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| Le Titre Le TitreQuatre Ans, Mais Veut Déjà Dominer Le Monde Messages : 463
Date d'inscription : 13/07/2024
| Le Titre Mer 24 Juil 2024 - 12:50 My Ride Ecrit Par Patrick Rangsimant Carte D'identité Pays D'origine : Thailande Traduction : Amelyma Correction :Johanne Nombre De Chapitres : 20 Chapitres Status : Terminé Soutenir L'auteur : MEB Résumé Mork est chauffeur de taxi-moto à Bangkok. Tawan est interne en médecine à l'hôpital universitaire. Il semble qu'ils aient tous deux peu de chances de se rencontrer. Mais un jour Tawan engage Mork pour le ramener chez son petit-ami dentiste. Cependant, quand Mork rend sciemment le Dr Tawan en retard pour son rendez-vous, le Dr Tawan découvre que son petit ami l'a trompé. Le cœur brisé et se sentant trahi, Tawan rompt avec son petit ami. Pendant ce temps, son amitié avec Mork continue de grandir. | | Messages : 87
Date d'inscription : 01/07/2024
| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:32 Chapitre 1 Tawan — On est arrivés au matin du dixième jour, Tawan. Je ne réponds pas par des mots à P'Por, juste par un sourire et un signe de tête. — Bien...Tawan, es-tu libre ? Bien sûr, je suis libre. Ce matin, je me suis précipité dans mon service dès 5 heures pour terminer mon tour de garde, puis j'ai libéré mon emploi du temps juste pour avoir du temps pour mon cher P'Por. Je lui fais un autre signe de la tête. — Allons prendre un café alors, c’est pour moi. Je hoche à nouveau la tête et le conduis dans le hall d’ascenseur devant le service, puis j’appuie sur le bouton d’appel pour descendre. — Donc…Tawan, tu sais ce que je vais dire aujourd’hui, n’est-ce pas. Je rencontre son regard et il se rapproche un peu plus de moi, nos nez se touchaient presque déjà lorsqu’il a demandé. Je détourne le regard, mais je baisse la tête lentement en guise de réponse. Le moment est arrivé, je suppose. Un moment important de ma vie. Bien...Par où devrais-je commencer ? Ça va être une longue histoire. Commençons par vous raconter le passé entre P’Por et moi. …………….. P’Por était un bel étudiant de la Faculté dentaire à l’époque où je faisais mes études de médecine à l’université. Même si nous étions dans des facultés différentes, nos bâtiments étaient proches l’un de l’autre et la renommée de sa beauté a pu se propager jusqu’au bâtiment de la Faculté de médecine. C’était un type que j’avais toujours considéré hors de ma portée, donc quand il est passé en quatrième année, puis a été diplômé et est parti faire son internat, j’ai cessé d'espérer être un jour à ses côtés. J’avais aussi entendu la rumeur comme quoi son petit-ami était stewart. C’est vrai, c’est à ce moment là que j’ai complètement abandonné. Quelques années plus tard, ce fut à mon tour d'être diplômé et de commencer à travailler en tant qu’interne. Bien que plusieurs personnes soient entrées dans ma vie, personne n'est jamais resté assez longtemps pour commencer une vraie relation. Les internes ont un emploi du temps chargé, je vous le dis. Nous commençons à travailler avant le lever du soleil et quittons l'hôpital après le coucher du soleil. De plus, lorsque nous sommes de garde, cela signifie que nous devons travailler toute la nuit avant de devoir de nouveau travailler de l'aube jusqu’au crépuscule. C'est la raison pour laquelle mon stage de trois ans a été très riche en connaissances et en expériences intensives dans le domaine des soins aux patients, mais sans aucune expérience de l'amour ou d'une quelconque relation. Sur mon temps libre, soit je mangeais soit je dormais. Heureusement, l'hôpital a rapidement créé un “parc de santé” où les gens pouvaient faire de l'exercice, et j'en ai bénéficié sans le vouloir en me laissant entraîner faire de l'exercice par des amis. Sans cela, je serai devenu si grassouillet que j’aurai dû rouler pour aller voir mes patients. Après les trois ans de ma vie d’interne, je suis retourné en ville pour poursuivre ma spécialisation. Et c'est là que ma route a de nouveau croisé celle de ce beau senior. …………. — Nong Tawan. Nong Tawan ! — .......... — Nong Tawan, tu te souviens de moi ? — .......... — C’est moi, P’Por, tu te souviens ? — .......... — Nous étions tous les deux membres du service de secours lors de la manifestation sportive de l'université, Canine and Syringes Games. Oh non, tu ne me reconnais pas ? Nous étions assez proches, tu avais aussi l’habitude de monter derrière moi quand je venais sur le campus en moto. Je me suis empressé de hocher la tête. Ce n'était pas que je ne pouvais pas me souvenir, j’étais juste trop bouleversé. Qui ne le serait pas ? Il m’avait reconnu. Cela aurait dû être moi qui aurait dû lui demander s'il se souvenait encore de moi. Au lieu de cela, c'est lui qui a traversé quarante ou cinquante nouveaux médecins résidents pour venir vers moi. Comment ne pas être ravi et troublé ? Je suis resté figé sur place jusqu'à ce que Nadia, mon meilleur ami, me donne un coup de coude, et seulement alors mon âme est revenue dans mon corps. — Um..P’Por, tu travailles ici ? — Oh, je suis résident ici. Je suis si vieux, hahaha. — Pas du tout… Tu n’es pas vieux ! Tu n’as pas du tout changé depuis l’université. — Vraiment ? Je n’ai pas changé un peu ? Bien, merci. Mais… Il a fait une courte pause avant de me faire un léger sourire. — Mais Tawan a beaucoup changé. Tu es bien plus adorable qu’à l’époque. A ce moment-là, j’étais si troublé que je n’ai pas su quoi faire. Avec mon corps immobile et mon visage tendu, mon cœur bondissait déjà de joie. Dans ma tête, c’était comme s’il y avait trois festivals; Obon, Songkran, et le nouvel an chinois, tout cela en même temps. — En réalité, je ne suis pas résident en médecine, mais ils ont rassemblé tout le monde ici pour accueillir tous les jeunes nouveaux résidents. Je suis content qu’on se rencontre de nouveau. Je t’ai reconnu de loin mais je n’étais pas entièrement sûr, et j’ai dû m'approcher pour mieux voir. Parce que tu es si mignon maintenant, tu sais. — Heyyyy, je suis là aussi P’Por. Comment peux-tu ne reconnaître que Tawan ? Et moi ? Tu te souviens de moi ? Mon meilleur ami Nadia, dont l’existence avait été complètement oubliée depuis un moment, n’a pu s'empêcher de prendre la parole. — Oh, um, bonjour Nong…” P’Por a baissé les yeux pour lire le nom sur la veste de l'uniforme de Nadia. “Nong Warut, oui bien sûr, je me souviens de toi. Je savais que tu m'étais familier. — Nooon, P’Por, s’il te plait ne m’appelle pas par mon vrai nom. Je m’appelle Nadia. En fait, mon surnom est Not, mais une voyante m’a dit que le nom de “NOT” porte malheur et n’attire pas les hommes, donc je l’ai changé en Nadia. — Hahaha ! C’était une brillante idée, Nong N…,euh, Nadia. Il y a eu un moment d’hésitation avant qu'il n'appelle mon ami Nadia. Pour être honnête, je ne l’ai pas blamé. Je partageais encore la même hésitation. P'Por s’est tourné à nouveau vers moi. — Je vais à la clinique dentaire maintenant. Dans quel service es-tu ? J’ai réfléchi un moment. C'était le premier jour et la réunion d'orientation venait de se terminer. Je n'avais pas encore exploré ou vérifié mon service, donc je pouvais difficilement m’en souvenir. — Um… Médecine Interne, Unité pour femme no.2. Ce doit être correct.... Avec un peu de chance. Il a fait un signe de la tête. — Ah...donc tu continues en Médecine Interne. Es-tu libre ce midi, alors ? Si oui, je passerai te prendre pour le déjeuner. J’ai secoué la tête. — Je ne sais pas encore à quoi ressemble mon emploi du temps. Je ne sais pas s'il y aura beaucoup de patients. Je n’ai pas eu la note de service non plus. De plus, je dois aussi faire les transmissions. Il a sorti un téléphone portable d'une poche de son pantalon. — Bien, alors, puis-je avoir ton ID LINE et ton numéro de téléphone ? Comme ça on pourra au moins chatter. Après avoir ajouté mon contact, le charmant senior a de nouveau légèrement souri avant de monter un escalator vers le deuxième étage de l'hôpital. Je l’ai suivi des yeux et j’ai trouvé le service d'odontologie. Bien ! Au moins maintenant je savais où il travaillait. — Comment, quand, pourquoi ! Que vient-il juste de se passer ? Depuis quand es-tu ami-ami avec la star des dentistes P’Por ? Nadia m’a de nouveau donné un coup de coude. — J'avais l'habitude de porter une torche pour lui. Nous nous sommes rapprochés... pendant l'événement sportif. Je me suis retourné pour répondre, ayant toujours l'impression d'être sur un petit nuage. L'ange que je ne pouvais que secrètement admirer de loin se souvenait vraiment de moi et m'avait dit que j'étais adorable. Tout s’est passé en un clin d'œil et il m’a même demandé mon ID LINE et mon numéro. Je n’ai pas rêvé, n’est-ce pas ? — Porter une torche ? Cette expression est tellement dépassée, je ne m’en souvenais plus ! Nadia a levé les yeux au ciel, exprimant un léger grief à mon égard. Bip… Une notification de message m’a fait vérifier mon téléphone. Bien sûr, Nadia n’a pas voulu laisser passer l'occasion et s’est penché pour regarder. C’était un sticker d’un ours brun avec des yeux en forme de cœur, envoyé par P’Por. — Je suis content de t’avoir rencontré de nouveau, Tawan. J’espère que nous nous rapprocherons. — Oh la la, oh la la ! Regarde toi, souriant jusqu’aux oreilles. Hey, allons dans nos services travailler. Toi, en Médecine, et moi, en Pédiatrie. Ne t'avise pas de tomber fou amoureux de lui et de m'oublier. Sur ce, Nadia est parti, à moitié en tête, à moitié en train de me traîner, toujours en transe, vers le hall de l'ascenseur pour commencer notre rôle quotidien de médecins résidents. Il semblait que... mes trois années de formation spécialisée ici me permettraient d'obtenir quelque chose de bon en plus de ma formation. …………………….. — Nong Tawan, es-tu pris ? A demandé P’Por alors que nous étions au milieu du repas. Après trois mois de stage, je commençais à me familiariser avec le travail et l'hôpital, y compris l'emploi du temps très chargé, et dans le même temps, j'ai gravi plusieurs niveaux d'intimité avec lui. Nous dînions souvent ensemble. A cause de nos emplois du temps respectifs, moi en tant que résident et lui personnel de la clinique dentaire, il était pratiquement impossible de trouver du temps pour déjeuner ensemble. La seule chance que nous avions, c’était le soir après dix-huit heures, à la fin des heures d'ouverture de la clinique dentaire et quand j’avais fini mes transmissions. Les jours où je n'avais plus de travail et où il ne devait pas rester à la clinique, nous nous asseyions ensemble pour dîner, sinon j'attendais Nadia à la place. En fait, aujourd’hui j’avais rendez-vous pour dîner avec Nadia parce que P’Por était initialement prévu de garde à la clinique. Pourtant, à 18 heures, il est apparu devant mon service pour venir me chercher, disant qu'il avait échangé son tour de garde avec quelqu'un parce qu'il voulait dîner avec moi. J'ai donc téléphoné à Nadia pour annuler notre dîner jusqu'à la prochaine occasion et je suis tout simplement descendu pour un petit dîner dans la cafétéria de l'hôpital. — ...Pourquoi cette question ? Il savait que je ne fréquentais personne, mais il a demandé et je devais saisir la balle au bond. Mon coup dans ce jeu était de tester le terrain avec une autre question.Vous pourriez penser que cela devient ringard et ennuyeux, mais croyez-moi, c'est comme un jeu de chat et de la souris. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais j'ai senti que cela faisait partie du processus de séduction et de drague. — Bien, parce que je suis curieux à propos de ça. — Et toi, alors ? Es-tu pris ? — ...J’ai rompu avec mon petit-ami il y a longtemps maintenant. Je savais déjà aussi qu'il avait rompu avec son petit ami. Sur son compte Facebook, son statut était célibataire. Avant, il était mentionné qu'il était en relation avec quelqu'un. Je ne faisais pas trop attention, alors ne vous méprenez pas. Je n'étais pas un harceleur. Je l’admirais tout simplement, et consulter son Facebook était tout à fait naturel… N’est-ce-pas ? — C’est super. Je suis célibataire, et tu es célibataire. A-t-il dit en souriant sans rien ajouter. — Pourquoi est-ce super ? J’ai demandé en faisant semblant de ne pas savoir. Savez-vous quand est le meilleur moment dans une relation ? Je vous le dis, c'est le moment où nous parlons et flirtons tous les deux, chacun sachant que l'autre a aussi le béguin pour vous, mais vous n'êtes pas encore arrivés au point de vous demander de sortir ensemble. Non, pas de discussion avec moi. Prenez le temps de réfléchir à votre propre expérience. Réfléchissez bien, et vous vous rendrez compte que ce que j'ai dit est vrai. À ce moment précis, P'Por et moi en étions à ce point de notre relation. — Ta rupture avec ton petit-ami devrait être considérée comme une mauvaise chose je pense. Et le fait que je sois célibataire et que personne ne me drague, combiné à ta situation, cela ressemble plus à une chose malheureuse. Meh… Je dois admettre que j'ai intentionnellement remué le couteau dans la plaie, en l'affinant avec une dose de taquinerie pour obtenir de lui la déclaration cruciale. — Eh bien…, il s'est écarté, a pris un sac en papier brun, semblable aux enveloppes que nous utilisons pour les documents officiels, et me l’a donné. — Tiens, je veux que tu gardes cette enveloppe, Tawan. — Hmm ? Qu’est-ce que c’est ? J'ai pris le sac en papier et j’ai commencé à l’ouvrir. — Ne l’ouvre pas encore, laisse moi expliquer d’abord. P'Por s’est penché et a mis sa main sur la mienne. — J'ai mis neuf lettres à l'intérieur, chacune d'elles ayant un numéro. Je veux que tu ouvres et lises une lettre par jour, tu ne dois pas ouvrir plus d'une lettre par jour. N’oublie pas. Une lettre par jour. J’ai jeté un coup d'œil à l'intérieur du sac brun. Il y avait en effet neuf enveloppes blanches à l'intérieur, chacune portant un numéro dans le coin supérieur droit. J’ai levé les yeux et rencontré son regard. — Pendant les neuf prochains jours, ne nous voyons pas. Je veux que tu aies le temps de lire et d'y réfléchir attentivement. Puis, le dixième jour au matin, quand toutes les lettres seront lues, je viendrai te voir. En réalité, je voulais juste crier que nous n'avions pas besoin de ces neuf enveloppes, et qu'il était inutile d'attendre jusqu'au dixième matin. J'ai en quelque sorte compris ce que mon beau senior avait à dire, et ma réponse était oui. Nous n'avions pas besoin d'attendre les neuf jours entiers. Si nous avions tous les deux des sentiments l'un pour l'autre, ces neuf ou dix jours supplémentaires n'étaient pas du tout nécessaires. Mais mec... Si c'était son intention, sa façon de me demander de sortir avec lui, et si je devais être son petit ami et faire partie de sa vie, alors je devais jouer le jeu comme il le souhaitait. De plus, c'était assez romantique d'ouvrir une nouvelle lettre chaque jour. Après être arrivé à ma conclusion, j’ai souri et lui ai fait un signe de tête. — Je dois y aller. Ouvre la première enveloppe après que je sois parti. On se voit le dixième jour ! Alors, il s’est levé et a quitté la table. J’ai attendu qu’il passe la porte de la cafétéria pour ouvrir l’enveloppe et lire la première lettre. — Je t'aime bien, Tawan. Je suis ravi que nous nous soyons rencontrés de nouveau. Si je ne m'étais pas trouvé au milieu de la cafétéria, je me serais levé et j'aurais dansé. Heureusement, mon esprit a conservé sa santé mentale et mon corps était déjà très épuisé après avoir travaillé dans le service toute la journée. J'ai retourné le papier et il n'y avait rien d'autre sur la lettre. — Il n'y a que deux phrases pour le premier jour, hein, me murmurai-je avant de glisser la lettre dans son enveloppe et de remettre l'enveloppe dans le sac brun. Une partie de moi voulait juste ouvrir les neuf lettres en même temps... Mais non, je lui avais déjà donné ma parole OK, qu'il en soit ainsi. Je l'avais déjà attendu toutes ces années. Quelques jours de plus, ce n'était rien du tout, n'est-ce pas ? ………… Dix jours, cela correspond au tiers d'un mois. Soit 240 heures. Ce qui correspond également à 14.400 minutes. Et maintenant, je suis trop paresseux pour convertir ça en secondes. Ce que je veux dire, c'est que c'était long et court en même temps. Au début, quand P'Por a dit que nous ne nous verrions pas pendant que j'avais les lettres à lire, et qu'il viendrait me rencontrer le matin du dixième jour, je me suis imaginé que ce serait sûrement les dix jours les plus longs parce que je devais attendre. Vous savez sûrement ce que l'on dit, quand il faut attendre quelque chose, le temps semble toujours passer lentement. C'est ce que je pensais ; ce serait dix jours de torture insupportable, parce que nous nous rencontrions presque tous les jours et nous parlions tous les soirs. Mais avec les règles qu'il a fixées pour la période de lecture des lettres, il n'y a pas eu de rencontre, pas de messages, et pas de discussion jusqu'au dixième jour. En réalité, cela s'est avéré très court. Le temps a passé et soudain, nous voilà au dixième jour. Je m'assois au guichet de l’unité pour femme de médecine interne, en sortant les neuf lettres pour les relire dans l'ordre qu'il a spécifié. Premier jour.“Je t'aime bien, Tawan. Je suis ravi que nous nous soyons rencontrés de nouveau.” Deuxième jour."À l'époque, peut-être parce que nous ne nous sommes rencontrés que lors d'un événement sportif, je te voyais juste comme un adorable Nong." Troisième jour.“J'ai donc raté une si bonne occasion. C'est de ma faute." Quatrième jour."Heureusement, nous nous sommes de nouveau rencontrés avec un si bon timing. : ) Nous sommes tous les deux célibataires, pas pris." Cinquième jour.“Sais-tu qu'au cours des trois derniers mois, tu as fait mon bonheur ? " Sixième jour."Tu m'as rendu si heureux que cela a effacé toute la tristesse que j'avais. Merci beaucoup d'être revenu dans ma vie." Septième jour."On dit qu'une bonne chose n'arrive pas souvent dans notre vie, alors quand elle arrive, nous devons nous dépêcher de la saisir avant qu'elle ne nous glisse à nouveau entre les doigts.” Huitième jour."Je suis tout à fait d'accord avec ça. Et cette fois, je ne laisserai pas la bonne chose me glisser à nouveau entre les doigts." Neuvième jour."Tawan, tu le sais... Tu sais ce que je vais dire demain, n'est-ce pas ?" Et puis... le dixième jour est arrivé. — Bonjour, Tawan. Je lève les yeux de la pile de lettres. Il passe la porte du service et se dirige droit vers moi. C'est peut-être juste mon imagination, mais il est plus beau que tous les autres jours. Ou peut-être est-ce parce que nous ne nous sommes pas vus depuis plusieurs jours et que le manque que j'ai ressenti, mélangé à la joie de le rencontrer à nouveau, le rendent encore plus magnifique à mes yeux. — On est arrivés au matin du dixième jour, Tawan Je ne lui réponds pas avec des mots, juste avec un sourire et un signe de tête. Je sens quelque chose dans sa voix qui me laisse penser qu'il est probablement aussi nerveux que moi. — Bien...Tawan, es-tu libre ? Bien sûr, je suis libre. Ce matin, je me suis précipité dans mon service dès 5 heures du matin pour finir mon tour de garde. Et puis j'ai libéré mon emploi du temps juste pour trouver du temps pour mon cher P'Por. Je lui fais un autre signe de tête, en notant la faible odeur de son parfum habituel, Davidoff Cool Water. Je suis habitué à son odeur parce qu'il la porte régulièrement, mais je ne sais pas pourquoi aujourd'hui elle sent particulièrement bon. — Allons prendre un café, alors, c'est pour moi. Je hoche à nouveau la tête et je le conduis dans le hall de l'ascenseur devant le service, puis j'appuie sur le bouton pour descendre. — Alors... Tawan, tu sais ce que je vais dire aujourd'hui, n'est-ce pas ? Je croise ses yeux et il s'approche encore plus de moi, nos nez se touchaient déjà presque quand il a demandé. L'odeur de son parfum devient encore plus perceptible une fois que l'écart entre nous s'est resserré. Je tourne mon regard ailleurs, mais je plonge lentement la tête en guise de réponse. — Euh... je veux une tasse de café d'abord. Je me sens... un peu fatigué, haha. J'aurais dû ajouter que la nuit dernière, j'étais si excité que je n'ai pas pu fermer l'œil. Je n'arrêtais pas de vérifier l'horloge, en espérant qu'elle avance rapidement vers le matin pour que je puisse rencontrer P'Por. J'ai fini par quitter le dortoir des résidents avant 5 heures du matin parce que si je ne pouvais pas dormir de toute façon, rester dans mon lit était clairement une perte de temps. Et je préférais me lever et faire mes visites dans le service. Mais quand le soleil a fait son apparition, mon manque de sommeil a commencé à montrer ses effets. — Americano glacé pour moi. Un grand, s'il te plaît. J'entre dans le café et me dirige directement vers le bar du comptoir. — Un café au lait, s'il vous plaît. Bien que j'aie déjà entendu cela plusieurs fois, je ne me suis pas encore habitué à la façon dont P'por commande son latte. Il l'appelle "Café au lait" parce que c'est une vieille habitude qui date de ses études à l'étranger. Il boit toujours du café au lait. Il dit que la caféine a un effet diurétique, qui fait que le corps perd aussi du calcium, donc nous devrions aussi boire du lait pour compenser cette perte. Après avoir pris notre café, nous cherchons des places dans un coin. Il est encore tôt et il y a peu de monde. L'ambiance du café est calme, avec seulement les bruits de vapeur de la machine à café et la faible musique de fond. Le parfum intense de la caféine flotte partout dans l'air. — Tawan, tu sais ce que je vais dire ? Je n'ai pas encore pris une seule gorgée de mon café, et pourtant je sens que mon cœur bat déjà la chamade. Quand P'Por répète sa question, je garde la tête baissée et ne donne aucune réponse, même pas un mouvement de tête pour un oui ou un non. Il se rapproche pour toucher le dos de ma main et quand il voit que je ne me dégage pas, il décide de me tenir la main avec ses deux mains. — Peux-tu me regarder, s'il te plaît ? Donne-moi un peu d'encouragement. Je suis tellement gêné maintenant, tu sais ? Bien qu'il semble nerveux, il y a un soupçon d'humour et d'impertinence dans sa voix. Cela m'aide à soulager un peu ma propre gêne et je réussis à lever lentement mon regard jusqu'à ce qu'il rencontre le sien. — La nuit dernière, j'ai préparé un très long discours pour ça, comme comment te convaincre, comment commencer, et comment finir pour que ce soit le plus romantique possible. Il fait une pause et prend une profonde inspiration avant d'expirer lentement. — Mais je trouve que cela semble forcé et inutile, et si nous devons entamer une relation avec quelqu'un, nous devrions le dire clairement et sans détour, tu ne penses pas ? Malgré l'absence de signe de tête, je crois que mes yeux lui donnent un accord évident. — Ces neuf derniers jours, je nous ai séparés parce que je voulais aussi savoir comment je me sentirais si je ne te voyais pas pendant plusieurs jours. De plus, je voulais que tu passes du temps avec toi-même afin que tu examines tes sentiments à notre égard. Nous sommes des adultes. Nous ne nous contenterons pas de nous amuser sans y réfléchir sérieusement. Nous devons nous engager et aspirer à une relation à long terme, un partenaire pour la vie. "Tawan... veux-tu être mon petit ami ?"Son discours de "demande d’accord" a été court, ferme et direct, comme il avait promis. Sans tourner autour du pot. Aucune persuasion. Et puisque sa question était si sincère, si directe, la réponse devrait également être sincère et directe. Je hoche lentement la tête et laisse un sourire s'épanouir sur mon visage. "Oui, j'aimerais être ton petit ami, P'Por."S'il s'agissait d'un conte de fées ou d'un livre de Shakespeare, ce serait la fin de l'histoire, et l'écran afficherait un message très sympathique, "Un voyage se termine lorsque les amoureux sont réunis", avant de devenir noir et de montrer le générique de fin. Peut-être parce qu'il ne s'agit pas d'un conte de fées, ni d'un livre de Shakespeare, ce n'est tout au plus qu'un chapitre de début. Pour moi, ou peut-être aussi pour vous, l'amour est un voyage. Nous passons simplement d'un voyage seul à un voyage avec un compagnon. Et maintenant… J'ai P'Por, qui m'accompagnera dans mon voyage. | | Messages : 87
Date d'inscription : 01/07/2024
| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:32 Chapitre 2 Mork — Hé, yo ! Mork, quand est-ce que le garage de ton oncle ferme ? — Euh...à 20h. Pourquoi, mec ? Tu as besoin d'aide ?
— Mon feu arrière est foutu. Il a clignoté et s'est éteint.
— Ow, tu peux me laisser jeter un œil d'abord ?
— Sans déconner, tu peux réparer ce genre de truc ?
— Putain, mec, j'ai un diplôme en électronique. Je peux réparer n'importe quel équipement électronique. Allez, laisse-moi vérifier ça.
Je me lève du banc et je me dirige vers ma moto pour prendre un mini kit d'outils que je garde toujours dans le rangement sous mon siège, avant de faire une ligne droite vers la moto de P'Fueang. Plus âgé que moi, c'est un collègue de travail à cette station de moto-taxis située à l'angle d'une rue qui débouche sur la route principale. Je m'assieds et dévisse rapidement le couvercle du feu arrière.
— Sans déconner, tu as l'air compétent. C'est tellement pro.
P'Fueang me complimente pendant que je retire l'ampoule défectueuse de sa douille. Je la soulève pour regarder à l'intérieur et voir si le filament est cassé. C'est la première et la plus facile des choses à vérifier quand une ampoule ne fonctionne plus.
— Mec, je te l'ai déjà dit. J'ai obtenu un CAP de technicien en électronique. Ce genre de choses, c'est du gâteau.
Le filament est intact, malgré le fait que l'ampoule semble ancienne, et je suis sûr que ce n'est pas le filament qui est défaillant. Je presse le tournevis, qui est aussi un testeur électrique, contre la languette de contact à l'intérieur de la douille de l'ampoule du feu arrière pour vérifier s'il y a de l'électricité.
— Alors pourquoi diable es-tu un chauffeur de moto-taxi ? Tu pourrais ouvrir un atelier de réparation, ou être un mécanicien d'usine.
La diode de mon tournevis ne s'allume pas. J'essaie à nouveau et j'obtiens le même résultat. Alors, le problème doit venir du câblage intérieur ou de la distribution de courant dans la douille. Je mets mon tournevis dans sa mini trousse à outils et je me tourne vers P'Fueang.
— Les emplois en usine sont mal payés, je gagne plus d'argent en tant que taxi. Je ne peux pas non plus me permettre d'ouvrir un magasin. Je n'ai pas ce genre de budget. Oh, et le truc avec ta moto, ça doit être les câbles ou le circuit électrique. Tu ferais mieux d'aller dans un garage. Je n'ai pas assez d'outils pour réparer ici.
— Oh, je suppose que je vais y aller maintenant. Ton oncle est toujours au garage, non ? Je vais lui demander de le réparer pour moi, dit-il en se levant immédiatement pour aller chercher son casque.
— Attends, quoi... Et la file d'attente ? C'est aussi ton tour maintenant. Tu termines déjà ta journée ?
Il n'est que 16 heures et nous sommes censés travailler jusqu'à 21 heures. Et le soir, lorsque les gens quittent leur travail, c'est à la station de taxis-motos que l'activité est la plus intense. C'est aussi l'heure qui détermine si l'on gagne de l'argent - suffisamment pour vivre - ou non.
— Je ne veux pas conduire sans mon feu arrière à la nuit tombée. En plus, je dois aller chercher Miss Ai aujourd'hui, je ne vais pas prendre le risque.
La dernière partie de la phrase de P'Fueang ressemble à un mélange de vantardise et d'embarras. Mec, choisis-en un, veux-tu ? Phooey ! Je souffle par le nez en guise de plainte. Depuis qu'il s'est trouvé une petite amie, il saisit toutes les occasions de se vanter d'elle. Montrez-lui la moindre ouverture, et il sera à la hauteur.
Mais qu'est-ce que je peux dire. Il est tellement d'humeur amoureuse.
— Un homme amoureux est une vraie plaie !
Je fais une remarque, mais je ne peux pas m'empêcher de lui sourire.
— Mec, ça s'appelle "in love" en anglais.
Ce mec expose la phrase anglaise avec une prononciation si précise. Je veux juste me lever et donner à sa moto une légère poussée avec mon pied. Je me demande s'il va s'exclamer en anglais avec un accent aussi bon quand il aura mal.
— Regarde-toi, mon frère ! T'en sais plus depuis que t'as une copine prof d'anglais, hein.
— Oui, ça s'appelle un "développement" Mork. Occupe-toi de ma file d'attente, tu veux bien ? Je vais en informer le patron.
Il démarre le moteur et met son casque de sécurité, puis il attache la sangle sous son menton tout en vérifiant l'angle de ses rétroviseurs latéraux.
— Quand ma réparation sera terminée, j'irai directement chercher Mlle Ai. A demain.
— Ok, prends soin de toi mec. Merci
Je lui fais rapidement un salut thaïlandais. Il fait signe de la main et sort de la station à toute vitesse. Alors, aujourd'hui, je vais faire deux files d'attente, la mienne et la sienne. C'est un jour de semaine, donc ce sera une grosse charge de travail, mais ça rapporte. D'accord, je me dis. Fais de ton mieux, Mork !
— Mork, c'est à toi !
Le chef de la station me hurle dessus.
— Oui, monsieur !
Je retourne en courant à ma moto et je mets mon casque tout en en donnant un autre au passager.
— Où allez-vous, mademoiselle ?
— Euh... Dois-je porter ça ?
Elle ne veut pas me dire sa destination, mais continue à fixer le casque dans ma main avec un regard dégoûté et interrogateur. J'essaie de ne pas y faire attention, j'y suis habitué.
— Oui, s'il vous plaît. C'est pour la sécurité. De plus, la police de la route est très stricte à ce sujet ces derniers temps.
— C'est juste dans cette ruelle. Nous ne tomberons pas sur un policier. Ça va aller !
Elle commence à avoir l'air intransigeante, et c'est là que je passe mon tour et que je me tais. Je ferais mieux de faire mon travail.
— Euh... Ok, alors, si vous le dites.
Je remets le casque à sa place. C'est sa propre sécurité de toute façon. Peu importe, mademoiselle, comme vous voulez.
— Ah, où allons-nous ?" Je demande à nouveau.
— Résidence Baan Klang Soi, s'il vous plaît.
— Ça fera trente bahts. Prenez place, s'il vous plaît.
Et puis je me concentre sur mon travail.
Ce n'est pas ce que j'aime.
Mais ça me permet de gagner ma vie.
…………….
Par quoi dois-je commencer pour vous parler de moi ?
Je m'appelle Mork. Je suis chauffeur de moto-taxi.
Parfois, je me pose la même question que P'Flueang : Pourquoi est-ce que je travaille comme moto-taxi ? J'ai terminé mes études, je n'ai pas abandonné. J'ai étudié l'électronique dans un collège technique près de chez moi et j'ai obtenu un CAP, avec de bonnes notes même. Alors, laissez-moi vous dire que je ne suis pas un délinquant...
Ce n'est pas tout à fait vrai...
À vrai dire, mes parents voulaient que je poursuive des études supérieures et que j'obtienne un diplôme, mais j'étais trop têtu. À l'époque, ma petite amie a terminé ses études générales après la terminale et voulait poursuivre des études supérieures à l'université de Ramkhamhaeng. Elle m'a donné un ultimatum, celui de rompre ou de venir à Bangkok ensemble. Je n'ai même pas besoin de vous dire quel choix j'ai fait, n'est-ce pas ?
C'est pourquoi ce n'est pas tout à fait vrai quand je dis que je ne suis pas un délinquant.
Heureusement, j'ai un Loong - le grand frère de ma mère - qui a ouvert un garage de motos dans la région de Saphan Kwai, donc j'ai pu rester avec lui. Quand je suis arrivé à Bangkok, je pensais trouver un travail et partager un endroit avec ma petite amie. Le problème, c'est que mon certificat pouvait difficilement me permettre de trouver un emploi dans la capitale. Ou alors, s'il y avait un travail, j'étais si mal payé que vous auriez envie de demander s'il s'agit d'un salaire ou bien de frais.
Finalement, mon oncle m'a prêté sa moto et a utilisé ses relations par l'intermédiaire de P'Fueang, qui était une de ses connaissances, pour m'obtenir une place dans cette station de moto-taxi. C'est ainsi que j'ai commencé ma vie de moto-taxi sur Phahon Yothin Road. Ne me regardez pas de haut . Laissez-moi vous dire que si nous travaillons assidûment et prenons rarement un jour de congé, grâce à un taux de rotation élevé des passagers, nous pourrions même gagner plus d'argent que les hommes salariés.
Je conduisais un moto-taxi tout en économisant. Une partie de mon argent a servi à payer les frais de scolarité de ma petite amie. Elle travaillait aussi et recevait une aide financière de sa famille, mais la vie à Bangkok n'était pas si facile et elle ne gagnait pas assez d'argent. Donc, bien qu'elle n'ait pas demandé mon argent, j'étais prêt à l'aider. C'était ma petite amie après tout, il était de ma responsabilité de la soutenir.
Quatre ans ont passé, et j'ai découvert qu'elle me trompait. Cette merde était un de ses camarades de classe. Et c'est pourquoi notre relation a pris fin.
— Pourquoi tu m'as fait ça, Fern ?
Si je pouvais remonter dans le temps....je ne lui aurais pas posé cette question.
— Je suis désolée. Je ne voulais pas le faire.
Je me demandais s'il était vraiment possible de tromper quelqu'un sans le vouloir. Comment ça se passe ? Comment les gens arrivent-ils à faire ça ?
— Et maintenant, quelle est la suite, Fern ?
En fait, je voulais demander ce qu'il fallait faire au sujet de notre relation, car je payais la moitié du loyer du dortoir où elle vivait. Je n'y dormais qu'occasionnellement, car c'était loin de ma station. Je quittais le travail à 21 heures et je commençais à conduire tôt le matin, c'était un gros problème de rester avec elle tous les soirs et aussi de faire la navette pour aller au travail.
— Je...je suis désolée. Je ne le voulais pas.
Elle ne répondait pas à ma question. Je voulais savoir quoi faire ensuite. Je ne voulais pas d'excuses.
— Assez de ces stupides excuses, Fern. Tu l'as déjà dit. Je veux savoir ce que tu veux faire ensuite.
— Tu me laisses décider, Mork ?, demanda-t-elle et je hochai la tête.
— Est-ce que je peux le choisir ?
Et c'est le choix qu'elle a fait.
J’ai hoché encore de la tête.
J’ai laissé la clé de la chambre là.
Et suis parti sans me retourner.
Je veux dire que je suis parti pour notre appartement et que je me suis éloigné de la relation qui existait entre Fern et moi. Nous avons commencé notre vie à Bangkok ensemble, mais à partir de ce moment, je n'avais plus que moi dans une si grande ville. La prochaine chose à laquelle je devais penser était de savoir quoi faire de ma vie. Comme elle avait déjà choisi, j'ai dû choisir mon propre chemin également.
C'est à cause de Fern que j'ai déménagé dans la métropole. Mais maintenant, cette raison m'a abandonné. Dois-je retourner à Chumphon ? J'avais quelques économies, qui devraient être suffisantes pour un investissement si je voulais ouvrir un magasin...
Mais en même temps, je n'ai pas voulu renoncer à la possibilité de travailler à Bangkok. Conduire un moto-taxi peut être épuisant, mais il me permettait de gagner un revenu décent. Il n'était pas facile non plus d'obtenir une place dans une station. De plus, si je restais à Bangkok, je pouvais gagner de l'argent pour subvenir aux besoins de mes parents.
À ce moment-là, je n'arrivais pas du tout à me décider.
Mais je savais que je devais d'abord rentrer chez moi, quoi qu'il arrive.
Quand votre cœur perd son chemin, vous devriez au moins ramener votre corps à l'endroit où le cœur se sent chez lui.
— Reste ici, gamin.
Mon Loong a pris une décision pour moi quand j'ai fini de lui raconter toute l'histoire. Je n'avais pas prévu de la partager avec qui que ce soit. Mais mon long visage devait être si évident qu'il a dû me traîner à l'écart pour une discussion, avec une canette de bière pour chacun d'entre nous et une portion de Yum provenant de sardines en boîte qu'Ar nous avait préparées. J'ai raconté à Loong et à Ar ce qui s'est passé aujourd'hui. Je n'ai pas pleuré quand j'ai raconté mon histoire, même si une partie de moi pensait que je me sentirais mieux si je pleurais. C'était étrange. J'avais beau me forcer à le faire, aucune larme ne tombait.
— Je peux ? ai-je demandé.
— Putain, oui. Il n'y a que lui et moi ici. On n'a pas d'enfants. Tu restes ici et tu continues à conduire le moto-taxi. Aide-nous à surveiller le magasin et donne-nous un coup de main quand tu es libre. Ma maison a beaucoup d'espace de toute façon. Ou si tu veux arrêter de conduire pour travailler, tu peux peut-être travailler ici à plein temps.
Je me suis assis en silence. Ce qu'il a dit avait l'air bien, mais...
— Que feras-tu quand tu rentreras chez toi ? demanda Ar cette fois.
— Je ne sais pas encore. Peut-être que je vais devenir commerçant. J'ai des économies.
— As-tu envisagé de poursuivre tes études ?
— J'ai arrêté depuis que j'ai déménagé à Bangkok. Ça fait quatre ans. Si je retourne aux études. Je devrai m'asseoir parmi les jeunes.
— Je ne t'ai pas demandé depuis combien de temps tu as abandonné tes études ni comment tu te sentirais si tu partageais la salle de classe avec des jeunes. Je veux savoir si tu as déjà envisagé cette possibilité. Veux-tu retourner à l'université ?
Je suis resté silencieux... Oh, d'accord, ouais.
Ces quatre dernières années, je n'avais pensé qu'à Fern et moi.
Je n'avais jamais pensé à moi. Pas même une fois.
— Peut-être. Je n'en suis pas sûr. Je n'arrive pas à penser correctement. J'ai le cerveau embrouillé.
J’ai pris une autre gorgée de ma bière.
— Si tu n'as pas les idées claires, ne prends pas encore de décision.
Ar m’a donné une grosse tape sur l'épaule.
— Va te laver. Ou tu veux manger autre chose ? Dois-je réchauffer du ragoût aux épices douces ?
J’ai secoué la tête. Les sardines en conserve que j'avais eu auparavant, ajoutées à la chaleur que j’ai ressenti dans mon cœur quand j’ai raconté mon histoire, me donnaient l'impression d'être plein et suffisamment rassasié.
Je me suis levé et j’ai quitté le balcon pour me déshabiller et me préparer à me laver, en enroulant un pagne thaïlandais autour de ma taille et en jetant une petite serviette sur une de mes épaules. Sur le chemin, je suis passé devant un bureau dans ma chambre. Un cadre avec une photo de Fern et moi était dessus.
Je l’ai posé face contre le bureau.
Je devrais trouver une nouvelle photo pour la remplacer.
Peut-être une photo prise avec maman... ou avec Loong et Ar.
Je n'étais pas sûr que c'était parce que j'étais plein, ou parce que j'étais ivre à cause de la bière, ou parce qu'il pleuvait et qu'il faisait assez frais, mais j'ai dormi comme une bûche cette nuit-là. Pas du tout comme un homme au cœur brisé.
Je me suis de nouveau réveillé le matin quand mon réveil a sonné après sa troisième sonnerie. Je me suis assoupi et j'ai commencé à paniquer. Je me suis lavé en vitesse, enfilé mes vêtements et mon casque, puis j'ai quitté la maison pour aller travailler sur ma moto. Heureusement, je n'étais pas en retard. Je suis arrivé juste à temps pour le contrôle avec le patron.
Après avoir déposé une dizaine de passagers le matin, j'ai soudain réalisé que je venais au travail par pure habitude. Hier soir, j'étais encore incertain de ma vie, débattant entre retourner à Chumphon et rester ici à Bangkok. Il s'est avéré que mon habitude avait déjà pris la décision pour moi le matin... oh, attendez, en fin de matinée, pour être exact.
— Hé mec, je veux aller à l'immeuble de bureaux XX.
Un nouveau passager s'est approché de moi.
— Vingt bahts, monsieur.
J'ai donné le prix, et il a hoché la tête.
J'ai regardé mon propre reflet dans le rétroviseur pendant que je démarrais mon moteur.
Ce n'est pas comme si je m'étais souri à moi-même, je pense. Mais je pouvais sentir une traction vers le haut à un coin de ma bouche.
Bonjour, nouveau moi.
Et nouvelles résolutions, dans la même vieille métropole.
Puis, je suis parti pour emmener mon passager à sa destination.
Plus d'un an s'est écoulé depuis ce matin-là. J'ai traversé une période douloureuse sans éprouver le moindre mal. J'ai survécu. J'ai appris que Fern était tombée enceinte de ce type, mais ils ne se sont pas mariés. Je ne sais même pas ce qu'elle a fait du bébé, si elle a gardé l'enfant ou si elle a avorté. Je ne suis pas du genre à regarder en arrière une fois que je suis parti. Non pas qu'elle ne me manque pas ou que je sois sans cœur, mais j'ai l'impression que si je suis toujours présent dans sa vie, ce ne sera bon pour personne, ni pour moi, ni pour elle, ni pour la personne qu'elle a choisie.
Nous nous occupons de nos affaires, chacun pour soi. Quelque chose comme ça.
J'ai un travail qui me permet de gagner ma vie.
J'ai une bonne famille.
Quant à un nouvel amour, je n'y ai pas encore pensé.
— Hum... Je veux aller à la résidence Baan Klang Soi, s'il vous plaît.
Pendant que mes pensées vagabondent dans les souvenirs, la petite voix de ce passager me ramène à la réalité à laquelle je fais face.
— Euh... 30 bahts, monsieur.
Je réponds automatiquement et il hoche la tête.
— Hé, je peux avoir un casque, s'il vous plaît ?
Il me montre le casque de sécurité supplémentaire que je garde pour mon passager.
— .....
Je le fixe en silence.
— Puis-je utiliser ce casque ? ...ou je ne peux pas ?
Il fronce les sourcils avec interrogation. Je souris et je secoue la tête en le lui remettant.
— Oh bien sûr. Vous pouvez l'utiliser. Il est fait pour mon passager. J'étais juste surpris.
Il prend le casque, le boucle et ajuste la tension de la sangle. Oh wow... De nombreux passagers ont accepté de porter mon casque, mais je n'ai jamais vu personne l'enfiler avec autant de soin et de méthode que cet homme.
— Pourquoi êtes-vous surpris ? demande-t-il.
— Parce que les passagers ne demandent généralement pas de casque. La plupart du temps, je dois les supplier et les pousser à le porter.
— Oh, pourquoi... C'est ma propre sécurité, je le dois. Et j'ai peur. En particulier parce que je n'ai jamais fait de moto avant.
Je suis sur le point d'appuyer sur la pédale pour démarrer mon moteur quand j'entends son "jamais monté à moto" et ça me fait arrêter mon pied dans le vide. Je me retourne pour regarder à nouveau ce passager.
— Monsieur, avez-vous dit que vous n'aviez jamais fait de moto ?
Il hoche la tête en réponse.
— Alors je suis votre premier chauffeur de moto-taxi, de votre vie ?"
Il hoche à nouveau la tête.
— Laissez-moi reformuler, c'est la première fois que vous êtes passager d'une moto ?
Il acquiesce à nouveau, ce qui fait que le casque sur sa tête semble un peu branlant et je dois réprimer un gloussement.
— D'accord. Que pensez-vous de ça ?
Je descends la béquille latérale et je gare ma moto.
— Je vais vous expliquer les choses d'abord, pour que vous n'ayez pas aussi peur. C'est bon ?
Il secoue la tête et le casque vacille à nouveau. Cette fois-ci, c'est encore plus drôle qu'avant, je suis à deux doigts de devoir me pincer pour étouffer mon rire.
— Là, ce sont les repose-pieds. Quand vous monterez, posez un pied sur chacun d'eux. Compris ?
Je montre les repose-pieds au passager. Il les regarde et hoche la tête.
— Et ici se trouve une poignée pour le passager du siège arrière, tenez-la pour vous sécuriser, dis-je en pointant la barre d'appui arrière,
Il hoche la tête.
— Et mon autre main ?
— Euh... Quoi ?
Je suis confus. Quelle autre main ? Et quoi ?
— Eh bien, une main sur la poignée, alors que faire de mon autre main ? Où est-ce que je la mets ? A quoi je dois me tenir ? demande-t-il sérieusement.
Ohhh, zut ! Vous vous moquez de moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ce passager ?
— L'autre main... Vous pouvez peut-être la poser sur votre cuisse.
Je lui donne une réponse au hasard. Qui diable sait où mettre cette main ? C'est ta main, décide par toi-même, mec.
— Mais c'est défier les lois de la physique. Comment je peux garder mon équilibre comme ça ?
Il argumente, en fronçant les sourcils. C'est quoi ces conneries sur la physique... Je ne comprends pas, alors je fronce les sourcils en guise de réponse.
— Oh, si je suis assis là, quand vous utiliserez les freins, je serai projeté vers l'avant et je pourrai agripper et tenir la poignée arrière pour garder mon corps en équilibre, n'est-ce pas ? Mais quand vous démarrerez ou accélérerez, je serai plutôt projeté en arrière. La main derrière moi ne m'aidera plus. Mon autre main doit s'accrocher à quelque chose à l'avant pour que je ne tombe pas en arrière.
Le passager s'explique avec tant de détails. Je ne l'ai plus suivi depuis le "jeté en avant". Alors ne parlons même pas du "jeté en arrière". Je suis complètement perdu. Au diable la physique ! Mon programme de formation ne comprenait pas cette matière.
— Alors, vous voulez dire que vous voulez quelque chose à l'avant pour vous accrocher ?
J'essaie de résumer le point clé. Heureusement, j'ai entendu la dernière partie de son discours.
Il fait un signe de tête.
— Je peux m'accrocher à votre taille ?
— Ma taille ? Certainement pas, je suis chatouilleux. Si vous vous accrochez à ma taille, vous ne tomberez pas en arrière, mais toute la moto et tout le monde va tomber dès le départ. Je suis sacrément chatouilleux !
Non. Je ne peux pas le laisser s'accrocher à ma taille. Je n'ai jamais autorisé même ces jolies passagères, ou mon ex-copine, à faire ça. Je suis vraiment chatouilleux.
Il se renfrogne. Ses sourcils déjà froncés se creusent encore plus profondément. Oh wow, incroyable. Je ne savais pas qu'une personne pouvait froncer autant les sourcils.
— Hum... Voyons voir. Et si vous vous accrochiez à mon épaule ?
J'essaie de négocier mais ses sourcils sont toujours froncés.
— Ce n'est pas assez sûr, je pense, commente-t-il.
Je commence à compter de un à dix. Doucement, Mork, c'est ton passager.
— Ah, essayez ça, alors. Montez maintenant.
Je retourne à ma moto et je la chevauche, en poussant la béquille latérale en position haute. Il monte lentement sur le siège. J'attrape sa main droite avec la mienne, en guidant son bras vers l'avant jusqu'à mon flanc, juste sous l'aisselle, et je bloque sa main sur mon épaule.
— Est-ce que c'est assez bien ? Cette pose est solide et sûre, je vous le promets.
Je penche la tête pour demander tout en supprimant tout soupçon de sarcasme qui pourrait s'infiltrer dans mon ton... Et mince, c'est vraiment difficile.
— Mais maintenant si je tombe en arrière, vous tomberez en arrière avec moi, selon les lois de la physique.
Il continue à faire des histoires. Au diable les règles de la physique ! S'il pose plus de questions, je commencerai à l'appeler "George le curieux". Quel type pointilleux ! Ce n'est que le fait de monter sur une moto, et pourtant ses questions sans fin me donnent l'impression que nous récitons l'ensemble du chant d'ordination. Grrrr !
— Allez, faites-moi confiance. Je suis assez fort pour vous empêcher de tomber. Une fois que vous êtes sur ma moto, votre sécurité est ma responsabilité. Faites-moi confiance.
Je démarre le moteur et je me prépare à emmener le passager à sa destination. Je devrais me dépêcher et en finir avec ça. Éloignons-nous de ce monstre de physique.
En y repensant, je ne l'ai jamais vu avant.
Alors, j'espère ne le rencontrer que cette fois-ci.
Oh... Je devrais doublement contrôler, afin de pouvoir l'éviter au cas où nous nous rencontrerions à nouveau.
— Bref, vous venez d'emménager dans la résidence Baan Klang Soi, monsieur ?
Je lui demande avant de commencer à rouler.
— Pourquoi vous me demandez ça ?
Vous vous moquez de moi ? Grrrr ! Pourquoi répond-il à ma question par une question ?
— Parce que je conduis ici depuis plusieurs années et que j'ai rencontré beaucoup de passagers qui allaient dans cet immeuble, mais vous êtes un nouveau visage, donc vous ne devez avoir emménagé que récemment.
— Oh, hahaha ! Je n'ai pas emménagé. Je rends juste visite à mon rencard qui vit ici.
— Oh...je vois. Ok, accrochez-vous bien. On y va.
Voir sa petite amie, je comprends maintenant. Hah ! A ce rythme, ils vont bientôt se séparer. Il est capricieux. Aucune fille ne peut tolérer un type aussi capricieux. Et c'est mon expérience qui me le dit.
— Allez-y doucement, s'il vous plaît. Je ne veux pas tomber.
— Oui, monsieuuuur.
Quand je me gare devant la copropriété, sa main est toujours accrochée à mon épaule. Il attend que j'arrête le moteur avant de lâcher prise et de descendre lentement du siège arrière. Ensuite, il enlève le casque et me le rend.
— Trente bahts, s'il vous plaît.
Je lui prends le casque.
— Merci.
Il me donne un billet de 20 bahts et une pièce de 10 bahts.
— Merci, monsieur.
Je redémarre le moteur et me prépare à partir, et c'est là que j'entends une conversation derrière moi.
— Tawan, tu as mis si longtemps que j'ai cru que tu étais perdu.
— Aww, chéri, c'est impossible de me perdre ici.
Je ne veux pas être indiscret, mais ma tête tourne automatiquement. La personne qui attendait ce passager devant la résidence... est un homme.
Genre, whoa !...Son rencard est un mec. | | Messages : 87
Date d'inscription : 01/07/2024
| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:32 Chapitre 3 Tawan Je bâille... En fait, je bâille tous les matins. Peu importe la durée, la brièveté et la qualité de notre sommeil, nous bâillons quand même tous les matins. J'ai appris le mécanisme du bâillement pendant ma deuxième année à l'université, et j'ai déjà oublié pourquoi nous bâillons.
Pour moi, cela signifie simplement que mon horloge biologique me dit qu'il est temps de prendre un café.
Comme première routine matinale au travail, je passe devant le hall de l'ascenseur puis la cafétéria, pour me rendre au seul et unique café de notre hôpital.
Si tôt le matin, nous ne voyons généralement pas de patients ou d'étrangers dans le café. Il n'y a qu'une foule de médecins résidents de différentes années, chacun portant une blouse de médecin courte. Le café est presque comme un autel auquel tous les médecins doivent rendre hommage chaque jour avant de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Nous adorons le café sacré, la divinité de la caféine qui nous bénit avec l'énergie vitale pour survivre à la journée et au travail.
— Où étais-tu la nuit dernière, Tawan ! Pourquoi n'étais-tu pas dans ta chambre ?
Le hurlement de Nadia me fait sursauter quand il me le demande juste à côté de moi. Si tôt le matin et sans café dans mon organisme, ma conscience flotte encore quelque part dehors comme si mon âme n'était pas complètement revenue dans mon corps, et cela me fait facilement sursauter. Je me tourne lentement vers lui, avec un sourire.
— Euh... Pourquoi demandes-tu ça ?
— Ecoute, hier soir, je suis allé à ta chambre mais tu n'as pas voulu ouvrir la porte. Il n'était que 8h mais la lumière était éteinte, alors j'ai pensé que tu n'étais peut-être pas là.
— Oh, tu voulais me voir ? Tu as besoin de quelque chose ? Si tu veux parler maintenant, je suis libre. Je n'ai pas besoin de me précipiter dans mon service ce matin.
Avec un peu de chance, il ne réalisera pas que j'évite sa question précédente.
— N'essaie pas de changer de sujet. Où étais-tu hier soir ?
Mon souhait a été rejeté. Nadia insiste toujours pour obtenir une réponse, apparemment encore plus concerné par ce sujet que tout ce pour quoi il m'a rendu visite la nuit dernière.
Eh bien, tôt ou tard, il le découvrira de toute façon, car Nadia est mon meilleur ami de tous les temps. Ce n'est qu'une question de temps. Autant le lui dire maintenant.
— L'appartement de P'Por.
Je chuchote entre mes dents, en gardant le volume bas et seulement audible pour nous deux.
— Qu'est-ce que tu as dit ? Je n'ai pas entendu.
Apparemment, ce n'était pas assez fort. Nadia fronce les sourcils, et se penche en tendant l'oreille.
— Je.Suis. Allé. A. L'appartement de P'Por.
Je réponds encore plus doucement cette fois, mais directement dans son oreille.
Bien que le café soit bondé, personne ne prête attention à la conversation des autres. Ils sont soit engagés dans leurs propres conversations entre eux, soit au téléphone avec une infirmière du service. Et ceux qui ne parlent pas se concentrent sur l'écran de leur téléphone.
Il n'est presque pas nécessaire que je chuchote à Nadia.
Mais, je ne sais pas, peut-être que j'ai peur d'être entendu ou que l’on découvre la chose qui se passe entre mon cher Por et moi. Il y a peut-être une raison, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
— Oho ! Et tu l'as fait ? Opps, désolé, j'ai oublié.
— Heh, c'est cool. Ça ne me dérange pas que tu demandes.
Je tape sur l'épaule de mon meilleur ami.
— Non, je veux dire que j'ai oublié que je n'aurais pas dû demander parce qu'il ne peut y avoir qu'une seule réponse. Vous l'avez sûrement fait, impossible de ne pas le faire. Tu as fait tout le chemin jusqu'à sa chambre, mec !
Il ne se contente pas de parler, il me pince le bras si douloureusement qu'il interrompt mon bâillement. Je suis maintenant complètement réveillé sans avoir besoin de café.
— Aïe, ça fait mal !
Je retire la main de Nadia. Il m'a peut-être pincé avec un comportement de dame, mais sa force est encore celle d'un grand homme. Je caresse la marque sur mon bras, en me demandant si ça ne va pas devenir un bleu.
— Bref... C'était bien ?
Avant, Nadia avait un peu de fatigue dans sa voix, mais une fois que je lui ai dit que j'étais allé à l'appartement de P'Por, la fatigue est soudainement et magiquement partie. Maintenant, il a l'air extrêmement curieux.
Je ne dis rien, en faisant semblant de ne pas entendre la question, et je passe à la commande de mon café.
— Un Americano, s'il vous plaît. Sans sucre.
Je donne la monnaie exacte au vendeur et quitte la caisse sans prendre l'addition qu'il me tend. Nadia doit donc commander son café à la hâte avant de me suivre au bout du comptoir, où nous attendons pour prendre notre café.
— Tu ne vas pas me répondre ? insiste Nadia.
Je hausse les épaules, ne cédant toujours pas à sa curiosité.
Mais ça ne peut pas l'arrêter bien longtemps. Il saisit mon col et le tire vers le bas, révélant des bleus violacés sur ma nuque, deux grandes marques que je ne m'attendais pas à voir aussi évidentes et révélatrices.
— Aha ! Tu vois, je savais qu'il y aurait une marque ! Tawan, espèce de salope ! Tu t'es trouvé un mari.
Je vous jure, bien que Nadia soit mon meilleur ami, en ce moment même, je suis vraiment irrité au point de vouloir le fourrer dans la poubelle humide au bout du bar.
— Chut ! Ne sois pas si bruyant. Les gens vont t'entendre.
— Woaw ! Qui diable va entendre ? Regarde autour de toi, ce sont tous des zombies sans café. Personne ne se soucie de ce qu'on dit. Laisse-moi juste te demander, vois-tu quelqu'un qui est complètement réveillé ici ?
Je me retourne et je regarde autour de moi. Oui...Nadia a raison. Comme je l'ai dit, aussi tôt le matin, seuls les médecins résidents viennent au café, et aucun n'est réveillé. Il semble vraiment que personne ne se soucie de notre conversation.
— Vos cafés sont prêts. Americano sans sucre pour le Dr Tawan, et latte extra sucré pour le Dr Not.
Le barman au bout du comptoir nous appelle. Nadia lui lance un regard de côté si effrayant que j'ai dû baisser les yeux même si ce n'était pas moi qui était visé.
— Tsk, je t'ai dit que mon nom est maintenant Nadia. Ne m'appelle pas Not. Tu oublies toujours !
Nadia répond avec mépris en allant chercher le café, mais il continue de battre des cils dans un regard pompeux au barman, qui lui renvoie furtivement un baiser de manière assez flirteuse. Leurs interactions sont si harmonieuses que je veux poser ma tasse de café et les applaudir.
Au lieu de cela, je prends mon café et me précipite vers l'extérieur pour suivre Nadia.
— Hey, Not, oops...Nadia.
Je me corrige rapidement quand il se retourne pour me lancer un regard mortel.
— Tu as badiné plusieurs fois avec ce serveur pendant que tu étais encore étudiant en médecine. Maintenant que tu es revenu ici et qu'il est toujours là… Tu ne veux pas faire un pas ?
— Huh, non, merci. Tu es dingue ? C'est un serveur.
Nadia a roulé des yeux, en prenant une gorgée de son café, et s'est dirigé vers le hall de l'ascenseur. Nous traversons la cafétéria sans penser au petit déjeuner car il est déjà trop tard pour un repas. Les horaires serrés nous permettent seulement de prendre un café pour garder notre âme en vie le matin et en fin de matinée. En attendant, nous devons prier pour avoir assez de temps de pause vers midi ou dans l'après-midi pour nous faufiler dehors pour le premier repas de la journée.
— Aww, pourquoi ? Qu'y a-t-il de mal à être serveur ? demandé-je.
Nadia s'arrête et se retourne en me regardant de travers.
— Si je sors avec un serveur, où penses-tu que lui et moi serons dans les trois ou cinq prochaines années ? Je veux dire notre futur. Quels seront les progrès ?"
Euh... Comment dois-je répondre à cette question ? Je n'ai pas de réponse pour lui, pas du tout. Alors je reste silencieux et j'attends qu'il continue.
— Nous sommes des adultes, tu sais. Il est fini le temps où l'on pouvait simplement sortir, flirter, s'amuser ou avoir un chéri. Maintenant, nous devons trouver et rester avec quelqu'un qui sera notre partenaire, comme toi et P'Por.
— Comme moi et P'Por.... ?
Je répète la dernière phrase de Nadia et il hoche la tête.
Nous passons la porte quand mon beau mec arrive, il se dirige vers la cafétéria. Il me sourit et je lui souris. Dans la fraction de seconde où nous nous croisons, je ressens une bouffée de chaleur et de picotements qui est similaire à une décharge électrique dans mon cou, autour des marques qu'il m'a laissées.
— Tu as l'air plutôt heureux.
Nadia me sourit en agitant ses sourcils en direction de P'Por qui est maintenant dans la cafétéria.
— Hum...oui, bien sûr. C'est l'homme de mes rêves.
— L'homme de tes rêves ? S'il est ici avec toi en ce moment, cela signifie-t-il que tes rêves se sont réalisés ou que tu rêves ?
Nadia se moque. Mais ça me fait réfléchir. Oh, c'est vrai... Si c'est l'homme de mes rêves, et qu'il se tient à côté de moi, est-ce que ça veut dire que je suis dans mes rêves ou qu'il est sorti de mes rêves pour être avec moi ?
S'il est sorti de mes rêves pour être avec moi, alors c'est bon. Mais si je suis dans mes rêves, alors tout va disparaître parce que je vais me réveiller un jour. N'est-ce pas ?
— Réveille-toi, tu veux ? L'ascenseur est là.
Encore une fois, Nadia me fait sortir de ma transe.
— Tu es de service aujourd'hui ? demande Nadia après être monté dans l'ascenseur. Il appuie rapidement sur les boutons numérotés, neuf pour son service de pédiatrie et huit pour mon service de médecine interne, le service des femmes
— Euh...Non.
— Wow, pourquoi ! Le planning que tu m'as donné dit le contraire ! Je pensais qu'on pourrait dîner ensemble le soir.
— Hein ? Tu es de service aujourd'hui ?
— Bien sûr que je le suis ! Sinon, pourquoi j'en parlerais ?
— Euh... j'ai échangé mes horaires de travail avec quelqu'un. Je vais y retourner et rester avec mon chéri ce soir.
Je réponds timidement.
— Okayyyyy ! Jeune marié, hein.
Je savais déjà que Nadia roulerait des yeux. Mais c'est quand même drôle de le voir se moquer de moi.
Ding....L'ascenseur s'arrête au 8ème étage pour la médecine interne, service régulier féminin.
Je sors.
— Hé, Tawan ! Tu as un petit ami maintenant, mais n'ose pas m'oublier. Ne me néglige pas. Prends le temps de dîner avec moi aussi ! ordonne-t-il avant que les portes commencent à se fermer.
Je lui tire la langue.
— Qui pourrait oublier un ami comme toi ? Stupide oie !
Les rires de Nadia s'échappent du petit espace entre les portes de l'ascenseur avant qu'elles ne se ferment complètement. Je souris et je secoue la tête. Même si j'ai le mec de mes rêves comme petit ami, il n'y a pas moyen que j'oublie de prendre du temps pour mon ami le plus cher. Qui pourrait le négliger ?
Je me souviens du jour où j'ai rencontré Nadia pour la première fois…
Euh... Quand il portait encore son ancien nom, Not. ……….. — Hé. Hé, toi.
La personne à côté de moi m’a donné un petit coup de coude.
J’ai tourné la tête pour regarder. Il portait un uniforme avec un short kaki. Ses cheveux étaient coupés court, ce qui était conforme au règlement pour les lycéens. Dans notre rangée spécifique, il y avait dix nouveaux élèves assis et attendant de se présenter. Nous étions les seuls garçons parmi eux. Le reste de la rangée était composé de filles en uniforme avec des jupes de différentes couleurs. Certaines étaient bleues, d'autres rouges et... violettes ? C'était la première fois que je voyais un uniforme violet.
— Euh...oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?
J’ai répondu doucement, presque dans un murmure, parce que tout le monde était complètement silencieux. Les quatre-vingt-dix étudiants écoutaient les instructions concernant la procédure d'examen physique et d'évaluation psychologique pour les étudiants de première année de la faculté de médecine. De plus, le personnel qui parlait n'avait pas du tout l'air amical.
— As-tu entendu dire que pendant l'évaluation psychologique, ils disqualifieront toutes les sissies, les garçons manqués, les gays et les lesbiennes ?
— Mais comment sauraient-ils si nous le sommes ou non ?
C'est vraiment mon habitude de répondre à une question par une autre question.
— J'ai entendu dire qu'ils ont des professeurs experts en psychiatrie comme examinateurs.
— Les psychiatres ne peuvent pas lire dans les pensées. Comment pourraient-ils savoir ce que nous pensons ?" ai-je demandé, en commençant à réfléchir à ce que disait le nouvel ami.
— Je pense qu'ils peuvent lire dans les pensées. J'ai peur. Et s'ils me disqualifient ?
Et cela expliquait pourquoi mon nouvel ami m'avait posé une telle question. Je lui ai souri doucement, en espérant que cela calmerait ses sentiments.
— J'ai entendu ça aussi, mais je n'y crois pas.
— Comment ça ? Pourquoi tu dis ça, a-t-il demandé.
— Lors de la première rencontre des étudiants en médecine, j'ai demandé aux seniors, et ils m'ont répondu que c'était un non-sens. C'est un mensonge.
En fait, c'est moi qui ai menti. Je voulais simplement qu'il se sente soulagé. C'était terrible de commencer une nouvelle amitié par un mensonge, mais j'avais de bonnes intentions. Donc c'est pardonné, j'espère.
— Hmm ? Tu as assisté à la première rencontre des étudiants de première année de médecine ?
Il écarquilla les yeux.
J’ai fait un signe de tête.
— Oui, pourquoi ? Tu ne l'as pas fait ?
J'ai essayé de me souvenir de son visage, mais il y avait tant d'étudiants en première année de médecine de divers établissements de tout le pays, peut-être un millier d'étudiants. Les chances que je l'aie vu étaient minces, surtout quand nous avons été répartis en groupes avec des gens d'autres universités.
— Non, je ne l'ai pas fait. Mes parents m'ont emmené en voyage pour célébrer l'admission.
— Ah...je vois. C'est pour ça que je ne t'ai jamais vu avant.
J’ai fait un petit signe de tête.
C'est merveilleux ! Le cadeau que j'ai reçu après avoir été admis dans un programme médical était simplement un set de papier à lettre. Oui, vous avez bien lu. Juste un nouveau set de papier à lettre. C'est tout. Peut-être que mes parents n'étaient plus excités à l'idée que leur fils devienne étudiant en médecine depuis que mon grand frère, Saeng, a été admis dans une faculté de médecine, se hissant à la première place du classement général de la Thaïlande. Et puis moi, M. Tawanork, j'ai été leur deuxième fils à devenir étudiant en médecine.
Pour moi, entrer avec succès à l'université n'a pas été une joie, mais plutôt un soulagement. Au moins, je vivais selon les normes que mon frère avait établies auparavant. Maintenant, le fardeau retombait sur les épaules de "Daonuea", notre plus jeune frère, dont le tour de passer un examen d'entrée à l'université serait dans trois ans. Ma prochaine responsabilité consistait à me concentrer sur l'achèvement de mes études.
— Donc ça veut dire que... Même en tant que tapette, je passerai sans problème ?
Il a répété sa question, à laquelle j’ai fait un signe de tête et souri.
— Merci. Je m'appelle Not, et toi ?
—Je m'appelle Tawanork.
Il n'a pas regardé le nom sur mon uniforme d'étudiant.
Sur ma poitrine, il y avait une broderie de mon nom complet, "Tawanork Tisawong".
— Et ton surnom ? a-t-il demandé.
J’ai secoué la tête.
— Aucun. Mes parents ne m'en ont pas donné.
— C'est bizarre…
Il a froncé les sourcils.
— Et si je t'appelais Tawan pour ton surnom ? À partir de maintenant, tu es Tawan.
— Vous deux, là-bas ! Combien de temps allez-vous discuter ?
Le personnel, à l'allure stricte, a donné un avertissement sévère. Mon nouvel ami et moi nous sommes immédiatement redressés et bien comportés. Mais nous avons secrètement échangé un regard du coin des yeux, luttant contre un sourire.
Mon amitié avec Not a commencé comme ça.
Nous avons été le premier ami de l'autre à la faculté de médecine.
Tout au long des six années d'études, nous avons eu la chance d'être assignés à la même affectation la plupart du temps. En plus, nous étions colocataires au dortoir. Nous nous sommes serrés les coudes, sauf pendant les manifestations sportives. Il préférait rejoindre l'unité des cheerleaders, nous avons donc pris des chemins différents pour les tâches liées aux événements. Quant à moi, j'étais plus enclin à rejoindre l'unité de bien-être car je savais que la plupart des gens n'aimaient pas les tâches, mais c'était quand même une unité importante.
C'est ainsi que je suis tombé sur P'Por, comme je l'ai déjà mentionné.
Et c'est aussi pour cela que Not a raté cette partie de l'histoire de ma vie.
…………
— Nong Tawan.
P'Nok, une résidente de troisième année qui est aussi le chef de ce service m'appelle dès qu'elle me voit entrer dans le service.
Mon Dieu... !! Je suis arrivé après le chef des résidents. Est-ce qu'elle va me faire la morale ?
— O...oui ? Bonjour, P'.
— On m'a dit que tu sortais avec P'Por, un membre du personnel du service dentaire, est-ce que c'est vrai ?
Euh... Ce n'est pas une question que j'avais vu venir. Je ne sais pas quel genre de tête faire. Et c'est peut-être parce que je suis aussi terne qu'une sculpture de cire, qu'elle claque des doigts devant moi pour invoquer mon âme.
— Ah, euh, ouais. Eh bien, c'est vrai. Je sors avec lui, mais…
Je baisse la voix.
— …nous ne le crions pas sur les toits, parce que je ne veux pas qu'il ait une mauvaise réputation. C'est contre les règles des relations au travail.
— C'est des conneries ! Quelles règles ? Il est dans la branche dentaire de l'hôpital, alors que nous sommes dans la branche universitaire de l'hôpital, nous sommes sous des administrations séparées. Vous n'enfreignez pas les règles.
Hum... Je sais, P'Nok. Je trouve juste une excuse pour te dissuader de m'interroger à ce sujet. Je ne veux pas que trop de gens parlent de moi et de P'Por.
— Hé, je te soutiens. Je suis une fan de Yaoi depuis les années 90. J'adore quand les mecs deviennent affectueux entre eux.
Elle finit et s'en va regarder les tableaux qui concernent l'autre secteur du service. Je profite de l'occasion pour me précipiter de mon côté du service, pour prendre les fiches et les mettre sur le chariot du service, et je demande à des étudiants en médecine de quatrième année de se rassembler et de se préparer pour le prochain tour du service.
— Oh, c'est vrai ! Tawan, encore une chose.
P'Nok a encore quelque chose à dire. Elle se dirige vers mon côté du service. Je ne suis pas surpris cette fois. Je lui fais un sourire flétri, en priant pour qu'elle ne dise rien sur P'Por et moi devant ces étudiants en quatrième année de médecine, parce que s'ils savent quelque chose, ce sera connu dans tout l'hôpital aussi.
— Ce sera bientôt la cérémonie du centième jour. Vous, les gars de première année, préparez un spectacle, d'accord ?
— Oh...bien. Compris, P'.
— Tu es le chef de l'équipe, Tawan. Et s'il vous plaît, gagnez des prix ! Notre département médical n'a rien gagné depuis des années. Ces fous de l'ortho aiment envoyer des beaux mecs à moitié nus sur scène pour interpréter des Likay et s'accaparent toujours le prix. — Ah ok, P'.
Moi ? Le chef ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Bien que j'aie participé aux activités événementielles de l'université, j'étais dans l'unité de bien-être, si vous voyez ce que je veux dire. Je n'ai jamais rien fait qui nécessite de la créativité, bon sang !
— Mais cette année, notre département médical compte de nombreux superbes canons.
Sa voix est pleine d'espoir et de satisfaction.
— Nous devons gagner des prix. Avant de terminer mon internat, nous devons obtenir un prix "Got Talent" au moins une fois. J'ai confiance en toi, Tawan.
Elle conclut et retourne vers l'autre secteur.
Ah oui, bien sûr. Le temps passe vite. C'est déjà le quatrième mois de notre vie en internat de spécialité. Après avoir passé les cent premiers jours, on sera sur la brèche. Car le début est l'étape la plus dangereuse et la plus intimidante du voyage, où la plupart des gens se découragent et abandonnent leurs études.
Le passage d'un médecin interne généraliste, qui fait de la médecine générale, à un médecin interne (également appelé "résident" ou "dent"), qui est à nouveau considéré comme un étudiant, implique une adaptation considérable.
Tout change dans le travail, la charge de travail augmente, les soins aux patients sont plus difficiles et les cas sont plus compliqués. De plus, il y a une tonne d'obligations académiques comme prendre des cours, écrire des articles sur des sujets particuliers et assister à des conférences de cas dans le département, en dehors du département, loin de l'hôpital ou dans une autre province. Et parfois, nous organisons même des conférences de cas internationales. Je pense que nous aurons également une conférence avec d'autres planètes si cela devient possible à l'avenir. C'est un menu complet tellement énorme, plus chaud et plus grand que ceux des franchises de restauration rapide.
La charge de travail augmente considérablement, tandis que les salaires diminuent. En contrepartie, l'hôpital se réserve le droit de nous accorder un salaire inférieur pour que les internes puissent suivre leur formation sans avoir à payer les frais de scolarité. Le salaire de la rotation des gardes est également plus bas, alors que celles-ci sont beaucoup plus mouvementées et laborieuses.
Il est donc courant que les internes se sentent comme un poisson en état de choc après un changement d'eau immédiat et décident d'abandonner la formation spécialisée pour redevenir médecins généralistes. Certains d'entre eux se réorientent vers des cours de courte durée et l'ouverture d'une clinique dermatologique, une voie commune, tandis que d'autres sont tellement désemparés qu'ils abandonnent complètement la médecine et adoptent une autre profession.
C'est pourquoi, après cent jours, la faculté et l'hôpital organiseront une fête de bienvenue comme pour nous féliciter d'être assez résistants pour survivre plus de trois mois. C'est aussi pour nous encourager à rester jusqu'à ce que nous ayons terminé nos études et que nous devenions des spécialistes à part entière.
Mais s'il ne s'agit que d'une fête ordinaire avec un festin... ce ne sera pas grandiose.
C'est la raison pour laquelle nous participons également à un concours "Got Talent".
Chaque division et chaque département doit présenter une représentation scénique des résidents de première année qui viennent de passer cent jours (également épuisés et ayant un besoin urgent de repos). Ils doivent produire un spectacle impressionnant et se mesurer à d'autres équipes sur la scène. Les gagnants recevront des récompenses telles que l'équipement nécessaire pour meubler et améliorer la qualité de la salle de repos du département au sein du service.
Normalement, les gagnants reçoivent soit un écran géant de télévision, un réfrigérateur, un lit superposé, un combiné laveuse-sécheuse, un cuiseur à riz électrique, une poêle électrique ou une console de jeu ( j'ai entendu dire qu'il y avait une PS4 Pro cette année). Les prix de consolation sont pour la plupart cinq boîtes de nouilles instantanées, des œufs frais, du riz concassé non cuit, des sardines en conserve et des aliments secs. (Mince, est-ce la salle de repos du médecin ou la salle des dons pour les secours en cas de catastrophe ?) Parfois, il y a aussi des collations, pour garantir que les internes ne mourront jamais de faim pendant leur service sans avoir le temps de faire une pause.
Nous, le peuple -oops !-, je veux dire les médecins du département médical, nous recevons des nouilles et des œufs instantanés depuis plusieurs années. Je sympathise en partie avec P'Nok, car ce n'est pas seulement une question de nourriture et de survie, mais aussi de dignité. En outre, le réfrigérateur de notre salle de repos semble ne plus pouvoir rester froid maintenant, il commence à émettre une odeur particulière.
D'accord ! Si cette année nous ne pouvons pas gagner une console de jeu ou une télévision, nous devons au moins nous procurer un nouveau réfrigérateur.
Le problème, c'est que... je dois présenter un spectacle.
Et je dois diriger.
Mais qu'est-ce que je vais faire ?
Oh, hmm... En fait, j'ai déjà été dans ce genre de situation.
……….. "Heyyyyyyy ! Not, attends !"
À bout de souffle, j'ai couru après Not qui sortait de la salle de réunion des activités d’intégration quand la réunion des étudiants en médecine de première année s'est terminée.
— Quoi de neuf, Tawan ?
— Euh... eh bien, en tant que première année, nous devons présenter un spectacle à la fête de bienvenue des étudiants de première année.
J'ai répondu, toujours en haletant et en soufflant. Traditionnellement, pour conclure pleinement les activités d’intégration, les nouveaux doivent jouer un spectacle pour les seniors de seconde à la sixième année, en signe de gratitude pour nous avoir accueillis. Ils nous prendront ensuite sous leurs ailes, assortis en petits groupes appelés "ligne de parrainage", et nous offriront des cadeaux de bienvenue. Certains ont même dit que la faveur des seniors dépendait entièrement de l'accueil réservé à notre spectacle. Pire encore, la rumeur disait que certains étudiants de première année ne s'inscrivaient pas dans une ligne de parrainage car les seniors les rejetaient parce qu'ils présentaient une horrible pièce de théâtre.
— Je le sais déjà. Et alors ?
Not a eu la vie facile et n'a pas été pris dans ce pétrin. Il a été élu cheerleader de la faculté de médecine, il n'a donc pas participé à la pièce de théâtre des étudiants de première année. Il n'y était pas obligé.
— Tu vois... Ils m'ont choisi comme chef, pour produire la pièce.
Et pourquoi une si grande responsabilité doit-elle me retomber dessus ? Laissez-moi vous expliquer brièvement, quand je suis entré à la faculté de médecine, mon score en langue thaïlandaise était à la première place du classement du pays pour cette année-là. Beaucoup de mes pairs le savent et ils ont automatiquement supposé que j'étais aussi doué en vocabulaire et en littérature, peut-être ? Ils ont donc mis sur mes épaules le fardeau de la production et de l'écriture du scénario.
— Et je répète, et alors, Tawan ?
Not n'avait toujours pas compris le sens de mon problème.
— Je ne sais foutrement pas comment faire.
— Quoi ? Alors comment se fait-il qu'ils t'aient choisi comme chef ?
— Comment je pourrais le savoir ? Oh, non. Mon Dieu ! Je dois présenter l'idée bientôt. En plus, il y a un test de chimie organique demain. Je dois me dépêcher de rentrer et de réviser. Que dois-je faire, Not ? Que dois-je faire ? Je suis seulement venu ici pour étudier. Je ne suis pas prêt à jouer une foutue pièce.
— Voyons voir... Et si je t'aidais à le faire ?
Not a suggéré avec désinvolture. Cela semblait aussi banal que de me dire de m'asseoir et d'attendre pendant qu'il allait m'acheter un repas à la cafétéria, comme si ce n'était pas grand chose, comme si ce n'était rien du tout.
— Ehhh !? Est-ce que ça ira ?
Honnêtement, je lui ai couru après parce que je pensais qu'il pouvait m'aider.
— J’ai produit une pièce de théâtre quand j'étais au lycée. C'est du gâteau.
Son sourire m'a un peu calmé les nerfs, cependant…
— Mais tu dois prendre le rôle du personnage masculin.
Oh, mon Dieu ! ...Je le savais.
……….. Le flashback de la première année me submerge après avoir terminé le tour du service.
À l'époque, nous avions réussi avec brio. Pas grâce à moi, mais grâce à Not. Il avait dit que les seniors de quatrième, cinquième et sixième années étaient les juges les plus importants. Et pour autant qu'il sache, beaucoup d'entre eux étaient des fans de yaoi.
Par conséquent, avait-il dit, nous ferions mieux de produire une pièce sur Hyacinthe parce qu'ils seraient à fond dedans et nous favoriseraient sans aucun doute.
Bien sûr, il fallait que je sois Hyacinthe, alors que Not était Hadès et que nos deux beaux amis jouaient les rôles d'Apollon et de Zéphyr. Comme prévu, les élèves de quatrième, cinquième et sixième année ont hurlé à pleins poumons dans la salle. Surtout quand Apollon et Hyacinthe se regardaient amoureusement et quand Hyacinthe était mort dans les bras d'Apollon.
Oh...Ou peut-être devrais-je demander à Not de m'aider à nouveau pour la fête du centenaire.
Mais maintenant les circonstances ont changé. À l'époque, il était Not. Maintenant, c'est Nadia, qui est aussi un médecin du département de pédiatrie. Alors que je suis du département de médecine interne. Pour dire les choses simplement, nous sommes des concurrents dans le concours. Pourquoi devrait-il faire tout son possible pour m'aider ?
Mais je ne le saurai pas si je n'essaie pas…
A midi et demi, je croise les doigts et j'appelle Not - oups - Nadia, en espérant qu'il soit libre pour que je puisse l'inviter à déjeuner et le supplier de m'aider au milieu du repas.
Le téléphone sonne plusieurs fois avant que Nadia ne décroche.
— Quoi de neuf, Tawan ?
— Es-tu libre ? Allons déjeuner.
— Oh oui, je viens tout juste de prendre ma pause. On se voit dans le hall de l'ascenseur au premier étage.
En quinze minutes, la table de la cafétéria que nous avons revendiquée est maintenant pleine de nourriture. Il fallait s'y attendre, car nous sommes tous les deux affamés. Normalement, nous ne prenons pas de petit déjeuner mais un café, comme je l'ai dit. À présent, nos estomacs commencent à chanter une chanson électronique. Parfois, la quantité de nourriture que nous commandons dépend de la complexité de la chanson. Ce n'est pas tout à fait rationnel, je sais. Et je crois de tout cœur que nous ne pouvons pas finir tous les plats que nous avons. Mais peu importe, ils sont déjà là.
— Que va montrer ton département pour la fête du centième jour ?
Il s'avère que Nadia aborde le sujet sans avoir besoin que je l'y pousse.
— Je ne sais pas encore... Le problème, c'est que je dois le produire.
Je tends ma cuillère vers le croupion du poulet sur l'assiette de poulet grillé et je le prends parce que je sais que Nadia ne mange pas cette partie alors que j'adore ça. Chaque fois que nous allons manger du riz gluant, du poulet grillé et de la salade de papaye, c'est moi qui me débarrasse du croupion de poulet. Nadia avait l'habitude de dire que nous sommes destinés à être les meilleurs amis à cause de la théorie du croupion de poulet - nous ne nous battons pas pour ça, ni pour aucun autre aliment.
— Aha, tu as déjà une idée ?
— Aucune idée du tout... Peux-tu aider ?
— Bien sûr, mais il faudra que ce soit le soir, je réfléchirai avec toi.
— Huh... Vraiment ? Et pour ton département ?
— Ouais, il y a une personne ambitieuse, tu sais, du genre Lolita malgré moi. Elle veut être en charge, donner des ordres. Et je suis du genre trop paresseuse pour cette merde. Alors laissons la, laissons la diriger. C'est une bonne chose que tu aies demandé. Je préfère aider le service de médecine interne. Gagnons contre mon département.
Je mets des morceaux de crabe du plat de salade de papaye au crabe salé dans l'assiette de Nadia. Nadia adore ces morceaux de crabes salés et marinés. Je les aime aussi, mais comme Nadia m'a laissé le croupion du poulet, je devrais lui laisser les crabes.
— Quelle chance ! Tu n'as pas à aider ton département, et maintenant je peux te recruter à mes côtés. Quelle coïncidence !
— Ce n'est pas une coïncidence. Je pense que l'univers avait arrangé ça. Chacun d'entre nous est bien surveillé par l'univers. Si nous ne sommes pas faits pour une chose, alors nous sommes faits pour une autre. Je n'ai pas besoin d'aider mon propre département avec la pièce parce que l'univers sait que tu auras besoin de mon aide.
Je souris…
— Merci, Not - oups - Nadia.
Il me grogne dessus.
— C'est normal de glisser, mais pas trop souvent, je t'ai dit que le nom "Not" est mauvais signe, je ne trouverai pas de mec. Souviens-toi. Je. Suis. Nadia.
Je ris.
— Okayyyy, Nadia.
C'est comme le croupion du poulet, qu'il ne mange pas mais que je mange.
Comme le crabe mariné, que j'aime bien mais qu'il aime encore plus.
Et je lui laisse le crabe, parce que j'ai déjà mâché le cul du poulet.
Nous deux, nous tous, nous sommes pris en charge par l'univers.
Si ce n'est pas pour une chose, alors pour une autre. L'univers va trouver un moyen pour nous.
Comme la façon dont je suis devenu ami avec Nadia.
Oh, c'est vrai... j'avais oublié.
Ce soir, je vais devoir rester et parler de la pièce avec Nadia.
Donc je vais rejoindre mon chéri assez tard dans la nuit…
Je ferais mieux de l'appeler pour le mettre au courant.
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 4 Mork — Hé, Ar. Je peux te demander quelque chose ?
Je descends les escaliers du deuxième étage et je trouve Ar préparant le petit déjeuner dans la cuisine. J'aide à mettre la table et à distribuer le riz bouilli dans trois bols, pour lui, mon Loong et moi-même, tout en profitant de l'occasion pour lui demander quelque chose qui m'a trotté dans la tête toute la nuit.
— Qu'est-ce que c'est ? Et pourquoi diable n'es-tu pas au travail ? N'es-tu pas en retard à ton travail à la station ? Je pensais que tu étais déjà parti il y a longtemps !
Il se retourne et coupe grossièrement des feuilles de céleri pour assaisonner le riz bouilli pour Loong et pour lui-même. Pas pour moi, parce qu'il sait que je n'aime pas ça et que je vais sûrement le prendre et le jeter. Non pas que je n'aime pas les légumes, en fait. Je peux manger tous les légumes, sauf ceux qui sont aromatiques.Ils me semblent bizarres dans la bouche.
— C'est bon, Ar. Ce matin, P'Fueang s'occupe de ma queue parce qu'hier il m'a fait faire la sienne dans la soirée.
Je m'assieds à la table et je commence à manger le riz bouilli avec le porc émincé. Il y a beaucoup de riz et très peu de porc émincé, mais je ne sais pas pourquoi c'est si délicieux. Ar est vraiment doué pour la cuisine.
— Oh je vois. Et que voulais-tu demander ?
Il s'assied de l'autre côté de la table et commence à manger lui aussi. J'ai entendu de fortes éclaboussures d'eau frapper le sol depuis la salle de bains à l'arrière de la maison. Ce qui veut dire que Loong doit faire une toilette à la thaïlandaise. Ok, tant mieux. Ce serait un peu gênant et embarrassant de parler de ça quand les deux sont présents. Il semble plus facile de demander à Ar quand nous sommes seuls.
— Eh bien, euh...je, eh bien…
Je continue à bégayer mon euh et bien et il commence à froncer les sourcils.
— Nous avons déjà beaucoup d'eau, nous n'avons pas besoin de plus de puits de ta part. Crache le morceau, parce que je partirai quand j'aurai fini de manger.
— D'accord, d'accord. Zut ! Euh, à propos de toi et Loong. Je veux dire quand vous les gars, euh, bien...à l'époque, comment ça se passait pour vous ?
Une fois que j'ai fini mes phrases, il arrête brusquement de mettre de la nourriture dans sa bouche.
— Pourquoi veux-tu savoir soudainement ? Tout va bien, Mork ?
— Eh bien, euh, hier j'ai déposé un passager à une résidence pour son rendez-vous.
Si je ne sais pas comment construire ma question, alors je vais simplement lui expliquer dès le début, pour qu'il puisse comprendre ce que je veux savoir. Et peut-être que lui raconter l'histoire me fera réaliser ce que je veux demander.
— Oui, et puis ? me demande-t-il.
— Et quand je suis arrivé à l'appartement, son rendez-vous l'attendait.
— Et pourquoi ton passager et son rendez-vous t'ont donné envie de poser des questions sur ton oncle et moi ?
— Parce que…
Zut ! Pourquoi est-ce si difficile de le dire tout haut ?
— Parce que quoi, idiot ?
Cette fois, la question n'est pas de Ar, mais de mon Loong, qui vient de finir de se laver. Il entre dans la pièce vêtu d'un short et un pagne thaïlandais jeté par-dessus son épaule.
— Je t'entends depuis un moment. C'est beaucoup de euh et de bien. Et à propos de ce passager ? Pourquoi es-tu troublé et bégayant ?
Finissant la phrase, il s'assied à côté de l'autre oncle et commence à creuser tout en me regardant avec un regard déterminé pour me faire parler.
Bien joué, Mork, espèce d'idiot ! Quand il y avait juste Ar ici avec moi, soi-disant un contexte plus facile, je n'ai pas réussi à le dire. J'ai pris trop de temps, maintenant Loong a déjà fini sa toilette, ce qui rend les choses encore plus difficiles. Oh, pauvre de moi ! Mais ça va me tracasser toute la journée si je n'ai pas de réponse.
— Eh bien, son rendez-vous était un mec.
Finalement, la phrase clé sort, l'image qui m'a intriguée toute la nuit.
— Et alors ?
On dirait que ça ne cloche pas pour mon oncle, il ne lève même pas les yeux de son bol de riz en demandant.
— Mon passager était aussi un gars, tu sais.
— Et quel est le problème avec ça ? Un gars et un gars, qu'est-ce qu'il y a d'étrange là-dedans ? On appelle ça un gay. Ils sont très répandus partout maintenant, même les séries télé en ont. Qui est de l'ancienne génération maintenant, toi ou moi ? Pourquoi ton point de vue est-il dépassé ?
— Non, Loong, je veux dire que ce passager ressemble à n'importe quel autre homme. Il n'a pas l'air différent, juste normal. Il n'a pas l'air efféminé, efféminé comme une mauviette, ou délicat. C'est un homme ordinaire comme tous les autres hommes, sauf peut-être sa jeune apparence.
— Et qu'est-ce qui te perturbe ?
Cette fois, c'est Ar qui m'interroge.
— Eh...Pour un couple gay, l'un est l'homme et l'autre prend le rôle de la femme, n'est-ce pas ? Comme si c'était…
Je ne peux pas aller plus loin, je ne sais pas quoi dire ensuite. J'ai l'impression que ma curiosité se heurte à l'embarras de le dire tout haut. C'est comme si vous étiez à une intersection sans feu de circulation, et que la réalité est un agent de la circulation qui donne un coup de sifflet, signalant aux véhicules qui arrivent de tous les côtés de s'arrêter.
— Hé, Mork. Est-ce que j'ai l'air féminin pour toi ?
Ar pose sa cuillère et demande après avoir fini son plat.
— Non. Pas du tout.
Je secoue la tête. Bien qu'il soit rasé de près, rien dans son apparence, ni dans son visage ni dans son corps, ne semble féminin. Rien du tout. Peut-être parce qu'il travaille dans un atelier de réparation de motos, ce qui demande beaucoup de travail physique, son corps est toujours tonique malgré son âge. Mon véritable oncle est pareil. Ils sont tous les deux musclés. Je ne peux pas dire que Ar a l'air efféminé.
— D'accord... je n'ai pas l'air féminin, mais tu sais très bien que je suis la femme de ton oncle, pour parler crûment.
Pour finir, il se lève de son siège et rit, me donnant un coup, doux mais ferme, sur la tête, la faisant bouger légèrement. Il marche vers le réfrigérateur et prend une bouteille d'eau, avant de se diriger vers la table à manger.
— C'est vrai, c'est mon mari, mon homme. Et est-ce qu'une quelconque partie de moi te semble féminine ? Sinon, quelle est la différence avec ton passager ?
— Oh... ouais. C'est vrai…
Au moment de l'impact, je prends conscience. Il a raison. Au départ, je voulais lui demander parce que je sais qu'il est le conjoint de mon oncle et que, par conséquent, il devrait pouvoir satisfaire ma curiosité sur le sujet. J'ai toujours su que c'était un couple homosexuel. Mais j'étais aveugle à l'évidence qu'aucun des deux n'a l'air efféminé.
Si Ar, qui n'est pas du tout féminin, peut être le chéri de mon Loong, alors pourquoi ce passager super curieux ne peut-il pas être le chéri de ce type ? Je ne sais pas si c'est la réponse de Ar ou l'impact qui me l'a fait apparaître aussi clairement.
— Cela a-t-il satisfait ta curiosité ? demande mon oncle.
— Oui, Loong... Ça l'a fait.
— Alors, file au travail ! Va conduire ta moto taxi. Moi et mon chéri, on doit aussi commencer à ouvrir le garage pour les affaires. Je n'arrive pas à y croire ! J'ai élevé une personne ou un buffle ? Quel idiot !
Je me lève de table et je lui lance un regard espiègle.
— Si ton neveu est un buffle, alors, est-ce que ça veut dire que tu en es un aussi ?
— Mork, petit con ! Tu veux que je te botte le cul ce matin comme une offrande au soleil ?
Il est furieux et me crie dessus, mais je sais qu'il n'est pas en colère. Les cris et les plaisanteries sont la façon dont nous montrons notre affection dans notre famille, un foyer de trois personnes, Loong, Ar et moi.
………..
Bien…
Loong, l'oncle, est le frère aîné de ma mère.
Mais Ar n'est pas le frère cadet de mon père.
Ou... pour être plus précis, c'est la femme de Loong.
Pour autant que je sache... Ils sont ensemble depuis qu'ils sont plus jeunes.
Ils étaient auparavant un senior et un junior dans la même université. Loong a terminé sa formation professionnelle au lycée, et Ar a terminé la sienne. Ensuite, ils ont déménagé à Bangkok pour chercher du travail ensemble. Ils ont partagé une chambre à louer afin de faire des économies.
Résider ensemble s'est finalement transformé en vivre ensemble.
Et ils sont ensemble depuis.
Loong a dit qu'il n'aimait pas quand ils travaillaient dans des endroits différents et avaient des horaires de travail différents. Ainsi, après avoir travaillé séparément pendant près de dix ans, ils ont investi une grosse somme d'argent dans la location d'un magasin et l'ouverture d'un atelier de réparation de motos. Le garage s'appuyait principalement sur les activités des chauffeurs de motos-taxis de la région. ( C'est un autre mystère. Loong a étudié la mécanique et Ar l'électronique, donc aucun d'entre eux n'avait de certificat en mécanique automobile. Pourtant, ils pouvaient démarrer et entretenir un garage). Et c'est ainsi que P'Fueang a fait connaissance avec mes oncles.
Au bout d'un certain temps, ils ont eu un montant d'épargne décent. Loong a donc décidé d'acheter deux unités du shophouse qu'ils louaient, transformant le rez-de-chaussée en atelier de réparation de motos, qui vend également des pièces détachées pour motos, tandis que le deuxième étage est devenu leur résidence. Plus tard, quand j'ai déménagé à Bangkok avec Fern, ils m'ont laissé le troisième étage, disant qu'ils étaient trop paresseux pour monter les escaliers et en faire usage.
En fait, la relation entre Loong et Ar n'est pas connue de moi seul. Les employés de leur garage sont également au courant. Tout le monde le sait, y compris les gens du quartier. Ils savent tous que mes deux oncles vivent ensemble en tant que conjoints depuis longtemps.
Loong était un sacré tombeur dans sa jeunesse... Il me l'a dit lui-même.
Il m'a dit qu'avant qu'il ne commence à fréquenter Ar, il y avait tellement de femmes dans sa vie. Comme c'est un gars du Sud, avec un visage bronzé et bien dessiné et un corps bien bâti grâce à son travail dans la scierie d'à côté, il était naturel que les femmes soient attirées par lui.
Et en fait, Ar n'était pas très différent.
Dès qu'ils ont commencé à se fréquenter, Ar a cessé de flirter. Alors que mon Loong a mis deux ans, après avoir commencé cette relation, à arrêter cette habitude.
Loong m'a dit qu'il a fait pleurer Ar plusieurs fois. (Franchement, je ne peux pas l'imaginer en train de pleurer. Je ne l'ai jamais vu pleurer, donc c'est au-delà de mon imagination). Il y a même eu des moments où ils ont failli se séparer.
Mais au final, ils sont toujours ensemble, contre vents et marées. Mon oncle m'a dit qu'il avait compris dès le début que ce type était celui qu'il lui fallait, celui qui serait son compagnon, son partenaire de vie, jusqu'à ce que la mort les sépare. S'il y avait un problème, alors ils devaient le résoudre, et pas seulement fuir le problème et laisser tout finir.
Pour que deux personnes restent ensemble, cela dépend de nombreux facteurs.
Et vous devez traverser beaucoup de choses ensemble.
…………
Je me souviens d'une occasion particulière où j'ai parlé avec mon oncle.
— Mais pour toi et Fern, c'est différent.
Il m'a dit cela quelques semaines après que j'ai rompu avec Fern.
— Quelle différence, Loong ?
— Je n'arrive pas à le lire. Je n'ai pas pu voir.
— Ne pouvais pas voir quoi ? Tu l'as trop résumé, comment pourrais-je comprendre ?
— Je ne voyais pas la complicité qui vous ferait vieillir ensemble. Franchement, je ne voyais pas comment vous pourriez devenir partenaires pour la vie. Je I'ai su dès la première fois que tu nous l'as présentée à moi et à Ar. Je lui avais même dit que vous vous sépareriez un jour.
J'ai écouté en silence le point de vue qu'il partageait avec moi à travers la perspective d'un adulte.
— Pour qu'un couple reste et vieillisse ensemble, il faut plus que de l'amour et de la compassion. J'ai entendu une chanson que mes travailleurs écoutaient et qui disait que les amoureux doivent être compatissants l'un envers l'autre. Arrgh ! Je voulais lancer une bougie d'allumage contre leur radio. J'ai été avec Ar pendant plus de dix ans, si les seules choses que nous avions étaient l'amour et la compassion, nous aurions pris des chemins séparés il y a longtemps.
— Et de quoi d'autre avons-nous besoin ?
Honnêtement, à l'époque, je ne voulais pas savoir. La question est automatiquement sortie de ma bouche.
— Je ne peux pas le dire non plus. Je sais seulement qu'il faut plus de facteurs, pas seulement de l'amour et de la compassion.
Depuis, je le garde à l'esprit.
Pour rester ensemble contre vents et marées, l'amour et la compassion ne suffiront pas.
………..
Ma mère ne parle pas de ça.
Je veux dire, de Loong et Ar.
En fait, ma mère parle un peu d'eux, alors que ses parents font comme si leur fils aîné était déjà parti. Ils ne parlaient et ne posaient pas de questions à son sujet. Ils ne posaient presque jamais les yeux sur lui quand il rentrait chez lui pour une visite.
Quand j'étais jeune, ma mère m'a dit qu'ils étaient des amis qui partageaient une maison à Bangkok. Je ne savais pas ce que cela signifiait à l'époque. Je trouvais ça tellement cool que des adultes puissent choisir de partager une maison avec des amis. J'étais comme "Ohh, c'est super ! Je suis jaloux que vous puissiez rester dans la même maison !"
Vous comprenez ce que je veux dire ? Quand nous étions enfants, nous voulions tout le temps jouer avec nos amis, c'est vrai, mais quand l'école se terminait le soir, nous devions rentrer à la maison et rester avec nos parents et le frère ou la sœur avec qui, dans certains cas, nous nous disputions souvent. L'idée que les adultes puissent choisir leurs propres amis avec qui partager la maison me plaisait vraiment et je trouvais que Loong et Ar étaient super cool.
Devant grand-père et grand-mère, maman ne parlait pas de mon oncle. Évidemment, pendant les vacances de Songkran, lorsque Loong et Ar rendaient régulièrement visite à leurs familles dans leur ville natale, ils devaient tous les deux passer la nuit chez Ar au lieu de rester dans la maison de mes grands-parents ( qui était aussi la mienne). Et pendant sa visite, il passait toujours son temps avec ma mère et moi, mais jamais avec mes grands-parents.
Le jeune moi le voyait, mais ne se posait jamais de questions à ce sujet. C'est peut-être à cause de l'innocence de l'enfance que nous ne remarquons pas souvent l'éléphant dans la pièce. Plus important encore, nous n'avions même pas le sentiment que cela aurait dû être un problème. Parfois, j'aurais aimé pouvoir retrouver aussi mon point de vue d'enfant.
En grandissant, j'ai fini par apprendre que leur relation n'était pas exactement qu'une simple amitié.
Ce n'était pas entièrement faux. Ils étaient quand même amis. Mais il y avait aussi quelque chose d'autre entre eux, un statut qui n'a pas besoin d'être expliqué. Et je l'ai automatiquement reconnu et compris.
C'est pourquoi la relation homosexuelle entre mes deux oncles a fait partie de mon enfance. Je considère Ar comme un de mes proches, un parent plus âgé. Parfois, j'ai même oublié qu'ils étaient en fait des conjoints et qu'Ar n'était lié à mon sang d'aucune façon.
Comme c'est devenu si naturel pour moi que je n'en suis plus conscient, j'ai été surpris de remarquer ce passager et son homme.
………..
Le soir, à la station de taxis-motos, j'ai du temps libre et je vais à la rencontre de P'Fueang, qui vient de perdre une partie d'échecs et qui est contraint de quitter son siège pendant que les autres joueurs s'affrontent. J'évoque immédiatement ce qui me tracasse encore.
— Hé, P'Fueang.
— Yo, quoi de neuf, Mork. Tu vas jouer à cette merde contre moi ?
— Nan, mon frère. J'ai une question.
Je baisse la voix bien que ce ne soit pas nécessaire car tout le monde est concentré sur le nouveau match d'échecs. Personne ne se soucie de ma conversation avec P'Fueang.
— Eh bien... Qu'est-ce que Miss Ai...euh, qu'est-ce qu'elle est pour toi ?
— Huhhhhh ? Bon sang. C'est ma petite amie, ou tu peux dire qu'elle est ma femme, juste sans le certificat de mariage. Qu'est-ce que tu as avec tes questions bizarres ? Hein, Mork ?
— Euh, eh bien, Mlle Ai est une…
Je baisse involontairement le regard. J'ai un peu honte de dire le mot devant P'Fueang parce que c'est son petit ami, même si c'est un fait. Alors je l'omets et je laisse ma phrase se remplir du mot non dit qui doit se trouver à la fin.
— C'est une transsexuelle. Tu peux le dire, bon sang. C'est un fait. Je ne serai pas offensé.
Il le dit d'une manière très concrète, comme si ça n'avait aucune signification émotionnelle pour lui. Je ne sais pas ce qu'il ressent vraiment, mais quand je le regarde à nouveau, il semble ne pas être affecté. Il a une expression et un ton de voix neutres.
Je ne suis peut-être pas le seul à avoir posé des questions ou fait des commentaires sur sa petite amie et sur le fait qu'elle soit transsexuelle.
Peut-être qu'il est déjà beaucoup passé par là.
— Bien qu'elle soit transsexuelle, tu l'aimes quand même ?
— Bon sang ? C'est idiot, crétin. Si je ne l'aime pas, pourquoi je l'appelle ma femme et pourquoi je la prends et la dépose à l'école de langue tous les jours ? Tu ferais mieux de lui demander si elle m'aime. Tu sais, une personne comme elle avec moi qui ne suis qu’un chauffeur de moto taxi.
— Bahhhhh, qui diable a besoin de demander ça ? C'est évident, elle est folle de toi.
— Alors, je suis l'homme le plus chanceux du monde, parce que la personne que j'aime m'aime tellement !
Il dit et, souriant d'une oreille à l'autre, marche en direction de la glacière commune de la station et prend deux canettes de café avant de m'en jeter une. Il prend ensuite une gorgée de sa propre canette.
— Tiens, prends-en une ! C'est pour moi.
— Merci, mec.
Je l'attrape et lui fais un salut thaïlandais.
— C'est ton genre ? Je veux dire, les transsexuels.
P'Fueang arrête de boire son café et fronce les sourcils vers moi.
— Mec, pourquoi t'es si bizarre aujourd'hui ? Pourquoi tu demandes ? Tu m'as vu sortir avec Ai pendant un long moment.
Comment ça, longtemps ? Cela fait seulement un mois ou deux, n'est-ce pas ? Euh, je ne le contredit pas à voix haute, parce que son café en boîte est toujours entre mes mains et je me sens obligé de lui rendre la pareille en surveillant un peu plus ma grande gueule.
— Eh bien...je suis juste curieux. Je me demande si l'amour entre deux hommes peut vraiment durer longtemps.
— Quoi...Regarde tes deux oncles. Ils sont ensemble depuis des décennies. Pourquoi diable tu me demandes ça ? Va leur demander.
— C'est différent, mec ! C'est une vieille histoire, mais la tienne est récente. Je pense que les couples d'autrefois ne sont pas les mêmes que ceux d'aujourd'hui. Ils ne peuvent pas être évalués selon les mêmes critères. C'est pourquoi je te le demande.
— Selon moi... Ce n'est pas un amour entre deux gars, c'est un amour entre deux personnes.
P'Fueang prend la dernière gorgée de café de sa canette et la jette directement à la poubelle avec une précision déconcertante.
— Miss Ai n'est qu'une personne. Je le suis aussi. Nous sommes deux personnes qui s'aiment, pas deux hommes. Et franchement, pour moi, Ai est une femme.
— C'est parce que son apparence est celle d'une femme, argumenté-je.
— Oui, c'est vrai. Je ne sais pas si je serais quand même tombé amoureux d'elle si elle ne s'habillait pas comme une femme. Je ne peux pas dire ce truc comme dans les feuilletons à l'eau de rose que je l'aimerais peu importe son apparence.
Il regarde l'heure... Il est presque cinq heures du soir.
— Je vais aller la chercher.
Je souris et je hoche la tête.
— Je pense que même si Miss Ai ne s'habillait pas comme une femme, tu tomberais quand même amoureux d'elle un jour.
Il hoche la tête avant de mettre son casque.
— Le genre est une illusion, Mork. Ils peuvent être différents à l'extérieur, mais à l'intérieur, ils sont tout aussi chauds.
— Merde, mec ! T’es un pervers !
— Je voulais dire le coeur, C-O-E-U-R. Espèce de singe !!! C'est toi le pervers.Tu es resté trop longtemps sans femme et tu te sens refoulé, n'est-ce pas ? Là-bas, la vendeuse de salade de papaye qui te drague, sois gentil et donne-lui en un peu.
Je secoue la tête à la hâte.
— Nahhhh, mon frère. Je ne veux pas d'obligation.
Il hausse les épaules.
— Je ne parle pas d'une épouse. Je voulais dire juste coucher avec elle quelques fois. Pas besoin d'aimer ou de s'engager.
— Hé, hé, hé, mec. Laisse-moi te demander une dernière chose.
— Mec, Mork, quoi encore ? Demande vite avant que j'aille chercher ma femme. — Quand tu le fais, tu peux te mettre dans l'ambiance, non ? Eh bien, je veux dire comme, tu, euh…
Euh... Tu sais ce que je veux dire, non ?
Les mots non prononcés dans ma question.
— Quand c'est le moment, oui, bien sûr. Je dirais que le sexe est fluide. Quand tu y es, tu es prêt à tout.
— Donc tu veux dire que quand je le fais, peut-être que je serai à l'aise avec un homme aussi ?
— Ces choses-là, tu dois les essayer toi-même. Je ne peux pas parler pour toi, mec.
Et il s'en va, me laissant seul pour chercher la réponse…
Oh, attendez...Il n'est que 17h mais notre file d'attente doit durer jusqu'à 21h. En plus, aujourd'hui c'est son tour de faire des heures supplémentaires jusqu'à 22h. Mais il est déjà parti chercher sa femme, ce qui veut dire…
— Zut ! P'Fueang ! Reviens, bon sang ! Ne me laisse pas tomber comme ça ! Pas question !
……….
21:50
Il ne reste que dix minutes avant la fin de mon service.
Je commence à me préparer à rentrer chez moi, à plier et à mettre mon gilet d'uniforme dans mon sac et à vider la glace fondue de la glacière. Ensuite, je me prépare à fermer la porte pour la nuit, car il ne devrait pas y avoir de passagers pendant les dix dernières minutes du service.
— Hum... Vous n'êtes pas encore fermé, j'espère ?
Avant même que je puisse finir ma pensée, un passager l'interrompt. Il faut que j'arrête de prédire les choses et de me porter la poisse. Cela ne se passe jamais comme je le souhaite.
— Nous sommes fermés, mais je peux vous déposer. Je suis sur le point de partir.
Je me retourne pour répondre... Oh ? C'est le monstre au physique curieux avec le casque branlant. (C'est le surnom que je lui ai donné)
— Oh, c'est toi…
— Oui, c'est encore moi. A la résidence Baan Klang Soi, s'il vous plaît.
— Oui, monsieur, monsieurrr.
Je lui tends le casque.
— Une main sur la barre, l'autre main autour de mon épaule comme la dernière fois.
— Je sais.
J'attends qu'il monte sur le siège arrière et enroule son bras autour du mien avant de démarrer le moteur.
— Vous rentrez tard ce soir.
— J'ai quitté le travail tard. Journée chargée.
Je hoche la tête.
— Je vois. Telle est la vie d'un médecin.
— Eh... Comment savez-vous que je suis médecin ? demande-t-il.
— A cause de la courte veste blanche que vous portez.
— Ahh... Ça s'appelle une blouse courte.
— Ouais, ça. Votre blouse.
Je démarre doucement. Il est presque 22 heures maintenant. Et comme les bâtiments autour du début de cette rue sont principalement des bureaux, alors que ceux plus loin sont résidentiels, à cette heure de la journée il n'y a presque pas de circulation. Et ce soir, il n'y a que nous deux sur ma moto. Je prends donc mon temps en conduisant lentement et en discutant avec lui.
— Quel type de médecin êtes-vous ?
— Médecine interne.
Sa réponse me déconcerte et je ne sais pas quoi demander ensuite. Je ne connais que les termes "chirurgien", "ophtalmologue" et " médecin légiste".
— Nous nous occupons principalement des maladies qui nécessitent des médicaments. Des choses comme le diabète, les maladies cardiaques et les maladies rénales.
Il m'explique, peut-être parce qu'il a remarqué que je suis devenu silencieux.
— Ohh... Je pensais que les maladies cardiaques étaient purement chirurgicales. — Non, beaucoup d'entre elles sont guéries ou soulagées médicalement.
— Oh j'ai oublié. Je suis un conducteur de moto-taxi
— Hahaha ! C'est vrai. Je le sais. Vous plaisantez, n'est-ce pas ?
— Si vous riez, alors oui, je fais une blague, doc.
Nous arrivons devant la résidence de son petit ami, alors je gare ma moto. Comme d'habitude, il attend que j'éteigne le moteur avant de quitter son siège. Il me rend le casque en payant avec deux billets de vingt bahts.
Je fouille dans mes poches à la recherche d'une pièce de dix bahts pour lui rendre.
Il secoue la tête.
— Gardez la monnaie.
— Merci, Doc. Faites de beaux rêves cette nuit.
Je lui souris, mais il me fronce le nez.
— Première fois que j'entends un conducteur de moto-taxi dire de faire de beaux rêves à un passager, commente-t-il.
— Oh eh bien... C'est parce que vous êtes mon dernier passager pour la nuit. Il est déjà 22 heures. Considérez que c'est un service de première qualité, Doc, de vous déposer devant la résidence et de vous souhaiter de faire de beaux rêves. Normalement, je ne prends pas de passager aussi tard dans la nuit. Les affaires cessent généralement après neuf heures et demie.
— Alors... vous feriez mieux d'essayer de vous y habituer. On va souvent se croiser tard dans la nuit.
— Oui, monsieur, docteur. Je vais essayer de m'y habituer.
Quand je lui souris à nouveau, son nez retroussé descend et ses sourcils plissés commencent à se déployer. Puis ses lèvres commencent à se courber sur les coins pour me faire un sourire.
— Très bien, faites de beaux rêves aussi, M. le conducteur de moto-taxi.
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 5 Tawan — Fortune cookie ?
J'essaie de revérifier, en espérant avoir mal entendu.
— Ouais, c'est ça. Fortune Cookie, la chanson de BNK48.
Nadia le répète, en soulignant délibérément chaque syllabe. D'accord, je suis sûr d'avoir bien entendu cette fois. J'essaie de garder un visage sérieux tout en me tournant lentement pour regarder P'Nok qui est assise à côté de moi, en espérant la trouver peut-être en train de partager la même émotion.
Étonnamment, elle écoute attentivement la suggestion de Nadia.
— Euh...Y a-t-il un autre plan ? C'est la première option, n'est-ce pas ?
J'essaie de rejeter l'idée en demandant des alternatives. Restons optimistes. Peut-être que Nadia a préparé dix projets et celui-ci n'en est qu'un parmi d'autres.
— J'aime les filles de BNK. Mais les aimer et reprendre une de leurs chansons est complètement différent. Surtout quand il s'agit de se produire à la fête du 100ème jour, en s'habillant comme elles, par-dessus le marché. Je t'ai dit de m'aider à créer un spectacle pour la médecine interne, pas de créer un désastre !
Exact... Le spectacle pour le département de médecine interne que Nadia avait promis de m'aider à produire s'est avéré être une chorégraphie sur la chanson "Fortune Cookie" de BNK48. Nadia m'a dit qu'il avait besoin d'un peu de temps pour faire des recherches, puis il a disparu pendant trois jours, alors je m'attendais à ce qu'il trouve quelque chose de plus raisonnable.
— Il y a une raison à cela, Tawan.
Nadia insiste. Mais je fronce les sourcils. Y a-t-il une raison qui explique pourquoi je dois danser sur la chanson Fortune Cookie ?
— Mais quelle est cette foutue raison ? Dis-moi.
— Ok, écoute. Un spectacle doit avoir un thème. Il faut quelque chose qui soit un argument de vente.
Pendant ce temps, il sort son téléphone portable et lance l'application Keynote, en me montrant une série de diapositives de présentation qu'il avait si bien préparées. Le titre dit "Pourquoi vous devriez danser sur Fortune Cookie".
… Maintenant je sais, il a disparu pendant trois jours pour préparer cette présentation. Oh ma Nadiaaaaa !
Euh, il a déjà fait les diapositives, alors autant que je les regarde. Je veux savoir s'il y a vraiment une raison valable pour que mes pairs du département de médecine interne et moi-même présentions une reprise de danse de Fortune Cookie pour le concours des résidents pendant la fête du centenaire. Je me retourne et je regarde P'Nok. Elle écoute toujours attentivement.
— Un argument de vente doit être unique, car si vous n'êtes pas uniques, cela signifie que vous avez un rival.
Nadia commence avec la première diapositive, montrant dix points de couleurs dans dix couleurs différentes.
— Cette image a dix points en dix couleurs. Choisis-en un qui te plaît. P'Nok aussi, s'il te plaît, choisis-en un.
Nadia nous fait un signe de tête à tous les deux.
— Euh... Je choisis le bleu ciel.
Je fais un choix.
— Je choisis le rose.
P'Nok choisit un autre point.
— Pourquoi as-tu choisi le point bleu ciel, Tawan ? demande Nadia.
— Pourquoi, j'aime la couleur, bien sûr.
— Et j'aime le rose, donc j'ai choisi le rose.
Elle répond sans attendre la question de Nadia.
— Aha, ok. Maintenant regarde ça.
Nadia saute les deux diapositives suivantes et me montre une nouvelle page. Elle a l'air similaire, avec dix points mais seulement neuf couleurs. Il y a deux points bleus qui ont des nuances légèrement différentes.
L'un d'eux semble chaleureux, tandis que l'autre semble... plus solennel, je suppose.
— Maintenant, Tawan, lequel choisis-tu ?
— Hum…
Je m'arrête pour réfléchir.
— Celui qui est le plus sombre, je pense. Il a l'air plutôt solennel.
— Quand tu l'as choisi, comment as-tu pris ta décision ? demande Nadia.
— Eh bien... J'aime les couleurs bleues, mais il y avait deux nuances de bleu, alors je les ai comparées et j'ai choisi celle que j'aime le plus... Quelque chose comme ça. Quel est le rapport avec la reprise de Fortune Cookie ? Je suis tellement confus.
— Sois patient, j'essaie de t'expliquer.
Il retourne à la page des diapositives avec dix points de dix couleurs différentes.
— Quand il y a dix points de dix couleurs différentes, tu choisis généralement celui que tu aimes en une seule étape, non ?
Je lui fais un signe de tête en réponse.
— Mais quand il y a deux points bleus, ta décision doit se faire en deux étapes. D'abord, tu choisis la couleur que tu aimes, puis tu réfléchis entre les deux et tu choisis celle qui te plaît le plus.
Nadia pose son téléphone face contre terre.
— C'est la même chose avec les arguments de vente.
— Les décisions des juges ne portent pas sur une bonne performance, ils choisissent la performance qu'ils aiment. Et que cela leur plaise ou non, c'est l'argument de vente qui décide, et c'est au bon vouloir des juges qu'ils vous choisiront comme gagnant.
Je regarde P'Nok, qui acquiesce de la tête.
— Mais si votre spectacle a le même argument de vente que les autres départements, il y aura un deuxième tour de compétition dans l'esprit d'un juge. Et il peut être difficile de décider lequel est le meilleur, donc il n'y a aucune garantie de savoir qui va perdre ou gagner. Pourquoi risquerions-nous de passer par deux tours de jugement, alors que nous pouvons n'en faire qu'un seul ? Tout ce que nous avons à faire, c'est de présenter un argument de vente unique.
— Bien, je suis d'accord avec Nadia. Tu as très bien fait tes recherches.
P'Nok accompagne son commentaire d'un grand applaudissement. Honnêtement, Nadia a raison, et je suis d'accord. Mais au fond, je commence à m'inquiéter, parce que si le chef montre autant d'approbation, cela signifie que je vais devoir danser sur cette chanson Fortune Cookie dirigée par Nadia. Non, non, oh merde, non !
— Passons donc en revue les arguments de vente des autres départements.
Nadia ouvre à nouveau la présentation sur son téléphone et fait défiler à plusieurs reprises jusqu'à ce que le titre "Concurrents" apparaisse et que le premier sur la liste indique "Orthopédie" pour la chirurgie orthopédique.
— Les orthopédistes vendent leur beauté et leur sex-appeal. Ils continuent à utiliser le même argument de vente chaque année, et à le conserver. Alors, ne pensez même pas à vendre des mecs beaux ou sexy. C'est hors de question.
Nadia tape sur l'écran de son portable et un X géant rouge apparaît.
Prochaine diapositive "Anesthésie" pour le département d'anesthésie.
— Tout le monde sait que les anesthésistes sont toujours éblouissants. Cette année, ils sont à la fois beaux et féroces.
Nadia prononce le mot dans un ton aigu. Il tape à nouveau sur l'écran, montrant un autre symbole x rouge.
— Donc vous ne pouvez pas vendre la beauté, et pas de férocité non plus. Vous ne pouvez pas gagner.
Franchement... Je n'ai aucune idée de ce que "féroce" veut dire. Je comprends ce qu'est la beauté, et je sais qu'on ne peut pas vendre la beauté. Quand je pense aux visages de mes collègues en formation dans le département, ce n'est vraiment pas une option.
— Ensuite, vendre de la plaisanterie.
Nadia passe à la diapositive suivante qui indique "Chirurgie".
— Le simple fait de voir ces chirurgiens sur scène suffit à faire rire les gens. Vous voyez ce que je veux dire ? Cette année, ils sont vraiment au top de leur forme. Ils peuvent facilement rester là à faire de la comédie muette, et les gens vont quand même rire. Donc, pour nous, vendre des blagues n'est plus possible.
Nadia tape pour une autre marque X rouge.
— Ce n'est pas tout. Suivant.
Il passe à autre chose et montre "Psychiatrie" sur son téléphone.
— Ils ne vendent que des performances de talent. C'est un type artistique.
— Les psychiatres sont tous doués, ils sont au top de leur forme dans les arts. Parfois, ils présentent des spectacles d'opéra et parfois des spectacles d'orchestre. J'ai entendu dire qu'ils prévoyaient de faire de la comédie musicale cette année. Donc, si vous les affrontez avec des compétences comme dans " La Thaïlande a un incroyable talent ", vous perdrez même dès le début de la production. Donc…
Là encore, Nadia tape sur le téléphone et fait apparaître un symbole X rouge.
— Nous ne pouvons pas rivaliser avec le talent. On oublie.
Euh… On ne peut pas vendre le physique, la beauté, les blagues ou le talent... qu'on n'a pas au départ. Qu'y a-t-il d'autre à vendre pour mon service ?
Jusqu'à présent, je n'ai presque plus d'idées sur ce qu'il nous reste à vendre. Mais Nadia n'a pas encore fini.
— Suivant.
L'image sur cette page indique "Pédiatrie".
— Mon département. Et je ne les rejoindrai pas.
— Nadia, que vend ton département ? demandé-je.
— De l'embarras, je pense.
Il hausse les épaules et transforme ses lèvres en un rictus narquois digne d'une méchanceté légendaire.
— Mon service va présenter un fourre-tout. Un mélange de tous les ingrédients : élégance, beauté, férocité et blagues, tout en un. Ça a l'air génial, penses-tu ? Mais cela signifie qu'ils n'ont aucun argument de vente à faire valoir. Ils n'excellent en rien, ni dans les blagues, ni dans l'élégance, ni dans la beauté ou le sex-appeal. En fin de compte, ce méli-mélo est une recette hybride d'échec. Donc ça vend de l'embarras.
Nadia tape à nouveau sur l'écran du téléphone, et cette fois-ci, trois X rouges apparaissent en même temps.
— Ne suivez pas leurs traces. C'est mon avertissement. Mais ce n'est pas nécessaire, car le spectacle que je vous ai préparé ne sera jamais embarrassant.
Il passe à la dernière diapositive qui dit "Médecine interne" et tape à nouveau sur l'écran pour faire apparaître un mot écrit en énorme texte vert, "Vendre une tendance". — Vendre une tendance ? Vraiment ?
Je lui demande et il acquiesce.
— Exact ! Nous suivons la tendance. En ce moment, les filles de BNK48 sont au centre de toutes les attentions. C'est une tendance. On ne peut pas aller dans une autre direction, être séduisant, beau, sexy, drôle et habile, ou même embarrassant, tout est déjà pris. La dernière option qui reste est d'être à la mode. Tout ce qui est à la mode, est populaire, nous pouvons l'utiliser.
— Euh...si tu veux vendre une tendance en utilisant quelque chose dont les gens parlent, essayons The Face, je suppose ? On peut imiter The Face All Stars. C'est populaire aussi.
J'essaie désespérément de suggérer une alternative.
— Woaww, Tawan. Tu veux imiter The Face ? Allô, redescends sur terre, regarde d'abord tes camarades. Beau visage ? Peut-être ! Mais la hauteur ? Êtes-vous au moins plus grand qu'une borne kilométrique ? Toi aussi ! Si vous jouez The Face, les gens vous demanderont si vous cherchez des modèles ou des participants pour un voyage au Mordor pour vous débarrasser de l'Anneau.
Aieee ! Ça fait mal. Ça fait si mal ! Nadia, tu es mon meilleur ami. Pourquoi dois-tu y aller si fort ? Cette réplique m'a complètement cloué le bec. Je n'ose même pas faire d'autres suggestions, alors je regarde P'Nok, au cas où elle trouverait une contestation ou une alternative pour nous délivrer du sort de la reprise de danse de Fortune Cookie.
— Je pense...se lance-t-elle.
— Ça, c'est un plan.
Puis elle tape bruyamment sur sa cuisse.
— Trop cool, Nadia ! Quelle analyse approfondie. Je suis d'accord. Je suis convaincue ! Commençons à nous entraîner.
— Attends, quoi ? P'Nok, tu es sérieuse ?
Il semble que je sois l'intrus. Elle et Nadia s'entendent comme larrons en foire et semblent prêtes à appeler tout le monde pour s'entraîner.
— Tawan, l'analyse de Nadia est pertinente. Il semble que la reprise de la danse de Fortune Cookie soit la meilleure option que nous puissions choisir maintenant. Au moins, nous ne serons pas à la dernière place.
Elle me tape sur l'épaule comme pour me consoler, mais j'ai l'impression que c'est une sorte d'extorsion.
— Non, ne t'inquiète pas, P'Nok. La dernière place appartient à mon département, avec un tel spectacle de foire !
Nadia lève les yeux au ciel avant de déclarer une certitude :
— Je serai leur professeur de danse. Tes étudiants de première année gagneront sûrement quelque chose.
— Ok, Tawan, tu prends le rôle de Nong Mobile. Prends la position centrale, dit -il en se tournant vers moi.
— Quoi !!!
— On n'a pas besoin de trouver quelqu'un d'autre. Je te choisis, danse en tant que Mobile.
Attends, attends, quoi ?
D'accord, je sais que je ne peux pas éviter de danser sur cette chanson, mais je pensais que je serais au dernier rang et que je m'en sortirais avec mes erreurs parce que les gens ne pourraient pas me voir. Mais Nadia veut que je sois au centre, ce qui signifie que je dois être devant et au milieu.
— Tu ne peux pas être au centre ? Ainsi, on peut te regarder, te copier et ne pas faire d'erreurs. Ça ne serait pas mieux ?
— Non, Tawan, je ne peux pas. Parce que je vais danser en tant que Capitaine Cheprang.
— Mais, Nadia ! Et si je danse mal ? J'ai peur.
C'est ma crainte. Je ne pouvais même pas faire une courte séquence d'exercices d'aérobic correctement à l'école primaire. Et maintenant, c'est une longue chanson avec une chorégraphie complexe. Je suis fichu.
Nadia me tapote l'épaule, en me regardant avec la plus grande sympathie. Je me sens soulagé et je pense qu'il va changer de position et me laisser rester à l'arrière.
— La solution est si simple, Tawan.
Il me serre l'épaule fermement.
— Ne te trompe pas en dansant. Viens, on va s'entraîner.
Oh, non. Pauvre de moiiii !!!!
………..
21:45
En vérité, il n'y a pas eu de cas difficile aujourd'hui. J'ai fini de donner les transmissions avant six heures. Il n'y a pas eu de nouveau cas et je n'ai pas eu besoin d'être de garde. Mais j'ai dû rester et m'entraîner à danser Fortune Cookie. Pire encore, Nadia était très professionnel. Il s'est donné beaucoup de mal pour demander au service de médecine de rééducation la permission d'utiliser leur salle d'exercice équipée de miroirs muraux, comme dans un studio de danse.
Au début, je m'attendais à ce que mes pairs résidents soient hésitants et peu disposés à danser. Mais ils semblaient tous être aux anges pendant l'entraînement. Par conséquent, il semble que je sois vraiment le seul à ne pas être à l'aise.
Franchement, j'aime cette chanson. Mais aimer et danser sont deux choses différentes. De toute façon, il est trop tard pour changer le plan, parce que tous les autres ont déjà pu mémoriser la moitié de la danse. Alors que moi, dans la position centrale imposée, je trébuchais encore sur mes propres pieds pendant le premier couplet de la chanson.
Cela m'a pris tellement de temps pour commencer à danser assez bien dans le premier couplet pour que Nadia me lâche les baskets, et il était presque neuf heures et demie. Je lui ai dit que mon chéri m'attendait à l'appartement, alors Nadia nous a laissé partir, mais à une seule condition : nous devons nous entraîner seuls et nous réunir à nouveau demain soir... Honnêtement, si j'avais su que je subirais tout cela pendant ma spécialisation, je ne serais pas revenu.
Je n'arrête pas de me plaindre dans ma tête en marchant de la gare du Skytrain jusqu'au carrefour de la station de moto-taxis. Je regarde secrètement autour de moi en espérant trouver le même conducteur. Mais peut-être qu'une telle coïncidence est impossible. Quoi qu'il en soit, je dois admettre qu'en ce moment, n'importe quel conducteur ferait l'affaire. Je veux juste me dépêcher de retourner à l'appartement de P'Por et prendre une douche, puis me coucher le plus tôt possible.
Mais wow... Le même gars est vraiment toujours là.
Il regarde l'écran de son téléphone portable, avec des écouteurs dans les oreilles. Je m'approche et je l'entends fredonner et chanter joyeusement. J'ai l'impression que la mélodie et les paroles sont assez familières, mais je ne reconnais pas la chanson.
— Hey, Mr le Conducteur.
J'essaie de l'appeler doucement et ça ne marche pas. Il regarde toujours son téléphone et fredonne la mélodie.
— Mr. le Conducteur. Monsieur !
J'augmente le volume, mais il ne l'entend toujours pas. Je suppose qu'il l'écoute à fond et ma voix ne peut pas traverser la chanson dans ses oreilles, même si je crie fort.
Je décide de marcher droit vers lui et de tirer sur le bout du gilet de son uniforme.
— Monsieur. Hey, Mr. le Conducteur.
Il sursaute un peu et retire les écouteurs de ses oreilles par le cordon.
— Oh, ah. Salut, Monsieur le Docteur.
J'entends la chanson "Let me Take Care of You " de Namm Ronnadet provenant de ses oreillettes. Il s'empresse d'arrêter la musique.
— Vous rentrez tard, doc.
Il a un sourire en coin, montrant ses canines d'un côté, et se gratte timidement la tête.
— Hé, la musique était trop forte, elle va endommager vos oreilles. Vous ne m'avez pas entendu du tout.
— Ah... Haha, hum, j'étais un peu ailleurs, doc. Je regardais le visage de mon ex petite amie.
— Vous voulez dire Facebook ? demandé-je et il hoche la tête.
— Pourquoi ? Votre ex vous manque ?
Oh, après avoir demandé, je réalise immédiatement que je ne devrais pas fourrer mon nez dans sa vie privée. Nous ne nous connaissons même pas. Mon intrusion pourrait le contrarier et causer des problèmes.
Heureusement, il ne semble pas en colère. Il se tourne simplement et me donne un sourire fade.
— Eh bien... Je suppose que je pensais juste à elle, elle ne me manque pas, doc.
Il débranche alors le cordon des écouteurs de son téléphone et le roule avant de le mettre dans sa poche.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? Penser à et manquer, c'est différent ?
— Bien sûr, doc. Penser à signifie que la personne passe simplement dans mes pensées. Mais manquer signifie qu'il y a aussi un sentiment de vouloir qu'elle revienne à mes côtés.
— Oh, je vois…
Je hoche la tête et je pense à la phrase "passer dans l'esprit". C'est peut-être ça.
— Donc vous pensiez simplement à elle, comme si vous pensiez simplement, mais tu ne veux pas qu'elle revienne.
— Eh bien, nous avons été ensemble pendant quatre ans. C'est naturel de penser au passé. Vous ne pensez pas à votre ex parfois, doc ?
Je secoue la tête.
— Hah ! Ceux qui sont passés en coup de vent dans ma vie ne comptent pas. C'est mon premier petit ami.
Il acquiesce lentement, un regard d'étonnement apparaît sur son visage.
— Oh, wow...... Il vous a fallu attendre jusqu'à maintenant pour avoir votre premier petit ami. Maintenant, répondez honnêtement... Etes-vous toujours vierge ? BAHAHAHA !!
Je lui gifle le haut du bras par réflexe.
— Putain de pervers ! Je ne vous le dirai pas !
Il rit encore plus fort.
— Admettez juste que vous êtes embarrassé par ma question. Ok, on va à la même adresse, hein, doc ?
En terminant la question, il me tend le même casque que la dernière fois. Je le prends.
— Oui, bien sûr. Je n'ai qu'un seul petit ami, le même gars, donc ça doit être le même appartement. C'est bizarre de demander ça.
Je monte sur le siège arrière, une main tenant la barre arrière et l'autre bras se bloquant sur le haut de son bras au niveau de l'articulation de l'épaule, comme d'habitude.
— Okayyy, doc. Tenez-vous bien, je vais accélérer.
— Bon sang, non ! Pas d'excès de vitesse, j'ai peur !
— Accrochez-vous bien pour ne pas tomber.
En moins de trois minutes, il arrive devant la résidence de P'Por et me dépose.
— Tenez, trente bahts.
Je paie la course et enlève le casque pour lui rendre.
— Oh, et…
— Et quoi, docteur ?
Il porte toujours son casque mais la visière est claire donc je peux voir son regard interrogateur.
— J'aime aussi cette chanson, Let me Take Care of You de Namm Ronnadet.
Je hoche la tête vers son téléphone portable qui est maintenant accroché à sa taille.
Il rit de bon cœur.
— C'est la chanson préférée de Loong et d'Ar. Ils la fredonnent souvent dans la maison, ça a déteint sur moi. Je dois y aller maintenant. Faites de beaux rêves, doc.
— Mhmm. Faites de beaux rêves aussi, Mr. le Conducteur.
Et il s'en va.
Eh bien, c'est bizarre.
Je ne dis pas qu'il est bizarre. Je veux dire que nous sommes tous les deux bizarres. J'ai été son passager plusieurs fois et maintenant nous discutons comme des amis, mais je ne connais pas encore son nom. La prochaine fois je devrai demander, comme ça on arrêtera d'utiliser Mr. le Conducteur et Mr. Doc.
...........
C'est le jour de la célébration des cent jours.
— Et le premier prix du concours des cent jours de cette année revient à..... La chirurgie orthopédique pour le show intitulé Strip That Down !!!
Je roule les yeux dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et rencontre par hasard le regard de Nadia, qui le fait aussi, mais dans le sens des aiguilles d'une montre. Nous sommes assis l'un à côté de l'autre à la fête des cent jours pendant l'annonce des prix pour les internes.
Il n'est pas surprenant que le département d'ortho soit le gagnant, étant donné les grands cris (des juges) que nous avons entendus lorsqu'ils ont fait leur apparition avec la chanson Strip That Down. Nous savions qu'ils allaient sans aucun doute remporter le premier prix.
— Veuillez envoyer un représentant de votre équipe pour récupérer votre prix. Un écran plasma de quarante-deux pouces et une console de jeu PS4 Pro pour vous.
L'annonceur insiste sur chacun de ses foutus mots. Ow, je deviens vert d'envie. Mais mes yeux errent vers le côté de la scène et voient le réfrigérateur... Oh, bien, nous ne sommes pas mauvais. Au moins, on a eu le troisième prix, en gagnant un réfrigérateur comme nous le voulions, et aussi un panier d'oeufs frais.
Oui, la maladroite danse Fortune Cookie de notre département a gagné la troisième place du concours de performance des résidents ! P'Nok sourit d'une oreille à l'autre, bien que ce ne soit que le troisième prix. Honnêtement, nous lorgnions sur le frigo depuis le début. Être à la troisième place n'a pas d'importance. Tant que ça nous rapporte ce que nous voulons, c'est une victoire.
La stratégie de vendre une tendance a bien fonctionné, exactement comme Nadia l'avait prédit.
Nous avons également eu la chance que deux tiers des juges soient des fans de BNK48, ce qui nous a valu des points supplémentaires. Nous étions dans une course très serrée contre l'équipe de chirurgie, qui a gagné la deuxième place grâce à son spectacle de comédie... Ouaip, cool, ils savaient qu'ils étaient comiques, alors ils ont présenté un spectacle de stand-up, juste pour le plaisir.
En résumé, première place, vendre la beauté, le gagnant. Deuxième place, vendre des blagues, a presque gagné. Troisième place, vendre une tendance, notre département.
Quant à l'Anesthésiologie, la belle et féroce (j'espère que je le prononce correctement), a commis une petite erreur de jugement et a perdu contre nous. Nous avions beaucoup de femmes juges cette année, donc leur beauté et leur férocité ont provoqué la jalousie et le dédain des juges à la place. Au revoir.
En fait, ces résidents pédiatriques étaient, exactement comme Nadia l'avait prévu, en train de vendre de l'embarras. Ils ont reçu une boîte de nouilles instantanées pour leur département. De plus, j'ai aperçu que ce n'était simplement que des saveurs classiques au porc.
— Et la suite, maintenaaaaant…dit l'annonceur, sera l'After Party. Venez, dansez jusqu'à épuisement, pour célébrer les cent premiers jours de notre résidence. Laissez-moi vous entendre dire, qu'allons-nous faire ensemble ? Nous allons…
— Nous entraîner. Et. Être. Vidés. Ensemble !!!
Toute la foule dans la salle répond à l'unisson. Je me demande qui a bien pu inventer cette devise... Puis, l'intro de la chanson "Turn Up the Music" commence à retentir. Les résidents qui m'entourent se lèvent immédiatement et se dirigent vers la piste de danse devant la scène. Nadia me tapote.
— Hé, allons danser.
Je secoue la tête.
— Non, merci. J'attends que mon cher P'Por vienne me chercher. Je dois partir et rentrer chez moi.
Nadia roule les yeux vers moi.
— Pfft, peu importe, salope ! Tu as un chéri, hein. Attends un peu, ce soir je vais lui avouer mes sentiments.
Cette phrase me fait faire demi-tour d'un coup.
— Attends, quoi ? Tu vas lui avouer ? A qui ? Pourquoi je n'ai rien entendu de tout ça ?
Nadia rétrécit ses yeux sournoisement vers moi.
— Je ne dirai rien. Attends que j'aie réussi à conquérir ce M. Right, et je te le ferai savoir. Oh, tu ne rentres pas chez toi ? Dépêche-toi de partir. Attends-toi à de bonnes nouvelles de moi demain.
Maintenant, c'est moi qui roule des yeux.
— Bien…! Peu importe. Je vais aller dormir un peu. Oh, et Nadia…
— Ouais, quoi maintenant ?
— Merci de nous avoir fait gagner le troisième prix.
— Ne sois pas mélodramatique. Ce n'est pas grand-chose, vraiment. As-tu oublié que nous allons…
— Nous entraîner. Et. Être. Vidés. Ensemble.
Je crie à travers les bruits de la salle et je regarde Nadia se précipiter sur la piste de danse. Je n'ai aucune idée de qui est cet homme mystérieux, l'homme à qui Nadia est sur le point de se confesser. Mais j'espère que son souhait sera exaucé. Nadia est une personne douce, il mérite de bonnes choses dans la vie.
En terminant mes pensées, je me retourne et je quitte la salle de l'auditorium, laissant le chaos trépidant et assourdissant, mais aussi divertissant, derrière moi. Faire la fête signifie beaucoup de plaisir, en effet, mais j'ai la personne que j'aime, qui m'aime aussi, qui attend mon retour.
Il y a un bip de message et je décroche mon téléphone.
Por DDS : Je suis garé devant l'immeuble, tu peux descendre maintenant.
Je souris... Vous voyez ? Celui que j'aime et qui m'aime aussi m'attend.
…………..
Mon téléphone portable sonne à minuit et demi.
Mon chéri et moi venons de nous coucher il y a moins de trente minutes. Je n'éteins jamais mon téléphone. Je diminue simplement le volume de la sonnerie pour ne pas perturber son sommeil et je le garde près de mon oreiller, au cas où ma présence serait requise d'urgence à l'hôpital. Mais ce soir, j'ai oublié de régler le volume et ça le réveille aussi.
— Désolé, P'Por, rendors-toi. Je suppose que c'est un appel de l'hôpital.
Il acquiesce, un bras toujours posé sur mon corps. Quand je prends mon téléphone et que je regarde, je réalise que ce n'est pas l'hôpital, mais un appel entrant de Nadia. Est-ce que tout va bien avec lui ? Je réponds au téléphone en vitesse.
— Bonjour, Nadia. Qu'est-ce qu'il y a ?
— ..............
— Quoi ? Nadia ? Dis quelque chose. Qu'est-ce qui se passe ?
— ..........Hey.......
La voix à l'autre bout de la ligne n'a pas l'air très bien, ça m'inquiète. Est-ce que quelque chose de grave est arrivé ? Il a eu un accident ? Je commence à me sentir anxieux.
— Hé, Nadia... Est-ce que tu vas bien, Nadia ? Où es-tu ? Tu t'es blessé ?
— Blessé... J'ai mal dans mon cœur..... Il ne m'aime pas. Hic…
Attends..... quoi ? Pourquoi j'ai l'impression que le contenu, le rythme et le ton de sa réponse sont un peu étranges ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Il a mal au coeur ?
— Nadia, tu es ivre ? demandé-je.
— Nayyyyy. Tu sais que je ne suis jamais ivre.
Ok... Apparemment, Nadia est extrêmement saoul, à en juger par sa réponse.
— Hey, Nadia. Allez, concentre-toi. Où es-tu ? Je vais venir te chercher.
— Au même endroit. Il ne m'aime pas, Tawan... Ne viens pas me chercher. Je peux rentrer à pied tout seul.
— Mehhhh, tu n'y arriveras pas, je parie. Écoute, Nadia. Ne bouge pas. Je serai là dans un instant. Très vite. Je viens te voir. Ne te lève pas, ne fais rien.
— Je. Viens. Te. Voir.
Après avoir répété, je raccroche et regarde mon P'Por…
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 6 Mork — Oh, Loong. Hé, Ar. Pourquoi vous êtes encore debout ?
Je suis surpris de voir Loong et Ar assis à la table à manger au premier étage lorsque j'arrive chez moi, alors qu'il est déjà minuit. D'habitude, ils se couchent vers 23 heures et, tous les soirs, je les entends ronfler à travers le parquet de ma chambre du troisième étage, en faisant un concours en moins de dix minutes. Je me demande pourquoi ils sont encore assis bien éveillés à la table ce soir.
— On attend le match de foot. Tu veux regarder avec nous ?
Oh... C'est pour ça.
Je remarque aussi que chacun d'eux tient une canette de bière, boisson qui confirme sa réponse. C'est vrai. Ils sont obsédés par le championnat d'Europe de football. Pendant la saison des tournois de football, il leur arrive de passer une nuit blanche et de regarder la retransmission jusqu'à tard dans la matinée, et même d'ouvrir le garage tard de temps en temps.
— Non, merci. Mais j'ai faim. Il y a quelque chose que je peux manger ?
Contrairement à eux, je n'aime pas regarder le football. Je ne sais pas pourquoi. Quand ces vieux types à la station de moto-taxi m'invitent à regarder un match avec eux ou à parler de football et que je me contente de les fixer comme un idiot, ils me demandent souvent pourquoi je ne regarde pas le football.
Eh bien, comment puis-je répondre à cette question ? Je n'aime pas ça, tout simplement. Si je savais pourquoi je n'aime pas ça, alors il serait facile de se débarrasser de cette raison et de commencer à aimer ça. Parfois, les gens demandent des choses stupides. Pourquoi ne peuvent-ils pas juste hocher la tête et accepter ma réponse telle qu'elle est ?
— Rien. Juste de la bière. Tu en veux ?
Ar me tend une canette de bière.
Je secoue la tête.
— Nan, merci, Ar. Comment ça peut me remplir l'estomac ? C'est juste une bière.
— Je sais pas, mais c'est la seule chose qu'on a. Le frigo est aussi vide.
— On n'a rien d'autre ? Même pas des nouilles instantanées ?
Je me dirige vers le placard à nourriture et vérifie l'étagère de produits secs tout en haut. Oh, c'est vrai. Je me souviens qu'hier, j'ai pris les dernières nouilles instantanées et les ai mangées séchées après les avoir écrasées à travers l'emballage. Ar a même marmonné que je ne devais pas le faire parce que ça pouvait causer des maux d'estomac. Je ferme le placard à nourriture qui est aussi vide que mon estomac.
— Alors, je vais sortir pour manger quelque chose. Vous voulez que je ramène un truc ?
— Non, merci. Conduis prudemment. Il est tard.
— Oui, monsieurrrrr.
Je suis sur le point de me retourner, je n'ai même pas encore atteint ma motocyclette, et mon oncle me crie après.
— Hé, hé, attends. J'ai oublié ! Achète des nouilles instantanées, juste au cas où.
Je me retourne et acquiesce.
— Ok, Loong. Autre chose ?
— Des sardines en boîte. Et des œufs frais, pour qu'on n'ait pas à manger de simples nouilles. Prends quelques trucs à grignoter, aussi. La marque Whatchamacallit, celle avec un genre de visage souriant vert.
— C'est Snack Jack. Wow, la façon dont tu l'as décrit m'a presque complètement déstabilisé. Vert et visage souriant, ma supposition devrait être correcte.
— Ouais, ça, Nackjack. Prends-en deux. Ça va très bien avec la bière.
— Autre chose ? Au début tu as dit non merci, maintenant la liste est presque aussi longue que le mantra de Chinnabanchon.
— Oui, c'est tout, mon petit. Reviens vite, d'accord ?
Ok, je peux enfin y aller.
Normalement, je ne mange pas à des heures tardives. Pas parce que je surveille mon poids ou que c'est mauvais pour la santé, mais j'ai peur d'avoir mal au ventre. Si je mange en dehors de mon heure habituelle de repas, j'ai mal au ventre. Mais je n'ai pas assez mangé ce soir, donc j'ai de nouveau faim à cette heure. Et voilà, maintenant j'ai peur d'avoir mal au ventre si je ne mange pas.
Eh bien, pauvre de moi, pauvre Mork !
Et il faut que ce soit le jour où nous n'avons plus rien à manger à la maison. Maintenant, je dois conduire ma moto jusqu'à un magasin 7-Eleven dans une rue voisine, la même que celle où se trouve ma station. Je vous l'ai déjà dit, le garage de Loong et Ar est près de mon travail, donc ils connaissent bien P'Fueang.
J'aimerais juste que ma rue ait déjà son propre 7-Eleven. Comme ça, je n'aurais plus besoin de conduire jusqu'à une autre rue. Non pas que ce soit loin, je suis juste paresseux. Et je dois changer de pyjama - en général un débardeur et un short en tissu fin - parce que j'ai peur que le serpent dans mon pantalon ne sorte et qu'un chien errant ne me poursuive pour essayer de le mordre.
Oh, attendez... En fait, même si ma rue avait son propre 7-Eleven, ça ne veut pas dire que je pourrais me promener en débardeur et en short. Ça ne change rien. Je pense que j'ai trop faim et que j'ai sommeil, je deviens stupide. Je devrais vite aller chercher à manger et aller me coucher.
Donc, je démarre mon moteur et je décolle.
………….
— Voulez-vous aussi acheter des boulettes ou des brioches vapeur ?
Je regarde ma nourriture sur le comptoir de la caissière... Euh, j'ai déjà acheté deux bâtonnets de boulettes à la viande de crabe et des brioches vapeur au porc effiloché, veut-elle que j'en achète plus ?
— Euh, excusez-moi, mademoiselle. J'ai déjà acheté des boulettes et des brioches.
— Oups, désolé, monsieur. Voulez-vous acheter une bouteille de nettoyant pour salle de bain ?
— Euh, non, merci. J'ai déjà la sauce pour mes boulettes.
Je récupère ma monnaie et me précipite dehors. Ils n'ont pas d'œufs ici, alors je n'ai acheté que deux sacs de mes propres snacks, des nouilles instantanées, des sardines en boîte, et les Snack Jack de mon oncle comme il l'a commandé. J'ai tellement faim que je commence tout de suite à mâcher mes boulettes.
— Aïe, c'est chaud, bon sang !
La première boulette me brûle la bouche, alors je souffle soigneusement sur la suivante avant de la manger. Mon plan initial était de la ramener et de la manger à la maison, mais à ce rythme, je pourrais aussi bien la finir ici avant de rentrer chez moi.
Oh, regardez-moi ça. Quelqu'un de familier. C'est le docteur.
Que fait-il à marcher jusqu'au carrefour à cette heure-ci ?
— Hé, M. le Docteur. Vous prenez un repas tard le soir ?
Je l'interpelle après avoir mis la troisième boulette dans ma bouche.
— Oh, Mr le Conducteur. Non, je vais prendre un taxi. Je dois me rendre en urgence à l'hôpital.
Il me répond mais ses yeux sont sur la route, apparemment à la recherche d'un taxi. Tu rêves, doc! Il n'y a pas de taxi par ici à cette heure. Dans ce genre de quartier résidentiel et de bureaux, presque personne ne se déplace la nuit. Donc, les chauffeurs de taxi ne viennent pas ici parce qu'il n'y a pas de passagers.
— Ehh ? Vous avez été appelé ? Il y a un patient urgent ?
J'ai vu ça dans certaines séries, les médecins sont appelés à l'hôpital pour des cas urgents. Peut-être que ce docteur est pareil.
Mais il me regarde et secoue la tête.
— Pas un patient, mais oui, c'est une urgence. Ça pourrait être encore pire qu'un patient.
Je lève les sourcils, en enfournant deux boulettes dans ma bouche en même temps.
— Hmmm ? Qu'est-que est, oc ? As un atient mais une gence ?
Il penche la tête vers moi.
— Qu'est-ce que vous avez dit ? Je ne comprends pas.
Je m'empresse de mâcher et d'avaler avant de répéter.
— Qu'est-ce que c'est, doc ? Pas un patient mais une urgence ?
— La prochaine fois, finissez de mâcher et d'avaler votre nourriture avant de parler. Vous allez vous étouffer si la nourriture entre dans vos voies respiratoires. Compris ?
Wow, regardez... Même sans sa blouse blanche, il fait toujours son travail. Donc, j'ai été grondé. Tu es sûr que c'est un docteur et pas un enseignant du département de discipline ?
— Eh bien, je sais pas.... Vous avez dit que c'était une urgence donc j'étais pressé de demander.
— Um, c'est mon ami, dit-il en me regardant. Il est terriblement ivre à une fête à l'hôpital. Il a appelé et a pleuré comme un fou. Je suis inquiet donc je vais aller voir comment il va. C'est pourquoi j'ai besoin d'un taxi pour m'y rendre.
Puis, il scrute à nouveau la route. Comme je l'ai dit, c'est inutile. La route est tellement déserte. Il n'y a aucune voiture, pas même une voiture particulière. Sans parler d'un taxi.
Je mets les deux dernières boulettes dans ma bouche, en lui tapant sur l'épaule.
— Ocder, ocder.
— Euh... quoi ? Je vous ai dit de finir de mâcher avant de parler.
Il me gronde à nouveau, alors j'engloutis rapidement toute la nourriture.
— Pourquoi vous ne demandez pas à votre petit ami de vous déposer ? Il a une voiture.
— P'Por dort et je ne veux pas le réveiller.
Oh... Alors son beau petit ami s'appelle Por, hein ? Quel genre de mec s'appelle Malaeng Por ? On dirait un nom de fille !
— Peut-être que vous pouvez emprunter sa voiture. Ce n'est que pour un court moment, je pense que ça ne le dérangera pas.
Le docteur me regarde.
— Je ne sais pas conduire.
J'éclate de rire.
— Docteur, je n'arrive pas à le croire ! Vous n'avez jamais fait de moto, et vous ne savez pas conduire une voiture. Vous êtes vraiment né pour être un passager.
Il me fait les gros yeux.
— Très bien ! Rigolez tant que vous voulez. Mais ce n'est pas drôle. Je suis tellement inquiet pour mon ami maintenant ! M. le Conducteur, il n'y a pas de taxi par ici ? J'ai essayé de chercher avec mon application Grab et je n'en trouve toujours pas.
— Venez, doc. Je vais vous y conduire.
Je me porte volontaire. J'ai mangé, et je ne suis pas pressé. Ce n'est pas encore l'heure du match de football, et mes deux oncles n'ont pas faim.
Il se retourne pour me regarder, semblant à moitié perplexe et à moitié surpris.
— Hum... Vous m'emmenez là-bas ? L'hôpital est loin.
— C'est seulement à 4 km d'ici, doc. Comment ça peut être loin ?
Je mets mon casque et ouvre le rangement du siège pour lui en donner un autre, en me demandant si la notion de distance d'un médecin est différente de celle de la plupart des gens. Pourquoi dirait-il que 4 km c'est loin ?
— Ce n'est pas loin, doc. Nous y arriverons rapidement. Allez, debout ! Vous êtes inquiet pour votre ami, n'est-ce pas ? Allons-y.
Je lui tends à nouveau le casque. Cette fois, le médecin curieux le prend et l'enfile sans poser de questions.
— Uh-huh. Merci. Je vais vous payer selon le tarif horaire.
— Le paiement peut attendre, on en discutera après que vous ayez trouvé votre ami. Mais vous avez un plan pour la suite ? Je pense que je peux prendre deux passagers, mais si votre ami est trop saoul, je ne vais pas prendre le risque, vous savez.
— Je ne vais pas vous embêter avec ça.
Il plisse le nez en me regardant.
— Je suppose que je peux l'accompagner jusqu'au dortoir des médecins. Mais pour l'instant…
Il boucle la sangle du casque et s'installe sur le siège. Une main sur la barre, une main sur mon épaule, comme d'habitude.
— .... emmenez-moi rapidement à l'hôpital. Vous savez où c'est, non ? Celui qui se trouve à l'intersection.
— Bien sûr, je sais. Loong et Ar y prennent souvent leurs médicaments. Accrochez-vous bien, doc. Je vais accélérer. Si vous ne tenez pas fermement, vous pourriez tomber et au lieu d'aider votre ami, vous deviendrez celui qui a besoin d'une aide médicale.
— La vitesse, c'est bon. Je n'ai pas peur.
Bien qu'il dise ça, je peux sentir sa main se resserrer sur mon épaule plus que d'habitude. Je ris intérieurement en changeant de vitesse et en filant vers l'hôpital.
……………..
— Nadiaaaaaaaa !
Je ne suis même pas encore bien garé que le petit docteur saute déjà et court jusqu'au pied des escaliers de l'auditorium. C'est un soulagement qu'il ne tombe pas à la renverse. Des jambes aussi chétives semblent seulement bonnes pour la marche. Je coupe le moteur avant de commencer à le suivre.
— Nadia, tu vas bien ?
Son ami est assis au pied de l'escalier, le visage baissé. Le docteur se précipite pour aider le gars à se redresser tout en lui donnant quelques claques sur le visage pour le réveiller. Je suppose que le docteur était vraiment pressé car il a sauté à terre et s'est enfui sans me rendre le casque. Il s'est précipité vers son ami avec le casque qui vacillait sur sa tête. Je suis heureux que le poids total de la tête ne l'ait pas fait basculer.
Je m'approche pour voir s'il y a quelque chose que je peux faire pour eux.
— Putain. Tawan, comment t'es arrivé ici ?
L'ami ouvre lentement les yeux. Oh, wow. Même d'ici, je peux clairement voir que ses yeux sont si rouges, soit parce qu'il pleure, soit parce qu'il est saoul. Ça pourrait être un peu des deux.
— Tu m'as appelé pour que je vienne te chercher, Nadia. Tu ne te souviens pas ?
— Et..... Pourquoi est-ce que tu portes un casque ?
Après s'être fait remarquer par son ami médecin alcoolique nommé Nadia ( ?), mon passager réalise enfin qu'il n'a pas encore enlevé son casque. Il détache la mentonnière et me repasse le casque, alors que j'observe la scène de derrière lui.
— Désolé, j'ai oublié.
— C'est bon, doc.
Je prends mon casque et continue d'observer.
— Je peux faire quelque chose pour vous aider ?
— Il n'y a personne d'autre dans le coin, et je ne sais pas où est passé l'agent de sécurité. Vous pouvez m'aider à le soutenir ?Je ne peux pas le faire tout seul.
Et là, le docteur soulève le bras de son ami par-dessus son épaule et me regarde fixement. Dois-je supposer qu'il veut que je fasse de même avec l'autre bras du gars et que je soutienne son poids ?
— Le nom de ton ami est vraiment Nadia ? C'est excellent. Quel contraste avec son apparence.
C'est vrai. Le docteur Nadia est grand, volumineux, musclé, et porte une barbe fournie. Sa carrure est similaire à la mienne et son visage a l'air un peu impitoyable, ce qui ne s'accorde pas du tout avec le nom Nadia.
— Son nom est Not, mais il l'a changé en Nadia.
Ensemble, nous soutenons le docteur Nadia, anciennement docteur Not, et le soutenons avec nos épaules.
— Hé, vous pouvez m'aider à le ramener dans le dortoir des médecins ? Je ne peux pas le porter tout seul.
— Je sais, doc. Je ne vous laisserai pas porter votre ami tout seul. Mais où se trouve le dortoir ?
— Derrière l'hôpital, monsieur. Par là.
Nous portons donc le docteur Nadia, terriblement ivre, à moitié endormi et à moitié réveillé, le long de l'allée paisible de l'hôpital. Nous arrivons à peine à accomplir cette tâche épuisante, car il est costaud. En plus de cela, la différence de taille nous pose un gros problème d'équilibre. Je suis de forte corpulence, alors que le médecin de l'autre côté est si petit, que la personne que nous portons entre nous penche d'un côté.
— L'ancien surnom de Nadia était Not. Mais il a dit qu'une diseuse de bonne aventure l'a averti que le nom est maléfique ; et que les hommes ne viendront pas vers lui.
Le petit docteur bavarde à propos de son ami, qui est actuellement totalement épuisé, à moitié endormi, et porté sur nos épaules. Je tourne la tête pour le regarder et il ne bouge pas du tout. Je suppose qu'il n'entend rien parce qu'il est déjà endormi.
— Donc, il a changé son nom de Not en Nadia ? Oh wow... Je pensais que les docteurs ne croyaient pas à la voyance.
M. le docteur glousse en entendant ça.
— Pas sur tous les sujets. Seulement certains. Parfois, nous y croyons aveuglément sur des sujets spécifiques, comme l'amour, par exemple.
Sa réponse me rend curieux.
— Pourquoi, doc ? Pourquoi croyez-vous à la voyance en matière d'amour ?
— Peut-être parce que d'autres sujets dans la vie ont une certaine logique et que nous pouvons trouver une raison qui peut l'expliquer. Si on ne travaille pas assidûment, on n'a pas d'argent. Si nous n'avons pas de travail, nous n'avons pas de nourriture. Si nous n'avons pas de compétences et de connaissances, nous ne pourrons pas progresser professionnellement. Si nous négligeons notre santé, nous tombons malades.
Il marque une pause avant de se tourner vers moi pour me regarder.
— Mais l'amour ne peut être expliqué par la logique. Alors on se raccroche à autre chose pour espérer et se réconforter, comme la divinité ou la voyance. On compte sur eux pour apaiser nos cœurs quand il s'agit d'amour.
Je hoche la tête. Ouais, c'est une réponse rationnelle pour être superstitieux.
— Oh, et qu'en est-il de vous, doc ? Croyez-vous à la voyance ?
Il secoue la tête.
— Je n'y crois pas. La même diseuse de bonne aventure qui a prévenu Nadia à propos de son nom m'a dit que mon âme sœur est une personne plus jeune. Mais mon petit ami est plus âgé que moi. Donc c'est inexact.
— Bahhh, qui sait ! Peut-être que votre mec actuel n'est pas vraiment votre âme sœur.
Je le taquine.
— Tant que je crois qu'il l'est, je peux faire de lui l'élu de mon cœur. Je n'ai pas besoin d'une diseuse de bonne aventure pour confirmer ma vie.
Il fronce le nez en me regardant pendant la réponse.
— Ohhhh ! C'est tellement agressif que ça fait mal ! D'où est-ce que vous sortez ça ?
— Mon grand frère l'a posté sur son facebook et je l'ai vu ce soir.
Oh, je vois.... Il a un grand frère. C'est pour ça qu'il ressemble à un petit frère. Je ne peux pas deviner son âge d'après son apparence. Mais mon ami a dit que les médecins mettent six ans pour obtenir leur diplôme. Il est déjà médecin (le nom sur sa blouse indique M.D., ce qui signifie qu'il a obtenu son diplôme), il doit donc être plus âgé que moi. Sans sa blouse de médecin, je n'aurais vraiment aucune idée de combien il pourrait être plus âgé.
Nous arrivons tous les trois à un carrefour en T..... Pour être exact, nous sommes trois, mais avec le travail de quatre jambes seulement.
— Ok, doc, c'est par où maintenant ? demandé-je.
— A droite, c'est tout au bout du chemin. Ce bâtiment dans le noir, c'est le dortoir des médecins.
Le croisement a deux chemins, l'un est bien éclairé, tandis que l'autre est sombre. Et le docteur fait un geste vers le sombre.
— Whoa ! C'est loin, doc. Je ne vois pas où ça se termine.
En plus, c'est sinistrement vide. Je suis content de l'accompagner, sinon ça serait terriblement inquiétant. Il est si chétif, et l'ami qu'il porte est si ivre qu'il ne peut même pas prendre soin de lui. Je sais qu'il devrait être en sécurité à l'intérieur de l'enceinte d'un hôpital. Mais cet hôpital est immense, et quelqu'un pourrait se faufiler sans se faire remarquer.
— Ce n'est pas si loin. Vous ne pouvez pas voir parce qu'il fait sombre. Dans la journée, quand on voit le bâtiment, ça ne semble pas si loin.
Il secoue la tête et continue à porter et à traîner son ami vers l'avant.
— Donc, ...
Je fais un geste vers le docteur Nadia qui semble maintenant parti trop loin pour se réveiller ou même aider à supporter son propre poids.
— Qu'est-il arrivé à votre ami pour qu'il devienne aussi saoul ?
— Il ne m'aime pas. Tawan. Il ne m'aime pas.
Wow... Le docteur Nadia lève comme par magie sa tête instable, ivre et à moitié endormi pour me donner une réponse. Oh, merde..... Il sent fortement la prune sapotille. Je suppose qu'il a bu beaucoup d'alcool.
J'ai toujours pensé que les médecins ne buvaient que des alcools chers quand ils faisaient la fête. Je ne suis pas sûr qu'ils aient bu des alcools chers lors de cette fête, mais d'après ce que je vois, ils sont ivres comme le reste d'entre nous. Et leur haleine sent la sapotille également.
— Il ? Qui est-il, Nadia ? Tu as dit que tu me le dirais, mais tu ne l'as pas fait.
M. le Docteur rit et demande à son ami.
Oh, c'est vrai..... Je viens de remarquer que le Docteur Nadia appelle ce petit docteur Tawan...... Joli nom. Il me plaît. De nos jours, les gens portent des noms excentriques, à consonance étrangère. Il est rare de trouver quelqu'un dont le nom est un mot thaï simple et facile à comprendre.
— Lui. P' Ganchan.
Le docteur Nadia répond avec ses paupières mi-closes, mais le minuscule doc Tawan s'arrête dans son élan, fixant son ami avec de grands yeux. Je suis confus quant à la raison pour laquelle la réponse "P'Ganghan" semble être si surprenante pour lui.
— Merde ! P'Ganghan n'est pas un bottom ?
Le docteur Tawan semble si choqué qu'il lâche la question à voix haute.
— Et alors, quoi, pétasse ? Je l'aime. Peu importe ce qu'il est, je l'aime quand même.
Le docteur ivre parvient à répondre, même dans son état actuel.
— Mais tu ne peux pas aimer quelqu'un qui est un bottom comme toi.
En réalité, le docteur Nadia s'affale et se rendort avant même que le docteur Tawan ait pu finir sa réplique, le laissant avec des yeux écarquillés, et moi n'ayant aucune idée de ce qui se passe.
— Hey doc. Je peux vous demander, doc ? C'est quoi ce truc de bottom dont vous parlez ?
Puisqu'il ne dit rien d'autre, et que le Docteur Nadia s'est rendormi, ne lui laissant aucune chance de commencer un interrogatoire, je saisis l'opportunité de demander.
— Euh. Comment je pourrais le dire ?
Il semble embarrassé par la réponse imminente.
— Um, 'bottom' veut dire 'celui qui est en dessous'.
Ugh ! Bon sang, docteur. C'était une réponse si farfelue. J'ai envie de le frapper avec un poing, si seulement j'avais une main libre.
— Bahhh, doc ! C'est quoi cette réponse ? Ça n'aide pas du tout.
— Hum... Quand deux gars font, euh, le truc, il y en aura un qui sera au-dessus, et l'autre en dessous, n'est-ce pas ?
Il recommence à expliquer avec plus de détails, et plus de bégaiements, alors que j'étais tout ouïe pour l'information clé de sa part.
— Le top signifie la personne qui uh...... qui est le donneur.
Il semble avoir tellement de mal à finir sa phrase que je ne peux m'empêcher de retenir ma respiration.
— Donneur... ? Que diable est un donneur, doc ? C'est si difficile à comprendre.
Son explication ne m'aide pas du tout à comprendre. Je suis vraiment confus, je ne fais pas l'idiot, je vous le dis.
— Celui qui le met dedans! Vous savez mettre dedans ? Insérer. Insérer, c'est ça. Le top, c'est celui qui met dedans, et le bottom, c'est celui qui reçoit.
Le docteur Tawan tourne la tête pour me lancer un regard furieux, ses yeux sont tellement exorbités qu'ils semblent presque prêts à sortir. Il ressemble à la mascotte de la grenouille verte qui était célèbre il y a longtemps, et dont je ne me souviens plus du nom.
— Bahaha ! Ok, doc, c'est super clair, ça me donne une image mentale. Bottom et top, hein ? Des termes bizarres. Pourquoi n'utilisent-ils pas simplement les mots femme et mari pour plus de simplicité ?
Je ris en pensant à Loong et Ar, le couple de même sexe dans ma famille…
— Donc, euh, ça veut dire que ton ami est un... bottom ? Et qu'il est tombé amoureux de quelqu'un qui est aussi un bottom ?
Il acquiesce.
— Uh-huh. P'Ganghan est un membre du personnel médical de mon département qui nous forme aux maladies du système cérébral. Il a l'air d'être un gars cool, aimant et gentil. Je suppose que Nadia aime ce genre de personne. Mais c'est aussi un bottom, tout comme lui.
Terminant ses phrases, le docteur Tawan regarde le docteur Nadia.
— Tu vois, quand il aime la personne qui est exactement la même que lui, ça veut dire qu'ils ne se complètent pas. Ils ne peuvent pas être amants.
— Hey, ce n'est pas vrai, doc, objecté-je.
Le docteur Tawan me regarde avec des yeux plissés.
— Pourquoi ? En quoi ce n'est pas vrai ?
— Laissez-moi vous demander, doc. Ce type qui possède la chambre dans la résidence où vous avez séjourné, c'est votre premier petit ami ?
— Uh-huh, pour un petit ami officiel, c'est le premier.
— Donc, ça veut dire que vous n'avez jamais eu le cœur brisé avant, non ?
— Um....
Il réfléchit un peu avant de répondre.
— Je pense que c'est vrai.
— Alors, je dis que vous ne comprenez pas la véritable difficulté de l'amour.
Je siffle une fois à la fin de ma déclaration, me sentant triomphant car il fronce les sourcils à mon égard.
— Pourquoi pensez-vous que je ne comprends pas la difficulté de l'amour ? Ce n'est pas parce que je n'ai jamais eu le cœur brisé que je ne connais rien aux obstacles à l'amour.
— Si c'est le cas, doc, quel est selon vous le principal obstacle à l'amour ? demandé-je en retour.
— Quand on ne peut pas s'aimer l'un l'autre.
Il répond presque instantanément.
— Regardez Nadia et P'Ganghan. Ils sont tous les deux bottoms. Ils sont pareils. Comment peuvent-ils devenir partenaires ?
Je rigole.
— Doc, tu es tellement naïf. Hahaha ! Je ne suis pas gay, mais je sais que lorsque deux personnes s'aiment, ce que le couple fait au lit n'est pas un problème. Ils peuvent s'adapter. Je crois qu'un bottom et un bottom peuvent s'adapter l'un à l'autre. S'ils s'aiment, ils peuvent trouver un moyen de faire en sorte que ça marche.
Je fais une pause et j'attends qu'il se retourne vers moi pour la suite.
— Heh, alors, quel est l'obstacle à l'amour ?
Il voit probablement que je suis devenu silencieux et décide d'insister.
— L'obstacle à l'amour, c'est quand la personne ne vous aime pas, doc.
Cette fois, cela me vaut un regard d'étonnement de la part du docteur Tawan.
— Oh, mon... C'est tellement pointu. Laissez-moi l'emprunter pour l'utiliser à la place d'un scalpel.
Je siffle à nouveau pour souligner mon triomphe.
— Ou, ce n'est pas vrai, doc ?
— Euh, ouais. C'est vrai. Tu as gagné cette fois.
— Oui, évidemment, rigolé-je.
— D'où vous sortez ça, sérieusement ?
Il veut savoir.
Je hausse les épaules.
— Je m'en suis souvenu grâce à une série intitulée Wake Up Ladies. Tu ne l'as jamais regardée ? C'est hilarant.
Il roule les yeux en soufflant par le nez.
— Heh ! C'est presque impossible de ne serait-ce que dormir, je n'ai pas le temps de regarder la télévision.
Nous parvenons à traîner le docteur Nadia jusqu'à l'entrée du dortoir et heureusement, il y a un agent de sécurité en service. Il se précipite pour aider le docteur Tawan à porter son ami dans les escaliers. Je n'avais pas réalisé à quel point le docteur Nadia était lourd, jusqu'à ce qu'on m'enlève son poids. Mes épaules sont toutes engourdies. Je regarde le docteur Tawan, en pensant qu'il doit être plus mal en point que moi, parce qu'il est plus petit et a moins de force, je parie.
Il me regarde et sort un billet de cinq cents bahts de son portefeuille.
— Merci, M. le Conducteur. Voici le prix de la course.
J'agite précipitamment mes mains en signe de refus.
— Yeowwww ! C'est trop, docteur. Vous êtes fou ? C'est cinq cents bahts. Je ne les prends pas.
— Tsss ! Prenez-les. Sans vous, ça aurait été un désastre. Pour moi et Nadia.
Il insiste pour que j'accepte le billet violet.
— Si vous voulez me payer, donnez-moi cent bahts. Le tarif horaire pour votre trajet vers l'hôpital devrait se situer autour de cette somme. Mais pour mon aide à porter votre ami, c'est un service supplémentaire, gratuit. Considérez cela comme un échange, pour partager avec moi la clarification du top et du bottom. Bahaha !
— Vous êtes bizarre…
Il glousse et remet son billet de cinq cents bahts dans son portefeuille et me tend un billet de cent bahts à la place.
— Merci beaucoup, M. le Conducteur. Sans vous, j'aurais été fichu.
— C'est Mork, docteur.
— Hm... ? Comment ça ?
— Mon nom est Mork. A partir de maintenant, appelle-moi Mork. Je ne veux plus être M. le Conducteur. S'il te plaît, appelle-moi par mon nom.
Je souris, montrant mes dents tout en pliant le billet de cent bahts et en le gardant dans ma poche.
— Très bien, donc à partir de maintenant, tu dois m'appeler Tawan au lieu de docteur. Compris ?
Puis, il sourit en retour.
— Je ne retournerai pas à l'appartement ce soir. Je vais dormir dans mon dortoir. Tu veux que je te raccompagne à ta moto ? Tu peux retrouver le chemin ?
Je secoue la tête.
— Nahhh, pas besoin, doc - oops ! - Tawan. Je peux trouver mon chemin. Va prendre soin de ton ami.
— Merci, Mork. Rentre bien.
Il fait deux pas dans les escaliers et me regarde à nouveau.
— Fais de beaux rêves, Mork.
Je lui fais un signe de tête.
— Toi aussi, fais de beaux rêves. Tawan.
Et il monte dans le bâtiment. Je retourne à ma moto, tout en me rappelant notre conversation sur le chemin pour ramener le docteur Nadia au dortoir…
Je pense que Tawan est adorable. Il semble amical, sincère et terre à terre.
D'accord, c'est peut-être une supposition un peu hâtive, car nous n'avons appris le nom de l'autre que depuis peu. Mais je suis comme ça. Je fais confiance à mon instinct plus qu'à la logique. Et mon instinct me dit que c'est un homme bon. Le genre d'ami souhaitable dans une vie.
Et wow... C'est la première fois que j'entends parler de top et bottom. Donc, le top signifie le mari et le bottom signifie la femme. Loong a dit qu'il était le mari, et Ar la femme. Donc, ça veut dire que quand ils le font... Loong le met dans Ar... c'est ça ?
Oh, meeeeerde ! Que quelqu'un efface cette satanée image de ma tête, s'il vous plaît !!!
Zut !!! Mork, ce soir tu vas faire un cauchemar effrayant, c'est sûr.
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 7 Tawan "Dr. Tawan, Dr. Tawan ! Savez-vous ce qui se passe avec le Dr Nadia ? Il a l'air morose et silencieux depuis deux jours." Me demande le serveur habituel quand je prends mon café.
Allez, si tu veux savoir, demande-lui directement. Pourquoi dois-tu me demander ? Je regarde derrière moi, Nadia est assis à la table, la tête basse. C'est vrai, il a vraiment l'air morose. Cela fait à peine deux jours que son cœur a été brisé, il est impossible d'être joyeux.
"Il a le cœur brisé."
Je lui donne une réponse courte. Ce n'est pas que je sois contre les commérages, je suis juste paresseux.
Et comme je vous l'ai dit, à cette heure matinale, mon cerveau n'est pas encore bien réveillé, alors je peux à peine communiquer par de brèves phrases.
"Ah, le cœur brisé, c'est donc ça ?"
Le barista fait un signe de tête en signe de reconnaissance. Son badge "Mayom" attire mon attention. Ah, c'est bizarre. Un homme qui s'appelle Mayom ?
Attendez, quoi...Je n'ai jamais vu ces serveurs utiliser des badges nominatifs avant. D'où ça vient ?
"Hé, monsieur. Pourquoi portez-vous un badge aujourd'hui ? Normalement, je n'en vois pas."
"Ahh, c'est la nouvelle politique de l'entreprise. Pour que nos clients apprennent à connaître les noms des serveurs, et puissent facilement reconnaître leur serveur préféré. On se voit régulièrement, c'est mieux de faire connaissance."
"Ça, ça se lit Ma-yom ?"
"Oui, docteur. Mon nom est Ma-yom. Oh, attendez une seconde, docteur." Il se retourne pour poser un biscuit à l'avoine et aux raisins sur une assiette, et me le tend. "Passez ça au Dr Nadia, s'il vous plaît. C'est pour moi, une consolation pour le docteur au cœur brisé."
Je plisse les yeux sur lui.
"Meh, pourquoi tu ne le donnes pas toi-même ?"
"Awww. Je ne peux pas, doc. Je dois préparer les commandes pour les autres clients. Je suis vraiment débordé maintenant."
Je regarde autour de moi dans la boutique. Il n'y a que moi au comptoir et aucun des clients n'attend dans la file de commande ou de retrait. Tous les clients sont déjà assis.
"Vous vous croyez malin, hein ? M. Mayom." Je glousse et continue d'une voix sournoise et complice. "Hé, si vous l'aimez bien, faites un pas vers lui. Ne comptez pas sur un intermédiaire comme moi. Nous sommes tous des adultes, pas des adolescents avec une amourette. On dit qu'un cœur brisé est facile à voler. Vous ne voulez pas essayer ?"
Il secoue la tête et insiste pour que je prenne l'assiette.
"Je ne préfère pas, docteur. Je serai un gentleman et non un opportuniste."
"D'accord, comme vous voulez. Et ne vous plaignez pas plus tard d'avoir manqué une occasion."
Je lui prends le biscuit. En fait, je ne pensais pas ce que j'ai dit. Quand on tombe amoureux et qu'on veut passer à l'acte, n'importe quel jour fait l'affaire. Il n'y a pas besoin d'attendre pour saisir l'occasion quand la personne visée a le cœur brisé.
Je pose l'assiette de biscuits sur la table, ainsi que la tasse de latte extra sucré que mon meilleur ami a commandée.
"Tiens, ton foutu café. Et ça, un cookie cuit au four. Mr Mayom l'a mis pour consoler ton cœur brisé."
Nadia lève les yeux de son téléphone portable.
"Attends, quoi ? Qui est Mayom ?"
"C'est Mr. le serveur, idiot. Il s'appelle Mayom.
"Oh ? C'est vrai ? Je ne l'ai jamais su.”
Nadia avale la moitié de son café d'une traite, comme s’il étanchait sa soif en buvant de l'eau. Je prends une gorgée de ma tasse et c'est sacrément chaud. Sa tasse devrait être pareille. Comment ce putain d'ami peut-il boire son café à une telle vitesse ?
"Je ne l'ai jamais su non plus. J'ai vu son badge tout à l'heure. Il a dit que l'entreprise a une nouvelle politique, maintenant les employés portent des badges nominatifs." Je continue à siroter mon café, remarquant que Nadia ramène son attention sur quelque chose sur son téléphone. "Qu'est-ce que tu lis ? Fais attention à moi."
Au lieu de répondre, Nadia me montre l'écran de son téléphone portable.
"Quoi ?? Eh... Beaux conducteurs. Merci de partager."
La page fan Facebook sur l'écran de Nadia montre de nombreuses photos de chauffeurs de motos-taxis. Certaines sont prises de loin, comme des photos de paparazzi, et d'autres de plus près. Sur certaines photos, les conducteurs de motos-taxis posent volontairement pour l'appareil photo, et d'autres sont des selfies. Je rends le téléphone à Nadia.
"C'est quoi cette page de merde ?"
"Duh, tu ne vois pas ? Ça s'appelle "Beaux conducteurs, merci de partager". Une compilation de photos de beaux conducteurs de moto-taxis tout autour de Bangkok, pour que tout le monde puisse y jeter un coup d'œil. Certains d'entre eux sont si sexy qu'ils ont même un fan-club."
"Eh bien, ouais. J'ai vu ça. Mais je ne comprends pas pourquoi tu le regardes."
"Regarde ici, tu ne trouves pas que ce type te semble familier ?" Nadia me montre à nouveau son téléphone portable. Cette fois, il s'agit d'un post spécifique de l'administrateur de la page. Sous la photo, une légende dit "Jeune et beau moto-taxi des environs de Lower Phahon Road. (Aussi, je ne vais pas vous donner plus d'indices les gars, je vais mettre une option sur celui-ci. hé hé). J'ai demandé autour de moi, et ils ont dit que son nom est Mork."
Sur cette photo, c'est Mork, M. le Conducteur dont la station est dans la même rue que l'appartement de mon petit ami.
"Eh... C'est Mork sur cette photo." Je lui rends son téléphone.
"Ouais, c'est ça. Ce gamin est beau. Et cool aussi. Et grand."
Je regarde mon meilleur ami en fronçant les sourcils.
"Attends, quoi ? Nadia, tu étais ivre, n'est-ce pas ? Pourquoi peux-tu te souvenir de son visage ? Dans mon souvenir, tu t'es avachi, tu as dormi et tu nous as laissé, Mork et moi, te traîner jusqu'au dortoir, sur presque un kilomètre. Comment se fait-il que tu l'aies reconnu ?"
Nadia hausse les épaules, en souriant sournoisement. "Ouais j'étais bourré, mais je ne dormais pas. Écoute, tout à coup un beau gars s'est pointé et m'a laissé me tenir à lui si étroitement, si je m’étais réveillé et que j'avais été capable de marcher tout seul, l'occasion aurait été gâchée, tu vois ?"
Non seulement il termine sa dernière phrase dans les aigus, mais elle est aussi suivie d'un gloussement. Ça me fait rouler les yeux. Où est donc passé le triste Nadia qui souffre d'un cœur brisé ? Est-ce que ça veut dire que pendant tout le temps où il gardait la tête baissée, il ne faisait que jeter un coup d'œil aux beaux mecs ?
"Hé, toi." Je ne vais pas entendre la fin de cette histoire de Nadia. Pas encore.
"Sais-tu si Mr. Mork sort déjà avec quelqu'un ?"
"Pourquoi tu veux savoir ?" Je demande en retour.
"Eh bien, s'il est disponible, je lui chanterai une chanson et lui demanderai : Hé, on vient de se rencontrer et c'est de la folie, mais voici mon numéro, alors appelle-moi peut-être. Et tous les autres garçons me courent après mais voici mon numéro, alors appelle-moi peut-être."
Il ne se contente pas de chanter, il fait aussi un visage espiègle et séducteur en imitant la danse de cette chanson.
"Espèce d'idiot..." Je me tourne vers lui et lui lance un regard de pitié. "Mork est plus jeune que nous. Peut-être qu'il ne connaît même pas cet album. Il sera seulement confus et se demandera quel genre de conneries cette sissy bodybuildée chante !"
Nadia me regarde fixement. " Putain, sissy bodybuildé, ouais, c'est ça ! Tu es un joli petit bottom. Sissy minuscule ! Je vais te dire. Ce jour-là, quand tu m'as porté, mes épaules me faisaient souffrir. Le soutien d'un côté était si haut que mon pied ne touchait presque plus le sol, tandis que l'autre côté était si petit que ma main frottait presque le sol."
"Ok, la prochaine fois, je ne te sauverai pas quand tu seras ivre mort."
"Awww. Allez, je plaisantais." Nadia m'a taquiné en me tapotant le dos et les épaules, puis il est passé furtivement à ma tête. Meh.... mon salaud de meilleur ami ne connaît pas le respect.
"Ah, tiens. Prends un peu de mon cookie et faisons la paix, et on sera quittes. On est quittes, hein ? Gamin."
Je rigole et je secoue la tête. "Non, tu es fou ? Mr. Mayom te l'a donné à toi, pas pour le partager entre nous. Mange-le, ne blesse pas ses sentiments."
Puis je me penche pour regarder le serveur qui prépare le café d'un client. Le son crissant du moulin à café se faisant entendre en arrière fond.
"Nadia... Tu ne crois pas qu'il te drague ?"Je demande doucement, bien que ce ne soit pas nécessaire.
"Nayyy, c'est un commerçant, il doit être gentil avec tout le monde. N'est-ce pas ?"
Nadia prend une bouchée du cookie. "Oh, c'est délicieux ! Je devrais en manger un autre un jour."
"Vraiment ? Tu crois qu'il est gentil avec tout le monde ? Je ne pense pas. Il a l'air..." Je jette un coup d'œil vers le serveur avant de regarder mon meilleur ami qui est assis en face de moi. "Il semble être particulièrement attentionné envers toi."
Nadia prend une autre bouchée de son cookie. "Tu n'en fais pas un peu trop ? Hey, c'est compréhensible, tu es amoureux maintenant. Tout autour de toi semble merveilleusement beau, doux et aromatique, et en rose, parce que l'amour est dans l'air. Mais crois-moi, il ne me drague pas, Tawan. J'en suis sûr."
Après ça, il finit la dernière bouchée du biscuit... Un cookie entier en seulement trois bouchées, c'est un sacré appétit qu'il a.
"Ne sois pas si sûr, Nadia. Tu te méprends peut-être."
Je bois la dernière gorgée de mon café.
Il hausse les épaules. "Ok, si je lui plais et qu'il veut me draguer, il devrait être plus clair, ne pas se contenter de faire des gestes ambigus qui me laissent dans le doute. C'est ambigu, et je n'aime pas ça."
" Oh, peut-être qu'il est juste trop timide. Tout le monde n'est pas aussi sans gêne que toi."
C'est ma chance de régler un compte, et je la saisis. Ce matin, j'ai l'impression qu'il fait trop de remarques mordantes sur moi, alors je dois me défendre, sinon il va penser que je suis une cible facile.
"Alors, laisse-moi te demander, Tawan." Nadia soulève sa tasse pour finir le reste de son café. "S'il y a quelqu'un qui n'a pas assez de courage pour te montrer qu'il t'aime, choisiras-tu ce genre de personne comme ta moitié ?" Il se recule alors dans son fauteuil, s'appuyant sur son dossier, puis croise les bras et remue un sourcil de manière supérieure.
"Si quelqu'un est amoureux de moi, mais n'a pas le courage de le dire clairement, me laissant dans le doute et occupé à consulter tout le monde pour savoir s'il m'aime ou pas, cela s'appelle une mauviette. Et veux-tu vraiment ce genre de personne, qui n'a même pas le courage de te libérer des doutes..."
Nadia décroise ses bras et me donne une pichenette sur le bout du nez.
"... pour être ton partenaire pour la vie ? Sers-toi de ta tête, Tawan."
"Owwww. Ça fait mal, salope ! Pourquoi tu continues à me tapoter le nez ?"
Je frotte le bout de mon nez à plusieurs reprises.
"Eh bien, parce que j'envie ton nez proéminent."
Il me tire la langue. "Il est temps de partir, il est presque sept heures. Dépêchons-nous pour la visite du service."
Sans attendre ma réponse, Nadia se lève et sort de la boutique. J'attrape mon sac et je le suis tout en regardant le serveur et en lui adressant un sourire reconnaissant. C'est alors que je remarque qu'il suit Nadia du regard.
Meh... C'est tellement évident qu'il a des sentiments pour Nadia. Pourquoi ne fait-il pas le premier pas ? Ou peut-être qu'il pense que ce qu'il a fait est suffisamment clair pour qu'il n'y ait pas besoin d'en faire plus. Mais chaque personne a sa propre définition de ce qui est suffisamment clair. Pour moi, ce qu'il fait maintenant est déjà assez clair. Mais le problème, c'est que ça ne correspond pas aux critères de Nadia.
Nadia a parlé de courage...
Cela me fait réfléchir. Nadia a dit que si la personne n'a pas assez de courage pour le dire clairement et le montrer, alors cette personne n'est pas un partenaire de vie désirable. D'un autre côté, je pense que nous devrions nous aussi faire preuve de courage. N'est-ce pas ? Si nous sentons que quelqu'un a des sentiments pour nous, et que nous ressentons la même chose, devons-nous rester assis à attendre que la personne montre son courage ? C'est injuste.
Peut-être que l'amour résulte en fait du courage des deux parties de se rencontrer à mi-chemin.
Si les deux personnes savent qu'elles partagent des sentiments communs, et si elles décident toutes deux de les braver et de sortir de leur zone de confort, elles se rapprocheront l'une de l'autre. Je pense que si vous restez les bras croisés en attendant que l'autre personne soit la seule à faire preuve de courage et à montrer ses sentiments, il est difficile pour une relation de prendre forme.
Mais d'un autre point de vue... Que se passe-t-il si nous prenons notre courage à deux mains et faisons le premier pas, mais que la personne ne vient pas à notre rencontre ? Plus je réfléchis à cette question pour trouver une réponse, plus les questions surgissent.
Pour moi, l'amour est vraiment une question difficile.
……….
"Cette matinée a été fatigante ? Tiens, mange bien."
Dit mon cher P'Por en déposant une cuillère de chou frisé chinois et de poitrine de porc croustillante dans mon assiette.
"Merci, chéri. Pas vraiment. Mon secteur de patients est plein, donc aucun nouveau cas."
Bien que je n'aime pas le chou frisé chinois, je m'oblige à en manger une bouchée. Mon chéri est assez gentil pour en mettre dans mon assiette, comment lui dire que je peux manger tous les légumes sauf le chou frisé ?
"Et toi, P'Por ? Comment ça s'est passé ? Tu vas bien ? Ce matin, tu as dit que tu ne te sentais pas très bien."
Il hoche la tête. "C'est supportable. Ce n'était pas aussi mauvais ce matin. Mais la clinique dentaire est climatisée et mon nez a commencé à être bouché et à couler. Et je me sens fiévreux."
"Oh non. Vraiment ?"
Surpris, je touche son front par réflexe avant de réaliser que nous sommes au milieu de la cafétéria de l'hôpital, au milieu de la foule. Mais il ne proteste pas. Il reste simplement assis et me laisse tâter son front pour vérifier sa température.
"Oh... Tu es fiévreux en effet. As-tu pris un antipyrétique ?"
"Pas encore. Mais j'ai demandé et obtenu quelques pilules, je les prendrai après ce repas."
J'acquiesce, fouille dans mon sac pour prendre une boîte de thé instantané au gingembre et la pose sur la table pour lui. Ce matin, il a dit qu'il sentait un rhume arriver, alors quand je suis arrivé à l'hôpital, je me suis précipité au magasin pour en acheter.
"Bois du thé au gingembre pour accélérer la guérison. Quand j'étais enfant, ma grand-mère me préparait toujours une théière de thé au gingembre quand j'étais malade. Je me rétablissais complètement avant même d'avoir pu finir la théière pot."
Il sourit, en secouant la tête. "Qu'est-ce que c'est ? Tu es médecin, pourquoi me dis-tu de boire du thé au gingembre ? Quand on est malade, ce dont on a besoin, c'est de médicaments. Nous avons beaucoup de médicaments modernes. Tu es trop drôle. Es-tu vraiment un docteur ? Haha."
Oh...meh ! Pourquoi ?
Chaque fois que j'étais malade, le thé au gingembre m'aidait à guérir.
Pourquoi ne me croit-il pas ? En plus de ça, il s'est moqué de moi.
"Merci, mon cher Tawan. Mais je ne préfère pas. Je n'aime pas les boissons au gingembre. Ça a un goût... un peu trop chaud."
Il grimace, puis me lance un sourire, montrant ses dents parfaites. Au moins, ce sourire peut partiellement apaiser mon coeur meurtri tout à l'heure. Il se penche pour toucher le dos de ma main.
"Je ne veux pas prendre de médicaments, ni rien d'autre. Je veux juste que mon médecin personnel s'occupe de moi quand je suis malade. S'il te plaît ?"
Je sens mon visage brûler, et je baisse la tête pour cacher le sourire.
"Um... ouais, ok."
"Et donne moi une douche ce soir aussi."
Puis, il me tire la langue.
Cela me fait baisser encore plus la tête. D'accord, vous pouvez penser que je suis ridicule et que je ne devrais pas être gêné par de si petites choses, puisque nous l'avons fait ensemble et que nous partageons la chambre depuis longtemps. Mais j'étais véritablement embarrassé.
Même si on s'est vus nus et qu'on a couché ensemble, ça ne veut pas dire que je sois immunisé contre des moments embarrassants comme celui-ci.
N'oubliez pas, c'est mon premier petit ami.
"Euh... Et tu vas retourner au travail ? Tu as de la fièvre, tu ne devrais pas te reposer ?"
J'ai changé de sujet pour atténuer mon embarras, en espérant que mon visage rougi redeviendra normal avant qu'il ne le remarque.
Il secoue la tête. "Ça ne fonctionne pas comme ça, Tawan. Je ne peux pas reporter les rendez-vous des patients, car cela affecterait les emplois du temps des autres patients dans les prochains jours. Les autres dentistes ont aussi déjà des rendez-vous avec leurs propres patients. Tu comprends, n'est-ce pas ? Quand tu es malade, tu viens quand même travailler."
"Mais les rendez-vous chez le dentiste ne sont pas toujours urgents." J'argumente.
Il acquiesce. "Tu as raison. Si ma fièvre s'aggrave, je prendrai un congé maladie. Mais pour l'instant..." Il me tapote doucement la tête. "Je peux le faire. Ça va aller. Allez, finissons de manger. Nous n'avons pas beaucoup de temps. On doit se séparer et retourner au travail bientôt."
"D'accord. Phi Por."
………….
" Laissez-moi vous le redemander. Quelqu'un peut-il prendre ma place le jour de Loy Krathong ? Je prendrai même deux de vos gardes en retour. S'il vous plaît ?"
J'essaie d'éviter le contact visuel avec ma collègue quand elle me supplie. Aujourd'hui, nous avons reçu le planning pour le mois de novembre. Et Loy Krathong est le jour que tout le monde fait de son mieux pour éviter....Alors nous devons toujours tirer au sort pour décider. Et c'est tombé sur cette collègue. Mais elle n'a pas abandonné et essaie de l'échanger.
Allez, ..... Laisse-moi au moins profiter du jour férié pour cette fois.
Parce que je veux aller faire flotter mon Krathong avec Por.
Que ce soit en tant qu'étudiant en médecine, puis en tant qu'interne après l'obtention de mon diplôme, et maintenant en tant que médecin résident, je n'ai jamais refusé de travailler pendant les fêtes. Pour les longs week-ends de fête comme Songkran ou le Nouvel An, si personne ne voulait prendre la place de garde, j'étais le premier à me porter volontaire. Parce que j'étais célibataire. J'avais donc plus qu'assez de temps à consacrer à mes pairs qui voulaient vraiment prendre des jours de congé pour passer du temps avec leurs proches.
De plus, mes deux parents sont à Bangkok. Je peux facilement les voir souvent. De plus, pendant les grandes vacances, ils aiment partir en vacances tous seuls, laissant leurs fils à la maison à Bangkok. Donc, pour moi, les grandes vacances ne sont pas spéciales du tout. Prendre des jours de congé ne sert à rien. C'est pourquoi j'étais un habitué des gardes pour les vacances. J'ai toujours pris la garde pendant Loy Krathong chaque année....jusqu'à maintenant.
Eh bien.... c'est la première année que j'ai un petit ami.
N'importe qui voudrait célébrer Loy Krathong avec sa personne spéciale, n'est-ce pas ?
Il y a longtemps, j'ai été libre une fois pour Loy Krathong, et j'ai fini par être traîné par Nadia pour profiter de la fête dans un temple près de l'université. Nous nous sommes malencontreusement retrouvés séparés parmi la foule. J'ai perdu mon portefeuille et j'ai dû rentrer à pied à l'université parce que je n'avais pas d'argent pour payer la course à bord d'un taxi pick-up à deux banquettes. Après ça, je ne suis plus jamais allé à aucune fête de Loy Krathong, plus jamais. Disons simplement que cela a été une expérience vraiment inoubliable pour moi.
Mais cette année, c'est différent...
C'est la première année avec mon "petit ami".
Je veux faire flotter mon Krathong avec P'Por.
Je ne lui ai pas encore demandé, mais il est dentiste et n'a pas besoin de prendre des tours de garde comme le reste d'entre nous. Donc, il devrait être disponible pour la journée. Et célébrer Loy Krathong avec votre petit ami est une chose courante, n'est-ce pas ? Je suppose que ce paramètre est par défaut. Tout le monde sait que quand on est dans une relation stable, on va faire flotter le Krathong avec son partenaire... N'est-ce pas ? J'ai raison, je pense.
Donc, cette année sera la première année où je pourrai faire flotter mon Krathong avec un petit ami.
…………….
" Bonsoir, Mork. "
Ce soir, j'ai quitté le travail assez tôt. Les cas dans mon secteur sont d’anciens cas existants, donc les transmissions n'ont pas pris beaucoup de temps, car tous les collègues se sont déjà familiarisés avec ces cas. J'arrive au début de la rue de la résidence avant sept heures. Je vois alors M. Mork, un visage familier de la station de motos-taxis.
"Oh, salut, doc. Aujourd'hui tu rentres tôt."
Je fronce les sourcils en le regardant. "Ne m'appelle pas doc. Tu sais comment je m'appelle maintenant, appelle-moi par mon nom."
"Phooey, doc, ton nom a deux syllabes. Je peux continuer à t'appeler doc ? Je suis trop paresseux pour prononcer des mots plus longs."
Il me lance un sourire en coin.
Ah, ouais... Sous cet angle, son visage souriant est vraiment beau. Pas étonnant qu'il soit sur la page Beaux conducteurs, Merci de partager. J'ai été plusieurs fois le passager de Mork, mais je viens de me rendre compte qu'il est plutôt beau garçon. Il est grand, bien bâti et un peu bronzé. Les traits de son visage sont bien définis et il est particulièrement beau quand il sourit.
Oh, c'est vrai ! Je sors mon téléphone pour lui montrer la page de fans.
"Regarde, Mork. Tu es sur la liste de cette page Beaux conducteurs, Merci de partager."
Il prend le téléphone et regarde, en fronçant les sourcils.
"C'est quoi ça, doc ? Beaux conducteurs, Merci de partager ?"
"C'est une page Facebook. Ils téléchargent des photos de beaux conducteurs de moto-taxi de tout Bangkok, je suppose. Et regarde." Je fais défiler mon écran jusqu'à sa photo et je l'ouvre pour lui. "Ici, quelqu'un a secrètement pris une photo de toi et l'a partagée là... Jeune et beau mototaxi du bas de Phahon Road. Pas plus de détails, je suis prems." J'ai lu une partie de la légende à voix haute pour lui.
Mork se met à rire à gorge déployée. "Whoaaa, les gens aiment vraiment des choses aussi insignifiantes ? Beau mototaxi, hein ? Qu'en est-il de la page des fans des beaux taxis, doc ?"
"Je pense que oui. Mais je n'ai jamais regardé, oh, attends... Est-ce que tu viens de dire que ça n'a pas de sens ? Pourquoi ?"
J'éteins mon écran et range le téléphone.
"Eh bien, doc, les beaux mecs sont courants, n'est-ce pas ? Médecins, vendeurs de nourriture, conducteurs de mototaxis ou de taxis, il y a des beaux gars dans tous les métiers.Oh, c'est vrai, docteur, il y en a aussi des beaux gars parmi les balayeurs de la Bangkok Metropolitan Administration qui travaillent près de votre hôpital. Il y a plein de beaux mecs, je ne vois pas pourquoi c'est assez étrange ou important pour créer une page de fans pour ça.
Je considère son avis...
"Oui, je ne sais pas. Peut-être que les gens pensent communément que les chauffeurs de taxi-moto ne sont généralement pas beaux, alors quand ils aperçoivent un beau chauffeur, ils sont surpris et veulent partager l'information avec les autres."
"Hah, doc, même toi, laisse-moi te prendre comme exemple. On dit que les médecins ressemblent habituellement à des personnes ayant des origines chinoises, la peau pâle et les yeux bridés, un peu comme ça. Mais tu ne corresponds pas à cette croyance typique. Par conséquent," il pose son menton dans la paume de sa main et remue ses sourcils devant moi, "un beau gars comme moi pourrait aussi bien être un mototaxi. Ce n'est pas étrange, doc."
"Hehhhh, ce n'est PAS du tout narcissique, hein ? Tu sais quoi, le mot 'beau' n'est pas fait pour l'auto-promotion. Laisse les autres le faire. Si tu le dis toi-même, les gens pourraient penser que tu es un chien hideux, je te le dis."
Je lève les yeux au ciel.
"Eh, pourquoi ! Un bel homme est bel homme. Laisse-moi te dire quelque chose, quand j'étais au lycée professionnel, ces filles du département de commerce étaient toutes sur moi. Je ne veux pas me vanter mais, hah !"
Il le dit fièrement avec les bras croisés. Oh, je vois, il est allé au lycée professionnel. C'est l'équivalent de la terminale, non ? Ouaip, peut-être. Je ne suis plus familier avec le système, donc je ne suis pas sûr.
"Mais bon, tu aimes regarder ce genre de choses, doc ? Cette page Beaux conducteurs, Merci de partager." Il demande.
"Non, pas moi ! Nadia l'a trouvée et me l'a montrée." Je secoue la tête.
"Oh, c'est ton ami au cœur brisé, non ? Comment va-t-il ?Il se sent plus joyeux maintenant ?"
"Il est déjà plus gai. Il a une forte volonté." J'omets la partie où je devrais dire "tu es en fait la prochaine cible de Nadia" parce que je ne veux pas le choquer.
"Doc, vous allez à la même résidence, n'est-ce pas ? Juste une seconde, laissez-moi prendre mes médicaments."
Ensuite, il prend deux comprimés pour faire baisser la fièvre et les met dans sa bouche avant de boire l'eau de sa bouteille, cul sec. La bouteille d'un demi-litre se vide en un rien de temps. Il boit de l'eau comme un chameau.
"Oh, non, tu es malade ?" Je demande.
"Oui, docteur. J'ai un peu de fièvre." Il répond et je remarque que sa voix est un peu nasillarde aussi aujourd'hui.
Par habitude, je lève la main vers son front. Il ne semble pas surpris, cependant. Au lieu de cela, il penche légèrement son corps en avant pour que je puisse l'atteindre plus facilement.
"Oh, c'est vrai... Tu as de la température."
"Ouais, après t'avoir déposé, je pense que je vais aller à la pharmacie et m'acheter quelques anti-inflammatoires." Il me tend alors un casque.
"Hors de question ! Ne prends pas d'anti-inflammatoires."
Je lui prends le casque sans le mettre pour l’instant.
"Oh, pourquoi ça ? Tous les autres prennent des anti-inflammatoires pour soigner un mal de gorge."
"Toi aussi, tu as mal à la gorge ?" Je demande et Mork acquiesce.
"Ouvre ta bouche, laisse-moi l'examiner."
J'allume la lampe de poche de mon téléphone. Mork ouvre docilement sa bouche, largement aussi, tout en penchant le haut de son corps vers le bas pour moi. Hum... Mallumpati grade 1, excellente visibilité, un peu de rougeur et de gonflement, pas de pus du tout. J'éteins la lumière et range à nouveau mon téléphone.
"Hey, ton rhume est dû à un virus. Tu n'as pas besoin d'antibiotiques."
Il fronce les sourcils. "C'est quoi ce médicament, doc ? Anti Bio ? Quoi ?"
"Antibiotiques, ou antimicrobiens. Le même genre de médicaments que tu as appelé anti-inflammatoires."
"Oh ? Je n'en ai pas besoin ? Un rhume est une infection par un microbe, donc on a besoin d'un antimicrobien, non ?"
Oh, boy.... Il discute. Maintenant, je me demande qui est le docteur et qui est le conducteur de mototaxi.
Mais c'est courant. Je me suis longtemps battu contre cette croyance de merde. Les Thaïlandais ont tendance à acheter et à prendre des antibiotiques dès qu'ils ont mal à la gorge, croyant qu'elle ne guérira pas sans antibiotiques. Pire encore, ils préfèrent les médicaments plus puissants.
Cela a commencé par l'amoxycilline, et maintenant tout le monde se met à l'amoxuclav sans avoir besoin d'une ordonnance du médecin. Ces médicaments sont facilement accessibles dans les pharmacies. Certaines pharmacies n'ont même pas de pharmacien. De plus, j'ai rencontré des patients qui avaient pris du Cefdinir avant de consulter un médecin. Dans le futur, ces bactéries deviendront toutes résistantes. Et alors, pour toute infection bactérienne, tout ce que nous pourrons faire sera de nous asseoir et de prier pour que les bactéries meurent d'elles-mêmes.
"Le rhume est causé par un virus. Mais les médicaments antibiotiques tuent les bactéries. Il s'agit de différents types de microbes. Pour un virus, on peut compter sur le système immunitaire de notre corps pour le tuer. Il suffit de prendre un réducteur de fièvre, de dormir beaucoup et de boire beaucoup d'eau. C'est tout."
"Mais je tousse aussi, doc. Mes glaires sont vertes. Ils disent que ça veut dire qu'il y a du pus dedans et qu'il faut des médicaments antimicrobiens."
Euh, encore autre chose. Les glaires vertes signifient qu'elles sont mélangées à du pus, hein ? Pourquoi tu ne penses pas que ça pourrait être de la crème de pandan, aussi ?
Je lève les yeux au ciel. "Ils ? Qui sont-ils ? Les docteurs ?"
Mr. Mork secoue la tête. "Eh bien, 'ils' signifie 'ils' en général, doc. Les autres personnes. Tous les autres."
Je soupire. "Écoute-moi et oublie tes croyances, Mork. Quand on a un rhume et qu'on est sur le point de guérir, le mucus descend dans la gorge et on a un écoulement post-nasal. Le froid peut transformer le mucus en couleurs jaunâtres et verdâtres. C'est le signe d'une guérison. Ça ne veut pas dire qu'il y a du pus. Ne prends pas d'antibiotiques."
"Ah, vraiment, doc ? Je n'ai vraiment pas besoin d'antibiotiques ?"
Son visage est toujours aussi dubitatif. Je hoche à nouveau la tête.
"Fais-moi confiance. Je suis ton foutu docteur. Si je dis que tu n'en as pas besoin, alors tu n'en as pas besoin. Arrête d'écouter des gens au hasard qui ne sont pas médecins."
"Euh, c'est bon, je suppose. Les pilules antibiotiques sont chères. Je ne veux pas gaspiller de l'argent." Il marche vers sa moto.
"Ah, doc, allons-y. Je te dépose. Nous avons parlé trop longtemps, ton petit ami doit t'attendre."
Je mets le casque et le boucle avant de me diriger vers la moto.
"Oh, d'accord, prends ça." Je cherche dans mon sac la boîte de thé au gingembre instantané achetée à l'origine pour P'Por et la tends à Mork. "Si tu veux accélérer ta guérison, fais du thé au gingembre chaud et bois-le. Crois-moi, quand j'étais petit, ma grand-mère m'en préparait chaque fois que j'étais malade. Je récupérais toujours avant même d'avoir pu finir un pot de thé au gingembre."
"Oh wow ! Merci. doc." Il le prend et le met dans son panier avant.
"Allez, monte. Je vais te ramener chez toi."
"Okayyyyy" Je grimpe sur le siège passager, une main se tenant à la poignée arrière et une autre main s'enroulant autour de l'articulation de son épaule. Puis, Mork démarre le moteur.
Je ne sais pas... Peut-être que c'est la façon dont les êtres humains se familiarisent les uns avec les autres. C'est apprendre à se faire confiance.
Au début, quand j'ai dû monter comme passager sur une moto et que je l'ai rencontré, les seules pensées que j'avais en tête étaient que c'était dangereux et effrayant. Mais il m'a appris à me tenir sur le siège arrière d'une moto. Et ma perspective a changé. Je ne voyais plus cela comme dangereux et effrayant, mais comme une activité courante dans ma vie quotidienne.
Quand je suis son passager, j'ai la conviction qu'il n'y a aucun danger à monter sur son siège arrière...
Peut-être que c'est comme aujourd'hui, lorsqu'il a appris à me faire confiance, et qu'il a appris qu'un rhume ne nécessite pas d'antibiotiques, et qu'il a appris que les glaires vertes ne sont pas du pus mais un signe de guérison. Il sait aussi que boire du thé au gingembre aide à guérir du rhume. Mork a volontairement changé ses anciennes croyances et croit maintenant en ce que je lui ai dit à la place.
Je pense.... que c'est symbolique, une preuve de confiance.
"Ah, on est arrivés, doc."
Il se gare devant la résidence et coupe le moteur.
" Tiens, trente bahts. "
Je lui tends l'argent mais il secoue la tête.
"Non, docteur. Aujourd'hui, tu m'as examiné et tu m'as donné du thé au gingembre. Te déposer n'est même pas suffisant."
"Quoi !!!? Non ! L'autre jour, tu m'as aidé à ramener Nadia au dortoir au milieu de la nuit et tu n'as accepté que le prix de la course."
Il insiste pour refuser l'argent.
"Si on continue à compter les dettes dans les deux sens, ça ne finira jamais. Nous sommes des amis. Et les amis s'entraident comme ça. Je ne prendrai pas le prix de la course aujourd'hui. A plus tard ! Fais de beaux rêves, doc."
Je souris en retour tout en lui rendant le casque.
"Très bien, alors. On est amis. Fais de beaux rêves, Mork."
Exactement. C'est ainsi que font les humains dans une communauté. On se rencontre, on fait connaissance, on communique, et on apprend à se faire confiance. Ensuite, on commence à être amis. | | Messages : 87
Date d'inscription : 01/07/2024
| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 8 Mork ATCHOUM !!! Ce n'est pas moi. Loong éternue si fort que ça résonne dans toute la maison. Ar attrape un mouchoir en papier et le lui tend en se plaignant.
— Couvre ta bouche pour la toux et les éternuements. Tu propages le rhume.
Loong prend le mouchoir et s'y mouche vigoureusement.
— Je suppose que j'ai attrapé le rhume de Mork.
— Hé, je suis déjà guéri, Loong. Ne me blâme pas. Je m'empresse de clamer mon innocence. Ce jour-là, après avoir déposé le médecin, je suis rentré à la maison et j'ai préparé le thé instantané au gingembre avec de l'eau chaude. Et oui, tout s'est passé comme il l'avait dit. J'ai complètement récupéré avant d'avoir pu finir la boîte entière. Mon nez va très bien et ma gorge ne me gratte plus, sans avoir besoin de prendre des antibiotiques. Je n'aime pas prendre d'antibiotiques parce qu'ils font sentir mon urine.
— Tu me I'avais déjà transmis avant d'être guéri.
Loong continue de me montrer du doigt.
— Oui, et tu as éternué très fort sans te couvrir la bouche, bon sang, tu vas me transmettre le rhume aussi.
Ar se joint à la bagarre. Je pense que je ferais mieux de me précipiter à l'étage pour éviter d'être pris entre deux feux.
— Hey, Mork, attends.
Mais une voix m'arrête dans mon élan après seulement trois pas.
— Ouais, Ar. Qui a-t-il ?
— Tu te souviens encore que nous avons, tous les deux, un rendez-vous de contrôle pour le diabète et la tension artérielle demain, n'est-ce pas ? Tu as pris un jour de congé au travail ?
Je hoche la tête.
— Oui, je l'ai déjà dit à P'Fueang. Vous deux, n'oubliez pas de vous lever tôt, nous devrons faire la queue pour faire les tests sanguins. Même avec les feuillets de rendez-vous, nous devons nous dépêcher d'y arriver.
— Je sais. Et toi, ne te couche pas tard ce soir. On doit se réveiller tôt.
— Oui, monsieur.
Mes deux oncles ressemblent à des âmes sœurs. Ils ont commencé à faire de l'hypertension l'un après l'autre, à un an d'intervalle. Et quand ils ont eu du diabète, ils ont commencé en même temps aussi. Je me demandais comment ils pouvaient être diabétiques, car aucun d'entre eux n'est obèse. Comme je vous l'ai dit, ces vieux hommes sont vigoureux et musclés. Mais le docteur a dit que cela venait de plusieurs facteurs.
Avoir l'air en bonne santé ne veut pas dire que tu seras toujours robuste. Je dois aussi faire attention.
Il est donc de mon devoir de les emmener tous les deux à leur contrôle de routine tous les deux ou trois mois. En fait, ils peuvent se débrouiller seuls, mais il est préférable que quelqu'un les accompagne en attendant les consultations, au cas où l'un d'eux aurait besoin d'aller aux toilettes ou de faire une prise de sang.
Et ça, c'est ma responsabilité. De plus, l'hôpital où ils vont est le même que celui où travaille le docteur Tawan.
Qui sait, peut-être que demain je pourrai le voir.
Pendant que ma tête réfléchit, mes jambes m'amènent dans ma chambre et devant la table de chevet. Sur le dessus, j'aperçois la photo dans le cadre, une photo que j'ai prise avec Fern..... Je n'ai toujours pas pris le temps de la remplacer par autre chose.
Au début, je l'ai simplement posé face contre table et j'ai pensé à remplacer la photo, car cela me faisait mal chaque fois que je voyais une photo du passé, lorsque nous étions encore ensemble. Je ne voulais pas avoir un rappel constant de la douleur de la perte de Fern.
Je ne me souviens pas avoir remis le cadre dans sa position verticale. Peut-être que je l'ai automatiquement mis en place en faisant la poussière et en nettoyant ma propre chambre.
Maintenant, je peux le regarder avec une émotion neutre. Je n'ai pas mal. Je ne ressens rien. Et comme je ne ressens rien, je n'ai pas encore remplacé ou jeté la photo. La photo de nous est donc toujours dans le cadre, pour me rappeler qu'à une époque de ma vie, elle était avec moi.
Je saute dans mon lit et prends mon téléphone portable, pensant jouer à un jeu, mais je me souviens de la page de fans que le docteur Tawan a mentionné l'autre jour, la page où il y a ma photo.
Heu, quel est le nom de la page ? ... Oh, c'est vrai ! Beaux Conducteurs, Partagez s'il vous plaît. Je ne devrais pas y jeter un coup d'œil ? Je suis curieux de voir ce qu'ils ont écrit sur moi. Je n'ai pas fait attention quand le docteur me l'a montré sur son téléphone et je n'ai rien lu.
Changeant mon plan, j'ai éteint le jeu et ouvert mon Facebook... euh, après plusieurs mois.
J'ai mon propre compte Facebook. Je vous le dis ! Tout le monde en a un de nos jours.
Mais j'utilise le mien principalement pour les jeux. Je ne sais pas comment expliquer, mais pour moi, Facebook est comme une carte d'identité ; vous l'avez, vous la sortez parfois et l'utilisez, mais pas souvent. Oui, je suppose que c'est à peu près ça. Ils sont similaires.
J'ai commencé à utiliser Facebook à cause de Fern…
En tant que gars ordinaire, je ne me soucie pas de ce genre de choses, mais quand ma petite amie a voulu que je l'utilise aussi, j'ai dit oui. Pas parce que je suis obéissant, mais parce que je ne voulais pas continuer à entendre ses plaintes à long terme.
Depuis ce moment-là, j'ai un compte Facebook qui n'a pratiquement pas été modifié, à l'exception de l'étiquette du statut de relation qui portait le nom de Fern.
Maintenant, le statut de la relation est vide. Fern a retiré sa relation avec moi de son profil depuis longtemps. Mais mon propre statut est toujours "en relation", uniquement parce que je ne l'ai pas encore changé en "célibataire". De plus, mon fil d’actualité est vide. Je n'ai jamais rien écrit ni téléchargé. Je suis trop paresseux pour taper, et je n'aime pas prendre des photos. Il n'y avait que les photos que Fern prenait avec moi et sur lesquelles elle me taguait. Mais après notre rupture, elle les a toutes supprimées et mon fil d’actualité est redevenu vide.
Honnêtement, elle n'avait pas besoin de faire ça.
Ce n'est pas comme si effacer les photos pouvait aussi effacer le passé. Supprimer les photos d'un ex ne signifie pas que le nouveau deviendra le premier de toute façon. J'ai l'impression que les vieilles photos sont comme des souvenirs. Qui sait, un jour Fern voudra peut-être regarder les photos de ce restaurant de pot au feu au porc où nous avons mangé une fois, pour voir où il se trouve parce qu'elle a oublié l'endroit. Mais maintenant, elle ne peut rien vérifier, car elle a déjà supprimé les photos.
Effacer est le choix que Fern a fait.
Se souvenir est le choix que je fais.
Après avoir regardé mon fil d'actualité, je tape les mots clés "Beaux Conducteurs, Partagez s'il vous plaît" dans la barre de recherche en haut, et la page s'affiche avec plusieurs photos.
Je fais défiler vers le bas et trouve mes photos. Wow, elles sont si nettes. Je ne portais pas mon casque de sécurité sur celles-ci. Sur une photo, on me voit en train de parler à P'Fueang, sur la suivante, je ris (avec la bouche grande ouverte) et sur la suivante, je souris (eh, je suis beau, c'est vrai.) La dernière photo, c'est quand je baissais la tête pour boire le Pepsi du sac avec une paille. Il y a une légende sous ces photos.
"Jeune et beau mototaxi des environs de Lower Phahon Road (Aussi, je ne vais pas vous donner plus d'indices les gars, je suis prem's sur ce coup, hi hi hi.) J'ai demandé autour de moi, et ils ont dit que son nom est Mork."
(En lisant ça, j'ai la chair de poule !)
Je n'ai aucune idée de qui a pris ces photos. Leur téléphone portable semble avoir un très bon appareil photo. Je ne suis pas sûr de la distance ou de l'angle sous lequel ils ont pris ces photos, mais clairement, je n'étais pas au courant. En fait, j'ai toujours été assez simple. Tout le monde dans la famille et aussi les vieux mototaxis de ma station disent tous que je suis simple et obtus. J'avais l'habitude de confondre les deux mots : simple et stupide. Quand les gens disaient que j'étais simple. Je pensais toujours qu'ils voulaient dire que j'étais stupide.
— Non, pauvre fou. Simple et stupide, ce n'est pas pareil, dit P'Fueang quand je lui ai demandé si j'étais stupide.
— Eh ? Si simple ne veut pas dire stupide, alors qu'est-ce que ça veut dire ?
— Simple, c'est... comme si tu étais simple. Mais stupide c'est comme si tu étais juste stupide.
Phooey... Mec, répéter les mêmes mots ne m'aide pas à voir le tableau. Heureusement, sa petite amie, Mlle Ai, était assise à côté de lui et elle m’a expliqué.
— Simple signifie pas vif, ou qui manque de perspicacité. On peut aussi dire obtus. En termes simples, cela signifie que ta réflexion n'est pas compliquée et que tu ne calcules pas trop les choses à l'avance. Ta vision du monde est simple et tu ne fais attention qu'aux choses évidentes qui se présentent à toi. Par exemple, que penserais-tu si des filles te fixaient ? m'a-t-elle demandé.
— Euh...demandé-je en y réfléchissant. J'ai oublié de fermer ma fermeture éclair ou il y a quelque chose sur mon visage ?
Elle sourit.
— Tu ne penses pas qu'ils te fixent parce que tu es beau ?
J'ai secoué la tête.
— Pas du tout. Mlle Ai, qui le ferait ?
Et cela a fait rire Miss Ai et P'Fueang.
— Très bien, Mork, c'est ce que nous appelons simple.
Aujourd'hui, je n'ai toujours pas compris la différence entre simple et stupide, ni la distance qui les sépare, mais au moins je sais maintenant que les gens comme moi sont appelés simples, pas stupides. Et la raison pour laquelle je ne comprends pas les différences est probablement parce que je suis simple.
Sous mes photos, il est indiqué le nombre de likes qu'elles ont obtenus de la part de centaines de personnes. La photo où j'ai fait le plus grand sourire en a plus de mille, et une tonne de commentaires. Je clique et je lis certains d'entre eux.
— C'est quelle rue ? Je veux y aller et le lécher du lampadaire à l'autre bout.
(Encore effrayant. Et quel genre de métaphore est de lécher du lampadaire à l'autre bout ? Je suis perdu.)
— Pas très beau, mais charmant.
(Merci.)
— Ce type ! Celui-là, celui-là, celui-là ! J'étais son passager. (Et elle a tagué son amie.)
(Vraiment ? Quelle passagère était-ce ?)
— Un vrai conducteur ? Pas juste un piège pour des photos mises en scène ?
(.....)
Et bien d'autres choses encore que je suis trop paresseux de continuer à lire.
J'aperçois un nom parmi ceux qui ont donné un like à ma photo. Tawan Tisawong, écrit avec l'alphabet anglais. Bon, vous serez peut-être un peu surpris, je sais lire l'anglais. Je vais vous dire, j'ai appris l'anglais jusqu'à ma troisième, avant d'abandonner et d'entrer dans un collège professionnel. Je peux épeler des mots de base.
Revenons à Tawan Tisawong, si je prononce ce nom correctement, ce doit être le nom du Docteur Tawan (je me souviens du nom sur sa blouse.) C'est ça, je suppose ? Oh zut ! Il a aussi aimé ma photo ? Je vérifie mes quatre photos sur la page, et Tawan Tisawong a laissé un like sur chacune d'entre elles. Je tape donc sur son nom pour consulter son profil et satisfaire ma curiosité.
Mon téléphone charge pendant un moment, et la page du profil de Tawan Tisawong apparaît. À la fin du chargement, je le reconnais instantanément. C'est vraiment le Facebook du docteur. Oh, wow, doc, tu as aimé mes photos, est-ce que tu ressens secrètement quelque chose ? Je pense et je ris intérieurement.
Oh... Puisque je regarde déjà sa page, pourquoi ne pas fouiner et voir aussi ses publications ?
Il semble que son fil d'actualité soit vide...... Presque aussi vide que le mien.
À part les informations indiquant qu'il vit à Bangkok, il ne poste presque rien. Il y a environ six ou sept photos de lui que d'autres personnes ont prises, téléchargées et taguées. Toutes semblent provenir du Facebook de son ami. Ah, je me souviens de celui-là. Docteur Nadia, son meilleur ami. A part ça, il n'y a aucun texte et aucune photo qu'il a téléchargés, à part la photo de profil. On le voit dans sa blouse courte, adossé à un mur, avec un soupçon de sourire sur le visage.
Je fais défiler vers le bas et regarde son statut relationnel. Célibataire…
On dirait qu'il a été trop occupé pour se souvenir de changer de statut relationnel. Bon sang, doc, tu as déjà un joli cœur. Ne laisse pas ton statut sur "célibataire", l'autre personne pourrait le voir et commencer à bouder. Oh, attendez, son joli cœur est un garçon, peut-être qu'il ne s'inquiète pas autant pour ces petites choses que Fern le faisait. Ou peut-être qu'il est aussi occupé que le docteur, et que son fil d'actualité est tout aussi désert.
Ma main survole le bouton qui dit "ajouter un ami".
Hmm... Je devrais ?
Je suis devenu ami avec lui. Mais quel degré d'amitié avons-nous l'un pour l'autre ? Notre niveau d'amitié est-il suffisant pour que je lui envoie une demande d'ami sur Facebook ? Ou me considère-t-il simplement comme son chauffeur habituel ? Un chauffeur de moto-taxi qui est juste un peu plus spécial que les autres ?
C'est une question difficile. Quand j'étais enfant, si quelqu'un disait que nous étions amis, cela voulait dire que nous jouions ensemble, que nous faisions des farces ensemble, que nous allions à des endroits ensemble et que nous pouvions dormir chez l'autre.
Mais maintenant, en tant qu'adulte, j'ai l'impression que nous utilisons le mot "ami" dans un sens bien différent de celui de l'enfance. J'ai entendu dire qu'il y a des amis qui "couchent" ensemble (si vous voyez ce que je veux dire.) Peut-on appeler cela un "ami" ? Il y a aussi des amis de tchat et des amis qui "parlent juste" (et je n'ai aucune idée de la différence avec les amis de tchat).
Ou est-ce que c'est comme le "soyons amis" que Fern m'a dit quand elle est partie pour un autre gars ? Maintenant, nous nous parlons à peine et je ne connais rien de sa vie. Elle ne fait pas non plus attention à l'évolution de la mienne. Est-ce encore un autre type d'ami ?
Donc, je n'ai aucune idée du niveau d'amitié entre le Docteur Tawan et moi. Et ai-je le droit d'appuyer sur ce bouton pour ajouter un ami ? Je le fixe, en pesant le pour et le contre. Ok, mec. Laisse tomber. Oublie-le. N'appuie pas sur le bouton.
Ce n'est pas comme si j'utilisais mon Facebook assez souvent de toute façon. Mon identifiant Facebook ne sert qu'à m'inscrire à des jeux. Que j'ajoute ou non le docteur Tawan à ma liste d'amis n'affecte pas notre amitié dans la vie réelle.
Après avoir fermé ma page Facebook, je joue à un jeu mobile pendant un moment avant de m'endormir dessus. Mais je me souviens que pendant un moment avant de sombrer dans le sommeil, je me suis senti quelque peu heureux que le docteur Tawan ait aimé mes photos. Il faudra que je le taquine à ce sujet un jour.
………….
Il est cinq heures. Cinq heures du matin, bien sûr. Pas cinq heures de l'après-midi.
Pourtant, la file d'attente pour le prélèvement sanguin est déjà extrêmement longue…
Les visites à l'hôpital sont comme une sorte de compétition. Nous avons les bordereaux de rendez-vous qui indiquent le créneau horaire estimé. Mais il y a tellement de choses à faire avant de pouvoir voir le médecin, surtout pour les patients diabétiques comme mon oncle et mon oncle cadet. Ils doivent d'abord faire une prise de sang. Et la file d'attente pour le prélèvement sanguin est distincte, elle fonctionne sur un système différent avec son propre numéro de file d'attente. Je pensais que nous étions en avance, mais la file d'attente est déjà très longue.
Je me retourne et dis à mes oncles.
— Plus que trente avant votre tour.
Loong hoche la tête.
— Mieux que la dernière fois, c'était cinquante-huit.
Ar acquiesce. Nous nous dirigeons tous les trois vers la fin de la file et, en chemin, nous passons par hasard devant une boîte de dons pour le financement de l'hôpital. Ar sort un billet de 100 et le met dans la boîte.
— Nous venons ici pour recevoir des traitements et des médicaments gratuits. Nous devrions parfois soutenir l'hôpital, afin qu'il puisse continuer à être notre espoir. Lorsque nous visitons un temple, nous faisons des dons pour leurs factures d'eau et d'électricité. L'hôpital nous sauve la vie, alors nous devrions l'aider aussi.
Je souris..... Ar a toujours été gentil. Il fait passer les autres avant lui. Je jette un coup d'œil à mon propre oncle et je vois un sourire au coin de ses lèvres. C'est peut-être pour ça qu'il aime Ar... La "gentillesse".
Quand je suis avec des gens gentils, j'ai l'impression d'être dans un endroit frais et parfumé. Je me sens bien et j'ai envie de dormir, sans jamais vouloir partir. Je pense que pour que deux personnes sortent ensemble, il ne faut pas seulement de l'amour, mais aussi autre chose. Et pour ces deux-là, ce quelque chose est peut-être la gentillesse d'Ar.
Cela me rappelle l'époque où j'étais avec Fern. Bien qu'elle ne soit pas aussi gentille que Ar, elle n'est pas égoïste (ok, ne comptons pas la fois où elle m'a trompé, c'était une seule fois) et nous sommes restés ensemble pendant un bon moment. Oh.... ou c'était moi qui était gentil et ça nous a fait tenir ensemble ? ... Fern disait souvent que j'étais quelqu'un de gentil.
J'ai été perdu dans mes pensées pendant un moment, et les deux oncles ont déjà fini de faire prélever leurs échantillons de sang. Quelle rapidité ! Je me demande si l'infirmière de la salle de prélèvement n'est pas en fait Dongfang Bubai(1) , qui jette dix aiguilles volantes à la fois et prélève les échantillons de sang en un clin d'œil. Tadaa ! La collecte de sang pour les trente patients est terminée si rapidement. C'est une super compétence.
— Hey. Mork, va acheter quelque chose pour ton Ar.
— Je suppose que nous ferions mieux d'attendre jusqu'à ce que nous puissions aller prendre le petit déjeuner ensemble.
Je ne suis pas d'accord.
— La cafétéria n'ouvrira pas avant un peu plus de six heures. Trouve un peu de lait ou un petit encas pour qu'il puisse tenir jusqu'au petit-déjeuner. Si on attend la cafétéria, il risque de s'évanouir. Il mange toujours à l'heure.
La dernière phrase de Loong m'a fait me demander s'il l'a dit avec inquiétude ou par moquerie.
Je suis en train d'ouvrir la bouche pour demander ce que je dois acheter quand quelqu'un me tape sur l'épaule. Je me retourne pour jeter un coup d'œil.
— Oh....doc.
C'est Tawan. Il porte une blouse courte qui m'est familière. Mais ses cheveux sont tout ébouriffés et ses yeux ont l'air fatigués.
— Wow, doc, tu travailles si tôt.
Je regarde ses cheveux hérissés qui partent dans tous les sens.
Il secoue la tête.
— Non, je n'ai pas encore dormi. J'étais de garde la nuit dernière
— Tu n'as pas dormi ? Depuis quand ?
Je suis curieux.
— Euh... Toute la nuit. J'ai pris mon service à 16 heures, hier, et j'ai fait le Serng(2), jusqu'à maintenant.
— Serng ?
Je ne suis pas sûr d'avoir mal compris. Pourquoi et comment un médecin a-t-il quelque chose à voir avec le Serng ?
Tawan rit.
— Désolé, désolé. Serng est notre expression utilisée pour désigner un devoir brutalement épuisant, parce que nous sommes tellement occupés à faire les choses aussi vite que la musique bat dans le Serng.
— Et si ton service est super très extrêmement chargé ? Comment vous appelez ça, doc ? lui demandé-je en plaisantant, avec une dose de finesse.
— Le Serng est si rapide que le bocal se casse et que le poisson fermenté vole partout ?
Il rit en retour.
— Et qu'est-ce que tu fais ici, Mork ? demande-t-il.
— Oh mince ! J'ai oublié. Doc, ce sont mes oncles. Voici Loong Cheep, et voici Ar Dej.
Je fais un geste vers mes deux oncles qui regardent tous deux le docteur Tawan.
— Loong. Ar, voici le docteur Tawan. C'est... euh... mon ami.
J'hésite à prononcer ce mot parce que c'est gênant et que j'ai peur que le docteur me jette un regard et me dise qu'il ne considèrerait jamais un mototaxi comme un ami.
— Enchanté de faire votre connaissance. Je m'appelle Tawan. Je suis l'ami de Mork.
Tawan salue humblement et poliment mes deux oncles.
— Tu les as emmenés ici pour un contrôle de routine ? Vous avez fait une prise de sang ?
— Ouais. Contrôle du diabète et de la tension artérielle. La prise de sang est déjà faite.
Je réponds en faisant un signe de tête vers les boules de coton plaquées sur leurs bras pour comprimer la plaie et arrêter le saignement.
— Et combien de temps avant la fin de ton service ?
Je regarde l'heure, il est maintenant six heures moins le quart.
— Jusqu'à huit heures. Ensuite, je vais me doucher et commencer à examiner d'autres patients.
— Mince ! Pas question. Et qu'en est-il de ton sommeil et quand ?
Je suis sincèrement choqué. Il ne se repose pas du tout ? Il sort de son service et va directement dans la salle d'examen. Comment peut-il tenir le coup ?
— Ce soir. Oh, attends, ce soir j'ai une autre garde. Un ami a demandé un échange de créneaux horaires. Donc je prends deux créneaux d'affilée.
En plus des cheveux sauvages et des yeux fatigués, Tawan a aussi l'air incohérent.
— Tu vas vraiment bien, doc ?
Mince, je n'aurais pas dû demander ça. S'il dit qu'il ne va pas bien, quelle aide je peux lui apporter ?
— Non, mais je ne peux pas arrêter de travailler. Comme tu peux le voir, il y a tellement de patients. Si je ne reste pas, ma part de responsabilité va retomber sur les épaules d'un autre médecin. Que ça aille ou non, je dois continuer à travailler, car la maladie n'a pas de jour de repos.
Étrange. A première vue, cela ressemble à une simple plainte. Mais je peux sentir la "gentillesse" dans le message de Tawan. Parfois, la gentillesse ne se manifeste pas par la douceur, un toucher doux, des mots charmants ou des yeux attentifs.
Parfois, la "bonté" se manifeste par un sentiment de "désintéressement", comme ce que fait le docteur Tawan. Je peux sentir l'air frais et parfumé de la bonté qui émane de ce petit médecin à l'allure incohérente et aux cheveux hérissés qui se tient devant moi.
— Et où vas-tu ? demande-t-il.
— Oh... Je vais dans une épicerie de quartier pour trouver des snacks pour Ar.
— Ah, je suis sur le point d'aller prendre un café. Tu veux qu'on y aille ensemble ? Je vais te montrer le chemin.
Il se porte volontaire, alors j'acquiesce.
— Assure-toi de prendre du lait normal pour lui. Sans sucre.
Loong me le rappelle avant de partir. Je tourne la tête et lui fais un signe, puis je suis le docteur Tawan le long du couloir faiblement éclairé qui serpente à l'intérieur du bâtiment de l'hôpital. Le soleil se lève, si bien que les plafonniers automatiques se sont éteints à certains endroits. Mais la lumière du soleil à l'horizon est encore trop faible, ce qui rend le lieu sombre. Pas étonnant que certaines personnes aient peur des fantômes dans les hôpitaux.
— Les hôpitaux sont un peu... effrayants.
J'entame une conversation pour me débarrasser du calme fantomatique qui règne autour de nous.
— Tu as l'impression que c'est effrayant juste parce que tu n'es pas familier avec l'endroit, non ? Comme quand tu m'as aidé à aller au dortoir.
Tawan me regarde avec un sourire. Le sourire, cependant, ne peut pas atténuer l'épuisement évident sur son visage.
Je secoue la tête.
— Non, doc. Ce n'est pas la question. Écoute, c'est vraiment effrayant. Il y a beaucoup de coins sombres, partout. C'est déjà presque l'aube, et c'est toujours aussi sinistre.
— Yep, tout ça parce que c'est pas familier, dit-il en haussant les épaules. Imagine que ce soit ta propre maison, quand tu te réveilles au milieu de la nuit pour aller aux toilettes, tu te sentirais effrayé ?
J'essaie de réfléchir avant de répondre.
— Non, doc, dis-je en secouant la tête.
— Pourquoi ça ? C'est sombre aussi, n'est-ce pas ? En plein milieu de la nuit.
— Parce que c'est ma maison, doc.
En disant ça, je commence à ne plus savoir si je le pense vraiment. Ça ressemble plus à une réponse automatique. Mais je n'ai vraiment pas peur du noir à l'intérieur de ma maison.
Tawan acquiesce.
— C'est exact. Parce que c'est ta maison. Tu es habitué à l'obscurité et aux moindres recoins de la maison, alors ça ne te fait pas peur. Mais ici, c'est un hôpital, un endroit que tu ne connais pas bien. Tu ne sais pas ce qu'il y a dans le noir, donc tu penses que c'est effrayant.
— La peur vient de l'imagination, Mork.
Il s'arrête brièvement de marcher pour croiser mon regard.
— Quand il fait sombre et qu'on ne peut pas voir, nos pensées s'accrochent à n'importe quelle imagination que nous associons à l'obscurité. Alors qu'en réalité, il n'y a rien sous l'obscurité. Mais nous avons peur parce que l'imagination la manipule.
— Oh... vraiment ? acquiescé-je avant de demander. Alors, doc, tu n'as pas peur des fantômes de l'hôpital ?
Il secoue la tête.
— Je n'ai pas peur des fantômes dans l'hôpital. J'en connais chaque recoin. Et même s'il y a vraiment des fantômes, je pense que je n'aurai pas peur non plus.
— Eh, pourquoi ça ?
Je suppose qu'on apprend aux étudiants en médecine à ne pas craindre les fantômes.
— Pourquoi ? Eh bien, les fantômes dans un hôpital sont probablement les fantômes des patients. Ils n'essaieront pas de hanter les médecins.
Tawan me donne une réponse amusante à la place.
— Heyyyy, c'est quoi cette raison, doc ? demandai-je en riant.
Est-il en train de faire une blague ?
— Mon genre de raison. Si j'y crois, les fantômes y croiront aussi. Ne discute pas avec moi. Je suis un docteur.
— Ok, ok, doc. Je ne discuterai pas, alors. Hahaha !
Nous arrivons à la supérette et je le regarde prendre une grande tasse et se diriger vers le distributeur de glace, avant de remplir sa tasse de glace. Il opte ensuite pour un mélange moitié café, moitié Ovomaltine.
— Je l'aime bien comme ça, l'Ovomaltine sent bon.
Je hoche la tête.
— J'aime aussi, doc. Je suis juste surpris que vous buviez aussi du café du 7-Eleven. Je pensais que les médecins préféraient le meilleur café provenant de cafés de luxe.
Tawan trouve ma remarque amusante et sourit.
— Tu sais quoi, le café du 7-Eleven est le meilleur ami du médecin, car la caféine est très forte. Quand j'ai besoin d'un maximum de rafraîchissement et de réveil, le café du 7-Eleven est la réponse. Il donne le meilleur coup de fouet.
— Pour moi, il n'y a rien qui puisse être meilleur.
Il s'approche et s'arrête juste à côté de moi devant une étagère remplie de rangées de bouteilles et de cartons de lait, où je scrute les étiquettes pour trouver du lait sans sucre.
— Je pense qu'il n'y a qu'une chose la plus appropriée à ce moment précis. Pour un matin après une garde aussi épuisante, la chose la plus appropriée pour moi est cette tasse de café.
Il boit rapidement deux gorgées avant de remplir à nouveau son café.
Whoa... c'est une première !
Je pensais que cette pratique n'était populaire que parmi nous, les chauffeurs de mototaxi qui vivent au jour le jour de leur salaire et qui dépendent aussi du café du 7-Eleven. En fait, même les médecins le font aussi. Après avoir connu Tawan, je commence à voir les médecins sous un jour nouveau et avec plus de recul. J'ai l'impression qu'il n'est qu'une personne ordinaire comme moi.
Ah..... le voilà ! Du lait sans sucre.
J'ouvre le réfrigérateur pour prendre deux bouteilles de lait non sucré, je vérifie l'étiquette pour m'assurer qu'il n'y a pas de sucre et je vérifie la date de péremption. Après cela, je me dirige vers la caisse et commande deux brioches à la vapeur fourrées à la pâte de haricots noirs, en demandant également à ce qu'elles soient réchauffées. Je suppose que c'est suffisant pour Loong et Ar. Nous pourrons aller à la cafétéria plus tard, une fois que nous aurons obtenu la place dans la file d'attente.
— Tu prends ça pour tes oncles ? Et pour toi ? Tu ne manges pas ?
Tawan pointe du doigt mon sac de nourriture tout en prenant une grande gorgée de son café à la paille.
— Ha, nah, doc. Je n'ai pas faim. Je vais juste aller réserver la file d'attente pour la salle d'examen et ensuite manger à la cafétéria, réponds-je en lui souriant. J'espère que nous pourrons voir le docteur aussi rapidement qu'il est écrit sur les bordereaux de rendez-vous.
Il acquiesce et prend une nouvelle gorgée en silence.
— Avant, je m'énervais quand Loong et Ar devaient s'asseoir et attendre très longtemps pour voir le médecin. Parfois, les bordereaux indiquaient que l'examen commençait à huit heures, mais le médecin n'apparaissait qu'après neuf heures, ce qui perturbait l'horaire de passage de tout le monde.
— Tu as dit avant... Et maintenant ? Ça ne te contrarie plus ? demande Tawan.
Je le regarde. Ses yeux fatigués semblent un peu plus vifs (ce doit être à cause du café) mais ses cheveux sont toujours ébouriffés. Il y a cette envie inhabituelle en moi qui fait que ma main se lève d'elle-même comme pour lisser ses cheveux. Mais je me contente d'y penser et j'empêche ma main de bouger, me permettant seulement de sourire et de répondre.
— Je sais maintenant que tu as été très occupé, que tu n'as pas dormi, même à quatre ou cinq heures du matin, et que tu as couru partout avec des cheveux ébouriffés. Je n'ose pas me mettre en colère. Peut-être que lorsque les médecins sont en retard dans les salles d'examen, c'est parce qu'ils sont en train de sauver la vie de quelqu'un ailleurs. Si nous pouvons attendre, nous attendrons. Il y a si peu de médecins, nous devrions les traiter avec égards.
En terminant, je siffle une fois.
— N'est-ce pas ? Surtout quand on est si petit et qu'on n'a pas dormi. J'ai de la peine pour toi et je ne peux pas me fâcher.
Il me sourit.
— Merci de comprendre les médecins.
— Merci à toi de m'avoir fait comprendre.
À ce moment-là, quand nos yeux se croisent, c'est comme si le temps s'était arrêté. Je ne peux pas sentir la présence des autres personnes qui déambulent dans le magasin. C'est comme si le monde entier devant moi n'avait que cette paire d'yeux, les yeux de Tawan. C'est comme si tous les autres sons étaient coupés, et qu'il n'y avait que la conversation entre nous deux.
— Cinquante-huit bahts. Monsieur.
Jusqu'à ce que le caissier répète la même chose, bien sûr. Et alors nous sommes libérés du sort.
— Uh.... oui, d'accord.
Je sors un billet pour payer, et prends ma monnaie.
— Oh et... quand est le rendez-vous de tes oncles ? C'est quel médecin ? demande Tawan.
Je lui tends les bordereaux de rendez-vous au lieu de répondre. Il les prend, ses yeux parcourent brièvement le texte avant de se tourner vers moi.
— Je vais m'occuper de ça, pour que vous puissiez tous rentrer chez vous plus rapidement. Attendez au même endroit, je reviens tout de suite.
Puis, il commence à courir dans la direction opposée.
……………
— Oh, hey Mork. Où est passé ce docteur ?
Loong me demande quand je lui tends le sac contenant les brioches à la vapeur et les bouteilles de lait.
— Ah, je ne savais pas que tu avais un ami médecin. Il a l'air bien et semble être professionnel.
Ar commente avant que je puisse répondre à Loong.
— Il a dit qu'il ferait quelque chose pour la file d'attente pour les examens. On attend ici et il va revenir.
Je m'assois sur un siège à côté de mes oncles, puis je laisse mes yeux errer sans but parmi les passants.
— Oh, mec. Ne pas profiter de cette chance de pouvoir se reposer après être resté debout pour la garde toute la nuit, mais choisir de nous aider à faire la queue à la place, ce satané docteur.
Quand je pense à Tawan, ma bouche marmonne involontairement à son sujet également. Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour lui, vous savez.
— Mork.... tu vas bien ? Pourquoi tu ronchonnes ?
Ar me jette un regard étrange.
— C'est le doc. Il est resté debout toute la nuit pour une garde, vous avez vu ses yeux fatigués et ses cheveux en désordre. Il vient d'avoir un peu de temps libre, mais au lieu de faire une sieste, il s'est porté volontaire pour s'occuper des bordereaux de rendez-vous et sécuriser nos créneaux d'attente, dis-je en secouant la tête. Il ne prend pas bien soin de lui, ce satané docteur.
— Uh-huh. Mais comment l'as-tu connu ? demande Loong.
— Eh bien, Tawan était ce passager dont j'ai parlé une fois. Celui qui a un petit ami.
— Ahhh !
Les deux s'exclament et hochent la tête simultanément.
— Et comment êtes-vous devenus amis ?
— Bah, c'est une très longue histoire, Loong. Je te la raconterai plus tard.
Je me détourne, n'étant pas d'humeur à leur dire quoi que ce soit. Mes yeux sont fixés dans la direction où Tawan s'est enfui plus tôt. Quand va-t-il revenir ?
— Je me demande où il s'est enfui pour s'occuper de la file d'attente pour nous, et à quelle distance c'est. J'espère qu'il ne va pas tomber ou trébucher, car il a l'air tellement désorienté et endormi.
Hmm... Ou peut-être que je devrais courir après lui et vérifier. Je n'aurais pas dû le laisser partir seul. S'il tombe, qui va l'aider à se relever ?
— Mork, m’appelle Loong en me tapant sur l'épaule. Tu vas... bien ? Tu es dans les nuages.
Je lui lance un regard du coin de l'œil.
— Ah, toi aussi ? Pourquoi me poses-tu la même question que Ar ? Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu agis bizarrement, commente-t-il.
— Comment ça ?
Je me demande ce qui ne va pas avec Loong et Ar. Ils sont étrangement ennuyeux. Arrêtez, je suis occupé à m'inquiéter pour le petit docteur.
— Parce que tu agis comme moi... quand j'ai commencé à avoir des sentiments pour Dej.
Notes :(1) Dongfang Bubai : Personnage fictif d'un roman chinois de Jin Yong. Les armes principales de Dongfang Bubai sont des aiguilles volantes. (2) Serng : Un type de danses du nord-est de la Thaïlande, généralement accompagnées d'une musique au tempo rapide. Dans certaines variantes, les danseurs l'exécutent en utilisant un objet domestique, tandis que la chorégraphie imite la routine quotidienne ou les actions impliquant l'objet. Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 9 Tawan — P'Ueai, P'Ueai. En jetant un coup d'œil à l'horloge, je tapote l’épaule d’une infirmière senior qui est la responsable du secteur des consultations externes. Il est un peu plus de six heures et les horaires habituels de service n'ont même pas encore commencé, mais chaque matin, lorsque je traverse le hall des consultations externes, je la vois toujours. Tous les jours, elle arpente les lieux, discutant avec les patients qui attendent. C'est une scène familière pour tous les médecins résidents du département de médecine interne. — Oui ? Bonjour, Dr. Tawan. Comment puis-je vous aider ? Elle se tourne et sourit. — Hum… Je lui tends les deux feuilles de rendez-vous. — Les oncles de mon ami ont un check-up aujourd'hui. Pourriez-vous les envoyer dans ma salle d'examen ? Sans trop les faire patienter si c'est possible. Senior Ueai ajuste ses lunettes et regarde les formulaires. — Bien sûr, doc. Pas de problème. Ils sont affectés à un résident, pas à un interne. Je peux les affecter à votre salle, dit-elle avant de lever les yeux des fiches. Les oncles de votre ami ? Pourquoi n'ont-ils pas le même nom de famille ? Je fronce les sourcils et reprends les fiches pour mieux les regarder. Oh... c'est vrai. Des noms de famille différents. — Peut-être qu'ils sont de différents côtés de la famille. Je n'avais pas remarqué non plus. — Je vois. Le rendez-vous nécessite une prise de sang. Docteur, les avez-vous déjà envoyés la faire ? Je lui fais un signe de tête. — Oui. J'ai entendu dire qu'ils allaient manger quelque chose maintenant. Je vais d'abord faire le tour du service, puis je me dépêche de descendre pour les consultations à neuf heures. C'est promis. — Eh, et la conférence du matin ? Comment pouvez-vous y être pour neuf heures ? objecte P’Ueai. Selon le planning normal, après avoir fait le tour du service, les résidents doivent assister à une conférence matinale avant de descendre pour examiner les patients externes. Et chaque conférence (chaque matin) prend un temps fou. — Oh, aujourd'hui je suis de service le matin aux consultations externes, donc je n'ai pas à participer à la conférence. J'explique puis évalue dans ma tête le ratio entre les patients et les médecins et le personnel hospitalier, surtout le matin. Comme la file d'attente pour la visite médicale est bondée dès le lever du soleil, l'hôpital doit gérer son personnel pour éviter que les patients attendent trop longtemps leur tour. Par conséquent, chaque matin, un ou deux médecins sont exemptés de la conférence pour leur permettre de commencer à examiner les patients immédiatement. De cette façon, la taille de la file d'attente diminue un peu avant que le reste des médecins ne terminent la conférence et ne commencent les consultations au grand complet. — Alors, mangez un peu avant de venir ici. Si votre glycémie est trop basse, vous vous évanouirez et deviendrez mon fardeau. Hahaha ! dit-elle en riant. — Okayyyy, je ne ferai pas la même erreur deux fois, dis-je d'un ton traînant et en lui souriant, puis je quitte le service de consultations externes. Je repense à l'incident dont elle vient de me parler. C'était la première semaine où je revenais ici pour suivre une formation spécialisée et je ne m'étais pas habitué à la charge de travail. J'étais lent, et j'ai terminé mon tour de service trop tard pour prendre un repas. Je me suis donc forcé à continuer d'examiner les patients en ayant faim, pensant que je pourrais manger à midi. Mais si vous avez visité des hôpitaux publics, en particulier ceux qui sont également des écoles de médecine, vous avez peut-être remarqué la quantité de patients externes que nous recevons. Avec un tel nombre, il est impossible pour un médecin de s'éclipser pour prendre un repas. Ce jour-là, il était presque 14 heures, mais je n'avais pas encore terminé la moitié des cas qui m'avaient été assignés. J'ai continué à repousser mes limites et à examiner. J'avais des vertiges mais je les combattais. Puis, en me levant de ma chaise pour écouter les poumons d'un patient, la tête a tourné et je me suis évanoui ! Je me suis retrouvé sur un lit d'examen, avec des collègues de travail autour de moi. Il s'est avéré que le manque continu de nourriture, d'eau et de sommeil, ainsi que la chute du taux de sucre dans le sang en dessous du seuil, ont provoqué mon évanouissement. Cette fois-là, j'ai été un fardeau pour mes collègues médecins et infirmières en chef, et j'ai également eu droit à des reproches de la part du personnel du service. Même Nadia était inquiet et a accouru de son propre service pour voir comment j'allais. Bien sûr, P'Por est venu aussi. À l'époque, on ne sortait pas encore ensemble, mais les autres ont commencé à remarquer que lui et moi étions plus proches qu'un simple senior et un junior. Il s'est joint à ceux qui me grondaient pour me dire de ne plus jamais manquer mon petit-déjeuner. Depuis, je me suis promis que, quoi qu'il en coûte, je ne sauterais plus jamais de petit-déjeuner. La cafétéria devrait être ouverte maintenant. Je ferais mieux d'inviter Mork, son Loong, et son Ar pour un petit-déjeuner ensemble. Il y a encore du temps avant que la tournée des services ne commence à huit heures. Je devrais manger quelque chose, puis me doucher et laver le visage pour me rafraîchir avant le travail. ……….. — Hey, Mork. Ils sont tous les trois assis au même endroit et semblent être au milieu d'une conversation. Je ne veux pas m'imposer de manière impolie, alors je le préviens avant de m'approcher. Mork semble grimacer un peu à ma voix. Je n'ai aucune idée de ce dont ils parlaient, mais maintenant ses oncles me regardent tous les deux comme un seul homme. — J'ai la file d'attente pour vous. Je lui tends les petites cartes sur lesquelles sont inscrits les numéros de la file d'attente, un et deux. — Vos oncles vont me voir. Aujourd'hui je suis affecté aux consultations, donc j'ai demandé les numéros 1 et 2 pour eux. — Oh wow ! Merci beaucoup, docteur. Il prend les cartes et les regarde comme si elles étaient particulièrement rares. — Je n'ai jamais vu une carte de file d'attente numéro 1 d'un hôpital. Ça dépasse mes rêves les plus fous. Je croyais que c'était un mythe ! " dit-il avant de me tirer la langue en plaisantant. Cela lui vaut un roulement d'yeux de ma part, d'un air amusé, mais pas agacé. — Mmh, c'est un hôpital public, et une école de médecine en plus de ça. Peu importe à quel point tu es en avance, il y a toujours quelqu'un avant toi. — Ou alors, il y a des gens qui viennent à l'hôpital super tôt pour s'emparer des créneaux de la première file d'attente. Je hoche la tête. — Il y a ça aussi. C'est vrai. J'ai vu ça souvent. Je me tourne vers les oncles de Mork. — Allons d'abord prendre le petit-déjeuner. La cafétéria devrait être ouverte maintenant. Après cela, veuillez attendre dans le hall d'examen. Je vais aller me doucher et vérifier les patients hospitalisés dans le service à l'étage, puis je me dépêcherai de revenir dans la salle d'examen. Je vous promets que tout sera bientôt fini et que vous pourrez rentrer chez vous à dix heures. — Merci beaucoup, docteur. Celui qui répond doit être Loong, l'oncle de Mork, car il semble manifestement plus âgé que l'autre. J'incline la tête pour accepter sa gratitude avant de les conduire à la cafétéria, même si je sais qu'ils connaissent le chemin. Je remarque secrètement que Loong semble s'intéresser exceptionnellement à Ar. Il ne cesse de s'arrêter et de l'attendre. Bien qu'il s'agisse d'un geste banal pour toute personne ordinaire, je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression que ce geste banal a des notions particulières. Et le fait qu'ils aient des noms de famille différents m'intrigue toujours. Mais je ne devrais pas être indiscret. Je suis un étranger qui ne peut que regarder et observer. Ce n'est pas à moi de poser des questions à ce sujet. — Il est encore tôt et la cafétéria vient d'ouvrir, dis-je aux trois personnes qui me suivent. Je pense que tous les stands de nourriture ne sont pas encore ouverts, mais les stands de curry et de riz le sont. Loong et Ar, ça vous convient ? — Bien sûr, doc. Je ne m'inquiète pas pour la nourriture. Mon chéri ne le fera pas non plus, répond Loong en hochant la tête vers Ar. — Oui, docteur. Notre famille n'a pas de mangeur difficile. Et les deux se dirigent directement vers le seul stand de riz et de curry ouvert pour le moment. Eh... ? Ai-je mal compris quelque chose ? Je regarde Mork avec une expression confuse et interrogative. — Oh. Il hoche la tête comme s'il venait de se rappeler de quelque chose. — Haha, j'ai oublié de te le dire, doc. Loong est le frère aîné de maman. Mais Ar n'est pas le petit frère de papa. C'est la personne spéciale de Loong. Au cas où tu aurais remarqué, leurs noms de famille sont différents. — Hmm ? Tu veux dire que Ar est le petit ami de ton Loong ? — Oui, docteur. Ils vivent ensemble depuis longtemps. — Euh... et toi ? Je jette un coup d'œil aux deux oncles de Mork, puis je le regarde à nouveau d'un air interrogatif.. — 'Moi ? Et moi, doc ? Tu me demandes si mon amour est un mec aussi ? Non, doc. Je suis célibataire et mon dernier amour était une femme. — Merde non ! Je veux dire que tu es d'accord avec le fait que ton Loong et ton Ar soient des partenaires comme ça ? Oh hmm... En terminant ma question, je réalise que je n'aurais pas dû demander. Il semble explicitement et absolument d'accord avec ça. — Je ne sais pas, doc. Je les connais depuis que je suis enfant. Ar est comme de la famille, donc je ne pense pas que ce soit bizarre ou quoi que ce soit. Mais...continuet-il en baissant un peu le ton. Bon sang, quand tu m'as dit qu'un bottom est celui qui le reçoit par derrière, j'ai eu une image mentale de comment il devait le recevoir de Loong, et je n'ai pas pu dormir de la nuit ! — Owwie ! Mork. Maintenant je ne peux plus me retenir et je ris à gorge déployée. — Tu es avec eux depuis longtemps et tu n'y as jamais pensé avant ? Il secoue la tête. — Non, doc. Et tout le monde dit que je suis quelqu'un de simple. Je lui souris. — Je trouve qu'un type simple est charmant. — Vraiment, doc ? — Pourquoi je te mentirais ? Viens, on va manger un peu. Puis, je me dirige vers le stand pour choisir ma nourriture. Il n'y a que deux choix possibles pour l'instant, un œuf dur dans un ragoût d'épices douces et un sauté de chayotte, qui ne vont pas du tout ensemble. J'ai l'habitude de coordonner les aliments dans mon assiette. Je décide si la combinaison peut aller ensemble ou non. S'ils ne vont pas bien ensemble selon mes critères, je ne commanderai pas la combinaison. Par conséquent, en ce moment, je n'ai que deux options, soit du riz et un ragoût d'oeufs durs, soit du riz et un sauté de chayotte. — Sauté de chayotte sur du riz, s'il vous plaît. Je dis au vendeur que je veux un plat de légumes. — Doc, pourquoi ne pas prendre des protéines ? demande Mork en se penchant. — Ils ne vont pas ensemble, tu sais. Je mangerai autre chose au déjeuner ou au dîner à la place. Je dis peut-être ça, mais en réalité, je ne sais même pas si j'en aurai la chance. La vendeuse me connaît bien et elle met plus de riz dans mon assiette. Elle sait que parfois les médecins n'ont pas l'occasion de déjeuner, et donc que nous nous gavons autant que possible au petit-déjeuner. — Ragoût d'épices douces avec deux œufs, s'il vous plaît. Et un sauté de chayotte, juste le légume, sans sauce s'il vous plaît. — Est-ce qu'ils iront bien ensemble ? Mork. Je regarde les œufs durs dans son assiette et le sauté. La vendeuse a fait de son mieux pour obtenir des légumes sans sauce, mais elle n'a pas pu l'éviter complètement. Et maintenant, dans l'assiette de Mork, la soupe de ragoût et la sauce du sauté se mélangent. Ils n'ont pas l'air de s'accorder. — Je ne sais pas, doc. Mais c'est bon pour moi. Quand j'étais chez les moines, mon mentor, un moine âgé, m'a appris à prendre tous les éléments nutritifs en un seul repas, et à ne pas compter sur l'espoir du prochain repas. Parce qu'on peut ne pas l'avoir, ou on peut même mourir avant que le prochain repas n'arrive. — Tu as été ordonné dans le bouddhisme ? — Oui, docteur,répond-il en se tournant pour afficher un sourire en coin, montrant ses canines. "Vous pouvez aussi m'appeler Tid(1) Mork. — Je n'ai jamais été moine, commenté-je. Parmi les trois membres de la fratrie, seul mon grand frère, Saengtai, a reçu une ordination. Mon petit frère et moi ne sommes pas encore passés par la case moine et il semble que nos parents n'aient pas de préférence en la matière. — Eh bien, tu as étudié si dur, n'est-ce pas ? Pas le temps pour l'ordination. Allez, doc, mangeons. Mork ramasse deux paires de cuillères et de fourchettes, une pour moi, avant de se diriger vers la table où sont assis ses oncles. — Assieds-toi et mange, doc. Je vais chercher de l'eau. Il pose son assiette et va vers une fontaine à eau réfrigérée. — Hé, pas question. Je pose mon assiette sur la table et je me précipite après lui. — Tu ne peux pas porter quatre verres d'eau tout seul. Laisse-moi t'aider. — Bahh, c'est rien, doc. J'ai de grandes mains, tu vois ? Il ne se contente pas de le dire, il me montre aussi sa main, tous doigts écartés. Et ça lui vaut un petit rire. — Oui, mais je suis déjà là. Allez, laisse-moi en porter. J'attrape deux verres et lui laisse les deux autres avant de retourner à la table. — Tu es très gentil. Tu aimes aider les autres,dit il. Je souris sans dire merci ni démentir son compliment. Mais si vous voulez mon avis, je pense que c'est Mork qui est gentil. Il a conduit sa moto jusqu'ici au milieu de la nuit pour me déposer, puis il m'a aidé à porter Nadia jusqu'au dortoir. N'est-ce pas la preuve qu'il est gentil ? — Doc, vous mangez si peu, c'est vraiment suffisant ? Loong Cheep pointe du doigt mon assiette. — Oh... Je ne mange pas beaucoup. Haha. C'est déjà un jour de chance parce que je peux avoir du riz. Sinon, c'est généralement du pain et du café. Bien que je ne saute jamais le petit-déjeuner, ça ne veut pas dire que j'ai toujours un bon repas. Si je peux mettre de la nourriture dans ma bouche avant midi, c'est mon petit-déjeuner. — Vous allez manquer d'énergie en fin de matinée, docteur. Comment pouvez-vous travailler avec si peu de nourriture ? — Pourquoi vous vous acharnez sur lui ? proteste Ar Dej. Il a peut-être quelqu'un qui lui apporte à manger et à boire. N'est-ce pas, docteur ? À en juger par votre beauté, vous devez déjà avoir un amoureux. Eh bien...... Ar, pourquoi en arrive-t-on à ce sujet ? Je ne sais pas quelle tête je dois faire. — Euh... Haha, oui, j'en ai un. Je lui fais un sourire gêné en même temps que ma réponse. — Tu vois ? Maintenant, tu devrais te dépêcher de finir de manger, pour qu'on puisse attendre qu'on nous appelle. Je ne veux pas être en retard quand le docteur commencera l'examen, dit-il à Loong. — Oh, prenez votre temps. Je vais vous examiner. Après le petit-déjeuner, je devrai monter dans le service pour vérifier brièvement nos patients hospitalisés. Et puis je serai dans la salle d'examen dès que possible. — Eh ? Docteur, vous étiez de garde la nuit dernière, n'est-ce pas ? demande Loong. Je hoche la tête. — Oui. La nuit dernière, et ce soir aussi. — Mais alors, quand allez-vous vous reposer ? Sortir du service et examiner les patients externes tout de suite comme ça. Je ne sais vraiment pas comment répondre à sa question. Alors je me contente d'un sourire mièvre, en essayant de trouver un autre sujet de conversation. Et soudain, une voix perçante interrompt tout. — Tawannnnnnnnnnn ! Comment s'est passé ta garde hier soir, hein ? Je me retourne et regarde, Nadia est en train de traverser l'entrée de la cafétéria mais sa voix le précède. Heureusement, il n'y a pas beaucoup de monde dans la cafétéria, donc il ne fait pas fuir les patients ou leurs proches. Je regarde Loong et Ar, ils semblent un peu effrayés de voir un docteur volumineux et musclé parler d'une manière si féminine et avec un ton aigu et efféminé. — Vraiment débordé, réponds-je. Sans aucune invitation, Nadia tire une chaise et s'assied à côté de moi. — L'USI(2) m'a appelé si souvent que j'ai presque dû monter une tente devant leur comptoir. Oh, et… Je fais face aux deux oncles de Mork. — …Voici le Dr Nadia, un médecin du service de pédiatrie. C'est mon ami. Nadia, voici les oncles de Mork. Loong Cheep et Ar Dej. Tu te souviens de Mork, n'est-ce pas ? Il m'a aidé à te porter jusqu'au dortoir l'autre jour. Nadia les salue avec un salut thaïlandais. — Ravi de vous rencontrer, Loong Cheep et Ar Dej, dit-il puis fait les yeux doux à Mork avant de continuer. Mr. Mork, oui, je me souviens de toi, mon chéri. Merci beaucoup de m'avoir aidé. Sans toi, j’aurais dormi devant l'immeuble et quelqu'un aurait pu essayer de m'enlever et de profiter de moi. Oh, mon Dieu, comme c'est effrayant ! Je lève les yeux au ciel. Si je n’étais pas devant Mork et deux de mes patients, j'aurais poussé un gros soupir à mon ami. — Un Hulk comme tu l'es, qui pourrait te traîner loin ? As-tu oublié que je t'aidais aussi cette nuit-là ? Ce n'était pas seulement Mork. — Ouais, mais tu n'es pas aussi impressionnant que Mr. Mork. Finissant sa réplique, il reprend la conversation avec Mork sur un ton charmeur. — Tu vois, Nadia était de service la nuit dernière. C'est tellement épuisant, et Nadia est complètement épuisé. Avec ces mots, il fait comme s'il allait appuyer sa tête sur l'épaule de Mork. Mork semble plus surpris qu'avant et me regarde, montrant le blanc de ses yeux. Je tire rapidement Nadia vers moi. — Hé, tu es en train de l'effrayer. Et regarde ta taille, si tu t'appuies sur lui avec une telle carrure, il va être écrasé. Nadia répond en hurlant. — Tu es comme un chien devant sa gamelle ! Tu deviens soudainement très possessif, n'est-ce pas ? Je lui tire la langue. — Bien sûr, pourquoi je ne pourrais pas ? C'est mon ami ! Les ricanements de Loong et Ar me rappellent que je suis ridicule devant les aînés. Je les regarde avec un sourire excusé et maladroit. — Je suis désolé, mon ami est dans les vapes. Il est si tôt et il n'a pas encore pris de café. Il a été de service toute la nuit et n'a pas dormi. Nadia est facilement étourdi. Honnêtement, j'ai envie de dire que mon ami est une traînée, mais comme je parle avec des aînés, il me semble inapproprié de prononcer le mot à haute voix. — Les docteurs sont hilarants. Vous êtes comme des enfants. Je pensais que les docteurs étaient stricts et ennuyeux, lance Ar Dej en nous souriant. — Oh là là, non, monsieur. Les médecins sont des gens ordinaires, mais qui ont des compétences pour diagnostiquer et traiter les patients. Nous pouvons tomber malade et mourir. Nous pouvons être drôles. Nous pouvons avoir le cœur brisé et nous pouvons aussi tomber amoureux, surtout d'un beau et gentil garçon comme Mork. Nadia répond avant que je puisse dire quoi que ce soit, et il n'oublie pas de jeter à nouveau un regard satisfait à Mork. Mais la cible semble s'y habituer, parce qu'il ne recule plus ou ne hausse plus les yeux. Il se contente de lui adresser un sourire gêné en retour. — Haha, merci, Dr. Nadia. Mais... Mork semble passer en mode peur ou fuite. Pas en mode combat ou fuite, attention. — Wouawww, ne me remercie pas. Viens plutôt me rejoindre après le travail, chéri, et allons boire du lait de soja. — Haha, je pensais que tu n'aimais que le jus de prune sapotille. L'autre jour, tu en sentais l'odeur. — Woaw, Mork ! Nadia feint le dédain envers Mork. — Je ne peux pas boire. Ils m'ont incité à boire, alors j'ai bu avec eux. Nadia est innocent et n'aime généralement pas boire. Cette déclaration me fait à nouveau lever les yeux au ciel. Je me souviens encore de l'époque où nous étions des étudiants en médecine de sixième année en stage hors de la ville, Nadia était celui qui me harcelait pour que j'aille au pub tous les jours. Même lorsque nous travaillions dans un hôpital communautaire sans pub à proximité, il se débrouillait pour trouver un stand de liqueur à base de plantes à côté d'un temple. — Hey, Mork, tu as Facebook ? Je peux avoir le lien ? J'ai vu tes photos sur la page Beaux Conducteurs, Partagez s'il vous plaît, mais ils n'ont pas affiché ton lien Facebook. Laisse-moi t'ajouter. S'il te plaît, s'il te plaît ? Nadia prend son téléphone et allume l'écran. — Euh, j'en ai un, mais je ne l'utilise pas souvent. Je n'ai pas beaucoup de temps libre en tant que chauffeur de mototaxi. — Bah, un médecin comme moi n'a pas beaucoup de temps libre non plus. Je ne le consulte que tard le soir, aussi. Je peux t'ajouter ? En terminant, Nadia fait des yeux de chien battu jusqu'à ce que Mork cède et révèle son nom Facebook. Je n'ai pas l'intention d'écouter aux portes, mais il est assis juste à côté de moi, donc il est inévitable que j'apprenne aussi son nom Facebook. — Et toi, doc ? me demande Mork en se tournant vers moi. Tu utilises Facebook ? Je hoche la tête. — Oui, mais j'y vais rarement. Je ne l'ai pas consulté depuis très longtemps. — Eh, mais j'ai vu que tu as aimé mes photos sur la page Beaux Conducteurs. Il rigole. — Heh..... Comment t'as vu ça ? demandé-je. — Oh, j'ai vérifié parce que tu m'en as parlé. Et parmi les utilisateurs qui ont aimé mes photos, il y en avait un dont le nom était Tawan Tisawong. J'ai reconnu ton nom. C'est sur le revers de ta blouse. — Ah...dis-je en hochant la tête et pensant que ce mec a une bonne mémoire. Uh-huh. Je regarde parfois des choses sur l'application, mais sans y prêter beaucoup d'attention. Cette fois je t'ai vu parce que Nadia m'a montré les photos. — J'ai envoyé une demande d'ami. Chéri, n'oublie pas de l'accepter, d'accord ? Nadia range son téléphone portable en se tournant vers moi. — Hé toi, allons manger un hot pot de porc après le travail aujourd'hui. Je secoue la tête. — Désolé, j'ai encore une garde ce soir. — Deux à la suite ? — Euh, oui. J'ai mal calculé en faisant des échanges. Et un ami est malade donc j'ai pris sa place. Ding, ding, ding, ding… Pédiatre au 3267. Pédiatre au 3267. Merci. Ding, ding, ding, ding… — Argh, c'est pour moi, dit Nadia en regardant sa montre. S'il n'est pas encore huit heures, alors c'est moi, ouais. Hey, je dois y aller maintenant. Peut-être qu'ils ont des problèmes dans le service. Bye-bye Mr. Mork. On reste en contact sur Facebook. Nadia fait un salut thaïlandais à Loong et Ar avant de se lever et de partir en courant. — Ton ami est très athlétique. Il a l'air vif, rit Loong Cheep. — Il est comme ça depuis qu'on est étudiants, et c'est aussi mon premier ami d'université. — Sympa. Une amitié durable. Continuez à vous serrer les coudes. Lui et moi avons aussi commencé par être amis. Et nous sommes finalement devenus partenaires, dit Loong avant de regarder son chéri. — Je pense que Nadia et moi serons amis jusqu'à ce que nous devenions tous les deux de vieux médecins. Mais..... je ne pense pas que nous deviendrons un jour comme vous deux, prcisé-je, craignant qu'ils ne comprennent mal que Nadia et moi sommes partenaires. C'est merveilleux. De rester ensemble et de vieillir ensemble. J'aimerais pouvoir être comme vous, aussi. — Et pourquoi ne pourriez-vous pas l'être, docteur ? demande Ar Dej après avoir poser sa cuillère et sa fourchette ensemble sur l'assiette — Hum... Je ne sais pas. Les amoureux comme nous, la plupart pensent que ça ne durera pas. Comme si nous ne pouvions pas garder une relation amoureuse durable et que nous allions rompre rapidement. Je pense à mes amis et à mes connaissances. Ils ont tous eu une relation puis ont rompu. Certaines courtes, d'autres longues, mais je n'ai jamais vu de couple durer plus de dix ans. — Peut-être qu'aujourd'hui, il est facile de trouver quelqu'un, alors les gens n'hésitent pas à rompre et à chercher un nouvel amoureux quand les choses ne vont pas comme ils le souhaitent. De mon temps, il fallait beaucoup de temps pour se trouver et avoir le courage d'avouer son amour. C'est difficile. Très difficile de devenir un couple. Alors, quand nous avons rencontré des problèmes relationnels, ils n'étaient rien comparés aux difficultés que nous avons surmontées au début. Puis, j'assiste à un geste instinctif, Loong tend la main pour toucher celle d'Ar. Les deux hommes en face de moi se regardent dans les yeux. Bien que l'espace entre eux soit apparemment vide, je peux ressentir une sorte de connexion profonde qui les lie tous les deux. Loong me regarde avec un sourire plein de gentillesse. — Je suis un réparateur de motos, donc je répare tout. Si quelque chose se casse, je le répare. Je ne suis pas doué pour en trouver un nouveau. Rien ne peut durer éternellement, doc. Si vous utilisez quelque chose tous les jours, un jour, ça cassera. Ne vous attendez pas à ce que les choses soient invincibles. Ça se casse, quelle que soit la qualité. Quand il se casse, il suffit de le réparer et de continuer à l'utiliser avec soin, il durera plus longtemps, doc. Mais si nous en achetons un nouveau dès que l'ancien se casse, nous finirons par le remplacer à plusieurs reprises. Je souris. — Merci, Loong. — Ah, tu es déjà rassasié ? Je ne m'inquiète pas pour Mork, parce que ce crétin va toujours se gaver quoi qu'il arrive. Il fait un geste vers l'assiette de Mork, qui est maintenant complètement vide. Je viens de me rendre compte que Mork mange très vite. Oh, waouh. Je pensais que nous, les médecins, mangions aussi vite, mais vraiment, je dois le reconnaître à ce type. Je m'empresse de mettre le reste des légumes dans ma bouche et de mâcher plusieurs fois avant d'avaler et de boire un peu d'eau. — J'ai fini, déclaré-je avant de me tourner pour parler à Mork. Tu conduis Loong et Ar dans le hall des consultations externes. Je vais monter à l'étage pour finir rapidement le tour du service, puis je descendrai les voir. Je me lève de table pour partir mais Mork m'attrape le bras. — Hmm... ? Qu'est-ce qu'il y a, Mork ? demandé-je. — Euh... Je peux t'ajouter sur Facebook, doc ?" dit-il sans me regarder. C'est bizarre. — Bien sûr, pourquoi pas ? Nous sommes déjà amis, non ? Tu peux m'ajouter. Maintenant il lève les yeux vers moi avec un sourire. — Merci, doc. — Quoi ? Ne me remercie pas pour une si petite chose. Je reviens vite. Je dois y aller ! Je lui souris et il me sourit en retour. ……… 9 heures du matin — Très bien, c'est tout. Il n'y a pas de changement dans vos médicaments. Les niveaux de sucre dans le sang sont ok pour vous deux. Et la tension artérielle aussi. Je signe mon nom sur leurs ordonnances avant de lever les yeux des dossiers des patients et de les remettre à Mork. — Désolé, j'ai essayé de me dépêcher mais il était presque neuf heures quand j'ai terminé. Je pensais pouvoir descendre peu après huit heures. J'ai utilisé ma pleine vitesse, mais il y avait tellement de patients dans le service qu'il a fallu beaucoup de temps pour traiter les cas requis et commencer les consultations. De plus, récemment, le personnel du service s'est fixé comme objectif de libérer au moins 20 % des lits pour chaque jour, alors nous sommes débordés. — Bah, ne t’inquiète pas pour ça, doc. C'est le plus rapide qu'on ait jamais fait. Normalement, il est déjà onze heures quand on les appelle. Mork sourit, et ses deux oncles acquiescent. — On n'a jamais terminé aussi tôt que ça avant. — Oh... j'ai oublié de vous demander quand vous avez passé un examen des yeux pour la dernière fois ? Tous les deux. Loong et Ar échangent un regard perplexe, puis me font signe de la tête. — Jamais eu d'examen, docteur. J'ouvre leurs dossiers et jette un coup d'œil. Oh, c'est vrai, ils n'ont jamais été convoqués pour un examen des yeux. — Je vais vous prendre un rendez-vous pour un examen oculaire, alors. Mais pas pour aujourd'hui. C'est trop tard maintenant, car le service d'ophtalmologie est bondé de patients, dis-je en ajoutant note à leur dossier. Les patients diabétiques doivent passer un examen périodique des yeux au moins une fois par an. Oh, et un examen dentaire, aussi. — Huh... Il y a aussi des maladies des dents dues au diabète, doc ? C'est Mork qui a lâché la question. On dirait qu'il est surpris. Pourquoi le serait-il ? Ce n'est pas lui qui a du diabète. — Non. Mais tout le monde devrait voir un dentiste au moins tous les six mois. Pour les maladies chroniques, je pense que le diabète et la tension artérielle suffisent amplement. Il n'y a pas besoin de risquer d'avoir un problème dentaire ou de gencives en plus, n'est-ce pas ? Je me tourne vers l'oncle et le jeune oncle. — Après cela, l'infirmière à l'entrée vous donnera à chacun deux bons de rendez-vous, un pour l'examen des yeux, et l'autre pour votre prochain contrôle du diabète et de la tension artérielle. Faites une prise de sang comme d'habitude. — Doc, et ça c'est pour la pharmacie, c'est ça ? Mork brandit les ordonnances que je lui ai données plus tôt. Je hoche la tête. -Oui. Donne-les au guichet des prescriptions, puis paie, et attends les médicaments au guichet de retrait. Trois étapes. Mais ne t'inquiète pas, il y a des panneaux indicateurs devant le département de la pharmacie. — Est-ce que nous pourrons tous les deux vous revoir lors de notre prochaine visite, docteur ? demande Loong avant de se lever de sa chaise. Je souris. — Oui, bien sûr, Loong Cheep. Si je ne meurs pas avant. Le travail est si dur. Puis, je lâche un petit rire insipide. En fait, l'énergie qui me reste n'est presque pas suffisante pour rire. Mon maigre petit-déjeuner n'a pas fait le poids, plus le manque de sommeil de la nuit dernière, et je me sens si faible que je pense que certains des patients dans la file d'attente sont peut-être encore en meilleure santé que moi. J'ai juste envie de me laisser tomber sur le sol et de dormir comme un mort, ici et maintenant. — Ne mourez pas encore, docteur. Les bons médecins comme vous ont besoin de vivre longtemps, ajoute Ar Dej. Mork regarde en dehors de la pièce. — Il y a des tonnes de gens qui attendent pour être examinés. Auras-tu même une pause déjeuner ? — Je ne suis pas sûr. Peut-être en fin d'après-midi. Si rien d'autre ne se présente, je prendrai une petite pause avant de prendre mon service ce soir. Uh-huh... Tout devrait se passer comme prévu, s'il n'y a pas de nouveau cas, s'il n'y a pas de problème avec les patients dans le service, et si tous les médecins prévus sont présents pour les consultations. Mais dans la situation actuelle, à ce rythme, il n'y a aucun moyen de remplir ces conditions. Je pense à moi et je ressens secrètement du désespoir. — Mange si tu as le temps ? Et le dîner, doc ? Mork continue de demander. — Euh... c'est la même chose. Si j'ai le 'temps' et si un stand de nourriture est encore 'ouvert' pour moi. — C'est malheureux. Je veux t'aider, mais je n'ai aucune idée de comment faire, doc. — ....... Personne ne m'a jamais dit ça avant. Je pose mon stylo et lui souris. — Merci, Mork. Avec ça, tu m'as déjà aidé. Ok, maintenant allez chercher les médicaments. La pharmacie devrait être assez calme à cette heure-ci, donc tu devrais te dépêcher de récupérer les médicaments. Et n'oublie pas de les donner à l'infirmière au comptoir, lui ordonné-je en lui donnant les dossiers patients. — Continuez votre bon travail, doc, me dit Loong. Je salue à nouveau les deux aînés. — Merci. Après leur départ à tous les trois, le sourire qui s'est épanoui en sentant qu'ils se soucient de moi reste sur mon visage. Puis, mon prochain patient arrive pour un examen....... ………. 19:00 Je sors de l'ascenseur et je change d'avis sur le fait d'aller à la cafétéria, car je peux voir même de cette distance qu'il ne reste qu'un seul stand. Il n'y aura pas beaucoup de choix pour mon dîner. Ou devrais-je faire demi-tour et aller au 7-Eleven ? Oh.... peut-être que je peux commander une livraison. Mais mon estomac est affamé. Je vais devoir attendre longtemps si je commande maintenant. Et quand la commande arrivera, je ne sais même pas si j'aurai le temps de la manger. — Dr Tawan, oh Dr Tawan, vous êtes là ! J'étais sur le point d'aller dans votre service. Alors que je débats intérieurement sur le déroulement du dîner, P'Ueai, l'infirmière dévouée du service de consultation externe, court vers moi. Elle tient un sac avec quelque chose à l'intérieur et me le tend. — Quelqu'un m'a demandé de vous donner ceci. — Qui était-ce ? demandé-je en prenant le sac. — Ton ami. Celui qui a accompagné ses oncles aujourd'hui. Il est passé il y a peu et a dit qu'il voulait te donner ça. Mais il ne savait pas où te trouver, il ne connaissait que ce département. Donc, je lui ai promis que je te trouverai. Je viens de réaliser qu'il conduit une mototaxi, non ? Il portait une veste d'uniforme de conducteur de mototaxi. J'ouvre le sac et regarde à l'intérieur. C'est un sachet de riz au poulet Hainanais… — Oui, P'Ueai. C'est un conducteur de mototaxi dans une rue près de mon… Je m'arrête. — ...de ma résidence." Heureusement que je n'ai pas dit que c'était l'appartement de P'Por. — On dirait de la nourriture, dit-elle avant de faire un geste du menton. Dépêchez-vous de la manger, doc, avant qu'elle ne se gâte. — Merci, P'Ueai. J'apporte ce sac dans la salle de repos des médecins. C'est très bien, il se trouve que j'avais envie de riz au poulet. Je pose le sac sur la table à manger et je prends mon téléphone pour vérifier Facebook. Il y a une demande d'ami de Mork, et il a aussi envoyé un message. J'appuie sur accepter, puis j'ouvre le message. — Doc, j'ai spécialement acheté du riz au poulet Hainanais pour toi. Ce vendeur fait un riz vraiment délicieux mais ils étaient à court de viande de poulet. Alors j'ai acheté tous les cœurs de poulet qu'ils avaient. Prends du riz avec des cœurs de poulet aujourd'hui, doc. Pour que tu saches que j'ai du cœur et que je m'occupe de mon ami. J'ouvre le papier d'emballage. Oh, c'est vrai, il y a juste du riz et au moins dix morceaux de cœur de poulet. Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant le message et les cœurs de poulet devant moi. Ok..... je vais essayer. C'est assez farfelu mais ça a aussi l'air délicieux. Riz au poulet offert avec du “coeur” hainanais Notes :(1)Tid : Un terme thaïlandais qui est également utilisé comme préfixe pour désigner un homme qui était autrefois un moine. On pense généralement qu'il a été dérivé et raccourci du mot บัณฑิต ( pandit ) qui signifie une personne érudite. (2) USI : Unité de soins intensifs Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 10 Mork Ne vous méprenez pas sur mon idée originale.
Je veux dire, ce riz au poulet Hainanais plein de cœurs.
Je l'ai copié de quelqu'un d'autre.
En fait, l'idée ne venait pas d'un inconnu, mais de mon propre oncle. J'ai adapté son idée pour créer ma propre version d'un riz aux coeurs de poulet. Il m'a raconté l'histoire du jour où il a commencé à réaliser qu'il aimait Ar. Le riz au poulet hainanais était sa façon de transmettre son amour.
Si je dois vous le raconter, je dois commencer par ce matin, après que Tawan m'ait dit qu'il allait nous garantir une place dans la file d'attente pour nous.
………..
— Mork, dit Loong me tapant sur l'épaule. Tu vas bien ? Tu as l'air absent.
Je lui ai lancé un regard du coin de l'œil.
— Ah, toi aussi ? Pourquoi tu me poses la même question que Ar ? Qu'est-ce qu'il y a ?
— Tu agis bizarrement, m’a-t-il dit.
— Comment ça ?
Je me suis demandé ce qui n'allait pas avec Loong et Ar. Ils étaient curieusement ennuyants. Arrête, je me suis dit, je suis occupé à m'inquiéter pour le petit docteur.
— Parce que tu agis comme moi..... quand j'ai commencé à avoir des sentiments pour Dej.
Le commentaire de Loong m'a fait sursauter, et je l'ai dévisagé.
— Comment ça ? Non ! Loong, je ne suis pas intéressé par les garçons.
— Doucement, Mork, a-t-il dit en rigolant. J'ai seulement dit que tu agissais comme moi quand j'ai commencé à aimer ton Ar. Je n'ai pas dit que tu aimais le docteur.
— Je sais. Mais ça veut dire la même chose, Loong.
J'ai regardé dans la direction où il avait disparu à nouveau. Il n'était pas encore de retour, alors je me suis assis lourdement à côté de mes oncles, faisant les yeux doux à ces vieillards qui me fixaient comme un seul homme.
— Pourquoi tu me fixes ?
— Pour rieeeeeen.
Ar a rigolé en secouant la tête.
— Tu agis vraiment comme lui quand il a commencé à m'aimer.
— Bah ! Tu parles comme si tu savais ce qui se passait à l'époque. Sérieusement, tu t'en rendais compte au moins ? a réfuté Loong, obtenant un regard noir de son partenaire.
— C'était tellement évident, il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer !
— Eh ? Si c'était si évident pour toi, pourquoi diable ne l'as-tu pas remarqué du tout ?
— Hah, je voulais savoir ce que tu ferais ensuite si je faisais l'ignorant.
— Conneries. Tu n'as rien remarqué. C'était juste de la pure chance, seulement parce que j'étais malade ce jour-là, a argumenté Loong, en frappant Ar sur le front avec un doigt. Si tu n’avais pas dû aller chercher la nourriture par toi-même, tu n'aurais rien découvert.
Ar a haussé les épaules.
— C'est à ce moment-là que j'en suis devenu sacrément sûr. Je savais déjà tout ça avant. Le jour où j'ai acheté la nourriture n'a fait que me prouver que je te plaisais vraiment.
— Attendez, attendez. Arrêtez ! Tous les deux.
Je lève mes mains pour les faire taire.
— Ne déblatérez pas sur des choses que vous seuls pouvez comprendre. Je suis là. Je suis assis juste ici et je veux aussi connaître cette foutue histoire. Que s'est-il passé ? Et l'achat de nourriture ? Pourquoi toute cette agitation ? Loong, dis-moi. Je veux savoir, bon sang !
C'était en partie pour détourner leur attention du fait qu'ils m'interrogeaient sur le docteur. Mais j'étais aussi très curieux de savoir comment ça s'était passé quand Loong et Ar ont commencé à sortir ensemble. Je vis avec eux depuis longtemps et je les connais depuis que je suis enfant, mais je n'ai jamais posé de questions à ce sujet et ils ne me l'ont jamais dit.
— Tu nous as vus ensemble depuis très longtemps, pourquoi diable demandes-tu ça maintenant ? Bizarre !
Loong a froncé les sourcils en me regardant comme s'il était agacé, mais je savais qu'il était juste embarrassé à l'idée de me raconter cette histoire.
— Allez, Loong. Je veux savoir. Dis-moi.
J'ai continué à le supplier de me satisfaire.
— Meh, il est nul pour raconter une histoire. Ça va être inutile, a protesté Ar.
— Ton Loong va juste tourner autour du pot et ensuite être distrait et faire dérailler tout le truc. Je vais te le dire à la place.
— Mais tu aimes en faire toute une histoire !
Loong a rétorqué, et s'est pris un coup de poing sur l'épaule. A en juger par le bruit de l'impact, ce n'était pas un coup léger. — Jamais ! Je raconte tout comme ça s'est passé.
— Bahh ! Arrêtez de vous chamailler et dis-moi tout, Ar.
Ces vieux hommes continuaient à se disputer et je m'impatientais. Je devais les faire taire, sinon le soir viendrait avant que je commence à entendre l'histoire.
— Quand on a déménagé à Bangkok, il avait une petite amie, et j'en avais une aussi.
Ar a repris la parole. Je connaissais cette partie, et je connaissais aussi l'ex petite amie de Loong.
Il m'a dit que c'était une Chinoise qui venait de Lampang et qui s'était installée à Bangkok. Actuellement, elle possédait un commerce rue Worachak. Il a dit qu'après leur rupture, ils ne s'étaient plus jamais parlé jusqu'à ce qu'elle se marie. Il est allé la féliciter, et ils sont redevenus amis.
Je l'ai rencontrée plusieurs fois. Elle avait l'air d'être une vieille dame gentille.
Elle devait être une belle jeune fille chinoise dans sa jeunesse.
— Et ton ex était une femme ?'ai-je demandé.
Il a hoché la tête.
— Tu as rencontré son ex, non ?
J'ai répondu en hochant la tête.
— Oui. Mais je ne t'ai jamais entendu parler de ton ex.
Il a lentement incliné la tête, puis a regardé au loin.
— Quand nous sommes arrivés à Bangkok, lui et moi avons obtenu nos emplois à des endroits différents. Cheep était électricien à la Compagnie d'électricité. J'ai été embauché par un atelier de câblage et de réparation électrique, ce n'était pas exactement mon domaine mais c'était mieux que pas de travail.
À ce moment-là, Loong a ajouté :
— A l'époque, nous avions tous deux une petite amie, nous étions adultes et nous avions été ordonnés, donc nous avions tous deux prévu de nous marier bientôt. Nous nous sommes concentrés uniquement sur les économies, et avons essayé de dépenser le moins possible.Nous avons donc partagé une chambre de location et partagé la nourriture. Nous faisions aussi cuire notre propre riz à la vapeur, pour que ce soit encore moins cher.
— Jusqu'à ce que…
Loong s'est soudainement arrêté. Ar l'a regardé puis m'a regardé, avant de prendre le relais et de terminer la phrase. — La famille de la femme ne l'a pas accepté.
— Huh... ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Sa famille est du nord. Autrefois, les gens du nord n'aimaient pas les gens du sud. Ses parents lui ont dit qu'ils pensaient que les gars du sud n'étaient pas sincères et qu'ils brisaient les coeurs. De plus, Cheep n'était qu'un employé de la Compagnie d'électricité. Son salaire n'était pas élevé, et il n'avait pas de maison. Ils avaient peur que leur fille ait une vie difficile.
Ah, oui, un problème typique. Un de mes amis du lycée professionnel n'a pas pu se marier et a dû rompre avec sa petite amie pour cette même raison. Les parents de la petite amie pensaient qu'ils auraient une vie difficile, car le gars n'avait pas d'emploi stable. J'ai pensé à moi, un conducteur de moto employé, ce qui était probablement encore pire. Personne ne me donnerait la bénédiction d'épouser leur fille, je suppose.
— Tout à fait compréhensible. Mais je ne comprends pas pourquoi ils n'aimaient pas les gens du sud. Est-ce que ça existe vraiment ? Les gens du nord n'aimant pas les gens du sud, je veux dire.
— Parce que l'histoire de Sao Kruea Fah était célèbre à l'époque, peut-être. Je ne sais pas.
Ar a répondu à moitié en plaisantant.
— Il avait le cœur brisé et continuait à faire des heures supplémentaires tous les jours. Il demandait plus d'heures de service et ne revenait presque jamais dans notre chambre de location. Il se noyait dans le travail pour apaiser son cœur brisé. Mais au moins c'était mieux que de se noyer dans l'alcool.
Il a fait un geste de la tête vers Loong.
Loong a répondu en gloussant.
— Les boissons alcoolisées coûtent de l'argent, non ? Gagner de l'argent n'était pas facile. Et ce n'est pas comme chez nous, dans le sud, où on pouvait se saouler sacrément vite avec du vin de palme, qui n'est pas cher non plus. La métropole n'a que des alcools en bouteille hors de prix, je préfère économiser mon argent.
— Attends, tout ça c'est à propos de Loong. Mais qu'en est-il de l'histoire d'Ar ?
Je me suis souvenu qu'ils étaient censés me raconter comment ils étaient tombés amoureux. Mais après un moment, je n'entendais parler que de mon oncle.
— Eh bien, si tu ne m'interromps pas, je vais te le dire.
Ar m'a donné un coup sur la tête, faisant osciller mon visage malgré le léger impact.
— Après que Cheep ait eu le cœur brisé pendant deux mois, j'ai découvert que ma copine me trompait.
Puis il s'est brusquement arrêté, semblant avoir réalisé quelque chose, et m'a regardé avec une expression d'excuse.
Là, ce fut comme un coup de poing dans mes tripes....
Il ne voulait pas raviver mes vieilles blessures. L'histoire était juste accessoirement similaire, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir attaqué. C'était d'une part parce que ça me touchait de trop près, et d'autre part à cause de l'expression de son visage et de la façon dont il s'est soudainement arrêté. C'est comme s'il pensait que je souffrais encore de ce qui s'était passé.
— Bahhh, ne t'inquiète pas, Ar Dej. Continue. Je vais bien.
J'ai hoché la tête pour qu'il continue car je voulais en savoir plus.
— Ce n'était pas grand chose. Quand j'ai découvert qu'elle me trompait, j'ai demandé conseil à Cheep.
— Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Il t'a réconforté, tu t'es senti touché et vous êtes tombés amoureux ? Juste comme ça ?
La curiosité m'a fait lâcher la spéculation à voix haute.
— Tu vas écouter ou tu vas continuer à poser des questions pourries, Mork ?
Whoa, il m'a envoyé bouler. J'ai mis mes mains en l'air pour me rendre.
— Haha, très bien, Ar. Plus de questions. S'il te plaît, continue, je veux savoir.
— Il m'a dit de lui pardonner et de retourner avec elle.
Attends, quoi..... Ce n'est pas ce que j'avais imaginé. Ça ne devrait pas être plutôt : Loong lui a dit de rompre ?
— Et qu'est-ce que tu as fait ? Tu l'as écouté ?
Il a ri à ma question.
— Si j'étais retourné avec elle, comment pourrions-nous être partenaires maintenant ? Tu es bête. J'ai suivi son conseil, mais seulement à moitié. Je lui ai pardonné. J'ai seulement pardonné, mais je ne suis pas revenu en arrière.
— Eh.... ? Comment ? Que veux-tu dire par pardonner mais ne pas revenir en arrière ?
J'ai demandé sérieusement. Honnêtement, je n'arrivais pas à comprendre.
— Pour les humains, quand quelqu'un vous met en colère, se sentir coupable dépend du cœur de la personne, et s'excuser dépend aussi de sa bouche. Mais lui pardonner dépend de ton propre cœur. Tu ne pourras pas faire taire ta colère si tu ne pardonnes pas d'abord. La colère est chaude comme une flamme. C'est une torture. Tu as été moine, tu dois sûrement comprendre ça ?
Il m'a fait face et m'a demandé. J'ai hoché la tête.
— Exact, pour échapper à la flamme, tu dois arrêter la colère. Et pour arrêter la colère, tu dois pardonner. Donc, je lui ai pardonné, mais je ne suis pas revenu. J'ai rompu avec elle et je n'ai pas gardé de rancune. Tout ce que je lui avais donné avant était à elle, je ne l'ai pas repris. J'ai commencé une nouvelle vie. Pardonner est un baume qui apaise nos propres cœurs.
— Donc nous étions tous les deux célibataires. Et l'argent que nous avions économisé pour le mariage n'avait plus de raison d'être.
Loong a repris la narration.
— C'est pourquoi nous avons décidé de l'investir dans quelque chose qui pourrait rapporter de l'argent. Nous avons loué un local et ouvert un atelier de réparation de motos, pensant que la clientèle serait plus nombreuse que dans un magasin d'électricité. Après cela, nous avons continué à travailler ensemble et à nous soutenir mutuellement, en faisant preuve d'une certaine empathie.
J'ai remarqué qu'il avait omis la partie "tomber amoureux". Mais je l'ai compris, pas à partir de ses mots ou de l'histoire, cependant. J'ai compris grâce au ton de sa voix et à l'expression de son visage. Quand il est arrivé à ce point de l'histoire, ceux-ci ont changé par rapport au début.
— À l'époque, nous venions de lancer l'entreprise et n'avions pas d'employés. Tout était chaotique. Après la fermeture chaque soir, il fallait s'occuper de la comptabilité. Je n'avais aucune compétence dans ce domaine, alors Dej s'occupait des chiffres, de la comptabilité et des pièces de moto, tandis que je faisais l'entretien ménager comme le balayage et le nettoyage, la lessive et l'achat de nourriture pour le dîner.
— Zut, c'est la meilleure partie de tout ça. Le dîner.
Ar a levé un sourcil.
— J'adore le riz au poulet Hainanais, tu le sais, non ?
J'ai hoché la tête en guise de réponse.
— Oui, ton Loong m'achetait du riz au poulet hainanais tous les soirs. Mais quand je le déballais, il y avait le riz, la viande de poulet, et un morceau de cœur de poulet. Tous les jours. Je lui ai demandé pourquoi il y avait un cœur, et il a répondu évasivement que c'était un bonus du vendeur.
— Et tu l'as cru ? ai-je demandé.
— Je l'ai cru à moitié et j'ai à moitié douté, a-t-il répondu.
— Puis, il y a eu le jour où il a attrapé la grippe. Il était cloué au lit. Nous avons fini par devoir fermer temporairement la boutique et je l'ai emmené chez un médecin pour qu'il puisse se reposer à la maison. Le soir, je suis sorti pour acheter de la nourriture à sa place. Et oui, je suis allé chez l'habituel vendeur de poulet au riz hainanais et j'ai découvert que l'oncle Hong, le propriétaire du stand, ne nous a jamais donné un coeur de poulet gratuit.
— Ehh…
— Il ne gardait que la viande et les foies de poulet. Le reste des entrailles était vendu à un stand de nouilles au poulet deux rues plus loin. Et en vérité, Cheep achetait le riz au poulet et faisait tout le chemin à vélo pour acheter un cœur de poulet et le mettre sur mon riz tous les jours, a-t-il dit en donnant un coup de coude dans les côtes de Loong.
Sa cible a ri et a évité tout contact visuel.
— Eh bien, du riz au poulet hainanais avec un coeur, alors peut-être que tu réaliserais que mon coeur est avec toi.
Ar s'est tourné pour me parler.
— C'est vrai, oui, c'est comme ça que j'ai compris qu'il m'aimait aussi.
— Pourquoi tu as dit 'aussi' ? ai-je demandé.
— Parce qu'en fait, à ce moment-là, je l'aimais déjà secrètement.
Il y avait de la chaleur dans sa voix quand Ar a répondu. Je pouvais la sentir, tout comme je l'avais sentie plus tôt dans la voix et l'expression du visage de Loong. Je pense que c'est le sentiment de l'amour. L'amour qui n'est pas épelé visiblement comme A-M-O-U-R ou entendu comme un mot. C'était un sentiment d'amour palpable.
— C'est étrange, a continué Ar. Je n'ai jamais pensé que je tomberais amoureux d'un gars. Cheep pensait la même chose, aussi. Quand j'ai commencé à réaliser que je l'aimais bien, j'étais toujours attiré par les femmes. C'est comme si j'avais soudainement réalisé que, oh merde, j'étais tombé amoureux de lui. Je suppose.
— Et depuis, lui et moi vivons ensemble comme des partenaires, a conclu Loong.
— Je ne sais pas non plus quand je suis tombé amoureux de lui. Avant même de m'en rendre compte, j'ai commencé à faire du vélo pour acheter ce satané cœur de poulet pour son riz au poulet hainanais. Ça a l'air débile, mais on ne se rend pas compte quand on commence à tomber amoureux, mais on s'en rendra compte après être déjà tombé.
— Ce qui est important, c'est...L'oncle a tendu une main pour me toucher l'épaule. Si la personne que tu aimes est une cible possible.
— Hé, Mork.
La voix du docteur m'a fait sursauter. J'ai gardé un visage impassible et je me suis retourné pour lui sourire et le saluer. Il m'a donné les deux premières cartes de numéro de file d'attente qu'il avait astucieusement obtenues. Puis, il nous a demandé de nous rendre ensemble à la cafétéria. J'ai hoché la tête et j'ai suivi docilement, mais dans ma tête, la voix de mon oncle résonnait toujours.
"Ce qui est important, c'est... de savoir si la personne que tu aimes est une cible possible."
C'est vrai.
Suis-je tombé amoureux ?
Et est-ce possible ?
……….
J'y ai repensé en fin de soirée, lorsque j'ai quitté l'hôpital pour la deuxième fois, après avoir déposé le riz au poulet hainanais pour Tawan. Au début, je n'avais pas l'intention de trouver des cœurs de poulet pour mettre sur le riz. Hé, c'est vrai, croyez-moi. Je pensais lui acheter des nouilles avec du porc rouge rôti, mais quand je suis passé devant un stand de riz au poulet hainanais, je n'ai pas pu résister.
— Bonjour, Hia, une barquette de riz au poulet, s'il vous plaît.
J'ai passé ma commande.
— Avec la peau ? Quelle partie ?" a-t-il demandé.
— Hum…
J'ai réfléchi. Le docteur est tout menu et semble prendre sa santé au sérieux.
— Poitrine de poulet, s'il vous plaît. Sans peau.
— Plus de poitrine aujourd'hui, a-t-il dit avec un visage impassible.
— Alors, la viande de cuisse, ça va, mais vous pouvez enlever la peau ? ai-je répété.
— Enlève-la toi-même. Pourquoi tu es si difficile aujourd'hui, Mork ? D'habitude tu manges n'importe quoi.
Bahhh... foutu Hia. Ce n'est pas pour moi, tu sais !
A cette seconde, l'idée des coeurs de poulet m'a traversé l'esprit.
— Oh, attendez, Hia. Vous avez des coeurs de poulet ?
— Ah, tu manges ça ?
— Je veux du riz, sans poulet, mais tu peux mettre plein de coeurs dedans ?
— Tu peux manger ça ? Mork, t'es vraiment bizarre.
Verbalement, il se plaignait, mais ses mains se tendaient pour ouvrir le pot de riz et mettre le riz dans un bol avant de le faire tomber en forme de bol sur une feuille de papier ciré. Il a pris des cœurs de poulet cuits dans le garde-manger et s'est préparé à commencer à les découper.
— Combien ?
— Je suppose que je vais prendre tout ce que vous avez, Hia, ai-je répondu.
— Bizarre. Tellement bizarre.
Il a secoué la tête tout en mettant des morceaux de cœur tranchés sur le riz.
— Voilà, c'est fait. Je suppose que ça fait 50 bahts pour votre riz hainanais avec des cœurs de poulet. Et pourquoi tu souris ? Mork, tu es vraiment bizarre.
Il a commenté en me tendant le riz dans un sac.
— Je souris ? Quoi ? Est-ce que je souris ?
— Tu souris d'une oreille à l'autre. Tu fais une farce à quelqu'un avec ça ? C'est un sourire effrayant.
— Pas du tout, Hia ! C'est pour un repas.
Je l'ai payé et j'ai conduit ma moto directement vers l'hôpital.
Est-ce que je souriais, bordel ?
Je souriais quand j'ai acheté du riz au poulet Hainanais.
Je souriais en achetant du riz au poulet Hainanais pour le docteur.
Je souriais sans m'en rendre compte alors que je pensais à ce satané docteur ?
Au début, je n'y pensais pas. Mais rapidement, je me suis inquiété pour lui et j'ai commencé à penser à lui machinalement. Maintenant, j'ai acheté ce paquet de riz au poulet Hainanais avec plein de cœurs et j'allais le lui livrer. La question posée par mon oncle le matin, qui était restée dans mes pensées toute la journée, a fini par revenir pour me faire réfléchir à nouveau.
Est-ce qu'il me plaît ?
Et si j'aime le docteur Tawan, qu'est-ce que je suis ?
Suis-je un gay ? Ou suis-je toujours un gars normal ?
Les questions et mes doutes planent maintenant au-dessus de ma tête. Même après avoir lavé mon corps, puis mes cheveux en les shampouinant et en les frottant vigoureusement, ils ne partent toujours pas. J'enfile mon short et sèche rapidement mes cheveux un peu avec une serviette en retournant dans ma chambre. Et lorsque je suis seul dans cette pièce tranquille, la voix des doutes gronde encore plus fort.
Je prends mon téléphone et cherche des photos de femmes nues... Hmm, je les aime toujours autant qu'avant. Cela devrait signifier que je suis toujours un homme normal, non ? Mais alors, qu'en est-il de ce sentiment étrange qui m'a fait m'inquiéter pour Doc et du sourire inhabituel sur mon visage quand je pensais à lui ? Est-ce que ça compte comme si je l'aimais bien ? J'essaie de me souvenir de mes sentiments passés. Je n'ai rien ressenti lors de nos premières rencontres. Mais après avoir fait plus ample connaissance...
Bon, je dois admettre que j'attendais qu'il apparaisse pour rouler avec moi le soir. C'est vrai, le trajet est très court. Et même si je sais qu'il rentre chez lui, où il vit avec son petit ami, ce moment de quelques minutes où il s'installe sur ma banquette arrière, le bras autour de mon épaule, partageant une courte conversation et se disant de faire de beaux rêves, me fait du bien.
Retour à la case départ. Toujours la même question.
"Suis-je maintenant attiré par lui ?"
P'Fueang m'a dit que le sexe est une question de fluidité. Cela signifie-t-il que ma fluidité a atteint le point où je deviens gay ? Laisse-moi te dire que je ne suis pas effrayé. Je suis bien dans les deux cas. Je n'ai rien contre les gays. Bien sûr, mes deux oncles sont des conjoints. Et je les ai vus être amoureux l'un de l'autre depuis que je suis enfant. Donc, il n’est pas question de dégoût.
C'est tellement ennuyeux si je ne peux pas me donner une réponse.
Et c'est terriblement anxiogène d'être rempli de doutes comme ça.
Je lance Google sur mon téléphone portable. Mlle Ai m'a dit un jour : en cas de doute, demande à Google. Il peut répondre à tout. Et quand c'est trop difficile à lire, elle sera prête à m'apprendre si je le demande.
Mon doigt survole l'écran. Qu'est-ce que je vais demander ? "Est-ce que je suis gay ?" Comme ça ? Oh mince, pauvre Mork, pourquoi diable dois-tu te demander quelque chose comme ça ? Et comme je n'arrive pas à trouver une autre question plus logique, je tape "Suis-je gay ?” dans le champ du mot-clé et j'appuie sur le bouton de recherche.
Google tourne lentement sur mon écran pendant un court instant avant d'afficher un lien vers un article d'une page fan de Facebook. Je rapproche le téléphone de mon visage (comprenez que le texte est petit et que l'éclairage de ma chambre n'est pas très bon).
L'article s'intitule "Suis-je gay ?", le nom de la page est #DoYouWannaHearMyStory et le nom de l'administrateur est Mek.
Ha... Nous avons des noms similaires et le titre de son article correspond exactement à ma question. Je me déplace pour monter la lumière de ma liseuse avant de le lire.
Suis-je gay ?
Bonjour, mes frères, si vous êtes dans le doute et que vous vous posez cette question, cela signifie que maintenant vous aimez quelqu'un et que c'est un mec, non ?
Merde... c'est dans le mille ! Ouais, c'est ça, mon frère.
Automatiquement, je lui réponds dans ma tête tout en faisant défiler la page pour lire la suite.
Avez-vous déjà mangé du ragoût de pattes de porc sur du riz ?
Et aimez-vous le ragoût de pattes de porc sur du riz ?
Yah..... j'aime ça. Avez-vous déjà mangé de la poitrine de porc croustillante sur du riz ?
Est-ce que vous aimez la poitrine de porc croustillante sur du riz ?
Oui... J'aime ça aussi.
Attends, est-ce que ces aliments ont quelque chose à voir avec le fait d'être gay ?
En ce moment, vous vous demandez peut-être quel rapport il y a entre la nourriture que j'ai mentionnée et le titre de l'article "Suis-je gay ?" Vous vous demandez pourquoi je tourne autour du pot, en vous interrogeant sur le ragoût de pattes de porc et la poitrine de porc croustillante, et si je vais passer aux raviolis aux crevettes et aux nouilles de porc rouge rôti, n'est-ce pas ?
Ouais, mon frère. Si tu sais que tes lecteurs se posent des questions, va droit au but !
Je voudrais vous demander ceci. Lorsque vous vous apprêtez à manger du ragoût de pattes de porc sur du riz, est-ce que vous vous dites avant de manger : "Hé, je suis une personne qui aime le ragoût de pattes de porc, je suis un fan du ragoût de pattes de porc" ?
Et lorsque votre vendeur préféré de ragoût de pattes de porc est ouvert, mais que vous ne le mangez pas et que vous préférez passer devant pour manger de la poitrine de porc croustillante sur du riz chez le vendeur suivant, vous êtes-vous déjà demandé : " Eh... qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Pourquoi est-ce que je ne mange pas mon ragoût de pattes de porc préféré ? Pourquoi est-ce que je mange de la poitrine de porc croustillante à la place ?”
Jamais. Sans le vouloir, je secoue la tête et réponds dans ma tête.
Pourquoi diable je demande à ma tête de répondre à un article sur mon téléphone portable ? Bah, continue de lire, Mork.
Je n'ai pas de réponse à vous donner pour savoir si vous êtes gay ou non.
Désolé, vous devez vivre avec vos doutes.
Putain de merde... Maudit administrateur, tu m'as piégé en me faisant lire pendant un long moment.
Allez, ne vous fâchez pas encore contre moi. Du calme ! Continuez à lire.
C'est comme quand vous aimez une fille à la peau claire et de type chinois, et que vous vous fixez comme objectif de trouver une petite amie du même type. Mais un jour, vous rencontrez une fille du sud à la peau bronzée et aux yeux foncés et vous tombez amoureux.
Dans ce cas, pourquoi ne vous demandez-vous pas " qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? " Je ne pense pas que ce soit différent que lorsque vous vous réveillez un matin et que vous découvrez soudainement que vous aimez quelqu'un qui est aussi un homme.
Je veux juste vous dire. Si vous doutez de vous, de ce que vous êtes, vous continuerez à douter de vous encore et encore. Hier, vous aimiez les filles, vous ne doutiez pas. Aujourd'hui, vous avez commencé à aimer un garçon, et maintenant vous doutez de vous. Et si demain vous bandiez en regardant la photo d'une femme nue, vous continuerez à douter pour toujours.
Pourquoi ne pas simplement arrêter de douter ?
Et laissez-vous apprécier cette sensation qui vous arrive.
Je cherche le mot " savourer " dans le dictionnaire et il dit " se donner au plaisir de ..... ". Oh, ok, l'administrateur voulait dire apprécier ce sentiment d'aimer ou de plaire à quelqu'un qui m'arrive, ne pas le remettre en question.
N'étiquetez pas votre amour avec un nom.
Ne limitez pas votre relation avec des règles.
Cela deviendra une cage autour de vos propres sentiments. Une cage invisible.
Si vous aimez quelqu'un, ne vous demandez pas pourquoi.
Ne vous demandez pas ce que vous êtes et pourquoi vous aimez cette personne.
C'est. Une. Foutu. Perte. De. Temps.
Vous feriez mieux de passer ce temps à trouver comment faire en sorte que la personne vous aime en retour.
Comment faire en sorte que les yeux de la personne vous regardent.
Arrêtez de douter à propos de ce stupide non-sens.
On est en 2018, tout le monde range la question de genre dans une boîte.
Si quelqu'un vous plaît, admettez-le simplement.
Assurez-vous simplement de découvrir par vous-même si vous aimez vraiment cette personne.
Ah, diable... L'administrateur de cette page, P'Mek, a raison. Pourquoi perdre son temps à douter ? J'éteins l'écran de mon téléphone et le pose sur le lit à côté de moi avant de me jeter sur l'oreiller.
Alors, il n'y a qu'une seule question pour moi... Est-ce que j'aime le docteur ? Loong a dit que j'ai agi comme lui quand il a commencé à aimer Ar. Il a aussi conclu que lorsqu'on réalise qu'on tombe amoureux de quelqu'un, c'est après qu'on soit déjà tombé.
Mais je veux quand même savoir.
Par réflexe, je saisis mon téléphone et lance une nouvelle recherche sur Google avec "Comment savoir si quelqu'un me plaît ?" puis j'appuie sur le bouton de recherche. Cette fois, Google met moins de temps à se charger.
Le premier lien que Google me donne est un article intitulé "Comment puis-je savoir que j'aime quelqu'un ?" qui est étonnamment une correspondance exacte. Je regarde plus bas... il s'agit de la même page, #DoYouWannaHearMyStory.
Je commence à me demander si cet administrateur nommé Mek a vraiment écrit sur tout ce qui existe sur terre et s'il a soudoyé Google pour que ses articles apparaissent en haut des résultats de recherche à chaque fois. Je tape dessus pour le lire.
Pensez-vous souvent à lui ?
Souriez-vous souvent quand vous pensez à lui ?
Et quand vous faites quelque chose pour lui, est-ce que ça arrive naturellement ?
Comme si vous ne l'aviez pas planifié.
Avant même de vous en rendre compte, vous lui avez déjà donné quelque chose.
Avant de le savoir, vous lui avez déjà envoyé un panier repas.
Avant de le savoir, vous lui avez déjà dit de faire de beaux rêves, quelque chose comme ça.
Euh... Je commence à me sentir effrayé par cet administrateur.
Pourquoi diable son article ressemble-t-il exactement à mon histoire ? Tellement effrayant.
J'ai été comme ça, aussi ! Avec Doctor Aim, mon petit ami.
Eh... P'Mek a un petit ami médecin, aussi.
Lorsque nous étions dans le même voyage en Espagne, au début du voyage, je le critiquais toujours. Mais avant de m'en rendre compte, je souriais quand je pensais à lui. Parfois, il apparaissait soudainement dans mon esprit. Quand je faisais quelque chose, je pensais à lui en premier. Je lui ai donné une casquette. Je l'ai protégé du soleil avec ma veste. J'ai fait attention à son visage, ses cheveux et ses yeux. J'ai remarqué qu'il avait trois types de sourires : le sourire de politesse, le sourire d'agacement et le sourire qui venait du cœur.
Je pense à moi...
Je pense au premier jour où j'ai regardé avec dédain le médecin qui n'avait jamais fait de moto.
Penser à mon léger agacement lorsque j'ai dû lui apprendre à se tenir et à s'équilibrer sur le siège.
Et penser que j'ai lentement changé pour sourire machinalement chaque fois que je le vois.
Les sentiments qui deviennent progressivement agréables lorsqu'il est près de moi.
La chaleur que je ressens de sa gentillesse, quand il fait des choses pour les autres et quand il sourit.
Je continue à lire l'article.
Si vous avez lu ce que j'ai écrit ci-dessus.
Et si vous pensez que ça ressemble à ce qui se passe dans votre vie.
Et si vous vous demandez si vous aimez cette personne.
Je peux vous dire avec certitude que vous l'aimez bien.
Arrêtez de vous demander si vous aimez la personne ou pas.
Et commencez à vous demander "Qu'est-ce que j'attends ?".
Cet article est peut-être court.
Mais je pense que si l'amour a vraiment germé dans votre cœur.
Peu importe sa brièveté, mon écriture sonnera juste dans votre cœur, vous fera comprendre et vous donnera la réponse. J'éteins mon téléphone... et le pose à côté de moi.
"Oh merde..... On dirait que je suis tombé amoureux du docteur."
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 11 Tawan Uh-huh... C'est créatif. Très "copieux" riz au poulet Hainanais. Je peux sentir le sourire sur mon visage, qui refuse de partir. Je vais chercher une cuillère et une fourchette, me préparant à manger, mais Nadia fait irruption par la porte de la salle de repos des médecins avant que je puisse prendre la première bouchée. — Oh, salut, Nadia. Je lui dis bonjour. — Vidé. Tellement épuisé. Super épuisé à casser des pots, à faire voler des poissons. Sans hésiter, Nadia me rapporte sa situation de service. Je regarde l'heure, il est à peine plus de 19 heures, même pas encore 20 heures. Seulement trois heures de service, et Nadia dit qu'il est déjà épuisé. Je ne peux pas imaginer de quoi il aura l'air demain matin après avoir passé la nuit. — Chaque fois qu'il s'agit d'un échange de garde, il faut que ce soit aussi épuisant, toujours ! Il termine sa plainte, avant de se jeter sur le canapé, et pousse un profond soupir. Ce matin, quand il a appris que j'étais de garde, il s'est empressé de demander un échange pour avoir les mêmes horaires que moi. Bien que nous travaillions dans des services différents et que nous soyons peut-être trop occupés pour nous voir, cela me fait chaud au cœur de savoir que mon meilleur ami est également présent à l'hôpital avec le même créneau horaire. Dans cette optique, nous échangeons toujours le service avec des collègues pour essayer de coordonner notre emploi du temps. Nous pouvons nous consoler et nous encourager mutuellement lorsque le travail devient épuisant. De plus, cela signifie que nous pouvons avoir les mêmes jours de congé. — Hé, Tawan, tu manges quoi ? Dès que Nadia voit que je suis sur le point de manger, il se précipite vers la table. Quand il s'agit de nourriture, la vitesse de Nadia devient presque deux fois plus rapide, même s'il est terriblement épuisé. — Huh ? Du riz au poulet hainanais, c'est ça ? C'est quoi ça ? En plus de demander verbalement, il attrape ma fourchette et pique les cœurs de poulet sur mon riz. — Cœurs de poulet, réponds-je. Nadia me fait une tête bizarre. — Du riz au poulet hainanais avec des cœurs de poulet ? C'est étrange. Je n'ai jamais essayé. C'est délicieux ? Il pose la fourchette avant de quitter la table. Je reprends la fourchette et commence à manger le "copieux" riz au poulet hainanais. Je mâche et j'avale. Mhmmmm, ça a bon goût. — Pas mal. C'est mieux que rien à manger. Je prends une autre cuillerée dans ma bouche. — Et la cafétéria est déjà fermée. C'est de la part de Mork. Il l'a acheté dans les environs de sa maison et l'a laissé pour moi en bas. Nadia, qui s'éloigne de moi, s'arrête net dès qu'il entend le nom de Mork. — De la part de Mr. Mork ? Wowwww, chic ! Laisse-moi en prendre une bouchée. Il se précipite vers mon assiette mais je l'attrape et la déplace hors de sa portée juste à temps. — Pas question, c'est à moi et je ne partage pas, salope ! — Dawww, Tawan ! Juste une bouchée. Je veux un cœur de la part de Mork aussi. — Non ! Ouste ! Il n'y a pas grand chose et je ne sais même pas si ça va être assez nourrissant pour moi. Va chercher ta propre nourriture. Nadia plisse les yeux et me fixe d'un regard inquisiteur. — Tu es protecteur envers ta nourriture ou envers M. Mork ? Avoue. Son regard et sa question me font sursauter, j'ai l'impression d'être interrogé avec la lame d'un couteau sur mon cou. — Tu es fou ? C'est la nourriture. Pourquoi je serais protecteur envers Mork ? C'est mon ami. Pourquoi le ferais-je ? — Vingt et une syllabes. Nadia compte la longueur de ma réponse. Son regard inquisiteur s'intensifie encore plus. En plus de cela, il fait un pas de plus vers moi, ses yeux piquant ma peau si fort que ça fait presque mal. — Tu l'as nié en vingt et une syllabes et tu as dit deux fois "pourquoi le ferais-je". Il prend une profonde inspiration et croise ses bras devant sa poitrine. — C'est tellement suspect. Sois juste honnête et dis-moi, tu te sens bien avec lui, non ? Tawan. Je regarde autour de moi pour chercher de l'aide, mais il n'y a rien ni personne. Je ne pense qu'à secouer la tête, alors je la secoue désespérément, oubliant de mâcher la nourriture dans ma bouche. — Tu es sûr que tu n'es pas protecteur envers lui ? répète Nadia. Je secoue à nouveau la tête et avale accidentellement sans mâcher avant. GLOUPS ! — Ack Hack kack kack ! Donc, ça arrive. Je crache ma nourriture et un morceau de cœur de poulet s'envole et frappe un mur. Nadia, qui l'a rapidement esquivé, se moque de moi. — Pourquoi es-tu si effrayé, Tawan ? Je ne faisais que te taquiner. Je ne savais pas que ça te ferait peur au point de t'étouffer. — Ton visage était sérieux et effrayant comme l'enfer ! Je me dirige vers le réfrigérateur et me verse un verre d'eau à boire, pour faire passer le picotement que je ressens dans ma gorge après m'être étouffé. — Je plaisantais, espèce de cinglé. Je sais que tu as déjà P'Por. Nadia me fait un roulement d'yeux dramatique comme s'il y avait une deuxième caméra qui le filmait depuis la gauche. — Oh, tu as déjà mangé quelque chose ? D'accord, c'est ma chance de changer de sujet. Je ne veux pas que Nadia se concentre sur Mork et moi, parce que, comme je l'ai dit, il n'y a vraiment rien entre nous. — Oui. Je voulais te demander si tu voulais prendre un café avec moi avant la fermeture du magasin. — Oui, bien sûr. Laisse-moi manger rapidement Et je me dépêche de finir mon riz copieux. Vous savez quel est l'avantage d'être médecin ? Nous pouvons nous endormir dès que nos têtes touchent l'oreiller, car nous savons que même un sommeil de deux minutes est précieux. Et nous pouvons manger rapidement. On se bourre la bouche de nourriture et on mâche plusieurs fois avant d'avaler. Telle est la vie d'un médecin. ……………. — Bonjour, Dr Tawan, Dr Nadia. Vous êtes de service ce soir ? Le même garçon de café nous sourit et nous salue lorsque nous entrons. Plus tôt, nous avons croisé de nombreux autres médecins qui sont également de service, chacun d'entre eux avec une tasse de café à la main. Les cafés des hôpitaux sont les plus fréquentés tôt le matin et tard le soir. Celui qui pense qu'un café n'a probablement pas de clientèle après 8-9 heures du soir devrait visiter un hôpital et observer l'activité. — Americano glacé et latte glacé très sucré, s'il vous plaît, comme d'habitude. Je passe ma commande et lui tends le règlement, en payant également pour Nadia. Nous avons l'habitude de venir ici pour prendre un café ensemble et de commander la même chose à chaque fois, alors quand nous payons, nous payons ensemble sur un seul billet et nous payons à tour de rôle. La dernière fois, Nadia a payé et cette fois, c'est à mon tour. Quand je regarde à nouveau Nadia, il fronce les sourcils tout en tapant quelque chose sur son téléphone, probablement en répondant à une discussion. Il secoue ensuite la tête, l'éteint et le range avant de s'asseoir à une table pour attendre le café. Je me précipite après lui. — Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as été appelé ? Nadia secoue la tête. En fait, j'ai un peu deviné que ce n'est pas pour le travail, parce qu'en général, soit ils annoncent par les haut-parleurs, soit ils appellent directement par téléphone. Si c'est un message sur le portable, ça doit être autre chose. — Alors, qu'est-ce que c'est ? Une telle mine renfrognée sur ton visage. Tu veux en parler ? — Le gars avec qui j'ai eu un rendez-vous, répond Nadia avant de faire une pause. Il pinçe ses lèvres en une ligne droite comme s'il se demandait par où commencer. Et je suis complètement perplexe. — Attends, quoi ? Tu as eu un rencard ? Quoi ? Quand ? Comment ? L'autre jour, tu avais encore le cœur brisé par P'Ganghan. — Bon sang, ça fait déjà plus d'une semaine, non ? Qui resterait le cœur brisé aussi longtemps ? J'ai une vie à vivre. La vie doit continuer, tu n'as pas entendu ça ? C'est normal d'avoir déjà un nouveau rendez-vous. — Euh, et pourquoi tu fronçais les sourcils ? Il n'est pas beau gosse ? Sa photo était-elle fausse ? Il y a une raison pour que je demande ça. Avant, Nadia se plaignait beaucoup de sortir avec un gars de Facebook et de recevoir trop souvent des emballages trompeurs. C'est-à-dire qu'ils n'étaient pas aussi beaux que leurs photos de profil. — Nan. Il est comme sur les photos, peut-être même mieux. Mais il a dit que je suis trop efféminé et pas son type. — Uh-huh... Alors, quoi ? Est-ce que tu t'en soucies ? Je demande parce que je connais bien Nadia. Il est comme ça depuis qu'il porte son ancien nom, Not. Il avait l'habitude de faire une blague en disant que s'il y a quelqu'un qui peut être plus distingué qu'une vraie femme, c'est bien lui. Je ne l'ai jamais vu se sentir troublé à ce sujet. Mais pourquoi se sent-il soudainement mal à ce sujet maintenant ? — Bien sûr, je m'en soucie. Parce que j'aime bien ce type. C'est la réponse de Nadia. — D'accord, mais il ne t'aime pas pour ce que tu es. — Il a dit qu'il m'aimait bien. Il a dit que j'étais beau et que j'avais une belle carrure, ce qui est exactement son type. J'ai un bon profil, et ça fait si longtemps qu'il veut avoir un petit ami médecin, surtout un pédiatre. Mais il ne veut pas que je sois efféminé. Il veut un petit ami viril, qui puisse marcher avec lui dans la rue et être considéré comme un ami, pas comme un amant. — Alors, pourquoi veut-il un petit ami ? Je ne comprends pas. — C'est ce que je lui ai demandé, répond Nadia. Et il a dit... Nadia arrête de parler et me montre l'écran de son téléphone. C'est un message de lui sur Facebook messenger. J'essaie d'éviter de regarder la photo et de lire le texte, mais je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il porte une chemise blanche avec des épaulettes noires. On dirait qu'il porte un uniforme d'un pilote. “Être amoureux est une affaire privée entre deux personnes. Nous n'avons pas besoin de le montrer au monde entier. Je me soucie de la façon dont la société me perçoit. Si nous sommes ensemble, ça devra rester comme ça.” Ensuite, il y a une réponse de Nadia, qui est juste ".….."
“Je pense que nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre. Parfois, le fait de s'aimer ne suffit pas pour une relation. Je ne pense pas que je puisse être le genre de petit ami que tu espères. Et tu ne peux pas être le genre de petit ami que je veux, non plus." "Qu'est-ce que ça veut dire ? On ne sort plus ensemble ?" "Nous pouvons nous voir. Je pense que nous pouvons être amis. Est-ce qu'on peut se voir comme des amis ?" "Juste parce que je suis efféminé ?" "Pour toi, c'est peut-être "juste" une question de féminité. Mais pour moi, ce n'est pas que 'juste'. Je suis désolé." "Pas grave. C'est ma faute, pour être efféminé."
Je rends le téléphone à Nadia quand j'arrive à cette partie. Il y a d'autres messages plus bas, mais cela suffit pour que je saisisse l'essentiel de la raison pour laquelle mon meilleur ami a un tel air déprimé sur le visage. — Et tu ne peux pas te mettre en colère contre lui ? demandé-je. Nadia hoche la tête. — Uh-huh. Je suis plutôt en colère contre moi-même. — En colère contre toi-même pour... ? — Pour être efféminé ! Pourquoi as-tu besoin de demander ? Penses-y, si je n'étais pas efféminé, je ne serais pas assis ici avec toi. J'aurais été à un rendez-vous avec lui. Après-demain, il a un vol, et ce soir il est libre. On serait allongés ensemble à regarder un film ou à sortir en voiture pour voir du pays la nuit. Nadia pousse un grand et profond soupir avant de continuer. — Mais parce que je suis efféminé. Je suis un gay bottom, grand et costaud, au visage effrayant, mais aussi efféminé. Donc je dois être de garde maintenant. J'ai raté l'occasion parce que je suis efféminé. Je commence à penser que ce n'est pas 'juste efféminé', ça doit être plus que ça, comme il l'a dit. Nadia hausse les épaules. Et il doit sentir que je ne veux pas voir son visage déprimé, car il force un sourire. Mais il est loin de se douter que son faux sourire est encore plus insupportable pour moi que son visage triste d'avant. — Pourquoi ne dites-vous pas plutôt 'juste un gars comme lui' ? On tourne la tête dans cette direction. Il semble que le serveur ait remarqué que nous parlions si intensément que nous en avons oublié nos boissons. Il s'est approché pour servir le café à notre table et a dû entendre notre conversation. — Comment ? C'est quoi ce truc de 'juste un gars comme lui' ? Nadia accepte son café et en boit une gorgée à travers la paille. Mr. Mayon tire une chaise et s'assied à côté de notre table. Il n'y a pas d'autre client dans la boutique maintenant. Nous semblons être les derniers clients de la soirée, il a donc du temps libre pour discuter. — Il n'y a qu'un type comme lui qui n'aime pas l'aimable Dr Nadia, répond le serveur. Et soit parce qu'il voit que nous l'écoutons attentivement, soit parce qu'il réalise qu'il n'a pas été clair, il développe davantage. — Docteur, vous ne pouvez pas vous changer en quelqu'un d'autre ou couper une partie de vous-même et la jeter à cause de la remarque d'une personne. Et s'il dit qu'il n'aime pas votre nez proéminent mais pointu, vous débarrasserez-vous de votre nez ? — Naaan... répond Nadia instantanément. Heyyy, attendez ! J'ai un nez pointu ? Il se dépêche de toucher et de sentir son propre nez. — Ce n'est pas ça ! C'est juste un exemple. Mr. le Serveur retire la main de Nadia de son nez. — Ce que je veux dire, c'est que la féminité fait partie de vous, n'est-ce pas, docteur ? Et pourquoi devriez-vous couper une partie de vous juste pour l'opinion d'un gars ? Vous vous souvenez quand je vous ai parlé de votre café au lait extra sucré ? — Oui, vous avez dit que mon goût pour le sucré allait me faire courir un risque de diabète, répond Nadia. Le serveur hoche la tête. — Oui, doc, et vous vous rappelez ce que vous avez répondu ? — J'ai dit que je l'aime comme ça. Le café sucré me rend heureux. Si je meurs du diabète, je mourrai quand même heureux. Laissez-moi me plaindre un peu ici. Il n'aurait pas dû dire ça, à mon avis. Bon sang, Nadia, tu es médecin ! Mais peu importe, je vais laisser passer, juste pour cette fois. Je devrai corriger son attitude plus tard. — C'est vrai, docteur. Le café extra sucré fait partie de vous. Vous ne l'avez pas abandonné. Et pourquoi devez-vous renoncer à votre côté féminin ? Je pense que c'est ridicule. — Mais les gens ont dit pendant des années que si vous êtes efféminé, vous êtes dans le marché bas de gamme. Nadia réfléchit bruyamment. — Le marché bas de gamme est toujours un marché. Les gens y achètent toujours. Haut de gamme ou bas de gamme, tout est dans l'œil de celui qui regarde. Je ne sais pas, mais je pense que les marchés haut de gamme ou bas de gamme n'existent pas. C'est une illusion. L'essentiel est de savoir si vous êtes au bon endroit au bon moment pour la vente. Mr le Serveur fait un geste de la tête vers notre café glacé. — Pensez-vous que si j'installe un café dans un village, des clients viendront acheter du café vers huit ou neuf heures du soir ? Je peux peut-être en vendre. Quelques commandes, une dizaine tout au plus. Ce sera impossible de vendre près de cent tasses de café en une seule heure, de huit à neuf heures, comme ça. Mais c'est parce que je suis dans un hôpital. L'emplacement me donne un groupe cible composé de médecins comme vous, qui ont besoin d'un café tard dans la nuit avant de prendre leur service. C'est pour ça que je vends bien. Je baisse les yeux sur la tasse de café à moitié bue que je tiens dans ma main. Uh-huh. Ce que Mr. le Serveur a dit est tellement vrai. — Si vous pensez que vous êtes une marchandise, um....personnellement je ne veux pas que vous pensiez comme ça, mais si c'est le cas, la raison pour laquelle personne ne vous a acheté est seulement parce qu'ils ne sont pas encore arrivés à votre devanture. Ou peut-être êtes-vous simplement dans le mauvais magasin. Ne pensez pas que vous ne valez pas la peine d'être acheté. Se blâmer soi-même est une perte de temps. Vous feriez mieux de blâmer quelqu'un d'autre. Bahahaha ! — Ou blâmer les esprits gardiens du lieu. Nadia intervient alors en riant. Bien que la déception soit toujours présente sur son visage, son sourire semble commencer à regagner du terrain. C'est un mécanisme émotionnel, je suppose. Quand nous sommes pleins de tristesse et de déception, nous exprimons nos émotions et les évacuons. Seulement alors, il y aura un espace libre pour que le rire et le sourire puissent s'y installer. — Mais je....n'ai rien contre une personne efféminée, doc. M. Barista fait un geste envers Nadia sans lui laisser le temps de prendre ses distances. Si c'était du sport, on pourrait dire qu'il utilise une stratégie offensive tout d'un coup. Comme, boom, dans le visage. Le visage de qui, vous demandez ? Mon visage. Ou peut-être devrais-je dire au-dessus de ma tête, parce que je suis assis juste là, les gars. — Je pense qu'un Dr Nadia aux allures féminines est adorable. Vous êtes un vrai personnage. — Hey...est-ce que vous venez de me faire des avances ? demande sagement Nadia, mais je vois une lueur de sourire sur les coins de ses lèvres. — Ce n'est pas mon fort, je ne sais pas comment faire. Je ne fais que du café, doc répond-il. — Oh, mais j'espère bien que vous arriverez à vous décider, rétorque Nadia. "Docteur, demain êtes-vous libre après le service ?" Monsieur le Serveur demande, d'un ton plus enjôleur cette fois. — Cela dépend de ce que vous allez demander ensuite. — Demain, je dois me réapprovisionner en grains de café, voulez-vous m'accompagner ? À ce moment-là.... moi, l'ami du protagoniste, ramasse soigneusement ma tasse d'Americano et se faufile vers la porte de sortie avant de l'ouvrir discrètement et de partir. Je me retourne et je les vois continuer à parler, inconscients de l'absence de leur public. Il faudra un certain temps avant que Nadia s'en rende compte, je suppose. J'ai lu quelque part que dans chaque fin, on peut trouver une chance. Peu importe que l'on perde ou que l'on gagne dans cette fin, ou même que l'on ne sache pas si l'on perd ou si l'on gagne, si l'on est encore en vie quand une chose se termine, ce qui suit immédiatement est une chance. C'est une chance de recommencer à zéro. Si Nadia n'avait pas trouvé sa fin avec M. le Pilote (je suppose, je ne lui ai pas encore demandé, je le ferai peut-être plus tard), il n'aurait pas eu une chance supplémentaire pour M. le Serveur. Si ce n'était pas parce qu'il s'était plaint de cette fin dans le café avant qu'il ne ferme pour la nuit, il n'y aurait pas eu de chance pour eux de s'asseoir et de parler comme ça. C'est ça, être au bon endroit au bon moment, comme l'a dit le serveur. Ding ... J'entends le son d'un message de notification. En le prenant, je m'attends à ce que ce soit Nadia qui me reproche de m'être enfui du café sans le lui dire. Mais non... Surprise ! C'est un message de mon P'Por. — Je sais que tu dois être occupé pendant les heures de service, mais essaie aussi de dormir un peu. Ce n'est pas grave si tu n'as pas de temps pour moi, mais je veux que tu te reposes. Tu sais, je m'inquiète pour toi. Pour finir, il m'envoie un sticker d'un ours brun qui envoie un baiser. Mon cœur se gonfle devant cet encouragement. C'est ma personne "au bon endroit au bon moment". Demain, c'est la fête de Loy Krathong. Après la garde et une tournée des services, je serai libre. Je pourrai retourner dormir à l'appartement avec mon chéri et nous pourrons aller à un festival de Loy Krathong dans la soirée. Ce sera notre premier Loy Krathong depuis qu'on est ensemble. “Docteur Tawanork au 3550. Docteur Tawanork au 3550." Oh merde... 3550, c'est les urgences. Il doit y avoir une consultation aux urgences. Je mets le téléphone dans ma poche et je cours comme un dératé vers le service des urgences. Bien. Que cette soirée soit aussi épuisante qu'elle le doit. Demain, j'aurai tout le temps du monde à passer avec mon P'Por adoré. ………. — Je suis tellement désolé, Tawan. Je ne savais pas que tu allais être libre. Ok... Ce matin ne s'est pas déroulé comme je l'avais espéré. La nuit dernière, le service a été épuisant, mais pas si difficile. J'ai pu dormir de 4 à 6 heures du matin. C'est déjà une chance inouïe. Je me suis réveillé pour vérifier les cas de la nuit dernière, faire le tour du service, faire le bilan des cas, prendre une douche et me changer avant de retourner à l'appartement, pour le trouver en train de se préparer à partir pour une visite à domicile. — Non, c'est ma faute pour ne pas t'avoir rappelé que je suis libre. En voyant son expression, je ne peux pas me mettre en colère contre lui, même si je suis très contrarié. Je lui ai dit que je serais libre pour Loy Krathong et que je voulais qu'on passe du temps ensemble. D'accord, je ne lui ai pas rappelé après, mais bon... Est-ce que ce genre de chose a besoin d'une seconde confirmation ? — Peu importe, tu ne peux pas plutôt partir dans la soirée ? Je demande sans me faire d'illusions. Je devine la réponse. Il secoue la tête, comme je m'y attendais. — Malheureusement, non. J'ai dit à mes parents que je rentrerai tard ce matin et que nous irons à Ayutthaya. Ils veulent aller au festival de Loy Krathong au temple Wat Yai Chai Mongkhon, alors je conduis pour eux. Oh, Tawan, tu ne rentres pas chez toi ? Tu es libre aujourd'hui. — P'Saengtai n'est pas là, et mes parents sont sortis de la ville pour rendre visite à Daonuea. Il n'y a personne à la maison. — Et si tu allais à Loy Krathong avec Nadia, alors ? Il essaie de suggérer une autre option. Je secoue la tête. — Aujourd'hui, il a un rendez-vous. C'est bon, chéri. Tu devrais rentrer à la maison. Dans ma tête, je lui demande s'il me laisserait l'accompagner, parce que je veux apprendre à connaître sa famille, aussi. Mais... c'est probablement impossible. Je suppose que sa famille ne sait pas qu'il a un petit ami. — Au fait..... Je me creuse la tête pour trouver la phrase suivante. — Passeras-tu devant le centre commercial Paragon sur ton chemin ? Tu peux m'y déposer ? Je veux aller dans une librairie avant de retourner au dortoir." — Bien sûr. Pas de problème. Je vais faire un tour dans le centre commercial avec toi avant de partir. Il me caresse la tête. Peut-être qu'il sait que c'est mon point faible. Et même si je sais que ça ne change rien à la situation, ça peut au moins me faire sentir un peu mieux. Bien. Je ne vais peut-être pas passer Loy Krathong avec lui cette année, mais il y a toujours l'année prochaine. Nous serons ensemble pour un long moment de toute façon. J'essaie de me consoler avec cette pensée. ………………… À la librairie. — Tawan, quel livre achètes-tu ? Tu as un livre en tête ? — Pas encore. J'ai l'intention de regarder autour de moi et de voir si je suis intéressé par l'une des nouveautés. — Mon chéri, auras-tu le temps de le lire ? Tu es toujours en train de lire des manuels dès que tu es libre. Il rit. Je me retourne pour le regarder. — Pffff ! Parfois le bonheur peut venir du simple fait d'acheter les livres, chéri. Bien sûr, je suis libre. Je réponds silencieusement. J'ai tout le temps du monde aujourd'hui parce qu'il n'est pas avec moi. Je ne peux pas rester dans sa chambre car je n'ai ni la carte ni la clé. Et même si je l'avais, cela ne servirait à rien de rester à l'appartement, car il n'y est pas. Je ferais mieux de passer mon temps libre à lire des livres intéressants. L'étagère des nouveautés n'a rien d'intéressant, alors je continue à marcher dans l'allée et à scruter les titres des autres livres, au cas où un livre au hasard attirerait mon attention. Allez, s'il vous plaît. Juste un livre pour passer le temps ce soir. Je ne suis pas d'humeur à lire des manuels scolaires et ce soir, j'aurai trop de temps libre pour que je puisse juste fixer le plafond. — Oups, désolé ! En regardant l'étagère et sans faire attention où je vais, je percute quelqu'un qui est debout en train de lire un livre. L'impact me déséquilibre, et P'Por m'attrape les épaules pour me stabiliser. — Tu vas bien, Tawan ? — Je vais bien, merci. Je ne regardais pas. Dans la dernière phrase, je me tourne pour parler à l'homme que j'ai heurté. — Eh, docteur... Je lève les yeux et étudie le visage de la personne. — Oh ? Mork.... | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:33 Chapitre 12 Mork Ok... Je l'admets. Ce n'était pas une coïncidence. J'ai fait exprès de traîner à proximité de Tawan pour qu'il me rentre dedans. Allez, c'est la vraie vie. C'est impossible de regarder de haut en bas d'un rayon et de se rentrer dedans accidentellement comme dans les séries télévisées. Je ne regarde pas vraiment les séries télévisées, mais j'en ai vu quelques-unes quand j'étais encore avec Fern (elle aimait les regarder). J'en ai vu assez pour dire que ce genre de coïncidence n'arrive pas dans la réalité. Vous voyez, en résumé, je suis tombé sur lui exprès. Mais il y a une raison à cela et je vais vous raconter ma version de l'histoire. "On n’y peut rien si on est gay.
On n'y peut rien si on est gay.
On n'y peut rien si on est gay." J'ai balayé les étagères du regard, à la recherche d'un livre dont la tranche indique "On n'y peut rien si on est gay.". Ow, j'avais la tête qui tournait. La commerçante m'a dit qu'il devrait être par ici, montrant la tranche, parce qu'il a été publié depuis un certain temps et que la librairie n'affiche pas la couverture pour les livres plus anciens. Elle m'a dit cela et m'a laissé chercher par moi-même. Comme je suis plus grand que les étagères, j'ai dû me pencher à plusieurs reprises pour trouver le livre que je cherchais. Ah, je l'ai trouvé ! "On n'y peut rien si on est gay". Par P'Mek et Dr. Aim. Je l'ai pris sur l'étagère. Il restait trois exemplaires, et sur la couverture, il était écrit deuxième réimpression. Oh, le livre semblait être en effet un best-seller. Et pourquoi est-ce que je cherchais ce livre ? Eh bien, hier soir, après avoir lu les deux articles de P'Mek sur la page "Do You Wanna Hear My Story", j'ai continué à surfer et à lire ses articles plus anciens. Puis, j'ai trouvé un article datant de l'époque de son voyage en Espagne avec le Dr Aim, décrivant sa transition progressive d'un sentiment de nonchalance avec un mélange de dédain à l'égard du Dr Aim à une sympathie pour lui, qui s'est ensuite transformée en amour. Il y a eu une tournure inattendue des événements avant qu'ils ne commencent à se fréquenter lors du voyage de retour. L'article sur leur voyage de retour est la raison pour laquelle j'ai cherché ce fichu livre dans tous les sens. "On n'y peut rien si on est gay". ……………… Vous voulez entendre mon histoire ? Posté le xox/sox/xx : Public Le vol de retour était complètement différent de celui de l'aller. Sur le premier vol, nous étions assis l'un à côté de l'autre, mais c'était comme si nous étions assis à côté d'un étranger. Alors que sur le chemin du retour, nous étions des amoureux, et les dix heures de vol avaient soudainement beaucoup de choses à nous offrir... Meh, "beaucoup" était probablement inexact. Nous avons juste eu beaucoup de temps pour parler. J'ai donc pu bavarder avec le Dr Aim jusqu'à ce que nous commencions à parler du moment où nous avons "réalisé" que nous étions différents de nos pairs masculins. Il m'a dit qu'il l'avait réalisé au lycée, avant de devenir étudiant en médecine. Oh oui, je l'ai réalisé quand j'étais en première année. Ça veut dire qu'on a réalisé notre différence à peu près au même moment. — Comment te sens-tu ? lui ai-je demandé. — Anxieux, a-t-il répondu Anxieux de qui il était. Anxieux à propos de l'avenir, si quelque chose de mal allait lui arriver. Je lui ai dit que je me sentais "anxieux" tout comme lui, aussi. Quand j'ai réalisé que j'étais "différent" des autres. À ce stade, vous vous demandez peut-être pourquoi nous étions anxieux. Laissez-moi vous dire qu'avant l'an 2000, être gay n'était pas un sujet aussi ouvert que ça. Vous pouvez penser que les couples garçons-garçons du lycée sont si cool et que les filles les acclament, les encouragent et créent un fan club pour eux. Mais en 1999, quand j'étais au lycée, c'était une autre histoire. Les gens n'étaient pas aussi tolérants. C'était quelque chose dont les gens se moquaient méchamment. Et si quelqu'un dans votre école découvrait que vous étiez gay, vous pouviez facilement devenir la cible d'intimidations. Je pense que c'est la raison pour laquelle le Dr Aim et moi étions anxieux. — Je pense que les autres personnes qui l'ont réalisé récemment doivent être anxieuses comme nous. — Qu'est-ce que tu veux dire, doc ? ai-je demandé. — Je veux dire quand ces gars-là ont réalisé.... qu'ils aimaient les gars. Je lui ai fait un signe de tête. — Heureusement, nous sommes déjà passés par là. — Mais d'autres enfants pourraient ne pas encore l'avoir vécu, et certains pourraient grandir sans surmonter ce genre de sentiments. Quand le Dr Aim a dit cela, j'ai soudain eu une idée. — Doc... pourquoi n'écririons-nous pas un livre ? ai-je suggéré. — Quel livre ? a-t-il demandé. — Un livre qui raconte comment on a grandi en étant gay. Tu imagines, nous avions des pères qui nous apprenaient comment être un homme, et les filles avaient des mères qui leur apprenaient comment être une femme. Mais les gens qui ont réalisé qu'ils étaient gays n'avaient personne qui pouvait leur donner des conseils ou leur apprendre quoi que ce soit. Surtout s'ils n'osent pas le dire à leurs parents. — Ce genre de choses doit-il être enseigné ? S'est interrogé le Dr Aim. — Hahaha ! Il y a certainement quelque chose pour laquelle nous avons besoin de conseils, non ? Il devrait au moins y avoir quelqu'un pour nous tapoter la tête ou les épaules, pour nous dire que tout va bien, que ce n'est pas de notre faute si nous sommes gays. Enfin, pas un enseignement, mais comme un livre de coaching, en quelque sorte. — Et nous collaborerions pour l'écrire ? C'était sa question, à laquelle j'ai répondu par un signe de tête. — Bien sûr. Nous l'écrivons ensemble. Je vais proposer cette idée à Mlle Orn. — Et comment on va appeler le livre ? — ‘On n'y peut rien si on est gay’. Qu'en pensez-vous, docteur ? — Bien, on ne peut vraiment pas s'en empêcher. Il faut juste l'accepter. Après cela, pendant les dix heures du vol, nous avons planifié le contenu de ce livre. J'espère que vous aurez hâte de le lire. On n'y peut rien si on est gay... ………. C'est pourquoi je suis venu dans une librairie, pour chercher ce livre. Et comme il est sur le marché depuis un certain temps déjà, (mais je ne l'ai découvert que sur la page de P'Mek hier soir), il m'a fallu un certain temps à me pencher de haut en bas pour enfin le trouver. J'ai regardé le prix. 199 bahts. Hummm.... pas si cher que ça, mais si vous êtes un chauffeur de taxi-moto, tout ce qui avoisine les 200 bahts représente une sacrée somme d'argent. Bah, qu'est-ce que je fais... Je dois l'acheter ? J'ai regardé dans tout le magasin, ce n'était pas seulement calme, mais il n'y avait presque pas d'employés qui déambulaient. Je savais que je ne devais pas. Mais désolé. P'Mek, pardonnez-moi. Je vais jeter un coup d'œil aujourd'hui, je lui ai parlé intérieurement. Puis, quand j'aurai plus d'argent et que vous sortirez un nouveau livre. Je l'achèterai pour vous soutenir. Pour l'instant, accordez un laissez-passer à ce pauvre moto-taxi qui est désespérément perdu, merci. J'ai fait un salut thaïlandais dans le vide et j'ai ouvert le livre. — Tawan, quel livre vas-tu acheter ? As-tu un livre en tête ? — Pas encore. J'ai l'intention de jeter un coup d'œil et de voir si je suis intéressé par l'une des nouvelles parutions. Eh.... Le nom de Tawan était assez familier. Mais la voix qui lui répondait était encore plus familière. J'ai penché la tête pour regarder de l'autre côté de l'étagère et bam, c'était vraiment le Docteur Tawan. Il marchait avec... son petit ami. Si je me souviens bien, il s'appelle Por. Je l'ai vu une fois quand il est descendu de l'appartement pour escorter Tawan. À l'époque, dans la lumière tamisée et avec peu de visibilité, je l'ai trouvé beau, même de loin. Maintenant, sous une lumière normale, habillé et marchant juste à côté du Docteur Tawan, il était waouh, beau. Très beau. J'ai baissé les yeux sur ma propre tenue. T-shirt terne et jeans délavés, apparemment le perdant. J'avais l'impression que la "réalité" était devenue une planche de deux par quatre qui venait de me frapper durement, en plein visage. A quoi bon se prendre la tête pour savoir si je suis gay ou pas, alors que le gars que j'aime bien a déjà un copain. Et ce petit ami est incommensurablement plus beau que moi. Il est impossible qu'il m'apprécie de toute façon. — Mon chéri, auras-tu le temps de le lire ? Tu es toujours en train de lire des manuels dès que tu es libre. Le type nommé Por a ri et s'est penché près de la joue de Tawan. J'ai vu Tawan se tourner pour le regarder, leurs nez se touchaient presque quand il a répondu. — Pffff ! Parfois le bonheur peut venir du simple fait d'acheter les livres, chéri. Euh... perdant. J'étais définitivement le perdant. Mork, tu es un chien hideux et tu devrais savoir où est ta place. Je me suis dit. Laisse ces deux personnes être ensemble, et tu n'as même pas besoin de lire ce livre, non plus. J'étais sur le point de remettre le livre sur son étagère et de m'éclipser de la librairie sans laisser Tawan me voir. Mais je ne l'ai pas fait, car j'ai entendu la suite de la conversation. — Ce n'est pas ta faute. Je ne t'ai pas rappelé que j'avais libéré ma garde et que je serais libre aujourd'hui. — Aww... Je vais au festival de Loy Krathong avec ma famille, pas avec quelqu'un d'autre. Ne va pas bouder. — Je ne boude pas. Je me suis arrêté, et j'ai lentement jeté un coup d'œil en arrière... Maudit docteur, ce n'est pas du tout convaincant, me suis-je dit. Bien qu'il ait dit ça, son visage et son ton étaient si évidents qu'il ne pouvait tromper personne. Pourtant, ce monstre nommé Por quelque chose n'avait pas l'air de se rendre compte que le type en face de lui était en fait en train de bouder parce qu'il était blessé. J'ai commencé à rassembler les pièces du puzzle de ce que j'avais entendu. Tawan a dû s'arranger pour avoir un jour de congé le jour de Loy Krathong pour passer du temps avec son petit ami, mais celui-ci devait rentrer chez lui pour le fêter avec sa famille. Donc, Tawan était obligé de rester seul... — Tu peux rentrer chez toi, P'Por. Je vais continuer à parcourir les livres. — Ça ne te dérange vraiment pas ? ..... Mais je m'inquiète pour toi. — Pas de problème. Ça ira très bien. Tu peux y aller. Tawan a levé les yeux de l'étagère et a brièvement rencontré les yeux de son petit ami. Bien que je n'aie pas pu voir ses yeux clairement, j'ai pu deviner quel genre d'yeux il faisait. Les émotions dans ses yeux seraient difficiles à expliquer, mais si j'étais ce type nommé Por ou autre, j'appellerais à la maison et annulerais pour rester avec Tawan à la place. C'est ta personne spéciale, mec ! Je me suis souvenu d'un article sur la page de P'Mek (il a dit qu'il avait obtenu l'information de son petit ami, le Dr Aim). Il disait qu'il y a deux méthodes de communication, la communication verbale et la communication non verbale, et que nous devrions faire attention à notre propre communication verbale mais faire attention à la communication non verbale de l'autre partie. J'ai dû chercher les mots dans le dictionnaire pour comprendre que la communication verbale désigne ce que nous disons en paroles, tandis que la communication non verbale désigne le ton de la voix et le langage corporel. Ainsi, dans une relation, les hommes comme nous doivent faire attention à ce que nous disons, tout en observant et en se concentrant davantage sur le langage corporel de notre partenaire. Parce que parfois, ils ne disent pas toujours ce qu'ils ressentent vraiment. Le véritable message qu'ils veulent vraiment transmettre se trouve dans leurs gestes, leur regard et le ton de leur voix, et non dans les mots qu'ils prononcent. Oh, P'Mek avait raison. Verbalement, Tawan a dit "Pas de problème". Mais je pouvais sentir "un problème" dans son ton et son langage corporel. Je n'étais pas sûr que ce P'Por puisse aussi le sentir. Ils sont amants, il devrait pouvoir le sentir encore plus précisément que moi. Ils sont si intimes. Moi, je n'étais qu'un outsider qui observait de l'autre côté de l'étagère, et je le sentais quand même. Au fond de moi, j'étais confus. Je n'arrivais pas à décider ce que je voulais que Por fasse. Une partie de moi était pour Tawan, espérant qu'il reste, tandis que l'autre partie souhaitait qu'il s'en fiche. — Ok....alors je vais te tenir compagnie un peu avant de partir. Je ne suis pas pressé, alors c'est bon. Merde... Je me sentais déçu pour Tawan. Je l'ai vu hocher la tête et sourire. Mais croyez-moi, ce n'était pas un sourire pour de vrai. P'Mek a dit que certains langages non verbaux ne sont pas directs, parfois ils peuvent signifier le contraire. Certaines personnes peuvent sourire quand elles ont envie de pleurer. Oh, wow, son article était si précis. Ce que j'ai lu hier soir était en train d'être démontré juste ici devant moi. Peut-être que Tawan se sentait délaissé... Ce n'était pas une question. Je savais qu'il se sentait blessé et délaissé, mais qu'en était-il de moi? Que pouvais-je faire ? Je me sentais désolé pour lui parce qu'il était blessé, mais obligé de forcer un sourire et de dire à son petit ami que tout allait bien. Je ne savais pas s'il se sentait frustré, mais si j'avais été à sa place, j’aurais été super frustré. Je voulais l'aider mais je ne savais pas comment. Hey.... Avez-vous déjà été comme ça ? Avez-vous fait quelque chose en ignorant le processus de réflexion ? Comme quand, tout d'un coup, vous faites quelque chose de façon impulsive. À ce moment-là, alors que mon cerveau ne savait toujours pas quoi faire, mes pieds m'ont amené là avant que je ne le sache. J'ai esquivé, faisant semblant de regarder de haut en bas pour vérifier les livres tout en me rapprochant de Tawan. Je l'ai fait sans réfléchir, mais il était trop tard pour faire demi-tour. Je me suis rapproché un peu plus jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que quelques pas avant qu'il ne me rentre dedans, et j'ai tenu bon en faisant le décompte pour l'impact. 3 2 1 .... Boum ! — Oups, désolé ! Tawan m'est rentré dedans comme je m'y attendais. Son petit ami s'est précipité pour l'attraper et le maintenir debout. — Tu vas bien, Tawan ? — Je vais bien, merci. Je ne regardais pas, je suis désolé, monsieur. Il s'est adressé à moi, qui me tenais à côté de lui. — Eh, docteur. J'ai fait semblant d'être surpris de le voir. (J'espère que mon jeu d'acteur était assez convaincant.) — Oh ? Mork... Il a lentement levé les yeux vers mon visage. C'est comme ça que ça s'est passé. — Eh ? Tawan, c'est un de tes amis ? Demande P'Por à côté de Tawan en me regardant de la tête aux pieds... D'accord, je sais que mes vêtements ne sont pas des plus raffinés et que je ne suis pas beau, mais tu n'as pas besoin de me regarder si intensément. — Ouais, c'est mon ami, Mork. Mork, voici P'Por... Il ne dit pas qui est ce P'Por pour lui, mais je le sais. Je force un sourire sur mon visage et le salue formellement. — Ravi de vous rencontrer, monsieur. — Um, salut, ravi de vous rencontrer. Il me sourit et se retourne pour parler à Tawan. — C'est chouette que tu aies rencontré ton ami. Je ferais mieux de partir, alors. On se voit dans deux jours. Tawan hoche la tête et affiche à nouveau le même sourire forcé. — Ok. A plus. — Veuillez m'excuser. Au revoir. Il me regarde et me fait un sourire formel et un signe de tête. Je ne sais pas comment réagir entre le sourire et le hochement de tête, ni quoi faire d'autre. Ça n'a pas d'importance, de toute façon. Parce que ce monstre de Por quitte la librairie dès qu'il a fini de parler. Immédiatement, en fait. Il n'y a donc plus que Tawan et moi devant une étagère. — Euh...doc.. Je ne sais pas comment commencer la conversation. — C'est quoi ce livre ? Tawan pointe du doigt ma main et je viens de réaliser que je tiens toujours le livre que j'allais reposer mais que je n'ai pas eu l'occasion de le faire. Donc, il est toujours dans ma main. Machinalement, je le cache derrière moi. — Rien. Quel livre, doc ? — Allez, Mork, le livre que tu caches derrière toi. — Nah, je n'ai pas de livre. Oh mince, que je sois maudit ! Il n'y a aucune chance de le remettre en place maintenant. S'il voit que je suis en train de lire ce livre... — Hmm ? On n'y peut rien si on est gay. Tu le lis aussi ? Trop tard. Pendant que je m'exclamais mentalement en panique, le docteur a incliné la tête pour regarder de côté et a vu la tranche du livre. Il a pu lire le titre juste à cette distance. Pourquoi sa vue est-elle si bonne ? J'essaie de la jouer cool et de garder un visage impassible. J'affiche un large sourire qui ne semble pas trop artificiel et je compose une réponse dans ma tête avant de la prononcer mot à mot. — Eh bien, c'est parce que j'aime bien l'administrateur qui a écrit cette page, alors je cherche un de ses livres. J’aime seulement ses articles. Il n'y a pas d'autre raison, doc. — Hmm ? Tu aimes l'admin ? Lequel ? Mek ou P'Aim ? — Euh...P'Mek. J'ai oublié que ce livre est une collaboration entre P'Mek et son petit ami, le Docteur Aim. Eh, et pourquoi Tawan l'a appelé P'Aim ? — Tu les connais aussi, doc ? Tawan acquiesce. — Bien sûr, P'Aim était mon mentor de la lignée senior. Il ne se contente pas de répondre, il sort aussi son téléphone portable pour me montrer une photo. — Tiens, c'est P'Aim. Quand j'étais en sixième année, il faisait sa formation de spécialité en psychiatrie. Puis, il montre une autre personne sur la photo. — C'est P'Ganghan, également mon mentor de la lignée sénior. Tu te souviens ? Quand Nadia avait le cœur brisé et que tu m'as aidé à le porter, c'était à cause de P'Ganghan. Quand nous étions en sixième année d'université, il était en dernière année de spécialisation. Maintenant, il est membre de la faculté et enseigne. — Mentor de la lignée senior ? Je lui lance un regard perplexe. — Oh... ça veut dire les seniors qui partagent le même numéro d'étudiant que nous. Il répond en remettant son téléphone dans sa poche. — Quand on devient étudiant à l'université, on nous attribue une carte d'étudiant. Et on est regroupé avec les seniors dont les quatre derniers chiffres sont les mêmes que nous. Cela signifie que nous faisons partie de la même 'lignée'. C'est une tradition pour les étudiants universitaires. Tawan se dirige vers une autre étagère et consulte d'autres livres. — Je ne suis jamais allé à l'université, donc je ne suis pas familier avec cette histoire de lignée de mentors. Je le suis. — Est-ce similaire à l'annonce des trois derniers chiffres de la loterie ? — Hahaha ! Oh, c'est vrai, c'est comme une loterie avec des seniors et des juniors comme prix. Il se retourne pour rire avec moi. — Donc, tu n'es pas allé à l'université. Qu'est-ce que tu as étudié, alors ? Je hausse les épaules. — Après avoir terminé la troisième, j'ai fréquenté un lycée professionnel pour obtenir un diplôme. C'était près de chez moi. Tawan hoche la tête. — Je vois... Et tu as eu une petite amie au lycée professionnel ? Des cheveux bouclés et des yeux sombres, quelque chose comme ça ? — Oof ! m’exclamé-je. Tu connais aussi cette chanson ? — Mmmhh, c'est une chanson célèbre, non ? Tout le monde la connaît. Je peux encore la chanter, d'ailleurs. Tu veux m'entendre chanter ? J'ai levé mes mains pour l'arrêter. — Non, s'il te plaît, ne le fais pas. Je te crois, doc, tu connais vraiment cette chanson. — Et..... quel genre de livres lis-tu ? Je ne sais pas quoi dire, alors ma bouche dit n'importe quoi au hasard. Je veux que la conversation continue. Tout ce qui peut le faire parler. Au moins, quand il parle, ses lèvres ne sont pas pincées en ligne droite. Les gens peuvent avoir différentes expressions faciales quand ils sont tristes. Et je sais que le visage triste de Tawan, c'est quand il serre les lèvres en ligne droite et ne dit rien. Je ne veux pas qu'il ressemble à ça. — Beaucoup de sortes. Aujourd'hui, je veux trouver quelque chose qui soit facile à lire. Comme ça j'aurai de quoi m'occuper pendant le long week-end. — Pourquoi ne vas-tu pas faire Loy Krathong avec le Dr. Nadia ? — Ce type a déjà un rendez-vous. Tawan remue les sourcils en me regardant. — Hmmmm ? N'avait-il pas le cœur brisé il y a quelques jours ? Comment a-t-il pu rebondir si vite ? lui demandé-je avec étonnement. — Il a un rendez-vous avec le gars du café de l'hôpital. Donc je suis comme... largué pour la journée. Bien qu'il ne le dise pas à voix haute, je sais qu'il veut dire qu'il est largué par son ami et son petit ami. Mais pour certains mots, ils sonnent plus fort à l'oral qu'à l'écrit. — Et où vas-tu après ça ? Tu retournes à l'appartement ? Tawan se tourne vers moi et secoue la tête. — Non, je dois retourner à l'hôpital. Je n'ai pas la clé de la chambre de l'appartement de P'Por. Quand il n'est pas là, je rentre et je reste au dortoir de l'hôpital. — Euh, tu ne lui as pas demandé les clés ? Oups... Je veux gifler ma propre bouche pour avoir fait une telle erreur et fouillé dans sa vie personnelle. Bon sang, Mork, ne te lâche pas comme ça. Tawan baisse les yeux sur les livres de l'étagère, sans croiser mon regard. — Je ne voulais pas demander. Il finira par me donner les clés quand il le voudra. C'est son territoire privé. Je sais... Je sais que ce ne sont pas mes affaires alors que je suis un vrai chien. Mais pourquoi diable la façon dont ce Por a traité Tawan m'irrite-t-elle autant ? Pourquoi Tawan a-t-il besoin de demander pour les clés ? Quand j'étais avec Fern, j'ai fait un double de la clé de ma chambre et je l'ai donnée à Fern sans attendre qu'elle me le demande. C'est le symbole du début d'une relation de couple, n'est-ce pas ? Ok, je sais que c'est un couple de garçons, peut-être qu'ils ne font pas tout exactement comme les autres couples. Mais allez, mec. C'est la clé de la résidence. La clé de l'endroit où vous passez la nuit ensemble. D'accord, je l'admets, je ne peux pas comprendre. Je n'arrive pas à comprendre, bordel. Si vous ne pouvez pas vous marier, ni échanger vos alliances, lui donner la clé de ta maison ou de ton appartement n'est-il pas l'équivalent de mettre des alliances ? Pour parler crûment, tu as déjà couché avec lui, comment ne pas lui donner ce foutu symbole pour lui donner un sentiment de sécurité ? — Mork...Mork, tu vas bien ? Tu serres tes poings si fort. Lorsque Tawan me fait une petite tape et me pose cette question , je réalise que j'ai serré ma mâchoire et mes poings. Je détends rapidement mon visage et mes mains avant de lui sourire. — Ce n'est rien, doc. Alors, tu retournes à l'hôpital ? — Oui, mais pas tout de suite. Je veux d'abord me promener. J'ai beaucoup de temps libre. Tawan fait un signe de tête vers le livre " On n'y peut rien si on est gay " dans ma main. — Je peux le voir une minute ? — Bien sûr, doc. Ce n'est même pas encore le mien. Je lui tends le livre et il en parcourt rapidement les pages. À un moment donné, je vois une page où il est écrit "Que faire si vous tombez amoureux d'une personne à sens unique". — Oh doc, je peux regarder ça une seconde ? Je demande le livre. Tawan fronce un peu les sourcils et me le rend. — Uh-huh. Ensuite, je vais regarder les livres ici pendant un moment. — Merci, doc. Ne pars pas tout de suite, je vais te déposer à l'hôpital. Je prends le livre et l'ouvre immédiatement. - Que faire si vous tombez amoureux d'une personne à sens unique. - (Docteur Aim) Un problème universel pour tout le monde sur terre est lorsque l'offre ne répond pas à la demande. En d'autres termes, nous n'obtenons généralement pas ce que nous voulons. La personne que nous aimons ne nous aime pas en retour, ou quelqu'un qui nous aime n'est pas à notre goût. Un terme simple pour cela est l'amour à sens unique. Maintenant, que faisons-nous, quand nous tombons dans un amour à sens unique ? Beaucoup de gens disent de "laisser tomber". Chercher une nouvelle personne dans votre vie. Et laisser cet amour non réciproque devenir du passé. Laissez-moi vous demander si vous pouvez vraiment faire ça ? Au cours de ma formation spécialisée, j'ai appris à connaître plusieurs circuits mémoire. Le manuel que j'ai lu consacre un chapitre entier à l'explication des différents types de circuits mémoire. Quand j'ai terminé, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas de circuit de suppression. J'ai cherché partout dans le manuel, mais je n'ai rien trouvé à ce sujet. J'ai donc demandé à mon professeur de me parler du circuit de suppression. Il m'a répondu : "Le circuit de suppression n'existe pas." Si quelqu'un entre dans notre vie. Et que l'on a assez de bons sentiments à son égard pour commencer à l'aimer. Pensez-vous que nous pouvons facilement oublier la personne et laisser les sentiments disparaître ? C'est impossible. Par conséquent, si nous avons un "amour à sens unique" pour quelqu'un, et que quelqu'un dit qu'il suffit d'oublier et de passer outre, je dois vous dire que c'est impossible. Vous avez tout faux. Alors, que dois-je faire, Dr. Aim ? Vous devez chercher la chance de créer du bonheur pour vous-même. Et créer du bonheur pour la personne que vous aimez à sens unique. Nous n'avons pas besoin d'être leur "moitié" pour les rendre heureux. Nous pouvons les rendre heureux quelle que soit notre position dans leur vie. Peu importe où nous nous trouvons dans leur cœur, ou même si nous sommes juste à côté de leur cœur, nous pouvons créer du bonheur pour eux. Ce bonheur deviendra un souvenir précieux qu'ils garderont de nous. Il deviendra certainement notre précieux souvenir lorsque nous penserons à eux également. Il est vrai que l'amour que nous leur portons ne peut être échangé contre une relation. Cependant, il peut toujours être utilisé comme une source d'énergie pour créer du bonheur pour nous et pour eux. Et c'est ce que devraient faire ceux qui vivent un amour à sens unique. ……….. Oh, bon sang de bonsoir... Je peux le rendre heureux. Je peux amasser du bonheur pour moi en étant son ami. J'ai été étroit d'esprit et égoïstement concentré sur la façon de gagner une place dans sa vie ou sur la façon de l'amener à sortir avec moi. C'était une telle vision étriquée. En vérité, quand on aime quelqu'un, on doit le rendre heureux. Et quand ils sont heureux, leurs sourires se transforment en votre propre bonheur. J'ai remis le livre à sa place sur l'étagère. Merci beaucoup, P'Mek et Docteur Aim. La prochaine fois que j'aurai de l'argent, j'achèterai votre livre, c'est sûr. Je fais à nouveau un salut thaïlandais à l'espace vide qui m'entoure. Je crois qu'un commerçant me regarde avec effroi, mais je l'ignore et me dépêche de rattraper Tawan. — Doc, tu es libre aujourd'hui, non ? Tawan lève les yeux d'un livre en anglais dont je n'arrive pas à lire le titre et hoche la tête en guise de réponse. — Oui, je suis libre. Tu m'as déjà demandé plusieurs fois. Qu'est-ce qu'il y a ? — Eh bien......doc, allons ensemble à un festival de Loy Krathong. | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 13 Tawan — Tu vas vraiment monter là-dedans ? Il me demande avec une expression réticente. — Pourquoi ? Tu as peur ? Je demande et il hoche lentement la tête. — Hahaha ! Mork, ne me dis pas que tu as le vertige et que tu ne peux pas monter dans une grande roue. — Euh, eh bien, ce n'est pas exactement comme ça. Je n'ai pas le vertige, mais... Sa dernière phrase s'interrompt et il détourne le regard comme s'il essayait de trouver une raison quelconque pour me convaincre de ne pas aller sur la grande roue. Je n'abandonnerai pas facilement, alors je me penche plus près de lui et lui demande — Mais quoi ? Pour obtenir une réponse immédiate et l'empêcher de trouver une excuse. — Mais nous ferions mieux d'éviter cela si nous le pouvons, doc. Fais-tu vraiment confiance à ces machines ? Et si elle tombait soudainement en panne et que nous restions coincés en l'air ? Ce n'est pas une bonne idée. Le temps est frisquet là-haut, on va attraper froid. La raison qu'il a trouvée est hilarante. Comment un homme aussi costaud, et grand de surcroît, peut-il être terrifié à l'idée de monter sur une grande roue dans une fête foraine de Loy Krathong ? J'ignore la raison qu'il me donne et, d'une main, j'attrape mon portefeuille et le traîne directement vers la grande roue. — Des billets pour une cabine, deux tours, s'il vous plaît. Je remets l'argent au préposé, et dès qu'il nous ouvre la porte de la cabine, j'entraîne Mork à l'intérieur. Au début, je pensais que la cabine était assez spacieuse, mais quand je vois qu'un grand homme comme Mork doit baisser la tête pour s'asseoir à l'intérieur, je réalise que c'est un manège pour enfants. — Yeowwww. Docteur... Mork fait un visage effrayé. J'ai de la peine pour lui et j'espère que ce n'est pas mal de trouver ça aussi hilarant. C'est attachant quand un gars aussi énorme que lui fait une tête de chat effrayé comme ça. — Allez, accompagne-moi un moment. Je ne suis jamais monté sur une grande roue. Je le supplie, l'encourageant en partie. — D'accord, doc. Il sourit légèrement. — Mais pour un seul tour. — Hahaha ! Pas question. J'ai déjà payé pour deux tours. C'est bon, le premier tour peut être effrayant, mais tu t'y habitueras sûrement au tour suivant. Une fois habitué, tout ira bien. — Comment peux-tu le savoir, doc ? Tu viens de me dire que c'est la première fois que tu fais ça ! — Alleeeeez, répliqué-je. Fais-moi confiance, je suis médecin, et ce médecin a été bien formé. J'ai passé mon Loy Krathong de toutes les manières habituelles possibles, avec ma famille, avec mes amis et avec les patients (c'est-à-dire pas de Loy Krathong, je suis juste de garde aux urgences). Mais c'est la première fois... Que je célèbre Loy Krathong avec un étranger. Enfin, pas exactement un étranger. Mork est maintenant mon ami. Mais je ne peux pas vraiment dire qu'il est au même niveau d'amitié que mes pairs médecins ou que Nadia. Bien sûr que non. Mork est un nouvel ami qui, lorsque nous sommes ensemble, dégage encore un sentiment de nouvelle relation entre nous. C'est comme quand on vient d'acheter une nouvelle voiture. Nous savons que la voiture nous appartient. Mais elle a souvent une odeur de nouveauté, ce qui la fait paraître peu familière. C'est ce genre de sentiment. Entre Mork et moi, il y a encore ce parfum de nouveauté. Ce n'est pas tout à fait juste de dire que c'est un étranger, mais ce n'est pas tout à fait faux non plus. Disons qu'il est mi-ami, mi-étranger. Quand il m'a demandé de l'accompagner à un festival de Loy Krathong, je n'ai pas attendu qu'il répète la question. J'ai immédiatement dit oui. Oh, pourquoi aurais-je hésité ? J'ai toujours voulu aller à un festival de Loy Krathong au temple Phu Khao Thong(1). Je ne suis jamais allé à une fête du temple de Phu Khao Thong auparavant, bien que je sois un habitant de Bangkok. Comme cette année je suis libre et que quelqu'un va m'accompagner, qui pourrait refuser cette offre ? — Oh hey, quand est-ce qu'ils commencent à faire flotter le krathong ici ? Je me tourne pour regarder la vue depuis le haut de la grande roue et je suis un peu déçu. Je m'attendais à une vue spectaculaire, mais je peux à peine voir au-delà de la cime des arbres. Oh, c'est la grande roue d'une foire de temple, pas l'Œil de Bangkok au centre commercial Asiatique, et bien sûr, elle n'a pas un point d'observation aussi élevé pour me permettre de voir jusqu'au Memorial Bridge. — Quand tu veux, doc. Comme bon nous semble. Tu veux le faire flotter dès qu'on sera descendus ? Il ne devrait pas y avoir trop de monde. — Ça me paraît bien. Et on pourra faire un tour après ça. Mais commençons par "Mission Completed". — C'était quoi ça, doc ? Vision compete ? — Mission Completed ! Ce qui signifie que l’on a terminé avec succès un objectif. — Oh, ok, ok. Mission completed. Il prononce à nouveau pour que ce soit correct. — Tu as appris l'anglais, n'est-ce pas ? Pourquoi ne connais-tu pas ces mots ? Je lui rappelle qu'il a reconnu mon nom qui était écrit en anglais sur Facebook. Mork acquiesce. — Ouais, doc. Mais je ne peux me souvenir que d'un tout petit peu. Je ne peux pas me souvenir de mots aussi difficiles. — Si tu pouvais remonter le temps, voudrais-tu en apprendre davantage ? lui demandé-je. Il fait claquer sa langue une fois avant de répondre. — Pourquoi remonter le temps, doc ? Je ne peux pas apprendre dans le présent ? Si je ne peux apprendre l'anglais qu'en remontant le temps, ça veut dire que je ne pourrai jamais le faire. — Oh... tu as raison. Maintenant c'est à mon tour de rire. — Mork, peut-être que tu es plus intelligent que moi. — Nah, je ne peux pas être plus intelligent que toi. C'est juste que tu rates des choses parfois. — Non, ce n'est pas vrai, soutiens-je. Parfois, tu es bien plus intelligent que moi. — Si tu dis que parfois je suis plus intelligent que toi, alors si jamais je te donne un conseil, tu m'écouteras, doc ? Je hoche la tête. — Bien sûr, je t'écouterai. Quel conseil as-tu pour moi, Mork ? Il secoue la tête. — Rien pour l'instant. Je demande juste par avance. — Alors, je te promets que je t'écouterai quand tu me donneras un conseil. — Très bien, docteur. Il regarde mon visage. Je remarque juste qu'il continue à me regarder droit dans les yeux et ne regarde jamais ailleurs, comme s'il y avait quelque chose de collé sur mon visage. — Euh... il y a quelque chose sur mon visage, Mork ? Peut-être que j'ai des morceaux de barbe à papa ou des taches sur mon visage quand je l'ai mangé plus tôt. — Nan, doc. J'essaie de me concentrer sur ton visage pour ne pas regarder accidentellement à l'extérieur... C'est effrayant. — Awwwwww mec, Mork ! Je ris et lui tape doucement sur l'épaule. Nous devons nous asseoir de chaque côté pour maintenir l'équilibre, sinon je me serais déplacé pour m'asseoir avec lui, lui donnant des tapes répétées sur le dos et la tête pour le réconforter. Oh, le pauvre ! Je commence à me sentir coupable de l'avoir forcé à monter sur la grande roue. — Eh bien, je ne peux pas m'en empêcher. J'ai vraiment peur. — Disons que c'est une expérience unique dans une vie. Comme ça, quand tu auras des enfants, tu pourras leur décrire la grande roue. — Bahhh, ne parle pas de moi ayant des enfants, espérons juste que je ne meurs pas pendant ces deux tours. — Morrrrk ! C'est une grande roue, pas un couloir de la mort, tu ne vas pas mourir. Je descends ma main de son épaule vers son poignet à la place... pour tenir sa main. Je peux sentir la tension dans son poing. Il a vraiment l'air d'être terrifié par la hauteur. — Il y a déjà presque un tour. Si tu as peur, continue à regarder mon visage. — Ok, doc. Son poing serré se détend un peu... et on se sourit. En ce moment, à l'intérieur de la cabine de la grande roue, je peux sentir le léger "parfum de nouveauté" qui s'est installé entre nous se dissiper lentement dans l'ambiance de Loy Krathong et finir par disparaître lorsque la grande roue s'arrête. Avant que nous nous en apercevions, la roue a terminé ses deux tours. Le même préposé ouvre la porte pour nous laisser sortir. Je jette un coup d'œil à Mork et remarque qu'il soupire de soulagement, son visage crispé semble plus heureux qu'avant. Je lui tape légèrement sur l'épaule. — Comment c'était ? Ton premier tour de grande roue. Il fronce le nez en me regardant. — Peut-être similaire à ton premier tour en moto. — Hahaha ! Bonne réplique. Ok, allons chercher un krathong, suggéré-je. — Bien sûr, doc. Mork me sourit. Laissez-moi me corriger... Avant de monter sur la grande roue, j'ai dit Loy Krathong avec un étranger. Mais maintenant ça a changé, c'est Loy Krathong avec un nouvel ami, le nouvel ami qui ne sent plus la "nouveauté". ………….. — Eh ? Tu ne vas pas faire flotter de krathong ? demandé-je à Mark qui n’achète pas de krathong. Mork secoue la tête. — Nah, doc. C'est cher. Je suppose que c'est bien de demander le pardon et les bénédictions de Phra Mae Kongka(2) en saluant. Je n'ai pas l'argent pour acheter un krathong coûteux pour le faire flotter." — Tu veux en faire un avec moi, alors ? — Huh... qu'est-ce que tu as dit, doc ? — En faire flotter un avec moi. Le même krathong. On peut partager, prier ensemble et faire flotter le même krathong. — Euh… Mork évite mon regard, apparemment hésitant et en partie réticent à s'imposer. — Est-ce que ça te convient vraiment, doc ? D'habitude, les gens le font flotter avec leurs proches, pas avec n'importe quel ami comme ça. — Et alors ? Je veux le faire flotter avec toi. Ça ne me dérange pas. Et toi, ça te dérange ? Ou as-tu une quelconque croyance à ce sujet ? C'est vrai, j'ai oublié. Certaines personnes ne veulent faire flotter un krathong qu'avec leur propre partenaire3. Comme si le fait de venir ensemble à une foire de Loy Krathong n'était pas assez atypique, je suis allé jusqu'à demander à Mork de faire flotter un krathong avec moi. J'espère que je ne lui donne pas la chair de poule. Je n'y ai pas vraiment réfléchi. Cependant, il secoue la tête. — Nah, je n'ai pas de croyance spécifique à ce sujet. Et toi, doc ? Je lui fais un grand sourire. — Non, je n'en ai pas. On va le faire flotter ensemble, d'accord ? — D'accord, doc. Si tu le dis. Il sourit, en me montrant ses dents. Hmm ! Quand il sourit, son visage a l'air jeune, ce qui me rappelle le fait que j'ai plusieurs années de plus que lui. Nous arrivons à l'endroit prévu pour faire flotter les krathongs. Bien que ce soit l'heure la moins affluente, selon Mork, la masse de gens est toujours si dense que je peux à peine respirer. Quand nous arrivons à trouver un bon endroit, Mork me dit de ne pas bouger. — Doc, attends ici une seconde. Je vais aller emprunter quelque chose pour allumer la bougie. — Uh-huh, ok. Je l'attends à cet endroit pendant que Mork plonge dans la foule. Ah, oui. Mork ne fume pas, il n'a donc pas de briquet sur lui, contrairement à de nombreux autres conducteurs de moto-taxis qui sont des fumeurs réguliers. Parfois, j'arrive à sa station alors qu'il est sorti pour déposer un autre passager et que c'est le tour de quelqu'un d'autre dans la file d'attente. Je dois alors rouler derrière un autre chauffeur, et l'odeur de cigarette qui persiste sur leurs vêtements m'obstrue le nez. Mais avec Mork, il n'y a aucun signe d'odeur de cigarette sur lui, il a seulement une odeur corporelle due à la transpiration. Et pour être honnête, parfois j'ai une odeur corporelle plus forte que lui. Le docteur est comme un ouvrier qui travaille dans un hôpital. Notre distance quotidienne de marche et de course pourrait presque me conduire de Bangkok à Rangsit(4). Nous sommes souvent en sueur, surtout lorsque nous travaillons dans le service de médecine générale sans système de climatisation. — Doc, j'ai un briquet. Mork tend le briquet pour allumer la bougie et le bâton d'encens. — Où l'as-tu eu ? — De quelqu'un là-bas. Je le rendrai plus tard. Prie vite, doc. — Toi aussi, Mork. Viens, on va prier en même temps, avant que le vent n'éteigne notre bougie. — D'accord, d'accord. Prions et faisons nos vœux. Nous approchons le krathong de nos fronts en priant. Nos mains se touchent et il y a une chaleur étrange autour de la zone de contact. Je ne sais pas, c'est difficile à expliquer. Ce n'est pas seulement la sensation de la température du corps humain. C'est plus que ça, mais je ne peux pas vraiment mettre le doigt dessus. C'est juste étrange. Pas dans le mauvais sens, cependant. C'est étrange d'une bonne façon. Je ne sais pas si Mork ressent la même chose, mais lorsque je finis de formuler les vœux dans mon esprit et que je le regarde, il se retourne pour me regarder également. — Je vais l'emmener jusqu'à l'eau pour toi, doc. Attends ici. La berge est abrupte, tu pourrais tomber. Alors, il porte le krathong dans l'eau et le fait flotter. En fait, la berge du canal n'est pas très raide et ça ne semble pas du tout dangereux. Mais comme il se porte volontaire pour être un gentleman, je suis d'accord avec ça. En regardant autour de moi, je remarque que la plupart des gens qui font flotter des krathongs sont des couples. La plupart du temps, ce sont les hommes qui descendent les krathongs jusqu'à l'eau tandis que les filles attendent sur le haut de la berge, comme je l'ai fait. Mhmm, faire flotter un krathong avec son petit ami, c'est un peu comme ça, je suppose. Mork revient rapidement. — Doc, allons faire un tour et jeter un oeil aux alentours. Je fais un geste de la tête vers la foule environnante. — Regarde, ce sont tous des couples. — Et donc nous nous fondons très bien parmi eux. Mork rit, mais je sens une pointe de timidité dans son rire. — Ouaip, c'est vrai, dis-je en riant pour le rassurer. Maintenant, il y a plein de couples de gays qui font flotter leurs krathongs ensemble. Oh, et qu'en est-il de Loong et Ar ? Ils ne sortent pas aussi pour le célébrer ? — Nahhh, ils ne le font pas. C'est vendredi et Big Cinema est à l'antenne. C'est impossible de décoller ces vieux hommes de leur télévision. Pas moyen. — Hmm... ils aiment regarder des films ? Je demande, surpris d'entendre qu'à l'ère de Netflix, où presque tous les films sont facilement accessibles sur les téléphones portables, quelqu'un attend encore avec impatience les rediffusions de films sur la chaîne 7. Mork acquiesce. — Ouais, doc. C'est un divertissement pour les gens à petit budget. La rediffusion de Channel 7 est leur seule chance. — Aww, maintenant on peut facilement acheter des films bon marché. Ils en vendent partout. Quand je mentionne cela, nous passons par hasard devant un stand vendant des DVD. Je regarde les prix. Soixante-dix bahts l'unité, et pour cent bahts, vous en avez deux. Mais Mork secoue la tête. — Nah, doc. C'est comme voler. Tu ne sais pas que ce sont des copies illégales, piratées. C'est un crime, un vol. C'est une offense au deuxième précepte du bouddhisme. Mieux vaut attendre que Channel 7 diffuse le film que nous voulons. — Oh wow... Tu t'inquiètes pour les petites choses. Je le taquine. — Doc, ce n'est pas un petit truc. Il me regarde en fronçant les sourcils. — Voler les autres n'est pas une mince affaire. Qu'ils s'en rendent compte ou non n'a aucune importance. Nous, par contre, nous savons très bien que nous volons. Parfois, les gens se donnent une excuse, en disant que c'est une petite affaire, donc c'est bon. Mais tu sais, doc, si tu mets les petites choses ensemble dans une pile, ça devient gros. — Il n'y a aucune raison qui justifie le vol. Si c'était le cas, le Bouddha n'aurait pas émis le deuxième précepte qui l’interdit. Fais-moi confiance, doc, j'ai déjà été ordonné, insiste-t-il. Oh... c'est vrai. Je suis horriblement mauvais. Le savez-vous ? La plupart des étudiants en médecine utilisent des manuels photocopiés. Nous n'achetons généralement pas les copies légales des manuels de médecine, car le prix d'un livre peut atteindre plusieurs milliers de bahts. Surtout en médecine interne, où un jeu de manuels coûte presque cinq mille bahts. Nous empruntons donc les manuels à la bibliothèque et les photocopions en entier. Parfois, les magasins de photocopies préparent des copies toutes prêtes que l'on peut acheter. Parfois, nous n'avons pas besoin d'apporter le manuel original, il suffit de passer une commande et le magasin se charge de nous fournir une copie. D'autres fois, nous trouvons des fichiers PDF gratuits sur Internet et les lisons sur une tablette. Certaines imprimeries acceptent les fichiers PDF et fabriquent un livre physique sur commande. Elles peuvent même ajouter comme par magie une couverture rigide qui semble identique au livre original. Certains en ont fait une grande industrie. Nous faisons cela depuis si longtemps que c'est devenu une norme, une habitude, à tel point que nous oublions que c'est en fait un vol. Mork avait raison. Peu importe la taille, c'est toujours du vol. Il n'y a pas de bonne raison pour voler. Nous ne faisons que nous trouver des excuses et utiliser une fausse logique pour nous dire que c'est rationnel, afin de continuer à exploiter d'autres personnes. En vérité, nous sommes des voleurs pour cela. C'est ridicule de voir comment nous condamnons les voleurs dans les journaux alors que nous faisons fondamentalement la même chose qu'eux. Je m'arrête de marcher et Mork, à quelques pas devant, s'arrête aussi. Il se tourne pour me regarder. — Quelque chose ne va pas, doc ? Je secoue la tête. — Rien, Mork... Merci. — Pour quoi ? Pour t'avoir amené à une foire de Loy Krathong ? Je secoue à nouveau la tête, mais cette fois je souris aussi. — Non. Je te remercie de m'avoir rappelé quelque chose que j'ai oublié. Tu vois, je te l'ai dit, tu es une personne intelligente. Et tu es plus intelligent que moi en de nombreuses occasions. Mork semble confus. Il se gratte la tête tout en regardant ailleurs comme s'il était gêné. Il ouvre la bouche comme pour dire quelque chose mais, incapable de formuler sa déclaration, il se contente de tirer la langue. — Ahhh... Haha. Ok, doc. — J'ai de nouveau faim. Mon estomac grogne quand je le dis. — Mork, tu veux du Hoy Tord(5) Je salivais quand on est passé devant le stand mais il y avait trop de monde. Je pense que maintenant il devrait y avoir moins de monde. — Est-ce qu'ils en vendent encore ? Et si c'était déjà épuisé ? — Viens, dis-je en attrapant son poignet. S'il n'y a plus de moules, mange autre chose. Allons-y, j'ai faim. Je vais payer pour toi, pour te remercier de m'avoir accompagné. Et pour m'avoir éclairé aussi. — Hahaha ! Génial. J'aimerais que tous les jours il y ait une foire de Loy Krathong comme celle-ci, doc. Il rit en me suivant. Je me retourne vers lui. Même s'il est déjà à la traîne, je ne lâche toujours pas son poignet. — Ouais. J'aimerais aussi qu'il y ait de tels festivals tous les jours. ……………… — Quand on faisait flotter le krathong, qu'as-tu souhaité, doc ? me demande Mork, en mettant une cuillère d'omelette aux moules frites dans sa bouche. — Um... Je souhaite qu'il y ait moins de gens malades. Je prends aussi une cuillère de moules frites. Nous avons commandé une très grosse portion de Hoy Tord et une portion de Phat Thai(6). Au début, nous avions prévu de commander séparément, mais cela signifiait que chacun de nous ne pourrait manger qu'un seul type de nourriture. Nous avons donc décidé de commander deux plats et de les partager. Je ne sais pas qui a commencé, mais les vendeurs de Phat Thai vendent toujours du Hoy Tord aussi. Il est difficile de se décider entre les deux, car ils sont tout aussi appétissants l'un que l'autre. La plupart des gens finissent donc par commander les deux. — Eh, bahaha !, éclate de rire Mork. S'il n'y a pas de malades, tu n'auras aucun patient à soigner. Ne seras-tu pas au chômage ? Pourquoi as-tu souhaité cela ? Si c'était moi, je ne souhaiterais pas moins de passagers. — Oh... Hahaha, tu as raison. S'il n'y a pas de patient, je ne peux pas les soigner. Je regarde les derniers morceaux de nouilles dans mon assiette. Je ne peux pas les finir, je suis tellement rassasié. — Je n'ai jamais pensé à ça avant. Si un jour il n'y a plus que des gens en bonne santé, alors quel rôle pouvons-nous jouer, nous les médecins. Peut-être que le monde n'aura plus besoin de nous." Je ramasse mon verre d'eau, mais il est vide. Mork prend une nouvelle bouteille et le remplit pour moi. — Merci... Mais je pense que même s'il n'y a plus de patient à soigner, les médecins peuvent toujours trouver leur propre but, assumer un nouveau rôle. Pas de malades, alors nous pouvons travailler à améliorer le bien-être des gens pour les rendre encore plus en forme. Si quelqu'un veut être beaucoup plus en bonne santé, il nous consultera, ajustera son régime alimentaire, se concentrera sur les soins de santé, et fera de l'exercice. Mork hoche la tête en signe d'accord. — Ummm, c'est vrai. Ne pas être malade ne signifie pas toujours être en bonne santé. — Yep, je pense qu'il y a toujours une place pour nous. — Comment, doc ? Je ne comprends pas, il y a toujours une place pour nous ? — Comme quand les gens disent souvent qu'ils sont sans importance, qu'ils n'ont aucun but et qu'il n'y a pas de place pour eux. En fait, je pense que si. Tout le monde est important. Ils ont une place, un rôle. Ils sont juste insatisfaits de la place qu'ils occupent actuellement. Ils veulent être à une autre place, ailleurs, ou dans une autre position. Alors ils disent qu'ils n'ont pas de place ou de but. — Ahhhhh, s’exclame. C'est comme quand quelqu'un veut être quelqu'un de spécial mais devient juste un ami, et dit qu'il n'a pas de place, n'est-ce pas ? Hahaha ! Je lève les yeux au ciel. — Euh, tu peux dire ça. Mais en fait, être un ami n'est pas une mauvaise chose. Même si tu n'es pas dans le cœur de la personne, une place à côté de son cœur, c'est bien aussi. Pour moi, nous pouvons nous rendre heureux et rendre l'autre personne heureuse, quelle que soit sa position, il n'y a pas besoin d'être sa personne spéciale. Si nous voulons juste être heureux, alors nous devons nous concentrer sur le bonheur. — Tu as une tache sur tes lèvres, doc. Mork essuie la sauce de la commissure de mes lèvres avec son pouce et sourit. — On parlait des souhaits de Loy Krathong, mais comment en est-on arrivé à parler d'amour à la place ? Il nettoie son pouce en le mettant dans sa bouche. C'est vraiment hilarant. Il agit comme un enfant parfois. — C'est toi qui as commencé, Mork, tu te souviens ? Je plisse les yeux en le regardant. — Oh, c'est vrai. J'ai fait dériver le sujet. À part souhaiter que les Thaïlandais ne soient pas malades, que veux-tu d'autre, doc ? Je veux dire, quelque chose pour toi. Cette question m'a fait réfléchir pendant un long moment... Bon, qu'est-ce que je souhaite pour moi ? Est-ce qu'il me manque quelque chose dans ma vie ? Je veux un petit ami, et j'en ai un. Je fais ce que j'aime, en étant médecin, même si c'est parfois épuisant. Qu'est-ce que je veux... — Es-tu épuisé ? Je suppose. Je lui réponds et il n'est pas surprenant de voir qu'il est tout confus. — C'est quoi ça, doc ? Tu as dit que tu voulais ‘es-tu épuisé ?’ ? — Tu vois... Après le travail, quand je quitte l'hôpital, je veux que quelqu'un me demande 'es-tu épuisé ?' de temps en temps. — Eh... Bien sûr que tu es épuisé. Pourquoi ? Si quelqu'un te demande quelque chose qui est si évident qu’on n’a pas besoin de le demander, ça ne va pas t'ennuyer ? Je ris à sa question. — Hahaha, je ne me sentirai jamais ennuyé par la personne qui se soucie de moi. Non. J'aime ça. Si quelqu'un me demande après le travail si je suis épuisé, bien que je sache que je suis évidemment épuisé, les sentiments que je ressens en l'entendant demander soulageront définitivement l'épuisement. Tout en expliquant, je pense à moi-même... Chaque fois que je rentre à l'appartement, je demande toujours à P'Por "Es-tu épuisé par ton travail aujourd'hui ?" et il répond toujours avec un sourire, en disant que lorsque je lui demande s'il est épuisé, il ne l'est plus, et ensuite il reprend ce qu'il faisait l'instant d'avant. Le savez-vous ? ... Il ne me retourne jamais la question, si je suis épuisé ou non. Peut-être sait-il que le travail de médecin généraliste est épuisant, alors il ne voit pas la nécessité de demander. Peut-être qu'il a une raison. Mais que les raisons soient maudites. Je veux toujours que quelqu'un me demande si je suis épuisé. C'est plus qu'une simple question. C'est ce sentiment d'attention qui me donne l'impression de travailler pour quelqu'un, et que cette personne attend de m'accueillir à la maison. Franchement, je ne ressens pas cela avec P'Por. À plusieurs reprises, il s'est accidentellement endormi avant que je rentre à la maison. Et j'ai dû sonner à la porte ou l'appeler par téléphone plusieurs fois avant qu'il ne se lève pour m'ouvrir la porte. — Ton petit ami, il... Mork semble vouloir demander quelque chose, mais il s'arrête au milieu d'une phrase. Je peux cependant deviner la question. Il veut savoir si mon petit ami m'a déjà demandé ça, mais à la dernière seconde, il s'abstient d'être trop indiscret par politesse. Je ne lui donne pas de réponse. Pas de hochement de tête. Je ne secoue pas la tête. Je ne sais pas, je suppose que mon silence et la façon dont mon corps se raidit donnent une réponse suffisamment claire. Le silence s'installe à nouveau entre nous. La nourriture a été mangée, et le krathong a flotté. Et il est aussi déjà tard dans la soirée... La sonnerie de mon téléphone portable retentit, comme un signal de temps mort. On a l'impression de sortir d'un monde où le temps s'est arrêté. Je prends mon téléphone et le vérifie... C'est un appel entrant de l'hôpital. — Allô. Je m'empresse de répondre au téléphone. Bien que je ne sois pas en service, quand il y a un appel de l'hôpital, une réponse rapide est vitale. — Hé, Tawan, il y a un incident de masse. Nous avons besoin de toutes les mains que nous pouvons obtenir des médecins de tous les départements. C'est P'Nok qui parle. Je me souviens qu'elle n'est pas de service aujourd'hui et elle semble pressée et essoufflée. Donc, je suppose qu'elle est arrivée il y a un peu plus longtemps et qu'elle a déjà commencé le travail. — Ok, j'arrive tout de suite, P'Nok. Je réponds et je raccroche. — Mork, tu peux me déposer à l'hôpital ? Il y a une urgence. *********** 00:23 Je regarde l'horloge. Il est presque minuit et demi. Pas de garde, mais aussi épuisé que si je l’étais. L'expression "incident de masse" ne vous donne peut-être pas une idée claire de la façon dont c'est réellement épuisant. Je préférerais utiliser "marché aux puces". C'est comme si tout le monde savait quand le marché aux puces allait apparaître, alors tout le monde se rassemble soudainement. Cela donne une ambiance de La Grande Réunion - Jaturong Kha Sannibat(7). Toutes sortes d'accidents et toutes sortes de maladies se retrouvent ensemble aux urgences sans aucun rendez-vous préalable. (Ils n'ont pas pris rendez-vous entre eux, et bien sûr, pas non plus avec les médecins). Nous avons des cas de conduite en état d'ivresse ou de rixe en état d'ivresse avec des résultats allant de blessures mineures comme des blessures au cuir chevelu à des blessures majeures comme des coups de couteau aux poumons ou parfois au cœur. Nous avons des cas de personnes ivres qui ont lancé une bombe à main (oui, une vraie bombe, vous avez bien lu) ou qui ont eu des rapports sexuels accidentels (QUOI !!) et qui viennent demander la pilule contraceptive d'urgence. L'hôpital a besoin d'une efficacité maximale et tout le personnel hospitalier qui peut encore respirer doit s'unir et concentrer tous ses efforts dans un seul élan d'énergie pour passer la nuit du jour de Loy Krathong. Je regarde autour de moi dans la salle d'urgence. Plus de trente médecins sont présents, la mine défaite, les cheveux en bataille et ne portant pas leur blouse courte, ce qui signifie qu'ils n'étaient pas de service. Ils sont venus volontairement ici après avoir reçu un appel comme moi. L'épuisement sur leur visage les fait presque se fondre dans les patients. — Merci beaucoup, Tawan. P'Nok s'approche pour me tapoter l'épaule. Elle n'était pas en service, non plus. Elle se promenait près de l'hôpital et a donc été l'une des premières personnes à arriver pour aider. Après un certain temps, les choses sont devenues incontrôlables et elle a décidé de convoquer toutes les personnes en vie pour combiner leurs forces. — Pas de problème, P'. C'est normal d'avoir ce genre d'excitation de temps en temps. Quand je dis cela, je ne sais pas vraiment si c'est vraiment "de temps en temps". L'hôpital est le lieu où l'incertitude rencontre le cycle de la vie : naissance, vieillissement, souffrance et mort. Peut-être qu'avant même la fin de la soirée, il y aura une autre vague de chaos comme celui-ci... Mais la prochaine fois, je préférerais ne pas avoir ça. Ça demande de l'énergie. Je ne veux pas être en service quand je ne suis pas de service. — Très bien, alors, je m'en vais, P'Nok. — Très bien, rentre chez toi. Fais de beaux rêves, Tawan. — Toi aussi, retourne te coucher. Et je quitte les urgences... J'ai finalement le temps de vérifier mon téléphone portable. Il n'y a pas de message. Oh, en fait, ce n'est pas vrai. J'ai un message de Nadia, qui dit qu'il est loin et qu'il ne peut pas venir aux urgences. Il y a aussi des messages de mon grand frère, Saengtai, de mon petit frère, Daonuea, et de mes parents. Il n'y a absolument aucun message ou appel manqué de P'Por... C'est ce que je voulais dire. Il n'y a aucun message de celui qui me manque. Aucun. J'ai l'impression qu'il y a une grosse boule dans ma gorge que je ne peux pas avaler ou cracher. En fait, depuis que nous nous sommes séparés à Paragon, je n'ai reçu aucun appel ou message de lui. C'est comme si, une fois qu'il est rentré chez lui, nous étions séparés et vivions dans des mondes distincts. Je sais qu'il est toujours dans le placard pour sa famille, et le temps n'est pas encore venu pour nous de faire ce genre de progrès. Mais envoyer un message ne devrait pas être trop compliqué. Il suffit de m'envoyer un mot avant d'aller se coucher, non ? Je pense à lui et je m'inquiète toujours de savoir s'il va se coucher à une heure raisonnable et s'il a passé un bon moment à la fête de Loy Krathong. Ou est-ce que c'est aussi une étape dans le voyage d'une relation amoureuse ? Peut-être. Mais je ne comprends pas. Je descends lentement les escaliers, en espérant secrètement que mon cher P'Por me fera peut-être une surprise. Qui sait, une fois en bas, je découvrirai peut-être qu'il m'attend. La vie d'une personne avance avec le carburant de l'espoir, n'est-ce pas ? Il ne reste plus que cinq marches avant d'atteindre le premier étage. Oh, mon souhait, s'il te plaît, réalise-toi. 5 4 3 2 — Doc ! Tu as fini ? Je n'ai pas encore fait le dernier pas qu'une voix familière m'interpelle. — Mork.... qu'est-ce que tu... Avant que je puisse finir ma question, il m'interrompt avec la sienne. — Doc, es-tu épuisé ?
Notes :1- Phu Khao Thong Temple - (Temple de la montagne d'or) Le surnom du Wat Saket Ratcha Wora Maha Wihan (normalement raccourci en Wat Saket.) 2- Phra Mae Kongka - La version thaïlandaise de Ganga, déesse hindoue de l'eau. 3- Certaines personnes pensent que le fait de faire flotter un krathong ensemble est un geste symbolique d'une promesse de rester ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare ou, pour certaines personnes, un souhait d'être à nouveau partenaires dans la prochaine vie, même après la mort. 4- From Bangkok to Rangsit - Métaphore personnelle de Tawan. La distance réelle sur la carte varie de 40 km à 50 km selon le point de départ et l'itinéraire emprunté. 5- Hoy Tord - Moules thaïlandaises frites avec des œufs, également connues sous le nom d'omelette de moules frites ou de crêpe de moules croustillante. Il s'agit d'un plat composé de moules, de pâte à frire, d'œufs et de germes de soja, généralement servi avec une sauce pimentée. Une autre variante célèbre utilise des huîtres à la place des moules. 6- Phat Thai - Nouilles de riz sautées à la sauce tamarin. Un plat composé de nouilles de riz, de tofu ferme, d'œufs, de sauce tamarin, de germes de soja et de crevettes ou d'autres variantes de viande, généralement servi avec un quartier de citron vert et des cacahuètes grillées moulues. 7- Jaturong Kha Sannibat - (Fourfold Assembly) Fait référence à un ensemble spécifique d'événements bouddhistes le jour de Makha Bucha (également orthographié Magha Puja Day) qui se sont produits par hasard. Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 14 Mork Parce que Tawan m'a dit plus tôt.
Qu'il voulait que quelqu'un lui demande "Es-tu épuisé ?"
C'est pourquoi j'ai attendu ici pour être ce quelqu'un pour lui.
Ce doit être l'une des rares choses que je peux faire.
Qui peut le rendre heureux et qui peut aussi me rendre heureux.
De ma simple place, ma position... La position qui ne correspond pas à sa personne spéciale.
Je ne sais pas si c'est une coïncidence, mais le même jour, deux personnes m'ont éclairé sur le même sujet. La première est le docteur Aim (que je n'ai jamais rencontré, j'ai seulement lu son article dans ce livre) qui m'a appris ce qu'il faut faire quand on est pris dans un amour unilatéral. Ensuite, c'est Tawan qui m'a appris ce qu'il faut faire si nous n'avons pas de place, pas de but.
À première vue, ces deux choses peuvent sembler sans rapport l'une avec l'autre. Mais elles ont résolu une interrogation dans mon esprit. Que faire si nous vivons un amour à sens unique, et que nous ne sommes pas dans le cœur de la personne ? Nous pouvons toujours la rendre heureuse et, entre-temps, nous rendre également heureux.
En même temps, si nous ne sommes pas satisfaits de notre place ou de notre position actuelle, n'y faisons pas attention. Mieux vaut passer du temps à réfléchir à ce que nous pouvons faire depuis cette position. S'il y a quelque chose que nous pouvons faire, mais que nous ne faisons pas, alors c'est regrettable.
Après avoir déposé Tawan devant l'hôpital, je l'ai regardé se précipiter et disparaître dans la salle des urgences, laissant une traînée de poussière derrière lui. Au début, j'ai pensé rentrer chez moi car la journée avait été longue. Normalement, un jour férié comme celui-ci, si je n'ai pas de travail, je fais une longue sieste dans l'après-midi. Aujourd'hui, j'ai plutôt choisi d'aller dans une librairie et j'ai rencontré Tawan par hasard. Ensuite, nous avons passé du temps ensemble jusqu'à tard dans la nuit et maintenant je réalise soudainement que mon corps est fatigué et las, il a besoin de se reposer.
Je lève la béquille de ma moto et me prépare à démarrer le moteur.
.....C'est vrai, même moi je me sens épuisé.
Si épuisé que je veux rentrer directement à la maison pour dormir.
Si je suis aussi épuisé, alors qu'en est-il de Tawan ?
Tout à l'heure, il m'a dit qu'il y avait eu un accident de masse ou quelque chose comme ça et que les urgences étaient bondées, alors il a dû aller aider ses collègues. En se précipitant là-dedans, il s'est dirigé vers des vagues de troubles chaotiques qui l'attendent. Et personne ne sait combien d'heures cela va prendre. Je pense que Tawan doit être également épuisé.
Alors que je suis sur le point de rentrer chez moi, lui, en revanche, court dans l'hôpital pour sauver la vie d'autres personnes. Il court vers plus d'épuisement, même si le travail d'aujourd'hui ne relève pas de son devoir ou de sa responsabilité. Je me souviens de son visage lorsqu'il a répondu au téléphone. Il était plein de détermination. Il n'a pas perdu une seconde à réfléchir, mais a immédiatement dit oui au téléphone et m'a demandé de le conduire à l'hôpital.
Normalement, Tawan se plaint d'avoir peur quand j'accélère, mais aujourd'hui il ne l'a pas fait. Il m'a dit d'aller plus vite, alors que sa main s'est crispée sur mon épaule, apparemment par peur... Peut-être que les médecins ne deviennent pas des médecins juste par leur formation. Je sens que l'existence de Tawan en tant que médecin va au-delà de ses compétences et de ses connaissances.
Je ne sais pas, je ne suis pas doué pour expliquer et je n'arrive pas à transmettre verbalement l'image que j'ai. Tawan est de ceux qui, lorsqu'il est là, me réchauffent le cœur et me donnent envie de les respecter en même temps. Malgré son épuisement et le fait qu'il ne soit pas de service, il y a quelque chose en lui qui le pousse à courir aux urgences, je suppose que c'est ce qu'on appelle "la vocation du médecin".
Je comprends pourquoi il veut que quelqu'un lui demande "es-tu épuisé ?" à la fin de la journée, quand il a enfin terminé son travail.
Parce qu'il doit supporter l'épuisement tous les jours au travail. En y réfléchissant, peut-être qu'un mototaxi comme moi ne pourra jamais comprendre la réelle étendue de son épuisement.
Même si je ne peux pas comprendre, ça ne veut pas dire que je ne peux pas avoir de la compassion pour lui. Cela ne veut pas dire non plus que je ne peux pas aider à soulager son épuisement... Je décide de ne pas démarrer mon moteur et j'appuie de nouveau sur la béquille avec mon pied. Je sors mon téléphone portable et j'appelle Ar.
— Mork ! Où diable étais-tu passé ? Il est tard et tu n'es pas encore rentré.
Dès qu'il répond au téléphone, il me crie dessus ardemment. Je dis qu'il est plus mère poule que ma propre mère. Chez moi, à Chumphon, quand j'étais enfant, il m'arrivait de rentrer si tard ou presque à l'aube, et maman ne me grondait jamais.
— Wouah ! Ar Dej, calme-toi. Je suis allé à une foire de Loy Krathong.
— Heck, tu n'y es jamais allé, qu'est-ce qui t'a pris d'y aller cette année ?
Oh.....il marque un point.
— Hum...Doc voulait y aller alors j'y suis allé avec lui.
— ...Doc ? Le docteur Tawan que nous avons rencontré l'autre jour ?
— Oui, celui-là.
— Et vous êtes... ?
Le ton de sa voix a changé après que je lui aie parlé de Tawan. Il ne termine même pas sa dernière question, mais je sais ce qu'il veut demander.
— Je t'appelle pour te dire que je rentrerai un peu plus tard ce soir. Il a eu une urgence à l'hôpital et je compte l'attendre.
— Pourquoi l'attends-tu ?
— Je ne sais pas, Ar.
— Il t'a dit de le faire ?
— Non, il ne l'a pas fait, je veux juste attendre.
Ar devient brièvement silencieux. Je sais qu'il utilise à la fois sa tolérance et sa prévenance pour ne pas me maudire. Bien que lui et Loong ne l'aient pas dit directement, tout montre qu'ils ne me soutiennent pas au sujet de Tawan. Ne vous méprenez pas. Quand ils m'ont parlé de leur passé, ce n'était pas pour m'encourager.
J'ai l'impression que c'était en fait un avertissement.
Pour me prévenir que tout le monde ne pouvait pas être aussi chanceux qu'eux.
J'étais moine avant. J'ai appris qu'il y a quelque chose de plus qu'une simple coïncidence, pour deux personnes de pouvoir se rencontrer, de vivre ensemble et de partager des sentiments. C'est un mérite accumulé entre les deux. Pour continuer ensemble, il faut quelque chose que l'on a construit ensemble. Les gens ont beaucoup plus de chances de se croiser que de rester ensemble. S'il existe une sorte de lien qui peut les relier l'un à l'autre, ce doit être les mérites accumulés et le destin.
Tout le monde n'a pas ça.
Pour être exact, je veux dire le Docteur Tawan et moi.
L'histoire entre Ar et Loong est leur propre histoire.
Elle ne peut pas être évaluée selon les mêmes critères que Tawan et moi.
Je pense que c'est ce que Loong voulait me faire comprendre quand il m'a raconté son passé ce jour-là.
Bon, je sais comment ça va finir, mais alors quoi ? Le docteur Aim et Tawan m'ont fait réaliser que quelle que soit notre position, nous pouvons créer du bonheur pour eux tout en trouvant notre propre bonheur. Et tant que nous ne sommes pas éloignés les uns des autres, nous devrions saisir l'opportunité de créer beaucoup de bonheur.
Saisissez le jour heureux tant qu'il dure.
Je me souris à moi-même pour avoir inventé cette devise intelligente.
— Comme tu veux, alors.
La courte réponse d'Ar résume ce qu'il ressent.
— Merci, Ar. Tu peux fermer, j'ai les clés.
— Bien... Fais attention à toi, d'accord ?
— Oui, monsieur.
Puis, chacun de nous raccroche le téléphone.
Pendant que Doc sauve des vies, je vais rester ici à l'attendre. Si je ne peux pas être la personne spéciale dans sa vie, alors, je serai la personne qui lui demandera "es-tu épuisé ?" quand il aura fini son travail.
Parce que je sais qu'il sera heureux.
Et son bonheur alimentera à son tour le moteur de mon propre bonheur.
…………..
— Wow, Mork, tu as attendu ici ou tu es rentré chez toi et tu es revenu ?
Il descend les escaliers de l'hôpital vers moi, son visage apparemment fatigué, mais avec un sourire.
— Je t'ai attendu ici, je ne suis pas rentré chez moi. Tu ne m'as pas répondu, doc, tu es épuisé ?
— Attends, quoi ?! demande Tawan en regardant sa montre. Tu es resté ici pendant plus de trois heures ? Pourquoi as-tu attendu ici ?
Je hausse les épaules.
— Je ne savais pas quoi faire d'autre, doc. En plus, tu l'as dit toi-même, tu veux que quelqu'un te demande 'es-tu épuisé ?' après le travail. Et il se trouve que j'étais libre, alors j'ai attendu.
J'essaie d'avoir l'air décontracté, de garder un ton neutre, comme quand on parle à "un ami", de peur que mes sentiments ne transparaissent dans ma voix et que ça puisse... Je ne sais pas, lui donner la chair de poule ? J'essaie de la jouer cool et de donner l'impression que c'est une chose normale à faire pour un ami.
— Yep, je suis épuisé.
Il répond enfin à ma question. Malgré cela, il me regarde et élargit son sourire.
— Mais je me sens beaucoup mieux maintenant, merci beaucoup, Mork.
— Quand tu veux, doc. Tu retournes au dortoir maintenant ? Je te raccompagne, ou tu peux monter sur ma moto.
Je ne suis pas sûr qu'on ait le droit de conduire une moto dans un hôpital.Tawan secoue la tête en faisant la moue.
— Non, j'ai de nouveau faim. Tu veux qu'on trouve quelque chose à manger ensemble ?
N'attendant pas qu'il demande à nouveau, je donne un coup de pied à ma béquille tout en lui tendant un casque.
— Monte, doc. Je vais t'emmener dans un resto nocturne près d'ici.
— Hmmmm ? Ce ne sont pas des piqûres de moustiques ?
Il me montre du doigt mes mains et mes bras et je réalise que j'ai quatre ou cinq bosses rouges, en effet.
— Ouais, je suppose. Maintenant que tu le demandes, ça me démange tout d'un coup !
Je tends la main pour gratter un bouton, mais il la repousse.
— Ne te gratte pas !
— Mais ça me démange, doc.
— Je te donnerai une pommade plus tard. Ne te gratte pas, ça va rougir.
— D'accord, d'accord, doc. Je ne le ferai pas.
Je capitule même si j'ai vraiment envie de me gratter. Les piqûres d'insectes sont bizarres, quand on ne remarque pas la bosse, tout va bien. Mais dès qu'on la remarque, ça démange énormément. Je me demande s'il y a un mécanisme spécial qui fait que la vue affecte l'envie de se gratter.
Tawan met le casque et monte derrière moi, une main sur mon épaule et l'autre sur la barre d'appui arrière, comme d'habitude. Je démarre le moteur et me tourne vers lui pour lui parler.
— Doc, tu peux t'accrocher à ma taille. Ça semble difficile pour toi.
— Eh ? Tu ne m'as pas dit que tu n'aimais pas ça parce que tu es chatouilleux.
Je ricane.
— C'est bon maintenant, doc. Le trajet va être plus long que d'habitude, si tu t'accroches à moi comme ça, tes bras vont être fatigués. Passe plutôt tes bras autour de ma taille. Je ne conduirai pas vite. Et ne me serre pas trop fort, ou ça va chatouiller.
Une de ses mains glisse de mon épaule vers le bas pour saisir un côté de ma taille, tandis que l'autre main lâche la barre pour saisir l'autre côté. Je peux sentir qu'il tient à peine les deux côtés de ma taille, de peur que ça me chatouille.
— Pfff ! Doc. Je tire ses deux mains et les repositionne pour que ses bras s'enroulent autour de ma taille.
— Tiens-toi à ma taille avec tes bras comme ça. Et attache tes mains ensemble comme ça.
— Bah, mais alors, mon visage est écrasé contre ton dos, beurk, tu pues la sueur.
— On ne peut rien y faire. Blâme tes bras d'être trop courts, bahaha !
Même s'il dit que je pue, il garde ses bras autour de ma taille et pose son visage sur mon dos. La sensation de sa joue pressée contre mon dos est juste... J'aimerais que le temps s'arrête ici.
— Tu sais, c'est la première fois que je monte derrière quelqu'un avec mes bras autour de sa taille comme ça, dit Tawan.
— C'est aussi la première fois que je laisse quelqu'un mettre ses bras autour de ma taille sur une moto. Ok, accroche-toi bien, je démarre, doc, ou on n'aura jamais de nourriture.
Je passe la vitesse et accélère.
— Où est-ce qu'on va ? Tu as dit que c'était un long trajet.
Je rigole.
— Un restaurant qui reste ouvert jusqu'à l'aube. Un peu loin mais je te garantis que la nourriture est bonne.
— Si c'est loin et que la nourriture n'est pas bonne, tu vas avoir des problèmes ! me menace-t-il.
Je n'ai rien à répondre à cela, je souhaite simplement que ce soit encore plus loin, pour qu'il ait besoin de continuer à me serrer comme ça pendant longtemps.
………..
— Lequel est le plus délicieux ? demande Tawan en feuilletant le menu du restaurant de riz bouilli.
— Tout est délicieux, doc. Commande ce que tu veux. Cette tante est réputée pour faire d'excellents plats sautés. Tu n'as qu'à le commander et elle te servira à peu près n'importe quoi. Elle fait toutes sortes de plats sautés.
— Elle a des moustaches de tortue et des cornes de lapin(1) ?
Il a l'air espiègle et se penche, son visage se rapprochant beaucoup du mien.
Je recule un peu. Même s'il a serré ma taille et posé son visage contre mon dos tout le long du chemin, je ne suis pas habitué à voir son visage de si près. J'ai peur que mon coeur explose.
— N... nah, elle n'en a pas. Doc, commande quelque chose qui puisse exister.
J'évite le contact visuel. Je suis content d'avoir la peau bronzée, sinon il aurait remarqué que je rougis.
— Oh wow, ils ont de l'ormeau au menu. C'est vraiment un restaurant de rue ? Pourquoi c'est si chic?
— Je te l'ai dit, elle a à peu près tous les ingrédients.
Il ferme le menu.
— Du porc grillé et des œufs frits, s'il vous plaît. Avec du riz à la vapeur.
Je me tourne pour passer ma commande aussi.
— Deux portions en tout, s'il vous plaît.
— Je pensais que tu allais prendre l'ormeau.
— Non, je n'ai jamais essayé ça et je ne sais pas quel goût ça a. Je ne veux pas risquer de prendre quelque chose qui ne serait pas bon.
Je rigole.
— C'est cher, comment ça peut ne pas être bon, doc ?
— Ce n'est pas toujours vrai. Tout ce qui est cher n'est pas forcément bon, dit-il en tapotant ses doigts sur la table et en remuant les sourcils. Mais le porc grillé sera toujours délicieux, hahaha.
— Tu sembles peu exigeant, doc.
— Évidemment, je suis l'enfant du milieu.
Je fronce les sourcils.
— Pourquoi le fait d'être l'enfant du milieu a quelque chose à voir avec ça ?
— Eh bien, les parents accordent généralement plus d'attention à leurs enfants les plus âgés et les plus jeunes. Je suis l'enfant du milieu, donc je dois être facile à vivre. Je dois garder de la nourriture pour mon grand frère et en donner pour mon petit frère, alors je mange juste ce qui reste.
— Tu as rendu ça pitoyable.
J'essaie de l'imaginer... Je n'ai jamais été un enfant du milieu, donc je ne suis pas sûr que ce genre de sentiment puisse être réel, le sentiment d'être un enfant du milieu.
— Ce n'était pas si misérable, tu sais. Disons juste que ma famille est bien. Et je ne suis pas difficile en matière de nourriture. Les docteurs ne sont pas difficiles en matière de nourriture. On mange n'importe quoi, pour survivre.
Maintenant c'est à son tour de me demander.
— Et toi, Mork ? Tu as des frères et soeurs ?
— J'ai un frère aîné, qui a deux ans de plus que moi. Il travaille à Bangkok.
J'omets la partie sur nos problèmes familiaux et lui en dis juste assez pour qu'il acquiesce. En fait, il y a un petit désaccord entre mon frère et nous - maman et moi. Mais ouais, je n'ai pas besoin de lui dire ça.
Deux plats de porc grillé et d'œufs frits, garnis d'un tas d'oignons verts émincés, sur du riz à la vapeur, sont posés devant nous. Les yeux de Doc s'écarquillent en voyant la nourriture. Il met la première cuillerée dans sa bouche et mâche, les yeux fermés béatement. Je ris intérieurement. Parfois, il a l'air si mature qu'il m'intimide. Parfois, il a l'air si enfantin que j'ai envie de lui caresser la tête.
— Comment est la nourriture, doc ?
— Tellement délicieux ! s’exclame-t-il avant de prendre une autre cuillerée. Je ne savais pas qu'il y avait un tel endroit avec de la bonne nourriture ici.
— Alors, reste en contact avec moi. Je connais beaucoup d'endroits où l'on mange bien.
— Merveilleux.
Il avale rapidement la troisième, la quatrième et la cinquième cuillerée dans sa bouche. Sa vitesse est stupéfiante, même pour un mototaxi comme moi. Il mange plus vite que moi. Plus de la moitié de sa nourriture est déjà partie.
— Je mange rarement ce genre de nourriture. La plupart du temps, je mange près de l'hôpital ou de la résidence. Je n'ai jamais mangé aussi loin.
Il prend son verre et boit une gorgée d'eau.
— P'Por n'aime pas s'éloigner. Il préfère commander une livraison par téléphone.
J'acquiesce parce que je ne sais pas quoi dire. Mieux vaut éviter de parler de son petit ami.
— Oh, doc, tu m'as dit que tu avais des frères. Où sont-ils maintenant ?
Je m'interroge, puisque son petit ami est absent, pourquoi il ne rentre pas chez lui pour les vacances.
— Mon grand frère est parti à l'étranger pour une conférence et mon petit frère est interne, il travaille actuellement hors de la ville. Nous sommes tous trois médecins. Mes parents sont également allés rendre visite à mon petit frère.
Il met la dernière partie de sa nourriture dans sa bouche, alors que mon assiette est à peine à moitié mangée. Comment peut-il manger aussi vite avec une si petite bouche ?
— Quelle famille impressionnante !
Je continue à manger. En fait, je n'ai pas tellement faim, je voulais juste lui tenir compagnie. Mais puisque j'ai déjà commandé de la nourriture, je devrais la finir.
— Merci, Mork.
— Mmm, ne me remercie pas. Ce n'était pas un compliment. C'est la vérité. Toute la fratrie est médecin, c'est vraiment quelque chose.
— Non, je ne t'ai pas remercié pour ça.
— Oh, tu m'as remercié pour quoi, alors ?
— Je te remercie pour. ...m'avoir libéré de l'épuisement et de la solitude aujourd'hui.
Et puis, il sourit. Ce genre de sourire, oh, ce que je ne donnerais pas pour le voir au réveil chaque matin. J'essaie de garder un visage impassible et de ne pas sourire en retour..... mais c'est vraiment difficile. Les coins de ma bouche essaient de se soulever pour imiter son sourire. Finalement, son sourire est contagieux et mon visage en a un aussi.
Je lui renvoie son sourire tout en tendant la main pour essuyer un grain de riz d'un coin de ses lèvres.
— Bahh doc, tu manges aussi mal qu’un enfant.
— Merci encore. Haha.
Il rit timidement.
Je me dépêche de finir ma nourriture.
— Allons-y, docteur. Je te déposerai à l'hôpital.
— Mais je n'ai même pas encore sommeil, Mork, se plaint-il.
— Non non, tu as besoin de te reposer, doc. Juste au cas où tu aurais besoin d'énergie pour gérer les urgences demain.
Pour être honnête, j'ai envie de rester avec lui plus longtemps et je ne veux pas le raccompagner tout de suite. Mais si je l'aime et que je tiens à lui, c'est ce que je devrais faire, et non continuer à exploiter l'occasion de me faire plaisir sans me soucier de son bien-être.
— Oh, hé. Aujourd'hui, nous avons eu deux repas ensemble, dit Tawan en me suivant jusqu'à ma moto.
— Et tu as aimé ça ?
Je me retourne pour demander et lui tendre le casque.
— Uh-huh, ça m'a plu. Hoy Tord était super. Ce restaurant de nuit, aussi.
— Eh bien, la prochaine fois, quand tu seras libre, je pourrai t'emmener faire un tour. Je connais plein d'autres endroits avec de la bonne nourriture.
— Hey, je te prends au mot, Mork. Je vais te traîner partout avec moi.
— Et je te prends aux tiens, doc. Ok, grimpe.
Il baille un peu en mettant le casque.
Je rigole.
— Quelqu'un a dit qu'il n'avait pas sommeil.
Il se tourne pour me regarder d'un air moqueur.
— C'est juste un bâillement.
Sur le chemin du retour, il passe ses bras autour de ma taille sans avoir besoin d'une instruction de ma part. Quand il pose sa joue contre mon dos, je peux sentir les doux frôlements de sa lente respiration. Oh, s'est-il secrètement endormi ? Je conduis plus lentement et fixe une main sur les siennes posées sur ma taille, par précaution, au cas où il s'endormirait. Je ne veux pas qu'il tombe du siège.
Il est presque 2 heures du matin, presque deux heures de ce nouveau jour. Le matin va bientôt arriver, mettant fin à la nuit du jour de Loy Krathong. Mais même après la fin de cette année, je me souviendrai longtemps de cette nuit, car ce fut un Loy Krathong vraiment heureux pour moi.
…………
Lorsque j'ai été ordonné, mon mentor, un moine âgé, m'a enseigné "ne t'attache pas au bonheur" car il n'est pas éternel. Le bonheur d'aujourd'hui peut conduire à la souffrance demain. Si cela doit arriver, laissons-le venir et laissons-le passer, nous devons simplement le reconnaître.
C'est ce qui m'arrive aujourd'hui.
Durant mon travail à la station, je me dis que si je suis libre le soir, j'enverrai un message à Doc pour lui dire que je suis partant s'il veut qu'on aille manger quelque chose de délicieux ensemble. Mais à peine ai-je terminé ma pensée que je vois la voiture de M. Por entrer sur la place de parking du 7-Eleven au croisement du début de notre rue.
Je suppose qu'il vient juste de revenir de chercher Doc, et que c'est le moment de se retirer pour un outsider comme moi. Je suis en train de me calmer et d'annuler mentalement le plan de soirée quand je remarque que la personne qui descend de la voiture avec M. Por n'est pas Tawan. C'est quelqu'un d'autre que je n'ai jamais vu auparavant.
— Mork, pourquoi diable regardes-tu cette voiture ? demande P'Fueang.
— Ce type, c'est le petit ami de Tawan.
Je réponds, mes yeux toujours fixés sur les deux gars qui sont maintenant entrés dans le 7-Eleven.
— Oh..... ton ami qui est médecin, c'est ça ? demande P'Fueang en suivant mon regard. Le type à côté de lui, c'est ton ami ? Il ne me dit rien.
— Non, ce n'est pas lui. Il est avec quelqu'un d'autre qui n'est pas Tawan.
— Alors, peut-être que c'est juste son ami. Ne mettons pas notre nez dans les affaires des autres.
Je suis sur le point d'être convaincu que son observation est juste, mais ils sortent du magasin et je remarque qu'ils se tiennent la main. Mr. Por se penche aussi pour embrasser le front du gars avant de monter dans la voiture.
— Merde. Je crois qu'ils ne sont pas juste des amis, marmonne P'Fueang à voix basse, ses yeux suivant toujours la même cible que les miens.
En fait, je n'ai pas besoin d'entendre son commentaire.
Parce que je pense exactement la même chose…
…….
Je sais que je ne devrais pas. Je sais que ce ne sont pas mes affaires.
Pourtant... mon petit cul (excusez mon langage) ne peut s'empêcher de s'en mêler. Je gare ma moto, attendant devant la résidence de Mr. Por. Je veux savoir s'il va partir et quand, ou s'il va rester pour la nuit. Je sais que ça semble absurde, mais ne faisons-nous pas tous des choses absurdes parfois ?
A cinq heures et demie, cet inconnu sort de la résidence. Il fait signe à un taxi et part en toute hâte. Je reconnais très bien son visage, mais ce n'est pas nécessaire, car le dénommé Por est là. Il raccompagne l'autre homme, l'escorte jusqu'au taxi avec une attitude qui les fait ressembler à... je ne veux pas dire le mot, mais ils ont l'air... amoureux.
Oh, ils en ont vraiment l’air. Mr. Por congédie cet homme avec un regard si affectueux. Je serre les poings, me sentant soudain envahi par une rage d'origine inconnue. Sans réfléchir, je prends mon téléphone et envoie un message à Tawan.
— Hey, doc. Qu'est-ce que tu fais ? Tu rentres à la résidence ? Je peux venir te chercher.
En moins d'une minute, il répond.
— Euh, pas encore. Il n'est pas rentré. Je ne peux pas entrer de toute façon. Journée au dortoir pour moi, je pense.
Donc, apparemment, Tawan ne sait pas que Por est rentré, et je parie que Por ne lui a pas dit qu'il était déjà revenu à l'appartement. Il n'y a pas d'autre explication, il trompe clairement Tawan.
“Ton petit ami a amené quelqu'un d'autre à l'appartement”
C'est ce que je veux taper. Mais... mes doigts survolent l'écran. Une autre partie de mon esprit m'arrête, disant "Que diable penses-tu obtenir de ça ? Tu crois que détruire leur relation va le pousser à t'aimer à la place ?"
“Mais c'est la bonne chose à faire, non ? Si je découvre qu'un ami est trompé, je devrais le lui dire.”Je débats avec ma petite voix intérieure.
“Pfft hahaha ! Tu es sûr ? Si tu es un véritable ami, ne devrais-tu pas rester en dehors de ses affaires personnelles ? Ce sont des amants. C'est leur propre problème. Laisse tomber, mec. Tu es un outsider.”
Bip…
Pendant que les deux voix débattent l'une contre l'autre dans ma tête, Tawan m'envoie un message.
— Quoi de neuf, Mork ? Tu veux aller dîner ?
— Nah, rien, doc. Je voulais juste dire bonjour. Aujourd'hui, je dois travailler jusqu'à tard dans la nuit. A plus tard.
J'ai trop peur de tout déballer si je le rencontre aujourd'hui. Tant que je ne sais pas encore ce que je dois faire en tant qu'ami de Tawan, je ne devrais pas le voir. Au moins, ça m'évitera de déraper. Franchement, je me fiche de la relation entre Tawan et le gars nommé Por.
Je m'inquiète des sentiments de Tawan.
Je me rappelle le moment où j'ai appris pour Fern et son autre petit ami. Qu'on les aime beaucoup ou peu, et qu'on ait quelqu'un pour nous réconforter ou non, la douleur d'une trahison de l'être aimé fait mal. Elle ne fait pas mal comme une éraflure d'un accident de moto ou une coupure d'un couteau de cuisine. Ça fait mal comme une douleur que vous ne pouvez même pas expliquer. Elle commence par une douleur mineure et engourdissante et se transforme en une douleur sévère.
Je ne sais pas si je dois être celui qui appuie sur la gâchette de cette douleur.
Je ne sais pas si j'ai le droit de révéler le secret au docteur.
Je ne suis pas sûr... de pouvoir porter la responsabilité si je suis celui qui détruit leur relation.
Je ne suis pas sûr.
Je ne suis sûr de rien du tout.
………..
“P'Mek… Je suis l'un de vos fans secrets.”
Euh... attends, ce ne sera plus un fan secret une fois que j'aurai envoyé ce foutu message privé dans sa boîte de réception, non ? Nan, pas génial. Pourquoi est-ce que j'utilise le mot "secret" ? Je dois l'effacer.
“ P'Mek”
Je viens de commencer à lire votre page.
Hum...ok. C'est une meilleure introduction.
“J'ai besoin de votre avis sur quelque chose. J'ai un ami et il a un petit ami. Mais l'autre jour, j'ai vu son petit ami avec quelqu'un d'autre. Je suis trop paresseux pour expliquer ça en détail, mais il est évident qu'il sort en cachette avec quelqu'un d'autre. Devrais-je en parler à mon ami ?”
Une fois le message terminé, je le relis pour m'assurer que je n'en révèle pas trop et que je n'ai pas mentionné mon nom ou celui du docteur Tawan. Dans un moment pareil, la seule personne vers qui je peux me tourner est P'Mek.
Ce n'est pas que je ne crois pas aux conseils de Loong et d'Ar, mais ils ont rencontré Tawan et ils savent tout de lui et de moi. Ils savent aussi ce que je ressens envers Doc. Je veux des conseils de quelqu'un qui est vraiment extérieur et qui n'a aucune information sur ce qui s'est passé plus tôt. Plus important encore, P'Mek m'a aidé (sans le savoir) à résoudre plusieurs de mes problèmes auparavant. Je pense qu'il aura de bons conseils pour moi.
Je vais devoir attendre, je suppose. Je me lève, me préparant à éteindre les lumières et à aller me coucher, mais un message de notification retentit avant.
"Hé, mon pote,
Je ne vais pas te dire si tu dois le faire ou non.
Permets-moi juste de te demander ce que tu obtiendras en le faisant ? Si cela lui permet de devenir ton petit ami, et que tu en tires profit, alors fais-le ! Mais d'abord, tu dois être absolument sûr que ce sera le résultat, et que tu peux prendre soin de lui, qu'il peut t'aimer à sa place.
Mais si tu as simplement envie de le faire sans être capable de répondre à ce qui va se passer, alors fais attention ! Je te préviens, ça va se retourner contre toi et t'exploser à la figure.
On ne peut jamais savoir à quel point ils s'aiment. Parfois, pour les partenaires, le pardon a plus de poids que l'amour lui-même. Et s'ils se pardonnent l'un l'autre ? Que se passera-t-il pour toi ? Réfléchis bien à ça. Sais-tu ce que signifie l'expression "chien de garde" ?
Je peux très bien comprendre ton sentiment de "c'est mal", mais tu n'es pas un juge. Tu ne peux pas condamner quelqu'un.
Si tu penses que lui dire fait partie de ton plan pour le conquérir, alors essaie. Mais si tu ne sais toujours pas pourquoi tu le fais, si tu veux juste être la justice... reviens à la première partie de ce paragraphe. Tu n'es pas un juge.
Ne sois pas surpris. J'ai souvent vu ça.
Je sais que l'ami que tu as mentionné a plus de signification pour toi qu'un simple ami.
S'il n'est vraiment qu'un simple ami, tu ne te débattrais pas au point de me demander conseil.
Crois-moi. Je suis déjà passé par là."
Nous ne pouvons jamais savoir... à quel point ils s'aiment...
Rien que cette partie fait déjà assez mal à lire. Je ne sais pas à quel point Doc et ce Por s'aiment. Pour être précis, je ne sais pas à quel point Por aime Doc, mais je sais... je sais à quel point Doc aime ce type nommé Por.
Je me souviens d'un jour durant la semaine précédant le jour de Loy Krathong. Il pleuvait ce soir-là et j'étais assis avec des gars plus âgés lors d'une pause pendant le service. Soudain, le docteur est apparu, trempé de la tête aux pieds. Il avait dû marcher sous la pluie depuis la station du métro aérien jusqu'au croisement de la rue.
— Hé, Mork, emmène-moi à l'appartement, s'il te plaît.
— Oh wow, doc, t'es tout trempé. Viens ici, attends sous le toit avec nous.
Mais il a secoué la tête, refusant d'utiliser l'abri.
— Peux-tu me ramener à l'appartement ?
J'ai regardé la pluie battante dehors. "Non, la pluie est trop forte, doc. C'est dangereux de conduire la moto maintenant. Attends qu'elle se calme. Regarde Doc, personne ici ne conduit. On attend que la pluie s'arrête."
— C'est pas grave, alors. Je vais y aller à pied.
Il s'est tourné pour partir sous la pluie, mais j'ai attrapé son bras.
— Attends, tu n'as pas de parapluie ?
Il a secoué la tête.
— Non, mais je veux me dépêcher de le rejoindre.
J'ai emprunté un imperméable à P'Fueang et l'ai tendu à Tawan.
— Tiens, mets-le, je vais te déposer.
— Merci, Mork.
— Pas de soucis, doc.
D'accord.... donc, je sais à quel point il aime Mr. Por.
Suffisamment pour que Doc fasse passer ce type avant lui-même.
Ce que P'Mek a dit est vrai. Parfois, pour les partenaires, se pardonner l'un l'autre a plus de poids que l'amour lui-même. Si je le dis à Doc, et puis quoi ? Si je lui dis, au pire ils se disputeront pendant un jour ou deux. Puis, ils se réconcilieront, et recommenceront à s'aimer. Pendant que je deviendrai un chien de garde. Pire encore, si Por apprend que c'est moi qui l'ai dit à Doc, je deviendrai quelque chose d'encore plus hideux que le chien de garde.
"Il n'y a pas moyen qu'il se tourne vers moi et pleure sur mon épaule quand il est triste. Il n'y a aucun moyen que je devienne sa personne spéciale..."
Je me dis, bien qu'il m'ait souvent dit que je pouvais être plus qu'un chauffeur de mototaxi, là, à cet instant, je suis toujours un chauffeur de mototaxi. C'est un docteur avec un brillant avenir. Je n'ai rien à lui offrir à part ..... mes sentiments et mes bons soins. Même s'il est célibataire, un gars comme moi n'a pas le droit d'en rêver.
Mais comme j'ai décidé de faire de mon mieux pour le rendre heureux en le soutenant de ma position, il est hors de question de lui dire la vérité. C'est peut-être la bonne chose à faire, mais cela lui apportera du chagrin. C'est contre mon intention initiale.
J'ai eu ma réponse. Je ne le ferai pas.
Je regarde l'heure, il est 23 heures.
Je suis arrivé à ma conclusion. Il est temps d'aller se coucher pour de bon.
Je me lève et éteins les lumières, puis je me jette sur le lit et ferme les yeux.
Pendant ce temps, je dois me répéter que je dois juste le rendre heureux et que c'est suffisant.
Notes :1/ Un équivalent thaïlandais de la fourrure de tortue et des cornes de lapins. Une métaphore bouddhiste des choses qui n'existent pas ou qui sont hors de portée. Souvent utilisé en référence à une attente ou une demande déraisonnable ou impossible. Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 15 Tawan — Aujourd'hui, je rentre tôt à la maison. Je suis dans le Skytrain, encore une station. Tu veux sortir pour dîner ? On peut aussi regarder un film. Ça fait longtemps qu'on n'en a pas regardé un ensemble. Ce mois-ci, c'est moi qui assure les visites du service d'observation. Il n'y a que trente lits sous ma responsabilité. Moins de lits signifie le paradis pour nous. Mais ce qui rend les choses particulièrement merveilleuses, c'est que l'équipe suivante arrive toujours pour prendre la relève à 16 heures précises. Je n'ai pas à trépigner d'impatience en attendant l'arrivée de l'équipe suivante. Dans mon hôpital, le service d'observation est pris en charge par une équipe de médecine interne pendant la journée, puis par une équipe des urgences après 16 heures jusqu'à 8 heures le lendemain. Ils respectent scrupuleusement les horaires de travail, arrivent toujours à l'heure à la prise de service et vice-versa. Les transmissions ne durent pas longtemps, car les cas ne sont pas graves (comme son nom l'indique, ce service ne sert qu'à observer les patients). Je peux donc quitter le travail de bonne heure et retourner à l'appartement plus tôt que d'habitude. Il n'est que 16 h 45, mais j'approche déjà de la destination de mon trajet en Skytrain. C'est bien. Ce mois-ci, je vais avoir beaucoup de temps pour me détendre et passer du temps avec mon chéri. Cela fait longtemps que nous n'avons pas dîné ensemble, j'ai l'impression qu'il me semble un peu distant ces derniers temps. Je ne suis pas sûr qu'il boude parce qu'il se sent abandonné. Donc, ce mois-ci est notre vraie chance de passer du temps ensemble. — Oups....Tawan, j'ai oublié de te dire que j'ai un dîner avec des collègues du département ce soir. Oh, merde. Je ne lui ai pas dit que je rentrais plus tôt parce que je voulais lui faire la surprise, et maintenant c'est moi qui ai une surprise à la place. Mehhh... — Oh ? Tu rentres tard alors ? Je dois poser la question car, à en juger par mon propre service, un dîner de service se termine toujours tard dans la nuit. Il n'y a jamais de "simple dîner", car il y a toujours un deuxième temps pour boire, et il est généralement au moins 23 heures avant que nous nous séparions. — Pas encore sûr, chéri. Mais je vais essayer de me dépêcher de rentrer. Trouve quelque chose à manger et attends-moi, je devrais être de retour vers 9 heures. Ou tu veux aller te promener ou faire du shopping quelque part d'abord ? Ah oui, pourquoi ne pas aller tuer le temps avec Nadia en attendant ? — Nadia est de garde. Mais c'est bon. Ne t'inquiète pas, va juste dîner avec ton service. Je vais trouver de la nourriture et traîner un peu en t'attendant. Mais ne bois pas trop, tu conduis. Prends soin de toi. — Pas de soucis, mon bon garçon. A bientôt. — D'accord, chéri. Il a raccroché avant même que j'aie pu finir de dire "d'accord, chéri". Je regarde l'horloge et il est cinq heures moins onze minutes. Quatre heures avant qu'il ne revienne. C'est beaucoup de temps libre, que faire ? Ou peut-être que je devrais retourner au dortoir de l'hôpital, pour qu'il n'ait pas à s'inquiéter de rentrer précipitamment à la maison. Il n'a pas souvent l'occasion de faire la fête avec ses collègues du service, je ne devrais pas lui mettre la pression pour qu'il rentre plus tôt...non ? Le Skytrain arrive à la station et les portes s'ouvrent. Je sors automatiquement de la rame. Mais si je retourne au dortoir maintenant, comment vais-je occuper mon temps ? Je sais que je devrais soit réviser les manuels, soit préparer mes recherches, mais je n'en ai pas envie pour le moment. Parfois, il faut être d'humeur à réviser (sauf si l'examen est imminent). Se forcer à réviser quand on n'a pas envie de le faire peut être une perte de temps, car non seulement le contenu ne restera pas gravé dans votre esprit, mais votre corps sera également torturé inutilement. Faire du lèche-vitrine n'est pas mon style non plus. Je n'ai plus l'âge d'errer sans but dans un centre commercial. Aujourd'hui, si je vais dans un centre commercial, c'est dans un but précis, pour aller directement finir ma course et repartir immédiatement après. De plus, Nadia n'est pas libre de m'accompagner aujourd'hui. Je ne veux pas aller au centre commercial seul... non plus. Ma tête continue de penser tandis que mes pieds continuent de marcher. Ils m'ont probablement amené du bas de la station de Skytrain jusqu'à la rue de la résidence comme par instinct de retour à la maison. Quand votre cerveau est vide et ne sait pas où aller, vos pieds vous amènent à la même vieille destination, par habitude. Donc, je me retrouve au croisement où se trouve mon conducteur de mototaxi habituel. — Oh, docteur, bonjour. Aujourd'hui vous êtes de retour si tôt. Vous avez déserté le travail ? Un autre chauffeur nommé P'Fueang me salue. Nous nous connaissons bien car je suis parfois son passager quand je rate le tour de Mork. Je lui souris silencieusement tout en regardant autour de moi. — Mork est parti déposer un client. Il sera bientôt de retour s'il ne prend pas un nouveau client en chemin. Il doit savoir que je cherche Mork, alors il m'explique avant que je puisse demander. — Merci. Aujourd'hui le travail s'est terminé tôt. Ce mois-ci, je ne suis pas aussi occupé. — Vous allez attendre Mork ? Venez, asseyez-vous à l'intérieur. — Merci, P'Fueang. Je vais m'asseoir sous le toit du kiosque. Leur station est assez propre... Ou je devrais dire "rangée". La plupart des kiosques de mototaxi ou des stations de repos sont encombrés d'objets insignifiants, ce qui donne l'impression que c'est mal organisé et sale. Mais ici, il n'y a que le toit, un tableau blanc, une glacière et quelques chaises. Quand il est bien rangé, il a aussi l'air propre. — Docteur, vous voyez souvent Mork, vous avez remarqué quelque chose de bizarre chez lui récemment ? demande P'Fueang quand il s'assoit à côté de moi. Je fronce les sourcils. — Quelque chose ne va pas ? Quel genre de choses ? J'essaie de me souvenir de son attitude, mais rien ne semblait sortir de l'ordinaire. — Hmm... Je ne pense pas. Il a l'air normal. Je lui dis ce que j'ai observé. — Je pense qu'il agit bizarrement ces derniers temps. Parfois, il se sourit à lui-même et semble bizarrement heureux. Mais parfois, il a l'air abattu comme un chiot malade. Son humeur est changeante, trop bizarre. Il n'a jamais été comme ça avant. Eh..... a-t-il été comme ça ? Je ne pense pas. Quand il est avec moi, il est vrai que nous n'avons pas été souvent ensemble (le jour de Loy Krathong, c'est le plus long moment que nous ayons passé ensemble), mais je n'ai pas remarqué le genre de choses que P'Fueang vient de décrire. Il a l'air normal, comme lorsqu'on s'est rencontrés pour la première fois. La seule différence, c'est qu'il fait moins la fine bouche. — Je crois qu'il a un coup de cœur, doc, conclut P'Fueang en me fixant tranquillement comme s'il attendait une réponse. — Ah... quoi ? Je ne sais pas quoi répondre, car je ne sais pas si c'était une question ou juste une affirmation. Je lève les sourcils d'un air interrogateur. Comment puis-je répondre autrement ? — Vous savez qui est son coup de coeur, doc ? Il me lance la question clé. Ok, la première était un prélude menant à cette question. — Eh, je ne sais pas, P !. Comment je le saurais ? Je secoue rapidement la tête. — Mais vous êtes son ami, n'est-ce pas ? Je pensais qu'il vous avait peut-être dit quelque chose. — Non, pas du tout. Il ne m'a jamais parlé de ce genre de choses. — Oooh... c'est vrai ? C'est dommage... Je pensais que vous saviez. Puis, il se lève pour attraper un petit gobelet d'eau dans la glacière et en prend une gorgée. Avant que nous puissions poursuivre, le sujet de la conversation débarque justement au kiosque sur sa moto. Mork la gare en toute hâte et s'avance vers moi sans même enlever son casque de sécurité. — Oh, doc, tu es là de bonne heure. Tu as déserté le travail aujourd'hui ? — Tu as posé la même question que P'Fueang. Non, ce mois-ci, j'ai une charge de travail plus légère et je peux rentrer chez moi plus tôt. Mais seulement pour un mois. Le mois prochain, je travaillerai aux soins intensifs, ce sera pire qu'avant. — Tu retournes à l'appartement ? Je peux te déposer. Il garde toujours son casque mais ouvre sa visière, me montrant son sourire en coin ainsi que ses dents. — Pas encore, dis-je en secouant la tête. Oh, hé, Mork, y a-t-il un café dans cette rue ? Emmène-moi là-bas, tu veux ? — Un café ? Quel genre de café ? Le genre qui a un chanteur et des comédiens de stand-up ? Il n'y en a pas par ici. Il ricane mais je lève les yeux au ciel. — Mon Dieu, pas ça ! Un café où on peut boire du café, Mork. — Eh, comment pourrais-je savoir ? Haha ! Je ne connais que ceux avec des chanteurs, des jolies filles qui boivent avec vous, et des comédiens, comme le Phraram 9 Cafe. Il continue à plaisanter avec un ton taquin. J'ai déjà oublié qu'à une époque, le mot "café" ici ne signifiait pas un café, mais plutôt un genre de quartier chaud. — Je ne savais pas que tu étais assez vieux pour en avoir entendu parler. Je le taquine. Il remue les sourcils en me regardant. — Assez vieux pour entendre parler des meurtres mystérieux de Sia Liang et Somyos, doc. Ok, ça veut dire qu'il était vraiment dans le coin pour avoir entendu parler de cet endroit. Je me rends. — Pas ce genre de café. Je veux dire un café. Pour que je puisse m'asseoir et flâner pour tuer le temps. — Oh, pourquoi ça ? Tu n'es pas pressé de rentrer à l'appartement ? Tu veux traîner aujourd'hui ? Il agite à nouveau un sourcil et je commence à ne pas apprécier sa joie. S'il l'agite encore une fois, je serai tenté de trouver un élastique et de le projeter sur son sourcil. — Nanhhhh. Je soupire profondément avec ma réponse interminable. — P'Por n'est pas encore rentré et je ne peux pas entrer dans sa chambre. Je ne sais pas quand il reviendra, il fait une fête avec son service. Mork acquiesce d'un signe de tête. — Donc tu cherches un endroit où t'asseoir et tuer le temps ? Je hoche la tête. — Tu as un endroit à me recommander ? Il ne répond pas, mais me tend un casque. — Mets ça et monte, doc. — Mais où m'emmènes-tu ? — Tu me fais confiance ? Je prends le casque et l'enfile, puis je monte sur le siège passager. Voilà, c'est ma réponse à la question. …………. — Et moi qui pensais que tu m'emmenais loin d'ici. Je mange une cuillère de la salade de papaye verte, ce Som Tam est bon. — Alors on a fini par arriver à un stand de Som Tam à l'autre bout de la rue. Dis-moi, tu avais faim. Il sourit et prend lui aussi une cuillère de sa salade de papaye. — Un peu. Eh bien, je cherchais une compagnie pour le dîner, et ton timing était juste parfait. La vendeuse sert un autre plat à notre table. — Des becs de canard grillés, tenez. Elle ne me regarde pas, du tout, mais continue de faire des yeux doux et d'utiliser un ton mielleux envers Mork. — Tiens, c'est rare de te voir t'asseoir et manger ici, chéri. Tu n'achètes pas un plat à emporter comme d'habitude ? Sa position est telle que son torse est tordu au niveau de la taille, ce qui défie presque l'anatomie humaine. J'étouffe un sourire en me retournant pour croiser le regard de Mork. Il secoue la tête. — Nan, j'ai fait ça trop souvent, aujourd'hui je veux manger dehors. Il se trouve que le docteur veut de la compagnie pour tuer le temps. Bien que Mork fasse un geste de la tête vers moi, la jolie vendeuse ne se retourne même pas pour regarder dans ma direction. Elle garde les yeux fixés sur Mork, comme si elle se concentrait sur une proie à dîner. — Tue le temps longtemps ici, chéri. Attends que je ferme. Je vais peut-être faire du stop pour rentrer avec toi. Puis, elle s'éloigne en balançant ses hanches, pour prendre les commandes de la table suivante. Bien sûr, elle ne m'a pas jeté un regard. — C'est ta petite amie ? Je la pointe de mon visage. — Pfff, nan. Absolument pas. Je n'ai pas de petite amie. Mork prend un morceau de bec de canard et arrache l'os central, puis met la viande dans mon assiette. — Tiens, mange ça, doc. C'est délicieux. Tu as déjà essayé ? Il fait référence aux becs de canard grillés. — Merci. Je mets la cuillère dans ma bouche. — Bien sûr. J'ai fait mon internat à Isan. Les becs de canard grillés sont mes préférés. J'avais l'habitude de faire équipe avec mes amis et de grignoter ça jusqu'à ce que le vendeur n'ait plus de becs en un seul service ! — Ah, si tu aimes ça, manges-en beaucoup. Il prélève l'os d'un autre morceau de bec de canard et dépose à nouveau la viande dans mon assiette, sans commencer à manger sa part encore. — Mais c'est quoi faire un internat ? Qu'est-ce que ça veut dire ? — Lorsque les médecins terminent leurs six années d'études, ils doivent travailler comme médecins généralistes dans un hôpital pendant trois ans. Pendant cette période, on nous appelle des internes. Le plus souvent, on nous envoie travailler en dehors de Bangkok. Après un internat de trois ans, nous pouvons retourner dans une école de médecine pour suivre une formation spécialisée. C'est ce que je fais actuellement. — Oh, tu es toujours étudiant en médecine ? Il lève les sourcils, comme s'il se demandait pourquoi nous devons retourner à l'école après avoir travaillé comme médecin. — Ouep. Pour faire simple, c'est similaire à un master. Nous avons obtenu notre diplôme et sommes devenus médecins, mais si nous voulons être spécialistes, nous devons poursuivre notre formation. — Eh bien, et après la formation de spécialiste, y a-t-il un niveau d'éducation supérieur ? — Ouep, c'est sans fin, si on veut continuer. Je donne à Mork l'explication la plus rapide et la plus simple. En vérité, le système d’internat est beaucoup plus compliqué que cela. Certains départements n'exigent pas l'accomplissement d'un stage de trois ans avant de poursuivre une formation spécialisée, tandis que d'autres exigent plus de trois ans avant même de vous laisser vous inscrire. Mais je ne pense pas qu'il ait besoin d'entendre tous les détails. Il me donne cinq morceaux de viande de bec de canard avant de commencer à grignoter le sixième. — Hey, Mork. Je mets le deuxième morceau dans ma bouche. — P'Fueang m'a dit que tu agissais bizarrement récemment... Il soupçonne que tu aies une petite amie en ce moment. — Ahhhh… Il prolonge son exclamation. — C'est pour ça que tu pensais que la vendeuse de Som Tam était ma petite amie ? Je hoche la tête. — Tout à l'heure, elle était toute mielleuse avec toi et t'a dit d'attendre qu'elle ferme son box pour rentrer avec toi. Alors j'ai pensé que c'était ta petite amie. Je lui dis ce que j'ai vu. — Pourquoi ? Il arrête de mâcher et penche son visage plus près de moi. — Tu es jaloux ? Puis, il remue un sourcil. J'ai l'impression que mon cœur saute un battement, comme s'il était tombé à mes pieds pendant une seconde et que mon corps ressent un éclair de froid avant que le cœur ne recommence à battre. Avec un battement plus rapide maintenant, cependant. En plus de cela, mon corps froid d'avant est maintenant si chaud que c'en est bizarre. — Nnn... non. J'étais juste... curieux. Je bafouille sur la réponse tout en évitant le contact visuel et en prenant mon verre pour boire l'eau même si je n'ai pas soif du tout. — Ça veut dire que tu veux savoir si j'ai déjà une petite amie, doc ? Si tu veux le savoir, demande-le moi directement. — D’accord. Tu as une petite amie, Mork ? Ah, oui... Après avoir posé la question directement à voix haute, je réalise... que je n'ai jamais rien su de cet aspect de sa vie. Mais s'il avait eu quelqu'un, il n'aurait pas été avec moi le jour de Loy Krathong. N'est-ce pas ? Les couples devraient célébrer Loy Krathong ensemble. Ou du moins, la plupart des gens passent leurs vacances avec leur moitié, sauf moi. — Non. Il sort de sa bouche un os de bec de canard et le pose sur le côté de son assiette. — J'en avais une. Mais plus maintenant. J'acquiesce, me sentant sans voix. — Et... Mork lève les yeux de son assiette de salade de papaye pour me regarder. — Mais j'ai quelqu'un que j'aime secrètement. Nous ne sommes pas en couple. C'est un amour à sens unique. Ça veut dire que P'Fueang a raison, Mork a le béguin. Pendant un moment, j'ai failli lâcher "qui est-ce ?" mais... ce ne sont pas mes affaires. Nous sommes seulement amis. S'il pense qu'il veut le partager avec moi, il me le dira un jour. Il ne l’a même pas dit à P'Fueng qui est son collègue à la station. Cependant, je ne peux pas nier que..... je veux savoir. Et en fait, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose de plus que de la curiosité... Je ne peux pas vraiment décrire ce sentiment, mais quand un ami dit qu'il "aime secrètement quelqu'un", ma tête doit être remplie de curiosité, mélangée à une émotion positive qui ressemble à de l'excitation et de l'anticipation pour l'ami, un peu comme ça. A chaque fois qu'un de mes amis me dit ça, je me sens toujours comme ça... sauf maintenant. Cette fois, bien sûr, il y a de la curiosité. Mais les autres émotions qui l'accompagnent ne sont pas positives comme d'habitude. C'est un peu comme si, comment l'expliquer ? Comme si mon cœur se serrait et que je me sentais un peu anxieux et peu sûr de moi. Comme quand on se tient sur un sol instable ou en hauteur et qu'on risque de tomber à tout moment. Ce n'est évidemment pas positif, mais je ne peux pas exactement dire que c'est négatif non plus. — Doc... Doc, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu avais une entrevue avec Indra(1)?" Je sors de ma transe quand Mork agite un morceau de poulet grillé devant moi. Apparemment, je réexaminais mes propres pensées étranges et j'ai eu un trou noir, alors il a dû appeler. — Ah, non, non, j'étais juste un peu dans les vapes. Je prends une cuillère de salade de papaye pour soulager ma gêne. — Pourquoi as-tu dit que c'était un amour à sens unique ? Je demande, en espérant que ce n'est pas trop indiscret. Au moins, je ne demande pas qui c'est. La question devrait aller. — Eh bien... parce que la personne ne le sait pas. Sinon ce ne serait pas un secret. — Et pourquoi cette personne ne le sait pas ? continué-je à demander. — Je ne lui ai rien dit. Comment pourrait-elle le savoir ? Mork plisse les yeux sur moi, comme s'il pensait que j'étais un sombre idiot pour demander de telles sottises. — Ehhh, elle ne devrait pas s'en rendre compte sans que tu aies besoin de le dire ? objecté-je. — Alors, dans ce cas, elle est probablement très naïve ou… Il fait une pause et me regarde fixement. — …Peut-être qu'elle le sait mais fait semblant de ne pas le savoir, pour éviter d'avoir à se soucier de ce que je ressens à son égard. Sur ce, il hausse les épaules et transperce un morceau de poulet grillé avec sa fourchette et le pose dans son assiette. — Tu cogites trop. Je prends aussi un morceau de poulet grillé. — Qui pourrait faire ça ? — Doc, je ne suis rien d'autre qu'un conducteur de moto-taxi. Mork coupe le poulet et en prend une bouchée. — Qui voudrait d'un petit ami moto-taxi ? Je pose mes ustensiles, me sentant un peu vexé. — Je t'ai dit de ne pas parler comme ça. Tu n'es pas 'rien qu'un mototaxi'. C'est seulement que tu es encore un mototaxi pour le moment. Ne te dévalorise plus comme ça. Je lui fais un froncement de sourcils sérieux pour lui faire comprendre que je ne suis vraiment pas ravi de ces propos. — Je déteste quand tu te rabaisses. Mork pose ses ustensiles et lève ses mains en signe de capitulation. — Whoaaa, doc, du calme. Je suis désolé. Tellement désolé. Je capitule. Je ne le dirai plus jamais. — Promets-moi, alors ! Je répète avec un regard sévère. — Je le promets, docteur. A partir d'aujourd'hui, je dirai immédiatement que je suis un mototaxi. Je ne me rabaisserai plus. Mork me fait un sourire malicieux et boit dans son verre. — Tu es d'une sévérité effrayante, doc. — Crois-moi, tu n'as pas encore vu le plus effrayant de moi. Ça, c'est juste un peu léger, dis-je en ricanant. — Alors, j'ai de la chance ! rit-il aussi. Mais honnêtement, je ne peux pas imaginer que quiconque puisse un jour m'aimer à nouveau. Je ne pense même pas que je puisse vraiment m'aimer moi-même. — Ça n'a pas d'importance que les autres t'aiment ou pas, Mork. Ne comprends-tu pas que si tu ne t'aimes pas, tu dois devenir une meilleure personne, ou au moins répondre à tes propres attentes. — Répondre à mes propres.... attentes ? I l prolonge sa phrase comme s'il était plongé dans ses pensées. — Je pense que je m'aimerais plus si... j'avais plus d'éducation. Au fond de moi, je regrette d'avoir quitté l'université pour venir travailler à Bangkok. J'ai été aveugle. — C'est facile à réparer. Reprends tes études, alors. Je hausse les épaules devant le problème simple de Mork. — Doc, regarde mon visage. Je suis si vieux, qu'est-ce que je peux étudier ? Si je passe un certificat d'études supérieures, je devrai m'asseoir parmi les jeunes. Ils me demanderont : "Loong, que fais-tu dans notre classe ?" Il rit à moitié en plaisantant. Je lève les yeux au ciel. — Mork, tu as oublié quelque chose ? Je suis plus vieux que toi, mec ! Mork secoue la tête. — Ne nous compare pas. Tes camarades d'étude ont le même âge que toi. Le proverbe qui dit que personne n'est trop vieux pour apprendre est peut-être valable, doc. Mais en réalité, c'est un peu gênant de devoir s'asseoir en classe avec des jeunes, non ? — Quand je suis devenu étudiant en médecine. J'avais 15 ans. Je commence à lui raconter mon histoire. — Et alors ? Il lève les sourcils d'un air interrogateur. — J'étais le plus jeune nouvel étudiant en médecine cette année-là. L'étudiant le plus âgé avait trente-trois ans. — Trente-trois ans ? Et il s'est intégré aux jeunes camarades de classe ? Je hoche la tête. — Et il étudiait très bien. En plus de cela, il a pris le rôle de grand frère pour tout le monde. Quand on avait des problèmes, on se tournait vers lui pour avoir des conseils.Surtout quand on était découragé, on s'asseyait et on parlait avec lui.Finalement, il a été diplômé avec nous et maintenant il suit une formation spécialisée en chirurgie. — Crois-moi. Mork. Personne n'est jamais trop vieux pour apprendre. J'insiste à nouveau. — Merci, doc, dit-il en souriant. Je vais y réfléchir. — Réfléchis et fais-le aussi, mec ! — Oui, monsieur...dit-il en faisant de nouveau un geste d'abandon. Ok, j'ai peur de toi maintenant, doc. Le téléphone de Mork sonne et il regarde l'écran. Son visage s'illumine apparemment, ce qui me rend curieux de savoir qui l'appelle. Il répond au téléphone. — Ça va ? ... Uh-huh. Oh, vraiment ? Oui, bien sûr. Bien sûr, ouais. Ouais. Il prononce beaucoup de oui et c'est drôle. — J'ai hâte d'y être. Puis, il raccroche et me fait un sourire. — Doc... Dans les prochains jours, tu devras rouler avec P'Fueang. Je vais prendre quelques jours de repos. ………… — Et alors ? Nadia lève les sourcils vers moi. — Eh.... tu ne trouves pas ça étrange ? Je suis assez déçu. Je pensais que si je racontais l'histoire à Nadia, il me comprendrait. — Étrange ? Qu'est-ce qu'il y a d'étrange ? Je suis confus. Ou bien as-tu omis une partie de l'histoire ? Nadia a toujours l'air perplexe, ne comprenant pas où je veux en venir. Allez, je commence à en avoir marre de mon pote. — C'est étrange que tout à coup, il y ait eu un appel téléphonique mystérieux, et que Mork ait eu l'air apparemment enjoué, puis qu'il ait disparu. Il ne vient pas travailler, même encore aujourd'hui, on est déjà samedi. Il a dit qu'il prendrait quelques jours de congé. Ça fait presque une semaine, pourquoi n'est-il pas encore revenu ? — Ou peut-être que… Mork est parti en voyage avec la personne qu'il aime secrètement. Nadia lève les yeux au ciel. — Tawan, allô, réveille-toi ! Sois crédible. Il a dit que c'est un amour à sens unique. Il ne l'a pas encore dit à la personne, non ? Pourquoi serait-il si chanceux de pouvoir soudainement partir en vacances avec elle ? Terminant son commentaire, Nadia aspire son café à la paille. — Ton esprit est tellement embrouillé, Tawan. Nadia a raison. J'essaie d'arrêter le désordre de mes pensées pour le moment. Mais c'est difficile. Chaque fois que je suis libre, mon esprit ne cesse de revenir sur le problème de la disparition de Mork. — Oh, et où est passé Mr. Barista ? — Je ne sais pas. Il ne l'a pas dit. Je sens qu'il y a un soupçon de frustration et d'appréhension dans la voix de Nadia. — Eh, il ne t'a pas dit où il allait ? demandé-je. — Non, il ne l'a pas fait. Et pourquoi devrait-il me le dire ? Ce n'est pas comme si nous étions en couple. Le dialogue est si parfait, comme s'il sortait tout droit d'une histoire d'amour d'un roman pour adolescents. Je suppose que Nadia a répété cela pendant longtemps, au cas où quelqu'un soulève la question, faisant en sorte que cela roule sur sa langue si doucement et naturellement. — Je pensais que vous sortiez déjà ensemble. Je hausse les épaules. — Puisqu'il ne l'a pas encore dit, je ne serai jamais assez fou pour le supposer et me faire de faux espoirs. C'est tellement évident, son ton porte un soupçon de blessure par manque d'attention... En fait, ce n'est pas seulement un soupçon, c'est apparemment un sentiment de blessure. Dommage, c'est moi qui écoute, pas le vrai Mr. Mayom. Une fois que nous ne savons plus quoi dire, le café, qui est très animé et bruyant, devient soudainement étonnamment silencieux. — Après ça... tu vas quelque part ? Grâce à Nadia, la situation semble s'alléger avec le changement de sujet, nous délivrant de ces émotions étrangement lourdes. Je hausse les épaules. — Je ne sais pas, tu veux aller faire un tour ? Nadia secoue la tête. — e suis de service, mon chéri. Tu as oublié ? Je te l'ai dit tout à l'heure. Oh... C'est vrai. J'ai oublié. — Alors je suis encore tout seul aujourd'hui. — Hein ? Et P'Por ? — Il rentre à la maison. Même avec une réponse aussi succincte, Nadia a compris. Si P'Por dit "rentrer à la maison", cela signifie que c'est un moment familial. Il va rentrer chez lui pour voir ses parents, dîner ensemble, et soit revenir tard dans la soirée, soit passer la nuit avec ses parents. C'est un accord entre nous, je ne veux pas m'immiscer dans son temps familial. — Alors, pourquoi ne rendrais-tu pas visite à Mork chez lui ? Si tu veux savoir, il suffit de le voir pour le découvrir, suggère Nadia. — Ehhhh, est ce que ça ira ? Bien que je dise ça, c'est... une option très intéressante. — Hey, Tawan, je peux dire quelque chose de franc et sans tact avec toi sur ce sujet ? — Nadia, quand diable as-tu déjà fait preuve de tact avec moi sur quoi que ce soit ? Parmi tous mes amis, tu es le seul à n'avoir jamais été PAS franc. — Très bien, alors...continue Nadia en croisant ses bras devant sa poitrine. Je pense que le sentiment étrange que tu as eu quand Mork t'a dit qu'il avait le béguin signifie que ton cœur s'est serré. Et il s'est serré parce que tu te sens jaloux ou protecteur envers lui. — Hé, pas moyen, argumenté-je automatiquement. Je ne me sens jamais comme ça avec Mork. — Oh, ouaiiis ? Si vous n'êtes qu'amis, quand ton ami dit qu'il aime quelqu'un, tu seras heureux pour lui. Mais ton visage le dit, tu es jaloux. Et tu te sens jaloux parce qu'au fond, tu l'aimes secrètement. — Pas du tout ! Je hurle, faisant tourner quelques têtes des autres clients. — Je ne l'aime pas secrètement, pour de vrai ! Je baisse la voix pour que ça reste entre nous deux. — Pfff, continue à te dire ça ! Nadia croise les bras et lève un sourcil vers moi comme un patron. — Je suis ton ami depuis la première année, alors que nous avons à peine fini d'être de jeunes et stupides lycéens. Je peux lire toutes sortes d'émotions sur ton visage. Je connais peut-être mieux que toi tes expressions faciales. Je te le dis ! Je reste silencieux. Je n'ai pas vraiment de réplique pour ça. Franchement, je suis d'accord avec lui. J'ai seulement trop peur de l'admettre, car j'ai déjà un petit ami. — Mais j'ai déjà P'Por. Aller chez Mork, c'est un peu... — Pfft, Tawan, ton P'Por a son propre moment à lui, n'est-ce pas ? Je hoche la tête en guise de réponse. — S'il peut avoir son temps privé sans que tu t'incrustes, alors pourquoi ne peux-tu pas avoir ton putain de temps privé à dépenser comme tu veux aussi ? C'est évident que tu veux voir Mork. Alors, va le voir ! Terminant cela, Nadia fait un geste de la tête vers ma tasse de café vide. — Tu as fini ton café. Il n'y a plus d'excuse pour traîner ici. Va voir Mork. Vas-y maintenant. Si tu veux savoir, tu dois demander. Si tu veux le voir, va le voir. — Euh... réponds-je nonchalamment. Ok, je vais y réfléchir. Nadia me fait un roulement de yeux épique. — Arrête d'y penser, enfoiré. Vas-y tout de suite. C'est un ordre ! Je dois céder, en riant. — Eh bien, au début tu étais dans l'équipe P'Por. Pourquoi es-tu maintenant dans l'équipe Mr le conducteur-Mork ? Je le taquine. Mais il pousse un très long soupir en secouant la tête... — Tawan, tu te trompes. Je n'ai jamais été dans l'équipe P'Por. Et je ne suis pas non plus dans l'équipe Mr le conducteur-Mork. Il n'y a qu'une seule équipe que j'encourage, et c'est la tienne. L'équipe Tawan. Son ton est si ferme que j'arrête de rire. — Quoi et qui que ce soit que tu aimes et tant qu'ils sont bons pour toi, je les soutiendrai toujours. Mais si quelque chose est louche, je me tairai, sauf si tu veux mon avis. Alors, je parlerai franchement. Je pense à tout le temps où nous avons été amis. C'est vrai, Nadia a toujours fait ça. Je me suis toujours senti chanceux de l'avoir comme meilleur ami. Mais aujourd'hui, après qu'il ait dit ça, je me sens très, profondément, et extrêmement chanceux parmi les plus chanceux d'avoir un tel meilleur ami. — Par conséquent, Tawan,conclut-il, il n'y a rien de mal à passer ton temps libre, pendant le jour que P'Por déclare être son jour personnel, pour voir un ami que tu as envie de voir. Si tu veux savoir où Mork est allé ou ce qu'il fait, va jeter un coup d'œil. C'est simple. — Merci, Nadia. Je me lève de table. — Vas-y. Et n'oublie pas de me raconter tout ça plus tard. Nadia remue un sourcil tout en me faisant signe de la main. Ok..... J'ai décidé. Je vais rendre visite à Mork chez lui. Mais... il y a un problème. Où. Est. La maison de Mork. ? ……… — Bonjour, P'Fueang. Vous savez où habite Mork ? Je suis de retour au même endroit, le kiosque de mototaxi au début de cette rue. Par chance, l'homme que je cherche est là aujourd'hui. P'Fueang est la seule personne à qui j'ose demander ce genre d'information. — Bien sûr, je sais. Sa maison est un atelier de réparation de motos à côté. Tout le monde dans cette station sait où c'est, répond-il. Bref, tu ne travailles pas aujourd'hui, doc ? Dans cette tenue, je ne peux pas dire que vous êtes docteur. On dirait plutôt un étudiant universitaire. — Haha, merci. Les docteurs ne travaillent pas en permanence. Aujourd'hui, j'ai un jour de congé. — Et pourquoi tu demandes à propos de la maison de Mork ? Voici venir... l'inévitable question. À laquelle je ne sais pas comment répondre... — Ummm... Je bredouille tout en essayant de trouver une bonne excuse. — Tu veux voir Mork, doc ? P'Fueang me pose une question directe qui me laisse pantois un instant. Mais il a raison, je veux le voir. C'est la vérité. Et ce n'est pas étrange pour des amis de se voir, pourquoi ai-je essayé de trouver une excuse au lieu d'être honnête ? — Ouep, c'est vrai. Je veux le voir. Il a été absent pendant tant de jours. Je réponds honnêtement. — Hehhh, il vous manque ? Il me taquine mais je ne donne pas de réponse à cela. — Parce qu'il a soudainement dit qu'il ne conduirait pas pendant quelques jours. P'Fueang, vous savez pourquoi ? J'esquive sa question, sans y répondre par oui ou par non. — Je sais pourquoi.....mais je pense que vous devriez aller le voir, et vous comprendrez. Allez, docteur, montez et je vous y emmène. Quand il le dit comme ça, ça pique encore plus ma curiosité. Il me tend un casque. Je le prends et l'enfile avant de m'installer sur le siège passager. Quelle que soit la raison, je la découvrirai bientôt. ……….. La maison de Mork n'est pas loin de la station de mototaxi, à deux rues de là. La façade de sa résidence est en fait un garage pour motos. Peut-être parce que c'est dimanche, le magasin semble vide et tranquille. Je me retourne et paie le prix de la course à P'Fueang avant d'entrer. Le magasin sent fortement l'huile de moteur. — Salut, P'. Qui est-ce que tu cherches ? Une petite voix me salue. Je baisse les yeux et découvre un adorable garçon qui semble avoir environ quatre ou cinq ans. — Um.... Je cherche Mork. Est-ce que Mork est à la maison ? Je réponds en souriant. Il est si mignon et son visage me semble familier, comme si je l'avais déjà vu auparavant. Oh, attendez... Non, je ne l'ai jamais vu avant. Mais ce garçon... ressemble à Mork. — Oh, ok. Il hoche la tête. Ensuite, il se tourne et crie. "Papa ! Quelqu'un ici te cherche, papa." Notes :1/ Indra - Une divinité dans l'hindouisme et le bouddhisme. Comme il s'agit d'une divinité qui réside au ciel, "avoir une entrevue avec Indra" est une expression familière très répandue qui signifie "s'assoupir sur terre en voyant la divinité dans le rêve".) Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 16 Mork — Je t'ai entendu, okayyy. Qui est là si tôt dans la journée ? . Je m'avance en grognant vers le devant du magasin, je viens de me réveiller. D'habitude, je me réveille tôt le samedi quand je travaille, mais j'ai pris un congé aujourd'hui parce que ce lutin a fait tout le chemin depuis Chumphon pour me rendre visite. J'ai pris un jour de repos pour pouvoir passer beaucoup de temps avec lui. La nuit dernière, j'ai veillé tard pour jouer avec lui, alors ce matin, je suis encore dans les vapes.
— Dépêche-toi, papa. Il attend déjà depuis longtemps.
Le lutin me presse encore plus. Il est si énergique. Hier soir, nous nous sommes couchés un peu avant 2 heures du matin, et il s'est tout de même réveillé plein d'énergie tôt ce matin, comme s'il avait remplacé sa batterie par une toute neuve. Alors que moi, je suis tellement endormi que mes yeux menacent de se fermer en permanence, mes jambes titubant pour m'amener à l'avant du magasin.
— Qui est là pour me voir ?
Je me frotte les yeux et regarde à contre-jour.
— Euh. Mork. C'est ton fils ?
Hmm... Une voix familière.
Je frotte mes yeux et regarde à nouveau attentivement.
Oh zut, c'est Tawan.
— Ehhhh ? Docteur !
C'est tout ce que je peux dire. Mes yeux plissés d'avant sont maintenant grand ouverts. Toute la somnolence qui pesait sur mes paupières a été effacée et remplacée par la stupeur.
Est-ce le vrai Tawan ? Ou suis-je encore en train de rêver ? Comment peut-il me rendre visite un samedi matin ?
— Oui, Mork, c'est moi. Tu ne m'as pas encore répondu, c'est ton fils ?
Tawan baisse la tête pour regarder le lutin qui s'accroche à sa jambe.
— Quand as-tu eu un bébé ? Ne me dis pas que tu as eu un bébé avec ton ex dont tu as parlé l'autre jour ?
— Beurk, doc, nan, doc. Hé bien ! Euh, c'est un malentendu !
Je bafouille avec désespoir pour corriger cela et me penche pour récupérer le petit garçon, le décollant de la jambe de Tawan. Mon "fils" se familiarise trop facilement avec les gens. Il s'est soudainement accroché à la jambe d'un étranger parce que celui-ci a l'air adorable. Est-ce que mon trait de caractère a déteint sur lui ?
— Comment cela peut-il être un malentendu ? Ce garçon t'appelle papa. Comment pourrais-je l'interpréter autrement ?
Outre les mots, Tawan a aussi un air un peu boudeur qui me fait frémir. Il ne fait pas si froid ce matin, mais l'expression de son visage lorsqu'il me fixe me fait froid dans le dos.
— B...B...bien, doc, euh, attends. Ce n'est pas tout à fait ça. Je peux t'expliquer. Mais d'abord, as-tu dit bonjour au docteur ? Allez, dis bonjour, fais-le correctement.
Je souligne la dernière phrase pour rappeler les bonnes manières au lutin que je porte.
— Bonjour, Monsieur le Docteur.
Il fait lentement un salut thaïlandais puis se retourne pour me demander avec un regard effrayé.
— Papa, est-ce que le docteur va faire une piqûre à Khai ?
Tawan détend son visage boudeur et éclate de rire en tapotant le lutin sur la tête.
— Je ne te ferai pas de piqûre. Ne t'inquiète pas.
Et il tend les mains pour montrer qu'elles sont vides.
— Regarde, pas d'aiguille. Je ne vais pas te faire de piqûre.
Je tourne la tête pour embrasser le petit garçon sur la joue.
— Tu vois ? Le docteur n'est pas là pour te faire une piqûre. Tu n’as aucune raison d’avoir peur.
— Mais Puu(1) dit que si Khai n'écoute pas, le docteur fera une piqûre à Khai.
Ah, c'est donc de là que vient le problème. Oncle, pourquoi toi !? Ne fais pas peur aux enfants comme ça. Je vais devoir lui parler. Trouve autre chose pour effrayer les enfants, arrête d'utiliser les médecins et les vaccins. Ou ils auront peur des médecins.
Je secoue la tête et le dépose sur le sol.
— Oh, c'est vrai, alors dis à Puu que le docteur est venu nous rendre visite, donc s'il te plaît prépare une portion supplémentaire de petit déjeuner, il mangera avec nous.
— Ok papa.
Le lutin confirme d'un signe de tête et se précipite vers l'arrière de la maison.
Un de moins... mais ce n'est pas encore fini. Il en reste encore un.
Je lève les yeux et rencontre le regard silencieux de Tawan, son visage ne montre aucune émotion mais l'ambiance générale est encore plus effrayante que tout à l'heure quand il boudait.
— Alors, tu as un fils ? Comment ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu n'as pas voulu me répondre.
Oooh ! Je lève les mains en signe de reddition, et si j'avais un drapeau blanc, je le lèverais aussi. Je n'avais pas remarqué que Tawan pouvait être aussi redoutable quand il affiche un visage impassible.
— Je vais le faire, je vais le faire. Je dois juste attendre que le petit soit parti avant. Je ne veux pas le dire devant lui.
Je tourne la tête pour regarder vers l'arrière de la maison afin de m'assurer qu'il est vraiment parti, avant de me tourner à nouveau vers Tawan.
— C'est le fils de mon frère aîné.
— Hmm ? Le fils de ton frère aîné ?
Tawan lève les sourcils.
Je me retourne pour prendre mon portefeuille. Je suppose que cela nécessite de raconter toute l'histoire.
— Doc, allons acheter du café au 7-Eleven. Je t'expliquerai en chemin.
………….
Nous sommes allés à la supérette à deux rues de chez moi. En fait, c'est assez loin et habituellement je prends ma moto. Mais aujourd'hui, ça m'a semblé court. Je n'ai pas fini de parler à Tawan du petit Khai, jusqu'à ce que nous soyons presque rentrés à la maison.
— Oh... C'est vrai ? C'est pour ça qu'il t'appelle papa.
Il hoche la tête en guise de confirmation.
— Oui, doc. Donc c'est comme si j'avais un beau-fils.
— Et est-ce que ton frère....uh, désolé. Je n'aurais pas dû demander.
Tawan s'excuse précipitamment mais je secoue la tête parce que ça ne fait rien.
— Ne t'inquiète pas, doc. Tu peux demander. Mon frère ne vient pas à la maison pour s'occuper de Khai. Il envoie de l'argent parfois, il n'abandonne pas vraiment son fils. C'est juste qu'il a maintenant une nouvelle famille et que sa femme est enceinte depuis peu.
Je maquille un peu la réalité. Mon frère envoie peu d'argent. Disons presque pas d'argent du tout. C'est ma mère qui paie tout pour élever Khai. Heureusement, notre famille possède une usine de traitement du bois et a un peu d'argent. Même si ce n'est pas beaucoup, élever un neveu n'est pas un gros problème.
Mais je le comprends en quelque sorte. Pas tout, mais une partie. Je sais qu'il est déjà difficile pour les gens comme moi de gagner leur vie au quotidien et de se nourrir suffisamment pour avoir l'énergie de travailler le lendemain. Même avec une moto et un travail, c'est toujours difficile pour moi. Je ne peux pas imaginer les difficultés de mon grand frère, qui a quitté l'école après la troisième et n'a pas d'emploi stable.
— Envoyer seulement une aide financière n'est pas suffisant pour un enfant, proteste Tawan.
Tawan a le droit de le faire. Mais il a grandi dans une bonne famille et peut ne pas comprendre. Il a ses deux parents, un grand frère et un petit frère, tous ont fait des études jusqu'au niveau universitaire. Il a grandi dans une famille aimante et chaleureuse. Il ne comprendrait pas le sens du mot "manque".
Ce n'est pas quelque chose que l'on peut facilement expliquer avec des mots.
Il est différent de moi. J'ai grandi avec, donc je peux le sentir, je peux le comprendre.
Je ne peux que hocher la tête en signe d'accord. Il est parfois difficile d'expliquer à quelqu'un notre point de vue sur la vie. Même si nous augmentons la distance de marche à dix fois la distance aller-retour de ce 7-Eleven, il pourrait ne pas comprendre. Il faut vivre ensemble pour le voir.
— Khai sait qu'il a un père, cependant. Quand il lui rend visite, Khai l'appelle papa.
Je me tourne vers le doc et lui souris avant d'ajouter :
— Mais il ne le serre pas dans ses bras.
— Eh....peut-être que Nong a l'impression d'être un étranger.
J'aime beaucoup quand il désigne les enfants par le mot "Nong". J'ai souvent entendu dire que lorsque les médecins voient un patient enfant, ils les appellent tous "Nong". C'est charmant. Surtout quand la personne qui le dit est Tawan, c'est très mignon. Ça me donne l'impression qu'il fait partie de ma famille.
— Peut-être... Pour Khai, je suis son papa, et le papa est celui qui joue avec lui. Chaque fois que je rentre à Chumphon, je l'emmène faire des activités, je reste près de lui et je passe tout mon temps avec lui. Et ma mère est sa Mae Ya(2), la personne qui l'élève. Son monde n'a que nous, Mae Ya, papa, et deux Puu - Loong et Ar.
— Mae Ya ? Cela semble étrange. A la fois une mère et une grand-mère ? Totalement différent de Mae Yai(3), observe-t-il.
— Hahaha ! C'est juste que ça ne te semble pas familier, je suppose. Quand Khai a emménagé pour vivre avec ma mère, je ne savais pas comment il devait l'appeler. Nous aurions pu simplement dire 'Ya' mais les enfants ont besoin d'une maman. Alors finalement, c'est devenu 'Mae Ya' à la place.
Au début, cela m'a semblé étrange à moi aussi. Mais c'est moi qui ai inventé ce mot pour que Khai puisse appeler ma mère. J'ai l'impression que ma mère est plus que sa grand-mère, l'appeler juste Ya ne serait pas juste. Et un enfant devrait avoir quelqu'un à appeler maman, non ? Je ne sais pas. C'est comme ça que je l'ai vu.
— Khai a grandi avec sa Mae Ya. D'autres personnes pourraient penser que c'est étrange d'entendre ce mot. Ce n'est pas familier. Mais pour Khai, c'est le mot de son quotidien. Doc, si tu avais grandi avec ce mot, tu ne trouverais pas ça bizarre. Mais tu l'as entendu pour la première fois aujourd'hui, alors tu penses que c'est bizarre.
C'est comme quand j'ai déménagé à Bangkok. Certains mots utilisés par les Bangkokiens me paraissaient bizarres. Mais c'était simplement parce que je ne les avais jamais entendus auparavant. Ces mots ne sont pas étranges, ils ne sont juste pas familiers. C'est seulement qu'ils ne font pas partie de ma vie quotidienne. Une fois que je les aurai entendus plus souvent, et que je vivrai avec, ils feront un jour partie de ma vie.
Les mots et les gens sont pareils…
Avant, Tawan était une personne étrange à mes yeux.
Qui n'était jamais monté sur le siège passager d'une moto ? En plus de cela, il était si curieux et inquisiteur que je ne voulais pas conduire pour lui une deuxième fois.
Mais nous nous sommes rencontrés si souvent, passant progressivement du statut d'étrangers à celui de connaissances, puis d'amis. Et depuis quand a-t-il emménagé dans mon cœur sans que je ne m'en rende compte...... ? Je n'arrive pas à le chasser de mon esprit.
— Je suppose que tu as raison, acquiesce Tawan. Mais je n'avais pas réalisé que tu étais un gars du sud. Je ne t'ai jamais entendu parler en dialecte sudiste.
Il change de sujet.
— Eh bien, je peux parler un peu le dialecte du Sud. Mais Chumphon n'est pas si loin au sud, donc les gens parlent à la fois le thaï central et le dialecte du sud. En général, seuls les gens du sud, à partir de Nakhon Si Thammarat et plus loin parlent davantage le dialecte du sud.
— Ahh, c'est pour ça.
Il se tourne et sourit.
— Désolé de faire irruption chez toi. Je pense que j'interfère dans les activités de ta famille avec Nong Khai.
Je rigole.
— Non, hahaha ! Pas du tout, doc. Je suis désolé de ne pas te l'avoir dit en détail et d'avoir juste disparu. Mais…
Je fais une pause et le regarde dans les yeux.
— …Je ne m'attendais pas à ce que tu sois assez préoccupé pour venir me voir après que j'ai disparu pendant quelques jours.
Tawan détourne le regard et change de ton.
— Euh, eh bien..... Tout à coup, un ami a disparu, je n'ai pas pu m'empêcher d'être inquiet. De plus, tu as dit que tu ne serais parti que quelques jours, mais ça fait presque une semaine. Alors j'ai pensé que quelque chose avait pu se passer.
Je ne veux pas me faire de faux espoirs, mais j'ai l'impression qu'il y a une pointe de gêne dans sa voix.
Puis il se tourne vers moi, fronce les sourcils et me demande.
— Pourquoi ? Je ne peux pas penser à toi avec inquiétude ?
'Tu peux, mais je préférerais que tu penses à moi avec jalousie.'
Dans ma tête, cette déclaration résonne fort, mais je me mords la langue et m'empêche de la dire à voix haute. Nous n'avons pas besoin de dire tout ce que nous pensons. En revanche, nous devons réfléchir à tout ce que nous allons dire. C'est ce que le vieux moine m'a appris. Je laisse sa question en suspens et fais comme si de rien n'était.
— Eh bien, doc, puisque tu es là…
Je change de sujet en ouvrant la porte de ma maison.
— …reste et prends le petit-déjeuner avec nous. Ne pars pas tout de suite.
— Ça te dérange pas, Mork ? J'ai déjà assez empiété sur ton temps libre.
Il semble réticent mais me suit quand même dans la maison.
Je secoue la tête.
— Non, doc. Loong et Ar vont m'engueuler s'ils apprennent que tu viens me rendre visite et que je te laisse partir sans t'inviter à manger. De plus, Khai semble beaucoup t'apprécier. Il te rencontre pour la première fois et s'accroche déjà à ta jambe. Si tu n'es pas pressé, reste un peu et joue avec lui.
— Ok... Tu as de la nourriture pour moi ? Je dois admettre que j'ai faim, haha. J'ai fait une ronde tôt ce matin et je n'ai rien bu à part du café.
— On n'a que du riz bouilli ordinaire, doc, dis en remuant les sourcils. Mais je te garantis que c'est délicieux et que ça ne ressemble à aucun autre riz bouilli que tu as déjà mangé.
— Oh... Pourquoi cela m'a-t-il rendu plus effrayé qu'excité ?
Tawan me regarde d'un air dubitatif.
Bah ! C'est tellement adorable. Je suis tellement tenté de le tapoter sur la tête mais il y a une ligne à ne pas franchir. En fait, ce n'est pas seulement une ligne mais un mur, un mur que je ne pourrai jamais franchir.
Je tiens ma main immobile derrière moi.
Je ne franchis pas le mur pour tapoter sa tête.
Ce n'est pas ma place. Ce n'est pas mon droit.
— Bahaha ! C'est comestible, doc. N'aie pas peur, Ar Dej est un bon cuisinier. C'est juste qu'il n'utilise pas les recettes standards que l'on voit habituellement. Tu vas adorer, je te le promets.
Comme je me le suis répété.
C'est déjà plus que ce que tu pouvais demander, Mork.
………….
— Mange encore, doc, mange beaucoup. Tu travailles si dur, alors tu dois aussi manger beaucoup, tu sais ?
Ar n'attend pas de réponse, il remplit immédiatement le bol de Tawan avec plus de son mélange spécial de riz bouilli, la recette unique de notre garage familial. En regardant Tawan, je remarque qu'il mange très vite. Tout à l'heure, alors que j'étais à la moitié de mon premier bol, Tawan avait déjà terminé le sien. Il devait être sérieux quand il disait avoir faim.
— Eh, Ar, tu n'as même pas demandé s'il en voulait encore. Et s'il n'aime pas ton riz bouilli ?
Je taquine Ar mais il m'ignore et continue de remplir le bol de Tawan.
— Merci.
Tawan ne refuse pas l'offre. Il continue à engloutir la nourriture dans sa bouche. Wow, il a un gros appétit, c'est déjà la troisième fois.
— C'est tellement délicieux. Je n'ai jamais essayé le riz bouilli cuit avec des œufs battus mélangés dedans avant.
— Ouais haha, j'ai mis tous les ingrédients du frigo dedans, doc. C'est samedi, donc on doit liquider tous les restes. Dans cette famille, on mange n'importe quoi.
Il semble heureux du compliment. Je le complimente tous les jours, mais il n'a jamais l'air aussi heureux. Quand c'est un compliment de Tawan, il a l'air ravi.
Pendant ce temps, Loong quitte la table pour aller chercher et préparer les pilules d'après repas pour lui et Ar. J'ai l'habitude de voir ça, mais aujourd'hui, j'y pense soudainement, je me demande si j'aurai quelqu'un qui s'occupera de moi et préparera des pilules pour moi comme ça quand je serai vieux.
— Papa, papa, n'oublie pas ta promesse.
Khai se lève de sa chaise et tire sur le bout de ma chemise. Je me penche pour le soulever avant de le poser sur mes genoux.
— Okayy, je ne l'oublie pas. Tu es rassasié, non ? Va te laver, et ensuite papa t'emmènera faire une promenade.
Je lui fais un petit bisou sur la joue. Il acquiesce et se précipite au deuxième étage.
— Nong peut se laver tout seul ? demande Tawan.
— Oh, bien sûr, docteur. Les enfants de la campagne doivent prendre soin d'eux, répond mon oncle me volant la vedette. S'ils s'assoient et attendent que les autres les lavent, ils devront attendre éternellement, parce que nous avons tous les mains occupées.
— Khai peut se laver et mettre des vêtements tout seul, doc, confirmé-je. Il peut aller au lit tout seul, aussi. Pas besoin d'être bordé, non plus.
— C'est adorable. Obéissant et facile à vivre. Les enfants que j'ai vus jusqu'ici ne sont pas du tout comme ça. Oh, où vas-tu l'emmener ? demande Tawan en se tournant vers moi. Parc à thème, zoo, ou magasin de jouets ?
Je secoue la tête.
— Nanhhh, doc. Les enfants de la campagne n'ont pas vraiment envie d'aller dans un parc à thème ou d'acheter des jouets. Et je l'ai déjà emmené au zoo. Aujourd'hui, je vais l'emmener faire un tour en métro.
— Hmmmm ? Juste un tour en métro ?
Tawan fronce les sourcils de manière interrogative et c'est drôle.
— Ouais, doc. Juste un aller-retour en métro. Peut-être que tu ne comprendras pas, mais pour les enfants de la campagne, un voyage en train est leur rêve. En prendre un peut déjà leur apporter tant de joie.
Je pense à moi quand je suis arrivé à Bangkok. Voir le Skytrain était une expérience incroyable. J'ai même acheté un billet et j'ai fait des allers-retours toute la journée et cela me rendait déjà heureux.
— C'est agréable d'être enfant... Monter dans un train suffit à les rendre excités et heureux, contrairement aux adultes. Nous avons trop de choses à penser, ça nous fait oublier comment trouver le bonheur dans les choses simples qui nous entourent.
Le ton de Tawan change un peu. Je pense qu'il ne le remarque pas lui-même. Moi, par contre, j'écoute attentivement et je sens clairement qu'il a quelque chose en tête en le disant. Une fois de plus, je dois me retenir de tendre la main pour lui tapoter la tête, et c'est plus difficile que la dernière fois...
— Doc, tu es libre aujourd'hui ?
— Hum... oui. Pourquoi ?
Je touche son épaule... L'endroit le plus éloigné que je puisse atteindre.
Je ne peux pas atteindre son coeur... L'épaule est l'endroit le plus proche que je puisse atteindre.
Mais j'apprendrai à me satisfaire de cela.
— Tu veux monter dans le train avec moi juste pour t'amuser ?
…………….
— Allez, Khai, compte à rebours maintenant. Le train va bientôt quitter le tunnel.
Je relève le lutin et le laisse regarder à travers la fenêtre pour avoir une meilleure vue.
— 5 4 3 2 1
Avant même que le compte à rebours n'atteigne un, le train sort du tunnel et monte pour s'approcher de la station Tao Poon. C'est un moment excitant, non seulement pour un enfant comme Khai, mais aussi pour un adulte comme moi. Je me sens si excité lorsque, sur son rail en pente, le train remonte progressivement le tunnel souterrain vers la station aérienne.
— Whoaaa, c'est la première fois que je prends le train pour la gare de Tao Poon !
Je ne suis pas le seul adulte à être excité à ce sujet. Je me tourne pour regarder Tawan et je réalise qu'il est collé à la fenêtre, regardant dehors avec autant d'excitation que Khai. J'essaie de cacher le sourire qui menace d'apparaître sur mon visage en voyant une chose aussi attachante. Je dois me rappeler activement que Tawan est plus âgé que moi, car il a parfois un côté plus enfantin que moi.
— Khai, tu aimes les trains ?
Tawan se tourne pour parler avec le petit gars que je porte.
— Oui, P'Mor (4).
Khai s'entend très bien avec Tawan, même s'ils ne se sont rencontrés que depuis peu. Mais fils, pourquoi l'appelles-tu P' ? Il est en fait plus âgé que ton papa ! Tu devrais l'appeler Docteur Loong.
— Et tu aimes les motos ? Ton papa conduit une moto, continue de demander Tawan.
— Oui, acquiesce Khai. Mais ce train est plus grand. Khai aime les grosses voitures, les gros trains.
Mon petit garçon penche la tête pour me regarder.
— Papa, tu peux conduire la rame de métro ?
— 'Non, je ne peux pas. Une personne comme moi ne peut conduire que....ops !
Je ne peux pas finir ma phrase car Tawan me donne un coup de coude, ce qui me fait sursauter. Il me lance aussi un regard noir.
Oh, c'est vrai, je lui ai promis "ça".
— Hum…
Je réarrange les pensées dans ma tête pour une nouvelle réponse.
— Papa ne peut pas encore conduire le train. Pour le conduire, papa devra en apprendre un peu plus.
Je regarde à nouveau Tawan et il sourit en retour en hochant légèrement la tête. Il a raison. En apparence, c'est la même réponse, mais quand j'utilise "encore" ou "pas encore", ça sonne beaucoup plus positif. — Alors, quand l'apprendras-tu, papa ?
Le petit gars insiste, ses yeux pétillent soudainement.
— Je me demande aussi. Quand ton papa étudiera-t-il et en apprendra-t-il plus ?
Tawan profite de l'occasion pour intervenir. Bien qu'il se penche pour parler avec Khai dans mes bras, ce qu'il dit semble être destiné à moi plutôt qu'au lutin.
— Khai, veux-tu monter dans le train que ton papa conduit ?
Tawan ne me laisse pas partir facilement... Il va plus loin. Owww, ce satané docteur.
— Oui, s'il te plaît.
Khai hoche frénétiquement la tête.
— P'Mor vient avec moi. Prends le train que papa conduit.
Tawan sourit et ébouriffe les cheveux de Khai.
— Bien sûr, P'Mor montera avec toi.
Puis il me regarde dans les yeux. "P'Mor attend aussi que ton papa étudie davantage. Quand est-ce que ça commence, hmm ?"
— Uh…
Je les regarde tour à tour. Mince, comment répondre à ça ?
— Oh... d'accord ! Et si papa attendait que Khai aille à l'école primaire en premier ? Sois gentil et écoute les professeurs, et apprends beaucoup, puis papa étudiera aussi. D'accord ?
— Mais... l'examen exige une matière en anglais. Je suppose que je vais avoir besoin de P'Mor pour me faire des séances de tutorat.
Je croise le regard de Tawan. C'est maintenant à son tour d'être entraîné dans cette histoire. Haha !
— C'est quoi le tutorat, papa ?
Oh, j'oubliais qu'un garçon de son âge ne connaît généralement pas le mot tutorat.
— Tutorat, c'est enseigner.
Tawan lui donne une réponse avant que je puisse le faire.
— Es-tu sérieux ? Si je deviens ton tuteur d'anglais, promets-tu de reprendre tes études ?
Son ton devient immédiatement joyeux. Tawan est si facile à lire. Son ton et ses expressions faciales semblent être directement reliés à son cœur. (Je ne sais pas avec certitude s'il y a quelque chose qui relie le cœur d'une personne à son visage). La "gentillesse" est son charme. Il se soucie de tous ceux qui l'entourent et il est toujours prêt à se réjouir ou à s'attrister de ce qu'une personne lui dit au cours d'une conversation.
Bien que je ne le connaisse pas depuis longtemps, je peux le sentir...
On se sent vraiment bien quand on décide de faire quelque chose de bien pour soi et que quelqu'un est heureux pour nous.
Je remue les sourcils et lui montre mes dents dans un sourire. "J'ai assez d'économies pour poursuivre mes études et j'y ai réfléchi comme tu l'as dit. Je pense que pour m'améliorer, je devrais faire des études supérieures. Je pense que je vais m'orienter vers un certificat d'aptitude professionnelle élevé, mais ça demande un peu d'anglais. Et je ne suis pas doué pour ça, doc."
La rame de métro s'arrête et ouvre ses portes. Je me lève et porte Khai dans mes bras.
— Si je promets de continuer à étudier, tu m'aideras, doc ?
— Bien sûr ! C'est facile. Laisse-moi trouver des manuels d'anglais et nous pourrons commencer les séances de tutorat.
Il est d'accord. Bien que m'enseigner l'anglais semble être une mince affaire, pour moi, le sourire qu'il affiche en disant oui peut figer le temps. J'ai l'impression qu'il n'y a que nous deux dans ce monde.
— Khai va apprendre de P'Mor, aussi. Khai veut apprendre avec vous.
Le petit gars prend la parole et brise complètement mon moment magique. Allez ! Je n'arrive pas à croire ce sacré petit lutin.
Je tends une main pour ébouriffer ses cheveux.
— Khai, tu dois d'abord t'améliorer en thaï.
— Ben voyons, papa, Khai a déjà appris tout l'alphabet thaï !
— Ce n'est pas encore suffisant. Continue à t'entraîner jusqu'à ce que tu puisses lire facilement en thaï, et alors tu pourras apprendre de P'Mor.
— Mais Khai veut apprendre maintenant.
— Nan, c'est au tour de papa d'apprendre en premier. Tu pourras apprendre plus tard.
— Pourquoi, papa, tu veux garder P'Mor pour toi tout seul ?
— ..........
Euh, c'est vrai, est-ce que j'agis de cette façon ? Je me tourne pour regarder Tawan. Ai-je le droit de souhaiter le garder pour moi tout seul ? Je ne pense pas avoir le droit d'être jaloux de qui que ce soit autour de lui, pas même de Khai, le garçon qu'il a rencontré pour la première fois aujourd'hui. Je n'ai pas le droit d'être jaloux à propos de Tawan.
— Nan.
Je souris à mon garçon.
— Papa veut te garder. Papa a peur que Khai l'aime plus que moi.
— Aww, papaaaa !
Il me serre dans ses bras.
— Papa est celui que Khai aime le plus. Khai aime P'Mor aussi mais pas autant que papa. Ok, Khai ne veut pas apprendre de P'Mor. Papa, va apprendre et reviens pour enseigner à Khai.
— Awwww, fais un câlin à P'Mor aussi !
Tawan proteste d'une voix de bébé à Khai, alors il se détourne de moi pour faire un câlin à Tawan à la place. Il prend en charge la fonction de porteur tout en se tournant pour me demander.
— C'est quoi la suite ? Aller sur la ligne violette ?
Je hoche la tête.
— Puisqu'on est déjà là, autant faire toutes les lignes.
Je me dirige vers le guichet.
— On dirait qu'on est les deux papas de Khai, tu ne trouves pas ?
Le docteur me suit de près, Khai dans les bras.
Ce commentaire me fait me retourner pour le regarder.
— Tu penses qu'on ressemble à ça, doc ?
— Uh-huh. Oui. Nous sommes deux hommes qui se relaient pour porter et jouer avec un garçon. Donc n'importe quel passant penserait que nous sommes un couple gay avec un enfant. Nous dégageons ce genre d'atmosphère.
Je me mords la lèvre inférieure, en essayant de ne pas sourire d'une oreille à l'autre.
Je n'ose rien dire, car si je cesse de me mordre la lèvre, le sourire l'emportera.
— Papa, P'Mor, allons-y. Prenons le train de la ligne violette.
Khai a été remis sur le sol et court maintenant devant nous. Il saute sur place devant les escaliers qui montent vers le quai du train. Je le suis et tiens une de ses mains, mais il ne veut pas me suivre dans les escaliers au début.
— P'Mor, tiens ma main aussi s'il te plaît, dit-il.
Je regarde Tawan.
Tawan sourit, se précipite vers nous et prend l'autre main de Khai en me regardant droit dans les yeux.
— Tu vois, je t'ai dit que nous sommes comme une famille de deux papas et un fils.
Encore une fois, ce sourire arrête le cours du temps pour moi.
Et maintenant, je ne peux plus y résister. Je détends mes lèvres, qui ont été pincées en une ligne droite, et je laisse le sourire prendre le dessus. C'est un sourire qui vient directement de mon cœur. Vous savez que parfois nous devons nous dire de sourire pour la caméra. Mais ce sourire est un sourire qui vient directement de mon cœur. (Encore une fois...... je ne sais pas si le cœur et les lèvres sont réellement connectés.)
— Oui, doc, si tu dis qu'on en a l'air, je pense que oui. Deux papas, un fils.
Et on se sourit l'un à l'autre.
Tout en tenant la main du petit garçon, en montant les escaliers du métro.
Je sais que cela va rendre les choses encore plus difficiles pour moi à l'avenir.
Mais pour quelqu'un qui n'a pas le droit d'espérer ou d'être jaloux...
Je peux supplier pour ça ? Juste pour aujourd'hui, pendant que nous passons du temps ensemble dans le train. Je veux être une famille de "deux papas et un fils" avec Tawan.
Et je ne vais jamais supplier pour autre chose. Je veux juste... créer un souvenir précieux comme celui-ci.
Notes :1- Désigne un grand-père ou un grand-oncle du côté paternel de la famille. 2-Peut être traduit par " Mamie Maman ". Un mot composé de deux termes de filiation thaïlandais, Mae (mère) et Ya (grand-mère paternelle). Bien que dans cette histoire, Mork invente le mot, il existe dans le dialecte thaï du nord et signifie grand-mère paternelle ou mère du mari. 3-Un mot composé du centre de la Thaïlande, couramment utilisé pour désigner la mère de sa femme. "Yai" signifie une grand-mère maternelle. 4-Les enfants s'adressent ou se réfèrent parfois à une personne en utilisant un terme honorifique ou de parenté ainsi que la profession de la personne. Par exemple, P'Mor ( grand frère docteur), loong Mor ( oncle docteur), Pa mor ( tante docteur), ou Khun Mor (Mr/Ms docteur, qui est également utilisé par les adultes). Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
Date d'inscription : 01/07/2024
| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 17 Tawan — Je me suis tellement amusé aujourd'hui. Merci, Mork.
— Bah, c'est moi qui devrait te remercier, doc. Tu m'as appris beaucoup d'anglais aujourd'hui.
Je suppose qu'il a raison...
Mork a un niveau débutant en anglais. Il peut épeler des mots, mais pas beaucoup plus. Pendant mes deux premières années d'université, j'avais l'habitude de gagner de l'argent supplémentaire pour des voyages avec des amis en travaillant comme professeur d'anglais pour des lycéens qui préparaient les examens d'entrée à l'université. Ce n'était pas aussi difficile que d'enseigner à Mork, car ces élèves connaissaient une bonne partie des bases.
Mais ce n'était pas non plus aussi agréable que d'enseigner à Mork. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui soit aussi désireux d'apprendre que lui. Même dans la soirée, il était encore totalement éveillé et concentré, c'est moi qui ai failli m'assoupir plusieurs fois.
Aujourd'hui, après le tour en métro, nous avons commencé le cours d'anglais de base et l'avons poursuivi tout l'après-midi. Nous nous sommes assis dans la chambre de Mork au troisième étage de sa maison, le garage pour motos. Nong Khai n'a cessé de jeter un coup d'œil furtif jusqu'à ce qu'il s'endorme en fin d'après-midi, nous laissant étudier seuls tous les deux.
Au début, j'avais imaginé que sa chambre serait désordonnée et sale comme celle d'un conducteur de moto lambda (j'espère que cela ne semble pas grossier, c'est juste qu'ils semblent être du genre à ne pas faire attention à la propreté). Mais sa chambre est en fait très bien rangée et ne comporte que peu de meubles. Tout est à sa place. Franchement, c'est même plus propre que ma propre chambre.
Aujourd'hui, nous avons utilisé l'un des livres d'apprentissage de l'anglais de base de Cambridge. Nous nous sommes arrêtés au Central Westgate Mall (sur le chemin du retour en empruntant la ligne violette) où je l'ai acheté pour lui. Au début, il n'arrêtait pas de dire qu'il devait l'acheter lui-même, mais j'ai insisté et lui ai dit de m'inviter à dîner à la place, et il a accepté.
Nous étions tellement plongés dans les leçons qu'il faisait nuit avant même que nous nous en rendions compte. Les deux aînés avaient déjà préparé le dîner avec des plats délicieux, que j'ai mangés à ma faim. Cela signifie que j'ai passé toute la journée avec Mork. Nous avons ensuite révisé un peu de son vocabulaire après le repas. Et maintenant, mon chauffeur à moto bénévole me dépose à mon dortoir.
— Merci doc, tu m'as appris beaucoup d'anglais aujourd'hui.
— Considère ça comme un remerciement pour m'avoir emmené faire une visite touristique.
— Ce n'était pas vraiment du tourisme. On n'a fait que tourner en rond dans le métro, j'avais peur que tu t'ennuies.
Mork rit de bon cœur, en montrant ses dents. Je me souviens très bien de cette marque de fabrique. Chaque fois que je pense à son visage, je vois son large sourire, avec ses dents.
Je secoue la tête.
— Non, j'ai beaucoup apprécié.
Il sourit.
— Je suis content que ça t'ait plu. Ah, doc, je pense que tu devrais retourner dans ta chambre et dormir un peu.
— Maintenant tu m'envoies au lit ?
Je simule une voix en colère.
— Il est tard, doc. Ou tu as faim et tu veux qu'on aille au resto de nuit ensemble ?
— Mehhhhh ! Pas moyen. Le dîner chez toi était déjà suffisant pour inonder mon pharynx.
— Pharynx ? Qu'est-ce que c'est ?
Je ris.
— Ma gorge. Je voulais dire que j'ai tellement mangé que ça me remonte jusqu'ici. Je suis tellement gavé.
— Ok, doc. Alors…
Il sourit, les lèvres serrées l'une contre l'autre.
— Je vais rentrer chez moi maintenant. Dors bien et fais de beaux rêves !
Je hoche la tête.
— Conduis prudemment, Mork. Fais de beaux rêves.
Il retourne à sa moto, démarre le moteur et s'en va. Avant de prendre le virage de la rue, il se retourne et me fait un nouveau signe de la main, comme s'il savait que je suis toujours là pour le voir partir. Je lui fais signe en retour et je regarde jusqu'à ce que son feu arrière disparaisse avant de rentrer dans le dortoir.
Ce matin, avant de me rendre chez lui, j'étais incertain.
Mais là maintenant, quelques heures avant la fin de la journée...
Je suis sûr..
Je craque pour Mork..
………….
— Nadia, où es-tu ?
Je tape le message et l'envoie. Il est minuit mais je suis sûr qu'il est encore debout, quelque part dans l'hôpital, car les lumières de sa chambre étaient éteintes quand je suis passé devant.
En vérifiant les nouveaux messages sur mon téléphone, il n'y a aucune mise à jour de P'Por, ce qui est habituel car il est rentré chez lui. Je sais qu'il disparaît toujours complètement de ma vie quand il rentre chez lui. Pas d'appels téléphoniques, pas de messages, comme si chacun de nous était tombé dans son propre puits privé.
Je n'existe pas pour lui et il n'existe pas pour moi. Comme si nous vivions dans des dimensions différentes. Je m'y suis habitué et je n'ai pas envie d'en parler.
Avant, je pensais que c'était merveilleux, que c'était le type de relation entre adultes, chacun faisant confiance à l'autre. Pas de chichis, mais on se laisse une sorte d'espace personnel.
Mais est-ce vraiment le cas ? Nous franchissons chacun la porte de notre propre dimension, coupant temporairement toute connexion entre nous. Lui et moi étions d'accord sur ce point. Pas de message. Pas de communication. Pas de suivi. Parce que nous avons confiance l'un en l'autre... Mais est-ce vraiment le cas ?
N'est-ce pas parce que nous nous en fichons tout simplement ?
Nous ne nous soucions pas de savoir où va l'autre, ce qu'il fait et avec qui.
Nous ne nous soucions pas de savoir si oui ou non il est en fait rentré chez lui.
Il y a une ligne claire, nette et évidente.
La ligne qui marque la différence entre faire confiance et ne pas se soucier.
Et nous devrions tous la voir clairement.
Si la ligne est tellement énorme, comme la taille d'un terrain de football, lorsque nous nous tenons au milieu entre l'intérieur et l'extérieur, nous pouvons ne pas nous en rendre compte, car nous ne pouvons pas voir le bord. Parfois, nous pouvons penser que nous nous trouvons à l'intérieur du terrain, mais non, nous sommes en fait à la limite. Pensez à ce qui se passe lorsque vous vous tenez sur une montagne. Vous ne pouvez pas voir la forme de cette montagne. Vous devez la regarder de loin pour percevoir sa véritable forme.
Si nous ne savons pas si nous faisons confiance ou si nous nous désintéressons simplement, cela peut signifier que nous nous trouvons sur la ligne de démarcation entre les deux.
C'est mon deuxième doute, auquel je n'ai pas encore trouvé de réponse. Alors que mon premier doute est maintenant levé. J'aime bien Mork. Et cela mène au deuxième doute que j'essaie de résoudre maintenant. Je ne sais pas si je fais confiance à P'Por, ou si je ne me soucie pas vraiment de lui...
Parce que si je suis amoureux de lui et que je suis dans une relation sûre avec lui, que nous nous aimons, que nous nous faisons confiance et que nous sommes dévoués l'un à l'autre, alors pourquoi y a-t-il une place pour Mork dans mon cœur ? Ne sommes-nous pas censés aimer une seule personne à la fois ? Alors que des pensées confuses se bousculent dans ma tête, un message sonore me sort de ma transe.
— Je suis de garde, tu ne peux pas t'en souvenir, salope ? répond Nadia.
Oh, c'est vrai. Comment ai-je pu oublier ?
— Désolé, j'ai complètement oublié.
Je tape une réponse.
— Ouais et tu as disparu toute la journée. Tu as oublié ta promesse de me tenir au courant après avoir rendu visite à Mork ? Tu t'es évanoui de la terre toute la journée et tu n'es réapparu qu'à minuit, hein ? Au moins, je n'ai pas eu besoin de te convoquer en allumant des bâtons d'encens.
Aïe, Nadia et son interminable flot de messages. Je me demande combien de doigts il a, à taper comme s'il en avait mille.
— Hé, on s'appelle ? Trop paresseux pour taper.
C'est tout ce que je peux répondre. Je suis trop dans les vapes.
Au milieu de mon expiration, mon téléphone sonne et je réponds.
— Désolé, j'ai été occupé toute la journée et j'ai oublié de te donner des nouvelles. Oh, mais... tu m'as appelé tout de suite, tu es libre ? Je pensais que c'était une garde intense ce soir.
Je me souviens que le service de pédiatrie comporte deux sections, l'USIN (unité de soins intensifs pour les nouveau-nés) et l'USIP (unité de soins intensifs pour les autres enfants) et le service général. Ce soir, Nadia est de service à l'USIN qui est censée être très animée.
— Aussi animé qu'un marché aux puces. Mais j'aurai toujours le temps pour des ragots juteux.
Sa réponse est sans surprise.
— Bref, qu'est-ce que tu as trouvé en allant voir Mork aujourd'hui ?
— Euh...rien.
J'essaie de garder un ton neutre.
— Comment ça rien ? Tu as dit qu'il avait disparu. Alors où était-il pendant tout ce temps ?
— Le fils de son frère aîné est venu de Chumphon, alors Mork a pris des congés pour promener son neveu. Alors aujourd'hui, on a fait du tourisme... toute la journée.
Je baisse la voix à la fin de la phrase, en espérant que cela puisse aussi diminuer le niveau de culpabilité que je ressens dans mon cœur pour être sorti avec un gars qui n'est pas mon petit ami.
— Tawannnnnnnn ! Tu es allé à un rendez-vous avec lui ? Et ce n'est pas juste un rendez-vous ordinaire. Vous aviez un enfant avec vous. C'est une scène familiale. Salope, c'est génial comme tout !
Le cri de Nadia est si fort que je dois tenir le téléphone loin de mon oreille. Si l'USIN avait des bébés dans le coma, la voix de Nadia les aurait réveillés.
— Shhhh ! Baisse d’un ton. D'autres personnes vont t'entendre ! le réprimandé-je.
— Personne n'entendra. Je suis dans la salle de repos au fond du service
Il répond d'un ton qui ressemble plus à celui d'un homme qui se détend sur la plage qu'à celui d'un employé d'un hôpital. Il n'a pas du tout l'air fatigué.
— Nadia, j'ai quelque chose...
— Oh, une seconde, Tawan. J'ai un appel de l'hôpital.
Il me met en attente, tout en répondant sur l'autre ligne. Et soit c'est une coïncidence, soit quelqu'un l'a orchestré, la musique d'attente est la chanson de Tata Young, "I Need the Both of You".
Euh...attends, qui sur terre utilise encore un service de musique d'attente de nos jours ?
— Hey.
Nadia est revenu sur ma ligne.
— C'est bon si on parle plutôt demain ? Je dois prendre en charge ce nouveau-né, c'est une respiration de caca.
D'accord, c'est un cas urgent. Ce qu'il a dit fait référence à une aspiration de méconium, ce qui signifie qu'il y a une inhalation de méconium dans les poumons. C'est une situation critique et urgente en médecine néonatale.
— Très bien, vas-y. Le patient est plus important. Retrouvons-nous au café demain, après la visite de service.
— Um... Au café ? Ok. A plus.
Son ton se fane brusquement à la mention du café. Et je me souviens soudain que ce fichu M. Barista, le futur petit ami de Nadia (peut-être), est parti depuis plusieurs jours.
— Il n'est pas encore revenu ? lui demandé-je, inquiet.
— Peu importe, ce n'est pas grave. Je vais aller voir mon patient. Au revoir.
Et il raccroche.
Je suis pathétique. Je ne pensais qu'à moi et j'ai complètement oublié que mon ami avait aussi des soucis. Que je suis terrible !
Très bien.
Demain, quand on se verra, je lui offrirai un café et lui demanderai comment il va. Laisse-le parler de ses problèmes d'abord, puis je partagerai les miens.
L'univers a peut-être arrangé les choses pour chacun, mais si nous ne prenons pas soin de ce qu'il nous donne, nous pouvons finir par le perdre. Et une fois perdu, l'univers pourrait ne pas nous envoyer de substitut, qui sait ? Ce que nous recevons pourrait être la dernière part que l'univers a en réserve pour nous. Donc, nous devrions faire de notre mieux pour garder les meilleurs amis que nous avons.
Demain matin, j'écouterai d'abord le récit de Nadia.
Après cela, ce sera mon tour de lui raconter mon histoire.
Et ensuite, nous devrions pouvoir nous aider mutuellement à trouver ce qu'il faut faire ensuite.
J'éteins les lumières et me prépare à aller me coucher.
Mon téléphone portable émet un bip, m'informant d'un message...
Je le prends et je regarde.
Instinctivement, je m'attends à ce que ce soit de Mork, me disant qu'il est arrivé chez lui en toute sécurité. Mais... non.
C'est un message Facebook d'un utilisateur inconnu, dont la photo de profil est laissée en blanc, et sans autres détails.
Le message est si choquant que mon cœur bat incontrôlablement plus fort et plus vite.
"Bonjour Nong, je vais aller droit au but. Tu es utilisé comme un substitut en ce moment.
Por et moi sommes toujours comme ça. On s'éloigne l'un de l'autre quand les problèmes surgissent. Parfois pendant plusieurs mois. Mais on ne se sépare jamais pour de bon. On s'éloigne seulement l'un de l'autre. Et à chaque fois, Por a un nouveau jeune amant, comme toi. Il a tendance à leur dire qu'il est célibataire. Il se sent seul facilement, alors quand je ne suis pas là, il a besoin de quelqu'un d'autre pour garder son lit chaud.
Mais laisse-moi te dire, quand on se réconcilie tôt ou tard, son nouvel amant est toujours jeté.
Ce n'est pas la première fois que ça arrive. C'est arrivé souvent, et ça s'est toujours terminé de la même façon. Lui et moi nous remettons ensemble, et le nouvel amant est laissé brisé, attristé, et ensuite hors du tableau.
D'habitude, je me fiche de ces jeunes amoureux. Je laisse Por s'occuper de chacun d'entre eux tout seul. Mais tu es adorable. Beau gosse, bon profil. J'ai de la peine pour toi car tu ne sais pas que tu es son amant secret provisoire. Je n'ai jamais tendu la main à aucun d'entre eux avant. Mais tu es si adorable à mes yeux que je veux t'aider. Tu peux penser que je suis sarcastique, mais je n'ai rien à gagner ou à perdre dans cette affaire.
Mon conseil, éloigne-toi de P'Por. C'est mieux pour toi de le quitter. N'attends pas qu'il te largue. Cette scène récurrente de la pièce ne s'est jamais bien terminée avec aucune de ses autres aventures. Por ne sait pas comment mettre fin à une relation. Il ne peut pas demander gentiment une rupture sans aggraver vos blessures.
Je voulais bien faire."
...Quel est ce message de merde...
P'Por... et son petit ami...... Quoi ?
C'est quoi ce message ? Quel amant temporaire ?
Je ne suis qu'un substitut, c'est ça ?
…………….
— Bonjour..... Tawan, woaw, il est si tard dans la nuit. Est-ce que tu vas bien ?
P'Aim répond à l'appel dès la première sonnerie. Au départ, j'avais prévu de raccrocher immédiatement après la troisième sonnerie, car cela signifierait qu'il dort. Heureusement pour moi, il est toujours éveillé.
— Salut, P'Aim. Comment vas-tu ? Toujours debout ?
Je commence par les salutations standard, en tournant autour du pot.
— Hé, Tawan, dis-moi juste ce qui te tracasse. Ta voix te trahit. Je suis là pour toi, et je ne vais pas encore me coucher.
Il agit toujours comme le senior mentor et le psychiatre. C'est pourquoi je l'admire. Depuis que nous sommes étudiants en médecine, lorsque nous, les plus jeunes, avons des problèmes, la première personne à laquelle nous pensons est P'Aim. Il y a eu des moments où je n'ai pas consulté ma famille comme P'Saengtai ou mes parents, mais où je me suis tourné vers P'Aim à la place.
Alors, j'ai commencé à tout lui dire. Et par tout, je veux dire tout, tout ce qui concerne P'Por et moi, Mork, et le message de la mystérieuse personne qui me provoque une insomnie, m'obligeant à déranger P'Aim au téléphone à presque 1 heure du matin.
Au début, je ne sais pas comment commencer, mais une fois la première phrase prononcée, tout coule comme si ma bouche était un barrage brisé. En racontant mon histoire, je commence à réaliser que j'ai en fait beaucoup de problèmes compliqués en tête, beaucoup plus que je ne le pensais. Je ne l'aurais pas découvert si je ne m'étais pas confié à lui.
— Journée difficile pour toi, on dirait.
Bien que je n'entende que sa voix à l'autre bout du fil, je peux sentir son léger sourire et sa douce expiration. Si nous étions assis face à face, il me regarderait avec la gentillesse d'un grand frère.
— Hum. Assez dur, je suppose, P'Aim, réponds-je. Que dois-je faire ? Je suis totalement perdu en ce moment.
— Tawan, sais-tu pourquoi tu es perdu ?
Il répond par une question, marque de fabrique d'un psychiatre.
— Je ne sais pas... Peut-être que c'est parce que... il y a beaucoup de problèmes, je suppose ?
— C'est vrai, Tawan. Pour faire simple, un court brin de corde ne peut s'emmêler que dans quelques nœuds. Mais une fois que vous avez regroupé quatre ou cinq longs brins et que vous les avez jetés au hasard dans votre poche, lorsque vous les ressortez, ils peuvent s'emmêler en dix millions de nœuds, hahaha !
P'Aim me donne une analogie très claire.
— Ta confusion est accablante car tu rencontres plusieurs problèmes, enfin, ce ne sont pas exactement des problèmes, disons des questions. Un problème donne l'impression qu'il faut trouver sa solution, alors nous ferions mieux de l'appeler une question. Il y a tellement de questions qui t'entourent maintenant, et pour les traiter, tu dois les traiter comme des cordes à démêler.
— Ce qui veut dire que je dois les démêler une par une ?
J'essaie de deviner.
Il glousse.
— Non, Tawan. Le démêlage sera la prochaine étape.
— Eh... Alors, quelle est la première étape ?
Je suis perplexe. Que devons-nous faire d'autre avant de démêler les cordes si nous voulons les démêler ?
— Tu dois examiner et voir combien de brins il y a dans le pêle-mêle. Déterminer combien de couleurs, combien de brins pour chaque couleur, et s'il y a deux ou plusieurs brins de la même couleur. Peux-tu imaginer ? Parfois, il y a beaucoup de brins de la même couleur, et tu pourrais te tromper et mal assortir une extrémité et une autre extrémité d'un brin différent. Et tu finiras par ne pas réussir à démêler celui-ci, car bien qu'ils aient la même couleur, ils appartiennent à des nœuds différents. Tu dois analyser... combien il y a de fils.Tu dois analyser... combien de questions il y a. Trier les questions et voir quel type de résultat final elles requièrent. Tu dois les étiqueter, quelle question a besoin d'une réponse, laquelle a besoin d'une décision, laquelle a besoin d'être acceptée, laquelle a besoin d'être pardonnée, et enfin, quelles questions tu vas simplement laisser tomber parce qu'elles n'ont rien à voir avec toi.
...C'est comme si quelqu'un illuminait la pièce sombre dans laquelle je suis assis...
Certaines questions nécessitent des réponses.
Certaines questions nécessitent des décisions.
Certaines questions nécessitent le pardon.
Et certaines questions sont hors de notre contrôle.
— Je ne peux pas te donner de réponse, Tawan, ce n'est pas ma propre vie.
La chaleur de sa compassion se déverse sur moi en même temps que la voix à l'autre bout du fil, je sens que mon senior mentor est bienveillant à mon égard.
— Mais je peux te donner une ligne directrice qui dit que tout dépend de toi. Si tu dois faire un choix, demande-toi si tu t'aimes suffisamment au moment de prendre cette décision. Si tu ne peux pas répondre à cette question, tu devrais réévaluer la voie que tu choisis. Tous les problèmes de ce monde peuvent être résolus en s'aimant soi-même.
— Pourquoi ça, P'Aim ?
J'ai l'impression de le comprendre, mais je n'arrive pas encore à saisir tout le concept.
— Parce que si tu t'aimes suffisamment, tu ne te mettras pas dans une situation où tu t'apitoieras sur ton sort. Crois-moi, je suis passé par là. Le pire sentiment, c'est quand tu dois t'apitoyer sur toi-même.
— Exact.
On dirait qu'il sait que j'ai besoin d'entendre ça.
— Oublie d'aimer quelqu'un d'autre pour le moment. Concentre-toi sur le fait de t'aimer toi-même d'abord. Parfois, cela suffit à résoudre tous les problèmes, Tawan. Et si tu as besoin de plus d'aide de ma part, tu es le bienvenu pour appeler à nouveau. Pour l'instant, je pense que tu devrais aller dormir. Il est presque une heure et demie.
— Je suis désolé de t’avoir dérangé si tard dans la nuit, P'Aim.
— Ce n'est pas grave. Si tu es préoccupé et que tu ne viens pas me voir, je serais en colère.
Il rit doucement mais j'ai l'impression qu'il bâille.
— Fais de beaux rêves, P'Aim. Merci beaucoup.
— Souviens-toi, aime-toi, Tawan. Fais de beaux rêves.
Très bien, alors...
Trouvons combien de fils il y a dans le fouillis.
Après ça, je les démêlerai simplement un par un.
Plus important encore, je dois me rappeler ce qu'il m'a dit.
— Est-ce que je m'aime assez ?
……………..
— Bonjour, docteur. Vous vous êtes couché tard hier soir ? me dit le patient du premier lit de la salle d'observation.
— Oh salut, vous avez l'air en forme aujourd'hui. Il est déjà temps de rentrer à la maison, je suppose.
Ignorant son commentaire, je lis son dossier patient dans le classeur. Il a été admis à l'hôpital en raison d'un syndrome de sevrage alcoolique. Je m'approche et vérifie ses réflexes pour réévaluer son système nerveux. Tout semble être revenu à la normale. Il peut répondre correctement à toutes les questions.
— Très bien, alors, je vais vous laisser rentrer chez vous. Et comme vous avez réussi à arrêter de boire, continuez comme ça et arrêtez définitivement.
Dans son cas, les antécédents médicaux indiquent qu'il est entré et sorti plusieurs fois de l'hôpital pour un syndrome de manque et des convulsions dues à une intoxication alcoolique.
— 'C'est facile, docteur. Je suis un pro de l'arrêt de la boisson. J'ai arrêté de boire plusieurs fois. Pas de soucis.
— Euh, vous n'apprenez pas de vos erreurs, n'est-ce pas ? Vous avez été admis à l'hôpital trop de fois déjà.
— Awww, docteur, oui j'ai appris. Mais parfois je ne pouvais pas résister.
J'ai posé son dossier.
— Vous êtes venu ici de nombreuses fois et vous ne vous en êtes toujours pas sorti. Peut-être que vous devez visiter l'unité de soins intensifs avant de finalement apprendre de vos erreurs et commencer à vous contrôler, hahaha.
— Je pense aussi, docteur. Mais maintenant que j'y pense. Je pense que cette fois-ci est vraiment ma dernière. Pourquoi devrais-je attendre d'être aux soins intensifs pour comprendre ?
— Génial ! Tenez-vous en à ce que vous dites.
Je ramasse le dossier pour le lit suivant tout en pensant à ce qu'il vient de dire. Pourquoi attendre que ce soit si grave qu'on nous envoie aux soins intensifs, alors qu'on ferait mieux d'arrêter avant que ça arrive ?
Et pour P'Por et moi, alors ? Doit-on y mettre fin maintenant, ou dois-je attendre que la douleur m'envoie aux soins intensifs avant d'y mettre fin ? ... Ou dois-je faire ce que ce message m'a conseillé ? Me retirer et m'éloigner progressivement de lui.
Franchement..... Je ne sais même pas si c'est la vérité. Ça pourrait venir de quelqu'un qui a de mauvaises intentions à mon égard. Ou même si c'est vraiment de l'ex-petit ami de P'Por, comment puis-je lui faire confiance ? Pourquoi devrais-je faire confiance à un étranger plutôt qu'à mon propre petit ami ?
La nuit dernière, j'ai continué à y penser encore et encore, en essayant "d'analyser les fils" et de voir combien il y en a dans combien de couleurs, comme P'Aim l'a conseillé. C'est un grand fouillis, mais au moins j'ai maintenant trouvé à quel problème m'attaquer en premier. J'ai besoin de savoir si c'est vrai ou non.
Ensuite, ce sera le point de départ d'autres décisions et de réponses entre moi, P'Por, et cette mystérieuse personne. Quant au sujet de Mork et moi, ainsi que les sentiments entre nous, c'est encore flou. C'est aussi important, mais de moindre priorité. Je devrais m'occuper des questions les plus urgentes d'abord, une par une.
— Les cas dans cette pile sont à libérer, s'il vous plaît.
Je remets les dossiers des patients à l'infirmière au comptoir. Ils sont disposés en deux piles, une pour ceux qui peuvent rentrer chez eux et une pour ceux qui doivent rester pour des traitements supplémentaires.
— Tawannnnnn ! Prête-moi ton épaule. Je ne peux pas supporter ça plus longtemps !
Je me retourne et vois Nadia qui entre par la porte de la salle, sa voix le précède. Il a l'air complètement crevé, comme s'il n'avait pas dormi un seul instant... Ce qui est très probablement le cas, comme on peut s'y attendre dans une unité de soins intensifs néonatals. Avant de raccrocher hier soir, il a dit qu'il y avait un cas d'aspiration de méconium, ce qui, je suppose, l'a occupé jusqu'au matin.
— Bon timing. Je viens juste de finir le tour. Et toi ?
Je le salue, il se précipite sur moi et pose sa tête sur mon épaule. Nos tailles ne s'accordent pas tout à fait. Il me surplombe comme un poteau électrique, alors que je suis aussi petit qu'une borne kilométrique.
— Terminé aussi. Couveuses pleines, lits pleins. J'ai de la peine pour ceux qui sont de service aujourd'hui. Plus de couveuses et plus de lits disponibles pour les nouveaux cas maintenant.
Je lui tape sur l'épaule.
— Ne t'inquiète pas pour ça. Laisse-les se débrouiller.
En me retournant, je dis à l'infirmière.
— P', j'y vais, à plus tard.
Puis, nous nous dirigeons vers le café ensemble.
— Hey, Nadia... Je suis désolé.
Je commence alors qu'on est sur le chemin du service vers le café.
— Tu viens de t'excuser ? Mais pourquoi donc ?
— Pour t'avoir négligé. Je vous ai oublié, toi et le serveur, Mr. Mayom. Je ne me souciais que de moi.
Nadia a laissé échapper un gros soupir.
— Ehhh ! C'est rien. Espèce d'idiot. Lui et moi sommes des personnes indépendantes. Je me sens juste bizarre parce qu'il a disparu. Il n'y a rien de plus, vraiment.
Son ton et son soupir épique me disent le contraire. Cela signifie qu'il y a quelque chose. Ce n'est pas "rien" comme Nadia le prétend. En le voyant comme ça, je me sens encore plus coupable de ne pas me soucier du problème amoureux de mon ami.
— Vraiment ? Mais à chaque fois que tu parles de lui, ton expression et le ton de ta voix sont différents.
Il se tait et ignore la question. Peut-être parce qu'il a l'impression que s'il répond, sa voix va "laisser échapper" quelque chose comme je l'ai dit plus tôt.
— Il te plaît, n'est-ce pas ? Nadia.
J'ai frappé un coup direct.
— Et tu aimes Mork ?
Nadia ne répond pas, mais riposte avec la même question.
— Attends, quoi ? Ça n'a rien à voir avec le sujet !
J'objecte, remarquant le changement de ton chez moi aussi.
— Mais si ! Tu peux penser que ce sont deux choses distinctes, mais pour moi, c'est la même chose.
— Comment ? Comment est-ce que ça peut être le même problème ? Explique-moi.
— Tu dois d'abord me répondre, aimes-tu Mork ?
— Je ne devrais pas aimer Mork.
Je sais que ça ne répond pas à sa question, mais c'est la meilleure réponse que je puisse donner pour le moment.
Exact, j'en suis sûr depuis que je suis rentré de chez lui hier. Mais c'est toujours l'un des fils emmêlés dans ce gros fouillis. Tant que le premier problème n'est pas résolu, je ne le dirai jamais à voix haute. (Bien que je l'ai déjà dit hier soir en parlant avec P'Aim.)
Nadia hausse les épaules.
— Alors, moi aussi. Je ne devrais pas aimer Mayom.
— Ce n'est pas pertinent, Nadia. Je ne devrais pas aimer Mork parce que j'ai déjà P'Por. Quelle est ta raison pour dire que tu ne devrais pas aimer le barista ?
Oh, attends... Ou y a-t-il quelque chose sur Nadia qu'on ne m'a pas dit ?
— Parce que... il me rappelle un ex.
Il répond en me fixant avec des yeux dépités.
— Ton ex…
J'essaie de me rappeler.
— Attends, quoi ? Il ne ressemble pas du tout à ton ex. C'est vraiment déroutant. Comment ça se fait qu'il te rappelle ton ex ?"
— Il a été ambigu depuis qu'on a commencé à parler. Et puis il a soudainement disparu de la surface de la terre comme ça. Nous ne savions pas quel genre de relation nous avions. Nous avons discuté, nous sommes devenus proches, plus intimes que des amis. Nous sommes allés dans des endroits ensemble et nous sommes sortis ensemble. Puis il a disparu, sans rien dire. Quand il a refait surface, son Facebook contenait des photos de lui et de quelqu'un d'autre, disant qu'ils étaient allés à Phaeng Ma ensemble et qu'ils étaient très amoureux... Ce qui m'a amené à me demander, s'ils s'aiment, alors que suis-je ?
Ah... Maintenant je me souviens. Nadia a écrit une fois sur son statut Facebook, "Ils s'aiment, alors que suis-je ?" C'était quand nous étions encore des stagiaires de deuxième année. Mais à l'époque, j'étais très occupé. Je me souviens que Nadia était abattu, mais une semaine plus tard, il avait récupéré et était redevenu aussi enjoué que d'habitude, donc je n'y ai plus pensé.
— Je suis d'accord pour être détesté. Mais je veux de la clarté. Amour ou haine, relation sérieuse ou juste pour le plaisir, soyez clair. Quand quelqu'un est ambigu, c'est comme utiliser un stylo sans encre pour écrire sur du papier, tu vois ? Personne ne peut lire les mots qu'il écrit. Mais le papier garde les empreintes invisibles... Je ne veux pas être un morceau de papier avec des empreintes. Je veux de la clarté.
Nous arrivons au café.
En entrant, la sonnette de la porte nous accueille avec ses tintements habituels.
— Bonjour, Dr Tawan, Dr Nadia. Voulez-vous vos boissons habituelles ?
Eh..... Le serveur est revenu.
Le visage de Nadia se crispe dès qu'il voit Mayom. Il tourne la tête pour détourner le regard et se dirige en silence vers une table avant de s'asseoir.
Oh, wow, quelle scène de reine boudeuse fabuleuse. De mon côté, je m'approche du comptoir du café pour parler au serveur.
— Les boissons habituelles, s'il vous plaît. Et...... Bon, allez parler un peu avec Nadia... Il fait la tête à cause de vous.
Il hoche la tête.
— Je sais, docteur. Et pourriez-vous me faire une faveur, Dr Tawan ? S'il vous plaît ?
— Uh-huh, aussi longtemps que vous n'empruntez pas mon argent.
Je rigole.
— Pfft, non pas ça, doc. Je vais me dépêcher et vous préparer les boissons. Et ensuite.....puis-je avoir un petit moment en privé avec le Dr. Nadia ?
Ce qui veut dire qu'il veut que je reste à l'écart pendant qu'ils parlent face à face. Ouais. C'est compréhensible.
Je hoche la tête.
— Bien sûr. Mais faites-moi aussi une faveur, d'accord ?
— Qu'est-ce que c'est, doc ? demande-t-il.
Je baisse ma voix jusqu'à un chuchotement bien que ce ne soit pas nécessaire, car Nadia ne semble pas montrer beaucoup d'intérêt à écouter.
— Soyez clair. Que vous l'aimiez ou non. Je ne vous le reprocherai pas, mais s'il vous plaît, soyez clair à ce sujet. Je ne veux pas que mon ami souffre d'une relation ambiguë.
Il acquiesce.
— Je me suis absenté pour clarifier les choses, doc. Rassurez-vous.
Bon. Je reste au comptoir, attendant de payer les boissons et de les récupérer. Lorsque nos boissons sont prêtes, je me lève et je bois la mienne sur place sans aller à notre table. Je laisse à Mr Mayom le soin d'apporter une tasse de café chaud à Nadia. (Attends, quoi... Pas de café glacé ? Nadia ne boit habituellement que du café glacé).
En fait, bien que je sois plus loin, je suis toujours à portée de voix de leur conversation. J'ai seulement promis de leur laisser un moment en privé, ça ne veut pas dire que je ne vais pas les écouter. Bien...... Nadia est mon meilleur ami, je dois me tenir prêt et être tout ouïe au cas où il aurait besoin de moi pour un sauvetage.
— Docteur, voici votre latte extra doux.
Il pose la tasse en face de Nadia.
— Je ne bois pas de café chaud. Vous avez la mauvaise commande. Ou la mauvaise personne.
Waouh... Nadia est tellement dans le rôle du boudeur que je me demande s'il ne l'a pas répété.
— Dr. Nadia, est-ce que vous me faites la moue ?
M. Barista sourit.
— Non, je ne fais pas la moue. Je déteste juste quand vous disparaissez soudainement.
Il regarde toujours partout sauf vers le barista et la tasse de café.
— Je devais m'occuper de quelque chose. J'ai pris un cours de préparation de latte et j'ai suivi une formation pour le poste de manager.
Nadia se tourne pour le regarder.
— Et pourquoi avez-vous dû garder le secret ? Pourquoi vous ne m'avez rien dit ?
Il baisse la tête.
— Parce que je ne savais pas dans quel genre de relation nous étions. Docteur, vous êtes sorti avec moi, vous avez célébré Loy Krathong avec moi, mais vous n'arrêtiez pas de parler de types qui vous parlaient sur Facebook. Je ne savais pas quoi faire et comment me comporter avec vous.
— Donc, quand vous ne savez pas quoi faire, vous partez et disparaissez sans rien dire ?
Nadia continue de faire la moue.
— Donc, je suis allé apprendre à faire ce genre de choses, dit Mayom en déplaçant la tasse vers Nadia. Je veux de la clarté de votre part, je veux savoir ce que je suis pour vous. Et j'ai réalisé que si je veux que vous soyez clair avec moi, je dois d'abord être clair avec vous.
— Docteur, jetez un œil à votre tasse de café. S'il vous plaît ?
Son ton devient plus doux et plus tendre.
De même... l'expression du visage de Nadia s'adoucit tandis qu'il regarde le latté chaud dans cette tasse...
Le dessin sur le dessus du latté est en forme de cœur, symétrique et parfaitement beau.
— Je vous aime bien, docteur. Je vous aime beaucoup. Peu importe à quel point vous êtes efféminé. Même si vous êtes plus musclé, plus grand et plus fort que moi, je veux toujours être celui qui vous protège.
Je sais que je ne suis qu'un employé de café, mais j'ai suivi une formation de manager et un jour, j'ouvrirai mon propre magasin et bâtirai un avenir prospère. Je vous demande une chance... Voulez-vous s'il vous plaît devenir une partie de mon avenir ? "
Nadia pince ses lèvres en une ligne droite, tandis que mon cœur est sur le point de s'arrêter d'anticipation.
— J'ai craqué dès que vous avez dit que peu importe si je suis féminine, vous savez.
Puis, le visage de Nadia s'illumine d'un sourire.
— Espèce d'idiot ! Ne disparais plus jamais comme ça. Mon coeur s'est effondré.
Je note secrètement l'humidité qui se forme autour des paupières inférieures des yeux de ma meilleure amie.
Mayom secoue la tête.
— Je ne disparaîtrai plus jamais. Plus jamais. Je te le jure.
Ils se tiennent la main et Nadia me regarde par-dessus l'épaule du serveur, en me remerciant silencieusement. Je hoche la tête et soulève mon Americano glacé pour faire un geste d'au revoir en quittant le café. Je ferais mieux de les laisser avoir leur moment privé ensemble un peu plus longtemps.
Un bon ami doit savoir reconnaître le signal et quitter la scène au bon moment. Au moins aujourd'hui, j'ai réussi à me débarrasser du problème de Nadia. Quant à mes propres problèmes, il y a toujours une autre chance de les lui dire. Aujourd'hui, je préfère le laisser profiter de cette relation naissante... Nadia, je veux que tu sois très heureux.
... Ding...
Une notification de message.
Je regarde le téléphone.
“J'ai remarqué que tu as lu sans répondre.
C'est compréhensible, tu dois être confus et tu pourrais penser que ce n'est pas vrai. Si j'étais toi, je penserais la même chose. Quoi qu'il en soit, on va dire que je te tends une lampe torche, pour que tu puisses tout voir plus clairement.
Por ne t'a pas dit qu'il serait à la maison avec sa famille ? Viens le voir à la résidence. Entre dans l'appartement. Ne t'inquiète pas pour la carte et la clé de la chambre. Je les ai laissées au gardien de la copropriété, dans une enveloppe. Demande-lui les clés et vois de tes propres yeux. Tu sauras la vérité.
Considère que c'est une aide de ma part.
Mais si tu n'es pas disposé à accepter mon aide...
Je ne sais pas comment t’aider autrement.
S'il te plaît, fais-moi confiance.
Je suis sérieux.”
Ok... Allons-y.
Puisque je suis libre de toute façon.
Finissons-en une fois pour toutes.
Comme Nadia l'a dit, que ce soit bon ou mauvais, ou terrible, tout ira bien.
La seule chose qui ne va pas, c'est l'ambiguïté.
J'ai besoin de clarté, et je la verrai de mes propres yeux.
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 18 Mork — Salut ! T'es finalement revenu au boulot ?
P'Fueang me salue quand j'arrive à la station de moto-taxi.
— Bahhh, mec, mon garçon m'a rendu visite, j'ai besoin d'un peu de temps en famille aussi.
Je rigole de façon espiègle tout en regardant autour de moi. Il est encore tôt le matin, et c'est dimanche de surcroît, donc à part nous deux, la station est vide. Les autres conducteurs ne sont pas encore là, car il n'y a pas beaucoup de clients à cette heure de la journée. L'activité est plus animée à l'approche de midi.
— Oui, je comprends. Et où est le garçon maintenant ?
— Il reste à la maison. Je l'ai laissé avec Loong et Ar pour l'instant pour que je puisse aller travailler. Je rentrerai à la maison dans la soirée.
— Oh, comment c'était hier ? Le docteur est venu te voir.
Il demande avec un ton faussement curieux.
— Oh ouais, je dois justement te parler de ça. Tu savais très bien que je restais à la maison parce que le garçon était ici. Pourquoi tu ne lui as pas simplement dit ce qui se passait ? Tu as dû l'emmener jusqu'à chez moi, wow, ça m'a foutu les jetons. J'ai été pris par surprise. Heureusement que j'étais habillé correctement quand je suis sorti pour le rencontrer, sinon…
Je suis contrarié, mais il ricane joyeusement.
— Ha ha ha ! Euh, le docteur voulait te voir, je devais le faire.
— Il t'a dit qu'il voulait me voir ?
— Non, il t'a demandé, alors je me suis porté volontaire pour l'emmener chez toi, répond P'Fueang en secouant un peu la tête.
— Tu vois, il n'a pas dit qu'il voulait me voir. Tu devais simplement répondre à ses questions. C'était très facile.
— Allez, ça n'a pas d'importance. Dis-moi, il t'a vu et après ? Il est parti la nuit suivante ?
— Euh...hésité-je en détournant le regard et baissant un peu la voix. Il est resté. Toute la journée.
— T'as dit quoi ? J'ai rien entendu.
— J'ai dit qu'il était resté toute la journée. On est sortis, et il a dîné à la maison avec nous.
— Sans déconner, hah ! Tu n'as pas dit que ton garçon venait te voir et que tu voulais passer du temps en famille ? Pourquoi tu accueillerais le docteur à bras ouverts et passerais toute la journée avec lui ? Est-ce qu'il fait partie de la famille ? Ou c'est quelqu'un de spécial pour toi ?
La dernière phrase ayant l'air sournoise, il me fait un clin d'œil taquin en remuant les sourcils.
— Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? Lui dire d'aller se faire voir ?, rétorqué-je. Il a fait un détour pour me rendre visite, et je me suis dit qu'il n'avait rien de prévu, alors je l'ai invité à rester. C'est tout. Il n'y a rien de spécial.
— Ouais, rien de spécial. Juste que tu lui manquais et qu'il voulait te voir, et qu'il te manquait aussi. Alors il t'a rendu visite et est resté chez toi toute la journée et vous avez dîné ensemble.
— Nous ne sommes pas restés dans ma maison toute la journée ! Nous sommes allés nous balader dehors.
Oh, merde ! ..... J'ai craché le morceau.
— Shh, voilà, voilà. Vous êtes sortis ensemble. Traîner toute la journée comme ça, en anglais, ça s'appelle "going on a date", crétin.
— Ça suffit avec cette foutue leçon d'anglais, il n'y a vraiment rien de spécial. Que dois-je dire pour que tu me croies ?
— Peu importe ce que tu dis, Mork.
Il se lève et va chercher un verre d'eau dans la glacière avant d'en prendre une grande gorgée.
— Parce que ton visage et ta voix le prouvent. Même si tu dis que tu le détestes, le ton de ta voix me dit que tu l'aimes beaucoup.
— Je te connais sacrément bien. On roule ensemble depuis que tu as déménagé à Bangkok. Tu es comme un petit frère pour moi, même si on n'est pas liés par le sang. Comment je pourrais ne pas savoir ce que tu penses ?
Puis, il prend un autre verre d'eau, pour moi.
— Tiens, bois un peu d'eau. Tes lèvres sont sèches. Il fait chaud aujourd'hui.
J'ai bu tout le verre.
— Peut-être que j'aime vraiment le docteur.
Ça ne sert à rien de le nier, alors je lui avoue.
— Pas peut-être, tu l'aimes bien, c'est sûr.
Je plisse les yeux en le regardant.
— Tu as découvert que j'aime un mec et tu n'es même pas un peu surpris ?
— Mlle Ai, ma chérie, a été un homme. Espèce de crétin !
Il souffle par le nez.
— Ouais, c'est vrai. Mais l'apparence de Miss Ai est celle d'une femme. C'est différent dans le cas du docteur.
— Je ne viens pas de te dire que j'ai l'impression que tu es mon vrai frère, bien que nous ne soyons pas parents ?
P'Fueang s'assied à côté de moi et me donne une bonne tape sur l'épaule.
— Donc peu importe qui tu aimes et de quelle manière. Je n'ai aucun problème avec ça.
Je m'étire en fléchissant et en détendant certains muscles, puis je soupire... Ah, aujourd'hui, j'ai déjà soupiré tant de fois. Je ne suis pas comme ça d'habitude.
— Je ne peux que l'aimer, l'admirer de loin. Je ne pense pas que je lui avouerai un jour. Nous ferions mieux de rester amis. J'ai peur qu'il ne me regarde plus de la même façon si je lui dis, et que notre amitié soit ruinée.
En lui répondant, je garde les yeux sur le verre dans ma main. Je ne sais pas pourquoi, mais peut-être que je ne veux pas le regarder dans les yeux en le disant.
P'Fueang laisse échapper un soupir encore plus fort que le mien.
— Mork, tu n'as pas du tout remarqué que le docteur a des sentiments pour toi ?
— Hein, qu'est-ce que tu as dit ?
Je détourne le regard du verre pour le regarder à la place.
— J'ai dit qu'il avait des sentiments pour toi.
Il a l'air tellement sûr de lui que ça me perturbe. D'où vient cette confiance ? Il dit que Tawan m'aime bien ?
— C'est absurde. Le docteur a déjà un petit ami. De plus, il ne s'intéresserait pas à des conducteurs de mototaxi comme nous.
— Ah, tu ne me crois pas, très bien ! Mais je peux voir qu'il ne te voit pas comme un putain d'ami. Mork, tu es un crétin. Parfois tu réfléchis trop. Quand les gens tombent amoureux, le statut social est seulement un facteur parmi beaucoup d'autres. Ce n'est pas un facteur clé.
— Mais ne sommes-nous pas trop différents ? Lui et moi.
C'est comme ça que je le vois. La différence n'est pas un obstacle. Mais quand la différence est trop grande, comme c'est le cas ici, je ne peux pas dire que ce n'est pas un obstacle. Ce serait trop optimiste.
— Vous avez des différences, mais vous pouvez les réduire, non ?
— Si tu fais un effort, la différence peut devenir plus petite. Tu te souviens quand je draguais Mlle Ai? J'ai essayé d'apprendre à parler anglais. Tu as oublié ?
— Je m'en souviens. Je t'ai même dit que tu n'avais pas besoin de parler anglais. Tu pouvais parler en thaï parce que Mlle Ai est thaï. C'est juste qu'elle enseigne l'anglais.
Il acquiesce.
— Ouais, en effet. À l'époque, je trouvais qu'on était trop différents, mais je pouvais aussi travailler dessus pour me rapprocher d'elle. J'ai commencé à pratiquer l'anglais, non pas pour flirter avec elle en anglais, mais ça m'a donné l'impression que l'écart entre nous pouvait être comblé en faisant des efforts.
— Dire que vos classes sont trop différentes, c'est pour les losers, pour ceux qui ne veulent même pas essayer de faire quelque chose pour progresser. Et d'après ce que je peux dire en te connaissant. Mork...Tu n'es pas ce genre de personne. Ne redis jamais ça.
— Tu as raison. Merci, P’Fueang.
Je lui fais un salut thaïlandais. Puis, il se lève pour vérifier le tableau blanc de la station et voir qui sera là et jusqu'à quand. Pendant ce temps, je m'assois et je réfléchis sérieusement à ce qu'il m'a dit.
Ce n'est pas que je ne le sente pas. Je ne suis pas si stupide. Je sais que Tawan se sent bien avec moi et il est possible qu'il m'aime bien, ou quelque chose de ce genre. Cependant, nous savons tous les deux, c'est-à-dire Tawan et moi, que c'est inapproprié. Je suis chauffeur de mototaxi, notre statut social est trop différent. Et il a déjà un petit ami.
C'est un mur invisible, épais, qui nous sépare. Nous pouvons nous contenter de nous sourire, en transmettant une partie de nos sentiments à travers ce mur. Mais nous ne pouvons pas vraiment être ensemble et nous tenir la main. Je ferais mieux d'en être conscient, de l'accepter et de renoncer à mes sentiments. Comme la conclusion que je me suis donnée plus tôt, je préfère être son ami comme ça et continuer à le rendre heureux.
Ce qui inclut aussi... prétendre que je n'ai rien vu hier soir...
Je ne sais pas pourquoi. Mais avez-vous déjà entendu ce que les gens disent ? Les secrets se heurtent souvent à ceux qui ne veulent pas savoir. Je me souviens l'avoir entendu dans une série dramatique. Je suis surpris de me souvenir de ce genre de choses. C'est peut-être parce que je n'étais pas d'accord au début, me demandant comment les secrets peuvent nous tomber dessus quand on ne veut pas savoir. Mais maintenant, c'est à moi que ça arrive.
Hier soir, après avoir déposé Tawan, je me suis arrêté au 7-Eleven du carrefour pour acheter du dentifrice et j'ai aperçu par hasard M. Por et l'autre type. Bien que ce soit de loin, je suis sûr que c'était eux.
Je me souviens que Tawan m'a dit que son petit ami était rentré chez lui pour voir ses parents. Je suppose que M. Por a menti à Tawan pour pouvoir passer du temps avec l'autre gars. Comme Tawan n'a pas la carte et la clé de la chambre, il peut amener n'importe qui dans sa chambre en l'absence de Tawan.
Je dois admettre que je suis en colère, mais que puis-je faire ? C'est moi qui ai décidé de ne pas le dire à Tawan. Tant que le secret restera un secret, M. Por continuera probablement à faire ça à Tawan. Mon moine mentor m'a dit qu'une fois qu'une personne s'adonne à la kilesa(1) (débauche), il est difficile de s'en libérer. Cela pourrait être le cas pour lui.
Et c'était aussi moi... n'est-ce pas ? Qui a passé une journée entière avec Tawan hier. S'il n'avait pas passé du temps avec moi hier, il aurait pu contacter M. Por et il aurait pu découvrir la vérité. Dire que je n'ai rien à voir avec ça, que je suis au-dessus de tout ça, c'est faux. J'y suis clairement pour quelque chose.
Parfois, je me remets en question.
Si je contribue au bonheur de Tawan ?
Ou si je suis simplement égoïste...
— Mork.
Je lève la tête pour voir la personne qui appelle.
— Oh... Doc.
Tawan est debout devant moi. J'ai l'impression que mon cœur rate un battement avant de s'accélérer progressivement. Alors que je suis en train de penser à lui, il apparaît soudainement juste devant moi. Je suis sur le point de lui sourire, mais l'expression de son visage m'arrête.
— Qu'est-ce qui ne va pas, doc ? Pourquoi as-tu l'air si contrarié ?
— Conduis-moi à l'appartement, s'il te plaît. Maintenant.
Il se rapproche, ne semblant pas d'humeur à me saluer ou à discuter. Je regarde l'heure, il est encore tôt dans la journée. Je suppose que M. Por et l'autre type n'ont pas encore quitté la chambre de l'appartement. Si j'emmène Tawan là-bas, les choses vont se gâter, c'est sûr. Qu'est-ce que je vais faire...
— Hé, doc, dis-je en essayant d'avoir l'air joyeux. Il y a un nouveau café qui vient d'ouvrir dans ce quartier.
— Un nouveau café ?
Il penche la tête d'un air interrogateur.
— Oui, l'autre jour tu cherchais un café, non ? Il y en a un qui vient d'ouvrir et je n'y suis pas encore allé. Aujourd'hui il n'y a pas beaucoup de clients, que dirais-tu d'y aller d'abord pour prendre un café ? Pas besoin de se précipiter à l'appartement.
J'espère que je réussis à cacher les vraies émotions sous mon expression et mon intonation.
Mais ça ne marche pas. Tawan secoue la tête, l'air toujours stressé.
— Non, merci. Je ne veux aller nulle part pour l'instant. Je veux retourner à l'appartement. C'est important.
— Oooh, doc, ça ne sera pas long de prendre un café. Viens avec moi, s'il te plaît ?
Tawan me lance un regard furieux, sa voix porte une pointe d'irritation.
— Mork. Je t'en supplie. S'il te plaît. Arrête de plaisanter, juste pour cette fois. C'est très sérieux.
Je serre les lèvres... Doc, je ne veux pas que tu te retrouves dans une situation douloureuse, c'est donc sérieux pour moi aussi. Au fond, j'ai l'intuition que le fait de se rendre à l'appartement ce matin a une autre signification qu'une visite dominicale normale dans la chambre de son petit ami.
— Um doc. As-tu déjà mangé ? Un petit déjeuner ? On ne devrait pas aller chercher quelque chose à manger avant que tu n'y ailles. Ça ne sera pas long. Je pense que ton petit ami est...
— Si je n'en finis pas avec cette affaire, je ne pourrai plus rien manger.
Tawan me coupe avant que je ne finisse.
— Si tu continues à plaisanter avec moi comme ça et que tu ne m'emmènes pas à l'appartement, c'est bon. Je peux demander à P'Fueang à la place. J'ai vraiment besoin d'y aller.
Il commence à marcher vers P'Fueang, qui est assis à l'autre bout du stand des conducteurs.
— Pourquoi tu as l'air si stressé...
J'ai un mauvais pressentiment à ce sujet.
— Mork, il y a quelque chose que je dois voir par moi-même. S'il te plaît, emmène-moi à l'appartement.
Je peux maintenant sentir sa voix trembler, même si c'est légèrement...
Cela me rappelle les paroles de mon moine aîné, mon mentor. Il n'y a pas de secret dans ce monde. Malgré tous les efforts que vous faites pour le garder secret, il sera forcément découvert un jour. Il n'y a pas de secret que l'on puisse emporter dans sa tombe. Ce n'est qu'une question de temps, qu'il soit révélé pendant que nous sommes encore en vie ou après notre mort.
Depuis que j'ai découvert que Por trompait Tawan, je m'attendais à ce qu'on le découvre. Mais je ne m'attendais pas à être présent au moment où cela se produirait. Je suppose que c'est ma faute pour ne pas avoir fait attention. Les choses auxquelles on ne s'attend pas nous arrivent souvent. Ne vous contentez pas d'y penser, mais préparez-vous y. Encore une autre parole sage du vieux moine...
Alors, suis-je prêt ?
Je n'ai vraiment pas de réponse à cette question.
En regardant le visage de Tawan... Il n'est probablement pas préparé non plus.
Mais il veut le voir.
Et celui qu'il a choisi pour l'emmener le voir ... c'est moi.
Un autre devoir d'un ami, n'est-ce pas ?
Bien que je sois réticent....
Je ne peux vraiment pas le laisser y aller tout seul.
Voilà, c'est ma conclusion.
— Ok, doc. Pas de blague, d'accord. Monte.
Je lui tends un casque de sécurité.
— A l'appartement, c'est ça ?
J'ai envie de dire "Tu es sûr de vouloir y aller ?" mais je me mords la langue juste à temps pour m'en empêcher. Je suis sûr qu'il a pris une décision bien arrêtée avant d'arriver à ma station. Lui demander serait futile.
Il prend le casque, l'enfile et acquiesce.
— Dépêche-toi. Je veux y arriver rapidement. Vas-y aussi vite que possible.
Il grimpe sur le siège du passager et passe ses bras autour de ma taille. Je peux sentir ses mains trembler légèrement. Et quand sa poitrine se presse contre mon dos pendant le trajet, je peux sentir son cœur s'emballer. En fait, je ne suis pas sûr que ce soit son cœur ou le mien qui batte si vite. Les deux, je suppose.
De plus, je peux dire... que les battements rapides ne sont pas dus à une excitation positive. Nous sommes tous les deux anxieux de ce qui va bientôt arriver.
Honnêtement, même si je n'aime pas ce Por, j'espère qu'en ce moment il est réveillé et qu'il a déjà renvoyé l'autre homme chez lui. Pour que le docteur ne trouve rien aujourd'hui et que tout se passe bien.
Non pas que je veuille que Por s'en sorte avec ça. Je veux que le karma revienne lui botter le cul un jour. N'importe quel jour, sauf aujourd'hui. Je ne veux pas que Tawan souffre. Je me fiche de Por. C'est seulement que le cœur de Tawan bat pour lui.
Et je ne veux pas que mon bien-aimé ait un chagrin d'amour.
— Mork, conduis plus vite, demande Tawan.
Je lui jette un regard sans rien dire. Je ne change pas ma vitesse, car l'appartement est au maximum à une centaine de mètres maintenant. Aller plus vite ou plus lentement n'a plus d'importance.
Je me gare devant l'appartement et Tawan se précipite vers la cabine du service de sécurité. Je le vois parler à un garde et prendre une enveloppe marron. Il revient ensuite vers moi et me rend le casque après l'avoir enlevé. Je remarque que l'enveloppe contient une carte magnétique et une clé.
— Merci beaucoup, Mork
Tawan paie le prix de la course.
— Ok...docteur.
Je ne sais pas quoi dire d'autre, alors j'accepte l'argent.
— Je vais monter. Peux-tu…
Il force un sourire sur son visage.
— …Peux-tu dire à Khai que je lui passe le bonjour ? Dis-lui qu'il manque à P'Mor et que j'ai envie de le revoir."
— Bien sûr, doc
J'acquiesce et le regarde entrer dans la résidence. Une fois qu'il est hors de vue, je sors mon téléphone... Et appelle P'Fueang.
— Hey...... Mec, je ne vais pas travailler aujourd'hui.
— Eh, c'est quoi ce..... Qu'est-ce qu'il y a ? Tu sèches le boulot pour aller quelque part avec le doc ?
— Non... Je…
Je ne sais pas comment lui expliquer.
En ce moment, Tawan doit être dans l'ascenseur menant à la chambre. Dans quelques minutes, il déverrouillera la porte et entrera, à l'aide d'une clé qu'un inconnu a laissé au gardien de la copropriété. Et quand il entrera dans la pièce, il verra...
Je ne veux pas l'imaginer.
Je ne veux pas penser à comment se sentira Tawan.
Je revois mon propre souvenir du moment où j'ai découvert que Fern me trompait avec un autre gars et l'emmenait dans notre chambre d'étudiant. La chambre que j'avais louée et payée pour que nous vivions ensemble. Bien que cela fasse longtemps, assez longtemps pour que mon cœur remplace Fern par quelqu'un d'autre, le souvenir de mes sentiments ce jour-là est encore clair. Je sais combien c'est douloureux, si douloureux que je ne veux pas y penser.
Et si Tawan doit subir le même genre de douleur.
Et puisque je ne peux pas empêcher que ça arrive.
La meilleure chose que je puisse faire est de l'attendre, juste ici.
— Je suis vraiment désolé, mec. S'il te plaît, comprends-moi. Je suis vraiment...
— Oui... Ok, ok. Les autres commencent à arriver. Tu peux ne pas venir pour l'instant. Mais laisse-moi te dire quelque chose, Mork....
— Quoi, mec ?
Je regarde à nouveau l'entrée de la résidence. Une partie de moi souhaite que Tawan ressorte avec un sourire sur son visage, disant que ce n'est rien et qu'il était seulement en train de trop réfléchir, et qu'il me dise ensuite de le ramener à l'hôpital.
— Réfléchis bien avant de faire quoi que ce soit, me prévient-il.
— Je fais toujours attention, ne t'inquiète pas.
— Non... je sais ça. Ce que je voulais dire, c'est que tu dois aussi penser à tes propres sentiments. Réfléchis bien. C'est tout.
Et il raccroche, laissant ses mots résonner dans ma tête.
Réfléchir à mes propres sentiments... aussi ?
………..
Une demi-heure plus tard...
Tawan sort de la résidence.
Il a le visage en larmes, les yeux et le nez tout rouges.
Il me regarde alors que je suis à califourchon sur la moto.
— Tu le savais déjà, n'est-ce pas ?
C'est la première chose qu'il demande.
— Doc, je...
J'ai été préparé à de nombreuses possibilités. Pendant les trente minutes où il était dans la résidence. J'ai joué différents scénarios dans ma tête, ce qui allait se passer et ce qu'il fallait faire quand il reviendrait. La seule chose à laquelle je n'étais pas préparé était cette question.
— Tu le savais déjà. C'est pour ça que tu as essayé de me faire aller ailleurs avec toi. C'est vrai, tu es en poste ici, tu as dû le voir. Quand I'as-tu découvert ? Il y a combien de temps ?
Comme je ne réponds pas. Tawan insiste pour obtenir une réponse.
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?... Pourquoi, Mork ?
— Doc. Je.... je suis désolé.
— Pourquoi tu ne m'as pas dit... Pourquoi tu m'as laissé être un tel imbécile ?
Ses larmes inondent ses paupières rouges et ruissellent sur ses joues.
— Mork, je suis un remplaçant provisoire ! P'Por sort toujours avec son ex-petit ami. Je suis juste son bouche-trou.
Puis, Tawan se jette de tout son corps sur moi en braillant. Ses petits poings frappent à plusieurs reprises sur ma poitrine. Je ne peux que le serrer dans mes bras. Je peux sentir son corps tremblant et ses larmes qui coulent et qui mouillent ma chemise. J'avais envie de le serrer dans mes bras, j'en avais envie depuis très longtemps, mais pas dans ce genre de circonstances.
Je caresse doucement ses cheveux d'une main.
— Doc... désolé. Je suis désolé.
Je continue de répéter comme si c'était ma faute. Je n'ai vraiment pas de mots pour ça. Je ne sais pas quoi dire de mieux. Je sais que ce n'est pas ma faute si M. Por sort avec deux personnes. Je n'ai même pas réalisé que l'autre gars n'était pas son nouvel amant, mais son ex.
Mais je suis une personne stupide, c'est vrai.
Je ne sais pas ce que je peux dire d'autre pour réconforter Tawan. Si j'agis comme si c'était ma faute et que je m'excuse, si je prends tout le blâme et qu'il arrête de pleurer, alors, je suis prêt à prendre n'importe quel reproche. Je veux juste qu'il arrête de pleurer, qu'il arrête de souffrir.
— Doc... Shhh, calme-toi, lui chuchoté-je.
— Il m'a pris comme amant secret, Mork. Je suis juste un substitut.
Tawan continue de pleurer à chaudes larmes, ce qui incite le garde à venir le voir. Je secoue la tête et fais un signe de la main pour dire non. Il semble comprendre et hoche la tête avant de reprendre sa position. J'accompagne lentement Tawan jusqu'à l'extérieur du périmètre de la copropriété et nous assois sur le trottoir.
— Pourquoi ? Pourquoi ?
Tawan n'a pas l'air de vouloir s'arrêter de pleurer de sitôt. Il garde sa prise serrée autour de moi et son visage enfoui contre ma poitrine. Je peux sentir que ma chemise est maintenant imbibée de ses larmes.
— Calme-toi, doc. Les adultes ne pleurent pas, ok ?
Je n'ai aucune idée de ce qu'il faut dire, alors j'essaie de le réconforter en utilisant le même schéma que j'utilise avec Khai, même si je sais que ça ne le fera pas arrêter de pleurer.
— Je ne peux pas m'arrêter de pleurer, Mork.
Il sanglote.
Il continue à pleurer, ignorant complètement les passants sur le trottoir qui tournent la tête ou s'arrêtent de marcher pour le regarder. Ce n'est pas tous les jours que l'on voit une personne en blouse de médecin assise sur le trottoir, la tête enfouie contre la poitrine d'un mototaxi, en train de pleurer.
Je sais qu'il souffre profondément.
Et je ne me soucie pas non plus du regard des autres.
— Alors, continue de pleurer, dis-je en lui caressant encore les cheveux. Pleure autant que tu veux. Je serai là avec toi, doc. Je ne te laisserai pas pleurer seul.
Je resterai ici avec toi jusqu'à ce que tes larmes cessent de couler, doc.
Je te le promets.
…………
— Faim...
Tawan lève les yeux de mon torse.
— Hein ? Qu'est-ce que tu as dit ?
Je regarde son visage, ses yeux et son nez sont tellement rouges au-delà de toute comparaison que je peux imaginer. Il a aussi le nez qui coule. Ma main est toujours en train de caresser sa tête.
— J'ai faim. Je n'ai plus d'énergie pour pleurer.
Oh, c'est vrai... Je n'avais pas réalisé qu'il avait arrêté de pleurer depuis un moment maintenant. Et quoi donc ? Je pensais qu'il n'avait plus de larmes, mais non, il a simplement faim. Maudit docteur.
— C'était à prévoir, non ? Je t'ai demandé si tu avais déjà mangé quelque chose, et tu m'as ignoré.
— Je me suis réveillé et j'ai fait le tour du service, j'ai juste pris un café.
Il essuie les deux types de liquide de son visage et me fait un sourire faible et crispé.
— Je n'ai pas mangé. Maintenant, j'ai tellement faim que j'ai l'impression que je vais m'évanouir.
Il se lève et époussette son pantalon. Quant à moi, j'ai du mal à me lever parce que je suis resté assis dans une position bizarre pour le laisser pleurer contre ma poitrine et que mes jambes se sont engourdies.
— Je suis désolé de t'avoir frappé, dit-il en m’aidant à me relever. Ce n'est pas de ta faute. Et je t'ai fait manquer le travail. Quelle réaction absurde, pleurer jusqu'à ce que ton uniforme soit dans un tel état.
Je baisse les yeux sur mon gilet. Ah, oui, il est tout mouillé de larmes et taché de sa morve.
Je secoue la tête.
— Nah, doc. Je suis content d'être ici avec toi.
Qui diable pourrait le laisser s'asseoir ici et pleurer tout seul ?
— Emmène-moi manger quelque chose.
— Mais... ton petit ami ne veut pas...
Tawan secoue la tête.
— C'est terminé. Il ne courra plus après moi.
Il se dirige vers ma moto sans se retourner une seule fois vers la résidence.
— Alors, qu'est-ce que tu veux manger ?
Je lui donne le casque.
— Tout ce que tu penses être délicieux.
Il met le casque une fois de plus.
— J'ai le cœur brisé, n'importe quoi fera l'affaire. Mais ça doit être délicieux.
J'acquiesce et je démarre le moteur.
— Bon, je vais choisir, alors. Tu me fais confiance ?
Tawan ne répond pas. Au lieu de cela, il grimpe sur le siège et se tient fermement à ma taille, posant son visage contre mon dos. C'est sa réponse. Je passe la vitesse et je démarre.
— Docteur...
Je tourne la tête et lui parle en quittant la résidence.
— Qu'y a-t-il, Mork ?
Il demande, en resserrant ses bras autour de moi.
— Ce soir... Je pense que tu ne devrais pas rester seul.
Notes :1/ Les kilesa, dans le bouddhisme, sont des états mentaux qui obscurcissent l'esprit et se manifestent par des actions malsaines. Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 19 Tawan C'est dimanche matin, et je suis devant la porte de l'appartement de P'Por. J'insère la clé avec précaution. Une partie de moi espère que ça n'ouvrira pas la porte, que tout ça n'est qu'un mensonge. Mais la carte fonctionne, et la clé se glisse parfaitement dans le trou de serrure. Il semble qu'il n'y ait plus aucune possibilité que ce soit une farce. Si je m'arrête ici, cela s'arrêtera aux pensées dans ma tête et aux messages de "la personne qui voulait bien faire". Mais si je tourne cette clé et ouvre la porte... Les choses vont dégénérer après ça. Mais ne me suis-je pas dit que j'avais besoin de clarté ? Maintenant, devant moi, il y a la porte de la clarté. Il y a plus à faire que de simplement tourner la clé et ouvrir la porte. D'ailleurs, je ne me suis pas précipité hors de l'hôpital pour rester là et hésiter juste devant la porte. Je la tourne, déverrouillant la porte. Mes pieds me conduisent lentement dans la pièce. Bien que je sache que ce que je m'apprête à voir mettra fin à la relation entre P'Por et moi, je ne peux pas résister au mouvement de mes pieds et à l'attrait de la curiosité. Comme je l'ai dit, j'ai besoin de clarté. J'entre donc dans notre chambre. Bien sûr, P'Por est dans la chambre. Tout comme un homme qui me semble familier. Comme prévu, c'est l'ex-petit ami de P'Por... Je ne me souviens pas de tout ce que j'ai dit. Je ne me souviens pas non plus de ce que P'Por a répondu. Et je ne me souviens pas quand son ex s'est approché de moi. P'Por m'a pris dans ses bras en disant quelque chose que je n'ai pas compris, et son ex a touché mon épaule en m'apaisant avec des mots que je ne voulais même pas. Le dégoût s'est accumulé dans ma gorge et l'a serrée. L'étreinte familière est devenue quelque chose d'autre que je ne pouvais pas tolérer, et je l'ai repoussé en criant des mots dont je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas quand mes larmes ont commencé à couler. Je ne me souviens plus du moment où j'ai quitté la pièce. Je ne me souviens pas non plus si P'Por m'a suivi. Je ne me souviens pas si j'ai dit au revoir. Il n'y a qu'une phrase en particulier qui résonne dans ma tête. "Je ne m'attendais pas à ce que l'on devienne aussi intimes." Son "nous deux" ne fait pas référence à lui et son ex, mais à lui et moi. Il ne s'attendait pas à ce que notre relation devienne aussi profonde. C'est ça ? Il ne voulait pas que ça se passe comme ça ? Il ne voulait pas être mon petit ami ? Pourquoi ? Comment a-t-il pu dire ça... ? Je n'arrive pas à comprendre. Et quand il était si gentil avec moi ? Et les lettres dans l'enveloppe marron à l'époque ? Et quand il disait souvent que j'étais son âme sœur ? Était-ce aussi ce qu'il décrivait comme "trop intime" ? Parce que, autant que je m'en souvienne, la première personne qui a dit que nous étions "petits amis" n'était pas moi, mais lui. Et je me souviens que celui qui a commencé cette relation, c'était aussi lui, pas moi. La conversation entre nous trois se termine bientôt, mais je ne me souviens plus quand. Je ne sais même pas si c'est en train de se terminer. C'est comme s'ils avaient tous les deux le scénario complet de la pièce, qu'ils l'avaient lu et compris, et donc ils savent ce que sera la prochaine scène, le prochain acte. Alors que moi non, et je ne sais rien. C'est comme si j'étais un personnage qui avait été écarté de la scène lorsque mon rôle était terminé. J'ai été viré de la pièce. Je ne sais même pas pourquoi j'ai pris la peine de m'y joindre. Et je viens de réaliser à la dernière scène que le rôle que je jouais n'était qu'un amant secret temporaire. Je ne me souviens pas comment je suis sorti de là, mais je sais que j'ai posé la carte et la clé de la chambre sur une table devant la chambre de P'Por. Je n'ai plus besoin de venir ici, d'ailleurs elles ne sont pas à moi. Le propriétaire me les a simplement prêtées pour que je voie la vérité en face. Au même titre, j'ai temporairement emprunté P'Por à son véritable partenaire. Le moment venu, je dois le rendre, même si je n'en ai pas envie. Parce qu'il n'est pas à moi. Je ne me souviens pas comment je suis descendu par l'ascenseur et comment je suis sorti du bâtiment par la porte. Tout semble à moitié réel et à moitié surréaliste. J'ai l'impression de piétiner dans le vide. Mes pieds sont si légers, comme s'ils n'avaient aucun poids. C'est comme si j'étais ivre, même sans avoir bu. Tout ce que je vois n'est que flou. Tout, excepté Mork… Il m'attend devant l'appartement, appuyé contre la même vieille moto, avec son expression habituelle qui le fait paraître gêné et timide. C'est l'expression de quand il ne sait pas quel visage faire, quand il ne sait pas quoi dire. A cet instant, ce regard me frappe de plein fouet..... Il devait le savoir. Mork le savait déjà. — Tu le savais déjà, n'est-ce pas ? lui demandé-je. — Doc. Je... Comme il ne répond pas et détourne le regard, j'en suis encore plus sûr. — Tu le savais déjà. C'est pour ça que tu as essayé de me faire aller ailleurs avec toi. C’est vrai, tu es en poste dans le coin, tu as dû le voir. Quand l'as-tu découvert ? Il y a combien de temps ? Je ne sais pas d'où vient ma rage. Je ne sais pas pourquoi je suis en colère contre lui. Et plus il reste silencieux, plus je réalise qu'il le savait depuis longtemps. — Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? ... Pourquoi, Mork ? — Doc, je... je suis désolé. Je n'ai plus la force de me tenir debout tout seul. La douleur et la colère m'assaillent en même temps. Je jette tout mon corps sur lui. Il m'attrape et me serre dans ses bras, je presse mon visage contre sa poitrine et pleure à chaudes larmes. Bien que je tape des poings sur sa poitrine, il me tient et caresse mes cheveux en s'excusant à plusieurs reprises. — Doc, désolé. Je suis désolé. — Pourquoi, Mork ? Pourquoi..... Tu ne voulais pas me le dire. Il semble incapable de répondre, mais je continue à gémir et à demander. Comme si tout aurait été magiquement mieux s'il me l'avait dit plus tôt. Cela n'aurait servi qu'à me prévenir plus rapidement. Un jour, peut-être ? Ou deux jours ? Cela ne l'aurait fait qu'arriver plus vite, me faisant commencer à pleurer un jour plus tôt. Je pense que c'est sarcastique. Je réalise juste maintenant, après que Mork se soit excusé, que P'Por, celui qui m'a fait pleurer en ce moment, ne m'a pas dit le moindre mot d'excuse. Le premier mot d'excuse que j'ai entendu venait du gars qui n'avait rien à voir avec tout ça. Je l'entends me dire de me calmer. Je l'entends me dire que les adultes ne pleurent pas. Mais je ne peux pas m'arrêter. Mes larmes continuent de jaillir. — Je ne peux pas m'arrêter de pleurer, Mork. Je réponds en pleurant toujours contre sa poitrine. Mes mains s'accrochent de plus en plus désespérément à lui à chaque sanglot. Il me tient fermement, une main continuant à caresser doucement ma tête. — Alors, continue de pleurer. Pleure autant que tu veux. Je serai là avec toi, doc. Je ne te laisserai pas pleurer seul. Sur ce, je m'appuie de tout mon poids sur lui et je continue à pleurer, comme si j'essayais de remplir de larmes le cratère de mon cœur. C'est comme si le cratère avait été creusé sur du sable, et qu'il était impossible de remplir complètement ce vide avec de l'eau. Je continue à pleurer pendant que Mork me tient dans ses bras... Je reviens à la raison quand mon estomac me signale qu'il a faim. Comme c'est intriguant. Notre cœur peut être complètement brisé et pourtant l'estomac continuera à travailler si sérieusement, comme s'il ne reconnaissait pas le profond chagrin qui accable le cœur. Comment l'estomac peut-il s'en moquer et avoir faim quand même ? Je dis à Mork que j'ai faim, et il me promet de m'emmener dans un endroit où la nourriture est délicieuse. Il me demande si je lui fais confiance, et je ne lui donne aucune réponse, si ce n'est de monter sur son siège passager comme d'habitude. Je pense que lorsque le cœur est brisé mais que l'estomac a faim, ce dont on a besoin, c'est d'un mototaxi en qui on peut avoir confiance. N'est-ce pas ? — Doc... Il se tourne vers moi pour me parler tout en commençant à conduire. — Qu'y a-t-il, Mork ? Je pose mon visage contre son dos et resserre mon emprise autour de lui. — Ce soir..... Je pense que tu ne devrais pas être seul. Je ne réponds pas, je me contente de le serrer encore plus fort. C'est ma réponse... ……….. Je suis réveillé par du bruit venant de la cuisine. Depuis combien de temps n'ai-je pas été réveillé par ce genre de bruit ? Lorsque je vivais à la maison, ma mère et Pa(1) Un, la gouvernante, se levaient tôt pour préparer les offrandes de nourriture pour les moines. Ma mère faisait toujours exprès de cuisiner bruyamment, pour nous réveiller, mes frères et moi, et nous joindre à l'aumône. C'était notre routine familiale. Mais après avoir commencé à fréquenter la faculté de médecine, puis jusqu'à ce que je termine les années d'internat et que je revienne pour la spécialisation, j'ai dû vivre loin de chez moi. Je n'ai plus jamais été réveillé par ce son nostalgique. L'entendre ici et maintenant me semble étrangement merveilleux, malgré mon état actuel, dévasté par un désastre amoureux il y a moins de vingt-quatre heures. Se réveiller avec de tels sons me réchauffe le cœur, et j'aime ça. Je me lève du matelas et m'étire. Le t-shirt que je porte est trop grand et tombe d'un côté de mes épaules, laissant apparaître l'autre côté. Quiconque y jettera un coup d'œil pourra dire tout de suite qu'il ne m'appartient pas. Le t-shirt a une odeur inconnue, mais c'est une odeur agréable qui me réchauffe le cœur autant que le bruit de la cuisine qui m'a réveillé. Je me frotte les yeux et regarde autour de moi. Cette chambre inconnue a une literie inconnue. Je ne suis pas dans la chambre de l'appartement de P'Por, ni dans ma chambre d'étudiant. Je suis dans la chambre de Mork... Je regarde sur le côté, Mork dort sur un autre matelas à côté du mien. Hier, après avoir mangé, il m'a ramené dans sa chambre. Nous nous sommes assis tranquillement et, au début, j'ai essayé de lui apprendre un peu d'anglais, pour tenter de m'occuper afin de ne pas trop penser. Mais ça n'a pas marché. Je n'y arrivais pas. Finalement, j'ai fini par alterner entre le regard vide au plafond et les pleurs. Mork était assis à côté de moi tout le temps. — Oh, doc... Tu es déjà réveillé ? Il ouvre ses paupières et soulève lentement le haut de son corps sur le côté de son matelas. Je hoche la tête. — Uh-huh. Ça fait pas longtemps. Il se rapproche, fixant durement mon visage. — Tes yeux sont encore gonflés, doc. Je passe immédiatement mes mains sur mes paupières pour les sentir. Il a raison. — Oui, j'ai beaucoup pleuré hier. Pas étonnant qu'ils soient gonflés.J'espère qu'ils reviendront bientôt à la normale, je dois encore aller à l'hôpital aujourd'hui..... Oh, attendez. — Oh, merde, j'ai oublié ! Quelle heure est-il maintenant, Mork ? Je dois me dépêcher d'aller à l'hôpital Je regarde autour de moi pour trouver une horloge. Je ne sais pas où j'ai mis mon téléphone portable la nuit dernière. J'ai tellement pleuré que j'ai oublié que je devais aller travailler et faire le tour du service aujourd'hui. — Il est juste six heures et demie, docteur. Calme-toi, tu n'es pas encore en retard. Il me répond en me tendant le téléphone. Quel soulagement, il n'est que 6h28. Ma garde commence à 8h, j'ai donc encore du temps. Heureusement, je ne vais pas me faire tirer les oreilles. Je me tourne à nouveau vers Mork. — Oh, au fait Mork, je me demande depuis hier, où est Khai ? Hier, j'étais trop occupé à pleurer et j'ai complètement oublié son neveu qui l'appelle papa. — Aujourd'hui, il est avec sa mère. Demain, il reviendra ici. — Eh... Je pensais que tu avais dit qu'il n'était pas proche de ses parents. Mork acquiesce. — Ouais, doc. Mais les parents restent des parents de toute façon. Je ne suis pas son vrai père. Khai a toujours ses vrais parents. Bien qu'ils ne soient pas tout à fait proches, le lien est toujours là. Je ne peux pas les remplacer. En effet. C'est vrai. Le garçon a ses propres parents. Peu importe à quel point Mork s'occupe bien de lui à la place de son père, ça ne suffit pas à compenser les parties où les vrais parents de Khai sont nécessaires. Est-ce que ça ne me ressemblerait pas un peu ? Peu importe combien j'ai été bon en tant qu'amant temporaire, PPor ne m'appartiendra jamais. — Bien, doc... Tu te sens mieux maintenant ? Mork demande, peut-être parce que mon visage exprime mes émotions lorsque je pense à P'Por et moi. Bien que je hoche la tête, ma bouche dit le contraire. — Je ne vais pas bien. Mais je suis toujours en vie. Ce qui veut dire que je dois retourner au travail. Mork passe de la position allongée à la position assise sur le matelas. — Je te comprends, doc. Moi aussi, une fois, j'ai ouvert la porte de mon dortoir et j'ai vu ma copine avec un autre gars. Je ne sais pas ce que tu as vu là-haut dans l'appartement, mais je suppose que les sentiments que nous avons éprouvés ne sont pas différents. — Et... tu t'en es remis ? demandé-je Mork acquiesce. — J'ai quand même pleuré. Mais le lendemain matin, je suis ressorti et j'ai repris le travail avec ma moto. Je pense que la douleur qu'on ressent quand on est trahi par un être cher est très étrange, doc. — Comment ? Dans quel sens ? Je crois que je le sais, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. — Eh bien, la douleur physique comme une coupure de couteau, une blessure par balle ou une blessure due à un accident de moto sera naturellement douloureuse, puis elle recommencera à faire mal si vos blessures présentent une inflammation. Après cela, elles guérissent progressivement. Et elles sont visibles durant toutes les étapes, qu'il s'agisse de plaies fraîches, de plaies plus anciennes, des croûtes, et de la guérison, laissant parfois des cicatrices. Son regard est maintenant différent. Je peux y sentir une pointe de douleur. Pas une douleur sévère due à une nouvelle et récente blessure comme la mienne. En fait, je peux sentir qu'au plus profond de son esprit, il y a une douleur latente, comme une couche de limon non remuée. — Mais la douleur émotionnelle n'est pas comme ça, doc. Elle nous blesse d'une manière qui nous empêche de respirer. Pourtant, elle nous permet de continuer à vivre. Elle ne nous tue pas, elle revient sans cesse, sans ordre, sans étapes ni processus comme les autres blessures. Et parfois, elle se porte si bien qu'on se laisse aller à penser qu'elle ne fait plus mal. Puis, lorsque nous baissons notre garde, elle frappe à nouveau et nous fait si mal que nous en avons presque le souffle coupé. — Ça te fait toujours mal, maintenant ? demandé-je. Mork secoue la tête. — Je ne sais pas, doc. Peut-être. Mais même si c'est le cas, je ne le ressens plus vraiment. Ce n'est pas que j'ai oublié, je peux encore m'en souvenir. Je me souviens de chaque détail. Je n'ai rien d'autre à dire ou à demander. J'attends qu'il continue. — Je suppose que c'est comme notre vie quotidienne, doc. On dîne et on va se coucher. On se réveille le lendemain matin en se rappelant ce qu'on a mangé hier. On se souvient de chaque plat. On se souvient des sensations ressenties quand on s'est tellement gavé qu'on a failli vomir. Mork se lève et ouvre les rideaux et les fenêtres, avant de retourner replier son matelas et de continuer à me parler. — Mais quand on se réveille le matin, on a de nouveau faim, doc. Même si nous nous souvenons très bien du dîner d'hier soir, nous avons toujours faim. Je pense qu'un souvenir douloureux ne peut pas nous faire souffrir éternellement, doc. Un jour, ça s'arrêtera, même si on s'en souvient. Maintenant, j'ai l'impression d'être une personne stupide... Je me sens stupide devant ce chauffeur de moto-taxi, qui est diplômé d'un lycée professionnel, n'a jamais été à l'université, n'a jamais lu de littérature sophistiquée, n'a jamais suivi de cours de philosophie. Mork a appris sa sagesse à travers le cœur des gens et me l'a transmise en termes simples, en me montrant une image claire de quelque chose à laquelle moi, diplômé en médecine, je n'aurais jamais pensé. Cela me fait toujours mal. Et bien que la douleur n'ait pas diminué, j'ai l'impression que des gouttes de chaleur ont arrosé la toute récente blessure à l'intérieur de mon cœur. J'ai l'impression qu'elle s'apaise et qu'elle est en voie de guérison. La douleur continue à suivre sa propre mécanique, mais je sais qu'un jour, les rouages de cette souffrance s'arrêteront de tourner. — Doc, lève-toi s'il te plaît, je vais ranger le matelas. Ou tu veux somnoler encore un peu ? Il s'avance vers moi. Je secoue la tête. — Oh, Mork, laisse-moi m'en occuper moi-même. Je me lève et attrape un bout du matelas, me préparant à le plier. Mais Mork rit. — Tu es minuscule, le matelas est énorme. Tu ne pourras pas secouer correctement le matelas. Allez, laisse-moi le ranger pour toi. Puis, il m'arrache le matelas, le secoue et le plie avant de le ranger dans un coin de la pièce. — Descendons manger, et je te déposerai à l'hôpital. Tu pourras y être avant huit heures. Il se met à sourire, montrant ses dents. — Même quand notre cœur est brisé, notre estomac aura toujours faim, doc. Crois-moi. Je suis déjà passé par là. C'est le genre de sourire qui me donne envie de sourire en retour, même si je me sens mort à l'intérieur. Alors, je lui souris en retour. — Okayyyy, le gars expérimenté. — Ouais, tu es mon junior maintenant. Je suis passé par cette douleur en premier, donc je suis un senior. Il me dirige vers la porte. — Ok, ok, senior. Je te crois. Je le suis. — Si tu crois ton aîné, souris s'il te plaît. Il me sourit et remue les sourcils en faisant une grimace. — J'ai déjà souri tout à l'heure. Ce n'était pas suffisant ? demandé-je. Mork secoue la tête. — Non, pas assez, doc. S'il te plaît, souris encore. D'accord, d'accord, je vais le faire. Je hoche la tête et je souris. Il me sourit à nouveau. Hmm. Cela fait du bien de sourire et de recevoir un sourire en retour. Même si cela ne diminue pas la douleur que je ressens dans mon cœur, je sais au moins que les coins de mes lèvres ne sont pas encore morts et qu'ils sont encore capables de produire un sourire. Pour l'instant, je dois peut-être essayer activement de sourire, mais je sais qu'un jour je serai capable de sourire naturellement. Un jour. Sans plus attendre, nous descendons tous les deux prendre le petit-déjeuner... …….. Mork gare la moto devant le service des urgences. Je descends du siège, lui rends son casque de sécurité et me dirige vers l'entrée des urgences en empruntant le couloir qui mène à la salle d’observation. Heureusement, c'est un jour férié, donc l'hôpital est fermé pour les patients externes. J'ai aussi un jour de congé, je dois juste finir de faire le tour du service et je serai libre pour le reste du lundi... Au départ, j'avais prévu de demander à P'Por d'aller au cinéma avec moi, car la clinique dentaire est fermée aujourd'hui. Mais je crois que je dois faire une croix dessus. Je vais d'abord faire le tour du service et ensuite je réfléchirai à ce que je vais faire aujourd'hui. — Docteur... m'appelle Mork. Je me retourne pour le regarder. — Oui. Mork ? — Fais-moi savoir si et quand tu veux que je passe te voir. Je suis libre aujourd'hui. — Eh ? Tu ne dois pas faire le mototaxi aujourd'hui ? Hier, tu as déjà manqué une journée entière de travail. Il secoue la tête et me fait de subtils sourires. — Pas de problème, doc. C'est un jour férié aujourd'hui, il n'y aura pas beaucoup de passagers. P'Fueang a l'habitude que je manque le travail. — Merci, Mork. — Quand tu veux, doc. Après ça, il démarre. Mais franchement, même si je me sens si seul aujourd'hui, je ne demanderai probablement pas sa compagnie. J'ai l'impression que c'est trop égoïste d'obliger quelqu'un à passer son temps avec moi uniquement parce que je me sens seul, triste, et que je n'ai personne. Je ne devrais pas m'imposer à quelqu'un de cette manière, même à Nadia, ma meilleure amie. J'entre dans le service et je vois P'Nok qui en sort. — Oh, bonjour, P'Nok. Que faisais-tu dans mon service ? — Oh. Tawan, te voilà ! Je te cherchais. — Pourquoi ne m'as-tu pas simplement appelé ? — Je l'ai déjà fait, mais tu n'as jamais répondu au téléphone, imbécile ! Je regarde mon téléphone portable et il y a effectivement trois appels manqués, tous de P'Nok. Hier, après avoir quitté l'appartement de P'Por, j'ai coupé le son de mon téléphone et j'ai perdu tout contact avec ce monde, et je réalise seulement maintenant que je n'ai jamais remis le son. Et j'ai également remarqué... qu'il n'y a aucun appel de P'Por. Pas un seul appel manqué. Pas un message non plus... Nous, les humains, pouvons couper un lien aussi facilement, vraiment ? — Tawan. Hey, Tawannnn. P'Nok m'appelle et me sort de ma transe. — Ah, oui ? Qu'est-ce qu'il y a ? — J'ai dit que Nong Jack, qui est censé être de service pour le premier tour, souffre d'une gastro-entérite. Peux-tu prendre tout le tour de garde de l'Unité de Soins Intensifs pour moi ? — Bien sûr, mais la gastro-entérite de Jack est si grave qu'il ne peut pas travailler ? — Regarde par toi-même. P'Nok répond en faisant un geste de la tête vers le service. Eh bien, mon camarade de formation nommé Jack, avec des lèvres gercées et des cernes autour des yeux, est actuellement couché dans le lit n° 1 qui est devenu vacant hier après que j'ai libéré un patient qui était ici pour un sevrage alcoolique. — Oh, merde ! Mais qu'est-ce que tu as mangé ? Un crapaud venimeux ou quoi ? Je m'approche de son lit en riant de manière amusée. — Nourriture pour poissons... Il répond faiblement. — Hmmmm ? Nourriture pour poissons ? Merde ! Pourquoi es-tu allé manger de la nourriture pour poissons ? — Je profitais de mon jour de congé, et j'ai nourri quelques poissons. J'ai oublié de me laver les mains, et j'ai touché mon pain en mangeant. — Bah...... Dire que tu as oublié de te laver les mains avant un repas, ne dis à personne que tu es médecin. Je rigole en regardant son dossier. Oh là là, diarrhée sévère et faible taux de sodium. Cela signifie une perte modérée de liquide. S'il était arrivé plus tard, cela aurait sûrement dégénéré en déshydratation sévère. Tout le monde, rappelez-vous que l'hygiène des mains est cruciale. Emportez du désinfectant pour les mains partout où vous allez. — Je vais prendre la garde à ta place. Je ferme le dossier et je fais un signe de tête à Jack. — Cool. Merci,répond-il avec un sourire désabusé. — Repose-toi bien, d'accord ? Je quitte son lit pour continuer à faire le tour du service, mais avant même de commencer avec le lit suivant, quelqu'un crie mon nom depuis l'entrée du service. — Tawaaaannnnn !" Sans avoir besoin de regarder, je sais que c'est Nadia. — Hier, tu as disparu après avoir quitté le café ! Tu me ghostes ? Tu n'as jamais répondu à mon message sur LINE, non plus. Est-ce que tout va bien ? En plus de son flot de questions, Nadia réduit la distance et pince mes deux joues. — Mec, tu as l'air si fatigué, comme si tu n'avais pas dormi. Putain, ne me dis pas que toi et P'Por avez fait ça toute la nuit hier. Je presse mes lèvres, formant une fine ligne..... Et même sans miroir, je sais que mon expression faciale change tellement, que le visage de Nadia devient immédiatement sérieux. — Nadia... Attends-moi jusqu'à ce que je finisse de faire le tour du service et que je prenne la relève. Ça ne sera pas long. Je te le dirai après. — Aw, Tawan, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu as l'air si stressé. Je me retourne pour lui sourire. Franchement, j'ai envie de l'emmener dans un coin tranquille et de tout lui raconter à propos d'hier. Peut-être pleurer encore jusqu'à ce que je sois satisfait. Mais je ne peux pas. C'est la vie d'un médecin, la vie que j'ai choisi de vivre. Même si aujourd'hui ma douleur mentale me tue intérieurement, extérieurement je dois continuer à travailler. J'ai des patients sous ma garde dans le service. J'ai une responsabilité envers mon devoir… — Après le tour du service et la relève, je te dirai tout. C'est tout ce que je peux dire à Nadia pour le moment. Je prends le dossier du lit suivant et le regarde tout en parlant avec vivacité, jouant le rôle d'un médecin qui travaille, comme d'habitude. — Bonjour, Monsieur. Comment allez-vous aujourd'hui ? Vous voulez déjà rentrer chez vous ? …………… Il est presque midi quand j'ai l'occasion de m'asseoir et de parler avec Nadia. Nous sommes assis dans un petit espace de repos pour les médecins dans un coin du service d'observation. C'est calme et isolé. Je raconte à Nadia les messages de la personne qui me voulait du bien, l'enveloppe avec la clé et la carte d'accès, le moment où j'ai ouvert la porte et ce que j'ai vu, les choses qui se passaient entre eux, et à quel point j'étais sonné quand je suis sorti. Je termine en disant que je n'ai été qu'un bouche-trou pour P'Por. Nadia écoute en silence, hochant de temps en temps la tête. Quand j'ai terminé, il se penche pour toucher le dos de ma main. — Donc, il n'y a plus rien entre toi et lui ? Je pense que cette question n'a pas besoin de réponse, parce qu'elle est claire comme de l'eau de roche et je pense que Nadia ne veut pas de réponse. Il le dit simplement pour conclure toute cette histoire, et je hoche la tête pour le confirmer. — Nadia, je suis désolé d'avoir disparu. Je ne voulais pas encore t'en parler. Tu ne sors avec Mayom que depuis peu et je ne voulais pas t'embêter et te faire subir mes problèmes. — Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Nadia semble vexé. — Toi et moi, nous sommes amis depuis que nous avons monté les premières marches de l'escalier de la faculté de médecine. Qu'est-ce qui t'a fait croire que tu allais me gêner ? Mayom est peut-être ma personne spéciale maintenant, mais bon sang, il est entré dans ma vie après toi, Tawan. Je sais déjà que Nadia me porte très haut dans son cœur..... Mais c'est vraiment agréable de l'entendre le dire à haute voix. — Merci, Nadia. Mais, hey, donc tu l'appelles ta personne spéciale maintenant ? — Tu veux que je l'appelle mon mari ou quoi ? Nadia me répond par un sifflement. — Bref, où étais-tu la nuit dernière ? Je n'ai pas vu de lumière dans ta chambre. Tu as rompu avec P’Por donc tu aurais dû revenir au dortoir, non ? Ou bien tu as dormi à l'hôpital ? — Euh, je... C'est une autre chose que je ne lui ai pas encore dit. — Euh quoi ? Où étais-tu ? Ne me dis pas que tu es allé te bourrer la gueule sans m'inviter. Je serais tellement plus en colère contre toi ! — Euhhhh merde ! C'est pas ça ! Je ne me suis saoulé nulle part. Je suis juste allé dormir chez un ami.... chez Mork. — Uh-huhhhhh ! En plus de prolonger son exclamation, Nadia me lance un regard si intense qu'on dirait qu'il pourrait percer ma peau. Il me pince également avec un doigt et un pouce. — Pas mal du tout, salope. Un nouveau gars dans la file d'attente dès que tu as largué l'ancien. — Owww ! Ça fait un mal de chien, Nadia. Je frotte mon bras de haut en bas. Aïe, quel pincement mortel ! J'espère que ça ne va pas se transformer en bleu. — Mon Dieu, Mork n'est pas mon nouveau mec. C'est un ami, allons. Nadia plisse les yeux en me fixant. — Ah ouaiiiiis ? Juste amis, vraiment ? Je hoche rapidement la tête. Mais cela me rend encore plus suspect, comme si j'avais effectivement fait quelque chose d'illégal. Sans ciller, Nadia me regarde fixement, désireux d'apprendre la vérité. Il sait que ma réponse n'est pas la vérité qu'il cherche. — Des amis, tu dis ? Eh bien, voyons voir. Nadia se dirige vers une étagère dans la salle de repos, prend les manuels de Harrison sur les principes de la médecine interne, et pose les deux volumes devant moi. — Ici, devant le Dr Harrison, le père de la médecine que tu idolâtres et vénères le plus, sois honnête et dis-moi. Tu aimes Mork, n'est-ce pas ? Nadia connaît ma faiblesse. Devant les manuels de médecine interne de Harrison, les manuels sacrés des étudiants en médecine interne, je n'ai pas le courage de mentir. Mais mes lèvres sont trop lourdes pour bouger et le dire verbalement, alors j'acquiesce lentement et garde la tête baissée, en baissant le regard. — Tu as hoché la tête, ça veut dire oui. N'est-ce pas ? Nadia vérifie deux fois. Je hoche la tête en guise de réponse, en gardant toujours mon regard baissé. — Qu'est-ce qu'il y a ? Tawan ? demande Nadia. Pourquoi tu ne me regardes pas ? — Je me sens mal, réponds-je. — Tu te sens mal ? Parce que j'ai demandé ces choses ? Merde. Je suis désolé ! Il s'excuse avec empressement. Je secoue la tête. — Pas parce que tu as demandé. C'est moi. Je ne sais pas comment t'expliquer. C'est comme s'il y avait un grand fouillis de sentiments dans ma tête. Il y a trois parties. D'abord, je suis triste à cause de ce qui se passe avec P'Por. Ensuite, je me sens bien en même temps, car je t'ai avoué que j'aime bien Mork. Je l'aime vraiment bien. Je fais une pause, en regardant mon meilleur ami. Nadia me regarde droit dans les yeux, attendant que je continue. — La dernière partie est que je me sens mal... en ce qui me concerne. — C'est dû au fait que la première et la deuxième partie arrivent en même temps, je le sais. Je viens de rompre avec P'Por, je devrais être triste, seulement triste, et ne devrais pas me sentir bien avec un autre homme juste après. Mais c'est arrivé, Nadia. J'aime bien Mork. Ce qui me fait me demander quel genre de personne je suis. Ça veut dire que pendant que je sortais avec P'Por, j'ai commencé à avoir des sentiments pour Mork, non ? Je peine à avaler une boule dans ma gorge avant de poursuivre. — Donc, pour être juste... je dois dire que je trompais aussi P'Por. Si l'incident avec son ex n'avait pas surgi soudainement et n'était pas intervenu, qui aurait été coupable de ruiner cette relation...... Qui, à ton avis ? Je termine par une question. Elle est rhétorique, n'a pas besoin de réponse parce que la réponse est juste là, c'est moi. Nadia ne dit rien et se contente de hocher la tête. — Par conséquent, ce n'est pas entièrement de sa faute. J'étais également coupable. Simplement, ses actions ont été le catalyseur qui a précipité notre rupture, conclus-je, mais Nadia n'est pas d'accord. — Tu marques un point. Mais si c'est ta conclusion, je dois la contester. — Pourquoi ? C'est une double aventure. Peu importe avec qui, un nouveau ou un ex, c'est de la tromperie, argumenté-je. — Mais il a eu une liaison avec l'autre personne derrière ton dos, soutient Nadia. — Quelle différence y a-t-il ? J'ai gardé des choses sur Mork et moi secrètes à P'Por, aussi. J'ai l'impression que c'est la même chose. Nadia laisse échapper un soupir. — Tu ne comprends pas, Tawan. Ancien ou nouveau, ça ne fait aucune différence. La différence réside dans le fait que toi et Mork êtes en fait toujours amis. Il est difficile de dire quand tu as commencé à avoir des sentiments pour lui. Mais tu as construit un mur entre toi et lui, pour que ça reste au niveau de l'amitié. Même si tu avais des sentiments pour lui, tu n'as rien fait pour faire avancer le statut de ta relation avec Mork. Nadia touche le dos de ma main comme pour renforcer ma concentration. — Tu l'aimes bien, d'accord. Mais quelle est la relation entre vous deux ? — Nous sommes... amis. Je prononce ma réponse, à laquelle il acquiesce. — Bon, toi et Mork êtes toujours amis. Mais P'Por a dépassé les bornes. Ce type n'est pas seulement son ex-amant. Il a construit une nouvelle relation sur de vieilles fondations. Il n'a pas construit de mur. Il n'a rien fait pour l'empêcher. J'écoute en silence, les lèvres serrées pendant que Nadia continue de parler. — En clair, Tawan, tu lui étais encore fidèle, alors qu'il ne t'était plus fidèle. Donc, c'est là toute la différence. Une énorme différence. C'est normal pour quelqu'un d'aimer plusieurs personnes. C'est la nature du cœur. Mais on ne peut pas avoir de relation amoureuse avec plus d'une personne, c'est de l'infidélité. Nadia a mis le doigt sur le problème. Il est intelligent et capable de filtrer tout ce qu'il dit avec son esprit logique. Son discours de prise de conscience m'a souvent sauvé de mes propres erreurs. J'incline la tête d'un signe de tête. — Merci, mon pote. Bien que le mauvais sentiment ne disparaisse pas immédiatement, il s'est vraiment atténué dans une certaine mesure. Je regarde le visage de Nadia. C'est vraiment l'ami que l'univers a préparé pour moi. Ce n'est pas comme si j'étais blanc et qu'il était noir, ou vice versa. C'est lui qui me fait remarquer qu'il n'y a pas que le noir et le blanc. Il y a aussi le gris et le brun. J'expire un long soupir tout en m'étirant pour me débarrasser de la raideur de mes muscles. — "Ughhhhhh. Mon dos est fatigué. Bien que j'ai bien dormi la nuit dernière, dormir sur un matelas à même le sol n'est peut-être pas bon pour mon dos. — Oh, et casse le mur, Tawan. Nadia se lève et ramène les livres d'Harrison sur l'étagère. Fin de l'interrogatoire, il n'y a plus besoin des manuels sacrés comme témoin pour s'assurer que je ne mens pas. — Quel mur ? Je me tourne pour demander, à moitié étiré. — Tu sais, le mur qui te sépare de Mork. Nadia répond et hausse les épaules. — En fait, tu n'as pas besoin de le briser, car il s'est déjà détruit tout seul. Je veux dire..... Puisque Mr. P'Por t'a déjà trompé avec son ex, il n'y a plus d'obstacle entre toi et Mork. — Pour être précis, il ne m'a pas trompé. Il a trompé son petit ami avec moi. J'étais l'amant secret. J'ai corrigé sa déclaration. Bien que ça me fasse me sentir un peu mal, c'est la vérité. — Ouais, peu importe, quoi qu'il en soit. Toi et P'Por, c'est fini. Ce n'est plus l'heure de Por-Tawan. À partir de maintenant, c'est l'heure de Mork-Tawan. Tu comprends ? Je peux sentir l'excitation dans la voix de Nadia. — Tu n'as plus de P'Por. C'est terminé. Quel mur peut-il y avoir pour te tenir éloigné de Mork maintenant ? Ensuite, Nadia s'assoit sur une chaise à côté de moi. — Franchement, je vous ai tellement shippé toi et Mork. Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais à mes yeux, vous avez une sérieuse alchimie positive. Je lève les yeux au ciel. — Tu as vu Mork avec moi une ou deux fois, quelle alchimie as-tu pu bien remarquer ? Allez ! — Eh bien, disons que je vous ai vus une ou deux fois et que je peux encore le sentir. Ça veut dire que l'alchimie entre vous deux est forte. Nadia argumente, ce à quoi je ne réponds rien mais regarde inutilement dans le dossier d'un cas et feuillette les pages. Quand je me retourne vers lui, il est toujours en train de fixer mon visage. — Qu'est-ce qu'il y a, Nadia ? — Tu es en train de rougir intérieurement. — Nope ! Je ne rougis pas ! Je réfute rapidement tout en lisant la même page de haut en bas. — Apparemment, tu l'es ! Hé, tu as déjà admis qu'il te plaisait, qu'est-ce qui est si difficile ? On est en 2018 maintenant, tu ne peux pas avoir un train de retard, ou quelqu'un d'autre va mettre la main sur le gars. N'oublie pas, Mork a été présenté dans le #Beauxconducteursmercidepartager, je parie que la moitié des filles de Bangkok veut monter sur son siège passager. Sérieusement, c'est premier arrivé, premier servi. Je ferme le dossier et regarde Nadia. — Nadia, as-tu oublié quelque chose ? J'aime Mork, ouais. D'accord, je l'ai admis. Mais premièrement, pour que deux personnes commencent une relation, l'autre personne doit m'aimer aussi. Ça ne marchera pas que dans un sens. Paf ! Ouille !! Nadia me frappe dans le dos avec son poing si fort que je manque de tomber par terre. — Hé ! Ça fait très mal. Pourquoi tu m'as frappé ? Espèce de Hulk ! Ça fait vraiment mal, je n'exagère pas. Nadia va à la salle de gym tous les jours et il soulève ces poids énormes. Et il m'a frappé de toutes ses forces alors que je fais la moitié de sa taille, imaginez un peu ! — Pour te réveiller, salope ! Espèce de petite mauviette, me répond Nadia en me jetant un regard sévère, les bras croisés. Tu ne te doutes pas du tout que tu plais à Mork, vraiment ? Il me demande et me donne une pichenette sur le visage avec un doigt. Je le regarde en plissant les yeux tout en continuant à me frotter le dos. — Mork ? S'interesser à moi ? Quoi ? Nadia, mais il avait une petite amie avant. Pas possible ! Nadia lève sa main comme s'il voulait me frapper à nouveau. Je m'enfuis et me cache derrière une chaise. — Non, pas encore ! Plus de coups. Et tu m'as pincé. Je ne suis pas un fruit du coton, tu n'es pas censé me frapper, salope. Mon niveau d'impolitesse change en fonction des forces physiques utilisées. — Tawan, on est en 2018. Le genre est quelque chose que nous devrions laisser à la maison avant de sortir, n'est-ce pas ? Le genre est fluide ! Et alors quoi ? Peut-être qu'un mec viril comme Mork aime les petites créatures, quel que soit leur sexe. — C'est absurde Bien que je ne sois pas d'accord avec Nadia, je peux profondément sentir mon coeur s'accélérer quand je commence à penser que peut-être Mork pourrait m'aimer de la même façon que je l'aime... Je me demande si ce genre de sentiment... Est ce qu'ils appellent l'espoir... — Tu sais, le riz au poulet Hainanais avec plein de cœurs n'est pas un plat qu'un gars trouverait et achèterait pour un ami. Tu es mon ami depuis la première année, tu n'as jamais eu envie d'en acheter pour moi ? Nadia me jette un regard méchant. Je secoue la tête. — Ha ! Jamais. — Voilà, ce n'est pas un indice ? Ça dit Il. T'aime. Nadia insiste en tapant du poing sur la table une fois avec chacune des dernières syllabes. — ............ — Argh, je suis fatigué de tout ça. Te faire la leçon, c'est comme parler à un mur de briques. Nadia fait un visage méprisant à personne en particulier. — Allons manger. Il est un peu tard et j'ai faim. — Uh-huh... ok. Je repose le dossier et me lève pour le suivre tout en pensant à Mork. Non pas que je n'y ai pas pensé...... J'y ai pensé. Non pas que je n'ai pas espéré... Je l'espère vraiment. Mais parfois, ce qui nous fait du mal, c'est d'y penser. Et parfois, ce qui nous fait du mal, c'est l'espoir. Si je ne pense pas et n'espère pas, et que je laisse faire. Mork continuera d'être le même Mork pour moi, restant proche et me faisant sentir bien et en sécurité. Je n'ai absolument aucune idée de ce qui va se passer si je "casse le mur" comme Nadia me l'a demandé. Je ne sais pas ce qui m'attend derrière ce mur. Ça peut-être bien, Mork et moi pourrions finir par devenir des petits amis. Mais ça peut aussi être mauvais. Peut-être que Mork ne m'aime pas dans ce sens, et s'il découvre ce que je ressens pour lui, peut-être que notre amitié ne sera plus la même. C'est vraiment difficile... …………. La question reste en suspens et ne disparaît pas facilement, mais j'ai été tellement occupé par ma garde que je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir. C'est tellement vrai ce qu'ils ont dit à propos des gardes. Vos propres gardes se déroulent toujours bien, mais dès que vous échangez vos créneaux horaires avec quelqu'un d'autre, l'enfer se déchaîne. Quand je quitte l'unité de soins intensifs pour le service de réanimation, je vais sur Facebook et je mets à jour mon statut : "Tuez-moi. Je ne peux plus supporter ce travail." Ensuite, les choses deviennent plus agitées et je n'ai pas l'occasion de toucher à nouveau à mon téléphone avant la pause, quand il fait nuit. Mon estomac gargouille. J'appelle Nadia, mais il me dit qu'il est tellement occupé qu'il ne viendra pas dîner, et que je devrais manger tout seul. Plus tard dans la soirée, il viendra me retrouver dans la salle de repos des médecins, s'il trouve le temps, bien sûr. Il est compréhensible que nos tâches soient extrêmement épuisantes et que nous fassions le Serng aussi durement. Je vais simplement le laisser dans sa partie de l'enfer, pendant que je reste dans la mienne. En regardant l'horloge, je réalise que ma seule option sera le 7-Eleven en face de l'hôpital à cette heure-ci. En descendant les escaliers des urgences, une voix familière m'interpelle. — Oh, hey, docteur. Timing parfait ! C'est Mork, avec un sac de riz au poulet Hainanais à la main. — Eh bien, sourit-il maladroitement (vous pouvez l'imaginer, non ?) en s'approchant. — Umm, j'avais peur que tu sois trop occupé pour te procurer quelque chose pour le dîner. Tu as l'air super occupé, je l'ai vu sur ton Facebook. Alors je t'ai acheté un paquet de riz hainanais. J'avais prévu de le laisser pour toi au bureau des urgences, mais je suis tombé sur toi par hasard. Puis, il me donne le sac de nourriture. — Du riz au poulet Hainanais pour toi, doc. Avec plein de cœurs. Pour que tu puisses continuer à travailler. Je lui prends le sac. Les sentiments m'envahissent et c'est bouleversant. Pas à cause du riz Hainanais. Pas parce que je viens d'avoir le cœur brisé. Pas parce qu'il est le seul à pouvoir me réconforter. Pas parce que je me sens en sécurité quand il est là. Pas à cause de la sensation de chaleur et de picotement dans ma poitrine que je ressens quand je suis près de lui. C'est à cause de tout ce que je viens de dire. Toutes les petites choses qui s'accumulent en un tas à l'intérieur. C'est comme si ce paquet de riz hainanais était le dernier petit morceau, posé au sommet de toute cette chaîne de montagnes de sentiments merveilleux qui se sont accumulés. C'est comme s'il y avait un tremblement de terre en moi qui incite un tsunami à se déchaîner de l'intérieur. Je suppose que c'est le moment où le mur est vraiment détruit. Le point où je ne ressens plus aucune barrière qui trace une frontière entre garder les sentiments sous silence et lui dire ce que je ressens. Le tsunami écrasant des sentiments et des mots a envahi mon cœur et arrive bientôt à ma langue. Je garde le contact visuel et ouvre la bouche, attendant que les mots jaillissent. — Hmmm ? Qu'est-ce qu'il y a, doc ? Il me regarde à son tour, en souriant, et me demande. J'ai l'impression que mon cœur et mon cerveau ont explosé bruyamment. Mais en réalité, ma voix sort si doucement qu'on l'entend à peine entre nous deux. — Mork... Je t'aime bien. Est-ce que. Tu. m'aimes bien ? Notes :1/ Pa : Terme de parenté signifiant la sœur aînée de la mère ou du père, ou une personne plus âgée que ses parents. Laisser Un Commentaire »»————- ★ ————-«« | | Messages : 87
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| amelyma Ven 6 Sep 2024 - 23:34 Chapitre 20 Mork — Et c'est tout. Je termine mon histoire. — Huhhhh ? Quoi, juste comme ça ? P'Fueang lève les sourcils, les yeux écarquillés. — Il t'a dit qu'il t'aimait bien, et c'est tout ? Je hoche lentement la tête. — Ouais, à quoi tu t'attendais ? C'est un docteur, mon pote, moi je suis un chauffeur de moto-taxi. Tu crois que c'est un roman ? Tu crois que le statut social ne compte pas et qu'on peut s'aimer ? C'est la vraie vie,voyons. — Eh... Alors comment tu lui as répondu, bordel ? P'Fueang implore une réponse en me regardant intensément. — Eh bien. Je n'arrive pas à décider comment le lui annoncer. — Tu l'as rejeté, bordel ? J'acquiesce lentement à sa question. — Et comment le doc... a réagi à ça ? Je pince les lèvres. Le regardant en retour et utilisant le silence pour communiquer à la place d'une réponse, j'espère que mon regard répondra à sa question, car je ne veux pas le dire à voix haute. — 'Merde, mec ! Tu ne peux pas abandonner sans une fin heureuse. Je t'ai tellement encouragé ! Il semble complètement déçu par mon histoire... À ce moment-là, je ne peux pas me retenir d'éclater de rire. — Pas du tout, P', je te faisais juste marcher. Ce n'est pas ce qui s'est passé. Je ne suis pas du genre à laisser les choses se terminer comme ça, non ? J'aimerais pouvoir continuer un peu plus longtemps avant de tout révéler. Son visage choqué est tellement hilarant que je voudrais le voir plus longtemps, mais je ne peux plus retenir mon rire et je dois lui dire la vérité. — Oh, espèce d'enfoiré de fils de... Je vais te botter le cul. Ce n'est pas une menace en l'air, il se lève du banc et se prépare à me frapper. — Argh ! Calme-toi, P', tu ne veux pas en entendre plus ? Ne me frappe pas encore. — Quoi ? Tu veux que je rassemble tous les coups de pied pour plus tard ? Je rigole malicieusement. — Juste au cas où d'autres choses t'irriteraient ou te feraient envie, tu devrais garder tes coups de pied pour quand j'aurai fini. — Crache le morceau, crétin. Je t'écoute ! P'Fueang se rassoit et attend que je continue. — Bien..... après qu'il m'ait dit, je... …………. — Mork... Je t'aime bien. Est-ce que. Tu. m'aimes bien ? Puis, Tawan est resté immobile, me regardant tandis que j'étais stupéfait et abasourdi. Je ne savais pas si j'avais mal entendu ou si je rêvais. — Euh. Attends, doc, tu viens de dire que tu m'aimes bien ? C'est ça ? Il a hoché la tête. — Ouais, j'ai dit que je t'aimais bien. J'ai cligné des yeux à plusieurs reprises. En fait, j'avais envie de me pincer pour vérifier et m'assurer que ce n'était pas un rêve. — Doc, je te plais vraiment ? M... mais... je suis un conducteur de moto-taxi. — Oui, je t'aime vraiment bien. Tawan avait l'air de froncer les sourcils en me regardant. — Combien de fois veux-tu que je te le répète avant que tu me croies ? C'est embarrassant de le dire autant de fois ! Après ça, il a fait un pas de plus vers moi. — Je t'aime bien, Mork. Je ne sais pas depuis quand, mais je t'aime bien. Peut-être que j'ai commencé à t'aimer depuis ...avant de me disputer avec P'Por. Je suppose que je ne l'avais juste... pas réalisé. Ensuite. Tawan s'est tu..... Je l'ai vu prendre une grande inspiration, puis l'expirer lentement. — Je ne sais pas, Mork. Je ne sais rien du tout. Au début, je ne savais pas que je t'aimais bien. Quand j'ai compris, je ne savais pas ce que je devais faire, ou si je devais te le dire, je ne sais pas si tu m'aimeras en retour. Je ne sais pas du tout. — Mais... Il a fait une nouvelle pause, regardant le riz au poulet hainanais qu'il venait de recevoir de ma part. — Mais si je ne sais pas et que je ne commence pas à trouver une réponse, je ne saurai jamais. C'est comme si j'avais un indice sur un numéro gagnant de la loterie. Si je décide d'acheter un billet de loterie, il y a une chance que je gaspille mon argent, et une chance de gagner un prix. Mais si je ne l'achète pas, le numéro gagnant ne restera que dans ma tête. Maintenant, si ce numéro s'avère être réellement le numéro gagnant... Il m'a regardé. — Je finirai par regretter et me demander pourquoi je ne l'ai pas acheté. J'aurais pu gagner. Et même si je n'ai pas gagné, j'aurais appris une leçon, à savoir que l'indice n'est pas fiable, et que la prochaine fois, je ne devrais pas l'acheter. Les lèvres de Tawan se sont lentement transformées en un léger sourire. — Je ne veux pas être celui qui regrette, et je ne veux pas être celui qui n'apprend aucune leçon. Alors j'ai décidé que je devais tout mettre en jeu là-dessus. — Euh… J'ai lentement écouté ce qu'il disait. — Doc... tu veux jouer à un jeu ? Tawan a éclaté de rire. — Mon Dieu, Mork, non ! Mettre en jeu dans ce contexte signifie prendre un risque, parier, idiot. — Tu prends un risque en... ?, ai-je demandé. — En te disant que tu me plais. Et maintenant, je retiens mon souffle... pour ta... pour ta réponse. M'aime bien. M'aime bien. M'aime. Il m'aime bien. Il m'aime bien. Il m'aime bien. Tawan m'aime bien. Tawan m'aime bien. Tawan m'aime. Ma propre voix résonnait dans ma tête, mélangée aux battements de mon cœur qui s'emballait de plus en plus vite. Mes oreilles ont bourdonné, mon corps s'est réchauffé, mes membres se sont engourdis, et mon souffle s'est raccourci. Je ne m'étais jamais senti comme ça avant, même quand j'ai demandé à Fern de sortir avec moi et qu'elle a dit oui. Je ne me suis pas senti comme ça. Cette fois, c'est comme si... quelqu'un avait allumé des feux d'artifice dans mon corps. C'était comme si... le sang dans mon corps n'était pas purement du sang, il y avait du bonheur mélangé dedans. Le bonheur inondait toute ma poitrine et mon cœur le pompait vers toutes les parties de mon corps (la fonction du cœur est d'envoyer le sang dans tout le corps, n'est-ce pas ?) J'avais l'impression que le bonheur n'était pas seulement dans ma poitrine. Mais il débordait de la poitrine, inondant toutes les parties de mon corps. Tawan se tenait toujours devant moi, attendant ma réponse. Il était vraiment là. Je suis devenu sûr que ce n'était pas un rêve. Tawan avait déjà fait sa part, et c'était à mon tour de faire la mienne. — Docteur. J'ai soigneusement arrangé les phrases dans ma tête et j'ai essayé de me concentrer tout en inspirant et expirant lentement. — Acheter un billet de loterie peut être appelé prendre un risque, et aller au casino est aussi une prise de risque. Mais Tawan, me dire que tu m'aimes bien… J’ai secoué doucement la tête pour ne pas rompre le contact visuel. Je ne voulais pas perdre mon temps en quittant son visage des yeux, même pour une seconde. — Ce n'est pas prendre un risque. C'est me donner une chance. — Sais-tu, doc, qu'avant de te rencontrer, j'étais juste Mork, un moins que rien, un type ordinaire qui se contentait de ce qu'il avait. Je pensais que c'était la vie que je devais mener, me réveiller pour conduire une moto-taxi et rentrer chez moi le soir. Quand je serai vieux, je retournerai peut-être à Chumphon et ouvrirai un petit magasin où je vendrai n'importe quoi, et je vivrai comme ça jusqu'à mon dernier jour. Avec le recul, c'est risible. J'ai vraiment pensé comme ça. Après avoir mis fin à ma relation avec Fern, je n'ai jamais pensé à avoir une petite amie ou à fonder une famille. Je voulais simplement survivre au jour le jour et gagner juste assez d'argent pour vivre décemment comme un vieil homme, pour retourner à Chumphon sans être un fardeau pour maman. Et si j'ai plus d'argent, j'espère pouvoir prendre prendre soin de Khai. Et c'est tout. Je n'ai jamais envisagé de faire autre chose que conduire une moto-taxi... J'étais satisfait de mon travail. — Mais une fois que je t'ai connu, doc, j'ai commencé à me sentir... insatisfait. Tawan a froncé les sourcils, perplexe. — Tu es insatisfait ? De quoi ? J'ai hoché la tête. — Oui, doc, je le suis. Je ne suis pas satisfait de moi-même, de qui je suis. Juste ça. Je ne suis plus satisfait de mon plan d'avenir initial. Tu m'as fait sentir que je devais faire quelque chose de ma vie, pas simplement la vivre dans une zone de confort. Tu m'as fait réaliser, doc. — Qu'as-tu réalisé, Mork ? Il a demandé. — J'ai réalisé que j'étais comme une fusée, une fusée sans carburant, même. Elle est restée à traîner quelque part sur le sol, à regarder le ciel en pensant que le ciel est si beau. Pourtant, je me répétais que le ciel n'était pas ma place. Je me suis souvenu du jour où Tawan m'a dit d'arrêter de dire que je ne suis qu'un chauffeur de moto-taxi. Il m'a dit de dire que je suis encore un chauffeur de moto-taxi pour le moment. J'ai pensé au jour où nous avons pris le métro ensemble et qu'il m'a donné un coup de coude quand j'ai dit qu'un type comme moi ne pouvait conduire qu'une moto-taxi. — Mais après t'avoir connu, j'ai réalisé que je pouvais monter dans le ciel. Ça peut être ma place aussi. Et j'y arriverai. Doc, tu es comme le carburant de ma fusée. Tu m'as... Quand il a dit qu'il m'aimait bien, il s'est rapproché d'un pas, et j'ai fait un autre pas vers lui. Notre distance a progressivement diminué pendant cette conversation. — Tu m'as donné envie d'être une meilleure personne. Je me suis lentement approché pour lui prendre la main... Au début, j'ai pu sentir que Tawan a légèrement sursauté. Il ne s'attendait peut-être pas à ce que je lui prenne la main, mais il n'a pas essayé de la retirer. Il m'a laissé tenir sa main, et cela m'a suffisamment encouragé pour dire la chose suivante. — Docteur... Je t'aime bien, moi aussi. Depuis longtemps maintenant. Je ne sais pas non plus depuis quand. Mais... Tu sais, je crois que j'ai commencé à t'aimer en premier. Je n'ai pas pu m'empêcher de me vanter fièrement. Eh bien, c'est vraiment ce que je ressentais. J'étais sûr d'avoir commencé à l'aimer avant qu'il ne commence à m'aimer. — Ce sont les petites choses de chaque jour, chacune d'entre elles qui m'ont fait tomber amoureux de toi... Au début, j'étais surpris par moi-même d'aimer un homme. Mais doc, quand je pensais à toi, c'était si merveilleux que tous les sentiments bizarres et les doutes s'envolaient de ma tête. J'ai serré sa main plus fermement et j'ai senti sa main se serrer en retour également. — Doc, as-tu déjà payé quelque chose en plusieurs fois ? — Huh... ? Quoi ? Désolé, je n'arrive pas à te suivre. De quoi tu parles ? Tawan a levé les sourcils très haut. J'ai gloussé. — Ce n'est pas grave. Dis-moi, as-tu déjà acheté quelque chose et payé en plusieurs fois ? Il a hoché la tête en guise de réponse : — Oui, comme mon téléphone portable. Mon salaire n'est pas très élevé. J'ai souri. — Moi aussi, ma moto et mon téléphone portable. Quand on achète quelque chose avec un paiement échelonné, on reçoit d'abord la marchandise, et on promet au vendeur de continuer à payer jusqu'à ce qu'on ait remboursé la totalité du montant, avec un taux d'intérêt. Tawan a hoché la tête en signe d'accord. — Exact...... Et alors ? Je suis confus, Mork. — e t'apprécie vraiment, docteur. Je sais que je ne suis pas encore l'homme qui te mérite. Mais un jour, je te mériterai. Je peux le faire, j'en suis sûr, et je vais commencer immédiatement. S'il te plaît, attends-moi, docteur. Mais pour l'instant... J'ai tiré sa main et l'ai pressée contre ma poitrine, en espérant qu'il puisse sentir les battements de mon cœur à travers ce contact. — Peux-tu être mon petit ami d'abord, doc ? J'avais l'impression que quelqu'un avait allumé des pétards dans ma tête. Tout ce qui se trouvait devant moi semblait éblouir, mes oreilles résonnaient de façon assourdissante. — e te demande d'abord de devenir mon petit ami. Je te promets que je ferai tout pour m'améliorer et être une personne convenable pour toi. Je te promets, comme pour un contrat de vente échelonné. S'il te plaît, sois mon petit ami maintenant. Je ne veux pas attendre plus longtemps. Je ne veux plus gaspiller le temps que nous aurions pu passer ensemble. Et je ne veux pas que quelqu'un d'autre s'approche de toi... Je... J'ai rassemblé tout mon courage. Et j'en ai utilisé chaque parcelle pour prononcer la dernière phrase. J'ai levé sa main. Puis, j'en ai embrassé le dos. — S'il te plaît, laisse-moi prendre soin de toi pour le reste de ta vie. Les sourcils de Tawan étaient toujours levés, son visage toujours plein de doutes. Mon cœur a sombré pendant un moment et j'ai eu l'impression qu'il allait s'arrêter de battre. Finalement et progressivement, ses sourcils se sont détendus et son visage perplexe est redevenu neutre. Les coins de sa petite bouche se sont recourbés en un sourire, et ses yeux, qui regardaient droit dans les miens, se sont illuminés. Son petit visage a lentement hoché la tête... Il s'est avancé, réduisant la distance entre nous, et a fait en sorte que nos corps se touchent. — Tu m'as eu dès que tu as dit que ce n'était pas un risque à prendre, idiot. — Ça veut dire que tu es d'accord avec ça ? J'ai vérifié deux fois, juste... juste pour être sûr. Eh bien, vous me connaissez, je suis stupide. — Je suis plus que d'accord avec ça ! Combien de fois dois-je le répéter, espèce d'abruti. Tawan a rit en secouant la tête. J'ai lâché sa main et l'ai pris dans mes bras. Il a mis ses bras autour de moi et m'a serré dans ses bras en retour, posant son visage contre ma poitrine et y restant pendant un long moment. J'ai senti que son cœur et le mien battaient chacun de leur côté avant de s'accorder progressivement en rythme, comme s'ils ne faisaient qu'un. Il m'a regardé dans les yeux. — Et arrête de m'appeler docteur, on sort ensemble maintenant. — Bien sûr. Tawan. J'ai hoché la tête et prononcé son nom pour la première fois, comme un petit ami. — Oui, bien sûr mon Tawan. …………….. — Merde, ouais, t'as raison. P'Fueang hoche la tête une fois qu'il a fini d'écouter. — J'ai raison sur quoi ? Je me sens étrangement alarmé par le ton de sa voix. — A propos du fait que ça me rende envieux et que je ne devrais pas te donner de coup de pied trop tôt. Sur ce, il se lève du banc et se dirige vers moi d'un pas agressif. — Je devrais tout additionner et te botter le cul super fort à la fin. Putain, quel chanceux ! Préparant son coup, P'Fueang lève une jambe si haute que j'ai peur que son pantalon ne se déchire au niveau de l'entrejambe. Je me lève de mon siège pour m'éloigner de lui, en levant les mains pour protester. — Ouawww nan, P', arrête. Ne me frappe pas, s'il te plaît. Oh mais à bien y réfléchir, je n'ai rien à craindre. Je baisse ma garde. — Parce que même si tu me donnes des coups de pied et que je suis blessé, j'irai quand même bien. — Quoi ? Comment ? Il repose sa jambe, l'air perplexe. — Parce que maintenant j'ai mon propre docteur. Peu importe à quel point je suis malade, il s'occupera de moi. Je fais un sourire effronté à P'Fueang avant de regagner ma moto, puis de mettre le casque. Il doit être fatigué de ma grande gueule, il semble avoir abandonné l'idée de me donner un coup de pied. — Hey, Mork, mais où vas-tu ? Chercher le docteur ? — Nan, mec. Je secoue la tête. — Je vais m'inscrire à un cours de formation professionnelle supérieure. — Eh ? Waouh, vraiment ? Je hoche la tête. — Ouais, je dois tenir ma promesse avec Tawan, je suis devenu son petit ami, je dois m'améliorer et être à la hauteur. En commençant par le baccalauréat professionnel, et ensuite, je passerai un examen pour entrer dans un programme continu et obtenir une licence. — Cool, mec. C'est bien d'avoir un but. P'Fueang me salue de la main. — Bonne chance... oh attends. Il semble réaliser quelque chose. — Qu'en est-il de ton travail de chauffeur pour ce soir ? C'est ton tour, non ? Je lui fais un grand sourire. — Eh bien, mec, c'est une autre chose pour laquelle tu pourrais vouloir me frapper. Prends ma file d'attente pour moi, s'il te plaît ! Je le salue à plusieurs reprises des deux mains, et sans attendre la réponse de mon grand frère adoré, je passe la vitesse sur ma moto et je m'envole vers un collège technique à proximité. Je sais qu'il me pardonnera, je le sais. Je me gare sur le parking de l'université... Avant, j'étais Mork, le gars des motos-taxis... Je pensais que c'était la vie que je devais vivre, et j'en étais satisfait. Mais maintenant, je sais que ce n'est pas le cas. J'ai découvert que je peux aller plus loin que ça. Avant, j'étais comme une fusée abandonnée, sans carburant, sans volonté d'aller quelque part. Maintenant, ce n'est plus comme ça. J'ai trouvé mon carburant. J'ai trouvé ma motivation. J'ai mon Tawan, mon soleil. Et je vais allumer le moteur de ma fusée. Je vais m'élever dans le ciel, dans l'espace. En direction de... mon Tawan. …… Deux ans plus tard... — Yeah, santé ! P'Fueang commence un toast. — Argh, je ne peux plus, mon frère. Je regarde autour de moi les deux bouteilles vides qui traînent. Une autre bouteille, à moitié vidée, est posée au milieu de la foule. Cependant, derrière le dos de P'Fueang, deux bouteilles neuves nous attendent. Nous avons à peine consommé la moitié de la boisson, je crois ? Mais je commence déjà à me sentir pompette. Si nous continuons à boire, je vais être vraiment ivre. — Tu ne peux pas ? Quel comble ! Tu es la star de la fête. Tu dois faire la fête, merde ! Il ne cède pas et continue à me dire de finir mon autre verre. — Demain, je dois aller à la réunion d'orientation. Je ne veux pas avoir la gueule de bois à la cérémonie. Ça donnera une mauvaise impression. J'essaie de le raisonner tout en regardant Tawan pour obtenir de l'aide. — P'Fueang. Tawan comprend mon signal visuel et prend le verre de ma main. — Tawan va boire ce verre à la place de Mork. Il lève le verre à ses lèvres. Je le reprends immédiatement. — Nah ! Tawan, tu ne peux pas boire cette merde. Tu es facilement ivre. Si tu finis ce verre en entier, tu seras super saoul. — Ehhh ! Tawan fronce les sourcils en me regardant. — Mais tu as fait une tête qui suppliait que je t'aide. Je pensais que tu avais besoin de mon aide pour finir le verre. — Naaaan. Je secoue la tête, en dessinant la syllabe. — Je veux que tu viennes t'asseoir ici, au cas où ton Mork serait ivre et aurait besoin de tes genoux comme oreiller. Je lui fais un sourire insolent et effronté. Cette remarque me vaut une forte acclamation et des hululements de la part de toute la foule présente à la soirée beuverie de ma station de moto-taxi. — Trop culotté ! Si tous tes conducteurs seniors veulent te botter le cul, je ne t'aiderai pas. Juste pour que tu saches. Tawan me fait la moue avant de se retourner pour poursuivre sa conversation avec Mlle Ai. — Mlle Ai, ces gars-là sont habituellement aussi sauvages et vifs ? — Oui, docteur, répond Mlle Ai en hochant la tête. Tu deviens une belle-sœur dans cette famille, tu dois t'y habituer. Tawan rit. — Non, je ne le suis pas. Je suis un beau-frère. Je glousse. — Tawannn ! Ne débite pas un tel mensonge ici. Ce sont des ivrognes, pas des idiots. Personne ne croira que tu es le mari. Tawan me jette un regard noir. — Pourquoi ? Je peux être le mari, n'est-ce pas ? Quelle partie de moi ne dit pas mari ? Je bois une gorgée de mon verre, en remuant mes sourcils vers lui. — Eh bien, disons que même un aveugle peut voir que tu es la femme. Hahaha ! — Pfff ! Ne baisse pas ta garde, ou tu verras ce que je peux faire. Il feint la menace. Mais ça ne me fait pas peur. Je le tire vers moi et passe un bras autour de son épaule. — Très bien, très bien, je ne baisserai pas ma garde. C'est effrayant. Mlle Ai en profite pour se déplacer et s'asseoir à côté de P'Fueang. — Félicitations, Mork. Tu as été accepté dans un programme de formation continue. Plus que deux ans et tu auras une licence en ingénierie, non ? Je hoche la tête. — Oui, Mlle Ai. Ne t'inquiète pas, cependant. Je conduirai toujours le mototaxi ici de temps en temps. Je ne vais pas disparaître, je le promets. Je peux toujours venir te prendre et te déposer. — Ouais, Mork, tu peux revenir et conduire ici quand tu as un jour de libre. Mais si je découvre que tu vas conduire pour Grab, je vais te botter le cul !" P'Fueang prépare un autre verre de boisson et me le passe. — Passe-le au docteur, mec. Félicitations, docteur, pour la poursuite de votre formation aussi. — Merci, P'Fueang. Tawan prend le verre et en boit une petite gorgée au lieu de l'avaler entièrement, car il a remarqué mon regard en coin. Je m'inquiète pour lui, vous savez. Je ne veux pas qu'il boive trop. Il se soûle vite. Ces deux dernières années... nous avons été heureux. Comme au premier jour où nous avons commencé à sortir ensemble. Tawan a terminé sa formation en médecine interne et a poursuivi sa formation, maintenant en cardiologie (je ne comprends pas très bien, mais Tawan a dit que c'est la même chose que pour les médecins du cœur) et j'ai terminé mon certificat professionnel supérieur comme prévu et j'ai passé un examen pour entrer dans un programme continu au Collège de Technologie Industrielle, qui appartient à l'Université de Technologie du Roi Mongkut au nord de Bangkok. Les conducteurs plus âgés de ma station ont donc organisé une fête pour célébrer notre succès. Tawan est devenu un membre de ma famille de motos-taxis depuis un moment maintenant. Depuis qu'il est devenu mon petit ami, pour être exact. Tout le monde ici l'a accepté et s'est réjoui pour nous, surtout P'Fueang et Miss Ai. Quant à Loong et Ar, ils étaient plus que contents. Au moins, le processus d'obtention de leurs médicaments et le rendez-vous chez le médecin sont plus faciles maintenant. Le petit Khai est peut-être trop jeune pour comprendre le mot "petit ami", il sait seulement qu'à partir de maintenant, son P'Mor sera plus que P'Mor. Je ne lui ai pas encore demandé d'appeler Tawan Maman ou Papa, parce que c'est un peu trop et que ma mère pourrait ne pas aimer ça. Je vais laisser cela se faire naturellement plus tard. Ma mère ? Je ne lui ai pas dit directement quel genre de relation il y a entre Tawan et moi. Mais quand je l'ai emmené à Chumphon pour une visite à Songkran, elle a peut-être compris. Vu qu'elle n'en a pas parlé, je suppose que ça ne la dérange pas tant que ça. Au moins, elle s'est déjà habituée au couple de Loong et Ar. Et honnêtement, elle a tellement essayé, sans succès, de me convaincre de poursuivre mes études. Mais depuis que je suis avec Tawan, j'ai commencé à poursuivre des études supérieures. Elle a dû se rendre compte que cette relation m'a mis sur la voie de l'amélioration, pour devenir une meilleure personne. Cela a dû être l'un des facteurs qui l'ont poussée à l'accepter. De plus, elle a déjà un petit-fils, Khai. Je ne pense pas qu'elle en veuille un autre... N'est-ce pas ? Je regarde Tawan..... mon partenaire de vie. Il me regarde et sourit. — Tawan. J'ai quelque chose à te dire. — Hmm. Qu'est-ce qui se passe, Mork ? Il a l'air un peu pompette et il rougit un peu, mais je sais qu'il est encore bien opérationnel, pas encore ivre. — Tu vas commencer ta formation de spécialité super spécialisée, et je vais étudier pour mon baccalauréat. Je pense que nos vies ont progressé d'un pas de plus. Je récite soigneusement le discours que j'ai arrangé dans ma tête plus tôt dans la soirée. La foule entière se tait. Tous les yeux sont fixés sur nous. Toutes les oreilles écoutent ce que je vais dire ensuite. — Je pense qu'il est temps... Je fais une pause, puis j'inspire profondément et j'expire lentement. — Il est temps que nous emménagions et vivions ensemble. — Tawan, je ne veux plus venir te chercher et te déposer en moto tous les jours, c'est sympa, et je ne suis pas paresseux. Mais je veux qu'on soit ensemble, comme Loong et Ar. Je veux me réveiller en voyant ton visage tous les jours, Tawan... Sauf les jours où tu es de garde. Je veux te voir avant de me coucher tous les soirs. Au cours des deux dernières années, nous avons beaucoup été ensemble déjà ... Mais pour moi, ce n'est toujours pas assez." Je prends sa main dans la mienne et la pose sur ma poitrine. Comme quand je lui ai demandé d'être mon petit ami. — Viens vivre avec moi, comme un couple, Tawan. Tout le monde applaudit si fort que ça m'embarrasse. Mais je ne peux pas me plaindre. Ce genre de scène se termine toujours comme ça. Tawan a l'air un peu gêné et saoul. Son visage rougissant devient encore plus rouge et c'est si adorable. — C'est bon, Mork. Eh bien, c'est un oui. Je suis content que tu aies demandé. Quand il me donne sa réponse, j'ai l'impression que quelqu'un a déclenché un feu d'artifice et que ça explose dans ma tête. — Mais… Attends, quoi ? Avec ce mot, c'est comme si le feu d'artifice s'éteignait soudainement. — Mais quoi, Tawan ? Qu'est-ce qui ne va pas ? demandé-je. — Mais il y a une chose que tu dois faire d'abord. Il se mord un peu la lèvre, avant d'avoir l'air de se décider, et continue avec une expression sérieuse sur le visage. — J'utilise le mot 'dois' ici, Mork. C'est sérieux. Avant qu'on emménage ensemble, on doit vraiment faire ça, sinon... Son visage a l'air un peu grave pendant qu'il parle, et je sens le bout de ses doigts devenir assez froid. Je resserre ma prise sur sa main pour lui faire savoir que quoi qu'il en soit, je suis prêt à le faire. — Qu'est-ce que c'est, Tawan ? Juste dis-moi. Je suis prêt à faire n'importe quoi. Il me regarde dans les yeux... — Tu dois d'abord rencontrer mon père... | | | |
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