ton est arrivée à cause de moi, pas parce que Mork a essayé de se battre avec eux."

"Mais..."

"Mork n'a jamais été tendre avec quelqu'un comme il l'a été avec toi." Ren essaie de faire entendre raison à Sun. Si Sun s'en prend encore à Mork, Ren ripostera plus fort que lorsqu'ils étaient à l'hôpital. "Regarde ce que tu lui as fait... Si tu n'étais pas mon frère, je te frapperais à sa place."

"Ren.... Je me sens aussi mal que les choses aient tourné comme ça."

"Tu ne te sens pas aussi mal que lui. Fais-moi confiance! Reste juste loin de lui."

Ren ne veut pas que Mork et Sun se rencontrent, se disputent, et se blessent plus qu'ils ne l'ont déjà fait. Cela ne fera qu'apporter de la douleur et les fera se détester au point de s'éloigner l'un de l'autre.

S'ils restent éloignés l'un de l'autre pour le moment, il reste au moins quelques bons sentiments.

Sun a toujours pensé à Mork d'une manière pessimiste, disant que Mork entraînait Ren vers le bas même si Mork a toujours été blâmé et l'a protégé, tout comme Sun avait l'habitude de le faire pour Ren.

C'est pourquoi Ren se soucie tant des sentiments de Mork.

"Pas question! Je ne vais pas rompre avec ton ami!"

Sun fixe Ren de manière très sérieuse. Il jette son tablier sur le comptoir, attrape son téléphone et sa clé de voiture, et se précipite vers la porte.

"Mais où est-ce que tu vas?" demande immédiatement Ren.

"Je vais faire quelque chose que j'aurais dû faire il y a des jours. Ne m'arrête pas et reste ici!"

Sun aboie un ordre et part. Ren regarde son frère partir et soupire doucement. Peu importe à quel point Ren est en colère, Sun est son frère, et il espère qu'il reviendra à la raison après tout ce qu'il a dit.

Ren veut que les choses entre Sun et Mork se terminent bien.

Il ne veut pas du tout que son meilleur ami et son frère soient en mauvais termes!

Chez Mork

Sun a conduit jusqu'ici à toute vitesse. Il voulait parler, mettre les choses au clair, se réconcilier avec Mork aussi vite que possible, mais la circulation en dehors des heures de pointe n'a pas coopéré. Il lui a fallu presque une heure et demie pour arriver ici... Sun regarde sa montre. Il est presque 19 heures maintenant. Il sort de la voiture, priant pour que Mork soit à la maison, sinon toute cette précipitation n'aura servi à rien.

Parler des choses au téléphone ou par texto est impossible car ils ont cessé de se parler depuis ce jour. Mork n'a pas répondu à ses appels ou à ses textos jusqu'à ce qu'il abandonne.

Allez, courage...

Sun s'encourage en tendant la main pour sonner à la porte d'une grande maison, essayant de se dire qu'il faut insister pour parler, peu importe les efforts de Mork pour le chasser.

Sun s'arrête avant de sonner à la porte, voyant que Mork est déjà là. Il aurait été heureux si Mork était venu seul, mais il est accompagné d'une fille. C'est celle pour qui Ren craque et avec qui c'est sérieux. C'est ça... c'est Manao!

"Oh! Sun, tu es venu voir Mork?"

Manao remarque Sun avant Mork. Elle l'accueille avec un sourire éclatant puisqu'elle avait l'habitude d'emmener ses amies au café, et Ren les a présentés l'un à l'autre. Elle ne semble pas savoir ce qu'il ressent pour Mork.

Sun peut dire qu'elle aime Mork.

Ce qu'il ne peut pas dire, c'est... Est-ce que Mork l'aime bien?

Maintenant que Sun y pense, son cœur déjà brûlant s'enflamme encore plus. Il ne sait pas si c'est de la jalousie ou non, mais il souhaite que Mork reste loin d'elle... Genre, vraiment loin.

"Je n'ai pas vu Mork depuis qu'il est sorti de l'hôpital, alors je lui ai rendu visite parce qu'il n'est pas venu au café," dit Sun alors que Mork se dirige vers la porte à contrecœur. "Toi aussi?"

"Oui, je voulais le remercier, alors je lui ai apporté les cookies que j'ai faits. J'étais inquiète. Ren m'a dit que ces hommes avaient attaqué Mork à l'université."

"Je vais bien maintenant. Ne t'inquiète pas," la console Mork.

"Est-ce qu'ils sont encore venus te harceler?" demande Sun.

"Plus maintenant. Nous avons porté plainte, et l'ami de mon père est commissaire au poste de police, alors ils ont arrêté de me harceler. Je n'arrive pas à croire qu'ils l'aient agressé. Quelles mauvaises personnes."

"Et toi? Tu as porté plainte?" demande Sun à Mork qui refuse de lui parler.

"Mes parents l'ont fait. Ils ont dit à la police de les poursuivre en justice. J'ai entendu dire que s'ils refusent d'être interrogés, la police justifiera leur arrestation. Ils doivent être en fuite," dit froidement Mork.

"Bien. Ils doivent apprendre la leçon cette fois."

"Je vais bien. Vous devriez y aller."

Dit Mork sans expression, sa voix toujours froide. Sun devine que Mork est encore contrarié ou qu'il essaie de s'effacer de sa vie, mais Sun ne le laissera pas faire.

Pas question!

"Comment puis-je partir? Je ne t'ai pas parlé."

"Peut-être plus tard. Je la raccompagne chez elle."

En entendant ça, Sun devient plus mal à l'aise. Il pense que Mork ne sait pas que Manao est attirée par lui. Si Mork se rapproche d'elle et lui donne des espoirs comme ça, comment va-t-elle se sentir? Est-ce qu'il l'aime bien après tout?

Il l'aime bien... même s'il sait que Ren a un faible pour elle?!

"Si tu dois parler à Sun, je peux appeler un taxi."

"Il est tard. Je vais te ramener pour que ton père ne s'inquiète pas."

Les yeux doux de Mork sur Manao agacent Sun comme rien d'autre. Il se demande si Mork allait vraiment l'emmener ou s'il essaie juste d'éviter Sun.

"La maison de Manao est près de mon café. Je peux la conduire chez elle." dit calmement Sun, bien qu'il bouillonne de l'intérieur. Le pouvoir de la jalousie est vraiment effrayant.

"Je lui ai dit que je la ramènerais."

"Mork..."

Sun l'appelle d'une voix sévère pour lui faire comprendre qu'elle est après lui, mais Mork s'en moque. Il dit à Manao d'attendre et prend sa moto.

Mork ferme la porte, ignorant complètement Sun.

"Désolé."

Mork dit ça mais ne le pense pas.

"Viens, Manao."

"Ok, Mork."

Elle marche vers lui. Mork l'aide à mettre un casque et en met un lui-même. Elle monte sur la moto et il s'éloigne doucement comme si Sun était invisible.

Sun observe jusqu'à ce que Mork s'éloigne. Il serre les poings, incapable de dire si l'agitation dans son cœur vient de la colère d'être ignoré, de la jalousie, ou de quelque chose d'autre.

Peu importe la manière... Nous allons parler de tout ça ce soir.

Se dit Sun en silence, se jurant de ne pas partir avant de s'être réconcilié avec Mork!



Cette nuit-là

Chez Mork

Lorsque Mork est arrivé à la maison de Manao, son père venait d'arriver après le travail. Il a invité Mork à dîner avec eux pour le remercier d'avoir été blessé en aidant Manao. Ils ont bavardé un moment après, avant que Mork ne prenne congé. Le temps qu'il rentre chez lui, il était presque 22h30.

Alors... Mork est surpris de voir la voiture de Sun devant sa maison, ce qui lui fait froncer les sourcils de contrariété. Mork n'est pas sûr que ses parents aient vu Sun l'attendre quand ils sont rentrés chez eux. Ont-ils parlé à Sun? Qu'est-ce que Sun a dit à ses parents?

Pourquoi diable attend-il toujours?

Pense Mork avec agacement, mais il ne veut pas parler à Sun. Il descend de sa moto et s'apprête à rentrer dans sa maison sans un regard pour Sun, qui attend depuis des heures. Mais la personne qui attend sort précipitamment de sa voiture et bloque le chemin de Mork avant qu'il ne puisse atteindre le portail.

"Qu'est-ce qui ne va pas chez toi?"

Demande Mork avec humeur. Il jette un coup d'œil à l'intérieur de sa maison et se sent un peu soulagé que ses parents et ses femmes de chambre ne soient pas là. Il ne veut pas que quelqu'un soit au courant de sa relation avec Sun.

Même si leur relation n'est pas encore très claire!

"Je t'ai dit que je suis venu ici pour te parler," dit calmement Sun.

Ce dernier n'arrive pas à croire qu'il puisse être aussi patient. Il a attendu Mork sans lui téléphoner ni lui envoyer de texto parce qu'il ne voulait pas que Mork sache qu'il l'attendait toujours et qu'il s'enfuit pour dormir chez un ami. Cependant, Sun était si agité que son attente était douloureuse.

"Donc tu m'as attendu jusqu'à cette heure-ci? Tu es fou?" Mork fait la grimace, incapable de comprendre pourquoi Sun a fait ça. "Est-ce que mes parents ont demandés pourquoi tu étais là?"

"Je leur ai dit que j'attendais de te parler et que j'attendrais dehors."

"Et pour..."

"Ils ne se doutent de rien."

Voyant à quel point Mork est anxieux, Sun le coupe tout de suite. Lorsque les parents de Mork sont rentrés du travail et ont vu Sun dans sa voiture, ils lui ont demandé qui il était venu voir et quelle était son intention. Sun leur dit qu'il était le frère de Ren, qu'il voulait voir si Mork allait bien et qu'il avait quelque chose à lui dire. Ils l'ont invité à entrer, mais Sun a dit qu'il allait attendre dans sa voiture parce qu'il ne voulait pas les déranger, et ça ne les a pas gênés.

"Tu es plus fou que je ne le pensais."

"Si je n'avais pas fait ça, alors quand pourrions-nous parler? Je parie que tu m'éviterais à nouveau."

"Je t'ai dit que nous n'avions rien à nous dire. Tout est fini depuis le jour où tu m'as envoyé promener à l'hôpital. Arrête de faire semblant de t'intéresser à moi. C'est ennuyeux."

"C'est pour ça que tu as agi comme si tu aimais Manao?" demande Sun, pensant que Mork essayait de se venger de lui. "Rejette-la si tu n'as pas de sentiments pour elle, ou tu vas la blesser."

"C'est pas tes putains d'affaires. Occupe-toi des tiennes!"

"Je le fais. Pourquoi t'as fait ça? Tu essaies de te venger de moi?"

"Pourquoi je ferais ça? Ne sois pas si imbu de toi-même."

"Pouvons-nous parler...?" Sun se radoucit car leur conversation s'est envenimée. Il n'est pas ici pour se disputer avec Mork. Il a attendu si longtemps parce qu'il souhaite qu'ils se réconcilient. "À propos de ce jour-là, je suis désolé d'avoir perdu mon sang-froid et de t'avoir dit tout ça. J'avais tort. Ça ne se reproduira plus... je te le promets."

"C'est tout? Tu peux partir maintenant, alors."

"Mork!" La voix de Sun devient plus dure au point que Mork a l'impression que Sun gronde son élève. "Pourquoi ne me parles-tu pas quand nous avons des problèmes? Pourquoi tu continues à t'enfuir? Je suis venu ici pour te parler, mais tu ne veux pas me parler. Qu'est-ce que tu veux exactement?"

"Reste en dehors de ma vie, putain. Va-t'en."

"Je ne le ferai pas! Pas avant qu'on en parle."

"Tu... Pourquoi tu ne comprends pas?" Mork est sur le point de s'arracher les cheveux d'agacement. Il n'a jamais rencontré quelqu'un comme Sun depuis qu'il est né, et il n'a jamais pensé qu'il se retrouverait coincé dans cette situation.

Mork partage rarement ses sentiments avec qui que ce soit. Il n'a jamais eu de dispute de couple et n'a jamais eu à en parler, et encore moins à se retrouver dans une situation pleine d'émotions ingérables comme celle-ci. Et qu'est-ce qui ne va pas avec Sun...? Il continue de le poursuivre, peu importe à quel point il essaie de le fuir. Mork est à court de mots.

"C'est toi qui ne comprends pas. Tu n'acceptes pas non plus tes propres sentiments."

"Je n'ai pas de sentiments pour toi!"

"Tu es sûr?! Tu es sûr que tu n'as aucun sentiment pour moi?"

Sun coince Mork. Il ne laissera plus Mork fuir ses propres sentiments.

"Si tu n'as aucun sentiment pour moi, alors pourquoi essaies-tu de garder tes distances juste parce que tu penses que je ne peux pas oublier Kao...? Et écoute, les choses entre Kao et moi sont terminées. Je ne suis pas intéressé par lui, et tu n'es pas un remplaçant. Je suis amoureux de toi depuis le jour où tu es venu me sauver."

Mork ne dit rien, se contentant d'écouter et de regarder Sun avec incrédulité. Sun sait qu'il ne sera pas facile de faire changer d'avis Mork, car il l'a trop blessé.

"S'il te plaît, va-t'en..."

Mork décide de faire partir Sun, mais Sun s'approche de lui, attrape sa nuque et presse ses lèvres sur la bouche de Mork comme pour lui rappeler cette nuit... la nuit où Sun a avoué ses sentiments et l'a embrassé comme ça. Sun ne se soucie pas de savoir si quelqu'un les verra ou si les parents de Mork les surprendront. Tout ce qui lui importe maintenant, c'est de faire tout ce qu'il faut pour que Mork accepte ses propres sentiments.

BAM!

Mork trouve de quoi s'accrocher et repousse Sun avec force. Il lui en veut d'avoir profité de lui et de faire quelque chose d'aussi scandaleux... Ils sont devant sa maison! Il est déjà tard, mais si quelqu'un les voit, surtout ses parents, que va-t-il faire? Même si Sun ne se soucie pas de ce que les gens disent, il doit savoir que Mork s'en soucie!

PAF!

Mork frappe Sun pour le ramener à la raison et évacuer sa colère. Sun se retourne et fixe Mork en essuyant le sang sur sa bouche, sans riposter ni rien dire.

"Si tu recommences, je t'écrase jusqu'à ce que mort s'ensuive!"

Beugle Mork avant de fermer le portail et de pousser sa moto à l'intérieur sans plus de mots pour Sun. Sun ne peut que regarder Mork s'éloigner, abandonnant l'idée de le retenir. Il ne laisse pas Mork partir pour autant. Il pense simplement que ça ne sert à rien de se parler en ce moment.

Sun doit être plus calme et laisser à Mork le temps de réfléchir à ses propres sentiments...



Samedi

Chez Non

Pete était surpris que Kao aille donner des cours à Non chez lui aujourd'hui, alors que Non lui avait déjà dit que c'était ennuyeux de donner des cours à la maison et qu'ils devraient plutôt aller au café de Sun. Il a soudainement changé d'avis? Pete se doutait que Non voulait peut-être passer du temps en privé avec Kao, car il y avait des gens dans le café et Pete pouvait les interrompre à tout moment. Quand ils sont chez Non, Pete n'est automatiquement pas autorisé à entrer.

Ce gamin devient de plus en plus difficile à gérer...

"Pourquoi veut-il que tu lui donnes des cours à la maison? Il n'a pas dit que c'était ennuyeux ici?" dit Pete en tournant dans la ruelle où se trouve la maison de Non. "Il devient de plus en plus suspect chaque jour."

"Ça a dû être difficile pour lui de se concentrer au café."

"Je pense qu'il veut être seul avec toi."

"Peu importe. N'y attache pas trop d'importance. Je ne ressens rien pour lui."

"Je sais, mais ça m'ennuie quand il s'accroche à toi." Pete soupire, de mauvaise humeur. Il n'arrête pas de penser au jour où la séance de tutorat de ce morveux sera terminée. Pete est tellement stressé qu'il en perd la tête. "Depuis que tu as dit que tu répondrais à ses textos, boom! Il t'a envoyé des messages plus souvent que lorsque je drague des filles."

"Mais je n'ai pas répondu à tous les textos. Tu l'as vu."

"Bien. Si tu lui parles comme tu as parlé à Fongbeer, on en reparlera comme cette nuit-là."

"Pete! Tu amènes toujours la conversation sur ce sujet."

Hurle Kao, son visage rougit. Pete n'a pas besoin de le préciser, mais ils savent tous les deux ce que signifie 'parler comme cette nuit-là'. La nuit que Pete a mentionnée est celle où ils ont couché ensemble pour la première fois... Heureusement pour Kao, Pete a garé sa voiture devant la maison de Non. Kao est sur le point de descendre.

Il m'attaque pour tout ce que je dis. Je ferais mieux de partir!

"Attends." Pete attrape le bras de Kao. "Tu ne vas vraiment pas m'emmener avec toi?"

"Non," dit fermement Kao. "Tu le critiquerais. Et j'ai peur que tu perdes le contrôle et que tu en fasses trop. Si Non ou sa famille ont des soupçons et le disent au directeur, nous serons foutus."

"Je déteste ce sentiment. Tu le sais, non?"

"Je sais... je déteste ça aussi. Mais c'est mieux si tu m'attends au café de Sun. Je t'appelle quand j'ai fini."

"Ok." Pete hoche la tête en signe de résignation.

Kao offre à son amant un sourire réconfortant. Pete est jaloux et réfléchit trop, mais il est raisonnable et a une grande foi en leur amour. Si Pete n'était pas comme ça, ils auraient beaucoup de problèmes.

Kao sonne, et Non vient bientôt ouvrir lui-même le portail. Il se penche même pour montrer son visage, suscitant la jalousie de Pete. Et ce n'est pas tout! Il fait aussi un sourire moqueur à Pete.

Sale morveux... Kao insulte Non en silence.

"Je pensais que tu ne sortirais pas de la voiture. C'est si difficile de dire au revoir?" demande Non à Kao.

"Arrête de déconner. C'est pas tes affaires, morveux." Pete lui répond à la place de Kao. Il a baissé la vitre au moment où Non a montré son visage, et il a entendu les conneries intolérables de Non.

"C'est pas mes affaires pour l'instant, mais ça pourrait le devenir dans le futur. Genre, pour de vrai."

"Petit bâtard!"

"Pete... Va au café de Sun. Je t'appelle quand j'ai fini."

Kao le coupe car il ne veut pas qu'ils se disputent à nouveau. Pete connaît les intentions de Kao, alors il ne peut que grogner, essayant de réprimer sa colère.

Si ça avait été avant, quand il était une tête brûlée, Non n'aurait pas pu dire des conneries comme ça plus de deux fois!

"Pete n'est-il pas un gars si gentil?"

Dit Non alors qu'ils entrent. Kao ne lui dit pas un mot. Il se dirige vers la table, sort les feuilles et prépare la leçon sans discuter avec Non.

"Kao, c'est à toi que je parle. Tu ne serais pas en colère contre moi, par hasard?"

Non essaie encore de parler. Il s'assied et fixe Kao, mais ce dernier ne réagit pas. Ce n'est pas parce qu'il ne ressent rien. Il est également furieux que Non ait fait exprès d'embêter Pete.

Ce serait bien si Non était un gentil garçon comme quand il était avec la bande de Kao, mais Non n'est pas gentil... Kao sait qu'il a toujours essayé de provoquer Pete. Mais si Kao était ouvertement d'accord avec Pete, ne l'arrêtait pas et lui disait qu'il était aussi agacé, Pete serait encore plus furieux. Si Pete et Non se disputent sérieusement, Kao ne pourra pas rejeter la faute sur qui que ce soit, car ce serait comme si Kao était celui qui mettait de l'huile sur le feu. C'est pourquoi il a essayé de dire à Pete qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Kao pense que s'il peut supporter cette séance jusqu'au bout sans rentrer dans le jeu de Non, tout se passera bien.

"Je ne suis pas en colère contre toi. Je ne trouve juste pas nécessaire de faire des commérages sur mon ami."

"On ne fait pas de commérages. Je pose juste la question parce que Pete est toujours collé à toi. Il te conduit à l'université et te ramène à la maison. Il te dépose même chez moi le week-end, même s'il est si tôt. Quel bon ami. Certains couples ne se soucient pas autant l'un de l'autre." Non continue de piailler puisque Kao ne répond pas.

"Tu n'as jamais eu de bon ami, hein? C'est pour ça que tu es curieux à propos de ça?" Kao regarde Non, lassé d'être acculé. "Ou alors tu es vraiment un connard sans amis?"

Non rit de la remarque comme s'il n'était pas du tout affecté par celle-ci.

"Espèce de psychopathe! Ça te fait plaisir de te faire insulter?!"

"Tes amis ont dit que j'étais gentil."

"Ce n'était pas juste de la comédie?"

"Woah! Quelle langue acérée tu as." Non sourit, se penchant plus près, si bien que Kao doit s'éloigner. "Mais je dois admettre que je n'ai que peu d'amis car certains d'entre eux se sont liés d'amitié avec moi juste pour obtenir des avantages."

"Si tu es fidèle à ton ami, ta loyauté sera réciproque."

"Comme toi et Pete?" Non regarde Kao avec des yeux sournois et attentifs. "Je veux avoir un bon ami comme toi. En tout cas... je ne sais pas si Pete et toi êtes amis ou amants."

"Je t'ai dit que nous sommes amis. Pourquoi diable continues-tu à demander?"

"Alors... je peux te draguer, non?"

"Non!" Kao est stupéfait, il ne sait plus quoi dire.

Il n'aurait jamais cru que Non lui dirait ça aussi franchement. En plus, il ne sait pas si Non veut vraiment la réponse ou s'il le teste juste pour voir sa réaction. Comme le père de Non méprise les gays, Non pourrait aussi les détester, et donc il vérifie si Kao est gay.

"Alors? Je peux te draguer?"

"Ne te moque pas de moi."

Kao répond même comme s'il ne ressentait rien pour que ça ne soit pas suspect, mais il n'est pas sûr que Non ait remarqué quelque chose avant aujourd'hui.

Non le regarde toujours avec des yeux si dangereux.

"Voici votre rafraîchissement."

Une gouvernante leur apporte leur rafraîchissement juste à temps. Kao soupire de soulagement et essaie d'agir normalement, en priant pour que la journée se termine vite. Il ne veut plus être avec ce gamin.

Kao déteste la sensation d'être observé et coincé comme ça!



"Laisse-moi te raccompagner."

Non bloque le passage à Kao qui récupère les livres et les stylos une fois la séance de tutorat d'aujourd'hui terminée. Il est pressé de partir sans prêter attention à Non.

"C'est bon. Je vais appeler Pete et lui dire de venir me chercher."

"Pourquoi tu ferais ça? Ne le dérange pas. En plus... il pourrait mettre du temps à arriver. Laisse-moi te déposer. Je veux prendre un café dans le café de ton ami. S'il te plaît, Kao, s'il te plaît. Laisse-moi faire."

"Non, merci."

Kao fait de son mieux pour rejeter Non poliment, même s'il a envie de lui dire d'arrêter de l'embêter. La séance de tutorat d'aujourd'hui était super inconfortable. Quand Non lui a demandé s'il pouvait le draguer, il est devenu évident que Non avait un faible pour lui. Il a parfois observé Kao en silence et s'est rapproché inutilement. Si Pete le savait, il se déchaînerait certainement.

"Tu me détestes?"

Kao meurt d'envie de dire "oui" mais tout ce qu'il dit c'est...

"J'ai dit que ça allait. Si Pete ne vient pas, je vais héler un taxi. C'est plus rapide que de venir avec toi."

"Dis juste que tu ne veux pas venir avec moi. Hé ! Je n'en ai peut-être pas l'air, mais j'ai un permis de conduire."

"Peut-être la prochaine fois."

Kao sort, fatigué de parler ou de se disputer avec Non. Ce dernier n'abandonne pas. Il suit Kao dehors et fronce les sourcils quand il voit la voiture de Pete devant sa maison.

Kao esquisse un sourire car il a maintenant une raison de rejeter Non.

"Il a même attendu dans la voiture? Quoi?!"

Non force un rire en ouvrant le portail. Il a croisé les bras, regardant Pete dans sa voiture. D'habitude, Non affiche un faux sourire comme s'il n'en avait rien à faire quand il essaie d'embêter Pete. Mais Pete l'agace en ce moment... Il n'arrive pas à croire qu'un type aussi coléreux puisse attendre patiemment Kao pendant des heures.

"Je n'ai pas à te déranger, alors." Kao hausse les épaules.

En voyant le sourire de Kao, Non éprouve du ressentiment. Il sait qu'il n'a pas le droit de retenir Kao, mais sa main agit plus vite que son cerveau. Kao n'a pas encore fait le troisième pas que Non lui attrape la main.

Et c'est alors que la personne qui attendait dans la voiture perd pied.

BANG!

Pete ouvre la portière de la voiture et se précipite dehors. Le bruit de claquement montre clairement sa colère. Pete se trouve face à face avec Non après que Kao ait retiré son poignet de l'emprise du jeune homme.

Pete n'a pas attendu Kao au Blue Sky Café comme il l'avait promis et a attendu dans sa voiture, comme s'il devait surveiller le danger. Il pensait que c'était mieux d'attendre dans sa voiture plutôt que de se sentir anxieux au café. Et maintenant, il sait qu'il a pris la bonne décision.

S'il n'avait pas été là, il n'aurait pas découvert à quel point Non était collant.

"T'as un problème...?"

Demande Non d'un ton moqueur, pensant qu'il a un avantage. Si Pete s'en prend à lui, il peut facilement être accusé d'agression ou d'intrusion. Et s'il se fait agresser..... son père ne laissera pas passer ça!

"C'est moi qui devrais te demander si tu as un problème? Pourquoi tu continues à m'emmerder?"

"Hé! Calme-toi, Pete."

Kao se dirige vers lui et lui attrape le bras, pour essayer de le retenir. Il sait que Pete s'est retenu de lui-même, mais il a dû perdre la tête aujourd'hui parce que Non a exagéré, et Kao pense que Non a intentionnellement fait un geste envers lui devant Pete. D'après ce que Kao a vu, plus Pete s'énerve, plus Non est satisfait.

"Tu es tellement en colère...?! Je n'ai rien fait."

Non met ses mains dans les poches et regarde Pete de haut en bas, comme s'il évaluait son adversaire. Pete sait que Non le provoque, mais c'est exaspérant de se faire regarder de haut par un morveux. Si se battre contre ce gamin n'affectait pas Kao et sa mère... Pete ne l'aurait pas laissé faire aussi longtemps,

Pete aurait déjà fait couler le sang de sa bouche!

"Ce serait plus intéressant si tu nous voyais étudier."

Non essaie de ne pas montrer sa colère bouillante et répond à Pete avec un sourire. Il regarde Kao avec un regard significatif dans les yeux, sachant que Pete sera encore plus furieux s'il montre de l'intérêt pour Kao.

"Les joues de Kao sont si douces. Il sent aussi très bon. J'ai envie de..."

"Espèce de fils de pute!"

Pete perd la tête et saisit le col de la chemise de Non. Il essaie de compter de un à dix dans sa tête, mais c'est trop. Non lui tape vraiment sur les nerfs. L'insulte est une chose, mais la façon dont il harcèle verbalement l'autre sans vergogne est incroyable. Il ne devrait pas parler comme ça à Kao ou à qui que ce soit!

"Tu n'as pas dit que Pete était ton ami? Pourquoi est-il en colère juste parce que j'ai dit ça?" Non rit joyeusement. "S'il sait que je vais te draguer... qu'est-ce qu'il va faire?"

Non esquisse un sourire moqueur tandis que Pete s'énerve tellement que son visage rougit.

"Reprends-toi, Pete. Ne tombe pas dans son piège."

Kao retire d'un coup sec la main de Pete après les avoir écoutés patiemment. En entendant la voix de Kao, Pete se ressaisit et repousse Non. Il utilise toute la patience dont il dispose pour réprimer sa colère.

" Kao doit me donner des cours particuliers pendant un long moment jusqu'à l'examen d'entrée. Je m'excuse d'avance si vous vous éloignez l'un de l'autre. On ne peut rien y faire... parce que la chance est de mon côté."

"Tu es vraiment un loser." Pete retient sa colère et essaie de retourner la situation. "Tu ne fais que te cacher derrière ton père... Si tu n'as pas ton père pour te protéger, tu n'es qu'une mauviette pathétique."

Les mots de Pete sont comme un couteau en plein cœur. Non, qui avait le dessus et qui embêtait Pete sans perdre son sang-froid... commence à réagir différemment.

Non serre les poings, son visage rougit, et il jette un regard furieux à Pete. Sentant qu'il a maintenant 'le dessus', Pete se sent plus calme même s'il est toujours très en colère contre Non.

"Tu as même besoin que ton père soit ton bouclier juste parce que tu veux draguer Kao. Tu penses que si ce n'était pas à cause de ton père... Kao serait ton tuteur? Même si ce n'était pas Kao, personne ne voudrait être le tuteur d'une sale mauviette comme toi!"

"Espèce d'enculé!"

Non beugle et charge en avant, visant le col de Pete. Pete le repousse calmement, mais Non, furieux, ne s'arrête pas. Il plonge à nouveau en avant, et Kao saute pour l'arrêter cette fois.

BAM!

Non est tellement furieux qu'il a complètement perdu la tête. Il pousse Kao qui essaie de les arrêter. La force fait tituber Kao qui se cogne contre un pot de fleurs à proximité, tombant presque sur le sol. Pete est tellement furieux en voyant cela qu’il veut donner des coups de poing à Non pour lui donner une leçon, mais c'est ce que veut Non, alors Pete choisit de riposter avec un ricanement méprisant.

"Fils à papa..."

"Ferme ta gueule!"

Non est tout rouge de colère. Il fonce pour attraper le col de Pete encore une fois, mais Pete le repousse si vite. Son habileté est bien meilleure puisqu'il a de l'expérience.

Non se balance en arrière sur plusieurs pas. Il fixe Pete, totalement outré.

"Une mauviette comme toi n'est pas de taille contre moi. Va te cacher derrière ton père comme tu le fais toujours."

"Je vais dire à mon père que vous êtes tous les deux des putains de gays! Vous êtes tous les deux des hommes morts!"

"Va lui dire. Comme si ça pouvait aider. Tu crois que si tu nous dénonces, Kao va t'apprécier...?"

Non tremble de colère, incapable de répliquer. La rage qui brûle en lui le pousse à attaquer Pete. Il donne un coup de poing, mais Pete l'attrape et lui rend son coup.

PAF!

Non a l'impression que son os s'est brisé après avoir reçu un coup au visage. Il essaie de se contrôler et essuie le sang sur sa bouche en se tournant vers Pete, qui le pointe du doigt.

"Notre relation, c'est notre problème! Ne fourre pas ton putain de nez là-dedans!"

Pete braille et attrape le poignet de Kao, le tirant vers la voiture. La cheville de Kao lui fait un peu mal, mais il suit Pete du mieux qu'il peut car il ne veut pas qu'ils se battent à nouveau. Pete s'en va rapidement. S'ils continuaient à se battre et que le père de Non revenait et le voyait, ce serait un gros problème.

Ils ignorent Non qui les regarde partir avec colère.

Les yeux vicieux du jeune homme disent qu'il va tout faire pour les détruire.

Ce n'est pas encore fini!



"Tu ne peux vraiment pas te retenir de te battre, hein?"

Dit Kao après que Pete les ait emmenés assez loin de la maison de Non et qu'il ait semblé être plus calme. Kao ne veut pas en vouloir à Pete, sachant que Non le cherche depuis un moment maintenant.

Mais quand même... Kao ne peut s'empêcher d'être inquiet.

Pete a frappé Non, l'a insulté, et Non était complètement furieux. Et maintenant, il est au courant de leur relation. Kao ne sait pas si Non va le dire au principal ou non.

Cela n'affecterait pas Kao autant que sa mère!

Leur relation amoureuse ne sera plus un secret à partir de maintenant. Kao doit le dire à sa mère et en accepter les conséquences. Ce qui l'inquiète le plus, c'est que si le principal reporte sa haine envers lui sur sa mère, sa carrière sera en jeu.

Plus il réfléchit, plus il se sent stressé car les choses empirent...

"Tu croyais que j'allais le supporter? Écoute ce que cet enculé a dit! Il t'a harcelé, putain." Pete grogne. Il s'est un peu calmé, mais, en pensant aux yeux, aux paroles et aux actes de Non, il se braque à nouveau.

"Comme si tu ne m'avais jamais dit ces choses."

"Nous sommes amants, et je ne le dis jamais devant les autres." Pete se défend. "Putain! C'est tellement agaçant. J'aurais dû lui donner quelques coups de plus."

"Arrête, Pete. Les choses sont déjà hors de contrôle."

La voix anxieuse de Kao ramène Pete à la raison. Il regarde Kao et se tait. Ils se taisent tous les deux... Ce n'est pas comme si Pete n'était pas au courant du problème. Mais s'il avait laissé faire, Non aurait pu prendre de l'assurance et faire quelque chose à Kao. Non est imprévisible et a parfois l'air refoulé.

"Pourquoi tu t'arrêtes?" demande Kao lorsque Pete se gare soudainement dans un endroit calme où ils peuvent parler dans leur voiture sans se faire engueuler pour avoir bloqué la circulation.

"Parlons."

Dit fermement Pete et il se tourne vers Kao qui n'arrive pas à lire ses sentiments.

"Je sais que j'ai agi de façon imprudente et que je t'ai de nouveau mis dans l’embarras," dit Pete calmement, totalement posé, sans colère... Il prend les mains de Kao dans les siennes. "Mais tu es trop gentil. Tu as laissé ce morveux t'embêter et s'en tirer à bon compte. Il pensera que ce qu'il a fait était bien et le fera à d'autres personnes dans le futur."

"Je sais que ma patience t'épuise parfois, mais j'ai peur."

"Pas besoin de t'expliquer. Je te comprends." Pete soupire. "Sinon, je ne me serais pas retenu jusqu'à maintenant. Mais à partir de maintenant... laisse faire les choses. Nous saurons ce que Non va faire dans quelques jours."

"Je suis vraiment stressé."

"Allez, on a vécu des trucs pires, on va s'en sortir."

Pete offre à Kao un sourire réconfortant... Si Non les dénonce, la mère de Kao le saura bientôt, et eux aussi. Si Non se tait, la séance de tutorat se poursuivra.

Mais Pete ne laissera plus Kao donner des cours à Non chez lui. Si on ne peut pas l'éviter, Pete attendra à l'intérieur. Ne croyez pas que Pete laissera Non être le seul à chercher les ennuis.

Ce morveux ne le connaît pas assez bien!

"Et s'il le dit au principal?" Kao est toujours inquiet. "Le principal va certainement le dire à ma mère."

"Et alors?" dit Pete, indifférent. Il souhaite que Kao ne réfléchisse pas trop. Il ne se passe rien pour l'instant. Même s'il y a un problème, ils s'en sortiront très bien. "Et si ta mère est au courant? Si elle nous dit de nous séparer, on ne le fera pas, et elle finira par nous accepter."

"C'est facile pour toi de dire ça."

"Elle ne sera pas sans cœur au point de te renier." Pete tend la main pour bercer doucement la tête de Kao d'avant en arrière. "Et mon père ne sera pas sans cœur au point de fermer les yeux. Si le problème avec ta famille ne peut pas être réglé, nous pouvons le consulter, en lui disant de parler à ta mère ou autre. Mon père t'adore tellement. Même plus que son propre fils."

Kao ne sait pas quoi dire. Il sourit avec des larmes dans les yeux.

"Pourquoi est-ce que tu souris?"

"Tu es mignon."

Kao le pense vraiment... Pete peut être boudeur, méchant, têtu, et sembler incompétent, mais chaque fois que Kao se sent déprimé ou inquiet, Pete le console toujours calmement, reste à ses côtés, et se soucie de lui comme maintenant. Pete est mentalement fort et on peut incroyablement compter sur lui.

"Merci."

Kao se penche vers Pete et l'embrasse doucement pour lui exprimer sa gratitude.

Quand Kao se retire lentement, Pete le regarde et sourit.

"Quel dragueur... Tu deviens de plus en plus sauvage."

Pete se penche et embrasse Kao cette fois. Ce n'est pas juste des lèvres qui se touchent comme Kao. Son baiser est profond. Un toucher plein d'amour, de désir et de réconfort à la fois. Il n'y a aucun moyen pour Kao d'y résister.

"À ce rythme... tu sais ce qui va se passer ce soir, non?"

Pete embrasse à nouveau Kao avant qu'il ne puisse dire non. En voyant la douceur de Pete aujourd'hui, Kao ne pleurniche pas comme il l'a toujours fait. Kao admet qu'il s'est inquiété de leur relation, mais aujourd'hui, il est sûr que tant que Pete reste à ses côtés, il est prêt à affronter tout ce qui se passera demain.

Il n'aura plus peur de rien...



Chez Kao

Après qu'ils aient fini de parler et que Kao se soit senti mieux, Pete a emmené Kao manger dans un restaurant et l'a ramené chez lui. Kao n'a pas beaucoup dormi la nuit dernière, alors il voulait faire une sieste.

Ils sont arrivés chez Kao à 14 heures.

"Ça a l'air plutôt calme là-dedans," dit Pete en arrêtant la voiture devant le portail.

"Maman est probablement à l'école, et Gib doit être chez Jubjang comme d'habitude."

"Celle qui nous shippe toi et moi?"

"C'est ça! Je ne suis pas sûr qu'elle ait arrêté de nous shipper, cependant."

Pete ouvre la portière de la voiture et en descend. Il marche jusqu'à l'autre côté et ouvre la portière pour Kao car sa cheville lui fait encore mal. Il n'a pas besoin de boiter, mais il doit quand même faire très attention.

"Ça fait toujours mal?"

"Un peu."

"Tu veux que je te porte sur mon dos?" demande Pete gentiment.

"D'accord." Kao acquiesce.

D'habitude, Kao n'est pas vulnérable et n'a pas besoin d’attention particulière. Mais Pete s'occupe si bien de lui, et le problème d'aujourd'hui l'a épuisé. C'est pourquoi il veut être un peu choyé.

Kao utilisera son droit d'amoureux pour être gâté par Pete. Une fois de temps en temps, ça devrait aller, non?

"Tu es comme un petit garçon aujourd'hui."

Malgré tout, Pete se retourne et se penche pour que Kao puisse se mettre sur son dos plus facilement. Quand Kao est sur son dos, Pete ferme la porte, verrouille la voiture et se dirige vers le portail.

Kao aide Pete à déverrouiller le portail et le pousse sans attendre que Pete le lui dise.

"Si tu n'avais pas été là avec moi aujourd'hui... j'aurais été plus stressé," dit Kao. Il a l'air détendu, contrairement au moment où il a quitté la maison de Non. Il s'accroche lâchement au cou de Pete et pose son menton sur l'épaule de ce dernier.

"Tu vois comme c'est bénéfique d'être mon petit ami?" Pete sourit.

"Argh... Je n'aurais pas dû te faire de compliments." Kao pince les lèvres.

Pete s'esclaffe. Il s'arrête net et regarde le visage de Kao, qui touche presque le sien, et le trouve si adorable. Kao ne montre pas ce qu'il ressent réellement quand ils sont libres de tout souci, mais il est comme un petit garçon quand il se sent faible. Regardez-le... s'accrochant au cou de Pete comme un bébé singe.

"Pourquoi est-ce que tu me regardes?" demande Kao d'une petite voix.

Le plus ennuyeux, c'est que Kao est super mignon quand il utilise cette voix!

"Je suis désolé d'avoir perdu mon calme aujourd'hui."

"Ce n'est pas grave. Non t'a provoqué en premier."

Kao sait que Pete a perdu son sang-froid quand Non l'a harcelé. Pete a dû se retenir du mieux qu'il a pu. Un homme aussi conciliant que Kao s'est même énervé contre Non.

"Sois plus patient la prochaine fois. Je ne veux pas que tu te battes souvent comme avant. Se blesser tous les deux jours, ce n'est pas une bonne idée, tu sais."

"Tu as peur de devenir veuf?"

"Espèce de crétin!"

Agacé de voir à quel point Pete est un dragueur, Kao lui mordille l'oreille parce que Pete mordille toujours la sienne quand ils sont au lit, mais Pete se contente de rire aux éclats. Kao n'abandonne pas, sachant que Pete est assez chatouilleux. Il frotte son visage dans le cou de Pete puisque mordiller les oreilles ne fonctionne pas.

Pete rit et dit à Kao d'arrêter en même temps, mais il continue à porter Kao.

"Tu deviens audacieux." Pete rit tellement qu'il s'essouffle. "On n'est pas encore à l'intérieur. Fais attention."

"C'est mieux dehors."

Kao sait que s'il faisait ça à l'intérieur, Pete ne s'arrêterait pas aux taquineries.

"Tu as dit que tu ne voulais pas que quelqu'un sache pour nous."

"Ils vont le découvrir parce que tu ne veux pas te taire."

Kao frotte à nouveau son visage dans le cou du chatouilleux.

"Stoooop, ça chatouille."

Kao rit gaiement, heureux de taquiner Pete. Il s'accroche fermement au cou de Pete qui le porte à l'intérieur.

"Tu te plains toujours que je ne me rase pas, mais toi aussi tu ne le fais pas. Ta barbe me fait mal au cou." Pete grommelle après un fou rire. Ils semblent avoir oublié Non.

"Maintenant tu sais ce que je ressens."

"Kao, espèce de salaud, arrête ça."

Kao glousse, frottant à nouveau son visage sur le cou de Pete. Pete allait poser Kao sur le canapé, mais, comme Kao est si vilain, il le porte à l'étage et se dirige vers la chambre à la place.

Et bien sûr... Pete va punir ce vilain garçon et le transformer en un bon garçon!



Mardi

La faculté d'ingénierie

Université K

"On s'en va."

Disent les amies de Manao après l'avoir accompagnée jusqu'à la faculté où se trouve le gars qu'elle aime bien. Ça la fait sursauter. Elle ne pensait pas que ses amies allaient l'abandonner comme ça.

"Quoi?! Pourquoi vous partez?" Manao essaie de les faire rester.

"Pourquoi diable veux-tu qu'on soit là?" Une de ses amies a l'air de s'ennuyer.

"Eh bien..."

"Tu n'es pas là pour voir ton crush? Pourquoi as-tu besoin d'une cinquième roue du carrosse comme nous?!" dit une autre amie avec agacement.

"C'est vrai! Ça ne te suffit pas qu'on vienne ici avec toi?" Le premier ami intervient et continue. "De toute façon... n'oublie pas de nous tenir au courant. Je veux savoir si ta confession sera aussi émouvante que dans le roman que j'ai lu."

"Argh, les filles."

Manao se sent si timide qu'elle se tortille. Elle n'avait pas le courage de venir ici au début, mais ses amies l'ont encouragée. Elle consulte toujours ses amis à propos de Mork. Elles savent qu'elle aime Mork depuis le jour où il l'a aidée à échapper à ces voyous. Lorsque Manao a dit à ses amies qu'elle lui avait apporté les biscuits et qu'il s'était porté volontaire pour la ramener, qu'il était resté pour dîner et qu'il s'entendait bien avec son père, elles lui ont dit de lui avouer ses sentiments.

Mork doit avoir un faible pour elle, sinon il n'aurait pas fait ça.

Manao ne supportait pas non plus ce sentiment ambigu. Elle voulait savoir ce que Mork pensait d'elle. Ses amies l'ont convaincue de venir ici après la fin des cours et elle a fini par céder. Mais elle ne sait pas si elle aura le courage d'avouer ses sentiments quand elle le verra.

Même un contact visuel de trois secondes avec lui la rend si timide qu'elle doit détourner le regard.

"Dis-lui franchement." suggère son amie. "Il n'y a pas de règles pour savoir qui doit le dire en premier. Et il a même été blessé en te protégeant, donc il doit avoir un faible pour toi."

"C'est vrai! Si tu attends qu'il fasse un geste, quelqu'un pourrait te le voler."

"D'accord."

Elles donnent à Manao une tape encourageante sur l'épaule. Elle prend une grande inspiration pour se donner du courage. Quand elle fait un signe de tête confiant à ses amies, elles se disent au revoir et partent.

Comment dois-je commencer?

Pense Manao, inquiète, en l'attendant devant la faculté, les yeux rivés sur sa montre. Elle a envoyé un message à Mork avant de venir ici pour lui demander quand son cours serait terminé, mais elle n'a pas dit qu'elle viendrait.

Ce n'est pas comme si elle n'avait jamais parlé à des garçons. Elle a des amis masculins et beaucoup de garçons lui courent après, mais elle les traite comme des amis... Mork est le premier garçon pour lequel elle craque.

"Mork..."

Manao l'appelle quand elle le voit sortir seul. Sa voix attire son attention.

"Oh! Qu'est-ce qui t'amène ici?" Mork l'accueille avec un sourire et s'avance vers elle.

Elle sourit largement, son cœur bat la chamade. Elle essaie de rester calme.

"J'ai fini l'école tôt, alors je suis venue me balader ici."

"Tu es venue ici toute seule?"

"Oui."

Répond Manao puis elle se tait, ne sachant pas par où commencer. Venir le voir sans le prévenir, c'est déjà évident, mais Mork fait toujours comme s'il ne comprenait pas les allusions.

Mork est assez surpris qu'elle soit venue le voir. Si ça avait été avant, il aurait pensé qu'elle passait juste par là ou qu'elle venait voir Ren. Mais après l'avoir emmenée en voiture ce jour-là, il a pu voir ce qu'elle ressentait pour lui.

Avec ce que Sun a dit, Mork est encore plus convaincu.

'C'est pour ça que tu as agi comme si tu aimais Manao?'

'...'

'Rejette-la si tu n'as pas de sentiments pour elle, ou tu vas la blesser.'

Les mots de Sun l'ont rongé. Même si Mork agit froidement comme s'il n'avait pas de sentiments pour Sun, il sait que ses sentiments pour Sun sont 'plus' que ce qu'ils devraient être depuis un certain temps maintenant.

Mork n'est pas sûr du moment où c'est arrivé, mais une fois qu'il l'a réalisé, il n'a plus pu résister.

Quant à Manao... Mork ne pense jamais à l'utiliser pour faire pression ou se venger de Sun. Il était vraiment inquiet pour elle ce jour-là, il avait peur que Ton et sa bande s'en prennent à elle si elle rentrait seule chez elle.

Sun et lui s'étaient déjà disputés, c'est pourquoi Sun a pensé de cette façon. Mork n'est peut-être pas un bon gars, mais il n'est pas cruel au point de jouer avec les sentiments d'une fille ou de l'utiliser comme un outil.

"Pourquoi es-tu venu ici pour me voir?"

Demande Mork sans détour, souhaitant mettre les choses au clair avec elle. Il ne veut pas la blesser, mais il ne veut pas non plus qu'elle garde espoir comme Sun a pu le lui reprocher. De plus, s'il ne la rejette pas tout de suite, ses sentiments pour lui risquent de s'approfondir.... il la blessera davantage s'il laisse traîner les choses.

Il ne veut pas du tout blesser une fille innocente comme elle.

"Je... j'ai quelque chose à te dire."

"Hum, je t'écoute."

Manao hésite. Ses yeux se promènent comme si elle ne voulait pas parler ici, mais elle ne sait pas comment demander à Mork de parler ailleurs. Si elle lui demande de sortir manger ensemble, il pourrait refuser parce qu'il n'est pas libre ou quelque chose comme ça.

"Dis-le juste, Manao."

"Eh bien... je... t'aime... je t'aime bien!"

Manao rassemble son courage et le dit. Elle baisse les yeux, incapable de croiser son regard ou de dire autre chose. À ce moment-là, Mork est silencieux. Il n'est pas choqué puisqu'il le savait déjà.

"Je t'aime bien, moi aussi." Mork essaie de bien choisir ses mots pour la rejeter afin qu'elle ne se sente pas trop blessée car il n'a jamais pensé à elle de manière romantique. "Mais... je t'aime comme une sœur."

"Mork..."

Elle relève la tête, ses grands yeux pleins de déception et de tristesse. Mork lui caresse doucement les cheveux pour la réconforter. Elle est encore jeune. Il croit qu'elle trouvera quelqu'un de mieux que lui un jour.

"Je suis enfant unique, alors je pense parfois que je veux un frère ou une sœur. Si j'avais une sœur, je voudrais qu'elle soit douce comme toi. Peut-on être comme un frère et une sœur?"

"Tu... as déjà quelqu'un que tu aimes bien?"

"On peut dire ça," admet Mork, pensant qu'elle s'en remettra plus vite si elle sait qu'il aime quelqu'un d'autre. "Plus important encore, je ne t'ai jamais aimé de façon romantique. Je t'ai toujours vue comme une sœur."

"Ok... j'ai compris."

"Ne sois pas si déprimée. Une jolie fille comme toi aura un gentil garçon qui lui courra après."

Manao acquiesce, sans dire un mot. Ça fait mal de se faire rejeter, mais Mork a été si gentil avec elle qu'elle ne peut pas s'énerver contre lui ou le mettre mal à l'aise en s'entêtant. Mais elle avait de si grands espoirs quand elle a décidé d'avouer ses sentiments et ne s'est pas préparée à se faire rejeter.

"Oh! Manao est là?"

Ren se joint à la conversation, une joie évidente transparaissant dans ses yeux et son expression. S'il avait su que Manao était ici, il n'aurait pas perdu de temps à aller aux toilettes. Il l'aurait attendu dehors dès la fin du cours.

Ren ne l'a pas vue depuis un moment maintenant. Ils se sont seulement envoyés des textos, et il a pensé à trouver une occasion d'aller chez elle. Il est chanceux d'avoir pu la voir aujourd'hui.

"Timing parfait."

Mork sourit et se tourne vers son ami. C'est le gentil garçon qu'il pense être le plus approprié pour elle. Mork pense que Ren peut prendre soin de Manao et la rendre plus heureuse que lui, c'est sûr...