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2Gether - Tome 3
Le Titre
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Quatre Ans, Mais Veut Déjà Dominer Le Monde
Messages : 463
Date d'inscription : 13/07/2024
Le Titre
Mer 24 Juil 2024 - 12:51
2Gether - Tome 3
Ecrit Par Jittirain



Carte D'identité

Pays D'origine : Thaïlande

Traduction : Johanne
Correction : Amelyma

Nombre De Chapitres : 5 Chapitres

Status : Terminé

Soutenir l'auteur : MEB


Tome 1 - Tome 2 - Tome 3

Résumé

Je m’appelle Tine (un mec super chic), et je suis sorti avec toutes sortes de filles. Une fille ringarde, une fille mignonne et innocente, ou même une fille super grincheuse. Mais ma vie joyeuse doit s’arrêter lorsque le dieu puissant, sous la forme d’une admission à l’université, m’envoie dans une université du nord où je vais rencontrer... “Tine, Teepakorn, étudiant en première année de droit, je t’aime bien!” Juste au début du premier semestre, quelqu’un se confesse déjà à moi. Suis-je surpris? Suis-je excité? Non. Je suis un mec tellement cool, tu sais. Mais est-ce que je suis horrifié? Bien sûr que oui! Parce que celui qui vient de se confesser est un mec! Mon cœur…

La mission pour sortir ce mec gay de ma vie chic commence en trouvant quelqu’un de super sexy pour être mon faux petit ami. Et personne ne remplit mieux ce rôle que Sarawat, le mari national de notre université. Mais les choses ne sont pas aussi faciles que je le pensais. Ce type est un emmerdeur. Il joue les difficiles, il ne coopère pas avec moi. Ha, je n’abandonnerai pas si facilement! Les chutes constantes usent une pierre. Je vais rester collé à lui comme un poisson-ventouse. Attendez de voir!

Mais... alors que je le harcèle, pourquoi mon cœur super chic se met-il à palpiter quand je suis avec ce mec au visage impassible...?

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Johanne
Johanne
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Fantastic Team
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Johanne
Mar 27 Aoû 2024 - 13:59



Spécial 1
Close
Trop proches pour dire le moindre mot

Trop proches pour voir quelqu'un d'autre

Si proches que nous ne pouvons pas respirer

Si proches qu'il n'y a que toi et moi aujourd'hui



1

Close



“Si nous trouvons quelqu'un de si charmant et que nous l'adorons terriblement,

Mais que nous savions que ce serait notre seule chance de nous rencontrer,

La meilleure chose à faire est de se sourire.

Prendre soin l'un de l'autre et partir.

C'est tout, c'est suffisant…”



La première page du livre contenait une citation qui m'a impressionnée, et c'est pourquoi j'ai décidé de l'acheter : il s'agit de l'histoire du groupe “Scrubb”. Même si je ne suis pas un grand fan de ce groupe, je jouais beaucoup de leurs chansons à l'époque où j'étais obsédé par ma guitare jour et nuit.

Surtout la chanson “Close”. Bon sang... Je crois que je l'ai déjà jouée une centaine de fois. C'est pourquoi, quand j'ai lu la raison pour laquelle ils avaient écrit cette chanson, je l'ai trouvée encore plus spéciale.

— Sarawat.

— …

— Bâtard.

— Ouais.

Je ferme le livre que je lisais et je lève les yeux pour croiser le regard de mes amis. Pas besoin d'attendre qu'ils ouvrent la bouche, je devine dans leur regard ce qu'ils veulent dire. Il s'agit probablement de savoir où sortir, comme d'habitude.

— Sortons après les cours.

Et voilà. C'est ce que je pensais.

— Je vais passer mon tour.

— Mec, notre vie de lycéen est sur le point de se terminer. Il faut en profiter tant qu'on le peut.

— Tu parles comme si tu étais un livre de motivation. On a déjà vécu à fond.

Le fait d'être au premier semestre de notre année de Terminale signifie que nous ne sommes plus obligés d'assister à tous les cours et que nous pouvons choisir de n'assister qu'à certains d'entre eux, selon notre humeur. Nous passons le plus clair de notre temps à l'école de tutorat pour préparer les tests d'admission.

Mais il y a ceux qui pensent que les tests d'admission sont aussi importants que de vivre pleinement sa vie avant que l'âge de dix-huit ans ne soit passé sans que nous ne nous soyons fait des souvenirs ou sans que nous n'ayons causé de problèmes dont nous nous souviendrons plus tard. Et bien sûr, mes amis sont de ces gens-là.

— Mais mon frère m'a dit que les groupes indé se produiraient à son université, gratuitement, ça ne t'intéresse pas du tout ?

La personne devant moi continue d'insister alors que les autres se joignent à la conversation, comme s'ils essayaient de faire pression sur moi pour que j'aille avec eux.

— Quels groupes ?

Je ne leur réponds pas et je pose cette question à la place.

— Beaucoup.

— Nomme-les.

— Bon sang, qui s'en souviendrait ? Laisse-moi d'abord trouver le dépliant. Mais c'est sûr…

Mon ami fait une pause, les yeux bougeant, essayant de se souvenir.

— C'est ton groupe préféré. Attitude is Bliss ?

— C'est Solitude is Bliss. Tu es vraiment mon ami ?

— Oui, celui-là. Tu viens ou tu ne viens pas ? Ne fais pas le difficile, tes copains t'attendent.

— Pourquoi je n'irais pas ?

Je ne peux m'empêcher de secouer la tête, et mes amis me pressent de mettre mes affaires dans mon sac pour me préparer à partir.

Je ne sais plus combien de fois j'ai assisté aux concerts de Silpakorn. Je sais seulement que plusieurs groupes s'y produisent très souvent. Les événements sont si fréquents qu'on a l'impression qu'ils veulent faire exploser l'endroit. L'événement d'aujourd'hui est particulièrement énorme parce qu'il s'agit d'une sorte de rassemblement indé, alors nous sommes entourés d'étudiants, de lycéens et de gens ordinaires.

La scène occupe l'un des côtés de l'endroit et constitue le centre visible pour les amateurs de musique. De nombreux groupes ont commencé à se produire, si bien que l'espace ouvert est maintenant très fréquenté. Le long des côtés se trouvent des stands de nourriture, des stands d'activités et des boutiques d'articles en édition limitée. De gigantesques posters des artistes se trouvent partout dans la zone, parfaits pour prendre des photos à garder en souvenir ou à poster sur les réseaux sociaux, comme le font toujours les gens.

— Souris, bébé. Tu es tellement mignonne.

J'entends la voix de mon ami au loin.

Je me tourne vers l'endroit d'où vient la voix et je le vois en train de prendre des photos de sa petite amie, qui vient d'une autre école, avec l'affiche d'un artiste célèbre en arrière-plan. Les deux autres ne sont pas différents - ils attendent leurs petites amies qui sont en route, me laissant seul.

— Rends-moi jolie, d'accord ?

— Quoi ? Comment je pourrais prendre une jolie photo si tu n'es pas jolie ?

— Alors trouve-toi une nouvelle jolie petite amie !

— Aw, je plaisante, béééééébé.

Très bien, je suppose que je suis la putain de brebis galeuse de la bande. Ils m'ont harcelé pour que je vienne, mais maintenant ils m'ont abandonné pour être avec leurs copines. Je devrais y être habitué, mais je ne peux m'empêcher de soupirer.

Je décide finalement de les accompagner pour prendre des photos de l'ambiance de l'événement et tuer le temps jusqu'à ce que mon groupe préféré se produise. Mais il faudra sans doute attendre encore des heures.

— Une bouteille d'eau, s'il vous plaît.

— Bien sûr, vous la voulez fraîche ou pas, mon chou ?

— Fraîche, s'il vous plaît.

Je me promène depuis un moment et je viens de m'arrêter à un stand de boissons qui a l'air de bien marcher. La propriétaire de l'échoppe sourit tout le temps. Après ma commande, elle se retourne pour prendre une bouteille d'eau dans un grand réfrigérateur.

— Dix bahts, mon garçon.

— Madame, puis-je avoir un verre de Blue Hawaii, s'il vous plaît ?

Je ne lui ai pas encore tendu l'argent que quelqu'un s'approche de moi et commande d'une voix si joyeuse que je dois me tourner pour le regarder.

— Je n'ai pas de Blue Hawaii. Voulez-vous un Blueberry à la place ?

Il fait un peu la moue avant de lui demander à son tour.

— Y a-t-il quelque chose d'aussi bon que le Blue Hawaii ? Les stands du coin n'en ont pas, je suis triste, dit-il en marmonnant la dernière phrase pour lui-même.

La propriétaire secoue la tête, alors il lève les yeux et dit docilement :

— Blueberry, s'il vous plaît.

— Attendez une minute, mon cher. Oh, dix bahts pour l'eau, mon garçon.

Apparemment, je redeviens visible pour elle une seconde plus tard. Je paie l'eau rapidement, mais au lieu de partir en vitesse, mes deux pieds restent coincés sur place et mes yeux se fixent sur l'étranger à la peau claire.

Il porte un uniforme d'étudiant avec un sigle familier. L'ourlet de sa chemise n'est pas bien rentré, et il tient un sac en cuir plat d'un bras tout en plongeant une autre main dans sa poche pour y prendre... de l'argent.

— Te voilà, on te cherchait.

Quelqu'un interrompt alors que je le regarde fixement. Je suppose qu'il s'agit de son ami puisqu'ils portent le même uniforme.

— J'essayais de trouver du Blue Hawaii.

— Tu en as trouvé ?

— Non, j'ai eu du Blueberry à la place.

— Peu importe. Tu ferais mieux de te dépêcher, ton groupe préféré est sur le point de jouer.

Son ami part soudainement après avoir dit cela, laissant la personne qui bafouille derrière lui crier après.

— Hé ! Attends-moi, je dois être au premier rang !

Il tend rapidement l'argent à la propriétaire du stand, attrape le verre de Blueberry et s'enfuit à la poursuite de son ami. Je le regarde un moment jusqu'à ce qu'il disparaisse de ma vue. Je ne sais pas pourquoi je l'ai regardé ; je ne sais pas pourquoi je me suis intéressé à lui alors qu'en temps normal, je me fiche complètement de ce qui se passe autour de moi.

Peut-être que c'est son joli visage, sa voix, ses manières, ou quelque chose que je ne peux pas expliquer. Tout ce que je sais, c'est que quelque chose chez lui m'intrigue, même si c'est un mec.

(Rrrr - - Rrrr - -)

La sonnerie de mon téléphone me ramène à la réalité. L'écran affiche le nom de mon ami. Je sais qu'il va me dire de les rejoindre, et oui, nous sommes enfin devant la scène pour voir le groupe préféré de l'un de mes amis.

— Je me suis demandé un jour quelle expérience avait poussé le groupe à écrire toutes ces chansons tristes. J'ai mal quand je les écoute, murmure mon ami en se penchant plus près de moi, son autre main tenant celle de sa copine comme s'ils n'allaient jamais se lâcher dans cette vie.

— Comment je pourrais le savoir ? Tu n'es pas leur fan inconditionnel ?

— J'aime leur musique, mais je ne m'intéresse pas à leur vie privée, crétin.

Moving and Cut est son groupe préféré. Il écoute leurs chansons toute la journée. Leurs chansons sont tristes mais addictives. Il est probablement comme moi qui réécoute en boucle la playlist de Solitude is Bliss.

— Nous voulons que vous chantiez la dernière chanson avec nous haut et fort... S'il te plaît, mon cœur en a assez. Ça fait trop mal, je n'en peux plus(1).

Wooooooo-

Nous avons manqué la première chanson parce que nous étions tous dans des endroits différents. Heureusement que nous sommes arrivés à la dernière partie de la performance parce que la tristesse de Moving and Cut s'est transformée en acclamations bruyantes et éclatantes de Scrubb. Mes yeux se posent involontairement sur le dos de quelqu'un dans la foule.

Il avance lentement jusqu'à ce qu'il soit presque au premier rang. La chanson n'est pas très entraînante, mais il danse comme un fou. Même de loin, je le vois clairement se trémousser dans la foule.

C'est tellement drôle, tellement mignon.

“Answer” est la première chanson que Scrubb joue. Quand je vois mon ami et sa copine absorbés par la chanson, ne voulant pas gâcher leur doux moment, je décide de m'avancer, suivant mon instinct. Je me fraye un chemin dans la foule jusqu'à ce que je sois juste à côté de lui.

— Calme-toi, mec. C'est une chanson triste.

Même après la fin de la première chanson, ce type continue à se trémousser sans arrêt, et ses amis doivent l'arrêter.

— Ah oui ? Je suis toujours captivé par la première chanson.

— Urgh ! Tu es si agaçant.

— C'est toi qui es agaçant. Je m'amuse. Ne m'arrête pas.

— Je n'aurais pas dû t'amener ici. Quel fardeau pour la société !

Il pince les lèvres en regardant ses amis et chante bientôt à tue-tête pour s'amuser. Il regarde à peine les autres, et même moi, je n'arrive pas à faire en sorte qu'il me remarque.

Je ne sais pas pourquoi j'ai choisi de me tenir aux côtés de cet étranger. Je ne sais pas pourquoi je le fixe. Je ne sais pas pourquoi je me mets à chanter alors que j'ai toujours regardé mon groupe préféré de loin. J'ai beau me poser des questions, je ne reçois aucune réponse.

Je veux juste suivre mes sentiments et ne plus me soucier de rien.

Les chansons de Scrubb s'enchaînent, transmettant l'énergie au public devant la scène. L'ambiance est fun et vivante. Le soleil se couche lentement, remplacé par des tonnes de projecteurs, mais je peux toujours voir clairement la personne devant mes yeux.

Ce mec est sacrément énergique !

Il danse sans arrêt depuis la première chanson. Il est couvert de sueur, un sourire plaqué sur son visage, me laissant pantois.

Comment peut-il sourire de façon aussi mignonne ?

— Très bien, tout le monde... Sautons ensemble. Trois, deux, un !

La voix de Muey emplit l'air, et ce petit bonhomme obéit. Tout le monde ici est perdu dans le monde de la musique.

Lentement, je suis repoussé par la foule jusqu'à ce que je ne puisse plus le regarder de côté. Mon champ de vision est passé de son profil à sa nuque pâle.

— Je suis sorti pour regarder le ciel et la mer, pour sentir la terre portée par la brise...

— Wooooooooooo !

Je commence à mieux comprendre l'expression “danser comme un fou”.

À ce moment-là, il se passe quelque chose...

— Oups, désolé.

— ... !!

Mon corps se raidit et je n'arrive plus à respirer. Je ne sais plus quoi faire.

Qui aurait pu penser qu'il reculerait et me heurterait ? En plus, il s'excuse d'une voix fatiguée, en haletant. Putain... Est-ce qu'on m'attaque ?

Il ne me regarde même pas et se retourne pour continuer à danser avec ses amis après s'être excusé. Cependant, celui qui a été bousculé est toujours perdu dans ses pensées.

Sarawat, ce n'est pas normal.

— Voici la dernière chanson. Je vous l'offre à tous. Chantons ensemble, dansons ensemble et... rapprochons-nous un peu plus les uns des autres. Je crois que la meilleure chanson est celle à laquelle on s'identifie le plus.

— Wooooooooooo !!

— Trop proches pour dire le moindre mot. Trop proches pour voir quelqu'un d'autre...

Au moment où la musique commence et où la voix grave de Muey résonne dans le micro, mon monde entier s'arrête. J'entends encore la chanson familière, mais tout le monde s'est arrêté de bouger. Il est le seul à bouger naturellement.

— Si proches que nous ne pouvons pas respirer. Si proches qu'il n'y a que toi et moi aujourd'hui.

Ce n'est pas le sentiment de tomber amoureux. C'est juste... le sentiment que l'on a quand on aime quelqu'un ou quelque chose, mais qu'il est difficile de l'expliquer ou d'en parler.

Cela me rappelle la citation que j'ai lue dans ce livre. Si un jour je trouve quelqu'un que j'adore terriblement et que je crois que je ne le reverrai jamais, que ferais-je ? Est-ce que j'essaierais de le connaître ? Garderais-je ce sentiment pour moi ? Ces questions ne cessent de me trotter dans la tête au fil des chansons.

— C'est peut-être parce que tu m'as rencontré par hasard. C'est peut-être parce qu'on est ensemble.

“Close” est une chanson qui parle d'une relation qui se déroule sur une courte période. J'ai des sentiments pour lui, mais nous finirons par être séparés, donc il n'y a aucune raison de me présenter et d'apprendre à le connaître ou quoi que ce soit d'autre. Je ne peux que remercier le monde de nous avoir fait tomber l'un sur l'autre.

Son sourire, sa voix joyeuse, son visage fatigué et empli de bonheur.

Le regarder me suffit.

Je ne veux rien faire de plus.



— Sarawat, tu vas où ?

— Aux toilettes.

— Alors je vais aller raccompagner ma copine. Je t'appelle quand Solitude entre en scène.

— D'accord.

Beaucoup de gens partent après le concert de Scrubb, mais certains attendent encore les groupes suivants. D'habitude, je ne m'éloigne pas quand mon groupe préféré est sur le point de jouer, mais aujourd'hui, c'est différent parce que ce type part avec ses amis. Je ne peux donc pas m'empêcher de le suivre de loin.

Il se dirige vers les coulisses et est gentiment poussé par ses amis, mais il secoue adorablement la tête.

— Demande-leur un selfie. Muey et Ball sont très gentils.

— Non.

— Qu'est-ce qui te fait peur ?

— Je ne veux pas les déranger, dit-il en souriant. C'est déjà bien de les voir d'aussi près.

— C'est tout ce que tu veux ?

— Oui, mais rends-moi service.

— Que tu es pénible. Qu'est-ce que c'est ?

— Prends une photo de moi avec leur affiche.

Il pointe du doigt le grand panneau. Ils se rapprochent alors de la cible et prennent leurs téléphones pour prendre des photos à plusieurs reprises.

Moi qui les suivais, je me dépêche de demander de l'aide à quelqu'un.

— Excusez-moi, pouvez-vous me prendre en photo ?

Je tends mon téléphone à une fille qui passe. Elle le prend avec un sourire et répond joyeusement.

— Bien sûr.

Je me tiens assez loin de l'affiche de Scrubb et de ce type. J'essaie de me pencher un peu sur le côté, dans l'espoir de le prendre en photo. Ce sera un souvenir avant que nous nous séparions, au moins.

Clic !

Elle appuie sur le déclencheur, mais quand je me retourne, il est déjà parti.

— Merci.

Elle me rend mon téléphone. L'écran affiche la photo qu'elle a prise. Bien sûr, il y a moi, le poster de Scrubb en arrière-plan, et si vous zoomez, vous verrez quelqu'un d'autre.

Je n'arrive pas à y croire. J'aurai un groupe préféré de plus lors de l'événement à Silpakorn.

C'est grâce à lui... la personne dont je ne connais même pas le nom.

Spécial 1 : Close

Lorsque nous trouvons quelqu'un qui nous marque, personne ne peut dire combien de temps le souvenir restera gravé dans notre mémoire. Si c'est moi, j'oublierai son visage peu de temps après que nous nous soyons rencontrés une fois. Je pensais qu'il en irait de même avec ce type, mais qui aurait cru que finalement...

Je me souviendrais encore de son visage.

— Sarawat, demain...

— Je ne suis pas libre.

Je coupe la parole à mon ami avant qu'il ne termine sa question.

— Tu veux aller au spectacle de Scrubb ?

— Oui.

— Sérieusement, c'est quoi ce bordel ? Tu les aimes maintenant ?

— ...

— Tu sors avec quelqu'un en secret ?

Mon ami continue ses bêtises, mais je le laisse faire.

— Ou bien tu es tombé amoureux de quelqu'un lors de l'événement ? Tu n'as pas peur que Pam soit jalouse ?

— C'est n'importe quoi.

Mes amis savent que j'aime Pam. Mais je ne lui ai jamais avoué. Je n'ai jamais exprimé franchement mes sentiments pour elle parce que je n'ai jamais voulu que notre relation progresse. C'est mon premier amour, et je veux en rester là.

— Oh, j'oubliais. Comment peut-on aimer quelqu'un quand on est un mec sans cœur ?

— Tu regardes trop de films. Va te faire voir.

— D'accord. Viens étudier avec nous demain. Nous ferons un barbecue pour le dîner, tout en continuant d’étudier.

— D'accord...

Je range mes livres dans mon sac sans faire attention avant de me rendre à l'événement “Cat T-Shirt”, auquel j'avais prévu d'aller il y a plusieurs semaines. C'est un événement où de nombreux groupes vendent leurs t-shirts pendant qu'ils se produisent en concert. C'est pourquoi l'événement est très grand et très fréquenté ; je pense donc qu'il y a une chance que je tombe sur lui.

— Hey, Sarawat !

Je n'ai pas vu grand-chose de l'événement quand quelqu'un m'appelle avec excitation. Quand je me retourne, je vois qu'il s'agit d'un ami de la même école de tutorat.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Il vient d'une école de garçons. Ses amis sont une bande de voyous.

— Je ne pensais pas te voir ici. Tu es venu seul ?

Il essaie de chercher mes amis et change de sujet quand il n'en trouve aucun.

— Quel groupe t'a donné ce t-shirt ?

— Scrubb.

— Putain de merde. Je ne savais pas que tu étais leur fan !

— Et toi ? demandé-je à mon tour.

— Whoa, j'aime beaucoup de groupes. J'ai acheté tellement de choses que mon portefeuille est vide maintenant.

— C'est vraiment beaucoup.

— Tu attends le concert ?

— Bien sûr, et toi ?

— Je ne peux pas rester longtemps.

Il sort son téléphone pour lire les messages et me dit :

— Il faut que j'y aille. Mes potes me disent de rentrer. A plus.

— A plus.

Nous avons une brève conversation et nous nous séparons. Mon attention se porte à nouveau sur les stands de t-shirts, attendant que les artistes se produisent, espérant rencontrer à nouveau la personne qui a dansé comme un fou devant la scène pendant la prestation de Scrubb.

Je n'ai jamais pensé que...

Le dos de quelqu'un attire accidentellement mon regard. La personne familière que j'avais en tête se tient dans la foule, à quelques mètres de moi.

Mon sang pulse, mes pieds avancent d'eux-mêmes et mes oreilles bourdonnent. Ma vision se brouille un peu à force d'essayer de garder les yeux fixés sur la personne en t-shirt blanc et jean clair.

Mon cœur bat si vite que je perds le contrôle. C'est à la fois excitant et effrayant.

C'est excitant car je vais peut-être rencontrer la personne que je cherchais, mais c'est aussi effrayant car ce n'est peut-être pas le petit gars qui a dansé comme un fou à Silpakorn que j'espère voir.

Je continue d'avancer alors que le son de la musique de la scène se répercute dans toute la salle. Il y a tellement de monde que j'ai du mal à respirer. Je ne me souviens pas du nombre de personnes que j'ai heurtées alors que je continue à courir, à pousser à travers la salle bondée, parce qu’il est tout ce que je vois dans ma tête en ce moment.

— Désolé.

— …

— Désolé, répète-je aux gens qui m'entourent.

Je percute alors quelqu'un de plein fouet, et je bégaie des excuses.

— Je suis désolé.

— Ce n'est pas grave, dit la fille, sans se vexer.

C'est arrivé si vite, mais j'ai détourné mon attention et j'ai perdu de vue le dos de la personne en t-shirt blanc. Il n'est plus là. Je l'ai manqué.

Peut-être que cette personne n'est pas celle que je cherchais. Peut-être que tout cela est dans ma tête.

En tout cas, il n'y a pas de réponse. Tout ce que je sais, c'est qu'une fois rentré chez moi, j'ai un t-shirt de Scrubb de plus qui s'ajoute aux nombreux t-shirts d'autres groupes dans mon placard.

Le nombre de ces t-shirts est...

Le nombre de fois où j'ai participé à des événements pour le retrouver, mais nous n'avons jamais pu nous rencontrer.



Le journal de Sarawat : Passer à autre chose.



Après y avoir réfléchi pendant des jours, je suis enfin parvenu à une conclusion pour moi-même : Je vais laisser tomber toutes mes attentes et vivre à nouveau pleinement ma vie. Mes amis disent que tout le monde doit aller de l'avant, et oui, je devrais le faire aussi. En fait, j'aurais dû le faire plus tôt

Lorsque vous adorez quelqu'un, le mieux que vous puissiez faire est de garder cette personne en vous comme un souvenir.

Il se peut qu'un jour je rencontre quelqu'un et que j'éprouve des sentiments pour cette personne, au point de tomber amoureux. À ce moment-là, l'image du garçon en uniforme que j'ai rencontré à Silpakorn s'effacera peut-être de ma mémoire.



Journal de Sarawat : Tourner en rond.



Ma vie n'est pas aussi occupée qu'avant. Au moins, je ne vais plus à des tonnes d'événements pour courir après quelqu'un. Je me suis remis à vivre ma vie avec mes amis, sans aucun regret avant la fin de notre vie de lycéen.

Après la fin du premier semestre, tout le monde commence à étudier dur et à passer les examens d'entrée. Lorsque cela devient trop stressant, nous allons au cinéma, écoutons de la musique et prenons des photos comme nous le faisons toujours. C'est toujours ennuyeux pour nous, alors quand c'est l'anniversaire de quelqu'un de la bande, ils organisent une grande fête où tous nos camarades de classe sont invités. Nous jouons à beaucoup de jeux, dont celui des chaises musicales.

Je ne m'intéresse pas à ce genre de choses, alors je les regarde essayer de s'asseoir sur les chaises comme si leur vie en dépendait. Les chansons changent sans cesse, des chansons lentes, des chansons rapides, jusqu'à ....

“Trop proches... pour dire le moindre mot.”

La mélodie de “Close” remplit mes oreilles ; mon corps s'engourdit. C'est comme si le souvenir que j'avais essayé d'effacer avait été accidentellement ravivé. Merde, je ne peux pas m'empêcher de me maudire.

J'avais presque tout oublié, mais maintenant je suis de retour là où j'étais. Chaque fois que j'entends les chansons de Scrubb, je pense toujours à ce jour. C'est horrible que je n'arrive toujours pas à tourner la page.

Je me déteste parce que, malgré tous mes efforts, je recommence à penser à lui.



Journal de Sarawat : Tourner en rond, encore et encore.



Le rez-de-chaussée du bâtiment scolaire est plein d'étudiants à midi. Mes amis apportent toujours leur guitare ici pour jouer, en essayant de flirter avec les filles. Chaque jour, ils choisissent soigneusement les chansons qui impressionneront le plus les filles.

Il y a actuellement beaucoup de chansons célèbres, donc la liste est assez longue, et nous devons pratiquer les chansons avec des accords de guitare difficiles. Honnêtement, je me joins à eux parfois quand je m'ennuie. Le problème, c'est qu'ils veulent aller jusqu'à télécharger des clips vidéo sur Youtube pour que les filles soient plus impressionnées.

Ce serait mieux s'ils ne m'impliquaient pas. Bon, je veux bien les aider s'ils me le demandent, mais je ne m'attendais pas à être stupéfait par ce qu'ils ont dit.

“Faisons “Close”.”

Je ne dis rien et je me retourne, les laissant tranquillement, avec d'innombrables images qui surgissent lentement dans ma tête. Et bien sûr, ce sont les images du petit bonhomme que j'ai envie de rencontrer, mais les chances sont nulles.

Voici la question :

Parmi un million de chansons dans le monde, pourquoi ont-ils choisi celle de Scrubb ?



Journal de Sarawat : Continuer à tourner en rond indéfiniment.



— Sarawat, espèce d'enculé, tu es libre demain ?

— Pourquoi ?

Cette question est toujours accompagnée d'une merde gênante.

— Il y a un concert pour les amateurs d'indé, c'est encore gratuit, t'es partant ?

— Je passe mon tour.

Je suis déterminé à ne plus aller à aucun concert, voir d'autres personnes ou groupes ou quoi que ce soit, pour ne pas être obsédé par la poursuite de quelqu'un dont je ne connais même pas le nom. Mais mes amis ne me laissent pas faire comme avant, ils me mettent encore plus la pression.

— Hé, pour le bien de notre vie au lycée.

— On ferait mieux de se préparer pour les examens. On va échouer si on continue à sortir.

— Ce sera la dernière fois, alors. Faisons-nous des souvenirs avant de ne plus pouvoir sortir ensemble.

— …

— Sarawat, on ne peut pas remonter le temps, tu sais.

Je ne réponds toujours pas, croisant les bras, regardant mes amis qui essaient de me persuader avec des mots.

— Allez, c'est probablement le dernier concert avant d'être diplômé.

— …

— Attends.

Ils ont l'air si sombre. Qu'est-ce que je peux bien faire maintenant ?

— Il y aura beaucoup de groupes. Et tes favoris, bien sûr.

— D'accord. Tu as vu la liste des groupes ?

Peut-être que c'est Solitude is Bliss ou Inspirative, mais non.

— Scrubb sera là.

Oh…

J'emmerde ma vie.



Le journal de Sarawat : Je n'irai plus de l'avant, je suis foutu.



La période la plus difficile est celle des trois mois qui précèdent les tests d'admission. Nous sommes tous obligés de participer à la compétition et de nous battre, même si nous voulons fuir. Outre l'école de tutorat, c'est chez mes amis que je mange, que je dors et que je passe le plus clair de mon temps.

Je me lève le matin et emporte mes manuels pour étudier avec mes amis ; je me couche tard et me lève tôt. Le cercle se répète au point que j'ai perdu beaucoup de poids. Nous sommes sur le point d'en perdre encore trop pendant les examens. Enfin, à l'annonce des résultats, certains sont admis dans l'université de leur choix, d'autres non. Ce qui est sûr, c'est qu'il est temps pour notre bande de lycéens de se séparer.

Je suis entré à l'université de Chiang Mai, loin de tout le monde. Il va être difficile de traîner avec les gars comme avant, alors nous nous retrouvons pour la dernière soirée, en dégustant un hot pot japonais et en partageant les histoires des années passées. Les sujets se succèdent jusqu'à ce qu'un sujet inattendu soit mentionné.

— Vous avez entendu parler du gars qui a eu le cœur brisé alors que la relation n'a jamais eu lieu ?

Tout le monde a les yeux rivés sur moi en ce moment, alors je ne peux pas m'empêcher de demander.

— Qui ?

— Toi. Quel mec triste.

J'en ai marre d'eux.

— Écoute-moi, mon pote.

— Je ne suis pas ton pote aujourd'hui.

— Whoa, l'amitié peut être ruinée aussi facilement ? Dis-nous ce qui te préoccupe. De toute façon, on ne se verra pas souvent. Considère ça comme une conversation à cœur ouvert avant de partir chacun de son côté.

Je n'ai jamais envisagé d'en parler à qui que ce soit parce que cela pourrait leur paraître stupide, à l'exception de Phukong à qui j'avais involontairement tout raconté un soir.

Mais maintenant que mes amis me pressent, je cède et raconte toute l'histoire. Je ne m'attendais pas à recevoir des conseils, mais ils m'ont tous encouragé, me soutenant pleinement, même si je leur ai dit que la personne était un garçon.

— Crois-moi, si vous êtes faits l'un pour l'autre, vous vous reverrez un jour.

— Je vais étudier à Chiang Mai, on ne se reverra pas.

Avec des tonnes d'universités et des millions de personnes, il est impossible que deux étrangers se rencontrent à nouveau. C'est un fantasme.

— Il est possible qu'il étudie aussi à Chiang Mai.

— C'est des conneries. Comment tu sais qu'il a notre âge ?

— Je te parie dix bahts.

— Va te faire foutre.

— Ce n'est pas assez ? Quinze bahts, alors. Transfère-les sur mon compte quand tu le rencontreras.

— Bien sûr, si je le revois.

Je mets fin à la conversation par agacement.

Nous changeons tout de suite de sujet. Je ne sais pas trop quand nous nous sommes quittés et sommes rentrés chez nous, ni dans quel état nous nous sommes retrouvés par la suite. Une fois dans ma chambre, je m'écroule sur mon lit, l'odeur du hot pot collant encore à mes vêtements.

Le temps passe vite...

Demain, je pars pour Chiang Mai. En préparant mes affaires, j'ai décidé de garder le souvenir de cette personne avec moi.

On dit que fuir est plus fatigant que d'affronter ; je ne l'ai jamais cru avant que cela ne m'arrive. Il est difficile d'oublier quelqu'un que l'on adore terriblement, alors j'ai choisi de le garder au plus profond de ma mémoire.

“Tu enregistres, Phukong ?”

“J'ai appuyé. Commence à parler.”

Après avoir rangé péniblement quelques affaires sur le sol, je m'allonge sur mon lit pour faire une pause ; je sors mon téléphone, et lance l'enregistrement audio que j'ai enregistré il y a longtemps et que je n'avais jamais pensé à réécouter.

“A toi…” Je ne connais pas son nom, alors j'ai simplement dit “toi”. “Je m'appelle Sarawat, sans surnom. Je... je t'ai rencontré au concert de Scrubb.”

...

“J'aimerais te connaître mais c'est impossible, alors aujourd'hui je te propose une chanson. C'est une chanson qui me rappelle ton sourire. Ah... je ne peux pas lire mon texte, je vais commencer à chanter, alors.”

“Smile” de Scrubb commence. J'entends ma voix et la mélodie de ma guitare préférée. L'image de lui dans son uniforme scolaire défile dans ma tête. Que se passera-t-il si nous nous rencontrons à nouveau ? Que se passera-t-il si je vois son joli sourire de près ? Je vais probablement devenir fou.

Même après la fin de la chanson, je suis toujours absorbé par ma voix provenant de l'enregistrement audio.

“Ah... Ce n'est peut-être pas très bon. Je... n'ai jamais fait ça avant. Mais il y a une chose que je veux te dire. Je ne sais pas si tu l'entendras un jour, tout ce que je peux faire c'est te le dire sur ce téléphone…”

...

“Je… t'aime bien.”

Blue Hawaii, Scrubb, Silpakorn, et la chanson “Close” ce soir-là, resteront à jamais dans ma mémoire.

Spécial 1 : Close

Tout le monde connaît Sarawat, l'homme dur et direct qui se fiche éperdument du monde.

J'ai l'air assez inaccessible, mais je ne m'attends pas à ce que quelqu'un me comprenne de toute façon.

La façon dont je garde mes barrières a rendu ma vie à l'université assez difficile au début. J'ai un groupe d'amis, et nous sommes toujours ensemble. Ce sont de bons amis, mais aussi de vrais emmerdeurs, et comme je n'utilise aucun réseau social, ils me tiennent au courant de tout.

Ma vie quotidienne se déroule sans encombre. Vivre à Chiang Mai est plutôt agréable. C'est relaxant, pas chaotique. On peut toujours prendre un verre ou une tasse de café, car il y a un nombre fou de bars et de cafés ici. Les stands de nourriture derrière l'université sont moins chers qu'à Bangkok. Je peux vivre confortablement ici sans avoir besoin de trop m'adapter.

L'excitation liée au déménagement n'a duré que les premiers jours. Il n'y aura probablement rien de plus excitant dans ma vie pendant les quatre prochaines années. Je n'aurais jamais pensé qu'un jour ma vie simple changerait...

Et elle a changé pour toujours.

— Sarawat, où tu vas ?

— Je vais à mon dortoir.

C'est un spectacle familier - une foule qui m'attend quand je sors du bâtiment des sciences politiques. Tout le monde est gentil. Ils m'offrent souvent des collations, mais je refuse à chaque fois.

— Sarawat, tu es si mignon. S'il te plaît, joue encore de la guitare à un événement de l'université.

— Je le ferai si je peux. Pardon.

Depuis que j'ai accepté de jouer de la guitare à la place d'un senior blessé lors de la soirée Freshy Night, je suis devenu célèbre du jour au lendemain. J'avoue que je ne sais pas vraiment comment réagir à cela, et je veux désespérément retrouver ma vie simple. Mais avant d'y penser, je dois d'abord sortir de la foule.

— Sarawat.

— …

— Sarawat.

Ils n'arrêtent pas d'appeler mon nom, mais une voix est différente.

— Hey ! Sa-ra-laew !

Lorsque je me tourne vers la direction d'où vient cette voix, mon visage commence soudain à brûler. Je cligne des yeux à plusieurs reprises pour confirmer ce que je vois, mais rien ne change.

— Désolé, je voulais dire Sarawat.

Le propriétaire de la voix joyeuse se faufile dans la foule pour m'atteindre.

Plus près... si près tout à coup.

Mes mains tremblent, mes jambes ne bougent plus, mon souffle se bloque dans ma gorge, je suis complètement hors de contrôle. Je me sens sur le point de pleurer. Mon cœur ne s'arrête pas de battre.

C'est lui que je cherchais.

Le petit bonhomme en uniforme scolaire qui m'a marqué.

Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais rien du tout. Je ne sais pas si je dois être heureux ou comment je dois réagir. Je ne peux que rester sur place, attendant qu'il dise quelque chose.

— On peut parler un peu ?

Il me faut un moment pour trouver ma voix. J'essaie d'être aussi simple que possible dans ma réponse.

— De quoi ?

— Ah. Je…

Il hésite un peu, ses yeux vont et viennent, confus.

Putain, c'est mignon, tellement mignon, tellement trop mignon !

— Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis sur le point de partir.

Je ne sais pas pourquoi j'ai parlé ainsi. Pourquoi est-ce que je fais semblant d'être cool ?

— Je…

Il ne dit toujours rien, alors je me contente de fixer son visage, mes pensées s'affolant. Ses grands yeux ronds, son nez mignon et ses lèvres pressées l'une contre l'autre. La façon dont il lève les yeux vers moi me fait complètement perdre le contrôle

— Si tu continues à me regarder comme ça, je vais t’embrasser. Quel emmerdeur !

— ... !

Il semble que le temps se soit arrêté. Les yeux du petit gars s'écarquillent sous le choc.

Meeeeeeeerde !

Il me faut une minute pour me ressaisir. J'ai accidentellement dit tout haut ce que je pensais tout bas : comment diable puis-je rester ici ?

Je suis furieux contre moi-même. Je ne sais pas quoi faire, alors je me retourne et je m'éloigne à grandes enjambées, essayant de me sortir de cette situation embarrassante.

Mon cœur bat encore la chamade. Je monte dans ma voiture, je respire profondément et je regarde mes mains tremblantes en silence.

Je ne peux plus cacher mon sourire.

Des larmes tombent bientôt sur l'une de mes paumes, et je n'ai pas l'intention de les essuyer.

Ce sont des larmes de joie qui coulent, après que le monde nous a jetés l'un contre l'autre une fois de plus.



Je transfère 15 bahts sur le compte de mon ami de lycée. Il a dû voir l'avenir à l'époque, c'est pourquoi il savait que je rencontrerais à nouveau la personne que je cherchais.

Le petit bonhomme s'appelle Tine. Il est adorable, joyeux, casse-pieds et absolument narcissique.

Il a beaucoup de qualités, mais aussi beaucoup de défauts. Mais c'est bien... C'est bien qu'on soit ensemble, qu'on s'aime, qu'on partage le bonheur et la tristesse.

— C'est la dernière chanson que nous voulons que vous chantiez tous ensemble.

— Woooooooooooooo !

La voix de Muey remplit mes oreilles. Je tiens la main de mon voisin, j'entrelace mes doigts avec les siens jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace. Il se tourne vers moi, ses yeux rencontrent les miens et il affiche le plus beau sourire de tous mes souvenirs.

— Je me sens si bien, putain, dit Tine avec enthousiasme.

Nous sommes au milieu de la foule lors du concert de Scrubb. Je n'ai aucune idée du nombre de fois où nous sommes venus ensemble à ces événements, mais ce que je ressens pour lui n'a jamais changé.

Juste comme le premier jour où je t'ai rencontré.

— Oui, je me sens foutrement bien aussi, lui dis-je en souriant, même si je suis au bord des larmes.

C'est comme un rêve : Je t'ai cherché depuis le premier jour de notre rencontre, et maintenant je peux chanter et danser comme un fou avec toi. Tine. J'ai tellement de chance de t'avoir rencontré dans cette vie.

— Plus fort, tout le monde !

Le petit gars et moi nous regardons un instant avant de chanter le refrain aussi fort que possible.



“C'est peut-être parce que tu m'as rencontré par hasard.

C'est peut-être parce qu'on est ensemble.”



Je ne sais pas si c'est le destin, la fatalité ou un accident.

Tout ce que je sais maintenant, c'est que nous sommes nés pour être ensemble.

Notes :
1/ por-faew-jai (Had Enough) par Moving and Cut.

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Johanne
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Johanne
Mar 27 Aoû 2024 - 14:00



Spécial 2
Feel
Avant de fermer les yeux, avant que le vent ne souffle

Nous chantons dans la nuit, sous le ciel plein d'étoiles

Marcher ensemble, laisser passer le jour

Peu importe la durée, la musique continue.



2

Feel



“Voici ce que je ressens : Si nous devions chanter une chanson cent fois.

Serions-nous toujours dans les paroles à chaque fois que nous la chantons ?”



La nuit dernière a été une telle déception…

Je suis sur le point de pleurer maintenant que j'y pense. J'ai eu mal, c'était douloureux, le vide dans mon cœur n'était pas une blague quand Sarawat s'est approché de moi et a chuchoté d'une voix rauque...

“Tine, pousse-toi. Je vais te refiler mon rhume.”

Meeeeeeeerde !!!

Le fait est que Sarawat est parti avec les Lions Blancs pendant trois jours et deux nuits pour faire du bénévolat, essayant de faire une bonne action en rénovant une école et en faisant des dons. Je n'ai pas pu me joindre à eux en raison de mon travail à la faculté. Je n'aurais jamais pensé que je retrouverais ce grand gaillard grelottant à cause de la fièvre en rentrant.

Il m'a dit qu'il avait réparé un toit sous la pluie et qu'il s'était ensuite saoulé avec les seniors pour fêter l'événement. Et vous voyez le résultat : il dort sur le lit comme un légume flétri, et maintenant je dois m'occuper de lui. Quel fardeau !

— Sarawat, tu te sens mieux ? Comment va ton mal de tête ?

Heureusement qu'on est samedi. Il est un peu plus de dix heures. Je ne veux pas perturber son sommeil, mais il faut qu'il mange quelque chose pour pouvoir prendre des médicaments.

— Toujours mal.

Il entrouvre les yeux, somnolant, ses lèvres sont tellement gercées que je me sens mal.

Cela fait un an que nous sortons ensemble, mais je ne l'ai jamais vu dans cet état. Ça fait mal.

— Tu as encore de la fièvre.

— Je vais bientôt aller mieux.

— Ne meurs pas, Sarawat. Je deviendrai définitivement un playboy si tu meurs. Je ne veux pas être un playboy, dis-je en étouffant un sourire.

— Tu es inquiet ou tu veux que je meure, hein ?

— Les deux.

Il me frappe le front avec ses doigts. Aïe... il est malade et fatigué, mais ça fait très mal. Il ne mourra pas facilement.

Sarawat a commencé à être fatigué après son retour du camp de volontaires hier soir, et la fièvre est devenue si forte au milieu de la nuit qu'il ne pouvait pas se lever. Nous avons dormi avec un traversin placé entre nous toute la nuit. Heureusement, je suis un homme fort et je ne vais pas attraper son rhume aussi facilement. C'est pourquoi je m'occupe de lui comme un bon petit ami en ce moment.

— Dis-moi ce que tu veux manger, je vais te le préparer, lui dis-je en touchant son front pour voir si la fièvre est tombée.

— Non. Commandons quelque chose.

— Tu ne veux pas que je me donne tout ce mal, hein ?

— Non, tu es nul. Ça a un goût de merde.

Mon coeur...

Je lui botterais le cul s'il n'était pas malade. Il n'arrête pas de me taper sur les nerfs. Je ne suis pas aussi gentil que j'en ai l'air, tu sais.

— Je devrais te laisser mourir ?

— Si ma mort te rend heureux, je ne mourrai certainement pas.

— C'est touchant de t'entendre dire ça.

Argh, je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel.

Quel odieux bâtard. À tous ceux qui disent que Sarawat est un homme timide et tranquille, si vous apprenez à le connaître, vous verrez que c'est un abruti.

Sarawat et moi ne sommes pas différents des autres couples de ce monde. Cependant, une différence possible est que nos amis ont commencé à se demander si nous sommes vraiment un couple ou si nous sommes plutôt des ennemis parce que nous n'arrêtons pas de nous provoquer l'un l'autre. Bien sûr, je l'aime et je tiens beaucoup à lui, mais la façon dont nous exprimons nos sentiments est un peu bizarre.

— Mangeons d'abord. Je décide du menu et tu n'as pas le droit de discuter.

Je me précipite dans la cuisine, verse du lait dans un verre et commande du porridge à livrer à domicile, car je ne veux pas qu'il meure prématurément.

En attendant la livraison, je prépare un linge humide pour frotter son corps. Je l'ai fait deux fois cette nuit, mais il ne se sent toujours pas mieux. Si la fièvre ne baisse pas, je suppose que je vais devoir appeler Man ici pour qu'il porte ce lourd crétin jusqu'à l'hôpital.

— Tine, tu es trop brutal, ma peau est sur le point de tomber, se plaint-il alors que je frotte son corps avec le tissu humide.

C'est tellement agaçant.

— Arrête de te plaindre. Tu as fait le dur en restant sous la pluie.

— Désolé de t'avoir dérangé.

Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi devient-il émotif maintenant ? Il essayait de créer une scène comique tout à l'heure.

— C'est bien que tu le saches. Prends bien soin de toi la prochaine fois.

— Tu es inquiet, n'est-ce pas ?

— Pour moi, oui.

Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Mon visage me brûle comme si j'étais sur le point d'avoir de la fièvre. Plus je frotte son corps, plus j'ai du mal à croiser ses yeux. Je ne suis toujours pas habitué à son regard, même si nous sortons ensemble depuis un certain temps.

Le repas arrive dix minutes plus tard. Il s'agit de notre restaurant préféré près de l'université, il doit donc être assez appétissant pour qu'il ne se plaigne pas. En fait, je voulais lui montrer mes talents culinaires exceptionnels, mais j'avais peur qu'il ne mange pas assez et qu'il se sente encore plus mal.

— Voici ton porridge. Lève-toi et mange.

Je m'assois sur le côté du lit, un bol de bouillie de porc haché dans les mains, et ça sent tellement bon. Sarawat ouvre à nouveau les yeux, essaie de se lever maladroitement, puis parle d'une voix si mignonne que j'ai envie de lui donner une claque sur la bouche.

— Nourris-moi, je suis fatigué.

— Arrête de jouer la comédie. Tu as couru à travers le terrain avec ton entorse du genou. Comment peux-tu ne pas manger tout seul alors que tu n'as que de la fièvre ?

— Je suis malade, j'ai mal à la tête, j'ai mal à la gorge.

Il se met à tousser.

Prends ton Oscar ! Je n'arrive pas à trouver les mots.

— D'accord, je vais te nourrir. Ouvre.

Il obéit, ouvrant la bouche pour engloutir la cuillerée de porridge avec un visage impassible. Je ne peux vraiment pas deviner ses émotions.

— C'est bon ?

— Non.

— Hein ? Mais ça vient de notre restaurant préféré.

— Alors c'est bon. Ça ne serait pas bon si c'était toi qui l'avais fait.

— Voilà le maître des emmerdeurs.

— J'ai mal à la tête.

— C'est bien joué. Ouvre.

Je prends une autre cuillerée et la mets devant sa bouche, mais il n'obéit pas cette fois. Il me regarde droit dans les yeux.

— Souffle dessus d'abord, c'est chaud.

— Je l'ai fait. Tu n'as pas vu ?

— Non. Refais-le.

— Tu te fous de moi ?

— Quoi ? Fais-le, j'ai faim.

Je ne sais plus s'il est mon petit ami ou mon enfant. Mais il a beau se moquer de moi, je continue à le gâter, à le nourrir jusqu'à ce que son bol soit propre, puis à lui faire prendre ses médicaments.

— Remets-toi vite. Ne sois pas un fardeau pour un chic type comme moi, marmonné-je en le laissant se reposer.

Mais au lieu de se taire, Sarawat continue de parler d'une voix rauque.

— Tine.

— Repose-toi maintenant. Je vais faire la vaisselle.

— N'oublie pas de te laver les mains avec du savon quand tu auras fini.

— D’accord.

— N'oublie pas de manger.

— J'en ai commandé pour moi aussi. Je vais le manger tout de suite.

— Dis-moi si tu as l'impression d'avoir attrapé un rhume à cause de moi.

— Oui, monsieeeur, dis-je avant de me tourner vers lui. Autre chose ? Dis-le maintenant.

— Je suis inquiet.

— Je suis inquiet pour toi aussi.

— Je ne veux pas aller mieux.

— Tu seras un fardeau, alors, dis-je doucement, mais je ne peux pas cacher mon sourire pour autant.

Nous sommes ensemble depuis longtemps maintenant. Une chose qui n'a jamais changé depuis le premier jour jusqu'à aujourd'hui, c'est la façon dont il se soucie de moi. C'est la raison pour laquelle... Je l'aime de plus en plus chaque jour.

Spécial 2 : Feel (Ressentir)

— Tine, l'angle de la cuillère et de la fourchette ne sont pas bons. Tiens-les correctement.

— Ça fait dix minutes. Quand est-ce que tu auras fini ?

Puek est penché sur moi, bougeant de haut en bas, comme s'il était sur le point de me posséder. Nous sommes partis tôt parce que nous avions une mission : prendre des photos pour la page “Les restaurants incontournables où la nourriture n’est pas bonne mais pas chère”. Nous sommes déjà allés dans trois endroits différents, et je suis sûr que nous allons continuer.

— Je veux que ce soit une vue d'ensemble. Tiens bon, espèce de voyou. Arrête de te plaindre.

— Tu veux la vue de mon pied à la place ? C'est tellement pénible. Va le faire avec Ohm et Fong là-bas.

— Laissez-nous tranquilles.

Ils refusent rapidement.

Le Star Gang ne reste jamais en place après les cours en semaine, toujours à la recherche de quelque chose à faire. Si nous n'aidons pas Puek avec sa page, Fong nous emmènera flirter avec les filles qu'il cible, ou bien Ohm, l'accro aux réseaux sociaux, nous emmènera traquer des personnes célèbres à l'université.

Puis-je leur dire non ? Bien sûr que non. Je dois les suivre partout. Maintenant, je suis une marionnette à couverts, tenant la cuillère et la fourchette pour que mon cher ami puisse prendre de bonnes photos. Mes aisselles ont transpiré et ont séché plusieurs fois avant qu'il n'ait fini.

— Fini.

— Je peux manger maintenant, putain ? demandé-je, exaspéré, en regardant Puek courir pour s'asseoir en face de moi avec un sourire.

Sa page est très populaire ces derniers temps : beaucoup de fans vont essayer ce qu'il poste. Malgré les prix bas, de nombreux restaurants proposent des plats délicieux, si bien que les clients adorent et en redemandent.

— Allez-y, mangez. Je n'en peux plus.

Le poulet sauté au basilic avec un œuf frit est un menu célèbre dans tous les restaurants. Si vous ne savez pas quoi manger, le poulet sauté au basilic avec un œuf frit est votre réponse.

— Sarawat va mieux ? commence Ohm après avoir mangé un peu.

— Oui, cet abruti joue au football avec ses amis tous les soirs maintenant.

Il a été malade pendant deux jours. Il doit se dépenser. Ce n'était qu'un spectacle quand il avait l'air d'être en train de mourir. C'était pas un truc de merde ? Maintenant qu'on a parlé de cet enfoiré, j'ai quelque chose à dire.

— Les gars, j'ai besoin de vos conseils.

— Quoi ? Sarawat te trompe ?

— Noooooon ! Jeudi prochain, c'est notre anniversaire. Aidez-moi à trouver quelque chose de spécial à faire pour lui.

— Alors vous avez un anniversaire, hein ? Je pensais que vous auriez rompu avant.

— Trou du cul ! Arrête de te foutre de moi.

Quelle chose sinistre à dire. C'est notre précieuse première année ensemble. Elle a été pleine de bonheur et de problèmes stupides, mais chaque moment était significatif.

— Télécharge une photo sur Instagram, pour rendre les gens jaloux.

Écoutez cet idiot.

— Je veux faire quelque chose en privé, juste nous deux.

Leurs idées affluent soudain.

— Que dirais-tu d'une activité pour les plus de 18 ans ? Ça va être chaud comme la braise.

— Nan. Pourquoi pas un gâteau ? Vous devriez fêter ça tous les deux avec un gâteau, mais vous devez discuter par vidéo avec nous parce qu'on veut savoir ce qui se passe.

— Un dîner aux chandelles, c'est mieux. Un restaurant en plein air serait bien parce qu'on pourra se moquer de vous quand vous aurez des piqûres de moustiques.

— Vous m'aimez vraiment ?!

Je suis tellement énervé. Leurs idées me donnent les larmes aux yeux. J'ai eu tort de demander à mes chers amis alors que je savais pertinemment que leurs idées seraient terribles, voire les pires.

— J'ai une idée.

Fong fait cette tête de “je suis foutrement intelligent”.

— Sois sérieux, je t'en supplie.

— Joue de la guitare pour lui. Puisque tu fais partie du Club des Music Lover, tu devrais profiter de cette occasion pour montrer ton talent et ta voix angélique pour l'émouvoir.

En écoutant mon ami poursuivre son idée, mes yeux s'écarquillent instantanément. C'est la première fois depuis une éternité que leur idée est vraiment géniale.

— J'aime ça. Je vais le faire.

— Tu as fini d'être difficile ? Mais avant de préparer la surprise, tu es sûr que Sarawat se souviendra de l'anniversaire ?

Je me fige dès que Puek dit ça, mais je prends rapidement la défense de Sarawat.

— Il doit se souvenir de nos jours importants, bien sûr.

— Ce serait un choc s'il ne s'en souvenait pas. Ta surprise serait un échec.

— Ne dis pas ça.

— Essaie de le sonder pour ne pas finir par pleurer ce jour-là.

— Arrête de raconter des conneries. Je suis sûr que Sarawat s'en souvient !

Je suis de retour chez moi après avoir terminé notre mission de remplissage du bide. J'ai encore en tête ce qu'a dit le Star Gang. En fait, j'ai peur que Sarawat oublie notre anniversaire, car il est tellement écervelé. C'est vrai que nous sommes tous les deux assez inattentifs, mais il doit bien se souvenir de nos jours importants, non ?

Pour ne plus faire de suppositions, je me dirige vers le canapé pour m'asseoir à côté du grand gars. Il a l'air de porter toute son attention sur les jolis pingouins qui passent à la télé.

— Ils sont mignons, non ? Mais je suis bien plus mignon...

Vous voulez connaître sa réaction après que j'ai dit ça ? Si vous vous attendiez à ce qu'il me fasse un sourire timide ou un regard chaleureux qui vous fasse glousser parce qu'il est si adorable, ce n'est pas le cas !

Il a l'air consterné, comme s'il voulait me virer du canapé. Mon cœur...

— Tu es possédé ?

C'est quoi ce bordel ? Peut-on revenir en arrière, à l'époque où il essayait de gagner mon cœur ? Je jure que je continuerais à jouer les difficiles. C'est bouleversant.

— Tu ne peux pas te contenter de jouer le jeu ?

— Espèce de Nuisance.

Il m'ébouriffe les cheveux.

— Ne me touche pas la tête !

— Qu'est-ce que tu attends de moi pour faire le malin comme ça ?

Sarawat est toujours sur mon dos.

— Libère-toi jeudi prochain.

— Pourquoi ?

Whoa, n'est-il pas trop insensible ?

— Ça veut dire que tu n'es pas libre ?

J'avais prévu de ne pas mentionner notre anniversaire avant qu'il n'en parle, mais il se gratte la tête, l'air si confus que j'ai envie de lui briser la nuque.

— Euh, je ne suis pas libre ce jour-là.

— ... !!

BANG ! C'est comme si quelqu'un m'avait tiré dans le cœur en une fraction de seconde. Des questions surgissent dans ma tête, et ce que je me demande encore et encore sans dire un mot à voix haute, c'est...

Sarawat, tu as... oublié notre anniversaire ?

Je me sens si mal que j'ai envie de courir dans la rue principale, et de pleurer avec un chien devant une épicerie. Mais en réalité ? Je suis assis à côté de cet enfoiré sans cœur, le visage engourdi. Cela fait longtemps que je ne l'ai pas appelé ainsi, alors laissez-moi le crier pour évacuer ma colère, TOI DUCOOOOOON !

— Alors tu ne reviendras pas ici jeudi ?

Mes lèvres se pincent de plus en plus, je n'arrive pas à me contrôler.

— Je reviendrai, mais peut-être un peu tard. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien.

— Ton visage dit qu'il doit y avoir quelque chose.

— Ce n'est rien.

— Tu es libre jeudi prochain, alors ?

— Plus maintenant.

Je me dirige tout de suite vers la chambre. A-t-il senti que j'étais contrarié ? Non ! Il s'amuse encore à regarder les pingouins à la télé. D'accord, alors. J'avais prévu de lui parler de notre anniversaire s'il ne s'en souvenait pas pour qu'on puisse profiter pleinement de notre temps ensemble, mais j'ai perdu ma langue à l'instant. Ça fait vraiment mal.

Ça veut dire que je n'ai plus besoin de jouer de la guitare pour lui, n'est-ce pas ? Je suppose que je dois aller boire avec mes potes. Je vais être complètement bourré !



— Au loser qui a été ignoré par son amoureux.

CLINK !!

— Au loser qui s'est fait larguer un jour important.

CLINK !!

— Ça suffit, espèce de merde. Tu veux remuer le couteau dans la plaie jusqu'à ce que je meure ici ?

— La vie est ainsi faite. La joie et la douleur sont des choses si communes.

Ils me tapent sur les épaules avec leurs putains de grosses mains pour me remonter le moral.

Je voulais sortir avec les gars plus tôt depuis le jour où j'ai découvert que Sarawat avait oublié notre anniversaire, mais ils étaient tous occupés. L'un d'eux courait après une fille, l'autre était occupé par sa vie sur les réseaux sociaux, et nous n'avons donc pu nous rencontrer au bar que lundi soir. Nous avons cours demain, mais un chic type comme moi s'en moque éperdument. Je bois mes verres encore et encore.

— Laisse-moi te poser une question. Quelle chanson as-tu prévu de jouer pour Sarawat ?

— Je t'emmerde.

Cette question me tue.

— “Feel”.

— Quoi ?

— “Feel” de Scrubb.

— Ohhhhh.

Je pense à une citation d'un livre sur Scrubb que Sarawat a acheté. C'est une question que j'aime beaucoup :

“Si nous devions chanter une chanson cent fois, serions-nous toujours dans les paroles chaque fois que nous la chantons ?”

Une chanson et l'amour, c'est pareil. Le jour où l'excitation et le bonheur de nos premiers jours d'amour auront disparu et que nos vies seront devenues ordinaires et banales, me sentirai-je encore amoureux comme au bon vieux temps ?

Si vous me posez la question maintenant, ma réponse est sans aucun doute oui. J'ai toujours envie d'être avec lui et de lui parler de ce qui m'arrive chaque jour. Peut-être... n'avons-nous même pas besoin de parler du tout. L'avoir à mes côtés les jours où je me sens faible me suffit amplement. Je ne sais pas s'il pense la même chose.

— Quel putain de drame. Je vais demander une chanson pour apaiser ton chagrin d'amour, propose Ohm et il s'en va, le reste d'entre nous continuant à boire comme des fous.

Une demi-heure plus tard, le chanteur attitré du bar, Alcohol, prend la parole au micro.

— Nous aimerions chanter cette chanson pour ceux qui ont le cœur brisé. Je veux vous dire que vous n'êtes pas seuls parce que nous avons tous ressenti la même chose.

— …

“J'ai essayé de ne pas m'approcher de toi, pour ne pas avoir à te voir ou à savoir quoi que ce soit… (1)”

Meeeeeeeerde, je suis tellement triste que j'en pleure presque. Je sais qui a demandé cette chanson. Le bar joue rarement les chansons tristes de Scrubb. On peut l'écouter grâce à Ohm, mon ami bien-aimé.

— La chanson est si triste, mec. Santé !!

— Waaaaaaaah !

Je pleure à chaudes larmes.

J'ai peur que Sarawat me gronde parce que j'ai l'impression de baigner dans l'alcool en ce moment. Je lui ai demandé la permission et il n'y a pas vu d'inconvénient, c'est pourquoi je ne me retiens pas. J'avale l'alcool, verre après verre, jusqu'à ce que j'aie des vertiges. Le monde tourne, j'ouvre la bouche mais la referme sans cesse, incapable de parler le langage humain.

— Mec... Je vais aux... hic... toilettes, je reviens tout de suite.

— Vaaaaaaaas, faaaaaaaais le.

Je mets un certain temps à me mettre sur mes deux jambes. Mes bras appuyés sur la table tremblent. Je regarde à gauche et à droite, et je me pousse lentement à travers la foule.

— Hé, attention !

BAM !

Mon corps roule sur le sol dès que j'entends l'avertissement de quelqu'un. Je gis là, désespérément, incapable de bouger le moindre muscle ou la moindre partie de mon corps. Ma vision passe de la lumière à l'obscurité. Je ne sais pas si c'est l'alcool ou les lumières du bar.

Merde, j'ai oublié que le sol est inégal !

Hahahahahaha.

— Tine, espèce de meeeeeeerde !

Le cri assourdissant juste à côté de mes oreilles est celui de mes amis. Une foule commence à s'amasser autour de moi. Je ne veux pas imaginer de quoi j'ai l'air en ce moment. Tout ce que je sais, c'est qu'on me soulève les bras et les jambes et qu'on me porte à l'extérieur, directement vers la voiture.

— Je vais conduire.

Je n'ai aucune idée de qui a dit ça. Une seconde plus tard, mon corps est poussé à l'intérieur de la voiture, sur la banquette arrière, et nous partons.

— Le légendaire Teepakorn, bordel de merde. Je l'ai vu au ralenti.

— Je ne peux pas oublier ça.

Peux-tu t'inquiéter pour moi avant de te moquer de moi ? Je suis tellement étourdi que je ne peux même pas ouvrir la bouche. Je les laisse me retourner librement, puis j'entends la voix alarmée de Puek.

— Son t-shirt est déchiré.

— Hein ?

— Son bras est blessé. On devrait acheter de la pommade et le soigner d'abord ?

— Vraiment ? Il y a d'autres bleus ?

Leurs mains rugueuses sont partout sur ma tête, alors je commence à gémir.

— J'ai des vertiges, tellement de vertiges.

— Sa tête va bien, mais il n'a plus toute sa raison.

— Il n'est pas toujours comme ça ?

Arrête de dire du mal de moi d'abord, espèce d'orduuuuuuure !

— Gare-toi devant la pharmacie. Sarawat nous tuera s'il l'apprend.

En entendant le nom de quelqu'un, j'ai soudain la chair de poule. Qu'est-ce que c'est que cette sensation ? Ai-je si peur de lui ?

J'ai soudain les idées claires. Je suis devenu sobre pendant une seconde.

— Oui, la pharmacie. Il ne peut pas savoir. La phaaaaarmacie.

Le bleu ne fait plus mal. Ce qui compte maintenant, c'est qu'il ne faut pas qu'il l'apprenne.

J'avais prévu de boire ma tristesse, mais maintenant j'essaie de me débarrasser de la preuve embarrassante que je me suis horriblement roulé par terre. Sarawat ne dit jamais non quand je veux sortir avec mes amis, disant que je dois seulement prendre soin de moi, ce que j'ai toujours fait, jusqu'à...

Oui, comme vous pouvez le voir...

Ils sortent précipitamment de la voiture quand nous arrivons à la pharmacie. Ce n'est pas de leur faute. C'est moi qui suis en tort parce que je n'ai pas fait attention. Heureusement qu'il n'y a pas beaucoup de blessures. Ma chemise est déchirée, mon bras saigne un peu et mon genou est éraflé. Après avoir soigné mes bleus, Fong, Puek et moi prions sur le chemin du retour pendant qu'Ohm conduit la voiture.

— Nous allons te ramener chez toi. Si tu te fais gronder, on t'aidera.

Mes amis sont si gentils.

— Ce n'est pas la peine. Je m'en occupe. Ce n'est pas de votre faute.

— C'est parce qu'on n'a pas pris soin de toi.

— Je n'ai pas besoin d'un ami qui m'accompagne quand je vais aux toilettes. C'était un accident, il comprendra.

— Très bien, tiens-nous au courant, d'accord ?

— Ok, vas-y maintenant. Envoie-moi un texto quand tu seras rentré.

Ohm est plus sobre que les autres parce qu'il est chargé de nous ramener à la maison. C'est pourquoi je suis soulagé que ce soit lui qui conduise.

Nous nous séparons sur le parking. Je respire profondément et je me dirige vers mon appartement où le type sans pitié m'attend à l'intérieur. Je prie pour que Sarawat ne s'aperçoive de rien et je fais de mon mieux pour rester calme.

— Tine.

C'est parti. Le type assis sur le canapé m'appelle par mon nom dès que je suis à l'intérieur.

— Q... Quoi ?

— Tu as faim ? Je vais te faire des nouilles.

Ne t'inquiète pas pour moi maintenant.

— Je vais bien, mais j'ai tellement sommeil maintenant. Je veux prendre une douche et aller me coucher.

— Tine.

Je m'apprête à faire un pas dans la direction opposée, mais il m'interrompt de sa voix grave.

— Quoi ?

— Qu'est-ce qui est arrivé à ton bras ?

— Mon t-shirt a été déchiré par un clou. Argh, bon sang.

— Tine...

Je ne peux plus éviter son regard car il se lève et se dirige vers moi avec une expression indéchiffrable.

— Ne t'énerve pas, j'ai mal agi. Je marchais et je suis tombé tout d'un coup. Haha.

Je suis sur le point de verser des larmes. J'ai peur d'être grondé et que les bleus me fassent soudain mal. Son silence me rend encore plus anxieux, alors je m'excuse rapidement, la voix tremblante.

— Sarawat... Je suis désolé.

— Ne pleure pas.

— Qui pleure ? Pas moi.

— Je suis blessé aussi quand tu te sens blessé, dit-il doucement en me caressant la tête.

Mon cœur se met à fondre. Je fais encore plus la moue maintenant qu'on me traite si gentiment, en essayant de ne pas montrer mes sentiments du mieux que je peux.

— Ça ne fait pas mal.

— Alors pourquoi tu pleures ?

— Je... j'ai peur que tu me grondes.

C'est tout. La vie d'un chic type est terminée.

— Viens t'asseoir ici. Laisse-moi regarder le bleu.

Sarawat me porte à moitié, me traînant jusqu'au canapé. J'ai toujours peur, mais je me sens plus soulagé parce qu'il n'y a pas de colère dans son regard.

— Va prendre une douche et je te soignerai à nouveau.

— Ce sont mes amis qui l'ont fait.

— Ce n'est pas propre parce que vous étiez tous ivres. Où sont les autres bleus ?

— Il n'y en a pas.

— Où ?

Sa voix se durcit, il me met la pression. Ai-je déjà gagné contre lui ? Je sors mon drapeau blanc à chaque fois qu'il utilise ce genre d'expression.

— Je me suis un peu écorché le genou.

Mon pantalon n'est pas déchiré, je me demande encore comment j'ai eu ce bleu.

— Tu n'es pas en colère contre moi, n'est-ce pas ?

— Si.

— Urgh.

— Pourquoi tu ne m'as pas appelé pour que je vienne te chercher quand tu t'es fait autant de mal ? Et ne va plus jamais boire si tu ne connais pas tes limites.

— Je connais mes limites. C'était un accident.

— Tu feras quoi si tu te blesses plus que ça ?

— Je ferai comme si de rien n'était pour que tu ne me grondes pas.

Il me pousse la tête si fort que ma nuque manque de se briser.

Voyant qu'il s'inquiète pour moi, je cesse de me sentir contrarié par le fait qu'il ait oublié notre anniversaire. J'étais peut-être trop obsédé par cet anniversaire pour oublier qu'il n'y a pas un seul jour où Sarawat ne se soucie pas de moi.

— Qu'est-ce que tu regardes ?

— Gâte-moi un peu. Ça fait mal. Heureusement que mon visage est intact, sinon je serais malheureux.

— Qui est à blâmer ici ? C'est toi qui t'es fait ça.

— Sarawat, waaaaaaah.

Sarawat secoue la tête, mais je remarque son petit sourire.

— Va prendre une douche.

— Aide-moi, je ne peux pas le faire seul, dis-je faiblement pour qu'il ait pitié de moi.

— C'est des conneries.

Écoutez sa réponse. Je suis blessé.

— Tu essaies de te venger ?

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Il arrête assez vite d'être froid et se lève lentement, m'aidant à me relever maladroitement. C'est un peu romantique au début, mais ensuite il me traîne jusqu'à la salle de bain comme un chien.

Je ne me souviens de rien après ça, tout est flou. Je n'ai aucune idée de quand je me suis endormi. C'est au matin que je me force à me réveiller pour pouvoir enfin me ressaisir.

J'ai encore la tête lourde mais heureusement, ma gueule de bois n'est pas aussi grave que je le craignais. Et la première chose que je vois après mon réveil, c'est... Sarawat.

Merde, quand est-ce que j'ai grimpé sur son corps ? En plus, il m'observe. Qu'est-ce que je fais ? Je le salue comme dans les pubs pour le dentifrice ?

— B... Bonjour.

— Bonjour, mon cul. Je n'arrive pas à respirer. J'ai cru qu'un fantôme essayait de m'étouffer pendant mon sommeil.

Il me repousse.

BAM !

La douceur ne fait pas partie de son vocabulaire. As-tu déjà lu un roman d'amour, hein ?

— Eh bien, je suis le fantôme. Je suis prêt à te posséder.

— Je suis soulagé que tu puisses encore mordre.

Il pose le dos de sa main sur mon front en murmurant pour lui-même.

— Pas de fièvre.

— J'ai cours à dix heures.

— Tu peux y aller ?

— Pas de problème. Mais j'ai faim. Je veux du lait de soja et des bâtons de pâte frits. Des brochettes de porc grillé et du riz gluant, ce serait bien aussi. La soupe de sang de porc est aussi délicieuse.

— Choisis-en un seul.

— Bon sang, non. Pourquoi je devrais choisir alors que je peux tout avoir ?

— D'accord, parlons de la nuit dernière quand tu auras tout mangé. Je ne pense pas que j'oublierai.

— Waaaaaaah.

— Pourquoi tu te plains ?

— Sarawat, j'ai mal agi. Je ne le ferai plus jamais.

Bon sang, j'ai essayé de parler d'autres choses en espérant qu'il oublie l'épisode chaotique d'hier soir, mais il a finalement ressorti ça pour se venger de moi.

Spécial 2 : Feel (Ressentir)

Joyeux anniversaire.

L'année qui ressemble à une éternité, une période de plaisir et de misère que personne ne peut comprendre. C'est l'amour et la haine en même temps.

Je n'ai pas pratiqué la guitare pour Sarawat comme je l'avais prévu puisqu'il n'est pas libre de toute façon, et je lui ai juste écrit une carte de remerciement.

Après les cours, je me sépare du Star Gang et je rentre directement chez moi. Sarawat n'est vraiment pas là. Je lui envoie un texto pour lui dire que je suis rentré, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il m'appelle.

— Bonjour, mon beau.

Laissez-moi le provoquer un peu, sinon je ne me sentirai pas à l'aise.

— Tu es rentré ? me répond-il.

— Oui, je suis rentré. Et toi, tu es où ? Tu traînes avec les copains ?

— Non, je suis dans le hall.

— Oh, qu'est-ce que tu as oublié ? Je te l'apporte tout de suite.

— Toi.

Je m'arrête un instant, confus, incapable de comprendre ce qu'il veut dire. Peut-être ai-je des hallucinations. Les questions se bousculent dans ma tête, et je ne sais pas quoi dire d'autre que de le lui redemander.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

— Va voir le lit.

Comme il me l'a ordonné à voix basse, j'entre dans la chambre et j'y trouve deux billets. Ce sont des billets pour un concert.

— J'ai trouvé. Tu... tu veux y aller avec moi ?

— Ouais.

— Et les gars ?

— J'ai dit que j'irais avec eux ? C'est notre anniversaire, Nuisance.

— Tu te souviens ?

— Qui l'oublierait ? Tu as de la chance qu'ils jouent ce soir. Descends maintenant.

— …

— Allons voir Scrubb.



L'événement est un peu sauvage. Comme de nombreux groupes se produisent, l'espace devant la scène est bondé de monde.

Sarawat et moi sommes dans cette foule, nous dansons et chantons ensemble jusqu'à ce que nous soyons haletants. Enfin, c'est l'heure du groupe que nous attendions. Scrubb se produit rarement à Chiang Mai : heureusement pour nous, ils sont venus ici à l'occasion de leur anniversaire. Nous sommes tous ici ensemble.

Nous sommes avec ceux qui nous ont réunis.

— Tu te souviens du premier jour où nous nous sommes rencontrés ? demande-t-il.

C'est une question qui me fait remonter le temps jusqu'à nos débuts.

— Je t'ai traité d'abruti et tu m'as dit que tu m'embrasserais, putain.

— Non, c'était avant ça.

— Je ne me souviens pas de la première fois. Je n'avais aucune idée qu'un con me regardait.

Un sourire s'affiche sur son beau visage avant qu'il ne parle d'une voix douce, les yeux brillants, et alors je sais qu'il est heureux quand il se souvient de cette époque.

— Tu t'es arrêté à un stand de boissons et tu as fait tout un foin pour avoir du Blue Hawaii, mais la vendeuse n'en avait pas, alors tu as pris du Blueberry à la place.

— Meeeeeeec, tu te souviens de tous les détails ?

Sarawat ne m'en a jamais parlé. Maintenant que je l'entends de sa bouche, cela me stupéfie et fait battre mon cœur en même temps.

— Je t'ai suivi et j'ai découvert que tu aimais Scrubb. Muey et Ball jouaient “Close”, alors je me suis rapproché de toi, je t'ai vu danser, chanter, éclater de rire.

— Tu es tombé amoureux de moi, hein ?

— Non, je me demandais "Pourquoi ce petit gars a-t-il autant d'énergie ?

— Menteur. Dis simplement que tu as été impressionné.

— …

Il ne répond pas, il sourit.

— Tes amis m'ont dit que tu m'avais cherché, mais je ne leur ai jamais demandé de détails.

Des années ont passé depuis. Je crois que cette fois, je remonte le temps avec Sarawat.

— Je ne pouvais pas t'oublier. Je t'adorais tellement que j'ai voulu te rencontrer à nouveau. Ne sachant pas où tu étais, j'ai commencé à aller à tous les concerts de Scrubb.

— Tous les concerts ?

Sérieusement ? Je suis carrément surpris.

— Je pensais t'avoir vu par hasard lors d'un événement. Putain, c'est marrant.

— Quel événement ?

— T-shirt de chat, il y a deux ans.

— Vraiment ?

— …

— J'y suis allé pour acheter un t-shirt de Scrubb.

— Tu portais un t-shirt blanc et un jean clair.

— Je ne m'en souviens pas très bien, mais... je crois que je portais un t-shirt blanc ce jour-là.

Nous sommes encore plus choqués, mais le type bronzé semble pire : il me regarde bouche bée. Peut-être... que ce soit le destin ou un accident, nous sommes faits l'un pour l'autre.

— Bonjour les amis, nous sommes Scrubb !

— Woooooooo !

Nous étions absorbés par les sentiments qui envahissaient nos cœurs lorsque la voix retentissante de Muey nous a ramenés à la réalité. Nous allons certainement creuser le passé plus tard, mais pour l'instant, profitons de notre groupe préféré à notre guise.

La première chanson suivie de la deuxième, et de la suivante...

Nous nous tenons la main, nous bougeons au rythme de la musique qui nous entoure, jusqu'à cette chanson...

— J'avais prévu de te jouer “Feel” aujourd'hui, mais j'ai abandonné quand tu as dit que tu n'étais pas libre.

— C'est mesquin.

— Qui est mesquin ? Pas moi.

— Eh bien, je vais quand même pouvoir t'entendre la chanter.



“Parce que nous avons tous les deux un jour où nous avons commencé à aller de l'avant...

Parce que tu es toujours sûr, que tu tiens toujours ma main

Même le jour où nous sommes perdus.”



J'ai écouté les chansons de Scrubb des centaines de fois, et je les ressens à chaque fois différemment, selon la personne avec qui je les écoute.



“Avant de fermer les yeux, avant que le vent ne souffle

Nous chantons dans la nuit, sous le ciel plein d'étoiles

Marcher ensemble, laisser passer le jour

Peu importe la durée, la musique continue.”



Mais pour Sarawat, qui est une chanson d'amour, une chanson solitaire, une chanson triste et une chanson dans ma mémoire, c'est la même chose.

Oui...

Je l'aime toujours autant.

Comme le premier jour où nous avons décidé d'écouter toutes les chansons ensemble jusqu'à ce que nous soyons vieux et grisonnant.

— Sarawat.

— Hmm... ?

— Merci de m'avoir trouvé.

— Merci de m'avoir retrouvé aussi.

Notes :
1/ por (Enough) de Scrubb.

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Johanne
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Johanne
Mar 27 Aoû 2024 - 14:00



Spécial 3
Sunny Day
Même si le monde a perdu toutes ses étoiles

Même si la lumière du soleil a perdu son sens

Et même si le monde n'a plus d'âme

Tourne-toi, je serai à tes côtés



3

Sunny Day



Quelqu'un a dit un jour que personne ne peut posséder le soleil, mais si c'est lui, qui brille comme un soleil brillant et chaud…

Est-ce possible ?

Le temps à Chiang Mai serait meilleur si le niveau de particules fines (PM2.5) n'était pas aussi mauvais. Est-ce pertinent ?

J'ai l'impression que c'est hier que j'ai fait mes valises et que j'ai déménagé de Bangkok à Chiang Mai, même si la première année d'université se terminera dans quelques mois. Je fréquente la même université que Sarawat, mais nous nous voyons rarement au cours de la semaine, sauf sur le terrain de football. Je n'y vais même pas si je ne me sens pas inspiré, vraiment.

Toc, toc, toc.

Aujourd'hui, c'est un peu différent, car j'ai décidé de venir voir mon frère chez lui, pour lui demander conseil sur un sujet qui me préoccupe depuis longtemps.

— Qu'est-ce qui t'amène ici ? Pourquoi tu ne m'as pas appelé avant ? me dit-il, le visage impassible.

Il porte encore son uniforme d'étudiant, comme s'il venait de rentrer.

— Je ne peux pas venir ici quand tu me manques ?

— Je manque à un con comme toi ?

— Nous sommes une famille heureuse.

Je suis mon frère à l'intérieur et je m'installe sur le canapé sans sa permission. Ne voyant personne d'autre ici, je ne peux m'empêcher de demander.

— Où est P'Tine ?

— Il n'est pas encore rentré, il est en train de faire du contenu pour "La nourriture n'est pas bonne mais pas chère.

— Oh, la page de P'Puek.

— Tu veux regarder un film ?

Sarawat et moi avons beaucoup de choses en commun. Une chose évidente est la façon dont nous changeons soudainement de sujet - nous pouvons changer de sujet comme si de rien n'était.

— Ça me va. Parlons en regardant.

— Oui.

Pas besoin d'expliquer davantage. Sarawat peut savoir ce que je veux rien qu'en regardant mes yeux. La raison pour laquelle je suis venu jusqu'ici n'est pas trop imprévisible. En grandissant, nous avons parlé de beaucoup de choses, nous avons toujours été au courant des soucis de l'autre.

Il y a quelque temps, pour la première fois, mon frère a trouvé quelqu'un qu'il adorait. Il était fou de cette personne au point de s'enregistrer en train de chanter pour en garder le souvenir. À l'époque, je ne comprenais pas ses sentiments et je ne voulais pas les comprendre. Mais qui aurait cru que j'en ferais moi-même l'expérience ?

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Le film est choisi sur un service de streaming. Je me fiche de savoir de quoi il s'agit, je me contente de le laisser tourner. Sarawat s'installe sur le canapé.

— Et si...

— Pas d'hypothèses. Dis juste que c'est à propos de toi, crétin.

Toujours après moi, bon sang. Il m'a interrompu avant même que je n'aie pu terminer ma phrase. D'accord, alors je vais le dire franchement.

— Quand tu as demandé à P'Tine d'être ton petit ami, comment tu as fait ? Tu as préparé le terrain avec tes amis ou quelque chose comme ça ?

— Nan. C'était simple comme bonjour.

Ses yeux vifs se concentrent sur la télé où passe le film, mais je sais que son attention est sur moi.

— J'ai regardé un film avec lui, puis je lui ai demandé de sortir avec moi.

— Le film était si romantique que tu t'es laissé emporter ?

— Non, la fin était triste. Tine était bouleversé, alors je l'ai réconforté en l'invitant à sortir.

— Quel spectacle hilarant à imaginer. Ça a dû être si soudain.

— Parfois, tu n'as pas besoin de réfléchir. Tes sentiments te guident.

— Mais comment savoir qu'il est temps d'inviter quelqu'un à sortir ?

— Tes sentiments te guideront.

Comme un disque rayé, mais c'est tellement, tellement Sarawat.

— Demander à quelqu'un de sortir avec toi, c'est en fait définir une relation entre deux personnes. Ce n'est pas nécessaire, mais les gens préfèrent la certitude. C'est pourquoi nous devons lui donner un statut.

— C'est vrai.

— C'est à propos de P'Mil ?

— Oui, je t'ai dit que je l'aimais bien. Il m'a laissé une impression dont je ne peux pas me défaire.

Nous sommes tous les deux tombés amoureux de quelqu'un de semblable. Sarawat a rencontré P'Tine lors d'un concert, tandis que j'ai rencontré P'Mil dans les coulisses. C'est comme ce qui est écrit dans un livre de motivation : Il faut quelques secondes pour tomber amoureux, mais toute une vie pour l'oublier.

— Il a l'air de bien t'aimer.

Je fixe le profil de mon frère, essayant de réfléchir à ce qu'il vient de dire.

P'Mil et moi faisons beaucoup de choses ensemble. Nous jouons au football, nous nous voyons au café de P' Tun et nous passons du temps ensemble jusque tard dans la nuit avant de nous séparer. Notre relation a beaucoup progressé, mais l'une des parties les plus difficiles est de lui demander officiellement de sortir avec moi.

Je pense qu'il est temps que je trouve le courage de lui demander d'avoir une relation avec moi. Je veux aller de l'avant. Je ne veux pas le brusquer, mais nous avons passé suffisamment de temps ensemble pour que je lui demande.

— Aide-moi à réfléchir à la façon dont je dois le faire.

— C'est ton problème, réfléchis-y toi-même.

— Je peux te copier ?

— Peu importe. Tu vas lui demander quand, alors ?

— Demain, par exemple ? Je l'emmènerai au cinéma après les cours.

Pas de réponse. Il se contente de hocher la tête et de me donner deux tapes sur l'épaule pour me montrer son soutien.

De retour dans ma chambre, je passe le plus clair de mon temps à planifier et à réfléchir à ce que je vais dire. J'appelle P'Mil plus tard dans la soirée, en espérant que pour une fois, il acceptera mon invitation.

— Allo ?

Il faut un certain temps avant qu'il ne décroche, ce qui redonne vie à mon cœur abattu.

Je suis sur le bord de mon siège, arpentant la pièce pour calmer mes nerfs. Les mots que j'avais préparés et répétés ont tous disparu. Il me faut une minute pour trouver ma voix.

— Ah... Tu es libre demain soir ?

— Pourquoi ?

Une réponse brutale, comme toujours, mais je sais qu'il fond à l'intérieur.

— Tu veux dîner et regarder un film avec moi ?

— Je vais jouer au foot avec Bank.

— On peut y aller après. Je peux me joindre à vous ?

— Quelle plaie.

— Alors ?

J'adoucis ma voix, j'essaie de le convaincre. J'ai fait tant d'efforts, tu dois choisir maintenant.

— Ma sueur sent mauvais après avoir joué au football. Je suis trop paresseux pour me doucher avant d'aller au cinéma.

— Uh-huh.

— Dis-moi juste à quelle heure on y va, dit-il et je ne peux pas m'empêcher de sourire. C'est pénible, je jouerai au foot plus tard.

— Ok, je t'appelle après les cours.

— Uh.

— Bonne nuit.

— …

— Bonne nuiiiit.

Je continue puisqu'il est devenu silencieux. Il reste silencieux pendant un moment. Je ne m'attends pas à ce qu'il réponde de toute façon. Mais avant de raccrocher, j'entends ce que je n'aurais jamais cru l'entendre dire.

— Bonne nuit.

Bon sang, je ne peux pas tomber amoureux de lui plus que ça maintenant.



Nous nous retrouvons au café de P' Tun, un lieu de rendez-vous habituel des étudiants en architecture de chaque promo. P'Mil vient souvent ici pour donner un coup de main à P' Tun. C'est pourquoi je m'y arrête toujours après les cours. Même les jours où je n'ai envie de rien, je commande un verre pour rester plus longtemps avec lui.

Je ne sais pas ce qu'en pensent mes amis, mais je suppose qu'ils y sont habitués.

— Tu as attendu longtemps ?

P'Mil me salue, debout près de l'entrée. Je me lève rapidement, attrape mon sac à dos et me dirige vers lui.

— Pas du tout. Tu as faim ?

— Oui, dépêche-toi. Arrête de perdre du temps.

Il fronce les sourcils, mais ça ne fait que le rendre plus mignon.

— Prenons ma voiture. Je te déposerai sur le chemin du retour.

— Bien, ça permet à ma voiture d'économiser de l'essence.

P'Mil se retourne et sort, mais il se gratte la tête et me demande en marmonnant.

— Où est ta voiture ? Montre-moi le chemin.

— Elle est garée dans ton cœur.

— Va te faire foutre.

— Urgh, joue le jeu avec moi.

C'est probablement ce que Sarawat a dit. P'Tine était aussi comme ça quand il a commencé à le draguer. Chaque phrase de drague était critiquée. Parfois ça marchait, parfois ça ne marchait pas, selon son humeur.

Comme nous allons voir un film, nous dînons d'abord dans un restaurant voisin. Le repas n'a rien de spécial, c'est juste un autre repas comme les jours précédents. Nous commandons un plat pour chacun d'entre nous et un autre à partager.

— Phukong, tu as acheté les billets ?

P'Mil rompt le silence au bout d'un moment.

— Je voulais d'abord te demander ton avis. Je pense qu'un film romantique serait bien. P'Tine a dit qu'il était bien.

S'il te plaît, laisse-moi utiliser ton nom, P'Tine ; personne ne m'a rien dit de tel, j'ai inventé ça tout à l'heure. Mais P'Mil secoue la tête.

— Un film romantique ? Toi et moi ?

— Qu'est-ce que tu veux regarder, alors ? C'est comme tu veux.

Il ne refuse pas. Il prend son téléphone et regarde la liste dans une application cinéma, puis il tend le bras pour me montrer une nouvelle affiche sur l'écran.

Euh, P'Mil, comment suis-je censé trouver une occasion de t'inviter à sortir après avoir regardé un film d'horreur ?

— Tu veux vraiment regarder ça ? lui demandé-je, en espérant qu'il change d'avis, mais mon espoir est anéanti en une fraction de seconde.

— Ouais, tu vas le regarder ou pas ?

— Je vais le regarder.

La nourriture a un goût amer.

Je n'ai pas regardé l'heure quand nous avons quitté le restaurant. Tout ce que je sais, c'est que nous nous sommes disputés pendant un bon moment pour savoir qui paierait le repas. Nous avons tous les deux essayé de nous mettre en valeur. P'Mil a dit qu'il devait payer parce qu'il était plus âgé, tandis que j'étais prêt à payer parce que je voulais désespérément prendre soin de lui. Tout s'est terminé lorsque le serveur nous a dit que nous pouvions partager la note.

Notre vie amoureuse va-t-elle s'arranger ?

L'atmosphère du cinéma est à l'opposé de ce que j'avais imaginé. P'Mil aime les trucs brutaux, hein ? Il s'excite à chaque fois qu'un zombie charge et que le personnage principal lui donne un coup d'épée, le sang giclant partout. Comment vais-je trouver la force de lui demander de sortir avec moi après ça ? J'ai peur qu'il m'enfonce une paille dans les yeux parce qu'il est trop excité.

Mais ce n'est pas si grave. Au moins, je peux passer du temps avec lui, en jetant un coup d'œil furtif sur le profil de celui qui fait une fixation sur le film. C'est comme ce que Sarawat a dit il y a longtemps : Pour cette seule personne... elle n'a pas besoin de faire quoi que ce soit et nous l'aimons déjà pour tout ce qu'elle est.

Le film se termine en beauté après deux heures et dix minutes. Les personnages principaux survivent à la fin, comme dans les autres films que j'ai regardés. P'Mil et moi nous dirigeons vers la voiture. Une fois à l'intérieur, le silence est rompu par nos conversations et les chansons qui accompagnent le film.

— Je n'ai pas trop réfléchi quand j'ai choisi de regarder le film. C'était mieux que ce que je pensais, dit P'Mil en souriant, les yeux rivés sur la fenêtre.

— Je suis content que ça t'ait plu.

— Quelle est ta scène préférée ?

Merde...

— Je ne sais pas, je n'ai pas regardé.

— Crétin, tu n'as pas dormi, comment peux-tu ne pas savoir ?

P'Mil se tourne vers moi avec son visage impeccable, fronçant les sourcils. Je ne peux m'empêcher de sourire d'un air amusé.

— Tu as remarqué que je n'ai pas dormi ?

— Par hasard.

— Menteur.

Il serre les lèvres comme s'il voulait se défendre, mais aucun mot ne sort. Je m'empresse d'expliquer.

— Je ne sais pas parce que j'étais occupé à te regarder.

— Tu es fou ?

— Non, tu es plus beau à voir.

— Ne m'invite pas la prochaine fois, c'est une perte d'argent.

— Whoa, tu ne veux plus regarder de films avec moi ?

— Cette chanson est vraiment nulle.

Il change de sujet sans prévenir et tend la main pour changer de chanson, toujours en fronçant les sourcils. Nous retombons tous les deux dans le silence. Lorsque nous tournons vers l'université, je commence à parler.

— Quand on aura atteint ta voiture, tu iras ailleurs ?

— Où je peux aller ? Je vais retourner dans ma chambre.

P'Mil adore traîner avec ses amis dans les bars, mais je n'en parle pas, de peur de me prendre un coup de pied dans la figure.

— Envoie-moi un message quand tu seras rentré. Non, un appel, c'est mieux.

— Je ne veux pas gaspiller mon argent.

— Mais je m'inquiète pour toi.

— Tu es collant.

— Appelle-moi quand tu seras rentré, d'accord ?

— D'accord.

— Tu es mignon.

Il ne m'a jamais sérieusement dit non. Je n'y peux rien.

— P'Mil...

— Quoi ?

— Tu veux bien être mon petit ami ?

Je ne peux pas m'empêcher de lui dire ce que je ressens.

— Puuuuuuutain.

Il jure immédiatement.

Je sais très bien ce que je fais en ce moment. Le timing est un peu ridicule. Nous bavardions sans but, sans sujet précis, sans créer d'ambiance. Tout ce que je sais, c'est que mes sentiments me demandaient de suivre mon cœur.

— Je suis sérieux. Ce n'est pas une blague.

— C'est si soudain. Qu'est-ce que je suis censé dire ?

P'Mil a l'air de paniquer. J'adore son expression en ce moment. Si je ne conduisais pas, je prendrais une photo pour la regarder plus tard.

— Il y a deux réponses possibles : oui ou non.

— ...

Il reste silencieux pendant un moment. Je ne veux pas le brusquer. Je tourne dans le parking de la faculté d'architecture. Je vais bien, même s'il ne me donne pas de réponse maintenant. Nous avons encore le temps d'attendre et de développer notre relation.

J'arrête la voiture une fois que nous sommes arrivés à destination. P'Mil détache la ceinture de sécurité mais ne descend pas de la voiture.

Mon cœur bat la chamade, comme s'il s'attendait à entendre quelque chose de sa part.

— Je m'en vais, dit-il enfin.

— D'accord.

— Si tu es libre demain soir, jouons au football ensemble.

— Je viendrai, c'est sûr, puisque tu me l'as demandé.

— Hum. Et à propos de ce que tu viens de demander, j'ai une réponse maintenant.

— …

— On peut essayer.

— Répète ça.

— Essayons de sortir ensemble. Si ça ne marche pas, on essaiera de s'adapter ou peu importe.

Son expression, ses actions et sa voix à ce moment-là, je ne les oublierai jamais, même si le temps passe. C'est tout simple, mais c'est incroyablement spécial dans mon cœur.

Il est mon rayon de soleil.

Et je sais maintenant...

Personne ne pourra jamais posséder le soleil, mais nous pouvons en faire partie, tout comme les autres êtres sur terre qui vivent de la lumière du soleil.


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Johanne
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Johanne
Mar 27 Aoû 2024 - 14:00



Spécial 4
Every Day
Si je t'ai chaque jour, mes rêves resteront vivants

Si je peux te tenir la main chaque jour, nous nous embrasserons l'un l'autre

Si je t'ai chaque jour, toute la douleur disparaîtra bientôt

Les jours merveilleux viendront si je t'ai juste toi



4

Every Day



[DimGreen : Sunshine & Daisy]

Bonjour à un samedi radieux, où l'atmosphère est parfaite. Les oiseaux gazouillent par la fenêtre. Je me déplace sur mon lit, repousse la couverture et m'étire. Ha~ Cela fait longtemps que j'aspire à quelque chose de simple et de normal comme ça.

Imaginez un peu. Me réveiller au son de la nature, apprécier l'odeur du café fraîchement préparé, le siroter sur le balcon. Rien que d'y penser, je suis exalté.

— Zzzzzzzzzzz…

— …

— Zzzz… Zzzzzzz…

Je vais te botter le cul, putain de femme. Tu as ruiné mon imagination.

Mes rêves se sont envolés. Il ne reste plus que le corps de mon amant, et sa lourde jambe repose sur ma taille. Putain, ça fait mal. Je n'arrive pas à respirer. En plus, il marmonne une chanson avec tant de charme et ne semble pas vouloir s'arrêter.

C'est bien toi, le maître du ronflement. Tu t'entraînes pour battre le record du monde ou quoi ?

— Green, dors correctement.

— Hmmmm, umm, umm.

J'ai envie de le jeter par la fenêtre, mais en réalité, je ne peux que chuchoter et soulever sa jambe aussi doucement que possible.

Je ne veux pas le déranger, car j'ai peur qu'il gémisse comme un bébé si je le réveille. L'écouter mâcher dans son sommeil est un bien meilleur choix.

En semaine, ma routine n'a rien d'intéressant. Si je ne vais pas acheter de la nourriture au supermarché, je reste à la maison et je joue à des jeux. Mais Green ? Il faut voir s'il ne va pas se mettre à faire des activités bizarres dès son réveil. Il est obsédé par la création de contenu sur Youtube en ce moment.

Sa chaîne s'appelle “Sunshine & Daisy”. Il est sans aucun doute inspiré par mon groupe, “Sunshine & Daisies & Butter Mellow”.

Je suis Mr. Sunshine et lui Mr. Daisy, les cofondateurs de la célèbre chaîne Youtube qui compte 168 abonnés. Ah ! Cela fait trois mois qu'elle est active, mais la vidéo la plus regardée n'a que 1 334 vues. Je pense que Green l'a regardée près de 1 200 fois lui-même. Je me sens vraiment mal pour lui.

C'est décourageant. Je me lève et me dirige vers la salle de bains, comme d'habitude. Le matin, ma vie est confortable. Je peux trouver quelque chose à manger dans le frigo avant que ma foutue femme ne se réveille. Heureusement qu'il y a du pain presque périmé et un peu de confiture de fraises. Mon repas est prêt.

— Bébééééé.

Le son de l'enfer se répercute avant même que je puisse attraper un morceau de pain.

— Quoi ?! lui crié-je de l'extérieur de la pièce.

Un instant plus tard, Green s'appuie sur le chambranle de la porte et me regarde d'un air somnolent. Il devrait retourner se coucher s'il a encore sommeil, ou alors autant ne pas se lever du tout.

— Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?

— Pour que tu fasses du grabuge ? Bien sûr que non.

— Je suis sur le point de m'énerver contre toi, bébé. Tu sais que…

— Je ne sais pas, réponds-je immédiatement.

— P'Dim, je n'ai pas fini ma phrase, pourquoi tu m’as coupé la parole comme ça ?

J'adore le faire tourner en bourrique. Dis-toi que c'est une punition pour m'avoir constamment donné mal à la tête.

— Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

— J'ai rêvé que tu me maudissais.

— Oh, comment tu le sais ? dis-je en gardant mon sérieux.

Il me montre du doigt et marmonne quelque chose. Espèce de merde, tu me maudis en retour ?

— Va te laver avant de te venger. On va prendre le petit-déjeuner ensemble.

— Je prendrai du porridge aux crevettes, bébé.

Il hoche la tête, rayonnant. Argh, mignon comme tout.

— On n'a pas ça. Il n'y a que du pain, ça ira ?

— D'accord, je veux du pain complet.

— On n'en a plus. Mange ça.

Il est si difficile. Heureusement pour lui que j'ai cessé de le traiter de manière agressive comme avant. Je suppose que le karma est réel parce que l'esclave est maintenant Dim Dissatat.

— D'accord, bébé. J'enregistrerai une vidéo que je mettrai sur Youtube après le petit-déjeuner. Plus important encore, nous allons faire un pique-nique aujourd'hui. Ouais…

— Hein ?

Je suis tellement choqué que je laisse tomber un morceau de pain par terre.

— Tu te moques de moi ?

Pourquoi ne me l'a-t-il pas dit avant ? J'avais prévu de rester à la maison aujourd'hui. Green est maintenant occupé à préparer quelque chose dans la cuisine. Je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à pique-niquer dehors.

— Je ne plaisante pas. Regarde dehors, chéri. Il fait beau. Notre pique-nique va être romantique.

— Tu as regardé la météo ?

— Crois-moi, il va faire beau.

— Tu es l'être le moins fiable qui soit.

— Tu viens avec moi ou pas ?

— Comme si je pouvais dire non.

Pour être honnête, je ne peux jamais lui dire non. Je suis prêt à faire tout ce qu'il veut si ce n'est pas trop. Et il est énergique ces jours-ci, toujours prêt à faire quelque chose. Quelle vie super productive ! Cependant, il fait tout, mais rien d'utile.

Green met une éternité à se doucher. Je m'endors presque en attendant qu'il choisisse ses vêtements, qu'il se fasse une beauté et qu'il s'asperge de ce parfum bizarre.

— Tu as fait tout ça pour moi. Je suis ému.

Il essuie une larme invisible en voyant l'assiette pleine de pain et de confiture.

— Oui, j'ai fait tout ça pour toi.

— Tu dois m'aimer beaucoup.

— Non, ça va expirer demain. Il faut que tu prennes tout.

— Quoi... ?

Hé ! Si tu me donnes un coup de pied, je vais te frapper en plein visage.

Je m'y suis habitué. Nous nous chamaillons tous les matins. Les jours où nous avons cours, nous n'attendons pas pour nous dire bonjour. Green part généralement avec ses meilleurs amis, tandis que je pars un peu plus tard. Nous avons tous les deux le temps de vivre notre propre vie, et le temps de passer ensemble les week-ends pour ne pas nous éloigner l'un de l'autre.

Mais nous sommes collés l'un à l'autre depuis un moment car il a des activités jusqu'au début du mois prochain.

— P'Dim, laisse-moi d'abord installer la caméra.

— Euh, tu devrais faire la vaisselle avant.

— Donne-moi une seconde.

Après avoir englouti le pain jusqu'à la dernière bouchée, il s'est précipité pour installer la caméra. Avez-vous déjà vu une ménagère japonaise se lever le matin pour moudre des grains de café et continuer à vivre lentement ? Green veut être comme elle.

Quel est mon travail ? Oh, je nettoie après lui, je m'occupe de tout ce qu'il a laissé sur le comptoir. C'est vraiment la vie du président du club des Music Lover ? Quelle plaaaaaie.

Nous préparons un peu de choses pour notre pique-nique. Juste quelques fruits - d'autres emballeraient des oranges ou des pommes, mais ce voyou emballe des fruits du dragon et des longanes. Il n'est pas seulement créatif pour les fruits, mais aussi pour le panier - il est recouvert d'un tissu coloré comme une maison des esprits. Nos collations sont des bonbons du club, et les boîtes à lunch sont plutôt bonnes - du riz en bouillie fraîchement préparé avec des protéines provenant d'arêtes de poisson.

Nous avons tout mis dans le panier. Je plie le tapis jaune moutarde que nous avons acheté en solde et j'emporte ma guitare préférée parce que Green insiste.

Ce n'est pas facile d'être un Youtuber. Green ne fait rien, sauf l'enregistrement. C'est moi qui monte les vidéos et ajoute la musique de fond. Il m'a dit que je devais écrire une nouvelle chanson pour éviter les problèmes de droits d'auteur. Honnêtement, j'ai du mal à composer une bonne chanson, mais je suis le meilleur pour écrire un mantra pour chasser l'esprit de Green.

— Tu as fini ?

Je lui demande de vérifier si tout est prêt.

— Oui. Oh, attends une seconde...

Son téléphone sonne. Je ne sais pas qui appelle, mais les yeux de ma foutue femme brillent.

— Tine...

Et voilà. Peu de gens peuvent le rendre aussi heureux par un simple appel.

Je ne peux que le regarder. On partira quand il aura fini. Je vais attendre ici avec un tapis sous le bras.

— Tu veux faire du shopping avec moi ? Waaaah, mais P'Dim et moi allons faire un pique-nique aujourd'hui. Tu veux te joindre à nous ?

J'ai failli tout jeter. Comment peut-il inviter quelqu'un d'autre ? Je vais le gifler.

Il semble percevoir mes sentiments et lève les yeux pour me demander mon avis. Sa voix s'adoucit lorsqu'il voit que je lui jette un regard noir.

— Tu ne veux pas nous déranger ? D'accord, on y va ensemble la prochaine fois.

Il raccroche enfin. C'est très bien. Tant mieux pour Tine, il n'est pas obligé d'éplucher les longanes avec nous, sinon Sarawat viendrait me fouetter à coup sûr.

— On y va maintenant ?

— Oui, oui.

Je vais m'arrêter là s'il continue à me faire perdre du temps.



Nous pique-niquons dans un beau jardin du centre-ville. La chaleur n'est pas une plaisanterie, 34°C. Nous transpirons sous un arbre. J'en suis à ma deuxième canette de cola, mais j'ai toujours aussi chaud.

— Chante-moi une chanson, bébé, dit joyeusement Green après que nous ayons mangé un peu de poisson.

— Quelle chanson ?

— N'importe laquelle.

— D'accord, je crois que cette chanson t'appartient.

J'attrape la guitare à côté de moi et je pose mes doigts sur les cordes, l'air professionnel et super cool.

— Je suis excité.

Green se déplace sur le tapis avec excitation et applaudit, attendant que je chante.

— Je vais chanter avec mon cœur.

— …

— Meurs, meurs déjà...

— Urrrrrrrgh, P'Dim, tu me maudis encore.

— Je ne te maudis pas, je pensais chaque mot.

— Ce n'est pas du tout romantique. Je veux vivre un moment comme celui où Sarawat a chanté une chanson pour Tine, dit-il en se pinçant les lèvres de jalousie.

— Très bien, alors... Quelqu'un qui nous fait rêver, quelqu'un qui nous rend heureux.(1)

— Kyaaaaaa, t'es le meilleur.

Plop

Je sens une fraîcheur soudaine sur ma tête et je lève les yeux vers l'arbre. J'ai peur que ce soit une crotte d'oiseau, mais c'est pire et encore plus inattendu.

— Bébé, il pleut.

Putain de merde, quoi ?! Je me demandais pourquoi j'avais l'impression d'étouffer aujourd'hui. Alors il allait pleuvoir, hein ? Hahahahahahaha, j'emmerde ma vie. Arrrgh !

J'ai dit à Green de vérifier la météo, mais ce connard m'a dit de lui faire confiance. L'enfer sur terre s'est déguisé sous la forme de Green, et il... se trouve être mon amant.

— Prends nos affaires, P'Dim.

— Lève-toi pour que je puisse plier le tapis.

Pas de temps à perdre. Ma main droite prend la guitare pendant que ma main gauche roule le tapis très vite. Green utilise la force de ses mains pour ramasser l'appareil photo, les fruits du dragon, les longanes et les snacks et les mettre dans le panier. Nous sommes tous les deux trempés. Nous n'avons pas le temps de nous adonner à la douceur, nous courons vers la voiture pour sauver notre vie.

SLAM !

Nous claquons les portes de la voiture. Je suis sur le siège du conducteur et ma putain de femme est en train de serrer le panier à côté de moi, avec un air affreux. Même nos sous-vêtements sont mouillés.

— Comment ça se passe ? Du soleil et des marguerites, hein ?

Voici notre samedi radieux. Radieux, mon cul !

— La météo s'est trompée. Je vais signaler leur erreur.

— Oublie ça, Green. Maintenant, je veux te chanter une chanson. Tu veux l'entendre ?

— Bien sûr, je veux l'entendre. Une chanson sous la pluie, c'est pas mal non plus.

— Écoute attentivement.

— Pourquoi on a quitté la pièce si vite, putain...

— P'Dim, j'ai mal agi, je suis tellement dééééééésolé.

— Je ne te pardonne pas !



C'EST TOUT pour Sunshine & Daisy.



[SarawaTine : Samedi avec toi ]

Sarawatlism

Les exan de mi-frimestre sont à peune termibés, mais suand triuverai-je quelsy'un qui feta palmiter mon cœir ?



En général, il ne sait pas taper correctement, mais là, il essaie la phrase de drague, et la légende est mon idée. J'en ai tellement marre de lui.

Le samedi est fait pour se détendre. J'avais prévu de faire la grasse matinée jusqu'à l'après-midi, mais mon corps n'a pas voulu m'écouter. Je me suis réveillé à 7 heures du matin et je n'ai pas pu me rendormir, même en essayant de trouver une position confortable.

Sarawat n'est plus aussi froid qu'avant. Il est devenu plus amical maintenant, disant qu'il veut être joyeux comme moi. Bon, le niveau de Tine, le chic type, est bien au-dessus de lui, alors je lui ai dit de ne pas se prendre la tête. Il n'y a pas besoin de se changer tant qu'il peut fréquenter les autres et être aimé.

Il a beaucoup changé, entre autres choses : il ne fait plus la tronche. Il sourit davantage, salue les autres en premier et semble accessible. Je pensais qu'il était possédé, mais maintenant je sais qu'il souhaite vraiment changer. Je lui apporte tout mon soutien et il est devenu encore plus populaire grâce à cela.

Mais il y a une chose qui ne change pas : c'est qu'il peut être très pénible.



FengFei1999 Les exams de mi-trimestre viennent de se terminer, mais quand pourrai-je voir Sarawat ? >///<

Beebehoney Maman m'a demandé hier quand tu allais me demander en mariage. J'ai des rides à force d'attendre, tu sais.

KittiTee est-ce que je dois traduire à nouveau ? Tape correctement pour une fois, je t'en supplie

Man_maman Tu ferais mieux de me créditer. J'ai fait un bakasana(2) pour prendre cette photo

prapats03rn #TeamSarawatsWives

uu.thgjf La personne plus mignonne que Sarawat est le Sarawat de demain

I.ohmm Tine Teepakorn

JittiRain le pouvoir des avengers réunis n'est pas aussi fort que la beauté de Sarawat

GOMBEN Sarawat n'est pas qu'un nom, Sarawat est un mari

Boss-pol Vogue boy

Thetheme11 Whoa ! C'est le bâtiment des sciences politiques ou la semaine de la mode de Hang Dong ?

I.amFong Si beau, je peux te draguer ?



Woooooow, regardez chaque commentaire. Ce ne sont que des exemples, il y en a des milliers d'autres.

Je suis vraiment surpris, vous savez. Il a téléchargé une photo de lui avec son visage impassible et des poubelles en arrière-plan dans le bâtiment des sciences politiques, mais les gens sont toujours amoureux de lui. Regardez-moi, je prépare l'arrière-plan et j'ajuste parfois la lumière pendant environ une heure pour obtenir une bonne photo, mais personne ne se pâme autant devant moi. Tout ce que je reçois, ce sont des commentaires demandant Sarawat.

C'est tellement bouleversant, mais je ne peux que le garder à l'intérieur. Grrrrrrrrr.

— Tine, va prendre une douche, dit-il depuis la porte de la salle de bains.

Je me tourne vers lui et je vois l'ange rêveur que tout le monde adore, debout, le visage impassible. On dirait qu'il a fini de se doucher.

— Plus tard. Il n'y a pas d'urgence un samedi.

Je continue de rouler sur le lit.

— Tu n'as pas faim ?

— Tu ne me prépares pas le petit-déjeuner ?

Je dis ça gentiment pour qu'il ait pitié, mais la réponse est totalement inattendue.

— Fais-le toi-même, putain.

Bon sang, il était si près de me nourrir quand nous avons commencé à sortir ensemble. Maintenant, c'est exactement le contraire.

— D'accord, connard.

— Je vais commander. Qu'est-ce que tu veux ?

Il s'arrête à l'armoire et enfile un T-shirt blanc et un short usé, même si un autre short et un autre pantalon peuvent lui donner un air plus décent.

— Kaosoy Nimman.

— Ce n'est pas ouvert, choisis autre chose.

Je suis furieux. Même Kaosoy Nimman n'est pas ouvert pour moi. Voilà ce qui arrive à l'indésirable

— Un bon riz frit fera l'affaire. C'est de ta faute si le goût est mauvais.

— C'est absurde.

— En échange, je te préparerai un dîner super spécial.

— Je te laisse une chance de revenir sur ta décision. Je n'ai jamais rien goûté de bon dans ta cuisine depuis que nous sortons ensemble.

Si je n'avais pas de crampes dans les jambes, je me lèverais pour lui donner un coup de pied. Il dit que je suis pénible alors que c'est lui qui se moque toujours de moi.

— Je suppose que tu veux davantage manger mon pied que de la nourriture, hein ?

— Quelle cruauté.

Il n'a pas l'air intimidé du tout, alors je lui fais un doigt d'honneur. Sarawat rit et quitte la chambre avec son téléphone. Il est satisfait, maintenant qu'il a réussi à m'énerver.

Pendant les jours de congé qui nous permettent d'échapper aux cours et aux activités fatigantes de l'université, beaucoup prévoient des excursions ou des activités à faire. Mais Sarawat et moi ? Rester tranquillement dans notre chambre est suffisant. Mais je ne devrais pas perdre mon temps. Il y a quelque chose de plus utile à faire.

C'est-à-dire... fouiner sur l'Instagram de mon petit ami.



Sarawatlism @Man_maman Credut : Man-Oh-hun

Sarawatlism @Boss-pol Vogue m'a cpntacté. Jvais etrz celebrz

Sarawatlism @I.amFong Dragye-moi, mon cheti edt mort

Sarawatlism @l.ohmm Tine Teepakom. Ça a l'aur famikier. J'ai fu lr rencontrer ay bar



Ton nom me dit quelque chose aussi. J'ai dû te rencontrer en enfer !

En lisant tous les commentaires de Sawarat, j'ai envie de le frapper à mort. Ses interminables fautes de frappe sont une chose, mais ses commentaires exaspérants me font grincer des dents encore et encore.

Depuis qu'il est devenu amical récemment, il y a eu des jours où il a répondu à des commentaires sur Instagram. Non seulement à ses amis, mais aussi à d'autres. Il est attentif à tout le monde et aime tout le monde de la même manière. Le seul qui ne reçoit pas son amour, c'est moi.

Peiné par cette pensée, je sors du lit et me dirige vers la salle de bain avec lenteur.

Une fois à l'intérieur, je me retrouve face à deux brosses à dents dans un gobelet que nous avons acheté ensemble, deux petites serviettes et deux mousses nettoyantes. C'est un peu bizarre - mon cœur palpite toujours autant qu'avant, ce n'est pas différent aujourd'hui. Putain, c'est génial qu'on vive ensemble.

Si seulement...

DING !

Mon téléphone, que j'ai pris dans la salle de bain pour écouter quelques chansons pendant la douche, a reçu une notification il y a quelques secondes. Je baisse les yeux vers l'écran, ayant désespérément envie de voir ce qui se passe parce que c'est un message de Fong, mon pote fouineur.

Ta-da !! Je suis sous le choc, ma poitrine se serre, mes paupières papillonnent de manière incontrôlée et ma patience inexistante s'envole. J'appelle immédiatement mon cher ami et il décroche en un rien de temps.

— Je suis Fong. Je suis Fong. Je suis ici avec Puck et Ohm.(3)

Espèce de meeeeerde ! Ce n'est pas le moment de plaisanter. Et il chante une putain de chanson que j'ai du mal à me sortir de la tête. Je danse presque en l'écoutant.

— Ça suffit avec ça. Venons-en au fait. Comment se fait-il que sa photo ait soudainement été postée sur la page des Cute Boys ? Ils ne savent pas que Sarawat déteste que sa photo soit affichée sur des pages publiques ?

— Ils le savent. Ohm a demandé à l'administrateur, et apparemment, ils ont obtenu la permission de ton petit ami.

— Hein ? C'est de Sarawat qu'on parle.

La photo que Fong m'a envoyée est celle de Sarawat assis sur la ligne de touche. Ils ont probablement joué au football à fond, c'est pourquoi il était tout en sueur et qu'il a enlevé sa chemise pour la mettre sur son épaule. Tout aurait été parfait si la photo n'avait pas été publiée sur la page Cute Boys, qui compte plus de cent mille abonnés. Le nombre de commentaires et de partages monte en flèche.

— Il n'est plus aussi froid qu'avant. Allez... Laisse-le mesurer sa popularité. Ne sois pas trop jaloux, d'accord ?

— Écoute-moi, espèce de merde.

— Je suis tout ouïe.

— Je ne suis pas jaloux.

Mais je serre les dents si fort que j'ai mal à la mâchoire.

— Mais ne me l'envoie pas la prochaine fois, parce que ce n'est pas grand-chose pour moi.

— Tu es fatigué ?

— De quoi ?

— De te mentir à toi-même.

— C'est absurde.

— Admets que tu es jaloux. Sale menteur. Quel chic... ken.

— Si tu étais avec moi en ce moment, tu serais déjà mort.

Je l'entends rire. Cet enfoiré raccroche quelques instants plus tard, me laissant dans l'embarras avec la bombe qu'il m'a lancée.

Alors même que je me douche, mon cerveau me commande d'attraper mon téléphone pour aller sur ce post et lire l'énorme flot de commentaires à plusieurs reprises. Si le propriétaire de cette voix grave ne m'avait pas appelé, je serais certainement resté collé à mon téléphone jusqu'à la fin de la journée.

— Ducon, tu as quelque chose à me dire ?

Je me tiens devant la porte de la salle de bain, les yeux fixés sur le beau visage qui semble maintenant totalement confus.

— Te dire quoi ?

— Je vais te donner une dernière chance de le dire. Je te promets que je ne serai pas fâché.

Je suis prêt. Je vais me déchaîner sur lui si je n'aime pas ce qu'il a à dire. Il doit mourir pour m'avoir rendu jaloux. Attendez une seconde ! Est-ce que je viens de dire que je suis jaloux ?

Mes pensées sont de plus en plus embrouillées, alors je me secoue et je lève le regard pour le regarder dans les yeux, sans reculer.

— Je suis désolé, Tine, dit-il d'une voix basse et culpabilisante. Le caleçon était usé. Je l'ai jeté sans te le dire avant.

— Hahaha, bien joué.

Putain de meeeeeerde !

— Il ne s'agit pas de ça !

Pour être honnête, je viens d'apprendre que mon boxer préféré a été jeté par cet abruti impassible. Dois-je aller le chercher dans une poubelle ? Il était trop lâche, mais je pouvais l'attacher avec un élastique et le porter sans problème.

— De quoi tu parles, alors ?

Il se gratte la tête avec sa grosse main. Je n'arrive pas à savoir s'il n'en a vraiment aucune idée ou s'il essaie de m'embêter.

— Je vais te laisser réfléchir encore une fois.

— Oh, j'ai aussi jeté ta serviette moisie. Pardon.

Laissez-moi me défouler, s'il vous plaît. Juste un peu, ne m'en veuillez pas. FILS DE PUTE !

Nous ne parlons pas de la même chose et cela me donne envie de prendre deux comprimés de paracétamol. Je crois qu'il faut que je lui dise franchement ce que je pense. Si je le laisse continuer à faire des suppositions, j'ai peur de découvrir que toutes mes affaires ont été jetées par ce connard.

— Est-ce que tu as autorisé la page de Cute Boys à publier ta photo ?

— Oui, répond-il, sans même broncher, le visage inexpressif.

Il n'a même pas l'ombre d'une crainte que je sois fâché ou contrarié.

— P... Pourquoi ? Normalement, tu préfères garder les gens à l'écart de ta vie privée.

— Oui, mais plus maintenant. J'aime tout le monde maintenant.

— Tu as déjà tellement aimé tout le monde sur Insta que je suis confus, Sarawat.

La différence, c'est qu'il n'y a pas de photos torse nu sur Insta. Ce sont généralement des paysages, de la nourriture, et son visage de temps en temps à la demande de ses amis. La photo de lui torse nu sur la page Cute Boys, c'est trop. Aaaaaargh.

— On a réglé ça maintenant. Mangeons.

— D'accord.

Je ne peux pas m'empêcher de ressentir quelque chose même si nous avons résolu le problème, alors j'ai l'air vraiment irrité pendant que nous mangeons. Je vérifie le post toutes les deux minutes. Le nombre de commentaires et de partages augmente au fur et à mesure que le temps passe.

— Mange ta nourriture, Nuisance.

— Je mange.

— Tu manges en jouant sur ton téléphone ? Maman te gronderait si elle le voyait.

— Elle ne peut pas le voir.

Je m'empiffre d'une main et je fais défiler les commentaires d'une autre.

— Merde, celle-là est jolie. Pourquoi se pâme-t-elle devant toi ? Ça ne devrait pas être moi ?

— Tu dis n'importe quoi.

Il me pousse la tête de sa main rugueuse. Mes cheveux sont plus désordonnés maintenant.

— Et celle-ci, “Sarawat m'a souri une fois quand il est passé. J'ai fondu sur place”, dis-je en prenant une voix aiguë pour correspondre à sa jolie photo de profil. “Sa beauté me fait fondre, je n'en peux plus.”

— C'est la vérité.

Toujours aussi imperturbable, hein ? Toujours aussi innocent.

— “Je me porte volontaire pour laver le t-shirt sur son épaule.” Wow, ça sent mauvais. Tu ne pourras pas l'imaginer à moins de le sentir toi-même.

J'exprime ma frustration sur les dernières phrases. Nous utilisons un service de blanchisserie, mais pour les t-shirts que nous portons souvent, comme les maillots de football, je les lave volontiers pour lui, car ils sont utilisés tous les jours.

L'odeur est incomparable. Je dois respirer par la bouche chaque fois que je les sors du panier.

— Tu essaies de souligner mes défauts pour que les gens m'aiment moins ?

— Pourquoi je ferais ça alors qu'un chic type comme moi est bien plus sexy que toi ? Regarde mon visage.

— On dirait de la merde.

— Je te donne encore une chance.

— Tu es mignon.

— Tu es sauvé maintenant.

— Petit buffle.

Sarawat se lève soudain et m'embrasse sur le front.

— Ew, ta salive est sur mon front.

Il semble heureux de m'entendre me plaindre, puis il sourit, ramasse son assiette et la lave dans l'évier d'un air provocateur. Il n'y a pas mieux que lui pour jouer les abrutis.

Le problème qui brûle en moi n'est toujours pas résolu. Je continue à consulter la page Cute Boys jusqu'à ce que j'aie l'impression de perdre la tête. J'ai besoin de me débarrasser de ces sentiments en sortant prendre l'air.

Il est hors de question de sortir avec Sarawat. Cela me démange de vérifier le post qui est partagé sans arrêt chaque fois que je vois son visage. Ce foutu Star Gang a posté “Ne pas déranger” sur notre chat de groupe. Je pense soudain à ce joyeux compagnon qui n'arrête pas de parler, Green.

Green et moi traînons ensemble assez souvent, et il est toujours ravi de passer du temps avec moi. Pas de temps à perdre, je l'appelle tout de suite, mais sa réponse est...

“Tu veux faire du shopping avec moi ? Waaaah, mais P'Dim et moi, on va faire un pique-nique aujourd'hui. Tu veux te joindre à nous ?”

Argh, je refuse tout de suite. P'Dim me botterait le cul si j'étais la cinquième roue du carrosse.

Ohm, Puek, Fong et Green ne sont pas libres. Mes amis proches de la même faculté semblent également être occupés pendant le week-end - qu'il s'agisse de craindre que son œuf au plat ne soit pas cuit correctement au bistro de la faculté ou de régler ses comptes avec sa petite amie parce qu'il s'est saoulé vendredi soir dernier. Bon sang ! Si c'est aussi pénible, je vais rester à la maison.

Je joue à nouveau sur mon téléphone, en me disant de ne pas aller sur Facebook et de jouer à un jeu à la place. Je vais tirer sur des zombies.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Le canapé bouge quand Sarawat s'y effondre et me demande doucement.

— Tu ne vois pas que je joue à un jeu ?

— Tu as appelé qui tout à l'heure ?

Il a remarqué ? Je l'ai vu travailler sur un document à son bureau.

— Mes amis. Je me sens seul, tu sais. Je veux sortir.

— Je suis libre. Tu veux aller où ?

— Je ne veux pas sortir avec toi.

Je l'ai dit.

— Tu es fâché ou quoi ?

— Qui est fâché ?

Il m'attrape les deux mains d'un coup, interrompant le jeu. Je lui lance un regard noir, mais il me lance un regard suffisant comme pour me provoquer.

— Parlons-en. Je ne saurai pas pourquoi si tu ne me le dis pas. Tu es en colère parce que j'ai jeté ta serviette et ton caleçon en lambeaux ?

— Noooooooooon !

Il continue de se préoccuper de mes affaires préférées.

— Alors qu'est-ce que c'est ?

— Tu le sais.

— Je ne le sais pas.

— A propos de la photo sur cette page.

— Je ne suis pas assez beau ? Je dirai à l'administrateur d'en télécharger une nouvelle.

— Non ! Je me fiche de savoir qui veut mettre ta photo, parce que moi, je ne veux pas. Je suis jaloux. Tu es content maintenant ?

Je suis haletant, tellement en colère que mes lèvres se contractent. Je n'ai pas pensé aux conséquences avant de tout déballer. J'ai perdu le contrôle. Mon cerveau m'a ordonné de le dire, sinon mon cœur aurait éclaté.

— C'est mignon quand le petit buffle est jaloux.

— Tu veux que je te donne un coup de poing.

Plus je vois son visage, plus j'enrage.

— Télécharger des photos sur Insta est suffisant. N'en fais pas trop quand tu réponds aux commentaires. Je suis content que tu aies changé pour devenir une meilleure personne, mais il n'est pas nécessaire d'abandonner ce que tu étais avant. Tu es content de voir ton visage affiché sur la page ?

J'ai pensé à tout cela toute la matinée.

— Eh bien, tu es heureux ? me demande Sarawat si soudainement que je ne peux rien faire d'autre que de cligner des yeux. Ça te plaît, Tine ?

— … Non.

— C'est pareil. C'est exactement ce que j'ai ressenti quand la page a publié tes photos. “Le cheerleader de l'université est trop mignon”, “Chic Tine est Mignon Tine”, “Je peux te draguer ?” Je voulais absolument répondre à tous ces commentaires, mais je n'ai pas de compte Facebook. Les gars ont fait des captures d'écran et m'ont envoyé tout ça.

— …

— Tu comprends maintenant, ce que c'est que de vouloir que quelqu'un soit seulement à soi ?

Je pensais avoir beaucoup parlé, mais Sarawat m'a rendu la monnaie de ma pièce deux fois.

— Je ne le savais pas.

Je suis tout penaud à présent.

— Je ne les laisserai plus afficher mes photos. Tu dois faire la même chose.

— Hum, je vais leur dire rapidement.

— Bien.

Je me déteste pour ne pas avoir réussi à étouffer un sourire. Ma rancœur s'est envolée.

Nous sortons ensemble depuis longtemps. Je n'aurais jamais pensé être aussi mesquin. Le problème de tout à l'heure semblait sans importance au départ. Qui aurait pu penser que cela affecterait nos sentiments à ce point ?

— Maintenant que tu es heureux, qu'est-ce que tu veux faire ?

— Manger.

— Tu viens de le faire.

— Je ne suis pas rassasié. J'étais occupé à penser à toi.

— D'accord, je vais préparer quelque chose.

— Je veux une omelette sur du riz.

— Deux œufs ? demande-t-il.

Il sait ce que j'aime.

— Je vais t'aider.

— Reste ici. J'ai peur que la cuisine explose.

— Tu veux te battre ?

Sarawat se lève et va à la cuisine pendant que je le regarde d'ici. J'esquisse lentement un sourire, je me sens heureux. J'adore les week-ends, putain. Non, j'adore les week-ends avec Sarawat.

DING !

C'est reparti, la notification. Je tourne mon attention vers l'écran. Un chic type comme moi a activé toutes les notifications concernant ce mec au visage impassible, donc je reçois toutes les notifications le concernant.

En voyant la photo sous mes yeux, je ne peux pas me résoudre à lui en vouloir. Il a posté une photo de moi en train de manger à table, le visage boudeur, avec une légende qui restera à jamais pleine de fautes de frappe.



Sarawatlism quelqy'un fzit la têtr



Quelques secondes plus tard, ses amis cliquent sur J'aime et laissent plusieurs commentaires. Ils m'aiment tous. C'est pour ça qu'ils me complimentent, euh...



I.amPuek Je ne pense pas qu'il boude. Il est juste bizarre.

I.amFong Je le savais. Il a dit qu'il n'était pas jaloux. Menteur ! Poule mouillée !



Je sais maintenant que la première personne dont je dois me venger, c'est Fong. Il attise les flammes.



Chaemfriendzone Tine est cuuuuute

KittiTee Vous faites le défi d'une bouderie par heure ?

I.ohmm Conneries

Bigger330 Disons juste qu'il est mignon. Je le plains.

Thetheme11 Mon ami a transformé le bâtiment des sciences politiques en un défilé de mode et maintenant Tine a transformé une pièce en un champ de perdants.

FengFei1999 L'examen de mi-semestre vient de se terminer, mais si Sarawat n'est pas là, je choisirai Tine.

Momomoko #TeamChic(ken)sWives

Original__mee Le Tine le plus en pétard est le Tine de demain

GOMBEN Teepakorn n'est pas un nom mais la femme de Sarawat

Boss-pol Si Sarawat est un vogue boy, Tine est... un voyou

Sarawatlism arrdtez d'attaquer Tinr



Le dernier commentaire est celui du légendaire auteur de fautes de frappe. Je lève la tête et jette un coup d'œil au grand gaillard qui se tient au loin. Il me fait un putain de beau sourire avant de taper quelque chose.

Je n'en peux plus d'attendre.

Cinq minutes plus tard, je reçois pleinement son amour.



Sarawatlism si tinr pleure, je serzi trop heureux



Putain de Ducooooon !

Tu m'aimes ou tu veux juste te moquer de moi ? Quel emmerdeur !



[ManType : Coup de pied de bonjour ]

La vie de Man-Oh-Ho se concentre actuellement sur le fait d'être un homme utile.

Je dois profiter au maximum de chaque seconde de la journée. Le samedi est parfait pour cela. Je vais me lever à cinq heures, préparer le petit-déjeuner pour nourrir ma femme, puis je vais ranger la chambre, en déplaçant un peu les choses. Je vais remettre la chambre à neuf, comme j'en ai toujours eu l'intention.

Après cela, mon temps libre ne peut pas être gaspillé. Je vais suivre des cours en ligne, faire des dessins, jouer de la guitare, jouer au sepak takraw avec un cerceau dans ma chambre, arroser les plantes, faire la vaisselle et la lessive, et siroter mon thé sur le balcon sous un soleil de plus de 30 degrés. Rien que d'y penser, j'exulte.

Mais tout cela n'arrivera jamais si...

— Man, lève-toi !!

— Pas maintenaaaaaaant.

C'est un petit ami très ordonné, avec des centaines de qualités et des milliers de défauts. P'Type me tape sur les fesses avec son pied. Je dois adapter mes yeux à la lumière du soleil pendant un moment avant de pouvoir me lever pour faire face à la réalité.

La première chose que je vois, c'est mon maître vêtu d'une chemise blanche et d'un caleçon vert mousse. Il tient un plumeau dans une main, et l'autre main est posée sur sa taille, me poussant à sortir du lit.

Il me regarde comme un démon. Comment ai-je pu penser que c'était mignon quand je le draguais ? Je suis vraiment dégoûté. Donnez-moi un inhalateur pour respirer, s'il vous plaît.

— A quelle heure tu as dit que tu te réveillerais hier soir ?

— A cinq heures. Je suppose que je ne suis pas si en retard ?

— Il est presque neuf heures. Si tu ne te lèves pas maintenant, tu vas mourir de faim.

Il est foutrement cruel. Où est passée son attitude raffinée et cultivée du bon vieux temps ? C'est comme si Thanos avait claqué des doigts et que l'ancien P'Type avait disparu. Il faut que je demande à son frère, Tine, où est passé le vrai P'Type.

Nous avons traversé des tonnes d'obstacles pour en arriver là. Nous ne sommes pas comme les autres couples qui passent toutes les nuits ensemble ou qui ont souvent des moments de douceur. Comme nous vivons loin l'un de l'autre - j'étudie à Chiang Mai et mon précieux petit ami travaille à Bangkok - nous ne nous voyons que quelques jours par mois. Je vais pleurer.

Nous nous rendons visite à tour de rôle lorsque nous sommes libres. Je suis libre ce week-end, et donc P'Type est venu ici pour passer chaque seconde avec moi au maximum, comme si la fin du monde était pour demain.

— Tu es toujours cruel avec moi. Laisse-moi embrasser ta joue.

Les joues flasques sont ce qu'il y a de mieux.

— Arrête de perdre ton temps, Man. Lève-toi et prends une douche. On redécore la chambre aujourd'hui.

Nous avons prévu de rénover toute la chambre, mais le plan n'est pas encore prêt, alors nous allons d'abord ranger les choses et nous occuper de ces caleçons usagés et roulés.

— Oui, bien sûr.

Je réponds, me lève et m'étire un instant. P'Type est en mode homme au foyer (brutal) aujourd'hui, se préparant à la grande tâche. C'est un maniaque de la propreté, très méthodique, qui déteste tout ce qui n'est pas rangé. Toutes ses caractéristiques sont...

En contraste avec moi. Hehe...

— Est-ce qu'il y a quelqu'un d'assez gentil pour me préparer un petit-déjeuner ?

Je me débarrasse de toutes les pensées parasites, je m'inquiète de mon estomac qui gargouille.

— J'ai préparé quelque chose.

— Ooh, quelle vie merveilleuse. Qu'est-ce que mon bébé a fait pour moi ?

— Mon pied !

— Whoa, tu ne te retiens jamais, hein ? Tu ne m'aimes plus ?

Voyant son visage extrêmement fatigué, j'arrête de plaisanter et je me dépêche de prendre une douche, m'occupant de mes affaires personnelles à toute vitesse. Lorsque je sors de la salle de bain, P'Type a déjà mis la table.

Ha ! Vous êtes jaloux, pas vrai ? Parce qu'il a fait de son mieux pour cuisiner pour moi ? Non, il l'a commandé, sûr à un million de pour cent. Les boîtes de nourriture dans la poubelle en sont la preuve.

Je suis un gars simple. Une fois que j'ai fini de me goinfrer, je me précipite pour aider le plus petit à ranger les meubles. Nous avons eu besoin de nous adapter l'un à l'autre plus que d'autres couples, car nos personnalités sont complètement différentes. J'étais à deux doigts d'avaler toutes les pilules anti-stress pour trouver un terrain d'entente. Certains problèmes, cependant, ne peuvent jamais être résolus, peu importe le nombre de fois que nous essayons.

— Est-ce qu'on devrait déplacer le canapé vers la gauche ? demandé-je à la personne en face de moi, tout en observant son expression et les mouvements de son corps.

— Ça me paraît bien, mais…

Je te déteste, putain. Puis-je acheter ton “mais” et le jeter ? Le prix n'a aucune importance.

— Mais quoi ?

— La lumière du soleil nous atteindra directement. Il va faire chaud à midi. Il devrait être au milieu de la pièce.

— Comme tu veux.

Après avoir obtenu son accord, c'est maintenant à moi de tout déplacer - le canapé, l'armoire, la table - et mon bébé me demande même de déplacer le lit. Heureusement qu'il me donne un coup de main...

En rangeant la couverture. Moi, par contre, je dois ranger toutes les autres choses !

— Où est-ce qu'on met cette table ?

Je suis en sueur, mais je ne peux pas m'arrêter à cause de cet esclavage sans fin.

— Tu ne peux pas décider toi-même ?

— Eh bien, je ne sais vraiment pas. Je ne sais rien de la table, tout ce que je sais c'est que mon coeur est le tien.

Kya… Je meurs d'envie de voir son visage rougissant et ses joues rouges. Qui aurait cru qu'il me jetterait la nappe au visage en guise de réponse ?

— Admets que tu rougis. Arrête de faire comme si tu étais en colère pour le cacher.

— Comment j'ai pu sortir avec toi pendant des années ?

— Hehe.

— Hehe, mon cul !

— Tu es toujours si dur avec moi. Je suis triste.

— Range la chambre. Je vais commander à manger.

Il me lance un regard noir et fait comme si de rien n'était, comme d'habitude. Et moi, alors ? Pas la peine de demander, je suis sacrément occupé. Je ne sais pas quand je vais pouvoir me reposer. Je suis fatigué, je suis découragé, j'ai envie de m'allonger et de ne rien faire.

Après avoir grogné pendant une demi-heure, la nourriture est enfin arrivée. J'adore ce genre de moment où votre amoureux s'occupe de tout pour vous. Il met la nourriture dans l'assiette, verse de l'eau dans votre verre et prépare de délicieux en-cas pour que vous puissiez vous régaler.

— Tu es vraiment mignon.

Je m'assois à la petite table, regardant le maniaque de la propreté tout poser et s'asseoir en face de moi.

— Pourquoi ça ?

— Eh bien, tu as commandé beaucoup de nourriture pour moi. Où est la mienne, d'ailleurs ?

— Apporte-la toi-même.

— Hein ?! Tout ça n'est pas pour moi ?

Est-ce qu'il peut au moins finir ça ? Il est si petit.

— Tout est pour moi, pas pour toi.

— Tu es méchant.

Je fais semblant de bouder pour qu'il se sente mal, mais P'Type ne me regarde même pas. Je ne peux que serrer les dents et le maudire à voix basse tout en mettant la nourriture dans mon assiette avec irritation.

Je n'ai pu manger qu'à 15 heures, car j'étais occupé à ranger les meubles. Nous mangeons ensemble. Je regarde mon bébé prendre une cuillerée de ceci et de cela et je me sens rassasié. C'est tout ce dont j'ai besoin dans la vie.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Sa voix me réveille soudain de mon doux rêve.

— Je suis heureux de te regarder.

— C'est un faux bonheur. Je sais que tu me maudis dans ta tête.

Oups, comment diable a-t-il su ? Super génie.

— Qui maudirait quelqu'un d'aussi mignon ?

P'Type lève les yeux au ciel, comme s'il n'en revenait pas. Il continue de manger avant de pousser une assiette de nuggets vers moi.

— C'est horrible.

P'Type dit ça, et j'ai du mal à cacher mon sourire.

Il s'inquiète pour moi. Il ne le dit pas, mais il veut vraiment que je mange quelque chose de délicieux autant que moi. Comment ne pas l'aimer ?

— Merci.

— Mange, ou ce sera des restes.

Menteur ! Une fois les nuggets terminés, d'autres plats sont poussés vers moi. Il ne prend qu'un morceau des fruits et me donne le reste. Je me demandais comment il pouvait tout finir, mais maintenant la question me revient si vite comme un karma.

Cela pourrait le blesser si je ne peux pas tout finir, alors je dois tout engloutir. Urrrrgh !

— Man.

C'est comme si ma vie était en jeu. Je suis nerveux à l'idée de ce qu'il va dire. Je ne peux que prier pour qu'il ne me donne plus de nourriture. J'ai atteint ma limite.

— Man…

— Ouais ?

Je n'arrive pas à parler. Mon estomac est sur le point d'exploser.

— Les snacks.

— …

— Ne les mange pas si tu es rassasié. Pourquoi tu te forces ?

Merci à tous les dieux et déesses de lui faire remarquer ma souffrance.

— J'ai peur que tu te sentes blessé. Tu as tout commandé pour moi.

— Je vais faire sauter cet endroit si tu vomis.

D'autres pourraient penser que P'Type est un tyran ou un maniaque du contrôle, mais combien de personnes savent qu'il est en fait mignon et très attentionné ?

Nous sortons ensemble depuis un certain temps. Nous ne sommes d'accord que sur quelques points et nous avons du mal à nous entendre sur le reste. La raison pour laquelle nous pouvons encore être ensemble n'est pas l'amour ou l'attachement, mais c'est la façon dont nous voulons grandir et apprendre beaucoup de choses l'un avec l'autre.

Les Man et P'Type d'aujourd'hui sont différents de ceux d'hier, mais Man et P'Type seront toujours là l'un pour l'autre. Putain, je suis ému.

— Ton imagination est débordante ?

— Tu le vois ?

— Je peux voir à travers toi juste en regardant tes yeux.

— Devine à quoi je pense, alors.

— Tu me maudis.

— C'est faux. Recommence.

— Je n'en ai aucune idée.

Aw, il détourne les yeux et rougit. Il perd toujours face à moi. On dirait que c'est lui qui domine notre relation, mais c'est parce que je le laisse faire.

— Je dis “je t'aime” dans ma tête. Tu me crois ?

— Oui.

— Mais ce n'est pas le cas. Bwaaaaaaa !

Il me frappe en pleine tête avant que je puisse dire quoi que ce soit de plus.

Ça t'apprendra, Man. D'habitude, je fais attention à ne pas risquer de me faire frapper si je fais une blague. Mais cette fois, j'ai fait une erreur. Ma bouche a agi avant mon cerveau. J'ai de la chance que P'Type soit assis, je m'enfuis de la table juste à temps avant qu'il ne puisse se lever pour me frapper. Mais j'ai failli ne pas y arriver.

— Je vais te dire la vérité.

— Ferme-la, Man.

— Je pense juste…

Même s'il essaie de m'en empêcher, je veux le dire.

— …

— J'ai de la chance de t'avoir, et tu sais que c'est ce que j'ai toujours ressenti.



J'adore le temps que nous passons ensemble. Nous nous retrouvons plusieurs fois par mois, mais à chaque fois, c'est comme si tous les moments difficiles et l'épuisement étaient balayés d'un revers de main. Parfois, nous ne parlons même pas. Le simple fait de rester l'un à côté de l'autre me réconforte comme rien d'autre.

— Pourquoi tu m'as tiré dessus ?

— Parce que je suis agacé.

On s'est levés tôt, on a rangé la chambre, on a mangé, et maintenant on joue à un jeu sur le téléphone portable. Le jeu des zombies est de nouveau à la mode, et P'Type a l'air angoissé. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour l'énerver, mais il me tire dessus juste après ma résurrection. Je suis déjà mort une douzaine de fois.

— Mais on est dans la même équipe. Meeeerde.

— Je peux faire cavalier seul.

— Tu n'as pas peur des zombies ? Laisse-moi te protéger.

— Va te faire foutre.

BANG !

J'ai encore reçu une putain de balle dans la jambe. On ne peut pas faire ça à moins d'être totalement impitoyable.

Nous avons tous les deux des noms dans le jeu. Nous avons créé nos personnages pour qu'ils soient les potes badass qui sèment la mort sur tous les champs de bataille ! Je veux dire, qui m'apportent la mort.

Janvier et Septembre sont nos noms fictifs. Je suis né en janvier et P'Type en septembre. Nous nous appelons généralement 'Jan' et 'Sep' pendant le jeu.

— Recommençons. Promets-moi que tu ne me tireras pas dessus cette fois-ci.

Je dis cela en jetant un coup d'œil à son profil.

— D'accord.

— Fantastique.

BANG !!

Putain ! Il m'a explosé la tête une seconde après me l'avoir promis.

— Tu peux être gentil avec moi pour une fois ?

— C'est parce que tu es nul.

— Recommence, alors.

En attendant que P'Type explose tous les zombies et que le jeu redémarre, je réfléchis à un plan génial pour me venger. Une fois de retour dans le jeu, je ne perds pas une seconde...

BANG !

J'ai tiré sur lui. Haha, il est mort, mais maintenant la prochaine personne qui sera tuée est... moi.

— Noooooooon ! P'Type, non !

Tu es condamné, mec. Tu as fait une erreur et maintenant tu vas mourir. Je suis trop lent pour m'enfuir du canapé cette fois, alors le plus petit me tire par le col et me punit en me tordant les oreilles. C'est la scène de fin du Grand Man, à la fois dans le jeu et dans la vie réelle.



22 h 15

— Les étoiles sont belles ce soir.

— Les étoiles, mon cul. Le ciel est complètement noir.

— Tu peux être romantique une seconde ?

Nous sommes assis sur le balcon. On ne voit que des maisons et des immeubles. Il n'y a rien de beau à voir comme lorsque nous partons en voyage.

Mais nous aimons toujours nous asseoir ici le soir, boire de la bière à la canette, nous enivrer ensemble et parler de ce qui nous arrive chaque jour.

— Je pars demain soir.

Il ne me regarde pas. Ses yeux se fixent sur les lumières de l'immeuble en face de nous.

— J'ai vérifié l'heure. Cette fois, tu ne rateras certainement pas ton vol.

— Hum, répond-il en buvant sa bière.

— Je vais me sentir tellement seul quand tu seras parti.

— Toi ? Tu as ces voyous et mon frère. Tu n'auras pas le temps de te sentir seul.

— Même si nous sommes entourés de beaucoup de gens, si ton coeur est seul, tu te sens seul quand même.

Quelle émotion. C'est le moment où je vais toucher son cœur.

— Attends-moi. Attends que j'obtienne mon diplôme.

— …

— Et alors nous pourrons être ensemble.

— J'en ai marre de ta tête. Tu n'as pas besoin d'être diplômé. Redouble juste une année.

— Arrrrrgh.

Sois maudit, P'Type. Tu as gâché la romance. Espèce de bâtard cruel. Espèce de mignon. Espèce d'idiot !

En plus de se connaître si bien, l'autre chose que nous savons, c'est que nous n'aurons jamais de moments de douceur comme les autres couples. Bon sang…

Notes :
1/ took-wan (Every Day : "Chaque jour") par Scrubb
2/ Fong imite une chanson qui est devenue virale en Thaïlande pendant un certain temps.

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Johanne
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Johanne
Mar 27 Aoû 2024 - 14:00



Spécial 5
Morning
Tous ces moments, peu importe combien de temps cela a duré

Que nous avons traversés ensemble

Je me souviens encore, je n'oublierai jamais

Les bons et les mauvais moments nous ont conduits jusqu'ici



5

Morning



J'ai toujours pensé que les chansons de Scrubb pouvaient raconter nos histoires à chaque instant. Comme “Close”, c'est la première chanson qui a fait que Tine et moi avons commencé à nous apprécier. Ensuite, nous avons progressivement plongé dans nos sentiments jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de retour en arrière possible. “Deep” représente notre histoire à ce moment-là.

Je ne sais toujours pas quelle chanson définit notre situation actuelle, mais je pense que je trouverai la réponse un jour.

— J'ai entendu dire que l'anniversaire de Tine était ce vendredi.

— Tu as entendu ça où ?

— Fong me l'a dit.

La cantine de la fac de Sciences Politiques est pleine à craquer à midi. En fait, l'endroit où nous déjeunons n'a pas d'importance, car toutes les cantines sont bondées de toute façon. Tine et moi mangeons rarement ensemble en semaine parce que nous avons moins de cours de base et que nous nous concentrons davantage sur les cours de nos facultés. Nous n'avons guère le temps de nous voir, même si nos bâtiments sont situés à quelques pas l'un de l'autre.

Mais cela ne nous dérange pas. Nous pouvons passer du temps avec nos amis. Pas besoin d'être accrochés l'un à l'autre tout le temps. Pas besoin de se donner des nouvelles à chaque seconde. Tine et moi savons jusqu'où nous devons garder nos distances pour être heureux, ou à partir de quand cette distance nous rendra tristes. Il nous a fallu un certain temps pour trouver notre équilibre.

Et voilà l'avantage de garder une certaine distance. Au moins, maintenant, j'ai le temps de demander l'avis de mes amis.

— Je réfléchis au cadeau que je dois lui offrir.

— Qu'est-ce que tu lui as acheté l'année dernière ? demande curieusement Boss.

D'habitude, je ne leur dis pas ce que je fais pour Tine le jour de son anniversaire, souhaitant que cela reste dans nos mémoires. Mais là, je suis à court d'idées, alors j'espère que les gars pourront m'aider cette fois-ci.

— J'ai chanté pour lui et je lui ai donné une carte d'anniversaire.

— Ça craint, putain.

Je savais qu'ils me frapperaient. Qui irait aussi loin qu'eux ? Ils flirtent tous ensemble avec les filles comme une foule, à deux doigts d'engager un groupe folklorique pour jouer pour elles.

— J'aime garder les choses simples, pas trop théâtrales ou exagérées.

— Je suggère que tu le surprennes dans l'auditorium.

— Il n'y a qu'un crétin pour imaginer ça.

Je secoue la tête devant l'idée de Theme. Nos niveaux de "simplicité" doivent être totalement différents. Comment diable une surprise dans l'auditorium peut-elle être simple ?

— Que penses-tu de ça ? Tu fais un nœud autour de ton corps et tu te donnes à lui comme cadeau.

Je pensais que Theme avait eu la pire idée, mais Big est dix fois pire.

— Je suis sérieux, mec.

Je me sens tellement mal à l'aise que je finis par perdre l'appétit. Je pose la cuillère et la fourchette ensemble, et je me concentre pour réfléchir à une idée avec les gars. Je n'étais pas aussi anxieux quand j'ai passé l'examen final.

C'est comme à l'époque où je draguais Tine avec plusieurs méthodes.

— Dis-lui que tu l'aimes sur Insta.

— Attends, il lui faudra deux ans pour le taper correctement.

— Je peux le traduire, propose Tee le traducteur, mais ce genre de surprise n'est pas ce que je veux.

Man, qui réfléchit depuis un moment, rompt enfin le silence.

— Achète-lui juste un bouquet.

— J'y ai pensé. Je devrais acheter quelles fleurs ?

— Un phallus de titan.

— Je ne pourrais pas offrir cette fleur à Tine. Il faudrait que tu l'amènes sur ma tombe à la place.

Cet enfoiré doit arrêter de plaisanter. Ai-je pris la bonne décision en leur demandant conseil ?

— Écoute, Wat.

— Non, je suis fatigué.

Je secoue la tête, lassé de ces conneries, et je continue à manger. Boss reprend la parole au bout d'un moment.

— Tu lui as chanté une chanson l'année dernière, c'est ça ? demande-t-il en fronçant les sourcils, et je hoche la tête. Chante à nouveau pour lui cette année, mais ce sera plus impressionnant parce que tu commenceras plus tôt, quelques jours avant son anniversaire.

— Il faut que j'aille jusque-là ?

— C'est pour que Tine sente qu'en plus de son anniversaire, d'autres jours sont importants.

Les autres gars acquiescent. Ça a l'air pas mal du tout. Quelle sera la première chanson que je jouerai ? Il reste moins d'une semaine avant son anniversaire.

Si vous demandez à Nuisance ce qu'il aime, la liste sera pleine de chansons de son groupe préféré.

— Merci beaucoup, les gars. Je sais quelle chanson je dois lui jouer.

— Qu'est-ce que c'est ? Balance.

— Les chansons de Scrubb.

— Tu as déjà pensé à t'éloigner de Scrubb ? Tu sais que de nouveaux groupes se forment tous les jours, n'est-ce pas ? Et il y a des millions de chansons à succès dans le monde.

— Je ne suis pas sûr de ce que les autres pensent.

Dans ma mémoire, le lien entre moi et ma moitié est symbolisé par ce groupe. Quand nous nous sommes rencontrés, quand je me suis noyé dans le désir, quand nous nous sommes retrouvés, nous avons traversé de bons et de mauvais moments jusqu'à ce que nous ayons la chance d'être ensemble, tout comme aujourd'hui.

Peu importe le temps écoulé, c'est toujours spécial.

— Mais Tine et moi avons la même idée.

— …

— Nous n'avons pas besoin de tourner la page sur tout, tant que c'est toujours notre bonheur.



Smile

Together

Sunny Day

Morning



Voilà toutes les chansons que je pense jouer chaque jour pour la chic nuisance.

Nuisance est occupé à travailler sur un projet avec ses amis de la faculté. Un jour, je suis allé lui apporter à manger et je l'ai vu allongé sur le sol comme un chien. J'ai eu beaucoup de peine pour lui. Nous suivons moins de cours que lorsque nous étions en première année, mais nous avons beaucoup de projets. La journée d'aujourd'hui n'est pas différente.

Click !

J'entends le cliquetis de la poignée de la porte et je me retourne pour regarder celui qui vient de rentrer. Le petit bonhomme dépourvu d'énergie se tient près de la porte, les épaules tombantes. Lorsqu'il se traîne enfin jusqu'au canapé, j'ai presque compté jusqu'à cent pour l'encourager.

— Je suis crevé, Sarawat. Waaaaah, ces putains de moustiques m'ont piqué, gémit-il dès qu'il s'est un peu reposé.

Je lui caresse la tête pour l'apaiser.

— Calme-toi. Tu as mangé ?

— Oui, mais un estomac plein ne peut pas chasser l'épuisement.

— Ça va aller mieux.

— Je veux mourir.

— Ça fait un an que tu dis ça. Dis-moi ce que tu veux.

— Je ne veux pas prendre de douche.

— C'est dégueulasse.

— Je veux rester comme ça un moment.

Tine appuie son dos contre le canapé, posant sa tête sur le bord comme s'il regardait le plafond, les yeux fermés. Tout ce que je vois, c'est son expression fatiguée.

— Dors sur mes genoux.

— Ne te plains pas que tes jambes sont engourdies.

Il s'allonge lentement et silencieusement sur mes genoux. Nuisance peut être une vraie plaie, mais il a aussi besoin de mon attention. Dans tous les cas, c'est mignon pour moi.

Je dis au revoir aux chansons que j'ai préparées. Je le ferai plus tard, ne voulant pas le déranger.

Vous y croyez ? Je ne peux pas me résoudre à le réveiller finalement et à le porter jusqu'à la chambre, juste pour l'entendre râler le lendemain matin que j'aurais dû le réveiller pour qu'il prenne sa douche, comme d'habitude.

Tine s'est endormi de fatigue le premier jour.

Aujourd'hui, c'est ma chance. Je me suis séparé de mes amis. Boss est amoureux et essaie de draguer une fille, alors les gars sont là pour le soutenir. Ce qui en résultera dépendra des deux.

J'arrive dans notre chambre après Tine. D'après ce qu'il m'a envoyé par texto, je suppose qu'il est là depuis des heures.

— Tine.

Il n'est pas dans le salon. Il est sur le balcon, en train de jouer avec sa Takamine adorée.

— Qu'est-ce qui te prend ?

C'est tout le contraire de ce qu'il était hier.

— Je fais un clip vidéo. Cool, non ?

— Moi ? Oui.

— Dégage de ma vue, espèce de merde.

— Grossier.

— C'est pas tes affaires. Je n'ai pas joué avec Nuisance depuis des lustres. Elle m'a manqué, putain. J'avais peur qu'elle pleure et qu'elle dise que je l'avais abandonnée.

Il est à la fois mignon et agaçant. Comment ne pas l'aimer ?

— Tu te souviens des accords ?

— Sarawat, ma mémoire n'est pas si mauvaise.

— Montre-moi.

— Apporte une chaise ici. Je suis prêt à jouer.

Whoa, il échoue toujours quand il prend confiance en lui. Mais je ne dis rien. Je retourne à l'intérieur pour prendre une chaise et m'asseoir avec lui sur le balcon.

Il n'y a pas d'étoile ce soir, mais heureusement nous avons des lumières. Il fait beau, pas trop chaud, sinon Tine ne viendrait pas s'asseoir ici.

— Je vais jouer une chanson de Scrubb, dit-il en souriant. Commençons, Monsieur Sarawat... C'est “Sunny day”.

Putain de merde. Je ne sais pas si c'est une coïncidence ou autre qui l'a poussé à chanter une chanson de ma liste. Bon, même si ce n'est pas moi qui la chante pour lui, le résultat est le même : nous jouons et chantons ensemble la chanson de Scrubb.

Twang…

Merde, il y a une erreur technique. La chanson est là, mais les accords semblent avoir disparu.

— Attends une minute, laissez-moi la refaire. C'était un échauffement.

— Huh, tu t'es planté même si ce n'était qu'un échauffement.

— C'est pour ça que c'était un échauffement. Je suis sérieux maintenant. Regarde la tête de ce génie.

— Je regarde.

— Je commence maintenant.

— Dépêche-toi.

Pas de surprise. Il foire chaque accord, mais je reconnais ses efforts, alors je l'écoute jouer de la guitare et chanter jusqu'à la fin. La première chose qu'il dit ensuite est pleine d'assurance.

— Sans voix, hein ? Je suis un génie.

— Quel génie. C'était un peu n'importe quoi, mais oui. Un génie, en effet.

— Arrête de me flatter.

Comment peut-on tomber amoureux de quelqu'un encore et encore ? C'est une question simple à laquelle beaucoup ont cherché une réponse. J'étais l'un d'entre eux quand j'étais plus jeune et moins expérimenté. J'ai trouvé ma propre réponse.

Sa gaieté, son énergie positive contagieuse, son sourire dans les jours de détresse, sa tape apaisante sur mon épaule dans les moments difficiles. Tout cela m'a fait tomber amoureux de lui.

Mais aujourd'hui, ma réponse a changé. La seule raison pour laquelle j'aime encore quelqu'un et ne cesserai jamais de l'aimer, c'est... Tine.

Ce qu'il est.

Il n'est pas toujours très brillant. Il peut parfois être déraisonnable et pessimiste, mais il reste Tine. Il est la seule raison, pas besoin de justification.

— Sarawat, tu n'as pas oublié que c'est mon anniversaire après-demain, n'est-ce pas ?

Après un long silence, Tine engage enfin la conversation. Je ne m'attendais pas à ce qu'il en parle.

— Je n'ai pas oublié.

— J'ai parlé aux gars et on veut fêter ça au bar. Tu es d'accord ?

— Pourquoi je ne le serais pas ?

— Nous avons fêté mon anniversaire seuls l'année dernière. J'ai peur que tu te sentes blessé.

— Tu réfléchis trop.

— S'il n'y a pas de problème, tu peux amener tes amis pour qu'ils se joignent à nous.

— Hum, réponds-je et j'attrape sa guitare.

Je joue n'importe quelle chanson qui me vient à l'esprit avant d'en venir au fait.

— Tu veux quelque chose cette année ?

Tine se fige, ses yeux s'écarquillent, ses lèvres roses s'écartent comme s'il n'en croyait pas ses oreilles.

— Tu ne vas pas me surprendre ?

— C'est inutile maintenant.

— Tu me le donneras si je te le demande ?

— Dis-le-moi d'abord.

Je me comporte comme un sugar daddy.

— Je veux des snacks délicieux, du jus de fruit frais, de bonnes chansons à écouter avant d'aller au lit, un film à regarder ensemble et un billet pour le concert de Scrubb le mois prochain.

— Ce n'est pas trop ?

Ses yeux pétillent. Putain de gourmand !

— Je ne demanderai qu'une seule chose, alors.

— …

— Je veux que tu fêtes tous les anniversaires avec moi à partir de maintenant. C'est tout.

Spécial 5 : Morning (Matin)

— Rafraîchissons-nous la mémoire.

Les Lions Blancs et la bande de Tine sont maintenant dans un petit café dans la ruelle près de l'université. Quelle que soit la situation, qu'il s'agisse d'une fête ou de la fin d'une activité, ils se retrouvent dans un bar pour passer du temps ensemble. C'est un peu spécial aujourd'hui parce que l'examen de mi-parcours vient de se terminer, donc tous les bars sont pleins à craquer.

Nous avons donc dû nous traîner lamentablement jusqu'à un bar à lait à la place.

Le bon côté des choses, c'est que c'est plutôt sympa. Il n'y a pas trop de monde. Nous sommes en fait les seuls ici, alors nous avons commandé des snacks et des boissons et nous avons discuté à notre guise sur le toit. Les employés sont aussi très gentils, ils nous laissent demander les chansons que nous voulons écouter.

— Se rafraîchir la mémoire, mon cul. Nos secrets vont être dévoilés.

Ohm a raison, mais les autres ne sont pas d'accord. Ils aiment tous l'idée.

— C'est intéressant. On va être en dernière année au prochain semestre. Faisons un voyage dans le passé.

— Tu parles comme un vieux.

— Tu vas le faire ou pas ?

— Bien sûr !

C'est un jeu auquel nous aimons jouer chaque fois que nous organisons la fête des Lions blancs. Nous nous racontons nos histoires et celles des autres. C'est un peu notre activité de cohésion.

— Commençons par la première fois que nous nous sommes rencontrés.

Le souvenir du passé est à nouveau révélé sous la forme d'une narration amusante racontée par chaque gars, d'une personne à l'autre. Vous serez démasqué par les autres quand ce sera votre tour.

Ce jeu prend du temps. On se raconte des histoires et on boit du lait à petites gorgées jusqu'à en avoir mal au ventre. Quand c'est notre tour, à Tine et à moi, tous les regards se tournent vers nous.

— Vous vous êtes rencontrés où ?

Man lance la question comme une balle, et Tine répond avec assurance.

— Facile. A Silpakorn.

— Premier baiser ?

— Ça ne te regarde pas.

Man n'a pas froid aux yeux. Il se ronge l'ongle et fait une grimace d'agacement.

— Réponds. Si tu veux arrêter ce jeu, tu dois boire du lait de taro. Où est ta fierté ?

— Dans la chambre.

Comme Tine hésite, je me propose de répondre pour lui sauver la face, mais les joues de Nuisance rougissent.

— Quelle chambre ?

Ils posent la question à tour de rôle, sans faillir. Ils sont les meilleurs pour mettre leur nez dans les affaires des autres. Personne sur terre ne peut les battre.

— La chambre de Tine. Je l'ai embrassé parce qu'il se plaignait.

— Pas besoin d'entrer dans les détails, connard.

Le chic type me tape sur les bras. Ça fait mal jusqu'à l'os. Je sais qu'il rougit, mais sa force est tout autre.

— Quelle est la vérité que l'autre ne connaît pas ?

Ils nous lancent une autre question. Tine est toujours silencieux, il ne répond pas, alors c'est à moi de faire part de mes sentiments à mes amis. Non, je veux surtout que Monsieur Teepakorn soit au courant.

— Quand j'ai enfin retrouvé Tine, j'étais tellement heureux que j'ai pleuré.

— Vraiment ?

Tine se gratte la tête. Il roule un peu ses grands yeux ronds comme s'il essayait de l'imaginer.

— Je me souviens que tu étais si froid, putain.

— Je jouais le mec cool, juste un peu.

— Pas du tout. Tu as dit que tu m'adorais depuis longtemps. Pourquoi tu as joué le dur quand je t'ai demandé de l'aide ?

— Qui aurait accepté de t'aider aussi facilement quand tu as dit que tu aimais les filles ? En plus, si j'avais cédé trop vite, tu aurais fait le malin. C'est agréable de voir son crush courir après soi, tu sais.

— Urrrrrrgh, tu es complètement fou.

— La première chanson que vous avez écoutée ensemble, interrompt Fong avec une nouvelle question.

— La chanson de Scrubb, “Close”.

Je secoue la tête devant la réponse du petit buffle et je la corrige.

— C'est “Answer”, Tine.

— “Answer” ? Ce n'était pas “Close” ?

— “Answer” est la première chanson qu'ils ont interprétée à Silpakorn lorsqu'ils y étaient ensemble.

— Ta mémoire est bonne.

— Je me souviens de tout sur toi.

— Nous allons avoir du diabète avec toute cette douceur. On passe à autre chose.

C'est Boss qui pose la question cette fois.

— Quelle a été votre pire dispute ?

— Tine a flirté avec une fille, réponds-je rapidement.

Le petit gars s'énerve et argumente tout de suite, le visage sévère.

— Je n'ai pas flirté. Elle m'a souri, alors j'ai souri à mon tour.

— Tu as répondu à ses commentaires sur Insta et tu as aimé ses photos. C'est ce que tu appelles “sourire” ?

— Et toi…

— Calmez-vous, les gars, sinon vous allez finir par vous détester.

La dispute est stoppée, empêchant la guerre des nerfs juste à temps.

Nous passons à d'autres jeux, nous nous amusons, nous rions et nous nous grillons les uns les autres jusqu'à ce qu'il soit enfin minuit. Comme nous sommes le seul groupe sur le toit, lorsque je porte le gâteau avec les bougies allumées et que je m'arrête devant Tine, les gars chantent “Joyeux anniversaire” à tue-tête.

— Joyeux anniversaire…

Pas de guitare, seulement nos voix et des applaudissements. Au moment où les bougies sont soufflées, j'entends Tine sangloter à n'en plus finir. C'est trop mignon. Il est tellement heureux qu'il pleure.

Les garçons lui donnent leurs cadeaux. Certains sont emballés, d'autres non. Le pire est du porc fermenté avec du riz gluant. C'est un autre souvenir que nous n'oublierons jamais.

Lorsque nous nous séparons enfin pour rentrer à la maison, il est presque deux heures du matin. Une fois dans notre chambre, nous prenons une douche ensemble pour gagner du temps. Il me vole même mes vêtements. Une fois que j'ai fini, je m'installe sur le canapé pour regarder le petit gars déballer ses cadeaux avec excitation.

— Putain de merde, Man m'a acheté des préservatifs. Quel pervers de merde !

Je ris à la vue des préservatifs. Mon ami est excessif. C'est comme s'il avait acheté toutes les boîtes de l'étagère et qu'il n'en avait laissé à personne. C'est pour ça que sa boîte à cadeaux est si grande, hein ?

— Eh bien, c'est le Man que nous connaissons.

— Ohm est bien meilleur. Regarde... c'est comme ça qu'un mec riche dépense son argent.

Il déballe un autre cadeau. C'est l'édition limitée du t-shirt de Scrubb.

— Tu as l'air heureux.

— Bien sûr que je le suis. Ma mère a doublé mon argent de poche et ta mère m'a acheté de nouvelles chaussures.

— Des claquettes Chang Dao ?

— Ne la sous-estime pas. Elles valent dix mille bahts.

— Qu'est-ce que tu as fait pour qu'elle dépense autant ?

— J'ai utilisé ma deuxième voix. Allô, test... Allô, test.

— Je vais utiliser cette méthode pour mon anniversaire.

— Ta voix monstrueuse ne la fera pas flancher, dit-il en déballant le cadeau suivant.

En plus des cadeaux des garçons, il y a ceux de ses cheerleaders junior et senior. Cela pourrait prendre toute la nuit pour les déballer tous.

Je le laisse se concentrer sur les cadeaux pendant un certain temps avant de trouver le bon moment pour parler.

— Tu vas te coucher quand ?

— Je n'ai pas sommeil. Je veux déballer les cadeaux.

— Tu pourras le faire demain.

— Non.

Il baisse les yeux, évitant de me regarder.

— Tu n'étais pas aussi énergique l'année dernière.

— Comment tu peux comparer deux années différentes ?

— Tine, appelé-je son nom doucement, si doucement que le son sort à peine de ma gorge. Regarde-moi.

À cette seconde, Nuisance pose le cadeau et lève les yeux, croisant enfin mon regard.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Donne-moi la vraie réponse. Pourquoi tu ne veux pas aller te coucher ?

— J'attends ton cadeau.

— …

— Hé, tu sais quoi ? Si tu n'avais rien préparé, tu aurais dû au moins me dire que tu me souhaites le meilleur, ou quelque chose comme ça. Une carte comme l'année dernière aurait suffi, grogne-t-il, boudeur.

L'image chic qu'il essaie de maintenir a disparu. Il fait une telle moue que ses lèvres ont l'air bizarres. J'ai envie de le mordre.

— En fait, j'avais prévu de chanter pour toi depuis des jours, mais je n'ai pas trouvé le bon moment.

— Oh, pourquoi ?

— Tu as dit que tu voulais mourir le premier jour et tu t'es évanoui sur mes genoux. J'ai pensé le faire le lendemain, mais tu m'as montré tes talents de guitariste. Quand aurais-je pu le faire ?

— Triste comme la mort.

— …

— Sarawat, tu peux chanter pour moi maintenant ? Je veux l'entendre.

Je suis toujours un idiot pour lui. Comment puis-je résister alors qu’il me supplie de manière si mignonne ? Je tomberais si j'étais debout. Je suis maudit.

— Je vais chercher la guitare.

— Non ! Je vais le faire.

Il part en courant chercher la guitare dans la chambre avant que je puisse dire quoi que ce soit. Nous utilisons souvent nos propres guitares - la mienne est une Martin, et celle de Tine une Takamine - alors je me demande laquelle le petit gars va apporter.

La voilà ! Comme prévu, la guitare qu'il a entre les mains est la légendaire Nuisance.

Il y a plusieurs années, elle a été ma première guitare avant que je ne change pour l'autre. J'aimais toujours cette guitare et je m'y sentais attaché, alors je l'ai donnée à Tine et j'y ai gravé son nom peu de temps après que P'Dim l'ait laissé rejoindre notre club.

— Tiens, j'attends.

Il me tend sa guitare préférée. Je la prends et je pense aux accords des chansons que j'ai répétées.

Avant de commencer, j'ai beaucoup de choses à dire.

— “Answer” est la première chanson qui nous a conduits l'un vers l'autre à Silpakorn.

Une journée terne et ordinaire s'est transformée en quelque chose de complètement différent.

— Et “Close” est la chanson qui nous a rapprochés l'un de l'autre, puis je me suis souvenu de la chanson “Smile” comme ton visage, incapable de s'en débarrasser.

— …

— Et “Together” à la Freshy Night. Même si je ne savais pas que tu étais là, nous avons pu écouter la chanson ensemble avec des milliers de personnes.

Si le senior n'avait pas été blessé, je n'aurais pas eu la chance de jouer de la guitare ce soir-là ni de rencontrer Tine à nouveau. Même s'il s'est présenté uniquement pour me demander de l'aide, je n'ai aucun regret. Même s'il ne m'aimait pas, même s'il n'avait pas de sentiments pour moi…

Le fait que nous nous soyons retrouvés est plus que suffisant.

— “Deep” nous a conduits à un autre concert de Scrubb. C'était comme un rêve. Chaque chanson nous représente à différents moments, et maintenant…

Je m'arrête de parler et porte mon attention sur les accords de guitare.



“La douce lumière du soleil du matin envoie à nouveau de la chaleur à la moitié du monde

Comme lorsque la pluie s'arrête, tout le monde doit être heureux, n'est-ce pas ?

Je cherche encore la réponse dans mon cœur.



Je marche pour prendre un livre, le même en ce jour familier

Je me retourne vers les vieilles pages, les vieilles histoires, à plusieurs reprises.”



Nos deux vies sont similaires à la chanson “Morning”. Nous l'avons chantée ensemble il y a longtemps et nous avons échangé des cadeaux. Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle j'ai décidé de la chanter à nouveau le jour de son anniversaire.

C'est le sens de la chanson qui raconte notre histoire. Le temps que nous passons dans le passé, le présent et l'avenir que nous attendons avec impatience, pour vieillir ensemble.



“Peu importe la durée, je me souviendrai…”



Je me tourne pour le regarder dans les yeux et je le vois sourire joyeusement. Lorsque nous arrivons au refrain, Tine commence à bouger les lèvres, chantant avec moi.



“Tous ces moments, peu importe combien de temps cela a duré

Que nous avons traversés ensemble

Je m'en souviens encore, je n'oublierai jamais

Les bons et les mauvais moments nous ont conduits jusqu'ici

Peu importe le temps, nous restons connectés

Nous sommes toujours là l'un pour l'autre, nous ne nous quitterons jamais

Essayant de faire de ce jour un bon jour pour nous.”



Nous sommes absorbés par la mélodie qui flotte dans l'air pendant un long moment. Peu importe le nombre de fois que je joue cette chanson, elle est toujours aussi significative. Je ne peux pas imaginer à quel point je me sentirais blessé si nous ne pouvions plus jamais la chanter ensemble.

— Merci, j'adore ce cadeau.

La voix de Tine est étouffée. Il essaie de réprimer ses émotions.

Moi non plus, je ne peux pas contrôler mes sentiments. Mon corps bouge rapidement, comme le veut mon cœur. Je me penche pour embrasser la personne en face de moi sans prévenir.

Il reste stupéfait une seconde avant de fermer les yeux et de me rendre mon baiser adorablement.

Tine est mignon. Il est mignon quoi qu'il fasse. Nous ne sommes plus aussi naïfs qu'avant. Nous avons grandi et appris beaucoup de choses. Mais il y a une chose qui ne changera jamais, c'est quand nos corps se touchent - c'est toujours plein de désir et d'envie.

Notre premier baiser n'était qu'un simple baiser sur la bouche qui a donné libre cours à nos pensées. C'était comme si nous avions à nouveau quatorze ans. Notre deuxième baiser et les suivants ont été de plus en plus profonds.

Je passe lentement ma langue entre ses lèvres entrouvertes, et le petit gars coopère si bien. Il ouvre la bouche et tourne son visage vers le haut pour recevoir mon baiser plus parfaitement, les yeux fermés, s'abandonnant à ce baiser profond et doux que nous ne voulons pas rompre.

Des centaines de feux d'artifice se déclenchent dans ma tête. Ma vision devient blanche. Au moment où nous nous éloignons, une seule chose me vient à l'esprit.

— Tine, on va au lit ?

— Hum.

Il baisse les yeux, la voix étouffée.

— …

— J'allais le dire.

Qui meurt en premier ? Vous l'avez deviné !

Sarawat est mort.

Je me ressaisis, craignant de manquer l'occasion de goûter la chair tendre que je visais si j'attends trop longtemps. À cette idée, je passe mon bras sous ses genoux et le porte jusqu'à notre chambre à coucher.

Je dépose son corps tremblant sur le lit et fixe son visage sans défaut avant de tourner mes yeux vers d'autres parties de son corps.

Je ne sais pas si je mets trop de temps ou quelque chose comme ça, mais le petit gars ne peut apparemment plus attendre. Il se penche sur moi et déboutonne ma chemise avec ses petites mains. Incapable de rester en place, je commence à le déshabiller à mon tour.

Mon cœur s'emballe, contrairement à ce qui s'est passé auparavant. Je suis à bout de patience, mais je dois tenir bon car je veux le chérir du mieux que je peux.

Avant, j'étais impétueux, prêt à mourir en combattant sur un champ de bataille. Mon sang bouillait de façon incontrôlée à cause de l'âge et des expériences. Mais notre amour s'est stabilisé, alors nos rapports sexuels commencent toujours lentement et se terminent dans la joie.

— Sarawat, tes mains tremblent.

— Les tiennes tremblent encore plus, Tine.

Nous dormons ensemble tous les jours et nous nous embrassons tout le temps, mais je suis toujours excité quand nous le faisons. Qu'est-ce que je peux faire ? Je l'aime, putain. Je l'ai aimé et je l'ai cherché pendant longtemps. Maintenant qu'il est devant mes yeux, tout semble en valoir la peine.

Je le pousse doucement sur le lit une fois que nous sommes tous les deux nus. Je me penche et caresse sa joue avec mon nez avant d'embrasser à nouveau ses lèvres avec amour.

Je veux qu'il soit tout entier à moi, alors je marque doucement son corps, chaque centimètre de son corps que mes lèvres et mes mains peuvent atteindre.

Nous attisons mutuellement notre envie pendant un moment et nous préparons nos corps. Mon désir m'envahit et je me dépêche d'ouvrir le tiroir pour prendre un préservatif et le gel lubrifiant. Toutes les parties de la personne sous moi sont rouges. Quand il bat des paupières, je deviens presque fou.

— Tine, écarte les jambes.

Le petit gars obéit, même s'il ne peut pas croiser mon regard.

Je dois d'abord détendre son corps, ce qui prend pas mal de temps. Je suis maintenant en sueur. L'air frais de la climatisation n'arrive pas à évacuer cette chaleur.

— Sarawat, aide-moi…

Après avoir longtemps détendu son corps, Tine me supplie doucement, la voix rauque, les yeux remplis de larmes. Il m'attrape par les bras comme s'il voulait se raccrocher à quelque chose.

— C'est bon, c'est bon...

Je lui caresse la tête pour le réconforter et j'écarte davantage ses jambes. Je m'enfonce lentement en lui jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace entre nos deux corps.

— Tu peux me serrer dans tes bras, Tine.

— Hum…

Nuisance enroule ses bras autour de mon cou et commence à bouger.

Parfois, nous sommes comme deux maniaques qui veulent se noyer plus profondément dans le toucher de l'autre. Nous savons que nous aurons parfois l'impression d'être perdus dans un rêve, mais nous souhaitons toujours y arriver, encore et encore.

J'aime Tine. J'aime tout de Tine. Je l'aime tellement que je ne trouve pas de mots pour l'expliquer, si ce n'est que je veux me réveiller chaque matin pour le voir.

— Sarawat, hic !

— Ensemble, d'accord ?

Son doux gémissement

Son étreinte chaleureuse.

Le mot “amour” qu'il répète sans cesse.

Et son visage nostalgique.

Ils font que tous les sentiments de ce soir se poursuivent sans fin...



[ TINE ]

Il est déjà 10 heures du matin, mais Sarawat ne m'a pas réveillé. J'ai failli tomber la tête la première en regardant l'heure sur mon téléphone. Heureusement pour moi, le professeur ne vérifie pas l'assiduité au cours du matin, sinon le condamné serait certainement Teepakorn.

Mes amis ne m'ont même pas appelé, mais ils ont dû deviner ce que j'ai fait hier soir. C'est toujours comme ça. Je m'emporte quand Sarawat m'embrasse.

D'ailleurs, où est-il ?

Je me redresse sur le lit et regarde autour de moi, mais je ne vois aucune trace de lui. J'entends alors un bruit de cliquetis à l'extérieur. Je suppose qu'il n'est parti nulle part. Il est juste en train de préparer quelque chose, comme l'homme au foyer qu'il est.

Bon, je devrais probablement lui donner un coup de main, sinon il va dire que je ne suis pas serviable. En posant les pieds par terre, mes yeux tombent sur une note jaune posée sur le tiroir à côté de notre lit. Cela me rappelle les notes de l'époque où nous étions camarades de club. C'était aussi le début de notre fausse - devenue vraie - relation.



♥ Tine

Pris par quelqu'un : Sarawat”



Je m'en souviens encore.

Et cette note... ?

Je tends la main pour ramasser la nouvelle note sur laquelle figure la mauvaise écriture de Sarawat. Je la lis et je sens une émotion naître en moi.

Je la lis une deuxième fois, puis une troisième fois, et une quatrième fois... Je veux continuer à la lire.

Il n'y a pas de mots pour décrire ça. Chaque sentiment, chaque souvenir, chaque émotion, tout se mélange et je ne sais pas comment le décrire. Mais c'est bon... c'est tellement bon.

C'est probablement ce que Sarawat a dit. Je crois aussi que "Morning" correspond le mieux à notre moment présent, et j'espère que cette chanson continuera à être la nôtre à l'avenir.

Mes pieds touchent le sol. Chaque pas que je fais est rempli de ce sentiment débordant. Lorsque j'aperçois ce dos large et familier, je ne peux m'empêcher d'appeler son nom comme je le fais toujours.

— Sarawat.

— Hmm... ?

Le grand gars se retourne, un sourire se dessine lentement sur son beau visage, et la chanson que j'ai écoutée hier soir résonne soudain dans ma tête.



“La seule chose qui compte maintenant, c'est que j'ai quelqu'un

Pour sourire quand nous sommes heureux et souffrir quand nous échouons…”



— Merci beaucoup.

Il me faut un moment pour retrouver ma voix. Sarawat ne dit rien, attendant que je finisse de parler.

— …

— Merci pour tout.

— Euh, c'est réciproque.

Je relis une dernière fois le mot dans ma main et me promets que chaque matin, pour le meilleur et pour le pire, je resterai à ses côtés.



♥ Tine,

Je veux me réveiller avec toi tous les matins. Je veux vieillir avec toi.”


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FIN

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