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2Gether - Tome 1
Le Titre
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Quatre Ans, Mais Veut Déjà Dominer Le Monde
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Le Titre
Mer 24 Juil 2024 - 12:51
2Gether - Tome 1
Ecrit Par Jittirain



Carte D'identité

Pays D'origine : Thaïlande

Traduction : Johanne
Correction : Amelyma

Nombre De Chapitres : 19 Chapitres

Status : Terminé

Soutenir l'auteur : MEB


Tome 1 - Tome 2 - Tome 3

Résumé

Je m’appelle Tine (un mec super chic), et je suis sorti avec toutes sortes de filles. Une fille ringarde, une fille mignonne et innocente, ou même une fille super grincheuse. Mais ma vie joyeuse doit s’arrêter lorsque le dieu puissant, sous la forme d’une admission à l’université, m’envoie dans une université du nord où je vais rencontrer... “Tine, Teepakorn, étudiant en première année de droit, je t’aime bien!” Juste au début du premier semestre, quelqu’un se confesse déjà à moi. Suis-je surpris? Suis-je excité? Non. Je suis un mec tellement cool, tu sais. Mais est-ce que je suis horrifié? Bien sûr que oui! Parce que celui qui vient de se confesser est un mec! Mon cœur…

La mission pour sortir ce mec gay de ma vie chic commence en trouvant quelqu’un de super sexy pour être mon faux petit ami. Et personne ne remplit mieux ce rôle que Sarawat, le mari national de notre université. Mais les choses ne sont pas aussi faciles que je le pensais. Ce type est un emmerdeur. Il joue les difficiles, il ne coopère pas avec moi. Ha, je n’abandonnerai pas si facilement! Les chutes constantes usent une pierre. Je vais rester collé à lui comme un poisson-ventouse. Attendez de voir!

Mais... alors que je le harcèle, pourquoi mon cœur super chic se met-il à palpiter quand je suis avec ce mec au visage impassible...?

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:43



Introduction
Pour un adolescent, le véritable amour est difficile à trouver, mais lorsque vous êtes généralement celui qui brise les cœurs, il est encore plus difficile d'avoir le cœur brisé.
Tine TheChic

La cérémonie d’initiation des première année vient de se terminer, mais qu’en est-il de vous ma Mme Right ? Quand arriverez-vous ?



Joli tir !

— Hey ! Qu’est-ce que vous cherchez les gars ? Tuez le bouton Like !


Ding Ding Ding Ding

— J’ai liké tellement de fois que mes doigts ont failli se casser, bon sang.

— Désolé d’être trop populaire ! Haha.

— Ooooh ! Tine, laisse-moi t’embrasser.


Ces voix incroyablement agaçantes sont celles de mon gang. Nous ne sommes que quatre, moi inclus. Ils veulent tous que je les appelle JamesJi, Pope et Mario(1) et que nous nous appelions le “Star Gang”. Honnêtement, je ne vois pas pourquoi je le ferais; ils sont loin d’être assez beaux. Ils ne ressemblent à aucun de ces types.

Le garçon qui a menacé de m’embrasser s’appelle Puek. Il a essayé de me convaincre de l’appeler JamesJi, mais il ne ressemble en rien à James, pas même un peu.

A côté de Puek, il y a Ohm, qui essaie d’imiter les garçons de la page “Cute Boy” en utilisant la même coiffure. Le nom qu’il a choisi est Pope, affirmant que son visage est aussi beau que celui d’un noble.

A côté d’Ohm se trouve Fong, un garçon aux yeux minuscules. Sa mère s’occupait du business de l’Or à China Town, mais sa famille a récemment déménagé dans un autre endroit près de notre université. Fong dit que la mafia les a forcés à déménager. Quel menteur.

Il pense qu’il ressemble à Mario parce qu’ils ont tous les deux des tétons roses. Mais vous savez quoi ? Mario est thaï-chinois-allemand, mais Fong est en partie thaïlandais, en partie chinois, et un peu singapourien.

Quant à moi, je ne sais pas trop à qui je ressemble vraiment, peut-être Nadech(1). Ou Mark Parin(1). Je n’ai pas vérifié qui avait les dramas les mieux classés.

Ha !

Je plaisante.



— Tine…

Leurs rires ont été remplacés par des paroles.


Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi tant de choses dans le monde ont besoin d’être par deux ? Et comment, quand ces choses sont séparées, elles semblent si seules. Je suppose que je fais partie de ces gens qui sont devenus accros aux choses à deux - que ce soit des amis ou des amoureux.

Je peux dire en toute confiance que je ne me suis jamais senti seul. J’étais dans l’une des quatre meilleures écoles de garçons en Thaïlande, et c’est probablement pour cela que les filles me draguent toujours. Puis, lorsque je suis devenu étudiant en première année d’université, ma vie a lentement commencé à changer, jusqu’à ce que je ne puisse pas m’empêcher de me demander…

Comment en suis-je arrivé là ?!

Je suis sorti avec pas mal de filles pendant le lycée. Vous pouvez me considérer comme le gars le plus cool de ma promo.

Essayez de demander aux juniors de mon école - tout le monde a entendu parler de Tine Teepakorn, Terminale, salle 9. Si vous leur demandez, “Connaissez-vous Tine ?” je parie que tout le monde vous répondra: “Tu es fou ? Tu ne connais pas Tine ? Il est si mignon ! Mignon comme tout.”

Quant à mes ex-copines, je suis sorti avec toutes sortes de filles. Comme…


Le rat de bibliothèque…

— Ging, tu es libre aujourd’hui ? lui ai-je demandé avec la voix la plus séduisante que je pouvais rassembler.

C’était celle pour laquelle j’avais eu le plus grand crush — je crois même qu’elle était mon premier amour. Jolie et intelligente. Beaucoup de garçons voulaient sortir avec elle, alors j’avais l’impression d’avoir battu tout le monde dans les quatre meilleures écoles de garçons. J’étais le gagnant.

— Pourquoi ? m’a-t-elle demandé d’une voix douce.

— On va à Siam ?

— Ah… j’ai un cours de soutien en Maths.

— Alors demain…

— J’ai Chimie.

— Pourquoi pas samedi ?

— Oh, je suis désolé. J’ai des cours de Biologie, de Physique et d’Anglais ce jour-là. Et le dimanche, j’ai des cours de Thaï et de Sciences Sociales toute la journée.

— Alors, quand est-ce que tu as du temps libre ?

— Je dois juste passer l’examen d’entrée d’abord. Si tout se passe bien, on pourra aller où tu veux.

Donc elle sort avec moi dans cette vie mais elle traînera avec moi dans la prochaine, c’est ça ?

Je voulais avoir une petite amie ordinaire, pas Albert Einstein ou Charles Darwin. Finalement, nous avons rompu parce que je lui ai dit de “sortir avec son tuteur”. Vous voulez savoir comment ça s’est passé ?

Elle sortait déjà avec son tuteur d’anglais !


La mignonne accro aux photos…

— Tine, prenons un selfie ensemble.

Elle s’appelait Pangwan. C’était une fille mignonne et innocente avec son appareil photo constamment collé à la main.

— Ok.

— Ensemble, disons LYCHE…

— LYCHEE !! ai-je dit et j’ai souri comme un chat du Cheshire.

— CHERRYYYYY…

— CHERRYYYY !!

— Tu es tellement mignon.

Elle m’a pincé les joues avec un “awwwww”.

— Mangeons maintenant.

— Ok ! Ouais ! La tarte au fromage arrive ! Laisse-moi d’abord prendre une photo. Tine, tu peux prendre une photo pour moi ?

Elle m’a tendu son appareil photo. Ou plutôt, elle ne l’a pas juste “tendu”. Elle l’a mis dans mes mains.

— OK. MOMOO !

Clic !

— Argh, mon visage a l’air gros ici.

— Vraiment ? Prenons-en une autre alors. D’accord ! Trois, deux…

— Tu l’as déjà prise ?

— Oui.

— Tine… Tu n’as pas dit un. Je ne sais toujours pas quelle pose faire.

Quoi ? Je t’ai vu faire un visage bouffi il y a un instant.

Ça suffit !

Je ne peux plus supporter ce genre de fille.

Je vais craquer.


Le genre difficile…

— Tu veux manger quoi aujourd’hui ? Je t’emmène où tu veux.

Quand je sors avec quelqu’un, j’essaie toujours d’être comme son papa gâteau. Quoi qu’elle veuille acheter ou manger, je la servirai comme une princesse. Cette fois-ci aussi…

— Je ne sais pas. C’est à toi de décider, bébé.

Les filles sont toujours comme ça. Quand il s’agit de nourriture, elles veulent vraiment qu’on pense pour elles.

— Allons à ce restaurant de fruits de mer.

— Celui-là ? Nan, on ne pourra jamais finir la nourriture là-bas. Les portions sont trop grandes.

— Et des spaghettis ? Je me souviens que tu aimes les pâtes à la carbonara.

— Non, c’est trop gras. Je vais vomir si je mange ça maintenant.

— Qu’est-ce que tu veux manger, alors ?

— À toi de voir, bébé.

Je tournais les yeux à gauche et à droite, en essayant de penser à autant de plats que possible.

— De la nourriture japonaise ?

— J’en ai marre de ça.

— Le riz au poulet de Pratunam ? C’est très célèbre.

— Ça va me faire grossir.

— Et la salade ? On ne peut pas grossir en mangeant de la salade.

— Non, ça n’est pas suffisant.

— Alors dis-moi ce que tu veux manger.

— Pourquoi je te demanderais si je savais ce que je voulais ? Penses-y.

Quel cauchemar ! Peut-être qu’un jour, dans nos prochaines vies, nous pourrons prendre un repas ? Réfléchis par toi-même pour une fois !


La frimeuse…

— Tine, pourquoi tu n’as pas de temps pour moi ces derniers temps ?

Elle s’appelait Bebe, et elle était étudiante dans un lycée pour filles. Sa peau était plus claire que celle d’un bébé de trois mois.

— J’étudie dur, bébé, mais je suis libre aujourd’hui. Tu veux aller voir un film ?

— Quelle marque de voiture tu conduis ?

— Une Civic. Je l’ai empruntée à mon grand frère.

— Pas possible, je n’ai jamais été dans ce genre de voiture. Les sièges doivent être si durs. Je vais appeler mon chauffeur pour qu’il nous emmène.

Quoi, elle a l’habitude de voyager dans un vaisseau spatial ou quelque chose comme ça ? Les sièges de ta voiture doivent être doux comme un nuage, hein ?

— Bien sûr. On dîne ensemble après le film, d’accord ?

— Attends une seconde.

— Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Je veux aller faire un peu de shopping. Je n’ai pas acheté de nouveaux produits de beauté ces derniers temps. J’ai vraiment besoin de rouges à lèvres M.A.C, les nuances “Kinda Sexy” et “Please Me”, et j’ai aussi besoin d’un nouveau parfum Dior parce que tout le monde a celui-là. Je veux aussi un nouveau sac. Louis Vuitton fait maintenant tellement cliché.

— Euh, d’accord.

— Quelle marque de sac est la plus jolie, à ton avis ?

— Je ne connais pas les goûts d’une fille.

Si je lui avais dit d’aller chercher un fourre-tout en toile, elle l’aurait fait, hein ?

— Tine, tu ne m’aides jamais en quoi que ce soit.

Ça m’a tellement agacé que j’ai eu envie de la déposer au centre commercial le plus proche pour qu’elle puisse choisir elle-même.

Bien sûr, j’ai rompu avec elle. Pas de temps à perdre !


La junkie de l’attention…

— Pourquoi tu ne réponds jamais à mes appels ?

Tu t’attendais à ce que je décroche mon téléphone pendant que je faisais caca ?

De toute évidence, je ne pouvais pas vraiment lui dire ça. Il fallait que je trouve une excuse.

— Je suis occupé. J’étudie beaucoup.

— Tu étudies aussi beaucoup à la nuit tombée ?

— Je dois me préparer pour les examens d’entrée à l’université.

— Bien sûr ! Je sais que je ne suis pas vraiment important pour toi. Si tu ne m’avais plus, est-ce que tu serais seulement triste ?

— Pourquoi tu dis ça ?

Elle s’est mise à sangloter.

Puis elle a raccroché le téléphone, a posté une photo d’elle pleurant sur Facebook, et m’a tagué dessus.

Arrrrrrrrrgh, tout le monde pensait que j’étais une ordure !


La fille qui a toujours ses règles…

— Namwan, qu’est-ce qu’il y a ?

Je lui avais touché l’épaule. Elle faisait la tête depuis qu’on était dans le Skytrain. Je pensais qu’elle aurait pu se sentir mieux après une promenade, mais ça a empiré.

— Ne me cherche pas comme ça. Tu m’as rendu si furieuse.

Quand est-ce que j’ai…

— Qu’est-ce qui t’a mise en colère contre moi ? Je n’ai rien fait.

— Si tu ne sais toujours pas ce qui m’a mise en colère, va-t’en.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? Dis-le-moi pour que je sache comment te faire sentir mieux.

— J’ai mes règles, d’accord ? Laisse-moi tranquille.

— Ok, je vais te laisser tranquille pour toujours !!


Après ça, ma vie de lycéen a pris fin et je me suis inscrit dans une université de banlieue. Je ne m’amusais plus à Siam et au Paragon. Au lieu de cela, maintenant que mon destin m’avait conduit ici, je me suis retrouvé dans une situation un peu bizarre. C’était…

— Tine, tu m’entends ?

Le propriétaire de la voix était une autre chose bizarre qui s’est produite dans ma vie.

— Qu… Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je t’ai apporté des cookies.

— Pour moi ?

— Oui.

J’ai regardé de haut en bas la personne en face de moi. Et puis, sa main qui me tendait une boîte de biscuits, que j’ai prise maladroitement.

— Merci.

— Tine Teepakorn, étudiant en première année de droit. Je t’aime bien !

Qu’est-ce que… c’est que ça ?

Où est la caméra cachée ?

C’est une sitcom ou quelque chose comme ça ?

— Est-ce que… tu plaisantes ?

— Je t’aime vraiment bien. S’il te plaît, sois mon petit ami ?

Je voulais vraiment jeter la boîte de biscuits par terre. Livre Guinness des records, veuillez noter mon expérience la plus étrange.

Je viens de recevoir une confession d’amour. Il y a juste une chose.

La personne qui vient de se confesser à moi…

Est un garçon !

Notes :
1/ Acteurs Thaïlandais célèbres

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:43



Chapitre 1
Un gêneur qui bloque le véritable amour
Avez-vous déjà éprouvé le fait d’être pris au piège et de n’avoir nulle part où aller ?

Que si vous tournez à gauche, vous trouverez un chien agressif qui va très certainement vous mordre. Mais si vous tournez à droite, c’est une impasse.


C’est le genre de situation dans laquelle je suis en ce moment alors que je regarde alternativement la boîte de gâteaux rouge dans mes mains et ce garçon.

Il me sourit. Ce n’est pas que je le trouve moche. On pourrait même dire qu’il est attirant. Mais je peux dire, même à cette distance, qu’il est gay, et là, il est venu pour confesser ses sentiments pour moi. Un visage masculin avec un cœur féminin m’a envoyé des mots doux. Comment suis-je censé refuser ça ?

— Tine Teepakorn, étudiant en droit, je t’aime beaucoup.

— Euh…

En ce moment, j’aurais vraiment besoin d’un peu d’aide de mes amis, mais ils font tous semblant d’être occupés sur leur téléphone.

— Eh bien, je…

— Eh bien, quoi ? Etudiant en droit Tine Teepakorn.

Putain de merde ! C’est mon nom ! Et ce n’est pas comme si j’étais la grande muraille de Chine, il n’y a pas besoin de m’appeler par mon nom complet comme ça.

Alleeeeeez…

— Hey, mec, je crois… Tu sais. Je préfère les filles, pas les garçons.

J’essaye de lui parler comme si c’était un ami mais en vain.

— Ce n’est pas un problème. Ce genre de choses peut changer en cours de route, répond-il d’un ton très convaincant.

— Mais j’ai déjà craqué sur quelqu’un.

— Qui c’est ?

— Tu n’as pas besoin de savoir ça.

Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas quel nom utiliser.

Je regarde dans un coin et je vois ses amis. Je sais qu’ils sont venus encourager ce type et je peux voir les regards curieux sur leurs visages. Oh.

— Peu importe qui tu aimes, je suis sûr que tu m’aimeras davantage.

Je ne réponds pas. Je dois protéger mon image en tant que Tine Teepakorn, le super-cool étudiant en droit.

— L’ex de mon ex était l’étoile de son université, mais je l’ai battu. Je suis juste aussi bon que ça !

Il est assurément confiant.

— Quoi qu’il en soit… essayé-je. Prends un peu de temps pour y penser.

— …

— Je ne suis pas timide en ce qui concerne… hummm… tu sais. Cela ne me dérange pas si tu aimes faire “ça” sur un balcon ou dans une cuisine.

— Quoi ?!

— Mon ex disait que j’étais vraiment sexy.

— Alors pourquoi ne pas continuer avec lui ?

— Si nous étions ensemble en ce moment, je ne l’appellerais pas mon ex, n’est-ce pas ?

Voilà. Je ne sais plus quoi dire.

— Etudiant en droit Tine Teepakorn, je suis tombé amoureux de toi et je vais venir te voir tous les jours.

— Tu… Tu n’as vraiment pas besoin de faire ça.

— Je vais attendre le jour où tu m’aimeras, même si c’est juste un peu.

— …

Je ne sais pas quoi dire encore une fois, alors je lui souris juste.

— Ah ! Mon nom est Green. Je suis en faculté des sciences humaines. Je t’aime depuis que je t’ai vu à la cérémonie d’initiation des première année. Tu jouais à pierre-papier-ciseaux et c’était trop mignon. Oh, je dois y aller. Bye !


— Comment il était ? Dis-moi ! Allez !

— Il est TELLEMENT beau. C’est trop !

— Aah ! Il est tellement sexy !

J’entends un petit cri venant des amis de Green quand il repart vers eux. Ils sont tous vraiment excités. On dirait qu’ils viennent juste de recevoir une bonne note à un contrôle, alors qu’il ne s’est rien passé.

Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai pas simplement dit non. Oh, mon Dieu.

— Hey, Nadech, tu vas bien ?

Quoi ? Alors maintenant tu as fini de parler au téléphone, n’est-ce pas ?

Une notification Facebook apparaît sur mon téléphone. Je l’ouvre.

Devinez qui c’est ?


Green Snackkiki vous a envoyé une demande d’ami.


— Hey, Tine…

— Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu vas bien ?

— Je viens juste d’être dragué par un garçon, tu penses sérieusement que je vais bien ? Et puis quoi encore !


Ça fait trois jours.

Il me faut du temps pour revenir à mon état normal. Ce n’est pas que je n’ai pas reçu ma part de confessions d’amour, mais c’est la première fois que cela vient d’un garçon. Y penser me donne la chair de poule. Je ne veux pas dire que ça me dégoûte, mais il n’y a pas moyen que nous soyons ensemble un jour. Il n’est pas mauvais ou quoi que ce soit, vous savez. Comme je l’ai dit, il est en fait assez beau. À en juger par son apparence, je ne serais pas surpris qu’il décide un jour de s’habiller comme une fille.

Quoi qu’il en soit, je sais comment maîtriser ce genre de situation. Tant que je l’ignore, toute tentative de me faire perdre la tête sera vaine. Je n’ai même pas accepté la demande d’ami qu’il m’a envoyée.

“Greensnackkiki”. Quel genre de nom c’est ? Beurk. Cela ressemble au nom qu’un élève d’école primaire se donnerait.

D’accord, je vais étouffer toute cette situation dans l’œuf ; ce n’est rien dont je dois trop m’inquiéter. C’est du moins ce que je pensais.


— Tine, tu as du papier toilette ? Je vais t’en chercher.

Chaque seconde des trois derniers jours a été comme ça. Il me suit tout le temps et partout. Même aux toilettes.

— Arrête de faire ça, dis-je durement.

— Tu dois faire pipi ou caca ?

— Dégage de ma vue.

Soudainement, je n’ai plus besoin d’aller aux toilettes. A la place, je me dirige rapidement vers l’urinoir le plus proche, mais Green me suit toujours. Je ne peux même pas pisser en paix ! Mon Dieu !

J’ai dit dégage de ma vue ! Tu me fais juste te détester, tu sais ?

— Je vais attendre dehors.

— Retourne d’où tu viens. Tu n’as pas cours ?

— J’ai une heure de libre. Je suis venu te voir.

— Tu n’as pas besoin de venir.

— Je te verrai plus tard, alors.

— J’ai dit NON. Je ne t’aime pas, d’accord ? Je t’ai dit que j’avais déjà craqué sur quelqu’un.

— Qui c’est ?

— Ce ne sont pas tes affaires. Arrête de me harceler, compris ?

— Yep.

— …

— A demain !

Bon sang ! C’est le pire taré que j’ai jamais rencontré.


J’en ai assez de tout ça.

Green s’accroche à moi comme un péché d’une vie antérieure. Je dis tout à mon Star Gang à son sujet. Je suis vraiment en colère.

— Ne te prends pas la tête avec ça. On va t’aider.

Fong me tapote durement le dos pour m’encourager. Ils regardent tous leur téléphone, faisant de leur mieux pour trouver des filles sur Facebook avec lesquelles je pourrais flirter. Le but est d’en trouver une jolie, riche et populaire. Comme ça, Greensnackkiki ne pourra plus me suivre partout.

— Tu as trouvé quelqu’un d’intéressant ?

— Eh bien… J’ai trouvé quelques filles, mais elles semblent toutes avoir un petit ami.

— Des seniors ? demande Ohm.

— Cela n’a pas d’importance. Je me fiche qu’elle soit en première, deuxième, troisième ou quatrième année.

Nous continuons tous à chercher. Trouver des filles sur les réseaux sociaux est plus facile que d’en trouver une dans la vraie vie.

Tout cela reviendrait en fait à faire d’une pierre deux coups. Vous savez pourquoi ? Premièrement, je vais me débarrasser de Greensnackkiki. Deuxièmement, peut-être que je peux me trouver une petite amie. Ce serait le plan parfait !

— Ohm, y a-t-il quelqu’un de bien ?

Après quinze minutes, il est temps de vérifier les résultats. Nous aimons tous penser que Ohm est un dieu des réseaux sociaux. Il a des comptes sur Twitter, Facebook, Instagram et même Tinder. Il passe ses journées à swiper !

— Je t’ai dit de m’appeler Pope. Putain ! Rappelle-t’en !

Oh mon Dieu, c’est carrément dégoûtant. Ew !

— D’accord, désolé, mais tu as trouvé quelque chose ?

— Demande à Mario. Je travaille encore dessus.

— Eh bien, Mario alors. Et toi ?

Fong me lance un regard noir.

— Je parle avec une fille. Ne m’interromps pas !

Je me tourne plutôt vers Puek.

— JamesJi…

— Non ! Pas maintenant. Je discute avec mes followers. Donne-moi une seconde.

Merde ! Ces mecs sont inutiles. Je vais devoir attendre jusqu’à ma mort ou quoi ?


Oh !

Je ne vous ai toujours pas parlé correctement de mes amis, n’est-ce pas ? Eh bien… Autant utiliser le temps qu’il nous reste avant de résoudre mon problème pour vous mettre au courant. Mon gang est composé de quatre beaux garçons: Puek, Ohm, Fong et moi.

Puek est l’administrateur d’une page Facebook appelée “Les restaurants incontournables où la nourriture n’est pas bonne mais pas chère”.

C’est une page stupide où il écrit des critiques sur les restaurants proche de notre campus. Le facteur le plus important pour ses critiques est que la nourriture doit être bon marché, même si le goût est horrible. Au début, je me demandais vraiment comment il allait faire pour que cela fonctionne, mais maintenant la page a 150 000 likes.

Je suis désolé Puek. S’il te plait, pardonne-moi d’avoir douté de toi.

Ohm, notre célébrité, est suivi par beaucoup de personnes sur les réseaux sociaux. Il aime s’imaginer qu’il est le mec le plus sexy de tous les temps — comme Pope, une star très populaire en Thaïlande.

Le dernier, c’est Fong. Je ne sais pas quoi vous dire à propos de lui, en dehors du fait qu’il aime aider sa mère à gérer l’affaire familiale et qu’il est pratiquement collé à sa petite amie.

Voilà, je viens de passer dix minutes à vous présenter tout le monde, et il est temps de quitter l’espace privé dans ma tête. Nous devons faire un sérieux brainstorming.

— Je pense… commencé-je, alors que je pense enfin à la meilleure façon de tout résoudre.

— Quoi ?

— Je crois que je vais appeler Numnim.

Et maintenant, je sais que vous vous posez plein de questions, parce que qui est Numnim, n’est-ce pas ?

Eh bien, vous vous souvenez de mon ex-petite amie, la fille difficile dont je vous ai parlé ? C’est Numnim.

Elle va à la même université que nous. Je la croise souvent dans les couloirs et on discute un peu, et je sais qu’elle est célibataire. Je suis assez confiant dans le fait que cette fille extrêmement belle peut m’aider à me débarrasser de Green !

Je sais qu’elle et moi n’avons peut-être pas les mêmes idées sur tout, mais, aussi sûr qu’un œuf est un œuf, elle voudra m’aider à échapper à ce problème infernal.

— Nadech, tu es sûr ?

— Pope, s’il te plait, on peut juste utiliser nos vrais noms ? Ça me rend fou.

Mec ! J’en ai vraiment marre de cette stupide histoire de changement de nom. S’il te plait. Arrête.

J’appelle Numnim et je lui raconte tout. Au départ, elle est d’accord pour m’aider. Sauf qu’elle sort avec un nouveau mec.

En d’autres termes, j’ai dû aller chercher mon ex soudainement plus célibataire, la supplier de m’aider, puis lui demander d’expliquer à son nouveau mec qu’elle ferait semblant de sortir avec quelqu’un d’autre.

Merde ! Cela s’avère être vraiment déroutant !

Après avoir finalement mis les choses au clair, Numnim a accepté de m’aider à me débarrasser de Greensnackkiki, la fille dans un corps d’homme. Génial !

Cela signifie qu’il est temps que la mission commence.

Même si les cérémonies d’initiation et presque toutes les autres activités d’introduction sont terminées, il en reste encore une. La plus importante, que tous les étudiants de première année attendent: la Freshy Night.


Tous les étudiants de première année de l’université sont actuellement dans le gymnase. Nous sommes tous assis sur les tribunes, séparés par facultés. En haut des gradins, il y a la faculté de santé publique et quelques étudiants en art. En bas, il y a surtout des étudiants en ingénierie et en agriculture. On a vraiment l’impression que tout le monde est là.

C’est probablement parce que ce soir il y a beaucoup d’activités spéciales intéressantes, comme un concours de beauté Prince-Princesse pour les hétéros et les gays et même des performances musicales de groupes d’étudiants.

Bien sûr, le Star Gang ne voulait pas manquer ça. Puek est assis à ma gauche. Numnim, ma fausse petite amie, est à ma droite. Devant nous, il y a Fong et Ohm. À l’arrière, il y a M. Steven Condom. Son nom est en fait Dom, mais je l’ai appelé Condom. C’est tout ce qu’il y a à dire.

— Mesdames et messieurs, vous êtes prêts pour que nos charmants Princes et Princesses vous ravissent avec leur spectacle ?

— OUI !

— Bien, maintenant que vous êtes tous gonflés à bloc, c’est l’heure du spectacle !

La splendide inauguration par les Princes et Princesses de chaque faculté commence. Je reconnais le Prince de ma faculté et sa vue blesse ma fierté. J’étais vraiment proche d’être choisi pour le spectacle, mais nos seniors ont dit que le gars sur scène en ce moment avait l’air plus intelligent que moi. Je roule des yeux.

Le premier spectacle commence, puis le deuxième. Puis le troisième, le quatrième et encore plus après ça. Tout cela prend son temps — environ deux heures, je crois. Je m’assure de rester constamment sur mes gardes, à l’affût de Green. Heureusement, il ne se montre pas. Finalement, je me tourne pour prêter attention à mon ex.

— Tu as soif ? lui demandé-je.

— Un petit peu.

Je prends la bouteille d’eau la plus proche pour la lui tendre.

— Voilà pour toi.

— Pas question. Je ne bois que de l’eau minérale.

— Je suis trop paresseux pour me lever.

Il y a beaucoup trop de monde ici.

— Tant pis alors, dit-elle, et ça me fait me sentir un peu coupable.

— Quelle marque tu préfères ?

— C’est bon. Je vais aux toilettes, je vais en prendre une en chemin. Je dois juste trouver quel est le chemin le plus facile pour sortir. Hmm. Droite ou gauche ?

On dirait que c’est vraiment difficile à trouver. Allez, bébé. Je ne peux pas m’empêcher de faire un autre roulement de yeux.

— A droite c’est bien. Il n’y a pas autant de monde.

— A droite ? Je pense que je veux aller à gauche.

— D’accord. Peu importe ce qui te convient.

— Mais tu as dit à droite. Ok. Je vais aller par là.

Numnim se lève.

— Attention à la marche.

— Okie-dokie… mais je pense que je vais aller à gauche, mon petit ami est là-bas, glousse-t-elle.

Hein ? Quoi ? Ok, peu importe. Fais ce que tu veux, parce que ça me va dans les deux cas. Je suis seulement content d’avoir rompu avec toi.

Une demi-heure plus tard, Numnim est de retour à mes côtés, avec une bouteille d’eau qui est exactement de la même marque que celle que j’ai essayé de lui donner avant.

Qu’est-ce qui ne va pas chez elle ? Je commence à être un peu énervé. Et pour couronner le tout, les spectacles en ce moment sont tellement inintéressants. C’est juste ennuyeux.

— Tinebaby !

— Oh, sainte mère de Dieu… bougez-vous les gars ! A l’aaaaide ! Ne le laissez pas m’atteindre !

Je n’ai baissé ma garde que pendant une seconde !

Heureusement, il n’y a aucune chance que je laisse Greensnackkiki s’approcher de moi — j’ai des gardes du corps de premier ordre. Mon Star Gang protège ma liberté. Dieu merci !

— JamesJi, tiens ma main ! Mario, approche-toi ! Nadech, ça va aller, je te le promets !

Ok, flipper autant c’est peut-être un peu exagéré…

— Encore ? Pourquoi tu laisses toujours tes amis empêcher mon amour ? Pourquoi ?

— Pourquoi tu es venu ici ? Va-t’en ! Retourne auprès de tes amis !

Green essaie toujours de se rapprocher. Finalement, il s’empare du siège de M. Steven Condom derrière moi. Absolument terrifiant.

— Je veux juste te voir, c’est tout. Alors… qui est cette fille ?

Je donne une légère tape sur le côté de Numnim pour qu’elle lui parle.

— Cette fille ? C’est…

— Numnim ! Pourquoi tu es là ?

Ma fausse petite amie s’exclame bruyamment:

— Ah, Green !

— Vous vous connaissez ?

— C’est la petite amie de mon ami, explique Green. Pourquoi tu es là, Numnim ?

— Eh bien…

Numnim me demande de l’aide, et soudain mes amis sont tous devenus muets. Bon sang ! Je suppose qu’il n’y a pas besoin de mentir puisqu’ils se connaissent déjà de toute façon. Je trouverai un nouveau plan plus tard.

— C’est mon ex.

— Whoaaaa ! Tine, Numnim était ta petite amie ? Ça me donne tellement d’espoir.

— Pourquoi ?

— Parce que l’ex de cet ex que j’ai battu est tellement mieux que Numnim.

— Aaahhhh ! NON !

Le cri de Numnim est noyé alors qu’un présentateur annonce le prochain groupe sur scène. Ils joueront pendant la pause du concours actuel.

— Et maintenant, je vais vous présenter “Sssss..!”, déclare le présentateur.

C’est quoi ce nom de groupe ? Sssss ? Ça ressemble plus à une sorte de soda.

Quand j’entends le premier son de batterie, je ne fais plus attention à personne d’autre. Ce groupe joue une chanson de mon groupe préféré Scrubb.

Il ne me faut qu’un seul son de batterie pour savoir exactement de quelle chanson il s’agit.

— Ça va les gars !

— Whoaaaaaaaaa !

La voix du chanteur remplit la salle. Les caméras se tournent vers chaque musicien. Du chanteur au bassiste, puis au batteur et au claviériste.

Les premiers mots de la chanson sont déjà touchants.


“En marchant, en regardant encore et encore des gens que je ne connais pas
En ressentant la même chose, en aimant les mêmes choses que d’habitude
J’essaie de me rappeler mes souvenirs, tous ces souvenirs, c’est seulement moi.
Juste moi, juste le même, juste comme d’habitude.”(1)



Le chanteur semble si heureux avec un air presque satisfait sur son visage. Je chante avec lui comme tout le monde, me balançant un peu sur la musique. Et je ne remarque presque pas que Green est sur le point de poser avec insistance sa main sur ma cuisse. Presque. Encore une seconde et je vais le frapper.


“Un jour, un mois, une année passent,
Mais quelqu’un va les rendre significatifs.”



Le projecteur se déplace vers le guitariste dans le coin. Alors que la lumière l’atteint, la caméra le suit, et tout est noyé dans les cris de tous ceux qui m’entourent. Leurs voix créent un rugissement écrasant.


AAAAAAAAAAAAAAH !


“Une personne a tout changé,
Une personne qui me fait sourire même quand je suis triste.
Juste toi, qui a changé mon amour pour toujours.”



— Il est tellement sexy !

— Oh mon Dieu ! C’est un vrai ange ?


“Aucune raison, aucune explication.
Juste parce que nous sommes faits pour être ensemble.”



AAAAAAAAAAAAAAH !

Encore et encore et encore, ils crient pour le guitariste. Le caméraman sait manifestement ce que veulent les filles, et il continue de tourner la caméra vers le gars. À chaque fois, ça rend les filles autour de moi folles. Même moi, je dois admettre qu’il est plus sexy que n’importe lequel des Princes de la faculté.

Je suis presque sûr que toutes les filles ici vont finir par avoir mal à la gorge. Elles crient comme s’il n’y avait pas de lendemain. Même Green, qui m’a dit encore et encore qu’il m’aimait beaucoup, perd aussi la tête à cause du guitariste.

— Merci beaucoup ! s’écrie le chanteur en inclinant la tête.

Tous les étudiants commencent à scander bruyamment:

— Présentez-vous ! Présentez-vous ! Présentez-vous !

Ouais, je dois vraiment lui accorder ça. Il est vraiment beau gosse.

— Nous sommes Sssss..! Nous sommes les gagnants du festival de musique de l’année dernière. Et je m’appelle Tan, je suis le chanteur. Je suis en troisième année.

Il reçoit un maigre applaudissement. Pauvre gars !

— Ce gars à ma gauche, c’est Toom, notre bassiste. Il est en deuxième année. Au fond, c’est notre claviériste, Ken. Il est en troisième année. Le suivant est aussi en troisième année, Silp, notre batteur. Et le dernier…

AAAAAAAAAAAAAAH !!!

— Eh bien, en fait, notre vrai guitariste est en quatrième année. Mais aujourd’hui il a eu un petit accident, et donc on a un nouveau guitariste spécial. Il est en première année.

— Hein ? Première année ? Il a le même âge que moi ! Aaahhh !

Une fille assise près de moi crie à haute voix. On dirait qu’elles ont toutes craqué pour ce type.

— D’accord, laissons-le parler, dit le chanteur en passant le micro au gars après lequel elles crient toutes.

Toutes les filles attendent avec impatience de l’entendre parler et pour une raison quelconque, moi aussi.

— Salut les gars.

Sa voix rauque crée encore un autre enfer de cris. Je continue à le fixer. Je ne peux pas détacher mes yeux de ce type. Le son de sa voix fait frémir mon cœur. Elle ressemble tellement à celle de Muey des Scrubb. C’est une voix vraiment spéciale.

Le gars a l’air timide. Je remarque qu’il semble essayer d’éviter la caméra.

— Je ne fais que remplacer le guitariste aujourd’hui. Je suis seulement ici pour aider mes amis, donc je ne veux pas vraiment me présenter. J’espère que vous apprécierez cette soirée !

— NOOOOON ! POURQUOI ???

Tout le monde pleure.

— Dis-nous juste un petit truc, s’il te plaît ! crie Green.

Sérieusement ? Qu’est-il arrivé au fait de m’aimer ?

Après avoir terminé les présentations, le groupe quitte rapidement la scène. Toutes les filles de la salle sont déçues, mais je suis sûr que même si le groupe a quitté la scène précipitamment, il est impossible que personne n’ait réussi à prendre une photo du gars. Même mon Star Gang l’a fait.

J’étais heureux de laisser Green porter son attention ailleurs, même si cela n’a duré que quelques minutes. J’aurais aimé que Sssss..! puisse rester un peu plus longtemps. S’il vous plaît, éloignez Green de moi.

C’est la fin du concours. Une fille de la faculté de Pharmacie est couronnée Princesse, et le Prince est à la faculté d’Ingénierie.


— Tine, j’ai enfin trouvé comment t’aider.

Le lendemain matin commence par un cours d’anglais, et Puek me salue avec son nouveau plan. Je me retourne rapidement sur ma chaise pour demander à mon meilleur ami.

— Vraiment ? Comment ?

— Regarde ça. En fait, c’est Ohm qui l’a suggéré en premier, dit-il en levant son téléphone pour me montrer l’écran.

Une page avec deux cent mille likes. Ça s’appelle “Cute Boys Aholic Society”.

— Et alors ?

— Après la nuit dernière — après le concert — ce guitariste anonyme est devenu viral. Beaucoup de gens sur cette page essaient de le trouver. Regarde !


“Recherche le guitariste de la Freshy Night.”

“Veuillez télécharger toutes les photos que vous avez de lui.”

“Un administrateur peut-il nous aider à trouver ses coordonnées ? Je ne pourrai pas dormir aujourd’hui si je ne trouve pas son nom.”

“Qui est ce guitariste ? Ma copine est en train de devenir folle de lui. AIDEZ-MOI !”

“Si quelqu’un a pris des photos hier soir, merci de les partager.”



La plupart des messages postés étaient tous comme ça. Il semblait que personne ne savait qui il était… et je ne vois toujours pas comment le guitariste peut faire partie de notre plan pour me sauver.

— Euh. Je sais qu’il est beau. Mais, et alors ?

— Tu ne le vois vraiment pas ? Il peut t’aider ! Même une jolie fille comme ton ex était inutile. Je ne pense pas que Green va abandonner facilement.

— Tu veux dire que…

— Oui ! C’est le plus sexy. On doit juste prétendre que c’est ton petit ami. Je te garantis que c’est comme ça qu’on se débarrassera de Green, et personne d’autre ici ne t’embêtera jamais.

— Mais c’est un mec ! Putain !

J’ai frappé Fong sur la tête. Donc je vais essayer d’échapper à un homme en étant le petit ami d’un autre homme ?

Absolument pas. Hors de question. Nu-uh !

— Alors quoi ? Tu n’as pas compris le mot “prétendre” ?

— Comment ? Je ne connais même pas son nom. Greensnackkiki ne croira jamais cette merde !

Ohm affiche un visage suffisant.

— Merde ! Tu ne réalises pas à qui tu parles ? Je suis Pope, le Dieu des réseaux sociaux. Je peux trouver tout ce que tu veux. Cela dépend seulement de si tu es assez courageux.

— Vas-y. C’est pas comme si j’avais le choix.

Si ça permet à Green de me lâcher, je suis prêt à tout. Et c’est comme ça que les trente prochaines minutes passent.

— Hé ! Quelqu’un a trouvé des infos, dit Ohm sans lever les yeux de son téléphone.

Il n’a pas prêté la moindre attention au cours. Je trouve la page de mon téléphone pour regarder, trouvant une photo du gars. Il y a une légende:


Cute Boy Aholic Society

J’ai enfin trouvé quelque chose. Il est en Sciences Politiques, mais je ne suis pas sûr de son nom. Si l’un d’entre vous le connaît, contactez-moi ! Toutes les filles de notre université le VEULENT vraiment !
-Administrateur Mœ



Le message reçoit immédiatement une quantité massive de likes. Quatre mille en dix minutes. Putain de merde !

Même si beaucoup de gens commentent, personne ne sait qui il est. Enfin, jusqu’à ce que…


“Je l’ai trouvé ! Il est en spécialité Relations Internationales. Je l’ai vu au rez-de-chaussée ! OH MON DIEU MA MAIN TREMBLE”


Ce commentaire était accompagné d’une autre photo. Le gars d’hier, portant soigneusement l’uniforme de l’école, et avec une carte de visite…

Sarawat(2)

C’est son nom ?


“OH MON DIEU, JE VEUX VRAIMENT ALLER EN PRISON, JE VEUX ME FAIRE ATTRAPER PAR LUI”

“Je ne peux pas le supporter plus longteeeeeemps !”

“Un mec magnifique avec un nom magnifique”

“Mon garçon, je suis lààààààààààààààààà”

“Je sais juste que nous sommes des âmes sœurs #TeamSarawatsWives”



Ce gars est évidemment le sujet de conversation de la ville. Les filles se sont déjà baptisées “Team Sarawat’s Wives”. Mais cela est loin d’être aussi important que le commentaire d’un type portant un maillot de football de Milan sur sa photo de profil :


“Wat est mon ami. Il n’a pas de Facebook, d’Instagram ou de Twitter et il déteste l’attention. Il m’a demandé de demander à un administrateur de l’aider à supprimer ses photos ?”


WOW.

Je suis sans voix. Un homme si confiant ! Juste wow.


À la fin de notre cours, le Star Gang et moi nous rendons au bâtiment des Sciences Politiques. Cela ne prend que quelques minutes car nos bâtiments sont très proches l’un de l’autre.

Je parie que vous vous demandez tous ce qui est arrivé à toutes les photos de cette page. Chacune d’entre elles a été supprimée ! Après avoir découvert la spécialité de Sarawat, beaucoup de gens ont trouvé ses informations sur la page d’accueil officielle de notre université. Son nom de famille est assez célèbre, et il ne leur a pas fallu longtemps pour découvrir que son père est un officier de police haut gradé. Mes yeux ont failli sortir de ma tête.

Il n’y a aucune chance que Green me dérange encore ! Ha !

Même si je doute vraiment que Sarawat veuille m’aider dans cette épreuve insensée, mon Star Gang ne cesse de me pousser à y aller. Je n’ai pas d’autre choix que d’essayer de convaincre ce type.

— Je ne pense pas qu’il sera encore là.

— J’ai déjà vérifié son emploi du temps. Il finira ses cours à quatre heures.

— Quoi ? Mais il n’est que trois heures ! C’est une blague ? Je vais devoir attendre ce Sarawat pendant une heure entière ?

— Eh bien, tu veux que le plan échoue ?

— Je suppose que non. Regarde ça.

Je montre une foule de filles. Elles sont toutes assises sur le sol. Elles attendent Sarawat, j’en suis sûr. Leurs uniformes ne sont pas ceux du département des Sciences Politiques.

— Continue. Tu ne peux pas les laisser t’intimider.

— Je n’aime même pas ce gars. Pourquoi je me laisserais intimider ?

— D’accord, mais tu es venu ici pour demander de l’aide. Assieds-toi.

— C’est une excellente idée. JamesJi est si fatigué maintenant.

Bon sang, tu peux arrêter de plaisanter juste une minute ?

Nous attendons une bonne partie de l’heure. Il est trois heures quarante-cinq quand je vois un grand groupe d’étudiants venir vers nous.


— C’est lui ! C’est Sarawat !

HIIIIIIIII !


Les filles se jettent toutes sur un gars de 189 centimètres. Sarawat. Je suis obligé de le fixer d’un air penaud.

— Où tu vas, Sarawat ?

— Je vais retourner dans ma chambre.

Il est évident qu’il essaie d’échapper à la horde de filles, même si c’est une tâche impossible.

— J’ai acheté ça pour toi.

— Sarawat, tu es si gentil. J’attendrai que tu joues encore de la guitare.

— Si j’ai une chance, je le ferai. Excusez-moi, je dois y aller maintenant.

— Tu as une petite amie ?

— Non.

HIIIIIIIIII !!


Merde ! Il n’y a aucun moyen de l’atteindre. Ces filles sont folles.

— Hey ! Sa-ra-laew !

Je l’appelle, en faisant exprès de mal prononcer son nom pour l’appeler “Abruti”.

— Désolé… je veux dire Sarawat.

Je le vois me dévisager et je me dirige immédiatement vers la foule.

— On peut parler un moment ?

— De quoi ?

— Ah, je…

Je ne sais pas exactement quoi lui dire. Il y a beaucoup de filles autour de nous.

— Qu’est-ce que tu veux ? Je suis occupé.

— Je… commencé-je, mais sa voix semblable à celle de Muey m’interrompt.

— Si tu continues à me regarder comme ça, je vais t’embrasser. Quel emmerdeur !

Et puis il est parti, s’éloignant à pas furieux. Il m’a laissé seul ici avec une armée de filles.

AAAAAAAAAAAAAAAAAH !


Hé ! Comment oses-tu me manquer de respect comme ça ! Reviens !

Trou du cul ! Sa-la-wad(3) !

Notes :
1/ “Koo gun” (Together) de Scrubb
2/ ‘Sarawat’ veut dire inspecteur de police
3/ ‘Salawad’, qui veut dire pavillon du temple, est un homophone de ‘Sarawat’

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:44



Chapitre 2
Flirter avec toi dans cette vie, sortir avec toi dans la prochaine
Salawad, Salawad, SA-LA-WAD!


Depuis que je suis rentré dans mon dortoir, je n’ai pas arrêté de grogner son nom.

Ce type s’est moqué de moi ! Et puis il m’a laissé en plan ! La gêne que j’éprouve me tue.

Les membres de mon Star Gang étaient tous morts de rire, mais ils m’ont assuré que je n’avais pas à m’inquiéter de mettre la main sur Sarawat à nouveau. Ils pourraient facilement trouver quelque chose.

Oh, vraiment ? Facilement, disent-ils ? Je commence vraiment à douter qu’aucun d’entre eux n’ait vraiment utilisé son cerveau pour élaborer ce plan en premier lieu. Rien que le fait de s’approcher de Sarawat a probablement été la chose la plus difficile que j’ai jamais eu à faire.

Et vous pouvez le croire ! Les filles qui se qualifiaient elles-mêmes comme étant mon fan-club ont créé un groupe Facebook appelé “Sarawat’s Wives”. Elles ont dit que le groupe fermé était pour poster secrètement ses photos sans qu’il le sache. Qu’est-ce que…

J’ai essayé de chercher son vrai nom sur Google un grand nombre de fois. Je n’ai trouvé que son nom de faculté et le fait qu’il a été champion de guitare classique dans un concours il y a des années.

Ohm m’a ajouté au groupe des épouses de Sarawat — pour traquer Sarawat, a-t-il dit (quoi que cela veuille dire). Ainsi, nous pourrions suivre son emploi du temps, son adresse, ses loisirs… à peu près tout ce qui le concerne. Ces fangirls sont plutôt impressionnantes. En fait, je suis un peu inquiet de savoir comment elles ont mis la main sur toutes ces informations.

PING !

Un texto d’une fille ! Ce n’est pas nouveau que des filles veuillent me parler. Malheureusement, aucune d’entre elles n’est assez jolie pour lui demander de l’aide pour se débarrasser de Greensnackkiki. Mince, rien que son nom me donne des frissons.


Nara Thanatip
Tine


Je ne suis peut-être qu’un étudiant de première année, mais ma popularité auprès des filles n’est pas une blague !


Tine TheChic
Yep ?

Nara Thanatip
Tu aimes les filles ou les garçons ?


C’est quoi cette question ? Pourquoi me demanderait-elle ça ?


Tine TheChic
Les filles, évidemment

Nara Thanatip
Quel soulagement !

Tine TheChic
Pourquoi ?

Nara Thanatip
J’ai vu que tu avais rejoint le groupe des épouses de Sarawat. J’étais juste choquée.

Tine TheChic
Ah, mes amis plaisantaient, c’est tout.
Je ne sais même pas qui c’est haha

Nara Thanatip
D’accord. Génial, je ne veux pas que tu flirtes avec lui

Tine TheChic
Tu es jalouse de lui ?

Nara Thanatip
Non. Je suis jalouse de toi.
Je dois y aller ! bye !


Tine TheChic
*Envoie un emoji d’évanouissement*
*Envoie un emoji en colère*


Putain de merde !

Je me souviens de l’époque où cette fille venait de me rencontrer. Elle venait me voir tous les jours avec des cadeaux, payait mes repas et mes desserts et tout. Comment a-t-elle pu soudainement devenir comme ça ?

Eh bien, c’est pas comme si je m’en souciais vraiment !


J’appelle Ohm.

— Ohm, trouve-moi son numéro !

— La Terre à Tine. Regarde dans le chat.

— Quoi ?

— Quelque chose de bien t’attend.

Ohm a raccroché. J’ouvre l’application Line sur mon téléphone pour voir les messages venant de lui. Un tas de lettres apparaît sur mon écran. C’est probablement le seul moyen d’entrer en contact avec Sarawat. Bien joué, Pope !

Sarawat_Guntithanon@gmail.com

J’ai l’impression d’être revenu à l’époque de MSN. Pff.

J’envoie un e-mail à l’adresse, en me présentant formellement. On dirait presque que j’essaie de postuler pour un emploi ou quelque chose comme ça…


Tine_ChicChic@gmail.com
A: Sarawat_Guntithanon@gmail.com
Objet: Bonjour
Salut. Je m’appelle Tine. Je suis étudiant en Droit. Nous nous sommes rencontrés une fois. J’ai un problème et j’ai vraiment besoin de ton aide. Est-ce qu’on peut se rencontrer demain ? Tu décides du lieu.



C’est bon. J’envoie l’e-mail, et dix minutes plus tard, une notification apparaît. Un e-mail de Sarawat !

En l’ouvrant, je lis:


Sarawat_Guntithanon@gmail.com
A: Tine_ChicChic@gmail.com
Tu es fou ? Tu as vraiment fait l’effort d’envoyer un e-mail juste pour demander du sexe ? Où que ce soit ? Va baiser ton chien !


Asdfghjdls;f;s[iwjdl,vxchuasp;wkwdlaawqasd !!!!!!!!!!!

Je suis carrément furieux ! Je tape toute une cascade de blasphèmes à renvoyer à ce fichu type. Mais dès que j’appuie sur le bouton “envoyer”, devinez quoi.

PLING

Mon e-mail n’a pas pu être envoyé. Il a dû marquer mon adresse comme spam. Bon sang !



Pour l’instant, je ne suis guère différent d’un pitbull terrier, car en ce moment, il n’y a rien que je veuille plus que de lui mordre les talons.

Cet e-mail d’hier soir était mortifiant.

Je suis avec mon Star Gang, j’essaie de trouver une solution. Je n’ai rien sur Sarawat — pas de numéro, pas de Facebook, pas d’Instagram. Même pas Twitter. Il n’a aucun compte nulle part, et il a bloqué mon adresse e-mail. Je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire.

— Si ce que tu dis est vrai, il est plutôt méchant, dit Fong en levant les yeux au ciel.

— Il n’est pas méchant. C’est un connard, réponds-je.

C’est honnêtement ce que je pense de ce type.

— Se rapprocher de lui va être difficile, je suppose, approuve Puek. Je vous ai ajouté à ce groupe. La meilleure chose que nous puissions faire pour le moment, c’est d’essayer d’obtenir plus d’informations sur lui. Si quelqu’un publie son numéro, on pourra peut-être trouver une nouvelle idée.

Quatre hétéros rejoignent un groupe de fangirls. N’est-ce pas un peu bizarre ?

— Vous ne pouvez pas penser à quelque chose de mieux et de plus rapide ? demandé-je.

Je suis presque sûr que si les filles ont eu son numéro, elles ne vont pas le poster dans un groupe Facebook.

— Je vais me renseigner sur ses horaires de cours et d’activités. Crois-moi, un jour, toi et Sarawat, vous vous rencontrerez. Pour l’instant, tu vas juste devoir le chercher au bâtiment des Sciences Politiques.

Je déteste admettre que j’ai passé tout le temps que j’étais supposé utiliser pour étudier à chercher Sarawat à la place. Oh mon dieu.

— Nous devrions aller le trouver après notre cours de psychologie. Il a des cours dans son bâtiment l’après-midi, et ensuite il retournera au bâtiment central pour un cours d’anglais.

Je t’admire vraiment, Ohm. Tu es un vrai détective.

— Tine, tu as compris ce que j’ai dit ?

— Bien sûr. Ne répète pas tout, je finirai par m’y perdre.

— Bien. Je vais chercher quelque chose à manger. Tu veux quelque chose ?

— Non.

Je secoue la tête. Je ne peux rien manger à huit heures du matin, mais mon Star Gang mange comme des cochons. Je vais juste attendre qu’ils reviennent, en réfléchissant à toute cette situation avec Sarawat.

— Tineeeeeee !

Uh-oh. A l’aide.

Je me tourne immédiatement vers l’horrible son, prêt à fuir Greensnackkiki. Mais c’est probablement impossible, car il s’approche de moi à une vitesse égale à celle d’Usain Bolt.

— Qu’est-ce que tu fais là ? lui réponds-je en essayant de me dégager de son étreinte.

Il me tient fermement comme un serpent qui serre sa proie. Pourquoi Green s’est pointé alors que mon Star Gang n’était pas là ? J’aurais vraiment besoin de leur aide. Oh, c’est pas vrai…

— Je suis venu t’attendre.

— Eh bien, je ne veux pas te voir. Va-t’en, s’il te plaît.

— Quand est-ce que tu vas changer d’avis ?

— Quoi ? Tu ne m’intéresses pas.

— Si tu étais à moi, je te donnerais tout ce que tu veux. Si tu veux une maison, je te donnerai un château. Si tu veux un manoir, je te construirai un palais.

Merde ! Même si tu me donnais une montagne, je ne serais jamais avec toi.

— Je ne veux rien de toi.

Ses mains m’attirent vers lui de la tête aux pieds, ça me fout les jetons. Les gens autour de nous commencent à nous fixer. Je fais une nouvelle tentative pour échapper à son emprise.

— Allons déjeuner ensemble. C’est moi qui offre.

— Laisse-moi tranquille. Je vais y aller avec mes amis.

— Tine ! Pourquoi tu n’acceptes pas mon amour ?

Je ne vois que tes faux cils. Ils sont à quelques centimètres de mon visage.

— Recule. Plus tu t’approches de moi, plus je te déteste.

— Tu ne vois pas que je suis sérieux avec toi ?

Il parle encore, posant ma main de force sur sa poitrine. Je peux sentir ses tétons à travers sa chemise.

Ew ! Ça va beaucoup trop loin.

— Laisse-moi partir, sifflé-je en serrant les dents.

— Non, Tine, ahhhhhhhhh…

Arrête de gémir ! Je suis à deux doigts de le virer de la chaise, mais je suis un gentleman — je le laisse là pendant que je fuis. Arghhhh !

— On se voit à midi ! me lance Green en agitant la main.

Il a l’air ravi. Il se pourrait même qu’il ait apprécié ma main sur son corps. Ew, c’est juste… ewwwww !

— C’est pas la peine ! J’ai déjà des projets, lui crié-je sans me retourner.

— Avec qui ?

— Quelqu’un qui n’est pas toi.

— Je veux me joindre à vous !

— Ne t’approche pas de moi.

— Merciiiiii !

C’est plus dur de se débarrasser de ce garçon que de mes propres cellules de peau morte. Énervant à souhait !

Maintenant, comment vais-je trouver où Sarawat va déjeuner ?


Cette fois-ci, Tine TheChic va se débrouiller tout seul. JamesJi, Pope et Mario prétendent que la cible pourrait paniquer s’ils venaient avec moi. Au lieu de cela, ils ont envoyé un représentant (c’est-à-dire moi) pour aller l’affronter seul.

Lorsque je vois Sarawat et ses amis assis près de moi, je ressens un soudain accès de courage. Je m’approche rapidement, en écoutant leur conversation.

Ce type est vraiment un tombeur, hein.

Leur table est couverte de sucreries, ne lui laissant aucun espace pour poser ses mains. En plus de cela, les filles de toutes les années n’arrêtent pas de s’approcher de lui comme s’il était une sorte d’ascenseur public. Il garde un visage impassible face à tout ça.

Wow, le manque d’intérêt de ce gars pour absolument tout est vraiment remarquable.

Il semble que la partie la plus difficile pour se débarrasser de Green sera de se rapprocher de Sarawat pour le convaincre de devenir mon partenaire de crime.

— Sarawat, j’ai acheté tous ces bonbons pour toi.

— Merci. Je n’aime pas les bonbons.

— Ah, alors qu’est-ce que tu aimes ?

— Je n’aime rien du tout.

— Il n’y a rien de spécial que tu aimes ?

— Je n’aime pas les choses que les autres achètent pour moi.

Je suis stupéfait. Pauvre fille. Je n’arrive pas à croire qu’il ose parler sans réfléchir comme ça. Je parie qu’il se considère si ravissant qu’il peut faire tout ce qu’il veut.

Maintenant que j’ai passé presque deux jours à suivre Sarawat, je me suis rendu compte de quelque chose: il se fout vraiment de tout.

D’abord, il dit rarement un mot à qui que ce soit, sauf à ses amis.

Deuxièmement, il est vraiment antipathique. Peu importe ce que les filles essaient de lui donner, il les rejette constamment.

Troisièmement, il est incroyablement difficile de lui parler. La seule option est de l’attraper en face à face. Obtenir son numéro de téléphone est aussi difficile que de gagner à la loterie !

Quatrièmement, même s’il se comporte de manière méprisable envers eux, ses fans inconditionnels restent quand même dans les parages. Tout ça à cause de son visage éblouissant.

Ça fait juste une minute.

— Sarawat, je peux prendre une photo ?

— Je suis en train de manger.

— C’est bien. Juste une seule photo, s’il te plaît.

— Ok. Donne-moi ton téléphone, dit-il et il pose les couverts dans sa main, tendant la main à la jeune fille tremblante en face de lui.

Attendez, est-ce que j’ai dit qu’il n’aimait pas faire plaisir à ses fans ?

— Souris, s’il te plaît. Un, deux, trois…

CLICK !

Sarawat rend le téléphone à la fille et recommence à manger. Ses amis s’étouffent presque de rire.

La fille a demandé à prendre une photo avec lui. Au lieu de cela, il en a juste pris une d’elle.

Je ne peux pas m’empêcher de rire aussi, c’est vraiment hilarant. Hé mademoiselle, est-ce que la photo que Sarawat a prise pour toi est bien ? Ha !


La fois suivante, ça ne prend que trois minutes.

— Mon ami m’a dit de te demander pour la journée d’activité de ce samedi — quel club tu vas choisir ?

C’est une fille de première année avec une carte de visite en forme de glace. C’est mignon.

— Je n’ai pas encore décidé, répond-il sans lever les yeux du poulet frit qu’il mange.

— C’est dommage ! Bon, tu aimes quel genre d’activités ? On pourrait peut-être se rencontrer, dit la fille en rougissant.

— Ce que j’aime ? Hmm… Le football, le tir à l’arc, le Muay Thai, l’escrime — quelque chose comme ça.

Merde ! Il n’y a aucune chance que cette fille ose faire l’une de ces choses. Elle ne fera pas de football, de tir à l’arc, de boxe, de plongée en apnée, de plantation de corail, de spa, de cuisine ou de jardinage. Comme d’habitude, Sarawat construit un mur autour de lui. Et ne pensez même pas à me demander comment je vais me rapprocher de lui, parce que je ne peux pas. Je sais que vous devez vous en douter maintenant.

J’attends que les filles sortent, laissant Sarawat parler avec ses amis. C’est ma chance — et je vais vers lui.

— Wat, tu as fini de manger ? demande son ami.

— Mmh. Je dois y aller. On se voit en classe.

— Fais attention aux filles ! Ne les laisse pas te manger ! Ça pourrait être très salissant, hah !

Quand je vois le grand type sortir de la cantine, je prends rapidement mon assiette et je le suis. Je ne vais rien faire, juste remettre mon assiette dans la cantine.

— Hé, tu te souviens de moi ?

Après avoir posé mon assiette, je me tourne vers Sarawat. Il se retourne brusquement pour me regarder. Putain de merde ! Pendant une seconde, je crains qu’il ne dévore mon cerveau.

— Quoi ?

Oh, toujours le gars sympa.

— J’ai besoin de parler avec toi. J’ai juste besoin de quelques minutes.

— Je ne parle pas aux inconnus.

Vraiment, il est toujours aussi amical.

— On s’est rencontré hier, ce qui fait que je ne suis pas un inconnu. S’il te plaît, donne-moi juste cinq minutes.

— C’est une perte de temps.

— Trois minutes ?

— Arrête ça ! Tu es si agaçant.

Puis il part. Encore. Quoi ? Je n’avais jamais rencontré quelqu’un d’aussi condescendant. Et pourtant, à chaque fois qu’il me fuit, je suis encore plus déterminé à le suivre. Les gars… je crois que l’esprit de Green m’a possédé.

— Une minute, s’il te plaît. J’ai besoin de ton aide.

— …

— Sarawat ! Dix secondes !

A présent, tout le monde nous regarde. La plupart d’entre eux sont des filles. Je vous garantis que si je n’avais pas été aussi éblouissant que je le suis, je me serais fait botter le cul sur le champ.

— Très bien. Vas-y.

— Je veux que tu m’aides et que tu fasses semblant d’être…

— Le temps est écoulé. Maintenant, arrête de me harceler.

Et puis il part — encore. Et encore. Et encore. Il me donne l’impression d’être aussi invisible que le vent. Merde. Putain !

Malheureusement pour lui, je suis tenace. C’est ma dernière chance. Je cours vers lui et tends la main pour prendre son téléphone dans sa poche arrière. Je le lui arrache avec succès.

— Qu’est-ce que tu fais ?!

Whoaaaaa ! Il est énervé, il me parle enfin.

— Donne-moi ton numéro, demandé-je.

Je lève la main avec son téléphone. Il a l’air exaspéré.

— Quel genre de tours tu me joues ? Tu veux être blessé ?

— S’il te plaît… donne-moi ton numéro d’abord.

— Tu plaisantes ? Pourquoi j’aurais besoin de faire ça ?

— Tu ne vas pas le faire ? Alors je ne te rendrai pas ça.

Je suis un peu plus petit que lui, alors je dois me tenir sur la pointe des pieds pour échapper à ses tentatives pour récupérer son téléphone. L’agitation augmente encore plus le regard de tout le monde. Je continue d’esquiver ses mains.

— Tu vas me rendre mon téléphone ou pas ?

— Donne-moi ton numéro.

— Ok, tu veux jouer à ça, hein ? D’accord…

Il repousse agressivement ma main. La surprise me fait lâcher son téléphone. Ça commence à ressembler à une tragédie. Tout le monde autour semble aussi stupéfait que moi.

BAM !

C’est le bruit de quelque chose qui frappe le sol et se brise.

Le téléphone de Sarawat. Merde…

— Er… Erm, je…

— TOI !

Je n’ai pas eu le temps de finir. Sarawat ressemble à un frelon enragé. Il penche la tête pour coller son front contre le mien. Puis il commence à me pousser, me faisant presque tomber par terre. J’ai peur qu’il continue à me pousser jusqu’à ce que je me retrouve dans les toilettes.

— Je… je ne voulais pas casser ton téléphone, m’excusé-je en me frottant le front.

— Tu l’as volé dans ma poche, comment ça peut ne pas être volontaire ?

— Mais tu as frappé ma main.

— Arrête…

— Quoi ?

— Arrête de te trouver des excuses.

— Je vais prendre mes responsabilités. Laisse-moi juste appeler ma mère, j’ai besoin d’argent.

J’essaie nerveusement de trouver le numéro de ma mère.

— Pas besoin de ça, dit-il impoliment en m’arrachant mon téléphone des mains.

— Hey ! Mais qu’est-ce que tu fais ?!

— C’est maintenant mon otage. Je ne peux pas savoir si tu vas t’enfuir.

— Tu as vraiment peur que je m’enfuie ?

— Ton téléphone a probablement le numéro de beaucoup de filles, donc si je veux me venger, je peux juste leur envoyer un texto, non ?

— Merde !

Je craque, et je tends le bras pour récupérer mon téléphone. Une autre guerre pour le téléphone commence au centre de la cantine. Je réussis à être assez souple pour bloquer mon téléphone dans sa main.

— C’est verrouillé ! Ha !

— Je m’en fiche. Tu récupéreras ton téléphone dès que le mien fonctionnera à nouveau.

— Pourquoi ?! Allez !

— Arrête de parler. Tu es si énervant.

— Sarawat ! Je vais garder les yeux sur toi !

Je lui crie dessus. Il part en faisant un signe de la main avec mon téléphone. Je me retrouve avec son téléphone cassé et cher que je vais devoir payer.

Bien sûr, j’ai bien eu son numéro de téléphone. Mais je n’avais pas prévu que ça me coûterait une fortune.

Donc, ça ne vaut pas le coup ! Avoir son numéro vient de me faire avoir une dette écrasante.

Ce n’est pas la fin de l’histoire du téléphone cassé de Sarawat, mais j’y reviendrai plus tard. Cette guerre ne fait que commencer, mais à l’heure actuelle, je suis affamé.

Ce soir, je rencontre mes mentors étudiants. C’est la deuxième fois que je les vois. Nous nous retrouvons dans un restaurant japonais à proximité. Malheureusement, mon Star Gang ne peut pas m’accompagner car ils ont tous des réunions, ce qui me laisse seul avec mes mentors.

— Tine ! Pourquoi tu es déjà là ?

C’est mon mentor de deuxième année, une jolie petite fille avec un appareil dentaire. Elle s’appelle Faeng. La première fois que je l’ai vue, j’ai pensé à flirter avec elle, mais il s’est avéré qu’elle avait déjà un petit ami.

— Oh, j’ai juste très faim.

Je rigole.

— Ok, nous devons juste attendre nos mentors de dernière année et de troisième année d’abord. Ah ! Regarde ! Ils sont là !

Nous ne sommes qu’un petit groupe de personnes, mais tout le monde prend toujours soin les uns des autres.

Le mentor de troisième année commande beaucoup de plats pour nous, et nous parlons de notre vie quotidienne en attendant que la nourriture arrive. Puis un nouveau groupe de clients entre dans le restaurant, et tout d’un coup l’atmosphère autour de nous devient agitée.

— Ce n’est pas Sarawat, le garçon qui est très populaire en ce moment ?

Faeng me pousse frénétiquement. Je me retourne pour regarder les nouveaux clients.

Ouah ! C’est vraiment Sarawat, et les trois autres doivent être ses mentors étudiants.

— O-M-G ! Il est assis si près de nous !

Faeng glousse. Euh, excuse-moi ? Tu n’as pas déjà un petit ami ?

Sarawat s’assied sur une chaise pas trop loin de nous, m’envoyant un regard mauvais.

— Je vais m’occuper de l’addition. Allez-y, commandez ce que vous voulez, dit la personne la plus âgée juste assez fort pour que je l’entende.

Je ne reconnais pas le gars de deuxième année, mais je peux dire qu’ils portent tous leurs uniformes avec soin.

— Ce que vous voulez, c’est bien. Je mange de tout.

— C’est bien, Sarawat ! Je ne veux pas de personnes difficiles dans mon groupe.

Quelqu’un d’aussi strict avec ce genre de choses doit être un préfet ou quelque chose comme ça. Je suppose que le mentor de quatrième année de Sarawat doit en être un.

Je ne peux pas m’empêcher d’être nerveux en attendant que la nourriture arrive à notre table. Sarawat est assis très près de moi, et beaucoup de gens ont les yeux rivés sur lui.

— Tout est servi ! dit mon mentor de dernière année, me faisant sursauter.

— Alors, on mange ? lancé-je avec un petit rire.

— Attends, tu as oublié nos traditions ?

— Oh ! J’ai oublié !

Je rigole. Je n’ai pas vraiment oublié. Je n’ai juste pas vraiment envie de le faire.

— Allez.

Je me lève devant les autres, en jetant un coup d’œil à l’homme près de moi, et je rougis comme une fille. Je me demande silencieusement pourquoi il fallait que ce soit aujourd’hui, le jour même où Sarawat, le préfet et tous ses fans inconditionnels sont là.

— Vas-y, Tine.

— D… D’accord.

— …

— Bonjour ! Mes mentors ! Je m’appelle Tine TheChic. Je suis un étudiant de première année, je suis tellement mignon, vraiment très mignon ! Je peux être devant ou derrière, ça n’a pas d’importance ! Hehe ! Haha !

Comme si ces mots idiots ne suffisaient pas, je n’ai pas d’autre choix que de faire une petite danse en même temps. Tout le monde autour de moi se moque de moi. Même Sarawat.

Je m’assois rapidement et commence à avaler ma nourriture. L’embarras pourrait bien me tuer.

Environ une heure plus tard, je me dépêche d’aller aux toilettes, le téléphone de ma sœur à la main. J’appelle Puek.

— Puek ! J’ai rencontré…

Je m’arrête.

Il est là, juste en face de moi ! Merde.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Rien. Je t’appelle plus tard.

Je raccroche le téléphone et je regarde le grand type en face de moi. Il est aux urinoirs.

— Tu es ici pour un dîner ?

Je me rapproche en lui parlant.

— …

— Sarawat !

— Je fais pipi. Ne t’approche pas.

— Merde !

Il se tourne vers moi.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Pourquoi tu t’es moqué de moi ?

— Quand ?

Sarawat se rapproche de moi, mais je refuse de bouger. Je ne veux pas perdre face à lui.

— Quand je me suis présenté.

— Ah, Tine TheChic ? C’est ça ?

— Et alors ?

— Rien.

— …

— C’est mignon.

Il me caresse doucement les cheveux avant de partir.

Beurk ! Lave tes mains avant de toucher mes cheveux !


Il est déjà tard dans la soirée lorsque je rentre dans ma chambre. Après avoir enlevé mes chaussures, je me dirige directement vers le téléphone que ma mère a mis dans ma chambre si jamais j’en avais besoin en cas d’urgence. Je tape mon propre numéro de téléphone et j’attends qu’on décroche.

— Bonjour.

— Tu as trouvé le mot de passe de mon téléphone ?

— Tu es fou ?

— C’est toi ! Tu es fou ! Je veux juste que tu saches que si quelqu’un appelle mon téléphone, ne décroche pas ! Tu n’as pas le droit de jouer avec mon téléphone !

— Bien sûr, mais la voix de Chompu est si douce.

— Putain de merde !

Je me souviens avoir flirté une fois avec une fille appelée Chompu, mais je ne suis jamais allé nulle part avec elle.

— C’est tout ?

— Je te préviens, sérieusement, ne réponds à aucun appel. Sinon j’utiliserai ta carte sim pour appeler toutes les filles. Je sais que tu détestes le chaos.

— Ne me menace pas.

— Ne me tente pas.

Je raccroche rapidement le téléphone, me sentant victorieux.

J’allume mon ordinateur portable pour discuter avec quelques filles. Je suis accro aux réseaux sociaux.

La première chose que je remarque en l’ouvrant, c’est que j’ai reçu beaucoup plus de notifications que d’habitude, et je clique dessus. Vous savez pourquoi ?


Tine TheChic
Un gars si délicieux. Je veux juste manger Sarawat.



C’EST QUOI CE BORDEL.


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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:44



Chapitre 3
S'il te plait, ne doute pas de ma confiance en toi
Parfois, je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi ce genre de surprises m’arrive toujours ? J’ai appuyé sur F5, je me suis déconnecté et reconnecté. Pas de changement !

Maudit Sarawat.

C’est tellement scandaleux. Non seulement il a déverrouillé mon téléphone, mais il m’a aussi fait souffrir avec cette mise à jour de statut juste avant de me coucher. Ne voulant pas que cela devienne encore plus incontrôlable et être mal compris par les filles, j’ai cherché mon propre nom dans le chat de la messagerie pour déclencher une séance d’insultes:


Tine TheChic
[Putain de Wat. Putain de connard. Comment tu as trouvé mon mot de passe ?]


Je peux le voir taper un message, et il répond rapidement.


Je l’ai vu


C’est réel ? Sarawat utilise mon compte Facebook pour taper et je lui réponds avec exactement le même compte. On dirait que je me parle à moi-même, sauf que non.


[Le mot de passe était de 6 chiffres. Comment tu l’as trouvé ?]

123456, c’est un mot de passe débile.



Wow… Tu es un tel buffle albinos(1). Tu es peut-être beau, mais tu es ignoble. Dans ma tête, je l’insulte gravement. La réponse que je lui donne en réalité est douce et sucrée en comparaison:


[Ducon(2)]


Au lieu d’obtenir des réponses, tout ce que je vois c’est…


[Ne fais plus jamais de conneries avec mon Facebook. Je te préviens]

[T’as compris ?]

[Ugh, putain. Je ne peux pas m’occuper de ça]

[Arrête de m’envoyer des stickers !]

[C’est bon, j’abandonne]

[Ughhh]



Je n’aurais jamais dû télécharger autant de stickers. Il les a presque tous utilisés. La conversation était complètement absurde. Je supprime les messages, énervé par les stupides stickers de Sarawat.

Ding !

Moins de trois minutes plus tard, je reçois une nouvelle notification.


Tine TheChic
Dépêchez-vous ! Clip XX exclusif d’un voyou brutal qui prend sévèrement une fille sur l’autoroute. Regardez avant qu’il ne disparaisse !


Woahh, quel connard ! Non seulement il a regardé du porno, mais il a aussi laissé un virus faire des ravages sur mon Facebook. Maintenant c’est un vrai problème. Je ne sais pas où les vidéos se sont répandues. Tout ce que je peux faire, c’est supprimer toutes les images horribles. C’est fou. Même les gens qui ne m’ont jamais envoyé de messages auparavant commencent à me demander s’il se passe quelque chose.

— Si excités que ça ?

Certains soupçonnent que je pense tellement à Wat que ça m’excite. En réalité, la seule chose à laquelle je pense, c’est à la façon dont je vais l’attraper, lui casser les jambes et le noyer quelque part.

Au départ, je voulais attendre demain pour mettre les choses au clair avec lui, mais je suis à bout. Je compose furieusement son numéro, attendant éternellement qu’il décroche. A quel point peut-on être occupé à une heure pareille ?

Un appel manqué. Deuxième appel manqué.

Troisième… Bon. Mon cher Sarawat est un gars tellement génial.

Juste au moment où j’ouvre la bouche pour parler, le message de l’autre côté me fait presque pleurer.

“Le numéro que vous avez composé n’est pas disponible pour le moment.”

Wow, il a éteint son téléphone.


Le lendemain matin, je ne peux même pas dire s’il fait soleil ou s’il pleut, car ma vue est trop brouillée pour distinguer quoi que ce soit. Je n’ai pas dormi de la nuit. Le manque de sommeil n’a plus rien à voir avec la peur des cauchemars de Green, mais plutôt avec le fait d’être hanté par Sarawat.

Lorsque le soleil frappe mon visage, je soulève ma tête de l’oreiller. Je prends une douche avant de me rendre à l’université. J’ai l’intention de sauter sur ce connard et de lui frapper la tête contre le sol plus tard dans la journée. Il est hors de question que je lui demande de m’aider à chasser Green. Je suis vraiment énervé en ce moment, je me sens comme une fille qui a ses règles.

— Hé Nadech, laisse-moi copier tes devoirs.

— Pas maintenant.

Je me dirige vers Puek, en jetant mon sac à dos sur la table et en lui faisant la tête.

— Pourquoi tu es si grincheux ? Quelqu’un t’a violé en venant ici ?

— C’est pire.

— Oh, je sais. Tu es stressé par ton statut Facebook, non ? Je comprends que Sarawat est sexy, mais est-ce que tu devais vraiment l’annoncer comme ça ? Tu étais vraiment si excité ?

— Excité, mon cul ! Je préférerais être enfermé pour l’éternité.

— Alors, pourquoi tu as posté ce statut ?

— Ce n’est pas moi qui l’ai posté.

— Si ce n’est pas toi, alors qui ? Ton acolyte ?

— Peu importe.

Je mets fin à la conversation et je pars acheter du jus de prune chinois. Je paye et retourne à la table alors qu’Ohm et Fong arrivent.

— Tine, c’est bien que tu sois là. Green était là tout à l’heure. Il n’arrêtait pas de demander de tes nouvelles, me dit Ohm avec un visage impassible.

Je sens un sentiment d’effroi envahir mon esprit.

— Et qu’est-ce que tu lui as dit ?

— Je lui ai dit que tu n’étais pas encore là, probablement trop occupé à baiser un oreiller dans ta chambre.

— Merde.

— C’est bien, non ? Il a probablement couru pour aller se noyer. J’ai entendu dire que tu avais fait des trucs chauds hier soir.

— Ne parle pas de ça, dis-je en grinçant des dents.

Je regarde les trois avec un soupçon d’apocalypse sur le visage. Je veux dire, rien que me rendre à la faculté sans que les gens me regardent était déjà assez difficile…

— Bien.

— Je ne veux pas en parler.

— Comment tu m’as brisé le cœur…

— Si je reste ici…

— Juste un peu plus longtemps…

— Si je reste ici…

— Tu n’écouteras pas mon cœur ? Oh, mon cœur…

— Tu sais quoi, bébé ?

— Quoi ?

— Allez en enfer ! Est-ce que j’ai l’air d’être d’humeur ?

Je dis ça même si j’ai presque terminé la chanson. Merde.


Parfois, il est bon d’être avec ces trois-là. C’est le pack complet, à part peut-être un avenir et la fortune. En fait, tout ce que c’est, c’est l’anéantissement de ma vie universitaire. Je suppose qu’ils aident au moins à soulager mon stress.

Je dois me dépêcher de résoudre mes problèmes de la veille au lieu de m’en inquiéter. Il y en a beaucoup à résoudre.

Lord Sarawat est probablement déjà à la faculté des Sciences Politiques.

— Quand vous aurez fini de copier mes devoirs, rendez les miens pour moi aussi, d’accord ?

Je me lève, prenant ma bouteille d’eau et mon sac alors que je me prépare à partir.

— Où tu vas ?

— Trouver Wat, réponds-je honnêtement.

— Aw ! Est-ce que ton cœur souffre pour lui ?

Fong se moque de moi avec une voix dramatiquement tremblante et lève les sourcils de façon taquine. Il ne demande qu’à recevoir mon pied dans la figure.

— Ce n’est pas mon cœur qui le réclame, ce sont mes pieds ! Ils tremblent d’impatience.

— Tu vas lui faire mal ?

— Nah ! Mais je vais te faire mal si tu n’arrêtes pas d’être aussi curieux.

— Comme tu veux. Réserve tes pieds pour marcher.

J’ai filé avec colère hors du bâtiment de Droit, me dirigeant vers le bâtiment de Sciences Politiques tout proche. A la seconde où je mets le pied dehors, je sens les yeux de tout le monde se poser sur moi comme si j’étais une sorte d’horrible criminel. Les seniors, les autres étudiants de première année ; ils se tournent tous vers moi comme des radars à la recherche d’un signal.

Puuuutain. J’ai l’impression d’être au mauvais endroit.

Tine n’a jamais rien fait de mal. Je n’ai jamais volé de nourriture dans un sanctuaire, alors pourquoi dois-je me retrouver dans une situation comme celle-ci ?

Mais stresser ne me mènera nulle part. Je parie que j’ai probablement commis le péché d’être un fouineur indiscret dans une vie antérieure. C’est peut-être pour cela que je paie maintenant ces péchés dans cette vie en ayant tout le monde qui se mêle de mes affaires.

J’arrive à peine à dépasser un ensemble de tables en marbre avant de repérer la base de tous mes problèmes. Il est à une table à moins de vingt mètres de moi. Sans hésiter, je me dirige droit vers lui.

— Pourquoi tu ne réponds pas au téléphone ?

Je lui aboie dessus dès que je suis proche. Sarawat lève les yeux du manga One Piece qu’il tient dans ses mains, le regard terne.

— Tu m’as dit de ne répondre à personne, alors je ne l’ai pas fait.

— Merde, je voulais dire d’autres personnes, pas de moi.

— Ce n’est pas ce que tu as dit.

— Tu fais exprès d’essayer de me taper sur les nerfs ? Pourquoi tu as éteint ton téléphone ?

— C’était énervant.

J’ai juste envie de lui donner un coup de pied dans l’oreille.

— Rends-moi mon téléphone, dis-je en tendant la main vers lui pour lui signifier que je veux qu’il me rende mon téléphone — l’appareil qui détient la clé de mes comptes de réseaux sociaux (autrement dit, ma liberté).

— Et mon téléphone ? Tu l’as réparé ? répond Sarawat, agacé.

— Je te le rendrai quand ce sera fait.

— Eh bien, quand le mien sera réparé, tu pourras venir chercher le tien.

Pourquoi doit-il rendre les choses si difficiles ? Je n’ai jamais eu besoin d’autant de patience pour avoir une conversation avec quelqu’un.

Il semble que Sarawat ne va sérieusement pas me rendre mon téléphone, ce qui ne me laisse pas d’autre choix que d’utiliser mon arme la plus mortelle. La même arme qui a fait tomber un nombre incalculable de filles à genoux: mon charme irrésistible.

— Aw, ne t’entiche pas de moi maintenant. Tu as eu mon téléphone pendant toute une journée et tu ne veux toujours pas me le rendre ?

— Personne ne t’a jamais appris quand tu étais enfant ?

— Appris quoi ?

— Appris à ne pas dire de bêtises. Tu as grandi et tu parles encore de cette façon.

— Comment ça, de cette façon ? Tu devrais être gentil.

— La façon dont tu agis en ce moment. Pars, tu m’agaces.

— Agacé, agacé. Je ne peux pas t’acheter ce mot pour le mettre à la poubelle ?

— Tu ne pourras pas te le permettre. Mes mots sont chers.

Oh wow ! Quel mec attirant. Un joli visage et un beau parleur.

— Tu vas continuer à me faire cette tête pendant combien de temps ? J’essaie de lire, poursuit Sarawat.

J’avais prévu de lui dire ce que je pensais, mais c’est moi qui suis la cible de toutes ces paroles froides.

— Promets-moi que tu ne trafiqueras plus mon téléphone.

— Je ne l’aurais pas fait si tu n’avais pas appelé pour m’embêter.

— Ok, c’est une promesse alors, déclaré-je, ma colère s’évaporant soudainement.

Je me glisse ensuite à sa table et entame une conversation avec désinvolture.

— Ton surnom c’est Wat, pas vrai ?

— C’est comme ça que mes amis m’appellent, mais ce n’est pas mon surnom, répond-il, bien qu’il ne me regarde pas du tout.

Sarawat devrait être assez fier, car je n’ai jamais souri aussi gentiment à un homme. C’est le premier homme à recevoir mon sourire le plus éclatant, et pourtant ce connard trouve que son manga à 50 bahts est plus important que moi.

— Quel est ton surnom alors ? continué-je à demander.

— Je n’en ai pas.

— Hein ?

— Je n’en ai pas.

— Tu n’as pas de surnom ?

— Ouais.

— A quoi pensaient tes parents ? Comment ils ont pu avoir un enfant et ne pas lui donner de surnom ?

— Ils pensaient qu’un prénom serait suffisant. C’est une question bizarre.

Je réprime l’envie de lui demander comment il a survécu à son enfance. Quand il se présente, est-ce qu’il dit juste “Bonjour, je m’appelle Sarawat. Je n’ai pas de surnom parce que mes parents n’ont jamais pris la peine de m’en donner un”, juste comme ça ? C’est complètement fou. Vraiment, sa famille, à quel point sont-ils marginaux ? Je suis perdu. C’est une première pour moi.

— Tu as des frères et sœurs ?

— Ce ne sont pas tes affaires.

— Je veux juste savoir.

— J’ai deux frères et sœurs plus jeunes.

— Comment ils s’appellent ? Juste au cas où je les connaîtrais.

— Ils ne voudront pas connaître quelqu’un comme toi.

— Comment tu sais ça ? Ils n’ont pas de surnoms non plus ? Toute ta famille s’appelle par son prénom ?

L’expression de son visage, comme si le monde entier le dégoûtait, me fait presque rire aux éclats. Mon nouveau talent pour fourrer mon nez là où il ne faut pas est digne d’un Oscar.

— Ils s’appellent Phukong et Phumuad(3), dit-il enfin.

— Ça doit être des surnoms, non ?

— Mes parents se sont finalement souvenus de ça.

Si ses parents ont oublié de donner un nom à leur enfant, c’est que l’ennui doit être dans leurs gènes. Ça va être un travail difficile. Avec quel genre de personne bizarre et merdique j’essaie de me lier d’amitié ?

— Je m’appelle Tine.

— Qui a demandé ?

— Je voulais te le dire.

— D’accord.

On est tous les deux silencieux pendant un moment. Bon, en regardant de plus près Sarawat, il est vrai qu’il est plutôt époustouflant. Après tout, c’est la raison pour laquelle les quatre membres du Star Gang l’ont choisi pour la bataille finale contre Green.

Mais Sarawat est un homme grand et en forme, ce qui fait de lui l’opposé de ce que je recherche habituellement chez une fille.

— Pourquoi tu regardes mon visage ?

Sa question me fait sursauter. Je tourne rapidement la tête de l’autre côté, me grattant les cheveux pour tenter d’atténuer cette soudaine gêne.

— Je… ne le faisais pas.

— Je suis sexy, n’est-ce pas ?

— Tu es tellement imbu de toi-même. J’ai juste besoin que tu m’aides à arnaquer quelqu’un qui me harcèle, changé-je de sujet.

— Tu ne l’aimes pas parce qu’elle n’est pas jolie ?

— C’est un mec, dis-je et il reste silencieux un moment avant de froncer les sourcils, suspicieux.

S’il te plaît, ne le fais pas. Je ne suis pas gay.

Il répond alors d’un ton fade.

— Et alors ? Ce n’est pas une bonne chose que quelqu’un s’intéresse à toi ?

— Si c’est le cas, alors laisse-moi te demander : il y a pas mal de gens qui s’intéressent à toi, alors comment se fait-il que tu ne les aimes pas en retour ?

— Est-ce nécessaire pour moi d’avoir de l’intérêt pour quelqu’un ? Je ne veux pas que quelqu’un interfère dans ma vie. C’est agaçant.

— Exactement ! Ta réponse, c’est ce que je ressens en ce moment.

— …

— Mais crois-moi, un jour tu voudras que quelqu’un interfère dans ta vie.

— Eh bien, je peux en voir un en ce moment.

— Où ?

Celui qui est assis ici et qui se mêle de la vie de quelqu’un d’autre.

Ses mains fortes saisissent ma tête pour la pousser brutalement avant qu’il ne rassemble ses affaires et s’en aille. Je me demande ce qui a bien pu se passer à l’instant. Est-ce que j’ai vraiment interféré à ce point ?


Lors de la journée d’activités, je me fraye un chemin à travers un grand groupe d’étudiants de première année dans le petit hall. Tout le monde est là parce que nous devons trouver des clubs à rejoindre afin d’obtenir suffisamment de crédits pour être diplômés. Je n’ai toujours pas trouvé lequel rejoindre car je suis trop distrait par Green, qui s’est attaché à moi comme une sangsue.

C’est un vrai miracle que j’aie réussi à lui échapper. Je ne suis toujours pas près de choisir un club, et Puek et Fong ont décidé d’en choisir un à l’aveuglette. Ils ont fini par choisir les clubs “Fabrication de liqueur à base de plantes” et “Massage des pieds”. Ohm semble avoir décidé de rejoindre le club de “Cover Dance” dans l’espoir de pouvoir regarder les culottes des filles. Ils m’ont tous abandonné pour penser péniblement à un club tout seul. Finalement, j’aperçois un club de ping-pong.

— Salut.

— On est complet !

Je n’ai même pas eu l’occasion de demander avant que l’avenir que je venais d’imaginer me soit enlevé.

Au lieu de cela, je décide de me glisser dans l’une des plus longues files d’attente, une liste de clubs à la main. Quelques étudiants en ingénierie jouent de la guitare sur une petite scène à proximité, ce qui m’amène à la conclusion que ce stand doit appartenir au club de musique. Je ne suis pas sûr du nombre de nouveaux membres qu’ils vont admettre.

— Hey, toi.

J’interpelle la personne devant moi, ne voulant pas perdre mon temps à faire la queue s’ils n’acceptent que quelques personnes de toute façon.

— Oui ?

La fille joufflue devant moi lève les yeux vers moi.

— Ce club accepte combien de membres ?

— Au début, ils ont dit cinquante, mais il y a eu tellement de gens qui voulaient s’inscrire que les seniors ont décidé de choisir qui serait admis.

— C’est comme ça tous les ans ? me murmuré-je à moi-même plutôt que de demander à la fille.

Mais une femme en uniforme d’ingénieur se tourne vers moi.

— Pas tous les ans, mais cette année, un étudiant de première année s’est inscrit et puis un groupe de filles est venu aussi.

— Quel étudiant ?

— Sarawat.

Merde. C’est pour ça que la queue est si longue. Même si je n’ai aucun moyen d’entrer dans le club, je vais inscrire mon nom juste pour induire Green en erreur. Je ne peux peut-être pas le voir en ce moment, mais je suis certain qu’il va me surprendre d’une seconde à l’autre.

Un par un, tout le monde dans la file s’inscrit. On nous remet une feuille de papier avec des cases où nous devons écrire nos noms et nos spécialités, ainsi que la raison pour laquelle nous voulons apprendre la musique.

Honnêtement, je n’ai pas vraiment envie de l’apprendre. Je veux juste échapper à un fou amoureux et poursuivre Sarawat. Le truc, c’est que je ne m’attendais pas à ce que ce soit si difficile. Je ne sais pas jouer de la guitare ou de la batterie, ni de la basse d’ailleurs. Je ne sais jouer d’aucun instrument, mais il est évident que je vais devoir si bien mentir sur mes raisons de m’engager qu’ils auront suffisamment pitié de moi pour me laisser entrer.


Enfin, le moment angoissant que tous les candidats attendaient est arrivé. Un groupe de seniors à l’air effrayant monte sur une petite scène pour annoncer les résultats.

— Cette année, le club de musique a reçu beaucoup d’attention de la part de tous les élèves de première année. Nous serions très heureux de vous accueillir dans le club, mais malheureusement nous ne pouvons accepter qu’un nombre limité de personnes. Nous n’avons tout simplement pas assez d’instructeurs et d’instruments.

D’après ce que j’ai compris pendant que j’attendais, le club de musique est tellement populaire cette année qu’ils ont fini par manquer de feuilles d’inscription. L’année dernière, le club était loin d’être aussi convoité, et c’est habituellement une compétition féroce entre les centaines de clubs du campus. Personne ne s’attendait à une telle situation.

— Nous ne sélectionnerons pas seulement des musiciens expérimentés. Certains qui ne connaissent encore aucun instrument ont prouvé qu’ils étaient suffisamment déterminés pour être choisis eux aussi. Maintenant que c’est dit, je vais vous lire les noms des nouveaux membres du club de musique. Le premier sur la liste est Jirachote de la faculté d’Ingénierie. Deuxième…

Le senior continue de lire les noms de sa liste pendant un long moment.

— … le numéro 24 est Sarawat de la faculté de Sciences Politiques.

Une seconde après l’annonce de son nom, tous les candidats en attente se lèvent en poussant de grands cris. Je suis abasourdi. Est-ce un club de musique ou un résultat de loterie ?

Je suppose que si ce n’était pas pour Sarawat, tout le monde serait parti et aurait repris son chemin depuis longtemps.

— … numéro 49, Kunyarat de la faculté des Affaires, et numéro 50…

Teepakorn. Teepakorn. Teepakorn.

Même si ce ne sont en fait que les résultats d’un club de musique ordinaire, j’ai l’impression d’être dans la phase d’élimination de Miss Univers.

— … Busaba de la faculté des Sciences Sociales.

J’ai perdu ma chance. Je suis assis au milieu d’un groupe de jolies filles, je me sens complètement déprimé. Je devrais probablement arrêter de harceler Sarawat, parce que trouver quelqu’un que j’aime vraiment ou peut-être juste tuer Green serait tellement plus facile.

Je me lève pour aller trouver un nouveau club, même si je dois risquer de tomber sur Green. Au moment où je m’apprête à partir, quelqu’un m’en empêche.

— Ducon(2).

Je nomme celui qui se tient en face de moi.

— Quoi ? Tu es contrarié que les seniors ne t’aient pas choisi ?

— Bien sûr, jette-moi ça à la figure. Je ne voulais même pas vraiment rejoindre ce stupide club de musique. Le club de cuisine thaïlandaise du nord-est semble bien plus intéressant.

En fait, je ne sais pas cuisiner du tout.

— Alors vas-y.

— Je vais y aller. Pourquoi tu m’en empêches ?

— Idiot… Tu as le physique, mais ton cerveau est inexistant, me raille Sarawat.

— D’accord, Monsieur je-sais-tout. L’impitoyable Lion Blanc(4).

Je tente de le ridiculiser à mon tour avant que le grand garçon ne m’entraîne à sa suite. Il m’emmène derrière la scène jusqu’à un endroit où se tiennent quelques seniors et le président du club.

— Hé, quoi de neuf, Wat ? demande l’un d’eux, surpris.

— Mon ami veut rejoindre le club, leur dit le crétin à côté de moi.

Il y a seulement une seconde, je lui ai dit que je ne voulais pas m’inscrire, et pourtant, il a soudainement décidé de prendre les décisions à ma place.

— On est complet.

— Je veux que vous y réfléchissiez.

— Ok, Tine de la faculté de Droit.

Le président du club jette un coup d’œil à mon badge avant de me demander soudainement.

— De quoi tu voudrais jouer ?

— De la guitare.

— Tu sais jouer de la guitare ?

— Non.

— Tu as déjà touché les cordes d’une guitare ?

— Jamais.

— Tu connais le do majeur ?

— Non.

— Mi mineur ?

— Je ne connais pas non plus.

— Tu préfères les guitares acoustiques, classiques ou électriques ?

Je secoue la tête.

— Takamine ?

— Quoi ?

— Quelles marques de guitares tu connais ?

— Aucune.

— Honnêtement, tu ne connais rien du tout ?

— Moi ? demandé-je en me montrant du doigt avant de jeter un coup d’œil au gars à côté de moi, confus.

— …

Je connais Sarawat, et à cause de lui, je veux jouer de la guitare.


C’est la première session du club de musique et donc le premier rassemblement des membres de première année et de tous les seniors. L’atmosphère dans la salle est animée. Les nouveaux membres sont invités à s’asseoir ensemble dans un coin.

Il semble que tout le monde savait déjà dès le départ de quel instrument il voulait jouer, car ils ont déjà apporté le leur. Y compris le gars qui est toujours le centre d’attention. Je parle évidemment de Sarawat, le chouchou des vraies et des pas-si-vraies filles. Ce n’est que la première fois et il a déjà apporté sa coûteuse guitare classique au club, espérant probablement être témoin de sa propre popularité.

— Salut, tout le monde. Tout d’abord, je veux que tout le monde se regroupe en fonction des instruments dont vous allez jouer. D’abord les guitares, allez vers la gauche. Pour ceux qui vont jouer de la batterie, allez au fond de la salle. Et les basses vont à droite…

Le président du club continue à nous donner des instructions jusqu’à ce que nous soyons tous séparés en groupes.

Les guitaristes sont un groupe assez étrange. Je ne sais pas s’ils sont ici parce qu’ils veulent vraiment jouer de la guitare ou s’ils sont juste venus pour suivre Sarawat. Je suis prêt à parier que pour la plupart d’entre eux, c’est la deuxième raison, tout comme pour moi.

— Pour ceux d’entre vous qui ont déjà été divisés en groupes, suivez le personnel vers les autres salles. Ne rompez pas la ligne, poursuit le président et même si nous venons de nous asseoir, nous nous relevons tous.

Nous sommes conduits dans une salle de répétition inhabituellement grande. On peut facilement y mettre plus de dix personnes. La plupart décident de faire connaissance pour passer le temps pendant que nous attendons. Pour une raison quelconque, je me retrouve assis à côté du garçon populaire, et nous n’avons pas d’autre choix que de parler.

— Tes mains sont belles, commencé-je.

— On n’a pas tous des mains rugueuses comme toi.

— Hé, je ne faisais que te complimenter. Là, je suis gentil et tu es encore grossier.

— Je suis honnête. Je suis supposé mentir et dire que tu as de jolies mains, Nuisance ?

— Ne m’appelle pas comme ça.

— Nuisance.

— Sarawat.

— Nuisance.

— Va te faire foutre.

— Nuisance.

— Ugh ! Espèce d’ordure.

— Nuisance.

— Le couple qui se dispute, levez-vous maintenant.

Oh non. On est foutu. A cause de ce type, je dois maintenant me lever devant tout le monde, et je dois même l’avoir à mes côtés.

— Je vous ai vu vous disputer. Maintenant vous devez faire le dernier jeu pour briser la glace. Est-ce que vous voyez ce bonbon ?

— Oui.

En quoi cela a-t-il un rapport avec l’activité ?

— Les filles n’ont pas à faire ça, mais toi, le gars devant, prends ça.

Je fixe le grand senior sans ciller. Alors que je le regarde donner le minuscule bonbon à un camarade de première année, je sens soudain mes entrailles se glacer.

— Déballe-le.

— C… c’est fait.

— Maintenant, suce-le.

Merde, je peux déjà sentir une mort certaine sur le point de me frapper.

— Ewww, crient les filles.

Heureusement pour elles, les seniors ne font jouer que les garçons, ce qui veut dire que je n’ai absolument aucune chance. S’il vous plaît, non, mes chers seniors. Je vous aime les gars. Je vous ai fait confiance pour ne pas utiliser ce jeu.

— Maintenant, utilise ta bouche pour passer le bonbon à la personne à côté de toi.

Ces mots me donnent envie de vomir. Même si mon cœur a chuté à mes pieds, je réussis à rester debout en regardant les autres se passer le bonbon, de bouche en bouche.

Non… je réalise que je serai l’un des derniers.

— Récupérez-le rapidement, puis nous nous rapprocherons tous très vite, ajoute le senior.

Les gars qui jouent habituellement les durs sont tellement horrifiés qu’ils semblent tous prêts à vomir. C’est presque à mon tour de sucer le bonbon qui a maintenant la taille des parties intimes d’une fourmi. Puis le destin semble enfin être de mon côté : le garçon avant moi fait accidentellement tomber le bonbon au sol.

Oui, j’ai été épargné.

La joie pure me donne envie de serrer Sarawat très fort, mais la voix du senior interrompt mes pensées.

— Il est tombé. Il ne reste que deux d’entre vous.

— …

— Ne vous inquiétez pas, nous allons juste recommencer. Tine de Droit, ouvre ta bouche.

Merde. Qui a bien pu penser à ce truc ? Il n’y a aucun moyen de désobéir à la suprématie de la dictature du méchant senior. Il ose me fourrer trois bonbons dans la bouche avant de me pousser vers Sarawat. Sarawat ne semble absolument pas ennuyé.

— Oh mon dieu ! crient bruyamment deux filles lorsque le senior me pousse vers le plus grand.

— Mets-le sous tes dents, dit doucement Sarawat.

Mec, il y en a trois, comment je suis censé faire ça ?

— Hnnh ?

— Pousse-le vers l’extérieur. Est-ce que je dois vraiment te dire comment ?

— E-eu-e-a-e-aire ?

Je peux ne pas le faire ?

— N’avale pas, ou les seniors vont rendre ça encore pire pour toi.

J’ai juste envie de pleurer. Je ne peux rien contrôler, mais je dois juste le laisser tenir mon visage. Son nez est proche du mien et je retiens instinctivement ma respiration.

— Ah ! Sarawat et Tine ! Non !

Les gens qui nous regardent ont du mal à contenir leur joie. Je ne sais pas quoi faire, alors je ferme les yeux. Je laisse ses lèvres toucher les miennes un instant avant de me retirer. J’ai les yeux qui pleurent et je me laisse tomber sur le sol.

Bang !

— Hey !

Les trois bonbons sont toujours dans ma bouche. Enfin, maintenant, il y en a un quatrième que Sarawat vient d’ajouter à ma collection.

J’ai vraiment envie de lui demander comment il pense que c’est censé m’aider.

Tu continues à te foutre de moi.

Va te faire voir.

Mon cœur.

Notes :
1/ En thaï, traiter quelqu’un de “buffle” est une façon grossière de dire qu’il est stupide. En gros, Tine traite Sarawat de “sombre crétin”.
2/ Twat: Ici, Tine fait un jeu de mot avec Sarawat.
3/ ‘Phukong’ veut dire ‘Chef’, ‘Phumuad’ veut dire ‘Lieutenant’. Ni l’un ni l’autre ne sont des noms réels.
4/ Dans toutes les universités thaïlandaises avec une faculté de Sciences Politiques, les étudiants de cette faculté se font appeler “lions”. Les couleurs indiquent à quelle université ils appartiennent (par exemple, “blanc” est un étudiant de l’université de Chiang Mai).

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Lun 26 Aoû 2024 - 11:44



Chapitre 4
La musique est la fenêtre sur les accords
— Nong Tine ! Nong Tine !

Quelqu’un me tapote le visage dans l’espoir de me réveiller. Quand je reviens enfin à moi, je vois des regards inquiets partout autour de moi. Je ne sais pas combien de temps je suis resté allongé sur le sol, ni quand j’ai ouvert les yeux. Je sais juste que cette fois, je vais définitivement mourir.

À cet instant précis.

— C’était juste pour s’amuser ! Pourquoi vous avez l’air si choqués, hein ?

Le senior qui a tout déclenché se tient juste là, les bras croisés sur sa poitrine. Il ne semble pas se soucier d’un petit nouveau comme moi.

— Tu vas bien, Tine ?

Heureusement, d’autres seniors s’occupent de moi.

— Euh…

— Tu as l’air étourdi.

— Uh, uhm…

J’ai passé toute ma vie à embrasser des filles, oui, c’est parfaitement normal pour moi ! C’est juste que cette fois, la personne que je bécotais n’était pas une jolie fille, mais un titan ! Même s’il ne m’a pas réellement embrassé, c’était suffisant pour me faire tomber à la renverse.

— Hé ! Hé ! Tu m’entends ?

Evidemment, j’ai entendu. Mais je ne peux répondre à personne pour le moment. Les bonbons sont encore dans ma bouche, et j’ai sérieusement envie de vomir.

— Nong Tine, tu te sens mieux ? Tout le monde, s’il vous plaît, arrêtez de le coller ! Allez, mettez-le dans le coin ! ordonne l’un des aînés aux autres, et je me sens être déplacé vers le coin.

Quelqu’un rit.

Idiot ! Crétin ! Merde !

Peut-être que la décision de rejoindre ce club n’a pas été la plus intelligente que j’aie jamais prise. Ma vie entière aurait été infiniment meilleure si j’avais choisi le club de cuisine à la place ! Oh, mon cœur…

— Est-ce que quelqu’un peut lui donner un inhalateur ?

J’ai besoin d’un sac ! Un sac ! J’ai envie de vomir !

— Tiens. Crache-les.

Oh, les dieux ont été gentils avec moi quand ils ont envoyé ce crétin, Sarawat, pour m’aider à sortir de la Guerre des Bonbons. Merde !

Sarawat me tend des mouchoirs et je recrache rapidement les bonbons.

— Tu m’as mis en danger !

— Non.

— Vraiment ? Alors qui a mis les bonbons dans ma bouche, hein ?

— Ils m’ont forcé à le faire.

— Eh bien, s’ils te forçaient à aller en enfer, tu irais ?

— Laisse-moi y réfléchir.

— J’étais juste sarcastique.

— Sarcastique ? Je pensais que tu étais sérieux.

— Arrête de te foutre de ma gueule. Va-t’en !

Je le pousse et il s’éloigne pour se diriger vers quelqu’un d’autre. Peu après, un senior me tend un inhalateur.

— Quelles que soient vos raisons, je sais que vous avez tous les quinze une forte envie de jouer de la guitare. C’est pourquoi je vais vous diviser en deux groupes. Les personnes expérimentées, veuillez lever la main !

Une poignée de personnes lèvent la main. Il y en a environ sept.

— Bon alors, sept personnes ici savent jouer de la guitare, ce qui signifie que les huit autres ne savent pas. Et Tine non plus, c’est ça ?

Tout le monde se tourne pour me regarder.

— Aujourd’hui, la première chose que vous devez apprendre, les gars, c’est comment choisir la bonne guitare et comment jouer quelques accords de base. Ok tout le monde, prenez les guitares dans le coin !

Après avoir reçu les instructions, tout le monde se presse dans le coin de la pièce.

— Dépêchez-vous !

— Hé, Nong Tine, tu vas bien ? me demande le type de tout à l’heure.

— Oui.

— Eh bien, dépêche-toi ! J’espère que tes jambes sont encore utilisables.

C’est quoi ce bordel ? C’est quoi ce ton désagréable ?

Il a suffi de quelques bonbons pour que j’aie l’air d’être sur le point de m’évanouir. Je me dirige en vacillant vers une guitare. Je mets enfin la main sur la dernière de la pièce, que tous les autres semblent avoir évité. Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Ok, les gars, on va se diviser en deux groupes ! Ceux qui savent jouer, allez là-bas s’il vous plaît. Les débutants restent ici avec moi.

La pièce semble beaucoup plus grande maintenant que la moitié des gens sont partis. Je m’assieds sur le sol avec les sept autres débutants. Ce sont presque tous des filles, et les deux autres gars sont nettement moins séduisants que moi, mais ce n’est peut-être pas le moment d’essayer de devenir ami avec l’un d’entre eux. Je pense que je vais devoir attendre que les seniors commencent à nous enseigner. Une fille de la faculté des Sciences de la Santé est vraiment jolie, mais elle semble n’avoir d’yeux que pour Sarawat. Je n’existe même pas pour elle.

— Tout d’abord, je vais me présenter. Je m’appelle Mix, et cette personne à côté de moi qui essaie d’être une petite fille mignonne s’appelle Air. Nous allons vous donner une introduction à la guitare. D’abord, je vais vous montrer comment la tenir correctement.

Chacun tient sa guitare de la manière qui lui semble la plus confortable. Je suis en fait assez impatient d’apprendre ce truc, parce que quelqu’un qui joue de la guitare est toujours sexy. Un raccourci facile pour avoir une fille !

— Doucement, tout le monde ! Détendez-vous. Nong Nok, assieds-toi bien droit s’il te plaît, dit P’Air.

— Ok !

Les deux aînés sont vraiment gentils. J’ai de la chance que nos professeurs ne soient pas des seniors insupportables.

— Ensuite, essayez de placer vos doigts sur les cordes. Regardez-moi.

J’essaie vraiment de faire attention, mais quand j’appuie sur les cordes pour la première fois…

Mince ! Ça fait vraiment mal ! C’est une corde de guitare ou une épée ?

— Nong Tine, tu vas bien ?

— O… oui ! Mais pourquoi les cordes sont si coupantes ?

Peut-être que tous les débutants ressentent la même chose que moi, mais alors comment se fait-il que les autres aient l’air si calmes ?

— Ah ! Les cordes de celle-là sont plutôt dures. En fait, je ne pense pas vraiment que ce soit une bonne guitare pour un débutant.

Oh merde, c’est bien ma chance. Donc, à moins que j’achète une nouvelle guitare ou que je change les cordes de celle-ci, je vais devoir supporter ça ?

— Bon, est-ce que je dois continuer avec celle-là ?

— J’achèterai de nouvelles cordes plus tard. Fais avec pour aujourd’hui ! Ça peut être un peu difficile la première fois. Mais continue !

— Vous pourriez me recommander des cordes ? Je vais aller les acheter moi-même.

— Euh… Si tu aimes un son léger, Elixir est une bonne idée. Si tu préfères un son profond, prends des D’Addario.

— Euh… pardon ?

— Lequel tu préfères, un son léger ou profond ?

— Euh… je pense qu’un son profond est mieux.

— Alors D’Addario est le meilleur choix.

Sérieusement, arrête de dire ce nom.

— Quoi qu’il en soit, commençons par les accords majeurs. Il y en a cinq. do, ré, mi, sol et la. On va commencer par le do.

Je fais vraiment de mon mieux. Mes doigts sont juste trop gros pour les accords.

À ce moment précis, je me méprise complètement. Je suis un beau mec avec de grandes mains ! Oh, mon cœur…

Vous vous posez peut-être des questions à propos de ce truc de “mon cœur”. C’est mon mot préféré à dire quand quelque chose de merdique m’arrive. Et en fait, j’ai actuellement une douleur intense. Mon cœur ! Mon cœur ! Mon cœur ! Merde ! Mon cœur !

— Tu vas bien ?

— Je… J’essaye.

Oh, mon cœur !

— Ensuite, on va faire le mi. Tout le monde regarde la main de P’Mix.

Hé ! Attends ! Je n’ai toujours pas trouvé comment faire le do ! Ralentis !

Je me maudis discrètement sans rien dire. Je continue d’essayer. Soudain, je sens quelqu’un qui me tape doucement sur l’épaule.

— Tu peux utiliser ma guitare. Je pense qu’elle est mieux.

C’est cette mignonne fille des Sciences de la Santé. Son nom est Fah, et elle ressemble vraiment à un ange.

— Oh, c’est bon. Tu vas juste te faire mal à la main si tu utilises celle-là. C’est mieux que je sois le seul à souffrir.

Je tends le bras pour toucher doucement sa main. Je renifle ma main en la retirant. Elle sent si bon. Est-elle humaine ou un ange de Victoria’s Secret ?

— Prends la mienne, m’interrompt une voix rauque.

C’est un type à l’air dur assis à côté de moi.

— Non, merci ! Ça va ! dis-je avec un ton de voix très différent de celui que je viens d’utiliser avec Fah.

Je ne suis gentil qu’avec les filles, et pourtant je souhaite que le gars me redemande. S’il te plaît, prête-moi ta guitare ! Argh !

— Très bien. A toi de voir.

Mon souhait ne s’est pas réalisé.

Pourquoi tu ne me le demandes pas encore une fois ? S’il te plait ! Demande-moi encore une fois !

Malheureusement, c’était une offre unique, et je me torture maintenant avec cette guitare depuis près de vingt minutes. Ça fait mal ! Malgré la douleur, je continue jusqu’à ce que les instructeurs nous disent de faire une pause de dix minutes. Je me dépêche d’aller aux toilettes.

En retournant vers notre salle, je croise l’autre groupe. Ils sont tous concentrés sur leur entraînement. Je les entends dire qu’ils vont participer à une compétition lors du prochain festival de musique.

— C’est tout pour aujourd’hui. On se voit demain à six heures !

— Oui !

Quoi ? C’est déjà fini ? Tout le monde dans le groupe de Sarawat commence à ranger ses affaires. Je retourne dans mon propre groupe pour faire la même chose, mais :

— Les gars, vous êtes prêts ? Continuons l’entraînement.

— Je… je pensais que c’était fini.

— Les gars, vous devriez finir de pratiquer tous les accords de base d’abord.

Putain de merde ! Mes doigts vont se déchirer en lambeaux ! C’est un sentiment amer de savoir que je n’ai pas vraiment d’autre choix que de rester quand on me le dit.

— Tine, ton la mineur est faux. Tu dois placer ton index sur la quatrième corde et la deuxième frette.

— Ok.

Ugh.

— Bien, maintenant essaye de la gratter.

J’essaie.

— Faux.

— Euh… D’accord.

Je vais vous expliquer pourquoi elle m’a dit que ça sonnait “faux”. C’est quand un guitariste n’appuie pas correctement sur les cordes et que le son sort tout bizarre. Ça arrive toujours aux débutants.

— Essaie encore. Tu peux le faire.

Allez. Je déteste ça.

Peu importe combien de fois j’essaie, ça ne sonne pas juste. Je veux juste rentrer à la maison maintenant !

— Tu dois appuyer plus fort. T’es un idiot ?

La voix appartient à Sarawat. Pour une raison quelconque, il est toujours là, à me regarder jouer de la guitare.

— Oui ! Mes doigts n’arrivent plus à suivre.

Sarawat échange ma guitare avec la sienne. Je remarque que son nom est gravé dessus.

— Quoi ?

— C’est la mienne. Essaie-la !

— Je vais bien.

— Essaie-la, c’est tout. Une meilleure guitare te motivera.

— Je suis à court de motivation.

— Fais-moi confiance, Nuisance.

— Tu sembles vraiment aimer m’appeler comme ça.

— Essaie de faire un do.

Tout ce dont je me souviens du do, c’est quelque chose à propos de la deuxième corde et de la première frette, mais c’est tout. Sarawat place impatiemment mes doigts dans la bonne position.

— Appuie fort, dit-il.

— …

— Ça fait toujours mal ?

— Non.

Je me rends vite compte de l’utilité d’une guitare chère.

— Bien. Continue.

Un par un, presque tous les autres dans la pièce partent tandis que je continue à jouer sur la guitare de Sarawat.

— Continue.

— Ça me détruit vraiment les doigts !

— Continue comme ça.

— Je veux essayer de jouer d’autres accords.

— Continue.

— Merde !

— Tine, Sarawat, on doit y aller maintenant. Fermez la porte à clé quand vous partez.

Sarawat et moi acquiesçons avant de reporter notre attention sur la guitare.

— Essaie de faire un mi.

— Attends !

— Un mi.

— Je sais ! Donne-moi une minute pour réfléchir.

— Quoi ? Tu as oublié ? Tu as vraiment un cerveau ou juste un espace vide entre tes oreilles ? Rien là-dedans.

— Si mon cerveau n’est pas entre mes oreilles, tu penses qu’il serait où ? Dans mon ventre ?

— Ne sois pas insolent.

On fait quelques rounds d’argumentation avant que je me concentre à nouveau sur les accords de base.

— Est-ce que je le fais bien ?

— C’est un mi mineur. Qu’est-ce que tu essaies de faire ?

Je peux l’entendre se moquer avant qu’il ne s’assoie à côté de moi. Rayonnant d’agacement, il attrape mes doigts et les place sur les cordes une par une.

— C’est un mi.

— Ah…

— Eh bien, vas-y.

Je lui fais une grimace.

Moi et mes mains cassées continuons à nous entraîner à la guitare pendant près d’une heure. La douleur est indescriptible.

— Ça suffit pour aujourd’hui.

Oh, des mots si divins.

— Je peux y aller maintenant ? Tiens, ta guitare.

— Attends.

— Quoi ?

— Pourquoi est-ce qu’ils laisseraient une guitare comme ça ? Elles appartiennent au Club de Musique. Comme ça, ils vont toutes les ruiner. Vas-y et arrange ça.

— Pourquoi je dois le faire ? C’est pas mon bordel !

— Eh bien, tu auras besoin de les utiliser plus tard. Fais-le, je vais nettoyer la pièce.

Nettoyer, il dit ? Tout ce que je le vois faire, c’est rester assis sur une chaise et me regarder ranger toutes les guitares.

— C’est fait !

— Tiens.

Sarawat me jette quelque chose.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Un pansement.

— Je vais bien.

— Tu étais nul.

— De qui tu parles ?

— …

Il ne répond pas. Je ne comprends pas pourquoi les autres personnes disent qu’il est timide parce qu’il est toujours rapide pour argumenter avec moi et me rendre fou.

— On peut y aller maintenant ?

Je n’ai pas vraiment envie de me disputer avec lui.

— Bien sûr, vas-y.

— Tu ne rentres pas chez toi ?

— Non. Je veux jouer une chanson.

— Quelle chanson ? demandé-je en m’approchant de lui pour regarder le cahier qu’il tient.

— Tu ne la connais pas.

— Ne sois pas condescendant avec moi. Je suis un mélomane ! Je connais tous les groupes, tu sais !

— Desktop Error.

Uh… okay, bien, je n’ai aucune idée de ce qu’il vient de dire.

Et puis d’une certaine manière, je suis toujours là. Au lieu de rentrer chez moi, je suis assis avec Sarawat. Nous parlons. Je veux savoir ce qu’il aime faire, cet homme qui est adoré par toutes les filles de notre université.

— Je… je ne pense pas avoir jamais entendu parler d’eux. Mais…

— Harmonica Sunrise.

— …

— DCNXTR.

— …

— Moving and Cut.

— Je les connais !

— Tu devrais essayer d’écouter des chansons que tu ne connais pas déjà.

— Je le ferai ! Mais j’ai peur de finir aussi bizarre que toi.

Le doux son de la guitare résonne dans la petite pièce lorsque nous arrêtons de parler pendant quelques minutes.

— Si tu aimes tant la musique, pourquoi tu ne l’as pas étudiée ?

Je me demande pourquoi Sarawat ne mentionne jamais ses études ou simplement les Sciences Politiques.

— C’est parce que j’aime ça que j’ai décidé de ne pas l’étudier.

Il me jette un regard.

— C’est une contradiction intéressante.

— Comment ça ? Je ne veux simplement pas que ce que j’aime finisse par devenir quelque chose que je déteste. Étudier la musique serait en fait très difficile. Je me fous complètement de l’histoire de la musique ou de ce genre de choses. Je veux juste pouvoir jouer quand j’en ai envie sans avoir à me soucier des examens. Tu comprends ?

— Tu es fou.

— Et toi, alors ? Pourquoi tu as choisi d’étudier le droit ? Ça t’intéresse vraiment ?

— Non. Je suis bon en tout sauf en droit.

— Donc tu n’es pas différent de moi.

— Bref… quelle est la chanson que tu joues ?

— Elle s’appelle Sleep tight (03:00 A.M.) par Solitude is Bliss.

— Hein ?

— Ils ont écrit une chanson sur la philosophie. Leur album ne contient aucune chanson d’amour. Tu peux les trouver sur YouTube. Bien que je suis sûr que tu verrais des fantômes à 3 heures du matin.

— Espèce de connard !

— Tu as peur des fantômes ?

— Tiens, regarde mes lèvres…

— Vas-y.

— Je-n’ai-pas-peur.

— C’est tout ?

— Oui. C’est tout. Je suis une Lune de la faculté de Droit, et non seulement j’ai un visage magnifique, mais j’ai aussi un bon cœur.

— De quoi tu parles ?

Je soupire. Je pensais que c’était une bonne description de moi-même.

— Sarawat.

— Quoi ?

— Voilà le deal.

— Hé…

Sarawat ne lève pas les yeux, mais continue d’écrire quelque chose dans son carnet. J’arrête de parler, attendant qu’il lève enfin la tête pour me regarder.

— Qu’est-ce que tu voulais dire ?

Drague-moi.

— … !!

— Fais semblant ! D’accord ? S’il te plaît, aide-moi ! J’en ai marre des menaces de Green. Tu sais que c’est pour ça que je suis ici. Tu es le seul à pouvoir m’aider !

— Pas question.

— Sa-la-wad ! Aide-moi ! S’il te plaît !

— Tu dois récolter ce que tu as semé.

— Je n’ai rien semé du tout !

— Dis-lui que tu ne l’aimes pas.

— Je l’ai fait, mais il n’écoute pas.

— C’est ton problème.

— Eh bien, alors, je vais te donner Green ! Je vais le faire te suivre à la place.

— Ce n’est même pas drôle.

— Je lui dirai que tu l’aimes bien.

— Tu essaies d’être blesser ?

— Oui ! Tu crois que j’ai peur de toi ?

Je me lève au milieu de la dispute, mais ensuite…

Bump !

Quelque chose tombe d’une poignée de porte.

— Putain de merde ! Tes fangirls l’ont encore fait !

Le sol est couvert de snacks. Chacun d’entre eux a le nom de Sarawat dessus. Sauf…


<3 Tine
Essaye ça !



— Hé ! C’est à moi ! m’écrié-je lorsque des mains rapides attrapent le sac coloré sur le sol.

Je n’ai toujours pas vu son nom !

— Et alors ?

— Tu as déjà tellement de snacks ! Pourquoi tu n’en prends pas quelques-uns des tiens à la place ?

Sarawat ne répond pas. Au lieu de cela, il trouve un crayon et écrit quelque chose sur la note qui portait mon nom. Puis il me rend le sac, mais son écriture est impossible à déchiffrer.

— D’accord.

— D’accord quoi ?

— J’ai dit d’accord !

— Qu’est-ce que tu veux dire par d’accord ?

D’accord. Je vais te draguer.

— … !!

— Marché conclu ?

Attends, quoi ? De quoi on parlait exactement ? J’ai un blanc, incapable de me rappeler quoi que ce soit alors que je lis les mots qu’il a écrits sur la note.


<3 Tine
Essaye ça ! De Preem
Il est pris. De Sarawat

Notes :
1/ Acteurs Thaïlandais célèbres

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Chapitre 5
Sarawatlism extrême

Tine TheChic
Les gars, j’ai de bonnes nouvelles

Thisispope
Tu vas nous dire que Sarawat a accepté de t’aider

Tine TheChic
Quoi ? Comment tu le sais ?

Thisispope
C’était une supposition, mais j’ai raison ?

Tine TheChic
Tu pourrais gagner à la loterie

Taroman
Comment tu as fait pour qu’il accepte ? Ton corps a été impliqué ?

Tine TheChic
Tu es dégoûtant

Fongchinaboy
Devrions-nous fêter ça ? La liberté approche.

Tine TheChic
Fêter ça, mon cul. On a cours demain.
On peut prendre un soda à la place ?

Fongchinaboy
Tu n’es pas au courant ? J’ai arrêté de boire du Coca

Tine TheChic
Pourquoi ? Tu essayes d’être en bonne santé ?

Fongchinaboy
Nan, je bois du Pepsi à la place

Tine TheChic
C’est quoi ce bordel ?

Thisispope
Alors pour quoi veux-tu qu’on t’aide ?

Tine TheChic
Aidez-moi à jeter ça à la figure de Green.
Dites-lui quelque chose qui lui fera croire que Sarawat et moi sortons ensemble

Taroman
On doit mettre en place notre mensonge

Tine TheChic
Shh…

Fongchinaboy
On va s’en occuper et tu dois juste te préparer

Tine TheChic
Merci beaucoup *Sticker* Babe


Je ferme notre groupe Line “Irrésistiblement Beau” et je me souris à moi-même, assis sur le bord de mon lit.

C’est parti. La mission d’extermination de Green prend forme maintenant que l’homme le plus important, Sarawat Gunthitanon, a finalement approuvé le projet. Je ne suis pas tout à fait sûr de ce qui l’a poussé à accepter soudainement alors qu’il l’a rejeté si intensément jusqu’à présent.

Le fait qu’il m’aide ne ternira pas mon image. Si nous allons quelque part, personne ne pensera que nous sommes ensemble. Nous sommes deux grands gars qui n’ont rien en commun. En nous regardant, personne ne soupçonnerait autre chose que de l’amitié. Enfin, sauf Green, le bel homo excité qui espère que je devienne un top. Je suppose qu’il pourrait avoir l’impression que son souhait s’est réalisé, parce que je vais sortir avec un garçon (ou du moins faire semblant).

S’il veut avoir le cœur brisé, alors je suis l’homme de la situation. Je vais l’assommer avec le look parfait de Sarawat.

Je ferme l’ordinateur portable devant moi avant de me lever pour me changer. Je vais aller chercher quelque chose à manger et ensuite récupérer le téléphone de Ducon à l’atelier de réparation. Mon propre téléphone confisqué me manque, alors j’ai envoyé le sien dans un atelier de réparation au hasard pour le faire réparer à moindre coût.

Le problème, c’est que lorsque j’arrive à l’atelier, le réparateur me dit qu’il ne peut pas réparer le téléphone et me tend les restes désolés de l’appareil.

— Je croyais que vous aviez dit que vous pouviez.

— J’ai essayé. Votre seule option est de l’envoyer à l’atelier de réparation de l’entreprise d’origine, mais vous allez probablement devoir dépenser jusqu’à 10.000 baht pour un nouveau parce que celui-ci est irrécupérable.

— Vous ne pouvez rien faire ?

— J’ai enlevé la carte sim, prenez-la avec le téléphone, déclare-t-il sans répondre à ma question.

— Aw, mec…

— Attendez, j’ai une offre pour vous. J’ai un Samsung que je peux vous donner pour cinq cents.

— Woah, vraiment ?

— Ouais, vous aurez aussi un étui gratuit pour ça.

Je suis excité pendant une seconde jusqu’à ce que j’ouvre la boîte. Cinq cents. Mon cœur.

Un Samsung Hero…

Pourquoi a-t-il fallu qu’il me rende tout excité pour quelque chose comme ça ?! Ughh.

Je conduis jusqu’à mon dortoir en me sentant déprimé. Quand j’arrive, je prends la carte sim de l’ancien téléphone de Sarawat pour la mettre dans le nouveau et peu de temps après, un tas de messages commencent à apparaître ainsi que des appels constants. Le téléphone sonne si intensément que je me sens tout essoufflé. Qu’est-ce que c’est ?

Je prends la liberté d’ouvrir et de lire les messages de Sarawat dans l’espoir de découvrir ses secrets. Je suis déçu de constater que ce ne sont tous que des messages l’informant d’appels manqués. De plus, aucun des numéros ne vient de la même personne.

La popularité de ce type est hors normes. Je croyais qu’il avait dit qu’il ne donnait jamais son numéro, mais alors où tous ces gens l’ont-ils eu ?

Rrrrrrrrrrrr

Oh non, le Samsung Hero sonne à nouveau. Cette fois, je décide de tester ma chance et de répondre nonchalamment à l’appel.

— Bonjour.

— Bonjour. C’est Sarawat, non ?

— Euh…

— O-M-G. C’est Sarawat. Je suis si heureuse que tu aies répondu à mon appel. Je t’aime vraiment beaucoup. J’essaie toujours de t’apporter des snacks en douce. Une amie m’a dit que tu étais célibataire, donc…

Sans laisser la fille finir de parler, je dis rapidement,

— Désolé, mais je ne suis pas Sarawat.

— Oh. Ce n’est pas le numéro de Sarawat ?

— C’est son numéro.

— Alors à qui je parle ?

— Son ami, réponds-je d’un ton ennuyé.

La personne à l’autre bout du fil balbutie une réponse et raccroche. Quelques minutes plus tard, j’entends le son d’une notification Facebook provenant de mon cher ordinateur portable et j’ai immédiatement le sentiment qu’une catastrophe est en route.



Groupe secret #TeamSarawatsWives


Mena Chupoo
“Je viens d’appeler Sarawat. Quelqu’un a répondu mais je ne sais pas qui c’était. Il a dit qu’il est un ami, mais je pense qu’il ment.”


Et en dessous, de nombreux messages d’autres personnes qui commentent son post.


“C’était un mec ? Si c’était un mec, alors c’est probablement son ami.”

“Ça doit être un de ses amis. Mais tu as de la chance que quelqu’un ait répondu. Quand je l’ai appelé, le téléphone était éteint.”

“Ça fait un moment qu’il est éteint. Je ne sais pas ce qui se passe, mais c’est un soulagement pour nous, non ?”



Les filles décident apparemment que la situation a été éclaircie et arrêtent leur discussion. Je pousse un soupir de soulagement, car les fans de Sarawat sont plus effrayants que les Real Housewives d’Atlanta. Mais la paix est de courte durée. Il s’avère que ce n’était qu’un bref silence avant une tempête des plus destructrices.

Immédiatement après la publication des derniers commentaires, le Samsung Hero commence à se plaindre bruyamment. Elles appellent constamment.

Et ça n’arrête pas de sonner… Toute la nuit.


J’ai deux heures sans cours l’après-midi, alors le Star Gang commence à préparer une mission pour éloigner Green, en pensant à toutes sortes d’histoires à lui raconter. Nous sommes presque sûrs que, comme tous les autres après-midi, le garçon flamboyant va venir nous saluer aujourd’hui aussi.

— Tu crois qu’on sera bientôt à l’antenne, Pope ?

— Je pense que oui, Mario. Qu’en penses-tu, JamesJi ?

— Faisons un compte à rebours. Cinq, quatre, trois, deux, un !

— Tiiine !

Merde ! C’était terriblement précis. Comme guidée par mon compte à rebours, la voix obsédante de Green retentit dès que je finis.

— Qu’est-ce que tu crois faire ? lâché-je en regardant Green qui s’est joyeusement assis à côté de moi.

— Tu sais déjà que je suis une personne très constante. Je vais continuer à venir pour toujours.

— J’en ai marre de toi.

— Bientôt tes sentiments se transformeront en amour.

— Pourquoi tu ne vas pas embêter quelqu’un d’autre ?

— Je suis le genre d’homme d’une seule personne. Je flirte avec un seul homme à la fois. Je m’en occupe un par un.

Ohm interrompt Green d’un ton doux :

— Je pense que tu vas devoir aller draguer quelqu’un d’autre.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Rien. Je pensais juste que tu devais le savoir.

— Je reviens. Je vais au bâtiment central, dis-je en me levant.

J’essaie de ne pas rire de Green, dont le visage déçu me fait penser à un bullterrier. Fong s’empresse de poursuivre la comédie.

— Aw, pourquoi tu vas là-bas ? Tu vas rencontrer quelqu’un ?

— Je ne vais voir personne. Je vais aux toilettes.

— Tu as besoin d’aller aussi loin pour chier ? Admets juste que tu vas le voir.

— N’importe quoi. Je serai bientôt de retour.

— Je viens avec toi, interrompt soudain Green en se levant.

— Non. Tu ne feras que gâcher leur bonheur. Assieds-toi, demande Puek avant de me faire un geste théâtral pour que je parte.

Ugh, peut-on faire un clin d’œil plus évident ? Il cligne tellement des yeux qu’on pourrait croire qu’ils sont en feu.

— Qui tu vas voir, Tine ?

— Tu n’as pas besoin de savoir.

Suis-je assez dédaigneux ? Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui a un secret ?

— Tu as rendez-vous avec quelqu’un ?

— Je vais aux toilettes, genre… pour de vrai.

J’ajoute les derniers mots pour être sûr que mon mensonge soit à la fois convaincant et suspect. Les tactiques de Tine TheChic sont infaillibles - mémorisez-les et vous n’aurez plus jamais à craindre quoi que ce soit. Ça marche comme sur des roulettes. Green tente immédiatement de se lever pour me suivre. Ohm, Fong et Puek travaillent ensemble pour le maintenir assis, me libérant ainsi de lui.

Techniquement, me séparer des autres ne faisait pas partie de notre plan. En fait, je veux vraiment aller le voir. Sarawat, je veux dire.

Je dois lui donner le Samsung Hero, et son cours d’anglais est presque terminé.

Je me hâte vers son bâtiment. Quand j’arrive devant la classe de Sarawat, je remarque une feuille de papier collée sur la porte blanche. C’est une note écrite dans une écriture soignée, “Ne mettez pas de snacks et de boissons devant les salles de classe.” Le professeur de Sarawat est génial. La force du Club des épouses de Sarawat a dû provoquer ça. Enfin quelque chose qui me fait rire.

Je m’assieds pour attendre devant la salle jusqu’à ce que la porte s’ouvre. Un groupe d’étudiants se glisse dehors comme des fourmis en lignes brisées. Je les scrute et je reconnais finalement Sarawat et ses amis. Ils se donnent des coups de coude jusqu’à ce qu’ils me remarquent.

— Qu’est-ce que tu fais là ? demande Sarawat.

— Je t’attendais. Je veux récupérer mon téléphone.

— Wat, je descends. On se voit au Inthanin Café, dit un de ses amis avant de passer devant moi.

— D’ac. Je suis juste derrière toi, dit-il avant de se tourner pour me regarder alors que nous nous dirigeons vers le couloir. Mon téléphone est réparé ?

— Impossible à réparer. C’est tout ce qui reste, dis-je en sortant le morceau de ferraille cassé qu’est son téléphone de la célèbre marque.

— …

Sarawat me regarde et ne dit rien. C’est troublant.

— Euh… Je peux faire en sorte que ma mère me transfère de l’argent…

— Ce n’est pas grave.

Il me prend le téléphone des mains et le range dans sa poche. Il glisse l’autre main dans une autre poche et me tend un objet.

— Voici le tien.

— Mon bébé !

Je m’exclame de joie à la vue de ma liberté tant regrettée.

— Ça te fait vraiment sourire.

— Eh bien, j’aime mon téléphone, expliqué-je. Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je n’ai pas d’argent pour le moment. J’ai envoyé ton enfant à iCare, alors maintenant je n’ai même pas d’argent pour acheter des snacks. Mon cœur…

— J’ai déjà dit que ça n’avait pas d’importance.

— Comment tu vas l’utiliser alors ?

— J’en ai un autre.

— Quoi ?

Quelle audace ! Il m’a fait sentir sincèrement coupable pendant tout ce temps, et puis il me dévoile son tout nouvel iPhone, bien meilleur. Quel crétin !

— Tu as changé de numéro ?

— J’en ai eu un nouveau le jour où tu as fait tomber mon téléphone, t’inquiète pas.

Tsk. Comme si j’allais m’inquiéter pour lui.

— Donc tu ne me donnes pas ton numéro ?

— Ne sois pas si exigeant, soupire-t-il en roulant des yeux.

— Je dois te dire quelque chose sur Green. Aujourd’hui, j’ai fait de mes amis…

Je suis interrompu par Sarawat qui s’avance à grandes enjambées. Il ne fait même pas semblant de m’écouter. Et que peut faire Tine TheChic à ce sujet ? Ma seule option est de le suivre, évidemment.

Attendez ! Où est-il allé ?

C’est un humain ou un fantôme ? Il n’arrête pas d’apparaître et de disparaître, et je reste abasourdi devant les escaliers pendant presque cinq minutes. A la fin, le type apparaît enfin pour me donner un coup d’épaule. Je ne peux pas lire son visage.

— Tu marches tellement vite.

— Tu es juste lent. Maintenant, il est temps pour toi de la fermer. Je dois aller voir mes amis, dit-il en faisant tomber une brassée de sucreries dans mes mains.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Des snacks.

— Je vois ça, mais pourquoi tu ne les manges pas ?

— Quelqu’un me les a donnés, tu peux les prendre.

— Wow, tes fans sont très généreux, n’est-ce pas ?

— Ouais.

— Et bien, ils sont tous à moi maintenant.

— Fais ce que tu veux avec. Ils sont à toi, dit Sarawat. Je te verrai au club ce soir.

— Ok.

Je hoche la tête et je regarde le grand type s’éloigner. Dès qu’il est hors de vue, un de ses amis surgit et me lance un regard perplexe.

— Tu es Tine ? Où est parti Wat ? Je croyais l’avoir vu ici.

— Il est parti par là.

— Ok, merci. Ces fangirls sont folles. Elles n’arrêtent pas de me donner des snacks pour lui.

— Attends, ce ne sont pas les snacks de ses fans ? demandé-je, montrant tous les snacks qu’il m’a donnés.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Il les a achetés lui-même. Je l’ai vu les payer dehors à l’instant.

— Oh.

— Bon, j’y vais. Au revoir.

— D’accord. Au revoir.

Pendant un moment, je reste immobile, confus. Donc ça ne vient pas des filles de son fan-club ? S’il sait déjà que les filles vont le noyer de snacks, pourquoi prendrait-il la peine d’en acheter lui-même ?

Les raisons de Sarawat sont un mystère, mais j’ouvre néanmoins le premier sac de snacks en commençant à marcher sans effort, comme seule une personne chic peut le faire.


— Avant de commencer ce cours, j’ai deux choses à vous dire. La première est que tous les étudiants du cours de guitare devront s’enregistrer en train de jouer et l’envoyer aux seniors pour suivre vos progrès. Si vous avez de l’expérience, jouez juste une chanson facile. Si vous venez juste de commencer à pratiquer, enregistrez-vous en train de jouer huit accords de base et envoyez-les à l’adresse e-mail indiquée sur le tableau.

— Ugh… Sérieusement ?

La salle se remplit de voix plaintives, la mienne étant particulièrement forte. Mon deuxième jour au club de musique commence bien. Nous venons à peine de commencer et déjà le travail s’accumule.

— Hé, tais-toi. Si tu n’envoies pas une vidéo, tu seras suspendu du club.

Dissatat ! P’Dim ! Dictateur !

— On va tous mourir.

— Non, vous n’allez pas mourir. Vous n’aviez pas l’air d’avoir de problème à jouer de la guitare pour frimer devant les filles, alors ne vous fatiguez même pas à pleurnicher, dit P’Dim. Si vous utilisez Facebook, vous pouvez aussi y poster votre vidéo et me taguer. Je la commenterai. Je promets d’être gentil.

L’idée de la combinaison de la mauvaise bouche du président du club et de mes horribles compétences est effrayante. Je ne serai jamais assez courageux pour le poster publiquement. Même quelqu’un d’aussi bon que Sarawat ne voudrait pas prendre ce risque. Je suppose que ce n’est même pas une option pour lui de toute façon, vu qu’il n’utilise même pas Facebook en premier lieu.

— La deuxième chose est qu’il y aura un événement musical appelé The Alter Ma Jeeb Fair. Nous en parlerons plus tard à la fin du cours. Seniors, emmenez les enfants s’entraîner ! J’ai faim ! se plaint bruyamment Dissatat avant de se tourner amèrement vers Sarawat.

Le moment le plus redouté de Tine TheChic est arrivé, je dois répéter les accords avec la même guitare et ses vieilles cordes. Merde. Je peux presque goûter l’amour que les seniors ont visiblement pour moi. On m’avait promis de nouvelles cordes, mais je n’ai reçu que le silence radio. Je n’ai encore une fois pas de chance.

Dix minutes se transforment en une demi-heure. Une demi-heure se transforme en une heure, et mes doigts sont aussi bosselés qu’une éponge. Je continue à prier pour que la séance se termine bientôt.

— Tine, tu peux arrêter si ta main te fait mal, me dit P’Air quand ma souffrance a duré presque une heure.

— Vraiment ?

— Oui, fais une pause.

— Merci.

— Vous avez tous bien travaillé aujourd’hui. Le cours est fini.

Quoi ? Alors pourquoi tu t’es embêté à me distinguer ? Ughhhh, je déteste l’absurdité de ces étudiants en musique. C’est comme s’ils faisaient exprès de se moquer de moi. Ils agissent comme s’ils pensaient que nous, les étudiants de première année, étions tous des prodiges, alors qu’en réalité, ils nous font passer pour des idiots et nous font sentir stupides.

Au moment où les seniors qui nous enseignent déclarent la fin du cours, P’Dim se dirige vers le milieu de la pièce. Il croise ses bras sur sa poitrine.

— La deuxième chose, commence-t-il, reprenant facilement là où il s’est arrêté une heure plus tôt, c’est que la semaine prochaine, nous aurons un événement avec tous les clubs de musique de l’université. C’est pourquoi, demain, je veux que tous les nouveaux aillent jouer à la cafétéria pour promouvoir l’événement et inciter les gens à nous faire des dons.

— Quelle chanson allons-nous jouer ? Qui va chanter ? demande quelqu’un, une main en l’air.

— Nous mettons en place une équipe spéciale de chansons folkloriques. Le chanteur principal sera Thame de la faculté d’Architecture. Boom du groupe de percussions jouera du cajon et les guitares seront Sarawat et Jan.

Les personnes mentionnées hochent toutes la tête en signe de reconnaissance. Tous connaissent déjà les bases de leurs instruments.

Tout le monde va probablement être reconnaissant de la participation de Sarawat. Je devine que l’événement de cette année sera exceptionnellement populaire.

— Quant au reste d’entre vous, vous distribuerez des dépliants et ferez la promotion auprès des étudiants dans la zone.

Tout le monde exprime un accord réticent.

— Demain avant le déjeuner, je veux que tout le monde vienne dès qu’il a terminé ses cours et aide à porter les instruments.

— …

— Tout est clair, n’est-ce pas ? Si vous n’avez pas de questions, foutez le camp. J’ai tellement faim. Au revoir.

Dissatat finit de parler en marmonnant la dernière partie. Puis il disparaît. Les autres se lèvent aussi pour partir, sauf Sarawat. Il est apparemment très occupé à écrire une chanson stupide.

— Tu ne pars pas ? demandé-je bien que je connaisse déjà la réponse.

Je suis sûr qu’il va prendre son temps jusqu’à ce que son visage agaçant finisse par répondre en disant, “Pourquoi demander quand tu connais déjà la réponse ?”. Faites-moi confiance.

— Pourquoi demander quand tu connais déjà la réponse.

Bingo ! J’avais raison, comme toujours.

— Je peux te demander quelque chose ?

— Vas-y.

— La marque de cordes de guitare appelée Da-da-quelque chose, où je peux les acheter ?

— D’Addario.

— Oui, c’est celle-là.

— Ils ne la vendent pas par ici.

— Vraiment ? Nulle part ? Alors qu’est-ce que je suis censé faire ? Ces vieilles cordes me tuent les doigts.

Je me plains en regardant les vieux pansements mous sur le bout de mes doigts.

— Tu veux utiliser ma guitare ?

— Quoi ? Mais alors, et toi ?

— J’en ai deux.

Et pourquoi as-tu attendu si longtemps pour me le dire ?

— Vraiment ? Je peux t’en emprunter une alors ?

— Bien sûr, mais tu dois venir chez moi pour la prendre toi-même.

— D’accord. Où est ton dortoir ? Je viendrai plus tard.

— Ne t’emballe pas trop vite maintenant. Je t’y emmène.

Mon cœur… Il n’arrête vraiment pas avec cette voix méchante.

Je passe une éternité à attendre que Sarawat ait fini de s’entraîner. Lorsque le ciel commence à s’assombrir, nous rassemblons enfin nos affaires et mettons les feuilles de cours du jour dans nos sacs. Ensuite, nous nous dirigeons vers le dortoir du beau gosse qui a fait du fait de toujours n’en avoir rien à foutre, son style de vie.

Son dortoir est dans un bâtiment près de notre université. Il me conduit à la chambre numéro 555 au cinquième étage du bâtiment cinq. À la seconde où je pénètre dans le monde de Sarawat, je découvre la réalité qui est… que sa chambre est pratiquement vide et tout est noir. Même le papier peint.

— Tu es sûr que c’est ta chambre et pas une maison hantée ? demandé-je lentement en ne voyant autour de moi rien que du noir et du blanc.

— Il y a un fantôme qui vit au bord du lit.

— Merde !

— Tu es avec moi, il n’y a rien à craindre, dit nonchalamment le grand type en se dirigeant vers le lit.

Il jette son sac à dos, puis lui-même sur le lit, l’air plutôt satisfait.

Les notes de cours occupent une toute petite partie de son bureau, qui est autrement couvert de livres sur la musique. Des feuilles de papier sont éparpillées dans toute la pièce.

— Alors, où est ta guitare ?

— A côté des étagères de livres.

— Ah… Je l’ai trouvée.

— Ne laisse personne d’autre toucher ma guitare. Garde-la précieusement. Elle a coûté cher.

— Si tu t’inquiètes autant pour elle, pourquoi tu ne la mets pas dans du papier bulle ?

— Je ne devrais pas te laisser l’emprunter ?

— Je plaisante. Merci. Je m’en vais alors, d’accord ?

Je prends la guitare et me tourne rapidement vers la porte.

— Je ne l’ai pas encore accordée.

— Alors dépêche-toi de l’accorder. J’ai faim.

Sarawat tend la main pour me prendre la guitare et se redresse alors qu’il commence immédiatement à l’accorder. Je reste debout, l’observant avec curiosité.

— Il y a du pain dans le réfrigérateur, dit-il sans lever les yeux.

— Hein ?

— Si tu as faim, va chercher quelque chose à manger. Je pense que ça va prendre un moment.

— Ça va être si long que ça ?

— Ouais.

Je ne vais pas remettre en question sa rapidité. Pour l’instant, la question de ma faim est un million de fois plus pressante. L’invitation à manger de Sarawat est suffisante pour que j’oublie les bonnes manières et que j’aille ouvrir le frigo.

Mon cœur… Il n’y a rien d’autre que des pains à hot dog congelés, durs comme de la pierre. Impossible à mâcher.

— As-tu pensé à ce que tu vas envoyer aux seniors ?

Je me laisse tomber à côté de Sarawat sur le lit, m’asseyant les jambes croisées et tentant de manger le pain.

— Je ne sais pas. Je n’ai encore rien trouvé.

— Que dis-tu de Close de Scrubb. Je l’aime bien.

— Non. Les accords sont trop difficiles.

— Je veux que tu la joues.

Sarawat s’arrête un moment et prend un papier et un crayon pour écrire quelque chose avant de me le tendre.


“Dmaj9 / Dmaj9 / Amaj7 A6 / A6 / C#m7 / C#m7 / F#7sus4 / F#7”


Woah ! Ce sont des accords ou des modèles de pistolet ? J’ai le vertige rien qu’en regardant ça.

— Qu’est-ce que c’est ?

— L’intro de la chanson que tu veux que je joue. Tu comprends ?

— Bien. Qui aurait cru que ce serait si compliqué ? Tu as fini ? J’ai attendu si longtemps que le pain est devenu détrempé.

— Je suis loin d’avoir fini.

Je ne sais pas vraiment quoi répondre, alors je regarde tranquillement Sarawat jeter des coups d’œil de haut en bas et agiter les cordes de la guitare au hasard. Au début, je le regardais activement, mais c’est vite devenu si ennuyeux que j’ai trouvé un de ses mangas à lire à la place. J’ai mangé. J’ai lu. J’ai chié. Et il n’a toujours pas fini d’accorder la guitare.

Je décide de chercher quelque chose à faire pour tuer le temps.

— Bonjour, seniors. Je m’appelle Tine et je suis chic, élégant et d’une beauté irrésistible. Aujourd’hui est le jour parfait pour que je joue des accords de base pour vous les gars, alors écoutons ça.

La précieuse guitare Takamine de Sarawat avec son nom gravé dessus est maintenant à moi pour ma vidéo. Appuyer sur le bouton d’enregistrement signifie que je dois faire des efforts pour maintenir mon image impeccable.

— Je vais commencer par un do.

Twanggg

— Faux.

— Merde. Tu peux ne pas m’interrompre ? Je suis en train d’enregistrer, tu sais.

— Tu le fais mal.

— En quoi c’est faux ?

— Assieds-toi là. Je vais te montrer, propose Sarawat et j’interromps l’enregistrement.

Il me montre comment faire les accords et sa façon d’enseigner me permet de bien faire les choses. On ne peut pas nier qu’il connaît vraiment ce genre de choses.

Je commence à enregistrer une autre vidéo dans le coin de sa chambre. Lorsque j’ai terminé, le charmant imbécile est encore en train d’accorder ma guitare. Il n’a vraiment pas fini. Ça commence à m’agacer, je pourrais bien commencer à taper du pied sur son lit jusqu’à ce qu’il se casse.

— T’es sérieux là ? Comment ça se fait que tu n’aies toujours pas fini ?

Je lui aboie dessus, en me retournant sur son lit.

— C’est fait.

— Alors donne-la moi. Si je trouve où acheter des cordes, je la ramènerai.

— Je vais d’abord l’utiliser pour une vidéo.

— Tu es si difficile. Bien. Fais ce que tu veux. Je suis fatigué.

Ça fait deux heures que je suis chez lui et il ne me semble pas que je vais pouvoir partir de sitôt. Je m’enterre dans son lit, place son oreiller taché de bave sous ma tête et trouve mon téléphone.

Le doux son de la guitare parvient à mes oreilles et détourne mon attention du téléphone. Au lieu de cela, je fixe un quart du visage séduisant près de moi, et une montagne de questions se forme dans ma tête.

Je reconnais facilement l’intro. La chanson que Sarawat joue est celle dont il s’est plaint il y a deux heures. Pourquoi la jouerait-il d’ailleurs ?


“Trop près pour dire un mot
Trop près pour voir quelqu’un
Quand on est si près que je veux retenir ma respiration
Si près qu’il n’y a que toi et moi en ce jour”(1)



J’aime beaucoup Scrubb. Tellement que je ne peux pas m’empêcher de chanter avec la voix grave de Sarawat. Je ne sais pas pourquoi, mais cette chanson me fait penser que la vie est si mignonne. Tellement kawaii. Comme un fichu rilakkuma(2).


“C’est peut-être parce que tu m’as rencontré par hasard
C’est peut-être parce qu’on s’est retrouvés ici ensemble
Parce que tu n’as toujours pas compris comment c’est
Et je n’ai jamais compris si ça va rester ainsi
Si nous ne nous parlons pas,
je n’aurai probablement personne qui comprendra aujourd’hui
Ce jour-là, tu n’as jamais, je n’ai jamais réalisé ce que c’était.
Pourquoi nous arrêter…”



Même un gars comme Sarawat ressemble adorablement à rilakkuma en chantant cette chanson. Mon cœur…


Je suis actuellement au milieu du chaos. À la fin de mes cours du matin, je me dirige rapidement vers le bâtiment de Musique pour aider à tout déplacer vers la cafétéria. J’ai laissé le Star Gang dans la bonne humeur pour qu’ils puissent manger tout en m’assurant d’empêcher Green de m’atteindre.

Comme vous le savez, la cafétéria d’une université est l’un des endroits les plus chaotiques de l’univers, juste après mes propres sentiments. Les seniors distribuent de grandes piles de prospectus à tous les étudiants de première année. Nous nous dispersons et nous infiltrons dans tous les secteurs de la cafétéria. Nous sommes pires que des poux. Près de l’entrée se trouve une petite scène d’où Sarawat et les autres doivent faire le spectacle.

C’est enfin l’heure.

Cinq… quatre… trois… deux… un.

— Salut tout le monde.

— Ahhh !

— Quoi ? Qu’est-ce qu’ils font ici ? Oh, c’est Sarawat !

— Sarawat !!

Oh mon dieu. Les filles sont sérieusement effrayantes. Elles l’ont toutes reconnu de si loin. C’est comme si elles avaient des télescopes à la place des yeux.

Le son de Ta Sawang de Modern Dog se mêle aux cris des filles. Elles laissent toutes tomber leur nourriture pour courir vers la scène. Chacune d’entre elles enregistre des vidéos sur son téléphone. L’attraction principale des vidéos est bien sûr la célébrité de l’université.

Le chanteur est aussi très attirant, pourquoi ne lui accordent-elles pas un peu d’attention ? L’autre guitariste est mignon lui aussi, pourquoi insistent-elles pour ne regarder que le grand type bronzé ? Peut-être que se plaindre de leur vision étroite est un peu déplacé, vu que je le regarde moi aussi. Même à cette distance, il se démarque.

Thame de la faculté d’Architecture s’empare avec enthousiasme du micro dès que la chanson est terminée.

— Merci ! Nous sommes les représentants du club de musique.

— Sarawat, je t’aime !

— Wooooo !

— Notre ami est si populaire, se moquent les autres sur scène.

L’homme en question, cependant, ne montre absolument aucun intérêt pour tout ce qui se passe autour de lui.

— Nous sommes ici pour promouvoir notre événement musical, l’Alter Ma Jeeb Fair. C’est la huitième année que nous organisons cet événement, et il aura lieu le dimanche 22 ! Nous invitons tous ceux qui aiment la musique à se joindre à nous de 17 à 22 heures. En plus de la bonne musique, nous nous assurerons qu’il y aura beaucoup de nourriture délicieuse.

— On peut manger Sarawat aussi ? Ahhh ! crie un groupe de gars à l’avant.

Ils taquinent tellement Sarawat qu’il doit baisser la tête pour cacher son visage.

Je distribue les flyers à tous ceux qui passent pendant que la promotion continue sur scène. Quand c’est fini, tout le monde s’en va rapidement. Les membres du club de musique ont maintenant tous le sourire aux lèvres, l’idée du déjeuner met tout le monde en joie.

— Où es-tu assis ?

Sarawat se présente à côté de moi après avoir quitté discrètement la scène.

— Ici. J’ai juste utilisé mon sac pour réserver les sièges, dis-je et il acquiesce tranquillement avant de partir faire la queue à son habituel stand préféré.

Malheureusement pour moi, je décide d’attendre sans penser à ce qui va se passer.

Bammm !

Je n’ai même pas encore fait la queue qu’une nuée de filles attaque déjà. Elles font toutes semblant de faire la queue pour manger, créant une file si longue que je crains pendant une seconde qu’elle n’atteigne l’aéroport à des kilomètres de là. Je me retrouve au bout de la file, mon estomac se plaignant bruyamment. Heureusement, j’ai une boisson sur moi qui me procure un peu de réconfort.

L’attente est longue. Si longue que je commence à croire que je ne mangerai peut-être jamais. Lorsque Sarawat quitte la file avec sa nourriture dans les mains, mes yeux sur son assiette sont ceux d’un chien affamé. Il marche jusqu’à moi, me fourre son assiette dans les mains. Il prend ma boisson en retour.

— C’est quoi comme boisson ? demande-t-il.

Il me faut une seconde pour répondre.

— Euh… Blue Hawaii.

— Sympa. Échangeons, dit-il et il se retourne, me laissant coincé avec les regards étranges des épouses de Sarawat.

Comment un Blue Hawaii à moitié bu peut-il être sympa ?

Il a commandé la nourriture qu’il vient de me donner, alors pourquoi ne la mange-t-il pas ? Qu’est-ce qu’il fabrique ? Je ne peux que me poser la question car je sais que je ne recevrai aucune réponse. Green n’est même pas là, alors pourquoi fait-il tant d’efforts pour continuer à jouer la comédie ? Je ne comprends vraiment pas.

Mais bon. C’est l’heure de manger !


Tant de travail, tant de chaos. Tellement fatigué !

Une fois dans ma chambre, je tombe raide mort sur mon lit. Je suis complètement épuisé, et je m’endors vraiment. Il fait nuit dehors quand le son des notifications non-stop me réveille.

Je me suis endormi sans avoir allumé aucune lumière. Au lieu de me lever, je laisse l’écran lumineux de mon téléphone faire le travail. Le bruit constant me rend fou. Je suis beau tous les jours. Tu ne peux pas étaler les likes sur plusieurs jours ?

Ding ding ding ding ding ding ding

Assez ! C’est encore plus fort qu’une fanfare.

Je suis très mécontent d’avoir été réveillé. Je prends le téléphone à côté de moi, pour couper le son et me rendormir. Quand je remarque que toutes les notifications proviennent d’Instagram, je suis soudain beaucoup plus curieux que fatigué. Mes doigts bougent d’eux-mêmes pour ouvrir l’application. Il me faut scroller un moment avant de voir un clip de 15 secondes sur le compte du club de Musique.


4,266 likes
Association des Music Lover

“Regardez Sarawatlism…”


Je lance la vidéo. C’est Sarawat qui chante Close. Rien d’époustouflant. Je fais défiler pour lire les commentaires. Le premier commentaire n’est pas un compte familier. Non ! Ça l’est peut-être.


Sarawatlism Commebt rensrz Instafean pricé ?


Sais-tu seulement comment taper dans une langue humaine ? Je suis presque sûr qu’il voulait dire “Comment rendre Instagram privé ?”. Merde. Est-ce que je lui ai donné cette habitude de faire autant de fautes de frappe ? Pendant une seconde, je regarde juste le nom, et tout d’un coup, le noir semble moins noir. Je n’ai plus sommeil.

Sarawat !

Il a Instagram maintenant.


Lalita_vista @Sarawatlism Sarawat, s’il te plaît ne le rend pas privé.

Morkpeeisreal @Sarawatlism Sarawat, rends-le public, s’il te plaît.

Beebehoney Sarawat, Instagram n’a plus l’option privée.


D’innombrables commentaires apparaissent en quelques secondes.

Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important est de savoir pourquoi je suis tagué alors que c’est une vidéo de Sarawat ? J’ai fait défiler les commentaires pour le savoir, et j’ai fini par repérer ceux qui me marquaient. Est-ce que cela a provoqué toutes les notifications d’avant ?


Fern1012 Est-ce que c’est Tine dans la vidéo ? @Tine_chic

Arisapam @Tine_chic Je ne me concentre plus sur le chanteur. Depuis quand sont-ils proches ?

tumcamel J’ai entendu dire que même les amis de Sarawat ne sont pas allés chez lui, alors comment se fait-il que Tine soit là ?

por_pang Très curieux #SarawatsWivesClub


Chez lui ? Quoi ? Que s’est-il passé ?

Meerde.

Je fais défiler l’écran vers le haut pour regarder la vidéo à nouveau, et… et… et…

Il y a une créature couchée sur son oreiller taché de bave ! Moi ! Je ressemble à l’ombre d’un fantôme, mais je suis bien là !


Sarawatlism Comment je lz mest en privé ?


Cet abruti n’arrête pas de demander les paramètres de confidentialité. Je veux vraiment savoir qui a créé le compte pour lui. Il ne sait pas comment faire. Son nombre de followers est déjà de mille et il veut toujours rendre son compte privé.


Tine_chic @Sarawatlism Qui t’a créé un Insta ?

Boss-pol @Sarawatlism @Tine_chic Je l’ai créé pour lui.

Tine_chic @Boss-pol @Sarawatlism Pour poster la vidéo de la chanson ?

Boss-pol @Tine_chic Non, il a dit qu’il en voulait un pour flirter avec toi.

Notes :
1/ Close de Scrubb
2/ Personnage d'ours en peluche

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Lun 26 Aoû 2024 - 11:44



Chapitre 6
Le couple imaginaire de Teepakorn
Je suis stupéfait en regardant la photo Instagram sur mon téléphone. Je continue à essayer d’assimiler les mots qui se trouvent devant mes yeux. Pendant une seconde, je me demande si je ne fais qu’imaginer des choses, mais non. C’est la vraie vie.

Les amis de Sarawat m’ont attaqué !


Nii1987 Sarawat flirte avec Tine ? Vraiment ? Non !!!!!


Dès que le premier commentaire apparait, je pense déjà à aller acheter de l’antiseptique. Cette fois, le groupe des femmes de Sarawat va me botter le cul, c’est sûr.

Que dois-je faire maintenant ? Et comment ? Est-ce que c’est une bonne idée d’éteindre mon téléphone ?

Je me déplace remettre mon téléphone dans ma poche et ma porte s’ouvre brusquement. Je me prépare mentalement à me battre contre un cambrioleur, jusqu’à ce que je réalise que celui qui a débarqué dans ma chambre n’est autre que Ohm.

On dirait qu’il a été habillé par un aveugle ! Qui lui a permis de porter un pantalon arc-en-ciel ? Il porte un tas de cahiers dans ses bras.

Pour être honnête, il a en fait le droit de faire irruption dans ma chambre à toute heure de la journée. C’est moi qui lui ai donné un double de la clé plus tôt pour qu’il vienne me montrer un devoir que je voulais copier. J’ai été trop paresseux pour aller le voir.

— C’est quoi cette main en l’air ?

Ohm commence à me questionner quelques secondes après avoir défoncé ma porte.

— J’en ai tellement marre de vous tous. Je perds la tête.

— Ok, c’est quoi ce bordel ? Tu as tes règles ?

— Une célébrité des réseaux sociaux comme toi ne sait pas ce qui vient de se passer ? Je suis en train de me faire lyncher sur Instagram en ce moment même.

— Tu parles de Sarawat ? Ne t’inquiète pas pour ça, me rassure-t-il avant de me jeter un cahier à la figure et de s’allonger sur mon lit.

DING !

— C’est ton Instagram. Regardons, dit Ohm.

— Non, je ne veux pas le voir.

— Alors finis tes devoirs.

DING ! DING ! DING ! DING ! DING !

— Sérieusement ? Ça me rend dingue ! grogné-je, laissant tomber le stylo qui était dans ma main sur le cahier en signe d’agacement.

— Donne-moi ton téléphone. Je vais m’en occuper, propose Ohm pour m’aider.

— Je t’en prie !

Je lance mon téléphone à Ohm sans lever les yeux. Il passe les dix minutes suivantes à tapoter sur mon téléphone, me laissant un moment de paix pour travailler réellement.

— C’est réglé !

Ohm semble satisfait en laissant tomber mon téléphone sur le lit.

— Merci beaucoup, Pope.

— Pas de quoi.

— C’est mauvais à quel point ?

— Ne t’inquiète pas. Tout va bien. Tout va revenir à la normale demain, rien à craindre.

— Je t’en dois une !

Je le remercie en reprenant le téléphone, m’attendant à la sérénité, mais je suis déçu une fois de plus.

Rrrrrrrrrrrrr

Le son est coupé, mais le téléphone vibre sans arrêt. C’est comme un tremblement de terre sans fin. Merde ! Quand est-ce que ça va s’arrêter ?


Boss-pol @Tine_chic Non, il a dit qu’il en voulait un pour flirter avec toi.

Tine-chic @Boss-pol Je rougis >///<


Quoi ? Rougir pourquoi ? Ok, Tine, calme-toi, tu auras l’explication si tu lis juste un peu plus.


Tine_chic @Boss-pol Qu’a-t-il dit d’autre ?

Boss-pol @Tine_chic il a demandé comment te suivre.


Putain ! Ohm, pourquoi choisir ce moment pour être très publiquement curieux ? Ce n’est pas moi ! C’est un imposteur ! Putain de merde.


Tine_chic @Sarawatlism suis-moi, et je te suivrai en retour.


Oh, mon Dieu. Ohm, espèce d’idiot !


CheryCheerup Qu’est-ce qui se passe ? C’est une blague ? Tine, tu es un vrai personnage ! Hahaha.

Chaemfriendzone Je suppose qu’ils sont juste en train de plaisanter, non ?

Love-Sarawat Ils sont dans le même club. Je les ship ! Juste pour le plaisir ! Hahaha


Je pensais que ces gens allaient se mettre en colère contre moi, mais non. Rien que des “hahaha”. Certains ont écrit que nous ne faisions que plaisanter, d’autres ont affirmé que nous étions si proches que nous pouvions plaisanter de la sorte. Mais rien de tout cela ne vient de moi. Tout est de Ohm.


Tine_chic il m’aime, hehe !

Momomoko qu’en dis-tu, Sarawat ? @Sarawatlism


Mon cœur ! Seigneur, ayez pitié !

Je n’ai aucune idée de ce qu’il va répondre, mais ça me rend nerveux. Je suis inquiet, sachant à quel point il est introverti. Il n’aime jamais être le centre d’attention comme ça. Pauvre gars.


DING !

Vous voyez ? Un message. Il a dû sentir mon inquiétude.


Sarawatlism Tu es libre ?


Quoi ? Je me demande calmement ce que c’est censé vouloir dire. Et puis…


Sarawatlism Le numéro un des sites de loterie en ligne. Demandez une adhésion gratuite, 830 baht pour 2 numéros. Loteries illimitées. Des chances de parier 24/7, rapide et 100% sécurisé.


Et puis quoi encore !



— Eh bien bonjour, M. Populaire !

— De quoi parles-tu ?

— WatTine devient viral. J’ai entendu les filles dire qu’elles vous shipent tous les deux à cause de certains commentaires sur Instagram.

— C’était Ohm, pas moi !

Sarawatlism et Tine_chic, tout le monde ne parle que de ça, mais avec l’aide (?) de Ohm, les choses ont tourné bien mieux que je ne l’avais craint. Les femmes de Sarawat pensent que nous sommes juste des amis qui plaisantent. La plupart d’entre elles semblaient même apprécier ça. Elles ont visiblement été soulagées à cette idée.

Je n’ai jamais eu l’occasion de demander à Sarawat pourquoi il a ressenti le besoin de dire à ses amis qu’il a créé le compte Instagram à cause de moi. C’est tellement inutile. Son travail consiste à faire en sorte que Green me laisse tranquille - pas besoin d’impliquer tous les autres. Maintenant, ils vont tous me juger dès que j’essayerais de flirter avec une fille. Quel crétin !

— Alors, tu as un cours de guitare aujourd’hui ? demande Fong. Je peux voir sur son visage qu’il veut en venir à quelque chose.

— Oui, mais je ne vais pas rester longtemps. J’ai une répétition de cheerleading.

— Quel dommage. Je veux t’emmener manger dans un endroit que j’ai vu sur la page des Restaurants Incontournables Où La Nourriture N’est Pas Bonne Mais Pas Chère. Ils font une promotion “mangez du porc, vous aurez de la viande de chien gratuite”, et on peut amener une personne supplémentaire.

— De la viande de chien ? Quel genre de chien ?

— Un truc du coin, comment je le saurais ?

— Faites attention qu’ils ne vous voient pas tous les trois, vous finirez par être cuits.

— Hé ! Tu veux dire qu’on ressemble à des chiens ? Contrairement à toi, on est bien trop beaux pour ça !

— Attention ! Traite-moi de moche encore une fois et je t’expulse du pays.

— Ooh ! Je vais te botter le cul en retour. Je suppose que Green l’a déjà bien botté ! Ha !

Ugh !

En parlant de Green, je ne l’ai pas vu depuis un moment. Je ne sais pas ce que le Star Gang lui a fait la dernière fois, mais peut-être qu’il en est encore traumatisé.

Je passe toute ma journée avec le Star Gang, et le groupe des femmes de Sarawat ne cesse de se montrer avec des snacks. Tout d’un coup, mon Instagram a plus de 1000 followers. Le pouvoir de Sarawat n’est pas une blague.

Quinze minutes avant le début du cours de guitare, j’arrive dans la salle pour attendre les autres. Je tiens la Takamine de Sarawat dans une main et mon téléphone dans l’autre, en faisant défiler négligemment Instagram.

Les seniors ont publié des vidéos de 15 secondes des travaux des étudiants de première année. La mienne est la plus populaire, mais seulement parce que le fond est la chambre noire de Sarawat. Aucun des commentaires ne me mentionne du tout. C’est en fait un peu contrariant d’être ignoré comme ça.

Je vais sur le compte que Sarawat a créé la veille. Il n’a toujours pas trouvé comment le rendre privé. Ce n’est pas vraiment une surprise qu’il ne suive personne, mais le nombre de personnes qui le suivent me laisse sans voix. Il n’a même pas encore posté une seule photo, et pourtant il a accumulé 10.000 abonnés.

Oh mon Dieu, tu as payé des gens pour te suivre ou quoi ?

Comme si le nombre insensé d’abonnés n’était pas déjà assez énervant en soi, sa bio ne fait qu’empirer les choses. Je soupçonne ses amis d’avoir aussi écrit ça pour lui.

“Mon ami a créé ce compte. Je ne sais pas comment poster des photos.”

Wham !

Quelqu’un ouvre la porte, interrompant ma souffrance silencieuse. Être ici tout seul a été un peu solitaire. J’avais l’intention de venir ici assez tôt pour finir rapidement et passer à la répétition de cheerleading.

Je lève les yeux et je vois Sarawat. Cette vue me fait lever les yeux au ciel. Il porte le maillot de foot de l’équipe de Sciences Politiques, et je me demande s’il joue pour eux. D’habitude, il ne porte que son uniforme.

— T’as l’air bizarre aujourd’hui, dis-je en guise de salut.

— Comment ça ? Je ne suis pas sur un tapis volant. C’est toi qui es bizarre.

— Bon sang, tu es si agaçant !

Il rit doucement, le son se mélangeant au froissement d’un sac en plastique dans sa main.

— Quelqu’un m’a demandé de t’apporter ça.

— Qui ?

— Ton fan dévoué, je suppose.

Wow ! C’est excitant !

Je tends la main pour lui prendre le sac. Il est rempli de bonnes choses - de la nourriture et des bonbons. J’aurais seulement aimé que les notes sur toutes les choses ne portent que mon nom, pas celui de Sarawat.

C’est quoi WatTine ?

— Wow ! Un sandwich au barramundi !

Je n’ai jamais goûté ça avant.

— Hm.

— Ça a l’air si bon ! Mais il y a nos deux noms dessus.

Je le regarde pour lui demander la permission de l’ouvrir.

— Et alors ?

— Je suis presque sûr que tu ne vas pas aimer ça, alors je vais m’en occuper pour toi.

Puis je remarque un autre sac de sucreries. Plein à craquer de chocolats !

— …

— Tu risques de ne pas aimer celui-là non plus, dis-je en parlant du troisième sac.

— …

— Celui-là aussi…

Je continue avec un quatrième.

Si tu veux tous les prendre, tu ne veux pas me prendre aussi ? Je me donne à toi.

Je laisse tomber les bonbons dans mes mains pour serrer le poing, prêt à le frapper.

— Tu veux être blessé ? Normalement, tu ne manges même pas les trucs de tes fans, non ?

— Je ne me souviens pas t’avoir dit ça.

Il se rapproche et s’assoit à côté de moi. Je suis occupé à manger.

Zut ! C’est du thon, pas du barramundi !

— Quelqu’un a créé un compte Instagram pour toi hier, c’est ça ? lui demandé-je, la bouche pleine.

— Oui.

— Qui était-ce ?

— Boss, mais il ne l’a pas rendu privé. Comment je fais ?

— Ce n’est pas mon problème. Je ne pense pas que tu puisses, de toute façon. Tu as déjà beaucoup trop d’abonnés. En plus, tes amis sont si agaçants ! Pourquoi faut-il toujours qu’ils foutent le bordel ?

— Je suis désolé, dit simplement Sarawat.

— Au fait… tu as dit à Boss que tu allais me draguer ?

— Non, répond-il brièvement.

Très bien alors, je ne te demanderai plus rien à ce sujet. Je prends ma guitare, je veux jouer en attendant que tout le monde arrive. Cela pourrait compenser le fait que je doive partir plus tôt pour le cheerleading. Sarawat n’a pas sa guitare avec lui.

— Tu crois que… quelqu’un qui n’a jamais été amoureux pourrait écrire une chanson d’amour ? demande soudain Sarawat.

Je le regarde en poussant un soupir.

— Non. Il ne saurait pas ce que ça fait.

J’ai beaucoup d’expérience dans ce domaine. Je ne crois pas que quelqu’un qui ne l’a jamais expérimenté serait capable de transmettre ce sentiment.

— Vraiment ?

— As-tu essayé d’écrire des chansons récemment ?

— Oui.

— Je pense que tu devrais plutôt écrire de la country ! Ha ! Ça te libérerait de toutes les femmes.

— Pourquoi faut-il que tu sois sarcastique ? interrompt-il d’une voix tranchante, ses yeux me lançant un regard noir.

— Alors, tu écris une chanson d’amour ?

— Pas vraiment. Enfin… on peut dire que oui.

— Donc tu écris une chanson d’amour, et c’est pour ça que tu as décidé de flirter avec moi ?

J’ai enfin compris. C’est évidemment pour ça qu’il a cédé.

— Quelque chose comme ça.

— Je suis spécial, pas comme n’importe qui d’autre.

Ouais, parce que je suis un garçon, je ne suis pas beau comme toutes les femmes de Sarawat.

C’est parce que tu es spécial que j’ai décidé de te draguer.

— Tu écris une chanson d’amour LGBT ? J’en ai des frissons. Allez, ne tombe pas amoureux de moi pour de vrai ! Je suis une pièce rare !

Le silence qui s’ensuit est gênant.

J’aimerais vraiment que les autres se montrent maintenant, mais ils ne le font pas. Tine TheChic doit continuer à s’exercer à la guitare. Finalement, je me décide à chanter une de mes chansons préférées:



“Si tu as vu mes larmes, c’est juste de la poussière dans mes yeux, je n’ai pas pleuré.

Ne regarde pas en arrière. Ne t’inquiète pas.”(1)




— Est-ce que tu chantes ? Je croyais que tu marmonnais.

— Ce ne sont pas tes affaires, Sarawat ! Je suis heureux de marmonner !

— Donne-moi la guitare, je vais jouer pour toi.

— Où est la tienne ?

— Je ne l’ai pas apportée. Je vais aux essais de l’équipe de foot.

Je ne l’ai jamais entendu parler de sa spécialité ou de ses études, mais il semble avoir beaucoup de passe-temps.

— J’ai aussi une répétition de cheerleading.

— D’accord, je viendrai te voir.

Je déteste sa voix et la manière dont il me regarde en ce moment. Pour une raison quelconque, ça fait battre mon cœur comme un fou. Sarawat prend ma guitare.

Je ne connais pas la chanson que Sarawat joue. Il ne chante pas, mais la mélodie est lente et douce à elle seule.

— Ça te plaît ? me demande-t-il.

— C’était quoi comme chanson ? Je n’ai pas vraiment compris.

— La musique est le seul langage que tout le monde comprend. Même si tu ne comprends pas le sens, tu le ressens.

— Quel genre de sentiments ?

— Qu’as-tu ressenti en écoutant cette chanson ?

— La faim.

Sarawat me regarde en fronçant les sourcils.

— Très bien, je vais arrêter.

— …

— Ok, bien, quel sentiment espérais-tu ?

Tu dois ressentir de l’amour parce que c’est une chanson d’amour.

Tu devrais aller jouer ta chanson ailleurs. Je ne suis pas amoureux donc je ne vais pas être capable de la comprendre de toute façon.

Pourquoi mes mains tremblent-elles ? Et mon cœur aussi.

Je ne suis pas sûr de ce qui se passe.

Oh, mon cœur.


Trois minutes plus tard, la pièce est pleine de gens. Sarawat et moi sommes dans des groupes différents pendant l’entraînement, mais nous nous levons à la même heure pour partir tôt.

Au moment où nous atteignons la porte, Dissatat entre soudainement à l’intérieur. Et il n’est pas seul. Quelque chose qui ressemble beaucoup à un poisson géant est à côté de lui.

C’est Green !

— C’est notre nouveau membre. Soyez gentil avec lui et ne lui causez pas de problèmes, dit Dissatat avant de repartir, laissant cette créature avec nous.

Qu’est-il arrivé au fait de ne pas accepter de nouveaux membres ?

— Les gars ! Présentez-vous ! nous dit P’Air avec son doux sourire.

Je jette un coup d’œil à Sarawat avec les mots “aide-moi s’il te plait” écrits sur mon visage.

— Bonjour, je m’appelle Green et je suis de la Faculté des Sciences Humaines. Je suis très heureux de me joindre à vous.

Au secours ! Green me regarde avec une expression sensuelle.

— Salut, je m’appelle Prae. Je suis étudiante en médecine. Ravie de te rencontrer, se présente une fille et c’est le chaos absolu.

Je contemple son joli visage, son sourire impeccable et sa peau claire. J’aime vraiment ça. Ce doit être l’amour.

— Salut, je m’appelle Earn. Je viens de la faculté d’Architecture.

Une autre fille qui tient sa guitare a un look un peu cool et brutal comme je ne me rappelle pas avoir vu d’autres filles en avoir. Elle est à la fois élégante et jolie.

— Tout le monde, faisons connaissance, soyez gentils !

Green s’approche pour s’asseoir juste à côté de moi. Oh mon Dieu, s’il vous plaît ! C’est un humain ou un poisson ventouse ?

— Je ne t’ai pas vu depuis deux jours ! Tu m’as tellement manqué, se lamente-t-il.

J’avais vraiment espéré qu’il avait laissé tomber, mais hélas.

— Tu ne me manques jamais. Pourquoi es-tu là, d’ailleurs ?

— Je veux juste jouer de la guitare.

Mais bien sûr !

— Ne t’approche pas de moi. Va là-bas, sifflé-je en désignant le coin opposé de la pièce.

— Tine, tu sais combien font un plus un ?

— Va-t’en.

— Aw ! Un plus un égale deux ! Donc, Tine plus Green égale quoi ? L’amour ? Whooo !

Tine plus Green égalent mes pieds qui te jettent hors d’ici. Je ne veux vraiment plus avoir à lui parler. Urghhhhh !

Je lui tourne le dos et aperçois quelqu’un d’autre… Prae. Elle m’envoie un doux sourire, qui fait fondre tout mon corps.

— Je suis Tine, de la faculté de Droit.

— Ah ! Je suis Prae. Enchantée de te rencontrer !

— Alors…

J’ouvre la bouche pour lui poser une question quand quelqu’un me prend la main,

— C’est l’heure de ta répétition. Allons-y.

Sarawat ! Il s’accroche fermement à ma main et me traîne hors de la pièce. Même Green n’a pas la possibilité de l’arrêter.

— Que fais-tu exactement ?

— Va à ton entraînement.

Et puis il est parti.


Nous continuons à faire la même routine encore et encore jusqu’à ce que les seniors nous accordent enfin une pause.

J’enfonce avidement de la nourriture dans ma bouche pour tenter de restaurer rapidement mon énergie. Quelques-uns des autres font soudainement du bruit, et je lève les yeux pour voir quelqu’un s’approcher de nous. Sarawat.

— Nong Sarawat ! Qu’est-ce qui t’amène ici ?

— Je suis venu voir Tine.

— Awwww ! Tu es venu pour ton mec !

Sarawat s’assied sur une chaise en face de moi, les yeux faisant des allers-retours entre ma nourriture et moi.

— Qu’est-ce que tu regardes ?

— Rien.

— Pourquoi es-tu là ?

— Je t’ai dit que je viendrais.

— Tu as fini les essais ?

— Oui.

— Et tu n’as pas été retenu.

— Essaie de me regarder avant de dire des trucs comme ça.

— Alors j’ai hâte de voir ton équipe perdre.

Pour une raison quelconque, j’ai envie d’énerver ce type à chaque fois que je le vois. Je me souviens que la première fois que je lui ai parlé, je le suppliais. Maintenant, je veux juste qu’il s’éloigne de moi. Il est trop agaçant tout le temps.

— Nong Tine, viens ici s’il te plaît ! Nous avons besoin de ton aide, m’appellent des seniors, et je me lève pour aller les rejoindre.

Elles me tendent une feuille de papier couverte de gribouillages.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Nous voulons apprendre à connaître Sarawat, alors nous avons besoin que tu lui poses ces questions, s’il te plaît.

— Vous voulez que je lui demande ?

— Oui ! Tu lui poses les questions et tu nous dis ses réponses ! Nous voulons juste être ses “sugarmoms”, ricane l’une d’entre elles.

Oh putain ! Vous ne pensez pas que c’est un peu intense ?

— Maintenant ?

— Allez ! Nong Tine ! S’il te plaît !

Mon Dieu, j’ai envie de pleurer. Incapable de refuser leur demande, je retourne voir Sarawat.

— Hé, j’ai besoin de te demander ça.

— Finis ta nourriture.

— Je suis bon en multitâche.

— Finis-le.

J’ai peur que si je l’offense, il ne réponde pas aux questions, et je fais rapidement ce qu’on me dit et mange.

— Les seniors là-bas veulent te poser des questions.

— Ok.

— Ok, tu dois choisir l’un des deux à chaque fois. D’abord, Louis Vuitton ou Gucci ?

— Qu’est-ce que c’est ?

Je gémis. C’est seulement la première question et je suis déjà fatigué. Ce n’est même pas une question difficile.

— D’accord, Adidas ou Nike ?

— Onitsuka.

— Tu dois en choisir un parmi les deux que je viens de dire.

— Mais je n’aime aucun des deux.

— Ok.

Si ça peut te faire plaisir.

— Alors, iPhone ou Samsung ?

— Samsung.

— Mais tu utilises un iPhone.

— J’utilise un Samsung, dit-il en sortant le Samsung Hero à 500 bahts que je lui avais acheté.

J’étais sûr qu’il l’avait jeté à la poubelle depuis longtemps.

— Ok. One Piece ou Dragon Ball ?

— J’aime les deux.

— Tu dois en choisir un !

— Dragon Ball.

— Valse ou post-rock ?

— Valse.

— Guitare ou batterie.

— Batterie.

— Séries télé ou films ?

— Séries télé, surtout les romances.

Ses réponses sont bizarres, et je décide d’en ajouter une juste pour vérifier s’il ment.

— Musique ou peinture ?

— Peinture.

— Hé ! C’est des conneries !

Je lui crie dessus. Sarawat, arrête de te moquer de moi !

— J’ai dit ce que j’aime le moins.

Je viens de te dire de choisir celui que tu aimes ! Une idée surgit dans ma tête. Je choisis une question pour qu’il me dise ce qu’il déteste le plus.

— Ok alors, les comédies romantiques coréennes ou moi, lequel choisis-tu ?

— Toi.

— Je le savais. Tu me détestes.

Non. Cette fois, j’ai choisi ce que j’aime le plus.

— … !!

— Tu as fini de poser tes questions, Nuisance ? J’ai faim.

— Uh. Erh. Sers-toi.

Juste avant de partir, il me pose une question.

— Et toi, beau ou pas ?

— Qui ? Moi ? Bien sûr, je suis beau.

— D’accord.

— Qu’est-ce que tu veux dire par “d’accord” ?

— Je veux dire que tu m’as choisi parce que je suis beau.

Et une fois de plus, je suis laissé seul avec ma confusion. Les regards d’anticipation de mes seniors me brûlent le cou. Je ne suis pas impatient de leur dire que j’ai échoué la mission. Oh mon cœur…


Il est huit heures du soir quand je rentre dans ma chambre. Ce n’est pas la répétition qui m’a empêché de rentrer chez moi, mais plutôt les seniors qui m’ont interrogé sans relâche sur Sarawat. Elles ont commencé à parler de lui acheter une paire de chaussures.

Je m’allonge sur mon lit, épuisé. Il est 11 heures quand Instagram me réveille.

Je suis déconcerté en regardant mon fil d’actualité. Il y a une heure, Sarawat a posté une photo accompagnée d’une courte légende:

2Gether - Tome 1 4ppTfFhJPLwYUBA_7ox5g1qVuuw


Chapitre 6: Le couple imaginaire de Teepakorn

Sarawatlism je l’ai cortigé plusieurs fois, maus c’est toujour fauc tellement ennuyeu


Momomoko Je choisis deux !

Prem_Kanin c’est quoi ce jeu, Sarawat ?

Apple09me Un ! Parce que tu es toujours mon seul >///<


Et Sarawat a répondu.


Sarawatlism un c’est mettre en privé et deux c’est supprimer ce compte

FC-sarawat @Sarawatlism nooooon ! Allez ! Arrête de te moquer de nous.


Je ris aux plaintes des femmes de Sarawat.

Rrrrrrrrrrrrrrr

Mon téléphone sonne et je ne reconnais pas le numéro.

— Allô, réponds-je, curieux.

Je ne reçois aucune réponse.

— Allô ? répèté-je avec une pointe d’irritation.

— Tine…

Je reconnais facilement la voix de la superstar de l’Université.

— Comment as-tu eu mon numéro ?

— J’avais ton téléphone, tu te souviens ? Bref, c’est mon nouveau numéro.

— Tu vas juste le changer à nouveau demain. Qu’est-ce qui se passe, d’ailleurs ? L’autre jour, tu as refusé de me le donner.

— J’appelle parce qu’on doit inventer une histoire si Green se pointe demain.

Quoi ? Maintenant ? C’est trop bizarre !

Mais je n’ai pas raccroché. On a fini par parler pendant deux heures jusqu’à ce que je sois si fatigué que j’ai failli m’endormir au milieu d’une phrase.

— Hey, j’ai sommeil.

— Va dormir.

— Raccroche le téléphone.

— Un ou deux ?

— Quoi ?

— Choisis.

— Euh, tu me demandes de choisir entre supprimer ton compte ou le rendre privé, c’est ça ? Alors je choisis deux ! T’es trop chiant. Supprime juste ce putain de compte !

— Je demande quelque chose de différent cette fois.

— Ok, alors c’est quoi un ?

— Un c’est moi.

— Alors je choisis deux.

— Deux c’est moi aussi.

— Lequel n’est pas toi alors ?

Pour toi, chaque choix sera toujours moi. Dors bien.

Notes :
1/ “Fhoon” (Poussière) de Atom Chanakan

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Chapitre 7
Instagram
Je suis au café de P’ Tun. C’est une ancienne étudiante en Architecture qui a mis trois ans de plus pour obtenir son diplôme. Le Star Gang vient souvent à cet endroit. Notre cours du matin a été annulé, ce qui est l’une des plus grandes joies d’une journée normale. La vie est merveilleuse.

Maintenant, on est plutôt accro à l’idée de sécher les cours. C’est comme ça. Nous nous asseyons souvent de façon chic au café en face de la faculté d’Agriculture.

Souvent, c’est juste un changement de décor bienvenu par rapport à notre propre bâtiment, mais c’est surtout parce qu’une fois que nous aimons un endroit, nous avons tendance à y rester jusqu’à ce qu’il fasse faillite. Il faut être très féroce pour fréquenter ce café, car les nombreux étudiants en Ingénierie, qui sont des brutes, aiment à penser que l’endroit leur appartient. Ils portent tous des uniformes de couleurs différentes et passent leur temps à se lancer des regards noirs. Heureusement, les étudiants en Droit n’ont pas le même genre d’uniformes, donc ni l’Agriculture ni l’Ingénierie ne font attention à nous.

— Qu’est-ce que vous voulez, les gars ? demande Puek, qui est assis sur le canapé, mais nous sommes tous trop occupés à fixer la table en face de nous.

Si nos yeux avaient des jambes, ils seraient probablement en train de courir pour rejoindre les filles là-bas.

— N’importe quoi, réponds-je.

— N’importe quoi, dit Ohm, aussi.

— N’importe quoi.

Fong dit la même chose. Nous sommes des imbéciles qui ne sont capables que de se faire écho les uns les autres.

— D’accord, monsieur, pouvons-nous avoir quatre “n’importe quoi”, s’il vous plaît ? demande bruyamment le quatrième imbécile et les gens autour de nous se retournent pour nous fixer.

Ce n’est pas le moment dont je suis le plus fier.

— Ok, attendez un moment s’il vous plaît, répond le serveur avec un sourire amical.

Cet endroit n’a pas de barista, juste le propriétaire qui sert tout le monde. Les autres personnes qui travaillent ici sont des étudiants qui se portent volontaires pour aider. C’est un grand endroit accueillant avec peu de personnel. Notre commande prend beaucoup de temps. Si longtemps que je vais probablement être déçu si ce n’est pas bon.

Nous parlons de tout et de rien en attendant. On regarde les filles et on se moque des copines des autres. Dès que nous ne parlons pas, nous avons nos téléphones dans les mains. Soudain, le mien se met à vibrer avec de nouvelles notifications. Ce sont des gens qui m’ajoutent sur Facebook. Les demandes d’amis aléatoires ne sont pas une chose qui m’arrive rarement, mais généralement je ne reconnais pas leur photo de profil. Celle-ci, je la connais.

— Oh.

Je m’étonne à voix haute. J’accepte immédiatement la demande d’ami, en veillant à ne pas laisser transparaître mon étourdissement sur mon visage.

Les femmes essaient toujours de me séduire. Tu n’es pas vierge ? Pas de problème. Tu n’as aucune honte ? Pas de problème. Tu m’aime bien ? C’est tout ce dont j’ai besoin.

— Qu’est-ce qui t’étonne ? demande rapidement Puek.

Ne vous inquiétez pas. La fille qui vient de m’ajouter n’est pas n’importe qui ! On s’est déjà parlé parce qu’elle est une étudiante de première année du club de musique. Il s’agit de Prae, l’étudiante en médecine - ma nouvelle cible.

Je suis prêt à arrêter de jouer. Je vais être sérieux avec cette personne. Et je ne veux surtout pas que Green sache pour elle.

— C’est rien. Une fille vient de m’ajouter. Je ne sais pas comment elle a trouvé mon Facebook.

— Wow, comme si c’était difficile. Tu as littéralement fait ta pub dans le groupe fermé des étudiants de première année.

— Arrête de ruiner l’ambiance. C’est énervant !

— Alors c’est qui ? Tu as déjà commencé à parler d’elle, alors ne me laisse pas en plan, demande Ohm en se penchant rapidement pour regarder l’écran de mon téléphone.

— Une nouvelle amie du club.

— Green ?

— Merde, non. C’est une fille de Médecine. Elle est super mignonne.

— Et Sarawat ? Tu l’as déjà courtisé et maintenant tu vas prendre une maîtresse ?

Wow, Ohm me fait passer pour une ordure. Qu’est-ce que Sarawat a à voir avec tout ça ? C’est juste une arnaque pour quand Green est dans le coin. C’est tout ce qu’il est.

— Il n’a rien à voir avec ça.

— Oh, je vais attendre de voir si ça tient la route !

Je lance un regard mauvais à ces trois chiens fouineurs. Puis je reporte mon attention sur mon téléphone, en essayant de trouver un bon sujet de conversation. Je n’arrive pas à en trouver un. C’est toujours la même chose à chaque fois que je dois parler à une fille. Je suis un bébé.

Je peux juste dire “Salut, c’est Tine” ? C’est bien, ça ?

Je le tape rapidement. Cinq minutes plus tard, j’entends un bip !

— Ahhhhhhh. Sarahhhhhhhh-whhaaaat.

Les gémissements de concert des gens dans le café nous font nous retourner tous les quatre pour regarder l’entrée. C’est le type à qui j’ai parlé au téléphone jusqu’à ce que nous nous endormions tous les deux.

Tous les yeux sont rivés sur lui à la seconde où il entre.

Derrière Sarawat, il y a toute une fanfare d’autres gars, tous avec des chemises débraillées. Je n’ai jamais vu Ducon(1) habillé de cette façon. Il ne porte même pas sa cravate et ses cheveux sont en bataille. Je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’ils ont bien pu faire. Depuis quand les Sciences Politiques ont un cours de fossoyage ?

— Bouge, pétasse. Débarrasse la table. Ce siège est libre !

En un clin d’œil, les deux tables à côté de nous ne sont plus attachées, faisant de la place pour les nouveaux arrivants. Les femmes font peur.

Sarawat jette d’abord un coup d’œil aux tables, mais il se dirige ensuite tranquillement vers un autre coin du café, comme s’il était sourd depuis la naissance. C’est vraiment une manière de connard de répondre à leurs efforts pour lui obtenir une table, mais nous savons tous que personne ne lui en voudra jamais. En fait, ça ne fait que les faire l’aimer encore plus.

— Sarawat est si mystérieux.

Ugh…

Qu’est-ce qu’il y a de mystérieux ? Je peux être tout aussi mystérieux que lui si vous le souhaitez.

— C’est ton chéri, me taquine Fong en remuant les sourcils.

— Hah ?

— Ton acolyte, alors. Sarawat. Tu ne vas pas dire bonjour ?

— Pourquoi je ferais ça ? Green n’est pas là.

— Il sera là d’une minute à l’autre.

— Ne dis pas ça ! Je vais te frapper. Chaque fois que quelqu’un parle de lui, il apparaît.

Green est comme un médium. Il sait tout, comme si un fantôme espion l’aidait. Je ne suis toujours pas sûr qu’il croie le numéro de Sarawat et moi.

— Un americano, s’il vous plaît.

La voix apaisante de Sarawat est calme. Même si le grand type est simplement debout au comptoir, sa simple présence exige que tous les regards se tournent vers lui.

— Sarawat boit de l’Americano ! Prends note, on pourra lui en acheter la prochaine fois, gloussent entre elles quelques filles à la table d’à côté. Il aime aussi les côtes de porc. Je l’ai vu en commander l’autre jour.

— Je crois qu’il aime aussi le Blue Hawaii. Je l’ai vu en boire à la cafétéria. Il avait l’air si heureux.

En fait, c’était le mien. Il n’aime même pas cette boisson.

— Fais attention à ce que tes oreilles ne tombent pas à force d’écouter autant. Tu es jaloux ?

Même si Ohm garde sa voix basse, je peux très bien entendre la suffisance dedans.

— Tu sais, parfois je pense que je pourrais bien vivre ma vie sans toi.

— Aw, je plaisante. Pourquoi es-tu si énervé ?

— Ferme-la.

— Les commandes “n’importe quoi” sont prêtes !

Le propriétaire crie devant Sarawat pour qu’on vienne chercher notre commande.

— Pour JamesJi, un lait fraise avec du ketchup de Mars. Pour Pope, un thé japonais du Mont Fuji. Et pour Mario, uhm… Juste un moment, crie-t-il et il disparaît après avoir placé les boissons bizarres sur le comptoir.

Je déteste vraiment les seniors qui travaillent dans ce café. Ils sont tellement extra. Ce n’est pas de la vraie nourriture. Ils ont tout inventé.

— Oh, le mien est prêt. Tomates de Mars !

Ces crétins sont tout aussi immatures que le personnel. Mes amis sautent tous au comptoir pour prendre les boissons.

Ce café a un système de paiement fixe. Vous devez aller au comptoir pour passer votre commande et la récupérer quand elle est prête. Dès que vous touchez la nourriture, vous devez la payer. Pas de mais ou de si.

J’ai demandé à P’ Tun, la propriétaire, la raison de ce système. Elle m’a expliqué que trop de clients partaient sans payer. De cette façon, ce n’est plus un problème, et tous ceux qui ne peuvent pas payer sont soigneusement notés dans un livre de comptes. Ce livre est probablement aussi épais que la Bible maintenant.

— Mario ! Notre menu le plus cher, Bingsoo à la mangue de Colombie.

J’essaie de ne pas me moquer de Fong quand, dans un murmure, il demande à ce que la boisson soit mise sur sa note.

— Bien sûr. P’ ! Fong, étudiant en première année de Droit, en a un autre sur sa note.

Fong revient à notre table avec l’air d’être sur le point de pleurer. Dans ses mains se trouve la chose la plus chère du menu. Ça ne ressemble pas du tout à du Bingsoo. Ça ressemble plus à une glace râpée à 10 bahts. Il s’est fait avoir, mais je ne dirai rien parce que j’aime mon ami et que je ne veux pas qu’il se sente encore plus stupide qu’il ne l’est déjà.

Cela fait longtemps que j’attends. Ma commande prend une éternité.

— Un americano.

Je me lève à la seconde où j’entends P’ Tun. Ça doit être ma commande. Quand j’arrive au comptoir, je perds presque l’équilibre. La grande silhouette de Sarawat me bouscule, dans le but de prendre ma place. Mon esprit de compétition décide de me remettre en place.

— Cinquante, c’est ça ? dis-je et je fouille dans ma poche pour trouver mon portefeuille.

Je prends une paille, la mets dans mon verre et prends une grande gorgée.

Beurk ! C’est vraiment amer. Je déteste l’amertume.

— Tine, ce n’est pas à toi.

— … ?

Quoi ? J’ai l’impression d’être un criminel capturé.

— C’est celui de Sarawat. Le tien est ici, dit P’, surprise, en nous regardant, Sarawat et moi.

Elle tient une glace à la fraise.

— Qu’est-ce que je fais ?

— Je vais en faire un nouveau. Sarawat, donne-moi une seconde.

Ses yeux sont soigneusement séducteurs alors qu’elle regarde le gars à côté de moi.

— C’est bon. Je peux boire celui-là, dit Sarawat et il me prend la tasse des mains.

Il fait un clin d’œil en prenant une grande gorgée de café.

Encore ! C’est la deuxième fois qu’il fait ça.

— Ok, c’est 50 bahts.

— Ce type paie.

Il me montre du doigt.

— C’est quoi ce bordel ?

— Tu as déjà bu dedans.

— J’en ai juste pris un peu. Tiens, je te donne deux bahts.

J’insiste en lui tendant une pièce de deux bahts.

— C’est pas assez.

— Comment ça, pas assez ? J’ai pris moins de deux gorgées.

Pas assez pour rattraper le temps que j’ai passé avec toi hier soir.

— Personne ne t’a forcé à m’appeler.

— Je sais. Mais je n’aime pas ça.

— Tu n’aimes pas quoi ?

— Je n’aime pas quand tu parles à d’autres personnes… Pas la nuit. Ça vole le temps destiné à dormir.

— C’est vrai. C’est toi qui m’appelais, qui me volait mon temps.

Je m’étais endormi sans raccrocher et je ne me suis pas réveillé avant le matin.

— Donc ce type paie.

Sarawat coupe court à notre discussion. Il ne me répond pas, mais retourne simplement auprès de ses amis à leur table, et je dois finalement payer sa boisson.

J’emporte mon bol de glace et mon cœur cabossé avec moi jusqu’à mon siège. Je réussis à manger quelques bouchées avant que l’un des autres me tapote le bras et me tende son téléphone.

— Qu’est-ce qu’il y a, Ohm ?

— Il vient de déclencher une guerre.

Je fronce les sourcils, confus, mais je regarde ensuite l’écran de Ohm. La page Instagram qui s’y trouve me permet de savoir que Sarawat a effectivement déclaré la guerre à ma santé mentale.


Sarawatlism Gratuit


C’est une photo de la tristement célèbre tasse d’Americano. C’est devenu un sujet brûlant parmi ses fans sur Instagram. Je remarque que son ami a aussi commenté. Quelqu’un hue quelque part derrière moi, et je suis certain que cela vient de sa table.


Boss-pol Tu dois aimer boire de l’Americano.

Bigger330 Je sais de qui ça vient.

KittiTee Cette table est trop mignonne.

Man_maman @Sarawatlism Je peux taguer ?


Je regarde à gauche, puis à droite, et enfin tout autour. De quelle table parlent-elles ? Il y a tellement de filles ici et elles ont toutes faim de Sarawat. Même les serveurs semblent s’être donné pour mission de noyer la table de Sarawat sous les boissons.

— Les gens ont commandé des tasses d’Americano pour toi, Sarawat.

— Quoi ?

Les filles en font vraiment trop. Il y a au moins cinq ou six tasses. Il ne sera jamais capable de toutes les finir. Même ses amis sont choqués par l’intensité des fans de Sarawat.

Je rends son téléphone à Ohm et retourne au mien. Sarawat parle au personnel, probablement pour demander qui a commandé les cafés. Ce n’est pas que je l’envie, mais je pense quand même que j’apprécierais d’avoir des fans qui m’achètent des choses comme lui.

Sauf quand c’est Green et la boîte de biscuits rouges avec lesquels je suis toujours coincé.

— Ton acolyte fait vraiment en sorte que tout le monde dépense tellement d’argent pour lui, hein, dit un de mes amis.

Peut-être qu’il a peur qu’on tombe raide mort si on ne maintient pas une conversation constante.

— C’est stupide. Son beau visage ne remplira jamais son estomac, me moqué-je.

En fait, un beau visage est souvent récompensé par des collations. C’est en partie pour ça que je fais le beau tous les jours. Je ne veux pas trop faire l’éloge de Sarawat. Il faut qu’il garde les pieds sur terre.

— Vraiment ? Je vais attendre de voir si ça va remplir le tien.

— Dégueulasse.

— Comment va Green ? Tu m’as dit qu’il t’avait suivi au club.

— Ugh, ouais. Heureusement que j’ai Sarawat pour l’éloigner, mais je ne sais pas combien de temps ça va durer. Il n’arrête pas de me harceler. Je suis à bout de nerfs.

— Dieu épargnera les dignes. Tu survivras.

— Gâteau à la vanille et gâteau à l’orange.

Un des serveurs interrompt notre conversation pour déposer deux gâteaux sur notre table.

— On n’a pas commandé ça.

— Ils ont été commandés et payés par quelqu’un d’autre.

— Qui ? Et c’est pour qui ?

— Pour Tine. N’en demande pas trop ! J’ai promis de ne rien dire, me dit-il en s’éloignant.

Je fouille la pièce avec curiosité pour trouver l’admirateur secret, mais personne n’a l’air le moins du monde suspect.

— Est-ce que ça pourrait être Prae ? murmuré-je pour moi-même.

— Qui est Prae ? intervient Ohm.

Il a de bonnes oreilles.

— L’étudiante en médecine dont je t’ai parlé.

— Elle t’achète déjà des gâteaux ?

— C’est peut-être une fan.

J’essaie de penser à toutes les possibilités. Je suis un cheerleader de la faculté de Droit. Je ne suis pas laid, alors évidemment, il doit y avoir des gens qui m’admirent mais qui sont trop timides pour l’admettre.

À ce stade, je pense à toutes les options possibles. Les fans. Une fille qui m’intéresse. Ça pourrait même être Green, mais probablement pas. Il n’est pas du genre à faire des choses en secret. Je le sais bien.

— C’est dingue, Tine. Peu importe qui c’est, mangeons-les. Je veux goûter.

— Attends, ne les touche pas encore.

— Quoi ? Pourquoi pas ?

— Je dois d’abord prendre une photo.

Je me sens comme mon ex obsédé par les selfies. Peu importe qui m’a acheté les gâteaux, je veux poster une photo sur Insta pour dire merci. Évidemment, je vais juste inventer une légende cool.


Tine_chic Je me demande qui a acheté ça pour moi aujourd’hui. La prochaine fois, c’est moi qui paye Smile


Mes amis me taquinent tous dans les commentaires. Fong est occupé à élaborer une théorie sur tous les acheteurs secrets possibles. Je réponds à leurs commentaires et ils me répondent. Puis des commentaires de quelqu’un d’autre apparaissent. Je dois les relire plusieurs fois avant de m’en rendre compte.


Man_maman Il y aura une prochaine fois ? Ooh !

Boss-pol @Tine_chic
Mignon. Mon ami a dit que tu étais mignon.


S’il te plaît, dis-moi que ce ne sont pas les amis de Sarawat. J’essaie de me convaincre que ce n’est pas le cas mais…


Thetheme11 Les gâteaux étaient bons ?


Je réponds.


Tine_chic @Thetheme11 Ouais


— Ooh ! Ah !

Quelqu’un à la table de Sarawat fait du bruit. Ses amis sont clairement en train de s’amuser sur mon Insta. Mais qui est “Thetheme” ? Tellement indiscret. C’est lui qui m’a acheté les gâteaux ? Je ne veux pas que cela reste un mystère et je me lève pour aller à la table de Sarawat.

Les Lions Blancs lèvent tous les yeux vers moi. L’un d’eux demande sur un ton neutre,

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Vous avez un problème avec moi ? J’ai l’impression que vous essayez de m’embêter, avoué-je.

Ils me sourient tous. J’ai envie de les gifler.

— Ce n’est pas le cas. Nous voulons juste être amis avec toi.

— Pourquoi ?

— Parce que tu es l’ami de Sarawat. Ou peut-être que tu es trop arrogant pour être ami avec nous aussi ?

— Si tu veux être mon ami, viens me dire bonjour au lieu de spammer mon Insta comme ça. Toi aussi, dis quelque chose, ajouté-je en me tournant vers Sarawat, ce qui lui fait lever la tête pour croiser mon regard.

— Qu’est-ce que je suis censé dire ?

— Dis ce que tu veux, putain.

Tu es mignon.

— …

— Tu as fini ? Retourne à ta table. Tu me bloques la vue.

Je retourne à ma table, perplexe par ce qui vient de se passer. Incapable de composer une autre pensée que son “tu es mignon”.

Je suis foutu. J’ai été assassiné si brutalement que je pourrais aussi bien ne jamais être né.

Mon cœur… Ce putain de rilakkuma.



Je suis assis ici, au café de P’ Tun, depuis des heures. Vers midi, nous décidons d’aller manger quelque chose ailleurs avant notre cours de l’après-midi. Fong et Puek fourrent leurs devoirs copiés dans leurs sacs. Ohm range son téléphone et je me sépare d’eux pour aller aux toilettes, car j’ai besoin de chier. Je reste assis un moment avant d’entendre quelqu’un entrer.

Je fais de mon mieux pour péter en silence et faire caca poliment afin de ne pas attirer leur attention. Puis la personne à l’extérieur de la cabine commence à jouer de la guitare. J’essaie de ne pas crier. Je termine rapidement mes affaires, prêt à faire une crise.

Et je vais effectivement en faire une. Sarawat est assis sur le comptoir du lavabo avec sa guitare.

— C’est toi. Putain Ducon(1) ! Pourquoi tu joues de la guitare ici ? C’est chiant.

— C’est pas tes affaires. Je peux jouer où je veux.

— Peu importe.

Je ne gagne pas cette dispute, alors je vais vers le lavabo pour me laver les mains. Je remarque qu’une de ses mains saigne.

— Où étais-tu passé ? demandé-je.

Lui et ses amis n’ont pas l’air d’être allés en cours aujourd’hui.

— Répétition de musique.

— Tu as tellement répété que ça a abîmé ta main ?

— Tu peux me mettre un pansement ?

— Non. Si je vois du sang, je vais m’évanouir, mais si je vois un sein, je vais parfaitement bien.

Je pourrais l’aider, mais je n’en ai pas envie. Il a une tonne de fans et un grand groupe d’amis. N’importe lequel d’entre eux serait heureux de soigner la coupure.

— Alors je vais te laisser voir un sein en échange de ton aide.

Je me retourne.

— Est-ce que quelqu’un t’a déjà dit à quel point tu es stupide ?

— Jamais. On m’a seulement dit que j’étais magnifique. Quand je l’ai entendu, j’ai un peu rougi, mais c’est la vérité.

— …

Ouah. Lui ? Rougir ? Cela semble absurde. Depuis que je le connais, je ne l’ai jamais vu rougir, même un peu.

— Je vais peindre ma chambre.

Il change soudainement de sujet. Ne sait-il pas comment fonctionnent les conversations ?

— Pourquoi tu me le dis ?

— Tu peux m’aider ?

— Pourquoi tu ne demandes pas à quelqu’un de le faire ?

— De quelle couleur dois-je la peindre ? demande-t-il, en continuant à faire bouger ses doigts sur les cordes de la guitare.

C’est comme s’il ne réalisait pas qu’il n’est pas dans la salle de musique. Il est sur le putain de comptoir d’un lavabo dans des toilettes.

— J’ai accepté de t’aider ? objecté-je.

— Le gris c’est bien, ou tu préfères le blanc ?

— Attends, Sarawat. Est-ce que tu entends ce que je dis ?

— Oui. Alors quelle est la couleur que tu trouves jolie ?

— Je ne suis pas toi. Comment suis-je censé savoir ?

— Bien, alors on se voit chez moi à cinq heures.

— …

Si tu arrives à l’heure, je te laisserai toucher mes seins gratuitement.

J’ai dit que j’aimais les seins, mais pas les siens, qui sont plats. Son visage stupide. Je me sens si fatigué à chaque fois que je lui parle.

Ma tête fait face à beaucoup de chaos aujourd’hui. Les cours. Les amis de Sarawat. Et maintenant, je suis censé aller à l’entraînement de cheerleading, aussi.

C’est trop d’un coup, et j’ordonne au Star Gang d’aller dire aux seniors des cheerleaders que j’ai besoin d’un jour de repos. Au moins, je n’ai pas croisé Green aujourd’hui, ce qui signifie un mal de tête de moins à gérer. Je suppose que c’est un petit soulagement, seulement un petit. Dans quelques jours, il y aura la “Alter Ma Jeeb Fair” à laquelle Green et moi devrons assister. L’un d’entre nous y trouvera notre fin.

Je m’inquiéterai de lui plus tard. Un nouveau jour est arrivé et d’ailleurs, il est bien plus important de se concentrer sur le présent !



Après le cours au bâtiment des Sciences Sociales, je descends attendre les seniors pour l’entraînement des cheerleaders. Je passe le temps d’attente à envoyer des textos à la fille de Médecine pour revitaliser mon cœur fatigué.

Certains des seniors arrivent et je les salue, comme un junior doit le faire. Un autre groupe de seniors se joint à eux,

— Tine, est-ce que Sarawat vient aujourd’hui ?

Vous vous souvenez des gens qui achetaient des chaussures pour Sarawat ? Ce sont eux.

— Non, il ne vient pas. Pourquoi le ferait-il ?

— Quoi ! Je croyais qu’il te faisait la cour.

— Quoi ? Je suis son ami.

— J’ai vu les amis de Sarawat te taquiner sur Insta.

Fait chiiiier.

— Ce n’était rien, juste une blague.

— Oh. Alors est-ce que Sarawat parle à quelqu’un en ce moment ?

— Je ne sais pas.

— Demande-lui pour moi, tu veux bien ?

— Ok.

Je hoche la tête, en espérant qu’ils vont enfin commencer l’entraînement. C’est déjà le soir et un beau gars comme moi a faim aussi. Je veux juste en finir avec l’entraînement et rentrer à la maison dans mon lit. Je n’ai pas vraiment envie de rester ici. Il y a des moustiques partout et il fait une chaleur torride.

Les routines ne sont pas compliquées, mais la quantité de chansons est insensée. Même si mes bras commencent à s’engourdir de fatigue, l’entraînement dure encore deux heures. Nous devons répéter pour un événement universitaire à venir.

Deux heures deviennent en trois. Le soleil est remplacé par un éclairage fluorescent. Et mon estomac est remplacé par les mots “faim comme jamais”. Nous n’avons toujours pas de pause et je me sens mal pour les filles. Elles sont toutes trempées de sueur et n’ont que de l’eau pour tenir le coup.

— Tine, concentre-toi plus sur tes mains. Tes mouvements n’ont aucune puissance !

C’est parce qu’ils n’en ont pas. D’où sont-ils censés la tirer ?

— Golf, pourquoi tu plies tes jambes comme les filles ?

Merde ! Je pliais les miennes aussi. J’ai copié les mouvements de Golf pendant tout ce temps.

— Concentre-toi !

Affamé… C’est la seule chose à laquelle je pense en ce moment.

Rrrrrrrrrrrrrrrrrr

Le téléphone d’un idiot sonne et on a enfin une pause.

— Tine. Ton téléphone.

Oh, c’est le mien.

— Ok.

— Ducon(1) appelle.

Une des seniors sort la tête pour vérifier mon appel. Je me détache rapidement de la ligne pour attraper mon téléphone. J’ai promis à Sarawat que je ne donnerais son numéro à personne.

— Qu’est-ce que tu fais ? A quelle heure je t’ai dit ?

Je n’ai même pas eu la chance de dire bonjour.

— Je suis à l’entraînement des cheerleaders. Si tu as besoin de peindre ta chambre, fais-le. Pourquoi tu as besoin de moi ? Je suis tellement affamé.

— Tu es où ?

— A ma faculté.

— Que veux-tu manger ?

— Pourquoi tu fais comme si tu allais l’apporter ici ?

— Qu’est-ce que tu veux manger ?

— N’importe quoi qui est comestible. Si tu viens, achète beaucoup de nourriture, d’accord ? Les autres ont faim aussi.

— Je t’ai dit que je venais ?

— …

C’est comme si vous veniez de gagner un Oscar, mais qu’il s’avère que le présentateur a annoncé le mauvais nom et que vous n’avez pas gagné de toute façon. Ça fait mal.

— Est-ce que tu pleures ?

— Je te déteste.

— Comme tu veux.

— Si tu viens, je te laisserai toucher mon sein.

— Ok, on se voit dans cinq minutes !

Il a raccroché.

C’était quoi ça ? Il a l’esprit assez mal placé, n’est-ce pas ? Que penseraient ses fans s’ils entendaient ça ? Putain ! Pourquoi lui ai-je offert mon corps comme ça ?

Il s’est écoulé moins de cinq minutes avant que le grand type apparaisse et soit accueilli par des cris d’excitation de tout le monde sauf moi. Soudain, personne ne se soucie de l’entraînement. Ils sont tous en compétition pour être les premiers à atteindre Sarawat.

— Sarawat, tu es si gentil de nous acheter toute cette nourriture.

— C’est Tine qui offre. Voici les vôtres, dit Sarawat en posant tous les sacs en plastique sur une table.

Puis il se retourne négligemment pour s’éloigner d’eux.

— Ta cote de popularité augmente.

Je le taquine et m’assieds sur une chaise en face de lui.

— Mange juste.

Il pousse de la nourriture et de l’eau vers moi.

— Tu es si gentil. Je suis désolé d’avoir dit que tu étais énervant.

— Je peux toucher ton sein maintenant ?

— Merde, je plaisantais, dis-je, regrettant immédiatement mes excuses.

En général, Sarawat ne semble pas être un grand plaisantin. Il ne parle pas beaucoup et n’aime pas être le centre d’attention. Avec les personnes avec lesquelles il se sent à l’aise, c’est tout le contraire. Il parle beaucoup. Il est agaçant et a l’esprit mal placé.

— Je suis sérieux.

— Merde, j’ai peur…

— Quand est-ce que tu finis ? demande Sarawat, ses yeux sur moi sont si intenses que j’ai peur qu’il ait l’intention de me manger.

— Je ne sais pas. Et toi ? Tu as été à l’entraînement aujourd’hui ?

— Non. J’ai mal à la main.

Je jette un coup d’œil à ses doigts, soulagé de voir que les sparadraps sont toujours là.

— Ne te pousse pas autant la prochaine fois. Fais une pause. La vie a besoin que tu changes de temps en temps. Même si l’horloge recommence à zéro tous les soirs.

— C’est vrai ? D’habitude, la mienne indique 24.

— Peux-tu arrêter de perturber mon rythme ? Est-ce que tu seras rétabli à temps pour l’événement ?

— Tu t’inquiètes pour moi ?

— Ha-ha. Pas pour toi, pour le club.

On se tait tous les deux. Sarawat me laisse manger, car il est occupé par les notifications incessantes de son téléphone. Son nombre d’abonnés sur Insta ne cesse d’augmenter. Je suis sûr que toutes les notifications en ce moment sont dues à l’équipe de cheerleaders.

— Sarawat, j’ai tagué ton Insta. Like le.

Quelqu’un révèle leur objectif commun.

— Donne-leur un like, lui dis-je.

— J’ai la flemme.

— Je vais le faire pour toi. Donne-moi ton téléphone, proposé-je, une main tenant une cuillère et l’autre tendue vers son téléphone.

Je remue les doigts et il me donne son précieux appareil. Apparemment, il n’utilise plus le Samsung Hero.

— Woah.

Je pousse un cri de surprise en voyant la quantité de photos qui taguent Sarawat. Ce ne sont pas seulement des photos de la nourriture qu’il nous a apportée. Il y a un tas de photos capturant chacun de ses mouvements. Ils l’ont tagué et ont écrit des légendes effrayantes. Certains d’entre eux sont des tags vieux de plusieurs jours qu’il n’a jamais reconnus. Quel mec généreux.

— Ils t’ont envoyé des messages il y a des lustres, pourquoi tu ne leur as pas encore répondu ?

— Qui ?

— Tes fans. Ici !

Je tourne l’écran pour qu’il le voie.

— Je ne sais pas comment faire.

C’est vrai. Au temps pour moi. J’ai totalement oublié que Sarawat est un novice des réseaux sociaux. Il s’est inscrit sur Insta uniquement pour draguer un mec chic comme moi. C’est juste une façade pour garder Green loin de moi, même s’il ne semble pas se soucier de cette partie.

— Tu veux que je réponde pour toi ? proposé-je.

Je veux juste l’empêcher de se ridiculiser complètement sur ses réseaux sociaux.

— Non. Laisse-les juste comme ça.

Je lui rends son téléphone.

— Hey, un senior voulait que je te demande.

Je me souviens soudainement et change de sujet à la Sarawat.

— Quoi ?

— Tu ne vois personne en ce moment, n’est-ce pas ?

— Tu ne sais pas que la curiosité a tué le chat ?

— Tu veux que je te fasse saigner du nez ? Je suis sérieux.

— Je t’ai dit que je te drague, alors pourquoi je verrais quelqu’un d’autre ?

Je ne parle pas de faire semblant de flirter avec moi. Je veux dire pour de vrai, y a-t-il quelqu’un que tu aimes en ce moment ?

— C’est comme ça que tu fais ?

Il n’écoute pas du tout. Lui parler me donne envie de mourir à plusieurs reprises. Il est occupé à faire défiler son téléphone de haut en bas, et j’abandonne l’idée d’attirer son attention.

Ding

Mon téléphone vibre. Je le regarde.


Sarawatlism a commencé à te suivre


Je lève la tête pour regarder le type assis en face de moi. Il est toujours concentré sur son téléphone. Sa voix est veloutée quand il parle, et il n’y a aucun moyen de mal comprendre les mots.

— Ouais…

— …

La personne que je viens de suivre est celle que j’aime bien.

Notes :
1/ Twat: Ici, Tine fait un jeu de mot avec Sarawat.

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:44



Chapitre 8
Alter Ma Jeeb
Je fixe mon téléphone, les pensées se bousculent dans ma tête. Je ne peux que dire… c’est quoi ce bordel !

— Pas besoin de m’aimer à ce point. Pourquoi seulement moi ? Je ne veux pas être tué par les filles.

Je dois protéger ma vie. Le groupe des épouses de Sarawat est terrifiant.

— Je me suis abonné à toi parce qu’on est amis. N’y attache pas trop d’importance !

Quel genre de réponse c’est, ça ?

— Alors, pourquoi ne t’es-tu pas abonné à tes Lions Blancs ?

— Arrête de poser autant de questions. Ou peut-être que tu veux être plus qu’un ami ?

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Être ma maîtresse.

Je gémis et lui fais une grimace. Je n’ai pas l’intention d’en dire plus. Il m’ignore et pianote sur son téléphone, apparemment pas du tout gêné par tout le monde qui lui crie dessus comme une meute de loups affamés.

— Sarawat ! S’il te plaît, aime la photo sur laquelle je t’ai tagué !

— Sarawaaat !

— Fais-le. Je pense qu’elle est folle de toi.

Sarawat me jette un regard mais ne dit rien. Jusqu’à ce que…

— Awwwww ! Sarawat vient d’aimer ça ! Les gars ! Je vais vous donner des polaroïds de Sarawat ! Gratuitement ! Venez les chercher demain !

Je pense que c’est la signification de l’expression “Le bonheur est partout”. C’est fou de penser qu’ils seraient tellement heureux juste parce que Sarawat a appuyé sur like. Il l’a fait avec le même doigt qu’il utilise pour se curer le nez, tu sais.

— Pourquoi tu fais cette tête ? me demande-t-il.

— Quoi ?

— Ton Instagram.

Il me montre une photo de mon flux. C’est une photo que j’ai moi-même aimée - bonne humeur, bonne ambiance, super endroit. C’est le cliché parfait !

— Je sais que je suis sexy.

— Tu as l’air stupide.

— Pardon ? Beaucoup de gens aiment cette photo, tu sais ?

Quand j’ai vu cette photo pour la première fois, j’ai dû me demander si l’appareil était particulièrement bon ou si j’étais juste si beau. Et j’ai eu presque 500 likes sur cette photo. Pourquoi il a dit que j’avais l’air stupide ? Espèce d’idiot ! Sarawat !

— Pourquoi tu poses toujours sur tes photos ?

— Tout le monde ne peut pas être aussi impeccable que toi. Tu peux péter toute la journée et les filles vont quand même te sauter dessus.

— Mais tu ne le ferais pas ?

— Non.

— …

— Honnêtement, je m’en fous si tu craques pour quelqu’un. Tu n’as pas à suivre seulement mon compte, sauf devant Green. Compris ?

— Finis de manger.

— Pourquoi tu ne me dis pas simplement qui c’est ?

— Je t’ai déjà dit que mon crush est celui que j’ai suivi.

— Merde ! Je veux dire dans la réalité. Peu importe, je ne te demanderai plus rien.

Le silence s’installe. Je ne trouve rien à dire, mais pour une raison quelconque, je ne me sens pas gêné par cette situation. Je suppose que c’est le genre d’amitié que nous avons. Même un silence soudain ne me rend pas nerveux quand je suis avec Sarawat.

— J’ai essayé de comprendre Instagram pendant des jours, mais je viens seulement de réaliser qu’on ne peut pas sauvegarder les photos.

— Eh, comment peux-tu être si bête ? Tu aurais dû comprendre ça le premier jour.

— Je l’ai juste découvert hier. Man me l’a dit.

— Bon, tu essaies de sauvegarder des photos en ce moment ?

— Je fais des captures d’écran.

— Quoi ? Un gars comme toi ferait ça ? Allez, laisse-moi voir de qui sont ces photos.

— Quelqu’un qui aime beaucoup poser.

— Qui c’est ?

Toi, Nuisance.

— …

— C’est ta faute si je manque d’espace mémoire.

Je sais que je viens de dire que parce que nous sommes amis, je ne me sens jamais mal à l’aise. Mais peut-être qu’on n’est pas si proches après tout, parce que là, mon souffle est coincé dans ma gorge. Mon cœur…



Être l’esclave des seniors des cheerleaders est la plus grande misère de ma vie. Ils nous ont fait répéter encore et encore, sans relâche, et j’ai dû faire la même chanson plus de 10 fois.

Maintenant, il est presque vingt-trois heures.

Ils ne veulent toujours pas nous laisser partir, Sarawat et moi. Il est assis tout près, il m’attend. Il a l’air fatigué, mais il doit rester parce que les seniors le veulent. Ou en fait, il peut simplement se lever et partir, et je ne sais pas vraiment pourquoi il ne le fait pas. Peut-être qu’il aime juste se vautrer dans sa gloire.

— Nong Tine, lève tes bras… plus… plus… c’est ça.

Dès que la senior me tourne le dos, mes bras retombent. Je n’en peux plus !

— Excuse-moi ! Tine baisse les bras !

— Nong Tine !

Sarawat ! Espèce de connard !

J’ouvre la bouche, je veux l’insulter. Aucun son ne sort.

— Tine, refais-le.

— Oui, ma’ame !

— Tu viens de manger, n’est-ce pas ? Tu devrais être plus énergique.

— Ah, un moustique m’a piqué !

C’est vrai !

— Ok, quand cette chanson sera terminée, vous pourrez partir. Mais s’il vous plaît, faites plus attention.

— Oui !

Ok ! C’est la dernière fois ! Tout le monde fait de son mieux. Les seniors nous applaudissent brièvement avant de se tourner vers Sarawat. Est-ce une blague ?

— Nong Tine, tu peux rentrer chez toi.

— Je dois prendre mon sac.

Sarawat a mon sac, donc je ne peux aller nulle part.

— Je dois partir, dit Sarawat aux seniors en se rapprochant de moi.

— Tu rentres chez toi ?

— Oui.

— Prends soin de toi.

Sarawat hoche la tête.

— Donne-moi mon sac, lui aboie-je dessus.

— Viens avec moi, je te conduis chez toi.

— J’ai ma propre voiture.

— Alors je vais te ramener à ta voiture.

— Tu me prends pour un bébé ?

— Un petit enfant.

Il tend la main pour tapoter doucement ma tête avant de prendre ma main.

— Tu as peint ta chambre ? demandé-je.

— Non.

— Tu as dit que tu le ferais aujourd’hui.

— Eh bien, tu n’es pas venu. J’ai besoin d’un serviteur.

— Trou du cul !

— Viens m’aider demain.

— Non. Demain c’est samedi. Je dors jusqu’à midi.

— Si tu viens, je te laisserai toucher ma poitrine.

— Je ne suis pas intéressé par une poitrine plate.

— Je t’achèterai à manger.

— Je ne suis pas un cochon.

— Je ferai tes devoirs.

— Nous n’étudions même pas les mêmes matières.

— Je t’apprendrai à jouer de la guitare.

J’ouvre la bouche juste pour la refermer. Il a réussi à m’offrir la seule chose que je veux vraiment. Si je deviens bon à la guitare, je pourrai l’utiliser pour flirter avec Prae. Je le regarde.

— A quelle heure ?

— On se voit à six heures. Réveille-moi quand tu seras là. Conduis prudemment.

Ma mâchoire tombe, mais il est parti avant que je puisse protester. Conneries ! Six heures du matin ? Je déteste ce type ! Il ne m’a même pas laissé une chance de protester.

Je m’arrête devant ma voiture, fouillant dans mon sac pour trouver les clés. A la place, je trouve un spray anti-moustique et une clé bizarre à laquelle est attachée une poupée Luffy. Elles doivent venir de Sarawat. Est-ce que je dois dire merci ? Merci de m’avoir acheté un spray anti-moustique, mais pourquoi ne pas me l’avoir donné pendant l’entraînement ?

DING

J’atteins à peine la voiture qu’un message arrive.


Ducon

- Nourriture: 10 boc 350 bat

- Boisson: 10 bouteiles 80 baht

- Un spray: 35

Tu me dois 456 baht.



Sérieusement ? Je n’arrive pas à le croire !

Il est tellement gourmand. Et il fait toujours autant de fautes de frappe. Un type aussi horrible que lui ne rendra probablement pas Green jaloux du tout. Oh mon cœur…



Alors vous pensiez que j’allais faire ce qu’il m’a dit ? Y aller à six heures, c’est ça ?

Je me suis réveillé à sept heures et j’étais prêt à y aller à huit heures. J’ai décidé de frapper poliment à la porte quand je suis arrivé chez lui, mais apparemment l’homme à l’intérieur était mort. Aucun bruit. J’ai trouvé la clé Luffy.

J’ai ouvert la porte pour…

— C’est quoi ce bordel ! crié-je, perdant presque l’équilibre sous le choc.

Son corps nu est horrifiant. Il savait très bien que je serais là le lendemain matin, et il s’est quand même couché nu ? Il n’en a vraiment rien à faire. Faisons une tendance avec les hashtags #NakedSarawat #BigSarawat #SarawatExpo.

Je dois arrêter mon esprit pervers quand il se redresse, à moitié endormi. Pour ma part, je me sens bien réveillé !

— Tu es là ?

— Espèce d’abruti ! Pourquoi tu n’as pas de vêtements sur toi ?

Je prends une couverture pour le couvrir.

— Au lit ?

— Tu ne portes jamais de vêtements au lit ?

Il secoue la tête. C’est vrai ? Je suis paralysé pendant une seconde. Je veux lui crier dessus bruyamment, mais je ne peux pas.

— Tu dois porter quelque chose, quelqu’un pourrait te voir.

— Je suis seul. Qui pourrait entrer ?

— Je viens juste d’entrer…

— Ok, si tu veux que je le fasse, je le ferai.

Pourquoi est-ce que j’agis comme sa mère ?

— Va prendre une douche.

Il ressemble à un petit chaton, il hoche la tête et ne discute pas. Je suppose qu’il n’est pas encore complètement réveillé.

Pendant que Sarawat est sous la douche, j’écoute de la musique. Je regarde autour de sa chambre. Il a déplacé ses affaires. Ses meubles sont au milieu de la pièce et sa guitare est sur le lit.

Je range un peu les affaires éparpillées dans la pièce avant de vérifier la couleur de la peinture qu’il a achetée pour les murs.

C’est du gris. Je suppose que tout est mieux que le noir.

— Sarawat ! crié-je à la porte de la salle de bain.

— Huh ?

— Qu’est-ce que tu veux manger ? Je sors !

— Tu es fou ? J’ai des trucs dans le congélateur. Il fait un milliard de degrés dehors en ce moment.

— D’accord, putain, lui réponds-je en hurlant.

Je ne fais rien alors. J’attends juste qu’il ait fini, en écoutant la musique.

Ne vous avisez pas de l’imaginer sortir tout mouillé et sexy. Il est sorti de la salle de bain tout habillé.

Sarawat porte un caleçon et un t-shirt blanc avec “Save Water, Drink Vodka”(1) écrit sur la poitrine. C’est bizarre de le voir comme ça alors que je n’ai l’habitude de le voir qu’en uniforme ou en tenue de foot.

— Qu’est-ce que tu regardes ?

Il lève un sourcil.

— Rien.

— Tu as faim ?

— Un peu.

Il ouvre le frigo pour prendre de la nourriture surgelée qu’il place dans le micro-ondes.

— Je n’ai que du Kra-Phao(2).

— Peu importe. Comment va ta main ?

— Je sais que tu t’inquiètes pour moi.

Je laisse échapper un gémissement.

— Je te l’ai dit, je m’inquiète juste pour le club.

— Tu ne m’as jamais permis de toucher ta poitrine, alors ça fait toujours mal.

— Ne commence pas.

On rigole tous les deux, on passe l’heure suivante à manger et à s’enquiquiner à tour de rôle.

Je sais que je vais avoir une leçon de guitare professionnelle en échange du travail que je suis sur le point de commencer, mais pourquoi le prix doit-il être aussi élevé ?

Nous sommes seulement deux à essayer de trimballer une énorme échelle. On pourrait penser que Sarawat aurait appelé plus de gens pour nous aider, mais il prétend qu’aucun de ses amis ne sait comment venir ici. Apparemment, je suis le seul à connaître l’emplacement de sa chambre secrète.

Nous commençons à peindre. J’ai la tâche facile de déplacer les choses tandis que Sarawat fait tout le travail difficile en peignant tout. Cette répartition du travail me convient parfaitement, sauf lorsque le meuble à chaussures de Sarawat se renverse et que je dois remettre toutes ses chaussures en place. Pourquoi dois-je faire ça ? Je ne suis pas sa femme !

Je parcours ses chaussures du regard.

Nike, Adidas, Reebok, Vans, New Balance et, attendez ! Chang Dao ? Il y a trop de Chang Dao ici !

— Hé, c’est à qui tout ça ?

Je montre les tongs bleues de la marque Thai.

— Elles sont à moi.

— Tu en as trop !

— Elles sont confortables.

— Je vais le dire à tes fans ! Je suis sûr qu’ils t’en achèteront d’autres.

— Je n’utiliserai pas les trucs des autres.

— Whew ! Quel homme fier !

Mais si tu les achètes pour moi, je les mettrai.

— Pourquoi je voudrais faire ça ?

— Ne déplace pas celles qui sont près de la porte dans le meuble.

— Je suis ton esclave ?

— Oui, tu l’es.

Merde ! Il est impossible !

Je me dirige vers le coin pour déplacer les chaussures qui se trouvent là, au milieu de la pièce, au lieu de l’étagère. Les chaussures, c’est un peu exagéré - elles sont tellement usées que je préfère les appeler des déchets. Le reste de ses chaussures ont l’air toutes neuves, mais pas ces Converse et Onitsuka. Pourquoi ne changerait-il pas de chaussures de temps en temps ?

Nous continuons à travailler dur. On discute et on écoute de la musique. Puis un coup frappé à sa porte nous interrompt.

TOC ! TOC ! TOC !

— Un ami à toi ? demandé-je, mais Sarawat secoue la tête.

TOC !

— Vas-y, réponds à la porte, m’ordonne-t-il.

Je m’avance pour ouvrir la porte.

— Salut ! Mon garçon ! Oh… tu es un ami de Sarawat ? demande une femme devant moi, surprise.

— Maman.

Awww ! Sa mère est si jeune ! Sans doute tient-il son apparence d’elle.

— Ah, euh, b-bonjour ! la salué-je en bredouillant.

— Pourquoi tu n’as pas appelé avant ? se plaint le gars sur l’échelle sans se détourner du mur qu’il est en train de peindre.

— Si je t’avais appelé avant, ça n’aurait pas été une surprise, n’est-ce pas ? Et tu aurais probablement caché une fille ici.

Sarawat secoue la tête en signe d’exaspération.

— Ne sois pas comme ça ! Je ne fais que passer !

Je panique un peu, même si sa mère semble si sympathique. Elle se dirige vers le réfrigérateur pour y fourrer un sachet de fruits avant de s’asseoir sur le lit de Sarawat. Ses yeux alternent entre lui et moi.

— Comment tu t’appelles ?

— Je m’appelle Tine.

— Un ami de Sarawat, c’est ça ?

— Oui.

— C’est bizarre ! Tu ne reçois jamais personne chez toi.

— Ce n’est pas bizarre, insiste Sarawat.

Sa mère acquiesce et se tait en jetant un coup d’œil dans la pièce. La mère de Sarawat est manifestement très facile à vivre, mais il y aura toujours une sorte de mur entre les adultes et les adolescents. Une sorte de respect tacite.

— Aide-moi à peindre cet endroit ! Arrête de t’inquiéter !

J’ouvre la bouche pour m’opposer à l’ordre de Sarawat, mais je la referme rapidement quand sa mère arrive à côté de moi.

— Tu dois jeter ça, chéri, c’est de la camelote.

— Ah, Mère(3) ! Ce sont mes chaussures…

— Oh ! Ce sont celles de Tine, je croyais que c’était celles de Sarawat, rigole doucement la petite femme.

Pardon ? J’ose dire que les chaussures de votre fils sont un peu plus abîmées que les miennes !

— Alors, pourquoi peins-tu ta chambre ? Tu n’as jamais aimé une autre couleur que le noir.

— Quelqu’un n’aime pas ça.

— Qui ? Ta petite amie ?

— Mon ami.

— Oh, mon cher garçon, pourquoi n’as-tu toujours pas de petite amie ? Es-tu impuissant ?

— Maman…

Apparemment, un joli visage n’est pas la seule chose qu’elle a donné à son fils. Elle est aussi franche que lui.

— Tine, je vais te dire une chose. Sarawat n’a jamais eu de petite amie.

— Oh, vraiment ? demandé-je, curieusement surpris.

Je me demande s’il n’en a vraiment jamais eu, ou s’il ne lui a simplement jamais dit.

— Quand je nettoyais sa chambre, je n’ai jamais trouvé d’affaires de filles, juste du porno.

— Ce n’était pas à moi. C’était à papa, objecte bruyamment Sarawat.

— Alors, Tine, tu as déjà eu une petite amie ?

— Oui !

— Combien ?

— Oh, beaucoup !

Je rigole. Je suis un vrai Casanova.

— Pourquoi tu n’aides pas Sarawat à trouver une petite amie ? Il ne s’intéresse à rien d’autre qu’à…

Elle s’arrête au milieu de sa phrase et prend une grande inspiration.

— …

— Sarawat, je sais que je t’ai perdu ce jour-là…

— …

— … le jour où tu as acheté ta première guitare est le jour où tu m’as oublié.

Je fais de mon mieux pour ne pas rire trop fort. La mère de Sarawat passe la prochaine demi-heure à parler, expliquant qu’ils sont partis de Bangkok parce que le père de Sarawat a des affaires gouvernementales à Chiang Mai. Elle nous a donné des pommes et des KitKats avant de partir.

À présent, la chambre n’est plus noire, mais d’un gris cool. C’est le style américain que j’aime !

— Hé, je veux savoir quelque chose.

Sarawat est assis sur le sol, épluchant des pommes que je mange ensuite.

— Quoi ?

— Ta mère a dit que tu n’as jamais eu de petite amie, c’est vrai ?

— Elle a raison.

— Vraiment ? C’est dingue !

C’est dur de croire que quelqu’un comme lui n’a jamais eu de copine. Peut-être que c’est juste parce qu’il est trop ennuyeux.

— Alors, quel genre de fille aimes-tu ?

— Pourquoi ?

— Je vais t’aider à trouver une petite amie.

— Ce ne sont pas tes affaires.

Bon sang, ça fait mal ! Mais je suis habitué à ça maintenant.

— Dis-moi !

— …

— Ok, alors hoche la tête ou secoue la tête.

— Une jolie fille ?

Il secoue la tête.

— Une fille intelligente et mignonne ?

Il secoue encore la tête,

— Riche ?

et encore,

— Ok, est-ce que tu aimes les filles au moins ?

et encore,

— Quoi ? Tu aimes les garçons ?

et il secoue toujours la tête.

— Tu n’aimes rien du tout ? Tu aimes les crétins ou quoi ?

Ouais, je t’aime bien.

Putain de merde ! Cette putain de réponse !

— La prochaine fois, dis juste que je suis un crétin au lieu de dire que tu m’aimes bien.

Qu’est-ce qui m’arrive en ce moment ? Pourquoi mon cœur tremble-t-il ?



Le week-end est passé. La vie de Tine TheChic est toujours la même. Je suis avec le Star Gang, je joue de la guitare, j’assiste à certains cours et en sèche d’autres. Green me suit toujours comme une puce et dit à tout le monde que je suis content de ce qu’il m’a acheté.

Sérieusement ?

Je parle à Prae presque tous les soirs, mais pour un court moment seulement. Pas parce qu’elle se couche tôt, mais à cause de Sarawat. Il m’appelle toujours et nous interrompt.

Et maintenant, au lieu d’emmener une fille en rendez-vous chez le marchand de glace vendredi, je dois aller au club pour préparer quelques trucs pour l’Alter Ma Jeeb ce samedi. Prae est là aussi, mais elle part tôt pour aller au bâtiment de médecine. Je me retrouve avec… Green.

— Tine, et si on faisait un spectacle tous les deux…

— Quel spectacle ? Non !

— On leur montre notre amour. Les gens vont réaliser le grand pouvoir de l’amour.

— Je ne suis pas d’humeur, va-t’en.

— Quand changeras-tu d’avis ?

— Quand arrêteras-tu de me harceler ?

— Je ne peux pas.

— Tu m’épuises.

— Allez, ne t’énerve pas.

— …

— Et Sarawat ? C’est ton ami ? Vraiment ?

Je ne sais pas où est Sarawat. Aidez-moi !

— Ce ne sont pas tes affaires.

— J’ai vu que Sarawat n’est abonné à personne d’autre que toi. Mais … il n’y a rien entre vous deux, non ?

— Il me drague.

— Ne me mens pas. Tu as dit aux autres que vous étiez juste amis.

Après que Sarawat ait suivi mon Instagram, j’ai soudainement eu beaucoup de nouveaux abonnés qui m’envoyaient des messages privés. Ils ont presque tous posé des questions sur notre relation. J’ai copié et collé “Nous sommes juste amis” à chacun d’entre eux, ce qui est probablement ce à quoi Green fait référence. Je commence à être à court d’idées. J’ai eu un faux flirt, un faux rendez-vous et j’ai même essayé de simplement l’ignorer, mais rien de tout cela n’a pu le faire renoncer.

— Je vous ai fait venir pour tout mettre en place, pas pour vous asseoir et parler. Green, va chercher les tambours. Et toi, Tine, aide les autres à préparer les stands.

Dieu a envoyé M. Dissatat pour m’aider à m’éloigner de Green !



Le festival de musique annuel de notre club, le “Alter Ma Jeeb Fair”, est l’un des plus grands de l’université. Il a lieu dans le stade en plein air. Nous l’organisons avec la faculté de musique et tout le monde joue de la musique alternative des années 80 et 90.

Je traverse la scène principale qui est en train d’être montée par des étudiants de première et deuxième année. Je suis censé placer des bottes de foin qui serviront de chaises.

Sarawat apparaît à côté de moi, me tapotant.

— Aide-moi à choisir une chanson.

— Hé ! Où étais-tu ? Je ne t’ai pas vu.

— Entraînement. On a un match de foot qui arrive.

J’ai momentanément oublié que j’avais passé la veille à la répétition des cheerleaders pour la même raison.

— Qu’est-ce que tu disais ?

— Aide-moi à choisir une chanson.

— Quelle chanson ?

— La chanson que je vais jouer sur scène.

— Pourquoi tu ne demandes pas aux membres de ton groupe ?

Chaque année, beaucoup d’étudiants forment des groupes pour se produire pendant le festival. Le groupe de Sarawat est le représentant des étudiants de première année.

— Donne-m’en juste une.

Il est toujours aussi agaçant, mais je passe quand même un moment à essayer de penser à une de mes chansons préférées.

— Une chanson de Scrubb.

— Tu es la femme de Scrubb ?

— Eh bien, à quoi tu t’attendais ?

— J’ai besoin de chansons des années 90. C’est une fête de la musique alternative, d’accord ?

— Mais les seniors ont dit qu’on n’était pas obligé de jouer des chansons des années 90, tout est bien.

— Alors choisis-en une.

— Scrubb.

— Non, une autre.

— Scrubb.

— Autre chose ?

— Scrubb.

— J’ai dit non.

— Alors va demander à P’Aoy et P’Chod(4) !

— Qui sont P’Aoy et P’Chod ? Tes mentors seniors ?

Oh, mon Dieu… Je ne peux plus supporter sa tête d’idiot. Apparemment, il ne connaît même pas les émissions célèbres.

— Oui, mes mentors. Mais elles diront Scrubb aussi.

Sarawat appuie un doigt sur ma tempe avant de se retourner pour repartir. Il est venu juste pour se disputer avec moi ?

Lorsque le festival de musique Alter Ma Jeeb commence, la musique forte et les lumières romantiques rendent l’atmosphère exactement comme dans les années 80 et 90. Je suis au milieu d’une foule d’étudiants en mouvement. Il y a des stands joliment décorés qui vendent des desserts et de la nourriture partout.

Au départ, je suis venu ici avec mon Star Gang, mais nous nous sommes séparés pour faire nos différentes tâches: je dois aller installer un système de sonorisation derrière l’une des scènes, et eux doivent s’assurer que Green reste loin de moi. Lorsque nous avons fini de tout installer, je demande à Prae de m’accompagner pour acheter de la nourriture. Nous discutons pendant près d’une heure jusqu’à ce que le groupe de première année du club de musique monte sur scène.

Sarawat est très beau aujourd’hui.

Dès qu’ils s’avancent vers la scène, une foule de gens qui crient se forme rapidement autour d’eux.

— Wheeeeeew ! Sarawat !

— Sarawat est si beau !

— Viens ici, Sarawat ! Je vais acheter tout ce que tu veux !

Les voix stridentes continuent. Prae et moi sommes repoussés de plus en plus loin, mais ça ne me dérange pas vraiment. Je peux encore distinguer clairement le grand type qui monte sur scène, une guitare à la main. Il porte un T-shirt blanc avec “Alter Ma Jeeb” imprimé dessus.

— Salut tout le monde ! Nous sommes Ctrl S !

La voix suave de Thame, le chanteur de la faculté d’Architecture, fait hurler le public encore plus fort.

Vous vous demandez peut-être qui a pensé à nommer un groupe “Ctrl S”. Je ne le sais pas non plus. J’ai entendu dire qu’ils avaient dit que Ctrl+S est le raccourci pour sauvegarder des choses sur un ordinateur, et le nom signifie qu’ils veulent être gardés sur votre disque dur pour toujours.

— Je suis Thame, un étudiant en première année d’architecture.

AAAAAAAHHH !

— Et à la basse, c’est Jan ! Le pianiste, c’est Non. A ma droite, Sarawat, le guitariste !

— Wheeeeew ! Sarawat ! Awww !

— Et à la batterie, nous avons Boom.

Les acclamations bruyantes continuent et Thame présente la prochaine chanson alors qu’ils commencent à jouer les premiers accords de celle-ci.

— Cette chanson est pour ceux qui sont tristes en amour.

— Moi ! C’est moi ! Je suis célibataire, Sarawat !

— Et ceux qui sont seuls…

— …

— Parfois on veut oublier quelque chose, mais les vieilles histoires ne disparaissent jamais… même en été.

AAAAAAAHHH !

Ils commencent à jouer Reudooraun de Paradox. Le rythme fun fait danser tout le monde. J’espère que Prae dansera avec moi, mais je suis déçu.

— Tine.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je dois rentrer.

— Euh ? Pourquoi ? Tu as besoin d’un chauffeur ?

— Ma mère arrive. J’espère que tu t’amuseras ! A plus !



Je me suis perdu dans la foule, je suis tout seul après ton départ. Le ciel est différent de d’habitude. Un été sans toi ne sera jamais le même.(5)



Je me sens seul pendant un moment jusqu’à ce qu’ils jouent la prochaine chanson, et je danse dessus. En plus de Reudooraun, Ctrl S joue une reprise de Kwan Jang La de Desktop Error et une chanson intitulée Korn du groupe Moderndog. Alors qu’ils sont sur le point de jouer leur dernière chanson, Thame fait râler tout le monde.

— En fait, nous allons maintenant jouer une chanson suggérée par Sarawat…

— …

— … mais il n’a pas gagné notre dispute, donc, nous sommes désolés ! rit Thame.

— Aaawww !

— Ne vous inquiétez pas ! La prochaine chanson que nous allons jouer vous rappellera votre premier amour. Avant que le ciel soit clair, avant que la chaleur du soleil soit…

La dernière chanson se termine avec de belles notes se mêlant aux cris des fans de Sarawat. Les filles le filment de manière obsessionnelle. Quand c’est l’heure du prochain groupe, je me dirige vers les coulisses pour aider.

— Vous avez faim ? demandé-je aux garçons qui descendent de la scène.

Ils hochent tous la tête, sauf Sarawat.

— Où est la nourriture ?

— Je n’ai toujours rien acheté. Tu veux y aller ?

— Oui.

— Viens.

J’attrape son poignet, mais il semble peu enclin à bouger.

— J’ai vu ce qui vient de se passer, dit-il.

Je fronce les sourcils, prenant une seconde pour comprendre ce qu’il veut dire. Puis je réalise qu’il parle de Prae. Je m’énerve.

— Tu sais très bien que j’essaie de la draguer, mais tu dois quand même faire semblant de me draguer. Green pourrait devenir fou envers elle.

Tu flirtes avec moi, pas avec les autres.

— Arrête de dramatiser. Tu es censé me draguer, mais je ne te drague pas, d’accord ?

— Je ne vois aucune différence.

— C’est juste pour faire semblant, ne prends pas tout ça si sérieusement.

Sarawat est silencieux. Je tiens à nouveau sa main comme si j’étais sur le point de m’excuser. Comment en suis-je arrivé là ? Je suis sur le point de demander le pardon d’un lion !

— Je veux manger des boulettes de viande.

— Alors achètes-en.

Quoi ? Pas besoin d’être si grincheux ! Tu es ma femme ?

— Paye pour moi, s’il te plaît !

— Où sont tes amis ?

— Fong se fait faire un tatouage. Puek prend des photos de la nourriture pour les partager sur sa page. Et Ohm est là-bas.

Je désigne l’homme qui est maintenant en train de rire parmi un groupe de filles. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait de Green, mais je ne le vois nulle part. Puis je le repère à côté de P’Dim, tenant un tambour.

— Bon. Alors allons-y.

Je lance un regard dans sa direction.

— Tu n’as pas joué la chanson de Scrubb.

— Non.

— C’est pas grave. Thame a une belle voix, alors je te pardonne.

— Pourquoi ?

— Hein ? Tu ne penses pas que c’est un bon chanteur ?

— Pourquoi ?

— Je pense qu’il a fait un très bon travail.

— Pourquoi tu n’arrêtes pas de l’admirer ? Je suis juste là !

— Quoi ? Tu es un enfant ? Pourquoi as-tu toujours besoin d’être rassuré en permanence ?

Il repose ses yeux sur moi avec un air indifférent.

— Celui-là ! Celui-là !

Je tapote l’homme à côté de moi alors que je m’arrête devant un stand de boulettes de viande.

— Combien ? demande la vendeuse.

— Sarawat, combien tu en veux ?

— Deux.

— Je peux en avoir quatre alors ?

Je commande, en essayant de ne pas remarquer que la vendeuse et ses amies ricanent. Elle met sept boulettes de viande dans le sac.

— Euh, j’ai dit quatre.

— Ah ! C’est gratuit pour Tine et Sarawat.

— Merci !

— Mais… Je peux prendre un selfie avec Sarawat ?

Je me sens plutôt stupide en regardant l’homme à côté de moi. Il garde toujours le même visage apathique.

— Sarawat.

— Quoi ?

— Elle veut un selfie avec toi.

— J’ai besoin de chier. Je vais aux toilettes.

Attends, quoi ? Je dois m’excuser au nom de Sarawat quand il tourne les talons et disparaît. Je le trouve assis sur une botte de foin près d’un stand de Pad Thai.

— Voilà tes boulettes de viande. J’ai dû toutes les payer à cause de toi.

— Bien sûr. En fait, tu dois payer quand tu achètes des choses, ricane-t-il.

— Tu me fais toujours honte. Boulettes de viande. Musique. Tout le temps.

— …

— Où est ma chanson de Scrubb ?

— Peu importe.

Je devrais être habitué à être grondé par lui maintenant, mais je ne le suis pas. Je m’assois à côté de lui pour manger nos boulettes de viande, mais je remarque une fille un peu plus loin de nous. On dirait qu’elle est sur le point de prendre un selfie, mais il n’est pas difficile de voir ce qu’elle est en train de faire.

— Hé, cette fille est en train de prendre une photo de toi, dis-je à Sarawat et il se retourne pour la regarder.

— Awwwww ! éclate-t-elle de joie, et je fronce les sourcils. Sarawat a souri ! Il m’a souri !

— Pourquoi aurais-tu souri ?

— Tu m’as dit qu’elle prenait une photo.

— Mais tu as refusé de prendre une photo juste avant, non ?

— Je veux cette photo.

— Quoi ? Pourquoi ? Tellement de gens te taguent sur Instagram tout le temps et tu ne te soucies jamais de ces photos, pourquoi voudrais-tu celle-là ?

— Parce que tu es dessus avec moi.

— …

— C’est difficile de trouver une photo de nous où tu n’essaies pas de poser.

— …

— Tu es mignon.

BADUMMM !

Mon cœur est en train de battre la chamade.



J’ai survécu à la quasi-crise cardiaque. Les amis comme Sarawat me fatiguent vraiment. Il flirte avec moi même quand Green n’est pas là.

Nous passons notre temps à manger pendant presque tout le festival. Le dernier groupe, celui de P’Dim, se prépare à jouer. Il mène son groupe Smoky Bite sur la scène. Sarawat et moi essayons de nous insérer dans la foule pour écouter le dernier groupe ensemble.

— Salut, les gars !

Le chanteur salue le public qui répond bruyamment par des cris. Il présente les membres du groupe avant qu’ils ne commencent à jouer. Nous dansons au rythme de Sqweez Animals et bougeons lentement notre corps sur une reprise d’une chanson de Pruu. Ils ne jouent que dix minutes, mais ce sont les dix meilleures minutes de ma vie.

— Ce sera notre dernière chanson…

Je n’entends plus ce que dit P’Dim, car Sarawat me tape doucement sur le bras. Je tourne la tête et fronce les sourcils quand je vois qu’il tend un écouteur vers moi.

— Tu as dit que tu voulais écouter une chanson de Scrubb, non ?

— Euh, ouais ? Mais tu ne l’as pas jouée.

— Mes amis ont refusé.

— Je sais.

— Et maintenant le festival est presque terminé…

— Ouais ?

— Viens, on va écouter Scrubb ensemble.

Il met l’écouteur de droite dans sa propre oreille et je prends l’autre pour le mettre dans la mienne. Le groupe joue sur scène, mais je ne les entends pas vraiment. Tout le monde autour de nous chante en même temps que leur musique. Sarawat et moi nous balançons doucement au rythme de la chanson dans nos écouteurs.

Nous sommes les seuls à l’entendre.

C’est la chanson Everything. Je reconnais l’intro.



— Tout le monde chante ensemble ! Agitez vos mains !

Sarawat chante comme P’Dim nous le dit, mais il chante notre chanson.



“Je ferai tout… pour que tu te sentes au chaud dans ton cœur

Nous venons de nous rencontrer, mais juste regarder dans tes yeux

Me permet de savoir comment les choses seront




Peu importe qui tu aimes, regarde-moi

C’est tout, c’est tout ce qu’il faut pour me rendre heureux.”




Je chante avec lui.



“Je me fiche de qui tu aimes, la réalité n’a pas d’importance.

Tout ce que je sais, c’est que tu es la seule dans mon cœur.(6)”




C’est ainsi que j’ai finalement pu écouter Scrubb au festival de musique Alter Ma Jeeb.

Notes :
1/ ‘Sauvez l’eau, buvez de la vodka’
2/ Kra Phao: plat thaï de poulet au basilic
3/ En Thaïlande, c’est respectueux d’appeler les parents de quelqu’un d’autre “Mère” et “Père”. C’est l’équivalent de “Monsieur” et “Madame” en français.
4/ Présentatrices de l’émission Club Friday.
5/ Paroles de “Reudooraun” (Summer / été) de Paradox
6/ “Took-Yang” (Everything / tout) de Scrubb

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:45



Chapitre 9
Alcool
Je pense que le destin de Sarawat et le mien font que nous finissons toujours ensemble, même quand nous sommes au Club de Musique.

— Tu as mangé le gâteau ? demandé-je.

— Oui, c’était bon, répond-il calmement.

— Je ne l’ai pas trouvé si bon que ça.

— Ouais, moi non plus.

Hein ? Quoi ?

— Tu as senti quelque chose de bizarre entre nous ?

Oui, nous ne sommes pas les mêmes. Nous sommes différents de la première fois où nous avons parlé dans cette salle de musique.

— Oui.

— Alors, comment on gère ce genre de sentiments ?

— Nous n’avons pas besoin de faire quoi que ce soit. Tout va bien en ce moment.

Sarawat et moi sommes assis sur le sol, tous les deux légèrement agités parce que Green nous sépare. Il s’est serré dans le petit espace qui nous sépare et il me donne vraiment envie de m’évanouir dans les airs.

— Tu peux lâcher mes bras, s’il te plaît ? Ou tu veux vraiment que je te frappe ? menacé-je et grogne contre Green.

— Tine ! Tu oserais faire ça à ta femme ?

— Un…

Au moment où je commence à compter, le visage de Green devient cendré. Il ne me lâche pas pour autant - une main serrant fortement mon bras, l’autre sur la jambe de Sarawat.

— Tine, tu me ferais vraiment ça ? Je t’ai acheté un gâteau !

— … Deux…

— Le gâteau n’était pas bon ? Je sais que tu l’as aimé !

— … Trois !

Green hurle. Sa voix perce les oreilles de tout le monde alors que je bouge ma jambe pour lui donner un coup de pied. Il se lève et court dans toute la pièce.

— Arrêtez de courir ! C’est un club de musique, pas une cour de récréation ! Qu’est-ce que vous faites ? crie le président du club, P’Dim.

Green et moi nous arrêtons, sachant que nous pourrions très bien être expulsés du club si nous continuons.

— P’Dim…

— Quoi ? Green, tu te souviens de ce que je t’ai dit ?

— Tu m’as dit d’aller m’asseoir tranquillement…

— Tu vas le faire alors ? Dissatat l’interrompt et gronde. Asseyez-vous, tout le monde ! À tous les élèves de deuxième année présents, si un élève de première année vous dérange, vous êtes autorisés à le virer du club.

Dissatat quitte la pièce, laissant tout le monde dans un silence de plomb. Quand nous nous levons finalement tous pour rejoindre nos groupes, Sarawat et moi nous séparons. Les débutants doivent s’entraîner davantage. Prae n’est pas là aujourd’hui, donc je ne sais pas qui choisir à la place.

— Les gars, essayez de jouer cette intro. C’est facile, vous n’avez besoin que de quatre accords, nous dit P’Air alors que nous commençons l’entraînement.

Je me suis beaucoup entraîné - avec l’aide de Sarawat - et j’ai enfin l’impression de m’être amélioré.

— Tine.

Green est de retour.

— Quoi ? Si tu dis une bêtise, je le dirai à P’Dim.

— Quelle est ta relation avec Sarawat ?

— Pourquoi ça t’intéresse ?

— Est-ce que vous vous aimez vraiment ?

— Si je dis oui, je sais que tu ne le croiras pas de toute façon. Ça n’a pas d’importance si je l’aime vraiment ou pas, parce que je ne t’aimerai jamais, c’est clair ?

Je sais que mes mots vont blesser Green, mais j’en ai tellement marre qu’il me suive partout où je vais.

— C’est bon. Je peux être ta maîtresse.

Quoi ? C’est bon. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

— S’il te plaît, Green, dégage.

— Jamais.

— Tais-toi. Fais comme tout le monde et fais attention à ta guitare.

Mais pourquoi Sarawat te regarde-t-il toujours ?

— … !!

— C’est ce que tu appelles faire attention ?

Je jette un coup d’œil à Sarawat qui est assis avec ses amis dans un coin de la pièce. Il me regarde, comme Green l’a dit. Je lui offre mon signe spécial en guise de remerciement, mon majeur. Il me renvoie son plus beau sourire.

— Tine, fais attention.

— Oui.

Je le sors de ma tête pour reporter mon attention sur la guitare.

La vie universitaire vous donne beaucoup de liberté et aussi beaucoup d’options. Pendant la première année, les cours se résument à l’anglais et au thaï, et je n’ai eu que deux matières ce semestre. J’apprécie ma liberté en tant que première année et je ne suis pas impatient de devenir un deuxième année. La plupart du temps, je passe une heure ou deux au club de musique, je trouve quelque chose à manger, je vais à la répétition des cheerleaders, puis je traîne avec le Star Gang le week-end.

Comme d’habitude, nous nous entraînons pendant longtemps jusqu’à ce que les seniors nous laissent finalement faire une pause de 15 minutes.

— A tous les étudiants de première année, j’ai quelque chose à vous dire, dit un senior cinq minutes après le début de la pause.

— Qu’est-ce que c’est ? demande quelqu’un.

— Cela fait déjà longtemps que vous avez rejoint le club, et j’ai l’impression que vous avez tous oublié que vous avez un test à venir.

Oh non.

— Vous vous souvenez des vidéos que vous avez faites la dernière fois ? Vous devez refaire la même chose, mais cette fois, il s’agit de la reprise d’une chanson, et vous devez envoyer les vidéos à Dissatat. Nous les commenterons. Si vous ne réussissez pas le test, vous devrez faire une heure de pratique supplémentaire chaque jour.

— Allez ! Je suis toujours nul !

— Arrrrrrrgh !

Chaque coin de la pièce résonne des plaintes des étudiants de première année. Je fais partie des gens qui n’ont aucune idée de la façon dont ils vont réussir ce test.

Je devrais appeler Prae ? Peut-être qu’on peut s’associer et faire une chanson d’anniversaire ou autre.

— Nous avons une récompense pour celui qui réussit le mieux le test.

— Je n’en veux pas.

— Tu veux mon pied dans ta figure à la place, hein ?

Le président du club est encore méchant.

— P’Dim…

— Arrêtez de vous plaindre, les filles. Ne vous plaignez pas, ne pleurez pas, envoyez-moi les vidéos après-demain.

Seul un des étudiants de première année ne panique pas.

— Ne paniquez pas !

Prudent et calme…

— On peut le faire !

Il continue à encourager tous les autres.

— Nous n’abandonnerons pas ! Rien ne peut nous battre ! Ce n’est pas si difficile !

Devinez qui c’est ?

C’est Green !

— Les gars, je vous suggère de vous associer à quelqu’un qui pourra vous aider si vous en avez besoin. Vous allez bientôt devoir commencer à vous entraîner avec les troisième et quatrième année, conseille P’Air et nous répondons tous par un hochement de tête à l’unisson.

— Tine, qui sera ton partenaire ?

— Ça ne te regarde pas. Va trouver ton propre partenaire.

— Je serai avec Wat.

Je regarde Green avec un regard meurtrier.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? Ok, je vais demander à Earn alors, marmonne-t-il en courant vers elle.

Earn a peut-être rejoint le groupe en même temps que Green, mais elle est douée avec une guitare et elle s’entraîne avec le groupe expérimenté. Tous les gars semblent essayer de la draguer. Elle est cool, mais ce n’est pas du tout mon type. J’aime les filles qui ont un joli visage de poupée et de beaux seins.

Quand le chaos des gens essayant de trouver un partenaire se calme, je demande.

— P’Air, Prae n’est pas là aujourd’hui, mais qu’est-ce qu’elle va faire ?

— Le groupe expérimenté aura quelqu’un sans partenaire, il pourra s’associer avec Prae, alors.

— Notre groupe a plus de personnes, on devrait s’associer deux par deux.

Je veux que Prae soit ma partenaire ! Allez !

— Note et Jenk viennent de se mettre ensemble.

— Bon, je vais demander à quelqu’un du groupe expérimenté, alors.

— Bien sûr.

Je me dirige à contrecœur vers le groupe assis dans le coin.

— Sarawat, tu as un partenaire ?

Il arrête d’écrire des accords sur sa feuille pour lever les yeux vers moi.

— Je pensais que j’étais avec Earn, mais maintenant je n’ai pas de partenaire.

— Tu peux être mon partenaire alors ?

— …

— Tu as entendu ce que j’ai dit ?

J’attendais que tu me le demandes.

— Ne fais pas ça… C’est embarrassant.

Je deviens tout timide.

— Oh mon dieu ! Je suis là ! Je t’aime toujours, Tine !

Green s’en mêle. Sarawat se lève pour partir. Je n’ai vraiment pas envie de parler à Green non plus. Mince, mon cœur.



Rrrrrrrrrrrrrrrrr

Mon téléphone sonne alors que je suis en train de jouer à un jeu. C’est Fong. D’habitude, il n’appelle jamais le soir - il est toujours en train de parler à sa petite amie.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Est-ce que tu…

Je commence, mais il ne me laisse pas finir.

— Waaaaaaaah ! Tine !

— Fong, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu pleures ? demandé-je, mais il ne répond pas.

Je lui laisse une seconde pour se ressaisir avant de répéter ma question.

— Tu vas me dire ce qui ne va pas ?

— Tine, j’ai le cœur brisé.

— Quoi ?

— Elle m’a quitté ! Je l’ai prise en flagrant délit ! Elle a traîné avec ce voyou !

— Fong, calme-toi. Tu as peut-être mal compris quelque chose.

— Qu’est-ce qu’il y a à comprendre de travers ? Je lui ai demandé et elle m’a dit que ce type est son nouveau petit ami. Cette traitresse !

— Wow ! Quelle sorcière ! Comment a-t-elle pu quitter un bon gars comme toi ?

— Viens me rejoindre, Tine.

— Où ?

— Je veux me soûler ! Je veux oublier le monde ! On se voit au Mamao Bar !

— Et Puek et Ohm ? Tu leur as dit ?

— Oui. Ils sont ici avec moi au bar. Dépêche-toi !

Quoi ? Comment diable ont-ils réussi à obtenir une table dans ce bar tout d’un coup ? Je ne veux pas que mes amis aient le cœur brisé, vraiment. C’est trop cher de payer leurs boissons !

Je trouve mes clés de voiture et me dirige vers le bar. En tant qu’étudiants de première année - nous n’avons que 19 ans - il est illégal pour nous d’aller dans un pub, et à la place nous finissons dans des bars. Je fais le tour du bar, essayant de repérer mes amis dans la pièce faiblement éclairée. Je reconnais enfin le visage frustré de Puek.

— Hé, tu te sens mieux ?

Je m’assieds sur une chaise à côté de lui.

— A ton avis ? Depuis que nous sommes arrivés ici, il n’a pas arrêté de boire, gémit Puek devant le comportement de Fong.

Ohm commence à me raconter toute l’histoire.

— Sa petite amie l’a trompé et notre Fong ne peut pas accepter la vérité. Je lui ai déjà dit qu’elle n’était qu’une lycéenne ! Son amour est juste une amourette !

Fong se lamente bruyamment.

— Je ne comprends pas ! Pourquoi m’as-tu… fait ça… à moi ? Tu m’as brisé le cœur ! Ça fait tellement mal !

— Ça fait longtemps qu’on n’a pas joué cette chanson, alors on va la jouer pour vous aujourd’hui ! Faites du bruit, hommes au cœur brisé !

Fong crie à tue-tête au chanteur qui semble avoir compris sa douleur.

Je ne suis pas très heureux de ce choix de chanson. Les chansons tristes pourraient bien faire sauter Fong par la fenêtre en ce moment.

— Chantons ensemble ! Je suis épuisé, je ne peux pas me lever, je ne peux pas aller de l’avant…(1) Je suis comme l’homme qui va mourir, je ne peux pas respirer. Tu m’as poignardé en plein cœur !

— Calme-toi, mec !

Ohm donne un coup de poing sur l’épaule de Fong qui hurle. Il y a au moins un milliard de chansons dans le monde que le chanteur aurait pu choisir, alors pourquoi a-t-il dû choisir celle-là ?

Comment puis-je vivre ma vie ? Allez, chantez avec moi, les gars ! Rien, je n’ai plus rien avec toi, je veux… mourir !



L’heure suivante est une montagne russe infernale où Fong boit les verres d’alcool les uns après les autres. Bien sûr, il insiste pour que Puek, Ohm et moi buvions avec lui. Il menace que si nous ne lui remontons pas le moral, il ne quittera jamais cet endroit. Un… deux… et puis trois verres sont partis et nous finissons la première bouteille, commandant la suivante. Aucun d’entre nous n’est particulièrement doué pour boire, mais il est hors de question que nous nous ridiculisions en buvant moins d’alcool que la table d’à côté.

— Les gars, je veux du Sang-Song.

— Non. C’est de la mauvaise qualité.

— Arrête de faire le difficile. Excusez-moi, puis-je avoir un Sang-Song, cinq bouteilles d’eau gazeuse et un seau de glace, s’il vous plaît ? ordonne Puek avant de s’affaler, bourré, sur la table.

Une autre demi-heure passe avant que je ne m’excuse.

— Je reviens tout de suite. J’ai besoin de faire pipi, dis-je, mais dès que je me lève, je sens les effets du Sang-Song.

Je me concentre de toutes mes forces pour mettre un pied devant l’autre jusqu’aux toilettes. À mon retour, je fronce les sourcils de confusion en me rasseyant. J’essaie de me concentrer sur la scène, mais pour une raison quelconque, les gens font soudainement du bruit autour de moi.

— Ouah ! Notre canon est là ! Viens nous rejoindre !

J’entends le chanteur hurler entre deux cris.

— Whooooooa ! Allez !

— Bravo !

Tout le monde applaudit fort, et je distingue la forme d’une grande personne dans la foule. Je reconnais son visage. Je continue à le fixer jusqu’à ce que ses yeux rencontrent les miens. Je ne sais pas si c’est le diable qui me joue des tours, mais il est là, et je le vois clairement, alors que j’étais plus ou moins aveugle il y a une seconde. Sarawat. Il n’est pas habillé comme un musicien sur le point de monter sur scène - juste un simple T-shirt et des sandales. Sarawat ! Il n’est probablement pas possible d’être tellement ivre que l’on ne puisse pas reconnaître quelqu’un comme lui.

— Hé, regardez-moi ce type ! C’est qui ? Il a l’air si cool !

Bon ok, peut-être que c’est possible en fait.

— C’est quoi ce bordel, les gars ? Venez ! Buvez avec moi !

Le son des verres qui s’entrechoquent me permet de me ressaisir. Je me retourne vers Fong pour continuer à le réconforter en buvant avec mon Star Gang. Je ne sais pas qui est le chanteur maintenant. Je sais seulement que Sarawat est le guitariste. Et la foule ne cesse de crier son nom.

Peu après, les personnes à la table d’à côté se lèvent pour payer leur addition. Puis quelqu’un d’autre pousse la table contre la nôtre.

— Excusez-moi, je peux m’asseoir ici ? demande quelqu’un, même s’il ne semble pas attendre de réponse.

— Hé, Sarawat !

Je crie son nom. Puis je reconnais les autres. Ses amis. Ils sont tous là.

— Hey, Nuisance. T’as l’air ivre, dit-il.

— De quoi tu parles ? Je ne suis pas ivre.

— Mais tes amis sont complètement bourrés.

Il s’assied sur une chaise qu’un de ses amis vient de placer à côté de moi. Ils viennent de traverser le bar pour arriver jusqu’à moi, on dirait.

— Uh.

je jette un coup d’œil à Puek et Fong et soupire. Ohm a atteint un certain point entre être pompette et ivre mort, il se sourit à lui-même.

— Pourquoi t’es là ?

— Mon ami a le cœur brisé, alors je suis venu ici pour le réconforter.

— Tu es un bon ami, n’est-ce pas ?

— Bien sûr ! Je suis venu m’occuper d’eux, dis-je, me sentant déjà fatigué à l’idée de devoir les ramener tous à la maison.

Peut-être qu’appeler une équipe de secours serait une meilleure solution.

— Ne bois pas trop et ne te soûle pas, m’ordonne Sarawat.

— Mmh.

— Alors, voici mes amis, poursuit-il en faisant des gestes vers ses amis.

Ce n’est pas la première fois que je les rencontre, mais je ne connais pas leurs noms.

— Bonjour ! Je m’appelle Man-Oh-Hum.

— Oh-Ho !

— Désolé. Je veux dire, Oh-Ho !

Merde. Pourquoi voudraient-ils se ridiculiser comme ça ? Les autres semblent avoir tout de suite compris sa blague et se présentent tous avec des surnoms ridicules. Je me rends vite compte que le Gang des Lions Blancs, que tout le monde semble trouver incroyablement cool, ressemble en fait à des enfants de trois ans.

Avec l’ajout de nouveaux membres à notre groupe, nous commandons davantage de boissons. J’essaie de me contenter de siroter mon verre, sans vouloir trop me soûler. Je dois m’occuper de mon Star Gang quand on aura fini.

— Tu viens souvent ici ? demandé-je à celui qui est à côté de moi.

— Non. Je viens surtout ici pour voir le groupe de mon senior.

— Je vois beaucoup de filles qui te regardent. Tu es une vraie célébrité.

— Tu es jaloux ?

— Vraiment ?

— Tine…

— Hmm ?

— J’ai quelque chose à te dire.

J’examine son visage pendant une seconde. Même sous cet éclairage, il est séduisant. Je dois me concentrer sur ma respiration, avant de demander avec curiosité,

— Quoi ?

— Quand seras-tu ivre ? Je veux te séduire.

— C’est quoi ce bordel ? Séduire, mon cul ! Va te faire voir !

— Ahem ! Qu’est-ce que vous faites les gars ? J’ai entendu quelque chose à propos d’une séduction - tu es si vilain, mon ami ! interrompt un de ses amis en riant.

Je déteste ces gars-là. Ils ne me laissent jamais de répit. J’aimerais vraiment pouvoir me lever et lui botter le cul, mais je dois me contenter de rêver de le faire.

— Sarawat, viens ici une seconde.

— Ok. Je reviens tout de suite.

Il nous regarde brièvement avant de se lever pour suivre le senior qui vient de l’appeler, me laissant seul avec ses Lions Blancs.

Ces gars-là sont terriblement bons pour tenir l’alcool. C’est de l’alcool, pas de l’eau, les gars ! J’aimerais vraiment qu’ils boivent tout seuls, mais malheureusement, ils ont très envie que je me joigne à eux.

C’est presque l’heure de la fermeture du bar quand Ohm se réveille enfin.

— Tine, ça va ? me demande-t-il quand il voit que j’ai du mal à garder les yeux ouverts.

— Non.

Je m’étais dit que je ne me soûlerais pas, mais les amis de Sarawat ne m’ont pas laissé le choix. J’ai refusé de perdre la face et j’ai évidemment fait ce qu’ils m’ont demandé. Je suis presque sûr d’avoir bu la moitié de la dernière bouteille à moi tout seul.

— Minable.

— J’abandonne. Je ne peux plus le faire.

— Arrête de boire, ok ? Tu dois ramener Fong et Puek chez eux.

Rentre d’abord chez toi, Ohm.

C’est la nuit la plus difficile de ma vie. De toute ma vie. Je fais de mon mieux pour me ressaisir, sachant que la tâche de ramener tous les autres à la maison repose sur mes épaules. Puek et Fong dorment comme des morts, laissant Ohm et moi loucher l’un sur l’autre dans une compétition pour avoir l’air le plus stupide.

Quelqu’un touche mon cou, se penche pour mettre son visage au niveau du mien.

— Tine.

— Quoi ?

— Qui t’a laissé te saouler comme ça ? Merde !

— C’est moi, sourit Man-Oh-Hum sans lever les yeux de son téléphone.

Je regarde l’homme à côté de moi.

— C’est qui, lui ? C’est Sa-la-wad ?

— Mmh. Bois, dit-il en me tendant un verre de quelque chose.

— Nan. Si je le bois, tu vas me séduire.

— Tu te moques de moi ? C’est juste un verre d’eau. Ça va te dégriser.

Je prends le verre mais j’hésite encore à boire.

— Bien.

Je cède finalement, le sirotant à petites gorgées pendant un moment de somnolence. Puis je sens une serviette contre mon front. J’ouvre les yeux pour voir Sarawat qui me tapote doucement le visage avec.

— Ça va mieux ?

— Mh… merci. Je dois raccompagner mes amis chez eux.

— Je vais vous emmener. Mes amis vont t’aider à les porter. Où est ton dortoir ?

— Je te le dirai plus tard.

Un par un, les amis de Sarawat portent les membres du Star Gang hors du bar. Je suis occupé à voler des bouteilles d’alcool ouvertes pour les ramener dans ma chambre.

— Qu’est-ce que tu fais ?

L’accusation dans la voix de Sarawat me fait afficher un sourire coupable. Je n’ai pas d’autre choix que de me rendre et d’arrêter.

— Quoi ?

— Lâche ça.

— Oups ! Désolé ! C’est quoi ces bouteilles dans ma main ?

— Tu es fou.

— C’est un tel gaspillage !

— Lâche ça.

— Le design est joli.

— Lâche ça.

— Okie-dokie.

Pourquoi dois-je avoir peur de lui ?

— Tu peux marcher ?

— Bien sûr. Je vais bien !

Je le prétends même si je ne peux pas. Je zigzague un peu en suivant le grand homme qui me précède. Une fois dehors, je vois que mes amis sont déjà tous rentrés dans une voiture. Ma voiture. Quand a-t-il pris mes clés ?

— Assieds-toi, et dis-moi où aller.

J’acquiesce et m’installe docilement sur le siège passager. J’ai réussi à donner les bonnes directions à Sarawat en somnolant. Son ami conduit une autre voiture derrière nous et ils m’aident tous à transporter mes amis ivres dans le dortoir. En chemin, Fong décide soudain de se mettre à pleurer, de piquer une colère et de nous compliquer la tâche.

— Je suis comme… quelqu’un que… tu as poignardé dans le dos… Merde !

— Oh merde ! Sarawat, aide-moi ! appelle un de ses amis à l’aide.

Sarawat se déplace rapidement pour l’aider à traîner Fong jusqu’à la chambre. Son ami porte la tête de Fong, Sarawat lui tient les pieds.

BAM !

Fong me donne un coup de pied à la tête.

— Hey ! Tu vas bien ?

Je secoue ma tête pour qu’elle arrête de tourner.

— Oui… Oui, je vais bien. Vous les gars, allez-y en premier. La clé de la chambre est avec la clé de la voiture.

Je les laisse passer devant tandis que je reste sur les marches en essayant de reprendre mes esprits. Il ne faut qu’une seconde pour que les amis de Sarawat reviennent. Ils semblent tous très impatients de partir.

— Nous partons, Tine.

— D’accord.

— Wat, tu rentres avec nous ? demande l’un d’eux au gars derrière lui.

— Non. J’ai besoin de quelques minutes de plus.

— Qu’est-ce que tu attends ?

— J’attends pour ramener cette Nuisance dans sa chambre.

— Pas besoin. C’est bon. Je peux le faire tout seul.

Je refuse rapidement et m’appuie sur la rampe en me relevant lentement pour me mettre debout. Je m’y accroche fermement, comptant sur elle pour m’aider à retourner dans ma chambre. Un fantôme me suit tout le long du chemin.

— Rentre chez toi.

— Je n’ai pas apporté ma voiture. Elle est au bar.

— Hein ? Appelle tes amis. Ils n’ont pas pu aller bien loin.

— Je ne veux pas. Je peux rester ici ?

— Il n’y a pas de chambre. Tu veux dormir dans la salle de bain ?

— Froid… Si froid… marmonne un membre du Star Gang dans son sommeil.

Sarawat ne répond pas, et je titube dans ma chambre pour couvrir mes amis avec des couvertures. Mince. Ils dorment dans mon lit, alors maintenant je dois dormir sur le sol, hein ?

— J’ai froid…

Ohm frissonne toujours même après avoir pris une couverture.

— On devrait éteindre l’air conditionné ? suggère Sarawat.

— Bonne idée.

C’est une bonne idée pour Ohm, mais une terrible idée pour Sarawat et moi. Mes trois petits amis ronflent joyeusement tandis que Sarawat et moi luttons contre la chaleur. Nous transpirons tous les deux. Est-ce le karma pour une personne chic comme moi ?

— Et si on allait sur le balcon ? Il y a de la brise en ce moment.

Sarawat sort une autre idée stupide. Je ne la refuse pas. Au lieu de cela, je le suis jusqu’au balcon.

— Je dois vraiment dormir sur le balcon ce soir ?

Je me plains en m’allongeant sur le sol du balcon. Sarawat est debout près de la balustrade, comme s’il jouait dans un film romantique.

— On prend juste un peu d’air frais, puis on retournera à l’intérieur.

— …

— En fait, je veux juste être seul avec toi.

— Conneries.

— Où est ma guitare ?

— A côté du placard.

— Tu en as pris soin ?

— Je lui donne trois repas par jour. Parfois des vitamines, aussi.

— N’oublie pas de lui donner un bain la prochaine fois.

Ugh, il est tellement agaçant. Je ne gagne jamais à ce jeu. Sarawat retourne dans la pièce, puis revient avec la guitare sur laquelle est gravé son nom. Il s’assoit à côté de moi.

— Quelle chanson devons-nous envoyer à P’Dim ?

— Pourquoi demander ça maintenant ? Je suis encore bourré et engourdi par le coup de pied de Fong.

— Une chanson étrangère ?

— Tu es si énervant. Tu as entendu ce que je viens de dire ? Espèce d’idiot.

Il ne répond pas mais commence juste à gratter la guitare. Je reconnais la chanson…



“Je n’ai jamais pensé que je passerais une si belle journée

avec toi à mes côtés comme ça.

Je l’ai immédiatement ressenti à la seconde où nous nous sommes rencontrés.

C’est comme s’il y avait quelque chose, la première fois que je t’ai parlé

Je savais que c’était significatif.

Il doit y avoir quelque chose entre nous, qui lie nos cœurs ensemble.”




C’est Click. Sarawat m’a dit que j’étais la femme de Scrubb. Je crois qu’il l’est aussi.

Je ne peux pas m’empêcher de chanter la suite de la chanson.



“On se comprend facilement tous les deux

C’est si différent avec les autres

Dis-moi ce que tu penses de moi à l’intérieur.”




— Tu te souviens quand j’ai dit que je voulais te dire quelque chose ?

Sarawat arrête de jouer. Je plisse les sourcils, essayant de comprendre ce qu’il a demandé.

— Quand ?

— Au bar.

— L’enfer. Le truc à propos de me séduire ? Tu crains.

— Non. Je suis sérieux cette fois.

Il se remet à jouer. Je n’ose même pas lui jeter un regard. Quelle est cette sensation bizarre ? Est-ce l’alcool ?



“Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui ne soit ni trop gauche, ni trop droit, ni trop parfait.

Pas trop pessimiste ou trop exigeant

Mais quelque chose en toi est si spécial.”




Je dois être vraiment ivre, ou peut-être que je rêve.



“Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui ne soit ni trop rapide, ni trop lent,

ni trop petit.

Mais quelque chose en toi est meilleur que n’importe qui.

Tu es bon pour mon cœur, et entre nous ça a juste fait click.(2)”




La chanson est terminée, mais aucun de nous ne regarde l’autre. J’ai peur de regarder son visage et je ne sais pas pourquoi. Pourquoi mes mains tremblent-elles ?

— Je n’aime pas les belles filles.

— Je sais. Tu me l’as dit. Mais je les aime.

Je ne peux toujours pas lever les yeux.

— Je n’aime pas non plus les filles jolies ou intelligentes.

— Tu es l’opposé de moi.

— Je n’aime pas les choses normales. Je pense que tu sais bien que je n’aime pas la même chose que tout le monde.

— …

— En fait, j’aime quelque chose de vraiment spécial.

— …

Et tu es ce quelque chose.

Notes :
1/  “Taeng Kang Lang Taloo Teung Hua Jai” (Poignardé Dans le Dos, Perçant Jusqu'au Cœur) de Aof Pongsak
2/ “Kao Gun Dee” (Click) de Scrubb

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:45



Chapitre 10
Viens jouer avec moi
Je me retourne paresseusement, en gémissant tout bas. Ce genre de temps ne me donne pas envie de me réveiller. Je presse un oreiller sur mon visage pour tenter d’échapper au soleil du matin.

J’ai fait un beau rêve en écoutant Scrubb et en parlant de quelque chose avec Sarawat. Je ne sais même pas quand je me suis endormi.

— Nh, mmh…, gémit quelqu’un, mais je m’en fiche.

La seule chose que je veux faire, c’est dormir ! Je vais dormir comme si c’était la dernière chose que je faisais.

— Mmmh…

— Fong, arrête de gémir. C’est énervant, gémis-je sans bouger.

— Ça fait mal.

— …

— Bouge, Nuisance.

Quoi ? “Nuisance”… Le seul qui m’appelle comme ça, c’est Sarawat ! Seulement lui ! Dès que je pense à lui, mes yeux s’ouvrent brusquement.

— Nuisance.

La voix me fait dire un doux au revoir à mon oreiller, mais je réalise alors que ce n’est pas un oreiller. C’est l’entrejambe de Sarawat.

C’est quoi ce bordel !!

C’est le pire matin de ma vie !

Je saute dans le coin de la pièce, transpirant abondamment. Horrifié.

Sarawat me regarde fixement. Il tient une de ses mains sur son entrejambe comme s’il gardait sa pureté. Bon sang ! C’est moi qui devrais faire ça, pas toi !

— Pourquoi es-tu là ? crié-je, mais alors mes yeux se posent sur ces idiots - Fong, Puek et Ohm.

Ils me regardent tous avec leurs bras croisés.

— Bonjour, chéri, dit un membre du Star Gang d’une voix mielleuse.

— Bonjour, mon chéri. Tu as bien dormi cette nuit ?

— Je n’ai pas dormi !

— Pourquoi ça, chéri ?

— Parce que tu m’as embêté toute la nuit !

— Oh chéri, je suis désolé !

Puek et Ohm se moquent de nous avec leur conversation, en prétendant être un couple d’amoureux. Ça m’énerve.

— Vous passez un bon moment ?

Je leur grogne dessus.

— C’est juste pour s’amuser ! Ne le prends pas autant au sérieux.

— Pourquoi vous ne m’avez pas réveillé ?

— Je t’ai vu si détendu sur les genoux de Sarawat. Wheeeew !

— Arrête de te moquer de moi.

— Qui se moque de toi ?

— Tu es un ami pitoyable ! Et toi… que fais-tu ?

Je compte sur Sarawat pour protéger sa dignité. Ces types sont peut-être mes meilleurs amis, mais je ne veux pas qu’ils se moquent de moi comme ça.

— Ça fait mal, marmonne Sarawat, les mains protégeant toujours son entrejambe.

— Je vais prendre une douche.

Peu après, mes amis frappent à la porte de la salle de bain en criant qu’ils doivent rentrer chez eux maintenant. Hé ! Ne me laissez pas comme ça ! Montrez un peu de reconnaissance pour l’effort que j’ai fait pour vous ramener du bar !

J’avais espéré que Sarawat serait parti avec eux, mais non. Quand je sors de la salle de bain, je suis accueilli par un regard suffisant sur son visage.

— Qu’est-ce que tu regardes ?

— Tu es si blanc.

— Tu es un porc.

— Je veux toucher ta poitrine. Mon cœur bat la chamade !

— Espèce d’idiot !

Je jette un t-shirt sur lui. Ugh, quelle façon de commencer la journée ! Si j’avais su que ça allait finir comme ça, je ne serais jamais allé au bar hier soir.

— J’ai vraiment envie de toucher, pourtant.

— …

Je suis à court de mots.

— Tu m’as laissé le faire hier soir.

— Quand ?

— Quand tu dormais, je t’ai demandé si je pouvais te toucher. Tu n’as pas répondu, alors je l’ai fait.

Je ne sais vraiment pas comment il arrive à trouver des trucs aussi stupides.

— Je te déteste.

Il ne répond pas.

— Alors… Quelle heure est-il ? J’ai cours.

— Il est dix heures.

— Ok, alors je vais sauter le cours du matin.

— Les grands esprits se rencontrent.

— Tu es tellement ringard. Admets juste que tu es paresseux. Comment sommes-nous rentrés la nuit dernière ?

La dernière chose dont je me souviens, c’est d’être dehors sur le balcon.

— Je t’ai emmené à l’intérieur.

— Je me suis endormi ?

— Mmh.

— Euh… De quoi on a parlé hier soir ? Je n’arrive pas à m’en souvenir.

Je ne pense pas qu’on ait parlé de quelque chose d’important, parce que je n’arrive vraiment pas à me souvenir de ce que c’était.

— Rien.

— Vraiment ?

— J’ai dit que je n’aimais pas les belles filles, mais tu as dit que toi oui.

Hm ? Tu viens de dire qu’on a parlé de rien !

— Alors…

— Je n’aime pas les filles jolies ou intelligentes. Toi oui.

— Parce que tu es stupide.

— Alors j’ai dit que j’aimais quelque chose de spécial.

— Ouais, ça te ressemble. Tine TheChic ne peut être qu’avec une mignonne.

— Quel genre de mignon ?

— …

Comme moi ?

— Merde. Tu es le pire. Va prendre une douche, maugrée-je contre Sarawat.

Il saute vers moi et arrache la serviette de ma taille.

— Je peux t’emprunter ça ?

— C’est quoi ce bordel !

Je pousse un cri et me précipite dans le coin de la pièce.

Mignon ? Va au diable ! Oh mon cœur…



Sarawat et moi décidons de sécher les cours et de prendre le petit-déjeuner à la place.

— Qu’est-ce que tu veux manger ?

— Commande quelque chose de bon.

— Comment je peux savoir ce qui est bon ?

— Alors… Une salade.

— Tu peux choisir quelque chose qu’on peut partager ?

— Ne commande pas trop. Nous n’aurons que deux choses. Si tu en veux plus, tu le paieras toi-même, dis-je en lui jetant le menu.

Il le feuillette.

— Je peux avoir deux bouteilles d’eau s’il vous plaît ?

Je décide rapidement de ma commande.

— Je vais prendre un Tonkatsu.

— Non.

— Mais c’est ce que je veux.

— Ok, alors c’est ce qu’on va prendre.

Oui, ne te donne pas la peine de discuter avec moi. Quand il s’agit de nourriture, je suis imbattable.

— Prends juste quelque chose pour toi aussi.

— Je veux manger avec toi.

— Tu es un chien ? Tu aimes manger la nourriture des autres ?

Sarawat se contente de hausser les épaules en guise de réponse. On finit par partager le Tonkatsu après tout. Et on parle beaucoup en mangeant.

— Alors, qu’est-ce que tu aimes manger à part le Tonkatsu ? demande Sarawat.

— Pourquoi ?

— Je veux juste savoir.

— Pourquoi veux-tu savoir ?

— Parce que j’ai besoin de tout savoir sur mon crush.

— N’exagère pas. Tu ne t’es toujours pas débarrassé de Green pour moi.

— J’essaie. Donc tu dois m’aider à le faire.

— Non.

— Tu as demandé mon aide, mais quand j’ai essayé de te draguer, tu m’as ignoré. Je t’aide, mais qu’est-ce que j’y gagne ?

C’est la plus longue phrase que j’ai jamais entendue de Sarawat. Je rencontre son regard.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Viens m’encourager à mon match de foot.

— C’est tout ? J’irai quand j’aurai fini ma répétition de cheerleader.

— Tu dois venir à tous les matchs.

— Ce n’est pas un peu trop ?

— J’ai besoin de tes encouragements.

— Tes copines seront là, c’est sûr.

— Je ne veux ça que de toi.

— D’accord.

— Ce vendredi, les facultés de la ligne D vont jouer. Nous contre la fac de Droit.

Bon sang ! J’ai besoin d’encourager la fac de Droit ce vendredi.

— Je peux t’encourager à l’intérieur ? J’ai besoin d’être du côté de la fac de Droit. Je ne peux pas aller de l’autre côté.

— C’est suffisant de savoir que tu es là.

— Sur la ligne de touche ?

Non. Dans mon cœur.

ARRÊTE ÇA !

Je me tourne vers mon petit-déjeuner. Je refuse de dire quoi que ce soit. L’atmosphère entre nous est aussi tendue que la guerre froide et ça me rend fou. Nous nous séparons après le petit-déjeuner, en convenant de nous retrouver à la salle de musique dans la soirée et d’enregistrer notre vidéo pour la remettre à P’Dim demain.

Fong sèche tous les cours aujourd’hui. Ohm me dit que c’est parce qu’il veut mettre les choses au clair avec son ex et ne plus la voir. Je pense que c’est une bonne décision. Après la fin du dernier cours de la journée, je me dirige vers la salle de musique pour attendre Sarawat.

— Viens, on va s’entraîner, insisté-je après que nous ayons passé la dernière demi-heure à nous disputer sur la chanson à jouer.

Comme nous n’avons pas pu nous mettre d’accord, nous avons fini par résoudre le problème en jouant à pierre-papier-ciseaux.

— Pourquoi on doit s’entraîner ?

— Ça sonnera mieux quand on l’enregistrera.

— …

— Bonjour. Je suis Tine TheChic, et voici…

— Le mari de Tine.

— Pas de blagues.

— Je suis sérieux.

— Peu importe. Encore une fois. Bonjour. Je suis Tine TheChic, et voici…

— La femme de Tine.

— …

C’est quoi ce bordel ?

— Plus d’entraînement. Faisons-le.

Je commence à enregistrer pour qu’il arrête de jouer. C’est moi qui gère.

— Bonjour les gars. Je suis Tine TheChic ! Et voici le garçon sexy de tout le monde, c’est…

— Je suis Sarawat.

Merde ! Tu peux être un peu plus enthousiaste ?

— Qu’est-ce qu’on va faire aujourd’hui, Sarawat ?

— Chanter.

— Oui. Ce qu’on va faire, c’est chanter une chanson, et quoi d’autre ?

Je compte vraiment sur lui pour dire quelque chose d’intelligent pour qu’on n’ait pas à tout recommencer.

— Jouer de la guitare.

— C’est ça ! On va faire une reprise d’une chanson pour vous les gars. La chanson est…

— J’ai perdu les accords.

— Oui ! Le nom de la chanson est “J’ai perdu les accords”. Haha !

A quoi tu penses, imbécile ?

— Je suis désolé ! C’était une blague de Sarawat. Haha !

J’ai vraiment envie de l’engueuler. Nous avons imprimé les accords il y a juste un moment, comment peut-il les avoir déjà perdus ? Nous cherchons frénétiquement le morceau de papier pour découvrir qu’il était assis dessus. Nom de Dieu !

— Ok, on joue !

Je compte les temps pour moi-même tandis que l’homme à côté de moi commence à jouer de sa guitare.

— Essaie avant qu’il ne soit trop tard, si c’est la bonne…

— Attends, attends, c’est toujours l’intro.

— Quoi ?

Non ! Maintenant on doit tout refaire !

On recommence, en répétant tout jusqu’à ce qu’on commence à chanter. Je peux assurément dire que c’est l’anarchie pure.



“Rencontre-moi avant qu’il ne soit trop tard, si tu penses que je suis le bon.

Ne garde pas cette pensée pour toi.

Si tu ne fais pas un geste, qui le saura ?

Ce n’est pas facile de se rencontrer enfin.

Ce que tu as cherché pourrait te glisser entre les doigts.(1)”




Je jette un regard à Sarawat pendant un instant. Juste un coup d’œil. C’est assez de temps pour voir que cette belle personne, adorée par toutes les filles, ne se concentre sur rien d’autre que sa guitare. Je regarde la caméra en lui envoyant mon plus beau sourire.



“Peut-être que tu es celui que j’attendais.

La chose qui manque

C’est peut-être cette personne. Celle qui est juste en face de moi…”




L’homme à côté de moi s’arrête soudainement. Je me retourne vers lui, en fronçant les sourcils sous le coup de la colère. Tu gâches la vidéo !

Il ne me laisse pas l’occasion de parler avant de poursuivre la chanson.



“Mon monde vide n’est plus le même.

Seulement si tu veux le savoir.”




C’est la fin de la chanson. Je reste figé pendant une seconde avant de bégayer.

— Euh… Comment c’était ? J’espère que vous avez aimé. Nous avons tous deux travaillé dur, n’est-ce pas, Sarawat ?

— …

Il ne dit rien, il tourne juste son visage vers moi avec un regard fatigué.

— On s’est beaucoup entraînés.

— C’était la première fois qu’on le jouait. Nous ne nous sommes pas entraînés.

Oh, c’est un vrai petit malin !

— Ne mens pas ! On s’est entraîné tellement de fois.

— C’est toi qui mens.

— Oh, encore des blagues.

— Ne le croyez pas.

— Si nous nous sommes trompés, pardonnez-nous. Et n’oubliez pas, nous sommes Tine et Sarawat ! Voilà, c’est tout ! Au revoir !

J’agite les mains vers la caméra, tandis que Sarawat…

Se cure le nez.

Ce moment sera décisif. Échouer ou prospérer, cela dépend de lui. J’en ai marre de voir à quel point il est beau et j’ai vraiment envie de le frapper.

Je suis sûr que dès que P’Dim verra ça, il jettera son téléphone. Je ne veux pas penser au moment où ils posteront cette vidéo sur la page ou l’instagram “Association des Music Lover”. Qu’est-ce que c’est que ça ?

Je ne me suis jamais senti aussi épuisé !



Finalement, mes efforts pour que la vidéo soit bonne ont porté leurs fruits.

Beaucoup de vidéos de 15 secondes sont téléchargés sur l’Instagram de l’Association des Music Lover. La nôtre aussi. À la grande surprise de tous, notre chanson Khon Nee est populaire. Nous avons 4 000 vues en quelques minutes. De qui ? Du groupe des femmes de Sarawat, bien sûr.

Mon bonheur ne dure pas longtemps. Plus de rêves, plus d’espoir, l’avenir est noir quand je lis le long message sous la vidéo.

C’est écrit par Dissatat.


“Konnee: Reprise de Scrubb par @Tine_chic et @Sarawatlism

(Vous voulez en voir plus ? Allez sur la page “Association des Music Lover”)

Bon rythme d’introduction et les accords sont corrects. La partie centrale est bizarre.

Je ne sais pas si c’est parce que Sarawat est nul ou parce que celui d’à côté l’embêtait.

Tu obtiens 8/10 pour la guitare.

Et Tine, tu ne fais que chanter et tu ne joues pas de la guitare. La première partie est bien, mais à la fin, tu chantes faux. J’ai eu envie de pleurer en l’entendant.

L’introduction est trop longue.

Je donne 0% pour le travail d’équipe et 9/100 pour la vidéo.”



J’ai envie de taper “connard” mais je ne le fais pas.


Tine_chic Je vais m’améliorer.


Je suis prêt à pleurer. Heureusement pour moi, mon fan-club et le groupe des femmes de Sarawat sont prompts à me remonter le moral.


Mimk_mink Sarawat et Tine, vous avez fait de votre mieux !

happyhine_ Ahhh ! Mon garçon ! Mon cœur est en train de fondre. #TeamSarawatsWives

KeawGao99 Je veux que tu joues de la guitare dans ma chambre.

Green_kiki Je veux que Tine chante pour moi dans ma chambre. Je te promets que je ne te menacerai pas.


J’ai envie de poignarder Green. Il est partout, mais le destin ne me laisse jamais réaliser mon projet de le tuer. Un nouveau commentaire s’affiche. C’est de la part du seul que tout le monde attend.


Sarawatlism Marci


“Marci” ? Qu’est-ce que c’est “Marci” ? C’est “Merci” ! Bon sang.

Bien sûr, ses fans répondent tous à son commentaire avec des trucs comme “mignon” ou “je veux lui apprendre à taper” Ugh !

J’arrête de regarder ce truc débile et je me lève pour aller à la répétition des cheerleaders. J’ai d’autres choses à faire dans ma vie, tu sais, je ne suis pas toujours obligé d’être avec DUCON !


Vendredi arrive en un clin d’œil. Les étudiants en Droit vont encourager le premier match de football de notre faculté, contre les Lions Blancs de Sciences politiques. Les autres garçons du Star Gang se dirigent vers les gradins avec des snacks, profitant de l’occasion pour observer les filles des autres facultés.

Je suis coincé avec mes bras tendus en l’air et je n’ai pas d’autre choix que de les garder comme ça. C’est le “zone-standing”, une position que nous devons garder en attendant que les joueurs entrent sur le terrain. La vie d’un cheerleader est loin d’être aussi glamour qu’on pourrait le croire.

Lorsque les seniors m’ont demandé de rejoindre l’équipe de cheerleaders, j’ai accepté parce que je pensais que cela me donnerait l’air cool. Maintenant je sais à quel point j’avais tort.

Sarawat n’est pas un cheerleader et même s’il est vraiment difficile à voir la plupart du temps, toutes les filles l’aiment bien. Tellement injuste.

— Ahhhh !

Beaucoup de gens se sont rassemblés sur les stands des deux côtés. Il n’y a pas que des étudiants en Droit du côté du droit, car beaucoup d’étudiants de différentes facultés sont également venus. Du côté des Sciences Politiques, la moitié de l’audience est constituée des femmes de Sarawat.

Je ne peux rien entendre de ce qui se passe sur le terrain, mais les joueurs se sont rassemblés avant de se séparer pour l’échauffement.

— Oh, mon Sarawat, s’exclame une cheerleader de deuxième année d’une voix douce.

Je suis son regard jusqu’à lui. Il porte un t-shirt blanc avec “Salawad” et le numéro 12 imprimés dans le dos. Tous ses amis sont également dans l’équipe : Man-o-Ho, Boss, Bigg, Tee et Theme. Un coup de sifflet signale que le match est sur le point de commencer. Les joueurs se rassemblent. Des deux côtés du terrain, les gens applaudissent bruyamment.

— Sarawat ! Bonne chance !

Nous exécutons notre routine près des gradins, du côté de la fac de Droit. Nous savons tous très bien que nous devons continuer à encourager notre équipe jusqu’à ce qu’elle gagne.

Pourtant, je n’ai d’yeux que pour lui.

Sarawat est un attaquant. Ses pieds amènent rapidement le ballon vers le but de la fac de Droit. Tout le monde applaudit si fort que je crains d’avoir des dommages permanents aux oreilles. Mon cœur rate un battement quand je réalise ce qu’il est sur le point de faire.

BAM !

Sarawat roule sur l’herbe.

— Bouh !

Les acclamations de Sciences Po se transforment en huées quand un senior de Droit le tacle.

Sarawat récupère la balle et la tire dans le but. J’essaie d’être enthousiaste quand notre équipe a le ballon, mais Sarawat semble avoir été blessé.

C’est un match passionnant. Les cheerleaders continuent de soutenir notre équipe. Au fur et à mesure que tout le monde s’implique dans le jeu, leurs encouragements diminuent au profit de la concentration, bien qu’ils brandissent toujours fidèlement des drapeaux et des banderoles sur lesquels est écrit “perdre contre Sarawat, c’est bon”.

FWEEET !

Un long sifflet strident annonce la fin de la première mi-temps du match. Les joueurs courent tous vers la ligne de touche pour boire. Le score est de 1-1, ce qui promet une deuxième mi-temps passionnante. Le sifflet retentit à nouveau rapidement.

— Sarawaaaat ! crie bruyamment quelqu’un sur la ligne de touche lorsqu’il reçoit le ballon, mais comme je le craignais, quelqu’un le tacle immédiatement.

Sarawat est à nouveau au sol, et le chahut dirigé vers le gars qui l’a plaqué est assourdissant.

— Droit ! Droit ! Droit !

Mon Star Gang fait sa part, mais Sciences Po n’abandonne pas sans combattre.

— Lions Blancs ! Lions Blancs ! Lions Blancs !

Les deux côtés du terrain s’affrontent, de plus en plus fort.

Le match se termine sur le score de 3-1. Comme prévu, la fac de Droit est vaincu par les Lions blancs. Le fait qu’ils passent au tour suivant signifie que je vais devoir encourager Sarawat la prochaine fois. Les équipes se serrent la main avant de retourner dans leur propre camp, sauf…

Hey, hey ! Sarawat. Tu vas du mauvais côté. Là-bas ! Ton côté est là-bas ! Je lui crie dessus dans ma tête, mais il continue à marcher vers les gradins de la fac de Droit. Quelques seniors masculins couinent bruyamment, espérant qu’il vienne vers eux. Au lieu de ça, il s’arrête en face de moi.

— J’ai soif, déclare-t-il devant mon visage stupéfait.

Tu es fou ? Tes copines te regardent ! Va-t’en !

— Quelqu’un peut-il aller chercher de l’eau pour Sarawat ?

Un aîné s’empresse de demander de l’eau et une serviette pour lui. Sarawat remercie les seniors quand ils lui tendent, puis il me fait le suivre vers une autre section des gradins.

— Qui a fait ton maquillage ? C’est vulgaire, dit-il d’un ton calme, mais sa respiration instable le trahit, révélant son épuisement.

— Si tu me trouves beau, dis-le.

— Tu ressembles à quelqu’un d’un feuilleton quotidien.

— Tu blesses mon amour-propre. Les seniors nous ont dit que les cheerleaders devaient se maquiller.

— C’est stupide.

— Va leur dire ça.

— Je suis paresseux. Il fait trop chaud en ce moment.

— Et alors ?

— Tiens-moi ça.

Il me met la bouteille d’eau dans la main et enlève son maillot. Les tribunes éclatent en un rugissement.

Ils le regardent de partout.

Il me donne le t-shirt et en sort un autre de son sac pour l’enfiler. Puis il se retourne pour partir.

— Hé ! Où vas-tu ?

— Je retourne dans ma chambre.

— Quoi ? Et ton maillot ?

— Lave-le pour moi.

— Quoi ? Et puis…

Il est parti. Je reste où je suis, confus. Puis je regarde le t-shirt dans ma main. Alors… je suis encore ton serviteur ?



J’ai tendance à me coucher tard parce que je ne me sens jamais fatigué avant minuit passé. Ce soir, ce n’est pas différent. J’attends mon coup de fil de l’horreur du soir.

D’habitude, nous parlons de rien. Certains soirs, on se raconte des chansons, d’autres on parle de nourriture. Certaines nuits, nous ne parlons pas du tout, l’un de nous écoutant l’autre ronfler bruyamment. Si nous parvenons à entendre la voix de l’autre, ne serait-ce que pour un mot ou deux, cela nous permettra de bien dormir.

Je suis à l’aise avec le fait qu’il est un genre d’ami avec lequel cela est parfaitement normal. Je parle plus souvent au téléphone avec lui qu’avec des filles.

Rrrrrrrrrrrrrrrrrr

Vous voyez ? Parlez du diable et il appellera.

Je décroche le téléphone et fronce immédiatement les sourcils.

— Où es-tu ? C’est tellement bruyant !

Je dois crier. On dirait qu’il est dans un bar. Il est probablement avec les Lions Blancs, en train de fêter leur victoire.

— Au bar.

Vous voyez ? Je devrais jouer à la loterie !

— Ne m’appelle pas si tu es au bar. Va te faire voir !

— Je le voulais.

— Voulais quoi ?

— Rien.

— Rien ? Tu appelles pour rien ? Alors je raccroche.

— Je voulais juste entendre ta voix.

— Alors maintenant tu l’as fait.

— Ah, je suis heureux maintenant.

— …

— Dors bien.

— Mmh.

— J’ai dit ça à mon ami, il rentre chez lui.

— Ugh !

— Dors bien.

— Pourquoi tu as besoin de le dire deux fois ?

Je ne lui ai pas dit à lui, je te l’ai dit à toi.

Il a raccroché.

Je fixe mon téléphone pendant un moment en repassant la conversation dans ma tête. Les derniers mots me font à nouveau perdre le sommeil. Merde !

La seule solution aux problèmes de sommeil, ce sont les réseaux sociaux. Mais je n’ai rien à faire. J’ai déjà parlé au Star Gang, répondu à tous les messages sur Facebook, retweeté tous les tweets. La seule option qui me reste est mon cher Instagram, que j’ouvre pour chercher des jolies filles.

Prae ne m’a pas contacté depuis un moment. Elle m’avait dit qu’elle était occupée par des activités scolaires, et cela rend difficile la poursuite de notre relation.

Je parcours d’innombrables photos et vidéos jusqu’à minuit. Puis je remarque de nouvelles photos sur mon flux.

Sarawat…

Sa dernière publication est une vidéo de seulement 7 secondes, mais qui réussit si bien à capturer son caractère. On le voit assis sur une chaise tandis que ses amis autour de lui dansent comme si leur vie en dépendait. À la fin de la vidéo, Man surgit et envoie un baiser à la caméra.


Sarawatlism Je ne suis pas ivre. Pas ivreasdjkl;d ?z-


Pas ivre mon cul !

Quand je remets à jour mon flux, une nouvelle photo apparaît. C’est moi.

C’est une photo de mon Instagram.


Sarawatlism C’est l’heure de la vengeance. Je vais poster toutes les photos de ce téléphone !


Sarawat doit être vraiment bourré maintenant. Tellement ivre qu’il n’a même pas remarqué que ses amis ont pris son téléphone. Et malheureusement pour moi, ses amis ne savent pas le danger qu’une seule photo peut représenter pour moi.

La #TeamSarawatsWives commente la photo sans arrêt.

Attendez ! Attendez ! Attendez ! Ce n’est pas seulement cette photo.


Sarawatlism C’est l’heure magique.


Nom d’un chien ! La photo suivante est de moi, quand je jouais de la guitare en attendant le Star Gang. Mais… Cette photo ne vient pas de mon Instagram et ce n’est pas une photo que j’ai demandé à quelqu’un de prendre pour moi.

Pourquoi Sarawat a t-il ça sur son téléphone ?

Quelques minutes plus tard, une troisième photo apparaît.


Sarawatlism Sarawat, tu es une vraie poule mouillée.


Cette légende est écrite sous une photo prise à la Alter Ma Jeeb Fair. Sarawat sourit, et j’ai l’air surpris à côté de lui. Je me souviens qu’une fille avait pris cette photo et qu’il avait dit qu’il la lui demanderait. Je pensais qu’il plaisantait.

Cette fois, il faut attendre dix minutes pour que la prochaine photo soit publiée sur l’Instagram de Sarawat. À ce stade, je me demande si Sarawat est mort et si ses amis vont continuer à poster des photos de son téléphone. Le pire, c’est que ce sont toutes des photos de moi: des photos de moi sur l’Instagram de Sarawat !

Merde !

Ma boîte de réception se remplit de messages pendant que je tape aussi vite que je peux pour essayer d’expliquer à tout le monde.

DING !

Merde ! Ils n’arrêtent pas de poster de nouvelles photos.

2Gether - Tome 1 UF13JkxOwropK8BYoRCARaeRixI

Sarawatlism Sarawat a tapé ceci. Je suis en train d’aider mon ami.


Boss-pol Tague-le ! Aide ! Aide !

Thetheme11 J’aide Sarawat. Je veux réaliser son rêve.


La plupart des commentaires proviennent du groupe des femmes de Sarawat.


Bigger330 Je te l’ai dit @Tine_chic


Je ne comprends pas pourquoi ils me mentionnent. Je n’ai aucune idée de ce que la photo est censée signifier. Les Lions Blancs doivent être tellement épuisés maintenant que les messages n’ont plus aucun sens.


KitteTee commande+option+espace

Boss-pol Tine commande+espace+option


Les commentaires de ses amis me sont adressés. C’est le raccourci pour changer la langue du clavier sur un Macbook. Je me lève rapidement pour ouvrir mon ordinateur portable et tenter de déchiffrer le message.



Je sens mon souffle trembler en regardant les mots décodés sur mon écran.

Je

t’

aume



C’est quoi ce bordel !

Notes :
1/ "Khon Nee" (Cette personne) de Scrubb

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:45



Chapitre 11
Un Perdant Pleure Toujours
— Alors… Teepakorn, comment était ton vendredi soir ?

— Pas drôle, Fong, gémis-je en jetant mon corps fatigué sur le siège, après l’avoir traîné jusqu’au cours matinal avec toutes les paires d’yeux de l’université fixées sur moi.

Toutes les filles me regardent avec des yeux meurtriers. Si je vois Sarawat, je vais probablement me mettre à hurler. C’est lui qui a fait jaser toutes les langues.

— Je ne plaisante pas !

— Vraiment ? Je doute un peu de la sincérité de ta préoccupation.

— Oh, allez, ne sois pas un tel rabat-joie !

C’est la première conversation que j’ai en ce lundi matin brumeux. Ce n’est pas tant le temps maussade qui me rend irritable, mais plutôt le fait qu’à cause de Sarawat et de ses Lions blancs, mon nom est partout dans les nouvelles de la Journée des Sports de l’université.

— Quelle est ta relation avec Sarawat ?

Lâchez-moi un peu ! Je n’ai rien fait du tout ! C’est contre les Lions Blancs de Sarawat que vous devriez être en colère ! J’ai surtout envie de me blottir dans ma chambre avec la porte fermée à clé plutôt que d’être interrogé par tout le monde et leur grand-mère.

Quelle est ta relation avec lui ? Pourquoi Sarawat a tes photos sur son téléphone ? Et le plus important de tout… que signifie “Je t’aume” ?

— Relax, calme-toi. Tu as déjà mangé ?

Ohm essaie de me réconforter.

— Non.

— Un sandwich ?

Il semble sincèrement inquiet pour moi alors qu’il me tend un sandwich.

— Merci. Tu l’as acheté pour moi ?

— Non. C’est un reste.

Uggh.

— Je n’arrête pas de penser à la nuit où les Lions Blancs ont détruit ta vie. Sarawatlism n’est qu’une collection de tes meilleures photos.

Puek continue d’ajouter l’insulte à ma blessure brûlante.

— Ils ne faisaient que me taquiner.

— Je ne le pense pas. Ils voulaient juste montrer tes photos, ha.

— Leur travail d’équipe est incroyable.

Je suis sûr que Green croit chaque mot posté sur l’Instagram de Sarawat.

— Alors, comment tu te sens ?

— Hum… Pas aussi mal qu’avant.

Je n’ai pas dormi jusqu’au matin. Les messages n’ont cessé de s’accumuler. Je n’ai pas parlé à Sarawat depuis, alors je ne sais pas vraiment ce qui s’est réellement passé. Ses amis lui ont-ils fait une farce ou a-t-il gardé mes photos sur son téléphone et tout ce qu’ils ont fait, c’est les poster sur son Instagram ?

Man-Oh-Ho a dit à tout le monde que ce n’était qu’une blague, ce qui m’a permis d’aller en cours sans avoir réellement à craindre pour ma vie. Je ne suis toujours pas sûr de ce qu’il faut croire.

— Pour être honnête, je veux juste savoir s’il y a quelque chose entre toi et Sarawat, dit Puek en mangeant le sandwich qu’il vient de m’offrir.

— Pardon ?

— Je me demande simplement. Il n’a jamais utilisé Instagram avant mais il en a créé un juste pour te suivre.

— Et les messages de ses amis semblent indiquer qu’il y a un secret derrière “Je t’aume”. Peut-être que ça veut dire “Je t’aime”.

— Mh-hm, je le pense vraiment.

— Ne tire pas de conclusions hâtives.

J’arrête rapidement leurs conneries.

— Non, non ! Je ne le fais pas.

— Nous ne savons pas pour qui Sarawat a tapé ça. Et ses amis, surtout Man-Oh-Hum, tu crois qu’ils étaient sérieux ?

— Mais ça fait trois jours et Sarawat ne l’a toujours pas effacé.

— Je ne sais pas ! Je lui parlerai plus tard.

Aucun d’entre eux ne répond, ils hochent tous la tête.

Puis Ohm me tape sur le bras pour me passer son téléphone. Si quelque chose est sur les médias sociaux, vous pouvez compter sur Ohm pour être au courant. Je tends la main pour recevoir sa mystérieuse bienveillance, en regardant l’écran.

— J’ai déjà demandé, dit-il en haussant les sourcils.



i.ohmm Mon ami se demande pourquoi tu ne supprimes pas ses photos ?



Sarawat ne répond pas, et ses fans commentent toutes sortes de théories pendant un long moment. Jusqu’à ce que…

— Il a répondu !

Fong crie soudain très fort au milieu d’un cours. Ohm a posté la question à huit heures du matin, mais il est déjà midi quand Sarawat répond. La réponse met fin aux conspirations de chacun:



Sarawatlism @i.ohmm Je ne sais pas comment effacer.



Merci. C’est la meilleure réponse que je pouvais espérer !



Le reste du cours est un jeu d’enfant. C’est un tel soulagement quand tout le monde arrête de me questionner sur Sarawat, même si je sens encore quelques regards sur moi.

— Quand est-ce qu’on fait le maquillage aujourd’hui ? demande un des autres cheerleaders de première année dans l’après-midi.

— Les seniors ont dit vers trois heures. Heureusement que les cours se sont terminés tôt aujourd’hui.

— Tu veux manger quelque chose ? Je vais aller acheter de la nourriture.

— N’importe quoi, c’est bien. Vous m’avez tous négligé, alors c’est vous qui payez, compris ? exigé-je, car à chaque fois que nous sommes à un événement quelconque, tous les autres me laissent tomber pour aller draguer des filles.

On me laisse toujours tout seul !

Nous nous sommes retrouvés parce qu’aujourd’hui c’est le match entre les équipes de la ligne B - Ingénierie et Agriculture. Aucun amour n’a été perdu entre les deux. Mais ce n’est pas la seule chose. Je redoute cette journée, car le comité de l’association étudiante va choisir la nouvelle équipe universitaire.

Je suppose que vous ne savez pas qu’il y a différentes sortes de cheerleaders. L’équipe universitaire est un groupe de dix filles et garçons de différentes facultés. Et si vous vous demandez si j’aimerais être choisi, la réponse est un très gros non. Ce serait tout simplement trop épuisant. J’ai déjà des cours, des entraînements de guitare et des entraînements réguliers de cheerleading. Je suis déjà suffisamment en train de m’épuiser comme ça.

Nous nous entraînons pendant environ une heure avant que les seniors ne commencent à nous maquiller. Quand ils ont fini, j’ai l’air de quelqu’un qui va se produire à l’opéra chinois. Sarawat avait raison.

Le match commence à cinq heures, et les étudiants des différents départements se sont tous rassemblés pour encourager. Après la fin du match, la sélection de l’équipe universitaire va commencer.



— Whoa ! Tu es là ! Je te cherchais.

Je me retourne quand j’entends la voix de Man-oh-Ho. Il est avec ses amis - Big, Boss, Tee et Theme. Ils marchent vers moi.

— Pourquoi ?

— Je veux juste voir les cheerleaders de Droit.

— C’est vrai ? Tu sais que les Lions Blancs ne peuvent pas nous battre, hein ?

Je lève les sourcils vers lui. Je n’ai pas vu Sarawat aujourd’hui, mais ce n’est pas grave. S’il s’était montré, sa simple présence aurait fini par voler la vedette à tout le monde.

— Ne sois pas si vaniteux. Qui est-ce que tu cherches ?

— Personne.

— Tu cherches mon ami ?

— Quoi ?

— Sarawat n’est pas ici. Il est dans la salle de musique, il se prépare pour l’événement.

— Qui a demandé ?

Quel événement ? Je suis un membre du club de musique, alors comment se fait-il que je n’ai pas entendu parler de ça ? Je suppose que j’ai été tellement occupé par l’entraînement des cheerleaders que je n’ai pas vraiment fréquenté le club de musique.

— Tine, je peux te demander quelque chose ?

Je plisse les yeux devant le regard suspicieux de l’homme. Ses amis sont tout aussi irritants avec les regards innocents qu’ils me lancent.

— Quoi ?

— Je peux prendre un selfie avec toi ?

— D’accord. Je sais que je suis sexy.

Il doit être là pour demander des photos. Je ne bouge pas, je regarde juste Man-oh-Ho. Il s’approche un peu plus de moi, tenant son téléphone au-dessus de nos têtes et affichant un large sourire. Qui a dit que les Lions Blancs étaient cool et beaux ? C’est un tel mensonge.

— Regarde l’appareil photo ! Souris ! demande-t-il.

— Bien sûr.

Je fais un petit sourire.

Il continue de cliquer sur le bouton, puis ses amis me demandent aussi des selfies. Qu’est-ce qui ne va pas avec eux ? De jolies filles nous entourent, et pourtant c’est avec moi qu’ils prennent des selfies ?

Un senior qui m’appelle pour s’entraîner me sauve. Quand je finis, les amis de Sarawat sont partis. Je trouve mon téléphone pour vérifier mes réseaux sociaux, envisageant de poster quelques nouvelles photos sur mon Facebook. Puis je regarde mon flux Instagram et je vois une photo de moi.



Man_maman Ici pour l’essai de l’équipe universitaire. Le droit est génial.



Les Lions blancs commencent presque immédiatement à commenter la photo.



Thetheme11 Trop mignon

KittiTee On ne doit pas taguer quelqu’un ? J’ai de la peine pour lui.

Bigger330 Viens encourager ! @Sarawatlism

Boss-pol @Sarawatlism Si tu ne peux pas venir, ce n’est pas grave. Ne pleure pas.

Man_maman @Sarawatlism Plus mignon que jamais aujourd’hui.



Bon sang ! Ce n’est pas qu’ils aient tagué Sarawat dans les commentaires, mais le fait qu’ils m’aient tagué sur les photos. Cinq photos, prises du même angle, au même endroit, toutes avec moi.

Ces gars-là se moquent de moi. Ils m’ont demandé des selfies juste pour les montrer à Sarawat ? Pourquoi Sarawat ? Ce sont des photos de moi. Je devrais les aimer ?

DING !



Man_maman Wow ! Tine a aimé ça ! Merci ! @Tine_chic

KittiTee @Sarawatlism Tine a aimé ! Tine a aimé ! Woohoo !



J’étais sur le point de commenter un “va te faire foutre” mais…

— Tine, c’est ton tour.

— Oui !

Je suis interrompu par un senior et je mets rapidement mon téléphone dans ma poche avant de rejoindre le reste de l’équipe alors que l’essai commence.

Nous faisons une routine sur la marche de l’université, la marche de notre faculté et quelques autres chansons officielles. Les essais durent tellement longtemps qu’il commence à faire sombre dehors. Je ne sais pas si ce sont les autres cheerleaders ou les joueurs de football, mais les gens sur la ligne de touche nous encouragent bruyamment.

Je fais de mon mieux. S’ils ne me choisissent pas, ça ne me dérange pas. J’espère plutôt qu’ils ne le feront pas.

Lorsque la dernière chanson est terminée, tout le monde retourne dans les tribunes. Des seniors flamboyants se sont tous rassemblés pour entourer une seule personne.

— Sarawat.

J’ai dû le dire à voix haute, car il se retourne pour me regarder.

— Aide-moi, dit-il d’une voix aussi dénuée d’émotion que son visage.

Je sais qu’il est probablement en train de maudire les seniors à l’intérieur.

— Excusez-moi, je peux parler à mon ami une seconde ?

Je prends la main de Sarawat et l’aide à s’éloigner des seniors. Nous avons parcouru une bonne distance du terrain avant que Sarawat ne demande:

— Tu as mangé ?

Je secoue la tête.

— Toi ?

— Non.

— Allons dîner, puis revenons attendre le résultat.

J’ai tellement faim en ce moment.

— Tu dois te laver le visage d’abord. Tu as une sale tête.

Je sursaute à ses mots.

— Pourquoi ?

— Je n’aime pas ça. Je t’ai dit mille fois que je ne voulais pas que tu te maquilles.

— Les seniors m’ont forcé.

Il parle comme ma mère, mais je le laisse quand même m’emmener aux toilettes pour me nettoyer. Je me regarde dans le miroir. Ce n’est vraiment pas si mal, mais Sarawat ne me laisse pas me regarder longtemps. Il trouve une épingle à cheveux pour enlever ma frange de mon visage. Puis il me met de l’eau sur le visage.

— Hé ! Qu’est-ce que tu fais ?

— Je te lave le visage.

— C’est waterproof ! Ça ne s’enlève pas avec de l’eau !

— Ne t’inquiète pas, me dit Sarawat en sortant une petite bouteille bleue de son sac.

C’est pas vrai ! Comment connaît-il le démaquillant ?

Il frotte un coton sur mon visage. C’est pas vrai ! Pas besoin d’être aussi brutal !

— Ça… ça fait mal ! Fais attention !

— Je ne sais pas comment faire.

— Sérieusement ? Où est-ce que tu as eu ça ?

— J’ai demandé à une caissière au 7-11 et elle me l’a donné.

— Est-ce que mon visage te dérange tant que ça ?

— Oui, c’est agaçant.

— Un jour, tu seras peut-être obligé de te maquiller aussi.

— On ne fait pas ce genre de choses.

Je sors des toilettes en le laissant là.

Nous finissons par dîner dans un stand de nourriture près de l’université avant de retourner sur le terrain pour attendre l’annonce des résultats.

Cette année s’avère vraiment être la pire de toutes. Depuis que j’ai rencontré Green et Sarawat, les choses n’ont fait que se dégrader.

Le cheerleading universitaire… est mon futur devoir…

Après avoir entendu le résultat, je retourne vers Sarawat sur la ligne de touche. Il a probablement aussi entendu les résultats d’aujourd’hui - l’Agriculture a été battue par l’Ingénierie, et j’ai été nommé membre de l’équipe de cheerleading de l’université.

Cela signifie que Sarawat ne cessera jamais de me harceler à propos du maquillage de l’opéra chinois.

— Hey… le salué-je d’une petite voix.

— Arrête de pleurnicher comme un enfant.

Sarawat lève juste un sourcil au lieu de me réconforter.

— Je ne veux pas le faire…

— Mais maintenant tu dois le faire.

— Je suis fatigué.

— Tu vas te maquiller. C’est bien.

Tu es sarcastique ou pas, là ?

Je ne sais pas pourquoi je m’inquiète autant de ce qu’il pense.

— Alors, je peux avoir le démaquillant ?

— Non.

— Tu es si méchant.

— Je nettoierai ton visage chaque fois que tu auras besoin de te maquiller, d’accord ? Arrête de pleurnicher. C’est agaçant.

Puis Sarawat me donne un coup sur la tête d’une main et me quitte comme il le fait toujours. Même si je me sens toujours mal à l’aise à l’idée d’être cheerleader, je me surprends à sourire faiblement à l’idée que Sarawat vienne me voir à chaque fois.

Tout comme j’ai besoin de l’encourager à chaque match.



La salle du club de musique est calme aujourd’hui. J’ai fini les cours tôt, alors j’ai décidé d’aller m’entraîner un peu avant que tout le monde n’arrive.

Je n’ai toujours pas ouvert la porte, bloqué sur place après avoir aperçu Green et son visage stupide, assis avec Sarawat.

Mais c’est bon. Il n’y a aucune chance que je sorte avec Green, alors il pourrait aussi bien sortir avec Sarawat. Je me dis que ce serait une bonne évolution, mais je ne les interromps toujours pas. Je me contente d’écouter leur conversation de l’extérieur de la pièce. J’ai l’impression d’être un sale type.

— Il n’y a personne ici.

— Mmh…

— Alors, à propos de Tine.

Vous voyez ? Mon nom est dans leur conversation.

— Mh.

— Je peux te demander si vous êtes proches ? Très proches ?

— Oui.

Bien joué ! La réponse de Sarawat est géniale.

— Alors dis-moi, je suis le genre de Tine ?

— Non.

— C’est quoi le genre de Tine ?

— Gros seins.

— Quel est le groupe préféré de Tine ?

— Linkin Park.

Je pourrais lui donner un Oscar pour ça. Je n’ai jamais pensé à lui dire que Linkin Park est mon groupe préféré, mais ses réponses peuvent m’aider à me débarrasser de Green.

— Hey ! Tine ! Qu’est-ce que tu fais ici ?

Merde ! P’Air me sourit et Sarawat et Green se retournent vers nous.

— Je viens juste d’arriver ici. Oh ! Hé ! Vous êtes déjà là ?

Je fais semblant du mieux que je peux et je me dirige rapidement vers Sarawat. Aucun d’entre eux ne dit rien, mais Green m’entoure déjà de ses bras. Ma sainte mère !

Quand tout le monde est enfin là, P’Dim nous ordonne de faire une autre vidéo. Pour une fois, la date limite n’est pas trop rapprochée et personne ne se plaint. Prae n’est pas là aujourd’hui, elle ne vient presque jamais. C’est vraiment décourageant. Je vais peut-être devoir sécher les cours pour aller la voir.

Sarawat et moi restons derrière pour nous entraîner davantage comme nous le faisons toujours, mais quelque chose ne va pas aujourd’hui. Il semble beaucoup plus concentré, jouant la même chanson encore et encore.

— Nuisance.

— Quoi ?

— Scrubb va faire un concert ici dans deux semaines.

Mes yeux s’écarquillent. Whoa ! C’est la meilleure nouvelle que j’ai entendue depuis des mois ! Je me rapproche de Sarawat.

— Vraiment !? Quand ?

Les Lives de Scrubb sont divins. Je n’en ai pas vu depuis des lustres.

— Samedi 28. Tu veux y aller ?

— C’est une question stupide. Où est-ce que je peux acheter des tickets ?

— Ici. Ils sont vendus au bureau du comité des étudiants.

— On peut aller les acheter maintenant ? demandé-je avec excitation. Tu peux en acheter pour toi et tes amis et j’en achèterai aussi pour mes amis.

Sarawat acquiesce, mais il a un regard étrange dans les yeux.

— Tu n’es pas excité ?

— Je vais rejoindre le groupe qui fera la première partie. Sssss..! m’a demandé de jouer de la guitare car So est toujours malade.

— Donc tu vas rencontrer Muey et Ball en coulisses ?

— …

— Allez, joue juste, et viens danser avec moi après.

— Je serai occupé avec la répétition du groupe, donc je n’aurai peut-être pas le temps de venir ici.

— Arrête de t’inquiéter autant.

Je lui tapote le dos. Comme ça, je peux sécher l’entraînement pour aller voir Prae sans me sentir mal. Lorsque Sarawat est à mes côtés, quelque chose en lui me met mal à l’aise, voire me fait peur. Je ne sais pas comment l’expliquer.

— Ne me trompe pas.

Oh, merde. Est-ce qu’il vient de lire dans mes pensées ?

— Quoi ? On n’est pas un couple.

— …

Il me lance un regard glacial. Que veut-il que je dise ?

— Je n’aime que toi.

— Tu racontes des conneries.

— Hé !



— Lala… lala… yoohoo…

Ne pas avoir Sarawat dans le coin, c’est génial. J’ai séché l’entraînement pendant toute une semaine pour aller voir ma chérie de Médecine. Prae est mignonne. On est allés manger une glace et regarder un film le week-end dernier.

Je vais toujours la voir quand elle ne vient pas au club. Aujourd’hui, nous avons prévu de déjeuner ensemble à la cantine de sa faculté, car elle est beaucoup moins fréquentée que la mienne. C’est aussi un bon moyen d’échapper à une certaine personne. Il est toujours à la cantine de la fac de Musique ou à la cantine Centrale, et je dois l’éviter.

Je m’assois à une longue table, prenant mon téléphone pour passer le temps en regardant quelques vidéos. Ma douce Prae, où es-tu… ?

— Tine…

C’est mon âme sœur, je viens de l’appeler dans ma tête et la voilà.

— Mmh… merde !

Je glapit en réalisant que la personne qui est en face de moi n’est pas une fille mignonne.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? demande Sarawat, sa bande n’étant qu’à quelques pas derrière lui. Tu… tu déjeunes ici ?

— Non, je passais juste dans le coin.

— On va manger à la cantine de Sciences Po, tu veux te joindre à nous ? demande Boss.

— Vous pouvez y aller, les gars.

Les Lions Blancs hochent la tête et passent devant nous. Sarawat reste où il est, les yeux posés sur moi. À en juger par son regard, je suis sur le point de me faire assassiner. Je ne vais pas te tromper.

— Tu… tu n’as pas faim ? demandé-je pour tenter de briser le silence.

Je veux qu’il parte avant que Prae ne se montre.

— Non.

Il ne m’a pas donné la réponse que j’espérais.

— Tu dois avoir faim.

— Hah ?

— Il est midi.

— Alors je vais manger ici.

— La nourriture ici est vraiment mauvaise. Je pense que tu devrais aller à la cantine de Science Po.

— Ce n’est pas à toi de décider.

— Mais il est midi.

— Que veux-tu de moi, Tine ?

— Quoi ? Je ne veux rien.

— Tine… Tu as attendu longtemps ?

SOS, j’ai besoin d’une ambulance. Pourquoi ? Pourquoi es-tu arrivée maintenant, Prae ?

Je crois que je vais m’évanouir.

— Tu veux que je parte à cause de ça.

— Sarawat.

— J’ai faim. Je m’en vais.

Sarawat tourne les talons et s’en va.

Merde ! Pourquoi je me sens coupable ? Pourquoi est-ce que je me soucie de lui ? Pourquoi je me sens si triste qu’il soit parti ? Je ne lui appartiens pas.

Quelqu’un peut me dire si ça va être un désastre ?



Je n’arrive pas à mettre le doigt sur la sensation que j’ai dans l’estomac lorsque j’appelle Sarawat tard dans la nuit. Peut-être est-ce de l’anxiété. Quoi qu’il en soit, un prince peureux n’a jamais gagné la princesse et ma bravoure porte ses fruits.

— Salut.

Sa voix est sourde.

— C’est Ducon ?

— Non.

— Merde.

— Ne demande pas quelque chose que tu sais déjà. Qu’est-ce que tu veux ?

Oh ! Il est juste boudeur.

— J’ai déjà lavé ton t-shirt. À la main.

C’est une conversation tellement inutile. Nous parlons souvent au téléphone, mais à cause de la répétition du groupe de Sarawat, ça fait un moment.

— Et alors ?

— Rien. Je voulais juste te le dire.

— Est-ce que je dois venir le chercher ?

— Hé ! Non.

— Je viens dans ta chambre.

— A… attends, hé !

Meeeeeeeeeerde !!! Je n’ai pas le droit de discuter. Je devrais être habitué à ça maintenant, n’est-ce pas ?

Qu’est-ce que je fais maintenant ? J’ai peur qu’il me frappe quand il découvrira que j’ai séché les cours de guitare toute la semaine. Il m’a aidé à entrer dans le club et je me moque de ses efforts.

TOC ! TOC ! TOC !

Ça fait seulement 20 minutes qu’il a raccroché le téléphone. J’ai besoin d’une seconde de plus pour trouver le courage d’ouvrir la porte.

Sarawat porte un maillot de foot, on dirait qu’il est sur le point d’aller se coucher.

— Où est mon t-shirt ?

Il rentre en passant à côté de moi et s’allonge sur mon lit.

— Dans le placard.

— Donne-le moi.

Je ne sais pas quoi dire. Je trouve juste le t-shirt et le lui lance.

— Le voilà.

— Bien. Alors je vais rentrer chez moi.

— Ton dortoir est si loin. Tu es venu juste pour ça ?

— Pas seulement pour ça.

— …

— Je suis venu ici pour que tu puisses voir mon visage. Je ne t’ai pas vu depuis une semaine et maintenant tu as l’air d’un menteur.

— Je te déteste.

Il me regarde comme s’il attendait que je me confesse. Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Je ne suis pas son petit ami. Je peux draguer toutes les filles que je veux, n’est-ce pas ?

Mmh… Je suis désolé. J’ai eu tort.

Nooooon ! Je ne me soucie pas de toi, Sarawat !

— Hey…

Je prends une profonde respiration. Ok, c’est parti ! Il le découvrira un jour de toute façon.

— Vas-y.

— Je suis sérieux à propos de Prae.

Sarawat est silencieux. J’aimerais qu’il dise quelque chose, mais non. Il a juste l’air en colère.

— Sarawat.

— Tu vas la draguer. Donc je suis juste ton amant secret ?

— Attends, attends.

— Je dois pleurer ? Que veux-tu que je fasse ?

— Calme-toi, Sarawat.

Je touche doucement son épaule.

— …

La colère dans ses yeux me transperce, mais je dois faire semblant de ne pas la voir.

— Est-ce que tu m’écoutes ?

— Non.

— Alors comment peux-tu répondre à la question ?

Il grimace.

— …

— Au lycée, je sortais toujours avec quelqu’un. Je me sens seul maintenant, je veux juste quelqu’un pour regarder le ciel avec moi.

— Tu ne peux pas le contempler tout seul ?

— Merde ! Je veux dire quelqu’un avec qui écouter de la musique.

— Tu es sourd ?

— Quelqu’un avec qui regarder des films.

— Comment peux-tu être sûr qu’elle aime les mêmes films ?

— Tu fais exprès d’être grossier ? Ok, pour être honnête, je veux juste faire des choses avec ma partenaire.

— Je peux les faire avec toi.

— Ce n’est pas la même chose. Je veux dire… avoir une petite amie c’est mieux. Est-ce que tu comprends ?

— Non.

— Sarawat !

— Tu me fais chier. Je vais t’embrasser.

Ses mots me font perdre la tête. Quand ses mains touchent mon visage, me tirant pour m’embrasser, le monde entier tremble.

Ses lèvres touchent les miennes. Ce n’est pas du tout comme une scène romantique dans un drame coréen et il ne bouge pas ses lèvres du tout.

Je ne comprends pas… pourquoi je ne peux pas bouger ?

Quand il se retire et me regarde, mon cœur bat la chamade.

Tu n’as pas le droit de m’embrasser ! Un baiser ! Bon sang !

— Tu es réservé.

— … !!

— Ne drague jamais personne d’autre.



TOC ! TOC ! TOC !

Les coups frappés à la porte me réveillent alors que la lumière du soleil frappe mes yeux. Je me redresse lentement, essayant de me souvenir de la nuit dernière.

Je ne peux pas me rappeler quand je me suis endormi. Je sais juste que c’était l’aube avant que Sarawat ne rentre à la maison. Il a oublié son maillot.

— Tine, tu es mort ? m’appelle quelqu’un de l’autre côté de la porte.

— Je suis vivant !

Je réponds en aboyant et je me lève pour ouvrir la porte au Star Gang. Ils font toujours ça - se pointer dans ma chambre pour me traîner en bas pour prendre le petit déjeuner ensemble.

— Quoi !? Pourquoi tu ne t’es pas encore douché ?

Puek se laisse tomber sur mon lit. Ohm est allé utiliser ma salle de bain.

— J’étais sur le point de le faire.

— Hé ! C’est quoi ça ?

Merde ! Puek ramasse curieusement quelque chose. Le portefeuille de Sarawat ! Pourquoi c’est là ?

— Tu as acheté un nouveau portefeuille ? demande Ohm.

— C’est celui de mon frère. Il l’a oublié ici il y a longtemps.

Je tends rapidement la main pour attraper le portefeuille des mains de Puek. Ils ne doivent pas savoir pour la nuit dernière - que Sarawat était ici. Je ne sais pas ce que j’ai peur qu’il se passe. Mes sentiments pour Sarawat deviennent compliqués.

Je fourre rapidement le portefeuille dans mon sac et me précipite vers la salle de bain. Comme d’habitude, la chance n’est pas de mon côté car avant que j’y arrive, Ohm m’appelle.

— Hé ! Les gars ! Aidez-moi à trouver mon téléphone !

Oh ! Allez !

— Il est probablement sur le lit. Je vais t’aider à le trouver, dit Fong en se glissant sur mon lit.

Ils s’agitent tous jusqu’à ce que Puek trouve quelque chose.

— Le téléphone de Tine ! Super ! Je peux l’emprunter pour appeler Ohm ?

Merde ! Ce n’est pas mon téléphone ! C’est celui de Sarawat ! Ugh ! Il a tout laissé ici !

— B… bien sûr… !

— Oh ! Depuis quand tu as une coque de téléphone Dragon Ball ? Je pensais que tu n’aimais pas cette série.

— Je viens de la voir, et je l’adore maintenant.

Je n’aurais jamais choisi une coque comme celle-là. Au moins il a apporté l’iPhone au lieu du Samsung.

— Quel est le mot de passe ?

— Euh… deux, six, zéro, huit, neuf, sept.

— C’est quoi ces chiffres ?

— Tu n’as pas besoin de savoir.

— Ce n’est pas ton anniversaire ou ton numéro d’étudiant.

Merde. Je ne veux pas lui dire. C’est l’anniversaire de Sarawat.

C’est le mot de passe qu’il utilisait sur l’ancien téléphone que j’ai dû réparer pour lui, et il utilise le même sur le nouveau.

— Ce n’est rien. C’est juste un numéro.

— Tine, tu as effacé nos numéros ? Je ne les trouve pas.

Je me fige. Il n’y aura rien de vous sur ce téléphone, mes chers amis.

— Je me souviens de vos numéros par cœur.

— Vraiment ?

— Oui.

— C’est vraiment ton téléphone ?

— Bien sûr que c’est le mien ! C’est quoi cette question ?

— Oui, bien sûr, ce téléphone a tellement de photos de toi.

— C’est vrai ?

Mais attends ! Des photos de moi ? Pendant une seconde, je suis curieux de voir, mais ensuite la pensée me frappe - pourquoi ces photos sont sur le téléphone de Sarawat ?

Rrrrrrrrrrrrrr

— Oh ! Il est là !

Je soupire de soulagement quand le téléphone d’Ohm sonne.

— Tu as trouvé ton téléphone, maintenant rends-moi le mien.

— Attends ! Juste une seconde. Hey, pourquoi ton Instagram est connecté au compte de Sarawat ?

— Il a utilisé mon téléphone.

— Quand ?

— Hier. Au bâtiment des Sciences Médicales.

— Et Facebook et Twitter ?

— Ton propre téléphone a aussi ces applications. Allez ! Rends-le-moi !

— Hé, tu as Minecraft ? C’est trop cool !

— Bien sûr.

— Je ne sais pas comment jouer à ça, tu peux m’apprendre ?

— Euh…

— Combien coûte cette application ?

— Eh bien, euh, c’était probablement environ 200 bahts, je ne me souviens pas.

— C’est le téléphone de Sarawat ?

— Oui… euh, non !

— Arrête de mentir. Je l’ai su quand j’ai vu la coque Dragon Ball.

Merde !

— Dis-moi maintenant.

— Te dire quoi ? Il n’y a rien à dire !

— Tu nous caches quelque chose ? Parle-nous de toi et Sarawat.

— Nous sommes juste amis.

— Tu es sûr ?

— Oui.

— Qu’est-ce que c’est, alors ?

Il me donne le téléphone de Sarawat. Puek, Ohm et Fong sont tous en train de rire en me laissant voir la photo Instagram sur l’écran. Ce doit être l’une des photos que les Lions Blancs ont postées sur l’Instagram de Sarawat.

Je comprends soudain pourquoi Sarawat était sur le terrain avec moi au lieu d’être à l’entraînement du groupe.



Man_maman Wow ! Tine a aimé ça ! Merci ! @Tine_chic

KittiTee @Sarawatlism Tine a aimé ! Tine a aimé ! Woohoo !

Thethem11 @Sarawatlism Tu n’as pas besoin de venir. Je vais m’occuper de lui.

Bigger330 @Sarawatlism Non, je vais m’occuper de lui.

Sarawatlism Nfais pas le con avec min mek.



Comme d’habitude, il ne sait pas taper correctement. Je me moque de lui quand je vois sa tentative de corriger le message.



Sarawatlism Ne fais pas le con avec min mek

Sarawatlism Merde ! Ne fais pas le con avec mon mec !


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Lun 26 Aoû 2024 - 11:45



Chapitre 12
Tu Gravites Autour de Moi, Je Gravite Autour de Toi
“Tu es réservé.”

“… !!”

“Ne drague jamais personne d’autre.”



Les mots continuent de tourner dans ma tête. Tout comme son visage. Ça me donne le vertige.

Aucun mot ne passe mes lèvres.

Je suis furieux, vraiment furieux. Je ne sais pas pourquoi je ne ressens pas autant de colère à l’intérieur de moi.

Peut-être que je suis juste trop choqué. Bon sang ! Ses lèvres dures viennent d’embrasser les miennes ! Je ne sais pas quoi faire et je cligne des yeux, confus. Sarawat me touche l’épaule.

— Tine, tu vas bien ?

Oh, mon cœur.

Je viens de mourir de l’intérieur. Je me mets à lui crier dessus de toutes mes forces.

— Putain ! Bien sûr que je ne vais pas bien ! Pourquoi tu m’as embrassé ? Je ne suis pas une poupée ! Qu’est-ce que tu m’as fait ? Merde ! Je suis tellement confus. Qu’est-ce qui vient de se passer ?

Sarawat touche doucement mon visage, me forçant à le regarder.

— Calme-toi. Tu sais, si tu me grondes, ça veut dire que tu m’aimes bien.

BAM !

— Va te faire voir !

— Allez. Je sais que tu me frappes parce que tu es amoureux de moi.

— Je ne le suis pas. Je ne le suis paaaaaaaaaas !

PAF !

— Continue à me frapper, allez, tu seras bientôt fatigué.

Je le frappe et lui donne des coups de pied jusqu’à ce que je sois trop fatigué, comme il l’avait dit.

Tant de questions explosent dans ma tête et je n’arrive pas à décider lesquelles poser. Pourquoi je ne peux pas draguer Prae ? Pourquoi les autres ne peuvent-ils pas me draguer ? Pourquoi m’a-t-il embrassé ? Sommes-nous seulement amis ?

Des amis proches ? Je ne pense pas que ce soit ça. Mais je ne comprends pas ça…

— Tu es fatigué.

Sa voix brise le silence entre nous.

— Mmh.

— Nuisance, tu as compris ce que j’ai dit ? Tu es réservé.

— Non.

Ok, alors écoute bien. Ne drague personne et ne laisse personne te draguer. Je suis le seul à pouvoir le faire, d’accord ?

— …

— Et tu dois éviter mes amis. Ce sont des play-boys bons à rien. Ils sont différents de moi.

Sérieusement ? Tu es sûr que c’est vrai ? Sarawat, tu es tellement imbu de toi-même.

Tu es exactement comme eux.

— Tu as compris maintenant ?

— …

Je ne dis rien. Je vais te tuer, espèce d’abruti !

— Si tu n’as toujours pas compris, je t’embrasse à nouveau.

— C’est quoi ce bordel !

BAM !

Je le pousse désespérément et le gifle furieusement pour l’empêcher de faire ce qu’il s’apprêtait à faire. Il reste bouche bée, figé. Aucun de nous ne dit quoi que ce soit.

— Rentre chez toi.

— Ça fait mal. Je ne peux pas rentrer chez moi.

Je roule des yeux vers l’homme allongé sur mon lit. C’est évident qu’il fait semblant. Je parie que tous ses fans le détesteraient s’ils connaissaient cette facette de lui.

Qui dit qu’il est cool ? Je ne vois rien d’autre qu’un foutu imposteur. Merde !

— Conneries.

— Tu m’as frappé, donc tu dois me laisser rester ici ce soir.

— On ne sort pas ensemble, on n’est même pas des amis proches.

— Mais on s’est déjà embrassés pourtant.

— Merde.

Le silence est de retour, il dure aussi longtemps qu’avant. Je me décide enfin à poser la question, même si je ne suis pas sûr de la réponse. L’inconnu me fait me sentir presque vide.

— Dis-moi la vérité, pourquoi m’as-tu embrassé ? Es-tu tellement en colère que je veuille que tu te débarrasses de Green pour que je puisse draguer Prae ?

— Oui, je suis en colère.

— Alors arrête de faire semblant et ne m’aide pas. Je vais juste demander à Prae de sortir avec moi, je n’en ai plus rien à faire.

— Tu ne comprends rien ?

— C’est toi qui ne comprends rien ! Pas moi ! J’ai déjà pris ma décision !

— Je te l’ai dit. Tu ne peux pas draguer quelqu’un d’autre que moi.

— Pourquoi ? Je ne vais jamais te draguer parce que je ne pense pas à toi de cette façon. Je te le redemande, est-ce que tu m’aimes de cette façon ? Hein ?

— Je ne sais même pas ce que je ressens. Je sais seulement que j’ai envie de t’embrasser, de te câliner, de t’enlacer. Parfois, j’ai juste envie de te faire mal.

— C’est quoi ce bordel ? Tu es un psychopathe ? Ce n’est pas ce qu’on fait à quelqu’un qu’on aime bien. Tu dois réfléchir à tout ça.

— …

— Tu m’as embrassé. Tu m’as dit que je te plaisais. Tu es sérieux ? Ou est-ce que tu reprends juste là où tes amis se sont arrêtés ? On fait juste semblant, n’y attache pas tant d’importance. Je sais que tu essaies d’écrire une chanson d’amour, mais je pense que tu devrais plutôt trouver une fille. Je ne veux pas être ton cobaye.

Je ne parle que de filles délibérément. Je n’ai pas l’esprit étroit. Je suis allé dans un lycée de garçons, donc je sais que l’amour entre garçons n’a rien d’inhabituel.

C’est juste que je ne crois pas que quelqu’un d’aussi fermé que Sarawat puisse faire ça. Il doit y avoir une sorte de motif derrière tout ça. Comme dans les films - peut-être que ses amis l’ont mis au défi de me séduire puis de me larguer.

Bon sang ! Je dois arrêter de trop réfléchir à tout.

— Tu as fini ? demande calmement Sarawat.

— Euh… Oui.

— Eh bien, je vais dormir alors.

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Arrête de m’embêter.

Wow ! Je ne comprends vraiment pas ce type, mais je sais qu’il ne va rien m’expliquer même si je lui demande. Mais… il m’a embrassé, et je suis toujours confus.

Après tout ça, tout ce que tu vas dire c’est “arrête de m’embêter”. Sérieusement… ?



En fait, Sarawat a le culot de rester. Je ne peux rien dire, je le laisse s’allonger sur mon lit et jouer à un jeu sur son téléphone. A la fin, je perds patience et je le tapote.

— Quand est-ce que tu vas partir ? Je suis fatigué.

— Je reste.

Ce n’est pas la bonne réponse ! Oh, mon cœur !

— Comment peux-tu être aussi sans-gêne ?

Je tends la main, avec l’intention de le frapper à nouveau. Mais son regard et ses mots me poussent à la retirer immédiatement.

— Tu vas le faire ?

Je… Non.

Je ne vais pas le faire… Bon sang ! Je ne sais pas pourquoi il me fait hésiter.

— Apprends-moi à taper correctement, dit-il soudain.

— Quoi ?

Je me tourne vers lui. Il est toujours allongé sur le dos, son téléphone dans les mains. Je ne comprends sérieusement vraiment pas ce qui se passe dans sa tête. Je me demande parfois si les filles seraient en colère contre lui si elles devaient un jour savoir comment il est vraiment.

— Je fais toujours des fautes de frappe. Comment je fais pour les corriger ? répète-t-il.

Je reste impassible.

— C’est facile. Il suffit de se couper les doigts.

— Je ne peux même pas expliquer à quel point cette réponse était stupide.

Merde ! Se faire poignarder par ses mots fait plus mal qu’un coup de pied au visage.

— Vérifie juste avant de l’envoyer. Essaie de taper ton nom.

Ou est-ce trop difficile avec tes doigts de saucisse ?

Je regarde Sarawat tapoter son écran un caractère à la fois. Il est lent comme la mélasse. Je comprends soudain pourquoi il déteste les réseaux sociaux.

Il lui faut presque cinq minutes rien que pour écrire son propre nom. En fait, j’ai oublié ce que je lui ai demandé d’écrire. Comment ça peut prendre autant de temps ? Si jamais il faisait ses devoirs sur son téléphone, je renaîtrais cinq fois dans le temps qu’il mettrait à finir.

Quoi qu’il en soit, Sarawat est Sarawat. Je prends son téléphone pour regarder…



“Saraway Huntjutanpn”



Ok, j’ai besoin d’un moment pour me ressaisir. Il vient d’inventer sa propre langue ou quoi ?

— Jésus Christ ! Tu tapes comme un bébé. Allez, quand tu finis de taper, vérifie ce que tu as écrit. Ça devrait être un T, pas un Y, non ? Corrige-le simplement. Facile !

Je lui rends le téléphone et il hoche la tête en reconnaissance de mes instructions. Il tapote à nouveau sur son écran, mais dit ensuite :

— Je n’y arrive pas.

Je me penche. Il semble vraiment incapable de le faire. Il a de gros doigts. Lorsqu’il a essayé de corriger son nom, il a fini par appuyer sur Y au lieu de T. Lorsqu’il a essayé de le corriger, il a appuyé sur G.

Pour Sarawat, corriger son nom semble encore plus difficile que de le taper à nouveau.

— Il suffit de taper le mot. Ça te permettra de le corriger.

— J’ai essayé. Je ne peux vraiment pas faire ça.

— Ok, j’ai une idée. Tu dois télécharger une application clavier.

— Comment ?

— Sur ton App Store, évidemment.

— Fais-le pour moi.

Moi ? Vraiment ?

Je n’objecte pas, mais au lieu de ça, je prends son téléphone pour télécharger l’application. Je suis fatigué de toutes ses stupides fautes de frappe.

— Donne-moi le mot de passe de ton identifiant Apple.

— C’est quoi ça ?

— C’est le mot de passe que tu as utilisé pour t’enregistrer pour cet iPhone.

— Je ne m’en souviens pas.

— Merde ! Oublie ça. Continue à taper comme tu l’as toujours fait.

J’abandonne l’idée de l’aider parce que je suis à court d’idées. Au lieu de cela, je l’ignore alors qu’il commence à envoyer un autre message sur son téléphone. Je m’allonge, fermant les yeux et ne me souciant pas de savoir si les lumières sont encore allumées ou non. Il est déjà une heure du matin et je suis fatigué. Qu’il soit dans la pièce ou non, je vais juste dormir. Je suis presque sûr qu’il ne va pas profiter de moi de toute façon.

Ou attends ! Est-ce qu’il ferait vraiment ça ?

Sarawat me tapote le bras. Je gémis.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Lis ça, s’il te plaît. Je n’arrive jamais à le faire correctement.

Je tends la main pour attraper son téléphone et regarde l’affichage des mots mal orthographiés.



“Braux rêbes”



Beaux rêves ? C’est ça ? Putain de merde !

— Je ne le ferai pas, vraiment. Je pense que je vais faire des cauchemars.

— Tu rêves de toi ?

— Arrête. De toi, pas de moi.

— Alors rêve de moi ce soir.

— Ugh.

Nous sommes tous les deux silencieux pendant un moment. Puis Sarawat parle.

— Je suis tellement heureux en ce moment.

— … !!

J’ai soudainement l’impression que mon corps brûle de la tête aux pieds. Je pourrais même prendre feu. Il n’a rien dit de fou, et pourtant mon cœur bat à nouveau la chamade.

Je ne ressentirai jamais la même chose que toi, jamais !

Mais alors pourquoi est-ce que je souris ? Je souris…



— Hé ! Tine ! Est-ce que tu m’écoutes ?

— Q-Quoi ?

Puek me crie dessus, essayant de me faire revenir à la réalité. En fait, je n’ai pas entendu un mot de ce que le Star Gang a dit parce que je n’arrête pas de penser à Sarawat.

— Zut ! Je viens de demander pourquoi Sarawat est venu ici.

Vous voyez ? Même si je le chasse de mes pensées pendant une seconde, il revient en force.

— Euh… Il est juste venu récupérer son maillot. Il m’a demandé de le laver.

— Pourquoi ferait-il ça ?

— Je ne sais pas non plus ! Arrêtez de m’interroger.

— On ne fait que demander, mais regarde comment tu te comportes, tu te comportes comme une maîtresse qui a été prise en flagrant délit.

— Je ne le suis pas ! Ce n’est rien.

Il n’y a rien entre Sarawat et moi ! Si vous ne me croyez pas, alors venez, regardez dans mes yeux ! Ils ne mentent jamais !

— Rouler des yeux comme ça te fait ressembler encore plus à un menteur.

Mince ! Ohm, pourquoi tu me trahis comme ça ? Argh !

— Je ne mens pas.

— Très bien. Si tu le dis. J’ai vu le commentaire sur Instagram à l’instant, mais il n’y a rien entre toi et lui, c’est bien ça ?

Je hoche la tête avec insistance.

— C’est vrai !

— C’est normal ! Tous les amis font ça.

— Oui, c’est ce que je viens de dire !

— Ceux qui soupçonnent autre chose se trompent complètement ! C’est tout à fait normal que des amis dorment ensemble !

— Mhm.

— Tous les amis sont jaloux - et se font des câlins sur le lit et se suivent partout, c’est pas vrai ?

— Uh-huh.

— Et aussi, c’est tout à fait normal que tes oreilles deviennent rouge vif quand tu parles de tes amis, non ?

— Ouais, c’est totalement normal !

— Arrête ça.

— Quoi ?

— Arrête ces conneries ! Si vous vous aimez bien, dites-le. Bon sang.

Mon souffle se bloque dans ma gorge. Je regarde fixement mes amis qui se lèvent pour partir. J’aimerais pouvoir me lever et leur botter le cul, mais je ne peux pas.

Je ne peux pas, parce que tout ce qu’ils ont dit est vrai. Je cherche rapidement quelque chose sur Google.

Comment se débarrasser des oreilles rouges



J’en ai marre de tout ça. Le Star Gang m’a taquiné toute la journée, et tout ce dont mon cerveau semble capable, c’est un manège de Sarawat, Sarawat, Sarawat. Au moins, j’aurai le Club de Musique plus tard pour m’empêcher de trop penser à lui.

Sarawat n’est pas là aujourd’hui non plus. Il doit encore s’entraîner avec Sssss..! pour le concert. Je dois enregistrer la prochaine vidéo pour les seniors.

Dès que j’ai terminé, je me lève avec l’intention d’aller chercher Prae, mais pour une raison quelconque, mes pieds ne bougent pas. Je dois devenir fou, mais la demande de Sarawat de ne voir personne d’autre m’empêche de bouger. Il m’a dit de ne même pas traîner autour de ses amis, mais comment puis-je le faire quand ce sont eux qui m’approchent ?

Man-oh-Hum marche vers moi avec une attitude comme s’il était une célébrité sur le tapis rouge. Pourquoi doit-il toujours être aussi bizarre ?

— Oh ! Tu es là ! Je pensais que tu étais déjà parti !

— Qu’est-ce que tu veux ?

Je lui crie dessus. Je n’ai pas envie de lui parler. Il va juste m’attirer des ennuis à nouveau.

— Tu veux aller voir un concert ce soir ?

— Quel concert ?

— Les Sssss..! se produiront dans notre bar habituel ce soir ! On va aller voir Sarawat. Tu en es ?

— Non.

— Tes amis ont déjà dit oui pourtant.

— Quoi ? Quand ?

— Il y a un instant. Donc tu vas devoir venir. C’est à neuf heures et demie, alors tu as intérêt à être là à neuf heures pile !

Il penche son visage près du mien avant de siffler et de partir.

Je comprends très bien que ce n’était pas tant une question qu’un ordre.

J’envoie un message au Star Gang pour vérifier, mais il s’avère que Man-Oh-Hum avait dit la vérité. Je rentre à la maison, termine le dîner et me dirige vers le bar. Je m’assure de ne pas oublier le portefeuille et le téléphone qui doivent être rendus à leur propriétaire.

Mes trois chers amis et les Lions Blancs sont tous là. Des bouteilles de bière sont éparpillées sur leur table. Même si je salue tout le monde, personne ne mentionne Sarawat ou Instagram. Cette politesse soudaine est presque aussi agaçante que leurs taquineries habituelles. Je suis trop léger pour boire beaucoup, même si les Lions blancs semblent comploter pour me rendre complètement ivre.

— Où est Sarawat ? Il est presque neuf heures et demie !

Fong continue de demander, mais personne ne connaît la réponse. Je commence à douter que Sssss..! va se montrer. Je n’ai vu aucun d’entre eux. De toute façon, je préfère continuer à parler et à boire plutôt que de voir le concert.

— Hé ! Tout le monde ! Nous sommes les Sssss..!

On dirait qu’ils sont venus. Les lumières de la scène changent et tout le monde dans le bar commence à applaudir. Je reconnais le chanteur de la Freshy Night.

— Aujourd’hui est un petit avant-goût pour la première partie du concert de Scrubb de samedi ! Ne le manquez pas !

— Je ne le manquerai pas !

— Woooooo ! Sarawat !

— Mon amour ! Je suis là !

Les filles qui crient doivent être le groupe des femmes de Sarawat. Sarawat porte un t-shirt noir et un jean déchiré. Les projecteurs caressent ses traits. Il ne prête aucune attention aux filles qui crient, les yeux tournés uniquement vers sa guitare. C’est comme si c’était une personne complètement différente de celle avec laquelle j’étais la veille - aucun soupçon du type grossier et sans vergogne que je connais. Tout ce qu’il a à faire, c’est de respirer et les filles se jettent sur lui. Je me demande si ça a toujours été comme ça pour lui.

— Je veux que vous dansiez tous sur cette chanson ! Allez, bébé ! Dansez !

La piste est bondée de jeunes enivrés dès qu’ils jouent la première chanson - Dancing des Musketeers. Mes amis et les Lions blancs dansent autour de nos tables, bières à la main, en faisant tinter leurs verres avec ceux des filles, et me laissent regarder Sarawat tout seul.

Les garçons et les filles ont leurs mains sur lui. Ce n’est pas que ça me dérange en soi, mais je n’aime pas regarder ça. Je soupire à chaque fois qu’ils le font.

Alors que la chanson est sur le point de se terminer, Sarawat tourne la tête vers ma table et je croise son regard sans hésitation. Il n’y a aucune émotion sur son visage.

Les Sssss..! continuent de jouer une chanson après l’autre. Je n’en connais aucune, et je garde mon attention sur mes boissons et sur le seul Lion blanc qui reste à côté de moi pour me faire continuer à boire.

— Hé, Tine ! Encore un ! s’exclame-t-il en me versant un autre verre de bière.

— Pas plus ! J’ai fini, je ne veux pas me soûler !

Je refuse. Je ne veux pas finir par perdre le contrôle comme je l’ai fait la dernière fois.

— Allez, juste un peu.

— Dis à Ohm de boire avec toi à la place ! Hé, Ohm ! Viens ici !

— Non. Aujourd’hui, je vais rester raisonnable.

Oh, c’est comme ça ? Tu me laisses juste mourir ici ?

— Dis-moi la vérité, tu essaies de me faire boire ?

— Comment tu le sais ? Sarawat m’a donné 3.000 bahts pour te faire boire. Tu es déjà ivre ?

Je me tape presque la paume de la main sur le visage. Je ne suis peut-être pas encore ivre (ou du moins je ne pense pas l’être), mais ce type l’est définitivement. Je doute qu’il était censé me le dire. Quel genre de plan diabolique est-ce là ?

Sachant qu’ils essaient tous de me saouler, je refuse d’en boire plus. Il est déjà dix heures et demie et le groupe joue toujours.

— La prochaine chanson n’est pas celle que nous allons jouer ce samedi, mais Sarawat lui-même a demandé que nous la jouions ! Qu’est-ce que vous en pensez ?

Toutes les filles gémissent encore plus fort dans un désir uni pour Sarawat lorsque son nom est mentionné.

— Je veux dédier cette chanson à quelqu’un qui ne sait pas chanter.

— Moi ! C’est moi ! crie désespérément quelqu’un sur la scène et il sourit avant de poursuivre. Veuillez me pardonner si je me trompe dans les paroles.

Autour de moi, les gens crient encore, mais je ne peux pas détacher mes yeux de l’homme qui joue de la guitare. Sarawat a demandé cette chanson. Je ne connaissais aucune des autres chansons qu’ils ont jouées jusqu’à présent, mais ce n’est pas possible…

Je refuse de croire que quelqu’un sur scène jouerait une chanson pour moi.



“Des millions d’étoiles flottent dans le ciel.

Est-ce que certaines d’entre elles flottent toutes seules ?

Refusant de graviter autour de quoi que ce soit

Non, je n’en ai jamais vu une seule

Tu dis que mon étoile est loin

Mais toutes les étoiles sont éloignées les unes des autres.

Je pense que ton étoile est comme ça,

Alors ne comptons pas les années-lumière qui nous séparent.



Quand les étoiles orbitent et se rencontrent

La saison change et l’orbite aussi.

Quand toi et moi nous nous sommes rencontrés, nos vies ont changé

Ça a changé - nos cœurs orbitent l’un vers l’autre.(1)”



Je connais cette chanson par cœur et elle me donne envie de danser.

J’enroule mon bras autour du cou de Puek et le fait chanter avec moi. Je jette quelques regards vers Sarawat, mais il ne croise pas mon regard avant le refrain.

— Puek ! Chante ! Chante avec moi !

— Aah…

— C’est le refrain !



“Tu tournes autour de moi, je tourne autour de toi.

Mais les deux étoiles continuent de tourner toutes seules.

Tu me tires vers toi, je te tire vers moi,

Et les deux étoiles brillent magnifiquement l’une pour l’autre.”



— Oh mon dieu ! Mon Sarawaaaaat !

— Sarawat m’a tué !

— Je suis en train de mourir !

Sarawat tue tout le monde ici. Toutes les filles remercient les dieux d’avoir réussi à filmer Sarawat à ce moment précis.

Il sourit.

Peut-être que si je me retourne, je verrai que c’est à quelqu’un d’autre qu’il sourit, mais je ne le fais pas. Au lieu de cela, je sens mon cœur battre hors de ma poitrine alors qu’il verrouille ses yeux avec les miens pendant un long moment.

— Oh, mon gars ! Tu es méchant ! Haha !

Man-Oh-Ho de l’enfer se lève pour me sourire, puis il rapproche mon visage et pose ses lèvres sur mon front.

— Désolé, mec ! Je veux juste faire chier quelqu’un.

Dégueulasse !

Tout le monde applaudit à la fin de la dernière chanson. Sarawat passe la sangle de sa guitare par-dessus sa tête et quitte la scène. Il se dirige vers notre table, mais une fille l’arrête à mi-chemin pour l’entraîner vers la sienne. De jolies filles essaient de lui faire des câlins et l’une d’elles lui tend une bière. Cette vue me met en colère et je décide de ne pas faire attention à lui et de boire ma bière.

Même s’il a réussi à arriver ici brièvement, dix minutes plus tard, un tout autre groupe de filles a emmené Sarawat à sa table. Mince ! J’en ai marre de tout ça !

— Excuse-moi, tu es Tine ?

Je me retourne pour regarder quand un grand type à la peau pâle m’adresse la parole. Il porte une chemise noire. Je ne le reconnais pas.

— Hm ? Tu me connais ?

Je fronce les sourcils en le regardant.

— Tu es un cheerleader de l’équipe universitaire. Tout le monde te connaît.

— Oh…

L’inconnu prend une chaise d’une autre table et la place à côté de moi. Il reçoit de nombreux regards assassins, notamment de la part des Lions Blancs présents à la table.

— De quoi as-tu besoin ?

— Donne-moi ton numéro.

— Quoi ?

Big, Boss, Tee, Theme et Man crient tous en même temps. Je ne dis rien, effrayé par l’horrible constatation qu’un type vient de me demander mon numéro de téléphone.

— Euh… Je ne te connais pas.

— Pourquoi pas ton Line ? Je veux apprendre à te connaître.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Mon ami est vraiment méchant. Pas lui, quelqu’un d’autre.

Boss est tellement bouche bée que ses yeux peuvent exploser à tout moment. De sa table, Sarawat nous regarde manifestement, mais son visage est impassible. C’est impossible de dire ce qu’il pense.

— Oh… Tu sors avec quelqu’un ?

— Nope !

Je nie rapidement. Je n’ai fait que flirter avec Prae.

— Eh bien, alors donne-moi ton identifiant LINE.

— Euh, je n’utilise pas vraiment LINE.

— Alors que dirais-tu d’un selfie ensemble ?

— Euh… Ok.

Uggh ! Ce n’est pas seulement Sarawat qui me fixe maintenant, mais tout le monde à notre table. Ce n’est pas qu’ils ont tous l’air en colère, la plupart d’entre eux me sourient simplement.

— Super ! Regarde l’objectif.

CLIC !

— Merci !

Il se lève pour partir après avoir pris la photo, revenant vers un groupe de cinq ou six gars qui me font tous des signes de la main quand je regarde. Je tourne rapidement mon regard vers la bière que je tiens dans mes mains. Je ne sais pas trop quoi faire. Mince ! Comme si Sarawat ne suffisait pas, ces derniers temps, tant de mecs me draguent que je commence à perdre le compte.

— Hey ! L’infâme guitariste ! Tu es enfin de retour ?

Sarawat est revenu à notre table. Il s’assied sur la chaise à côté de moi. On ne parle pas, on boit juste nos bières. Il me rend nerveux.

— Tu vas avoir des ennuis ! Tine !

— Quoi ?

— Laisse-moi voir, oh merde !

Tous mes potes regardent Ohm dès qu’il crie mon nom. Il a trouvé une photo avec cet endroit marqué.



Shakemil Avec le cheerleader de l’équipe universitaire.



Beaucoup de commentaires apparaissent en dessous.



NinkNink Mil, tu as l’IG de Tine ? Voilà @Tine_chic

1994Meo Whoa ! Quelle chance !

Shakemil @1994Meo Il est si mignon.

Peat_lil Tu vas le draguer ?



Ouah ! C’est comme un flux en direct. Tout à coup, les gens sont beaucoup plus intéressés par leur téléphone que par la boisson ou la conversation.



DING ! DING ! DING !



Bigger330 Oh, Tine ! Tu es très photogénique !

i.ohmm mon ami est si cooool

Boss-pol tu essaies de draguer mon ami ? Fais gaffe à toi.

Man_maman ce n’est pas facile. tant de chiens de garde ! hahaahahaa

KittiTee Calme-toi mon garçon, pas besoin de paniquer.



Je vais mourir.



Sarawatlism …



Vous voyez ça ? Il n’a tapé que trois points, mais je sais que quelque chose est sur le point de se passer - quelque chose de grave. Je me retourne pour le regarder. Sarawat regarde son téléphone sans bouger. Merde ! Pourquoi est-ce que ça me fait peur ?

— Il m’a juste demandé de prendre une photo avec lui.

J’essaie d’expliquer, même si je ne sais pas pourquoi. Je me sens juste inquiet.

— Et tu l’as laissé faire.

— Allez ! C’est juste une photo ! Tu t’es vu ? Toutes les filles des tables 10, 12, 27 et 13 t’ont serré dans leurs bras et t’ont offert des boissons mais tu ne m’entends pas me plaindre !

— Tu te souviens de leurs numéros de table ?

— Euh, je devine juste.

— Je n’ai rien bu et je n’ai laissé personne me faire un câlin, d’accord ?

— Ouais, c’est ça.

— Je ne te laisserai plus venir ici.

Sarawat pose son téléphone pour continuer à discuter avec moi.

— Eh bien, je ne te laisserai pas venir ici non plus.

— Si agaçant.

— Toi aussi.

— J’en ai marre de ça.

— Moi aussi !

— Tu sais pourquoi j’ai dit ça, n’est-ce pas ?

— Tu sais pourquoi j’ai dit ça ?

— Je suis jaloux.

— Ouais, moi aussi.

— Bon. Rentrez tous chez vous !

— …

— Les gars, ne vous inquiétez pas, c’est juste une querelle d’amoureux, dit Man-Oh-Hum et ça fait partir tout le monde d’un coup.

Sarawat et moi restons seuls.

Qu’est-ce que je viens de dire ? Je suis vraiment… jaloux ?

Oh, mon cœur…

Notes :
1/ “Ter Moon Rop Chun Chun Moon Rop Ter” (Tu Tournes Autour de Moi, Je Tournes Autour de Toi) de Scrubb

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Chapitre 13
(b)romance
“Désolé… désolé de t’avoir fait maaaaal !(1)”



— Argh ! Change de chanson ! Mes oreilles vont saigner !

C’est peut-être le son le plus horrible que j’ai jamais entendu, et il est produit par le Star Gang et les Lions Blancs de Sarawat. Putain de merde !

Au lieu de rentrer chez nous, nous sommes venus ici parce que tout le monde a insisté pour s’amuser un peu plus longtemps.

Est-ce que c’est amusant, ça ?

Je préférerais rentrer à la maison. J’ai accidentellement dit à Sarawat que j’étais jaloux. Je n’ai pas vraiment le courage de rester près de lui maintenant. Ses amis me taquinent et n’arrêtent pas de parler de lui et je veux juste m’éloigner d’eux. Au moins, maintenant qu’ils sont aussi ivres, ils sont plus concentrés sur la chanson que sur le fait de m’embarrasser.

Je jure que j’étais juste ivre ! Rien de tout ça n’était vrai, c’était juste un accident !

— Tine, encore un !

Theme essaie toujours de me saouler. Il ne se soucie de rien d’autre - pas même de chanter - à cause des 3000 bahts de Sarawat. Il est prêt à tout pour verser de la bière dans mon verre.

— Non ! Arrête !

Je ne suis peut-être pas un imbécile bavard comme les autres, mais ça ne veut pas dire que je veux boire plus.

— Juste un verre de plus.

— Il t’a dit d’arrêter, m’interrompt une voix familière.

Il se rapproche de moi, m’obligeant à me déplacer sur le bord du canapé.

— La mission n’est toujours pas terminée.

— Tiens.

Sarawat sort son portefeuille de la poche arrière de son jean hors de prix. Il passe 3 000 bahts à son ami.

C’est le pire ! Il a déjà comploté pour me faire boire, et maintenant il paye même son complice sous mes yeux.

Sarawat et moi sommes côte à côte dans un coin de la pièce. Il étend ses jambes sur le canapé pour nous séparer des autres, et je reste assis, sans rien dire. Lorsque Man laisse tomber son micro et s’assoit entre Sarawat et Theme, les jambes de Sarawat les tiennent toujours éloignés de nous.

— Tine ! Santé ! dit Man et il me tend un verre de bière.

Je sais que je devrais juste le prendre, mais j’ai un peu peur du gars entre nous.

— …

Je ne réponds pas.

— Allez ! Pas de bière, pas d’encouragement.

— Il est déjà bourré, dit Sarawat à Man.

— Comment sais-tu s’il est ivre ou pas ? Envoie-le-moi ! Je veux le serrer dans mes bras.

Je ne peux pas entendre, mais je peux facilement lire sur les lèvres de Sarawat.

— Va te faire foutre.

Le sens derrière ses mots est très clair. Mais cela n’affecte pas Man, qui se contente de faire un sourire niais à Sarawat.

— Tu es jaloux ?

— …

— Tu es jaloux mais tu ne fais rien, quel amateur !

— Va te faire foutre.

— Si j’étais toi et que j’étais le mari de Tine, je suis sûr que je serais épuisé tous les jours.

PAF !

— Oooowwwwww !

Sarawat vient de dégager son ami du canapé. Man gémit assez fort pour étouffer le chant terrible de Fong. Tout le monde reste silencieux et surpris pendant un moment, puis ils éclatent de rire. Même moi, je ne peux m’empêcher de rire en voyant Man se frotter les fesses. Tout le monde prend des vidéos de lui.

— Je te déteste.

— Quoi ?

Je me retourne pour regarder Sarawat, confus.

— Pourquoi tu n’as pas évité Man quand il t’a embrassé sur le front ?

— Quand ?

— Arrête de faire semblant. Je l’ai vu.

— Oh, tu l’as vu ? Je pensais que tu étais trop occupé à laisser les filles mettre leurs mains sur toi.

— Je ne les ai pas laissées faire. Elles m’ont traîné. Bref, j’ai vu ce que tu as fait.

— C’était inattendu.

— Ne laisse pas ça se reproduire. Je suis jaloux.

— Arrête de dire ce mot.

— Je suis jaloux.

— Je vais te frapper.

— Je suis jaloux.

— De quoi vous parlez les gars ?

Puek se penche près de Sarawat et moi, et je lui adresse un regard noir.

— C’est pas tes affaires, bordel.

— Quoi ? Ah oui, j’avais oublié que je n’étais pas celui qui te plaisait. Au temps pour moi.

Merde ! Tu penses que tu es mignon ?

Je ne sais pas ce que je ressens. Je veux nier, mais quelque chose m’empêche de le faire. C’est un sentiment tellement bizarre.

Dix minutes plus tard, Man apporte une autre tournée de bières dans la pièce. Il semble avoir oublié que Sarawat l’a frappé. La plupart des autres sont toujours en pleine forme : pendant un moment, ils semblaient même vouloir plus chanter que boire. Mais cela n’a duré qu’un temps, et maintenant ils semblent tous collaborer pour que Sarawat et moi soyons également ivres. Ils puent tous l’alcool. Il est presque 3 heures du matin. Je veux rentrer chez moi.

Je n’avais pas prévu d’être aussi ivre que je le suis. C’est probablement à cause de Theme et des 3000 bahts de Sarawat, mais je commence à me demander s’il a payé tous les autres aussi.

Bon sang ! Je n’arrive même pas à marcher droit.

— Theme, lâche-le. Je vais m’occuper de lui.

— C’est bon. Je veux vraiment t’aider.

— Abruti.

— C’est toi l’abruti ! Je l’ai porté jusqu’ici en premier.

— Tu veux mourir ?

— Putain ! Ne sois pas si jaloux ! Voilà !

Le Lion Blanc me fait glisser de son dos et me jette sur Sarawat. J’ai envie de lui dire que je peux très bien marcher tout seul, mais je n’ai pas le courage de le faire.

Mes trois amis joyeux sont tout aussi bourrés que moi. Peut-être même plus, car ils ne semblent pas enregistrer quoi que ce soit autour d’eux.

— Et les amis de Tine ?

— Emmène-les dans ma chambre, s’il te plaît.

Je murmure parce que lorsqu’on est bourré, on finit toujours par tous rester au même endroit.

— Non. On va les emmener dans ma chambre. Ce n’est pas loin, dit un Lion.

— Ok ! C’est parti !

Man-Oh-Hum et ses amis acceptent tous sans me demander mon avis.

Nous nous séparons sur le parking car Sarawat et moi allons dans une autre direction que les autres. Je le laisse s’occuper de moi pour le moment.

Je mets du temps à comprendre qu’il me palpe le corps. Je gémis doucement et ouvre les yeux. Sarawat essaie de trouver mes clés dans mes poches. Pourquoi sa main est-elle là ? La poche n’est pas au milieu !

— Tu peux les trouver ? demandé-je.

— Non.

— Quand le feras-tu ?

— Quand je pourrai profiter de toi.

— Ordure.

Apparemment, c’était le mot de passe pour trouver ma clé. Sarawat me traîne à l’intérieur et me jette sur le lit. Hé ! Je suis un humain, pas un sac de patates !

Je ferme les yeux sous la lumière vive, ignorant volontairement tout. Je suis si fatigué et j’ai vraiment besoin de dormir. Quelque chose me dérange.

Sarawat essaie de faire quelque chose avec mon pantalon ! Mais qu’est-ce qui se passe ?

— Hé ! Qu’est-ce que tu fais ?

Mes yeux s’ouvrent, je réalise qu’il essaie d’enlever mon pantalon.

— Je l’enlève pour toi, dit-il sans sourciller.

— Non ! Arrête ça !

— Tu n’es pas mal à l’aise ? Enlève juste ton pantalon.

— JE VAIS BIEN.

Je crie, mais il s’en moque. Sarawat m’oblige à enlever mon pantalon, puis à retirer ma chemise également, ne me laissant qu’avec mon caleçon. Je ne fais que lui crier des insultes confuses. Je jure devant Dieu que je ne me soûlerai plus jamais.

— Arrête ça !

— Je sais.

— Je veux dormir !

— Bonne nuit.

C’est la dernière chose que j’ai entendue avant de m’endormir.



Quand je rouvre les yeux, il est déjà midi et j’ai la tête qui tourne. J’essaie de me rappeler ce qui s’est passé la nuit dernière. Il n’y a personne à côté de moi.

Je regarde mon téléphone et je trouve beaucoup d’appels manqués du Star Gang. Je les rappelle, à moitié parce que je suis tout aussi inquiet pour eux.

Ohm met du temps à décrocher.

— Salut.

— Ohm ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu m’as appelé ?

— Rien. Tu vas bien ?

— Euh, un peu étourdi, mais rien d’inhabituel. Pourquoi tu poses des questions stupides ?

— Ce n’est pas une question stupide, tu agis bizarrement. J’ai appelé pour demander si tu étais mort ou si tu avais déjà perdu ta virginité avec Sarawat. J’étais tellement bourré la nuit dernière, je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé.

— Qu’est-ce que tu veux dire par j’ai perdu ma virginité ? Je vais bien !

— Vraiment ? Je suis content ! J’ai vu la photo que tu as postée, alors j’ai pensé que tu avais transformé le petit ami de tout le monde en ton petit ami.

— Quoi ? Quand est-ce que j’ai posté une photo ?

— La nuit dernière.

— Je n’ai rien posté du tout.

— Tais-toi et jette un œil à la photo.

Ohm raccroche. De quoi est-ce qu’il parle ?

J’ouvre Instagram et je suis accueilli par près d’une centaine de notifications. La moitié d’entre elles proviennent de quelqu’un qui ne m’est que vaguement familier: ça doit être ce type qui m’a demandé mon numéro hier soir. Il a aimé toutes mes photos.

Le reste des notifications proviennent toutes de personnes que je ne connais pas. Je tape sur ma photo la plus récente, me figeant alors qu’elle s’affiche à l’écran. C’est une photo de moi.

Une photo de moi sur mon lit, allongé juste avec mon caleçon et un maillot de foot. C’est la couleur de l’équipe de sciences politiques. L’image ne montre pas le côté avec le nom dessus. Qu’est-ce que c’est que ça ? Je ne me souviens de rien de tout ça !

Comme si la photo elle-même n’était pas déjà mauvaise, la légende est pire.



Tine_chic jsuis prix et je be veix pas qu’ob me deague



Je-n’ai-pas-fait-cela ! Jamais ! Je ne posterais jamais une photo avec une légende comme celle-là !

Les commentaires viennent de mes amis et de ceux de Sarawat. Ils commentent comme s’il n’y avait pas de lendemain. Putain ! Foutez-moi la paix !



Man_maman wow ! c’est le maillot de Sciences Po !

Bigger330 ne supprime plus jamais ça !

Boss-pol quelqu’un revendique la propriété ?

KittiTee Je l’ai traduit par “Je suis pris et je ne veux pas qu’on me drague”, compris tout le monde ?

Thetheme11 continue comme ça mec !!

I.amFong Je pense que tu as besoin de t’entraîner à taper. Tu me fais penser à quelqu’un qui tape toujours comme ça

Bigger330 Awwwww. Je me demande si c’est “lui” qui a tapé ça ???

i.ohmm qu’est-ce que tu as fait à mon ami !!??

Man_maman je comprends, Tine, je ne te toucherai plus. Ce chien mord.

Boss-pol @Man_maman quel chien ? hehe

Man_maman je sais pas. demandons à ce type @Sarawatlism



Je reste longuement cloué sur mon lit, à lire les commentaires encore et encore. J’espère que “lui” viendra répondre à cette question. N’importe quoi est mieux que ça.

DING !

De nouvelles notification apparaissent. Je les parcours, mais rien de Sarawat.



Bigger330 yo mec ! nous avons besoin de porter le maillot pour le match de lundi. si tu ne l’as pas, s’il te plaît récupère-le.

KittiTee awwwwwww !!!! quelqu’un a-t-il laissé le maillot de notre équipe chez quelqu’un d’autre ? trooop terrible ! Le match a lieu ce lundi !!!!



Enfin, Sarawat a répondu.



Sarawatlism je vais le reprendre bientôt.

Man_maman @Sarawatlism aha ! le maillot de Tine sur la photo est le tien ?? ooh ! ce n’est plus un secret pour personne hahahaaaha



Je devrais me sentir mieux.

Au lieu de cela, j’ai envie de pleurer.

Mon cœur…



Quand le lundi arrive enfin, je suis bombardé de questions.

— C’était le maillot de Sarawat ?

Finalement, je dois expliquer qu’il l’a laissé dans ma chambre après que nos bandes aient traîné ensemble. Je m’assure d’insister sur le pluriel, ce qui apporte aux femmes de Sarawat un soulagement évident. Je ne suis pas seulement beau, je suis aussi intelligent. Je poste un statut sur Facebook:



Tine TheChic

Tant de filles m’ont envoyé des messages récemment. J’ai peur de ne pas pouvoir répondre à toutes parce que je suis juste méchant. C’est comme ça.



Le lendemain du jour où il a posté la photo, j’ai appelé Sarawat et je l’ai engueulé si fort que ses ancêtres ont dû le sentir. Sa seule réponse a été “je suis jaloux”. C’est pas vrai ! Tu pourrais au moins t’expliquer.

Peu importe si je m’énerve ou si je suis grossier, tout ce qu’il dit c’est “je suis jaloux” et ensuite il s’attend à ce que tout aille bien, c’est ça ? Eh bien, tu as tort !

L’après-midi, je passe au club de musique pour m’entraîner. Il n’y a que quelques personnes car apparemment tous les autres sont partis encourager Sarawat au match entre les Sciences Politiques et les Arts de la Communication.

Même si j’ai promis à Sarawat d’être présent à chacun de ses matchs, j’ai décidé de ne pas y aller. Je ne supporte pas l’idée d’attirer davantage l’attention en ce moment.

BAM !

La porte s’ouvre en claquant. Je me retourne pour voir P’Dim qui ressemble à une bombe à retardement.

— Où est passé tout le monde ? crie-t-il bruyamment alors que nous ne sommes que deux dans la pièce.

— Ils sont allés voir le match, réponds-je à la place de l’autre gars, qui semble vraiment timide.

— Bon sang ! J’en ai marre de ces enfants !

— D’accord.

Je n’ai pas l’intention d’engager une quelconque conversation. Je veux juste que tout le monde me laisse tranquille pour le moment.

— Pourquoi n’es-tu pas allé avec eux ?

— Je n’en ai pas envie.

— Tu ne veux pas aller l’encourager ?

— Hm ? Encourager qui ?

P’Dim secoue juste la tête, reportant son attention sur son téléphone pendant un moment. Puis il change de sujet.

— Je vais mettre en ligne vos vidéos, une par une.

— Tu les as déjà postées ?

— Nan, je le ferai quand mes sous-fifres auront fini de faire leur travail. Si vous avez fini pour aujourd’hui, n’oubliez pas de verrouiller la porte. Je frapperai tout le monde à la gorge demain quand ils reviendront.

Il est parti. Chaque fois que je le vois, je me demande pourquoi tout le monde autour de moi semble avoir un problème. Pourquoi je ne rencontre jamais de gens sains d’esprit ?

Je suppose que je suis la seule personne normale qui reste dans ce bâtiment.



Vingt minutes après le départ de P’Dim, je reçois une notification de l’Association des Music Lover sur Facebook. Je tape rapidement dessus pour voir les nouvelles vidéos. Seules certaines d’entre elles sont suffisamment intéressantes pour que je les regarde. Je n’arrive pas à trouver celle de Prae. Je n’ai pas vu Prae depuis le jour où Sarawat était en colère contre moi à la cafétéria, agissant comme un petit ami jaloux. Je me demande si elle est vraiment en colère contre moi. D’habitude, je fais en sorte de réparer rapidement mes erreurs si je mets mes copines en colère, mais pour une raison ou une autre, je n’ai pas vraiment envie de la voir en ce moment.

Je continue à regarder les vidéos jusqu’à ce que je trouve enfin la mienne. Oh là là. Quelle beauté ! Super chanteur aussi ! Ouah !

Le commentaire, par contre, c’est une toute autre histoire. Il n’y va pas de main morte - il est en fait inutilement vicieux si vous voulez mon avis.



“Si tu ne peux même pas faire un do, comment comptes-tu faire autre chose correctement ?”



P’Dim… Connard ! Son visage est vraiment la seule chose que ce gars a pour lui. Sa personnalité est complètement pourrie.

J’ignore facilement P’Dim en faveur des autres commentaires des filles et de mes amis qui me remontent le moral. Et puis je trouve enfin la vidéo de Sarawat.

J’espère enfin trouver une personne normale.

Bien sûr, il ne l’est pas. Seules ses jambes poilues et un petit bout de sa guitare sont dans le cadre, et la vidéo est inclinée de presque 45 degrés.

L’avantage de ne voir que ses vilaines jambes est que je peux me concentrer sur la chanson.

Il joue une chanson intitulée The Tunnel of Time d’un groupe appelé Inspirative que j’ai découvert il y a peu de temps. La chanson a une belle mélodie et il en a fait un arrangement cool - et il n’y a que dix secondes de chant. Petit malin, tu sais que ta voix n’est pas ton point fort. P’Dim fait tellement l’éloge de la vidéo que je me demande s’il est payé pour ça. Il termine par:



“Tu t’es tellement amélioré contrairement à quelqu’un d’autre qui fait toujours des fausses notes. S’il te plaît, aide-le.”



Il parle de moi ! Quel salaud !



Ça fait presque une heure que je suis dans la salle de musique à gratter ma guitare. Je m’ennuie. Aucun de mes amis ne décroche son téléphone quand je l’appelle, et l’autre gars ici me tourne le dos. Je décide de tuer le temps sur mon téléphone en attendant qu’il ait fini pour qu’on puisse fermer la pièce et rentrer chez nous.

Je zappe sans but, ne suivant pas assez de comptes pour qu’il y ait beaucoup de nouvelles choses à voir. Jusqu’à ce qu’une nouvelle photo apparaisse.



Boss-pol consolation nécessaire ! Mon ami a été blessé et maintenant il pleure @Sarawatlism



C’est une photo d’un Sarawat en sueur, assis sur le terrain, avec le même visage sans expression qu’il a toujours eu. Il ne pleure pas du tout. Mais…

Il saigne !

Merde ! Il est entouré de gens et son genou est couvert de sang. Je ne peux pas dire ce qui s’est passé rien qu’avec la photo. Je fais rapidement défiler la page pour lire les commentaires.



Amibabyliss @Sarawatlism Qu’est-ce qui ne va pas avec Sarawat ?

bell2882 les arts de la comm sont si durs ! Sarawat, s’il te plaît, reste fort !

Jener-ploy tellement de monde en ce moment ! mais je serai toujours là pour te soutenir Sarawat !

i.ohmm @Tine_chic tu peux venir ? Tous ses amis sont sur le terrain et personne ne s’occupe de lui.



J’ai envie de répondre à toutes les personnes qui ont commenté pour leur demander pourquoi aucune d’entre elles ne s’occupe de lui. Au lieu de cela, mes jambes décident de se lever et je remets ma guitare dans son étui, ordonnant à l’autre gars de s’occuper de la salle.

Je rejoins rapidement le terrain, essayant fébrilement de le trouver. Je me dirige vers les gradins dès que j’ai compris de quel côté se trouve l’équipe de Sciences Politiques.

Il n’y a pas beaucoup de monde, seulement leurs remplaçants qui encouragent l’équipe. Et puis le crétin que je cherchais, assis tout seul.

Tous les autres Lions blancs sont sur le terrain. C’est le milieu d’un match qui semble plutôt important. Personne ne prête attention à ce pauvre Sarawat.

— Hé, dis-je d’une petite voix quand je l’atteins.

— Alors maintenant tu te montres enfin.

Il fait la moue et je me sens immédiatement coupable. Ugh.

— Pourquoi n’as-tu pas été soigné ? Pourquoi tu l’as laissé saigner comme ça ? Où est le staff ? Où sont les femmes de Sarawat ? Où sont tes amis ? Pourquoi restes-tu assis ici ? Est-ce que ça ne fait pas mal ?

— Je suis juste tombé.

Il interrompt la cascade de mots de colère que je lui adresse.

— “Juste” ? On dirait que tu t’es fait écraser par un camion !

— J’ai juste raté la balle, calme-toi.

— Pourquoi je me calmerais ?

Je lui aboie dessus et je me mets à genoux pour regarder son genou. Il saigne toujours et il est couvert de saletés. Merde.

— Je leur ai dit que je le soignerai moi-même, me dit Sarawat en me tendant une trousse de premiers soins.

Pardon ? Quand ai-je dit que je le soignerai pour toi ?

— Pourquoi dois-je le faire ? Tu ne peux pas le faire toi-même ?

— Non. Ça fait vraiment mal.

— Arrête de faire semblant. Tu repousses toujours les gens quand ils veulent t’aider et dès que j’arrive, tu es comme ça, hein ? Que ferais-tu si je n’étais pas là en ce moment ?

— Je mourrais…

— Je parie que tu le ferais ! Tu vas probablement mourir bientôt.

Je verse de l’alcool sur un coton et essuie la blessure qui saigne, peut-être un peu plus durement que nécessaire.

— Oh ! Mon Dieu ! Ah, merde !

— Merde ! Ducon ! Arrête de gémir !

— Ça fait mal quand tu le nettoies.

J’ai juste envie de lui fourrer le coton dans la bouche. Il n’y a pas grand monde ici, et ils font tous attention au match au lieu de nous. C’est sympa.

— Où est l’antiseptique ? demandé-je après avoir fouillé dans la boîte.

— On n’en avait plus.

— Pourquoi tu t’es blessé alors qu’il n’y avait plus d’antiseptique ?

— C’est de ma faute ?

— Oui ! C’est ta faute si tu t’es blessé.

— Je sais que tu t’inquiètes pour moi. Mais je vais bien.

Ok. Pas d’antiseptique, donc je vais devoir me contenter d’alcool.

— Tes mains tremblent.

J’arrête ce que je fais pour lever les yeux vers lui.

— Peut-être que j’ai peur du sang.

— Je tremble aussi en ce moment, dit-il.

— Tu ne trembles pas.

— Mon cœur si.

— Tu as probablement bu trop de café.

— Tu as peut-être raison…

— …

— C’était un café noir, je pense.

— Mmh, ouais, et je crois que j’ai vraiment peur du sang.

Oh, mon cœur…



Le concert “Play Together” avec Scrubb est à 8 heures dans le stade couvert. Le Star Gang, les Lions Blancs et moi sommes tous ensemble ici. Nous regardons les événements sur la scène principale que le comité des étudiants a arrangée. Aujourd’hui est un jour spécial, car les personnes extérieures à l’université sont autorisées à venir voir le concert. Il y a beaucoup d’étudiants d’autres universités.

Je n’ai pas vu Sarawat depuis le match de football d’il y a trois jours. Il s’est terminé par un score de 1-1. Il m’avait dit qu’il devait s’entraîner avec le groupe avant le concert d’aujourd’hui et je ne voulais pas le déranger. Et pourtant, je suis ici aujourd’hui juste pour voir comment il va. Quand suis-je devenu sa deuxième maman ?

Je suis arrivé au premier rang, attendant que Ball et Muey apparaissent. J’ai mis un t-shirt Scrubb pour l’occasion, mais je sais que cela va prendre du temps avant qu’ils ne montent sur scène.

— Tine, quand Sarawat sera sur scène, n’oublie pas de prendre des photos, d’accord ? me dit Man-oh-Hum, le meilleur ami de Sarawat.

— Pourquoi je dois le faire ?

— Parce que tu es sa femme. S’il te plaît, sois une bonne épouse !

— Man !

— Ok, c’est pas grave. Fais comme tu veux.

A contrecœur, je me prépare à prendre des photos de Sarawat quand même. C’est toujours comme ça, la personne la plus insignifiante est celle qui doit prendre des photos.

Nous attendons pendant des heures. Puis les projecteurs commencent à changer progressivement de couleur pour devenir bleu foncé et un léger son de batterie se répand dans le stade.

Nous tournons tous notre attention vers la scène, chacun d’entre nous ayant l’air d’attendre le résultat du loto. J’essaie de repérer un certain grand type, mais je n’arrive pas à voir son visage.

— Bonjour, tout le monde ! Nous sommes les Sssss..!

La voix profonde du chanteur salue le public en criant. Cela promet déjà une nuit sympa !

— Nous sommes les gagnants des Music Awards de l’université de l’année dernière ! Nous étions impatients de vous voir tous aujourd’hui !

— Yaaaaaaaaaaaayyyyyyyyy !

— Bon, maintenant je veux juste vous poser une question les gars - vous êtes prêts ?!

YEAH !

Les instruments se connectent tous les uns aux autres. Le public commence à sauter et à crier avec la chanson qui commence à être jouée.

Je reconnais la chanson de la nuit au bar. Aujourd’hui, c’est tellement différent - un grand stade, un éclairage magnifique… et Sarawat est superbe.

— Aaaaaaaah ! Sarawat !

Les spots baignent de lumière les visages des musiciens et les font ressortir à tel point que même Sarawat, qui se trouve à l’extrême droite, est bien visible. La guitare lui va bien. Je ne peux pas le quitter des yeux.

Il porte un t-shirt Scrubb, tout comme moi. Tous les autres membres du groupe portent une veste.

— Tout le monde, s’il vous plaît, chantez avec nous ! Sautez avec nous ! Allez les gars ! Se réveiller dans la ville troublée. Regarder le ciel, que cherchons-nous ? Le grand rêve que nous voulons atteindre…(2)

Tout le monde commence à s’amuser dès que la chanson commence. Je trouve mon téléphone et me dirige vers le côté de la scène pour prendre des photos de Sarawat. Je prends rapidement beaucoup de photos car je sais qu’il ne me remarquera pas pour le moment.

Au moment où je prends la dernière photo, je réalise que je suis complètement entouré de filles. Il y a beaucoup plus de filles ici, devant Sarawat, que partout ailleurs.

— Oh, mon Dieu ! Il est si beau ! Quel est son nom ? Je dois le savoir.

— Regarde ! Il nous regarde ! Oh mon Dieu !

Leurs cris forts me font lever la tête. Sarawat regarde par ici.

— Putain ! Tellement sexy ! Allons le séduire !

Il est évident, d’après leur conversation, que ces filles ne sont pas des étudiantes de cette université, car tout le monde ici sait qui est Sarawat.

Maintenant, il va être célèbre dans toutes les universités de la région. Je suppose que je devrais l’envier, mais ce n’est pas ce sentiment qui me noue l’estomac.

Je ne veux pas qu’il connaisse les autres et je ne veux pas que les autres le connaissent.

— Je vais t’emmener le rencontrer dans les coulisses.

— Vraiment ?

— Bien sûr ! Ne t’inquiète pas. Tu es si belle.

Pendant une seconde, je suis tellement pris dans mes pensées que j’en oublie la réalité, jusqu’à ce que je réalise soudain que j’ai été poussé dans le coin le plus éloigné de la scène. Et vous savez quoi ? Je suis toujours en train de le regarder.

Il a probablement utilisé la magie noire sur moi.

Quand la première chanson se termine, la seconde commence. Et ainsi de suite - le groupe ne présente pas ses membres, mais continue à jouer. Et moi, qui ne connais aucune autre chanson que Scrubb, je suis juste debout dans un coin sans pouvoir voir clairement la scène.

Après la dernière chanson, les Sssss..! prennent un long moment pour remercier le public. Certains crient le nom de Sarawat, d’autres demandent aux membres de se présenter. Bien sûr, Sarawat laisse tomber sa guitare et quitte la scène dès qu’ils ont terminé.

Je me force à chasser Sarawat de ma tête et à me concentrer sur le fait que mon groupe préféré va monter sur scène d’une minute à l’autre. Puis les lumières s’allument et ils sont là. Pendant un instant, j’oublie tout en criant sans réfléchir.

— Salut, tout le monde !

— Wheeeeeeeeew !

Je suis en train de mourir ! Dès que je vois Muey et Ball sur la scène, j’essaie de me frayer un chemin dans la foule pour m’approcher. C’est inutile, je ne peux pas bouger et je ne vois rien.

Merde ! C’est ta faute, et uniquement la tienne ! Tu m’as fait penser à toi tout le temps et je n’ai même pas réalisé que j’étais poussé jusqu’ici !

Je suppose que même si je ne peux pas me rapprocher de la scène, être ici est suffisant. Être capable de regarder le concert est tout ce dont j’ai besoin.

Je sens soudain quelqu’un se tenir à côté de moi.

Je me retourne pour reconnaître son t-shirt blanc Scrubb et son jean 25oz. Il hausse les sourcils et prend la liberté de me tenir la main sans rien demander.

— Comment m’as-tu trouvé ?

— Je te vois toujours.

— Vraiment ? Et moi qui pensais que tu flirtais avec les filles qui te demandaient ton numéro.

— Comment tu le sais ? demande-t-il en gardant son sérieux.

— Eh bien, tu es un beau garçon.

— C’est vrai.

— Tu leur as donné ton numéro ?

— Non, tu es plus important. C’est pour ça que je suis là.

— Pourquoi ? Je suis si important ?

— Je suis inquiet.

— …

— Que tu demandes à quelqu’un de coucher avec toi.

— Va te faire foutre !

J’ai envie de m’engueuler avec le gars, mais je me calme en serrant sa main, et il serre la mienne en retour plus fort que je ne l’ai fait avec lui.

Arrête ça ! Ça fait mal !

— Cette chanson me rappelle cet endroit parce que je l’ai écrite quand je vivais à Chiang Mai. C’est…

Muey n’a pas fini de parler, mais je sais ce qu’il va dire.

— See Scape.

— Tu connais cette chanson ? me demande Sarawat.

— Yep. Il l’a dit l’année dernière aussi, mais à Bangkok.

— Où ?

— Université Silpakorn.

Il acquiesce. Ce concert était incroyable. Je me souviens encore du sentiment que j’ai eu en le regardant.

— C’était bien ?

— Tellement amusant ! J’étais sur un petit nuage.

— Je sais.

— Comment ?

— Je peux le dire en regardant ton visage maintenant.

— Mmh. Mais à ce moment-là, j’étais juste à côté de la scène. Regarde Muey et Ball ! D’ici, ils ne sont pas plus gros qu’une crotte de nez.

— Tu veux les voir plus clairement ?

— Bien sûr que oui.

— Monte, dit Sarawat en s’agenouillant au milieu de tous les gens qui nous entourent.

Il me regarde et tapote doucement son épaule.

— Allez ! Ne fais pas ça.

— Monte, fais-moi confiance. Je ne te laisserai pas tomber.

— Ce n’est pas de ça que j’ai peur, mais… tu es sûr que tu veux que je monte sur ton dos ?

— Allez ! Dépêche-toi ! C’est bientôt le refrain.

Je jette un regard hésitant sur son visage avant de balancer mes jambes sur ses épaules. Il se lève lentement. Je peux voir le paradis maintenant, juste en face de moi. C’est comme un rêve.

— Oh mon Dieu ! C’est tellement bien !

Je pose mes mains sur la tête de Sarawat pendant une seconde avant de les lever pour les balancer et chanter en même temps.

See Scape est terminée, remplacée par Answer. Puis Close, Get Along, Our Song, You Orbit around Me, I Orbit around You, Together… ils jouent beaucoup de chansons.

Enfin, ils arrivent à leur dernière chanson. La chanson que moi, Sarawat et tous les autres chanteront à tue-tête en espérant que nous pourrons nous revoir bientôt.

Sarawat me fait descendre juste au moment où la dernière chanson va commencer.

— Je dédie cette chanson à tous ceux qui tombent amoureux. On peut se demander si c’est de l’amour ou pas. Mais ce n’est pas important - il suffit de lâcher prise, de tout oublier et de regarder la personne à côté de soi. De quoi ont-ils l’air maintenant ?

— …

— Est-ce qu’ils vous sourient ?

— …

— Est-ce qu’ils vous regardent dans les yeux ?

— …

— Est-ce qu’ils vous tiennent la main ?

— …

— S’ils font ça, chantons cette chanson ensemble.

Tout le monde crie de tout son cœur pendant que les instruments jouent. Le rythme doux me donne l’impression de flotter dans le ciel.

Je ressens chacune des paroles de Muey à cause du gars à côté de moi.



“Au fond de nos cœurs, nous savons tous deux si bien,

comment chaque minute a une histoire

que toi et moi devrons affronter.

Les jours ont passé mais nous sommes toujours ensemble.

Cherche-le dans chaque sentiment que nous avons.

Au fond des sentiments que nous connaissons tous les deux.

Ils flottent autour de nous. Je veux aller les chercher.”(3)



Je ne suis pas intelligent. D’habitude, je ne comprends pas grand-chose à ce qui se passe. Tout ce que je sais, c’est que ses yeux sur moi en ce moment font trembler mon cœur.

Nous ne parlons pas. On se regarde juste et on chante jusqu’au dernier couplet.



“Peut-être à cause de ces moments que nous avons passés

ou peut-être les émotions qui ont fait battre mon cœur.

Les vieux souvenirs sont clairs comme le jour,

les moments qui nous ont liés.

Au moins, je t’ai à mes côtés et je comprends,

peu importe le temps que ça prendra, tout ce dont j’ai besoin c’est toi et moi.”



Le dernier son que j’entends est la voix de Muey. Je comprends enfin Sarawat.

— Et tous ceux qui ont souri, t’ont regardé, t’ont tenu la main depuis le début de la chanson et jusqu’à maintenant. C’est tout…

— …

— C’est l’amour.



Je suis de retour dans ma chambre, allongé sur le lit et je me sens épuisé. Je n’ai pas envie de bouger, alors je reste immobile et j’écoute le son des notifications.

Je ferme les yeux pendant un long moment avant de prendre mon téléphone pour ouvrir Instagram. Je ne fais pas vraiment attention au début, mais je me contente de faire défiler sans réfléchir. Ce sont surtout des vidéos du Star Gang et des Lions blancs en train de danser au concert. Puis je regarde enfin mes notifications, voyant des alertes de Man-Oh-Hum m’ayant tagué dans une section de commentaires.



Man_maman @Tine_chic Il m’a dit qu’il avait fait de gros efforts pour taper



J’ouvre grand les yeux. C’est le compte Instagram de Sarawat. Sur la photo, il porte un uniforme de lycéen et se tient près d’un panneau d’un concert de Scrubb. Mais…

Je suis sur la photo !

Il a posté un total de trois photos. C’est la première. La deuxième est celle où je suis sur les épaules de Sarawat. Elle a été prise par quelqu’un d’autre.

Et la dernière…

Sarawat et moi nous tenant la main en quittant le concert.

Toutes les photos sont légendées. Je les lis lentement avec un sentiment grandissant dans ma poitrine.



La première…



Sarawatlism l’année dernière à Silpakorn



La deuxième…



Sarawatlism cette année à Chiang Mai



Et la dernière…



Sarawatlism n’importe où… tant que je suis avec toi

Notes :
1/ “Unfriend” de Helmetheads
2/ “Dancing” de Musketeers
3/ “Luek Luek” (Deep) de Scrubb

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:45



Chapitre 14
Le temps d'un Ami Célibataire...
#TeamSarawatsWives (Groupe secret)

“C’est l’Admin ! Je suis ici avec les dernières nouvelles d’aujourd’hui. Notre mari drague maintenant un cheerleader de l’université. J’en ai la preuve. En regardant ces photos, qui peut expliquer leur relation ?

Cette personne sera membre à vie du Club des Femmes Fouineuses”



Ce sont les trois belles photos que Sarawat a postées il y a presque huit heures. Je parie que les femmes de Sarawat n’ont pas arrêté de parler depuis qu’il les a mises en ligne. Je continue à lire les légendes et même si je ne veux rien présumer, mon cœur bat la chamade.

Oh merde ! Je ne peux m’empêcher d’être curieux à propos des commentaires que les gens continuent de poster sur ces photos.



“Vraiment, ils sont juste amis.”

“Je ne pense pas qu’ils soient juste amis. Sarawat le drague vraiment. Il l’aime peut-être depuis un moment.”

“Est-ce que mon cœur a été brisé ?”

“Si c’est le nouveau cheerleader de l’université, Tine, ça ne me dérange pas. Tellement mignon.”

“Avant, c’était un vrai playboy. Pourquoi est-il devenu la femme de Sarawat ?”

“Arghhhh ! Et mon cœur ? Comment Sarawat va-t-il le réparer ? #cœurbrisé”

“Et il a dit qu’ils étaient juste amis. Quel méchant ! Méchant ! Méchant ! Je suis en colère !”

“J’étais près d’eux au concert de Scrubb. Sarawat tenait la main de Tine si fort. On aurait dit que Sarawat aimait Tine plus que quiconque. Il ne laissait personne s’approcher de lui.”

C’est une guerre qui fait rage dans le groupe secret, encore plus sauvage que le festival Songkran à Silom. Je n’ose pas poster quoi que ce soit pour me défendre. L’agent provocateur est censé être celui qui doit résoudre ce problème, mais c’est pourtant moi qui suis gêné.



Rrrrrrrrrrrrrrrrrr

Je passe toute la nuit là-dessus jusqu’à ce qu’un appel de Fong m’interrompe enfin.

— Oui !

— Tu es réveillé ?

— Yep.

En fait, je viens de passer une nuit blanche. Merde !

— Je viens dans ta chambre; allons prendre le petit déjeuner.

— Mh-hm.

— Tu devrais te dépêcher et prendre une douche.

— Mhhh.

— Merde ! Tu m’écoutes ?

— Uh-huh.

— Tu ferais mieux d’être prêt dans une demi-heure, compris ?

Le cœur de Tine est faible et usé. Après la guerre d’hier soir sur Instagram, je n’ai pas fermé l’œil. Tout le monde ! Je suis prêt à être dans une pub pour la crème pour les yeux Garnier.

Quand Fong et moi sortons pour prendre le petit-déjeuner, le propriétaire semble trouver que mes yeux ressemblent tellement à ceux d’un raton laveur qu’il se demande si je viens de m’échapper du zoo. C’est la faute du groupe des femmes de Sarawat. Elles n’arrêtent pas de me harceler sur la relation entre le mari de la nation et moi.

Je dirais que ma situation actuelle est plutôt compliquée. Je suis confus, étourdi, excité et comme si mes sentiments étaient hors de contrôle.

La nuit dernière m’a choqué. Il n’y a pas que les femmes de Sarawat qui se demandaient si nous nous étions déjà rencontrés - moi aussi. J’aurais nié s’il n’y avait pas le fait que c’était indéniablement moi sur ces photos. Ce concert a eu lieu il y a si longtemps. Je n’avais aucune idée que j’avais déjà rencontré Sarawat. La légende m’avait laissé l’air si confus que je ressemblais probablement plus à un abruti défoncé.

Je commence à désespérer d’entrer en contact avec quelqu’un capable de soigner l’insomnie, l’agitation, les palpitations et de penser constamment au visage de quelqu’un. A ce stade, je me dirige tout droit vers un coma.

— J’ai été tellement choqué la nuit dernière.

Celui qui est en face de moi va droit au but en me regardant curieusement tout en mangeant son congee.

— Quoi ?

— Ne joue pas les idiots. Sarawat. Tu l’as déjà rencontré. Pourquoi tu ne me l’as pas dit ?

— Te dire quoi exactement ? Je ne le savais même pas moi-même.

Le fait est que nous sommes tous bêtes et que le responsable et ses amis sont les seuls à être intelligents. A en juger par leur comportement, je suis sûr qu’ils le savaient depuis le début.

— Alors, tu l’aimes bien ?

— Non !

— Oh ! C’était une réponse directe. Il t’a dragué si intensément ces derniers temps. On pensait tous que vous sortiez ensemble.

— N’importe quoi.

— Essaie juste de t’ouvrir à lui.

— Pourquoi ? J’aime les filles.

— Ok, je te crois, dit-il, mais il est évident d’après son visage qu’il ne me croit pas.

Fong est l’un de mes meilleurs amis, mais pour l’instant je n’ai aucune idée s’il dit la vérité ou non. J’ai de la chance que Ohm et Puek ne soient pas là aujourd’hui pour m’épuiser avec toutes les questions qu’ils me poseraient certainement.

— J’essaie de draguer Prae ces derniers temps.

J’essaie rapidement de parler d’autre chose, même si techniquement c’est toujours le même sujet.

— La fille de Médecine ? Tu as beaucoup parlé d’elle la semaine dernière, mais pas autant ces derniers temps. Je ne pensais pas que tu étais sérieux à son sujet après tout.

J’ai séché le Club de Musique pour l’emmener faire du shopping. Comment ça, ce n’est pas sérieux ?

— Peut-être pas. Je ne sais pas vraiment pourquoi.

— A cause de Sarawat, je pense.

— Hein ? Absolument pas !

Je secoue la tête. Tant pis si j’essaie de changer de sujet.

— Eh bien, je ne peux pas t’aider. Ce sont tes sentiments. Pose-toi la question, dit Fong qui retourne à son congee et semble plus intéressé à regarder son téléphone qu’à me parler.

Et moi ? J’en ai plus qu’assez de mon téléphone depuis hier soir. N’ayant rien à faire, mon esprit vagabonde. Je prends une profonde inspiration et commence à manger mon congee. Il n’a pas très bon goût.

— Je crois que je suis en train de tomber malade.

— Dis-m’en plus.

Fong arrête de taper sur son téléphone pour me regarder. Je déteste vraiment l’expression de son visage en ce moment. Ses yeux brillent de joie à l’idée de pouvoir se mêler de mes affaires.

— Arrête d’avoir l’air si curieux.

— Mais c’est intéressant ! Allez, dis-moi. Dis-moi.

— Fong, quand tu es avec quelqu’un que tu aimes bien, est-ce que tu te sens parfois comme… Tu sais, confus et comme si tu ne savais pas quoi faire après. D’habitude, je les invite à sortir, mais pas cette fois…

Je ne suis pas habitué à ça. Normalement, je n’hésite jamais à flirter et à inviter quelqu’un qui me plaît. Si on ne s’entend pas, on rompt.

Cette fois, c’est différent. C’est quelque chose de plus et je ne peux pas être aussi direct. Je ne suis pas prêt à lui demander d’être mon petit ami.

— Non, jamais. Si j’aime vraiment quelqu’un, je n’hésite pas à faire un pas.

— …

Oh, quel splendide conseil. Je pourrais choisir de vivre ma vie entière selon ces mots. Je suis si reconnaissant pour sa sagesse.

— Qui te rend confus ? Sarawat ? demande Fong.

— Non, je parle de Prae.

— Je suis sûr qu’il y a une raison pour laquelle tu ne peux pas lui demander d’être ta petite amie. Quelque chose est différent cette fois-ci. Quelque chose t’empêche de lui demander.

Fong doit avoir lu beaucoup de livres de philosophie pour être capable de dire des choses comme ça avec autant de facilité.

— Ok, tu as raison… C’est lui.

Ma voix habituellement forte et claire n’est qu’un faible murmure, mais je suis sûr que Fong entend tout.

— Je savais qu’il n’y avait aucun moyen pour que tu sois aussi stupide. Tu ne peux évidemment pas demander à Prae d’être ta petite amie parce que tu aimes déjà quelqu’un d’autre.

Arrghh ! C’est tellement précis que ça fait mal.

— Si je l’aimais vraiment, je lui ferais des avances, mais je suis tellement perdu.

— Tu es perdu parce que c’est un mec ?

— Non.

— Alors qu’est-ce que c’est ?

— Je ne sais pas. Je me sens juste épuisé et tendu tout le temps.

— Ah. C’est le symptôme de quelqu’un qui ne dort pas assez.

— Je dors habituellement 10 heures par jour.

Normalement, tu dis toujours que je dois être incroyablement fatigué ou que tu pensais que j’étais mort, donc je sais que tu ne crois pas vraiment que je suis insomniaque.

— Bon ok, la nuit dernière tu ne l’as pas fait, alors.

— Je ne peux pas m’empêcher de frissonner quand je suis avec lui.

— Peut-être qu’il faisait froid ou que l’air conditionné était mal réglé.

— Il faisait vraiment chaud mais je frissonnais quand même.

— Eh bien, comme un radiateur, ton corps avait juste besoin d’un peu de temps pour se refroidir, c’est tout. Tu vas t’en sortir.

Fong me touche l’épaule pour me remonter le moral. Mais ce n’est pas ça non plus. Quand mon corps a-t-il déjà été comme un radiateur ?

— C’est tellement bizarre… Quand je suis avec lui, j’ai l’impression que la musique de Scrubb est encore meilleure que d’habitude.

— Eh bien, tu étais à un concert, bien sûr que c’était mieux.

— Ce n’était pas comme ça l’année dernière.

— Oh, je vois.

— Quand j’étais sur ses épaules, mon cœur battait à tout rompre.

— Je pense que tu ressentirais la même chose si tu montais sur les épaules de Prae.

— Je ne pense pas.

— …

Fong ne répond pas mais se glisse plus profondément dans sa chaise avec un soupir.

— J’ai toujours tant et tant de questions auxquelles je ne trouve pas de réponse.

— Mais qu’est-ce que tu cherches au juste ? Tu es tombé amoureux de lui et tu deviens fou parce que tu tombes encore plus profondément amoureux.



Je ne veux vraiment pas que ce soit lundi, car je sais que mes amis auront tellement de questions à me poser. Il faut que je trouve une explication. Je ne veux pas devenir fou.

Je n’ai pas eu de nouvelles de Sarawat. Je n’ai aucune idée si ses femmes sont heureuses ou si elles me détestent. Je suis nerveux à l’idée d’aller quelque part et quand je sors de ma voiture, je vois tellement de gens qui me fixent que je me retrouve à m’agripper fermement à mon sac.

— Salut, Tine.

— Ahh, ha, bonjour ! Salut !

Je fais nerveusement signe à une fille qui passe devant moi. Son amabilité est manifestement fausse. Ne me frappe pas, s’il te plaît. Je ne veux pas être aux infos.

— C’est lui ! Ce type !

— Wow ! Magnifique ! Ce type est si beau.

— Oh, il est mignon.

C’est comme je le craignais. Quelqu’un me sourit. Son amie lui frappe l’épaule avec un petit rire timide. Je n’ai pas flirté avec elle. Pourquoi ont-elles l’air si embarrassées ?

C’est insupportable et je me retourne, mais une seconde plus tard, je suis à nouveau coincé. Mes amis ont été entourés par au moins dix seniors. Devrais-je leur faire un visage effrayant ? Comme ça, ils n’oseront peut-être pas me frapper.

— Tine ! Viens ici !

Je me suis à peine approché d’eux que certains d’entre eux sautent vers moi pour m’entraîner vers leur table. Ils me font asseoir en me souriant. Fong, Puek et Ohm me sourient tous.

— Toi et Sarawat, vous sortez ensemble ?

Wow ! Tu vas droit au but.

— Non, nous ne sortons pas ensemble.

— Sarawat t’aime bien, n’est-ce pas ?

— Je n’en ai aucune idée.

— Vous vous étiez déjà rencontrés ?

— Je ne suis pas sûr, je l’ai découvert moi-même hier soir.

C’est comme ça que je deviens célèbre ? Je sais que mon look impressionnant fera que tout le monde voudra savoir qui je suis.

— Laisse-moi te poser une question.

— Bien sûr.

— Est-ce que tu as une petite amie ?

— Pas encore.

— Qui est-ce que tu aimes ?

— …

Je ne dis rien, je secoue juste la tête en soupirant. J’ai envie de dire que je craque pour une fille de Médecine, mais je suis trop incertain de notre relation. Je n’ai pas été capable de la comprendre depuis que Sarawat est entré dans ma vie.

— Donc, j’ai encore une question.

— Mh-hm.

— Est-ce que tu aimes Sarawat ?

— Je…

Que dois-je dire ? Si je dis oui, ils vont continuer à poser des questions. Je n’ai pas la confiance nécessaire pour le faire. Qu’est-ce que je ressens vraiment pour lui ? Si je dis non, je vais finir par offenser la source de tout le chaos actuel dans ma vie. Oh mon cœur…

Je baisse la tête sans répondre. Mes amis remarquent rapidement que je suis mal à l’aise et essaient de m’aider jusqu’à ce que quelqu’un se mette soudain à couiner et que les seniors tournent tous leur attention vers le nouvel arrivant Sarawat.

— Sarawat ! Viens ici !

Tout le monde lui fait de la place pour qu’il vienne vers nous. Je ne peux pas lire son visage.

— Hé, Nuisance ! Pourquoi tu n’as pas décroché le téléphone ?

Il n’a d’attention que pour moi. J’ai juste envie de le bousculer pour le faire réagir et qu’il se rende compte que nous sommes entourés de gens.

— Mon téléphone est dans mon sac.

— Qu’est-ce que tous ces gens font ici ? C’est un concert de Scrubb ?

Même pas… il n’y a pas de concert. Ils sont là à cause de nous et ils sont tous en train de nous écouter parler.

— Bien sûr que non, je parlais juste à mes seniors, dis-je pour tenter de l’empêcher d’en demander plus.

— Dis-moi de quoi tu parles, continue-t-il à me harceler.

— Tu devrais partir, dis-je brusquement, mais tout le monde se met en travers du chemin.

— J’ai une question pour Tine, dit quelqu’un en s’adressant à Sarawat.

Il la regarde avec son habituel visage inexpressif.

— A propos de quoi ?

— A propos de toi, Sarawat.

— Alors pourquoi ne pas me demander à moi plutôt.

Wow ! Je n’ai vraiment pas de chance aujourd’hui. Il fait vraiment semblant d’être indifférent à mon égard, déconcertant même mes amis.

— C’est toi qui as posté toutes les photos sur ton Instagram ?

— Certaines d’entre elles. Certaines d’entre elles ont été postées par mes amis.

— Les plus récentes ont été postées par tes amis, non ?

— C’était moi.

— Tu as déjà rencontré Tine ?

— Oui, on s’est rencontrés à Silpakorn.

— Tu es aussi un fan de Scrubb ?

Sarawat secoue la tête et se tourne vers moi avec un regard étrange.

— Je suis un fan de Solitude is Bliss et Inspirative.

— Wow.

Tout le monde autour de nous acquiesce. J’ai envie de dire qu’il est fan de tous les groupes existants. L’autre soir au Club de Musique, je lui ai demandé quels étaient ses groupes préférés et il a répondu en citant tous les groupes qu’il a repris. Il a mentionné plus de vingt noms. Ugh !

— Alors si vous n’avez plus de questions, vous n’avez plus besoin de Tine, n’est-ce pas ? poursuit-il en me saisissant le poignet pour m’éloigner de tout le monde.

Il s’arrête lorsque quelqu’un parle.

— Laisse-moi juste poser une dernière question, puis nous vous laisserons seuls.

— …

— Vous sortez ensemble ?

Je reste silencieux, immobile jusqu’à ce que celui qui me tient la main réponde.

— Non, on ne sort pas ensemble.

— …

— Mais si nous devions être en couple, je m’assurerais de vous le dire.

— Sarawaat ! Argh !

La réponse de Sarawat provoque des cris d’excitation parmi les spectateurs. Mon cœur bat à tout rompre. Le même genre de battement de cœur que l’on ressent en découvrant du porno gratuit en ligne, en voyant son premier coup de foudre, en volant de l’argent à son père pour acheter une paire de chaussures, ou quelque chose de similaire sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt.

— Si nous devions être en couple, je m’assurerais de vous le dire.

Putain de merde ! S’il te plaît, demande-moi avant de dire des trucs comme ça aux gens.

Mon cœur va exploser dans ma poitrine !



Groupe secret #TeamSarawatsWives

“Wheeeeeeee ! Le cœur de Tine TheChic ne se brise pas, mais le nôtre oui ! #partagelecœurbrisé #amen”



“C’est la première fois que toutes les filles et tous les gays de l’université ont le cœur brisé.”

“Ils sortent vraiment ensemble ? Je vais me mettre à pleurer.”

“Je vais faire comme si la nuit dernière n’était qu’un mauvais rêve.”

“Je perds toujours contre les cheerleaders de l’université. Est-ce que je ne suis pas assez bien ?”

“Pas assez bien parce que tu as toujours le cœur brisé, lol.”

“Quel dommage ! De toute façon, je serai toujours #TeamSarawatsWives.”

“Sarawat ! Je te verrai quand ta femme ne regardera pas #quiestTinejesaispas”



— Arrête de lire ça.

— … Tout le monde sur Facebook et Insta parle de moi, et c’est beaucoup partagé. Comment peux-tu t’en moquer ? Est-ce que tu ne ressens simplement rien ?

Je regarde le garçon bronzé qui se tient à côté de moi. Après avoir terminé le dernier cours d’aujourd’hui, il m’a emmené au café de P’ Tun pour boire quelques verres. C’est mon endroit préféré pour sortir avec des amis.

Au début, j’étais soulagé d’éviter d’être dévisagé par les gens dans le club, mais ce n’est pas différent ici. Tout le monde nous regarde et fait des commérages à notre sujet.

— Que veux-tu que je ressente ?

— …

— Est-ce que je devrais avoir envie de t’embrasser ?

— Merde. Tu devrais juste faire plus attention en général.

— Je t’aime bien, pas les autres. Je ne me soucie que de toi, pas d’eux.

Ses mots peuvent être doux, mais ce ton de voix est si ennuyeux.

— Que vont penser les gens de nous ?

— Je ne sais pas. Je m’en moque. Je ne pense qu’à toi.

— Merde.

Ma tête est en train d’exploser. Sarawat fait toujours comme s’il s’en fichait. Il met un peu de sa gelée de pommes dans ma tasse.

— Je n’aime pas la gelée. Reprends-la.

— C’est bon pour la santé. Les pommes ont beaucoup de vitamines.

— C’est juste de la gelée artificielle de merde.

Vitamines mon cul.

— Laisse-moi goûter ta crème fouettée.

Je ne lui en donne pas, alors il attrape ma tasse pour la prendre lui-même. Il peut prétendre ne pas être affecté par quoi que ce soit, mais la faim est universelle.

— Oh wow, c’était sympa.

— Je suis inquiet pour ta santé. Manger trop de crème fouettée n’est pas bon. Et j’ai peur…

— Quoi ? Peur que je devienne diabétique et que je meure à cause de toi, c’est ça ?

— Non. J’ai peur que tu gardes pour toi toute ta délicieuse nourriture.

Oh wow, je me sens tellement aimé !

Mesdames, voici votre Fameux Sexy. Le mari de votre nation. Votre compagnon préféré. Je vais vous dire la vérité sur lui maintenant: Votre amoureux n’est en fait que la version humaine d’un sandwich au jambon sans garniture. Il peut être beau et parfait à l’extérieur, mais une fois qu’on s’en approche, il n’est qu’un imposteur. Je crois que je vais vomir !

— Ces gelées de pommes sont si bonnes que je veux les partager avec toi. Si je mange quelque chose de délicieux, je veux t’en garder. Si quelque chose de bien arrive, je pense à toi. Si je vais dans un endroit spécial, je veux t’y emmener. Si j’écoute une bonne chanson, je veux que tu l’entendes.

Je suis abasourdi par son long discours. Quand je retrouve enfin mes esprits, je dis :

— Je pense que c’est comme ça - quand on a quelque chose de spécial, on a toujours envie de le partager avec les autres.

— Partager ou se vanter ? Je me vanterai auprès de mes amis de beaucoup de choses, mais je ne les partagerai qu’avec toi.

— …

— En dehors de mes amis, tu es la seule personne à qui je permets de connaître le moi bavard, agaçant et mielleux.

Oui ! Je sais tout sur Sarawat. Il n’est pas timide. Il crée juste une forteresse autour de lui pour empêcher les étrangers d’entrer. Les choses que les autres voient ou entendent sur Sarawat sont loin d’être tout ce qu’il est.

— Je suis donc devenu ton ami intime, n’est-ce pas ?

— Non. Tous les autres doivent escalader un mur que je fais franchir à mes amis avec un escabeau, mais toi, tu n’auras jamais rien à faire.

— …

— Pour toi, il y a une porte… Une porte qui t’accueillera toujours.

Une fois de plus, je me retrouve incapable de dire quoi que ce soit. Je prends un moment pour rassembler mes pensées, mais le doute s’installe alors.

— Depuis quand ?

Depuis combien de temps se sent-il comme ça ? Depuis Silpakorn ? Depuis cette première fois dans le bâtiment des Sciences Politiques ? Ou au club ? Depuis quand je suis dans son esprit ?

— Depuis quand tu ressens ça pour moi ?

— Silpakorn.

— Ça fait tellement longtemps.

Combien de petites amies ai-je eu depuis ? Quatre ? Cinq ?

— Pourquoi as-tu fait semblant de ne pas me connaître quand je t’ai rencontré au bâtiment des Sciences Politiques ?

— …

Sarawat me regarde sans répondre.

— Tu me connaissais depuis le début, non ?

— …

Il ne dit toujours rien.

— Est-ce que tu m’aimes vraiment ?

— Mh-hm, acquiesce-t-il.

— Mais pourquoi moi ? Il y a déjà un bébé dans ma vie, tu sais.

— Je paierai la pension alimentaire.

— Merde, je voulais dire que je vois quelqu’un. Prae. Et en plus, Green me drague toujours.

— Tu es sûr que Green t’aime vraiment ?

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— …

Il se tait à nouveau. J’ai envie de l’étouffer avec sa gelée. Il est tellement agaçant parfois. Pas seulement ses interminables fautes de frappe sur les réseaux sociaux, mais aussi quand il essaie délibérément de m’énerver, comme maintenant.

— Sarawat.

— Tu m’as demandé pourquoi j’ai choisi les Sciences Politiques plutôt que la musique, dit-il soudainement.

Ugh. Je devrais vraiment être habitué à ça maintenant, mais apparemment je ne le suis pas.

— Tu m’as dit que tu ne voulais pas étudier ta matière préférée, parce que tu finirais par la détester, non ?

— C’est juste une partie de la raison. La musique est ce que je préfère dans le monde entier. Je peux jouer quand je veux et je peux m’arrêter quand je veux. Je n’aurai jamais à aimer les sciences politiques. Je dois juste les comprendre et les accepter, et alors elles peuvent être ma vie, mon travail et mon avenir.

— …

— C’est la même chose pour toi. Ce n’est pas que je suis tombé amoureux de toi tout de suite. Je voulais apprendre, t’accepter et te comprendre. J’étais juste un enfant stupide qui s’est désespérément entiché de quelqu’un que je ne connaissais même pas. Mais même si je ne suis plus un lycéen et qu’une année entière s’est écoulée depuis cette époque, j’ai toujours envie de découvrir tout ce qu’il y a à savoir sur toi.

Pour la première fois de ma vie, je réalise ce que cela signifie d’avoir les mots de quelqu’un qui me traversent le cœur. Je comprends exactement ce qu’il veut dire. Je m’accorde une seconde pour laisser les mots pénétrer en moi. Ils sont plus exaltants qu’un baiser soudain de votre bien-aimé. C’est la confession d’amour la plus sincère que j’ai jamais reçue, bien que j’en aie eu ma part.

Nous nous taisons tous les deux, écoutant simplement les petits bruits autour de nous. Chaque fois que Sarawat parle, sa voix profonde me rappelle le grondement chaud d’une guitare basse.

— Tu as aimé Prae dès que tu l’as rencontrée ?

— Je crois que oui.

— Tu ne t’ennuies pas ? L’amour seul ne dure jamais longtemps.

— …

— Essayons… d’apprendre à nous connaître.

— …

— Tu n’as pas besoin de m’aimer beaucoup, mais garde ton cœur ouvert pour moi.




Chapitre 14: Le temps d'un Ami Célibataire...

Message à tous les Lions blancs

FEMMES INTERDITES

Fête des Lions Blancs

“Rencontrer des amis célibataires”

Ce vendredi, à l’endroit habituel.



Man-Oh-Hum et le reste des Lions Blancs sont de retour. Quand je vois sur le téléphone de Sarawat qu’ils remuent déjà le couteau dans la plaie, je n’en crois pas mes yeux.

Cela fait une semaine que j’ai décidé de donner une chance à Sarawat. Ses amis et les miens sont si enthousiastes à l’idée que nous soyons ensemble qu’on pourrait croire que quelqu’un les a payés pour ça. Je ne doute pas qu’ils sauteraient sur n’importe quelle occasion pour que je l’embrasse.

— Qu’est-ce que c’est ? demandé-je en montrant l’invitation à la fête sur l’écran.

— Je peux y aller ? demande Sarawat avec son habituel visage impassible, ne montrant aucun signe d’émotion.

— Tes amis t’invitent, alors bien sûr.

— Tu y vas avec moi ?

— Pourquoi j’irais ? Ça n’a rien à voir avec moi.

— On ne peut pas emmener nos femmes avec nous à cette fête, donc tu ne pourras peut-être pas y aller de toute façon.

Tu ne viens pas de…

— Je ne suis pas ta femme.

— Oh, parfait. Alors tu peux y aller.

— Q-quoi ?

J’ai envie de lui mettre une claque. Je vais m’assurer de l’embarrasser devant toutes ses femmes. Beaucoup d’entre elles se liguent contre moi de toute façon. Certaines me soutiennent, mais d’autres sont carrément contre. Sarawat essaie de me réconforter en me disant de “ne pas faire attention à elles. Il suffit de s’en moquer et de leur montrer un visage impassible”.

— Man va probablement inviter tes amis aussi. Allons à la fête ensemble.

Parfois, je ne comprends vraiment pas ce qui se passe dans la tête de Sarawat. Passer plus de temps avec lui m’a permis de voir beaucoup de ses côtés les plus étranges. Pour tous les autres, il n’est pas différent. C’est le même gars populaire, toujours avec un visage inexpressif et rien à dire. Les gens accrochent toujours des sucreries sur les poignées de porte de ses salles de classe. Les filles du Club de Musique lui envoient des regards langoureux et me font ensuite les gros yeux. Les filles se pressent toujours autour de lui pour l’encourager à chaque match de football. Tout est comme avant dans sa vie, sauf que maintenant, j’en fais partie aussi.

Les messages injurieux que les Femmes de Sarawat postent à mon sujet dans le groupe secret sont pour le moins alarmants.

Je regarde les grandes mains de Sarawat qui reprend le téléphone pour taper quelque chose.



Boss-pol qui est le chef ? C’est incroyable.

Thetheme11 Donnez-moi du porno. Je ne peux pas attendre plus longtemps

i.ohmm C’est une soirée porno ? Slogan fou



Sarawat garde un visage sérieux et tape rapidement.



Sarawatlism Mz femme veit venor.



J’espérais qu’il tape correctement pour une fois, mais bien sûr, il ne l’a pas fait. Je suis désolé d’avoir souhaité l’impossible.



Bigger330 @Sarawatlism huh ? C’est quoi ce bordel ?

KittiTee laisse-moi le traduire. Sarawat a dit “Ma femme veut venir”, tu comprends maintenant ?

Man_maman salut viens @Tine_chic vous aussi les gars vous êtes invités @i.ohmm @i.amFong @i.amPuek

Tine_chic Je ne suis pas une épouse.

Sarawatlism @Tine_chic Je peux te laisser êyre mon mari.



Je jette mon téléphone sur la table et lance un regard furieux à Sarawat.

— Qu’est-ce que c’est que cette réponse ? Tu essaies de provoquer une dispute ?

— Je ne veux plus t’appeler Tine. Je veux t’appeler ma femme.

BOOM !

Ses mots me sidèrent… Oh, mon cœur…



La fête a lieu dans la chambre de Man. D’après l’invitation, je m’attendais à une grande fête, mais en réalité, il n’y a que nos deux bandes - celle de Sarawat et la mienne.

Qu’est-ce qui se passe ? Le slogan de la fête est insensé. Je veux dire, c’est sympa de traîner, mais je ne suis pas vraiment proche d’aucun de ces gars. Je ne suis pas à ma place ici. Même si je suis invité, tout ce que je peux faire, c’est y aller puis rentrer chez moi.

— Tine, que veux-tu manger ? demande Sarawat d’une voix douce après que tout le monde soit arrivé et se soit assis soit sur le canapé, soit sur le sol.

Une grande télévision diffuse la Ligue des champions de l’UEFA.

— Hahh ? Pourquoi tu ne demandes qu’à Tine ? Je veux aussi un menu TheChic !

— Va te faire foutre, dis-je à Man.

Il me fait toujours chier. Un jour, je vais l’écraser avec ma voiture, je le jure.

— Pourquoi il n’y a pas d’alcool à cette fête ?

Tee se plaint et un des autres rigole.

— On ne boit que de la bière !

Ils vont chercher une caisse de bière pour que la fête commence, en versant des verres pour tout le monde.

Nous n’avons pas peur de la bière - le Star Gang est là pour l’alcool ! C’est parti !

Fong est le premier dont le visage change de couleur pour devenir rouge violacé. Puis Ohm est frappé par le même phénomène. Puek a rapidement du mal à marcher droit.

Et moi ? Je demande juste à tout le monde de ne pas trop boire.

— Hey, j’ai une question. C’est quoi exactement une fête de rencontre ?

— C’est juste une célébration.

— Pour quoi ?

— Pour votre relation ! Santé !

CLANK !

Nos verres de bière s’entrechoquent. Les amis de Sarawat sont heureux de plaisanter et de me taquiner, tandis que lui se contente de garder les yeux fixés sur moi.

Nous sommes assis si près que je peux sentir son assouplissant. Il n’utilise jamais d’eau de Cologne ou de lotion, seulement du shampoing. Il l’utilise même comme savon quand il se douche. Et pourquoi est-ce que je sais cela ? Parce qu’une fois, nous sommes allés ensemble dans une supérette et il a acheté quelque chose qu’il a appelé “un savon liquide agréablement parfumé”. Ce n’en était pas un. C’était juste un shampoing ordinaire.

— Une pièce pour tes pensées.

Sarawat interrompt ma paisible rêverie. Autour de nous, tous nos amis passent le meilleur moment de leur vie à s’amuser. Sarawat et moi sommes parfaitement satisfaits de rester entre nous.

— Pourquoi est-ce que tu me fixes ?

— Parce que je ne peux pas te voir correctement. Si je pouvais voir tout ton visage à la place, je n’aurais pas à te fixer.

Je suis à deux doigts de lui claquer la paume dans la figure.

— Regarde tes amis au lieu de moi.

Le type costaud se penche vers moi. La sensation de sa respiration dans mon cou me donne des frissons.

— J’ai envie de t’embrasser.

— Merde.

— J’en ai vraiment envie.

— Tais-toi.

— Pourquoi es-tu si mignon ?

— Je suis beau, pas mignon.

Je suis un cheerleader universitaire ! Des mots comme ça vont ruiner ma confiance en moi.

— Est-ce que tu as commencé à m’apprécier ?

— …

Je ne réponds pas. Je vais avoir besoin de plus d’une semaine avant de pouvoir répondre à cette question. Peut-être que si je n’ai toujours trouvé personne d’autre dans dix ou vingt ans, je pourrai dire oui plus facilement.

— Si tu acceptes d’être mon petit ami, je promets de te lécher partout, de tes cheveux à ton ombre.

Je… Quoi ?

— Tu es affreux.

— Man m’a dit de te dire ça, mais je ne pensais pas que tu rougirais autant, ricane-t-il.

Je suis presque tombé dans le panneau. J’ai été sur un nuage pendant une seconde et puis tu m’as ramené au sol. Parfois, je ne sais pas si ce type m’aime vraiment ou s’il prend juste plaisir à me taquiner.

— Hé, les gars ! Avant d’être complètement bourrés, nous devrions respecter la tradition de notre fête.

Man se lève, tenant son verre et parlant d’une voix très sérieuse. Tout le monde, sauf Puek, Ohm, Fong et moi, semble savoir exactement de quoi il parle.

— C’est ma partie préférée de nos fêtes, me chuchote Sarawat.

Le regard sur son visage me fait croire que c’est le cas.

— Euh… c’est quoi ?

Je me souviens nerveusement avoir vu des posts sur Instagram portant le hashtag “Rencontrer des Amis Célibataires”. Ça me met mal à l’aise. J’ai peur que cette fête ne se transforme en une sorte de club échangiste.

— Regarde et apprends, se contente-t-il de dire.

Puis Man reprend la parole.

— Salut, tout le monde ! Je m’appelle Man ! Ce soir, je veux vous parler de mes nouveaux amis - Tine, Ohm, Puek et Fong. Je vous souhaite de tout cœur la bienvenue dans notre gang lubrique.

Ugh, arrête de l’appeler comme ça. S’il te plaît, laisse-moi te donner un nouveau nom.

— Nous devons tous dire un secret que nous gardons en tête depuis un mois. Je sais exactement quoi dire. Je veux admettre que la première fois que je t’ai vu, Tine, je ne t’ai vraiment pas aimé du tout…

— Aw.

Je pointe du doigt ma propre poitrine.

— Tu avais l’air si arrogant, comme si tu pensais être la huitième merveille du monde. Mais quand j’ai appris à te connaître, j’ai découvert à quel point tu es mignon !

— WOW !

Tout le monde glousse bruyamment. Cette fête vient de devenir beaucoup plus amusante. Man retourne à sa place, en m’envoyant théâtralement un baiser. Le suivant est Boss, qui s’avance rapidement vers le centre.

— Puek, tu es l’administrateur des “Restaurants incontournables où la nourriture n’est pas bonne mais pas chère”. Ta page est nulle, mais je l’aime quand même.

— Hey ! Cheers !

Il s’ensuit des applaudissements et de forts claquements de verres qui rebondissent. Presque tout le monde a son tour, et la plupart parlent de moi. C’est amusant et sincère - je peux savoir ce que chacun pense vraiment de moi.

— Tine… tu sais, mon ami t’aime beaucoup.

— Wowwwwww !

Theme révèle son secret et tout le monde hurle d’amusement. Il se rassoit sans attendre ma réaction. Puis il pousse les épaules de celui qui est à côté de moi pour qu’il aille au centre de notre cercle.

— Tine…

Tout le monde siffle et applaudit.

— Mec, arrête de mater Tine tout le temps, trouvez-vous une chambre !

En ce moment, je déteste vraiment ces types, mais tout ce que je peux faire, c’est rester assis et cacher mon visage pour dissimuler mon embarras. Je ne sais pas quand je suis devenu une petite fille.

— Je suis vraiment heureux.

— Oh, nooon ! C’était si mauvais, Sarawat !

— Je vais être malade !

— Hé ! Pourquoi tu repars si vite ? Hé !

Tout le monde crie sa déception lorsque Sarawat se rassied sans en dire plus. Le dernier à parler est Big.

— Sarawat, pourquoi fais-tu le timide ? Maintenant, je vais parler de toi, Tine.

Encore moi.

— Mon ami est un type peu généreux. Il est si radin avec ses chaussures, ses sacs, ses guitares, sa vie privée, tout ! Et il est aussi très possessif avec toi.

— Oh mon dieu.

Je me sens comme un cerf pris dans les phares d’une voiture. Je ne sais pas où me mettre quand tout le monde me dévisage. Sarawat, lui, n’a pas l’air affecté, jusqu’à ce que Big se rassied et qu’il lui dise :

— Mec, il le savait déjà.

— Quoi ?

— Que je suis possessif.

— Ne fais pas l’enfant.

Sarawat hausse les épaules et ne dit rien. Il tend la main pour me tapoter la tête. Je ne vais pas le laisser se moquer de moi, alors je tends la main pour lui pincer la joue. Je méprise sa stupide expression impassible et ses gros doigts !

La fête se poursuit pendant des heures, mais pour une fois, personne ne roule sous la table. Je soupçonne mes amis d’avoir tous peur que les Lions Blancs les violent s’ils s’évanouissent.

À un moment donné, Man déclare “Les Sciences Politiques ont perdu notre dernier match. Chante-moi une chanson pour me remonter le moral !” avant de partir chercher une guitare dans sa chambre et de la tendre à Sarawat.

— Wat, joue quelque chose, tu veux ?

Sarawat ne prend pas la guitare, secouant la tête.

— C’est une mauvaise guitare, ça ne sonnera pas bien.

— Tu es si exigeant ! Je sais que ma guitare n’est rien comparée à ta chère guitare. En fait, c’est ta préférée, non ? Même si tu utilises toujours la Martin.

— Une Martin DC-16 ne pourra jamais battre une Takamine, n’est-ce pas ?

Man se laisse tomber sur le sol et commence à jouer en fredonnant. Sa voix est affreuse, mais tout le monde chante avec lui, juste pour le plaisir. La fête se termine à minuit et Puek, Ohm et Fong rentrent chez eux avec Sarawat et moi. Je ne peux pas vraiment dire si ce dernier est déjà fatigué.

Dans la voiture, Sarawat demande de sa voix habituelle et confinée.

— Tu veux écouter de la musique ?

— Bien sûr. Quelle chanson ?

— Laquelle veux-tu entendre ? Je vais chanter pour toi.

— Non.

Je secoue furieusement la tête. Non merci, je ne veux pas faire de cauchemars ce soir.



“La nuit, quand le monde dort, mon esprit est vide.

Ici, avec le doux son de la musique

je m’ennuie de quelqu’un qui est si loin.”



Même si je lui avais d’abord dit non, il y a quelque chose de spécial dans ce tableau sans rien d’autre que le son de sa voix, comme les vibrations persistantes d’une corde de basse. Pas de musique, pas de guitare… l’écouter est presque un rêve.



“Bientôt, je suis bercé dans une simple rêverie.

Comme si quelque chose me faisait dériver…”



Je pose mes mains sur la console centrale, tapant des doigts avec la mélodie tout en rejoignant le refrain. Je n’ai pas entendu cette chanson depuis longtemps, car ils ne la jouent jamais lors de leurs concerts. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où je l’ai chantée avec quelqu’un.



“Mais dès que j’ouvre les yeux, je te vois là, debout,

Trop beau pour être exprimé avec des mots.

Les lumières scintillent, tu t’approches de moi.

Nos yeux se rencontrent et je te regarde longuement.

Mon cœur tremble.

Est-ce réel ou est-ce juste un rêve ?(1)”



Alors que nous arrêtons de chanter, je remarque un sentiment étrange. C’est agréable de chanter une bonne chanson avec quelqu’un. Je peux être moi-même. Il n’y a personne à qui je dois plaire, personne que je dois impressionner et aucune copine stupide avec qui je dois soudainement faire amende honorable.

— Sarawat…

Sarawat gare la voiture sur le côté de la route. Cette nuit est censée se terminer quand nous arriverons chez moi, et nous sommes devant mon dortoir maintenant. Dans une seconde, je vais devoir traîner mon corps intoxiqué jusqu’à ma chambre.

— Quoi ?

— Ta guitare. Si tu veux la récupérer, dis-le moi. Je vais me dépêcher d’en acheter une.

— Pourquoi ? demande-t-il.

— J’ai entendu tes amis dire que celle que tu m’as prêté est ta préférée.

— Tu n’as pas besoin de la rendre. En fait…

Il me regarde avec un visage solennel, la langue parcourant ses lèvres. Je ne suis pas capable de bouger ici, et je me fige. Puis il pose ses mains sur mon cou, me rapprochant pour un baiser affamé.

— Ah ! Nh, Sa…

Je n’arrive presque plus à respirer. Je devrais l’engueuler, mais je ne le fais pas. Je veux le repousser, mais je suis trop fatigué. Mon corps tout entier est comme de la gelée.

Sa langue entre dans ma bouche, effaçant toute trace d’alcool. Son nez est enfoncé dans ma joue tandis que nous nous embrassons. Sa langue effleure mes dents et me donne des frissons dans tout le corps. Il utilise habilement sa langue.

Mince. Il a dit qu’il n’avait jamais eu de petite amie, mais il est doué pour ça. Même meilleur que moi.

Sarawat se retire et sa voix grave fait palpiter mon cœur.

Donne-moi ta langue. Aide-moi.

Il remarque mon expression étonnée, puis me tire plus près et recommence. Il ne me laisse pas une seconde pour me préparer, jamais. La langue de Sarawat trouve facilement ma bouche parce que j’ai perdu le contrôle de mon corps, le laissant prendre le contrôle.

Nos langues s’entremêlent, nous échangeons de la salive. Sa main épaisse tient mon cou si fermement que je ne peux pas bouger. Sa langue joue avec ma bouche et je suis sûr que s’il ne me tenait pas, j’aurais perdu l’équilibre.

Mon cerveau me dit d’arrêter parce que je ne peux pas respirer, mais mon cœur bat et veut qu’il continue. Finalement, je suis obligé de reculer parce que j’ai besoin de respirer.

Il semble si insouciant et se penche pour mordre ma lèvre et je peux goûter le sang.

— Tu m’as taquiné, dis-je d’une voix tremblante.

Mon corps est si lourd que je ne peux presque pas bouger.

— Tu es agaçant.

— Tu es si…

— Tu devrais sortir de la voiture avant que je perde le contrôle.

— … !

— Je ne peux pas rester un gentleman plus longtemps.

Sarawat détache ma ceinture de sécurité et ouvre la porte comme s’il avait l’intention de me jeter hors de la voiture.

Merde ! Il m’embrasse puis me jette dehors comme un chien.

— Alors… Et ta guitare ? Tu veux la récupérer ?

Je reprends la conversation qu’on avait avant de me faire agresser.

— Non.

— …

— C’est la tienne depuis le premier jour.

— …

— Prends-en bien soin.

C’est la fin de notre conversation.

J’arrive dans ma chambre et la première chose que je vois, c’est la guitare de Sarawat sur le lit. Je la prends et passe mes mains dessus avec une sensation bizarre dans l’estomac. Sur le manche, le nom de Sarawat est gravé en grosses lettres. Je roule des yeux à chaque fois que je le vois. Lorsque je tourne la guitare, la lumière se reflète sur elle. Quelque chose attire mon regard à travers les six cordes de la rosace.

Une gravure…

Mon nom.



“Tine Teepakorn”



Cette guitare est vraiment la mienne depuis le tout début.

Notes :
1/ “Phleng Kon Non” (Chanson pour dormir) de Scrubb

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:45



Chapitre 15
Le Courageux Peut Le Faire
— Je devrais donner un nom à la Takamine.

Je garde les yeux sur la main forte qui se tend pour attraper des snacks pendant que son propriétaire fouille méticuleusement dans les médiators éparpillés sur la table. Il y a beaucoup de sortes différentes. Certains sont fins et faciles à utiliser. D’autres sont si épais que je ne saurais pas quoi en faire. Sarawat est trop occupé à en choisir un pour me regarder.

— Tu entends ce que je dis ?

— Mais qu’est-ce qui te prend ?

Il me regarde d’un œil mauvais, comme si je venais d’interrompre son repas le plus important. Nous sommes assis sur des chaises en marbre, à l’ombre des arbres. Nos amis sont tous partis acheter quelque chose à manger, nous laissant ici.

Nous nous entraînons pour le club de musique car nous allons bientôt être occupés par de nombreux événements. Le Festival de Musique du deuxième trimestre est pour bientôt.

— C’est ma guitare. Je devrais lui donner un nom.

— C’est stupide.

Non seulement il ne m’aide pas, mais il se moque même de moi. Quand il remarque mon visage mécontent, il roule les yeux, mais ensuite il semble réfléchir à quelque chose, et dit :

— Quel genre de nom aimes-tu ?

— Quelque chose qui me décrit.

— Ennuyeux.

— … !

Je dois dire quelque chose. Je ne suis pas sûr que tout le monde sera content si je le fais, mais: Va te faire foutre, Sarawat. Tu penses vraiment que je suis ennuyeux ? Si tu avais dit “beau”, ça ne m’aurait pas dérangé.

— Ça te va bien.

— Je te déteste vraiment.

— Tu ne me détestes pas pour de vrai. Admets juste que tu m’aimes bien.

— Tais-toi et ne dis rien.

Je soupire profondément, coupant court à la conversation. Au lieu de cela, je commence à penser à des noms possibles, décidant de lui en dire quelques-uns pour entendre ce qu’il pense.

— Scrubb.

— C’est pas bon. Ne gâche pas leur groupe en donnant ce nom à ta guitare.

— Muey(1).

Le nom de mon chanteur préféré. Comme c’est cool !

— Tu as l’air bête, pas fatigué.

Bien sûr que je le suis. Je garde mon agacement pour moi et je tends la main pour manger ses snacks.

— Pourquoi pas Rola ?

Je suggère le nom d’une star du porno vraiment sexy. La réponse de Sarawat est stupide.

— Ta guitare n’est pas une fille.

— C’est juste une guitare. Une guitare, ce n’est pas un chien avec un genre.

Il ne dit rien et comme d’habitude, son visage ne me permet pas non plus de savoir ce qu’il pense. Ses yeux restent sur moi pendant si longtemps que je commence à me sentir vraiment gêné. Il est manifestement en train de penser à quelque chose de cochon, il se lèche les lèvres et me déshabille du regard, me donnant l’impression qu’il meurt d’envie d’enfoncer ses crocs dans mon cou.

— Qu’est-ce que tu regardes ? Tu as vraiment envie de les manger à ce point, hein ?

Je tends une chips vers lui. Il continue à me regarder comme un chien affamé.

— Je ne veux pas manger les snacks, je veux te manger toi.

— Putain !

— Trop mignon.

— Arrête de me fixer. Je ne te laisserai pas faire.

Je tends les mains pour détourner son visage de moi, agacé. C’est toujours un tel pervers.

— Tu ne me laisses pas te fixer ? Tu veux que je me charge de toi à la place ? suggère-t-il.

— Tu es vraiment un pervers.

— Tu es têtu, tu ne m’écoutes jamais. Ça me donne envie de te mordre.

— Va embêter quelqu’un d’autre que moi.

— Tous les autres, je me contente de les regarder. Tu es le seul que j’ai envie de séduire comme un fou.

— C’est ta version de l’amour, non ? Tous les autres traitent bien leurs amoureux et s’occupent bien d’eux. Tu es juste si…

— Je suis uniquement ton mauvais garçon et je n’aguiche que toi. C’est spécial.

Très spécial. Je peux voir notre futur. Nous ne sommes pas heureux. Enfin, je ne le suis pas.

Je fais la moue. Sarawat se rapproche de moi.

— P… pense à un nom pour ma guitare. Pourquoi tu te rapproches de moi ?

— J’utilise mon cerveau pour penser, pas mon corps. Pourquoi je ne peux pas me rapprocher de toi ?

— Est-ce que tu te moques de moi ?

— Hé, Nuisance. Pourquoi es-tu si fâché ? Ce n’est pas une question d’exam. Calme toi.

— C’est toi qui es fâché. “Ennuyeux” est un nom stupide, dis-je mais ensuite je me rends compte. Nuisance.

— Bourreau des cœurs, c’est bien aussi.

— Sarawat. S’il te plaît.

— Ok, je te laisse m’embrasser une fois.

— Je vais te donner un coup de pied, espèce d’abruti, gémis-je avant de tourner mon regard vers la guitare que je tiens dans mes mains.

Les taquineries de Sarawat me mettent toujours en colère, mais maintenant que je regarde ma guitare et que je pense au surnom qu’il m’a donné, je me calme. Je décide de concentrer ma colère sur le nom de l’instrument au lieu de lui donner un coup de pied au visage.

— Nuisance.

— Quoi ?

— Je voulais dire la guitare.

— Aha.

— Nuisance.

— A qui tu parles cette fois, à moi ou à la guitare ? grogné-je.

— A toi.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Prends-en bien soin.

— Bien sûr.

— J’aime beaucoup. C’est si beau. Tellement que parfois j’ai envie d’en prendre grand soin sur mon lit.

Attendez ! Il parle de la guitare ou de moi ? Il a une expression salace. Pourquoi tout le monde aime autant ce type ? Pourquoi c’est un tel pervers ? Il a toujours l’air d’être prêt à forniquer. Ce n’est pas la saison des amours.

— Oh, chéri ! Oh, mon trésor ! Regarde comme ces deux-là sont amoureux !

Je n’ai toujours pas fini d’être énervé contre Sarawat, mais maintenant nos amis sont arrivés et ont commencé à jouer leur propre série dramatique.

— Chéri, je veux que nous soyons comme ça.

— Tu peux venir dans ma chambre ce soir alors, bébé.

— Pourquoi dois-je aller dans ta chambre, chéri ?

— Parce que je peux très bien prendre soin de toi sur le lit que j’ai là-bas, comme quelqu’un d’autre ici !

Ils rient tous et ont l’air de s’amuser comme des fous. La série dramatique avec Puek et Ohm va devoir être annulée quand je leur botterai le cul. Merde, ils ont tout entendu. Si vous faites semblant de nous copier, ne pouvez-vous pas au moins en faire une dispute comme la nôtre ?

Boss change l’ambiance en disant :

— Au fait. Wat, P’Chol a dit que tu devais être là ce soir pour t’entraîner avant le match.

— Pourquoi ne m’a-t-il rien dit ?

— On vient de le rencontrer à la cafétéria. Il a dit qu’il voulait que tu fasses une pause au club pendant au moins une semaine. C’est un match très important.

Sarawat garde les yeux sur les médiators et hoche la tête.

— Tu veux que je le dise à P’Dim pour toi ?

Je propose d’aider Sarawat - nous sommes dans le même club, après tout.

— Le dire à P’Dim ? Tu es sûr que tu oseras le lui dire ?

— Bien sûr, pourquoi pas ?

Pourquoi ma voix tremble-t-elle ? Tout le monde au club est terrifié par P’Dim. Il traite même Green avec méchanceté. En parlant de Green, je ne l’ai pas vu dernièrement. Peut-être que quelqu’un l’a tué. Cool cool.

— C’est pas grave. Je vais lui dire moi-même.

— D’accord.

Je suis quelqu’un de simple. Si mon offre est refusée, je n’insiste pas.

— Tu dois venir m’encourager quand je joue, dit-il à voix basse.

Tous nos amis nous regardent avec un sourire en coin.

— Je suis cheerleader, je suis obligé d’y aller.

Peu importe où et quand, je dois assister à tous les matchs, même si je préférerais les laisser tomber pour rester à la maison et jouer aux jeux vidéo.

— N’encourage pas l’adversaire.

— Chaque équipe qui rivalise avec ma faculté est un adversaire.

J’oublie pendant une seconde que l’équipe de ma faculté a été éliminée. C’est si triste.

— Si tu m’encourages, ça me donnera le pouvoir ultime de gagner.

— Contre quelle faculté joues-tu ?

— L’Ingénierie.

Je lève les sourcils. Ne sois pas si sûr que tu peux gagner ce match. Même faire match nul va être difficile. Tout le monde sait combien l’équipe d’ingénierie est bonne - ils sont sacrés champions chaque année. Un senior m’a dit que si l’équipe d’ingénierie gagnait son prochain match, ce serait sa sixième victoire consécutive.

— Vous oubliez encore une fois qu’il y a d’autres personnes dans le monde que seulement vous deux. On est là aussi, bande de cons. Vous continuez à vous parler si gentiment, c’est écœurant.

Man gâche un moment presque agréable avec son commentaire ennuyeux.

— Tu devrais utiliser ton temps pour t’entraîner au football au lieu de m’insulter.

— Surveille ton langage, Tine. Tu veux que je t’embrasse ?

— Va te faire foutre.

— Ou alors je te saute ??

— Fais attention à ce que tu dis, interrompt Sarawat.

On arrête immédiatement de se chamailler. Quand Sarawat parle d’une voix froide, cela signifie généralement qu’il est en colère contre quelque chose. Le ton qu’il vient d’utiliser était glacial. Il pourrait en fait être prêt à se battre contre Man.

— Hey ! Relax, je m’amuse juste avec lui. Faisons un pari.

Man est impressionnant pour retourner n’importe quelle situation. Il a le don de transformer les moments de tension en quelque chose d’amusant.

Un pari que même Ohm, Puek, et Fong rejoignent commence. Ils font tous des paris sur l’équipe qui va gagner le match. Je me contente de regarder mes amis avec un visage fatigué, sachant qu’ils s’attendront à ce que je choisisse la même équipe qu’eux.

— Tine, quelle équipe choisis-tu ? demande Theme, me forçant à rejoindre la conversation.

— Je vais choisir l’ingénierie, alors.

— Argh, pourquoi ? J’agis de façon très gentille ici, mais tu choisis quand même l’autre équipe, dit Theme en pleurnichant aussi fort que les autres.

Tous mes amis finissent par choisir l’ingénierie aussi. Les mises sont folles. Je n’ose pas choisir l’équipe de Sciences Politiques: j’ai besoin d’argent pour vivre.

— Ce sont les champions en titre.

— Je me fiche qu’on n’ait jamais gagné le championnat avant, cette année on le fera.

— Tu te fais des idées ?

— Si on gagne, tu paries quoi ? Tu nous sous-estimes trop.

— Je vais parier 500 bahts.

Le pari est maintenant entre les amis de Sarawat et moi. Mais lui… il est de nouveau en train de regarder les médiators. Les gens comme lui sont la raison pour laquelle notre société s’effondre.

— Si faible. Regarde Puek, il a misé 2 000 bahts, dit Man, en me défiant.

Mais quand je regarde Puek, je ne doute pas une seconde qu’il a été forcé de le faire.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Si nous gagnons, tu n’auras rien à payer, à la place tu devras poster une confession d’amour à Sarawat sur Instagram. Tu dois nous faire pleurer en la lisant.

— Woooooooooooooo !

— …

Je suis sans voix. Ces gars y vont vraiment à fond. Tous les amis de Sarawat sont d’accord pour dire que c’est une bonne idée. J’ai le cœur au bord des lèvres.

— Tu as peur ?

Ils se moquent de moi.

— Non.

— Tu as peur. Tu es partant ?

— Ok, allons-y. Vous allez perdre de toute façon.

Je suis un gars courageux. On sait tous que l’équipe d’ingénierie gagne toujours. Je prie pour qu’elle le fasse cette fois-ci aussi.

— Allons en classe. Wat, dépêche-toi. On va être en retard, dit l’un des Lions blancs.

Sarawat ramasse un médiator aigue-marine.

— Pour toi.

Je le regarde, abasourdi.

— Pour quoi faire ?

— Tu n’auras plus à te faire mal aux doigts si tu as un bon médiator, dit-il d’une manière qui me donne l’impression qu’il s’inquiète sincèrement pour moi.

— Très bien, Wat. Tu as passé tout ce temps à choisir un médiator pour Tine, hein ? Tu ne t’en soucies jamais quand c’est pour toi.

— Je dois faire attention quand je choisis quelque chose pour Tine. Je fais toujours attention quand il s’agit de lui.

Le grand type remet le reste des médiators dans une mallette. Il balance son sac sur son épaule en se levant, et me tapote doucement la tête avec sa main rugueuse.

— Même si tu as choisi l’autre équipe, je ne t’en voudrai pas car je sais que ton cœur m’a choisi.

— …

— Fais attention en classe.

Boom !! J’ai été foudroyé. Pourquoi il fallait que tu dises ça ? Mon cœur est faible. Mon cœur…



Les jours suivants, Sarawat est occupé à s’entraîner pour le match. Aujourd’hui, il m’emmène au café de P’Tun. Il porte toujours ses vêtements de sport, comme s’il était prêt pour la compétition en permanence.

— Que veux-tu manger ? me demande-t-il.

— Je n’ai pas vraiment faim. Je vais prendre un cacao glacé. Et toi ?

— Je ne vais pas manger. J’aurais mal au ventre à l’entraînement.

— Hein ? Alors pourquoi tu m’as emmené ici ?

— Je voulais juste te voir. Ça fait un moment.

Écoutez ce type ! Honnêtement, je ne sais pas quel genre de relation nous avons. Est-ce qu’on va rester amis ou est-ce qu’on va développer quelque chose de plus ? Je n’en suis pas sûr. Tout ce que je sais, c’est que quoi qu’on soit en ce moment… ça me plaît.

Je vais laisser faire, comme Muey et Ball ont dit que je devais le faire. Qui t’a dit que je n’avais pas faim ? Regarder le café fait gronder mon estomac. La table à côté de nous mange des gâteaux de crêpes. Je pourrais vraiment en manger aussi.

— Leur gâteau a l’air si bon.

— Va en commander, alors, dit Sarawat d’un air absent, ne comptant manifestement pas le faire pour moi.

— Hé… Je vais peut-être manger des spaghettis après tout. Tu en veux ?

— Non.

— En y réfléchissant, les nuggets sont vraiment bons ici.

— Aha.

— Le thé à la pomme a l’air bon aussi, n’est-ce pas ?

— Dis-moi ce que tu veux manger.

Le bronzé prend un crayon pour l’écrire.

— Tout ce que je viens de dire.

En réalité, j’étais affamé tout ce temps, j’ai juste fait semblant de ne pas l’être.

Quand tout est enfin sur notre table, je dévore ça rapidement. Sarawat ne mange rien, il se contente de me regarder. Je le remarque une seconde avant de reprendre mon festin.

— Sarawat, viens plus près de moi, dis-je et je me penche vers lui, le faisant s’approcher, avant que je…

— Uhggggggg.

Je rote dans son oreille. Hehe.

— Si tu as autant de gaz, tu devrais aller vomir.

— Je suis plein.

— Tu devrais l’être.

— Hey, Sarawat !

Ce n’est pas ma voix. Quelqu’un d’autre vient d’arriver. Earn, la fille qui a rejoint le club de guitare en même temps que Prae et Green. Je ne la vois pas beaucoup parce qu’elle est dans le groupe des expérimentés. Tout le monde la connaît et la taquine généralement pour son joli visage.

— Salut, tu es venue ici pour déjeuner ? lui demande Sarawat.

— Ouaip.

— Tu veux t’asseoir avec nous ?

Je me joins à la conversation.

— Ok ?

Elle sourit et s’assoit sur une chaise à côté de la mienne. Il n’y a pas que son visage qui est joli, mais elle a aussi une personnalité tellement unique. C’est un garçon manqué, qui se comporte souvent comme un mec. Elle étudie au département d’architecture et aime jouer de la musique. Parfois, elle joue au football juste pour se rapprocher des garçons. Ça ne me dérangerait pas non plus de me rapprocher d’elle, ha.

— Vous voulez commander en premier ?

— D’accord.

Quand on a fini de commander, on commence à parler. C’est surtout moi qui lui pose des questions auxquelles elle répond volontiers. Elle a l’air sympa, elle ne s’inquiète pas des petites choses comme toutes mes anciennes copines. Plus on parle, plus je m’amuse. C’est l’un de ses charmes. Si j’avais su que l’amie de Sarawat au club était aussi sympa, j’aurais essayé de me lier d’amitié avec elle bien plus tôt.

— Sarawat, tu dois venir au club pour t’entraîner quand le match sera terminé. P’Dim se plaint tout le temps de toi, putain. dit naturellement ma voix douce.

Je veux dire par là que le juron me vient naturellement.

— Je ferai en sorte d’être là pour qu’il me gronde.

— Nous avons tellement d’événements et le festival de musique est pour bientôt, aussi. On a beaucoup à faire, tu sais.

— Tout ira bien dès que ce match sera terminé. Notre groupe est complètement formé de toute façon.

— Vous formez un groupe pour la compétition ? Laisse-moi en faire partie.

Je ne m’impose pas. Je veux juste participer, c’est tout.

— Tu devrais t’entraîner à la guitare avant de parler de rejoindre un groupe, dit Sarawat, détruisant ainsi mon rêve.

Il me sous-estime toujours.

— Nous avons commencé à choisir des chansons et je voulais savoir ce que tu en pensais, dit Earn.

Quand ils commencent à parler, on dirait qu’ils ont oublié que je suis là aussi.

— Je veux faire une chanson de Desktop Error.

— Sarawat. Leurs chansons sont trop difficiles.

— DCNXTR est bien.

— C’est déjà sur la liste. Je te connais bien.

Elle sourit.

— Super.

— Je t’appelle ce soir pour discuter des chansons. Laisse-moi d’abord trouver la liste.

— Ne m’appelle pas trop tard.

— Je sais. J’appellerai avant 9 heures. Les messages Instagram ne conviennent pas, je ne peux jamais lire ce que tu essaies de taper.

— Je ne fais presque plus de fautes de frappe.

— Vraiment ? Si je ne t’avais pas appris, tu en ferais encore beaucoup.

Je suis figé. Sarawat parle à d’autres personnes au téléphone, pas seulement à moi. Je suppose que ce n’est pas si bizarre qu’il appelle ses amis et sa famille, mais je pensais vraiment que j’étais le seul avec qui il discutait sur Instagram.

Quand sa nourriture arrive, Earn commence à manger et à nous raconter des blagues. Ou peut-être qu’elle les raconte à Sarawat, parce que je ne parle pas. Je veux me joindre à eux, mais je ne comprends pas leur conversation. Ce n’est que du blabla musical sur des groupes dont je n’ai jamais entendu parler. Parfois, Earn nous montre des chansons, mais quand nous les écoutons, je ne comprends pas vraiment pourquoi ils sont si excités.

J’ai l’impression d’être la cinquième roue du carrosse.

Sarawat est tellement lui-même quand il est avec Earn. Il lui sourit, alors que d’habitude il ne le fait jamais. Il est bavard, même s’il ne l’est jamais avec un étranger.

Je ne sais pas. Je ne sais pas quand je commence à me sentir agacé par ça. Peut-être que je n’aime pas me sentir ignoré.

— Aaahh, je suis pleine à craquer !

— Parce que tu as tellement mangé.

Leur conversation continue et tout ce que je peux faire, c’est rester assis et écouter.

— Je veux avoir ça, dit soudain Earn.

— Avoir quoi ?

— Quelqu’un avec qui je peux tout partager. Le bonheur comme la tristesse.

— Que veux-tu partager ?

— L’addition !

— Earn, arrête d’essayer d’être drôle.

Sarawat lui donne un léger coup sur la tête. Je ne sais pas comment agir, alors je me contente de rire un peu.

Je réfléchis probablement trop, mais je n’ai jamais vu Sarawat comme ça, sauf quand il est avec moi ou ses Lions Blancs. Peut-être qu’il ne m’aime pas autant qu’il le dit. Avoir Earn ne serait pas différent de m’avoir. Peut-être même qu’elle serait meilleure.

— Hé, je vais aux toilettes.

Ils acquiescent tous les deux. On a déjà payé l’addition, alors au lieu d’aller aux toilettes comme je l’ai dit, je pars.

Oui, je sais que c’est impoli. Je ne veux juste pas les déranger.

Je me déteste. Je suis devenu quelqu’un qui a peur de l’amour.



Tine TheChic

Je n’ai pas besoin que les gens qui ne se soucient pas de moi fassent partie de ma vie.



Cinq appels manqués de Sarawat.

Rrrrrrrrrrrrrr

Les laisser passer à six est probablement un peu trop.

— Quoi… ?

— Pourquoi tu ne décroches pas le téléphone ?

— J’étais sous la douche.

— Cette nuit ? Où es-tu allé ? Pourquoi es-tu parti sans me le dire ?

Sarawat commence à poser beaucoup de questions. Comment répondre sans qu’il remarque que je suis en colère contre lui ?

— J’avais la diarrhée et je voulais utiliser les toilettes chez moi.

— Qu’est-ce qui ne va pas ?

Je sais ce qu’il veut dire. Il ne se soucie pas de mon estomac.

— Je vais bien maintenant.

— Tu peux tout me dire. J’étais vraiment inquiet, mais je ne pouvais pas aller te voir parce que mes seniors voulaient que je m’entraîne. Je suis libre maintenant. Je peux venir chez toi ?

Il a l’air si sincèrement inquiet pour moi que je me mets presque à sangloter. Pourquoi je suis comme ça ?

— Ne viens pas. Je vais faire mes devoirs.

— …

— Sarawat, je peux te demander quelque chose ?

— Aha.

— Est-ce que tu m’aimes vraiment ?

— …

Sarawat ne répond pas, il soupire profondément. Je crois que je sais ce que je dois faire.

J’ai pris la peine de m’ouvrir à lui alors que nous sommes tous les deux des hommes. J’ai choisi d’ignorer tous les faits et de le suivre. Regardez comment ça a tourné…

— Je pense… qu’on devrait revenir à ce qu’il y avait avant qu’on se connaisse. À partir de maintenant, tu n’as plus besoin de m’appeler et nous n’avons plus besoin de nous parler tous les jours. Tu peux arrêter de venir me voir. Peut-être que tu peux même aller trouver quelqu’un que tu aimes bien.

— Pourquoi dois-je aimer quelqu’un d’autre ?

— Je ne sais pas. Je ne pense pas que tu m’aimes tant que ça.

— Tu es fou ?

— Oui, je le suis. Arrête de m’embêter. La personne que tu aimes vraiment, ce n’est pas moi, c’est Earn ! dis-je avant de raccrocher, sans attendre qu’il réponde.

J’ai peur qu’il fasse réellement ce que j’ai dit - j’ai peur qu’il l’aime vraiment et qu’il agisse comme si je n’avais jamais existé.

Qu’est-ce que j’ai fait ? Merde !



Il l’a fait.

Sarawat ne m’a pas appelé depuis 3 jours. Je fais un effort pour ne pas m’approcher de sa faculté, même si elle est proche de la mienne. Le premier jour, je me suis senti soulagé, mais le suivant, j’ai eu l’impression de perdre la tête.

Aujourd’hui, c’est le troisième jour. Je me sens découragé. Nous avions l’habitude de parler tous les jours, et je me sens si seul quand Sarawat n’est pas là. Je n’ai jamais été comme ça avant. Lui seul m’a fait me sentir comme ça.

— Je prendrai une tasse de thé à la pomme, s’il vous plaît.

Je suis au café de P’Tun avec ma bande. Je ne leur ai pas dit ce qui s’est passé, parce que j’ai peur qu’ils en fassent tout un plat. C’est mieux de ne pas en parler.

— Je vais prendre un smoothie au thé vert africain, merci. Et toi, Ohm ?

Je laisse les autres passer eux aussi leur commande et j’essaie de nous trouver des sièges, mais je m’arrête quand quelqu’un attire mon regard.

— Bonjour, Tine.

C’est Earn. Avant, je ne la voyais jamais en dehors du club, mais ces derniers temps, j’ai l’impression qu’elle est partout.

— Salut.

Je lui fais un signe de tête et je sens mon cœur tomber dans mon estomac quand je vois le grand type qui vient de revenir des toilettes.

— Vous êtes venus ici ensemble ?

Pourquoi je demande ça à Earn ? En voyant deux sacs sur leur table, je crains vraiment que ce dont j’ai peur se produise pour de bon.

Je n’ai pas besoin de réponse. Je retourne à ma table où les membres du Star Gang regardent leurs téléphones ou lisent des bandes dessinées. Fong me fait savoir que Sarawat est là, mais je ne regarde pas. Je vais trouver quelqu’un pour le remplacer.

— Le thé aux pommes est prêt.

Lorsque ma commande est appelée, je saisis mon portefeuille et me lève pour aller chercher la boisson. Je reconnais le gars au comptoir. C’est celui qui m’a demandé mon numéro de téléphone la dernière fois au bar. Son nom, c’est… Milk ? Mat ? Maew ?

Peu importe. Je ne lui dis pas bonjour.

— Salut, Tine, dit-il.

— Salut. Voilà l’argent.

Je le paie pour le thé aux pommes et je le récupère.

Je vous ai déjà dit que le Café de P’Tun est le préféré de beaucoup de monde, et c’est aussi vrai pour les étudiants en architecture. Ce n’est pas si bizarre que ce type soit là pour aider la propriétaire et pour… draguer les gens.

— Tu es ici avec tes amis ?

— Ouais, tu aides P’Tun, non ?

— Je traîne juste. Je m’ennuie, alors je suis venu ici.

Quelle belle viiiiiieeeee.

— Je vais y aller, alors.

— Détends-toi. Je veux dire bonjour à tes amis, dit le gars et il tend la main pour tapoter doucement mes cheveux.

Je fronce les sourcils, confus.

SLAP !

Je suis toujours confus quand la main de quelqu’un gifle l’autre pour l’éloigner de ma tête. Sarawat semble prêt à se battre.

— Je veux te parler, dit-il à voix basse et il m’attrape la main, me traînant hors du café sous les regards de tous.

— Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?

Je lui ai crié dessus. J’agis comme si je venais de le surprendre en train de me tromper.

— C’est quoi ton problème ? Tu l’as laissé toucher tes mains et ta tête juste comme ça.

C’est comme s’il était devenu fou. Je n’ai jamais vu Sarawat comme ça. Il me taquine souvent, mais pas comme ça. C’est différent. Ses yeux sont en colère, et ils me disent qu’il ne va pas se calmer de sitôt.

— Je peux faire ce que je veux. Ce sont mes affaires, pas les tiennes.

— Comment ça, ce ne sont pas mes affaires ? Si je ne tenais pas à toi, je ne ferais pas une chose pareille. Je t’aime depuis un an. Je veux te garder pour moi. Comment peux-tu le laisser te toucher ?

Attendez ! Ça ressemble peut-être à une vraie explication, mais il y a quelque chose qui cloche.

— Tu es venu ici avec Earn et je n’ai rien dit. Pourquoi tu te mets en colère ?

— Je ne suis pas venu ici avec elle. Je l’ai rencontrée par hasard, alors je lui ai proposé de s’asseoir avec moi.

— Et alors ? Tu m’as dit ça pour quoi ?

— Je ne suis pas venu pour te voir. Pendant trois jours, j’ai essayé de faire ce que tu voulais, mais tu sais quoi ? Ces trois derniers jours ont été plus douloureux que toute l’année dernière. Avant, je ne pensais pas que je te reverrais. Maintenant, j’ai constamment envie d’être avec toi. Tu ne comprends pas ?

— …

Je suis stupéfait. Il agit comme s’il était en colère contre moi. Alors maintenant, tout est de ma faute, c’est ça ?

— Je n’aime pas Earn de cette façon. Nous sommes amis. Elle a un petit ami. On ne parle que de musique. Compris ?

Je ne trouve pas de mots à dire.

— Sarawat…

— Je suis en colère contre toi.

Quoi ?

— Pourquoi ? C’est moi qui suis en colère.

— Pourquoi es-tu en colère ?

— Parce que je pensais que tu l’aimais bien. A cause de toi, je n’ai pas dormi depuis des jours. Tu dois prendre tes responsabilités pour ce que tu as fait.

— Sois mon petit ami, alors.

— … !!

— Si tu voulais être mon petit ami, je te bercerais dans un doux sommeil chaque nuit.

Tu parles ! Mon cœur…



C’est la fin de tout ça. Je ne suis plus en colère contre Sarawat, et il semble heureux à l’entraînement de foot. Earn a déjà un petit ami: un senior de notre club. J’étais le seul à ne pas le savoir.

Et pour ce qui est de me demander d’être son petit ami ? C’était juste une blague.

Même si ça ne l’était pas, je ne suis pas prêt à dire oui tant que je suis encore confus à propos de tout ça. Je pense que j’aime les jolies filles, mais je ne peux pas nier que j’aime beaucoup Sarawat aussi. Mais je ne sais pas.

Je n’ai pas changé du jour au lendemain, j’ai toujours envie de m’amuser et de flirter comme avant. J’ai juste rencontré par hasard quelqu’un d’encore plus beau que moi alors que je me sentais seul, et j’ai été bouleversé par lui. Je dois juste prendre mon temps et ensuite tout se mettra en place. C’est tout.

Quoi qu’il en soit, le jour est enfin arrivé. Le jour du match entre l’équipe d’ingénierie et l’équipe de sciences politiques. Je n’ai pas vu Sarawat depuis ce jour au café de P’Tun. Il n’est même pas allé à l’entraînement de guitare. Je le sais, même si je n’y suis pas allé non plus - en fait, je ne voulais pas abandonner le club, parce que P’Dim n’arrête pas de nous gronder sur la page Facebook du club, mais je suis cheerleader. Je dois passer tout mon temps à m’entraîner jusqu’à la fin de la saison.

— Hé, on part dès que le cours est terminé.

— Pourquoi vous êtes si pressés ?

Le cours n’est pas encore terminé, mais les trois hommes ont déjà rangé leurs affaires et sont prêts à partir.

— Je dois le faire, sinon je vais avoir des problèmes, explique Fong avec un sourire.

— Pourquoi ça ?

— Une senior m’a demandé d’aider à servir les boissons pour le public.

Si cela avait été quelqu’un d’autre, son enthousiasme aurait pu être un peu rébarbatif. Mais c’est Fong, qui vient de rompre avec sa petite amie et qui veut manifestement draguer sa senior. Je ne vais pas l’arrêter. Je sais qui est la senior, et elle est mignonne, mais Fong ne la mérite pas.

— Alors dépêche-toi de partir.

Techniquement, je suis pressé aussi, mais je n’ai pas envie d’aller me faire maquiller. La pensée du maquillage me fait penser à Sarawat.

Tout le monde a attendu ce jour. Les cheerleaders et aussi les femmes de Sarawat. Cela va devenir un jeu excitant.

Comme je vous l’ai dit, en tant que première année, nous n’avons pas beaucoup à étudier. Au lieu de cela, nous sommes occupés par des activités extrascolaires - et elles prennent toutes beaucoup plus de temps que n’importe quelle matière scolaire. Je dois faire à la fois le club de musique et les cheerleaders, ce qui revient à avoir deux emplois à plein temps. Je suis constamment fatigué. Si j’avais su que ce serait comme ça, je n’aurais jamais rejoint l’un ou l’autre. J’ai de la chance si j’ai ne serait-ce qu’une seconde pour respirer !

Après m’être séparé du Star Gang, je me dirige vers les cheerleaders seniors qui attendent de maquiller les premières années. Nous devons faire la queue, et nous passons le temps à parler ou à regarder nos téléphones. Puis quelqu’un crie bruyamment.

Je ne l’ai pas vu depuis longtemps, mais Sarawat est le même que d’habitude. Pas plus mince que d’habitude, pas plus bronzé que d’habitude, et son expression impassible me fait savoir qu’il sera aussi ennuyeux que d’habitude.

Tout le monde porte immédiatement son attention sur lui.

— Sarawat, tu es ici pour voir Tine, non ?

Apparemment tout le monde le sait déjà.

— Ouais.

Il n’essaie même pas de le nier. Sarawat s’assoit sur ma chaise, me poussant effectivement sur le bord de celle-ci. Pourquoi ne peut-il pas s’asseoir sur l’une des dix autres chaises ici ?

— S’il te plaît, assieds-toi sur une autre chaise. Je suis sur le point de tomber, gémis-je, mais il fait semblant de ne pas m’entendre et me fait plutôt un sourire gentiment agaçant. Je t’ai dit de bouger. Tu veux être blessé ?

— Ouais.

— Je vais te frapper.

— Tu ne peux pas faire autre chose ?

— ..!!

Merde ! J’en ai la chair de poule.

Parfois, je me dis qu’un esprit a dû le posséder pour qu’il puisse dire un truc aussi innocent et le faire sonner aussi cochon. Au moins, il a eu la décence de le chuchoter pour que les seniors n’entendent pas. Ils nous regardent toujours intensément, cependant.

Cette chose qui se passe entre Sarawat et moi est devenue quelque chose que tout le monde connaît. Comme il a annoncé aux seniors qu’il leur ferait savoir quand nous aurions une relation, ils ont raconté à tout le monde qu’il me drague.

— Tu ne dois pas te préparer pour le match ?

— Le senior m’a laissé une seconde pour passer te voir.

— Tu ferais mieux de tenir ta parole, alors.

— Ça fait un moment.

— Et alors ?

— Pourquoi tu pues plus que de la nourriture périmée ?

Ugh ! Je peux le frapper ? Il me met en colère au lieu de me faire sourire. C’est vraiment le même Sarawat que d’habitude.

— Oh, mais tu as un parfum si délicieux toi-même. Si agréable. Tu portes une si douce odeur de lavande. Très rafraîchissant, dis-je sarcastiquement.

— J’aime quand tu es en colère.

— Ne te moque pas de moi.

— Tu es si mignon que j’ai envie de te serrer. Laisse-moi te mordre.

— Tu es un chien ?

— Je peux mordre tes lèvres ?

— Mords mon pied.

— Tine, c’est ton tour de te maquiller, m’appelle une senior, interrompant la dispute.

Je me lève, ne voulant pas la faire attendre longtemps alors qu’il y a encore beaucoup de monde dans la file.

— Pourquoi me suis-tu ? crié-je à Sarawat, qui me suit comme un chien qui veut me mordre les fesses.

— Je veux la voir te maquiller, dit-il d’un air détaché.

— Tu peux t’asseoir ici. Ce ne sera pas long, dit la senior en trouvant une chaise pour Sarawat au lieu de le refuser.

Bien sûr.

— Merci.

— Tine, attache tes cheveux. Je vais trouver un fond de teint qui correspond à ta carnation, dit-elle en fouillant dans sa trousse pendant que je commence à attacher mes cheveux.

— Je vais les attacher pour toi, m’interrompt doucement une voix grave.

— Ne t’inquiète pas, je peux le faire.

Même si je refuse, mes mains sont plus lentes que les siennes. Cela fait ricaner tout le monde autour de nous quand il prend un bandeau pour attacher maladroitement mes cheveux. Est-ce qu’il les attache vraiment, ou est-ce qu’il les tire juste ? Ça fait mal. En plus de ça, ses mains sont si rugueuses. Elles ressemblent à un mélange de grès et de gommage pour le visage.

— Est-ce que ça va ?

— Ouais, peu importe, marmonné-je.

Son visage, juste devant mes yeux, fait battre mon cœur plus vite. Il presse ses lèvres l’une contre l’autre, se concentrant comme si attacher mes cheveux était une tâche difficile.

— Ton front est aussi large que le stade de Rajamangala.

Je passais un bon moment, mais il l’a gâché.

— Je te déteste.

— Je vais emprunter ton large front pour jouer au foot avec mes amis. Ok ?

— Tu es vraiment horrible.

C’est ce que je récolte en acceptant de mieux le connaître ? Je n’ai toujours pas vu de bonnes choses. La seule chose que j’ai découverte, c’est qu’il m’insulte constamment. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne me rende complètement fou.

Je m’assois sur une chaise confortable en face de la senior qui a enfin cessé de s’agiter au sujet de Sarawat et s’efforce plutôt de me trouver un fond de teint. Lorsque la jolie fille commence à l’appliquer sur mon visage, son toucher est doux et apaisant.

— Je suppose que le fond de teint blanc est à la mode en ce moment, hein ? dit soudain Sarawat, me faisant sursauter.

La senior semble tout aussi surprise que moi par son commentaire.

— Ce n’est pas trop blanc, Sarawat. Tine a le teint clair, je pense que cette nuance lui va bien.

— Bonne teinte, visage horrible.

— Tu veux te battre ?

— Mettre du fond de teint ne fera pas de différence.

Comme Sarawat râle, je demande du regard de ne mettre qu’une couche légère. Mieux vaut prévenir que guérir. C’est difficile de lire son humeur. La senior tapote un peu de poudre sur mon visage avant de passer à l’ombre à paupières.

— Sans, c’est mieux.

Encore. Sarawat essaie manifestement de faire en sorte qu’elle arrête de me maquiller, et la senior l’écoute apparemment. Je ne lui dis rien. Ce n’est pas que je sois prévenant, son comportement me fait simplement hésiter.

C’est difficile de se maquiller parce qu’il m’interrompt sans cesse. Quand elle prend de l’eye-liner, il dit :

— Il ressemble déjà à un raton laveur. Pas besoin de ça.

Et quand elle prend un fard à joues…

— Il aura l’air d’un clown.

Puis le rouge à lèvres…

— Juste du baume à lèvres, ça ira.

— Je n’ai pas besoin de maquillage, hein ? crié-je, en crachant presque sur lui.

— C’est bien, parce que je n’ai pas apporté ce truc pour nettoyer ton visage.

— Ça s’appelle un démaquillant. Et j’étais sarcastique. Compris ?

— Non.

— Essaie.

— Pourquoi veux-tu à ce point en mettre ? Tu es assez mignon.

— …

— Tu veux être plus mignon pour attirer plus de monde, n’est-ce pas ? Quelle plaie.

Il se retourne soudainement et part. On reste abasourdis. Il a ses règles ou quoi ? Mon cœur…



Lorsque le match est enfin sur le point de commencer, les cheerleaders doivent tous se rendre sur le terrain au son d’une chanson de marche et ouvrir le match. Les deux concurrents attendent, prêts à s’élancer. L’équipe d’ingénierie porte des maillots pourpres et les sciences politiques sont en blanc.

Les cris venant du stade ne sont pas pour moi ou les autres cheerleaders qui sortent du terrain. Les équipes concurrentes se dirigent vers le terrain, et celui qui est officieusement appelé le Mari de la Nation passe sa main doucement sur mes cheveux quand je le croise. Quand je le regarde, il s’en va comme si de rien n’était. Mon cœur bat si fort qu’il risque de s’échapper de ma poitrine à tout moment.

— Sarawat, nous avons vu ça.

— Oh, nooooon !

Tout le monde me reluque pendant un moment avant que l’attention ne se porte sur le terrain où les concurrents sont présentés. Ils ont terminé les échauffements avant de rentrer sur le terrain.

Je n’avais aucune idée à quel point ce jeu serait excitant pour tout le monde. J’ai l’habitude de voir l’équipe de Sciences Politiques dans leurs maillots blancs, mais pas tous les autres. La vue est apparemment exaltante pour tout le monde, surtout pour les Femmes de Sarawat.

— Super Blanc, numéro 12 !

— Aaaaiieeee !!

— Mon mari !

— Sarawaaaaaat !

Le terrain explose en rires et en cris. L’agitation est dirigée vers une seule personne, il les salue. Sarawat porte toujours le numéro 12 avec le nom “Salawad” écrit dans le dos, mais aujourd’hui il porte un nouveau maillot. L’écriture en gras sur ses épaules indique “Super Blanc”.

Excusez mon français, mais va te faire foutre !

Ce type est tellement connu qu’il s’est appelé “Super Blanc”. Il n’est pas du tout comme ça. Même moi, je n’ai pas assez confiance en mon teint pour prétendre cela. Peut-être savait-il qu’ils allaient perdre le match de toute façon et il a donc décidé d’aller de l’avant et de se moquer de lui-même. Man a fait la même chose: son maillot dit “Man-Oh-Ho”. Toute l’équipe a son surnom sur le dos.

Wheeeeeeeeeeez !

Le sifflet retentit bruyamment. Quelqu’un met le ballon en jeu. Enfin, le match légendaire entre les sciences politiques et l’ingénierie a commencé.

Nous, les cheerleaders, devons rester en mouvement pour soutenir les joueurs. Chaque fois que l’équipe blanche est sur le point de marquer, je ne peux m’empêcher d’être excité. Je n’ai pas peur d’admettre que je l’encourage secrètement. Même si j’ai parié contre son équipe, je ne veux pas qu’il perde.

— Maintenant, le numéro 8, Satit, dribble le ballon et le passe à Sittichai. Il court, mais est plaqué par les Lions Blancs.

Le commentateur enthousiaste et les mots dans le dos de Sarawat me donnent mal à la tête.

— C’est un corner, mais le numéro 4 de l’ingénierie le met près du but.

Tout le monde est gonflé à bloc. Je n’ai plus envie de danser. Mon cœur rate un battement. Je n’ai jamais vu un match aussi excitant.

— Aujourd’hui, Sarawat, le numéro 12, a changé de nom. Même numéro, nouveau nom. Applaudissez “Super Blanc”, qui dribble la balle !

J’ai envie de crier.

— Super blanc, vas-y ! Continue comme ça !

— ManOho passe la balle à TeeMœ. Et… et… !

— …

— Tire !

— Wow ! La balle est allée jusqu’ à Silom. Les Lions Blancs ont manqué le but.

Le commentateur fait un si bon travail. L’équipe d’encouragement est dans tous ses états, moi y compris. Quand les seniors nous laissent faire une pause, le Star Gang nous sert des boissons. Ohm me tend une bouteille d’eau, l’air fatigué.

— Tu crois qu’il va gagner ? demande-t-il.

Je ne sais pas. Je sais juste que je le soutiens.

— Aucune idée.

— Je pense qu’il va gagner grâce à son porte-bonheur, “Super Blanc”.

Je ne veux plus entendre ces mots.

— Les autres ont été six fois champions, pourtant.

— C’était avant leur rencontre avec les Lions Blancs. Hé, regarde !

Les mots d’Ohm détournent mon attention vers le terrain, où le ballon vole vers le gardien de Sciences Po. La voix d’Ohm est noyée par les cris lorsque le ballon touche le but. Mon cœur s’arrête pendant une seconde.

— Buuuuuuut ! 1-0 pour l’équipe d’ingénierie !

Les huées et les acclamations tentent de se surpasser les unes les autres. Le match continue. Pendant la première mi-temps, un remplaçant est appelé car certains joueurs se sont fait trébucher. Le désordre chaotique est l’un des charmes de ce sport.

Tous les joueurs en blanc ont l’air découragés lorsqu’ils sont menés 2-0 à la mi-temps. Sarawat est assis près de ses amis, dégoulinant de sueur. Des seniors distribuent de l’eau et des serviettes. Je ne suis pas loin d’eux, mais je ne veux pas le déranger. Au lieu de cela, je continue à le regarder comme un idiot, jusqu’à ce qu’il finisse par se lever pour venir vers moi. Il s’assoit sur une chaise près de moi avec un profond soupir.

— Tu pues la sueur. Va-t’en.

— Je reste ici.

Je n’arrive pas à trouver une bonne réprimande, alors nous restons silencieux un moment.

— N’aie pas l’air si découragé. Même si tu perds, ça va, dis-je finalement, en m’assurant qu’il écoute.

Quand je pense au pari, ça ne me dérange pas qu’ils ne gagnent pas. Même s’il va être un mauvais perdant.

— Je ne suis pas découragé. Ton soutien est tout ce dont j’ai besoin pour être heureux.

— Pourquoi tu as porté ce maillot bizarre aujourd’hui ?

— Je suis blanc, je peux porter ça.

Espèce de crétin bronzé. Je comprends vite que je n’obtiendrai rien en posant des questions à ce sujet.

— Où est l’autre ? demandé-je à la place, en pensant à son maillot habituel.

Je pensais que c’était son porte-bonheur. Il ne répond pas.

Quelqu’un crie à nouveau. Les aînés traînent Sarawat sur le terrain pour prendre des photos avec lui. Je trouve mon téléphone pour passer le temps, en regardant rapidement les nouveaux posts des Femmes de Sarawat.



“Super Blanc est si cuuuuttttteee”

“Je veux qu’il soit mon mariiii”

“Sarawat flirte avec Tine, je vais donc flirter avec Super Blanc à la place”

“J’ai tellement envie de laver son maillot. Je serais satisfaite”

“Fixe-toi un autre objectif ! Devenir encore plus sexy ! Mon argent est à toi !”



Ils deviennent fous. Je me plonge dedans jusqu’à ce que Sarawat revienne vers moi avec un profond soupir. Même s’il est toujours entouré de gens, il ne leur prête pas attention.

— Ça va ? Tu es blessé ?

J’arrive à paraître calme, mais mes yeux papillonnent de haut en bas de son corps.

— Non.

— Il reste dix minutes avant la deuxième mi-temps. Tu veux écouter de la musique ?

Sarawat hoche la tête et prend mon téléphone.

— Tu as des écouteurs ?

— Oui, dis-je doucement et j’attrape mon sac pour chercher mes écouteurs, puis je les lui tends.

Il les prend, en insère un dans son oreille et me tend l’autre, me forçant en quelque sorte à le prendre.

— Je vais utiliser SoundCloud.

— A toi de voir, dis-je et j’attends qu’il choisisse une chanson.

Je vais le gâter uniquement parce que je sais que son équipe va perdre le match. SoundCloud est destiné aux personnes qui partagent les mêmes goûts musicaux. Je peux suivre des personnes qui aiment les mêmes chansons que moi. Bien sûr, Sarawat est au courant, il aime beaucoup la musique indépendante.



J’ouvre les yeux pour voir un nouveau jour.

Je le regarde avec un cœur vide.

J’oublie les mauvais moments d’avant,

Ces jours tristes sont partis.



La chanson dans mes oreilles est For you de Scrubb. Sarawat sait que j’aime beaucoup cette chanson.



Nous avons traversé beaucoup de choses dans ce voyage.

Parfois nous faisons des erreurs

Certains jours, quand je me sens mal,

Tu es là pour me réconforter

Tu sais… Je peux tout te donner.



— Tu sais… Je peux tout te donner…

Sarawat fredonne en même temps que Muey, saisissant ma main droite avec sa gauche, me regardant dans les yeux comme pour dire quelque chose.



Quand tu seras avec moi dans ce voyage,

peu importe combien de temps,

je serai là.



— … quand tu seras avec moi dans ce voyage, peu importe combien de temps, je serai là….



Mais c’est encore peu… D’autres bonnes choses viendront.



— …. mais c’est encore peu… d’autres bonnes choses viendront….



Tant de choses viendront, je veux que tu le saches.



— … tant de choses viendront, je veux que tu le saches.



Ses yeux font que la dernière phrase de la chanson ressemble à une question. Une question qui me fait sourire. Merde ! Sa voix est affreuse, alors pourquoi je souris ?

Et je hoche même la tête. C’est comme si…. Peut-être que je commence à croire en lui, même si ce n’est qu’un peu.



Tu m’as moi aujourd’hui. Je ne me soucie de personne d’autre.

Je veux que tu saches qu’il n’y aura que nous deux.(2)



— Waaahhhhh, Tine a perdu !

— Le perdant doit faire ce qu’il a promis.

Les voix fortes des Lions Blancs résonnent dans ma tête. Depuis que l’équipe de Sciences Politiques a gagné le match, ils n’arrêtent pas de me taquiner.

Le match s’est en fait terminé sur un score de 2-2, l’arbitre leur a donc accordé un penalty pour désigner le vainqueur. Sarawat a envoyé le ballon dans le but, ce qui a donné une victoire de 2-3 pour les Sciences Politiques.

Le résultat est que je suis le malchanceux. Ils me coincent.

— Ok, ok, je le posterai demain.

— Pas question. Dépêche-toi de dire à mon ami que tu l’aimes pour que je puisse partir.

— Je n’ai pas de photo. Laisse-moi en trouver une.

— Pas de problème. J’en ai une, je vais juste te l’envoyer sur LINE.

Je déteste Ohm. Depuis quand il a une photo de Sarawat et moi ? Je n’ai pu me poser la question qu’une seconde avant de recevoir la photo et ma mâchoire s’est décrochée. Puuuuutain, il a secrètement pris une photo alors que nous écoutions de la musique. Nous avons tous les deux de grands sourires sur nos visages.

— Cette photo est décente et la chanson devait être vraiment bonne.

Ils rient tous.

— Publie-la ! Publie-la ! Publie-la !

— Fais en sorte qu’elle soit bonne. N’oublie pas d’écrire une légende touchante.

J’espérais le soutien de Sarawat, mais il ne me l’a pas donné.

— Ok, je vais la poster. Je suis un homme courageux !

Je respire profondément et prends mon téléphone. J’ouvre Instagram. Pas de filtre sur la photo. Quant à la légende… je n’arrive pas à trouver quelque chose de touchant.

Je ne laisse pas mes amis voir quand je tape les mots, mais ils reçoivent tous la notification quand je la poste. Sarawat la voit sur le téléphone d’un de ses amis. Il sursaute et me regarde.

— C’est pour de vrai ?

— Oui.

Je suis encore en train de répéter la phrase dans ma tête.



Tine_chic J’aime bien Sarawat.



Sarawat se rapproche de moi et approche son visage du mien. Son souffle chaud caresse mon cou, envoyant des frissons électriques dans mon corps.

— Je n’ai pas apporté mon téléphone ici aujourd’hui, mais je veux te faire savoir que mon senior nous a mis au défi de faire écrire le nom de nos coups de cœur sur nos chemises aujourd’hui. “Super Blanc” ce n’est pas moi, c’est toi, petit con.

— … !!

— Je t’aime bien.

— …

— C’est pas ça. Je t’aime vraiment bien.

Si tu dis quelque chose comme ça, je préfère que tu m’appelles juste petit con.

Oh mon dieu…

Notes :
1/ Le mot ‘muey’ veut dire ‘fatigué’ en thaï.
2/ “Hai Ter” (Pour toi) de Scrubb

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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:46



Chapitre 16
Il faut un homme pour être un héros, mais il en faut deux pour être un super héros.
“L’équipe de Sciences Politiques était incroyable ! Ils ont arraché la couronne à l’ingénierie ! Notre bébé a si bien joué. #TeamSarawatsWives”

“Si bien. Hier, il était siii bien.”

“Il est si drôle ! Il ne peut jamais rien faire de mal parce qu’il est juste trop sexy. #folleamoureusedeSuperBlanc”

“Super Blanc, ManOho, Timœ, Bossjimlim, Bigtato et Team Mong-Chae !! Le gang de Sarawat est hilarant.”

“Les Lions Blancs étaient géniaux ! et Super Blanc est si cool.”



— A quelle heure on était censés être là ? Je vous ai dit 17h30, mais tu as une heure de retard et puis tu joues sur ton téléphone Tine !!!

— M… monsieur, bégayé-je.

Son visage furieux et les regards de tout le monde rendent douloureusement évident que mon chic seul ne me permettra pas de m’en sortir, alors je mets mon téléphone dans mon sac.

Le match entre l’ingénierie et les sciences politiques a été décidé par un penalty qui a donné un résultat incroyable. Les Lions blancs sont entrés dans l’histoire en battant les sextuple champions en titre, mais ce n’est pas le seul sujet d’actualité parmi les filles du fan-club de Sarawat.

Au départ, j’ai juste vu beaucoup de messages de filles qui aimaient les nouveaux surnoms sur les maillots des Lions blancs. Puis mon post taguant Sarawat a commencé à circuler sur Instagram….

Les amis impitoyables de Sarawat sont tristement célèbres sur l’application, et il n’y a absolument aucune chance qu’il s’en sorte vivant. Des photos de lui sont mises en ligne toutes les 30 secondes et c’est comme si ma confession avait rendu toutes les filles encore plus éprises de lui.

— Tine ! Tu peux me dire ce que je viens de dire ?

Oh-oh. P’Dim est en colère contre moi. J’étais trop occupé à explorer Instagram pour faire attention et je n’en ai pas la moindre idée. Je sais que dire “je ne sais pas” va juste l’énerver encore plus, et je décide donc de dire ce que je pense devoir être un peu juste.

— Tu parlais de musique.

— Et ?

— On va faire des concerts.

— Et ensuite ?

— Nous ferons la promotion du festival de Musique le semestre prochain, essayé-je, en espérant que ça suffise à me sauver la vie.

— Et qu’est-ce que j’ai dit à propos de la performance ?

— Euh, chacun doit trouver des idées par lui-même. Je pense.

— Exactement ! Les élèves de première année vont se produire en solo sur scène vendredi prochain. Commencez à vous entraîner dès maintenant. Choisissez vos propres chansons et faites de votre mieux.

— En solo ?

Je suis surpris par les mots de P’Dim. Il se déplace lentement de l’avant de la salle et vient vers moi avec un gros soupir.

— C’est ce que je viens de dire. Tu n’écoutais pas ?

— Je… j’écoute.

Quoi ? Quand ? Comment ? Apparemment, j’ai eu une absence momentanée quand j’étais occupé à lire des trucs sur Sarawat sur Instagram.

— Les débutants doivent aussi se produire. Nous pourrions faire en sorte que ce soit deux spectacles séparés et laisser les membres expérimentés jouer après.

— Noooooon !

Tout le monde se plaint bruyamment. Les membres expérimentés (y compris Sarawat) se moquent de nous, en convenant que séparer les performances est la meilleure idée.

— Arrêtez de vous disputer ! Les membres expérimentés se produiront en premier, les débutants en dernier. Je m’en fous si vous êtes nuls. Nous nous produirons pendant trois jours d’affilée - les étudiants de première année le premier jour, les étudiants de deuxième année le deuxième jour, et les étudiants de troisième et quatrième année le dernier jour. Tirons au sort pour décider de l’ordre de passage.

— P’Dim ! J’ai une question. Est-ce que Prae va se produire aussi ?

Je sais que je risque d’être puni pour avoir demandé, mais je m’en fiche. Je n’ai pas vu Prae au club depuis des lustres et je ne lui ai pas parlé en dehors du club non plus. Je suis une personne horrible. Si je ne suis pas sûr de quelque chose ou de quelqu’un, je me retire complètement.

— N’Prae a quitté le club. Tu n’étais pas au courant ?

— Non.

— Tous les autres le savaient.

— Tu étais occupé avec l’entraînement des cheerleaders, donc tu ne savais pas. Elle m’a demandé de te dire qu’elle était trop occupée par ses devoirs, dit quelqu’un à côté de moi.

J’acquiesce. Au moins, elle s’est souvenue de moi. Mais bien sûr ! C’est le moins qu’elle puisse faire après que je lui ai acheté une glace.

— Séparons-nous pour nous entraîner. Demain, vous devez tous me faire savoir quelles chansons vous choisissez, et vous devrez les coordonner avec les autres groupes, dit P’Dim.

Par “groupes”, il entend les personnes qui jouent de la batterie, des claviers et de la basse.

Sarawat et son groupe discutent de leurs chansons dans un coin de la pièce, et tous les débutants essaient de trouver les nôtres aussi. Nous sommes tous occupés, jusqu’à ce que…

— Mon Tine… Tu as choisi quelle chanson ?

J’ai vraiment cru qu’il était mort. D’où sort-il ?

Green a posé sa tête sur mon bras, bien que je sois sûr de lui avoir déjà dit de ne pas toucher ma chemise, car son fond de teint est difficile à décoller.

— Tu n’as pas besoin de savoir.

— Je vais choisir une chanson de Scrubb. Peut-être que tu tomberas amoureux de moi alors.

— Peu importe la chanson que tu choisiras, je ne tomberai jamais, jamais amoureux de toi.

— Ne sois pas si têtu. Si tu t’entraînes avec moi, je ferai en sorte que ça en vaille vraiment la peine. Tu pourras jouer de la guitare et avoir une femme en même temps. Et si tu veux continuer à t’entraîner jusqu’à ce que tu t’effondres, tu peux venir dans ma chambre et jouer. Comme ça, quand tu seras fatigué, on pourra utiliser mon lit pour recharger ton énergie, teehee.

Ouais, une idée absolument merveilleuse. Je pourrais bien finir par virer ce type d’ici. Où a-t-il appris à être aussi audacieux ?

— As-tu oublié tes médicaments ce matin ?

— Tine, je t’aime vraiment beaucoup et je veux juste que tu me gardes à l’esprit, dit-il sur un ton de voix comme s’il s’attendait à ce que je sois un tendre amant pour lui.

Je ne serai rien de tel. Il est devenu encore pire qu’avant. Je pourrais avoir envie de vomir.

— J’aime quelqu’un et ce n’est pas toi.

— Je peux être ton amant même si tu aimes Sarawat.

— Ne t’approche pas de moi !

— Tine, sors avec moi.

— … !!

— Je suis bon au lit, et ça ne me dérange pas que tu sortes avec Sarawat.

— Quel putain de démon t’a possédé ? J’essaie de me concentrer là. Si tu continues à parler, je vais devoir te tuer, menacé-je, et finalement Green arrête de parler, même s’il ne bouge pas sa tête de mes bras.

Il n’arrête pas non plus de faire courir ses doigts sur mon corps dès qu’il en a l’occasion.

Sarawat est occupé avec sa guitare. Je n’arrive pas à décider quelle chanson jouer, même si je suis presque sûr de vouloir faire une chanson de Scrubb. Il faut qu’elle soit facile à jouer pour que je ne finisse pas par me ridiculiser sur scène, mais cela pourrait être une tâche impossible.

— Tu as choisi quelle chanson ?

— Je t’ai dit de te taire.

— Je pense que tu devrais jouer “Together” parce que nous sommes faits l’un pour l’autre.

— Tu es fou. Je pense que tu as besoin d’un psy.

— C’est méchant.

Ça fait déjà une heure, mais je n’arrive toujours pas à me décider sur une chanson. Green m’agace au plus haut point, mais je n’arrive pas à m’en débarrasser, peu importe ce que je fais. Je refuse d’écouter ses bêtises. Il a choisi une chanson à jouer, mais apparemment le mi mineur est si difficile à jouer pour lui que peu importe le nombre de fois qu’il essaie, il se trompe toujours.

Enfin. Quelqu’un est encore plus mauvais que moi pour ça. Je devrais juste lui dire d’arrêter. Un visage comme le sien est beaucoup plus adapté pour le travail de construction de toute façon.

— Dans environ 20 minutes, vous devez remballer et rentrer chez vous. Je donne cette zone à vos aînés pour qu’ils s’entraînent, dit P’Dim quand il apparaît soudainement devant la porte.

Il se promène en harcelant tout le monde, de la salle de guitare à la salle du club de musique thaïlandaise, même s’ils savent à peine qui il est.

J’utilise mon téléphone pour chercher les accords de quelques chansons que j’aime. Il y en a quatre ou cinq qui m’intéressent, mais c’est difficile de se décider juste en regardant les accords.

— Allons manger après la fin de l’entraînement.

Je soupire bruyamment devant Green.

— Non. Je n’ai pas faim.

— Moi, j’ai faim.

— C’est ton problème, pas le mien.

— Alors allons dans ma chambre. Je vais te faire sentir mieux que jamais.

— Ne commence pas.

Je remue un doigt devant son visage pour l’arrêter. Il s’arrête et fait la moue. Cette expression le fait ressembler à un singe, même s’il continue à me lancer des regards langoureux. Sans aucune hésitation, je commence rapidement à emballer mes affaires pour partir. La plupart des autres partent de leur côté, mais Green continue de me suivre et de me harceler. Il est bien pire qu’avant. Il y a quelque chose de bizarre.

— Green, qu’est-ce qui se passe ?

— R… Rien. Je veux juste partir avec toi, Tine, et être avec toi.

— Vraaaiment.

— Ouuii !!

Green a soudainement pâli. Il a dû comprendre que ce n’était pas moi qui parlais, mais P’Dim. Il a l’air furieux.

— Alors tu veux partir avec Tine, c’est ça ?

— P’Dim, c’est juste pour s’amuser.

— N’essaie même pas. Je t’ai vu l’approcher furtivement aujourd’hui. Tu essaies vraiment de draguer Tine ?

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? Je suis célibataire, je fais ce que je veux.

— Green !

Les mains de P’Dim sont autour du cou de Green.

— P’Dim !

J’essaie de les séparer, réalisant que la situation est sur le point de dégénérer. C’est comme une bombe à retardement. En tant que Teepakorn, je dois être vaillant.

Honnêtement, je suis juste curieux de savoir ce qui se passe. S’il vous plaît, ne soyez pas trop en colère contre moi.

— Quel est ton problème ? Tu veux que je te fasse du mal aussi ?

— Non, mais ne menace pas un étudiant de première année. C’est inapproprié.

— Et alors ? Tu es son petit ami ?

Je suis trop abasourdi pour parler.

— Nuisance, il est temps de partir.

Je suis sauvé de la situation quand Sarawat tire sur mon bras. Il a l’air de s’ennuyer.

— Donne-moi une seconde, objecté-je.

— Ce ne sont pas tes affaires. Tu as choisi une chanson ?

— Très bien, je vais y aller. Mais même si je n’aime pas Green, tu ne peux pas faire ça à un étudiant de première année, insisté-je.

Je m’oppose enfin au comportement tyrannique de Dissatat. Je ne peux plus le supporter.

— Comment sais-tu qu’il n’est qu’en première année ?

— Parce que tu es plus vieux que lui.

— Est-ce qu’il t’a déjà parlé d’un petit ami ?

— Euh… Oui, dis-je en hésitant, parce que je suis presque sûr que lorsque je l’ai rencontré, il a parlé de beaucoup d’amants et d’un ex vraiment sexy.

— Alors tu dois savoir, Tine, que je suis son petit ami.

— … !!

— Ex ! proteste immédiatement Green.

— Qu’est-ce que tu veux dire par “ex” ? Quand est-ce que j’ai rompu avec toi ?

— Tu sais, ce jour-là.

— On a rompu pendant deux minutes, puis on a fait l’amour dans ma chambre. C’est ça que tu appelles une rupture ?

— … !

— Allons-y. Laissons-les en parler entre eux.

Sarawat me tire brutalement alors que je suis trop surpris pour bouger. L’infâme Dissatat a un petit ami. Un petit ami qui n’a cessé de me draguer. Si j’avais accepté la demande de Green, que m’aurait fait Dissatat ? Tout ce qui serait resté de moi aurait été mon souvenir.

— Tu le savais ? demandé-je à Sarawat en essayant de me rappeler comment respirer.

— Mh-hm.

— Comment ça “mh-hm” ?

— Je le sais depuis un certain temps.

— Tu n’as jamais rien dit.

— Ce ne sont pas mes affaires, alors je n’ai pas ressenti le besoin de te le dire. Green n’a jamais rien fait qui me rende jaloux.

Son nez est près de ma joue. Mon souffle se bloque dans ma gorge pendant une seconde.

— Quoi qu’il en soit… Tu es ma chère femme. Une épouse ne peut pas être le mari d’un autre.

Sarawat et moi nous sommes rencontrés une fois auparavant. Il m’a dit qu’il était amoureux de moi depuis longtemps. Il m’a aidé à m’inscrire au club de musique. Il m’a demandé d’aller à un concert avec lui.

Je ne savais pas que Green était en couple. Et que Sarawat le savait depuis le début, mais ne me l’avait pas dit.

Mon cœur…

Est-ce que ce buffle peut avoir un peu d’herbe, s’il vous plaît ? C’était évidemment le plan de Sarawat depuis le début de faire de moi sa femme, mais j’étais trop stupide pour le réaliser.



Les seniors m’ont ordonné de venir à l’entraînement des cheerleaders, donc aujourd’hui j’ai le droit de manquer le Club de Musique. J’ai quand même apporté “Nuisance” - ma guitare adorée - avec moi et dès que j’ai une pause, je me faufile loin des autres pour trouver un banc et m’exercer.

J’ai finalement choisi une chanson. C’est une chanson de Scrubb - Wish. Ce n’est pas une chanson difficile à jouer, mais je n’arrive toujours pas à la jouer correctement. Ce n’est pas que je sois complètement nul, mais j’aimerais que quelqu’un m’écoute et me dise si je joue faux. Celui qui joue de la guitare pense toujours qu’il se débrouille bien et ne sait jamais ce qu’il doit améliorer, vous savez.

J’appelle Sarawat. Nous n’avons pas parlé aujourd’hui, alors je ne sais pas s’il est au Club de Musique ou en train de jouer au foot avec ses amis. Il faut un moment pour qu’il décroche.

— Quoi ?

Juste le genre de salut gentil que j’espérais pour aujourd’hui. Il m’a dit qu’il m’aimait vraiment, mais il ne m’a jamais adressé de mots doux, seulement des mots bizarres.

— Tu es libre ? demandé-je calmement.

— Oui.

— Où es-tu ? Au club ou en train de jouer au foot ?

— Le marchand de glaces.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— J’ai rendez-vous avec un senior pour prendre des notes pour le cours, alors j’ai séché l’entraînement de musique aujourd’hui.

— Eh bien, tu as fini ? Je veux que tu m’écoutes jouer de la guitare, demandé-je.

C’est la première fois que je fais une demande directe comme ça. C’est embarrassant.

— Tu n’as pas un entraînement de cheerleading aujourd’hui ?

— On a une pause d’une heure.

— J’arrive.

— Si tu es en retard, je te punirai.

— Quel genre de punition ? Tu as déjà décidé ?

— Merde.

Je doute qu’il puisse passer un seul jour sans me faire chier.

Je n’ai pas à attendre longtemps avant qu’il ne se montre sur le terrain, saluant les seniors. Il y a tellement de gens qui viennent lui dire bonjour que j’ai le temps de jouer la chanson deux fois avant qu’il n’atteigne le banc sur lequel je suis assis. Wow.

Je le déteeeste.

Je ne comprends vraiment pas ce qu’il y a de si sexy dans ce visage sans expression. Les filles, les gars et les gays en sont tous victimes. La simple vue de ce visage les rend éhontément insatiables.

Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi je suis irrité ?

— Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu ne m’as pas aidé à me sortir de là ?

— Quoi ? marmonné-je alors que le grand type s’assied sur le long banc. Je pensais que tu aimais être entouré de cheerleaders. Elles sont toutes belles.

Je veux juste voir comment il réagit.

— Oui, elles le sont, dit-il. Merde. Il n’a même pas essayé de le nier !

— Elles le sont.

— Elles sont belles, mignonnes et charmantes. Est-ce que m’entendre dire ça te fait te sentir bien ?

Je sais qu’il se moque de moi, mais ce regard qu’il me lance, ainsi que cette voix… Non, je ne peux vraiment pas faire ça. Il est trop intimidant.

— M… Mh-hm. Regarde juste les accords, dis-je rapidement et lui tend une feuille de papier avec les paroles.

Il la tient, ne dit rien pendant un moment, puis :

— Je veux te regarder jouer.

— Ok. L’intro est…

— Essaie encore, m’interrompt-il dès que je joue la première note.

Je fais ce qu’il dit, répétant les premières notes de l’intro.

— Comment c’est ?

— Pas bien. Appuie plus fort sur les cordes et tiens le médiator correctement.

— C’est assez bien.

— Si ça fait mal, tu devrais me le dire, dit Sarawat en se rapprochant.

Il enroule un bras autour de mon dos, soutenant mon bras pour me faire gratter la guitare.

— C’est un Do dièse majeur, non ?

— Oui, dis-je brièvement, en jetant un coup d’œil à son visage avant de tourner mes yeux vers la guitare.

C’est comme s’il m’enlaçait. J’aimerais que mon cœur s’arrête de battre. Sinon il saura qu’il me rend nerveux.

— Tu dois tenir le médiator comme ça. Sinon tu vas finir par te faire mal au poignet.

Il place sa main sur la mienne pour me montrer comment tenir le médiator correctement. Ça a l’air facile, mais ça ne l’est pas.

Oh. Mon. Dieu. Je vais mourir. Mon corps va exploser.

— Essayons ensemble.

Tuengggg

— Ça sonne mieux, non ?

— D’accord, j’ai compris maintenant.

S’il te plaît, ne me demande rien. Je crois que mes oreilles et mes yeux ont cessé de fonctionner. Rien n’existe à part son doux parfum et la main qui est toujours sur la mienne.

— Essaie cet accord.

— Comme ça ?

Je bouge mon bras pour gratter la guitare et son bras sur le mien suit mon mouvement.

— Si tu penses que c’est juste, ça l’est. Essaie.

Je n’objecte rien à ce qu’il dit, me contentant de laisser Sarawat me guider jusqu’à ce qu’il m’ait montré comment jouer toute la chanson. C’est agréable. Il a l’air de vouloir sincèrement m’apprendre.

C’est vraiment étrange. Quand il n’essaie pas de m’ennuyer, je me sens vraiment bien. Mais dès qu’il commence à m’embêter, il appuie toujours immédiatement sur les bons boutons.

— Pourquoi as-tu choisi cette chanson ? Personne ne la connaît, demande Sarawat lorsque nous faisons une petite pause.

J’ai effectivement envisagé de jouer une chanson célèbre, juste pour que tout le monde dans le public chante avec moi. Je suppose que je n’ai pas réalisé à quel point mes goûts musicaux sont peu communs : j’ai fini par choisir une chanson qui me touche vraiment à chaque fois que je l’entends, même si elle n’est pas célèbre.

— Je l’aime bien. L’écouter me rend heureux.

— Ton bonheur sera réduit de moitié par les accords difficiles, cependant. Comment as-tu pu penser que c’était faisable pour toi ?

— Ne m’interromps pas. Si c’est difficile à jouer, je devrai juste essayer plus fort. C’est comme l’amour. S’il est difficile à obtenir, il vaudra encore plus à la fin.

— Wow. Quelles belles paroles, me complimente Sarawat.

Ça sonne faux.

— Même si tu ne penses pas que je vais être capable de jouer ça. Je te montrerai le jour J et tu réaliseras à quel point je suis doué.

— C’est super, aussi.

— Et encore une chose que tu dois réaliser. Quand tu sous-estimes quelqu’un, il finit par jubiler encore plus.

— Qui est cette personne ? Elle est vraiment géniale.

— Je t’achèterai ce mot.

— Le mot “génial” ne s’achète pas avec de l’argent, mais il peut être échangé.

— Echangé contre quoi ?

— Ton cœur.

— Sarawat…

— Je dois aller aux toilettes. J’ai besoin de vomir.

Ugh, quelle phrase horrible. Ne dis plus jamais ça.

— Je suis vraiment allé sur ce terrain, n’est-ce pas. J’ai besoin de vomir aussi.

Ma journée s’est terminée par ces mots : “C’est génial”. Ils se répètent dans ma tête, que je sois éveillé ou endormi. C’est génial.

Oh, merde !

Mon @%&^*(I#%$+B*S@ cœur…



Famemie Ils sont juste assis là, à apprendre à l’autre comment jouer. Aucune pitié pour les gens qui les entourent. Hnnnggh @Sarawatlism @Tine_chic



Je passe la semaine suivante à essayer de jongler avec tout. Le cheerleading, la pratique de la guitare, les études et la préparation des examens à venir. Je me sens submergé. Mon seul salut est que le vendredi arrive. Après vendredi, il y a samedi et dimanche, ce qui signifie que j’aurai plus de temps pour dormir, faire mes devoirs et passer du temps avec mes amis.

Il est trois heures de l’après-midi et le Star Gang vient de terminer son dernier cours de la journée. Nous rangeons tous nos affaires et partons à la recherche de quelque chose à manger. Après s’être assis, nous remarquons tous les Lions Blancs qui tournent au coin du bâtiment. On dirait qu’ils ont combattu des chiens sauvages. Je me souviens que quelques jours auparavant, au café de P’Tun, j’avais remarqué que Sarawat avait l’air un peu amoché et contusionné. Maintenant, il y a une tache sur son bras - on dirait du sang. Il est impossible que quelqu’un soit assez stupide pour se mettre autant de ketchup sur lui.

Je suis curieux et je me lève immédiatement pour suivre les garçons. Sarawat ne les accompagne pas lorsqu’ils partent, car il m’a vu venir vers lui. “Tu sors de cours ?” Je pose une question ennuyeuse, mais je ne sais pas comment entamer la conversation. Son visage est en sueur et il est si essoufflé que je crains qu’il ne s’effondre.

— Oui, me répond-il brièvement et il lève sa main indemne pour caresser doucement mes cheveux.

— Où vas-tu ?

— Chez moi.

— Où étais-tu passé ? Le département des Sciences Politiques a vraiment un cours de fossoyage, n’est-ce pas ?

Il a l’air si mal en point. Heureusement qu’on est sur le côté d’un bâtiment où personne ne le remarquera. C’est la deuxième fois que je le vois comme ça. La dernière fois, il s’était tellement blessé au bras qu’il n’avait pas pu jouer de la guitare pendant longtemps. Pourquoi ne prend-il pas mieux soin de lui ? C’est énervant.

— Je vais bien. Ne t’inquiète pas.

— Tu n’as pas répondu.

— Je suis si fatigué. Tu peux venir avec moi ? Tu peux me ramener à ma chambre ?

— Et ta voiture ?

— Elle est au garage.

— Pourquoi tu ne te fais pas conduire par un de tes amis ? La voiture de Man est assez grande pour vous accueillir tous.

— Je veux être une gêne pour toi, pas pour Man.

C’est des conneries.

— Alors donne-moi une seconde. Je dois prévenir mes amis.

Il acquiesce et attend que je finisse de ranger mes affaires. Puis on se dirige vers le parking. Je vais le déposer avant de me rendre à mon propre dortoir. Il est beaucoup plus silencieux que d’habitude.

— Sarawat, nous sommes arrivés.

Il a l’air si épuisé. Comme s’il était sur le point de s’endormir.

— Ouais.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu peux me dire si tu as la grippe.

Mais je ne pense pas que ce soit ça. Je cède à mes inquiétudes et je tends le dos de ma main vers son front. Il n’est pas comme ça d’habitude.

— Ce n’est rien. Tu devrais rentrer chez toi, et ne t’arrête nulle part en chemin.

— Attends une minute, je n’ai pas encore fini.

Sarawat a déjà ouvert la porte pour sortir, mais je tends la main pour le forcer à rester dans la voiture.

— On en reparle demain.

— Sarawat, je suis inquiet pour toi. Tu comprends ?

— …

— Tu ne me réponds pas. Alors je ne peux pas rentrer chez moi. Tu ne veux pas me dire ce qui ne va pas. Tu penses vraiment être le centre de l’univers et ne pas te soucier de ceux qui t’entourent, n’est-ce pas ?

Les mots sortent de ma bouche avant que j’aie le temps d’y réfléchir.

— Nuisance, ne t’inquiète pas. J’ai juste eu une dispute avec mes seniors.

— Qui ? Pourquoi ? Où ? Où es-tu blessé ? Dis-moi.

Sarawat ne répond pas mais se contente de sortir de la voiture. Il me fait un signe de tête pour que je vienne avec lui dans sa chambre.

Sa chambre aux murs gris n’a pas changé du tout. Tout est à la même place que la dernière fois. Je m’assois au pied de son lit et le regarde chercher une trousse de premiers soins. Il la pose sur son genou et demande d’une petite voix.

— Tu peux me soigner ?

— Où es-tu blessé ? demandé-je.

La seule tache de sang que je peux voir est celle sur son bras. Il n’y a rien sur son visage, ce qui est un soulagement. Cela signifie qu’il ne va pas soudainement tomber raide mort.

— Sur tout mon corps.

— Hah ?

Sarawat n’en dit pas plus, il déboutonne lentement sa chemise et la jette dans le panier à linge. Je ne me soucie pas tant de la chemise que des éraflures sur son corps. De son cou et de ses épaules jusqu’à son ventre, sa peau bronzée est couverte d’éraflures sanglantes et de bleus. Ce n’est pas juste quelques marques. On dirait qu’il s’est fait botter le cul.

— Qui a fait ça ?

Je déglutis.

— Des seniors.

— De Sciences Po ?

— Non. Ingénierie.

— Ce n’est pas parce qu’ils ont perdu le match, n’est-ce pas ?

Il secoue la tête.

— Ça fait un moment qu’ils me cherchent. J’ai peut-être fait quelque chose qui les a énervés, dit-il comme si ce n’était pas grave.

Je suppose que je suis le seul à flipper à cause de ses blessures.

La moitié des gens l’aiment à en mourir. L’autre moitié ne l’aime apparemment pas, au point de l’agresser comme ça. Ils ont même été assez intelligents pour ne pas frapper son visage afin que personne ne soupçonne rien. Sarawat ne dirait jamais à personne qu’il a été victime d’une embuscade - même moi, je dois le forcer à me le dire.

Je repense au Café de P’Tun. Il a le même regard maintenant.

— Combien de fois t’ont-ils battu ?

— Deux fois.

— La dernière fois, c’était quand tu t’es blessé au bras, non ?

Il hoche silencieusement la tête. Je laisse échapper un long soupir et verse de l’alcool sur un coton pour nettoyer le sang sur son corps. En le regardant, j’ai presque envie de me mettre à pleurer. L’expression de son visage me fait comprendre à quel point il a mal lorsque je touche ses écorchures. J’ai envie de le serrer dans mes bras.

— Ne pleure pas.

— Qui pleure ? Tu t’imagines des choses ?

— Je ne suis pas d’humeur à plaisanter. Et Man et les autres ? Ils sont dans le même état que toi ?

— Ils ont pris quelques coups et sont rentrés chez eux pour se nettoyer aussi. Les seniors ne les détestent pas. Ils ne détestent que moi.

— Putain….

C’est tout ce que je dis parce que je n’arrive pas à trouver de mots pour la suite. La peau de ses épaules à sa poitrine est plus violette que bronzée maintenant.

— Je dois aller acheter une poche de froid pour ça.

— C’est bon, j’ai juste besoin de quelques analgésiques et d’être nettoyé.

— Ça va prendre beaucoup de temps pour guérir.

— Si tu es ici avec moi, je me sentirai bientôt mieux.

— Tu es tellement têtu.

Je réussis à le soigner. Il me fixe un moment, puis pose sa tête sur mon épaule. Je le laisse faire. Il a une longue ecchymose dans le dos, on dirait qu’il a été frappé avec une ceinture. Il doit souffrir. Je souffre aussi. J’ai mal parce que je sais qu’il a mal, et je ne peux rien y faire.

— Si je n’étais pas là, qui t’aurait aidé à ma place ? Serais-tu allé à l’hôpital ? lui demandé-je.

— Je l’aurais fait moi-même, marmonne Sarawat.

— Si tu as un problème, tu dois me le dire. Tu m’as dit toi-même que tu voulais tout partager avec moi.

— Je ne veux pas que tu t’inquiètes.

— Je vais m’inquiéter encore plus si tu ne me dis rien. Tourne-toi, je dois voir ton dos.

— Je veux rester comme ça pendant une seconde.

— Mmmh…

Je ne peux pas lui dire non. Au moins, mon épaule peut devenir un rayon de soleil dans un hiver sombre. Je déteste vraiment ces seniors qui lui ont tendu une embuscade. Ça n’a aucun sens. Ils l’ont attaqué juste parce qu’ils ne l’aiment pas.

Je m’assieds les jambes croisées sans rien dire, jusqu’à ce qu’il bouge et blottisse son nez contre mon épaule, me donnant des frissons dans le dos. Avant que je puisse le repousser, il mord mon cou pour y laisser un suçon.

— Merde, ça fait mal.

J’ai envie de le gifler.

— …

— Laisse mon cou, Sarawat, lâche-moi.

Il est très sérieux dans sa mission. Même si ça ne fait pas vraiment mal, mon rythme cardiaque est sur le point de me faire perdre connaissance. Je suppose que c’est une malédiction déguisée.

— Je fais sortir la douleur de mon corps.

— Qu’est-ce que tu crois que tu fais ?

Les gens mordent les choses pour atténuer leur douleur, pas les autres.

— Tu sens si bon que j’ai envie de te serrer.

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

— Nettoie-le toi-même.

Il s’éloigne de mon cou avec un sourire malicieux. Je lui mets de la crème antiseptique dans la main et je frotte le suçon sur mon cou.

— C’est rouge…

— Mon cou ? Parce que tu m’as mordu.

Je lui lance un regard noir.

— Pas ton cou. Ton visage.

— … !!

— Regarde, tu rougis ! C’est moi qui ai provoqué ça ?

— Qui rougit ? Tu es en train d’halluciner.

— Peux-tu nettoyer la blessure sur ma main ?

— Fais-le toi-même.

— Oooowwww, ça fait mal, ça fait vraiment mal !

Je roule des yeux quand l’adulte s’agite sur le lit. Il se tient la main, essayant d’attirer mon attention alors qu’il se comportait comme un dur quelques instants auparavant.

— Je vais le faire juste parce que tu exagères. Rends-la moi. Je vais le faire.

Sarawat sourit plus que je ne l’ai jamais vu faire. Le voir sourire me soulage - peut-être n’est-il pas aussi gravement blessé qu’il n’y paraît. Quand j’ai fini de le nettoyer, je lui donne des analgésiques et j’allume la télévision. Nous nous allongeons dans le même lit et regardons ce qui passe. C’est comme dans une série dramatique où un homme s’occupe de sa copine. La seule différence, c’est que ma copine n’a pas de seins.



— Tu ne vas pas dormir ?

— Non, je veux regarder ça. Tu devrais te reposer.

Je m’assois contre la tête de lit et j’allonge mes jambes. Sarawat s’allonge à côté de moi.

— Ne rentre pas chez toi trop tôt.

— Je ne rentrerai pas.

On ne parle plus. Je regarde la télé jusqu’à ce que je m’endorme. Quand je me réveille à nouveau, la télé est éteinte et le type qui était allongé à côté de moi n’est plus là. J’essuie la croûte de mes yeux et me lève pour aller sous le porche. Il est là, assis sur le sol avec sa guitare.

— Ton bras est encore blessé. Tu ne devrais pas encore jouer.

— Je vais essayer de jouer la chanson que tu as choisie. Je découvrirai pour toi quelles sont les parties les plus difficiles.

— J’aimerais bien ça, dis-je, mais je ne devrais pas.

Je m’assieds quand même à côté de lui pour le regarder jouer, même si ça lui fait visiblement mal.

— Les accords sont assez difficiles, alors assure-toi de tous les mémoriser.

— Et si j’oublie ?

— Bonne chance.

Je me sens tellement aimé.

— Si tu as peur d’échouer, viens dans ma chambre. Je t’apprendrai.

— Bien essayé. Je ne me laisserai pas avoir par tes tours.

— Tu es ici maintenant. C’est dur d’en sortir à nouveau.

Mon visage change de couleur à la vue de son sourire narquois.

— Je dois y aller maintenant.

— Tu ne veux pas passer la nuit ici ce soir ? J’ai encore peur. Tu ne veux pas me réconforter ?

— Quel âge as-tu, trois ans ? Tu as peur trop facilement. La dernière fois, tu as fait comme si de rien n’était et tu ne voulais pas que je sache, n’est-ce pas ?

— Ma main me fait tellement mal.

— …

Il ne comprend vraiment pas. Il continue à faire semblant. Il essaie de faire en sorte que j’aie pitié de lui.

— Ma jambe aussi. Et les épaules. Oh, et j’ai des douleurs aiguës dans l’estomac.

— …

— La ceinture m’a aussi vraiment fait mal au dos !

On dirait le scénario d’un film sur l’esclavage. Bien sûr, je suis désolé pour lui, mais pas autant que je suis en colère. Est-ce vraiment Sarawat ? Le gars cool et calme dont vous parlez tous, c’est lui ? En ma présence, il est toujours odieux.

— Arrête ça. Arrête de pleurnicher. Je ne peux pas rester, je n’ai pas d’affaires avec moi.

— C’est bon, j’ai tout ce dont tu as besoin ici.

— Quoi ?

— J’ai tout acheté pour toi.

Ma mâchoire se décroche. Il est horrible. Il a même prévu ça.

— Tu me fais peur.

Je m’éloigne de lui. Il ne répond pas, et nous restons assis en silence pendant un moment jusqu’à ce qu’il commence à pincer les cordes de la guitare. Il continue de répéter les mêmes accords. Je ne veux pas qu’il joue alors que ça lui fait mal, donc au lieu de le regarder pathétiquement, je décide de trouver quelque chose qui le fera arrêter. Je me lève pour trouver une pièce.

— Jouons à un jeu de questions-réponses.

— Je ne veux pas jouer à un jeu stupide.

Il me rejette.

— Alors je vais rentrer chez moi.

— Quelles sont les règles ?

Je me rapproche de lui et lui montre la pièce.

— C’est facile, il suffit de faire tourner la pièce. Face signifie que tu dois répondre à ma question, et pile, tu peux me demander n’importe quoi. On fait tourner la pièce à tour de rôle.

De cette façon, je peux non seulement empêcher Sarawat de jouer de la guitare, mais j’apprends aussi à mieux le connaître. Des choses que j’ai déjà demandées mais auxquelles il n’a jamais répondu, ou des choses que je veux vraiment savoir mais qu’il n’a jamais dites.

— Qui commence ? demande-t-il.

— Moi, réponds-je et je pose la pièce sur le sol pour la faire tourner. Face.

Je gagne.

— Je veux te demander, tu as dit que nous nous sommes rencontrés au concert de Scrubb l’année dernière, mais qu’en est-il d’ici ? Tu m’as suivi pour étudier ici ?

Ça fait un moment que je me pose la question.

— Quel genre de personne suivrait quelqu’un pour étudier ici ? Je ne l’ai pas fait. C’était le hasard, répond-il en faisant tourner la pièce.

C’est à nouveau face, et je pose une autre question.

— Quand as-tu su que j’étudiais ici ?

— Quand tu es venu me trouver à l’université. J’étais choqué au début, mais ensuite j’étais tellement heureux. Tu étais plus mignon et plus beau que dans mes souvenirs. Je t’ai dit que je voulais t’embrasser profondément et te mordre…

— Ça suffit !

Le manque de pudeur de Sarawat est impitoyable. Je sais qu’il devait être comme ça depuis le début, mais il ne l’a pas laissé paraître. C’est mon tour. La pièce tourne pendant un moment jusqu’à ce qu’elle tombe sur le côté opposé.

— Combien…. de relations as-tu eues ?

C’est comme si on me plantait une lance dans la jambe. Je ne pensais pas qu’il voudrait connaître ma vie amoureuse antérieure.

Donne-moi une seconde. Laisse-moi compter. Un… Deux… Trois…

— Environ sept.

Je ne pense pas que le reste compte comme des petites amies. C’était juste des aventures occasionnelles.

— Petites amies ou sous-vêtements ? Pourquoi autant ?

Je suis sexy. C’est pour ça.

Il secoue la tête et fait tourner la pièce à nouveau. Je peux poser une nouvelle question.

— Et toi ? Combien en as-tu eues ?

— Une seule.

Sa mère m’avait dit qu’il n’en avait jamais eu, pourtant.

— Vraiment ? Où fait-elle ses études ?

— Dans la même université que moi.

Comme le monde est petit. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Je me sens mal à l’aise tout d’un coup.

— Quelle année ?

— Tu ne vas pas la faire tourner ?

— Réponds-moi d’abord, insisté-je.

— Première année.

— Quelle faculté ?

— Droit.

Merde ! C’est la même que moi.

— Qui est-ce ? Je la connais peut-être.

— C’est toi. Est-ce que tu te connais ?

— Je ne suis toujours pas ton petit ami.

— Tu seras bientôt mon petit ami. Tu ne peux pas me fuir.

Sa phrase me rend timide, et je ne dis plus rien. C’est gênant de ne pas discuter du tout, alors je change de sujet en faisant tourner la pièce. Cette fois, je n’ai pas de chance. C’est au tour de Sarawat de demander, et sa question résonne fort dans tout mon corps :

— Est-ce que tu m’aimes bien ?

— Je ne veux plus jouer.

— Pas de réponse. Ça veut dire que tu m’aimes bien.

Je me lève rapidement et m’enfuis à l’intérieur de la pièce. Je le laisse sourire comme un fou et trouve plutôt mon téléphone dans mon sac. Sarawat rentre aussi et va chercher quelque chose dans le réfrigérateur. Il le réchauffe avant de m’apporter la nourriture.

— Je sais que tu as faim, dit-il.

— Je n’ai jamais dit que j’avais faim, et je dois rentrer chez moi maintenant. Il est presque 22 heures.

— Tu ne peux pas rester ?

Sarawat s’assied par terre, s’appuyant sur le canapé sur lequel je me trouve. Il tourne la tête pour me regarder avec des yeux suppliants. Je lui prends la nourriture sans rien dire. Cela signifie que je vais rester pour la nuit.

J’ai peur de perdre ma virginité.

Je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec qui que ce soit. Je n’ai fait qu’embrasser ou enlacer. Quand je pense que peut-être un jour je devrai le faire avec ce type… je vais devoir pleurer tellement fort qu’il aura pitié de moi. Merde !

Sarawat se lève pour me trouver une brosse à dents, et fouille dans son armoire pour trouver des vêtements. Il n’est pas chic comme moi, alors il n’y a que des maillots, des jeans, des t-shirts et son uniforme. Le placard d’un homme médiocre qui ne se soucie pas de la beauté.

— Je vais prendre une douche.

Sarawat acquiesce et s’allonge sur le lit. J’apporte une serviette et une brosse à dents dans la salle de bains, où je me déshabille et enroule la serviette autour de ma taille. Je ne suis pas pressé quand je me brosse les dents.

Toc toc toc !

J’ignore les plaintes de l’autre côté de la porte. Il frappe encore trois fois. Je l’ignore toujours, jusqu’à ce que cela devienne si intolérable que je réponds.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Laisse-moi entrer.

— Pourquoi ?

— Eh bien. Tu sais.

Il n’a pas l’air de quelqu’un qui a besoin de faire la grosse commission. J’y réfléchis un moment avant de lui ouvrir la porte.

— Wow. Super blanc.

— Merde !

Sarawat me regarde avec des yeux affamés quand il entre. La serviette autour de sa taille est le seul vêtement qui lui reste. Il me caresse la tête, puis tend la main vers sa brosse à dents sur l’étagère. Il me jette un coup d’œil en prélevant un peu de dentifrice. Il est vraiment exaspérant. Pas étonnant que quelqu’un ait voulu le frapper.

Ses épaules et son ventre sont encore tachetés de vives ecchymoses. Il n’a pas l’air d’en être gêné du tout.

— Tu ne te brosses pas les dents ? demande-t-il en tenant la brosse à dents dans sa bouche.

Je baisse la tête pour ne pas le regarder. Chaque fois que je lève les yeux vers le miroir, c’est lui qui me regarde.

— Qu’est-ce que tu regardes ?

— Toi.

— Pourquoi ?

— J’en ai envie, c’est tout.

Je lève les yeux au ciel. Je ne vais pas discuter, parce que je sais que c’est une cause perdue. Je vais juste faire comme s’il n’était pas là.

— Tine.

— Mmmmmh.

— Je ne peux plus résister. Je dois le faire.

Il se penche et presse ses lèvres couvertes de dentifrice sur ma joue. Je suis pris au dépourvu, alors il procède à l’étalement du dentifrice sur mon front et l’autre joue comme s’il pensait que c’était une sorte de nettoyant pour le visage.

— Mal élevé !

J’ai fini par lui grogner dessus. Je l’aurais bien frappé s’il n’avait pas déjà été dans un tel état. Sarawat, lui, a l’air de s’amuser comme un petit fou.

— C’est si mignon. Mon petit buffle est tout sale.

— Ne te moque pas de moi.

— Je te laisserai faire la même chose avec moi. Fais-toi plaisir, dit-il en désignant son front.

Je me contente de sourire et de lui frapper la tête avec ma brosse à dents. Mince !

Alors que je pensais que se brosser les dents était un désastre, s’endormir s’avère être bien plus compliqué. Je porte le maillot avec “Super Blanc” écrit dessus, et Sarawat porte son préféré, le numéro 12 avec “Salawad” imprimé dans le dos. Je ne sais pas si je suis censé dormir sur le lit ou le canapé, alors je reste immobile à contempler les choix.

— Qu’est-ce que tu regardes ? demande Sarawat.

Il est intelligent. Il sait à quoi je pense.

— Où est-ce que je dors ?

— Tu choisis. Sur le canapé ou dans le lit avec moi.

— Dans tes rêves. Je vais dormir sur le canapé.

— Tu décides. Je vais éteindre la lumière.

Il me jette un oreiller en se mettant sur le lit, se couvrant d’une couverture. J’hésite un moment avant d’aller sur le canapé.

J’avais espéré qu’il soit un hôte généreux, mais il ne l’est pas. Il me laisse dormir sur le canapé avec seulement un oreiller et rien d’autre. Il fait un froid de canard ! C’est lui qui me suppliait de rester, et voilà qu’il dort tranquillement dans le lit et me laisse seul sur le canapé. La prochaine fois, je ne serai pas désolé pour lui.

Je me plains en m’allongeant et en serrant l’oreiller contre moi. Si cela avait été un feuilleton, j’aurais été un petit garçon pathétique criant fort pour que quelqu’un m’explique comment Sarawat a pu me faire ça. Mais hélas, ce n’est pas un feuilleton télé. C’est la vraie vie pour un homme comique. La réalité est brutale ! Il fait si froid ici que j’ai peur qu’une certaine chose ne rétrécisse.

Je continue à me tourner et à me retourner pendant dix minutes. Je ne veux vraiment pas m’abaisser à lui demander une couverture, mais je ne peux pas dormir dans ce froid. “Sarawat.”

— Mmh.

— Tu es réveillé ?

— Je suis en train de dormir.

Putain…

— Augmente le chauffage. J’ai froid.

— Viens dans le lit et allonge-toi avec moi.

— Non.

— …

Je reste allongé et j’écoute attentivement pendant un long moment, mais il ne dit rien. Je l’entends sortir du lit, mais il fait trop sombre pour que je puisse voir ce qu’il fait, jusqu’à ce que…

Putaaiiin !!!!

— Aargh !

Je crie quand il s’allonge sur moi. Il passe un bras autour de moi pour me serrer et nous empêcher de tomber du canapé. Sa grosse couverture est chaude, mais je me sens vraiment mal à l’aise. Mince, c’est vraiment un petit canapé. Pourquoi se blottit-il si près de moi ?

— Va-t’en ! C’est bizarre !

— Je t’ai donné le choix et tu as dit que tu voulais dormir sur le canapé.

— J’ai dit que je voulais dormir sur le canapé seul.

— Ce n’est pas ce que tu m’as dit. Ne bouge pas autant. Ça fait mal. Laisse-moi rester comme ça pendant un moment.

Je suis enveloppé dans son étreinte sous une énorme couverture. Je ne suis pas vraiment à l’aise, mais je le laisse faire ce qu’il veut sans objecter. Il soupire et pose ses lèvres sur mon front. C’est agréable. Il est si silencieux que je ne sais pas s’il me regarde ou s’il dort. Il fait battre mon cœur si vite que j’ai peur qu’il sorte de ma poitrine. J’ai un peu peur qu’il remarque ce que je ressens. Mon cœur…



Une semaine plus tard, Sarawat se sent mieux, mais je ne sais toujours pas qui sont les seniors qui l’ont battu. Les Lions Blancs étaient dans le même état que lui : Man avait une lèvre fendue et ne pouvait pas vraiment manger. Big, Boss, Tee et Theme avaient tous des poignets cassés, des épaules douloureuses et des mains meurtries. Ils ont marché bizarrement toute la semaine et beaucoup de gens semblaient avoir des théories, mais comme rien de tout cela n’était visible, personne n’en a fait toute une histoire. Cependant, pour moi, c’était très visible et j’étais en colère. Ces fichus seniors avaient agressé des étudiants de première année juste parce qu’ils ne les aimaient pas !

J’ai passé la plupart de mon temps à répéter la chanson que j’ai choisie. Sarawat s’entraîne aussi comme un fou, comme s’il pensait devoir rattraper le peu de temps qu’il n’a pas pu jouer à cause de ses blessures. Il va faire partie d’un groupe. Seuls les étudiants de première année doivent faire une performance en solo. Personne ne semble vraiment comprendre à quel point je suis nerveux à ce sujet. Sarawat est venu au club tous les jours pour m’aider à m’entraîner, mais même lui ne peut pas me promettre que je ne vais pas tout gâcher. J’ai peur que ma performance à la guitare ne finisse en désastre colossal.

— Bonjour à tous. Nous, l’association des Music Lover, sommes fiers d’annoncer que le festival de musique arrive bientôt.

Le senior reçoit des sifflets et des acclamations de la part de tous ceux qui se sont rassemblés sur le terrain d’activités pour mettre en place le Festival de Musique. Beaucoup d’étudiants de différents départements sont venus pour regarder.

— Aujourd’hui, nous organisons un événement spécial pour promouvoir et vous inviter tous à participer au concours du Festival de Musique le semestre prochain. Tous ceux qui sont intéressés peuvent prendre un formulaire d’inscription à côté de la scène. Et pour les personnes qui sont juste venues regarder, les membres du club de musique vont se produire pour vous maintenant. Êtes-vous prêts ?

— Prêts !!!

— Applaudissons Ctrl S !

— Wooooo Sarawat ! Sarawat ! Sarawat !

Même s’il n’est pas encore monté sur scène, tout le monde sait que le guitariste de Ctrl S est Sarawat. On ne peut pas rivaliser avec cette vedette.

— Bonjour à tous ! Nous sommes Ctrl S ! Je suis Tam, et je suis le chanteur. Ces deux-là, aux guitares acoustiques, sont Jan et Earn. Sarawat joue de la guitare classique et le dernier est… Boom au cajon.

— Oh mon dieu ! Ctrl S !

— Beaucoup de gens ont de l’espoir et de l’amour, mais tant d’obstacles les empêchent d’atteindre tout cela. A la fin, ils abandonnent.

— Ouuuui !

— Ces obstacles sont comme de la fumée. Si nous pouvons les traverser, un jour nous atteindrons la lumière. Chantons cette chanson et traversons-la ensemble !

— Wooooo !

Le groupe commence à jouer une chanson appelée Kwan Jang La, qui est du groupe Desktop Error à l’origine. Je ne connais pas très bien le groupe, mais Sarawat a tellement joué cette chanson que je peux la chanter facilement. Les gens s’amusent et encouragent les musiciens sur scène.

Même si Ctrl S joue beaucoup de chansons, je n’entends que la première, car je dois utiliser le reste du temps pour revoir les accords de ma propre chanson. J’ai peur d’être si nerveux que je vais m’évanouir. Même si j’ai fait des spectacles de cheerleading un nombre incalculable de fois, c’est la première fois que je vais être sur une vraie scène - et je n’ai jamais été aussi nerveux.

D’autres groupes vont jouer dans les vingt prochaines minutes. C’est presque l’heure du spectacle des nouveaux.

— Cela conclut les performances des première année expérimentés ! Faites du bruit pour le dernier groupe !

Nos noms sont enfin annoncés. Green, moi et tous les autres. Le public applaudit bruyamment.

— Quelle foule ! Regardons-les maintenant !

Je regarde le grand gaillard tremblant à côté de moi. Green a l’air d’être sur le point de s’évanouir. Il est le premier de la liste.

— Tine…

— Courage.

Je l’encourage, mais il ne monte pas sur scène. Son petit ami va maintenant avoir la charge de le faire monter.

— Vas-y.

— P’Dim, j’ai peur.

— De quoi as-tu peur ? D’habitude tu dragues tout le monde alors aujourd’hui je les ai tous rassemblés devant la scène pour toi. Vas-y !

Green fait la moue alors qu’il est traîné sur la scène. La foule applaudit pour tenter de le réconforter. C’est tragicomique de voir le gars habituellement si beau et si coquet avec son petit ami toujours en colère. Green joue une chanson facile avec seulement quatre accords.

Tout se passe bien, sauf un petit problème.

Quand la performance de Green se termine et que tout le monde applaudit, cela signifie…

— Tine, c’est ton tour.

— Je veux être le dernier. S’il te plaît.

— Il y a beaucoup de pression sur le dernier à se produire aussi, alors vas-y maintenant. C’est beaucoup moins de pression.

On me pousse vers la scène. Tout le monde applaudit alors que je titube sur la scène et que je reste là, maladroit et embarrassé.

— Aw, si mignon !

Les gens me taquinent jusqu’à ce que j’atteigne la chaise. Ils se moquent de moi. Je m’assois, rapproche le micro pour dire bonjour. Tout ce que j’ai préparé a disparu. Mon cerveau est vide. Je sais que je dois juste parler, mais j’ai envie de leur crier que je ne peux pas faire ça.

— Je m’appelle… Tine. Je suis étudiant en droit.

— Tine TheChic ! crie quelqu’un, ce qui fait rire tout le monde.

Ça m’aide à me détendre un peu.

— Oui, je suis Tine TheChic et aujourd’hui je vais vous chanter une chanson. Ce n’est pas une chanson populaire, mais je voulais vraiment la jouer pour vous aujourd’hui.

— Wooooo !

— Si vous la connaissez, chantez avec moi.

Je serre fort ma guitare et joue le premier accord. Ça pourrait en fait être bien. Tout va bien se passer. Pas vrai ?

Je suis ici avec ma chère guitare Nuisance sur laquelle est gravé le nom “Sarawat”. Tout le monde semble ne regarder que le nom. J’utilise le médiator qu’il a choisi pour moi. Je n’ai rien apporté sauf les accords dont je n’arrive pas à me souvenir.



“Peu importe la cruauté de ce monde,

aussi lugubre soit-il,

tout est plein d’obscurité et de chagrin.

J’ai dû faire face à beaucoup de choses qui m’ont rendu triste,

mais tout va bien”(1)



Seigneur, aidez-moi.

Je n’ai fait que passer l’intro quand mon esprit est redevenu complètement vide. J’ai oublié les accords.

Tout le monde doit le remarquer quand je fais une pause. Je voudrais que quelqu’un me fasse sortir de cette scène. J’aimerais que quelqu’un m’aide alors que je jette un coup d’œil à la foule. Puis je vois Sarawat.

Il tient une feuille de papier qui ressemble à un polycopié d’un de ses cours. Les accords sont écrits dessus en grosses lettres.



“Je n’ai jamais peur, je ne suis jamais intimidé par ce qui m’arrive

Je suis prêt à tout accepter…”



Les efforts de Sarawat ne peuvent plus m’aider. Même si je peux clairement voir les accords qu’il a écrits, le dernier morceau de mémoire que j’avais est parti. Il m’a quitté après les paroles que je viens de chanter. J’ai peur de lever la tête alors je garde juste mes yeux sur les cordes. J’essaie de me concentrer pour jouer, mais je ne me souviens de rien.



“Tant que je t’ai, tu es tout ce que je demande.

Rien que toi.

Je n’ai besoin de rien d’autre.”



— Wheeeewwwwww ! Sarawat !

— Mon mari ! Tu as volé mon cœur !

Il chante la chanson à côté de moi. Je ne sais pas quand il est monté sur scène. Je sais juste qu’il joue doucement sur son DC-16. Sarawat me fait un signe de tête comme pour me dire de chanter et de ne pas jouer. Alors je le fais.



“Je veux juste que ce soit toi et moi, seulement nous.

Nous deux, c’est mieux que tout le reste.



Même si toi et moi on va faire face à beaucoup de choses,

que ce soit difficile ou facile, nous les affronterons jusqu’à la fin.”



Un ukulélé et une seconde guitare rejoignent celle de Sarawat et volent l’attention de tous. Ce sont les Lions Blancs, menés par Man. Ils ne sont pas montés sur scène, mais aident depuis le devant de celle-ci.



“Je n’ai jamais peur, je ne suis jamais intimidé par ce qui m’arrive.

Je suis prêt à tout accepter.”



“Je peux être ton petit ami ? Je peux être le petit ami de Tine ?

Je t’en prie, je n’ai besoin de rien d’autre.

Je veux juste que ce soit toi et moi, rien que nous.

Nous deux, c’est mieux que tout le reste.”



— Whooo ! Oooh mon diiiieu !



Je me fige devant ces paroles étranges. Sarawat aussi. Il arrête de chanter quand les Lions Blancs changent les mots. Personne d’autre n’est choqué - ils crient à tue-tête et je ne peux pas entendre qui chante. Man ? Big ? Boss ? Tee ? Est-ce Theme ? Ce n’est que lorsque la foule s’arrête de crier que je peux enfin le dire.

— Tine !

Man me regarde et crie mon nom.

— J’ai quelque chose à te dire !

Les gens commencent à chuchoter entre eux, se demandant si Man m’aime bien. Je suis stupéfait.

— Je veux juste te demander… tu peux être le petit ami de mon ami ?

— Whooo ! Qui c’est ? crie quelqu’un.

Man continue.

— Tu dois dire oui.

— Qui c’est ?

— Celui-là même qui flippe.

— Lequel ?

— Le putain de gars à côté de toi. C’est une poule mouillée.

— … !

— Tu dois le faire maintenant. Si tu ne lui demandes pas, je vais le draguer moi-même.

— Reste en dehors de ça. Il est à moi. Ce ne sont pas tes affaires.

— Oooohh mon dieu, Sarawaaat ! Si doux !

Sarawat tourne ses yeux vers moi. Mon cœur s’emballe. Que dois-je faire ? Je n’ai jamais essayé avant.

— Tine.

— Qu-Quoi ?

— Je suis fatigué de flirter.

— …

— Tu veux être mon petit ami ?

Notes :
1/ “Kor” (Souhait) de Scrubb

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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:46



Chapitre 17
Si Tu Es Faible, Tu Perds.
Si Tu Tombes, Tu Tombes Pour Moi
SARAWATLISM SOLO

“Je suis fatigué de flirter. Veux-tu être mon petit ami ?”



Tine reste figé. Il ressemble à un pingouin choqué, aux yeux ronds. Il me regarde toujours sans ciller. C’est peut-être parce qu’il n’a personne d’autre à regarder.

Man et mes autres amis sont au pied de la scène et sourient. J’ai vraiment envie de leur donner un coup de poing dans la figure parce qu’ils ne m’ont pas parlé de ça. C’est pour ça que Tine est comme ça maintenant.

— Descendons.

— … La personne à côté de moi ne répond pas, alors je me permets de lui tenir la main pour le faire se lever. Je ne m’attends pas à ce qu’il accepte ou rejette mes aveux. Ce que je veux, c’est l’éloigner au plus vite de cette situation embarrassante. Ça serait déjà bien.

J’oublie parfois. Je me concentre toujours sur mes sentiments et j’oublie les siens.

Woah… C’est une réplique tellement cool. Comment diable suis-je si attirant et si intelligent en même temps ?

— Hé ! Pourquoi es-tu si pressé ?

— Sarawat !

— Ne descendez pas encore. Allez !

Mes amis crient fort, surtout Man qui semble encore plus excité que les autres. Ils nous suivent tous dans les coulisses tandis que tous les autres crient devant.

— Ne dis rien, dis-je à Tine.

— Je ne dirai rien. Je suis juste… un peu choqué, dit-il, mais son visage aux yeux écarquillés me dit que “un peu” n’est pas suffisant.

Mon Dieu, il est si mignon. Comment puis-je m’empêcher de craquer pour lui ? Il est tellement éblouissant.

— Sarawat, tu as tout gâché, interrompt Man à travers le bruit.

Il vient des gens qui recommencent à crier quand quelqu’un sur scène parle dans le micro:

— Tout le monde doit être sous le choc en ce moment. Et c’était une performance surprise des étudiants du Club de Guitare. Applaudissons-les bien fort !

“Ah ! C’était juste une performance ?” “Vous vous êtes moqués de moi !” s’écrit le public, surpris. Quand on leur dit que tout cela n’était qu’une mise en scène, leurs puissants applaudissements retentissent de joie. Le chaos qui commence à ce moment-là dure dix minutes, jusqu’à ce qu’une nouvelle performance attire leur attention.

Mes amis murmurent entre eux, comme s’ils étaient mécontents de tout cela. Je ne sais pas depuis combien de temps ils ont préparé cette surprise. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a presque une semaine, je leur avais dit que Tine jouerait Wish. J’espère qu’ils ne se sont pas appliqués à répéter depuis.

— Qu’est-ce qui ne va pas avec Jom ? Qui a dit que c’était juste une comédie ?

— C’est bien qu’il ait mal compris.

Je coupe la conversation.

— Bien, mon cul ! J’ai tellement essayé de t’aider, Wat. Regarde, ils ont tout gâché.

— N’y pense pas trop.

— Ne sortez pas ensemble. Je suis tellement énervé. J’en ai fini de vous encourager tous les deux.

Man jette le ukulélé qu’il tient dans sa main sur le sol. Je suis presque sûr que celui-là appartient au Club de Musique…

— Comment ça va, Tine ? Ton cœur va bien ?

— …

Tine lève les yeux vers Tee, mais comme d’habitude, il ne donne pas de réponse.

Tout ce que je peux faire, c’est lui donner une petite tape sur la tête.

— Repose-toi un peu. Les gars, merci pour les bonnes intentions. Je vais m’en occuper à partir de maintenant.

— Je suis énervé. Je suis tellement déçu.

— Laisse-moi être clair avec Jom. Comment a-t-il pu être si sûr que c’était juste une performance ? Merde !

Je regarde le dos large de mon ami qui disparaît.

— Chaque club doit faire une sorte de performance, alors bien sûr, ils vont tous le croire. Jom n’est pas assez intelligent pour se rendre compte que deux grands gaillards seraient assez fous pour s’avouer leur amour en public comme ça.

Mais ça vient juste d’arriver, pourtant…

— Alors, c’est vrai ou faux ?

Tine se ressaisit soudain suffisamment pour rompre le silence.

— Qu’est-ce que tu en penses ?

— Je ne sais pas.

— C’était une mise en scène.

Mon cul. J’ai peur qu’il réfléchisse trop alors je ne lui dis pas la vérité. Je parie qu’il ne croit toujours pas encore que je l’aime bien. Ce genre de choses prend du temps. Quand ce moment viendra, je pourrai y aller à fond.

— Ah ! Je suis tellement choqué, espèce de connard. Je ne peux pas respirer correctement.

Il semble tellement soulagé. Il me sourit. L’ancien Tine est de retour.

— Tu es content que je ne t’aie pas demandé d’être mon petit ami pour de bon ?

— Je ne sais pas.

— Tu as copié ma phrase.

— Connard ! Tu as un copyright sur “Je ne sais pas” ?

— N’y pense pas trop.

— Laisse ma tête tranquille.

Il repousse rapidement ma main, puis sort son téléphone de la poche de son pantalon et le vérifie afin de me faire taire. Hm… il est toujours aussi têtu.

— Tes fans parlent aussi de moi, dit-il soudainement après avoir regardé son téléphone pendant environ cinq minutes.

— Qu’est-ce qu’ils disent ?

— Ils sont contents que tu ne m’aimes pas pour de vrai. Ils pensent que ça et le post de confession sur Instagram font partie de la surprise du Club de musique.

Je ne peux pas lire ses pensées dans ses yeux, mais je peux dire qu’il y a de l’irritation dans sa voix.

Nuisance, tu es tombé dans le panneau.

— C’est bien quand même. Tu n’auras pas à être aussi fatigué de devoir tout expliquer à tout le monde.

— Oui !

— Pourquoi es-tu contrarié ?

— Qui est contrarié ? Je ne le suis pas. En fait, je suis soulagé, dit-il, mais son visage n’en a pas l’air.

J’aime bien le taquiner. C’est un petit plaisir quotidien.

— Si tu es d’accord maintenant, allons distribuer les papiers de candidature.

— Mmh.

Tine se lève et me conduit au bord de la scène où les autres se rassemblent. Les Lions Blancs sont là aussi.

— Je peux aider ? demandé-je à une étudiante de deuxième année. Elle nous tend un lot de papiers de candidature provenant d’une boîte. Nous disposons quelques tables de l’autre côté de l’estrade pour faciliter la gestion de tout ça depuis cet endroit, car beaucoup d’étudiants sont intéressés par l’événement à venir.

Tine me suit de près et ne me quitte pas d’une semelle. Nous expliquons les détails du formulaire de candidature que nous distribuons à tous les intéressés.

Man et Boss viennent nous aider lorsque d’autres candidats se présentent. Les personnes présentes ici ne sont que celles qui ont décidé de s’inscrire - il y a aussi celles qui y réfléchissent encore et celles qui ont déjà postulé. Le festival de musique est beaucoup plus populaire que nous ne le pensions.



— Sarawat, j’ai été tellement choqué. Ta performance nous a tous choqués.

— Oui.

Certains d’entre eux semblent tout aussi intéressés par notre soi-disant surprise que par l’obtention des papiers de candidature.

— Sarawat. Je veux former un groupe. Quand est-ce que je peux envoyer le formulaire ? me demande une jolie senior.

— Tu peux l’envoyer à partir d’aujourd’hui et jusqu’à la fin du mois prochain.

— Si je m’inscris à ce concours, nous serons rivaux ?

— Je pense que nous serons de grands amis.

— À plus tard, alors.

Je ne dis rien, je hoche la tête et je remets le formulaire de candidature à la petite femme qui me sourit. La seule chose à laquelle je pense en ce moment, c’est le visage boudeur de Tine.

— Qu’est-ce que tu regardes, petit buffle ?

— Y a-t-il un buffle aussi beau que moi ?

— Elle demandait juste. Ce n’est rien.

— J’ai dit quelque chose ?

Je hoche la tête, sans lui laisser savoir que je ris intérieurement. Saviez-vous que mettre mon crush en colère est un de mes plaisirs coupables ? Quand il est en colère, il fronce toujours les sourcils. Et quand il fronce les sourcils, il est si mignon. Des yeux ronds, de longs cils et des lèvres à embrasser. Comment est-ce que ça peut être autre chose que mignon ?

— Hey, je peux avoir un formulaire de candidature ?

Je me tourne en direction de la voix. Un groupe d’étudiants en ingénierie dans leurs chemises d’atelier se dirige vers nous. Man les intercepte et leur donne un formulaire de candidature.

— Je veux que Sarawat me le donne.

— Vous pensez que vous êtes si célèbre que vous pouvez choisir ?

— C’est méchant.

Tous les membres de leur groupe se disputent à tour de rôle. Je donne au premier gars un formulaire pour mettre fin à leurs chamailleries. C’est le gars avec qui je me suis battu deux fois. Je ne sais pas pourquoi il ne s’en prend toujours qu’à moi. Est-ce qu’il me déteste ?

— J’ai hâte de te voir cette année. Je veux vraiment savoir à quel point tu es génial.

Un type à la peau sombre dont je ne connais même pas le nom me tapote rudement l’épaule et me sourit. Il n’y a aucun soupçon d’amabilité dans ce sourire.

— Nous verrons bien.

— Je veux connaître les détails du concours. Tu peux m’expliquer ?

— Il y aura deux tours pour le concours qui sont…

— Je ne suis pas à l’aise pour écouter ici. J’aimerais que tu me suives dans les toilettes pour hommes à côté de ce bâtiment.

— Je ne vais pas pouvoir faire ça.

— Je ne détruirai pas ton joli visage et ne te ferai pas perdre ta notoriété. N’aie pas peur.

Pourquoi ma popularité est-elle si importante pour ces types ? Je n’ai rien fait. Je suis juste moi-même. Pourquoi me harcèlent-ils toujours à ce sujet ?

Ça arrive trop souvent. Je sais qu’ils sont en dernière année, alors je ne veux pas me défendre et avoir des ennuis. Mais ce n’est qu’une question de temps avant que je ne puisse plus le supporter. Et alors je leur casserai la gueule, même si cela signifie que mon père devra me jeter en prison. C’est inacceptable.

— Tine, je reviens tout de suite.

Il est temps de régler ce problème une fois pour toutes.

— Où vas-tu ?

— Je dois faire pipi.

— Je ne te laisse pas partir. Attends.

Les seniors s’éloignent en me regardant avec impatience. Man et Big sont pressés de suivre. Ils sont prêts à déclencher une guerre. Bien que l’ancienne blessure persiste à me rappeler un souvenir douloureux, je ne veux pas qu’ils soient blessés à cause de mon propre merdier, alors je leur fais signe que je vais y aller seul. Le problème n’est pas les Lions Blancs, cependant. C’est la Nuisance.

— Laisse-moi venir avec toi. J’ai aussi besoin de faire pipi.

— Attends.

— Je ne peux pas.

— Utilise d’autres toilettes, ordonné-je et je pointe un doigt vers des toilettes opposées à celles où je m’apprête à rencontrer les seniors.

— Sarawat.

— Ne sois pas vilain. Je ne me sens pas bien à ce sujet.

— Tu ne mourras pas en retenant ton pipi.

Je ne veux pas qu’il voie quelque chose d’aussi horrible que ça. Je ne veux pas qu’il ait des problèmes à cause de moi. Je ne sais pas comment il interprète mes paroles, mais sa main qui tient la mienne se relâche progressivement. Il continue ensuite à distribuer les papiers de candidature aux personnes qui se trouvent devant lui sans me jeter un regard.

Ma femme est en colère contre moi. Que dois-je faire ?

Laisse tomber ! Je dois d’abord régler le problème qui se pose devant moi, et je n’hésite donc pas à suivre le grand groupe d’ingénieurs seniors. Je me sens un peu mal à l’aise. C’est calme ici, car personne d’autre que ces gars n’utilise ces toilettes. Lorsque j’entre, la porte derrière moi se ferme en claquant et l’un d’eux parle: "Je t’ai fait venir ici pour te dire de faire attention. As-tu déjà essayé de marcher et tout d’un coup tu perds connaissance ?"

— Tu me menaces ?

— Je ne te menace pas. Je voulais juste te prévenir.

— Dis-moi, qu’est-ce que je t’ai fait ? Autant que je m’en souvienne, on ne se connaît même pas.

Ces types m’ont frappé sans raison deux fois déjà. Les deux fois, je suis rentré chez moi avec rien d’autre que des questions.

— Tu ne sais pas. Vraiment ?

— Dis-le-moi pour que je le sache, bon sang ! commencé-je à perdre le contrôle.

Je crie même sur le senior maintenant. Il a l’air tout aussi en colère. Il fait un geste pour me frapper au visage. Heureusement, ses amis l’attrapent juste à temps. S’ils ne l’avaient pas fait, je l’aurais fait.

— Laisse-moi te dire. Au début, il n’y avait aucune raison pour que je te déteste. Voir ton visage m’ennuie juste.

Donc la raison de tout ça est que mon visage est agaçant ? C’est tout ? C’est à cause de mon visage ?

— Mais maintenant j’ai une raison. Maintenant, il y a quelque chose de plus.

Il s’arrête une seconde, puis me demande :

— Tu te souviens de ce que tu as fait ?

J’hésite. J’essaie de passer en revue toutes les options possibles dans ma tête. Le problème, c’est que j’ai beau y réfléchir, je n’en ai aucune idée. Je ne me suis jamais battu avec un étudiant en ingénierie. Sauf…

— Mil.

Je viens de réaliser que l’un des seniors porte l’uniforme du département d’architecture. Je ne sais pas qui c’est, mais je suis sûr que c’est un ami du type dont je viens de dire le nom.

— Tu te souviens maintenant, n’est-ce pas ? Tu as quelque chose à dire ? Ça pourrait t’aider à éviter nos coups à l’avenir.

— …

Je ne dis rien.

— La première fois, tu as même traîné tes potes avec toi pour chercher la bagarre avec Mil.

Quand ai-je essayé de me battre avec quelqu’un ? Cette histoire avec Mil a commencé et s’est terminée dans le bar où Tine et moi nous sommes disputés. Quand j’ai découvert qui avait demandé son numéro. Man m’a emmené le voir pour parler. Il semblait que le senior avait compris la situation et n’avait plus de rancune après ça. Tout le monde a oublié ça par la suite.

Comment cela est-il redevenu un problème ? Je suis confus. Est-ce que c’est ma faute ?

— La deuxième fois, continue le même senior, au café de Sœur Tun, Mil a dit que tu avais essayé de te battre avec lui.

— J’ai juste repoussé sa main.

— Tu t’en souviens bien.

Repoussé sa main ! J’ai juste repoussé sa main. Je n’ai pas tué le gars.

— Ton ami s’en est pris à mon homme en premier.

Je t’ai dit que si quelqu’un s’en prenait à Tine, je le tuerais, peu importe qui il est. Si tout ça arrive parce que j’ai protégé Tine et que je m’inquiétais pour lui, tu peux venir me voir. Je suis prêt à me battre.

— J’en ai rien à foutre.

— Moi non plus. Si quelqu’un s’en prend à Tine, c’est à moi qu’il devra répondre.

— Sarawat…

Merde !

La porte s’ouvre, révélant Tine et les Lions Blancs. En fait, je me fiche de Man et des autres. Je ne me soucie que de la personne qui a appelé mon nom. J’ai peur qu’il pense que c’est moi le méchant et pas eux.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

— Je ne te trouvais nulle part, alors Man m’a amené ici.

Je me retourne vers Man. Il secoue la tête comme s’il n’avait rien à voir avec ça. On sait tous que les Lions Blancs ne vont pas s’accuser les uns les autres.

— Tu aimes bien appeler des renforts, interrompt l’un d’eux dans un grognement, en me regardant.

— Tu es bien placé pour parler.

— Tu l’aimes bien ?

Il s’adresse à moi, mais son doigt pointe vers Tine.

— …

— Si tu l’aimes tant que ça, fais attention. Quelqu’un pourrait te le voler.

— Me voler, mon cul ! Je ne suis pas une chose !

Je vois le corps de Tine bondir férocement vers le senior. Il le frappe sans pitié.

Bang ! Bang ! Bang !

Je n’ai rien dit, mais il a déjà frappé le senior. Le groupe d’étudiants en ingénierie se joint rapidement à la bagarre. Moi aussi. Je veux sortir Nuisance de ce désordre chaotique. J’arrive trop tard.

Bam ! Paf !

Le corps de Tine s’écrase sur le sol devant moi. J’ai l’impression que le monde entier s’arrête. Tous les sentiments refoulés en moi sont sur le point d’exploser.

D’habitude, je peux rester calme dans presque toutes les situations, mais là, c’est Tine. Ma seule exception.

— Espèce de salaud !

Je craque. Mes pieds avancent. Je balance mon bras pour frapper le visage de celui qui a fait tomber Tine au sol. Je ne pense qu’à le frapper sans relâche. Je donne des coups de pied à tous ceux qui tentent de m’arrêter. Je ne m’arrêterai pas tant que je ne l’aurai pas battu à mort. Je ne lui laisserai pas la chance de se relever.

— Wat. Non !

— …

— Laisse-le moi, rugit la voix furieuse de Man et je suis repoussé par le grand corps de mon ami.

Il prend le dessus. Les petites toilettes deviennent un chaos. C’est comme si tout le monde ici était déjà préparé à se battre. Tout le monde refuse de se rendre - y compris mes amis.

Dans le bruit des coups de pied et des coups de poing, Tine se lève d’un pas chancelant. Je m’approche rapidement de lui et le traîne dans un coin des toilettes. Puis je retourne à la situation qui se présente à moi.

Le combat est terminé en moins d’une demi-heure. C’est un désastre. Un gars est tellement mal en point qu’on doit l’emmener aux urgences. C’est celui qui a mis Tine à terre et que j’ai frappé sans ménagement.

Mes Lions blancs ont des bleus partout, mais quand nous nous sommes assurés qu’aucun d’entre nous n’est sérieusement blessé, nous nous séparons.

Tine n’est pas en meilleur état que nous. Son visage est gonflé et meurtri. Il a dû recevoir un coup de poing dans le nez, car il saigne. Le pauvre. Il fait de son mieux pour arrêter l’hémorragie en se bouchant les narines avec ses doigts. C’est un spectacle tellement ridicule.

Il tremble quand je l’aide à sortir des toilettes. Je l’entends gémir doucement. Mon cœur se brise en morceaux et j’ai juste envie de le serrer fort et de l’apaiser. Puis j’entends la raison pour laquelle il tremble et je le lâche immédiatement.

— Non ! Mon visage est foutu. Les cheerleaders seniors vont me tuer.

— Tu t’inquiètes pour ton visage ?

— Il aurait dû me frapper ailleurs. Me faire frapper à l’aine aurait été beaucoup moins douloureux.

— Si tu l’avais frappé dans les couilles d’abord, je suis sûr qu’il t’aurait rendu la pareille.

Tine n’arrête pas de gémir et de se plaindre pendant tout le trajet jusqu’à mon dortoir. Je crains d’être devenu partiellement sourd à cause du bruit lorsque nous atteignons enfin ma chambre.

Tine s’assoit en tailleur sur le lit et baisse la tête. Je cherche une trousse de premiers secours pour soigner ses blessures. Ses yeux sont gonflés d’avoir pleuré pendant tout le trajet. Il ne pleurait pas à cause de la douleur, mais parce qu’il s’inquiétait pour son beau visage. Il a peur d’être grondé par ses seniors.

— Donne-moi un miroir, s’il te plaît.

— Ne regarde pas ton visage. Tu vas juste pleurer plus fort, lui dis-je. Tu veux qu’on soigne tes blessures ou tu veux continuer à pleurer ?

— Je n’aurais pas dû t’aider. Les seniors vont me tuer à coup sûr.

— Mais tu l’as fait quand même. Allez, lève la tête.

— Merde. Mon visage est foutu.

— Tu as réussi à arrêter de pleurer, alors arrête de te plaindre aussi.

Je me fiche de la façon dont les autres voient Tine. Pour moi, c’est la chose la plus adorable de la planète. Il me donne surtout envie de le forcer à faire les choses à ma façon dès qu’il est de mauvaise humeur, et je ne le laisse plus se plaindre. J’attrape son menton pour soulever son visage et faciliter le nettoyage de ses blessures. Vous savez comment ça se termine ?

Mon cœur s’accélère quand je regarde ses yeux innocents.

Il est adorable. Tellement adorable, bordel !

Les mots de Man me viennent à l’esprit :

— Quand tu le veux, demande-le. Peu importe ce que c’est, il suffit de le demander. Comme “je peux toucher ça ?”, “je peux serrer ça ?”, quelque chose comme ça. Si tu gardes ça pour toi, il ne peut pas le savoir.

Cette pensée me fait lentement perdre le contrôle de moi-même. J’essaie de faire ce que Man a suggéré. En fait, je suis assez souvent ses conseils, mais la plupart du temps, ça ne marche pas.

— Tine.

— Hmm ? Tu peux commencer à soigner ça maintenant ? La Bétadine est très bien. Ne la laisse pas entrer dans ma bouche. Ça va me tuer si je l’avale.

— Tine…

— Quoi ?

— Je peux toucher ta poitrine ?

Je décide de demander, juste au cas où il me laisserait faire. Mais ça ira s’il ne veut pas.

— Tu essaies d’être drôle ?

— Je peux ?

— C’est quoi ce bordel ? Ne t’approche pas de moi. Ne touche pas mon visage. J’ai des frissons.

Merde. Oubliez sa poitrine, maintenant je n’ai même pas le droit de toucher son menton. Je vais tuer Man.

Tine est complètement hors de ma portée maintenant. Il nettoie tranquillement ses blessures tout seul. Parfois, il me regarde anxieusement sans rien dire. Quand il a fini, il me jette la trousse de premiers secours.

— Nettoie et soigne les blessures.

— Je ne ressens aucune douleur.

Mon visage n’est pas détruit, mais j’ai détruit le visage des autres.

— Ta main.

— Il y a beaucoup d’ecchymoses sur ta main aussi. Soigne-la. Maintenant.

Je regarde mes mains. Il n’y a rien sur ma gauche, mais l’autre semble avoir fait la guerre. La paume saigne. Je n’avais pas remarqué la douleur jusqu’à ce qu’il me le dise.

— Peux-tu me soigner ? Je ne peux pas le faire correctement avec une seule main, essayé-je de lui demander à nouveau.

Peut-être que cette fois, j’aurai de la chance. Tine roule des yeux, hésite un instant avant de se rapprocher de moi. Il prend l’antiseptique et soigne mes bleus à ma place sans rien dire.

C’est comme un rêve qui se réalise.

J’ai rencontré Tine pour la première fois à un concert de Scrubb à l’université de Silpakorn. Je ne savais rien de lui, mais j’ai tout de suite senti qu’il était spécial. D’une certaine manière, il a réussi à me subjuguer tout de suite sans même faire quoi que ce soit. Il était avec ses amis qui dansaient tous à côté de moi. Son dos était en sueur à force de danser et de sauter. À la fin du concert, je me suis séparé de mes amis pour le suivre. Les amis de Tine l’ont fait entrer dans les coulisses. J’ai entendu dire qu’il voulait vraiment prendre une photo avec Scrubb, mais qu’il avait eu peur de la demander.

— Les voir de si près est déjà suffisant.

Je l’ai entendu le dire alors qu’il revenait avec un sourire sur le visage. C’est pour ça que sa photo avec le groupe est une photo de lui avec un grand poster.

C’est la même photo que j’ai téléchargée sur mon Instagram le jour où nous sommes allés à leur concert ensemble à nouveau.

Je ne peux pas expliquer à quel point j’ai essayé de le retrouver. Je me suis rendu à d’innombrables concerts de Scrubb, en espérant simplement le rencontrer à nouveau. J’avais perdu tout espoir lorsque je suis entré à l’université de Chiang Mai. J’ai commencé une nouvelle vie sans rien attendre. Mais ensuite…

L’homme que j’avais cherché est venu à moi. Il a appelé mon nom. À ce moment précis, j’ai compris que l’attente était terminée.

Un sourire est apparu dans mon cœur. Il était gardé secret par le visage impassible que je montrais à l’extérieur.

— Pourquoi n’as-tu pas eu de petite amie au lycée ?

Sa question brise le sentiment de nostalgie. Il doit penser que nous sommes trop silencieux et qu’il doit rompre le silence.

— Je t’attendais.

— Tu me tapes sur les nerfs. Sois sérieux.

— Je ne veux pas avoir d’amour. Entretenir l’amour est ennuyeux.

— Mais tu l’as maintenant, n’est-ce pas ?

— Mmh. J’ai déjà trouvé la personne dont je veux m’occuper.

— Tu n’es pas fatigué ? J’ai déjà pris soin de quelqu’un. C’était épuisant.

— Non, je ne le suis pas. Je veux juste prendre soin de cet amour. En fait, ça vaut la peine de se sentir épuisé après avoir pris soin de quelqu’un qu’on aime.

Il enveloppe délicatement ma paume dans un bandage, puis met un morceau de sparadrap pour le maintenir en place. Aucun de nous ne parle. Tine sait de qui je parlais. C’est pour cela qu’il rougit. Son visage est plus rouge que ses ecchymoses.

— As-tu déjà aimé quelqu’un avant ? demande-t-il après quelques minutes.

— Oui, réponds-je honnêtement.

— Où est cette personne maintenant ?

— A Bangkok.

— Vraiment ? Tu ne voulais pas tenter le coup avec cette personne ? Tes désirs auraient pu être exaucés.

— Certaines personnes doivent être admirées, pas possédées.

— Je pardonnerai à ceux qui ont le béguin pour toi juste parce que tu es beau. En réalité, tu ne sers à rien, s’emporte Tine.

Oh là là, il est si mignon.

— Tu es l’exception à toutes mes règles.

— …

— Je te veux.

— …

— Je veux te baiser à fond.

— Va te faire foutre ! Tu es incroyable !

Il se recule jusqu’à ce que son dos touche presque la tête de lit. Je ris pour faire croire que je plaisante. En fait, ça me démange de lui sauter dessus et de le faire mien. Bon sang ! Si je pouvais l’avoir, il ne pourrait pas marcher pendant trois jours.

— Qu’est-ce que tu veux ? Je te donnerai n’importe quoi.

— Je ne veux rien du tout. Sarawat, tu es sadique.

— Tu viens de t’en rendre compte maintenant ?

Je me rapproche lentement de lui. Je bouge seulement quand il ne le remarque pas jusqu’à ce que je sois assez proche pour entendre sa respiration.

— Pourquoi ce petit buffle est-il si adorable ?

Tine a les yeux écarquillés d’inquiétude en me regardant.

— …

— Je peux t’embrasser ?

— Non.

— Je peux t’embrasser sur la joue ?

— Hors de question.

— Qu’est-ce que je peux faire alors ?

— Rien. Va te faire foutre !

— Oups ! Nos mains se sont touchées. Je suis tellement gêné, dis-je, ennuyé, mais je bande déjà.

Il vient de me repousser. Pourquoi suis-je si heureux ?

Je fais toujours en sorte de cacher à quel point je suis timide. Seuls mes amis et mes proches connaissent ma vraie nature. Ce n’est vraiment pas si étrange que je ne veuille pas montrer ma vraie personnalité à des étrangers, alors que nous vivons dans un monde où personne ne se soucie vraiment des autres de toute façon. Personne n’a le temps de prêter attention aux détails concernant l’autre. Nous n’avons pas le temps d’impressionner tout le monde avec tout.

C’est pourquoi nous devons choisir quelqu’un à impressionner, à qui nous révéler, et à aimer. Juste une personne.

— Je ne te laisserai pas repartir.

— Je ne suis allé nulle part.

— Tout le monde veut te voler à moi.

— Et alors ?

— Je n’aime pas ça.

— …

— Je n’aime pas que d’autres personnes touchent tes mains, te tapent sur la tête ou t’enlacent comme j’ai toujours voulu le faire.

S’il n’est jamais d’accord quand je le lui demande dans une situation normale, il me force en fait à y aller à fond chaque fois que je peux le prendre au dépourvu.

— Mais tu as déjà fait toutes ces choses, non ?

— Oui, mais tu ne l’as jamais autorisé.

— C’est trop tard pour se soucier de la courtoisie maintenant. Tu n’as pas besoin de me demander la permission. Pas besoin, dit doucement Tine.

Sa voix est si faible qu’il pourrait aussi bien ne rien dire du tout. Mais je l’entends facilement, car je fais toujours attention quand il ouvre la bouche. Mon cœur bondit de joie. Merde ! Vraiment ? Je peux le faire sans avoir à le demander ?

— Tu as raison. Je n’ai jamais eu besoin de ta permission.

Je me rapproche de Tine. Nous sommes assez proches pour que je puisse sentir son odeur. Il ne peut pas s’éloigner davantage car il est assis contre la tête de lit maintenant. Il me regarde nerveusement, et bien que j’aie envie de le faire plus fort, je presse doucement mes lèvres contre les siennes.

Tine ferme les yeux et ne les rouvre que lorsque je brise le doux baiser. Je le regarde avec avidité. Je veux tellement l’avoir que je pourrais lécher son ombre jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Mais je n’ose pas le faire. Le simple fait de pouvoir l’embrasser et de passer ma main sur sa joue est déjà plus que suffisant.

Tine est blessé… Tine est blessé. Je me le répète.

— Ça fait mal.

J’ai raison.

— Ce n’est qu’un baiser.

— Oui. Ça fait mal.

— J’ai juste touché tes lèvres. Je n’ai même pas utilisé ma langue. Si je l’avais fait, je l’aurais fait comme cette fois-là.

— Mais de quoi tu parles ? Je m’en vais.

Il pousse ma poitrine.

— Tu as gâché ce moment.

— Merde.

— C’est dressé maintenant.

— De quoi tu parles ? Qu’est-ce qui est dressé, bordel ?

— Les poils sur mes bras.

— Tu penses vraiment que je vais croire ça ?

— Et si je disais que c’est le truc entre mes jambes qui est dressé, tu m’aiderais à le faire redescendre ?

Bam !

Il a sauté hors du lit et a quitté la pièce en claquant la porte derrière lui. Mince !



— Qu’est-ce que tu veux manger ? J’ai faim.

La voix de Boss résonne fort dans mes oreilles alors que nous traversons le bâtiment en direction de la cafétéria. Je ne suis pas difficile, donc je n’ai généralement jamais de problèmes pour trouver quelque chose à manger. En temps normal, j’irais dans un stand de curry et je commanderais n’importe quoi, mais nous avons une heure de retard et il n’y a que deux magasins encore ouverts: des plats thaïlandais à emporter et un stand de nouilles.

— Mec, qu’est-ce que tu veux manger ?

— Du basilic sauté avec du porc.

— Je veux ça aussi.

— Moi aussi.

— Ok, basilic sauté pour nous tous alors.

Quand tout le monde acquiesce, Tee se dirige vers l’avant du stand et commande les six plats. Comme d’habitude, le reste d’entre nous cherche un endroit où s’asseoir.

Les cours ne reprennent pas avant deux heures, nous avons donc un peu de temps libre. Nous parlons généralement de beaucoup de choses ordinaires comme le travail scolaire, le football, la musique, les dessins animés, la nourriture et le porno.

Oui, le porno. Les maîtres en la matière sont Big et Man. Ce sont des experts des films japonais pour adultes. Quand un nouveau film devient populaire, ils sont toujours les premiers à partager le lien avec le reste d’entre nous. Comme je ne passe pas beaucoup de temps sur Internet, Man les met généralement en signet sur mon ordinateur portable pour que je les découvre quand je l’ouvre avant un cours.

Si nous ne parlons pas en attendant notre repas, la plupart du temps, nous jouons à des jeux sur nos téléphones. Mes amis aiment tous jouer à des jeux, donc la plupart des applications sur leurs téléphones sont des jeux. Ils n’utilisent presque jamais Facebook ou des sites de ce genre pour rester dans le coup, mais préfèrent utiliser Instagram pour suivre un tas de filles à forte poitrine.

Je ne suis qu’une seule personne sur l’application, me contentant souvent de regarder les mêmes photos encore et encore. Je dois admettre qu’au début, je n’étais pas très doué pour les réseaux sociaux. Au début, j’ai essayé de trouver un moyen de sauvegarder les photos d’Instagram dans la galerie de mon téléphone, jusqu’à ce que mes amis finissent par me frapper sur la tête et m’apprennent à faire une capture d’écran. Maintenant, ces photos sont presque les seules que j’ai sur mon téléphone.

Bien sûr, j’ai des photos de ma famille, mais sinon, ce sont toutes des photos de Tine.

— Tu as un si grand sourire. Tu as aimé ce que je t’ai proposé ? demande Man d’un ton taquin.

Il sourit et maintenant j’ai vraiment envie de le frapper.

— Qu’est-ce que tu as suggéré ?

— Demander à toucher, explique-t-il en pimentant le tout de quelques gestes suggestifs.

— Lui demander un baiser est presque impossible. Comment puis-je demander autre chose ?

— Tu es aussi inutile que d’habitude. Tu veux que je te montre comment faire ?

— Tu es trop curieux.

— Tine est mignon. Je l’aime bien.

— Tu veux mourir ?

Il m’agace toujours en parlant de Tine. Il sait que je vais me mettre en colère, mais il en parle quand même constamment.

— Votre repas est prêt.

— Hé, laisse-moi finir de manger avant que tu me tues.

La nourriture et les couverts arrivent. Nous sommes tous impatients de manger, mais quelqu’un se tenant près de nous nous fait tous arrêter. La première pensée qui me vient à l’esprit est… ce senior me semble familier. Je ne dis rien, je la laisse engager la conversation:

— Sarawat, je t’ai acheté un verre de Blue Hawaii. La dernière fois, j’ai demandé à Man de te le donner. Juste te regarder boire m’a rendu si heureuse.

Attends, ça veut dire… que le Blue Hawaii que j’ai bu l’autre jour ne venait pas de Man ? Quand je me tourne vers lui, je ne vois qu’un sourire stupide sur son visage.

— Merci beaucoup mais tu n’es pas obligé de m’en acheter. En fait, je n’aime pas tant que ça le Blue Hawaii.

En fait, c’est le préféré de quelqu’un d’autre.

— Oh. Alors qu’est-ce que tu aimes manger ou boire, Sarawat ?

— Je ne veux pas que tu achètes quoi que ce soit pour moi.

C’est tellement gênant. C’est toujours comme ça pendant la pause et après les cours. Au début, ils laissaient juste des sacs de snacks ou de desserts avec mon nom écrit dessus à la porte des classes. Après les avoir ignorés, je les ai trouvés accrochés au rétroviseur de ma voiture.

Je vais rarement à la cafétéria centrale. J’ai l’impression que tout le monde a les yeux rivés sur moi - et certains d’entre eux sont des ennemis. Si je n’avais pas rencontré Tine, je jure que je n’aurais jamais mis les pieds ici.

— J’ai entendu dire que tu formais un groupe pour le concours.

La fille change de sujet et je hoche la tête.

— Continue. Ah ! Il y a des bandages dans ce sac.

— …

— Je peux voir que ta main est blessée.

— Merci.

— Je ne t’ai pas vu poster quoi que ce soit sur Instagram dernièrement.

— Je ne prends presque pas de photos ces jours-ci.

En fait, ce n’est pas faux. Ma galerie est déjà pleine de photos de Tine. Certaines que j’ai prises moi-même, d’autres que j’ai copiées d’Instagram. Ah oui. Certaines sont des photos que mes amis ont sauvegardées pour moi. Quoi qu’il en soit, je ne veux pas les partager avec d’autres. Je suis avide. Je veux les garder pour moi, pour que je sois le seul à les regarder.

— Je ne te retiendrai pas plus longtemps. J’ai hâte de t’encourager au concours le semestre prochain.

— Oui.

— Si sexy ! Woah !

Juste après que la senior soit partie, mes amis ont commencé à parler de choses cochonnes. La plupart du temps, c’est juste pour se moquer de moi. Je sais que la senior était à la fois mignonne et jolie. C’est juste qu’elle n’est pas celle que je veux adorer et protéger.

— Mangeons.

Je mets fin à leur plaisanterie.

— Tu aurais dû demander son numéro et nous le donner.

— Fais-le toi-même.

— Tu peux le faire pour moi ? Je t’ai aidé à faire des avances à Tine.

— Tu ne m’as pas aidé. Tu m’as juste fait des suggestions inutiles.

— Tu vas au club ce soir ? J’ai envie de le voir.

— Oui, mais arrête d’être aussi curieux. Tu devrais aller t’entraîner au foot avec les seniors. Je vous rejoindrai quand on sera plus proche du dernier match.

Je dois rencontrer les membres de mon groupe pour trouver une salle de répétition et choisir des chansons pour le concours, et nous nous séparons donc après avoir fini de manger. Les Lions blancs se dirigent vers le terrain de football et je vais au club comme tous les jours.

L’ambiance de la salle de répétition est toujours la même. La seule différence est que tout le monde est silencieux: pas même le son d’une guitare ne se fait entendre dans la pièce. Tout le monde ici est en train d’écrire frénétiquement quelque chose sur un papier.

La première personne que je cherche est Tine. Il est assis dans un coin de la pièce, concentré sur ce qu’il est en train d’écrire.

On dirait qu’il a perdu un peu de confiance en lui à cause des bleus sur son visage. Il a toujours été très fier de son apparence, alors il est probablement très contrarié que son visage ait été abîmé. J’ai trouvé ça à la fois drôle et pitoyable quand il a pleuré pour ça. Il est tellement mignon quand il essuie des larmes sur son visage.

— Vous êtes tous là. Je vais tout dire encore une fois.

P’Dim, le président du club, fronce les sourcils au milieu de la pièce, essayant délibérément de me faire presser le pas vers mon siège. Je me dirige vers le siège à côté de Tine.

— Les examens finaux commencent dans un mois et vous aurez peut-être moins de temps pour le club. Je vais publier les dates de soumission des vidéos sur notre page Facebook, vous aurez donc le temps d’étudier, de pratiquer la musique ou de former vos groupes. C’est vous qui décidez. Nous avons trois salles de répétition: dans ce bâtiment, dans le bâtiment de musique, et dans le bâtiment d’ingénierie. Mais vous devez demander la permission à un professeur avant d’utiliser les deux derniers bâtiments, donc vous êtes libres de partir maintenant.

La clameur monte dans la salle mais s’arrête aussitôt à nouveau.

— Pourquoi diable êtes-vous tous si heureux ?

— …

— Tout le monde devrait avoir un questionnaire de satisfaction maintenant, mais si vous n’en avez pas, venez en chercher un à l’entrée. Vous devez écrire ce que vous pensez du club de musique. Vous avez 30 minutes. Compris ?

— Oui !

— Prends ton papier.

La Nuisance me regarde une seconde avant de continuer à écrire. Il n’y a pas de table dans la salle de répétition, donc nous devons poser les papiers sur le sol ou sur une guitare pour écrire. Lorsque je reviens après avoir pris ma feuille, je suggère immédiatement une idée à la personne en face de moi.

— Tu ne te sens pas raide ? Tu peux utiliser Nuisance comme bureau.

— Tu es fou ? C’est une guitare très chère.

— Je me sens raide. Je peux utiliser ton dos ?

— Utilise le mur.

Il utilise sa main droite pour désigner le mur, me donnant ainsi une solution. Mais je m’en fiche. Je vais utiliser son dos comme table. Au lieu de demander à nouveau, je place le papier sur son dos et commence à écrire.

— Sarawat, tu n’es pas croyable, se plaint-il jusqu’à ce que ce soit trop fatigant de continuer.

— Tes blessures te font-elles encore mal ? lui demandé-je avec le papier toujours contre son dos.

Il n’a pas encore arrêté d’écrire.

— Plus maintenant.

— Tu as mis de la crème dessus ?

— Mmh.

— Tu as pris des analgésiques ?

— Mmh.

— Je suis inquiet pour toi.

— Mmh.

— …

— Moi aussi.

Ses mots me submergent pendant une seconde où j’ai l’impression que mon cœur va exploser. La voix de Tine est douce et nous sommes assis suffisamment loin de tout le monde pour que je n’hésite pas à lui sourire. Je n’ai pas besoin de faire semblant de garder mon sérieux habituel. Le fait de savoir que Tine s’inquiète pour moi rend ma journée encore plus agréable.

Je me force à me concentrer sur le questionnaire devant moi, en lisant lentement chaque question. Parfois j’y prête attention, parfois non. Je suis déjà occupé à accorder toute mon attention à la personne en face de moi.



Pourquoi veux-tu apprendre à jouer de la guitare ?

Je ne suis pas doué pour jouer d’autres instruments.



Que t’apporte l’apprentissage de la guitare ?

Des compétences, des techniques, de l’amitié, des expériences



Quelle est la première chanson que tu as jouée en tant que membre de ce club ?

All I Want - Kodaline



Quel est ton accord préféré et pourquoi ?

Do



Pour toi, quelle est la signification de la guitare ?

Un ami



Les autres questions sont des questions ouvertes. Les seniors nous interrogent simplement pour connaître notre attitude vis-à-vis de l’apprentissage de la guitare. Les premières questions sont les mêmes ; ils veulent que nous définissions certains mots selon nos opinions. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix. Les questions sont ouvertes à toutes sortes de réponses. C’est une bonne chose: ceux qui étudient la musique n’aiment pas qu’on essaie de les définir.



Association des Music Lover

Famille



Seniors de deuxième année

Bienfaiteur



Seniors des années supérieures et le président du club

Personnage saint



La kermesse Alter Ma Jeeb

Everything - Scrubb



Scrubb Live : Surjouons ensemble

Muey et Ball m’ont permis de me sentir plus à l’aise avec la chanson “Deep”.



Tine



Quoi ? Je suis choqué. Je regarde le mot devant moi, me frottant les yeux plusieurs fois pour vérifier, mais il est toujours là. Le nom de la personne dont le dos me sert actuellement de bureau. Pendant une seconde, je me demande si les autres se posent les mêmes questions que moi, mais quand j’entends que tout le monde a le nom de quelqu’un dans le club, je suis suffisamment soulagé pour ne pas me poser plus de questions.

J’écris soigneusement une définition dans le blanc. Puis je me lève pour rassembler les papiers de chacun afin de les soumettre au senior qui se trouve à l’avant de la salle.

— Tu as eu le nom de qui ? me demande Tine.

— Et toi ?

— Je ne te le dirai pas.

— Je ne te le dirai pas non plus.

— Maintenant que nous avons recueilli les réponses de chacun, puis-je avoir un volontaire pour parler de la sienne ? Qui sera l’heureux élu ?

P’Dim a à peine le temps de finir de parler que tout le monde se met à crier le même nom :

— Sarawat !

Ok… c’est encore moi.

— Sarawat, viens vite ici.

P’Dim me tend le morceau de papier sur lequel je viens d’écrire quand j’arrive à l’avant de la salle. Mon travail consiste simplement à lire les réponses du début à la fin. Tout le monde est si attentif que personne ne fait de bruit, jusqu’à la question sur…

— Quel est ton accord préféré ? J’aime l’accord do.

— Pourquoi ? interrompt P’Dim.

— Je n’ai pas écrit de raison.

Je suis paresseux. Je n’aime pas écrire de longues réponses.

— Il doit y avoir une raison pour laquelle tu aimes le Do. Pourquoi pas le La ou le Mi mineur ?

— C’est le premier accord que j’ai appris à Tine.

— Wow ! Aaww !

— C’est trop. Aw !

Le silence se transforme en un grand chahut. Dans un coin de la pièce, Tine a l’air mortifié. Je me sens immédiatement désolé pour lui. Je n’aurais pas dû leur dire.

Il faut un certain temps pour que tout le monde se calme suffisamment pour que je puisse continuer. Je passe en revue toutes mes réponses jusqu’à la dernière question. Le nom en une syllabe que je ne sais vraiment pas comment définir.

— Tine.

— Oh ! Tu as son nom ?

— Pour moi, Tine est un petit être vivant par lequel je veux être ennuyé pour le reste de ma vie.

— Beurk ! J’ai envie de vomir !

— Sarawat, espèce de dragueur !

Après que j’ai fini de lire à haute voix, ils reprennent là où ils en étaient restés avec cette agitation chaotique, même sans savoir que ce que je viens de dire n’est pas ce que j’ai réellement écrit.

Je ne savais pas que le senior m’appellerait à l’avant pour le lire à haute voix. Pour moi, il n’y a qu’une seule façon de définir Tine. C’est…



Après m’être changé, je retrouve ma bande sur le terrain de foot. Ils sont tous très impliqués dans le match qu’ils sont en train de jouer. Man est dans une équipe où tout le monde a enlevé son T-shirt. Il fait signe à l’un des autres de lui passer le ballon.

Il y a une poignée de personnes qui les regardent jouer, alors je décide d’attendre près du terrain. Je m’allonge sur l’herbe, en les regardant jouer.

Les amis de Tine sont venus le chercher après le cours. Les seniors nous ont laissé partir plus tôt parce que nous n’avions pas d’entraînement. En fait, je voulais demander à Tine de manger ensemble, mais il ne semblait pas d’humeur à le faire. Je suppose que je l’avais mis dans l’embarras.

— Wat, on va jouer ensemble.

— Quelle équipe a besoin de plus de joueurs ?

— La mienne.

Theme lève la main et me fait signe. Je me lève pour courir sur le terrain et jouer. Je me retrouve bientôt trempé de sueur. Le ciel est sombre, le soleil a disparu et a été remplacé par un projecteur géant. Le match passionné se termine sur le score de 10-13.

Je me dirige vers le bord du terrain et prends une bouteille d’eau pour boire. Soudain, la voix excitée de Man attire l’attention de tous: "Wat ! Tu es mort !"

— Quoi ?

— Lis ça. C’est trop drôle.

Je prends le téléphone de la main de Man. Sur l’écran, il y a une photo Instagram de l’Association des Music Lover. La photo qui a fait se tordre de rire Man est…



C’est une photo d’une des réponses que j’ai écrites.

Ma définition réelle de “Tine”.



Association des Music Lover

“Le formulaire de réponse de Monsieur Sarawat @Sarawatlism”



“Tine = Épouse”



Merde ! Je suis foutu.



Le vendredi soir, j’essaie de tout arranger en invitant Tine à aller voir un film. C’est difficile de lui faire accepter mon invitation. Il ne me parle plus depuis que P’Dim a posté cette photo sur Instagram pour se moquer de moi. Ça fait mal. Il est en colère contre moi pour de vrai cette fois. Quand je vois enfin qu’il s’est un peu calmé, je décide de profiter de l’occasion pour lui demander de sortir.

Malheureusement, ma mère m’a dit de venir à Bangkok pour le week-end afin de fêter l’anniversaire de mon petit frère, et nous devons donc partir ce soir. Je me dépêche d’inviter Tine car je ne veux pas que notre relation intime prenne l’eau. J’ai peur de perdre ce que nous avons. Cela nous ferait du mal à tous les deux.

Tine et moi sommes tous deux en uniforme d’étudiant, avec nos sacs sur les épaules. Nous n’avons pas encore choisi de film, mais nous sommes d’accord pour le faire une fois au cinéma.

— Lequel ? demandé-je sans détour.

Tine se contente de regarder les films sur le tableau des horaires.

— Tu m’as invité, donc tu choisis ce que tu veux voir.

— N’importe quoi me convient. Choisis-en juste un.

J’ai trop la flemme de réfléchir et lui confie plutôt cette responsabilité. J’ai peur de finir par me battre avec un chiot en colère.

— Bien.

Une fois qu’on a choisi nos places et payé les billets, je lui propose d’aller chercher à manger. On se promène dans le centre commercial et je le provoque de temps en temps, juste pour l’embêter, mais on s’amuse tous les deux. La séance du film ne commence qu’à 21h20, et lorsque le centre commercial est sur le point de fermer, nous devons attendre sur un canapé à l’entrée du cinéma.

— Scrubb a sorti un nouveau single. Tu l’as écouté ? demande Tine avant de mettre ses écouteurs dans les oreilles.

Il fait des petits pas de danse sur ses rythmes fous.

— Pas encore.

— Tu veux l’écouter ?

— Tu n’es plus en colère contre moi ?

— J’ai marché avec toi, j’ai dîné avec toi. Je suis toujours en colère contre toi, je suppose.

Peut-être qu’il se sent seul parce que les gens devant le cinéma parlent et s’amusent.

— En fait, tu n’aurais pas dû être en colère. J’ai écrit la vérité.

— Sale con.

— Une femme sera toujours une femme. Si quelqu’un me demande, je lui dirai que je suis ton mari.

— Va te faire foutre.

— Merci.

Il ne pense clairement pas que c’est drôle. Au lieu de ça, il me tourne le dos et écoute sa musique sans moi. Je tends la main pour retirer un des écouteurs de son oreille sans le lui dire. Tine se tourne vers moi et me regarde comme s’il était prêt à se battre, mais la colère ne dure qu’un instant.

La musique qui passe dans l’écouteur a un bon rythme. Il se marie parfaitement avec les voix. Déjà la première fois que j’ai écouté leur musique, j’ai pu facilement dire que ce groupe est le préféré de Tine. Il l’aime tellement ce groupe que s’il avait la chance de demander à Muey et Ball d’être ses amants, je crains qu’il ne le fasse.

— C’est une nouvelle chanson ? lui demandé-je.

— Mmh.

— Comment ça s’appelle ?

— “Rain” (Pluie).

— Elle tombe sur mon cœur.

— Tu es triste ?

— Non, je suis rafraîchi.

Le simple fait d’être ensemble est déjà rafraîchissant. Tine fait la moue et continue à faire une playlist. Quatre-vingt pour cent des chansons sur son téléphone sont celles de Scrubb, et je me surprends à me demander pourquoi il les aime tant.

— Pourquoi tu aimes Scrubb ?

— Leurs chansons sont bonnes.

— Il y a d’autres bonnes chansons aussi.

— Le sentiment quand tu écoutes leurs chansons est différent. Tu ne te sens pas vraiment bien quand tu écoutes leurs chansons joyeuses ?

— Mmh.

Je hoche la tête.

— Quand j’écoute leurs chansons tristes, je me sens tellement dedans. Ça ne me fait pas sangloter ni me sentir plus mal, j’ai plutôt l’impression que quelqu’un me réconforte.

— Je peux être ton Scrubb ?

— C’est quoi cette blague ?

— Je veux être avec toi, que tu sois heureux ou triste. Crois-moi, je peux te réconforter mieux que n’importe quelle chanson de Scrubb.

— Tais-toi.

Tine n’aime pas ça. C’est ennuyeux.



Les bandes-annonces avant un film prennent toujours environ une demi-heure, donc nous pouvons regarder le film vers 22 heures. Nuisance est en pleine mission, il transporte des snacks dans son sac et remplit un grand gobelet de soda. Il dit qu’il n’aime pas acheter des snacks au cinéma. Ils sont trop chers. Mais faire des choses comme ça - passer en fraude des snacks qu’il a achetés ailleurs et verser son soda dans leurs gobelets - est apparemment parfaitement acceptable.

Comme je suis ouvert à tous les genres, Tine a choisi un film indépendant. Je passe la majeure partie du film à observer son visage alors qu’il est pris par l’histoire sur l’écran. Il utilise une main pour tenir son soda et l’autre pour s’empiffrer de snacks. De temps en temps, il se souvient de boire.

J’aime bien le regarder. Il est si mignon que je ne peux pas m’empêcher de le regarder, même une seconde.

— C’est bon ? Je peux en avoir ? demandé-je doucement.

Le regard de Tine se pose sur moi pendant un petit moment avant qu’il ne prenne l’un des snacks dans son gobelet et le fourre rapidement dans ma bouche.

— Je ne veux pas de ça. Je peux avoir une chips ?

— Tiens.

Il m’en met une dans la bouche.

— Encore une.

— Arrête ça. Je veux regarder le film.

Il a l’air ennuyé.

Regardez les autres couples. Ils se tiennent la main et s’appuient sur l’épaule de l’autre. J’ai déjà préparé mon épaule pour qu’il s’y appuie, mais il ne s’en soucie même pas. Ses mains ne sont pas disponibles non plus ; l’une est occupée par le gobelet de soda, et l’autre par des snacks. J’ai perdu.

Tout ce que j’avais répété avec Man a été vain. Bien. Laisse tomber.

Tine finit par arrêter de manger et met le gobelet dans le trou de l’accoudoir. Il remue un peu sur son siège, poussant le dossier vers le bas pour s’installer confortablement. Et puis il…

S’endort.

Quoi ? Il s’est endormi.

Le film se poursuit avec la personne à côté de moi qui expire et inspire régulièrement. Je suis enfin capable de tenir la main que je voulais tenir. Je regarde le film en caressant sa paume. Il semble vraiment s’être endormi, alors j’attends le point culminant du film pour le réveiller.

— …

— Tine.

— Qu-Quoi ?

Il lève les yeux et s’empresse d’essuyer la bave de son visage. Je pointe mon doigt vers l’écran pour lui faire comprendre que je veux qu’il le regarde au lieu de dormir.

Quand j’ai vu l’affiche, je ne pensais pas que la fin serait triste. Je regarde rarement des films romantiques. Aujourd’hui, j’en regarde un et il se termine de façon tragique.

Quinze minutes avant la fin du film, Tine est si calme que je n’entends même pas sa respiration. Il ne pleure pas, il garde juste un visage sans émotion, comme s’il s’était préparé à une fin comme celle-ci, jusqu’à ce que…

— Non. S’il vous plaît, non.

La musique accompagne le générique de fin qui défile sur l’écran. C’est le signe que le film est terminé. Il semble contrarié que les deux personnages principaux, l’homme et la femme, se soient séparés, et que leurs chemins ne se croisent plus.

— Je n’aurais pas dû choisir celui-là. J’aurais dû choisir La fille du train.

— Pourquoi tu n’as pas choisi celui-là alors ?

— Je ne regarde presque jamais de films romantiques, alors j’ai choisi celui-ci.

— C’est parce que tu le regardes avec moi ?

— Tu as trop confiance en toi.

Le public quitte lentement le cinéma. En fait, il n’y a que peu de gens ici car c’était le dernier film non doublé de la journée, et c’est un film indépendant en plus. Dans notre rangée, il n’y a que quatre personnes et nous sommes très éloignés les uns des autres.

— On peut regarder le générique de fin ? Juste au cas où il y aurait un post-crédit.

Il espère encore que la fin ne sera pas forcément comme elle est.

Je ne suis pas contre. Je m’assois avec lui jusqu’à ce que tout le monde soit parti. Les noms des acteurs continuent de s’afficher mais il n’y a aucun signe de post-crédit. Je me sens un peu désolé pour lui.

Je ne savais pas que j’aurais l’occasion de le voir faire une telle tête de chiot.

— C’est juste un film.

— Je sais. Je n’aime pas la fin. Ce n’était pas un amour épanouissant.

— Tu es triste ?

— Tu as vraiment besoin de demander ?

— La fin du film était triste, mais on peut avoir une fin heureuse dans la vraie vie.

— Comment ?

— S’il te plaît, sois mon petit ami.

— Ce n’est pas drôle. Je suis sérieux, dit Tine, choqué.

Je regarde alors dans ses yeux et laisse mon regard lui faire comprendre que je ne plaisante pas.

— Je suis sérieux. Si c’est un film sur toi et moi, tu peux choisir d’en faire une fin triste ou heureuse.

— …

— Tine.

Il ne répond que par le silence. Le personnel commence à nettoyer le cinéma, alors je me lève en tenant la main de Tine. Je ne me soucie pas de sa réponse maintenant.

— Sarawat.

Il m’appelle par mon nom. Sa voix douce semble déterminée.

— Hmm ?

— En fait, je n’aime pas les films qui finissent mal.

— Et alors ?

— Oui.

— Oui quoi ?

— Oui. Je serai ton petit ami.

Petit ami

Petit ami

Petit ami

Merde ! C’est encore mieux que ce que j’attendais.

— Tu es si mignon.

A qui dois-je faire mon offrande ? Je pense que ça doit être Man. Merde !

Attendez. Je vais revérifier. Je suis réveillé ?


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Johanne
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Johanne
Lun 26 Aoû 2024 - 11:46



Chapitre 18
Mon Petit-Ami est si chic
Je continue de faire défiler mon téléphone pendant dix minutes après que ce satané P’Dim a posté une photo de l’écriture laide de Sarawat sur Instagram. C’est la personne la plus incroyable de la planète. Comment a-t-il pu écrire que je suis sa femme ?

Quand suis-je devenu sa femme ?

J’ai apparemment un mari célèbre. Ça m’a presque choqué jusqu’aux larmes. J’ai envoyé un message privé à Monsieur Dissatat sur son Instagram et lui ai dit de supprimer la photo. J’ai même proposé sérieusement de ne plus jamais flirter avec sa femme s’il la supprimait pour moi. Mais le résultat est…



“Ma femme l’a postée. Je l’ai forcé à le faire. Il était en larmes quand il l’a tapé. Je me sens si bien. LOL.”



J’en ai trouvé un. Dissatat est encore plus méchant que Sarawat.

J’ai la chance d’avoir de bons amis qui font toujours tout leur possible pour me réconforter. Puek est assis à côté de moi, occupé à se curer les dents, mais au moins il ne m’a pas quitté. Il est en fait le plus gentil du lot. Fong et Ohm cherchent de la nourriture dans un buffet à moins de dix mètres de notre table.

Ils tiennent toujours leurs téléphones dans leurs mains, mettant continuellement tout le monde au courant.

Comment je le sais ?

Ding ! Ding ! Ding !

Parce qu’ils continuent de recevoir des notifications de commentaires de l’Association des Music Lover. Tout ça, c’est à cause de ces deux-là !

— J’en ai marre que P’Dim n’ait pas supprimé la photo, mais j’en ai encore plus marre de mes amis, dis-je à voix haute pour que la personne à côté de moi l’entende.

Puek s’arrête une seconde et cesse de se curer les dents. Il me regarde avec sympathie, me tapote l’épaule plusieurs fois, me sourit et me dit :

— Si tu ne veux pas de cette crevette grillée, laisse-moi la prendre s’il te plaît.

— Elle est tombée par terre. Merde !

C’est vraiment mon meilleur ami.

Il est silencieux maintenant. Le seul bruit que fait Puek, c’est de mâcher la grosse crevette qu’il vient de prendre dans mon assiette. En fait, c’est un bon ami. Quand je traverse une période difficile, il me fait toujours oublier mes problèmes. Malheureusement, il ne fait que me stresser avec son propre comportement.

— J’ai vu cette photo. Sarawat est en fait assez courageux, dit Puek après avoir avalé la crevette.

Je ne le regarde pas cette fois-ci. Je garde mon attention sur mon téléphone et le laisse poursuivre ce qu’il allait dire.

— S’il ose te définir comme ça, il doit vraiment ressentir quelque chose pour toi.

— Tout ce qu’il ressent, c’est l’envie de m’agacer. Il n’est pas sérieux du tout.

— Ok. J’ai compris.

La conversation s’éteint alors qu’il continue à manger. Après un court moment de silence, Puek parle à travers la nourriture qu’il a dans la bouche.

— C’est difficile de tomber amoureux, surtout avant de décider d’être ensemble.

— Je ne pense pas que ce soit si difficile. Si j’aime quelqu’un, je lui dis. Et si ça ne marche pas, on se sépare. C’est tout.

— Tu commences vite, c’est pour ça que ça se termine vite.

— Mais ça ne veut pas dire qu’un début compliqué rendra la fin compliquée.

— Et pour Sarawat ? C’est un début difficile avec une fin facile ?

— Va te faire voir, lui grogné-je dessus.

Puek rit aux éclats quand il réalise que je suis tombé dans le panneau. J’ai même parlé assez fort pour que les personnes à la table à côté de nous nous regardent. Chaque fois que j’entends son nom, je finis toujours par réagir sans réfléchir.

— C’est quelqu’un de bien.

— Tu crois ? Je pense que c’est une sorte de psychopathe.

— Il agit comme ça quand il est avec toi, et seulement avec toi. Il est vraiment froid avec tous les autres. Quelle chance tu as d’être traité différemment des autres.

Il a raison, mais je n’aime toujours pas ça.

Puek utilise ses baguettes pour prendre un morceau de porc dans la poêle et le déposer dans son assiette. Ses yeux regardent curieusement mon téléphone. L’écran affiche le message qui cause mon problème actuel.

— Sois honnête. Quand tu dis que tu n’aimes pas ça, c’est parce que tu es agacé ou parce que tu es gêné ?

— Je suis agacé. J’ai peur que les autres comprennent mal.

— Ah… donc ça veut dire que tu ne l’aimes vraiment pas. Les gens populaires comme lui et toi semblent incompatibles.

— …

Ouais !

— Je pense que Sarawat convient aux filles telles que les Etoiles de notre campus ou aux garçons mignons. Les grandes personnes comme toi ne sont probablement pas son type. Je ne pense pas que vous vous entendriez bien.

Je pense que tu en fais un peu trop, mon ami.

— C’est vrai. Je ne lui conviens pas. Et en plus, mon type c’est une fille petite avec un appareil dentaire.

Je ne veux pas être humilié, alors je dois répondre. Je ne veux pas que mon ami sache la vérité alors je fais semblant de m’en moquer. Je n’ai pas un type unique que j’aime ; j’aime les belles personnes comme tout le monde.

— C’est vrai. J’ai entendu dire que Green a un petit ami maintenant. Il ne t’a pas embêté depuis un moment. Et si Sarawat t’agace, je peux lui dire d’arrêter de t’embêter. Qu’est-ce que tu en dis ?

— …

Je ne sais pas quoi dire. Je ne veux pas que ça se passe comme ça. Je veux juste…

— Hey Ohm, Fong, j’ai un travail pour vous.

Merde. Il a appelé une assemblée. Dès que les deux autres sont à table, leur mission de révélation de secret est lancée. Et plus important encore, les deux acceptent de se débarrasser de Sarawat pour moi. Je n’ai pas demandé ça.

En fait, je ne veux pas qu’il disparaisse, mais je ne peux pas ravaler ma fierté, alors j’acquiesce.

— Ne fais rien. On va s’en occuper.

Ce qu’ils veulent dire, c’est qu’ils vont s’occuper de la nourriture qui se trouve devant nous. Après avoir élaboré leur grand plan, ils mangent tout et finissent par boire deux litres entiers de soda. Ils s’assurent d’en avoir pour leur argent, contrairement à moi qui mange à peine. J’ai peur de le perdre.

— On y va.

— Fong, je vais te conduire.

— Bien sûr que tu vas le faire.

Le dortoir de Fong n’est pas loin du mien, donc le ramener lui permet de gagner du temps et de l’énergie.

C’est agréable dans la voiture. Je mets une chanson de Scrubb et je chante en même temps que certaines parties. Fong tape des doigts et bouge en suivant le rythme des chansons. Il est tellement à fond dedans et je déteste ça parfois.

— J’ai rencontré Man et Theme pendant que tu étais à la répétition de musique, dit-il sans crier gare.

— Et alors ?

Je le regarde une seconde avant de reporter mes yeux sur la route.

— Ils ont dit que Sarawat t’aime beaucoup. Il veut te séduire.

— V-vraiment ?

— Qu’est-ce que tu en penses ?

— On est amis.

— Ok. J’aimerais que vous soyez juste amis.

— Va te faire voir ! Pourquoi tu dis un truc pareil ?

— Hein ? Tu viens de dire que vous êtes amis. Pourquoi tu agis comme si tu voulais être plus que ça ? Les amis sont des amis et les amoureux sont des amoureux. Ce sont deux choses complètement différentes !

— Nous sommes amis. Je ne vois pas ce qui est si déroutant.

— Ok. Je vois. Je l’ai juste dit parce que quelqu’un du département de Gestion craque pour lui. Si tu ne l’aimes pas, je lui dirai d’abandonner.

— Comment tu peux faire ça ?

— Quoi ?

Il me regarde avec méfiance.

— Rien.

— C’est sa guitare ?

Merde. Je n’aurais pas dû laisser Nuisance sur le siège arrière. Fong allait forcément la remarquer. Tout ce que je peux faire maintenant c’est prier pour qu’il n’aborde pas de sujets délicats.

— Mmh.

— Je vais le lui rendre. On va t’en acheter une nouvelle.

J’ai envie de pleurer…

— Mais Sarawat me l’a donné.

— Ce n’est pas bien. Si tu veux sortir quelqu’un de ta vie, tu dois jeter tout ce qui vient de cette personne. C’est juste une guitare. Tu peux facilement t’en offrir une nouvelle.

Fong, je devrais probablement te dire que cette guitare a mon nom dessus. Ça veut dire que c’est la mienne et que je ne la lui rendrai pas. Je le pense, mais j’ai trop peur pour le dire à voix haute. Je suis perdu.

— Tu as le numéro de Sarawat ?

— Pourquoi ?

— Je veux lui parler.

— Tu n’as pas besoin de le faire. Je vais m’en occuper.

— Tu es trop lent.

Je vais aussi vite que je peux, mon ami. Je veux te déposer le plus vite possible. Je ne veux pas qu’il doute encore de moi. Argh ! Mentir sur mes sentiments fait bien plus mal que d’enlever une dent de sagesse. La vitesse de 140 kilomètres heure n’aide en rien.

— Nous sommes arrivés. Fong, on est à ton dortoir maintenant. Sors.

J’ai l’air nerveux. J’attrape son sac et le lui lance avec des mains tremblantes.

— Attends ! Tu as oublié la guitare. Donne-la moi. Je vais la rendre à Sarawat.

— Je vais le faire moi-même.

— Allez. Ce n’est pas un problème.

Fong saisit le manche de la guitare alors que j’essaie d’éloigner Nuisance de lui. Je secoue la tête. J’ai perdu. Mon ami n’abandonne jamais.

— Sarawat me l’a donné donc je dois la rendre moi-même.

— Ah oui ?

— Uh-huh.

— Ok alors. Bonne nuit, Tine. Muah !

Fong m’envoie un baiser et s’en va joyeusement. Il me laisse seul pour respirer en tremblant. J’essaie d’inhaler autant d’oxygène que possible. Quand je touche ma joue, elle est humide.

Merde ! Je pleure… Pourquoi est-ce que je pleure ?



Le lendemain matin, je me bats pour amener mon corps épuisé jusqu’au bâtiment. J’ai un cours à 10 heures mais il y a une assemblée pour copier les devoirs des autres, que notre Star Gang organise toujours avant les cours.

— Je veux manger une glace. Viens avec moi, s’il te plaît, dit Ohm quand il remarque que j’ai fini mes devoirs et que je fais craquer mes articulations en attendant que les autres aient fini.

— Et vous deux ? Vous voulez quelque chose ?

— Non. J’ai déjà mangé.

Ohm et moi allons donc seuls vers la cafétéria centrale. Nous avons décidé de venir ici parce que c’était la plus proche de nous. Je commande un cône de glace aux pépites de chocolat. Ohm commande quatre cônes de glace aux quatre parfums. Rien que de le regarder les lécher tous est embarrassant.

— Ooh ! C’est elle. C’est l’Etoile de la Gestion.

Sa voix grave attire toute mon attention. Je tourne mon visage pour voir une fille aux cheveux longs qui parle avec ses amies pas très loin de moi.

C’est vrai. Elle est plutôt mignonne. Belle. Corps parfait.

— C’est elle ?

— Oui. Ses amies l’encouragent à sortir avec Sarawat.

— …

Je ne réponds pas. Je continue à fixer la superbe fille sans ciller. Je suis interrompu quand Ohm déclare l’apparition de vous-savez-qui.

— Oh ! Sarawat est là aussi. C’est parfait.

Ohm continue. Ses mots sont comme des couteaux qui me poignardent. Je suis brisé maintenant. C’est de la torture.

Je regarde un type bronzé s’approcher de l’Etoile de la Gestion. Son visage n’exprime rien, je ne peux pas dire ce qu’il ressent. De toute façon, j’ai le vertige.

— Ils vont bien ensemble.

— …

— S’ils sortent ensemble, tu ne ressentiras rien, n’est-ce pas ?

Je ne peux pas m’empêcher de faire une grimace.

— Comme je l’ai dit, il t’aime bien mais tu ne l’aimes pas. Alors ne le réserve pas juste pour toi.

La boule de glace aux pépites de chocolat tombe sur le sol. Il ne reste que le cône dans ma main. C’est ce qu’on ressent quand on perd quelque chose, non ? Ce ne sera pas pareil, même si vous en achetez un nouveau.

— Elle est tombée par terre. Tu veux en acheter une autre ?

— Ce ne sera pas la même chose. Ce ne sera pas aux pépites de chocolat.

— Il y en a plein dans le congélateur.

— On ne peut pas la remplacer.

— Tu veux la ramasser sur le sol et la manger ?

— …

— Si tu y tiens tant, alors ne le laisse pas tomber.

— …

C’est trop tard.

— C’est difficile de la récupérer quand elle tombe par terre. Elle est en train de fondre. Il ne te reste que le cône. Tu veux le manger ?

Il n’a pas fini de parler mais je prends déjà une bouchée de ce cornet de glace. Je le mords avec amertume. Mes yeux sont toujours sur Sarawat qui parle avec cette Étoile.

— Est-ce que ça a bon goût ? Je veux dire le cône de glace.

— …

— Si tu le veux vraiment, tu devrais le tenir fermement.

— …

— Ou tu peux le laisser tomber et le reprendre. Ce ne sera juste plus pareil.



Je continue de penser à ça jusqu’à ce que ma tête soit sur le point d’exploser. Si je dois regarder Sarawat sortir avec une fille, ça va me tuer. C’est tout ce à quoi je peux penser. Mon Star Gang continue de m’encourager à le trouver. Je deviens fou.

Cela fait des jours que ça dure, jusqu’à ce que Sarawat m’appelle. Il m’invite pour un repas et un film. Sa voix n’est pas la même. Elle est froide. Ce son me donne l’impression d’être sans espoir. J’ai peur que ce soit le dernier repas et le dernier film avant l’adieu.

Je suis désolé. J’ai dû regarder trop de séries télévisées de ma mère.

C’est le premier jour depuis si longtemps où je peux revoir son visage. J’ai beau avoir l’air viril, mon cœur est toujours faible. Il s’occupe très bien de moi quand on dîne ensemble. Je l’ai aussi convaincu d’écouter une chanson avec moi. Mais le final est après la fin du film.

C’est la fin la plus horrible de la vie de ce Chic Tine. Je me mets presque à sangloter tellement je suis déçu de la fin. Heureusement, je peux me retenir. Je suis triste, car j’ai peur que ce soit l’histoire de mon avenir.

J’ai arrêté de dramatiser quand je l’ai entendu dire ces mots.

“S’il te plaît, sois mon petit ami.”

Mon visage est en train de brûler. J’ai de la chance qu’il fasse si sombre dans le cinéma qu’il ne le remarque pas.

Quand il l’a dit, j’ai été si déconcerté que je ne sais pas quoi faire. Quand je vois qu’il attend une réponse, je panique encore plus. Je me demande encore et encore ce que je dois faire. Puis je me souviens du cornet de glace.

Il est en train de tomber par terre devant mes yeux. Je dois le laisser fondre parce que je ne peux pas le ramasser et le manger. C’est un sentiment si douloureux. Je ne veux pas que Sarawat soit comme cette glace aux pépites de chocolat. Si je le perds, je vais me sentir horriblement mal.

C’est pourquoi il n’y a qu’un seul choix à faire.

“Je serai ton petit ami.”

Juste pour que tu saches, je ne veux pas perdre mon morceau de chocolat sur le sol. C’est tout.

Je n’ai pas regardé mon calendrier depuis des mois, mais j’ai marqué ce jour. Ça fait trois jours qu’on est en couple.

Après le film, on est chacun allés dans notre dortoir. Je ne lui ai pas parlé depuis, ni par téléphone ni sur Instagram. Je ne veux pas le déranger, car il a dû aller passer le week-end à Bangkok pour fêter l’anniversaire de son petit frère.

Aujourd’hui, je me suis senti anxieux dès que j’ai mis le pied dans une salle de classe. Embarrassé, vraiment. Je ne sais pas quoi faire quand je verrai son visage.

Mes trois amis n’ont aucune idée de ce qui s’est passé. L’une des raisons est que je suis trop gêné pour leur dire. J’étais arrogant et pourtant je suis tombé dans le panneau à la fin. Je suis terrifié à l’idée qu’ils se moquent de moi.

Le Star Gang n’est pas un groupe de personnes ordinaires. Quand ils font quelque chose, ils s’assurent d’être aussi dramatiques que possible. S’ils découvrent que je sors avec le Mari de la Nation, ils vont certainement me suivre partout sur le campus pour se moquer de moi.

— Qu’est-ce que vous voulez manger ? On est assis ici depuis des lustres. Commandez quelque chose.

— Comme tu veux, répond Puek.

Nous sommes assis dans un café en face d’un dortoir du campus parce que nous n’avons pas de cours l’après-midi. Beaucoup d’étudiants viennent ici pour faire une pause et regarder les jolies personnes.

— Pense par toi-même. J’en ai marre de penser pour toi.

— Alors je commanderai quand j’en aurai envie. Si tu as faim, bouge ton cul vers le comptoir. Ne fais pas le bébé.

Irrité par l’attitude de Puek, je me lève pour aller au comptoir et commander moi-même. Au moment où je me lève, un grand groupe de clients entre. Leurs bruits de pas me font les regarder. Le bourdonnement des nouveaux clients réchauffe l’atmosphère ici.

Mes yeux suivent l’un d’entre eux alors qu’il marche dans ma direction. Ils cherchent un endroit où s’asseoir. Aucun d’entre eux ne me voit, et ils s’assoient simplement sur les sièges vacants les plus proches.

Man-Oh-Hum est le premier à me remarquer. Il donne de nombreux coups de coude à Sarawat jusqu’à ce qu’il tourne son visage vers moi. À ce moment-là, j’ai l’impression que le monde entier s’arrête. Mon cœur bat si fort. Il bat plus fort qu’un concert de rock. C’est pas vrai ! Je ne sais pas quoi faire alors je lui souris doucement.

Sarawat ne répond pas, il se contente de me regarder. Il ne sourit pas, ne cligne pas des yeux. Il ne fait rien du tout ! Il se contente de me regarder. C’est pas vrai ! Mon premier petit ami a une maladie.

Il est insensible.

— Bonjour, que voulez-vous commander ?

La voix du barista au comptoir me sort de mes pensées. Je lui adresse un sourire coupable avant de pencher la tête pour réfléchir à ce que je pourrais commander.

— Un mocha frappé, s’il vous plaît.

— Quelle taille voulez-vous ?

— Medium, s’il vous plaît.

— Quel est votre nom ?

Je lève légèrement un de mes sourcils. Ce café utilise-t-il le même système d’écriture sur la tasse que Starbucks maintenant ? Mais quand je vois la taille du café et l’énorme foule de gens, je lui réponds immédiatement.

— C’est Tine.

— Veuillez patienter un instant.

J’acquiesce. Alors que je retourne à mon siège, les notifications Line du Star Gang n’arrêtent pas de s’afficher et de vibrer dans ma poche. Je sors mon téléphone pour constater que mes trois meilleurs amis me demandent de commander leurs boissons à leur place. Je suis une fois de plus leur serviteur.

Vous m’aimez tellement, n’est-ce pas ?

Ohm veut un verre de smoothie à la fraise, Puek veut un verre de lait frais et froid, et Fong veut deux boules de glace aux cookies et à la crème. Après avoir lu leurs messages, je dois retourner au comptoir et commander des boissons au même barista.

À ce moment-là, les Lions blancs se mettent à parler si fort que je ne peux m’empêcher de les entendre.

— Wat, je suis trop paresseux pour commander. Va me chercher un verre d’expresso glacé.

— Moi aussi. Je veux ma commande habituelle.

— Je veux la même chose. Dépêche-toi. S’il finit de commander, tu vas rater ta chance.

— Allez ! Mettre mon nez dans tes affaires.

C’est impossible que je ne les entende pas. Le “il” dont ils parlent doit être moi parce que je suis la seule personne au comptoir. Ses amis envoient délibérément Sarawat vers moi, et ils n’ont aucune idée de la nervosité que je ressens à ce sujet.

Le grand type se lève pour se diriger vers le comptoir. Je le regarde, le cœur battant nerveusement. Je suis en train de mourir. C’est la première fois que nous nous rencontrons depuis que nous avons accepté d’être en couple. Je n’ai aucune idée de ce que je dois faire ou de ce que je dois dire. Oh non.

— Tu es ici avec tes amis ?

— Mmh.

C’est une réponse si courte. Trop courte. Et encore une fois, je n’ai aucune idée de ce que je dois faire. Ma solution à cette situation embarrassante est de lui dire.

— Je dois retourner à ma place.

— Attends. Tu ne dois pas attendre tes boissons ?

— Je viendrai les chercher plus tard.

— Tu vas perdre ton temps. Attendons ici ensemble, dit-il en se tournant vers le barista. Excusez-moi, je voudrais deux tasses d’Americano, deux tasses d’espresso, une avec une dose supplémentaire, et une tasse de thé au citron, s’il vous plaît.

— Quelles tailles voulez-vous ?

— Grand pour tous, s’il vous plaît.

— Puis-je écrire le nom Sarawat sur toutes les tasses ?

— Oui.

Woah. Même le barista le connaît. Je suis tellement jaloux.

— Tes cours sont terminés ? lui demandé-je maladroitement.

Il est deux heures de l’après-midi, et autant que je me souvienne, il n’a pas de cours l’après-midi aujourd’hui. Je pensais qu’il aurait déjà quitté le campus.

— Mmh.

— …

— Tu as une répétition des cheerleaders aujourd’hui ?

— Non. Et toi ? Tu as un entraînement de foot ?

— Oui. Je m’entraîne pour le match final maintenant. N’oublie pas de venir m’encourager.

— Je sais.

Je serai sur le bord du terrain de toute façon. Être un cheerleader universitaire est assez fatigant, mais certaines choses peuvent facilement me faire sentir mieux, comme lorsque Sarawat dit à voix basse :

— Je ne sais pas quoi dire.

Je ne lui en veux pas parce que je ne suis pas mieux.

— Mh.

— Je rougis en ce moment.

— … !

— J’ai un petit ami tellement mignon.

— …

— Je ne sais pas quoi faire.

Boom ! Mon cœur et mon corps ont l’impression qu’ils viennent d’exploser, et je reste immobile à regarder son visage froid. La confusion est difficile à ignorer. Être le petit ami d’une personne aussi bizarre que lui est une activité qui consomme beaucoup d’énergie. C’est épuisant et incontrôlable. J’ai l’impression de recevoir des chocs électriques qui me parcourent le corps en permanence.

Je ne sais pas s’il ressent la même chose que moi ou non. En ce moment, j’ai du mal à rester debout. J’ai l’impression que je vais m’évanouir.

— Monsieur Tine, votre mocha frappé est prêt.

Une voix m’empêche de m’effondrer sur le sol. Le barista pose un verre de café sur le comptoir.

— C’est combien ?

— Cinquante-cinq bahts.

Je trouve mon portefeuille pour en sortir l’argent, mais quand je relève la tête, tout ce que je vois, c’est une personne folle. Mon mocha frappé est sur le comptoir, mais ce salaud est occupé à en boire plus de la moitié. Je n’ai même pas encore touché le verre.

— C’est le mien.

— Je l’ai bu alors laisse-moi le payer.

— Pas besoin.

— Ne sois pas si têtu.

Sarawat pose le verre de mocha frappé dans ma main avant de s’éloigner sans attendre ma réponse. Il est bientôt de retour à sa place, laissant ses amis choisir leurs propres boissons, tout comme je fais faire à mon Star Gang.

Nos tables ne sont pas très éloignées l’une de l’autre. Il n’est pas surprenant que beaucoup de gens ici s’intéressent aux Lions blancs: ils prennent des photos, font des commérages à leur sujet, se pâment devant eux. La personne qu’ils admirent tous ne s’intéresse pas à eux. Ne semblant pas se soucier de l’agitation, il continue à siroter son Americano.

— Sarawat te regarde bizarrement. As-tu quelque chose à me dire ? demande Ohm, toujours aussi curieux.

Je hausse légèrement les épaules mais ne lui réponds pas. Il n’a pas l’air content de la réponse.

— J’ai tellement envie d’un mocha.

Une voix provenant de la table des Lions blancs interrompt notre conversation. La voix de Boss est joyeuse, et ses amis se joignent rapidement à la plaisanterie.

— Il faut que ce soit un mocha frappé ou je ne le boirai pas.

— Les gens qui boivent ça doivent être très mignons.

— Je suis assez mignon ?

Man fait un signe en V en parlant.

— Tu ne pourras jamais être aussi mignon que lui. J’ai pas raison, Wat ?

— Oh ! Quel étalon !

Sarawat frappe la tête de ses amis, une ou deux personnes à la fois. Quand c’est son tour, Man crie à l’aide.

— Tine ! Aide-moi ! Aide-moi, s’il te plaît !

Je lui fais un doigt en guise de réponse. Nous nous comportons comme des enfants et tout le monde nous regarde dans le café. Mais nous nous calmons rapidement. Pas de moqueries ni de gros rires, mais plutôt…

Ding !

On se moque de nous en ligne. C’est pas vrai !



Man_maman Mon ami m’a offert un verre car son vœu a été exaucé. Il doit racheter un vœu au saint moi. #ThanksBroWatTheLicker



C’est une photo de leurs boissons sur la table que Man a postée sur son Instagram privé. Il a tagué des amis dessus. Mais le truc c’est… pourquoi m’a-t-il tagué aussi ?



KittiTee Ce n’est pas censé être “racheter un vœu aux esprits saints” ?

Boss-pol @Man maman Sors d’ici avec tes blagues débiles

Man_maman Tu veux que je m’amuse avec cette table à la place, non ? Ok. Je vais demander à m’asseoir avec eux



— Va te faire foutre !

— Ooh. Ça fait mal !

Les mots de Sarawat provoquent un éclat de rire parmi ses amis.Je pense que je suis peut-être la seule personne normale qui reste dans le café, car mes trois amis commentent maintenant “C’est quoi la blague ? Je veux en faire partie” sur le post pour jouer le jeu.

J’expire avec désespoir puis je prends une photo du café. Je consulte l’endroit sur Instagram pour vérifier ma popularité. Au moins, ça me permet d’arrêter de penser à des choses. Je suis tellement timide que je ne peux même pas… regarder directement vers lui.



Tine_chic @Milkbox 1998 Le mocha de cette boutique est si bon.



Cette blague ne va pas mourir si facilement…



Bigger330 Ce bon mocha est celui qui est gratuit ?

i.chmm Quoi ? Qu’est-ce que j’ai raté ?

Thetheme11 Asseyez-vous ensemble ! J’en ai marre.



Quelques minutes plus tard, mon fil Instagram montre une photo du café sous un angle différent. Elle a été prise par une personne depuis une table voisine. De toute évidence, cette personne, c’est lui.



Sarawatlism Mignon

Man_maman Vraiment ? Je te mets au défi de le lui dire en face

Bigger330 Boo ! Lâche !

January_jam A quoi tu joues, Sarawat ?

wiper.few Es-tu dans ce café ? Je suis sur le point d’y aller.

appplepa Ce café est vraiment mignon. C’est un passage obligé pour tout étudiant de première année.

Thetheme11 Lâche

Boss-pol Tu es un lâche

Kittitee Lâââche



— Quel lâche ! dit Boss.

Sarawat regarde alternativement entre lui et moi. Ne fais pas ça, Sarawat. Ne me fais pas ça.

Non ! Attends !

— Laisse-moi voir un homme courageux. Allez. Arrête d’être un lâche.

Sarawat se lève et je me retourne immédiatement vers ma table, en tripotant nerveusement mon téléphone. Je prie pour qu’il ne vienne pas vers moi, mais bien sûr, la chance m’a abandonné une fois de plus. Avant que je ne le sache, il est juste à côté de moi.

Je lève les yeux pour voir la grande personne en face de moi. Son visage sans émotion fait sourire les Lions Blancs. Sa voix douce et profonde résonne dans mes oreilles. Je suis sûr que sa voix est si faible que personne des autres tables ne peut l’entendre. J’espère vraiment que c’est le cas…

— Tine.

— Qu… Qu’est-ce qu’il y a ?

— Arrête d’être mignon. Mes amis s’en moquent.

— … !

Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?

— Je te recommande d’en parler à tes amis, Sarawat, dit Fong avec un sourire suffisant.

Il sait que je serai trop pétrifié pour me disputer avec lui comme je le ferais normalement.

— Je ne peux pas contrôler mes amis, donc je dois le dire à mon homme à la place, répond Sarawat d’une voix plate.

— Et quand mon ami est-il devenu ton homme ?

— C’est mon petit ami.

— Hein ?

— C’est mon petit ami. Comment se fait-il qu’il ne soit pas mon homme ?

— …

— Vraiment ?

Et c’est ainsi que mon secret est exposé. Mon cœur…



Ohm, Puek, et Fong se moquent de moi pendant l’heure qui suit. Ils semblent aimer se moquer de moi. Je le savais. J’avais raison de dire que s’ils l’apprenaient, j’aurais des problèmes. Et maintenant, je dois aussi aider Sarawat à trouver une salle de répétition. Mes amis sourient si fort qu’on pourrait croire qu’ils vont bientôt avoir des crampes.

Je passe un accord avec lui: nous garderons notre relation secrète. Notre amour ne concerne que deux - enfin, peut-être trois… D’accord, notre amour concerne beaucoup de personnes de notre groupe. Cependant, contrairement à ce qui se passerait si beaucoup d’autres personnes étaient au courant, nos amis ne nous feront pas de mal. S’ils veulent se moquer de nous, qu’ils le fassent. Ils se tairont quand ils en auront marre.

— Tu cherches une salle de répétition dans le coin ?

C’est bizarre. Notre statut a changé, et mes sentiments aussi.

— Mmh. Nous allons répéter au premier étage de notre propre bâtiment pour ne pas avoir à perdre de temps à demander la permission.

— Et les autres membres de ton groupe ?

— Je leur ai déjà dit. Ils seront bientôt là.

Et donc on attend au premier étage du bâtiment du Club de Musique. Je serre sa guitare Martin DC-16 dans mes bras tandis qu’il reste assis et savoure le lait en brique qu’il boit dans son autre main.

Je ne comprends pas comment j’ai pu me trouver un petit ami qui se comporte comme s’il était mon fils. Il boit même un vieux lait Thai-Denmark.

— Qu’est-ce que tu regardes ? Tu en veux ?

— Tu es fou.

— Ce n’est pas si bon. Je pense que tes lèvres auraient meilleur goût.

— Tu es grossier.

— Je suis sérieux.

— Concentre-toi sur le fait de boire ton lait.

J’attrape la paille qui est dans sa brique de lait et je la mets dans sa bouche. Je ne veux pas l’entendre en dire plus. J’ai peur d’être gêné s’il le fait. Je pensais que j’en avais déjà plus qu’assez avant qu’on se mette ensemble, mais visiblement non. Il flirte avec moi toutes les cinq minutes maintenant. Merde.

— Tu veux le boire avec moi ?

Tu demandes toujours ?

— Non.

Pas étonnant qu’il soit aussi grand que la tour Baiyoke. J’ai vu beaucoup de packs de lait dans son frigo la dernière fois que j’y étais. Il doit beaucoup aimer ça.

— Quelles chansons allons-nous utiliser pour le concours de cette année ?

Il change rapidement de sujet quand il voit que je ne suis pas intéressé par ses propos délirants.

— Scrubb.

— Combien ils te paient pour dire ça ?

— Je les aime bien, c’est tout.

— Jouons les chansons de quelqu’un d’autre.

— Tu es sûr que tu passeras assez de tours pour pouvoir chanter autant de chansons ? En préparer une est suffisant.

— Quelle mauvaise langue. Je vais bientôt devoir l’embrasser.

— Va au diable.

On a beau être des petits amis, ça ne veut pas dire qu’on se parle gentiment. On utilise toujours les mêmes mots grossiers. La seule différence, c’est que maintenant j’ai peur qu’il les utilise un jour. Il a beaucoup plus de privilèges maintenant, après tout.

Je n’ai pas envie de discuter avec lui, alors je mets mes écouteurs et j’écoute Scrubb sur SoundCloud pour tuer le temps. Sarawat apprécie visiblement son lait, mais j’ai mis ma musique trop fort pour entendre ce qu’il dit. Honnêtement, je ne veux pas entendre, parce que j’ai peur que ça fasse fondre mon cœur.

Un doigt me tapote l’épaule. Même si je me sens comme ça, je fais semblant de ne pas m’en soucier du tout. Certains de ses mots se glissent dans mes oreilles, mais je ne comprends pas ce qu’il dit.

Je sais juste que le taquiner comme ça me rend heureux.

— …

— Je ne te comprends pas, lui dis-je et je continue à écouter ma musique sans me soucier de la personne à côté de moi.

— …

— Euh !

À cet instant, les doigts doux de Sarawat tournent mon visage et il presse ses lèvres contre les miennes. Une langue chaude s’enfonce dans ma bouche comme s’il ne voulait pas perdre une seconde.

La douceur du lait s’attarde dans sa bouche. Ses mains tiennent ma tête, lui permettant de continuer à m’embrasser sans me laisser respirer. Je tremble et je ne me contrôle pas, alors je le laisse faire. Il est vraiment bon pour utiliser sa langue.

Oh, mon Dieu. Merde ! Je jure que je vais être gentil à partir de maintenant. Je ne ferai plus semblant de ne pas t’entendre. Je vais écouter chaque mot que tu dis.

— Hé, mec, je suis là ! Ça fait longtemps que tu attends ?

Dieu merci.

— Hic !

Je hoquette juste après qu’il se soit reculé et ait arrêté de m’embrasser. J’ai du mal à respirer alors que je le regarde avec une expression idiote sur le visage.

— Si tu m’ignores encore une fois, je vais abîmer tes lèvres.

J’ai de la chance qu’il ne les ait pas déjà abîmées. Sauvé par le gong. Le nouveau venu a fait arrêter Sarawat et m’a libéré sans le vouloir.

A-t-il vu ce que nous faisions ?

— Oh. Tu es là.

J’ai envie de rire et de pleurer en même temps. Je regarde le visage de Sarawat et je vois qu’il se lèche le coin des lèvres en me souriant.

Maudit sois-tu, salaud.

— Qu’est-ce qui ne va pas, Tine ? Tu rougis, dit Thame, le chanteur de Ctrl S, et j’agite nerveusement la main pour le nier.

— N-Non. Je vais bien. Je t’attendais juste. Je n’ai rien fait, rien du tout.

— Oui, je sais. Pourquoi es-tu si anxieux ?

— Je ne le suis pas. Je suis détendu.

— Je ne te crois pas.

— …

— Tu as bu du lait ? Tu as quelque chose sur tes lèvres.

— … !

Je lève la main pour toucher le coin de mes lèvres et regarde Sarawat qui fait semblant de ne rien savoir. Il fait un grand effort pour faire des commérages sur moi.

— C’est un adulte mais il fait encore des bêtises comme un enfant.

— C’est un enfant. Il est en train de grandir. Laisse-le tranquille.

Toi ! Espèce d’idiot ! Tu m’as fait ça et tu m’as laissé regretter ce lait Thai-Denmark que je n’avais même pas acheté mais que je devais goûter.

Oh mon cœur. Mon cœur ! Maudit sois-tu !



Tous les membres du groupe sont arrivés, je suis donc obligé d’entrer dans la salle de répétition, même si je suis toujours désespéré. Ctrl S a connu un changement de composition depuis la dernière fois. Le chanteur, Thame, les guitaristes Sarawat et Earn, une femme bassiste nommée Jan et enfin le batteur Boom. Je suis déjà ami avec la plupart d’entre eux. Je connais leur rôle dans le groupe, mais je suis presque sûr qu’aucun d’entre eux ne sait pourquoi je suis ici. Je ne suis qu’un amateur qui ne sait même pas faire un accord Do.

— Tine veut nous regarder répéter.

Sarawat semble avoir lu dans mes pensées et répond à leur question.

— Ah.

— Ne vous inquiétez pas. Je ne vous dérangerai pas. Je serai silencieux, dis-je en essayant de les mettre à l’aise.

— Choisissons la chanson pour le concours. Nous en avons beaucoup discuté la dernière fois.

— D’accord. Nous allons jouer deux chansons au premier tour, une lente et une rapide.

— Sarawat, qu’en penses-tu ?

— N’importe quoi. Je suis d’accord avec tout.

Ils s’assoient en cercle et discutent pendant dix minutes. Je me retire dans un coin de la pièce pour m’asseoir tranquillement. Sarawat me regarde plusieurs fois avant de me donner son téléphone. Il me laisse utiliser le sien car le mien n’a plus de batterie depuis une heure.

Comme d’habitude, son Instagram me contrarie. Même s’il ne poste jamais rien, il continue de recevoir des likes et sa boîte de réception est pleine à craquer de messages de fans de son visage. Je suppose que je peux comprendre pourquoi il en est ainsi, car c’est le seul moyen pour eux de contacter Sarawat ; il n’utilise aucun autre réseau social qu’Instagram. Malheureusement, son orthographe horrible rendrait impossible toute compréhension, même s’il leur répondait.

Je fouille un peu jusqu’à ce que je remarque un chat Instagram vieux de quelques jours. Je sais qui est l’autre personne. C’est Dissatat - mon ennemi juré.



Sarawatlism

S’il te plaît, supprime la photo de Time poir moi

DimDis

Je ne le ferai pas, c’est ton écriture, pas la sienne.

Sarawatlism

J’ai peur qu’il soit en colère contre mou.

DimDis

De quoi as-tu peur ? Ohh, il m’envoie des textos aussi.

Vous êtes si parfaits l’un pour l’autre.



Sarawatlism

S’il te plaît, sypprime-la. J’ai peue qu’il pleure.

DimDis

Vraiment ? Pourquoi as-tu si peur ?

Tu tiens tant que ça à lui ?

Es-tu si sérieux à son sujet ?

Sarawatlism

Je k’aime depuis longtenps maintenant.

Je ne veux pad le perdre.

P’Dim. Je suis sérieux cette fois.

DimDis

Mais tu l’as écrit

Sarawatlism





Je lève les yeux vers le visage de Sarawat. Mes mains tremblent tout à coup. Sarawat se lève rapidement lorsqu’il remarque mon regard. Il s’accroupit en face de moi et me demande d’une voix douce :

— Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu t’ennuies ?

— …

Je ne lui réponds pas. Je ne sais vraiment pas quoi dire.

— Tu veux partir ?

Je secoue la tête et je saisis fermement sa chemise.

— Est-ce que tu m’aimes vraiment ?

— Si ce n’était pas le cas, je ne t’aurais pas demandé d’être mon petit ami. Tu fais l’idiot.

— Je ne suis juste pas habitué à ça.

— Tu te comportes comme un bébé. Tu veux du lait ?

Je secoue furieusement la tête. C’était sur le point d’être un moment romantique et il a fallu qu’il rende ça embarrassant. Je te déteste, fils de chienne.

— Va t’asseoir avec tes amis. Tu me fais peur.

Je fais une pause dans son comportement suggestif pour parcourir le chat entre lui et P’Dim. Juste au cas où il y aurait quelque chose…… d’intéressant à lire.



DimDis

Bien. Je vais l’effacer. Mais laisse-moi le taquiner un peu d’abord.

Sarawatlism

Mercu.

DimDis

Hé, je suis un mec sympa. J’ai trouvé la feuille de réponse de Tine pour toi.

Je lui ai délibérément donné la feuille qui avait ton nom dessus.



Sarawatlism

Mercu.

DimDis

Tu me rends dingue. Va dire mercu à quelqu’un d’autre.

Tiens !



C’est alors que je vois ma propre réponse dans la boîte Instagram de Sarawat.



“Sarawat = Obsédé”



Merde !



Ils ont réservé la salle de répétition même s’ils n’arrivent pas à décider quelle chanson utiliser. Finalement, ils doivent se séparer, car Sarawat doit aller à l’entraînement de foot pour le reste de la soirée. Le match approche et c’est la finale de la ligue, il doit donc prendre l’entraînement au sérieux. Je suis tout aussi occupé, car les cheerleaders seniors ne me permettent pas de “me balader”. Ils ont peur que je détruise à nouveau mon visage et qu’ils soient obligés de me gronder une fois de plus. Dès que j’y pense, je peux presque sentir la douleur. Ce type m’a frappé si fort que ma mâchoire a failli se briser et que ma bouche a été gonflée pendant plusieurs jours.

Je ne serai plus jamais aussi intrépide. Si je vois des gens se battre, je vais m’enfuir aussi vite que possible.

L’université a dû organiser cet événement avant les examens finaux. C’est pourquoi tout semble si précipité.

— Je vais aller m’entraîner au foot. Tu veux rentrer chez toi ?

— Mmh.

— Tu veux que je te ramène ?

— Non.

Les autres sont déjà partis, nous laissant le soin d’éteindre les lumières et les climatiseurs. Quand nous sortons enfin de la pièce, nous sommes accueillis par un groupe de seniors qui nous attendent devant la pièce.

Merde. Ce sont les mêmes gars qui m’ont frappé au visage. Je frissonne, craignant immédiatement que ma mâchoire soit à nouveau blessée. Sarawat s’avance pour me protéger, en fixant directement l’un d’entre eux. Je le reconnais. Il a enfin pris les choses en main après avoir laissé ses copains faire le sale boulot la dernière fois.

P’Mil.

C’est un beau mec. Pourquoi c’est un tel connard ?

— Nos salles d’entraînement sont si proches les unes des autres. Fais de ton mieux, mon frère.

Mil tapote doucement l’épaule de Sarawat avec un faux sourire.

— Merci.

— On dirait qu’on va se voir souvent. Le dernier match est la semaine prochaine. Accroche-toi.

— A bientôt.



La journée est chaotique dès le début de la matinée. En raison des activités périscolaires sur le campus, nous n’avons pas de cours aujourd’hui. Les championnats sportifs de l’université sont sur le point de se terminer. Des matchs de basket-ball et de volley-ball ont lieu depuis dix heures du matin, et je suis tout aussi occupé avec le cheerleading.

Mes aînés ont fait des blocs d’entraînement pour les étudiants de première année au premier étage du bâtiment des sciences humaines depuis que nous sommes ici. Nous passons en revue tellement de chansons que nous finissons tous trempés de sueur et nous n’avons droit qu’à une courte pause. Il ne reste que quelques minutes avant de devoir nous changer pour nous préparer au maquillage. Je suis le premier à me faire maquiller, et je n’ai même pas le temps de déjeuner.

Aujourd’hui n’a pas été ma journée, car je me suis réveillé tard et je n’ai pas eu le temps de prendre un petit-déjeuner. Mon estomac grogne plus fort que les voix des seniors. Quand je finis mon maquillage, je décide que je ne veux pas le gâcher et donc je me contente de boire de l’eau et de retourner à l’entraînement. Je vais juste faire avec parce que c’est le dernier jour où je vais devoir être aussi occupé de toute façon.

Sarawat se présente pour me voir. Il porte le maillot blanc de son équipe, mais pas ses chaussettes ni ses chaussures de football. Il porte une paire de tongs en caoutchouc Chang Dao. Toujours l’icône de la mode.

Oui, c’était sarcastique.

— Tu peux faire une pause de cinq minutes. On repassera tout en revue après ça.

Je m’approche pour m’asseoir à côté du type bronzé qui tient un sandwich au thon.

— J’en ai marre de te voir maquillé, dit-il en me scrutant de la tête aux pieds.

Ses yeux sont si aiguisés que je crains qu’il ne voie à travers ma chemise.

— J’en ai aussi marre de te voir porter du Chang Dao.

— Je suis sexy.

— Moi aussi.

— Tu as mangé quelque chose ? Tiens. Un sandwich.

— Merci.

Je le prends sans protester. Je décolle soigneusement l’emballage plastique avant de prendre une grosse bouchée. Je vais devoir les obliger à me remettre du rouge à lèvres. Ils me mettent une couleur naturelle de toute façon, alors ce n’est pas un problème. Je décide de laisser tomber toutes mes inquiétudes.

— Tu es malade ? Pourquoi es-tu si pâle ?

— Vraiment ? Je pense que c’est parce qu’ils m’ont mis trop peu de maquillage.

Je suis vraiment épuisé par l’entraînement. J’ai mal au ventre, mais je ne peux pas manger. C’est comme si mon estomac ne voulait plus rien avaler.

— Quand est-ce que le match commence ?

— A trois heures.

— Mon spectacle est à peu près à cette heure-là aussi.

Les cheerleaders doivent se produire avant le match de foot. Nous devrons nous tenir dans notre zone et faire beaucoup de danses sur le côté du terrain.

— Tu peux me remonter le moral ? dit doucement Sarawat.

Il tend sa main pour prendre la mienne et me fait un visage suppliant.

— Mmh. J’espère que tu vas gagner ce match.

— Si je gagne, que me donneras-tu ?

Et voilà ! Un fantôme excité l’a encore possédé, les gars.

— Je n’ai rien à te donner. Si tu gagnes, tu recevras un prix en liquide de l’université.

— C’est pas pareil. Je dois partager cet argent avec mon équipe. Mais ça, je le veux juste pour moi.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Je peux mettre mon ballon dans ton but ?

— Ce n’est pas une bonne idée. Je vais te frapper.

— C’est bon. Si je peux marquer un but, tout va bien pour moi.

— Hey.

— Ça pourrait être une performance athlétique amusante.

— Ça suffit.

— Tu pourrais te retrouver incapable de marcher après cependant.

— Arrête de parler.

Ou je vais te frapper le visage juste ici. Merde.

Je suis obligé d’endurer ses railleries jusqu’à ce que les seniors viennent chercher tout le monde pour répéter à nouveau et que Sarawat doive partir. Quand il est enfin temps que tout commence, nous nous déplaçons vers un stade extérieur. Tous les côtés de la tribune sont remplis de gens.

L’équipe d’Architecture s’échauffe au milieu du terrain et Sarawat est assis avec ses amis sur le côté. Il me regarde une seconde avant de reporter son attention sur l’entraîneur et le reste de son équipe.

L’architecture termine l’échauffement en seulement cinq minutes, puis c’est au tour des cheerleaders d’entrer sur le terrain. Avant le dernier match d’un championnat, les cheerleaders doivent toujours effectuer une cérémonie d’ouverture sur la marche de l’université et deux chansons similaires.

Le soleil est si intense à ce moment-là. Tout le monde transpire et déjà, avant d’aller sur le terrain, nous avons besoin d’inhalateurs et de ventilateurs pour pouvoir le supporter. Nous sommes déjà épuisés avant même de commencer - nous tremblons dès que nous levons les bras. Mais je suis un homme qui n’abandonne pas si facilement. Je ferai en sorte de surmonter cette épreuve.

Lorsque je suis de retour au bord du terrain, je me laisse tomber pour m’asseoir sur le sol. Je ne pense pas à garder une image.

Le coup de sifflet est suivi du coup d’envoi. Les gens dans les tribunes ne cessent de crier pour encourager les joueurs. Beaucoup d’entre eux ont apporté de grandes banderoles d’encouragement et les fans des deux équipes chantent à tue-tête pour leurs joueurs. Il n’y a pas que des étudiants en Sciences Politiques et en Architecture, mais aussi des étudiants de presque toutes les autres facultés qui se sont rassemblés ici.

— Le numéro 12 passe la balle au numéro 7.

— Ah ! Sarawat, accroche-toi ! Tu peux le faire !

— Lions Blancs ! Lions Blancs ! Lions Blancs !

— AR, continue de te battre ! Continue de te battre, AR !

— Sciences Politiques reçoit le ballon. Passe au milieu de terrain. Le numéro quatre de l’aile droite le récupère. Le bloque. Oh ! Poteau !

Le commentateur est aussi impliqué dans le jeu que les fans.

— Vous êtes prêts ? A vos marques !

Merde. Je me repose juste une seconde et on doit déjà être à nouveau à notre marque ?

— Tine, ça va ? me demande un senior d’un ton inquiet.

Je me lève rapidement et secoue la tête.

— Je vais bien.

— Si tu ne te sens pas bien, dis-le moi.

— Bien sûr.

En fait, je me sens un peu mieux maintenant et je suis convaincu que tout ira bien.

Une chanson d’encouragement est remplacée par la suivante. La première chanson passe, puis la deuxième, la troisième et la quatrième. Cela fait déjà 20 minutes. Le match de football est maintenant proche de son apogée. Les acclamations venant de toutes les directions sont aussi fortes que la lumière du soleil.

FWEET !

L’arbitre donne un long coup de sifflet pour signaler que quelque chose se passe. Quelqu’un de Sciences Po a trébuché sur le sol. Il doit être porté sur le côté du terrain.

C’est Boss…

Le match vient de devenir beaucoup plus sérieux.

FWEET !

Quatre minutes plus tard, un senior des Lions Blancs est également porté sur le côté du terrain. Ils ont tous deux été plaqués par la même personne. P’Mil. Il reçoit un carton rouge pour avoir commis intentionnellement une double faute. L’expression de son visage me fait penser qu’il ne le regrette pas.

— Un des joueurs d’Architecture est expulsé. Le numéro 21 est remplacé par le numéro 23.

Un grand senior à l’air dur entre sur le terrain avec un visage sérieux et le match continue.

Cette équipe est violente.

Je vois Sarawat courir au milieu du terrain. Il trébuche mais se relève rapidement et continue à courir.

Quelque chose commence à sonner dans mes oreilles. La lumière du soleil devant moi est trop forte maintenant. Je ne vois presque plus rien. Mes bras tremblent. Je veux les laisser tomber sur le côté de mon corps, mais je ne peux pas.

Je n’entends même pas la chanson qui est jouée. Je ne sais même pas quelle pose je suis en train de faire. La sueur qui coule sur mon visage ressemble à des couteaux aiguisés.

Allez ! Tiens bon !

Mon corps n’en peut plus…

WAM !

FWEET !

Le corps de Sarawat tombe au milieu du terrain et mes jambes ne peuvent plus me soutenir. La vue devant moi devient sombre, puis claire. J’essaie de me tenir debout avant qu’un senior à côté de moi ne se précipite et appelle mon nom.

— Tine… Tine.

— …

— Staff ! Il n’est pas bien. Emmenez-le s’asseoir à l’ombre.

Mon corps est aidé par une paire de bras épais. On m’emmène dans la zone des footballeurs, près du terrain. Mes yeux ne voient pas clairement mais j’ai l’impression de savoir qui est la personne en face de moi.

P’Mil commence à déboutonner ma chemise, puis il disparaît. Il est remplacé par quelqu’un à la respiration bruyante qui pose ses mains sur mon visage avec douceur.

— Tine…

— Sarawat ?

— Va te faire voir. Le match est toujours en cours. Pourquoi tu es là ?

La voix de quelqu’un d’autre résonne dans mes oreilles. Une serviette froide et humide est pressée contre mon visage.

— Ce ne sont pas tes affaires.

— Laisse Tine tranquille. Je vais m’occuper de lui.

— C’est mon petit ami. Va te faire foutre !

Avec toi, j’ai l’impression d’avoir à nouveau 14 ans, quand j’ai eu ma première amoureuse.


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Tome 2

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